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24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS CHIRURGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEC Savoir poser un drain abdominal – Savoir quel drain utiliser Alexandre CARON DV, MRCVS, Dip. ECVS Centre hospitalier vétérinaire Atlantia - 22 rue René Viviani - 44200 NANTES Quand utiliser un drain abdominal ? Le drainage abdominal peut avoir un rôle thérapeutique ou bien un rôle prophylactique. Ainsi, il est fortement recommandé par exemple de mettre en place un drain abdominal aspiratif lors de gestion d’une péritonite septique. Il est néanmoins capital de traiter la source infectieuse dans un premier temps. Une étude de 2001 (Mueller et al., JAVMA) ainsi qu’une plus récente (Adams et al, Vet Surg, 2014) rapportent l’emploi de drainage abdominal dans cette situation avec des taux de survie de 70 % et 85 % respectivement. Il est également possible dans cette situation de les utiliser pour la réalisation de lavages abdominaux. Dans le cadre prophylactique, la mise en place d’un drain abdominal est un bon moyen de surveiller l’apparition d’une éventuelle déhiscence après une entérotomie/entérectomie ou autre chirurgie ayant pour complication potentielle l’apparition d’une péritonite. En effet, la présence d’un drain abdominal permettra aussi rapidement que possible d’identifier une production de liquide anormale à la fois en terme de quantité mais aussi de qualité macroscopique et microscopique sans avoir besoin de recourir à une ponction échoguidée par exemple. L’inconvénient principal du drain abdominal est sa gestion postopératoire qui implique une hospitalisation prolongée. Les complications associées aux drains aspiratifs restent, dans la grand majorité des cas, mineures : retrait prématuré, fracture du drain, obstruction (caillot sanguin, omentum, dépôt de fibrine…) et infection locale sur le site d’entrée. Des complications associées à l’affection traitée sont également rapportées telles qu’une anémie ou une hypoprotéinémie par exemple. Quels sont les drains disponibles ? Deux types principaux de drains existent : les drains actifs et les drains passifs. En médecine vétérinaire, seuls les drains actifs et donc en système fermé ont été décrits et sont utilisés pour le drainage abdominal. Ces systèmes ont peu à peu rendu obsolète le drainage abdominal ouvert. Comment poser un drain abdominal ? Technique chirurgicale Les récipients de collectes sont divers en termes de taille et de design et fonctionnement tous par dépression mécanique. Ils sont à usage unique mais un système de vidange permet d’évacuer le liquide collecté et de restaurer la dépression pour un même patient. Le drain abdominal doit être posé chirurgicalement. Cela est renforcé par le fait qu’une cœliotomie est dans la grande majorité des cas nécessaire dans le traitement de la cause primaire de la péritonite, qu’elle soit infectieuse, chimique ou urinaire. • Drain de Penrose et mèches : drains passifs – non utilisé pour le drainage abdominal en médecine vétérinaire. La mise en place du drain abdominal peut se faire à gauche ou à droite, dans la partie craniale, moyenne ou caudale de l’abdomen mais doit toujours être décalée de quelques centimètres de la ligne blanche. Le drain ne doit jamais être mis en place via une plaie de laparotomie. • Drain de Redon : le drain est tubulaire et multiperforé. Il est en caoutchouc ou plus souvent en silicone. Il peut arriver monté sur une aiguille de gros diamètre favorisant son implantation. • Drain de Jackson Pratt : le drain est plat et multifenestré. Il est en caoutchouc ou plus souvent en silicone. • Drain de Blake : le drain est plat ou circulaire. Il comporte une tubulaire centrale d’aspiration et une tubulaire externe avec de multiples prises d’air. Sa conception est particulièrement adaptée au drainage abdominal, limitant grandement le risque d’occlusion par aspiration des organes abdominaux. Pour tous ces systèmes l’aspiration n’est pas réglable et diminue au fur et à mesure que le récipient de collecte se remplit. Il convient alors de surveiller régulièrement la production et de refaire le vide dès que la pression devient insuffisante. • Vacuum-assisted closure (VAC) : ce système est beaucoup plus onéreux mais il permet le maintien constant de la dépression désirée. Il ne correspond pas vraiment à l’idée que l’on se fait d’un drain abdominal et se rapproche plus d’une gestion de type « drainage abdominal ouvert » actif et en circuit fermé. Deux études sur 6 (Buote N., JAAHA, 2012) et 8 cas (Cioffi K. et al., JVECC, 2012) ont été rapportées récemment chez le chien et le chat avec des succès de 50 % et 37,5 % seulement. 1 Alors que la paroi abdominale est maintenue par une pince atraumatique, un clamp hémostatique est utilisé, mords fermés, depuis la face péritonéale de la paroi abdominale pour faire un point de pression et représenter le futur point de sortie cutané du drain. Une incision punctiforme cutanée, sous cutanée et musculaire est alors réalisée à l’aide d’une lame de 11 (technique de ponction). L’extrémité du clamp est alors extériorisée. La réalisation d’un tunnel sous cutané n’est pas indispensable pour une bonne étanchéité mais peut être réalisée pour plus de sécurité. Dans ce cas, la ponction de la paroi musculaire et des tissus cutanés/ sous cutanés doit être refaite en 2 temps. Un second clamp hémostatique remplace le premier en empruntant le chemin inverse depuis la peau vers la cavité abdominale. Cela permet un passage du drain depuis l’intérieur vers l’extérieur et limite l’agrandissement accidentel du trajet par le passage de la partie abdominale du drain, souvent plus large (cas des drains de Blake ou de Jackson Pratt notamment). L’extrémité « externe » du drain est alors tenue par le clamp hémostatique et extériorisée, laissant l’extrémité drainante dans la cavité abdominale, à l’endroit voulu. Dans la plupart des cas un drainage général de la cavité abdominale est nécessaire et le drain est alors laissé ventralement en position médiane. 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS Une omentectomie ou une omentopexie peut être réalisée afin de limiter le risque d’occlusion du drain. La seconde est toujours préférée afin de préserver l’omentum, source non négligeable de vascularisation et d’absorption dans la cavité péritonéale. Cette procédure n’est cependant pas requise lors d’emploi de drains abdominaux adaptés de type Blake ou Jackson Pratt (cf. ci-dessus), spécialement conçus pour limiter le risque d’adhérence organique. Le drain peut enfin être fixé à la peau par une suture en bourse (pas trop serrée !) puis un nœud en lacet chinois sur quelques centimètres. Le système collecteur peut alors être mis en place et la dépression enclenchée. En cas de fuite, il faut immédiatement traiter le problème : au niveau du système ou du trajet musculaire-sous cutané – cutané. Pour le retrait, la suture maintenant le drain en place est sectionné puis le retrait est simplement effectué par traction délicate. La plaie n’est pas suturée et cicatrisera par seconde intention. Quand le retirer ? Aucune valeur chiffrée n’est utilisée dans la décision de retrait du drain. Trois critères doivent alors être réunis : une amélioration clinique significative du patient (et éventuellement échographique), une diminution progressive de la production de fluide par le drain et une absence de polynucléaires neutrophiles et de bactéries lors d’examen cytologique du liquide recueilli. 2 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS CHIRURGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEC Comment refermer une cavité abdominale Sébastien ETCHEPAREBORDE DV, PhD, DESV chirurgie des petits animaux, Dip. ECVS CHV des Cordeliers - 29 avenue du Maréchal Joffre - F-77100 MEAUX En médecine humaine, la complication de hernie incisionnelle est décrite jusque dans 11 % des cas (1). Cette complication, même chez l’homme, n’est donc pas rare et nous devons assumer le fait que, parfois, il nous arrive aussi d’avoir des déhiscences de plaie. Si ces déhiscences peuvent être le fait d’un animal qui s’est arraché ses sutures, dans les cas les plus fréquents cela est dû à une erreur technique durant la suture de la paroi abdominale. Les questions soulevées lors de fermeture de la paroi abdominale sont diverses : Quel fil utiliser ? / Quelle taille de fil utiliser ? / Quel type de suture ? / Quels nœuds ? / Quelles structures incorporer dans ses sutures ? / Comment suturer ? Quel fil utiliser ? Un petit aparté sur l’utilisation du polyglactin 910 (fil à résorption rapide tressé). Il est encore communément répandu d’utiliser ce type de fil pour la fermeture abdominale : pour des raisons de coût et de sécurité du nœud. Les fils tressés sont traumatiques pour les tissus et forment des interstices nombreux dans lesquels peuvent se loger des bactéries. L’argument du coût n’est donc pas valable car ces fils seront associés à un nombre plus grand de complications, dont la reprise est rarement facturée au propriétaire ; donc in fine une perte d’argent outrepassant largement le faible gain économisé par le prix seul de la suture. L’argument de la sécurité du nœud peut être valable pour une ligature mais ne tient pas pour une suture. Tout chirurgien se doit de savoir réaliser correctement un nœud afin qu’il ne glisse pas (exemple : privilégier un nœud carré plutôt qu’un nœud de vache (granny knot)). De même, l’utilisation du Catgut n’est plus recommandée. Ce matériau entraine une réaction inflammatoire importante et sa résorption est rapide et imprédictible (2). Ce type de fil se vend en bobine et implique donc l’utilisation d’une aiguille à chas, traumatique pour les tissus (Cf ci-dessous). Pour la suture de la ligne blanche on utilise donc un fil monofilament. La résistance d’un fascia après incision est de 20 % de sa résistance initiale au bout de 20 jours. Cela signifie que durant les premières semaines après l’incision, la résistance de la paroi abdominale est liée à la résistance du fil utilisé. Le catgut perd 100 % de sa résistance en 2 à 3 semaines ; le polyglecapron 25 (monocryl®, surgicryl monofast®) perd 80 % de sa résistance sur cette même période et l’acide polyglycolique (safil®, surgicryl pga ®, dexon®) et le polyglactin 910 (Vicryl®, Novosyn®, polysorb®) perdent eux 50 % de leur résistance. Cette rapide perte de résistance est donc un facteur limitant à l’utilisation de ces fils pour la suture de la paroi abdominale. Le polyglyconate (Monosyn®, Maxon®), le glycomer 631 (Byosin®) et le polydioxanone (PDS®) perdent respectivement 30 %, 25 % et 15 % de leur résistance initiale durant les 2 à 3 premières semaines et gardent encore plus de 50 % de leur résistance à 5 et 6 semaines. On privilégiera donc un fil monofilament à résorption lente (3). Dans certaines situations très rares, le monofilament à résorption lente devra être remplacé par un monofilament non résorbable : concrètement, lorsqu’une cicatrisation prolongée est attendue (infection de la paroi abdominale et hypoprotéinémie principalement). Quelle aiguille utiliser ? Le seul avantage des aiguilles à chas et donc des bobines de fils est le coût plus faible. Au delà du fait que le fil des bobines, s’il n’est pas stocké de manière convenable, peut s’altérer avant même son utilisation, les aiguilles à chas sont plus traumatiques que les fils montés. Le diamètre de l’aiguille est beaucoup plus important que le fil et par définition, le fil est doublé au niveau du chas créant donc une brèche dans le tissu deux fois plus grande que nécessaire. Se pose aussi le problème de la stérilité de l’aiguille ainsi que son émoussage avec le temps. Deux critères sont à prendre en compte : la taille et la forme (ronde ou triangulaire). La taille de l’aiguille ainsi que son ouverture sont souvent inhérentes à la suture choisie et à la taille de la suture. La courbure de l’aiguille est indiquée par la proportion d’un cercle qu’elle représente (3/8, ½, 5/8). La taille de l’aiguille 3 indiquée sur la boite correspond à la longueur de l’arc décrit par l’aiguille, de sa pointe à la jonction avec le fil. Lorsqu’il est possible de choisir, c’est plus une question de choix personnel en fonction du confort d’utilisation. La forme de l’aiguille est en revanche de toute importance. L’aiguille ronde est peu traumatique et ne déchire pas les tissus. Elle est donc l’aiguille de choix pour tous les viscères. En revanche, dès que le tissu à suturer devient plus riche en collagène (tendon, ligne blanche, peau), il peut être difficile de passer à travers avec une aiguille ronde et on préfèrera alors une aiguille triangulaire. Les aiguilles triangulaires les plus utilisées sont dites « reverse cutting ». La différence entre les aiguilles triangulaires « cutting » et « reverse cutting » tient à l’orientation du triangle formé par la section de l’aiguille. Pour ces dernières, la base du triangle est orientée vers l’intérieur de la courbure de l’aiguille. De ce fait, le danger de couper à travers les tissus avec l’aiguille est nettement diminué et le trou formé par l’aiguille forme une large portion de tissu sur laquelle vient s’appuyer la suture. Quelle taille de fil utiliser ? Dans une étude humaine récente, 88 % des hernies incisionnelles présentaient des sutures intactes qui étaient passées à travers les tissus pris dans la suture. Le facteur le plus important est donc la nature et la quantité des tissus pris dans la suture (Cf ci-dessous) plutôt que son diamètre qui n’est que rarement le facteur limitant. Il n’existe pas d’étude scientifique précisant la taille des fils à utiliser, les valeurs suivantes sont donc issus de l’expérience : pour un animal de moins de 5kg, un fil de 3/0 (décimale 2) est suffisant. On utilisera du 2/0 (décimale 3) pour des chiens entre 5 et 20 kg et du 9 (décimale 4) pour des chiens d’un gabarit supérieur. L’inconvénient d’un fil trop fin est unique et concerne bien sûr une résistance trop faible. D’un autre côté, les inconvénients d’utiliser un fil trop gros sont multiples : il tient moins bien le nœud, le volume du nœud ainsi que de la quantité de « corps étranger » laissé in situ est bien plus importante et les dégâts tissulaires sont proportionnels à la taille du fil utilisé. 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS Quel type de suture utiliser ? Encore une fois, le type de suture n’est rien en regard des tissus pris par cette suture. Il n’y a donc aucune différence en termes de complications, quel que soit le type de suture utilisé. En conséquent, l’utilisation de points séparés dans un contexte normal n’entraîne aucune plus-value mais est associée avec un temps chirurgical plus long que pour la réalisation d’un surjet. Le type de suture recommandé est donc un surjet simple dans quasi toutes les situations (4). Dans le cas rare où la viabilité des tissus à suturer est questionnable, les points séparés sont à privilégier. En accord avec ce qui vient d’être mentionnée, il n’est donc nullement nécessaire de doubler son surjet par quelques points simples le long de l’incision. Cette pratique, non seulement n’apporte rien, mais peut entrainer la section du surjet par le passage de l’aiguille, responsable d’une déhiscence future. Pour les praticiens désireux néanmoins de réaliser un surjet plus quelques points simples, il est recommandé de réaliser les points simples AVANT le surjet. Quels nœuds réaliser aux extrémités du surjet ? Le nœud simple est la base de nombreux nœuds en chirurgie et il est le seul à utiliser pour toutes sutures. Pour les ligatures, cela est légèrement différent car le premier nœud est un nœud de chirurgien. Ce type de nœud est réservé aux LIGATURES et n’a aucun intérêt pour les sutures. Le nœud carré (deux nœuds simples) tient mieux que le nœud de chirurgien. On veillera également à bien croiser ses brins lors de la réalisation du nœud carré sous peine d’obtenir un nœud de vache (granny knot) qui tient bien moins que le nœud carré. Pour un point simple, il est admis que trois nœuds simples sont suffisants (5). Pour le commencement d’un surjet un nœud simple supplémentaire (soit quatre au total) est recommandé et cinq pour le terminer. En effet, la fin du surjet se réalise entre le brin libre et une boucle (donc trois fils) et ceci explique que la tenue du nœud est moindre que celle du nœud de départ et nécessite donc la réalisation d’un nœud simple supplémentaire. Il a été démontré que le fil de polydioxanone nécessite sept nœuds simples pour une tenue optimale. Afin d’éviter toute confusion, et comme qui peut le plus peut le moins, il est recommandé de faire sept nœuds au commencement et à la fin du surjet. Quels tissus incorporer dans la suture ? La ligne blanche est une aponévrose (=connexion muscle-muscle, la connexion muscle-os étant un tendon et la connexion osos étant un ligament) composée des fascias de part et d’autre des muscles transverses, oblique interne et oblique externe (de l’intérieur vers l’extérieur). Les muscles droits de l’abdomen, longitudinaux à la ligne blanche se situent très proches de la ligne médiane et entre ces fascias. Enfin, l’intérieur de la paroi abdominale est tapissé par le péritoine. La disposition des fascias des muscles transverse, oblique interne et oblique externe varie au fur et à mesure que l’on progresse caudalement le long de la ligne blanche. Crânialement, le muscle droit de l’abdomen est entouré par le fascia du muscle oblique interne qui se divise : une épaisseur de fascia composée du fascia du muscle oblique externe et de la partie superficielle du fascia du muscle oblique interne au- dessus, et le fascia du muscle transverse et la partie profonde du fascia du muscle oblique interne en-dessous. Caudalement à l’ombilic, le fascia du muscle oblique interne se joint au fascia du muscle oblique externe pour recouvrir le muscle droit de l’abdomen laissant seul le fascia du muscle transverse en profondeur. Dans la partie la plus caudale de la ligne blanche, les fascias des trois muscles se joignent et recouvrent superficiellement le muscle droit de l’abdomen, seulement recouvert du péritoine en profondeur. L’image d’une viande qui fond dans la bouche illustre parfaitement le fait que le muscle n’est pas une structure résistante et qu’il n’y a donc aucun intérêt à incorporer le muscle droit de l’abdomen dans la suture. La question de la suture du péritoine reste légitime. En humaine, les raisons (non fondées) avancées pour justifier la suture du péritoine incluent la restauration de l’anatomie, la réduction des infections en rétablissant une barrière anatomique, une diminution des déhiscences, une réduction des hémorragies, diminution des adhérences et perpétuation d’une technique considérée comme un standard. Des études anciennes ont prouvé qu’il n’y avait aucun intérêt quant à la résistance de la fermeture d’incorporer le péritoine. Le péritoine a des propriétés anti-adhérence et le fait de le suturer pourrait créer une ischémie non seulement responsable d’une réaction inflammatoire mais l’empêchant également de jouer son rôle anti-adhérence. Cela pourrait favoriser la formation d’adhérences dans l’abdomen en plus du potentiel rôle joué par la suture en tant que corps étranger. La formation d’adhé- 4 rence est une complication importante chez l’homme et chez le cheval, responsable de gêne ou de malfonction de certains organes. Aucune étude ne reporte l’effet pathologique d’adhérence chez le chien. Par ailleurs, les méta-analyses les plus récentes en humaine (2014) ne permettent pas de mettre en évidence de différence de formation d’adhérence en fonction que le péritoine soit suturé ou non (6,7). En résumé, à ce jour, il n’y a aucune évidence justifiant la suture ou non du péritoine. En conséquence, chez le chien et le chat, il n’y a pas d’intérêt à tenter de l’incorporer dans la suture ni à faire l’effort de l’éviter si celui-ci est toujours adhérent à la ligne blanche lors de la fermeture. C’est donc bien le fascia qui doit être incorporé dans la suture de la ligne blanche. Le fascia superficiel au muscle droit de l’abdomen est suffisant pour assurer une bonne résistance (8). Il n’est pas nécessaire comme nous l’avons vu au-dessus d’incorporer ce muscle. En revanche, les études montrent clairement que la résistance de la fermeture est double si la suture incorpore le fascia latéralement à la transition muscle droit-ligne blanche comparé à médialement à cette transition (9). Dans le doute, on préférera incorporer un peu de muscle droit de l’abdomen dans la suture plutôt que vouloir l’épargner et prendre trop peu de fascia. Lors de l’ouverture de la paroi abdominale, il n’est pas nécessaire de décoller le tissu sous cutané de la ligne blanche : cela crée des espaces morts propices à la formation de séromes. De ce fait, il est parfois difficile lors de la fermeture d’identifier la ligne blanche, masquée par le tissu adipeux. Dans ce cas, il ne faudra pas hésiter à dégager le tissu sous cutané sur une largeur de quelques millimètres pour bien identifier la ligne blanche et ne pas incorporer uniquement du tissu sous cutané dans la suture. Bibliographie : 1) Mudge M, Hughes LE. Incisional hernia : a 10 years prospective study of incidence and attitudes. Br J Surg. 1985; 72 : 70-71. 2) Alexander HC, Prudden JF. The causes of abdominal wound disruption. Surg Gynecol Obstet. 1966 ; 122 : 1223-1231. 3) Ceydeli A et coll. Finding the best abdominal closure : an evidence-based review of the literature. Curr Surg. 2005 ; 62 : 220-225. 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS 4) Van’t Riet M et coll. Meta-analysis of techniques for closure of midline abdominal incisions. Br J Surg. 2002 ; 89 : 1350-1356. 5) Rosin E, Robinson GM. Knot security of suture materials. Vet Surg. 1989 ; 18:269-273. Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 6) Bamigboye AA, Hofmeyr GJ. Closure versus nonclosure of the peritoneum at caesarean section : shortand long-term outcomes (review). The cochrane collaboration. 2014 ; 8 :1-80. 7) Gurusamy KS et coll. Peritoneal closure versus no peritoneal closure for patients undergoing non-obstetric abdominal operations. Cochrane database syst rev. 2013 ; Jul 4 : 7 :CD010424. 8) Rosin E, Richardson S. Effect of fascial closure technique on strength of healing abdominal incision in the dog : a biomechanical study. Vet surg. 1987 ; 16 : 269272. 9) Tera H, Nberg C. Tissue strength of structures involved in musculo-aponeurotic layer sutures in laparotomy incisions. Acta Chir Scand. 1976 ; 142 : 349. 5 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS CHIRURGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEC Comment biopser le foie et le pancreas chirurgicalement Sébastien ETCHEPAREBORDE DV, PhD, DESV chirurgie des petits animaux, Dip. ECVS CHV des Cordeliers - 29 avenue du Maréchal Joffre - F-77100 MEAUX La biopsie de foie chirurgicalement Les indications Des biopsies de foie sont nécessaires dans tous les cas d’affections hépatobiliaires. Les indications sont donc vastes et vont du suivi de traitement pour une hépatite à la planification d’une chirurgie en cas de tumeur. D’autres méthodes existent pour prélever des échantillons de foie. La moins invasive de ces techniques est la cytoponction. Son principal avantage est qu’elle est réalisable facilement et ce même sur des animaux débilités par une maladie hépatique grave. En revanche, même avec un contrôle échographique, sa précision reste faible : en effet seuls 30 % des échantillons chez le chien et 51 % chez le chat sont en accord avec la biopsie (1). Des biopsies peuvent aussi être obtenues à l’aide d’un pistolet à biopsies (Tru-cut). Le taux de complications reporté par cette technique n’est cependant pas négligeable : 22 % de complications mineures et 6 % de complications majeures nécessitant une transfusion, une perfusion ou aboutissant à la mort de l’animal (2). De plus, la concordance avec une biopsie est au maximum de 83 % (3). Biopsie du foie par la technique de suture fracture ou technique de la guillotine (4) Quelle que soit la technique de biopsie chirurgicale du foie employée, il est toujours recommandé de multiplier le nombre de biopsies afin d’obtenir des échantillons de plusieurs lobes du foie et ce, même si le parenchyme parait homogène. La technique de guillotine est utilisée pour réaliser des biopsies à la périphérie des lobes. L’extrémité facilement accessible d’un lobe est choisie. Une alternative consiste à se servir des fissures qui peuvent apparaitre sur la périphérie des lobes. Une boucle de fil résorbable est préparée et passée autour de l’extrémité du lobe à biopser. La ligature est serrée sur le lobe avant de sécuriser le nœud. Un ciseau est alors utilisé pour couper le morceau de foie derrière la suture. Cette même technique peut être réalisée sans ligature mais à l’aide d’un bistouri harmonique et n’est alors pas associée avec un saignement plus impor- tant. Ces deux méthodes ont été associées de manière significative à un saignement moins important que les biopsies par biopsy punch, biopsie à l’aiguille ou par laparoscopie. lement imaginer que des dégâts du pancréas sont induits par toute procédure ; que cela soit suite à une biopsie ou au retrait d’une tumeur du pancréas. Biopsie du foie au Biopsy punch Il est important de tenir compte de l’anatomie du pancréas avant de biopser celui-ci. En effet, il faut éviter les structures anatomiques importantes telles que l’artère splénique, l’artère pancréaticoduodénale caudale et les conduits pancréatiques principaux. C’est pour cette raison qu’en cas de maladie diffuse du pancréas, on préférera la partie distale du lobe droit. Ce site à l’avantage d’être facilement accessible, de se situer à distance des conduits pancréatiques et d’être irrigué par une artère qui n’est pas la source principale d’irrigation d’autres organes L’avantage de cette technique est de pouvoir réaliser des biopsies à des localisations autres que seulement la périphérie du lobe. Un biopsy punch de 6mm est nécessaire ainsi qu’une éponge de collagène (Pangen®) ou de gélatine (Gelfoam®) pour réaliser l’hémostase. Avant de réaliser la biopsie, des morceaux de collagène sont découpés au ciseau ou directement à l’aide du biopsy punch. Le biopsy punch est ensuite enfoncé dans la partie du foie à biopser. Une fois retiré, on utilise des ciseaux de Metzembaum pour couper la base de la carotte de foie ainsi créée et récupérer la biopsie. Cette dernière est fixée dans du formol et le vide créé dans le foie est comblé à l’aide d’un morceau de collagène pour arrêter le saignement. Ces matériaux destinés à l’hémostase locale sont résorbables et peuvent être laissés in situ. Biopsies du foie par laparoscopie La laparoscopie permet une très bonne visualisation du foie. Une pince à biopsie est utilisée pour réaliser des biopsies à la périphérie des lobes. La pince est refermée sur la zone à biopser et maintenue fermée en position pendant une dizaine de secondes pour permettre l’écrasement des vaisseaux et ainsi réaliser l’hémostase. Une fois ce délai passé, l’échantillon de foie est prélevé par simple traction sur la pince. En cas de saignements importants attendus, une pince à fusion tissulaire peut être utilisée pour limiter le risque. La biopsie de pancréas chirurgicalement (5) La cicatrisation du pancréas a été évaluée chez le chien et le chat après des biopsies. Une semaine après la biopsie une fibrose et une infiltration leucocytaire ont été remarquées. Les signes cliniques et la biochimie n’étaient pas différents des animaux contrôles. Bien que le degré d’inflammation induit par la chirurgie du pancréas chez des animaux malades n’ait pas été étudiée en profondeur, on peut faci- 6 La biopsie du pancréas par suture-fracture C’est la technique de loin la plus simple. Après avoir repéré la partie à biopser, une ligature de fil non résorbable est utilisée pour isoler cette partie et écraser le parenchyme pancréatique. Dans certains cas, il peut être nécessaire d’inciser le mésoduodénum pour passer la ligature. Le morceau de pancréas distal à la ligature est alors coupé aux ciseaux avant d’être fixé dans le formol. Si le mésoduodénum a dû être incisé il est alors suturé. La biopsie du pancréas par dissection mousse Cette technique permet de biopser des lésions quelle que soit la localisation du pancréas. La prudence reste de mise concernant les structures à éviter mentionnées ci-dessus. Dans un premier temps, le mésoduodénum ou l’omentum sont incisés pour libérer la partie à biopser. Puis une dissection mousse est réalisée à l’aide de mosquito ou de coton-tiges stériles afin de séparer les lobules à prélever du reste du pancréas. Chaque vaisseau ou conduit pancréatique rencontré est ligaturé au fur et à mesure. Une fois complètement séparé, le fragment de pancréas est fixé dans le formol et le mésoduodénum est suturé. Effets des biopsies chirurgicales en chirurgie ouverte L’impact clinique des biopsies pancréatiques 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS a été étudié sur un petit nombre de sujets et toujours sur des animaux sains, sans maladie pancréatique. En comparant les deux techniques sus-citées, aucune différence tant sur le plan clinique que sur le plan biochimique n’a pu être mise en évidence. Chez le chien, l’histopathologie a démontré une réaction inflammatoire légèrement plus marquée après la technique de suture-fracture, mais ceci n’a pas été relié à un impact clinique une semaine après la biopsie. Des adhérences au niveau du pancréas ont été notées chez 3 des 19 chiens étudiés (6). Chez le chat, sur les 15 sujets examinés, des signes cliniques non spécifiques ont été identifiés : inflammation de l’incision abdominale (3/15), fièvre (3/15), légère douleur à la palpation abdominale (15/15) et un épisode de vomissement (7). Biopsies du pancréas par laparoscopie Deux ou trois points d’entrée sont nécessaires suivant le matériel utilisé. Les biopsies peuvent être réalisées à l’aide d’une pince à biopsie comme décrite dans les biopsies du foie, à l’aide de nœuds préserrés pour ligature laparoscopique, par le placement en V d’hémoclips, par bistouri harmonique ou à l’aide d’une pince à fusion tissulaire. Les mêmes précautions que celles prises en chirurgie ouverte sont applicables concernant le site de biopsie. Il est à noter que la pince à fusion tissulaire, comme les autres techniques utilisées en laparoscopie, peut être utilisée également en chirurgie ouverte. L’avantage de la pince à fusion tissulaire est d’éviter l’usage de sutures en réalisant une hémostase parfaite. Cliniquement, l’utilisation de la fusion tissulaire ne semble pas associée avec des signes de pancréatite plus souvent qu’avec les techniques traditionnelles. 4) Mayhew PD, Weisse C. Liver and Biliary system. In : Tobias KM, Johnston SA, ed, Veterinary surgery small animal. First ed. Saint Louis : Elsevier saunders ; 2012 : 1601-1623 5) Cornell K. Liver and Biliary system. In : Tobias KM, Johnston SA, ed, Veterinary surgery small animal. First ed. Saint Louis : Elsevier saunders ; 2012 : 1659-1673 6) Allen S et coll. A comparison of two methods of partial pancreatectomy in the dog. Vet Surg. 1989 ; 18(4):274–278. 7) Lutz T et coll. Pancreatic biopsy in normal cats. Aust Vet. 1994 ; J 71:223-231. Bibliographie : 1) Wang KY et coll. Accuracy of ultrasound-guided fine needle aspiration of the liver and cytologic findings in dogs and cats : 97 cases (1990–2000). J Am Vet Med Assoc. 2004 ; 224:75–78. 2) Bigge LA et coll. Correlation between coagulation profile findings and bleeding complications after ultrasound-guided biopsies: 434 cases (1993–1996). J Am Anim Hosp Assoc 37. 2001 ; 228–233. 3) Vasanjee SC et coll. Evaluation of hemorrhage, sample size, and collateral damage for five hepatic biopsy methods in dogs. Vet Surg. 2006 ; 35:86–91. 7 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS CHIRURGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEC Comment biopsier chirurgicalement un intestin ? Patricia MEYNAUD-COLLARD DV, PhD, Maître de Conférences en Chirurgie Unité Pédagogique de Chirurgie - Ecole Nationale Vétérinaire - 23, chemin des Capelles - BP 87614 - F-31076 TOULOUSE Cedex 3 - Voie d’abord : laparotomie médiane postxiphoïdienne ou cœlioscopie (vidéo-assistée) - Irrigation de la zone prélevée (NaCl 0,9 % stérile et tiédi) - Inspection de la cavité abdominale puis du tractus digestif - Suture perpendiculaire ou parallèle à l’axe de l’intestin en fonction de la taille de la biopsie et du segment intestinal biopsié - Repérage de la ou des lésions (vue, palpation) - Extériorisation hors de l’abdomen et isolement du segment par 1 champ et des compresses - Occlusion temporaire de la portion repérée (doigts ou drain de Penrose) - Réalisation de la biopsie : 3 techniques au fil - Biopsie placée dans le milieu de conservation - Inspection et résection de la muqueuse éversée incision en côte de melon biopsy punch 8 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS - Vérification de l’étanchéité de la suture - Ponction ou biopsie des nœuds lymphatiques anormaux - Réalisation des éventuelles autres biospies sur des segments différents en suivant la même procédure - Lavage abondant des zones prélevées - Retrait des compresses et champ d’isolement ; changement de gants et de matériel - Omentalisation des zones biopsiées - Réintégration des anses intestinales dans la cavité abdominale - Suture de la laparotomie Photos : Unité de Chirurgie – ENV Toulouse Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 9