En-tête ADE vierge
Transcription
En-tête ADE vierge
Paris, le 3 novembre 2008 Monsieur Yves MERSCH Directeur Général de la Banque Centrale du Luxembourg 2 boulevard Royal L-2983 Luxembourg LUXEMBOURG Monsieur le Directeur Général, Je vous écris en ma qualité de Président de l’association des Amis de l’Euro. Cette association numismatique est la première association de collectionneurs dédiée à l’Euro et la première en France en termes de nombre d’adhérents et de nombre de pays européens représentés. Nous comptons à l’heure actuelle plus de 865 membres répartis sur dix pays européens. Je vous invite à aller consulter notre site à l’adresse suivante : http://www.amisdeleuro.org/. 1/ Rôle de notre association auprès des collectionneurs La vocation de l’association, agissant selon le régime de la loi française de 1901 sur les associations à but non lucratif, est de conseiller et d’aider les collectionneurs membres de l’association dans la réalisation de leur collection et de défendre leurs intérêts lorsque ceux-ci sont menacés. Le présent courrier est destiné à porter à votre connaissance des faits dont nous pensons qu'ils sont préjudiciables aux collectionneurs d'euros. 1 2/ Contexte du problème La BCL (Banque Centrale du Luxembourg) a édité un coffret en qualité « frappe Belle Épreuve » (en anglais, « proof quality ») à hauteur de 2 500 exemplaires en 2008. Il contient toutes les pièces de 2 euro commémoratives de circulation émises par le Luxembourg depuis la levée du moratoire sur l'émission de telles pièces en 2004. 2.1/ Un bref historique La première pièce de 2 euro commémorative du Luxembourg, réalisée dès 2004, a été initialement frappée par la Monnaie des Pays-Bas. Les 2 euro commémoratives émises en 2005 et 2006 l’ont été par la Monnaie de Finlande. En 2007 et 2008, la Monnaie de Paris, l’institut d’émission français, a frappé à son tour les 2 euro commémoratives de circulation du Luxembourg. Ces changements d’ateliers monétaires sont dus au fait que la BCL ne dispose pas en interne de l’outil industriel nécessaire à la réalisation de ses frappes monétaires. Elle soustraite donc l’ensemble de ces opérations à des tiers par le biais d’appels d’offre auxquels répondent différents instituts européens. Or, les pièces refrappées afin d’être insérées dans ce coffret au titre des années 2005 et 2006 portent les différents monétaires de la Monnaie de Paris, prestataire actuel de la BCL pour ce qui est de la frappe des monnaies de circulation. Elles ne portent plus ceux de la Monnaie de Finlande qui avait pourtant frappé le contingent initial pour chacune de ces deux années, et qui avait apposé ses différents monétaires sur les pièces de cette première émission monétaire. La BCL a donc refrappé jusqu'à quatre ans après un contingent de pièces commémoratives au millésime initial. Par ailleurs, le volume de ce retirage, certes limité, engendre la création d’une variété au sens numismatique pour les pièces émises aux millésimes de 2005 et 2006. 2.2/ Remarque liminaire sur la distribution du coffret luxembourgeois La BCL a proposé ce coffret à la vente en janvier 2008 par le biais d’un abonnement qui ouvrait droit à d’autres produits beaucoup plus communs. La souscription à cet abonnement était d’un montant de 366 € sans les frais de port (29 euros pour la France). Une vente au public a par ailleurs été organisée dans les locaux de la BCL à la fin du mois d’octobre 2008. En revanche ce coffret n’a pas été proposé à la vente en ligne alors que la BCL dispose d’une e-boutique. La BCL aurait pu en vendre quelques dizaines par ce biais afin de laisser une possibilité aux collectionneurs européens qui ne pouvaient se déplacer d’en obtenir un exemplaire. La BCL a donc affiché une politique marketing volontairement très élitiste dès le départ concernant ce coffret. Mais les collectionneurs ne s’y sont pas trompés. Un certain nombre de ces abonnements sont restés sans preneur. C’est sans doute pour cette raison que la BCL a organisé une vente sur place fin octobre 2008. 2 2.3/ Légitimité douteuse du coffret luxembourgeois Sur le plan de la légitimité, l’émission d’un coffret très tardif et contenant des variétés numismatiques du fait d’un changement de prestataire est de notre point de vue de collectionneurs discutable et pour plusieurs raisons. 2.3.1/ Caractère artificiel des variétés créées Tout d’abord, deux variétés très rares sont artificiellement créées. En principe, une variété procède d’un choix technologique, d’un changement de coin (…) , jamais encore d’un changement de prestataire agissant en qualité de sous-traitant. 2.3.2/ Une émission imprévue qui entame la valeur patrimoniale des émissions initiales et la crédibilité de la BCL du point de vue des collectionneurs La faiblesse du tirage, la qualité de frappe et de conservatio n d’une pièce créent en matière numismatique la valeur marchande d’une monnaie. Les monnaies Euro en qualité « proof » sont, de manière générale, de grande qualité. Donc, seul le critère du tirage est prépondérant pour leur valorisation. Comment maintenir la crédibilité de ces émissions vis à vis de collectionneurs qui ont acheté le coffret « proof » 2004 ? En effet, ils ont acquis un coffret contenant la 2 euro commémorative en qualité proof et émise à 1 500 exemplaires. Or, la BCL en édite 2 500 exemplaires supplémentaires quatre ans après ! Au travers de telles pratiques transparaît de la part de l’Institut émetteur une inconstance manifeste préjudiciable aux collectionneurs d’Euro. 2.4/ Une émission monétaire illicite ? Mais nous nous interrogeons également, au regard du droit monétaire luxembourgeois et du droit monétaire communautaire, sur la légalité d’une telle émission. Cette pratique estelle conforme aux autorisations de frappe « plafond » fixées par la BCE chaque année aux États ayant adopté l’Euro comme monnaie unique ? Pour chaque année considérée, n’y a-t- il pas un volume de frappe excédant le volume initialement autorisé par la BCE au Luxembourg ? 3 3/ Impact de ce coffret et de pratiques similaires sur le secteur de la numismatique euro 3.1/ Une pratique qui crée un précédent pour les instituts monétaires de la zone Euro Un autre institut monétaire pourrait tout à fait, dès lors que cette pratique est validée par la BCE et la Commission Européenne, procéder à une émission complémentaire de plusieurs millions de frappe sur des millésimes rares. Tout cela au détriment des collectionneurs européens et de leur patrimoine. 3.2/ Un risque d’effet « boomerang » pour l’ensemble des instituts monétaires de la zone Euro Le marché des collectionneurs d’Euro est encore jeune. Il serait préjudiciable à l’ensemble des ateliers monétaires que de telles pratiques aient pour effet de dissuader les citoyens européens de collectionner les coupures Euro. À titre d’exemple, je vous précise que la Monnaie de Paris réalise la moitié de son Chiffre d’Affaires avec les collectionneurs. Ils constituent donc une clientèle d’importance pour les instituts nationaux et un enjeu majeur compte tenu de l’environnement de plus en plus concurrentiel en matière de frappe de monnaies de circulation, particulièrement en ce qui concerne les pays qui ne disposent pas de leur propre outil industriel de frappe des monnaies (cas de Malte, Chypre, Slovénie et Luxembourg). Les collectionneurs que je représente souhaitent savoir si cette émission pouvait être juridiquement réalisée par la BCL et si elle ne contrevient pas aux prescriptions des droits monétaires communautaire et luxembourgeois. Dans l’affirmative, nous souhaiterions qu’une telle émission ne soit pas réitérée car elle reste un précédent très préjudiciable aux collectionneurs. Restant à votre disposition pour tout renseignement complémentaire, je vous prie de croire, Monsieur le Directeur Général, à l’expression de mes salutations distinguées. Le Président de l’association des Amis de l’Euro Olivier FOURNIER Contact : Olivier FOURNIER Téléphone : +33 6 10 87 97 30 E- mail : [email protected] 4