C-9-14 - Régie de l`énergie
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LA NÉCESSITÉ D’UNE APPROCHE INTÉGRÉE DE L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE DANS LES TRANSPORTS Rapport d’expertise présenté à la Régie de l’Énergie du Québec Le 14 novembre 2008 Pour le Groupe de recherche appliquée en macroécologie (GRAME) Par Jean-François Lefebvre, Georges A. Tanguay et Florence Junca-Adenot Du Département d’études urbaines et touristiques (DEUT) de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ÉSG-UQAM) En collaboration avec Jonathan Théorêt, consultant. Dans le cadre des audiences du dossier R-3671-2008 Adoption du PEEÉNT de l’Agence de l’efficacité énergétique du Québec Table des matières Introduction......................................................................................................................... 3 1 Les lacunes du marché des transports ......................................................................... 5 2 Incitatifs pour favoriser l'efficacité énergétique des véhicules ................................... 8 3 Analyse des différents programmes proposés, volet transport ................................. 11 3.1 PETR.101A Amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules neufs...... 11 3.2 Importance relative des différentes mesures..................................................... 15 3.3 Impact de PETR.101A sur PETR.101B, Mise au rancart des véhicules remplacés ...................................................................................................................... 16 3.4 Importance de l’analyse du cycle de vie de l’automobile :............................... 18 3.5 Pistes de solution pour la mise au rancart (PETR.101B).................................. 18 3.6 PETR.101C Véhicules à haut rendement énergétique ...................................... 18 3.7 PETR.102 Formation des conducteurs de véhicules légers aux comportements de conduite éconergétique............................................................................................. 19 3.8 PETR.103 Programme d’inspection et d’entretien ........................................... 20 3.9 PIEVAL ............................................................................................................ 20 3.10 L’importance d’un programme obligatoire....................................................... 22 3.11 PETR.104 Programme visant l’utilisation de sources d’énergie alternatives pour véhicules légers ............................................................................................................. 23 3.12 Les risques liés à l’implantation des programmes proposés, l’exemple du PETR 101...................................................................................................................... 23 4 Efficacité énergétique : les autos versus la ville ....................................................... 26 5 Une piste à suivre : l’appui à l’implantation de l’autopartage .................................. 29 5.1 L'efficacité relative des différents modes de transport ..................................... 29 5.2 La complémentarité des alternatives à la dépendance envers l’automobile ..... 30 5.3 Les impacts environnementaux et économiques de l’autopartage.................... 31 5.4 Le potentiel de développement de l’autopartage du Québec ............................ 33 5.5 L’autopartage se compare avantageusement avec le PETR.101 ...................... 34 6 Position sur l’approbation des PETR........................................................................ 36 7 Où doivent être mis les efforts .................................................................................. 39 Conclusion ........................................................................................................................ 41 Bibliographie..................................................................................................................... 43 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 2 sur 45 Introduction Le Groupe de recherche appliquée en macroécologie (GRAME) nous a mandaté pour évaluer la stratégie et les mesures proposées par l’Agence de l’efficacité énergétique du Québec (AEEQ ou simplement l’Agence dans le texte) dans le secteur des transports pour son premier Plan d’ensemble en efficacité énergétique et nouvelles technologies déposé auprès de la Régie de l’Énergie pour fins d’approbation. Notre équipe de recherche salue les efforts faits par l'Agence afin de mettre en oeuvre au Québec des mesures dont certaines sont attendues depuis de nombreuses années. Malheureusement, plusieurs de ces mesures sont encore à l'état d'ébauche, tandis que certains champs d'intervention sont encore totalement évacués dans l'approche préconisée par l'Agence. Une approche qui ne reflète pas encore l'étendue de son mandat : « L’Agence a comme mandat de développer une vision d’ensemble des activités visant 1 l’efficacité énergétique en transport. » La vision globale qui devrait guider les interventions de l'Agence dans ce secteur crucial fait ainsi cruellement défaut. On constate néanmoins une ouverture certaine de la part du personnel de l'Agence, laquelle, si elle est bien canalisée et appuyée, pourrait permettre au Québec de jouer un rôle de leader dans le domaine au cours des prochaines années. D'abord, les actions visant à accroître l'efficacité énergétique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur des transports devraient toucher obligatoirement les trois axes suivants : i. la gestion de la demande dans une perspective visant la réduction des besoins en déplacement, ii. les mesures favorisant les modes de transport plus efficaces (transports publics et actifs), iii. ainsi que l'efficacité marginale dans la consommation des véhicules (le seul volet auquel s'adresse l'Agence). De plus, les programmes implantés doivent être conçus avec une approche globale. Les grandes étapes de la vie d’un véhicule routier sont sa fabrication, son utilisation, son entretien et sa disposition en fin de vie utile. Certes l’utilisation compte pour la majeure partie de la consommation énergétique, mais des actions ne visant que ce volet risquent de banaliser des impacts non négligeables. Il importe, par exemple, de tenir compte des effets positifs d’un entretien rigoureux, qui peut avoir un impact significatif sur la réduction de la consommation moyenne en carburant. Les deux autres étapes, la production et la disposition, n’ont pas autant d’impacts sur l’acquéreur d’un véhicule. 1 Référence : pièce B-29-AEE-10, document 3, page 31 lignes 19-20. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 3 sur 45 Conséquemment, ils ne font généralement pas partie des critères d’achat d’un véhicule neuf. Pourtant, la production compte pour 15 à 20 % des impacts environnementaux d’un véhicule au cours de son cycle de vie2, alors que la mise au rancart envoie quant à elle approximativement 34 % de la masse nette des automobiles à l’enfouissement (après démantèlement réglementaire et récupération de pièces)3. Ainsi, ces derniers aspects ne devraient pas être négligés lors de la mise en place de mesures visant à diminuer la consommation d’énergie. Conformément à notre mandat, nous allons, dans le présent document, discuter, critiquer et analyser les mesures proposées par l'Agence de l'efficacité énergétique tout en suggérant des pistes permettant d'élargir et d'améliorer tant l’efficience que l’efficacité de la stratégie proposée. 2 Information recueillie auprès du CIRAIG, 2008. Notons, par ailleurs, que la proportion de plastique dans la masse totale des automobiles a augmenté de 5% depuis 15 ans. 3 Claude Bourque, Recyc-Québec, 2008, comm. pers. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 4 sur 45 1 Les lacunes du marché des transports Il y a indubitablement des imperfections dans le marché des transports, avec la présence de coûts externes non assumés par les utilisateurs (EUROPEAN COMMISSION, 2003 ; OCDE, 2006). Ces externalités entraîneraient l’utilisation de véhicules plus énergivores (GREENE et al., 2005; MARBEK RESOURCE CONSULTANTS, 2005), ainsi que des taux de possession et un kilométrage parcouru plus élevés que ceux qui auraient été considérés comme des choix optimaux (EUROPEAN COMMISSION, 2003 ; OCDE, 2006). Même les périodes d’utilisation apparaissent non optimales, dans la mesure où l’ajout d’utilisateurs additionnels de la voirie, en situation de congestion, réduit la vitesse de déplacement de l’ensemble des autres utilisateurs, réduisant du même coup l'efficacité énergétique de l'ensemble des véhicules impliqués (CALTHROP et al., 2000 ; DERYCKE, 1997 et 2000). Le Québec n’échappe pas à ces tendances (BERGERON , 2003) : Hausse du taux de motorisation : Entre 1997 et 2002, le parc automobile du Québec a crû de 355 000 véhicules, ou 11 %, dont vraisemblablement 200 000 dans la région de Montréal. La croissance démographique n’ayant été, durant cette période que de 2,1 %, le taux de motorisation, au Québec, est passé de 500 automobiles pour 1 000 habitants en 1997, à 537 pour 1 000 en 2002. Popularité croissante des véhicules utilitaires sport : Les ventes des VUS, qui n’avaient totalisé que 15 600 unités en 1994, soit tout juste 5,5 % du marché, sont passées à 53 800 unités en 2002, ou 12,6 % du marché. Lentement mais sûrement, le Québec comble son « retard » sur le reste de l’Amérique, où les VUS représentent 25 % des ventes. Les impacts économiques de ces tendances s’avèrent astronomiques pour le Québec, comme le démontre BERGERON (2003) : Pour la région de Montréal, en tenant compte de l’impact de chacun de ces deux modes sur les déplacements non motorisés, celui-ci estime que le coût moyen par déplacement et par personne s’est élevé à 6,35 $ pour l’automobile, contre 1,27 $ pour le transport collectif (TC). À déplacement donné, le TC coûte donc cinq fois moins cher que l’automobile (excluant les coûts en temps et les coûts externes). Entre 1997 et 2002, les Québécois ont disposé, en dollars constants, de 25 milliards de dollars (G$) de plus pour leurs dépenses de consommation, ce qui correspond à un accroissement de 1,8 G$ par année, durant cinq années consécutives. L’automobile s’est accaparée 63 % de cet argent neuf, soit 16 des 25 G$ disponibles. Sur une base annuelle récurrente, l’automobile a donc eu droit à 1 100 M$ sur 1 800, ne laissant que 700 M$ à tous les autres secteurs de consommation réunis, l’alimentation, le logement, les loisirs, l’habillement, etc. Si l’on se limite au transport urbain des personnes, l’automobile s’est accaparée 100 % de l’argent neuf disponible, contre rien pour les transports collectifs. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 5 sur 45 Sans compter que, de plus en plus, des liens sont maintenant faits entre les choix de transport et la santé, comme l’illustre le tableau 1. Tableau 1 Résumé des effets principaux du transport sur la santé Effets bénéfiques Effets néfastes Effets directs Potentiel pour accroître l’activité physique par la marche et le vélo Effets indirects Accès à l’emploi, à l’éducation, aux activités récréatives, au soins de santé, aux commerces, etc. Prospérité accrue. Accidents Pollution de l’air Rique d’inhibition de l’activité physique Bruit Exclusion sociale Délabrement urbain planifié ABERDEEN CITY COUNCIL (2006). Pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto et paver la voie à l'atteinte d'objectifs encore plus contraignants, gérer les émissions provenant du secteur des transports est un incontournable. Ce secteur constitue aujourd'hui la plus importante source d'émissions, avec 40 % des émissions québécoises en 2006. Si le Québec a réussi à limiter la hausse des émissions de GES provenant de son territoire à 1,6 % entre 1990 et 2006, cette relative bonne performance globale a été permise grâce à des réductions dans de le secteur industriel, tandis que celui des transports augmentait, durant cette même période, de 22 %.4 L’atteinte des objectifs du Protocole de Kyoto implique obligatoirement des efforts de réduction significatifs dans le secteur des transports, tant ici qu’ailleurs. De plus, l’incidence des activités de transport sur les milieux naturels et humains sont multiples : outre les émissions de gaz à effet de serre, le secteur des transports est une source majeure de gaz précurseurs du smog et des précipitations acides, sans compter le coût social des accidents de circulation, de la pollution sonore et des embouteillages (EUROPEAN COMMISSION, 2003). Et à ces coûts, il faut ajouter ceux liés au développement et à l’entretien du réseau routier, ainsi que le coût d’opportunité de l’espace urbain occupé par les rues et stationnements dans nos villes (SHOUP, 2005). La Commission européenne (EUROPEAN COMMISSION, 2003), tout comme l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE, 2006) constatent que les coûts environnementaux et sociaux des transports sont très élevés. Ces coûts sont dits externes, ou appelés externalités, car ce sont des coûts qui ne sont pas assumés par les acteurs qui font leurs choix économiques et pour lesquels il n’y a pas de marché. Par exemple, un individu qui devrait faire face à tous les coûts générés par l’utilisation de son véhicule (coûts privés plus coûts externes) diminuerait son utilisation jusqu’à un niveau 4 Gouvernement du Québec (2008) Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 6 sur 45 socialement optimal. Les externalités des transports incluent principalement la pollution, les accidents et la congestion (DERYCKE, 1997 ; EUROPEAN COMMISSION, 2003 ; OCDE, 2006). La réglementation et les incitatifs économiques permettent, en fait, toutes les deux de corriger ces imperfections de marché, mais seuls ces derniers permettent de dégager un bénéfice net pour la société (PROOST et VAN DENDER, 2001). Ce bénéfice n’est toutefois pas assuré et dépend des mesures implantées (PROOST et VAN DENDER, 2001). De plus, selon plusieurs, la combinaison de différentes mesures simultanément permet d’obtenir de meilleurs résultats que l’adoption des mesures prises isolément (CALTHROP et al., 2000). Une des imperfections du marché actuel découle du fait que les consommateurs ne tiennent compte, lors de l’acquisition de leur véhicule, que des bénéfices associés aux économies d’essence anticipées pour les trois premières années d’utilisation. Cela équivaut à sous-évaluer la véritable valeur des économies d’énergie d’environ 60 % dans le processus de décision du consommateur (GREENE et al., 2005). R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 7 sur 45 2 Incitatifs pour favoriser l'efficacité énergétique des véhicules Pour GREENE, PATTERSON, SINGH & LI (2005) des taxes plus élevées imposées sur les véhicules plus énergivores, à l’achat et à l’immatriculation, ainsi que l ’ octroi de subventions pour les véhicules plus efficaces ou utilisant des technologies que l’on désire promouvoir, permettent d’inciter les consommateurs à acquérir des véhicules plus efficaces. Ce système dit de redevances-remises est plus connu sous le vocable anglais de "feebate", une contraction de "fees and rebates", taxes et subventions. La version sans subvention s'appelle “Gas-Guzzler Tax”. Introduite récemment au Québec5 (budget 2004-2005 du gouvernement du Québec), la modulation des frais d'immatriculation a pour but de réduire les émissions de polluants et de GES provenant des véhicules. Elle s’applique annuellement à toutes les grosses cylindrées dont l’année de fabrication est postérieure à 1995. Ces droits additionnels sontils suffisamment élevés pour faire la différence? Le lien entre la consommation et la tarification est aussi très difficile à établir pour le consommateur (tableau 2). Tableau 2 Droits d’immatriculations différenciés au Québec DROIT D’IMMATRICULATION ADDITIONNELS SELON LA CYLINDRÉE Cylindrée (en litres) Droits ($) Cylindrée (en litres) Droits ($) 4,0* 30 4,7 100 4,1 40 4,8 110 4,2 50 4,9 120 4,3 60 5,0 130 4,4 70 5,1 140 4,5 80 5,2 et plus 150 4,6 90 6 En Ontario, le gouvernement impose depuis 1991 une surtaxe de vente graduée selon la consommation des véhicules. Ainsi, l'acheteur d'une grosse voiture consommant 12 litres aux 100 kilomètres devait payer, en 1992, une taxe supplémentaire de 2 400$. Ce système est jumelé à des subventions qui sont accordées aux acheteurs de véhicules particulièrement efficaces. L'acheteur d'un véhicule consommant moins de 5 litres aux 100 kilomètres recevait ainsi une subvention de 100$. Bien que cette mesure soit considérée comme unique en Amérique, la “Tax for Fuel Conservation” ontarienne n'est pas configurée pour inciter chaque consommateur à opter pour un véhicule plus efficace, 5 http://www.saaq.gouv.qc.ca/immatriculation/cylindree.html 6 les véhicules de 3,95 litres à 3,99 litres sont considérés comme des véhicules de 4,0 litres De plus, les centilitres sont arrondis au décilitre supérieur à partir de 0,05 (ex. : 4,055 litres est arrondi à 4,1 litres). R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 8 sur 45 ce qui restreint son efficacité. En effet, 90 % des véhicules neufs se situent dans la catégorie des surtaxes de 75 $ correspondant à une consommation de 6 à 8,9 litres aux 100 km. « Le système ontarien constitue donc principalement une source de revenus pour le gouvernement, sans effet incitatif marqué sur le comportement d'achat » (PRADES, LOULOU et WAAUB, 1998, p. 121). MARBEK RESOURCE CONSULTANTS (2005) ont envisagé un système de redevancesremises à l’échelle canadienne ou nord-américaine, en se limitant toutefois à un programme fédéral à l’achat des véhicules neufs. Ces travaux sont dans la même lignée que ceux du U.S. DEPARTMENT of ENERGY (1995), et de GREEN et al. (2005). Ces deux derniers travaux sont basés sur des redevances-remises ayant respectivement des taux de 50 000 à 100 000 $ pour un mile au gallon (MPG) d'écart entre deux véhicules. Cette mesure amènerait, pour les deux hypothèses considérées, un gain de 16 % est de 26 % d'après l'évaluation de GREEN et al. (2005). Le budget Flaherty du 19 mars 2007 a marqué la mise en place d’un premier système de redevances-remises visant à encourager les citoyens à acquérir des véhicules plus efficaces à l’échelle canadienne. Là encore, on constate une absence d'incitatifs touchant une large portion des véhicules alors que pour les autres catégories l'utilisation de larges paliers réduit l'effet incitatif comparativement à une relation linéaire entre le prix et l'efficacité (voir le tableau 3). Tableau 3 Nouveau système canadien de redevances-remises sur les véhicules PÉNALITÉ REMISE Voitures Mini-fourgonnettes, VUS et camionnettes 5,5 ou moins 2000$ 2000$ 5,6 à 6,0 1500$ 2000$ 6,1 à 6,5 1000$ 2000$ Consommation* (L/100 km) 6,6 à 7,3 2000$ 7,4 à 7,8 1500$ 7,9 à 8,3 1000$ Véhicules de tourisme (sauf les camions) 8,4 à 12,9 13,0 à 13,9 1000$ 14,0 à 14,9 2000$ 15,0 à 15,9 3000$ 16,0 ou plus 4000$ * Les cotes de consommation sont fondées sur une proportion de 55 % de conduite en milieu urbain et de 45 % sur route. Source : Ministère des Finances, cité par Toupin, 2007. 7 C'est en Europe et en Asie que ce type d’incitatifs financiers est davantage utilisé dans le domaine des transports (COMMISSION DES COMPTES ET DE L’ÉCONOMIE DE 7 TOUPIN, Gilles (2007) « Environnement 4,5 milliards sur sept ans », La Presse, Montréal, Mardi le 20 mars, p. A7. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 9 sur 45 L’ENVIRONNEMENT, 2003). En France, les véhicules particuliers et des sociétés, en plus des redevances et remises mentionnées plus haut, sont assujettis, depuis janvier 2006, à une taxe annuelle qui dépend des émissions de CO2. Dans le cas des véhicules de société, l’effet incitatif de la tarification française est d’autant plus visible qu’il est directement corrélé aux émissions de GES:8 Tableau 4 Taxes sur les véhicules de société en France Classe Emission de CO2 (en g/km) Tarif applicable par g CO2/km (en euros) Taxe (en euros) A ≤ 100 2 - de 200 B 101 – 120 4 404 à 480 C 121 – 140 5 605 à 700 D 141 – 160 10 1410 à 1600 E 161 – 200 15 2415 à 3000 F 201 – 250 17 3416 à 4250 G > 250 19 + de 4769 Notez que nous n’avons trouvé aucune étude tentant d’évaluer à l’échelle d’une province ou d’un État nord-américain l’application d’un incitatif ayant une modulation qui serait inspirée du modèle français et appliquée à tous les véhicules. La taxe sur l’essence aurait également un effet incitatif important. Plus elle est élevée, plus le parc automobile est efficace (HIMANEN et al., 2004, p. 11; NEUMAN & KENWORTHY, 1989). Il est important de souligner qu’en dollars constants, les coûts d'achat et d'utilisation d'une automobile ont diminué fortement dans la plupart des pays industrialisés (BOVY, 1992)9. Finalement, soulignons que toutes les mesures qui induisent une amélioration de l'efficacité énergétique des véhicules ont toutefois le même effet qu'une baisse des taxes sur l'essence dans la mesure où ils augmentent le revenu disponible pour les consommateurs, ce qui peut les inciter à accroître l'utilisation de leurs véhicules. C'est ce que l'on appelle l'effet rebond (“Rebound Effect”). Ainsi, l'amélioration des rendements énergétiques des véhicules, en réduisant leur coût marginal d'utilisation, encourage les gens à conduire davantage, ce qui atténue les gains réels de ces mesures (LANGER, 2005). L’Agence en tient compte et estime cet effet rebond à 15 % pour la mesure PETR.101A.10 8 www2.ademe.fr/servlet/getDoc?cid=96&m=3&id=31126&ref=16247&p1=B 9 Bovy (1992) a ainsi évalué qu'en Suisse, le prix d'achat d'un véhicule a été réduit de moitié entre 1960 et 1990, alors que les coûts marginaux (coûts, à la marge, pour parcourir un kilomètre supplémentaire) furent divisés par quatre. 10 Pièce B-22 AEÉ-10, document 10.1, Réponses aux questions du GRAME page 19/36 ligne 17. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 10 sur 45 3 Analyse des différents programmes proposés, volet transport Dans les prochaines sections, nous analyserons les différentes mesures proposées par l'Agence dans la volet transport de son Plan d'ensemble en efficacité énergétique et nouvelles technologies (PEEÉNT). 3.1 PETR.101A Amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules neufs Programme d’incitatifs à l’acquisition de véhicules légers neufs à faible consommation Les études sur l’acceptabilité sociale de la tarification des transports révèlent que les contribuables sont plus enclins à accepter l’imposition d’une écotaxe touchant les véhicules si celle-ci est accompagnée d’une baisse d’une autre taxe touchant les véhicules et, dans une moindre mesure, d’une contribution au financement des transports collectifs en vue de leur amélioration. Référence : pièce B-22 AEE-10, Document 10, Préambule demande 2.9, pages 16 Considérant que Le programme vise à améliorer la consommation énergétique globale du parc québécois de véhicules légers en faisant de la cote de consommation un critère important lors de la décision d’achat d’un véhicule neuf. Référence : PEEÉNT page143 Dans un programme de type bonus-malus comparant la cote de consommation de carburant combinée (cccc) du véhicule remplacé à la cccc du nouveau véhicule acheté, deux volets sont à envisager : 1- Une aide financière versée aux acheteurs qui font l’acquisition d’un véhicule ayant une cccc plus basse que le véhicule remplacé, tel que proposé (PETR.101A). 2- Une pénalité financière aux acheteurs qui font l’acquisition d’un véhicule ayant une cccc plus élevée que le véhicule remplacé. En effet, si l’aide financière peut être bénéfique, elle sera toutefois très dispendieuse et non-neutre si elle n’est pas couplée d’une mesure pénalisant l’achat de véhicules plus énergivores. De plus, l’impact bénéfique de l’aide financière sera atténué par le mouvement contraire si une pénalité n’est pas imposée aux acheteurs de véhicules plus énergivores. Selon une étude de marché commandée par l’Agence, le versement d’un incitatif financier tel que proposé « permettrait d’engendrer une réduction de la consommation de carburant moyenne supplémentaire de l’ordre de 20%. En contrepartie, 36% des R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 11 sur 45 personnes enquêtées envisagent d’acquérir un véhicule consommant plus que leur véhicule actuel pour une augmentation de plus de 17% de cette même consommation. »11 Voyons ce qui c’est fait au niveau fédéral : Dans le budget de 2007, le gouvernement fédéral a présenté son initiative d´incitatifs à l´achat de véhicules éconergétiques. Celle-ci prévoit l´octroi d´une remise sur les véhicules hautement éconergétiques (le Programme de remises écoAUTO) et une nouvelle taxe d´accise sur les véhicules énergivores (l´écoprélèvement). Les deux initiatives ont pour but de favoriser l´achat de véhicules éconergétiques au Canada. Le Programme de remises écoAUTO, administré par Transports Canada, accorde des incitatifs en espèces pour inciter les Canadiens à acheter ou à louer des véhicules éconergétiques. Il octroie des remises allant de 1 000 $ à 2 000 $ aux personnes qui achètent ou qui signent un contrat de location de longue durée (12 mois ou plus) pour un véhicule éconergétique neuf.12 (notre souligné) Finalement, le volet ecoAuto ne sera pas reconduit au delà du 31 décembre 2008 : "The [eco auto] program will not be available beyond the 2008 model year," said a oneline statement in the government's budget papers. However, the government added it will keep its gas-guzzler tax or "Green Levy" of up to $4,000 on a few big sport-utility vehicles. The original levy never applied to pickup trucks. […] 13 Ce que nous comprenons, c’est que la partie incitative du programme fédéral ne semble plus avoir sa place alors que la partie contraignante sera le seul volet maintenu. Jusque là, la réponse suivante de l’Agence explique un besoin de complémentarité : D’autre part, le programme fédéral écoAUTO ne sera pas reconduit en 2009 et, par conséquent, aucune aide financière ne sera disponible pour l’achat de véhicule neuf relativement éconergétique, à l’exception de celle sur les véhicules hybrides qui présente un surcoût technologique. Dans ce cadre, un programme d’incitatifs tel que proposé par l’Agence complète les incitatifs déjà en place sur le marché. Référence : pièce B-22 AEE-10, Document 10, demande 2.9, pages 16 -17 Toutefois, il importe de souligner que le programme fédéral d’écoprélèvement exempte certaines catégories de véhicules, notamment les camions légers 14 , alors que la progression de consommation d’énergie et d’émission de GES liées à ce type de véhicule est en forte hausse. Il nous apparaît ainsi que l’Agence omet une exemption de taille lorsqu’elle répond : 11 B-9- AEÉ-9, doc. 3, page 1 http://www.tc.gc.ca/pol/fr/rapport/anre2007/4_environnement.html // Les taux de taxe d’accise sur les véhicules énergivores peuvent être consultés à : http://www.cra-arc.gc.ca/whtsnw/tms/lst_vh-fra.html 13 http://www.thestar.com/News/FederalBudget/article/307255 14 Description de l’écoprélèvement, http://www.cra-arc.gc.ca/gncy/bdgt/2007/xcs-fra.html Q.2 et R.2 12 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 12 sur 45 La première est l’écoprélèvement administré par l’Agence du revenu du Canada, qui est une surtaxe variant de 1 000 $ à 4 000 $ à l’achat d’un véhicule neuf consommant 13 L/100 km et plus. Référence : pièce B-22 AEE-10, Document 10, demande 2.9, pages 16 En fait, telles que configurées, les mesures de l'actuel système canadien touchent moins de 10 % des véhicules vendus, que ce soit au niveau de la subvention ou de la taxe additionnelle. Cela veut dire que près de 95 % des véhicules ne sont aucunement touchés par l’écoprélèvement. L’Enquête sur les véhicules au Canada (EVC) nous apprend à cet égard que « L’importance des camions légers dans le parc des véhicules légers semble s’être accrue depuis l’année 2000 alors que les données de l’EVC indiquent que la consommation de carburant en L/100 km des camions légers est plus grande que celle des voitures de tourisme. »15 (voir graphique ci-bas16) 15 Enquête sur les véhicules au Canada (EVC), Rapport Sommaire 2005, produite en mai 2007, page 6 sur 60, http://oee.nrcan.gc.ca/Publications/statistiques/evc05/pdf/evc05.pdf 16 Base de données de l’OEÉ, http://oee.nrcan.gc.ca/organisme/statistiques/bnce/apd/analyse_ca.cfm?attr=0 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 13 sur 45 Secteur des transports - Émissions de GES 45,00 Émissions de GES par mode de transport (Mt éq CO2) 40,00 35,00 30,00 25,00 20,00 15,00 10,00 5,00 0,00 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Année Petites voitures (0 à 1 181 kg [0 à 2 600 livres]) Grosses voitures (1 182 kg [2 601 livres] ou plus) Camions légers (0 à 3 855 kg [0 à 8 500 livres]) Camions moyens (3 856 à 14 969 kg [8 501 à 33 000 livres]) Camions lourds (14 970 kg [33 001 livres] ou plus) Figure 1) Évolution des émissions de GES dans les différents segments du marché automobile canadien (1990-2005) Aussi, si PETR.101A est implanté en fonction d’une complémentarité au programme fédéral en place, il faudra tenir compte des résultats des programmes écoauto et écoprélèvement au fédéral, même si ceux-ci ne sont pas basés sur la même évaluation (généralement : prélèvements de 1000$ à 4000$ sur les plus de 13 l/100 et subvention de 1000$ à 2000$ aux moins de 6,5 l/100). R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 14 sur 45 L’arrêt du programme écoauto a reçu son lot de critiques puisqu’il s’agissait de la « carotte » et qu’il ne restera plus que le « bâton » de l’écoprélèvement. Il faudra considérer les montants d’aide financière alloués avec plus de précision que ce qui est mentionné (page 140 de AEE-8 document 1). (voir Jaccard et al. 2007, ci-bas) The major motivation for the feebate was to reduce greenhouse gas emissions. In a recent C.D. Howe Institute study, Jaccard et al. (2007) estimate that the feebate will reduce Canadian emissions by at most 1 Megatonne of CO2 equivalent by 2010. Clearly, the plan alone will make only a small contribution to achieving ambitious emissions reduction targets. If the government wishes to induce greater reductions as a result of this policy, then the rate will have to be adjusted to provide greater incentives.17 3.2 Importance relative des différentes mesures D’autre part, il ne s’agit pas d’une taxe à l’utilisation et le simple fait d’acquérir un véhicule ne fait pas foi du niveau d’utilisation de celui-ci. Or, c’est bel et bien l’utilisation et non la simple possession qui détermine la majeure partie du niveau d’utilisation des ressources énergétiques (le reste étant fonction de la fabrication et de la gestion en fin de vie utile). Aussi : En octobre 2005, la table ronde nationale sur l’environnement et l’économie du gouvernement fédéral était appelée à se prononcer sur la question des remises et redevances dans le cadre du budget fédéral 2005. Cette table ronde a recommandé au ministre des Finances que le gouvernement fédéral élabore une stratégie durable, intégrée et globale, axée sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES), pour le secteur des transports plutôt que d'instaurer une taxation avec remise sur les véhicules. Selon cette table ronde, un programme de taxation avec remise sur les véhicules pourrait tout de même être envisagé ultérieurement, mais uniquement dans le cadre d'une stratégie globale. Selon cette table ronde, «l'adoption seule de la taxation avec remise serait plus onéreuse pour les consommateurs et nuirait à notre industrie automobile, sans apporter de véritables bénéfices à l'environnement». Cette Table partage ce point de vue.18 Cette mesure (incitatifs à l’achat) a comme impact d’encourager le remplacement d’un véhicule, afin de réduire l’énergie consommée par son utilisateur. Or, il n’y a pas que l’utilisation qui soit énergivore : la fabrication d’un véhicule compte pour 15 à 20% des impacts environnementaux totaux liés à l’automobile sur son cycle de vie. L’énergie nécessaire à son démantèlement est aussi responsable d’une utilisation de ressources et 17 Deals on Wheels, An Analysis of the New Federal Auto Feebate - C.D. Howe Institute, Backgrounder No. 108, November 2007, http://www.cdhowe.org/pdf/backgrounder_108.pdf 18 Recommandations de la Table de concertation sur l’Automobile et L’Environnement sur les éco-incitatifs telles qu’adoptées lors de sa réunion le 13 juin 2006 (page 3/17) (notre souligné) R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 15 sur 45 les impacts de l’enfouissement (notamment par les résidus de broyage) doivent aussi être considérés dans le cadre d’une stratégie globale. Notre objectif n’est pas de banaliser l’impact de l’utilisation d’un véhicule, mais de considérer l’ensemble des enjeux représentant une importante part d’utilisation de ressources énergétiques. Considérant que les Québécois achètent de plus en plus des véhicules de petite taille et à consommation réduite, favoriser l’accélération du remplacement du parc automobile n’est pas justifié. La proportion moyenne de sous-compacte achetées au Québec est nettement supérieure à celle du reste du Canada (avec plus de 13% d'écart). Aussi au Québec en 2007, les ventes de voiture sous-compacte ont augmenté de 17% alors que les ventes de véhicules utilitaires diminuaient de 20%.19 Le taux de consommation moyen combiné des véhicules neufs du parc automobile géré par la SAAQ a quant à lui diminué d’année en année, et plus particulièrement depuis 2006 : Référence : pièce B-22-AEE-10, Document 10.1, page 24 Une mesure intervenant sur le prix des véhicules neufs prendra quelques années avant d’atteindre la plus grande partie du parc automobile. Aussi, les choix des acheteurs de véhicules usagés ne sont-ils pas visés par PETR.101A et les propriétaires n’envisageant pas de remplacer leur véhicule ne pourront pas contribuer à l’effort collectif. Or : ceux-ci peuvent être sollicités par le volet inspection (PETR.103). 3.3 Impact de PETR.101A sur PETR.101B, Mise au rancart des véhicules remplacés En 2006, 618 419 véhicules hors d’usage ont été recyclés au Québec. En plus des véhicules québécois, il y a parmi eux 155 022 véhicules hors d’usage de provenance horsQuébec qui ont terminé leur cycle de vie au Québec. Notons que ces derniers véhicules, déjà compressés, peuvent être une source de contaminants puisque la vérification de ce qui se trouve dans un « bloc » ne peut être effectuée avant le déchiquetage. Des pneus ou autres matières contaminées peuvent ainsi se retrouver parmi les couches de remplissage 19 LES AFFAIRES (2008), L’industrie automobile perd la carotte, mais pas le bâton R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 16 sur 45 des sites d’enfouissement, qui reçoivent une quantité importante de résidus de carcasses automobiles déchiquetées.20 La présence du port de Montréal, entre autre, facilite l’expédition des métaux depuis le Québec et lui procure un avantage stratégique. Toute mesure encouragée par l’Agence et favorisant la mise au rancart devrait adresser une attention particulière aux impacts des matières résiduelles en résultant. En 2006, les résidus de broyage non recyclés (fluff) comprenant notamment : du verre, beaucoup de plastiques, des caoutchoucs, des mousses et des tissus représentaient environ 232 000 tonnes de déchets à enfouir. L’incitation à réduire la cccc des véhicules a un impact direct sur les constructeurs qui veilleront, entre autres à réduire le poids qu’auront ces véhicules. Une des façons de rendre les véhicules plus légers (et de faire baisser la cccc) est de remplacer des pièces lourdes constituées par exemple d’acier, par des alliages plus légers ou par des matériaux souvent composés de plastique. Or le recyclage de ces derniers matériaux, en fin de vie utile des véhicules, est beaucoup moins efficace et plus onéreux ce qui implique une diminution de la portion recyclée des véhicules et une augmentation des matières se retrouvant dans les sites d’enfouissement. Les différents sites du Québec ont ainsi reçu une importante quantité de résidus de carcasses automobiles déchiquetées. Ces résidus remplissent les sites d’enfouissement et constituent une bonne partie des couches de recouvrement. En effet, puisque les résidus de broyage de carcasses automobiles sont exclus des redevances à l’enfouissement, ils constituent une matière de choix pour substituer la terre notamment, ce qui offre un avantage économique notable à l’exploitant d’un lieu d’enfouissement. Toutefois, une valorisation des matières serait beaucoup plus souhaitable. Notons que la valorisation matière est beaucoup plus économe en énergie que la valorisation par combustion et que, d’autre part, plus les plastiques sont complexes, plus la valorisation matière est difficile et moins elle est justifiée économiquement. En l’absence d’incitatif économique pour contrer les effets néfastes de l’enfouissement, un incitatif à la construction plus responsable devrait être envisagé. Tel que l’impose le décret français du 1er août 2003 relatif à la construction des véhicules et à l’élimination des véhicules hors d’usage, nous croyons que les constructeurs devraient être responsables des coûts engendrés pour la gestion responsable en fin de vie utile des véhicules de leur marque21. 20 Entretiens avec Claude Bourque, Agent de recherche et de planification socio-économique chez RecycQuébec. Entretiens avec Simon Matte, directeur général de l’Association des recycleurs de pièces d’autos et de camions au Québec. 21 Théorêt J. et Buteau-Protz A. (2007), Analyse de la gestion environnementale dans le secteur automobile, Rapport remis à Paul Lanoie et Michel Provost, HEC Montréal. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 17 sur 45 3.4 Importance de l’analyse du cycle de vie de l’automobile : L’Agence reconnaît que certaines études analysent la consommation énergétique des véhicules sur l’ensemble de leur cycle de vie (production, utilisation, mise à la ferraille) et elle examinera les résultats dans le cadre de ses futures activités de développement. Référence : pièce B-33 AEE 10, document 14, page 69/82 Plus la part liée à l’utilisation devient efficace, plus les autres étapes prendront de l’importance relative et devront être considérées. Le facteur d’importance de la production et de la mise à la ferraille par rapport à l’analyse de cycle de vie (ACV) totale augmentera invariablement. Selon des chercheurs du Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), des ACV concernant les voitures ont été réalisées en Europe, mais n’est pas facilement transférable ici au Québec, principalement à cause de la différence des modes de production électrique (nucléaire/hydroélectricité). 3.5 Pistes de solution pour la mise au rancart (PETR.101B) Une aide financière favorisant la mise au rancart ne devrait être accordée que si le véhicule est évalué comme étant très dommageable. Pour établir le niveau auquel le dommage d’utilisation est plus élevé que le dommage de la mise au rancart, il est nécessaire de fixer une échelle de mesure fiable quant aux différents impacts. C’est un tel barème qui devrait servir à déterminer à quel niveau de dommage un véhicule ne devrait plus être utilisé plutôt que de favoriser une politique du « jeter et racheter » sans considération pour les impacts de la mise au rancart. Dans une approche intégrée de l’ensemble des mesures, un programme d’inspection (tel que PETR.103) pourrait établir un barème fiable. Une approche intégrée évaluant notamment les niveaux d’émissions pourrait aussi permettre une autre mesure prometteuse, soit l’imposition d’une pénalité selon le niveau d’émissions des vieux véhicules. Une aide à la mise au rancart pour les véhicules dépassant des normes établies est toutefois plus socialement acceptable. 3.6 PETR.101C Véhicules à haut rendement énergétique Ce volet du programme pourrait éventuellement remplacer l’actuelle exonération de TVQ sur les véhicules hybrides, mais il s’agit toujours d’une diminution des barrières à l’entrée. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 18 sur 45 Afin de poursuivre une analyse sur ce volet, il faut tenir compte des résultats du remboursement partiel de la TVQ sur les véhicules hybrides 22 Ces résultats malheureusement pas pu être analysés par nos soins. Il doit s’agir d’une mesure encourageant l’acquisition des technologies les plus prometteuses et ayant très peu d’effets pervers. 3.7 PETR.102 Formation des conducteurs de véhicules légers aux comportements de conduite éconergétique Afin d’approcher la formation des citoyens en matière de transport de façon plus globale, les formations devraient inclure un volet d’apprentissage d’une utilisation intelligente des transports alternatifs. Présentation des outils de planification d’horaire des différents transporteurs. Présentation des différentes options de covoiturage et de partage de véhicule. Parallèlement à des formations auprès des conducteurs, il est urgent de déterminer l’impact des différentes signalisations routières sur la consommation en énergie. La forte présence des carrefours giratoires (ronds-points), notamment en Europe, ne peut-elle pas être une source considérable d’économie d’énergie? Si leur impact sur la consommation moyenne est significatif, il faut recommander de travailler conjointement avec le MTQ à une révision des signalisations routières et particulièrement un « moratoire » sur l’implantation de nouveaux feux de circulation et signes d’arrêt. Tel qu’exprimé par DesRosiers automotive consultant (2007) : In the United Kingdom, there exists an openness to yield signs and roundabouts (traffic circles), whereas Canadians know only the stop sign. It takes far more energy to create motion than maintain it, so it makes a great deal of sense to limit the number of situations where a car is required to come to a complete halt. At present, the stop sign is used as an all-purpose traffic calmer, but we think that diligent placement of yield signs and roundabouts could have a beneficial effect on FE and traffic flow without compromising motorist or pedestrian safety.23 D’autre part, une analyse des tableaux des annexes 12.1 f) et 12.1 g) (B-28 AEE-10 document 1, annexes) nous permet de déterminer que le programme de formation destiné aux conducteurs de véhicules lourds permettra des gains énergétiques de l’ordre de 95 GJ par participant. Nous nous interrogeons sur l’importante différence entre ce premier programme et celui de formation destiné aux conducteurs de véhicules légers, qui permettrait des gains de moins de 1 GJ par participant. 22 23 http://www.revenu.gouv.qc.ca/fr/particulier/taxes/remboursement/remb_part_tvq_vehicule_hybride.asp Thoughts on Fuel Efficiency – Dennis DesRosiers, Observation, Volume 21, Issue 11, June 15th, 2007 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 19 sur 45 3.8 PETR.103 Programme d’inspection et d’entretien Des mesures contraignantes telles que l’inspection systématique des véhicules peuvent permettre d’assurer que les véhicules immatriculés au Québec sont bien entretenus quant à leurs composantes ayant un effet sur la consommation de carburant. Ces inspections peuvent être périodiques ou avoir lieu lors de l’immatriculation des véhicules, lors de la passation à un nouveau propriétaire. Les inspections périodiques sont plus efficaces puisque le propriétaire d’un véhicule qui ne « passerait » pas le niveau minimal d’inspection pourrait décider de continuer à l’utiliser sachant que la vente ne pourrait pas se conclure en raison de ce contrôle. Les inspections périodiques ont donc l’avantage d’obliger les propriétaires d’un véhicule à l’entretenir de façon adéquate. L’un des partenaires présumé pour PETR.103, la Table de concertation sur l’environnement et les véhicules routiers24, s’est plusieurs fois prononcée en faveur de l’implantation prioritaire de mesures visant les véhicules les plus âgés du parc automobile. En conclusion, la Table croit que le Gouvernement du Québec devrait d’abord voir à l’amélioration de la partie du parc actuel qui a le plus d’impact soit celle des véhicules les plus âgés de ce parc. Ceci se justifie d’autant plus facilement qu’il y aura une amélioration constante de la performance environnementale du parc de véhicules neufs et que le prix de l’essence dorénavant plus élevé pour l’avenir prévisible va continuer d’avoir un impact sur les choix des consommateurs et sur leurs habitudes de conduite.25 Les membres de cette Table sont à même de connaître des mesures significatives et réalisables et ils sont surtout ceux de l’industrie automobile qui pourront collaborer à la mise en œuvre de telles mesures au Québec. 3.9 PIEVAL Le Programme d’inspection en d’entretien des véhicules automobiles lourds (PIEVAL), géré par le MDDEP et qui est entré en vigueur le 1er juin 2006, fait état de nombreux avantages. Notamment, le PIEVAL : améliore la qualité de l’air, car ce programme favorisera la diminution des particules, des COV et du CO rejetés dans l’atmosphère par des véhicules lourds dont le moteur laisse échapper trop de fumée; a un impact positif sur la santé publique […] et, donc, diminue le coût social de la pollution de l’air; 24 http://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/client/fr/programmes-services/Table_VehiculeRoutier.asp La Table serait partenaire selon la réponse à la demande 66a) de l’AQLPA (B-33 AEÉ-10 doc 14 pages 61 et 62) 25 Recommandations de la Table de concertation sur l’Automobile et L’Environnement sur les écoincitatifs telles qu’adoptées lors de sa réunion le 13 juin 2006, page 4/17. (Notre surligné) R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 20 sur 45 incite les propriétaires et les exploitants de véhicules lourds à faire l’entretien préventif de leurs véhicules avant même que ceux-ci émettent des contaminants en quantités excessives. Les plaintes indiquant que les véhicules polluants sont une nuisance pour la vue comme pour l’odorat devraient donc diminuer (amélioration de la qualité de vie); fait réaliser des économies de carburant aux propriétaires et aux exploitants de véhicules lourds par le biais des réparations effectuées sur les véhicules non conformes et des habitudes préventives que le règlement les incite à prendre; harmonise les interventions qui se font au Québec avec celles qui sont appliquées dans d’autres provinces et dans les États voisins; contribue au respect des engagements du gouvernement au regard de la réduction des émissions de gaz à effet de serre énoncés dans : o les plans d’action québécois 2000-2002 et 2006-2012 sur les changements climatiques; o les Normes pancanadiennes de qualité de l’air (dont l’ozone au sol); o l’Annexe sur l’ozone de l’Accord entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis d’Amérique sur la qualité de l’air. Source : MDDEP26 Alors que les gains prévus de réduction de consommation énergétique grâce au PIEVAL sont de l’ordre de 1%, le Plan d’ensemble ne prévoit pas une mise en place rapide des bases d’un programme d’inspection et d’entretien. Considérant que : La seule étude que l’Agence détient portant sur [PETR.103, Programme d’inspection et d’entretien] est celle réalisée par de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et ses partenaires (2002) dans le cadre du projet d’inspection et d’entretien des véhicules légers (Un air d’avenir). Référence : Réponses à la demande de renseignements no1 du GRAME, pièce B22-AEE-10, Document 10.1, pages 29 et 30 Référence de l’étude : pièce B-22 AEE-10, Document 10.1, Annexe (2.38) Il nous apparaît que l’Agence devrait s’enquérir des résultats de programmes similaires qui sont déjà implantés ailleurs dans le monde, notamment en France, au New Jersey et en Ontario. En France, l’un des points d’inspection des « contrôles techniques » traite précisément des émissions et notamment du bon fonctionnement des sondes « lambda » ici connues sous le nom de sondes à oxygène.27 26 http://www.mddep.gouv.qc.ca/air/pieval/index.htm#2-gains R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 21 sur 45 Considérant que la seule étude dont dispose l’Agence fait mention que le remplacement d’une sonde à oxygène défectueuse peut permettre jusqu’à 40% de diminution de la consommation de carburant pour les véhicules légers 28 en plus de nombreux autres facteurs importants, il est, selon nous, inconcevable de ne pas prioriser des programmes qui permettront de contrôler ces excès et ces négligences. La même étude fait état que le programme en place au New Jersey depuis 1998 « permettrait globalement une réduction de la consommation de carburant de l’ordre de 6 à 13% » 29 tandis que Ressources Naturelles Canada mentionne qu’un « mauvais entretien peut augmenter jusqu'à 15 p. 100 la consommation de carburant d'un véhicule et encore davantage ses émissions de gaz à effet de serre»30. En Ontario, le programme d’inspection systématique Drive Clean identifie plus de 225000 véhicules problématiques par année. Le programme a été modifié (1er janvier 2006) afin de rehausser l’âge des premières inspections obligatoires, la faisant passer de 3 à 5 ans, conséquemment aux améliorations techniques des nouveaux véhicules sur le marché.31 Drive Clean a généré des revenus de plus de 30 millions de dollars par année en 2007 et en 2008 (31 376 991$ pour l’année se terminant le 31 mars 2008) alors que le coût du programme a été de 20 225 802$ pour l’année se terminant le 31 mars 2008.32 Ce programme aurait donc généré plus de 11M$ en une année. Nous croyons que l’Agence devrait faire sienne la priorité de se doter d’un programme d’inspection et d’entretien. 3.10 L’importance d’un programme obligatoire Dans ses réponses à la demande de renseignements no 1 de l’AQLPA, L'Agence envisagerait-elle de financièrement aider l'inspection et l'entretien volontaires des véhicules tant qu'un programme obligatoire ne sera pas mis en place ? l’Agence souligne que Oui, cette option sera discutée et étudiée dans le cadre du comité mené par le MDDEP. L’avantage de cette approche serait de préparer le marché de l’inspection et de l’entretien des véhicules légers à la mise en place éventuelle d’un programme de plus grande envergure. Il est à noter que les actions de l’Agence 27 http://www.auto-bilan.com/Particuliers/controleTechnique/Points/points_details.php?cat=9 pièce B-22 AEE-10, Document 10.1, Annexe (2.38), Tableau 10 page 19/51 29 Pièce B-22-AEÉ-10, Document 10, annexe 2.38, page15 (PIEVA, AQLPA 2002) 30 http://oee.nrcan.gc.ca/transports/personnel/entretien/vehicule-entretien.cfm?attr=8 31 http://www.ene.gov.on.ca/en/air/driveclean/index.php 32 Ministry Statement and Schedule volume 1, public account of Ontario 2007-2008, http://www.fin.gov.on.ca/english/budget/paccts/2008/2007-08volume1.pdf 28 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 22 sur 45 viseraient seulement l’inspection et l’entretien des composantes mécaniques affectant la consommation de carburant. Référence : pièce B-33 AEE-10, Document 14, demande 67 g), page 65/82 Nous sommes en faveur de l’implantation rapide d’un tel programme, comprenant si nécessaire une mise en place grâce à des incitatifs suscitant des inspections volontaires. Toutefois, à terme, les coûts d’opération d’un programme de cet acabit ne devraient pas être financés par l’Agence, mais plutôt par les propriétaires des véhicules, puisqu’il est démontré qu’un entretien rigoureux fait finalement économiser ces derniers (PIEVA AQLPA, 2002). Les gens ne sont pas responsabilisés et n’assument pas les coûts privés nécessaires à un bon entretien de leur véhicules ce qui en ramènerait un rendement optimal. Avantage supplémentaire d’un programme d’inspection obligatoire: il ouvre la porte à des programmes de tarification selon les distances parcourues puisque l’odomètre peut y être relevé périodiquement. 3.11 PETR.104 Programme visant l’utilisation de sources d’énergie alternatives pour véhicules légers Si on remplace l’essence par de l’éthanol à base de maïs, on peut douter fortement des gains environnementaux. Une problématique qu ’ avait reconnu la Ministre de l ’ Environnement Line Beauchamp 2007.33 3.12 Les risques liés à l’implantation des programmes proposés, l’exemple du PETR 101 L’analyse des différents programmes proposés dans le plan d’ensemble de l’Agence nous permet de relever certains risques pouvant découler de leur application. Le taux d’opportunisme de 60%, notamment, nous amène à dresser une liste probable d’effets pervers minant l’efficacité des programmes à mettre en place. Les risques liés à l’implantation du PETR.101A méritent une attention particulière. Ceuxci sont constitués des enjeux suivants : Affaiblissement de la barrière à l’entrée pour l’achat d’un véhicule34 33 Cardinal, F. (2007) « Québec largue l’éthanol », La Presse, Vendredi 9 novembre, p. A6. Des rabais à l’achat d’un véhicule ont aussi l’effet pervers d’inciter des personnes qui n’avaient pas de véhicule à s’en procurer un plutôt que de favoriser d’autres modes de transport. C’est une diminution de la barrière à l’entrée. Il faut donc prévoir un mécanisme qui encourage le changement d’un transport plus énergivore vers un transport plus éconergétique, sans favoriser les ventes de véhicules… 34 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 23 sur 45 o Augmentation des ventes totales de véhicule et de l’offre de véhicules usagés o Incitatif à choisir ce mode de transport plutôt que de privilégier notamment le transport collectif o Ne favorise pas un effort systématique afin de rechercher les modèles les plus efficaces Aucun incitatif à une moindre utilisation o Incitatif à l’achat sans considération pour le taux d’utilisation o Effet rebond La carotte sans le bâton o Encourager les bons comportements tout en fermant les yeux sur les mauvais o Difficulté quant à l’acceptabilité sociale d’introduire des mesures contraignantes séparément par la suite o Advenant une interruption du programme fédéral d’écoprélèvement, PETR.101A deviendrait un mesure à volet unique ne pénalisant pas l’achat de véhicule plus énergivores (de plus, le programme fédéral ne s’applique pas à certaines catégories de camions, notamment les camions légers ou « pickup ») Augmentation de la mise au rancart des véhicules remplacés o Impacts sur les sites d’enfouissement o Banalise l’action de jeter un très grand objet de consommation Favorise la construction de véhicules plus légers o Introduction de matériaux difficilement recyclables Impacts sur les sites d’enfouissement N’encourage pas l’acheteur à améliorer au maximum la cccc de son véhicule o Une diminution de 1L/100 km n’est pas récompensée o Une diminution de 5L/100 km ne bénéficie pas d’un incitatif plus grand R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 24 sur 45 o Il ne s’agit pas d’une tarification progressive35 Coût d’opportunité élevé o Près de 45M$ non disponibles pour le développement des autres programmes Bénéfices limités o Favorise une tendance déjà bien établie sur le marché québécois (achat de véhicules plus éconergétiques) o Vise uniquement les acheteurs déjà propriétaires d’un véhicule o Ne dote pas les acheteurs d’outils permettant de faire eux-mêmes un choix éclairé Le montant d’aide financière n’est pas proportionnel à la valeur des véhicules o Une voiture de luxe ayant une cccc de 9 l/100 km pourrait ne pas être choisie au profit d’un VUS ayant une ccc de 14 l/100 km, même si leurs prix sont égaux, puisque l’acheteur de ce type de véhicule est peu ou pas influencé par un incitatif de 1000$ 35 Il serait beaucoup plus efficace d'adopter, tout comme nous l'avons souligné en parlant des frais d'immatriculation, une tarification progressive (qui permette de tenir compte de petites variations de rendement entre les véhicules). Chaque consommateur serait alors constamment encouragé à opter pour un véhicule légèrement moins gourmand, ce qui permettrait d'améliorer réellement l'efficacité du parc automobile en ne demandant qu'un petit effort à chacun. Toutefois, afin que cette mesure soit efficace, il faudrait que la surtaxe soit très élevée pour les véhicules très énergivores. (LEFEBVRE, FRADET et DONATO (1995), http://grame.org/t.c_influence.html) R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 25 sur 45 4 Efficacité énergétique : les autos versus la ville Depuis les années soixante-dix, on parle de réduire la consommation des véhicules. Parmi les moyens les plus fréquemment proposés, on note la fabrication de véhicules plus efficaces, l'amélioration des habitudes de conduite et l'accroissement de la fluidité du trafic (notamment par l’ajout de ponts et autoroutes). C'est ce que NEWMAN et KENWORTHY (1988 et 1989) appèlent le modèle linéaire. Dans cet esprit, plusieurs recherches ont visé à évaluer les économies de carburant que permettrait potentiellement la réduction de la congestion. La plupart de ces recherches ont été effectuées à l’aide de véhicules équipés d’instruments de mesure enregistrant la consommation d’essence sous diverses conditions de circulation. Plusieurs chercheurs ont remis en question la validité de ces études, en leur reprochant de tenter d'évaluer un problème complexe, la consommation énergétique pour le transport urbain, en étudiant qu’une de ses composantes, la consommation d’essence d’un véhicule. NEWMAN et KENWORTHY (1988 et 1989) ont développés des modèles qui incluent des mécanismes de rétroaction : l’amélioration de la fluidité du trafic augmente les taux de possession d'automobile et les distances parcourues, tout en favorisant le choix de l'automobile comme mode de transport. La figure 2 résume les hypothèses de ces deux modèles. Celui dans lequel les auteurs considèrent la présence de rétroactions est présenté sous deux conditions: avec un trafic très fluide et en présence de congestion. Il y a donc une opposition entre l’efficacité énergétique des véhicules et la consommation d’essence per capita. Si, dans les quartiers centraux congestionnés, l’efficacité marginale des véhicules est faible, les distances parcourues sont plus petites et l’usage des transports publics s’avère beaucoup plus élevé que dans les banlieues (NEWMAN et KENWORTHY, 1988 et 1989). Les villes où les vitesses de circulation routière sont les plus élevées sont celles où l’on retrouve les plus hauts niveaux de consommation d’essence. Ces constats sont d'une importance cruciale en termes de politique urbaine : l'ajout de capacité routière et d'espaces de stationnement pour accommoder un nombre toujours plus grand de véhicules nous entraînent dans un cercle vicieux en favorisant des taux de motorisation et d'utilisation de véhicules de plus en plus élevés. Un effet pervers que peut permettre d'éviter la tarification (NEWMAN et KENWORTHY, 1989; SHOUP, 2005). Il s'agit d'une dynamique qui doit être prise en compte dans toute stratégie visant à réduire la consommation d’essence et les autres impacts environnementaux et sociaux associés au transport. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 26 sur 45 Figure 2 Comment la fluidité du trafic augmente la consommation d'essence Grande fluidité du trafic augmente réduit Vitesses moyennes Consommation et émissions marginales réduit Consommation et émission totales Modèle 1 : Relations strictement linéaires (a) Grande fluidité Accroissement de l’utilisation de l’automobile hausse Grande fluidité du trafic réduit Consommation et émissions marginales réduit Consommation et émissions totales hausse Réduction de l’usage des transports publics, du vélo et de la marche hausse Accroissement des distances parcourues (changements dans l’aménagement du territoire) (b) Trafic congestionné Réduction de l’utilisation de l’automobile baisse Trafic congestionné hausse Consommation et émissions marginales hausse Consommation et émissions totales baisse Usage accru des transports publics, du vélo et de la marche baisse Diminution des distances parcourues (changements dans l’aménagement du territoire) Modèle 2 : Relation avec Feedback NEUMAN et KENWORTHY, 1989. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 27 sur 45 Le Groupe de travail sur les transports (GTT, 2000) et les changements climatiques avait été mandaté par le gouvernement du Québec pour établir des pistes sur les moyens permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans ce secteur. Trois champs d’intervention at d’ailleurs été reconnus: Accroître les rendements énergétiques des parcs de véhicules : vu la part déjà prépondérante de l’automobile dans les déplacements, cette intervention est celle qui est le plus susceptible d’apporter les gains les plus importants à court terme; Favoriser le transfert modal vers les transports collectifs et les transports actifs; Réduire la demande en déplacement (nombre de déplacements motorisés et distances parcourues). Il ne faut clairement pas se limiter aux mesures qui visent à inciter les consommateurs à acquérir un véhicule plus efficace. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 28 sur 45 5 5.1 Une piste à suivre : l’appui à l’implantation de l’autopartage L'efficacité relative des différents modes de transport On ne peut pas promouvoir l'efficacité énergétique dans le secteur des transports dans une perspective de développement durable en se limitant à favoriser l'efficacité énergétique marginale par des améliorations technologiques des véhicules et de meilleurs comportements des conducteurs. L'utilisation des transports collectifs ou actifs implique généralement des gains énergétiques environnementaux significatifs relativement à l'utilisation de l'auto en mode solo (voir le tableau 5). Tableau 5 Émissions de GES de divers modes de transports Ministère des Affaires municipales (2004) L'existence très claire d'un lien entre la réduction des taux de possession de véhicules et l'utilisation des transports collectifs et actifs (voir la figure 3) est telle que cet enjeu ne peut être évacué des stratégies visant à accroître l'efficacité énergétique ou à réduire les émissions de GES dans le domaine des transports. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 29 sur 45 Sources : Communauto 2004 et AMT, Enquête O-D 2003; cité in Dallaire et al., 2006. Figure 3) Relation entre l'utilisation des modes actifs et de transport collectif pour des déplacements travail et les ménages sans auto Nous avons choisi une mesure, la promotion de l ’ autopartage, afin d'illustrer cette problématique et le potentiel d'économies d’énergie qui s'y rattache. 5.2 La complémentarité des alternatives à la dépendance envers l’automobile La complémentarité des alternatives à la dépendance envers l’automobile est présentée dans la figure 4. L’automobile en libre-service est un excellent exemple de cette complémentarité tout en illustrant la nécessité d'élargir le champ d'intervention de l'Agence et en proposant des moyens d'intervention concrets à cet égard: « Seule une combinaison de différents modes de transport peut constituer une offre de transport satisfaisante permettant de suppléer à la possession d'une automobile. Un seul de ces modes peut rarement desservir efficacement l'ensemble des besoins de mobilité des personnes, en fonction de la flexibilité désirée et de la distance de déplacement. Comme les usagers des services d'autopartage possèdent rarement une automobile et n'utilisent que ponctuellement les services d'autopartage, la majorité de leurs déplacements quotidiens, par exemple pour aller au travail ou à l'épicerie, sont effectués à l'aide d'autres modes, le plus souvent le transport en commun et les modes actifs (marche et vélo). Par ailleurs, comme l'utilisateur de l'autopartage paie ses déplacements au prorata de son utilisation, il opte généralement pour le mode de transport offrant le meilleur rapport qualité/prix. Or, il s'agit souvent du transport en commun, notamment en raison de l'existence des laissez-passer mensuels qui R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 30 sur 45 rabaissent à zéro le coût marginal d'utilisation associé à ce mode les mois où un titre de transport est détenu par l'usager. » (Dallaire et al., 2006, pp. 13-14) Source : Dallaire et al., 2006. Figure 4) Complémentarité des alternatives à la dépendance envers l’automobile 5.3 Les impacts environnementaux et économiques de l’autopartage Alors que les mesures favorisant l'acquisition de véhicules plus efficaces induisent un effet rebond qui résulte en une augmentation du kilométrage parcouru annuellement, l'utilisation de l'autopartage entraîne à la fois une baisse du kilométrage parcouru et l'utilisation de véhicules plus efficaces. Tout en tenant compte du fait que l'autopartage accroît la mobilité de certains de ses usagers, la distance moyenne parcourue en auto par l'ensemble des membres diminue suite à leur adhésion au service, une baisse qui est estimée à 2 900 km par année (Dallaire et al., 2006) : « L'évaluation de la réduction des GES générée par le service d'autopartage requiert le calcul de la réduction de consommation d'essence qui résulte de la diminution de la distance effectuée en véhicule privé. Les paramètres de calcul sont les suivants : pour les usagers qui se départissent d'un véhicule ou qui renoncent à l'achat d'un véhicule, il s'agit d'une auto moyenne, consommant 10,4 litres par 100 km, selon les données de l'Office de l'efficacité énergétique. Quant aux véhicules de Communauto, il s'agit de Toyota Echo, consommant 7,1 litres par 100 km en ville et 5,5 litres/100 km sur l'autoroute. Basé sur les motifs de déplacements, il est estimé que 60 % du kilométrage est effectué en milieu urbain et R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 31 sur 45 40 % en milieu autoroutier. La consommation moyenne des véhicules de Communauto est donc de 6,5 litres par 100 km. » (Ibid)36 L'adhésion au service induirait ainsi une baisse de la consommation d’essence et des émissions de GES de l'ordre de 60 %. Celle-ci implique, d’abord, une baisse de la consommation énergétique de 38 % qui résulte de la diminution du kilométrage parcouru. Ensuite, l'utilisation de voitures plus petites et en moyenne moins énergivores, ce qui est le cas chez Communauto, induit à elle seule une baisse de 36 % de la consommation énergétique. Les abonnés de l'autopartage réalisent de grandes économies par rapport à la possession automobile, en éliminant les coûts reliés à l'achat et au financement, à l'entretien, à la réparation et aux assurances. Avec une économie annuelle moyenne de 5 900 $ par abonné, la réduction de dépenses d'automobile des ménages membres de l'autopartage au Québec s'élève à plus de 49 M$ par année. Si l'autopartage accroît la mobilité de certains usagers, la distance moyenne parcourue en auto par l'ensemble des membres diminue suite à leur adhésion au service. Cette réduction moyenne est estimée à 2 900 km par année. Celle-ci a un impact direct sur la quantité de polluants émis : « Chaque membre de l'autopartage au Québec contribue ainsi à réduire, en moyenne, ses émissions de gaz à effet de serre de 1,2 tonne annuellement, soit une réduction de 60 % des CO2 et une réduction de 33 % à 44 % des autres gaz polluants. » De plus, chaque véhicule de Communauto contribue à réduire le parc automobile de l'ordre de 8 véhicules, selon des hypothèses modérées (valeur se situant entre les valeurs minimum de 3,6 véhicules et maximum de 12,9 véhicules). Les abonnés de l'autopartage réalisent également de économies substantielles du fait de la baisse de leurs taux de possession automobile, avec l’élimination des coûts reliés à l'achat et au financement des véhicules, ainsi qu’à leur entretien et aux assurances. Avec une économie estimée à en moyenne 5 900 $ annuellement par membre (Ibid), les quelques 14 000 abonnés auront ainsi épargné près de 83 M$ en 2008. Cette réduction de l ’ ampleur du parc automobile réduit également la demande de stationnement. C’est généralement dans les quartiers où l'autopartage est le plus présent que le stationnement est le plus rare. Nous estimons que le coût évité en aménagement de stationnements serait déjà approximativement de l'ordre de 25 M$ sur une base annuelle. L'adhésion à un service d'autopartage tel que Communauto induit donc des effets bénéfiques indéniables non seulement sur la réduction du parc automobile, mais également sur les coûts d'utilisation des automobiles et les émissions de polluants. Si ces impacts positifs se font actuellement faiblement sentir, c’est à cause de la relative faible pénétration de l’autopartage. Le gain marginal de l’obtention d’un nouvel adhérant à 36 Pour les cotes de consommation : Ressources naturelles Canada : http://oee.nrcan.gc.ca/transports/outils/consommation-carburant/cotes-recherche.cfm?attr=8 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 32 sur 45 ce service se compare néanmoins très favorablement au gain découlant d’un participant anticipé à un programme tel que PETR.101. 5.4 Le potentiel de développement de l’autopartage du Québec L'autopartage se développe au Québec avec des taux de croissance frisant les 30 % (figure 5) : Source : Site www.communauto.com Figure 5) Croissance du nombre d’usagers et de véhicules (1995-2006) La firme Tecsult a réalisé en 2006 une étude de marché sur le potentiel de l’autopartage au Québec (voir le tableau 6). R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 33 sur 45 Tableau 6 Impact potentiel de l'autopartage/mobilité combinée sur la réduction du parc automobile Le nombre d'abonnés potentiels pour l'ensemble de la province de Québec serait de près de 140 000 membres. Selon l’hypothèse moyenne, il en résulterait une réduction de 57 000 véhicules sur les routes québécoises, soit près de 1 % du parc automobile. Les 113 000 ménages abonnés potentiels de la r é gion de Montréal, si ce marché se matérialisait, contribueraient à réduire le parc automobile de 45 500, toujours selon l'hypothèse moyenne. (Dallaire et al., 2006).37 5.5 L’autopartage se compare avantageusement avec le PETR.101 Considérant un effet rebond de 15 %, un gain de 30 % pourrait impliquer au final un gain de 15 % pour le propriétaire du véhicule (approximativement). Ce gain pourrait être réduit si, par exemple, le véhicule usagé venait accroître le patrimoine automobile familial (en étant par exemple transféré au conjoint ou à l’un des enfants). Il y aurait alors hausse des taux de motorisation et du kilométrage parcouru. En contrepartie, un nouvel adhérant à l ’ autopartage verrait, en moyenne, sa consommation réduite de 60 %. Mais le gain ne serait toutefois pas quatre fois plus élevé, car le marché de l’autopartage rejoint – en moyenne – des automobilistes qui parcourent des distances moins élevées que ceux qui sont susceptibles de participer au PETR.101. 37 Précisons que « pour fin de simplification et afin de rester conservateurs », les analystes de Tecsults ont fait l'hypothèse qu'un seul des membres de ces ménages serait en moyenne abonné à l'autopartage. Dans la pratique, des abonnements de type « familial » sont maintenant offerts par Communauto. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 34 sur 45 Posons l’hypothèse, pour fins de l’exercice, que cette distance parcourue serait de 50 % plus élevée dans le cas de ces derniers. Le gain résultant de l’adhérant additionnel à l’ autopartage serait alors 2,7 fois plus élevé. Si on était prêt à donner 1000 $ en tant qu’incitatif dans le cadre du PETR.101A, pour un participant en considérant les niveaux d’économies anticipés, on devrait – cetirus paribus – être alors prêt – théoriquement - à lui accorder une contribution de 2700 $, laquelle dé passe largement les coûts d'adhésion au service. Une contribution de 2500 $ couvrirait le montant du dépôt de sécurité qui doit être fait lors de l'adhésion… de cinq nouveaux abonnés (et éventuellement leur famille)! Cela n ’ invalide pas l ’ intérêt d ’ envisager un programme tel que le PETR.101, mais démontre que des avenues plus intéressantes en terme de coûts par litres de pétrole économisés, n’ont pas encore été explorées. Finalement, les investissements dans les transports collectifs peuvent impliquer des coûts qui semblent élevés par tonne de réduction de GES, mais ils tendent généralement à favoriser structurellement l'efficacité énergétique des villes tout en induisant de nombreux bénéfices pouvant contribuer à justifier leur rentabilité sociale. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 35 sur 45 6 Position sur l’approbation des PETR Considérant la nécessité de démarrer les interventions de l’Agence malgré l’absence d’une stratégie globale impliquant la collaboration des différents acteurs tels que le ministère des Finances, la SAAQ et les organismes responsables des transports collectifs, différentes approches peuvent être appliquées immédiatement. Scénario A : Projet pilote Afin d’évaluer les impacts selon certains critères et de permettre le développement des programmes connexes pour une implantation future conjointe. L’application du programme PETR.101A pourrait être testée à échelle réduite sur des bassins importants d’utilisateurs sans s’appliquer à toute la population, chez qui les effets pervers sont plus importants. « Le contrôle des opportunistes repose donc en bonne partie sur une connaissances solide du tendanciel et sur un ajustement adéquat du critère de participation. » Référence : pièce B-26, AEÉ 10, document 15, page 20 Étant donné que la spécification de certains critères est une tâche plus ardue que l’abandon de ceux-ci, un projet pilote permettrait de tester l’efficacité du programme tout en minimisant le taux d’opportunistes. Un projet pilote limiterait aussi l’engagement financier de l’Agence et lui permettrait du même élan d’allouer les ressources nécessaires au développement des programmes à plus long terme. Scénario B : Statut Quo et développement d’un plan global Plus de complémentarité des programmes L’implantation d’une seule mesure visant à récompenser un comportement d’achat ne nous semble pas répondre au besoin d’adopter une approche intégrée de l’ensemble des mesures, tel qu’en fait mention la synthèse de la consultation des 21 et 22 avril 2008 sur le secteur transport de personnes. L’Agence évoque le souhait d’étudier différentes possibilités, mais une analyse concrète des mesures de type bonus-malus ne semble pas faire partie des priorités actuelles. Nous croyons qu’il serait souhaitable d’étudier ces possibilités avant l’implantation d’un programme comme le PETR.101A. Ceci, afin de ne pas compromettre l’acceptabilité sociale future d’une mesure plus contraignante. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 36 sur 45 À notre avis, il est risqué pour l’Agence de s’avancer plus loin dans PETR.101 alors que les impacts sur la mise au rancart, par exemple, ne sont pas connus. PETR.101 Programme d’incitatifs à l’acquisition de véhicules légers neufs à faible consommation – volet 2 (mise au rancart des véhicules remplacés) Cette mesure a été ajoutée au programme PETR.101 à la suite des commentaires reçus lors de la consultation de l’Agence. À ce jour, aucune étude n’a été menée sur ce sujet. Référence : pièce B-33 AEE 10, document 14, page 63/82 Scénario C : Adoption selon des critères resserrés Afin de limiter les effets pervers, fixer des critères très stricts ne favorisant pas l’utilisation abusive du programme. Encore une fois : « Le contrôle des opportunistes repose donc en bonne partie sur une connaissances solide du tendanciel et sur un ajustement adéquat du critère de participation. » Référence : pièce B-26, AEÉ 10, document 15, page 20 L’une des façons de resserrer les critères consiste en une base de calcul plus progressive que celle actuellement proposée. L’une des façons de revoir cette base de calcul passe par l’analyse des autres options. L’Agence propose trois scénarios avec plusieurs variances. Nous avons voulu obtenir les résultats de leur analyse suivant les deux scénarios alternatifs principaux. 2.14 Pour l'hypothèse d'une diminution de la cote de consommation de carburant combinée (cccc) d'au moins 35 %, 30 % ou 25 % par rapport au véhicule remplacé. (…) 2.15 Pour une diminution de la cccc progressive en fonction de la cccc du véhicule remplacé « l'effort plus important pour ceux qui possèdent des véhicules énergivores et vice versa » en décrivant bien les paramètres retenus dans l'hypothèse envisagée? Référence : pièce B-22 AEE-10, Document 10, demandes 2.15 et 2.16, page 20 À ces deux questions, nous n’avons eu d’autre réponse que la confirmation d’une analyse actuelle en fonction d’une hypothèse unique (décrite aux pages 139 à 141 du plan d’ensemble). Nous en comprenons que d’autres options n’ont pas été envisagées R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 37 sur 45 sérieusement et que par conséquent, la mouture actuellement proposée pour PETR.101A ne peut pas être considérée comme la meilleure solution. Pourtant, des scénarios alternatifs pourraient s’avérer plus efficaces. En vertu du scénario H3A, le rabais augmenterait d’une façon linéaire pour chaque pourcentage de réduction d’émissions de GES supérieure à 30 % jusqu’à un rabais maximum de 3 225 $. Pour le scénario H3B, un rabais fixe de 1 245 $ est envisagé. (…) Référence : B-9 AEE-9 document 3 Eng3, pages 251 et 252 Ce que nous démontre le tableau précédent, c’est que l’hypothèse fixée par l’Agence et comportant un montant fixe de subvention n’est pas forcément la mesure applicable à moindre coût. Il apparaît que des subventions progressives sont beaucoup plus efficaces. 13.2 Veuillez justifier vos choix de critères pour ce programme considérant qu’il récompense un changement de comportement mais ne souligne pas et ne récompense pas la continuité dans un bon comportement? Réponse : Un des objectifs de ce programme consiste à augmenter l’importance du facteur de consommation de carburant lors du choix d’un véhicule léger neuf. Il cible donc, en premier lieu, ceux pour qui ce facteur a moins d’influence. De plus, une telle approche permet d’assurer un gain énergétique proportionnel à l’ampleur du critère de participation établi, considérant le tendanciel du marché. Référence : B-26 Union des consommateurs, page 21/42 Plus le prix d’un véhicule est élevé, moins ce facteur sera considéré. C’est pourquoi l’attribution pourrait être fonction de la valeur du véhicule acquis. Ainsi, l’acquéreur d’un véhicule de 20 000$ est plus incité à modifier son comportement pour une subvention de 1000$ que celui d’un véhicule de 60 000$. En effet, pour le premier la subvention représentant 5% du coût d’achat, alors que pour le second, elle est de 1,67% du coût. L’inélasticité de la demande pour les véhicules haut de gamme implique que les incitatifs soient ajustés selon la valeur du véhicule acheté afin d’avoir un impact raisonnable sur les acheteurs disposant de beaucoup de moyens financiers. Cela pose toutefois des questions d’équité. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 38 sur 45 7 Où doivent être mis les efforts Plusieurs avenues très importantes ne sont pas considérées dans le PEEÉNT. Demandes : 2.3 Dans quelle mesure est-ce que le Plan d’ensemble de l'Agence vient appuyer le développement et l'utilisation des transports collectifs? Réponse : Le transport collectif est actuellement couvert par la Politique québécoise du transport collectif et par certaines actions du Plan d’action sur les changements climatiques (PACC). Par ailleurs, l’Agence fait la promotion de l’utilisation de ces modes de transport. Référence : pièce B-22 AEE-10, Document 10, demande 2.3, page 14 Malgré les politiques et plan d’action, nous considérons que des démarches proactives et complémentaires aux programmes de l’Agence doivent être intégrées aux stratégies mises de l’avant par elle. Considérant que « La pièce AEE-9, Document 3 constitue la meilleure référence disponible par l’Agence à ce jour » 38 quant aux évaluations du potentiel technicoéconomique, il est contradictoire de ne pas avoir donné suite aux « 10 mesures les plus prometteuses » citées à la page 89. Il semble aussi que l’Agence n’ait pas donné suite aux « 10 mesures pour lesquelles le potentiel d’économie d’énergie (…) est le plus important, sans égard à la valeur de leur coût » (page 90). L’Agence devrait établir, rapidement et en complément aux mesures fédérales, des critères d’obtention de subventions tels que ceux utilisés par Transport Canada dans le cadre du « Fonds de démonstration des technologies de transport des marchandises » afin d’encourager les initiatives de développement allant dans le sens du volet III du PETR.101 et du PETR.104. Notons par ailleurs que les cccc calculées au Canada et aux États-Unis pour les mêmes modèles diffèrent considérablement. Nos recherches n’ont pas permis d’éclaircir ce point, mais plusieurs intervenants du milieu automobile en ont fait mention. Ceci serait dû à des tests reflétant mieux la conduite normale chez nos voisins du sud. Considérant que la perception qu’ont les Canadiens que leur véhicule est plus éconergétique qu’il ne l’est réellement n’améliore pas la culpabilité des gens quant à leurs choix, l’Agence devrait émettre une recommandation pour une réévaluation des critères de calculs. 38 Référence : pièce B-24 AEE-10, Document 13.1, demande 2.3, page 7 R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 39 sur 45 Nous considérons aussi qu’il est important pour l’Agence de conserver une marge de manœuvre financière pour supporter le Plan de transport de Montréal, qui nous semble proposer plusieurs avenues intéressantes et conciliables. Concernant les programmes spécifiques, il apparaît que le volet entretien et inspection fait preuve d’un certain immobilisme dans son processus de mise en place. L’Agence devrait agir proactivement à cet égard pour favoriser la réalisation rapide de ce programme prometteur. Le programme PETR.103 ne devrait pas être retardé puisqu’il peut servir d’outil à la mise en place des autres programmes proposés par l’Agence. En fixant des barèmes pour les taux d’émission justifiant la mise au rancart En permettant un éventuel contrôle basé sur l’utilisation et la distance parcourue En visant les véhicules les plus âgés du parc En faisant participer à l’effort collectif les propriétaires actuels de véhicules. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 40 sur 45 Conclusion Au Québec, les transport est responsable d’environ 40% des émissions de GES. Directement liée à la consommation d’énergie, cette proportion est plus élevée ici qu’ailleurs puisque nous avons la chance, chez nous, de bénéficier d’énergie électrique propre provenant de l’hydroélectricité. Il n’en reste pas moins que la consommation d’énergie aux fins de transport fait perdre beaucoup de richesse aux Québécois. Les impacts environnementaux, bien sûr, sont notables : contribution aux changements climatiques, smog et qualité de l’air amoindrie pour ne nommer que ceux là. C’est sans compter les impacts économiques. L’énergie du transport est principalement constituée d’un combustible fossile : le pétrole. Or, nous n’en produisons pas ici et toute consommation de cette ressource implique une sortie de richesse, qui ne nous est pas redistribuée. Nous nous en appauvrissons. La mission de l’Agence de l’efficacité énergétique est louable. L’intention de faire du secteur du transport un créneau d’action prioritaire l’est tout autant. Il est important de soulever ici que ce secteur d’activité n’a pas bénéficié jusqu’à présent d’autant d’attention que les secteurs dépendant des énergies électrique et gazière. Nous partons donc de loin. Nous pouvons aussi aller loin. Étant donné l’ampleur de la tâche à accomplir, nous avons concentré notre analyse sur une seule des deux grandes familles du transport : celle par véhicule léger. Le transport par véhicule lourd n’en est pas moins important et nous pourrions éventuellement proposer une analyse approfondie à cet égard. Nous souhaitons tout de même appuyer la mesure de formation des conducteurs de véhicules lourds aux comportements de conduite éconergétique (PETR.201) qui apparaît bénéfique au terme de l’analyse sommaire que nous en avons fait. S’il est vrai que les acheteurs de véhicules légers neufs doivent s'assujettir à des choix plus responsables, il est aussi vrai qu’ils doivent être en mesure de faire ces choix en toute connaissance de cause. Le programme d’incitatif à l’acquisition de véhicules légers neufs à faible consommation pourrait être un pas dans la bonne direction, mais les effets pervers s’y rattachant sont majeurs. Qui plus est, il ne semble pas qu’il en soit suffisamment tenu compte jusqu’à présent. L’Agence a fait sienne des priorités d’actions à court terme. Sans remettre en question cette position, il importe de considérer les enjeux avec un recul permettant de saisir la globalité du problème. Un incitatif à l’achat est un affaiblissement de la barrière à l’entrée. Son résultat immédiat est une augmentation des ventes des véhicules visés par l’incitatif. Bon an, mal an, ce sont environ 400 000 véhicules qui sont vendus au Québec. Or, à l’achat de l’un, l’autre ne trouve pas forcément d’usage et il peut être éjecté du cycle, ou mis au rancart. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 41 sur 45 Ce sont donc aussi environ 400 000 véhicules par année qui se retrouvent en fin de vie utile. À quel moment devient-il plus néfaste d’utiliser un vieux véhicule que de le mettre au rancart? La réponse à cette question suppose d’abord une analyse du cycle de vie des véhicules et ensuit une procédure d’évaluation de la consommation énergétique. Un programme d’inspection et d’entretien obligatoire a donc toute sa raison d’être implanté prioritairement. D’autre part, une utilisation responsable des véhicules est possible. Nous avons démontré les avantages de l’autopartage et nous croyons que les programmes de formation à des comportements de conduite éconergétique peuvent permettre des économies d’énergie significatives. Une tarification efficace à l’usage est toutefois une solution d’avenir qui saurait répondre à plusieurs enjeux, mais qui n’a pas pour l’instant été adressée par l’Agence. Nous avons, nous l’espérons, démontré l’importance d’une approche globale et non parcellaire de la problématique des transports. Finalement, les avenues les plus prometteuses, comme l’accentuation des frais d’immatriculation en fonction des rendements énergétiques des véhicules ou de leurs niveaux d’émissions de GES devrait ainsi être explorée prioritairement avec la SAAQ. R-3671-2008 GRAME, Rapport d’expertise, volet transport Page 42 sur 45 Bibliographie ABERDEEN CITY COUNCIL (2006) “Local Transport Strategy 2006 Health and Social Impact Assessment”. AEEQ (2008) Synthèse de la consultation des 21 et 22 avril 2008 AGENCE DU REVENU DU CANADA (2008), Taxe d’accise sur les véhicules énergivores, http://www.cra-arc.gc.ca/whtsnw/tms/lst_vh-fra.html AGENCE DU REVENU DU CANADA (2007), Taxe d’accise sur les véhicules énergivores, http://www.cra-arc.gc.ca/gncy/bdgt/2007/xcs-fra.html BERGERON, R. (2000) “L’économie de l’automobile au Québec”, Les éditions HYPOTHÈSE, Montréal. BOVY, P. 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