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ben arès ne pas digérer roman LITTÉRATURE ÉDITIONS DE LA DIFFÉRENCE Ne pas digérer.indd 5 02/07/2015 18:41:52 Mort de la première. Naissance de seconde peau. Tout commence quand elle rôde. Tombe ! Sort hors de ses gonds ! Bascule à bras-le-corps ! Engendre l’accident, la rupture incontournable avec le monde. Tout commence, s’ensuit, s’ensuivra au pied de la lettre. D’aucun secours. 7 Ne pas digérer.indd 7 02/07/2015 18:41:53 Nul besoin qu’elle ne souffle en tempêtes. Nul besoin qu’elle ne déclare. Qu’elle ne déboule. Qu’elle ne déclame des caisses et des caisses à décharges. Ouste redondances ! Anorexie ! Vaches maigres ou vaches folles aux lustres boulimiques des éclats ! Casse la baraque d’idéal ! Électrochoc ! Elle ira au plus court. Au plus bref de l’été des moyens. De tout se moquera : c’est radical ! 8 Ne pas digérer.indd 8 02/07/2015 18:41:53 Minute ! Lente est la chute. La chair est lente. La vieille a du ressort sur le cheveu de la langue. Elle n’avale pas sur-le-champ ! N’avale pas les temps qui courent ! N’avale que sur ordonnance ! De son propre chef ! Elle suit la voix de l’air, de l’esprit, d’extrême urgence. File et ressasse. Ressasse. Se voile la face pour la dernière danse des illusions. Encaisse, se décarcasse, débourse. Des clous ! Ne jette pas précipitamment l’éponge. Des clous ! Lutte, refuse encore. Des clous ! S’essouffle. Avant le réel cru, d’enfoncer le coup. De passer le cap. Régresse avant l’inévitable, la descente. 9 Ne pas digérer.indd 9 02/07/2015 18:41:53 Du direct ! Enfin la corne, le fond : nuit ! Au diable l’abondance ! Est la nuit, chère nuit, le juste cri. Sourdement ciselé. Fin de la lumière. Plus en vie que dans la nuit. Au début l’été est. Soleil noir. Dernières lueurs. En attendant Lilith, une silhouette impalpable, des lucioles, des choux encore… Nul Gaspard de l’oubli. Un vent innommable. Un froid soufflant, sans visage. À ventre portant crève, éventre celui qui l’emporte ! Brutalement, la matrice s’ouvre sur l’obscur. 10 Ne pas digérer.indd 10 02/07/2015 18:41:53 Progéniture mûre dans un berceau de sang, lucide comme un phoque au foutre de l’âge, baise sa mère esseulée, vidée de toute substance. Convulsion ! Chimère en manque de pals. Convulsion ! Mer d’orgasmes. Convulsion ! Embrasse, lèche, suce, tète, bourre de spasme en spasme. Tacite fornication, pacte ou contrat : la mère, être abject, sordide, aux seins loqueteux, pendouillant comme des égarés, ne jure que par la loi du cordon ! Du cordon, par le cordon, la progéniture vivra ! Du cordon des aubaines, des reconnaissances et des audaces, demain dépendra ! Du cordon sans scrupules, demain des grands privilèges dépendra. Aux secrets des lèvres. Du cordon, par le cordon, la progéniture et la mère à jamais liés seront. Du bas de son silence, du bas de son absence, du fort de cette alliance sans bornes dont la vie dans la nuit à jamais dépend, la mère dans le sang, dans les songes de sa progéniture disparaîtra. Sera. 11 Ne pas digérer.indd 11 02/07/2015 18:41:53 Ainsi la langue. Est. Sont les mots. Les mots sont des matériaux. Sont des matériaux de construction assemblés scrupuleusement. L’essentiel est là, intouchable, aveuglément s’échappe, ne laisse pas de trace. Les mots ne sont que des matériaux à l’ouvrage. À l’œuvre du silence en otage. Et puis basta ! 12 Ne pas digérer.indd 12 02/07/2015 18:41:53 DU MÊME AUTEUR aux éditions de la différence Rien à perdre, poèmes, 2007. © SNELA La Différence, 30, rue Ramponeau, 75020 Paris, 2008. Ne pas digérer.indd 4 02/07/2015 18:41:52