Docteur SCHNABEL - FAI-AR

Transcription

Docteur SCHNABEL - FAI-AR
Tutrice : Bérénice André, réalisatrice
Fred Sechet
Frédéric Sechet est né le 16 février 1969 sur
les bords de la Loire (44). Issu d’une famille de
maraîchers, il se forme au métier d’élagueur durant
une dizaine d’années et pratique un « théâtre
d’intervention » en amateur avec l’association
Moquette rurale, rencontrant son public dans les
champs, les églises et les fêtes de villages.
Comédien et musicien, il collabore depuis 1999
avec de nombreuses compagnies (Carnage
Productions, Maboul Distorsion, Madame Suzie).
Défenseur d’une culture populaire et confiant dans
sa capacité à provoquer le rire, il se définit comme
un cascadeur du quotidien qui pratique et enseigne
le déséquilibre avec conviction.
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Docteur SCHNABEL
Les rats quittent le navire
Docteur SCHNABEL met en scène un vrai faux discours d’inauguration : un élu un brin paranoïaque,
obsédé par l’hygiénisme et dévoré par le besoin de tout contrôler, présente à la ville de Marseille
une œuvre d’art destinée à commémorer la grande épidémie de peste de 1720. Dans son périmètre
sécurisé, il ne tolère aucune faille : les techniciens qui installent le dispositif ont soin d’en chasser tout
danger potentiel, au point de remplacer l’auditoire par des mannequins gonflables. Docile foule, dont
les réactions sont programmables par bande son... Mais rien ne se passe comme prévu, et quand les
baudruches se dégonflent, le vrai public est appelé en renfort, tandis que des éléments incontrôlables
sèment la panique dans l’espace de jeu.
Attaché aux codes d’un théâtre de rue classique (spectacle en fixe sur une place passante, jauge
de 150 personnes, public de badauds), Fred Sechet s’amuse à en prendre le contre-pied, via les
paradoxes d’une représentation qui s’adresserait à un « public population », tout en mettant en place
un protocole d’isolement. Entouré d’une équipe de trois à quatre comédiens – tour à tour techniciens,
puis gardes du corps –, il campe cet élu démagogique qui redoute les bains de foule, porteur d’une
parole prônant l’unité mais œuvrant à des stratégies d’exclusion. Pour moquer les grandes utopies
collectivistes, il pousse son raisonnement jusqu’à l’absurde : inspiré du jargon politique comme des
prédications apocalyptiques, son discours célèbre le « mourir ensemble », comme un revers grimaçant
d’un « vivre ensemble » parfois galvaudé... Nourri de science-fiction catastrophiste, l’univers de
Docteur SCHNABEL évoque la mise en place d’un état d’urgence en réaction à une menace, réelle ou
diffuse, et pointe les dérives du principe de précaution. Toujours avec le sourire, le spectacle évoque
aussi la perception de l’homme public et de sa parole par les habitants d’un quartier et les limites de
la manipulation des masses, en invitant in fine le public à reprendre place dans un lieu de pouvoir qui
lui était jusqu’alors interdit.
© Paul Fürst
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