64-65_Grands RDV Pyramide
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s 15e année : la rampe atteint 43 m mais ne sert pas encore à la construction de la pyramide. Les 4 premiers plafonds de la Chambre du Roi sont construits, les poutres et les chevrons du toit vont être hissés à + 60 m. s Grands rendez-vous Vue d’un palier en encoche. Chaque traîneau subit une rotation de 90° à l’aide d’une petite machine de levage, afin d’être positionné dans l’axe de la volée suivante, où une nouvelle équipe de traction est prête à s’atteler. Jean-Pierre Houdin, architecte DPLG 19e année : la rampe intérieure est la seule en service. La Chambre du Roi est finie depuis près de 4 ans. La rampe extérieure est presque démontée, ses matériaux étant réutilisés pour la partie supérieure de la pyramide. s invité des Rendez-vous d’Iéna œuvre d’Imhotep, à Saqqarah. La maîtrise acquise grâce aux précédentes pyramides pousse les architectes de Kheops à une révolution dans l’art de construire : intégrer dans l’architecture de l’édifice la totalité des moyens techniques nécessaires à sa construction. La Grande pyramide est le premier monument moderne de l’Histoire. LE CHANTIER ÉTAPE PAR ÉTAPE 10e année : +26 m 15e année: +43 et + 60 m Le chaînon manquant Après avoir reconstitué l’édifice sur ordinateur avec un logiciel CAO 3D, Jean-Pierre Houdin a consacré plus de 5 000 heures à simuler ses hypothèses, ce qui lui a permis d’élaborer une théorie de construction très plausible et complète. La mise à disposition par la Fondation EDF de documents «oubliés» l’a conforté dans ses recherches : la microgravimétrie, une méthode d’analyse sismique, a révélé en 1986 17e année : + 54 et 76 m 19e année : + 113 m 20e année : + 146 m 21e année O OT PH E LL BU 64 LA IG EX PL SS Époque : 2 550 avant J.-C. (IVe dynastie d’Égypte). Base : 230,60 m de côté. Hauteur : 146,70 m. Volume: 2 600 000 m3 (1 bloc ≅ 1 m3 pour 2 tonnes). Poids : un peu plus de 5 000 000 de tonnes (la tour Eiffel ne pèse “que” 7 500 tonnes). Durée du chantier : 20 à 22 ans. Arts et Métiers Magazine - Septembre 2005 Les moyens techniques : > Des traîneaux tirés par des hommes sur des chemins lubrifiés avec du limon. > Pour extraire les blocs des carrières, des boules en dolérite (une roche magmatique) et des scies en cuivre. Des cordes en papyrus ; des couffins d’osier, des bateaux et du bois en petite quantité. > Environ 100 000 haleurs, maçons, tailleurs de pierre, manœuvres, etc. par an sur le chantier, jusqu’à 4 000 en même temps. > Une extraordinaire précision avec des outils très simples : des «chaînes d’arpenteur» en corde, des équerres et des fils à plomb. L’élévation est sous contrôle constant pour empêcher la pyramide de «vriller». DOCS DR Kheops en chiffres l’existence d’une anomalie «en spirale» à l’intérieur de la pyramide. Quant à la Chambre du Roi, sa construction inclut un moyen de levage de poutres dans l’architecture intérieure: la Grande Galerie. En fait, il ne s’agit pas d’un, mais de deux chantiers totalement différents qui ont été réunis au sein d’un même projet. La thèse de Jean-Pierre Houdin et de son père, Henri Houdin (Pa. 41) s’appuie sur deux concepts qui permettent de résorber les difficultés de construction du monument. Le premier est la rampe intérieure droite à quart tournant. Elle sert à construire la partie supérieure de la pyramide, soit environ 27 % du volume total, et constitue le «chaînon manquant» entre une rampe extérieure en appui contre la face sud et limitée au niveau + 43 m, et une tour de levage employée pour les dernières assises. Partant de la base, elle comporte 21 galeries droites larges de 5 coudées, qui se succèdent dans la maçonnerie de soutien parallèlement aux faces. Situées au plus près à 3 ou 4 m de la paroi d’origine, les galeries sont couvertes d’une voûte en encorbellement construite au fur et à mesure; d’une pente moyenne d’environ 7 %, cette rampe est longue de plus de 1 600 m. Elle part à chaque volée d’un palier en encoche ouvert sur l’extérieur au droit d’une arête et débouche dans la paroi perpendiculaire, sur le palier d’une nouvelle encoche. De là, elle repart à angle droit, parallèlement à la nouvelle face jusqu’à la face perpendiculaire suivante. Les attelages humains travaillent dans de bonnes conditions de ventilation et d’éclairage (par un réseau de lampes à huile intégré dans les parois). Pour le retour des attelages, une coursive extérieure parallèle en bois double la La “grue de chantier” Le second est le système à contrepoids. Il permet de mettre en place les poutres des plafonds (jusqu’à 63 t) et chevrons du toit de la Chambre du Roi, et repose sur plusieurs éléments. Un contrepoids, constitué des 3 blocs-bouchons qui obstruent actuellement le couloir ascendant, est intégré à un traîneau qui se déplace sur les banquettes latérales de la Grande Galerie. La rampe extérieure est équipée d’une chaussée centrale utilisée, dans une première phase, pour monter et stocker Le système à contrepoids, véritable «grue de chantier», a été imaginé pour mettre en place les poutres et les chevrons très lourds du toit de la Chambre du Roi. s Depuis cinq ans, l’architecte Jean-Pierre Houdin s’emploie à percer le mystère de la Grande pyramide de Kheops. Il était récemment l’invité des Jeunes Promotions aux Rendez-vous d’Iéna pour retracer sa passionnante aventure, qui n’est pas près de se terminer. La pyramide de Kheops, sur le plateau de Gizeh, près du Caire (Égypte), est la plus ancienne, et aussi la seule des sept «merveilles du monde» à avoir résisté à l’écoulement des siècles. Curieusement, le vide entourant l’histoire du Roi Kheops et l’absence de trésor ont contribué à créer une énigme autour de ce monument. Résultat, toute tentative d’explication sur sa construction a été influencée par les écrits des uns et le dogmatisme architectural des autres. Or, cette pyramide est l’apogée d’un lent processus de découvertes techniques commencé près d’un siècle plus tôt avec la pyramide de D j o s e r, rampe intérieure. À la fin du chantier, les encoches sont rebouchées avec des blocs de même provenance, de sorte qu’aucune différence n’est visible. Du fait de l’amplitude du mouvement des cordes du système, la Grande galerie restera découverte durant les travaux, surmontée d’une tranchée maçonnée. poutres et chevrons à la base de la Chambre. Dans une deuxième phase, une rampe spéciale est incorporée dans la face sud d’une pyramide intérieure érigée au fur et à mesure autour de la Chambre du Roi, pour la mise en place des poutres et chevrons aux niveaux + 48 m à + 60 m. Ce dispositif combine plusieurs avantages : grâce au contrepoids, le nombre d’hommes est réduit; les attelages disposent d’espace et manœuvrent à l’horizontale ; en revanche, les hommes doivent fournir un bref effort très intense – plus de 60 kg chacun. Cette méthode résout les difficultés posées par la construction d’un tel ouvrage. Elle permet d’utiliser la majeure partie des matériaux extraits des carrières en réemployant ceux qui proviennent du démontage de la rampe extérieure. Le contrôle de l’élévation est optimal car aucune structure ne masque les arêtes, les diagonales et les bords de la pyramide. Les assises sont réalisées horizontalement couche par couche et la majeure partie du ravalement est effectuée en cours de travaux. De nombreuses personnalités du monde scientifique ont apporté leur caution à cette thèse. Une association, l’ACGP, s’est constituée dans le but d’y apporter des preuves. Une campagne de recherches employant des techniques de détection non-destructives est en préparation, et une demande d’autorisation de «fouilles» doit prochainement être déposée auprès du Service des Antiquités égyptiennes. AGNÈS TOGNY, AVEC LA PRÉCIEUSE COLLABORATION DE JEAN-PIERRE HOUDIN Pour en savoir plus : La pyramide de Kheops, éd. du Linteau (2003). [email protected]. www.construire-la-grande-pyramide.fr DOCS DR Pyramide de Kheops : un chantier révo lutionnaire s L’intérieur de la pyramide avant son parachèvement, en particulier le rebouchage des encoches. La rampe intérieure, qui comporte 21 volées, est longue de plus de 1 600 m pour une pente moyenne d’environ 7 %. s La Grande pyramide a toujours fait rêver par sa beauté et sa puissance. Grâce aux travaux de Jean-Pierre Houdin, sa construction révèle une partie de ses secrets, un concentré des techniques les plus évoluées de l’époque. Arts et Métiers Magazine - Septembre 2005 65
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