Samedi 13 novembre Ensemble intercontemporain
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Samedi 13 novembre Ensemble intercontemporain
Samedi 13 novembre Ensemble intercontemporain | Peter Rundel | Dagmar Manzel Dans le cadre du cycle Les musiciens de Brecht Du 5 au 14 novembre Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr 13/11 EIC.indd 1 Ensemble intercontemporain | Peter Rundel | Dagmar Manzel | Samedi 13 novembre Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général 05/11/10 17:19 Cycle Les musiciens de Brecht Auteur de L’Esprit de l’utopie et du Principe espérance, le philosophe Ernst Bloch entendait dans la Chanson du pirate de Polly dans L’Opéra de quat’ sous de Brecht et Weill l’un des moments clés de l’histoire de l’opéra, porteur d’une vision capable de suspendre le cours fatal des événements dramatiques et historiques. Dans L’Art d’hériter (1935), Bloch avait en efet souligné que, sous ses allures de « tube », ce song aichait une « mine de travers », et le philosophe louait la voix contradictoire de Lotte Lenya, « suave, aiguë, légère, dangereuse, froide », idéale pour la iancée du pirate qui chante la révolution en essuyant des verres. Le chant et cette interprétation étaient si connus que, lorsque Bloch, fuyant l’Europe, émigra aux États-Unis, Adorno écrivit à Benjamin le 28 août 1938 : « Bloch a débarqué. Possible que ce soit sur un bateau à huit voiles », allusion au refrain de ce chant avec ce « huit-voiles aux cinquante canons » qui accoste et bombarde la ville avant de disparaître, emportant la jeune ille loin de son hôtel miteux. Certains textes de Brecht mis en musique sont devenus ainsi mondialement célèbres grâce à des interprètes qui les reprennent en allemand ou en d’autres langues : Lys Gauty, Florelle, Marianne Oswald en français au début des années 1930, Teresa Stratas, Marianne Faithfull ou Milva (dans Io, Bertolt Brecht avec Giorgio Strehler, montré jadis à Paris), sans parler des reprises par les musiciens de jazz. Mais en dehors de quelques morceaux célèbres, notre mémoire s’est raréiée et commence seulement à renaître. Les compositeurs de Brecht sont peu (re)connus ou méconnus, et cela tient d’une part aux conceptions musicales de Brecht, d’autre part à l’histoire du XXe siècle : les exils américains et le retour en RDA ont pesé doublement sur la réception des œuvres des compositeurs inspirés par Brecht. Le rapport de Brecht à la musique était complexe. L’auteur de Mahagonny considérait la musique comme un élément essentiel du théâtre ; peu musicien lui-même, dépourvu de connaissances techniques et théoriques, il n’en formule pas moins, pour chacune de ses pièces, des « remarques sur la musique », et entretient des relations durables avec les compositeurs. Cependant, comme pour le personnage de Settembrini dans La Montagne magique (personnage dont, selon Hanns Eisler, Brecht aurait pu être le modèle), la musique est « suspecte, irresponsable, indiférente » et provoque des sentiments incontrôlables et irrationnels, c’est pourquoi il serait indispensable de l’allier à un élément producteur d’un sens moins évasif. Ces réserves face à la musique doivent être saisies comme des considérations esthétiques d’ordre général (et, par là, peu originales), mais également dans l’époque où elles ont été formulées : Brecht réagit à l’institution du concert comme expérience « culinaire », délectation gratuite ou échaufement des sens, à une esthétique postromantique, à l’œuvre d’art total wagnérienne. Il a donc pour principes fondateurs à l’usage de la musique : réduction du volume sonore, des moyens instrumentaux et de la durée, primauté de la mélodie et du rythme, alliance avec la parole ou un contexte qui situe la musique par rapport à un sens, recours parfois parodique à des musiques connues, méiance envers l’avant-garde musicale. Cela bride la musique, mais ne la rend pas grise ; au contraire, la musique contribue aussi au plaisir et aux vertus pédagogiques du théâtre, art charnel et vocal. Aiguiser la conscience et la raison Weill, Dessau et Eisler, les trois principaux compositeurs ayant travaillé avec et pour Brecht – on laissera de côté Hindemith, compositeur en 1929 de la seule pièce didactique, opéra dérivé de la pièce radiophonique Le Vol de Lindbergh de Hindemith et Weill et succès scandaleux à Baden-Baden –, ont tous composé opéras, musiques de scène et mélodies, mais ils incarnent des positions esthétiques et historiques diférentes. 2 13/11 EIC.indd 2 05/11/10 17:19 Kurt Weill (1900-1950), le plus célèbre des trois, accompagne Brecht durant la république de Weimar mais se sépare de lui avant leur exil américain ; élève de Busoni, inspiré aussi par les revues de variétés de l’entre-deux-guerres, il expérimente toutes les formes, du « petit » au « grand » Mahagonny, les chants et cantates à teneur politique comme le Requiem berlinois. Paul Dessau (1894-1979), un peu plus âgé que Brecht, lui survécut presque un quart de siècle ; élève de René Leibowitz qui le forma au dodécaphonisme et admirait sa cantate Les Voix d’après Verlaine, il devint « plus brechtien que Brecht » dans sa volonté de réduction des moyens. Auteur de musiques de scène (notamment Mère Courage et Le Cercle de craie caucasien), il encourut avec Brecht les foudres du régime socialiste des débuts de la RDA avec les critiques de « formalisme » lancées contre leur opéra La Condamnation de Lucullus. Auteur, après la mort de Brecht, d’un opéra d’après Puntila, ouvert à la musique de l’Ouest, ami de Hans Werner Henze, grand pédagogue, il chercha constamment à concilier ses convictions avec un refus de se plier à ce qu’il appelait le « mauvais goût des masses » que le régime encourageait plutôt. Hanns Eisler enin (1898-1962) fut le plus proche de Brecht humainement, politiquement et intellectuellement, et l’on peut paraphraser à son sujet la caractérisation que Benjamin donna de Brecht : « un phénomène diicile à saisir [qui] se refuse à utiliser “librement” ses grands talents ». Brillant élève de Schönberg qu’il taxa de « réactionnaire musical », sans oublier son enseignement, penseur intransigeant et subtil luttant contre la « bêtise en musique », Eisler veut que le plaisir musical aiguise la conscience et la raison au lieu de les endormir. Des chants politiques entonnés par les milliers d’ouvriers à l’opéra La Décision, de la musique de chambre et de ilm aux innombrables poèmes mis en musique, il accompagne Brecht pendant plus de trente ans. Et à la toute in du XXe siècle, Heiner Goebbels créait un « Matériau Eisler » (Eislermaterial) où, quasi postmoderne, il prolongeait cette recherche constante chez Brecht et ses musiciens de la citation productrice et de combinaisons entre les musiques et les textes. Bernard Banoun 3 13/11 EIC.indd 3 05/11/10 17:19 DU VENDREDI 5 AU DIMANCHE 14 NOVEMBRE VENDREDI 5 NOVEMBRE – 20H MERCREDI 10 NOVEMBRE – 20H DIMANCHE 14 NOVEMBRE – 16H30 Nada Strancar chante Brecht/Dessau Kurt Weill Vom Tod im Wald Das Berliner Requiem HK Gruber Busking, concerto pour trompette (création française) Dialogues d’exilés Nada Strancar, chant François Martin, piano, direction Jean-Luc Manca, accordéon Guillaume Blaise, percussions DIMANCHE 7 NOVEMBRE – 16H30 Kurt Weill Suite panaméenne Zu Potsdam unter den Eichen Die Legende vom toten Soldaten Bastille Music Bertolt Brecht / Kurt Weill Der Lindberghlug / Der Ozeanlug Orchestre Philharmonique de Radio France Chœur de Radio France HK Gruber, direction Hakan Hardenberger, trompette Denis Comtet, chef de chœur Rainer Trost, ténor Florian Boesch, baryton Bertolt Brecht Dialogues d’exilés (extraits) Mauricio Kagel Unguis incarnatus est Rrrrrrr... / 5 jazz-Stücke MM51 Le ranz des vaches Klangwölfe Solistes de l’Ensemble intercontemporain Jörn Cambreleng, conseiller artistique et récitant, Vincent Németh, récitant SAMEDI 13 NOVEMBRE – 20H Die Kölner Akademie - Orchester Damals und Heute Michael Willens, direction Paul Kaufmann, ténor Christian Hilz, baryton Stephan McLeod, basse Paul Hindemith Kammermusik op. 24 n° 1 Hanns Eisler Kammer-Symphonie op. 69 Chansons et ballades sur des textes de Bertolt Brecht Kurt Weill Kleine Dreigroschenmusik Heiner Goebbels Industry & Idleness Ensemble intercontemporain Peter Rundel, direction Dagmar Manzel, voix Alain Billard, clarinette basse 4 13/11 EIC.indd 4 05/11/10 17:19 SAMEDI 13 NOVEMBRE - 20H Salle des concerts Paul Hindemith Kammermusik n° 1, op. 24 n° 1, avec Finale 1921 Hanns Eisler Kammer-Symphonie op. 69 Lied von der belebenden Wirkung des Geldes Mutter Beimlein O Fallada, da du hangest! (arrangement : Manfred Grabs) Lied der Nanna Über den Selbstmord Das « vielleicht » Lied Kuppellied entracte Kurt Weill Kleine Dreigroschenmusik [Petite musique de quat’ sous] Heiner Goebbels Industry and Idleness Ensemble intercontemporain Peter Rundel, direction Dagmar Manzel, chanteuse Alain Billard, clarinette basse Nicolas Berteloot, Frédéric Prin, régie son Coproduction Cité de la musique – Ensemble intercontemporain. Ce concert est enregistré par France Musique. Ce concert sera redifusé sur France Musique le 29 novembre à 12h35. Fin du concert vers 22h15. 5 13/11 EIC.indd 5 05/11/10 17:19 Paul Hindemith (1895-1963) Kammermusik n° 1, op. 24 n° 1, avec Finale 1921, pour douze instruments solistes Très vite et déchaîné Modérément vite mais très rythmé Quatuor (lûte, clarinette, basson, glockenspiel) Finale 1921 Composition : 1921. Création : le 31 juillet 1922, Festival de Donaueschingen, sous la direction de Hermann Scherchen. Dédicace : au prince Egon de Fürstenberg. Efectif : lûte/lûte piccolo, clarinette en si bémol, basson, trompette en si bémol, percussion, piano, accordéon, 2 violons, alto, violoncelle, contrebasse. Éditeur : Schott. Durée : environ 15 minutes. L’œuvre fut composée en 1921 et dédiée au prince Egon de Fürstenberg, directeur du Festival de musique contemporaine de Donaueschingen qui fut inauguré cette année-là. La création eut lieu pour l’ouverture du IIe Festival de Donaueschingen, le 31 juillet 1922, sous la direction d’Hermann Scherchen. La série des Kammermusiken [Musiques de chambre], qui inclut des concertos pour violon, viole d’amour, violoncelle, piano et orgue, constitue l’un des principaux courants de la production de Hindemith dans les années vingt. Mais cette première musique de chambre difère de celles qui lui succédèrent et qui sont presque toutes des pièces concertantes aux traits néoclassiques plus ou moins prononcés. L’Opus 24 n° 1 est plus proche des ballets dramatiques expressionnistes du début des années vingt et un écho certain du Petrouchka de Stravinski renforce le caractère chorégraphique des mouvements rapides. Dans le Finale 1921, Hindemith atteint pour la première et dernière fois une sorte d’équivalent musical des commentaires sociaux implicites dans les scènes de rue ou de cabaret polychromes peintes par Otto Dix et Georg Grosz pendant les années d’inlation. David Drew 6 13/11 EIC.indd 6 05/11/10 17:19 Hanns Eisler (1898-1962) Kammer-Symphonie op. 69 Composition : 1940. Efectif : lûte/ lûte piccolo, hautbois, clarinette en si bémol, basson, cor en fa, trompette en ut, trombone, percussion, piano, Novachord, 2 violons, alto, violoncelle, contrebasse. Éditeur : Verlag Neue Musik, Berlin. Durée : environ 17 minutes. Lied von der belebenden Wirkung des Geldes Composition : 1934-1936. Texte : Bertolt Brecht, extrait de Die Rundköpfe und die Spitzköpfe [Têtes rondes et têtes pointues]. Efectif : voix de femme, lûte, 2 clarinettes en si bémol, saxophone alto en mi bémol, saxophone ténor en si bémol, 2 trompettes en si bémol, trombone, percussion, banjo, piano, contrebasse. Éditeur : Deutsche Verlag für Musik, Leipzig. Durée : environ 4 minutes. Mutter Beimlein Composition : 1935. Texte : Bertolt Brecht. Efectif : voix de femme et clarinette basse. Éditeur : Deutsche Verlag für Musik, Leipzig. Durée : environ 2 minutes. O Falladah, da du hangest! (Arrangement Manfred Grabs) Composition : 1932. Texte : Bertolt Brecht. Efectif : voix de femme, lûte, hautbois, clarinette en si bémol, basson, cor en fa, trompette en ut, caisse claire, piano, contrebasse. Éditeur : Deutsche Verlag für Musik, Leipzig. Durée : environ 3 minutes. 7 13/11 EIC.indd 7 05/11/10 17:19 Lied der Nanna Composition : 1934-1936. Texte : Bertolt Brecht, extrait de Die Rundköpfe und die Spitzköpfe [Têtes rondes et têtes pointues]. Efectif : voix de femme, saxophone alto en mi bémol, saxophone ténor en si bémol, trompette en si bémol, percussion, piano, banjo, contrebasse. Éditeur : Deutsche Verlag für Musik, Leipzig. Durée : environ 5 minutes. Über den Selbstmord Composition : 1939. Texte : Bertolt Brecht, extrait de Der gute Mensch von Sezuan [La Bonne Âme du Se-Tchouan] Efectif : voix de femme, quatuor à cordes (version originale : pour voix et piano). Editeur : Deutsche Verlag für Musik, Leipzig. Durée : environ 2 minutes. Das « vielleicht » Lied Composition : 1934-1936. Texte : Bertolt Brecht, extrait de Die Rundköpfe und die Spitzköpfe [Têtes rondes et têtes pointues]. Efectif : voix de femme, lûte, clarinette en mi bémol, 2 clarinettes en si bémol, saxophone alto en mi bémol, saxophone ténor en si bémol, 2 trompettes en si bémol, trombone, percussion, piano, contrebasse. Editeur : Deutsche Verlag für Musik, Leipzig. Durée : environ 2 minutes. Kuppellied Composition : 1934-1936. Texte : Bertolt Brecht, extrait de Die Rundköpfe und die Spitzköpfe [Têtes rondes et têtes pointues]. Efectif : voix de femme, clarinette en mi bémol, 2 clarinettes en si bémol, saxophone alto en mi bémol, saxophone ténor en si bémol, 2 trompettes en si bémol, trombone, percussion, piano, banjo, contrebasse. Éditeur : Deutsche Verlag für Musik, Leipzig. Durée : environ 5 minutes. 8 13/11 EIC.indd 8 05/11/10 17:19 Le musicien de Brecht : on peut oser cette airmation au sujet de Hanns Eisler qui, à partir de 1929, mit Brecht en musique presque chaque année. La collaboration de l’écrivain avec Paul Dessau, initiée en 1938, fut moins longue et moins intense. Celle avec Kurt Weill ne dura véritablement que quatre années. Partageant des idéaux communs, Brecht et Eisler concevaient l’art comme un moyen d’éveiller la conscience politique des classes ouvrières et de les inciter à l’action. L’écrivain rappelle que le mode de représentation « épique » ne renonce pas à « l’efet émotionnel » : ses émotions « évitent comme source le subconscient et n’ont rien à voir avec la griserie ». De fait, les chants intercalés entre les dialogues parlés refusent l’esthétique du divertissement et la séduction du lyrisme postromantique. Ils sont nombreux à adopter un rythme de marche. En témoignent O Fallada, da du hangest! et deux numéros de Die Rundköpfe und die Spitzköpfe [Têtes rondes et têtes pointues], pièce écrite entre 1932 et 1936 : Lied der Nanna et Lied der Kupplerin. Quant à Das « vielleicht » Lied, c’est une étrange marche à trois temps. Si le Lied von belebenden Wirkung des Geldes choisit le balancement d’une valse lente ain de traduire le cynisme du texte, ses strophes se terminent sur les scansions d’une marche rapide. Eisler évite pourtant le risque de l’uniformisation. Au moyen de dissonances et d’harmonies imprévues, il maintient l’attention en éveil et souligne certains mots. Par ailleurs, la régularité métrique est souvent perturbée par des changements de mesure ou de tempo. La mélodie de Mutter Beimlein, entrecoupée de silences, transpose la claudication de la mère à la jambe de bois. Quand Hitler accède au pouvoir, Brecht et Eisler quittent l’Allemagne, séjournent dans plusieurs pays d’Europe, puis s’installent aux États-Unis. Durant cette période, leur engagement politique évolue dans une nouvelle direction. La métaphore de Têtes rondes et têtes pointues, créé à Copenhague en 1936, permet une pluralité d’interprétations. Certes, la crise économique qui frappe les fermiers rappelle les années noires de l’entre-deux-guerres ; le gouvernement, qui attribue la responsabilité de la situation à une partie de la population, renvoie évidemment à Hitler. Mais de façon plus générale, c’est la haine de l’autre et l’instrumentalisation de la pauvreté qui sont ici dénoncées. De plus en plus, l’horreur de la guerre, la nostalgie du pays natal et l’inadéquation à l’american way of life dominent la critique sociale. Autant de thèmes présents dans le Hollywooder Liederbuch (Livre des chants hollywoodiens, 1942-1943). Le recueil, sur des poèmes de divers auteurs, s’inscrit dans l’héritage du lied germanique et s’éloigne de l’univers du cabaret berlinois qui marque les musiques de scène. Il contient notamment Über den Selbstmord, dont la mélodie étirée est murmurée sur de sombres accords. Jusqu’au terriiant sursaut qui accompagne le dernier mot, quand on découvre que la misère conduit parfois au suicide. Aux États-Unis, Eisler compose plusieurs musiques de ilm. Refusant les poncifs auxquels sacriient la majorité des musiciens, il réléchit à la relation entre le son et l’image. Ses idées sont en fait similaires à celles mises en œuvre dans le théâtre. Eisler déclare ainsi que « la musique peut suivre de manière synchronisée l’action cinématographique » ou qu’elle « peut s’opposer à l’action 9 13/11 EIC.indd 9 05/11/10 17:19 cinématographique en une sorte de contrepoint ». Lors d’une conférence donnée en 1941, il illustre ses propos avec des extraits de sa Kammer-Symphonie. Cette partition, susceptible d’être jouée en concert, était à l’origine destinée à accompagner White Flood, un documentaire sur les régions arctiques de William O. Field Jr et Sherman Pratt. Elle utilise la technique dodécaphonique, imposant à Eisler de tenir compte de trois contraintes : le rapport du procédé « avec l’action présentée à l’écran », « sa place dans la technique dodécaphonique autonome » et « sa position au sein de la forme musicale, qui était indiquée et suggérée par les événements visibles à l’écran ». Toutefois, bien qu’il puisse mener de telles expérimentations, Eisler reste étranger au mode de vie outreAtlantique. Accusé d’activités anti-américaines après la guerre, il décide, comme Brecht, de vivre en République démocratique allemande. Les deux hommes allaient découvrir que la société dont ils avaient rêvé n’était qu’utopie. Hélène Cao 10 13/11 EIC.indd 10 05/11/10 17:19 Bertolt Brecht Lied von belebenden der Wirkung des Geldes Chanson des vertus roboratives de l’argent Niedrig gilt das Geld auf dieser Erden Und doch ist sie, wenn es mangelt, kalt Und sie kann sehr gastlich werden Plötzlich durch des Gelds Gewalt Eben war noch alles voll Beschwerden Jetzt ist alles golden überhaucht. Was gefroren hat, das sonnt sich. Jeder hat das, was er braucht! Rosig färbt der Horizont sich. Blicket hinan: der Schornstein raucht! Ja, da schaut sich alles gleich ganz anders an… Voller schlägt das Herz. Der Blick wird weiter. Reichlich ist das Mahl. Flott sind die Kleider. Und der Mann ist jetzt ein andrer Mann. On méprise l’argent en ce monde. Pourtant, sans argent, le monde est froid, Tandis que, quand il abonde, Soudain tout n’est plus que joie, L’instant d’avant, c’était le chaos ; Maintenant tout prend des tons vermeils, Tel qui gelait prend le soleil, Chacun a ce qui lui faut, L’horizon soudain s’allume Regardez donc : la soupe fume ! On découvre un autre monde, ou c’est tout comme, Les cœurs sont légers, les regards brillants, Les habits sont chics, les mets sont friands, L’homme de naguère est un autre homme. Ach sie gehen alle in die Irre Die da glauben, daß am Geld nichts liegt. Aus der Fruchtbarkeit wird Dürre Wenn der gute Strom versiegt. Jeder schreit nach was und nimmt es, wo er’s kriegt. Eben war noch alles nicht so schwer. Wer nicht grade Hunger hat, verträgt sich. Jetzt ist alles herz – und liebeleer. Vater, Mutter, Brüder: alles schlägt sich! Sehet, der Schornstein, er raucht nicht mehr! Überall dicke Luft, die uns gar nicht gefällt. Alles voller Haß und voller Neider. Keiner will mehr Pferd sein, jeder Reiter! Und die Welt ist eine kalte Welt. Ils ont bien tort, ceux qui s’imaginent Que l’argent ne fait pas le bonheur. Tout se dessèche et décline Quand se tarit sa fraîcheur. À l’instant encore on était radieux, Voilà qu’on rouspète à qui mieux mieux, Quand on a mangé, on peut s’entendre ; Mais maintenant personne n’est tendre. Pour un peu on tuerait père et mère ! C’est qu’il n’y a rien dans la soupière ! L’atmosphère est vraiment à couper au couteau, Tout respire la haine et l’imposture. Tous cavaliers, mais point de montures ! Et le monde est froid comme un tombeau. So ist’s auch mit allem Guten und Großen Es verkümmert rasch in dieser Welt Denn mit leerem Magen und mit bloßen Füßen ist man nicht auf Größe eingestellt. Man will nicht das Gute, sondern Geld. Und man ist von Kleinmut angehaucht. Aber wenn der Gute etwas Gelt hat Hat er, was er doch zum Gutsein braucht. Wer sich schon auf Untat eingestellt hat Blicke hinan: der Schornstein raucht! Tout ce qui est grand et beau en ce monde, Il faut bien le dire, est éphémère, Comment, en mangeant des soupes claires, Peut-on avoir des pensées profondes ? On n’a que faire de la grandeur, On est mesquin, on veut de l’argent ! Mais pour peu que l’homme bon soit à l’aise, Ça suit pour que la bonté plaise. Vous qui méditiez un mauvais coup, Regardez donc : la soupe bout ! 11 13/11 EIC.indd 11 05/11/10 17:19 Ja, da glaubt man wieder an das menschliche Geschlecht. Edel sei der Mensch, gut und so weiter. Die Gesinnung wächst. Sie war geschwächt. Fester wird das Herz. Der Blick wird breiter. Man erkennt, was Pferd ist und was Reiter. Und so wird das Recht erst wieder Recht. Vite, on se remet à croire à la nature humaine, Le vrai, le bien, le beau et cætera. On combattra les idées malsaines, Les cœurs battront et le soleil luira Là les cavaliers, ici les montures, Car telle est la loi de la nature. Traduit par Bernard Lortholary Mutter Beimlein Mère Beimlein Mutter Beimlein hat ein Holzbein Damit kann sie ganz gut gehn Und mit ‘nem Schuh, und wenn wir brav sind Dürfen wir das Holzbein sehn. Mère Beimlein a jambe de bois Et marche avec comme toi et moi Y met un soulier et aux bons garçons Elle laisse voir sa jambe de bois In dem Bein, da ist ein Nagel Dar an hängt sie den Hausschlüssel dran Daß sie ihn, wenn sie vom Wirtshaus heimkommt Auch im Dunkeln inden kann. Sur cette jambe est un crochet Où elle suspend la clé de chez elle Qu’ainsi, retour du cabaret, Même dans le noir elle peut trouver. [Wenn Mutter Beimlein auf den Strich geht Und sie bringt ‘nen Freier nach Haus Dreht sie das Elektrische, bevor sie aufschließt Auf dem Treppenabsatz aus.]* [Quand Mère Beimlein a fait le trottoir Et ramène un galant chez elle Elle éteint l’électricité Avant d’ouvrir, sur le palier.] Traduction Gilbert Badia et Claude Duchet *Les textes placés entre crochets ne sont pas repris par Hanns Eisler O Fallada, da du hangest! O Fallada, toi qui pends ! Ich zog meine Fuhre trotz meiner Schwäche. Ich kam bis zur Frankfurter Allee. Dort denke ich noch: o je! Diese Schwäche! Wenn ich mich gehenlasse Kann’s mir passieren, daß ich zusammenbreche… Zehn Minuten später lagen nur noch meine Knochen Auf der Straße – Je tirais la charrette et malgré ma faiblesse J’arrivai à la Frankfurter Allee. Là je me dis : malheur ! Que faible me voilà ! Si je me laisse aller Il se pourrait que je m’efondre. Dix minutes plus tard il ne restait plus que des os Sur la chaussée. Kaum war da ich nämlich zusammengebrochen (Der Kutscher lief zum Telefon) Da stürzten sich aus den Häusern schon Hungrige Menschen, um ein Pfund Fleisch zu erben Je venais, en efet, juste de m’efondrer (le charretier courait téléphoner) que se précipitaient déjà hors des maisons Des hommes afamés qui pour hériter d’une livre de viande 12 13/11 EIC.indd 12 05/11/10 17:19 Rissen mit Messern mir das Fleisch von den Knochen De mes os arrachaient la viande avec des couteaux. Und ich lebte überhaupt noch und war gar nicht fertig Et je vivais encore après tout, je n’avais pas du tout ini Mit Sterben! mon agonie. Aber die kannte ich doch von früher, die Leute Die brachten mir Säcke gegen die Fliegen doch Schenkten mir altes Brot und ermahnten noch. Meinen Kutscher sanft mit mir umzugehen! Einst mir freundlich und mit mir so feindlich heute! Plötzlich waren sie wie ausgewechselt! Ach was war mit ihnen geschehen? – Da fragte ich mich: Was für eine Kälte Muß über die Leute gekommen sein! Wer schlägt da so auf sie ein, daß sie jetzt So durch und durch erkaltet? So helft ihnen doch und tut das Bälde – Sonst passiert Euch etwas Was Ihr nicht für möglich haltet! Mais ces gens, je les connaissais pourtant auparavant ! Ils m’apportaient pourtant des sacs contre les taons Me donnaient du vieux pain et même ils exhortaient Mon charretier à me traiter avec douceur. Alors si bienveillants avec moi et maintenant hostiles ! Ils étaient tout à coup comme changés ! Qu’est-ce qui leur était arrivé ? Et je me demandais : quelle froidure Est venue sur ces gens ? Qu’est-ce qui les pénètre ainsi Que le froid les a pris de part en part ? Mais aidez-les, quoi ! Et faites-le vite ! Sinon quelque chose va vous arriver que vous ne croyez pas possible. Traduction : Eugène Guillevic Nannas Lied (Lied der Nanna) Chanson de Nanna Meine Herren, mit siebzehn Jahren Kam ich auf den Liebesmarkt Und ich habe viel erfahren. Böses gab es viel, Doch das war das Spiel. Aber manches hab ich doch verargt. (Schließlich bin ich ja auch ein Mensch.) Gottseidank geht alles schnell vorüber Auch die Liebe und der Kummer sogar. Wo sind die Tränen von gestern abend? Wo ist der Schnee vom vergangenen Jahr? Au marché de l’amour, messieurs, À seize ans je fus menée. Et j’ai vite ouvert de grands yeux ! C’était dur, ma foi Mais c’était la loi… Tout n’est pas facile à pardonner. (Je suis un être humain, après tout.) Dieu merci, tout ça ne dure qu’un temps, Même l’amour, et même le chagrin. Où sont donc les larmes d’hier matin Mais où sont les neiges d’antan ? Freilich geht man mit den Jahren Leichter auf den Liebesmarkt Und umarmt sie dort in Scharen. Aber das Gefühl wird erstaunlich kühl Wenn man damit allzuwenig kargt. (Schließich geht ja jeder Vorrat zu Ende.) À la longue, on s’accoutume À ce marché à l’amour. Sans grand mal, on les allume. Mais les sentiments Jetés à tous vents, Deviennent de plus en plus froids de jour en jour. (Aucune réserve n’est inépuisable, après tout.) 13 13/11 EIC.indd 13 05/11/10 17:19 Gottseidank geht alles schnell vorüber Auch die Liebe und der Kummer sogar. Wo sind die Tränen von gestern abend? Wo ist der Schnee vom vergangenen Jahr? Dieu merci, tout ça ne dure qu’un temps, Même l’amour, et même le chagrin. Où sont donc les larmes d’hier matin Mais où sont les neiges d’antan ? Und auch wenn man gut das Handeln Lernte auf der Liebesmeß: Lust in Leingeld zu verwandeln wird doch niemals leicht. Nun, es wird erreicht. Doch man wird auch älter unterdes. (Schließlich bleibt man ja nicht immer siebzehn.) Gottseidank geht alles schnell vorüber Auch die Liebe und der Kummer sogar. Wo sind die Tränen von gestern abend? Wo ist der Schnee vom vergangenen Jahr? Quand, dans ce commerce, On n’a plus rien à apprendre L’agent ne pleut pas à verse. Il faut le gagner, Et sans rechigner… On peut dire adieu à l’âge tendre. (On n’a pas toujours seize ans, après tout). Dieu merci, tout ça ne dure qu’un temps, Même l’amour, et même le chagrin. Où sont donc les larmes d’hier matin Mais où sont les neiges d’antan ? Traduction Bernard Lorthary Über den Selbstmord À propos du suicide In diesem Lande und in dieser Zeit Dürfte es trübe Abende nicht geben, Auch hohe Brücken über die Flüsse. Selbst die Stunde zwischen Nacht und Morgen Und die ganze Winterzeit dazu, das ist gefährlich! Denn angesichts des Elends Genügt ein Weniges, Werfen die Menschen in einem Augenblick Ihr unerträgliches Leben fort. Dans notre pays, Il ne devrait pas y avoir de soirs tristes, Ni de grands ponts sur les leuves. Ni même l’heure entre nuit et matin Et non plus tout l’hiver, c’est dangereux. Car en face de la misère Il suit d’un rien, Et les hommes rejettent Leur insupportable vie. Traduction Jeanne Stern Rundgesang der Pachtherren (Das « vielleicht » Lied) Ronde de table des grands propriétaires Vielleicht vergeh uns so der Rest der Jahre? Vielleicht vergeh die Schatten, die uns störten? Und die Gerüchte, die wir kürzlich hörten Die inster waren, waren nicht das Wahre. Vielleicht, daß sie uns noch einmal vergessen So wie wir gern auch sie vergessen hätten. Peut-être verrons-nous la in du siècle Sans rien apercevoir qui nous inquiète ? Peut-être est-il sauvé, notre vieux monde ? La crise était peut-être peu profonde ? Le spectre va peut-être disparaître, Les cris se taire, si on les ignore ? 14 13/11 EIC.indd 14 05/11/10 17:19 Wir setzen uns vielleicht noch oft zum Essen. Vielleicht, daß sie uns nicht verdammen, sondern loben? Vielleicht gibt uns die Nacht sogar das Licht her? Vielleicht fällt Regen doch von unten nach oben! Nous mangerons souvent ensemble encore Et nous mourrons dans notre lit, peut-être. Peut-être qu’ils crieront non pas « à mort ! » mais « bravo ! » Quand sur leur dos nous mangerons la laine ? La lune va peut-être rester toujours pleine, Et la pluie pour toujours tomber de bas en haut ? Traduction Bernard Lortholary Lied der Kupplerin (Kuppellied) Chanson d’entremetteuse Ach, man sagt, des roten Mondes Anblick Auf dem Wasser macht die Mädchen schwach Und man spricht von eines Mannes Schönheit Der ein Weib veriel. Daß ich nicht lach! Wo ich Liebe sah und schwache Knie War’s beim Anblick von – Marie. Und das ist bemerkenswert: Gute Mädchen lieben nie Einen Herrn, der nichts verzehrt. Doch sie können innig lieben Wenn man ihnen was verehrt. Und der Grund ist: Geld macht sinnlich Wie uns die Erfahrung lehrt. On prétend qu’un clair de lune sur l’eau Et les bras d’un homme séduisant Font tourner la tête aux jeunes illes… Moi, je trouve ça très amusant. Libre à vous de croire à ces merveilles, Je crois à la sainte Oseille. En efet, il est manifeste Qu’en n’ofrant que des broutilles On ne saurait plaire aux illes, Mais pour peu qu’on ait un geste, Il n’y aura pas plus gentilles. L’argent les rend amoureuses, Croyez-en l’entremetteuse. Ach, was soll des roten Mondes Anblick Auf dem Wasser, wenn der Zaster fehlt, Und was soll da eines Mannes oder Weibes Schönheit Wenn man knapp ist und es sich verhehlt. Wo ich Liebe sah und schwache Knie War’s beim Anblick von — Marie. Und das ist bemerkenswert: Wie soll er und wie soll sie Sehnsuchtsvoll und unbeschwert Auf den leeren Magen lieben? Nein, mein Freund, das ist verkehrt. Fraß macht warm und Geld macht sinnlich Wie uns die Erfahrung lehrt. On se moque bien du clair de lune, Quand on est fauché comme les blés, Soyez aussi beaux que vous voulez, Que faire quand on n’a pas une thune ? Libre à vous de croire à ces merveilles, Moi, je crois à sainte Oseille. Fiez-vous à mon expérience : La femme est, tout comme l’homme, Incapable de coniance Et d’amour quand il ne reste Rien à croquer, que la pomme. L’argent fait les amoureuses, Croyez-en l’entremetteuse. Traduction Bernard Lortholary © L’Arche Éditeur, Paris 15 13/11 EIC.indd 15 05/11/10 17:19 Kurt Weill (1900-1950) Kleine Dreigroschenmusik (Petite musique de quat’ sous) 1. Ouverture 2. La complainte de Mackie Messer 3. Chanson « Au lieu de » 4. Ballade de la bonne vie 5. Chanson de Polly 5a. Tango-Ballade 6. Chanson des canons 7. Dreigroschen Finale Composition de la suite : 1929. Création : le 8 février 1929 à Berlin sous la direction d’Otto Klemperer. Efectif : lûte, lûte/lûte piccolo, 2 clarinettes en si bémol, 2 bassons, saxophone alto en mi bémol, saxophone ténor en si bémol/saxophone soprano en si bémol, 2 bassons, 2 trompettes en si bémol, trombone, tuba, percussion, piano, banjo/guitare, bandonéon. Éditeur : Universal Edition. Durée : environ 21 minutes. D’espoir de la Nouvelle Musique au début des années vingt, Kurt Weill avait endossé en 1928 le statut de compositeur à succès. Des centaines de représentations de L’Opéra de quat’ sous, des adaptations dans plusieurs langues, des arrangements innombrables des songs de la pièce, une adaptation cinématographique et l’argent à la clé : rien ne it défaut au plus grand succès théâtral des années vingt. En 1929, soucieux de créer une version instrumentale de l’œuvre destinée à la salle de concert et de contrer la propagation d’arrangements douteux, Weill écrivit une suite qui célèbre dans la concision et la nudité l’esthétique du pot-pourri. La plupart des thèmes originaux s’y trouvent repris, parfois dans une coniguration nouvelle ; la rengaine du chanteur de rue (Complainte de Mackie Messer) succède ainsi au Chant de l’inanité de l’efort humain, débité par Peachum au troisième acte. Cette Kleine Dreigroschenmusik requiert un efectif important d’instruments à vent et une maîtrise technique certaine. Le talent d’instrumentateur de Weill y éclate au grand jour. Pascal Huynh 16 13/11 EIC.indd 16 05/11/10 17:19 Heiner Goebbels (1952) Industry and Idleness, pour ensemble Composition : 1996-2002. Création : 19 octobre 1996, au Festival de Donaueschingen, par le Radiokammerorchester Hiversum sous la direction de Peter Eötvös. Efectif : lûte, 2 hautbois, clarinette en si bémol, clarinette basse, basson, 2 cors en fa, 2 trompettes en ut, trombone, 2 percussions, synthétiseur, échantillonneur, bande, 2 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse. Éditeur : Ricordi, Munich. Durée : environ 16 minutes. Industry and Idleness reprend le titre d’une série d’estampes de 1747 du peintre et graveur anglais William Hogarth. J’ai découvert ces œuvres dans une monographie anglaise consacrée à l’artiste, High Art and Low, dans le volume Kapital Popular Prints (II). Mais mon intérêt pour ces œuvres et pour leur titre remonte à ma lecture des merveilleux Sudelbüchern [Aphorismes] de Lichtenberg et ses Ausführliche Erklärungen der Hogarthischen Kupferstiche [Explication détaillée des gravures de Hogarth]. Le qualiicatif « détaillée » est ici à prendre au pied de la lettre. Lichtenberg remarque que Emsigkeit und Müßiggang (diligence et oisiveté) rendent plus justement le titre anglais. Mais il craint que ces termes ne rebutent le public auquel ces œuvres se destinent en premier lieu et il opte pour Fleiß und Faulheit (zèle et paresse). Ce n’est sans doute pas un hasard si mes yeux ont été attirés par cette série, au moment même où depuis longtemps déjà j’aurais dû me concentrer sur une œuvre pour Donaueschingen au lieu de me livrer à toute sorte de considérations sur High Art and Low. Plates et morales à première vue, ces gravures – « calculated for the use & Instruction of youth » – opposent deux jeunes apprentis tisseurs : le travailleur, qui craint Dieu, et le paresseux, qui s’adonne au jeu. Les douze gravures content à grands traits leurs histoires respectives et montrent comment, pour inir, l’un devient oicier de la Couronne et l’autre est condamné au gibet. Lichtenberg cependant attire l’attention de son lecteur sur une foule de détails drôles et déconcertants qui ouvrent, aux côtés de la parabole simpliiée, tout un champ à la spéculation. Ainsi, sur la première estampe, à même le sol, placés près des métiers à tisser, on trouve deux exemplaires d’un opuscule, le Guide de l’apprenti : celui appartenant au paresseux est défraîchi et en lambeaux, celui du travailleur propre et en parfait état. Voici une partie du commentaire de Lichtenberg : « Cependant on ne peut nier que ce dernier, aussi bon garçon qu’il s’eforce d’être, et qu’il soit vraiment, eût pu trouver sans diiculté une meilleure place pour son manuel… que le sol de la chambre, l’exposant ainsi aux pieds du tout-venant, aux hasards et même aux coups de balai expéditifs. Tout cœur charitable se doit de faire cette observation, comme une aumône à ce Jean le Fainéant, 17 13/11 EIC.indd 17 05/11/10 17:19 ce malheureux sans espoir et en rien secourable. Ce sont moins les doigts de celui-ci froissant paresseusement les pages que l’ardeur espiègle d’un chaton qui nous livre un compte rendu ravageur du petit ouvrage. Et cette critique aurait pu tout aussi bien frapper l’autre exemplaire. » L’œuvre musicale n’entretient aucune relation directe ou illustrative avec les gravures ; l’attitude qui a présidé à leur conception (popular print) et la polarité Industry and Idleness en sont le véritable mobile. Heiner Goebbels, note de programme, Francfort, juillet 1996. 18 13/11 EIC.indd 18 05/11/10 17:19 Biographies des compositeurs composition). Après que l’ensemble Hanns Eisler de son œuvre a été dénoncé comme Autodidacte, puis élève de Schönberg Paul Hindemith exemplaire du « bolchevisme à Vienne, et à Berlin à partir de Né en 1895, Paul Hindemith a culturel » par les nazis, le compositeur 1925, Hanns Eisler (né à Leipzig commencé sa carrière à Francfort-sur- s’éloigne du Conservatoire de en 1898, mort à Berlin-Est en 1962) le-Main : après des études de violon et Berlin (1935), pour inalement était un musicien politiquement de composition au conservatoire de démissionner de l’institution (1937). engagé dont les œuvres, à caractère la ville, il est nommé en 1915 premier À la même époque, il livre son opus critique marxiste, échappèrent violon à l’Opéra. L’expérience de la magnum, l’opéra Mathis der Maler, très tôt aux salles de concert. guerre provoque son engagement créé en Suisse, et travaille à un vaste Le théâtre, le cinéma l’attirèrent : dans le camp de la « révolution ouvrage théorique, Unterweisung il put y faire valoir ses talents musicale » et son opposition au im Tonsatz, aujourd’hui encore un évidents de « propagandiste » romantisme déclinant : alto du des piliers de tout curriculum de (ses Massenlieder, ses cantates et célèbre Quatuor Amar, il fait de cet composition aux États-Unis. Son balades sur des textes de Bertolt ensemble qu’il a cofondé le parangon émigration aux États-Unis, via la Brecht, avec lequel il collabora de la nouvelle musique allemande. Turquie, se conclut par l’adoption de longtemps, ses musiques de Si le Festival de Donaueschingen la citoyenneté américaine en 1946. ilms). En 1933, Hanns Eisler (puis de Baden-Baden), créé dans les Bien que rapidement intégré outre- quitta l’Allemagne nazie, voyagea années immédiates d’après-guerre, Atlantique dans le circuit académique à travers l’Europe, à Londres et lui ofre un écrin de choix pour les (il est directeur du département de Copenhague, puis vécut aux États- créations de ses œuvres (notamment la musique à l’Université de Yale Unis, à Hollywood, continuant à du cycle de lieder Das Marienleben, de 1940 à 1953, où il compose le écrire (Deutsche Sinfonie, en 1937, de ses Kammermusiken et de sa Suite très didactique Ludus tonalis pour Quatorze manières de décrire la pluie 1922 pour piano) et la défense du piano), Paul Hindemith songe à en 1940) et, surtout, à approfondir courant de la Nouvelle Objectivité, retourner dans l’Europe de ses son expérience cinématographique son rayon d’action ne se limite pas au années de jeunesse et de maturité. (le livre Composing for the Films, seul militantisme esthétique réservé En 1953, il s’installe en Suisse et en collaboration avec Theodor à l’« élite culturelle ». Il est au même entame une ultime carrière comme Adorno, en 1947). En 1948, il dut moment partie prenante dans le chef d’orchestre et compositeur s’exiler à nouveau, à la suite de la monde musical comme compositeur (d’opéra, encore et toujours, avec campagne anticommuniste de d’opéras (Mörder, Hofnung der Frauen Die Harmonie der Welt), souvent en McCarthy, pour s’installer d’abord à et Sancta Susanna, puis son chef- porte-à-faux avec les pratiques de Vienne puis, en 1952, à Berlin-Est, d’œuvre « néoclassique » Cardillac l’avant-garde musicale du moment, où ses compositions « socialistes » lui en 1926) et de nombreuses pièces parfois décrié comme appartenant valurent d’être comblé d’honneurs pour le répertoire éducatif naissant, à un temps révolu, mais toujours (il fut notamment l’auteur de l’hymne pédagogue (Schreker lui conie en respecté pour l’intégrité de son oiciel de la RDA). En dépit des 1927 une classe de composition métier et l’authenticité de son simpliications harmoniques de son au Conservatoire de Berlin), ainsi engagement. Il décède en 1963 dans style volontairement prolétarien, que catalyseur de recherches la ville où il avait connu ses premiers Hanns Eisler n’a jamais renié les (il contribue à la redécouverte du succès, Francfort-sur-le-Main. techniques dodécaphoniques répertoire préclassique et entame souplement adaptées à son des expériences sur les nouvelles écriture suivant les besoins. technologies appliquées à la 19 13/11 EIC.indd 19 05/11/10 17:19 Kurt Weill d’œuvres et une réputation qui ne pour grand orchestre commandée Né en 1900, Kurt Weill commence cesse de croître à mesure que sa par l’Opéra de Francfort. En 1996, sa carrière au début des années musique est jouée de par le monde. il compose, pour le Festival de Donaueschingen, Industry and 1920, après une enfance très musicale dans sa ville natale de Heiner Goebbels Idleness. Walden, pour grand Dessau et quelques années de Né en 1952, Heiner Goebbels vit orchestre, est créé en 1998 lors de formation complémentaire à Berlin. depuis 1972 à Francfort-sur-le-Main. la première tournée de l’Ensemble En avril 1926, lorsqu’est joué son Il a étudié la sociologie et la musique. Modern Orchestra (direction Peter premier opéra, Der Protagonist (sur un Tout en efectuant de nombreux Eötvös). Au cours de ces 15 dernières livret de Georg Kaiser), c’est déjà un enregistrements et concerts avec années, ses activités dans le domaine compositeur d’œuvres orchestrales le Sogenanntes Linksradikales du théâtre musical, de la musique bénéiciant d’une certaine notoriété Blasorchester (1976-1981), nouvelle ou du jazz l’ont conduit en Allemagne. Il décide cependant le Goebbels/Harth-Duo (1976-1988) dans plus de 30 pays. Une dizaine de se consacrer au théâtre musical. et le trio art-rock Cassiber (1982- de ses productions sont parues au Les pièces qu’il crée alors avec Bertolt 1992), il compose de la musique de disque. En 1993, il dirige à Paris sa Brecht le rendent vite célèbre dans scène (pour Hans Neuenfels, Claus pièce de théâtre musical Ou bien toute l’Europe. Il fuit le régime nazi Peymann, Matthias Langhof et Ruth le débarquement désastreux ; en en mars 1933 et poursuit son travail Berghaus, entre autres), des musiques 1995, à Francfort-sur-le-Main, Die très proliique tout d’abord à Paris de ilm (pour Helke Sander, Dubini…) Wiederholung. En 1996, Schwarz auf (1933-1935) puis aux États-Unis, où et de ballet (pour le Ballet Frankfurt). Weiss est créé au TAT de Francfort. il résidera jusqu’à sa mort. Certaines Au milieu des années quatre-vingt, En 1997, il participe à la Documenta lignes de force traversent toute sa il commence à composer et à diriger X de Kassel avec Landscape with a production : un souci de justice des pièces sonores, principalement Man Being Killed by a Snake et crée sociale, la volonté de collaborer basées sur des textes de Heiner Müller Schliemann’s Scafolding à Athènes avec des auteurs dramatiques et des – Verkommenes Ufer, Die Befreiung des et Volos. Sa pièce de théâtre musical librettistes exigeants et la capacité Prometheus, Wolokolamsker Chaussee, Max Black, avec André Wilms, est de s’adapter aux goûts du public, Schliemanns Radio, Der Horatier/ créée en avril 1998 à Lausanne. quels qu’ils soient. Ses ouvrages les Roman Dogs/Chiens romains… Après Avec l’Ensemble Modern, il rend plus importants sont le Concerto pour Der Mann im Fahrstuhl (1987), Die hommage à Hanns Eisler avec violon et vents (1925), L’Opéra de quat’ Befreiung des Prometheus (1991) et Eislermaterial, créé à Munich en 1998. sous (Bertolt Brecht, 1928), Grandeur le concert pour un danseur Thränen En 2000, Heiner Goebbels crée les et Décadence de la ville de Mahagonny des Vaterlandes, conçu avec Christof installations sonores Timeios et Fin (Brecht, 1930), Die Bürgschaft (Caspar Nel et le Ballet Frankfurt (1986), il a de soleil au Centre Pompidou à Paris, Neher, 1932), Les Sept Péchés capitaux créé, en collaboration avec Michael la pièce Hashirigaki au Théâtre Vidy (Brecht, 1933), Lady in the Dark (Moss Simon, les pièces de théâtre musical de Lausanne et le concert scénique Hart et Ira Gershwin, 1941), Street Newton’s Casino (1990) et Römische … même soir avec Les Percussions Scene (Elmer Rice et Langston Hughes, Hunde (1991) au TAT de Francfort. de Strasbourg. Presque toutes les 1947), Lost in the Stars (Maxwell Depuis 1988, Heiner Gobbels pièces de théâtre musical de Heiner Anderson, 1949). Il succombe à un compose de la musique de chambre Goebbels ont été jouées plus de 50 infarctus en 1950, alors qu’il travaille pour l’Ensemble Modern (Red Run, fois, en Europe aussi bien qu’aux avec Anderson à une adaptation Befreiung, La Jalousie) et l’Ensemble États-Unis, au Japon, en Australie musicale d’Huckleberry Finn. Il laisse intercontemporain (Herakles 2). Suit, et à Singapour. En 2002 est créé derrière lui un imposant catalogue en 1994, Surrogate Cities, une œuvre son premier opéra, Landschaft mit 20 13/11 EIC.indd 20 05/11/10 17:19 entfernten Verwandten. En 2003, Biographies des interprètes From a Diary, pour orchestre, est Barrie Kosky à la Komische Oper de Berlin. Elle va également chanter créé par l’Orchestre Philharmonique Dagmar Manzel Les Sept Péchés capitaux de Weill dans de Berlin et Sir Simon Rattle, ses Née à Berlin en 1958, diplômée une nouvelle production à Cologne. commanditaires. Les musiciens de l’École d’Art Dramatique Ernst Au cours de la saison 2004-2005, consacrent 10 concerts à la musique Busch de Berlin, Dagmar Manzel elle a interprété au Deutsches Theater de Heiner Goebbels. Sa dernière pièce appartient au cercle des actrices les le rôle de Lucette dans la pièce de de théâtre musical, Eraritjaritjaka, sur plus célèbres de la scène allemande. Georges Feydeau Un il à la patte. des textes d’Elias Canetti, avec André Elle s’est produite de 1980 à 1983 au On a également pu la voir dans le Wilms et le Quatuor Mondriaan, Staatsschauspiel de Dresde, puis de drame de Neil LaBute The Mercy est créée en 2004 au Théâtre Vidy 1983 à 2001 au sein de l’Ensemble Seat. Au cinéma et à la télévision, de Lausanne. Heiner Goebbels du Deutsches Theater de Berlin. elle est apparue entre autres dans a enseigné ou enseigne dans de Depuis lors, elle poursuit une carrière Schtonk! de Helmut Dietl et Die nombreuses institutions : Institut für indépendante au Deutsches Theater Apothekerin de Rainer Kaufmann Angewandte Theaterwissenschaft et sur d’autres grandes scènes, ainsi aux côtés de Katja Riemann. Ont de l’Université de Giessen, que sur les grands écrans et les suivi Das Frankfurter Kreuz de Musikhochschule de Karlsruhe… télévisions. Passionnée de musique, Romuald Karmakar et Crazy de Hans- Dagmar Manzel a obtenu un grand Christian Schmid. En 1997-1998, succès avec son récital « Ich bin ein elle participe à la trilogie Der Laden, Wesen leichter Art », puis lors de dont l’équipe d’interprètes a obtenu son apparition dans le rôle-titre de l’Adolf-Grimme-Preis. Dans la série l’opérette d’Ofenbach La Grande- Klemperer : Ein Leben in Deutschland, Duchesse de Gérolstein au Deutsches elle joue le rôle de la femme du Theater. En outre, la chanteuse est professeur juif Klemperer, ce qui lui apparue dans La Périchole à Berlin a valu le Deutsche Fernsehpreis en et comme Rosalinde dans Die 2000. Dagmar Manzel a également Fledermaus à Potsdam. Elle se produit remporté nombre d’autres prix. Elle aussi régulièrement sur la scène de a ainsi été nommée « Actrice de la Komische Oper de Berlin. Elle y a l’année 2002 » par le jury des critiques débuté en 2004-2005 dans le rôle de la publication Theater heutei, de Mrs. Lovett dans Sweeney Todd. entre autres pour sa participation Elle y est depuis retournée en tant à la mise en scène réalisée par que soliste pour le concert du Nouvel Luc Perceval de la pièce Traum im An 2007, puis au cours de cette saison Herbst de Jon Fosse au Münchner 2007-2008 dans le rôle de Lilli Vanessi/ Kammerspiele. Elle reçoit également Katharina au sein de la nouvelle l’Adolf-Grimme-Preis en 2004 pour production de Kiss Me, Kate. Dès lors son interprétation du rôle principal cette production a été reprise à Berlin de la série télévisée Leben wäre schön, chaque saison, ainsi qu’à Cologne en le Deutsche Fernsehpreis en 2006 et 2009-2010. À l’avenir, Dagmar Manzel récemment en 2009 le Berliner Bär. se produira dans Im Weissen Rössl de Benatzky et elle fait également partie des diférents projets avec 21 13/11 EIC.indd 21 05/11/10 17:19 Alain Billard Il participe également activement aux scène comme Peter Konwitschny, Titulaire du DESM du Conservatoire actions éducatives de l’Ensemble en Supérieur de Musique et de Danse direction du jeune public et des futurs Carlus Padrissa (La Fura dels Baus) et de Lyon dans la classe de Jacques professionnels de la musique. di Donato, Alain Billard est depuis Philippe Arlaud, Reinhild Hofmann, Joachim Schlömer. Dans le domaine lyrique, il aborde aussi bien le 1995 membre de l’Ensemble Peter Rundel répertoire traditionnel (notamment intercontemporain où il occupe le Peter Rundel dirige des formations Die Zauberlöte à la Deutsche Oper poste de clarinette basse (jouant aussi orchestrales depuis plus de 20 ans de Berlin ou Der König Kandaules, clarinette, cor de basset et clarinette après avoir exercé une brillante Hansel and Gretel et Le nozze di Figaro contrebasse). Membre fondateur carrière de violoniste. En tant que à la Volksoper de Vienne) que la du Quintette à vent « Nocturne », directeur musical, il se distingue musique contemporaine, avec des avec lequel il obtient un premier par la diversité des projets qu’il œuvres telles que Donnerstag du Prix de Musique de chambre au mène avec de grands orchestres cycle LICHT de Stockhausen, Massacre Conservatoire de Lyon, le deuxième européens. Il est régulièrement invité de Wolfgang Mitterer, ainsi que la Prix du Concours international de à diriger l’Orchestre de la Radio création des opéras d’Emmanuel l’ARD de Munich et le Prix de Musique bavaroise, l’Orchestre Symphonique Nunes, Das Märchen et La Douce. Né à de Chambre d’Osaka (Japon), et l’Orchestre de la Radio de Berlin Friedrichshafen, en Allemagne, Peter il crée aux côtés d’Odile Auboin ainsi que l’Orchestre de la Radio de Rundel a étudié le violon avec Igor (alto) et Hidéki Nagano (piano) le Stuttgart, l’Orchestre Symphonique Ozim et Ramy Shevelov à Cologne, Trio Modulations, auquel Marco de la WDR de Cologne, les orchestres Hanovre et New York, ainsi que la Stroppa, Bruno Mantovani ou Philippe radiophoniques de Hambourg, de la direction d’orchestre avec Michael Schoeller ont déjà dédié de nouvelles SWR de Baden-Baden, de Francfort, Gielen et Peter Eötvös. Il a également œuvres. Régulièrement invité comme de la Sarre, de l’ORF de Vienne et suivi une formation à la composition soliste par des orchestres nationaux de la RAI de Turin. Peter Rundel a auprès de Jack Brimberg à New York. et internationaux, il crée et enregistre également été directeur artistique de De 1984 à 1996, il a été violoniste de nombreuses œuvres parmi l’Orchestre Royal Philharmonique des de l’Ensemble Modern, avec lequel lesquelles Machine for Contacting the Flandres (en association avec Philippe il demeure étroitement lié comme Dead (2001) de Lisa Lim, Génération Herreweghe de 1998 à 2001), de la chef d’orchestre. Dans le domaine (2002), triple concerto pour trois Kammerakademie de Potsdam dès sa de la musique contemporaine, clarinettes de Jean-Louis Agobet, création (1999-2001) ainsi que de la il est associé de longue date Mit Ausdruck (2003), concerto pour Taschenoper de Vienne depuis 1999. avec l’Ensemble Recherche, clarinette basse et orchestre de Bruno En 2005, il a été nommé directeur l’Ensemble Resonanz, l’Ensemble Mantovani, Décombres de Raphael Asko et le Klangforum Wien. Il est artistique du Remix Ensemble de Cendo (2007), Art of Metal I-II-III (2007- Porto. L’accueil que reçoit cette également régulièrement invité par 2008) pour clarinette contrebasse, formation à chacun de ses concerts l’Ensemble intercontemporain et ensemble et électronique de Yann ainsi que la participation à de grands musikFabrik. Peter Rundel a reçu Robin, et le Quintette pour clarinette festivals européens témoignent de nombreuses récompenses pour basse et quatuor à cordes de Alberto de cette collaboration fructueuse. ses enregistrements de musique du Posadas (2010) avec le quatuor Peter Rundel a dirigé des opéras à la XXe siècle, dont le Preis der deutschen Diotima. Soucieux d’élargir les Bayerische Staatsoper (Munich), aux Schallplattenkritik, qui l’a distingué possibilités de ses instruments, Alain Wiener Festwochen, à la Deutsche à plusieurs reprises (Promoteo de Billard collabore aux recherches de Oper Berlin et au Festival de Bregenz, Luigi Nono, EMI ; les Œuvres pour l’Ircam et de la manufacture Selmer. en collaborant avec des metteurs en ensemble et orchestre de Hanspeter 22 13/11 EIC.indd 22 05/11/10 17:19 Kyburz, Kairos ; City Life de Steve difusion, de transmission et de Solistes de l’Ensemble Reich, BMG), et récemment pour création ixées dans les statuts de intercontemporain participant son enregistrement du Concerto l’ensemble. Placés sous la direction au concert : pour piano de Beat Furrer avec musicale de Susanna Mälkki, l’Orchestre Symphonique de la WDR ils collaborent, au côté des Flûtes et Nicolas Hodges. Il a également compositeurs, à l’exploration des Sophie Cherrier reçu le Grand Prix du Disque (Jean techniques instrumentales ainsi Emmanuelle Ophèle Barraqué, Œuvres complètes, jpc) et a qu’à des projets associant musique, été nominé pour un Grammy Award danse, théâtre, cinéma, vidéo et Hautbois (Surrogate Cities de Heiner Goebbels, arts plastiques. Chaque année, Philippe Grauvogel ECM). La présente saison le verra l’ensemble commande et joue de Didier Pateau notamment à la Ruhrtriennale pour la nouvelles œuvres, qui viennent création mondiale de l’opéra de Samir enrichir son répertoire et s’ajouter Clarinettes Odeh-Tamimi Leila und Madschnun ; aux chefs-d’œuvre du XXe siècle. Les Jérôme Comte il fera également ses débuts avec spectacles musicaux pour le jeune Alain Damiens l’Orchestre Philharmonique de public, les activités de formation Mayence (soliste : Isabelle Faust) des jeunes instrumentistes, chefs Clarinette basse et avec l’Orchestre Philharmonique d’orchestre et compositeurs ainsi Alain Billard d’Helsinki pour Musica Nova que les nombreuses actions (Requiem de Zimmermann). En avril de sensibilisation des publics Bassons prochain, Peter Rundel dirigera traduisent un engagement profond Pascal Gallois une production monumentale du et internationalement reconnu au Paul Riveaux Sonntag de LICHT de Stockhausen service de la transmission et de à l’Opéra de Cologne, ainsi que des l’éducation musicale. En résidence Cors représentations de l’Oresteia de Iannis à la Cité de la musique (Paris) depuis Jens McManama Xenakis avec le Remix Ensemble au 1995, l’Ensemble intercontemporain Jean-Christophe Vervoitte Festival de Vienne, et Blood on the se produit et enregistre en France Floor de Mark-Anthony Turnage à et à l’étranger, où il est invité par de Trompettes l’Opéra Bastille. Il a célébré le 10e grands festivals internationaux. Antoine Curé anniversaire de l’Ensemble Remix Financé par le ministère de la Culture Jean-Jacques Gaudon avec un concert spécial à la Casa da et de la Communication, l’Ensemble Música de Porto en octobre 2010. intercontemporain reçoit également Trombone le soutien de la Ville de Paris. Pour ses Benny Sluchin Ensemble intercontemporain projets de création en 2010, l’Ensemble Créé par Pierre Boulez en 1976 avec intercontemporain bénéicie du soutien Tuba l’appui de Michel Guy (alors secrétaire de la Fondation d’entreprise Hermès. Arnaud Boukhitine d’État à la Culture) et la collaboration de Nicholas Snowman, l’Ensemble Percussions intercontemporain réunit 31 solistes Michel Cerutti partageant une même passion pour Gilles Durot la musique du XXe siècle à aujourd’hui. Constitués en groupe permanent, Piano ils participent aux missions de Hidéki Nagano 23 13/11 EIC.indd 23 05/11/10 17:19 Violons Jeanne-Marie Conquer Diégo Tosi Altos Odile Auboin Christophe Desjardins Violoncelle Pierre Strauch Contrebasse Frédéric Stochl Chef assistant Oliver Hagen Musiciens supplémentaires : Saxophones Vincent David Erwan Fagant Novachord Géraldine Dutroncy Banjo/guitare Christelle Séry Accordéon Anthony Millet Bandonéon Juanjo Mosalini Violoncelle Yska Benzakoun Concert enregistré par France Musique 24 13/11 EIC.indd 24 05/11/10 17:19 Et aussi… > CONCERTS DIMANCHE 10 AVRIL, 16H30 MERCREDI 5 JANVIER, 20H Deux musiciens dans la guerre Poème sans héros Benjamin Britten Suite n° 3 Hans Werner Henze Serenade Pascal Amoyel Œuvre nouvelle Henri Dutilleux Strophe sur le nom de Sacher Olivier Messiaen Quatuor pour la in du Temps Sonia Wieder-Atherton, violoncelle Elisabeth Leonskaja, piano Anna Akhmatova, voix Dans le cadre du Domaine privé Patti Smith, du 17 au 22 janvier à la Cité de la musique et à la Salle Pleyel. Emmanuelle Bertrand, violoncelle Carolin Widmann, violon Jérôme Ducros, piano Sharon Kam, clarinette Didier Sandre, récitant En écho à ce concert, nous vous proposons… > Sur le site Internet http://mediatheque.cite-musique.fr … de consulter dans les « Dossiers pédagogiques » : Le IIIe Reich et la musique dans les « Expositions du musée » … de regarder un extrait vidéo dans les « Concerts » : Anna Schygulla chante Brecht et Weill, enregistré en mars 2000 Les Américains – A Dream Ballad Spectacle musical, visuel et scénographique d’Hervé Tourgeron et Catherine Verheslst Concert-promenade au Musée Les musiciens de Brecht JUSQU’AU 16 JANVIER 2010 … d’écouter un extrait dans les « Concerts » : Kleine Dreigroschenmusik, Concerto pour violon et orchestre, Mahagonny Songspiel de Kurt Weill par l’Ensemble intercontemporain et Accentus par Axe 21, enregistré en novembre 2004 • Der Silbersee, ein Wintermärchen, Symphonie n° 2, Die sieben Todsünden de Kurt Weill par l’Orchestre Philharmonique de Radio France, enregistrés en octobre 2004 Ensemble Skênê Akié Kakéhi, mezzo-soprano Geofrey Carey, acteur Catherine Verhelst, piano et voix Yun Peng Zao, violon Naaman Sluchin, violon Franck Chevalier, alto Pierre Morlet, violoncelle Lénine, Staline et la musique Exposition temporaire au Musée de la musique (Les concerts sont accessibles dans leur intégralité à la Médiathèque de la Cité de la musique.) MARDI 18 JANVIER, 20H Patti Smith’s Reading JEUDI 24 FÉVIER, 20H > AUTOUR DES CONCERTS DIMANCHE 14 NOVEMBRE DE 14H30 À 17H30 > À la médiathèque > SALLE PLEYEL VENDREDI 12 NOVEMBRE, 20H Helmut Lachenmann Nun, pour lûte, trombone, orchestre et voix d’hommes Anton Bruckner Symphonie n° 3 « Wagner » … de lire : De Berlin à Broadway de Kurt Weill • Dialogues d’exilés, Fragments de Bertolt Brecht … d’écouter avec la partition : Das Berliner requiem, Vom Tod im Wald de Kurt Weill par l’Ensemble Musique Oblique, La Chapelle Royale, Philippe Herreweghe (direction) SWR Sinfonierorchester Baden-Baden und Freiburg Sylvain Cambreling, direction Imprimeur FOT | Imprimeur BAF | Licences no 1014849, 1013248, 1013252 Dmitri Chostakovitch Sonate pour violoncelle et piano op. 40 Sonate pour piano n 2 op. 61 Romances sur des textes de poètes japonais De la poésie populaire juive > La sélection de la Médiathèque Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Véronique Brindeau | Relectrice : Angèle Leroy | Maquette : Elza Gibus | Stagiaire : Camille Girard 13/11 EIC.indd 25 05/11/10 17:19