Discours du Président.rtf

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Discours du Président.rtf
Le discours du Président, Jeenarain Soobagrah, à l’occasion de l’Assemblée Générale 2016
‘‘Au nom de mes collègues Administrateurs et, en tant que Président du Mauritius Turf Club, j’ai le
plaisir et l’honneur de vous présenter le bilan de la saison 2015.
Avant d’aller plus loin, je vous invite à respecter une minute de silence en hommage à quatre de nos
membres, qui nous ont quittés en 2015, notamment P. Maurice Martin, Goinsamy Naidoo,
Jean Tennant et Gérard Lefébure.
Il n’est un secret pour personne que lorsque j’ai pris la barre, les conditions étaient difficiles, d’autant
que l’île Maurice entière était dans l’attente du Rapport de la Commission d’Enquête, sans oublier que
les autorités concernées n’avaient approuvé que 35 des 40 journées demandées par le MTC.
Nous avions dû revoir nos prévisions à la baisse, ce qui n’était pas facile dans la mesure où les tableaux
brossés çà et là ne plaidaient pas en notre faveur.
De ce fait, nombreux sont ceux qui étaient sceptiques et ne nous donnaient carrément aucune chance de
renverser la vapeur. Selon eux, nous étions voués à l’échec et la plupart était d’avis que le sport hippique
était condamné à une mort lente.
Nous aurions pu nous laisser gagner par le découragement. Mais, à aucun moment, le Board
d’Administration n’a douté et n’a baissé les bras. Chacun des Administrateurs ici présents, que je
remercie d’ailleurs, a pris ses responsabilités pour relever le défi, celui de remettre le sport hippique sur
les rails.
Dès ma première déclaration, après avoir été choisi à l’unanimité pour diriger le MTC, j’ai été franc et
direct. Il n’y avait pas dix mille solutions. J’ai choisi la voie la plus simple, celle de la transparence et de
l’intégrité. Mon message a été reçu cinq sur cinq par les turfistes, profanes et invétérés, que je remercie
du fond du cœur pour leur support durant toute cette saison 2015.
Petit à petit, les doutes ont commencé à se dissiper, la confiance est revenue graduellement, les turfistes
ont été plus nombreux au Champ de Mars, les sponsors, dont des nouveaux, se sont manifestés au fil des
semaines, la presse spécialisée a été moins critique que d’habitude, et l’opinion publique plus favorable
car les mesures prises à différents niveaux répondaient dans une large mesure à l’attente des autorités et
aux aspirations de la communauté des turfistes en général.
La première grande décision a été de reconstituer le Board des Commissaires de Courses et je dois, ici,
remercier le Chief Stipe M. Stéphane de Chalain et ses collègues MM. Alain Rousset, Samraj Mahadia,
Jacques de Comarmond, Pursooramrye Kalleechurn, Philippe Henry et Gaëtan Kishtoo pour l’excellent
travail effectué car, comme nous, ils ont travaillé sous pression et sous les regards d’un public
connaisseur. Certes, parfois, ils ont subi des critiques, — et c’est normal dans l’Etat démocratique où
nous vivons — mais en tant que président du MTC, je peux dire sans la moindre hésitation qu’ils ont
travaillé dans le droit fil fixé par le MTC, c’est-à-dire dans la transparence et l’intégrité.
Comme l’a fait, du reste, le management qui ne s’est épargné aucun effort pour soutenir le Board
d’Administration dans ses projets et ses démarches. Tout le monde savait qu’il nous fallait faire un effort
particulier, et tous ont mis la main à la pâte pour que nous puissions atteindre les objectifs fixés.
‘‘Budget revu’’
Durant ces dernières années, on a beaucoup parlé de finances et je ne vous apprendrai rien en vous
disant qu’avec la décision des autorités de diminuer le nombre de journées, nous avions dû retravailler
nos chiffres.
Initialement, notre budget s’élevait à Rs 328 millions pour 2015. Pour cela, nous comptions sur 40
journées, avec des weekends et des journées à neuf courses occasionnellement.
Nous comptions également sur 46 bookmakers opérationnels, le ‘Bet on Line’, le ‘Book System’ et les
revenus provenant de la publicité.
Au final, nous avions prévu de ‘break even’ car dans la conjoncture où nous étions, il était difficile de
prévoir un surplus.
Toutefois, nous avons été pris à contre-pied car au lieu des 40 journées prévues, nous n’avons eu
l’autorisation d’organiser que 35 de 8 courses chacune.
Dans la foulée, le nombre de bookmakers avait diminué drastiquement — de 46 en 2014 à 38 en 2015 —
car certains ont décidé de ne plus continuer, surtout après les nouvelles mesures annoncées dans le
discours budget.
Et pour corser le problème, «Bet On Line» et «Book System» ont cessé leurs opérations dès l’entame de
la saison.
Ajouté à cela, il y a eu des restrictions gouvernementales au niveau de la publicité, ce qui nous a
grandement affectés, surtout lors des dix premières journées où nous n’avions aucun sponsor. Nos
principaux partenaires, qui vivent essentiellement du ‘betting’ et cela grâce à notre produit, n’étaient
plus autorisés à contribuer à leur façon, à la promotion des courses.
Ainsi, la baisse après révision était conséquente, soit de l’ordre Rs 56 millions ! Face à une telle
situation, nous étions obligés d’employer les moyens forts, de fermer les robinets et de prendre des
décisions drastiques.
Je peux vous dire que ce n’est pas de gaîté de cœur que nous avons eu à renvoyer 70 ‘casual workers’
ainsi que 60 employés (staff, grooms et ‘general workers’).
Ce n’est pas de gaîté de cœur non plus que nous avons eu à revoir les dotations pour les courses de
groupe à la baisse.
Malgré toutes ces mesures correctives, voire impopulaires, nous avions prévu des pertes de l’ordre de Rs
25 millions.
Il fallait donc bosser dur pour trouver des solutions afin de limiter la casse. Notre approche a eu un effet
boule de neige dont nous, en tant que membres de l’une des plus vieilles institutions du pays, devrions
être fiers. Personnellement, je le suis, et je vous parle en connaissance de cause. Ces derniers temps, le
MTC n’a eu droit qu’à des éloges.
‘‘Le public, notre baromètre par excellence’’
Notre baromètre par excellence demeure l’assistance et, à cet effet, contrairement aux dernières années,
nous avons assisté à une hausse conséquente et vous l’avez constaté de visu lors de la «Air Mauritius
Maiden Cup» où la grande foule s’était massée au Champ de Mars. En effet, nous avions vendu toutes
nos cartes lors de cette journée et la tendance a été à la hausse lors des autres réunions importantes,
telles la Barbé Cup et la Coupe d’Or. Nous avons enregistré une progression de 38% au niveau de
l’assistance en 2015.
Dans la foulée, nous avons réussi à organiser la Journée Internationale et je dois, ici, rendre un
hommage particulier à mon collègue et ami M. Donald Payen, qui s’est donné corps et âme pour que le
MTC reste dans la tradition en offrant au public turfiste un rendez-vous international, certes ramené sur
une journée pour des raisons évidentes, mais digne de ce nom pour boucler notre calendrier 2015.
Les chiffres d’affaires ont également connu une hausse.
En 2014, nous avions fait Rs 343 millions pour 43 journées alors qu’en 2015 nous avons enregistré Rs
289 millions pour 35 journées.
Bref, une augmentation de Rs 300,000 par journée.
Aussi, je suis heureux de vous annoncer que contrairement à la grosse perte de Rs 25 millions que nous
avions prévue, notre déficit budgétaire s’élève à Rs 2,2 millions.
Nous avons réalisé un exploit et je suis encore plus heureux car j’estime sans vouloir faire de démagogie
que le MTC a gagné beaucoup plus que Rs 2,2 millions en terme de crédibilité lors de la saison 2015.
Au risque de me répéter, je dirai que notre motivation et notre détermination sont sincères et vont dans
l’intérêt même de notre club, du sport hippique et de l’industrie hippique toute entière.
Nous avons contesté avec raison et en toute légitimité deux points du Rapport de la Commission
d’Enquête où des allégations faites ont été prises pour des faits sans que le MTC ait eu la possibilité de
s’expliquer ou de les réfuter.
Il était de notre devoir de rétablir les faits car au Mauritius Turf Club, nous tenons tous à notre intégrité,
non seulement en tant que dirigeants, mais en tant qu’institution.
Nous n’avons pas hésité à prendre des décisions fermes au cours de l’année écoulée même si dans
certains cas, nous avons eu recours à la justice. S’il faut repasser par là, nous le referons car il est de
notre devoir de veiller à ce que notre intégrité et notre réputation ne soient pas souillées.
Maintenant que nous avons remis l’industrie hippique sur les rails, il s’agit de poursuivre dans cette voie
car nous avons encore un long chemin à parcourir, un chemin malheureusement parsemé d’embûches à
cause de la complexité même de cette industrie, étroitement liée au «betting» et où il y aura toujours des
tentatives malveillantes comme c’est le cas partout dans le monde.
‘‘2015 et l’avenir’’
Gouverner, c’est prévoir ! À la fin de la saison 2015, nous nous sommes réunis pour passer en revue la
situation en tenant en compte, dans la mesure du possible, les recommandations du Rapport de la
Commission d’Enquête.
Nous avons également prêté attention aux commentaires et aux recommandations de M. Steve Railton, du
«Hong Kong Jockey Club», que le MTC avait sollicité dans le but de "foster a reputable and healthy
racing industry" à Maurice.
Après que le Board des Administrateurs a approuvé les «Termes de Référence» du Comité de Bonne
Gouvernance et institué un Comité d’Audit et Risques, nous avons continuellement amélioré le contrôle
de nos finances. Dans ce contexte, nous avons embauché depuis décembre dernier un «Finance and
Administrative Manager» en la personne de M. Jérome Tuckmansing.
Bientôt, nous comptons recruter un «Integrity Officer» pour suivre l'exemple d’autres hippodromes de
renom, dont le «Hong Kong Jockey Club».
C’est pour vous dire que le mot ‘‘intégrité’’ a toute son importance pour nous. Cette valeur a été notre
cheval de bataille — tout particulièrement le mien — et il doit l’être pour toujours si nous voulons rendre
au sport hippique ses lettres de noblesse.
En 2015, nous avons eu de gros problèmes d’effectif et très souvent nous avons eu à faire des acrobaties
pour remplir nos programmes. Je tiens, ici, à remercier tous les entraîneurs et propriétaires qui nous ont
aidés afin d’offrir des courses compétitives au public.
Les principaux lauréats ont été récompensés lors de la soirée des Equidors, mais permettez-moi de
féliciter une nouvelle fois les Champions 2015, à savoir l’écurie Gujadhur; Kremlin Captain, cheval
champion 2015, entraîné par Ramapatee Gujadhur, et Derreck David, jockey de l’écurie Gilbert Rousset.
Devant la gravité de la situation et pour essayer de combler le manque d’effectif, le MTC, après mûre
réflexion, a décidé d’accorder deux nouvelles licences d’entraîneur, en espérant que les bénéficiaires
pourront apporter un plus à la compétition. Nous espérons que MM. Simon Jones et Shyam Hurchand
seront à la hauteur de la confiance placée en eux.
Notons par ailleurs que l’entraîneur Shailesh Ramdin a décidé de se retirer après avoir opéré pendant 15
ans.
‘‘Des relations dans le respect’’
Nous avons commencé de nouvelles négociations avec la «Mauritius Broadcasting Corporation», et nous
avons également exploré d’autres avenues pour la retransmission des courses avec d’autres partenaires.
Il est encore tôt pour vous en dire plus, mais sachez d’ores et déjà que nous veillerons à ce que les
intérêts du MTC et des courses priment.
Il nous faut certes du temps pour redresser complètement la barre, mais il faut surtout que nous unissions
nos forces car seuls nous n’irons pas loin.
Nous avons besoin de la collaboration et de l’aide, non seulement des acteurs et des promoteurs, mais
également des autorités.
Nous avons rencontré la «Gambling Regulatory Authority» de façon régulière avant, pendant et après la
saison 2015. Même si nous n’étions pas toujours sur la même longueur d’ondes, nous avons beaucoup
échangé et nous avons aussi fait des suggestions dont certaines ont été adoptées.
Cette collaboration est nécessaire car la promotion, le développement et le progrès du sport hippique ne
peuvent être uniquement l’affaire du MTC.
Le soutien et la compréhension de tous nos partenaires, y compris la Police des Jeux, sont indispensables
pour que notre produit soit plus crédible, plus attrayant et plus vendeur sur le plan international avec le
«commingling» et l’«internet betting», qui sont devenus incontournables surtout avec la place qu'a pris
l'Internet, en particulier auprès des jeunes.
Je précise qu'il existe déjà une bonne collaboration entre le MTC et ses partenaires privilégiés, mais il
faudrait que cette collaboration soit plus prononcée et mieux élaborée afin que le sport hippique et la
communauté des turfistes en tirent profit. Il faudrait que nos rencontres régulières évoluent d'une
manière structurée avec des objectifs précis dans le respect des uns et des autres.
En résumé, je dirai qu’il est impératif et primordial d’avoir une politique des courses bien établie — que
nous recherchons depuis très longtemps — pour que nous puissions franchir d’autres paliers tant au
niveau national qu’international.
Ces derniers temps, on a beaucoup entendu parler de la mise sur pied d’une Turf Authority, notamment
après la publication du rapport Parry et la venue à Maurice de MM.Gunn et Scotney que le MTC a
rencontré régulièrement.
La mise sur pied d’une telle instance prendra du temps, mais il faut nous préparer à cette évolution.
Celle-ci viendra changer le paysage même et le fonctionnement de l’industrie hippique.
Dès l’annonce de la mise sur pied de la Turf Authority, le MTC a fait des suggestions tout en promettant
son entière collaboration aux autorités car nous avons toujours été favorables à ce que l’Etat soit un
partenaire privilégié du sport hippique.
Sous mon mandat, la question d'un nouvel hippodrome a été posée et a fait débat. Le MTC a-t-il besoin
d’un nouvel hippodrome ou d’un nouveau Centre Equestre ? Ce sujet est toujours d’actualité car comme
je l’ai déjà dit, nous explorons toutes les possibilités pour que nous puissions léguer un héritage digne de
ce nom aux futures générations.
Nous avons signé en octobre dernier un MOU (Memoradum Of Understanding) avec Terra valable pour
six mois, sans pour autant nous engager de manière définitive. Nous restons ouverts sur ce sujet. Mais
peu importe le partenaire choisi, nous veillerons à ce que le MTC soit la locomotive de tout projet de ce
genre.
Pour conclure, je dirais que le ciel s’est définitivement éclairci et que nous pouvons nous attendre à des
jours meilleurs.
Déjà, je peux vous dire que nous aurons plus d’importations pour la saison 2016, nous aurons deux
journées additionnelles de la GRA par rapport à l’année dernière et, ‘last but not least’, je suis heureux
d’annoncer, après avoir travaillé nos chiffres, que nous serons en mesure d’augmenter les ‘stakesmoney’.
Au moment où Michel Halbwachs et moi-même achevons notre mandat, je tiens à remercier mes
collègues Administrateurs, l’exécutif, le personnel, les membres, les propriétaires et les turfistes pour leur
dévouement et leur soutien sans lesquels nous n’aurions pu accomplir ce que nous avons réalisé en 2015.
Le travail ne s’arrête pas là. Il continue.
Bonne saison 2016.’’