Sylvie Widar, qui confectionne des selles en cuir, vient d`ouvrir une
Transcription
Sylvie Widar, qui confectionne des selles en cuir, vient d`ouvrir une
La Montagne Auvergne > Cantal > Aurillac 19/07/14 Sylvie Widar, qui confectionne des selles en cuir, vient d’ouvrir une boutique à Aurillac Il faut plus de dix jours de travail à Sylvie Widar pour réaliser une selle en cuir. L’artisan confectionne aussi des petits articles de maroquinerie,notamment des ceintures. - photo christian stavel Sylvie Widar est en passe de réussir une belle reconversion professionnelle. Après avoir travaillé pendant vingt ans pour des organismes de crédit, cette Parisienne tombée amoureuse du Cantal s’est formée au métier de sellier-harnacheur. Une selle western, une cartouchière de chasseur et même un volant de Renault Gordini. Dans son atelier-boutique de la rue de la gare, à Aurillac, Sylvie Widar prépare ses premières commandes. Le point commun entre ces objets : le travail du cuir. Installée à Aurillac depuis le 1 er juillet, elle exerce un métier en voie de disparition : artisan sellier-harnacheur. Sylvie Widar est l'une des seules à perpétuer ce savoir-faire dans le Cantal, où les cavaliers et les éleveurs sont pourtant très nombreux, notamment pour les chevaux de trait. « Je fais du cousu main », insiste cette femme dynamique, originaire de région parisienne. Tombée amoureuse du Cantal après avoir passé des vacances au Lioran, elle s'est installée avec sa famille à Mourjou il y a cinq ans. Un métier qui exige force physique et minutie Sylvie Widar a suivi pendant dix mois une formation à l'Afpa de Decazeville, dans l'Aveyron. « Il n'y a que quelques formations en France pour les adultes », précise l'artisan, qui est diplômée depuis le mois de juin. Dans sa vie d'avant, elle a travaillé pendant vingt ans pour des organismes de crédit, à Paris puis à Bordeaux. Jusqu'au jour où elle a eu envie de tout changer. « J'ai toujours été cavalière. Je monte à cheval depuis que j'ai huit ans, confie-t-elle. Au moment où je préparais les diplômes en équitation, il fallait être capable de réparer son matériel quand on partait en randonnée. J'étais donc initiée au travail du cuir. » Parmi les dix-sept élèves formés avec elle à Decazeville, seuls cinq ont décroché leur diplôme et elle est la seule à avoir ouvert une boutique. « C'est dur physiquement, explique Sylvie Widar. On est souvent debout et il y a de nombreuses contraintes au niveau de la posture. » Le métier exige également beaucoup de persévérance et de minutie, notamment pour maîtriser les techniques de la couture à la main. Sylvie Widar s'est formée auprès de selliers renommés : Jocelyn Robin à l'Afpa de Decazeville et Pascal Thivolard lors d'un stage aux Haras d'Aurillac. Elle réalise désormais tous les articles en cuir nécessaires à l'équipement du cheval : selle, bride et bridon, rênes, croupière, protections, sacoches… Elle confectionne aussi des équipements pour les chasseurs (cartouchière, étui à couteau, laisse et collier pour les chiens) et de la petite maroquinerie (ceinture, bracelets). 3.200 € la selle Le produit fini est bien entendu beaucoup plus cher qu'un article acheté dans la grande distribution. Comptez 3.200 € et une dizaine de jours de travail pour une selle, que l'artisan adapte à la morphologie du cavalier et du cheval, et une centaine d'euros pour un licol. « Dans l'esprit des gens, l'équitation est un sport élitiste, déplore Sylvie Widar. Moi je ne pense pas. On peut s'arranger pour que ce soit accessible à tout le monde. C'est pour ça que je reste correcte au niveau des prix et que je ne facture pas en fonction du nombre d'heures de travail.» L'artisan est capable de faire du sur-mesure et de répondre à - presque - toutes les demandes. « J'ai eu l'autre jour un chasseur qui voulait une laisse de 1,80 mètre pour son chien. Il ne trouvait pas. Moi, je n'ai pas de limite ! Un fauconnier est aussi passé pour que je lui fabrique un chapeau et des gants, raconte-t-elle. Le client me dit ses envies. Je vois si c'est réalisable, puis on choisit le coloris du cuir, les dimensions dont il a besoin… » Les selles en cuir réalisées à la main ont l'avantage d'être réparables. « Si une pièce est abîmée, on peut démonter et en remettre une neuve. La couture à la main est beaucoup plus résistante : même si ça s'use d'un côté, ça ne se défera pas. » En plus de la création, Sylvie Widar propose un service de réparation et un espace dépôt-vente d'articles de sellerie. « La couture à la main est beaucoup plus résistante » Après seulement deux semaines d'ouverture, sa boutique a déjà une clientèle variée, qui va de l'éleveur de chevaux cherchant un licol, au dirigeant d'un cirque venu commander un fouet. « Je n'ai pas l'impression de venir travailler », confie Sylvie Widar, visiblement ravie de sa reconversion professionnelle. Pratique. L'atelier du sellier, 13 rue de la Gare à Aurillac. Tél. 06.59.36.62.82. Catherine Perrot [email protected]