Allocation d`actifs : avantages, limites et évaluation de l`allocation
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Allocation d`actifs : avantages, limites et évaluation de l`allocation
Allocation d’actifs : avantages, limites et évaluation de l’allocation tactique Recherche Vanguard Introduction. L’allocation d’actifs tactique (Tactical asset allocation ou TAA) est une stratégie dynamique qui ajuste de manière active l’allocation stratégique (Strategic asset allocation ou SAA) des actifs d’un portefeuille en fonction de prévisions de marché à court terme. Cette méthode d’allocation vise à exploiter de manière systématique les inefficiences ou déviations temporaires de la valeur d’équilibre de différentes classes ou sous-classes d’actifs. Le facteur déterminant du rendement total d’un portefeuille globalement diversifié dont les pratiques de market timing sont limitées est l’allocation stratégique cible à long terme. L’allocation tactique peut être créatrice de valeur ajoutée (ou non) si elle est conçue avec la rigueur nécessaire pour surmonter les facteurs de risque et obstacles de taille propres à cette stratégie. Nos résultats montrent que si certaines stratégies TAA ont contribué à accroître la valeur de portefeuille, elles n’ont pas toutes permis de générer des rendements excédentaires de façon constante. Ce constat soulève alors plusieurs questions importantes pour les investisseurs institutionnels : quels outils et processus doivent-ils mettre en place pour prendre des décisions optimales concernant les stratégies d’allocation tactique ? Quelles questions doivent-ils poser à un gérant potentiel ? Quels sont les éléments critiques d’un modèle efficace dès lors qu’ils choisissent de mettre en place une stratégie d’allocation tactique en interne. Cet article apporte des réponses à toutes ces questions. Réservé exclusivement aux Investisseurs professionnels, selon la définition de la Directive MiF ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse. Il ne peut être distribué au public. Le présent document est publié par The Vanguard Group Inc. Il a pour unique objectif de former et d’informer. Il ne constitue pas une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente de placements. Il convient de noter qu’il est rédigé d’une manière adaptée au contexte du marché américain et qu’il contient des données et des analyses spécifiques aux Etats-Unis. Juillet 2010 Auteurs Kimberly A. Stockton Anatoly Shtekhman, CFA De nombreux investisseurs institutionnels sont préoccupés par la baisse des rendements à attendre des actions, le principal actif de leurs portefeuilles, au cours de la décennie à venir. Dans ce contexte, ils sont nombreux à s’être interrogés sur le bien-fondé d’une allocation uniquement pensée en termes stratégiques et ont fait preuve d’un regain d’intérêt pour une approche tactique. L’allocation tactique (Tactical asset allocation ou TAA) est une stratégie dynamique qui ajuste de manière active l’allocation stratégique (Strategic asset allocation ou SAA) des actifs d’un portefeuille en fonction de prévisions de marché à court terme. Cette méthode d’allocation vise à exploiter de manière systématique les inefficiences ou déviations temporaires de la valeur d’équilibre de différentes classes ou sous-classes d’actifs. Bien que la mise en œuvre d’une stratégie d’allocation tactique soit souvent dépeinte comme simple à réussir, c’est en réalité un exercice complexe. Les résultats de nos travaux de recherche montrent que si certaines stratégies TAA ont été créatrices de valeur, elles n’ont dans l’ensemble pas produit de rendements excédentaires significatifs si l’on s’en tient aux moyennes statistiques. Il n’en reste pas moins que l’allocation tactique peut être la source d’une valeur ajoutée (ou non) dès lors qu’elle est conçue, appliquée et évaluée avec soin. Cet article présente les « bonnes pratiques » pour développer ou sélectionner une stratégie d’allocation tactique. De manière plus précise, nous analysons les différentes composantes d’un modèle solide, les mesures adéquates d’une évaluation quantitative et qualitative et les outils et processus nécessaires pour prendre des décisions optimales en matière d’allocation tactique. Juxtaposition des trois stratégies d’allocation : stratégique, tactique et active Les arguments en faveur d’une allocation stratégique L’allocation stratégique, également connue sous le nom de « policy asset allocation » est la mise en place d’une allocation cible à long terme concernant les principales classes d’actifs – actions, obligations et liquidités – sur la base de l’objectif d’investissement, de la tolérance au risque et de l’horizon de placement. Le facteur déterminant du rendement total d’un portefeuille globalement diversifié dont les pratiques de market timing sont limitées est l’allocation stratégique cible à long terme. Plusieurs études montrent une illustration empirique de la prédominance de l’allocation stratégique dans la génération du rendement total et la variabilité des rendements.1 Les arguments en faveur d’une allocation tactique L’allocation tactique vise à générer une valeur supplémentaire par rapport à l’allocation stratégique par la surpondération des classes ou sous-classes d’actifs qui devraient surperformer sur une base relative et la sous-représentation de celles qui affichent des prévisions de sous-performance. Dans un modèle d’allocation tactique, on utilise des variables financières et économiques (des « signaux ») pour anticiper la performance et allouer ainsi des pondérations relatives à court terme par classe d’actifs. Un modèle TAA classique intègre en général des actions, des obligations et des bons du Trésor américain, mais il peut également recouvrer des devises, des matières premières et d’autres produits d’investissement alternatifs. Le modèle peut se décliner jusqu’au niveau de sous-classes d’actifs pour comprendre des actions croissance (« growth ») ou rendement (« value »), des obligations d’entreprises et des valeurs du Trésor. Le modèle peut être mis en œuvre sur une base purement nationale ou à l’échelle globale. L’allocation tactique est une stratégie active qui se fonde sur l’exploitation Notes concernant les risques : Tout investissement comporte un risque. La performance passée ne garantit en rien les résultats futurs. La diversification ne garantit pas la génération de bénéfices et ne protège pas contre le risque de perte sur un marché en repli. Les placements en obligations sont exposés au risque de taux, de crédit et d’inflation. Les garanties par le gouvernement américain de bons du Trésor et autres obligations d’Etat ne s’appliquent qu’aux valeurs sous-jacentes et ne constituent pas une protection contre les variations de cours. 1 Pour une présentation plus détaillée de l’allocation stratégique, se reporter aux études de The Vanguard Group (2003) et de Tokat (2005). 2 Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. systématique du « bon timing ». Elle peut être exécutée tant via la sélection de valeurs qu’au travers de produits indiciels.2 Sur un plan économique, l’allocation tactique se fonde sur l’hypothèse selon laquelle les rendements relatifs des différentes classes d’actifs vont diverger de leur valeur d’équilibre à un moment ou à un autre, ouvrant une fenêtre d’opportunité de rendements excédentaires en s’appuyant sur des stratégies systématiques (généralement à contre-courant – « contrarian »). Une stratégie d’allocation tactique bien définie permettra de repérer un déséquilibre en orientant par exemple un portefeuille vers la souspondération d’un marché d’actions surévalué, générant ainsi une source de valeur ajoutée. Les stratégies d’allocation tactique s’écartent des techniques de sélection des titres à la fois en termes de risques et d’avantages. Il est important de bien comprendre ces différences avant de mettre en place une stratégie et de choisir un gérant. Sources de rendement La source de rendement d’une stratégie d’allocation tactique peut être illustrée par comparaison à d’autres stratégies. Les stratégies d’allocation tactique visent en effet à créer de la valeur en parvenant à anticiper les facteurs de risque systématique (ou risque de marché) et en surpondérant les classes d’actifs qui sont censées surperformer. Une stratégie indicielle (passive) tire aussi sa source de rendement de l’exploitation des facteurs de risque systématique. Toutefois, dans une gestion indicielle , les investisseurs sont tout simplement rétribués pour le risque de marché qu’ils assument, tel qu’il découle des variations de certains éléments comme les taux d’intérêt, l’évolution de la courbe des taux, des chocs spécifiquement liés à une entreprise ou un secteur ou encore des chocs d’inflation imprévus. En d’autres termes, les rendements passifs découlent du bêta tandis qu’avec l’allocation tactique on cherche à générer de l’alpha en pariant sur le risque systématique. De leur côté, les stratégies de sélection de titres visent, elles aussi, à produire de l’alpha mais en pariant sur le risque idiosyncratique ou spécifique à un émetteur donné, par opposition au risque systématique. Ces concepts sont repris dans le schéma 1. Schéma 1 Sources de rendement Risque systématique Bêta Alpha Risque idiosyncratique Gestion indicielle : rétribution du risque systématique assumé TAA : alpha issu de l’anticipation des facteurs de risque systématique Stratégie active : alpha issu de la sélection des titres Source : Vanguard, 2009 Stratégies d’allocation tactique par rapport à la sélection de titres L’anticipation du risque systématique comporte des risques et des avantages potentiels différents des stratégies de sélection de valeurs . Comprendre ces différences est essentiel pour réussir la mise en place d’une stratégie d’allocation tactique. La distinction principale se fait dans l’univers des opportunités possibles. En effet, contrairement aux stratégies actives basées sur la sélection de titres, le nombre d’actifs éligibles à des stratégies tactiques est limité. Les opportunités sont ainsi réduites par le nombre de classes ou sous-classes d’actifs qui peuvent être sur- ou sous-pondérées par les gérants. Par opposition, une stratégie active fondée sur la sélection de titres dispose de l’univers tout entier des entreprises présentes sur les marchés comme autant de sources potentielles de valeur. Une stratégie d’allocation tactique comporte généralement entre 3 et 20 actifs contre d’une centaine à plusieurs milliers pour une stratégie active de sélection des titres (Grinold et Kahn, 2000). Une autre différence de taille se situe dans le fait que le niveau de prévisibilité de chaque signal est généralement très faible à tel point qu’on peut se demander si de telles stratégies sont exploitables sur des périodes situées en dehors de l’échantillon. La combinaison de ces deux facteurs – mauvais indice de prévisibilité et nombre limité de paris possibles – font de l’allocation tactique un exercice particulièrement périlleux. 2 A titre d’exemple, un modèle TAA peut déterminer une surpondération de 10 % des marchés émergents. Cette allocation peut alors être mise en œuvre soit par l’intermédiaire d’une gestion indicielle, soit par la sélection de titres. Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. 3 D’un autre côté, les stratégies d’allocation tactique présentent deux atouts essentiels par rapport à la gestion active traditionnelle. Le premier avantage par rapport aux méthodes de sélection des titres est qu’une stratégie tactique peut, dans certains cas, être mise en place à moindres frais. Comme pour d’autres stratégies actives, la négociation de valeurs individuelles implique des coûts de transaction importants alors qu’entrer et sortir sur les grandes classes d’actifs peut être fait via des contrats à terme liquides sur indice, d’où des coûts de transaction très faibles. Soulignons que l’allocation tactique au niveau de sous-classes d’actifs ou encore de stratégies globales peut passer à côté d’un tel avantage parce que des contrats à terme liquides peuvent tout simplement ne pas être suffisamment disponibles sur les styles, les segments ou les marchés en question. L’autre avantage d’une stratégie tactique est qu’elle peut introduire une plus grande indépendance entre les paris. Contrairement aux effets de corrélation qui s’exercent entre les valeurs individuelles, les corrélations entre classes d’actifs sont limitées par définition, ce qui favorise des paris indépendants les uns des autres et réduit le risque que deux paris orchestrés sur une même stratégie s’annulent mutuellement. Là encore, précisons que l’allocation tactique au niveau des sous-classes d’actifs (entre styles ou segments obligataires) ne profite pas de cet avantage compte tenu de la corrélation élevée qui lie en général les sous-classes d’actifs. Une application concrète : évaluation d’une stratégie d’allocation tactique Bien que la mise en œuvre d’une stratégie d’allocation tactique soit souvent dépeinte comme simple à réussir, c’est en réalité un exercice très difficile. Comme nous l’avons déjà évoqué, le niveau de prévisibilité est faible et les fenêtres d’opportunités limitées. Par conséquent, les investisseurs doivent sélectionner les gérants comme les stratégies avec le plus grand soin. Ils doivent savoir décrypter les signaux d’une stratégie et les informations qu’ils nous livrent, notamment sur la façon dont un gérant va définir les surpondérations et sous-pondérations. Ils doivent également identifier les éléments capables d’inscrire la stratégie dans la durée. Il est important pour cela d’utiliser des critères de mesure des performances 4 qualitatifs et quantitatifs qui soient adaptés et d’identifier des stratégies à coûts réduits. Nous décrivons ci-dessous certaines « bonnes pratiques » dans la sélection ou le développement d’une stratégie d’allocation tactique. • Comprendre comment une prévision est formulée. Le succès d’une stratégie TAA dépend largement de l’efficacité du modèle construit. La première étape du développement global d’un modèle d’allocation tactique est l’anticipation de rendements excédentaires par la construction de modèles visant à anticiper la rentabilité de classes d’actifs sur la base d’un ensemble de variables ou signaux. La conduite de tests sur une période donnée permet de sonder la vigueur des signaux et la robustesse globale d’un modèle. Les modèles peuvent avoir des qualités de prévision variables selon les périodes. Il est donc souvent nécessaire d’utiliser des modèles de prévision multiples pour ajouter une valeur constante. Ces modèles doivent également être dynamiques, à savoir qu’ils doivent évoluer au fil des changements structurels ou autres facteurs affectant de manière permanente la puissance du signal. L’encadré de la page 5 résume les signaux d’allocation tactique communément utilisés, les raisonnements sur lesquels ils se fondent et les périodes de temps sur lesquelles ils doivent être une source de valeur ajoutée. Un bon modèle de prévision doit inclure une multitude de signaux révélateurs sur le plan économique et s’appuyer sur un processus de recherche vérifiable, fondé sur une méthode raisonnable d’identification des signaux pertinents : —Des signaux révélateurs sur le plan économique. Ce sont ceux qui fournissent une démonstration à la fois rationnelle et intuitive de leur pouvoir prévisionnel attendu. Par exemple, la notion de spread, en tant qu’indicateur du cycle économique, est intuitive et rationnelle. De manière typique, la courbe des taux suit une orientation positive, à savoir que les taux d’intérêt à long terme sont supérieurs aux taux courts. Compte tenu de la structure des taux d’intérêt en fonction des échéances, une courbe de rendement à l’orientation positive correspond à la rétribution du risque supérieur supporté en investissant Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. Savoir décrypter les signaux les plus courants de l’allocation tactique Les investisseurs doivent comprendre les raisonnements sur lesquels reposent les signaux les plus répandus de l’allocation tactique et les périodes de temps sur lesquelles ils doivent permettre de créer de la valeur de manière à pouvoir juger des compétences d’un gérant et de se sentir à l’aise avec les types de paris effectués au sein de leur portefeuille. —Les signaux du « modèle de la Fed » : impliquent un modèle qui compare le rendement des bénéfices (l’inverse du ratio cours/bénéfices [PER]) aux rendements obligataires nominaux afin d’établir l’attrait relatif des actions par rapport aux obligations. L’idée sous-jacente est que les actions et les obligations se font concurrence pour les mêmes dollars à investir et que la classe d’actifs la plus rentable doit donc être surpondérée dans le portefeuille. Clifford Asness (2003) a pointé en détail plusieurs inconvénients dans cette démarche. —Les signaux macroéconomiques / liés au cycle économique : tentent de trouver des sources de valeur dans l’anticipation des variations des primes de risque de marché et des résultats des entreprises en fonction du cycle économique. Parmi les signaux les plus utilisés dans cette catégorie, citons le spread de maturité (l’écart de rendement entre les obligations à longues et courtes échéances), le spread de crédit (l’écart de rendement entre des obligations d’entreprises à notations élevées et notations inférieures), « l’inflation imprévue » et la production industrielle. Les variables liées au cycle économique sont généralement mises en oeuvre sur des horizons de temps intermédiaires. Une autre approche consiste à utiliser des méthodes d’évaluation des cash-flows topdown ou bottom-up (Damodaran, 2002). Un exemple de méthode bottom-up consisterait à utiliser le modèle d’actualisation des dividendes pour retraiter de manière inversée le taux de rendement nécessaire sur la base des cours de marché et des projections de taux de croissance des dividendes. Les signaux liés à une évaluation fondamentale sont généralement mis en oeuvre sur des horizons de temps intermédiaires. —Les signaux de momentum : visent à créer de la valeur en suivant le momentum à court terme sur les marchés. Les signaux typiques incluent des indicateurs techniques (« chartistes »), la croissance des bénéfices et des variations dans les volumes négociés. Les signaux de momentum peuvent être aux antipodes des signaux fondamentaux ou économiques, comme au moment de la bulle des valeurs technologiques à la fin des années 1990. Toutefois, lorsqu’ils sont efficacement combinés aux signaux fondamentaux ou économiques, ils peuvent apporter des stratégies complémentaires. —Les signaux de confiance : visent à ajouter de la valeur en déployant une stratégie à contrecourant (« contrarian ») qui cherche à identifier des niveaux de confiance extrêmes, chez les consommateurs par exemple ou au travers des niveaux de marge chez les courtiers (taux d’emprunt), pour repérer les déviations par rapport aux rendements d’équilibre. Les signaux de confiance sont généralement mis en oeuvre sur des horizons de temps intermédiaires. —Les signaux associés aux fondamentaux : impliquent de recourir à des mesures fondamentales de la valeur d’une entreprise, telles que le rendement de l’action, les ratios valeur comptable/valeur de marché et cours/ bénéfices pour établir la valeur relative du titre. Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. 5 sur des obligations à plus longue échéance et de l’incertitude concernant l’inflation (et donc l’évolution des taux d’intérêt) dans le futur. Les prévisions des investisseurs sur l’environnement économique à venir ont un impact sur le montant de la rétribution de ce risque et, par voie de conséquence, sur la forme de la courbe des taux. Les primes de risque de marché et les flux de trésorerie des entreprises étant liés à l’environnement économique futur et au cycle économique, une stratégie d’allocation tactique peut sortir gagnante en suivant systématiquement un indicateur échéances-spreads. —Pas de « data mining » (exploration abusive des données). Le gérant devrait être parallèlement à même de confirmer qu’il ne sur-exploite pas les données à sa disposition, ce processus de « data mining » qui consiste à faire évoluer le modèle en fonction de signaux jusqu’à atteindre le résultat souhaité et ne présenter ces résultats que pour la période test. S’il peut produire des résultats impressionnants, le « data mining », fait courir le risque que le modèle ne fonctionne pas dans les conditions réelles . Des tests en dehors de l’échantillon, sur d’autres périodes ou pays par exemple, peuvent contribuer à confirmer que l’efficacité de la stratégie n’est pas le résultat simple d’une adaptation du modèle pour justifier les résultats d’une période passée (celle de l’échantillon). . —Un processus décisionnel rationnel. Pour finir, à l’instar des signaux en eux-mêmes, le processus décisionnel ainsi que les fondements du raisonnement visant à déterminer les signaux qui seront intégrés dans la stratégie et comment ils seront associés doit être le fruit d’un raisonnement économique solide. Prenons le cas d’une prévision fondée sur un R² élevé comme base d’un signal prévisionnel à intégrer ou non. Malgré un R² élevé, une analyse économique peut contreindiquer l’utilisation du signal. Un exemple simple de ce raisonnement est « l’effet Super Bowl » qui table sur la hausse de la valeur de l’indice S&P 500 si une vieille équipe de la NFL (National Football League) remporte le Super Bowl et au contraire sur une baisse de l’indice si c’est une vieille équipe de l’AFL (American Football League) qui gagne ce championnat (exemple inspiré de Clifford Asness [1996]). La force démonstrative selon l’équipe gagnante 6 peut être très forte, mais bien évidemment il n’existe pas de fondement rationnel derrière une relation prévisionnelle entre le football américain et le rendement des actions. Un bon modèle s’appuiera sur une méthode de validation du bien-fondé économique du processus de sélection et de test. La méthode bayésienne en est un exemple. Les calculs de probabilité inspirés de cette méthode impliquent des hypothèses basées sur la théorie économique ou l’intuition, conjuguées avec les informations tirées des données à disposition (Campbell et Thompson, 2005). Par rapport au modèle, l’approche pourrait consister à partir de l’hypothèse selon laquelle la prime de risque future sur les actions est liée de manière positive au rendement de l’action par exemple. Le modèle prévisionnel serait ainsi contraint d’éliminer tout résultat indiquant une relation négative entre le taux de rendement de l’action et la prime de risque sur les actions. Une telle approche apporte un angle rationnel qualitatif au processus de mesure statistique en cela qu’il permet d’ignorer les résultats qui sont en conflit ouvert avec l’intuition économique. • Comprendre comment les surpondérations et sous-expositions sont établies et contrôlées. Le processus d’optimisation des pondérations d’actifs est un autre facteur d’évaluation. Tout d’abord, les surexpositions ou sous-pondérations devraient être proportionnelles à la puissance combinée des signaux d’information du modèle. Si une stratégie recommande une large surpondération d’une classe d’actifs en particulier, le gérant devrait être à même de démontrer le pouvoir prévisionnel du modèle à cet égard. Les investisseurs devraient éviter un gérant qui se livre à de gros paris sur la base de signaux faibles. Ensuite, les sur- ou sous-pondérations doivent être faites dans la limite des contraintes définies par rapport à la déviation. Ces contraintes peuvent se baser sur des règles décisionnelles ad hoc. Par exemple, il pourrait être établi que si la prime de risque projetée sur les actions est supérieure à 10 %, un gérant devrait alors surpondérer les actions de 15 %. Si une méthode d’optimisation est utilisée pour fixer les pondérations par classe d’actifs, les contraintes peuvent être mises en œuvre via des modèles qui « maîtrisent » l’optimiseur. Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. Schéma 2 Primes mensuelles sur actions (rendement des actions – rendement des valeurs du Trésor) et volatilité glissante 15% 10 5 0 -5 -10 -15 Octobre 2008 Août 1998 -20 -25 Octobre 1987 -30 1980 1984 Primes sur actions 1988 1992 1996 2000 2004 2008 Volatilité glissante sur 36 mois de la prime sur actions Notes : les actions sont représentées par le MSCI US Broad Market Index ; les obligations sont représentées par le Barclays Capital U.S. Treasury Index. Source : calculs Vanguard sur base des données de Thomson Reuters Datastream et Barclays Capital Live.com Les approches traditionnelles de la gestion moderne de portefeuille (« mean-variance »)sont très sensibles aux prévisions de rendement et se traduisent souvent par des pondérations très marquées de classes d’actifs données. Le modèle Black-Litterman (Black et Litterman, 1992) illustre un exemple de modèle qui permet de corriger ces résultats extrêmes. Le modèle fonctionne à partir des rendements d’équilibre anticipés et s’en écarte sur la base de la volatilité et des 0.15 corrélations de chaque classe d’actifs, ainsi que du 0.10degré de confiance dans chaque modèle de prévision. Les résultats de ce modèle tendent à 0.05 être moins extrêmes que les approches 0.00 traditionnelles de rendement-risque (« mean-0.05 variance »). -0.10 • Prendre en compte le caractère durable de la -0.15 valeur créée. Savoir évaluer la performance pour -0.20 établir en quoi la stratégie est durable et comparer -0.25 la rétrosimulation de la performance avec les -0.30 données réelles. Les vérifications suivantes contribuent à ces objectifs : —Examen de l’allocation historique des actifs par 0.15 le gérant par rapport à l’indice de référence. Ce 0.10 est essentiel en vue d’établir si les travail rendements excédentaires du modèle sont 0.05 simplement le résultat d’une orientation 0.00 favorable à la classe d’actifs la plus rentable sur -0.05 un plan historique, via la surpondération des -0.10 actions par exemple, ou alors d’un réel pouvoir -0.15 prévisionnel (Lee, 1998). Les allocations historiques du gérant ne devraient pas être très différentes des allocations de l’indice sur des périodes longues. L’allocation tactique implique des surpondérations ou des sous-expositions à courte échéance pour pouvoir s’emparer des écarts de cours. Une surpondération à plus long terme des actions produirait ainsi probablement un rendement excédentaire par rapport à l’indice mais qui serait simplement équivalent à la prime de risque sur les actions. —Examen des événements importants. Il est important d’analyser les résultats des tests d’un modèle pendant des périodes marquées par des événements importants, notamment ceux causés par de fortes divergences entre les rendements des classes d’actifs, tels l’écroulement du marché actions américain en octobre 1987 ou en 2008 ou encore la crise de la dette russe en août 1998. Si les rendements des actions et des obligations sont très proches, l’avantage relatif de la surpondération de l’une ou l’autre classe est relativement limité. A l’inverse, si leurs rendements divergent, les chances de paris fructueux augmentent tout comme les risques de pertes bien entendu. Comme illustré dans le schéma 2, peu d’événements dans l’histoire des marchés ont provoqué de fortes divergences des rendements. Pourtant, ils ont toujours mis en exergue le succès ou la faillite d’une stratégie. -0.20 Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon -0.25 la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. -0.30 7 Schéma 3 Rendements excédentaires annualisés de l’allocation tactique de 1975 à 1984 (moyenne mobile sur 12 mois) Rendements excédentaires annualisés (allocation tactique-indice) 15% 10 5 0 -5 -10 -15 -20 -25 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 Indice de référence : 60 % actions représentées par le MSCI US Broad Market Index et 40 % obligations représentées par le Barclays Capital U.S. Treasury Lond Index (1975) et le Barclays Capital Aggregate Bond Index (de 1976 à 1984) Note : la prévision a été générée à partir des valeurs différées sur un mois des spreads de maturité et de crédit, l'inflation, le pourcentage de variation du cours de l'or et les rendements des actions. Source : calculs Vanguard sur base des données de Thomson Reuters Datastream, la base de données FRED de Federal Reserve Bank of Saint Louis et Barclays Capital Live.com. Echantillon 1975-1984 Stratégie allocation tactique Rendement moyen mensuel Ecart-type (volatilité) mensuel Indice 60/40 % 1,01 % 3,81 Dès lors que la volatilité de la prime de risque sur les actions est élevée, les opportunités d’accroître (ou réduire) la valeur augmentent, ce qui peut se traduire par des rendements accrus (ou diminués) (Arnott et Miller, 1997 ; Lee, 1998). —Etudier les résultats d’un modèle sur des périodes différentes. Examiner les résultats d’un modèle sur de nombreuses périodes distinctes peut permettre de révéler sa robustesse ( le modèle a-t-il de bonnes chances de durer dans le temps ou non ?). La rétro-analyse d’un gérant peut laisser apparaître 0.15 rendements excédentaires mais qui des peuvent être le fruit d’une exploitation abusive 0.10 des données, à savoir enchaîner les tests les 0.05 uns derrière les autres jusqu’à ce qu’ils fassent émerger les résultats escomptés du modèle. 0.00 Les résultats observés en dehors de -0.05 0,94 % 3,04 Echantillon 1975-1984 Rendement excédentaire mensuel moyen 0,07 % l’échantillon qui ne sont pas présentés par le gérant mettent au grand jour toute dégradation du signal. Celui-ci peut s’affaiblir avec le temps. Par ailleurs, il n’est pas rare qu’un signal produise des rendements excédentaires au cours d’une période donnée mais pas d’une autre. A titre d’exemple, le schéma 3 montre les rendements excédentaires mensuels d’une stratégie fondée sur des valeurs différées sur un mois des variables macroéconomiques/de cycle suivantes : spreads de maturité et de crédit, inflation, pourcentage de variation du cours de l’or et rendements des actions3. Au cours de la période de test (correspondant à l’échantillon) de 1975 à 1984, la stratégie a généré un rendement excédentaire mensuel moyen, ou un alpha, de 7 points de base, traduisant là une bonne tenue dans le temps -0.10 -0.15 3 Nous avons d’abord créé un modèle de régression séquentiel fondé sur les signaux économiques standard qui caractérisaient le mieux les rendements -0.20 des actions sur la fenêtre glissante précédente de 60 mois. Sur la base de ce modèle, nous avons établi des prévisions des rendements des historiques actions attendus pour le mois suivant et avons calculé la prime de risque anticipée sur les actions qui correspond au rendement des actions moins le -0.25 rendement des obligations du Trésor à 10 ans. Le portefeuille avait des surpondérations ou sous-expositions, par rapport à un indice 60 % actions/ 40 % obligations, fondées sur des règles de décision ad hoc qui s’appuient sur l’erreur standard de la prime de risque historique sur les actions entre 1926 et 1969. Nous avons ensuite avancé le processus d’un mois avant de répéter l’analyse de régression, les prévisions et la réallocation du portefeuille. 8 Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. Schéma 4 Rendements excédentaires annualisés de l’allocation tactique de 1985 à 2004 (moyenne mobile sur 12 mois) Rendements excédentaires annualisés (allocation tactique-indice) 30% 20 10 0 -10 -20 -30 -40 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Indice de référence : 60 % MSCI US Broad Market Index et 40 % Barclays Capital Aggregate Bond Index Note : la prévision a été générée à partir des valeurs différées sur un mois des spreads de maturité et de crédit, l'inflation, le pourcentage de variation du cours de l'or et les rendements des actions. Source : calculs Vanguard sur base des données de Thomson Reuters Datastream, la base de données FRED de Federal Reserve Bank of Saint Louis et Barclays Capital Live.com. Hors échantillon de 1985 à 2004 Stratégie allocation tactique Rendement moyen mensuel Ecart-type (volatilité) mensuel Indice 60/40 % 0,99 % 3,67 de la rentabilité du modèle par rapport à un portefeuille statique reproduisant une approche d’allocation stratégique. Malgré tout, le succès de la performance historique de cette stratégie ne s’est pas maintenu sur toutes les périodes qui ont suivi. Le schéma 4 montre qu’elle a dévié d’une moyenne de 19 points de base par rapport à la performance de l’indice de 1985 à 1994 alors qu’elle a ajouté 31 points de base entre 1995 et 2004. De la même façon, le schéma 5 de la page 10 affiche des rendements excédentaires positifs pour la période 2005/2009 avec un passage à vide lors de la survenance de l’événement important de cette période, à savoir 0.3 l’effondrement du marché en 2008. Il est important de comprendre pourquoi la valeur 0.2 ajoutée de la stratégie ne s’est pas répétée de façon 0.1 homogène dans le temps. Les 0,93 % 2,83 Hors échantillon Rendement excédentaire mensuel moyen 1985-1994 1995-2004 1985-2004 -0,19 % 0,31 % 0,06 % changements dans l’environnement macroéconomique, l’affaiblissement du signal ou tout simplement la malchance sont autant de pistes possibles à explorer. Une stratégie solide devrait permettre de dégager des rendements excédentaires importants, qu’elle soit appliquée pendant des périodes correspondantes à l’échantillon ou en dehors de celles-ci. Un dernier outil de mesure visant à évaluer les stratégies d’allocation tactique sur des périodes variées est le rendement ajusté en fonction du risque. Les stratégies d’allocation tactique peuvent fournir des rendements excédentaires qui s’accompagnent d’une hausse disproportionnée de la volatilité. Nos résultats montrent que les ratios de Sharpe4 de cette stratégie ont également varié sur la période par rapport à l’indice. Par exemple, entre 1985 0.0 -0.1 -0.2 -0.3 4 Le ratio Sharpe est calculé sur la base de la soustraction du taux sans risque du taux de rendement d’un portefeuille et par la division du résultat par la -0.4 l’écart-type (également minorée du taux sans risque) des rendements du portefeuille. Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. 9 Schéma 5 Rendements excédentaires annualisés de l’allocation tactique de 2005 à 2009 (moyenne mobile sur 12 mois) Rendements excédentaires annualisés (allocation tactique-indice) 40% 30 20 10 0 -10 -20 2005 2006 2007 2008 2009 Indice de référence : 60 % MSCI US Broad Market Index et 40 % Barclays Capital Aggregate Bond Index Note : la prévision a été générée à partir des valeurs différées sur un mois des spreads de maturité et de crédit, l'inflation, le pourcentage de variation du cours de l'or et les rendements des actions. Source : calculs Vanguard sur base des données de Thomson Reuters Datastream, la base de données FRED de Federal Reserve Bank of Saint Louis et Barclays Capital Live.com. Hors échantillon de 2005 à 2009 Stratégie allocation tactique Rendement moyen mensuel Ecart-type (volatilité) mensuel Hors échantillon 2005 à 2009 Indice 60/40 % 0,66 % 3,18 et1994, le ratio de Sharpe de la stratégie a été de 0,23 contre 0,58 pour l’indice. A l’opposé, de 1995 à 2004, ce même ratio s’est établi à 0,79 contre 0,64 pour l’indice. Pourtant, considérés sur l’ensemble de la période, les ratios de Sharpe de la stratégie comme de l’indice ont été quasiment identiques. —Examiner les résultats d’un modèle à moyen terme. Pour finir, il est important d’examiner les résultats d’un modèle sur la bonne période de temps. Une prévisibilité à court terme exige des signaux très précis. Il y a tout simplement trop de variabilité des rendements à court terme pour en tirer un schéma permettant de définir quelle classe d’actifs surpondérer. On ne peut 0.4 pas attendre des stratégies d’allocation tactique qu’elles fonctionnent d’un jour ou même 0.3d’un mois à l’autre. A moyen terme (peut-être des périodes de trois ans), il y a plus 0.2 de chances qu’un profil ou un cycle lié à des Rendement excédentaire mensuel moyen 0,23 % 2,92 0,43 % variables économiques, de momentum ou à un changement dans les niveaux de confiance des investisseurs puisse être glané et exploité. • Utiliser des critères adéquats, aussi bien quantitatifs que qualitatifs, de mesure des performances. Comme pour toute stratégie, il est utile d’associer des critères de mesure qualitatifs et quantitatifs dans l’évaluation de la performance d’une stratégie d’allocation tactique. Concernant les mesures quantitatives, les deux indicateurs qui méritent le plus d’attention sont le ratio d’information5 historique et la « statistique T » associée au rendement historique moyen. Un ratio d’information historique calculé sur cinq ans ou plus peut fournir une indication du couple rendement-risque que la stratégie a offert et pourrait continuer d’offrir si les relations historiques perdurent. La « statistique T » mesure la cohérence du rendement excédentaire historique moyen. Une « statistique T » 0.1 0.0 -0.1 -0.2 5 Le ratio d’information est le ratio de l’alpha sur la tracking error, donc l’écart-type de l’alpha. 10 Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. supérieure à 2 indique que le rendement excédentaire historique moyen a été et continuera probablement d’être très homogène, sûrement du fait du niveau de compétence du gérant et du caractère durable de la stratégie, si les relations historiques se maintiennent (cf. encadré page 12). Sur le plan des critères qualitatifs, nous pensons que les investisseurs devraient évaluer tout gérant à l’aune de quatre principes : les équipes, leur philosophie, leurs process et leurs performances. Ainsi faut-il se demander : —Quelles performance ont dégagé toutes les stratégies ou tous les fonds du gérant, et pas uniquement ceux présentés ? —Qui est en charge du travail ? Depuis quand l’équipe fonctionne-t-elle ? —Quelle approche d’investissement développe le gérant ? Est-elle facilement appréhendable ? —Depuis quand la stratégie est-elle déployée ? A-t-elle au moins un historique de trois ans ? Les critères quantitatifs permettent de distinguer les compétences de la chance dans la performance historique d’un gérant tactique tandis que les critères qualitatifs décrits ci-dessus contribuent à établir la probabilité de persistance des relations historiques dans le futur. A titre d’exemple, le ratio d’information relatif à toutes les stratégies du gérant donnerait une meilleure vision de ses compétences que celui concernant la ou les stratégies actuellement proposées. De la même façon, les données touchant la constitution et la composition de l’équipe produisant un ratio d’information particulièrement élevé sont importantes pour établir si ce ratio a de bonnes chances d’être reproduit. • Prise en compte des coûts. Comme pour tout investissement, les frais impactent les rendements et doivent donc être mesurés. Plus les coûts de mise en œuvre et de gestion des investissements d’une stratégie d’allocation tactique sont élevés plus son seuil de réussite sera haut. Schéma 6 Le taux de rotation du portefeuille varie dans le temps Rotation d’une stratégie d’allocation tactique Période Rotation Janvier 1975-Décembre 1984 Rendement excédentaire 22 % 0,07 % Janvier 1985-Decembre 1994 16 % -0,19 % Janvier 1995-Decembre 2004 22 % 0,31 % Janvier 2005-Decembre 2009 29 % 0,43 % Source : calculs Vanguard sur base des données de Thomson Reuters Datastream, la base de données FRED de Federal Reserve Bank of Saint Louis et Barclays Capital Live.com Les coûts sont impactés par le phénomène de rotation au sein du portefeuille qui peut être important dans le cadre de stratégies d’allocation tactique. Le schéma 6 illustre les résultats de la rotation pour la stratégie macroéconomique/ de cycle évoquée plus haut lors de différentes périodes. Le schéma montre que la rotation, comme la puissance des signaux, varie dans le temps et n’est pas nécessairement corrélée à des rendements excédentaires. La question en exergue consiste à savoir si les rendements excédentaires couvrent le frais liés à un taux de rotation supérieur. Nous avons estimé le coût d’équilibre pour l’hypothèse de stratégie macroéconomique/ de cycle décrite auparavant. Le coût d’équilibre correspond au coût de négociation estimé à partir duquel le rendement excédentaire sera éliminé. Comme illustré dans le schéma 7 page 13, compte tenu de la rotation de la stratégie entre 1975 et 1984, le coût d’équilibre annuel est de 0,7 %. Tout coût de négociation supérieur à ce seuil au cours de la période éliminera non seulement les rendements excédentaires, mais générera également des pertes par rapport à l’indice de référence. Les stratégies d’allocation tactique sont souvent appliquées via des contrats à terme liquides, ce qui peut constituer un avantage par rapport aux stratégies de sélection des titres en cela que les coûts de transactions des contrats à terme sur des marchés liquides sont généralement inférieurs à ceux afférents à la négociation Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. 11 Zoom sur les critères quantitatifs de mesure de performance Il est essentiel d’associer l’utilisation de critères qualitatifs à des mesures quantitatives d’évaluation de la performance dans les processus de gestion. Ces outils contribuent à distinguer les compétences de la chance dans la performance historique enregistrée (Molitor, 2004). Parmi les mesures quantitatives les plus communément employées, citons :6 • L’alpha moyen (moyenne géométrique). Il s’agit de la différence entre le rendement moyen (moyenne géométrique) de la stratégie et le rendement moyen (moyenne géométrique) de l’indice de référence. C’est une mesure standard du rendement historique réel des investissements par le CFA Institute qui tient compte des effets de composition des rendements dans le temps. L’alpha moyen (moyenne arithmétique) et la « statistique T » associée. Si l’alpha moyen (moyenne géométrique) est une meilleure mesure de l’expérience historique, l’alpha moyen (moyenne arithmétique) est une mesure plus efficace de ce que peut attendre un investisseur au cours d’une période donnée. La cohérence de cette prévision de rendement périodique peut être testée à partir d’une mesure appelée la « statistique T »7. Une « statistique T » supérieure à 2 indique que l’alpha historique est très homogène. Une constance supérieure de l’alpha est généralement perçue comme une indication de la compétence du gérant et du caractère durable de la stratégie en cas de persistance des relations historiques. • Ratio d’information. C’est le ratio de l’alpha sur la tracking error ou encore l’écart-type de l’alpha. On l’utilise comme une indication de l’équilibre rendement- risque que la stratégie a proposé et devrait dégager. Il est important de noter que les ratios d’information historiques prédisent rarement les niveaux à venir des mêmes ratios (Molitor, 2004). Bien que les moyennes mensuelles de l’alpha et de la tracking error soient typiquement annualisées pour générer un ratio d’information annualisé, l’utilisation standard du facteur d’échelle tend à être faussée pour les stratégies d’allocation tactique. Certains signes montrent en effet que la plupart des alphas des stratégies d’allocation tactique connaissent une corrélation temporelle (« serial-correlation »)et qu’un facteur d’échelle standard sous-estime la tracking error et surestime le ratio d’information (Lee, 2000). Les ratios d’information mensuels sont de meilleurs indicateurs du profil rendementrisque historique d’une stratégie donnée. • Taux de réussite (« hit ratio »). C’est le nombre proportionnel de fois où le gérant a apporté de la valeur. On le calcule par le nombre de périodes affichant un alpha positif divisé par le nombre total de périodes. L’ampleur des gains ou des pertes n’est pas prise en compte, ce qui n’en fait pas une mesure idéale. • Asymétrie. James D. MacBeth et David C. Emanuel (1993) ont suggéré que les gérants tactiques produisent des rendements plus asymétriques que le rendement de l’indice. Une distribution des rendements asymétriques se traduira par un nombre important de résultats juste en deçà du rendement moyen et plusieurs résultats au dessus. Dans la mesure où des investisseurs préfèrent l’opportunité de larges gains, une asymétrie de la stratégie peut être souhaitable même si le portefeuille d’allocation tactique a le même rendement moyen et la même volatilité que le portefeuille de l’indice. 6 Si le comité a accès aux prévisions de rendements sous-jacents, les deux tests suivants peuvent également être conduits : la mesure de la capacité de market-timing, par Hendriksson-Merton, qui évalue la probabilité de la juste anticipation de la surperformance d’une classe d’actifs par rapport à une autre (Weigel, 1991 ; Philips et al., 1996). L’inconvénient principal du test Hendriksson-Merton est qu’il évalue uniquement le signal et non pas l’ampleur de la surperformance et qu’il nécessite au moins 100 observations mensuelles pour avoir suffisamment de sens afin de pouvoir rejeter l’hypothèse nulle d’une absence de compétence en matière de market-timing. Le test de Cumby-Modest affine le test Hendriksson-Merton en tenant compte de l’importance de la surperformance, mais par contre il ne mesure pas de façon explicite la variabilité des rendements (Lee, 2000). 7 Cette statistique est utilisée pour tester l’hypothèse selon laquelle l’alpha moyen est différent de zéro dès lors que la variable à expliquer suit une distribution normale ou que la taille de l’échantillon est importante, selon le Théorème central limte. C’est le rendement moyen (moyenne arithmétique) divisé par l’erreur standard de la moyenne arithmétique. L’erreur standard correspond à la volatilité divisée par la racine carrée du nombre d’observations moins 1. 12 Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. Schéma 7 Coût d’équilibre estimé Période Coût d’équilibre (sur la base d’un portefeuille 100 % négocié) Taux de rotation Coût d’équilibre (annuel) Janvier 1975- Décembre 1984 0,3 % 22 % 0,7 % Janvier 1985-Decembre 1994 SO 16 % SO Janvier 1995-Decembre 2004 1,3 % 22 % 3,3 % Janvier 2005-Decembre 2009 1,4 % 29 % 4,7 % Période complète 0,4 % 22 % 1,1 % Source : calculs Vanguard sur base des données de Thomson Reuters Datastream, la base de données FRED de Federal Reserve Bank of Saint Louis et Barclays Capital Live.com. individuelle de titres. Toutefois, la négociation de contrats à terme dans le cadre de stratégies d’allocation tactique requiert une expertise soucieuse de rentabilité, en particulier pour les stratégies globales. Par exemple, pour maintenir la position de référence, les ratios de couverture doivent faire l’objet d’un calcul précis. Pour les actions, c’est le processus de mesure de la sensibilité des variations de l’indice des contrats à terme par rapport aux changements dans l’indice de référence qu’il faut suivre de près. Pour les titres obligataires, le processus est encore plus complexe. En outre, les stratégies d’allocation tactique globale et d’allocation tactique de sousactifs peuvent requérir la négociation de contrats à terme non liquides, d’où des coûts plus importants. Performance en temps réel : fixer des prévisions raisonnables La performance historique des fonds de placement collectif aide à établir des prévisions de rendement raisonnables pour ces stratégies. Les stratégies d’allocation tactique ont-elles apporté sur un plan historique la valeur ajoutée que les investisseurs institutionnels recherchent ? Les gérants ont-ils pour la plupart mis en place des méthodes rigoureuses et produit des rendements excédentaires significatifs ? De janvier 1995 à décembre 2009, notre échantillon de 24 fonds tactiques américains en actions / obligations a dégagé un rendement excédentaire de 8 points de base par mois en moyenne hors prise en Schéma 8 Performance brute des fonds de placement collectif américains assortis d’une stratégie d’allocation tactique Janvier 1995-Décembre 2009 Nombre de mois 180 Alpha mensuel moyen 0,08 % Tracking error mensuelle moyenne 2,24 % Statistique en T 0,16 % Ratio d’information mensuel moyen 0,02 Notes : l’échantillon inclut tous les fonds existants sur l’ensemble de la période. Les rendements des fonds sont indiqués sur une base brute, telle que publiée par Morningstar. Les indices de référence sont indiqués tels que dans le prospectus de chaque fonds. Source : calculs Vanguard sur la base des données de Morningstar, Inc. compte des frais de gestion (cf schéma 8 ). Cependant, compte tenu de la tracking error 8 élevée, à 2,24 % par mois, cette valeur ajoutée n’était pas significative sur le plan statistique. Une statistique en T de 0,16 laisse à penser que les gérants n’ont pas fait preuve de talents continus dans l’identification des erreurs d’évaluation. Le ratio d’information mensuel moyen9, établi à 0,02, est faible par rapport à ce qui pourrait être atteint avec une stratégie de sélection des titres moyenne. Il faut aussi garder à l’esprit que nos résultats se fondent sur un échantillon de fonds d’allocation tactique qui ont survécu sur l’ensemble de la période. Une telle approche peut réduire certaines orientations, mais introduit un biais du survivant, qui peut entraîner une asymétrie des rendements vers le haut. 8 La tracking error est l’écart-type des rendements excédentaires. Il s’agit d’une mesure de la variabilité et de l’incertitude portant sur le rendement excédentaire. 9 Le ratio d’information annuel correspond au ratio d’information mensuel multiplié par la racine carré de 12. Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. 13 Comme expliqué, les périodes au cours desquelles la volatilité de la prime de risque sur les actions est élevée viennent souligner le succès ou l’échec d’une stratégie d’allocation tactique. A titre d’exemple, nous avons comparé les rendements excédentaires de ces 24 fonds de placement collectif en 2008 avec ceux dégagés sur l’ensemble de la période 19952009. Sans grande surprise, les rendements excédentaires ont été largement plus importants en 2008 que sur les 14 ans tout simplement parce que les opportunités de valeur ont été plus nombreuses en 2008. Les rendements excédentaires annuels ont ainsi atteint une moyenne annuelle de 3,1 % en 2008 contre 0,6 % pour la période 1995-2009. Soulignons aussi la grande dispersion des rendements excédentaires en 2008, dans une marge de 57 points de pourcentage entre les fonds les plus et les moins performants sur l’année. Là encore sans surprise au vu de la forte volatilité, si les signaux d’un gérant ont été marqués et prévisionnels au cours de la période, les rendements ont été très élevés, l’inverse étant également vrai. Des signaux très faibles ont donc pu conduire à une sousperformance très marquée au cours de la même période. 14 Conclusion Anticiper le risque systématique de manière constante est un exercice difficile en bien des points. Une allocation stratégique des actifs reste l’élément clef du processus décisionnel alors qu’une stratégie d’allocation tactique bien conçue peut être, à la marge, une source de valeur àjoutée, sous réserve qu’elle s’appuie sur une méthodologie rigoureuse. Bien comprendre le processus d’investissement, utiliser des mesures d’évaluation des performances pour savoir distinguer la compétence de la chance et réduire les coûts sont autant d’axes prioritaires pour réussir une stratégie d’allocation tactique. Termes clés Bêta : Mesure du risque systématique d’un titre ou d’un portefeuille par rapport au marché. R2 : pourcentage de la volatilité d’une variable dépendante expliquée par une variable indépendante. Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. Références Arnott, Robert et Todd Miller, 1997. « Surprise! TAA Can Work in Quiet Markets. » Journal of Investing 6(3) :33-45. Asness, Clifford, 2003. « Fight the Fed Model. » Journal of Portfolio Management 30(1) : 11-24. Asness, Clifford, 1996. « Global Tactical Asset Allocation. » New York, N.Y. : The Goldman Sachs Group. (Goldman Sachs September Pension and Endowment Forum.) Black, Fischer et Robert Litterman, 1992. « Global Portfolio Optimization. » Financial Analysts Journal 48(5) :28-43 Campbell, John Y. et Samuel B. Thompson, 2005. « Predicting the Equity Premium Out of Sample: Can Anything Beat the Historical Average? » Cambridge, Mass. : National Bureau of Economic Research. 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Ce document est destiné exclusivement aux investisseurs professionnels tels que définis par la directive MIF (ou aux Investisseurs Qualifiés, selon la définition de l’article 10 de la Loi fédérale sur les organismes de placement collectif (CISA) en Suisse). Il ne peut être distribué au public. © 2011 The Vanguard Group, Inc. Tous droits réservés. ICRTAAF 052011