"Le poisson belge" : un joli conte fantastique porté par Marc Lavoine

Transcription

"Le poisson belge" : un joli conte fantastique porté par Marc Lavoine
"Le poisson belge" : un joli conte
fantastique porté par Marc Lavoine
Par Sophie Jouve
Pour la première fois sur les planches, Marc Lavoine a choisi un joli conte fantastique de Léonore Confino,
sur l'enfance, la famille et l'identité. Le feu follet Géraldine Martineau lui donne la réplique, dans un théâtre
de la Pépinière plein comme un œuf.
Un homme bougon et solitaire, portant des boucles d'oreilles, attend sur un banc un rendez vous amoureux
qui ne viendra pas. Une petite fille insolente, qui se dit abandonnée, s'assied à côté de lui dans l'idée de le
suivre à son domicile.
Un duo Lavoine-Martineau qui fonctionne
immédiatement
Ces deux contraires, ces deux solitudes, vont s'opposer, s'agacer, puis
s'apprivoiser et se découvrir des affinités et d'abord le même prénom
Claude.
Le duo Lavoine-Martineau fonctionne immédiatement. Ce rôle de l'homme blessé et maladroit va bien à
Marc Lavoine, déstabilisé par cette gamine délurée qui fait rejaillir des douleurs enfantines qu'il a voulues
étouffer. Géraldine Martineau est exquise dans le rôle de cette étrange fillette qui va réparer, sans le savoir,
celui qu'elle nomme "Grande Monsieur".
Onirisme et poésie
Tout semble crédible au début dans "Ce poisson belge" : la vie
bouleversée de ce grand solitaire, les enfantillages et ces éléments
un peu surnaturels qui semblent sortir de l'imagination de l'enfant,
comme cette pieuvre dans la baignoire.
Puis peu à peu l'onirisme et la poésie s'installent et se dessine l'identité des personnages. La petite fille
asthmatique, enfant de deux psychiatres hystériques (scène très amusante où elle imite une querelle entre ses
parents), se réfugie dans le silence du monde aquatique et développe des branchies… Lui a été rejeté par les
siens parce qu'il s'habillait en fille : "Depuis que je suis en âge de marcher, une fille pousse clandestinement
sous ma poitrine".
Le droit à la différence
Léonore Confino qui s'est attaché dans ses précédentes pièces à
décrire la société contemporaine, trousse ici des dialogues percutants
et décalés. Dans sa mise en scène, Catherine Schaub installe un climat
oppressant avec en bruit de fond, d'étranges respirations. Elle joue des
contrastes des personnages et crée une vraie intimité entre les deux
acteurs et le public, qui a l'impression d'être tout près d'eux.
On se laisse charmer par ce joli conte sur l'identité et le droit à la différence. Et Marc Lavoine, le chanteur,
acteur de cinéma et auteur de roman à succès ("L'homme qui ment" qu'il va bientôt réaliser), ajoute une
nouvelle corde à son arc, celle de comédien de théâtre grave et léger.