Sup de Co : entreprenariat culturel et territoires

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Sup de Co : entreprenariat culturel et territoires
Entreprendre dans la culture :
de la création au développement des territoires
Le 21 mars dernier, la dynamique culturelle s’est invitée à la seconde conférence du cycle organisé par le
Groupe Sup de Co La Rochelle en partenariat avec La Poste. Réunis dans le grand amphithéâtre de Sup de Co,
les trois conférenciers présents ont témoigné des liens qui peuvent se tisser entre création culturelle et
dynamisme d’un territoire.
A travers le prisme de leurs expériences respectives, Hélène de Fontainieu, Présidente du Festival International
du Film de la Rochelle, Adrien Guillot, Ingénieur Culturel ayant porté la préfiguration du Centre National des
Arts de la Rue en Poitou-Charentes et Jacky Denieul, animateur de la plateforme « Créativité et Territoires »»
de l’Institut Atlantique d’Aménagement du Territoire, ont confirmé l’idée que si la passion et la conviction sont
les ressorts de toute entreprise culturelle, celle-ci a besoin pour grandir de s’appuyer sur la réalité d’un
territoire.
Hélène de Fontainieu est la parfaite illustration des parcours professionnels ou se mêlent passion et raison.
Diplômée d’une Ecole de Commerce - option finance - elle dirige la communication et le marketing d’un fleuron de
l’industrie nautique, le Chantier Fountaine-Pajot, et se consacre en dehors de son temps de travail à la présidence
d’un des plus grands festivals français de cinéma. Deux entreprises très éloignés qui ont pourtant en commun
d’avoir pu se développer grâce à une identité et un ancrage territorial fort. C’est d’ailleurs en amenant FountainePajot à devenir partenaire du Festival qu’Hélène de Fontainieu a plongé dans cet univers cinématographique qui l’a
toujours passionnée.
Le Festival de La Rochelle qui a réuni l’année dernière environ 80 000 spectateurs venus en grande partie de la
Région Poitou-Charentes est une entreprise associative employant 8 salariés tout au long de l’année et 12 pendant
la période du Festival, auxquels viennent prêter main-forte une trentaine de bénévoles. Outre l’attrait que le Festival
suscite pendant les 10 jours de « la fête », il a su devenir au fil de ses 39 années d’existence un événement à même
de vivre toute l’année sur un territoire de plus en plus large. C’est même devenu l’axe essentiel de la mission de sa
présidente qui s’emploie (à faire naître) à encourager le développement dans les écoles, les collèges, les lycées,
mais aussi derrière les barreaux de la prison de Saint Martin de Ré ou dans les quartiers, des initiatives en liens
avec le Festival. « Le Festival doit vivre toute l’année ici », insiste-t-elle. Il en va de sa légitimité mais aussi de
l’intérêt qu’il peut susciter pour des partenaires financiers locaux. Avec un budget annuel qui varie autour de
700 000€, les partenaires institutionnels (CNC, Drac, Région, Département, Ville) ne suffisent pas à l’équilibre et
l’engagement des entreprises privées est indispensable. Des entreprises qui ne se contentent pas de signer un
chèque une fois par an et entendent s’appuyer sur la richesse du Festival pour faire vivre leurs valeurs. Une
véritable dynamique qui enrichit chacun et dans laquelle la dimension territoriale est fondamentale. Ce qui
n’empêche pas l’événement de rayonner partout en France, d’être réputé auprès des cinéastes et cinéphiles du
monde entier et d’être devenu un élément d’attractivité touristique incontournable pour la ville de La Rochelle.
L’expérience d’Adrien Guillot, au parcours très différent corrobore toutefois pleinement les propos d’Hélène de
Fontainieu. Au nombre de dix en France, les Centres Nationaux d’Arts de la Rues sont les tous derniers nés d’une
politique de décentralisation culturelle initiée par l’Etat et le ministère de la Culture. Ils ont pour vocation de
soutenir la création dans le domaine des arts de la rue (aide à la création, soutien au projet, accueil en résidence,
commande d’écriture…), et de favoriser la rencontre entre démarches artistiques, populations et territoires.
Composante du spectacle vivant, les arts de la rue ont la spécificité de s’exprimer dans l’espace publique, de s’y
adapter et de dépendre intimement de la volonté des collectivités locales. Une contextualisation qui pousse à
l’extrême la logique de dynamique territoriale pour une famille artistique qui se révèle être la première pratique
culturelle des français (hors le cinéma).
Que l’on se place dans un cadre urbain ou un rural, l’appétit grandit rapidement pour ce secteur artistique né à la fin
des années 70. Son paradoxe : être un art par définition nomade puisqu’il a besoin de renouveler en permanence ses lieux
de diffusion pour rester attractif, mais un art qui a besoin d’être en phase avec l’environnement dans lequel il est
représenté. Un spectacle présenté au cœur de Poitiers, de La Rochelle ou de Cognac ne sera jamais tout à fait le même et
sa réussite sera conditionnée par sa faculté de s’adapter au territoire sur lequel il se joue. Ayant mené la réflexion qui a
conduit à la création du CNAR de Niort, Adrien Guillot souligne l’importance de ces structures pour les artistes. Les
CNAR sont des relais essentiels dans l’aide à la création, à la diffusion, et à la promotion. Des sortes de pépinières qui
vont permettre aux compagnies de d’exprimer pleinement leurs talents au service des territoires et de leur gourmandise
culturelle. Adrien Guillot rappelle que créer un spectacle constitue une prise de risque importante pour une compagnie et
que mettre à disposition un appui institutionnel crée des conditions favorables au développement de la pratique
artistique. Aux côtés des célèbres Royal de Luxe, Zingaro autres grandes compagnies, on compte en France plus de 900
entreprises de spectacle vivant dans le champ des arts de la rue faisant vivre plusieurs milliers de comédiens, techniciens,
ingénieurs, décorateurs… L’enjeu est de taille.
En amont de ces acteurs directement en prise avec la création artistique et sa diffusion sur des territoires donnés,
Jacky Denieul (voir le site: http://creativite-et-territoires,org/), mène pour sa part depuis plusieurs années une réflexion
sur l’économie créative et la contribution de la créativité – dans son sens le plus large – au développement des territoires.
A la question « un territoire peut-il être créatif comme une personne ? » il répond sans hésiter par l’affirmatif tout en
soulignant qu’il n’existe pas aujourd’hui en France d’outils de mesure de cette créativité locale. Il s’emploie donc avec
des chercheurs et acteurs politiques locaux au niveau national et local à faire émerger des indicateurs qui permettraient de
positionner les collectivités locales sur une échelle de la créativité. Tout l’enjeu est ici de permettre aux politiques de
mettre en place des actions à même de rendre attractif un territoire auprès des classes créatives et de développer la
créativité des habitants eux-mêmes. Les attirer pour favoriser une culture de l’innovation qui rejaillira sur le plan
économique, mais aussi culturel ou éducatif. À l’échelle de la Région Poitou-Charentes polycentrique, composée pour
l’essentiel d’une multitude de petites villes, cette question d’attractivité créative est cruciale à l’heure ou l’Insee la
projette en 2020 comme la 4° région la plus âgée de France et Jacky Denieul de conclure que « s’il y a urgence à rendre
notre territoire attractif il y a également « sur-urgence » à faire sortir le concept de créativité de son acception élitiste,
réservée aux métiers d’art et entreprises culturelles. Nous devons mettre de la créativité en toute construction, en tout
projet, se donner la capacité d’innover et de se renouveler ».
À propos du cycle « Des Entreprises et des Hommes, ensemble pour entreprendre autrement »
"Entreprendre autrement" ce n’est pas uniquement donner du sens à l’initiative économique, c’est aussi explorer une
grande diversité d’expériences de "l’entreprise de soi" tant dans le sport, l’aventure, l’action culturelle que dans le
cadre de l’engagement associatif et citoyen. Pour éclairer cette vision, nous avons lancé avec nos partenaires le cycle de
conférences « Des Entreprises et des Hommes, ensemble pour entreprendre autrement ». Tout au long de l'année, ces
conférences prennent la forme de tables rondes lors desquelles nous faisons témoigner des acteurs engagés d’horizons,
de cultures et de parcours différents.
Programme des conférences à venir :
Quel contrat de confiance entre les jeunes et l’entreprise ?
» Lundi 11 avril 2011 / 18h30-20h / au Groupe Sup de Co La Rochelle
RH et RSE face à l’arrivée de la génération Y en entreprise
» Mardi 18 octobre 2011 / 18h30-20h / au Groupe Sup de Co La Rochelle
Entreprendre ? Quelle aventure !
» Mercredi 16 novembre 2011 / 18h30-20h / au Groupe Sup de Co La Rochelle
Entreprenariat et diversité, quelle diversité des modèles ?
» Mardi 6 décembre 2011 / 18h30-20h / au Groupe Sup de Co La Rochelle
Le printemps arabe, 1 an après
» Lundi 20 février 2012 / 18h30-20h / au Groupe Sup de Co La Rochelle
Pour plus d’informations ou pour vous inscrire, merci de contacter Aurélie Gaudin par téléphone au 05 16 19 62 64
ou par email : [email protected]