La place du touriste solidaire dans le développement local

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La place du touriste solidaire dans le développement local
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II ‐ LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME - HOTELLERIE -ALIMENTATION
Parcours « Tourisme et Développement » MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE La place du touriste solidaire dans le développement local d’un territoire Présenté par : Audrey LARDY Année universitaire : 2012 ‐ 2013
Sous la direction de : Pierre TORRENTE
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II ‐ LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME - HOTELLERIE -ALIMENTATION
Parcours « Tourisme et Développement » MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE La place du touriste solidaire dans le développement local d’un territoire Présenté par : Audrey LARDY Année universitaire : 2012 ‐ 2013
Sous la direction de : Pierre TORRENTE
Le CÉTIA de l’Université de Toulouse II –
Le Mirail n’entend donner aucune
approbation, ni improbation dans les projets
tutorés et mémoires de recherche. Ces
opinions doivent être considérées comme
propres à leur auteur(e).
Remerciements
Je souhaite, tout d’abord, remercier mon maître de mémoire, Monsieur Pierre
Torrente, pour ses précieux conseils, et le temps qu’il m’a accordé tout au long
de l’année, pour m’aider à la constitution de ce mémoire.
Je tiens aussi à remercier Loïc, Aurore et mon père, d’avoir toujours cru en
moi et encouragé, sans relâche.
Enfin, j’aimerai remercier les différentes personnes qui ont accepté d’être
interrogées, dans le cadre de ce mémoire. Leurs informations m’ont été
précieuses, pour le développement de ma réflexion, et de mes connaissances.
5
Sommaire
Remerciement ................................................................................ 5
Introduction générale ....................................................................... 7
PARTIE 1 : L’évolution du tourisme et de ses modes de consommation .... 9
Chapitre 1- Le tourisme : d’une activité facteur de développement à
l’émergence du tourisme de masse ............................................ 11
Chapitre 2- Du développement durable, à l’émergence du tourisme
solidaire ................................................................................. 30
Chapitre 3- Le tourisme consommateur et ses motivations ............. 37
PARTIE 2 : La place du touriste solidaire est-elle facteur de développement
pour le territoire visité? .................................................................. 45
Chapitre 1 – Il existe une clientèle pour le tourisme solidaire ........ 47
Chapitre 2 – La gestion maitrisée des touristes crée un tourisme facteur
de développement ................................................................... 57
Chapitre 3-
Le tourisme solidaire : inscrit dans la continuité de la
deuxième phase touristique ...................................................... 67
PARTIE 3 – Le tourisme interne : appui au développement du tourisme
solidaire ....................................................................................... 74
Chapitre 1- Présentation du territoire et de la structure étudiés ..... 76
Chapitre 2- Tourisme interne et solidaire : des objectifs communs . 81
Chapitre 3 – La méthodologie adoptée pour la mise en œuvre du tourisme
interne dans la structure du RECOSAF ....................................... 87
Conclusion générale ....................................................................... 93
Bibliographie ................................................................................. 95
Table des annexes ......................................................................... 97
Table des figures .......................................................................... 102
Table des matières ....................................................................... 103
6
Introduction générale
Le tourisme tient une place capitale dans nos sociétés, aussi bien au
niveau de l’activité facteur de développement pour un territoire, qu’au niveau
de ses bienfaits vis-à-vis du touriste, et de son besoin de délassement. Il
permet l’échange et la découverte, mais aussi le divertissement et le
développement personnel.
Pourtant, le tourisme s’est tellement développé, qu’il est devenu nocif
pour certains territoires sur-fréquentés. Les valeurs sur lesquelles il reposait,
se sont altérées en même temps qu’il évoluait.
Les acteurs publics et touristiques, mais aussi les touristes eux-mêmes,
ont pris conscience des dégradations engendrées par le tourisme. Des formes
de tourisme alternatif, plus respectueuses des territoires et des hommes, ont
alors vu le jour. Parmi celles-ci : le tourisme solidaire, qui sera l’élément
central de notre étude.
L’étude du tourisme solidaire, m’est apparue comme une évidence. Le
tourisme, doit rester facteur de développement pour un territoire, ou alors, il
n’a plus lieu d’être. Les valeurs et l’organisation de cette forme de tourisme,
me paraissent être la base solide, d’une reconversion de l’activité touristique
pour les années à venir.
C’est la raison pour laquelle, notre question de départ a été la
suivante : « En quoi le tourisme solidaire constitue t’il un facteur de
développement local ? ».
Après de plus amples recherches, j’ai décidé de mettre au cœur de
l’étude, son acteur principal : le touriste. C’est à travers ses exigences, ses
attentes et son comportement, que le touriste va influencer de manière
irrémédiable, l’évolution du tourisme. Ses pratiques et désirs, vont déterminer
si le tourisme sera facteur de développement, ou non, pour un territoire.
7
Ainsi, pour répondre à cette question, nous allons dans une première
partie, définir les notions principales de notre sujet. Nous définirons d’abord le
touriste, et l’évolution de son image au fil du temps. Puis, nous analyserons la
mutation du tourisme, passant d’une activité facteur de développement, au
tourisme de masse, et plus récemment, à l’émergence de formes de tourisme
plus responsable. Enfin dans un dernier chapitre, nous analyserons le passage
récent à des modes de consommation plus responsables, de la part du
consommateur en général, mais aussi du touriste. Nous traiterons également,
les variables influençant la prise de décision du touriste.
Dans
une
deuxième
partie,
nous
développerons
des
hypothèses
théoriques, pour répondre à notre problématique. Ainsi, dans un premier
temps, nous démontrerons qu’il existe une clientèle pour le tourisme solidaire.
Nous traiterons ensuite des moyens possibles pour gérer et maitriser les
touristes, afin que leur présence, soit facteur de développement pour le
territoire visité. Enfin, nous prouverons, que le tourisme solidaire s’inscrit dans
la continuité de la deuxième phase touristique.
Nous clôturerons ce mémoire, par un cas pratique, qui nous permettra
de mettre en relief, une autre forme de tourisme : le tourisme interne. Il
permet de soutenir le tourisme solidaire, et de gérer les touristes pour qu’ils
soient facteur de développement. Nous présenterons le cas de la structure de
l’association RECOSAF, au Cameroun, et
proposerons une méthodologie
possible, pour instaurer le tourisme interne au sein de cette structure de
tourisme solidaire.
8
Partie IL’évolution du tourisme et de ses modes de
consommation
9
Introduction partie I
Aujourd’hui,
le
tourisme
tient
une
place
très
importante
économiquement parlant. Il représente 9% du Produit Intérieur Brut mondial
et compte pour 8% de l’emploi mondial.
C’est un secteur qui est
multisectoriel, puisqu’il touche des secteurs d’activités très différents, de
manière plus ou moins directe comme les transports, l’hébergement, la
restauration et les loisirs entre autres.
Il a donc un rôle central pour l’ensemble des pays, qu’ils soient plus ou
moins développés. Même si ce sont les pays développés qui génèrent le plus
de recettes touristiques, les pays les moins avancés sont aussi concernés. En
effet, pour 46 des 49 pays les moins avancés, le tourisme constitue la
première source de devises. De plus, l’expansion du tourisme ne fait que
commencer, puisqu’en 2008, on comptait 924 millions de touristes, et on
estime leur nombre à plus d’un milliard et demi pour 2020 1 .
Le nombre de touristes ne faisant qu’accroître, de nouvelles formes de
tourisme doivent être mis en place pour préparer le futur et minimiser les
impacts qu’il pourrait avoir. Le tourisme solidaire en fait partie et va constituer
l’élément central de cette étude.
Cette première partie, va permettre de définir les notions propres au
sujet mais aussi de le contextualiser.
Dans un premier chapitre, nous définirons le tourisme facteur de
développement, et l’évolution dans le temps du tourisme, des Grands Tours à
l’émergence du tourisme de masse. Dans un deuxième chapitre, nous
étudierons la prise de conscience des différents acteurs, puis l’émergence du
tourisme solidaire. Enfin, dans un troisième chapitre, nous analyserons le
touriste consommateur et ses motivations.
1
Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Le tourisme en quelques chiffres. [En
ligne]. Disponible sur : <http://www.developpement-durable.gouv.fr/Le-tourisme-en-quelqueschiffres.html>. (Consulté le 06-02-2013).
10
Chapitre 1- Le tourisme : d’une activité facteur
de développement à l’émergence du tourisme de masse
A travers ce premier chapitre, nous allons tenter d’analyser le touriste,
principal acteur du tourisme, qui a évolué au fil du temps. Mais nous allons
aussi nous attarder sur l’évolution du tourisme, qui tient un rôle majeur dans
le développement des sociétés. Nous allons le voir, le tourisme va avoir des
conséquences différentes, selon la manière dont il
va être géré. Ces
conséquences, peuvent tout aussi bien être source de développement que de
mal développement pour le territoire concerné.
1. Qu’est ce qu’un touriste ?
1.1.
Définition du touriste
Avant de définir le touriste, il est important de définir le tourisme. Selon
l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), « le tourisme est un déplacement
hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4
mois, dans un but de loisirs, un but professionnel ou un but sanitaire».
Le touriste est l’élément clé de l’activité touristique car sans touristes,
pas de tourisme. C’est un acteur capital dans le développement des sociétés,
et il a fallu de nombreuses années avant que l’on se rende réellement compte
de son importance.
Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, un touriste est « toute
personne effectuant un voyage comprenant au moins une nuit passée hors de
son domicile habituel ». Cette définition, englobe tout aussi bien les
déplacements professionnels, que les séjours d’agrément. Un voyage se
déroulant seulement sur une journée ne sera donc pas considéré comme du
tourisme. Au sein même du tourisme, on remarque des distinctions. Les
voyages sont appelés vacances, uniquement si la durée du séjour est d’au
moins quatre nuits, et que le voyage est d’agrément.
Pour qu’une personne devienne touriste, elle doit donc passer une nuit en
dehors de son domicile, mais il n’y a aucune indication concernant la distance
minimale effectuée pour devenir touriste. Dans ce cas, on peut être touriste
même à quelques kilomètres de chez soi (TERRIER, 2006, p.5).
11
Toutes ces distinctions font qu’il est particulièrement difficile de faire des
statistiques concernant les touristes.
C’est en 1929, qu’on se rend vraiment compte de l’impact du tourisme
sur l’entrée de devises pour le pays. On va alors trouver une réelle importance
dans la comptabilisation de ceux-ci, et dans leur étude.
En 1937, la Société des Nations définit le touriste comme « toute personne
qui, voyageant pour son agrément, s’éloigne pendant plus de 24heures et
moins d’un an de son domicile habituel ; les déplacements de moins de 24h
étant des excursions ». Elle est reprise après la guerre par l’OMT et
l’Organisation Européenne de Coopération Economique (l’OECE). Même si
cette définition est généralisée à l’ensemble de l’Europe, les pays ne la
respectent pas toujours, et appliquent leur propre définition. Des variantes
comme la durée du séjour apparaissent, ce qui rend très compliqué de
connaître et de comparer les chiffres réels du tourisme.
1.2.
Evolution de l’image du touriste
1.2.1.
Le touriste cliché
Avant 1929, le touriste ne constituait pas un très grand intérêt, et
lorsque l’on parlait de lui, une image très négative en ressortait. Il a souvent
été caricaturé, et on affiche un réel mépris à son égard. On l’a en effet
assimilé au mouton, au chien, à la fourmi, au doryphore, à un essaim de
guêpes, ou encore à une bactérie géante 2 . Dans le passé, on voyait le touriste
comme un privilégié qui perdait son temps et gaspillait son argent. Ainsi pour
Paul Morand, dans Le Voyage en 1927: « Voyager, c’est la façon la plus
impratique et la plus coûteuse de s’instruire ». (BOYER, 2011, p. 23). Le
touriste était alors snob et se confrontait aux forces productives.
Le tourisme s’étant ensuite généralisé à l’ensemble des classes
populaires, l’image méprisante qu’on a du personnage devrait avoir changé.
Pourtant, le touriste est maintenant perçu comme un cliché à part entière. Le
touriste est inutile, futile, stupide et nocif, non seulement pour les territoires
2
Canal U, Vidéothèque numérique de l’enseignement supérieur. Le touriste, conférence de Jean- Didier
Urbain, janvier 2006. Disponible sur :
< http://www.canal- u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/le_touriste_jean_didier_urbain.1466>.
(Consulté le 06-02-2013).
12
récepteurs mais aussi pour les touristes eux-mêmes. Il est vrai qu’on ne se
targue jamais d’être un touriste, car « Le touriste c’est toujours l’autre ».
Personne ne veut être considéré comme touriste, car il est un consommateur
passif d’espaces, d’activités et de services.
Le touriste a donc été de tous temps moqué, on le voit comme un
cliché, celui de l’Homme avec un short ou un appareil photo en bandoulière. La
description de Pascal Bruckner et Alain Finkielkrault dans Le tourisme de l’an
2000, est encore plus dure: « touriste = imbéciles heureux en bermudas à
fleurs, lourd animaux grégaires, masses répugnantes » (BOYER, 2011, p. 23).
1.2.2.
Touriste vs voyageur
L’image du touriste en France est très négative. Pourtant, ne sommes
nous pas tous touristes, ou du moins ne l’avons nous pas tous été ? Certains
préfèrent s’octroyer le nom de voyageur, qui est bien plus valorisant. Ces
personnes
font
une
distinction
entre
les
deux
termes
« touriste »
et
« voyageur ». Selon certains auteurs comme A. Siegfried, les deux termes
sont très différents. Les voyageurs sont ceux qui se déplaçaient pour une
raison bien précise et ouvraient les chemins, alors que les touristes ne sont
que des personnes qui se sentent obligés de voir ce qui doit être vu (BOYER,
2011, p. 81). Les voyageurs sont perçus comme des mythes, car ils ont été
les héros qui ont bravé les premiers les terres inconnues. L’imaginaire lié au
voyageur est très fort, et le voyage, a souvent été réservé aux élites.
Jean-Didier Urbain critique fortement la distinction que font certains
entre touriste et voyageur. Pour lui, le touriste est un voyageur parmi
d’autres. Il critique également l’acharnement qui est fait à l’encontre du
touriste et le portrait erroné qu’on lui donne.
« Qui sont-ils ceux-là, qui méprisent tant le touriste et
critiquent son regard? Possèdent-ils, eux, la vérité du
voyage? Entre touriste et voyageur, la différence n’est pas de
nature, elle est de degré. Quoi qu’en disent les élites d’hier
et d’aujourd’hui, ils sont parents ». (URBAIN, 2002, p. 86).
13
2. Les Grands Tours et l’hivernage : le tourisme facteur de
développement
2.1.
L’invention du tourisme
Le tourisme a été inventé en Angleterre au XVIIIème siècle. On parle
alors des « Grand Tour », qui sont les voyages des riches aristocrates anglais
sur le continent. Le mot « touriste », vient de l’anglais « Tour », qui s’est
ensuite transformé en « Tourist », puis a finalement été traduit en français. Le
terme « Tourist » est, au début, simplement utilisé pour désigner les riches
aristocrates anglais. Ils partent sur le continent, pour apprendre et devenir des
adultes. Ce sont uniquement des hommes qui ont entre 20 et 25 ans. Ces
voyages durent de six mois à un an et demi et ont un but pédagogique. On dit
qu’ils forment la jeunesse et transforment ces jeunes hommes en gentlemen 3 .
Ces premiers touristes ont influencé les jeunes aristocrates de toute
l’Europe. Ils étaient fascinés par les antiquités romaines et les principaux lieux
d’attraction étaient Londres, Vienne, Prague ou Paris. Les premiers guides de
tourisme sont publiés durant la seconde moitié du XVIIIème siècle et fixent les
« Vivendum » ou « Sight-seeing » (BOYER, 2011, p.15). Ils constituent les
lieux qui doivent absolument être vus.
Après 1740, les conditions de voyages s’améliorent. Dans les grandes
villes, on voit apparaître les premiers hôtels, restaurants et cafés. Le
développement touristique se remarque petit à petit. Les habitants des régions
touristiques voient une opportunité à saisir. De nombreuses infrastructures
d’accueil touristiques commencent à se construire, et des services de tous
types se mettent en place pour répondre aux besoins des touristes.
2.2.
Les fondements du tourisme
C’est à cette époque, que sont réunies pour la première fois, les
conditions qui transforment un déplacement d’un point A à un point B (A étant
le lieu de résidence et B, un lieu de vie inhabituel), en activité touristique.
L’activité
touristique
va
devenir
facteur
de
développement
car
contrairement aux autres secteurs économiques, c’est le client (ou touriste) et
3
LEPILLER Olivier, Sociologie du tourisme, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA, Université de
Toulouse 2, 2013.
14
non pas le produit qui se déplace sur le territoire. En se déplaçant, le touriste
va avoir un impact sur le territoire visité. Mais pour que ce déplacement ait
lieu, quatre conditions doivent être réunies. Les personnes partant doivent
avoir des moyens financiers, du temps libre mais aussi la liberté de se
déplacer et d’être accueilli. Ces conditions constituent les fondements du
développement touristique.
Le temps libre est le temps durant lequel on ne travaille pas. On peut
l’organiser sans contraintes. Mais cette condition s’applique uniquement
lorsque le travail est une valeur fondatrice de la société. Il faut également que
les personnes partant aient des moyens financiers.
La liberté de se déplacer concerne plusieurs domaines. La situation
géopolitique du territoire peut jouer un rôle clé. Une situation de conflit, où le
territoire va être mis hors d’accès, va empêcher ou freiner la liberté de
déplacement. De même, l’existence de moyens de transports sur le territoire
est déterminante, ainsi que bien d’autres éléments.
La liberté d’accueillir suppose pour la population locale du territoire
visité, d’avoir le choix d’accueillir ou non. Le contexte territorial est alors
capital, pour déterminer si le tourisme va devenir facteur de développement
ou de mal développement. Si la population locale regroupe les conditions de
survie
nécessaires,
c'est-à-dire
qu’elle
peut
se
nourrir
et
se
loger
correctement, alors des dérives ont moins de chance d’apparaître 4 . Toutes ces
conditions doivent être réunies simultanément pour rendre le déplacement
possible, et faire du tourisme, une activité facteur de développement.
2.3. L’hivernage : le tourisme en France, facteur de développement
Quelques années plus tard, les touristes vont développer un grand
intérêt pour le bien être. Ainsi, la révolution de Bath, en Angleterre, va
développer les bains. C’était à l’époque un nouveau concept, développé par le
Docteur Turner qui reconnaît que l’eau à des bienfaits réparateurs. Le
thermalisme naît donc à cette époque.
4
TORRENTE Pierre, Gestion de projet de développement, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA,
Université de Toulouse 2, 2013.
15
C’est en 1750, que les premières stations balnéaires sont créées.
Brighton est le premier exemple, et reste encore une invention britannique qui
va se répandre à travers toute l’Europe. Les touristes qui avaient peur de la
mer, car elle représentait « le territoire du vide », vont tout à coup avoir « le
désir du rivage » (BOYER, 1996, p. 40).
Deux types de stations balnéaires se mettent en place. Tout d’abord les
stations comme Brighton qui attirent les touristes durant la saison estivale. Au
contraire, les stations comme celle de Nice, constituent des séjours hivernaux,
d’octobre à mai, où le calme, le climat et la beauté des paysages sont les
principales motivations des touristes y séjournant : c’est l’hivernage.
L’hivernage va transformer la France en une région touristique
attractive. Tout le monde se presse pour profiter du climat méditerranéen,
entraînant une demande touristique plus élevée. Le climat constitue à cette
époque, et encore aujourd’hui, l’un des critères majeurs de l’attractivité d’un
territoire.
La demande augmentant dans le Sud de la France, les locaux vont
profiter de cette occasion pour développer des services et hébergements, afin
de satisfaire cette demande. Les premiers aménagements touristiques vont se
mettre en place, et transformer aussi bien le paysage français que sa
structure. A cette époque, le tourisme est maîtrisé car le flux de voyageurs est
contrôlé. Le tourisme est en effet seulement accessible à une minorité de la
population, et ne représente pas de dangers particuliers pour le territoire, bien
au contraire. Il constitue une activité facteur de développement territorial, car
il va en plus de développer la ville et ses aménagements, créer de nombreux
emplois,
en
respectant
le
territoire.
De
plus,
il
reste
une
activité
complémentaire, ce qui est un autre principe de l’activité touristique, facteur
de développement. En effet, à cette époque, le tourisme est accompagné
d’autres activités. Ces activités sont bien souvent des activités traditionnelles
comme l’agriculture. Pour que le tourisme soit une activité facteur de
développement pour le territoire, il doit rester une activité complémentaire,
c'est-à-dire qu’il ne doit pas être la seule activité du territoire.
16
2.4. Le désenclavement des territoires isolés
A la même période, le touriste, va partir à la conquête de la nature.
Ainsi, la montagne qui était considérée comme un territoire « horrible » voire
même « affreux » devient « sublime » et suscite la curiosité (BOYER, 2011, p.
28). On va créer des stations balnéaires puis des stations de sports d’hiver.
De nouveaux emplois sont crées, notamment avec le développement du sport.
C’est avec la création de stations que va naître la saisonnalité avec
l’instauration de saisons alternées.
Le rapport avec la nature change, elle devient mystérieuse mais divine.
C’est de la même façon que l’image de la campagne va évoluer. La nature qui
était sauvage et dangereuse va devenir un lieu agréable. On assiste donc à
une mutation totale de la société. De plus, les villes, qui étaient jusque là les
espaces privilégiés, sont remplacées par la campagne. La sédentarité, qui était
la norme aux XVIIème et XVIIIème siècles, est abandonnée. On laisse de côté
la référence urbaine pour se plonger dans une société beaucoup plus nomade,
qui se sent plus proche de la nature que jamais (BOYER, 1996, p. 45). Ainsi,
on voit l’apparition des premières auberges ou maisons de campagne, dans
des lieux qui étaient avant isolés. On assiste à leur aménagement, et au
désenclavement de certains territoires grâce à l’essor du tourisme.
Au XIXème siècle, on parle toujours d’un tourisme élitiste. Les touristes
sont composés principalement de riches rentiers. Le voyage se développe de
plus en plus et il est le moyen de montrer sa supériorité. Ces touristes sont
oisifs et ont du temps inoccupé. Ils vont dépenser leur argent à outrance pour
se distinguer et montrer leur supériorité. Thorstein Veblen, économiste et
sociologue américain parle de dépense ostentatoire (BOYER, 2011, p. 89).
La création du chemin de fer au début du XIXème siècle va
révolutionner le tourisme. Les touristes sont plus mobiles et la durée des
voyages se raccourcit. L’automobile, le bateau à vapeur et le vélo vont aussi
révolutionner les transports et la mobilité des Français. Des endroits qui
étaient avant inaccessibles, vont le devenir et se développer. L’aménagement
du territoire se développe en même temps que ces transports. Ils constituent,
en
effet,
un
repère
puisqu’on
construit
17
tout
autour
des
voies
de
communication. Ces moyens de transports qui augmentent irrémédiablement
la liberté de mouvement, sont toujours réservés à une élite.
2.5. L’accès des classes populaires au tourisme
A la fin du XIXème siècle, l’invention de la carte postale vient casser
l’image du tourisme comme activité élitiste car elle s’oppose aux grands récits
des voyageurs. De plus, des affiches publicitaires font leur apparition, vantant
les destinations touristiques à toutes classes confondues. On voit déjà la
volonté de certains de rendre le tourisme accessible à tous.
Il faudra attendre les années 1936, pour que les classes populaires
puissent enfin profiter des vacances à leur tour. Les revendications sociales se
multiplient à l’époque, notamment à travers les syndicats. Ils demandent de
meilleures conditions de travail, et on glisse doucement vers la conquête des
vacances. Les salariés vont en effet profiter d’une réduction du temps de
travail, de deux semaines de congés payés et d’un meilleur pouvoir d’achat
grâce au Front Populaire, mais le tourisme n’est pas encore dans les pratiques
culturelles des Français. L’augmentation du temps libre va transformer le
quotidien des Français. Il va en effet devenir un organisateur spatial et social.
« Le tourisme est communément défini comme une activité
de loisirs qui implique un déplacement temporaire effectué
pour le plaisir. Cette pratique est devenue en cent cinquante
ans un élément constitutif de la vie sociale, une pratique
culturelle, au sens anthropologique du terme »
(COUSIN, REAU, 2009, p. 3).
Léo Lagrange, qui est alors premier secrétaire d’Etat aux loisirs,
proclame que l’année 1936 est « l’an I du bonheur » (BOYER, 1996, p. 99). On
va aussi assister au développement de la société des loisirs. Des tickets de
cinémas et de théâtre à prix réduits sont délivrés aux travailleurs, ainsi que
des brevets sportifs et des billets de trains à moitié prix. Pour la première fois,
les classes populaires françaises accèdent à la société de loisirs. Léo Lagrange
va créer les premières auberges de jeunesse et colonies de vacances. Le
tourisme va être facteur de rassemblement et de mixité culturelle. Pour la
première fois, des jeunes de classes sociales différentes peuvent se côtoyer et
partager la même expérience sans distinction aucune. Le tourisme ne fait plus
de distinction entre élites et classes populaires.
18
C’est aussi dans les années 1930, qu’on assiste à l’émergence des
agences de voyages qui vendent des titres de transports et voyages tout
compris. Mais, c’est surtout la démocratisation des automobiles et des
bicyclettes qui va permettre aux classes populaires d’être enfin libres de leurs
mouvements.
La liberté, c’est d’ailleurs ce que beaucoup de touristes vont
rechercher à partir des années 1920. Ces nouveaux touristes qui sont à la
recherche d’authenticité et qui ont un budget limité, vont développer le
camping, le caraving et les « bed&breakfast ». Ils vont dormir et prendre le
petit déjeuner chez l’habitant. On voit déjà que le lien social avec les locaux
prend un rôle important dans l’expérience des vacances.
Le tourisme prend une dimension toute autre à partir de 1936. Les
Français peuvent pour la première fois, réunir les conditions nécessaires pour
effectuer un déplacement touristique. Ils ont du temps libre, des moyens
financiers, la liberté de se déplacer grâce à la démocratisation des transports,
et
la
liberté
d’être
accueilli,
puisque
de
nombreuses
infrastructures
touristiques ont été mises en place ces dernières années. A ce moment là, le
tourisme est toujours considéré comme facteur de développement, mais les
années à venir vont marquer un tournant décisif pour le tourisme.
3. Le tourisme de masse : facteur de mal-développement
3.1.
La mise en place du tourisme de masse
Le tourisme de masse s’instaure entre les années 1950 et 1960. Entre
1951 et 1989, le nombre de Français partant en vacances passent de dix
millions, soit 31% des Français, à 33 millions soit 60,7%
de la population
totale. (COUSIN, REAU, 2011, p.14). C’est à cette époque que partir en
vacances devient une norme.
Les vacances deviennent accessibles à toutes les classes sociales de la
société. C’est une avancée extrêmement positive pour la société, aussi bien au
niveau des droits des classes populaires, qu’au niveau du développement
territorial. De grands aménagements sont mis en place car la demande
touristique explose. Pour faire face à cette demande, on doit développer des
19
structures touristiques, afin de pouvoir augmenter la capacité d’accueil des
régions touristiques. Mais, c’est face à cette demande, que le tourisme va
devenir facteur de dérégulation. Les résultats de l’activité touristique se
comptent par la quantité de touristes, et non pas par leur satisfaction. La
quantité prime sur la qualité, et le principal objectif est de pouvoir répondre à
cette offre toujours plus grande. De même, les populations locales, voulant
saisir l’opportunité économique que leur offre le tourisme, vont abandonner
certaines activités traditionnelles pour s’y consacrer.
En France, ce sont d’abord les littoraux et les montagnes qui vont subir
ces aménagements. Le but est de satisfaire la demande en accueil touristique.
En 1963, la mission interministérielle Racine va totalement redessiner la Côte
Languedocienne. Il y a plus de 180km de côtes à aménager, 400 000 lits à
mettre
en
place,
dans
cinq
unités
touristiques
différentes.
La
Côte
Languedocienne détient alors la première position en capacité d’accueil
touristique d’hébergements de plein air en France, et la quatrième en capacité
totale de lits. Après son aménagement, le nombre de touristes s’élèvent à
environ 15 millions, parmi lesquels, deux tiers de français 5 .
Dans les années 1990, l’aménagement de la côte connaît déjà des
difficultés qui sont d’ordre multiple. Le parc hôtelier a vieilli et ne correspond
plus aux envie des touristes, mais on a aussi oublié l’espace naturel dans cet
aménagement, et il ne correspond plus à la demande. On a aménagé cet
espace sans réellement penser au développement sur le long terme, et c’est
bien souvent ce qu’il se passe dans les pays qui voient leur demande
touristique augmenter. L’objectif principal est de répondre à la demande, mais
avant de développer un territoire, il faut planifier ce développement et prendre
en compte tous les aspects de celui-ci. Les touristes, sont certes importants,
car ils constituent une forte source de revenus, mais on doit penser le
développement sur le long terme, en prenant en compte les spécificités du
territoire, mais aussi sa population.
Ce
manque
de
planification
a
débouché
sur
des
conséquences
désastreuses pour les territoires mais aussi pour leurs habitants. On va voir
5
BOUMEGGOUTI Driss, Géographie du tourisme, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA, Université de
Toulouse 2, 2012.
20
que, s’il est démontré que le tourisme est facteur de développement, il peut,
s’il n’est pas contrôlé, créer bien plus d’effets négatifs que positifs.
3.2.
Définition
« Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient
mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux 6 ».
Le tourisme de
masse c’est avant tout un nombre incalculable de
touristes s’amassant au sein d’un même territoire. C’est la sur-fréquentation
de lieux dits typiquement « tourisme de masse ». Ces lieux sont le plus
souvent des stations balnéaires, pistes de ski ou hauts lieux historiques
symboliques d’un pays. Les touristes s’y entassent dans des hôtels, villages de
vacances ou camping, le tout enveloppé dans un beau packaging où les
formules sont identiques et standardisées. Ces formules comprennent tout le
confort que les touristes demandent et rassemblent toutes les infrastructures,
activités et équipements dont ils auront besoin durant leurs séjours.
L’ensemble de ces destinations sont devenues des produits marchands de
grande consommation. Le tourisme de masse est
donc caractérisé par une
forte concentration spatiale, et surtout forte concentration économique entre
les mains de quelques acteurs. Il représente l’image la plus visible de la
mondialisation, avec aujourd’hui plus d’un milliard de touristes chaque année.
Source de bénéfices certains pour bon nombre de voyagistes, le
tourisme de masse s’impose comme étant la forme de tourisme la plus
développée à l’heure actuelle.
3.3.
Les conséquences du tourisme de masse
Pour étudier les dérives du tourisme de masse, nous allons cibler les
pays dit du Sud. Ces pays sont en pleine mutation, et connaissent
actuellement ce que la France a connu dans les années 1960, avec des dérives
beaucoup plus importantes étant donné leur fragilité. On l’a vu, pour que le
tourisme devienne une activité dite facteur de développement, il faut que les
pays recevant ces touristes, aient la liberté d’accueillir. Pour cela, la population
locale doit rassembler des conditions de survie, c'est-à-dire qu’elle doit
6
Mistler Jean – écrivain et académicien
21
pouvoir être capable de se loger et de se nourrir. Bien souvent, ce n’est pas le
cas, et le tourisme, qui pourrait aider le territoire à se développer, va
malheureusement conduire à des situations dramatiques.
3.3.1.
Conséquences sociales
Le tourisme de masse va avoir des effets désastreux sur la population
dans certaines régions du monde. Le tourisme sexuel et la prostitution
enfantine en sont les exemples les plus frappants. Le tourisme sexuel se créé
au sein de pays où la population est fragile. Elle ne réunie pas les conditions
de survie nécessaires, et pour accéder à un niveau de vie plus élevé, elle cède
à cette forme de tourisme. On parle maintenant de massification du tourisme
sexuel. Le touriste change son comportement lorsqu’il arrive dans un pays
autre que le sien. Il laisse ses valeurs, sa morale et son éthique de côté, et il a
le sentiment que plus rien n’est impossible.
« Le touriste organisé se dégage, souvent, de toute
responsabilité dès le moment où il foule la terre de sa
destination exotique et vacancière (…) En payant pour un
service, sexuel en l’occurrence, il achète la liberté d’une
personne sur laquelle, un temps compté, il a tous les droits. Y
compris celui de réduire cette personne à l’état de « bien »
marchand.» (MICHEL, 2008, p. 3)
Certains pays utilisent ouvertement ou implicitement la prostitution comme
argument publicitaire. Dans cet article, Franck Michel met en avant le fait que
les touristes pensent que la prostitution est un choix qu’ont fait les locaux.
Partant de cette pensée, il est très difficile de combattre le tourisme sexuel.
Mais au-delà du tourisme sexuel, il est observé que le touriste va se
relâcher lorsqu’il est loin de chez lui. Il va avoir des comportements qu’il
n’aurait jamais eus s’il avait été au sein de son propre territoire. « Le
changement de lieu et donc l'éloignement du touriste de sa sphère habituelle
va provoquer chez lui un relâchement de valeurs » (SCHEOU, 2009, p.112).
En arrivant sur un territoire, parce qu’il a payé, le touriste va vouloir se
l’approprier. De nombreux comportements irrespectueux et abus, sont commis
par les touristes. Cela peut être leur manière de se vêtir, de parler, le fait de
prendre des photographies de tout sans s’occuper de la vie privée des locaux.
Le touriste va consommer le territoire et « consommer l’homme ». De plus,
22
des comportements qui peuvent paraître anodins voire bénéfiques pour les
locaux, vont en fait venir bouleverser toute leur organisation culturelle.
Beaucoup de touristes, pensant bien faire,
vont par exemple donner des
cadeaux aux locaux, mais ceci va avoir de lourdes conséquences. En effet,
cela va développer la dépendance des locaux vis-à-vis des touristes, et créer
des réseaux de mendicité. Ainsi, la mafia locale va déscolariser des jeunes
enfants, en les envoyant mendier auprès des touristes.
Le tourisme de masse va aussi créer une folklorisation de la culture
locale. Sylvie Brunel parle de « disneylandisation ». On va créer de toute pièce
une authenticité, pour que les touristes vivent l’expérience qu’ils s’attendaient
à vivre. Ainsi, la rencontre « authentique » qui aurait dû avoir lieu, et qui fait
rêver les touristes, n’est en aucun cas réelle. La « disneylandisation » repose
sur la stratégie du parc à thème comme celui de Disneyland Paris. On va faire
du territoire mis en tourisme, un parc à thème à lui tout seul. Pour cela, on va
tout faire pour donner envie aux touristes de venir découvrir le territoire, par
la mise en scène exagérée des cultures locales et de leurs façons de vivre. On
va recréer une « authenticité plus vraie que nature ». Sylvie Brunel donne
l’exemple des Masaïs, qui arborent des parures censées être authentiques
alors qu’elles sont importées 7 . Jean-Paul Minvielle (2007, p. 26) parle
d’ « authenticité de pacotille », où on met en scène des lieux dits « typiques »,
pour les touristes. On va en fait créer ce à quoi le touriste s’attend.
Le tourisme de masse, c’est aussi la création d’un fort déséquilibre entre
deux mondes différents : un monde fragile dépendant de l’activité touristique
et un monde avec un fort pouvoir d’achat. Leur confrontation entre ces deux
mondes va susciter de la jalousie de la part des populations locales, et des
changements de comportements vont en découler. On peut par exemple citer
le phénomène de déculturation, qui va faire perdre à la population locale sa
propre culture, à cause du contact avec les touristes. Il s’accompagne du
phénomène d’acculturation qui est l’assimilation d’une nouvelle culture : celle
des touristes.
Au Maroc par exemple, les jeunes marocains ont le sentiment que leur
territoire est arriéré. Leur relation avec les occidentaux, va provoquer chez
7
BRUNEL Sylvie. Une planète disneylandisée ? Disponible sur : <http://www.scienceshumaines.com/uneplanete-disneylandisee_fr_29148.html#achat_article >. (Consulté le 12-01-2013).
23
eux l’envie d’aller en Occident, où ils pensent pouvoir eux aussi, bénéficier
d’un fort pouvoir d’achat. On constate également le développement de la
mendicité, qui est pourtant contraire aux pratiques locales, et de nombreux
déplacements de populations, dus à la répartition des activités économiques
du pays, qui se limitent bien souvent au tourisme. La population locale va se
regrouper dans les zones touristiques les plus attractives, c'est-à-dire les
littoraux et les grands centres urbains (MINVIELLE, 2007, p25-26).
On voit ici que le tourisme de masse, ne crée aucun échange entre
touristes et population locale, sinon une relation marchande.
3.3.2.
Au
niveau
Conséquences économiques
économique,
le
tourisme
de
masse
va
avoir
des
conséquences aussi bien positives que négatives.
Le tourisme va engendrer des profits, il est alors dans ce cas, facteur de
développement économique, et donc positif pour le territoire le pratiquant. Les
recettes des pays les moins avancés ont plus que doublé entre 1992 et 1999.
Ce phénomène est dû à l’industrie touristique, qui est devenue la principale
source de devises des 49 pays les moins avancés (mise à part l’industrie
pétrolière dans trois d’entre eux).
Cependant, il faut rappeler que 75% des recettes touristiques des pays
du Sud reviennent aux pays du Nord (COLLOMBON et al., 2004, p.12 ). Dans
un pays comme la Thaïlande, 30% des recettes engendrées par le tourisme,
reviennent réellement au pays car les investisseurs sont souvent issus des
pays du Nord. Une très faible partie des dépenses effectuées par les touristes
sur place, revient réellement au pays visité. Les voyagistes et autres touropérateurs, vendent des voyages tout compris aux touristes. Ceux-ci vont
pouvoir répondre à leurs besoins directement sur place, au sein même de
leurs hôtels ou autres villages de vacances. Tout est fait pour que le touriste
dépense son argent au sein de la structure qui l’héberge, et non pas en
dehors. Dans ce cas là, les touristes ne rapporteront rien aux locaux, car tout
l’argent qu’ils dépensent pour leur voyage , ou pour les loisirs, vont revenir
aux voyagistes et autres investisseurs du Nord. Dans ce cas, le tourisme ne
24
profite en aucun cas au développement et à la prospérité des pays du Sud. Il
va, au contraire, renforcer la dualité entre un secteur riche et développé, et un
secteur pauvre qui subsiste douloureusement. De plus, pour répondre aux
besoins des touristes, les pays du Sud vont importer beaucoup de produits, ce
qui va réduire considérablement leurs bénéfices.
Beaucoup de personnes vont choisir de délaisser leurs activités pour se
consacrer au secteur du tourisme. Croyant que le tourisme peut être facteur
de
bénéfices
importants,
les
locaux
vont
abandonner
leurs
activités
traditionnelles, pour se consacrer à cette activité qui leur promet richesse et
travail. Cela va créer des effets d’éviction. Ainsi, des activités comme
l’agriculture,
secteur très important pour le pays, vont être mises de côté
pour travailler dans le secteur touristique, qu’ils pensent plus rentable.
Ce phénomène s’observe au sein des pays en voie de développement. Il
va générer une forte dépendance de ceux-ci vis-à-vis des riches pays du Nord.
En délaissant des activités comme l’agriculture, qui sont des activités de
subsistanc, les pays vont devenir dépendants de l’activité touristique car elle
devient leur source de profit principale.
De nombreux terrains qui étaient au départ réservés à d’autres
activités vont aussi être repris au profit du secteur touristique. On voit bien
que le tourisme n’est plus facteur de développement. Il n’est plus une activité
complémentaire, mais l’activité principale pour ces territoires. Pourtant, le
tourisme a besoin d’autres activités économiques sur lesquelles s’appuyer.
Le tourisme est facteur d’emplois, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle
de nombreuses personnes vont migrer vers les grands pôles touristiques. A la
recherche d’un travail à tout prix, ils espèrent trouver à travers l’industrie
touristique, un travail qui leur permettra de subvenir à leurs besoins. Pourtant,
là encore, la réalité n’est pas comme ils l’avaient espéré. Dans les pays en
voie de développement, les emplois qualifiés sont le plus souvent réservés aux
étrangers. Les emplois réservés aux locaux sont donc peu qualifiés et souspayés. La majorité des emplois, ne sont pas déclarés et très précaires. Le
recours au travail des mineurs est très fréquent : le Bureau International du
Travail (BIT) affirme que 20 millions d’enfants de moins de dix huit ans,
travaillent dans l’industrie du tourisme (COLLOMBON & al., 2004, p.12 ).
25
Enfin une forte concurrence pour l’accès aux biens de consommation se
met en place entres les touristes et la population locale. Par leur présence, les
touristes vont faire flamber les prix de bon nombre de secteurs et de biens.
L’impact sur le secteur foncier est un exemple des plus frappants. Il y a
une forte concurrence d’accès au sol entre les différents secteurs économiques
des pays. Avec le tourisme, les prix des sols subissent une inflation
importante, ce qui va les rendre inaccessibles aux producteurs locaux, ou
même à la population locale, qui vivait auparavant dans ces quartiers. On
parle de phénomène de gentrification. La présence des touristes va faire
monter les prix, à tel point que les locaux n’auront plus les moyens d’y vivre.
Ils vont donc devoir quitter le centre ville pour s’installer en banlieue. Le
tourisme pousse donc la population à abandonner le cœur même de son
territoire. Ce phénomène est très symbolique, car il montre bel et bien que le
tourisme va faire perdre le contrôle de la population locale sur son propre
territoire. On peut citer l’exemple du Liban, qui a connu un phénomène de
gentrification très fort. Les prix augmentant, la majorité de la population a dû
se résigner à quitter le centre pour s’installer ailleurs. De plus, la majorité du
patrimoine culturel du pays a été rasé, pour reconstruire des bâtiments plus
modernes. Ce phénomène va créer des dualités très fortes entre un secteur
aisé et un secteur riche, ainsi qu’entre la ville et la banlieue 8 .
L’un des plus graves dangers du tourisme de masse pour ces pays
fragiles, c’est la dépendance qu’il peut créer. Les pays dits du Sud vont
souvent dépendre de manière totale des prestataires du Nord. La plupart du
temps, ce sont ces prestataires qui contrôlent tout, que ce soit le transport,
les prix, l’hébergement mais surtout la promotion des pays auprès des
occidentaux (SCHEOU, 2006, p.104).
Le tourisme est source de profits et donc irrémédiablement facteur de
développement économique. Il crée des emplois et augmente le pouvoir
d’achat des populations. Il a donc des aspects économiques positifs mais
malheureusement, les flux incontrôlables de touristes, vont venir extorquer
leur propre territoire aux populations locales.
8
BOUMEGGOUTI Driss, Géographie du tourisme, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA, Université de
Toulouse 2, 2012.
26
3.3.3.
Conséquences environnementales
L’accès aux ressources naturelles est l’un des sujets de controverse.
Alors que les ressources comme l’eau sont rares dans de nombreux pays, les
grands complexes accueillant des touristes vont être irrigués jour et nuit. La
ville d’Agadir au Maroc, est l’une des nombreuses victimes de ce phénomène.
Alors que la grande majorité de la population n’a pas accès à l’eau potable, les
hébergements
construits
pour
l’accueil
des
touristes
sont
irrigués
continuellement (COLLOMBON et al., 2004, p.13). Il y a une surconsommation
des ressources naturelles. Les minéraux, carburants fossiles, énergies et bien
d’autres ressources sont aussi menacées.
De nombreuses pollutions sont aussi causées par l’activité touristique :
pollution de l’air, de la terre ou de l’eau, pollutions auditives, olfactives ou
esthétique et bien d’autres encore.
Le tourisme engendre des tonnes de déchets qui sont, bien souvent,
non traités, et qui dégradent le territoire irrémédiablement. Ainsi, un bateau
de croisière va par exemple rejeter plus de 70 000 tonnes de déchets solides
chaque année.
De plus, le secteur du tourisme représente à lui seul 60%
du trafic
aérien mondial et 5% des émissions de gaz à effets de serre mondiales 9 .
La pollution visuelle ou esthétique est aussi conséquente. Au fil des
années, on a vu les paysages se modifier. Le tourisme a besoin, pour se
développer, de la mise en place d’infrastructures lourdes. Cela comprend des
voies de communications comme des axes routiers, ferroviaires, maritimes ou
aériens, mais aussi des hôtels, des parcs de loisirs ou toute autre
infrastructure construite pour le tourisme. On va bétoniser le paysage, et le
rendre méconnaissable, sans se préoccuper non plus de toute la faune et la
9
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Tourisme : le tour du monde les pieds sur
terre.[En ligne]. Disponible sur : < http://www.unep.fr/shared/publications/o ther/DTIx0531xPA /touris
me.pdf> . (Consulté le 15-01-2013).
27
flore qu’on détruit par la même occasion. « La touristification modifie non
seulement les paysages mais l'âme des lieux. »
10
On parle des fois d’artificialisation du paysage. On peut par exemple
citer le cas extrême de Dubaï dans les Emirats Arabes Unis.
Il y a également perte du patrimoine du pays dans de nombreux cas.
On peut citer le cas des Kasbahs, qui représente un élément fort du
patrimoine architectural marocain. La majorité de la population locale, désirant
plus de modernité, habite maintenant dans des bâtiments dits tout-béton,
alors que les Kasbahs sont rachetées pour en faire des hôtels. Les touristes
sont en effet très friands de cette architecture typique. Malheureusement, les
grands groupes hôteliers rachetant les Kasbahs, au lieu de les réaménager, les
détruisent pour en faire des copies répondant au confort des touristes
(MINVIELLE, 2007, p. 17).
La biodiversité est aussi fortement menacée par le tourisme. Ainsi selon
l’Organisation Ocean Planet, 90 pays (sur les 109 existants) possédant des
barrières de corail ont vu celles-ci détériorées par l’activité touristique 11 .
De même, la massification de touristes sur un lieu donné, va très
fortement dégrader celui-ci. Ainsi, selon le Programme des nations Unies pour
l’Environnement (PNUE), trois quarts des dunes de sables de la côte
méditerranéenne ont disparu à cause de l’activité touristique. On recense aussi
d’autres dégradation, comme l’érosion des sols, du à un piétinement excessif,
mais aussi la dégradation de la végétation ou de la qualité des sols.
10
BRUNEL Sylvie. Une planète disneylandisée ? [En ligne]. Disponible sur :
<http://www.scienceshumaines.com/une-planete-disneylandisee_fr_29148.html#achat_article >. (Consulté
le 12-01-2013).
11
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Tourisme : le tour du monde les pieds sur
terre. [En ligne] Disponible sur : <http://www.unep.fr/shared/publications/other/DTIx0531xPA/ touris me
.pdf>. (Consulté le 15-01-2013).
28
Conclusion chapitre 1 :
Le
tourisme
était
au
départ
réservé
à
une
élite.
Il
doit
regrouper
simultanément plusieurs fondements pour être facteur de développement : les
moyens financiers, le temps libre, la liberté de se déplacer et la liberté
d’accueillir.
L’hivernage
va
permettre
de
développer
un
tourisme
facteur
de
développement, en France. Plusieurs principes de l’activité touristique vont
alors apparaître : l’importance du climat, l’activité de service et le fait que le
tourisme doit être accompagné d’autres activités pour être facteur de
développement pour le territoire.
A partir des années 1936, démocratisation des vacances.
Développement du tourisme de masse entre les années 1950 et 1960.
Au départ, le tourisme de masse est perçu de manière positive. Créateurs
d’emplois et de richesses, il est facteur de développement économique.
Pourtant, les nombreux effets négatifs du tourisme de masse se font vite
sentir, et ils sont encore présents surtout dans les pays dits du Sud.
Le tourisme est transversal, c'est-à-dire que s’il a des conséquences sur le
niveau économique par exemple, il en aura aussi au niveau environnemental
et au niveau social. Tout est lié dans l’industrie touristique :
«Une pollution hôtelière sur un littoral tropical (niveau écologique) entraîne
une diminution de la productivité du lagon et un front de mer inesthétique
(niveaux écologie, social), provoque une diminution de la pêche artisanale et
une atteinte à l’image touristique (niveau économique) et donc fragilise
l’activité touristique elle-même (niveau macroéconomique) » 12 .
12
LAURENT Alain. Le tourisme responsable facteur de développement durable. Synthèse du document
« Caractériser le tourisme responsable facteur de développement durable ». 2003, p.9. Disponible sur : <
http://www.tourisme-solidaire.org/ressource/pdf/B1bALaurentSyntheseCaracteriserletourismeresponsable
facteurdedeveloppementdurable.pdf >. (Consulté le 02-12-2012).
29
Chapitre 2- Du développement durable à l’émergence du
tourisme solidaire
Dans ce deuxième chapitre, nous étudierons la prise de conscience qui
va se mettre en place après la découverte des impacts négatifs, engendrés par
le tourisme de masse. Les pouvoir publics vont mettre en place un certain
nombre de mesures pour limiter ces dérives. On va alors voir apparaître de
nouvelles formes de tourisme plus respectueuses des territoires. Parmi ces
formes de tourisme : le tourisme solidaire. Nous allons définir cette forme de
tourisme et ses valeurs.
1. La prise de conscience des pouvoirs publics
1.1.
Le développement durable
Dans les années 1970, les pouvoirs publics prennent conscience des
dégâts causés par le tourisme de masse à tous les niveaux. On ressent de
forts clivages entre les pays dits du Nord et les pays dits du Sud. On associe
alors le tourisme de masse, à une image négative.
On va commencer à repenser le tourisme, en prenant en compte tous
les éléments dans la planification du développement. La dimension temporelle
est primordiale dans la planification de projets touristiques. Les acteurs vont
chercher des solutions pour développer l’activité touristique, en intégrant la
notion de qualité plutôt que celle de quantité.
C’est en 1972, avec le rapport Meadows, qu’on va pour la première fois
tirer la sonnette d’alarme, et dénoncer l’utilisation abusive des ressources
naturelles. On comprend alors, que le développement doit être étudié de façon
durable, si l’on veut préserver les ressources que l’on possède.
La Conférence des Nations Unies sur le développement humain
(CNUEH), qui se déroula la même année à Stockholm, donna naissance au
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et lança des
problématiques environnementales dans les préoccupations politiques, telles
que la réduction de la pollution, le réchauffement climatique ou la déchirure de
la couche d’ozone.
30
En 1987, le rapport Brundtland introduit la notion de développement
durable au niveau mondial : « Un développement qui répond aux besoins des
générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures
à répondre aux leurs ». L’objectif du développement durable est de prendre en
compte les trois piliers économiques, sociaux et environnementaux dans les
projets de développement. On doit trouver un juste équilibre entre ces trois
piliers.
Quelques années plus tard, en 1992, Le Sommet de la Terre à Rio de
Janeiro, va donner plus de responsabilités à chaque pays, en ce qui concerne
l’environnement. Les pays vont devoir faire cohabiter progrès techniques et
protection de l’environnement. Les pays du monde entier sont incités à
devenir acteurs du développement durable. La réduction de la pauvreté, la
surconsommation de l’eau ou encore les taxes pour les pays pollueurs sont
abordés. Le plan d’action Agenda 21 est mis en place à cette conférence pour
instaurer les objectifs à atteindre au XXIème siècle.
1.2.
Le tourisme durable
C’est un an plus tard, qu’on parlera de tourisme durable pour la
première fois, lorsque l’OMT publie un guide appliquant la notion de
développement durable au tourisme : « l’environnement est la base des
ressources naturelles et culturelles qui attirent les touristes. Par conséquent,
la protection de l’environnement est essentielle pour un succès à long terme
du tourisme » 13 .
En 1995, la Conférence mondiale sur le tourisme durable à Lanzarote,
organisée par l’UNESCO et l’OMT, définit le tourisme durable, comme un
concept de développement positif respectant les trois piliers du développement
durable.
On
crée
la
charte
du
tourisme
durable
qui
s’applique
aux
gouvernements, aux professionnels du tourisme et aux touristes eux-mêmes.
Suivront par la suite, la déclaration de Berlin (1997), puis la Charte
européenne du tourisme durable. Cette charte permet aux entreprises, qui la
respectent, de se distinguer des autres en promouvant un tourisme plus
responsable (1998). Enfin, le Code mondial d’Ethique du tourisme (1999)
13
RAYSSAC Sébastien. Développement durable du tourisme, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA,
Université de Toulouse 2, 2012.
31
complète et apporte de nouvelles idées pour limiter les «effets négatifs du
tourisme sur l'environnement et le patrimoine culturel et, en même temps,
maximiser les avantages pour les habitants des destinations touristiques».
Récemment, avec la parution de ce Code mondial d’Ethique du tourisme, les
professionnels du tourisme ont commencé à proposer plus de voyages
responsables. Cette offre de voyages plus responsables émane surtout d’une
demande croissante des consommateurs. 72% des français seraient prêts à
partir dans le cadre d’un voyage responsable 14 .
Face à cette prise de conscience progressive des effets négatifs que
pouvaient déclencher le tourisme, des nouvelles formes de tourisme ont vu le
jour. Parmi ces formes de tourisme durable ou responsable, on a vu apparaître
notamment le tourisme équitable, le tourisme communautaire, l’écotourisme
ou le tourisme solidaire. Toutes ces formes de tourisme alternatives, ont en
commun l’envie de mettre au cœur du voyage la population locale et
l’environnement, tout en promouvant un tourisme facteur de développement.
Elles ont pour ambition, de proposer une nouvelle forme de voyage où le
partage et le respect de la nature sont des éléments fondateurs.
Nous avons choisi de privilégier l’étude du tourisme solidaire au sein de
cette étude.
2. Le tourisme solidaire
« Le tourisme solidaire regroupe les formes de tourisme alternatif
qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre et qui
s’inscrivent dans une logique de développement des territoires.
L’implication des populations locales dans les différentes phases
du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de
la nature et une répartition plus équitable des ressources
générées sont les fondements de ce type de tourisme ».
Cette définition a été élaborée en 2004 par un Comité de pilotage
constitué de l’Union Nationale des Associations de Tourisme, des associations
de tourisme solidaire et de leurs partenaires.
14
FRANCOIS-LECOMPTE Agnès & PRIM-ALLAZ Isabelle. Tourisme durable : les français sont-ils partants ?
Actes du 25e Congrès International de l’AFM (Association Française du Marketing), 2009, p.3. [En ligne].
Disponible sur : < http://hal.inria.fr/docs/00/47/05/71/PDF/AFM09-Francois_Lecompte_Prim_Allaz.pdf>
(Consulté le 15-01-2013).
32
2.1.
Les projets de tourisme solidaire
Le tourisme solidaire est un tourisme qui s’inscrit dans une toute
nouvelle façon de penser. Il est facteur de développement local, et met les
populations au cœur de la démarche. Ainsi, ce sont eux qui doivent se réunir
et décider ensemble, de leur volonté commune de valoriser et développer leur
territoire. Ces territoires sont le plus souvent isolés, et ont besoin d’aide pour
développer et promouvoir leur offre touristique. L’élément déclencheur du
projet de tourisme solidaire est tout d’abord la volonté de maîtriser son
territoire. Ainsi, ils vont pourvoir gérer les revenus et les emplois générés par
le tourisme, mais aussi leur image en tant que destination touristique. Mais,
c’est également la volonté de diversification des activités et l’envie de saisir
des opportunités que leur offrent les Organisations Non Gouvernementales
(ONG) du Nord, en termes de formation ou de promotion par exemple.
Les projets de développement touristique solidaire émanent donc de la volonté
des populations locales, et non pas de riches prestataires provenant des pays
dits du Nord, comme dans le tourisme de masse. La logique va donc être mise
en place de manière différente.
Les projets de tourisme solidaire émanent d’un partenariat entre des
pays du Sud, qui veulent désenclaver leur territoire, et des pays du Nord,
souvent des associations ou des ONG, qui veulent les aider à y parvenir. La
relation qui s’établie entre les deux partenaires doit être égalitaire.
2.2.
Les valeurs du tourisme solidaire
Le but du tourisme solidaire est avant tout de désenclaver certaines
régions, en les aidant à développer leur économie par le tourisme. On s’appuie
sur les atouts déjà existants du territoire : les ressources humaines,
culturelles, économiques et environnementales 15 . Le tourisme, doit rester une
activité économique en complément des autres activités déjà présentes, pour
éviter la dépendance de celui-ci vis-à-vis des pays du Nord.
15
LAURENT Alain. Le tourisme responsable facteur de développement durable. Synthèse du document
« Caractériser le tourisme responsable facteur de développement durable ». 2003, p.5. [En ligne].
Disponible sur : <http://www.tourisme- solidaire.org/ressource/pdf/B1bALaure ntSyntheseCaracte
riserletourismeresponsablefacteurdede veloppementdurable .pdf > (Consulté le 02-12-2012).
33
L’un des objectifs du tourisme solidaire, est donc de développer
l’économie du pays, mais surtout de rendre le territoire totalement autonome.
Pour ce faire, on va mettre en valeur les produits locaux et artisanaux, en
développant leur production, leur consommation et leur commercialisation.
Le tourisme solidaire, met, comme on l’a vu, la population locale au
cœur du projet. Contrairement au tourisme de masse, c’est eux qui vont
prendre toutes les décisions en ce qui concerne leur offre touristique. Ils vont
pouvoir choisir la manière dont ils veulent exploiter leur territoire et leurs
ressources. Ils vont participer à l’élaboration du projet entier, du début à sa
fin. « La population locale n’est pas spectatrice passive du défilé des touristes
mais initiatrice et co-organisatrice de la rencontre » 16 .
Tous les bénéfices engendrés par l’activité touristique, leur seront
redistribués de manière équitable. Dans ce projet, le tourisme profite
exclusivement à la population locale. Cependant, les ONG sont très présentes
pour entourer les locaux. N’ayant bien souvent aucune expérience dans le
domaine du tourisme, des formations leur sont dispensées. On va les former
aux métiers du tourisme. Ces métiers sont divers : guides accompagnateurs
ou bien cuisiniers par exemple. Ils vont être capables d’accueillir la clientèle
convenablement.
Ces
projets
s’inscrivent
dans
une
démarche
de
développement local durable.
L’échange entre la population locale et le touriste est aussi totalement
différent de celui qui s’effectue au sein du tourisme de masse. Ainsi, on met
au cœur du voyage, la rencontre entre les deux parties. On parle de rencontre
unique et authentique entre deux cultures totalement distinctes.
Dans la même optique, les flux touristiques sont contrôlés. C’est par
petits groupes que les touristes vont se rendre sur le territoire. Ainsi, ils sont
au plus près de la population locale ont une expérience privilégiée avec eux.
On privilégie bien souvent l’hébergement chez l’habitant dans cette forme de
tourisme, ce qui change de manière évidente l’échange entre les deux parties.
16
DOLLFUS Laurent. Les enjeux et défis du tourisme responsable. Forum International du Tourisme
Solidaire, 2010, p. 1-3. [En ligne]. Disponible sur < http://www.tourisme-solidaire.org/ressource/pdf
/enjeuxdefis.pd f >. (Consulté le 12-10-2012).
34
La protection de l’environnement est aussi un élément fondamental du
projet. On essaye de minimiser l’impact écologique sur le territoire. Ainsi, le
nombre de touristes présents sur le territoire est contrôlé. De cette manière,
leur présence ne dégradera pas l’environnement et ne dérangera pas l’activité
quotidienne des locaux.
La plupart des profits engendrés par le tourisme solidaire, vont
permettre à la population d’organiser des projets collectifs pour l’ensemble du
territoire. En effet, ces fonds sont souvent réinvestis au profit du territoire, et
dans des secteurs importants tels que l’éducation ou la santé.
Le tourisme est aussi un moyen pour ces populations de mettre leur
culture et héritage en avant. Bien trop souvent, ces valeurs se perdent, mais
grâce à l’intérêt que les touristes ont pour ces traditions, il y a valorisation de
l’identité culturelle. C’est un tourisme qui prend très à cœur le respect des
valeurs, et des us et coutumes des habitants.
On parle du tourisme des 4 R :
« Le R de Répartition équitable de l'argent du tourisme, le R
de Responsabilité, celle du voyageur, celle de l'hôte et celle de
l'intermédiaire, le R de Respect de l'environnement, du
patrimoine, et le R de Rencontre avec l'Autre. Il s'agit d'une
sorte de " slow-tourism ", un tourisme où l'on prend son
temps, le temps de parler, le temps d'échanger, le temps de
comprendre 17 ».
2.3.
L’importance de la planification
Avant de lancer un projet de développement, on doit d’abord faire un
diagnostic pour évaluer quels sont les points forts et les points faibles du
territoire. Les points forts peuvent par exemple être son environnement, sa
biodiversité, et les points faibles, un accès difficile au territoire. On va
également déterminer quelles sont les menaces et opportunités du territoire,
en analysant par exemple, l’établissement des partenariats qui pourraient
aider au développement du territoire, ou bien les différents éléments
extérieurs pouvant venir perturber l’instauration du tourisme sur le territoire.
On doit également fixer des objectifs de départ, qui doivent être validés par
17
Forum International du Tourisme Solidaire. Présentation. [En ligne]. Disponible sur : <
http://www.tourisme-solidaire.org/presentation.htm>. (Consulté le 12-10-2012).
35
les pays partenaires concernés. Ils doivent être clairs et mettre en valeur la
population locale.
On sait que le tourisme doit, pour être facteur de développement, avoir
une population qui réunit les conditions de survie nécessaires. Pourtant, dans
la plupart des pays du Sud, ces conditions ne sont pas réunies. C’est pourquoi,
il est très important de penser le tourisme sur le long terme, et de prendre
tous les éléments en compte. De cette façon, la mise en place du tourisme, ne
se transformera pas en une activité nocive pour la population locale.
Les différents acteurs, jouent tous un rôle capital dans l’établissement
du projet de développement solidaire. Les ONG du Nord ont un rôle central car
ils vont aider les territoires du Sud à développer leur économie par le
tourisme, dans le respect du territoire et de sa population.
De nombreuses associations et ONG de tourisme solidaire se sont
créées depuis un certain nombre d’années maintenant. Mais pour certifier la
qualité et la crédibilité de ces associations, et pour structurer les organismes
de tourisme solidaire, la Fédération Française d’Associations de Loisirs
Vacances Tourisme (la Fédération LVT), la Plate Forme pour le Commerce
Equitable (PFCE) et l’UNAT décident de fonder, en 2006, l’Association pour un
Tourisme Equitable et Solidaire (ATES).
Conclusion Chapitre 2
La prise de conscience des effets négatifs causés par le tourisme, a fais
émerger une nouvelle façon de penser le tourisme. De nombreuses formes de
tourisme alternatif se sont mises en place.
Le tourisme solidaire est l’une d’entre elle. Mais malgré les valeurs qu’il
véhicule, il est toutefois difficile de mettre en place une activité touristique
dans les pays en développement.
Les projets de tourisme solidaire doivent être pensés sur le long terme et
prendre en compte les spécificités de chaque territoire.
36
Chapitre 3 : Le tourisme consommateur et ses motivations
Après avoir étudié l’évolution du tourisme et de ses formes, il est
important d’analyser et de comprendre les attentes des touristes, pour voir
comment elles s’y rattachent. Dans ce chapitre, nous allons donc étudier le
touriste et son nouveau mode de consommation. Enfin, nous verrons les
processus de décisions touristiques guidant le touriste dans ses choix.
1. Touriste : Nouveau consommateur
1.1.
Un tourisme plus authentique
La prise de conscience débutée il y a quelques années, conduisant à
l’instauration d’un tourisme plus durable, a touché les pouvoirs publics, mais
aussi les professionnels du tourisme et les touristes eux-mêmes.
Au cours de ces dernières années, on a observé un grand changement
dans la demande des consommateurs. Ainsi, une volonté de retour à un
tourisme plus authentique, avec un intérêt particulier pour la culture locale, la
découverte de territoires vierges et inexplorés et la sauvegarde du patrimoine,
s’est développée (DECROP, 2010, p. 179).
Alain Decrop parle de différentes motivations génériques qui poussent
ces nouveaux touristes au changement. Ils veulent sortir de leur routine et de
leur environnement habituel et découvrir de nouveaux territoires, qui leur
permettront le dépaysement et surprise. Il évoque aussi le besoin de repos et
de détente, qui vont permettre de rompre avec les contraintes et le stress de
la vie quotidienne. Les touristes veulent se ressourcer dans un environnement
naturel sain, où ils pourront se retrouver avec leurs proches. Ils veulent une
expérience qui leur permette de valoriser leurs liens avec la nature, la
population locale et leurs compagnons de voyage.
Cet intérêt nouveau pour les voyages authentiques émane souvent
d’une clientèle urbaine, qui cherche à travers ses vacances, simplicité et
nouvelles expériences. Ainsi Dean MacCannell dit : « Le touriste est un pèlerin
moderne, cherchant une existence et un sens authentique en dehors de
37
l’artifice de la vie moderne » (DECROP, 2010, p. 171). Ainsi, bien souvent, les
sociétés occidentales veulent un « retour aux sources », car ils se sentent
privés de quelque chose dans leur quotidien. La mondialisation qui a conduit à
l’uniformisation de bien des pays, réduit les différences existantes entre ceuxci, et rendent les gens anxieux de se retrouver au même endroit, peu importe
le lieu où ils vont. Ils sont à la recherche de nouvelles sensations et valeurs,
pour connaître des expériences différentes, où ils pourront s’évader en
découvrant un territoire inconnu, et des cultures avec de nouvelles valeurs.
Ces nouveaux consommateurs, s’opposent à ceux qu’on dits « touristes
de masse », qui sont au contraire, à la recherche de vacances traditionnelles,
et qui se sentent rassurés par des grands groupes hôteliers occidentaux, car
ils retrouvent leur confort et leurs habitudes.
1.2.
Une consommation plus engagée
Ces dernières années, les consommateurs ont développé un intérêt plus
prononcé pour les questions d’éthique. Ainsi, les consommateurs font plus
attention aux produits qu’ils achètent et consomment, et aux impacts qu’ils
ont sur le territoire et ses habitants. Déjà en 1999, neuf consommateurs sur
dix
disaient
privilégier
un
« produit
éthiquement
correct
18
»,
et
sept
consommateurs sur dix disaient être prêts à payer plus cher pour en acheter.
La consommation engagée se répand de plus en plus. Ainsi, on constate
que la satisfaction du client, augmente proportionnellement à l’intégration de
critères de durabilité dans le produit (ATOUT FRANCE, 2011, p. 73). De plus,
61% des personnes interrogées, disent être prêtes à payer 5% plus cher, pour
respecter des engagements de citoyenneté.
Cet intérêt pour le respect de l’homme et de l’environnement, se
retrouve dans les choix touristiques des individus. Ainsi, 18% des français se
déclarent prêts à ajouter 5% au prix de leur voyage, pour compenser leur
émission de carbone. Malheureusement, il y a encore un fossé entre les actes
et les mots, car seulement 2% de ceux-ci admettent l’avoir déjà fait (SCHEOU,
2009, p. 283).
18
UNAT, DGCID, Ministère des affaires étrangères. Le tourisme solidaire vu par les voyageurs français.
Notoriété,
image
et
perspective.
UNAT,
2003,
p.
2.
[En
ligne].
Disponible
sur :
<http://www.unat.asso.fr/doc/publication/Etudeclientts.pdf>. (Consulté le 15/12/2012).
38
Malgré cela, on sent une réelle envie chez les gens de « voyager moins mais
voyager mieux » (COLLOMBON, 2006, p. 9).
2. Processus de prise de décision touristique
Pour mieux comprendre les touristes, il faut s’attacher à comprendre ce
qui les pousse à prendre leurs décisions dans leur choix de départ en
vacances. Pendant bien longtemps, on a négligé le touriste et ce qui le
poussait à voyager. Pourtant, en comprenant quels sont les éléments qui
influencent la prise de décision du touriste, il est plus facile de comprendre ce
qui importe le plus pour le touriste. En comprenant ce qui est essentiel pour
lui, on peut alors savoir comment ajuster l’offre à la demande.
2.1.
Le modèle de Van Raaij et Francken
Parmi les modèles de prise de décision touristique, on peut citer celui de
Van Raaij et Francken datant de 1984 (DECROP, 2010, p. 23).
Ce
modèle
est
composé
de
plusieurs
étapes,
dépendant
des
caractéristiques propres à chaque personne ou chaque groupe social. La
première étape est la « décision générique de partir », l’individu se demande
s’il va partir ou non. Cette décision repose sur les revenus du ménage, sa
situation familiale, son style de vie et ses valeurs. La décision de partir est
très souvent prise avec l’ensemble des membres du groupe. Il s’ensuit
l’acquisition d’informations, qui convainc ou non les personnes de partir. A
travers
le
recueil
d’informations
provenant
de
sources
commerciales
(catalogues, sites internet ou agences de voyage), ou sources d’informations
non commerciales comme le bouche à oreille, l’individu va se renseigner. Il va
être influencé par ces éléments dans sa prise de décision. La prise de décision
se fait en groupe bien souvent, et beaucoup d’éléments entrent en jeu : la
communication au sein du groupe, le niveau d’éducation, et les expériences de
vacances que connaissent les différents membres du groupe (fidélité à une
destination, types d’hébergements habituellement privilégiés), mais aussi de
la sensibilité des individus face au prix du voyage.
Dans ce modèle, Van Raaij et Francken parlent de deux types
d’individus. D’abord ceux qui vont suivre un long processus de recherche
39
d’informations, afin de comparer les différentes offres qu’on leur propose,
avant de finalement prendre leur décision finale. Puis, les autres, qui vont
prendre leur décision de manière impulsive à la dernière minute.
Après la décision, les auteurs parlent de l’expérience de vacances. Chaque
touriste va avoir des préférences parmi lesquelles : l’aventure, qui privilégie
la découverte sans confort spécifique ; la conformité qui reprend les activités
quotidiennes qu’on effectue au sein de son foyer ; l’éducation privilégiant la
culture et les activités pédagogiques ; le repos, le bien être et le confort ou
encore le contact social, avec la rencontre de nouvelles connaissances.
Enfin, le modèle de prise de décision touristique de Van Raaij et Francken
parle du niveau de satisfaction post-vacances. C’est la différence entre les
attentes des touristes avant leur voyage, et ce qu’ils ont réellement vécu. Estce que le touriste a vécu ce à quoi il s’attendait ? Lorsque les touristes sont
insatisfaits, ils l’expliquent souvent par des facteurs externes. Par contre,
lorsqu’ils ont eu une bonne expérience, ils le justifient souvent par des
facteurs internes.
Fig 1. Le modèle séquentiel de prise de décision touristique de van Raaij et
Francken (1984)
Source : DECROP, 2010, p. 23
40
2.2.
Le modèle de prise de décision de Woodside et Lysonski
Le modèle de prise de décision touristique le plus cité aujourd’hui, est
celui de Woodside et Lysonski en 1989. Il différencie les inputs externes des
inputs internes. Les inputs externes dépendent du marketing mix : la
conception du produit, son prix, la publicité qu’on en fait et les canaux de
distribution choisis. Les inputs externes, quant à eux, sont les caractéristiques
propres aux individus, dépendant de leur situation sociodémographique et de
leur expérience personnelle des vacances.
Le choix va être appelé output et comprend la prise de conscience du
touriste, la formation de préférence et les intentions de visite. La prise de
conscience du touriste est composée de plusieurs ensembles : l’ensemble de
considération qui sont les destinations que le touriste va citer en premier ;
l’ensemble inerte qui sont les lieux évoqués mais pas encore envisagés ;
l’ensemble indisponible qui sont les destinations qui ne sont pas prises en
compte pour des raisons financières ou autres, et l’ensemble inapte qui sont
les destinations rejetées directement. Pour choisir la destination de ses
vacances, l’individu va donc éliminer au fur et à mesures les choix qui s’offrent
à lui. Pour cela, il va faire un classement des destinations sélectionnées, puis
va naturellement faire des associations affectives. Il va alors manifester une
intention de visite, et si aucune variables situationnelles n’entrent en jeu, alors
son choix sera finalement fait (DECROP, 2010, p. 25).
2.3.
Variables du Processus de Prise de Décision
On l’a vu dans les deux modèles de prise de décision étudiés, les
caractéristiques propres aux individus jouent un rôle important. Parmi ces
facteurs, on retrouve (DECROP, 2010, p.69) :
-
L’âge : il crée des segments plus ou moins homogènes. Ainsi, les jeunes
sont la population qui partent le plus souvent en vacances, et qui
demandent le moins de confort contrairement aux personnes âgées.
-
Niveau d’éducation : la fréquence de départ en vacances augmente
avec le niveau d’études. Il en est de même pour les voyages à
l’étranger. Il rentre aussi en compte dans le choix d’activités.
41
-
La profession : elle influence les revenus et le temps libre de l’individu
donc sa propension à voyager. Les goûts, les préférences et les valeurs
sont aussi influencés par la profession.
-
Le cadre de vie : les urbains partent plus souvent en vacances.
-
Le style de vie : la manière dont la personne vit et comment elle
dépense son argent. Il influence la manière d’organiser le voyage et le
style de vacances choisi.
Les motifs qui poussent le consommateur dans sa décision dépendent
de
plusieurs
facteurs
très
différents,
comme
ses
caractéristiques
démographiques, ses expériences passées ou encore sa personnalité. La prise
de décision d’un départ en vacances repose donc sur des besoins très divers.
C’est pourquoi, il est très important de proposer des produits différents pour
satisfaire des demandes différentes.
3. Les trois temps du voyage
A. Decrop (2010, p. 210), parle de trois temps dans le voyage. Le
premier temps avant le départ qui est appelé le voyage imaginé, c'est-à-dire
le voyage que s’imagine le touriste, il relève de l’imaginaire et de la poursuite
du rêve. Le deuxième temps se déroule pendant le séjour : on parle de voyage
vécu où tous les sens sont en éveil. On découvre sans arrêt et on passe par
différentes réactions et sentiments, comme la surprise ou le plaisir. Enfin,
après le retour, on parle de voyage prolongé. Les souvenirs rapportés du
voyage, les cartes postales envoyées, ou les photographies du séjour, vont
permettre de prolonger et de partager l’expérience. C’est une manière de
s’approprier le territoire.
Ces trois temps sont essentiels, car si le touriste a vécu ce qu’il espérait
à travers ce voyage, alors il gardera une bonne image de celui-ci, et du
voyagiste avec qui il est parti. Un phénomène de fidélisation peut alors se
mettre en place. La fidélisation est un des principes qui structure l’activité
touristique. En effet, à cause du raccourcissement de la durée des séjours, il
est plus avantageux de fidéliser des clients, plutôt que d’aller sans cesse à la
recherche de nouveaux. C’est pourquoi, la qualité est un enjeu majeur. En
42
offrant un service et une prestation de qualité, le client sera satisfait et
véhiculera autour de lui une image positive du territoire et du voyagiste.
Conclusion Chapitre 3
Ces dernières années, on a assisté à un changement profond dans l’intérêt et
les valeurs des consommateurs. Le touriste est à la recherche d’expériences
différentes et plus authentiques. Il cherche à s’évader de son quotidien et à
découvrir de nouveaux territoires et de nouvelles cultures. Il s’affirme
d’ailleurs prêt à payer plus cher pour un produit plus responsable, même si
bien souvent, il y a un fossé entre les paroles et le passage à l’acte.
En analysant ce qui pousse les touristes à prendre leur décision de départ en
vacances, on remarque que le processus de prise de décision peut être
complexe, mais qu’en comprenant ce qui pousse le touriste à prendre sa
décision, on peut lui offrir un produit correspondant à ses attentes.
De nombreuses variables rentrent en compte dans leurs choix : l’âge, la
profession, la personnalité et les habitudes de vacances entre autres.
43
Conclusion Partie I
Le tourisme a évolué à travers le temps. Il était avant considéré comme
une activité élitiste, définie par une occupation oisive qui entrainait des
dépenses ostentatoires. De nos jours, il est devenu une pratique culturelle des
Français, reconnu comme un droit fondamental.
C’est avec les Grand Tours en Europe, puis plus spécifiquement
l’hivernage, en France, que le tourisme s’est mis en place. A partir de là, le
tourisme s’est développé très rapidement, sans jamais ralentir dans son
ascension. On a vite découvert les bienfaits de cette activité, aussi bien au
niveau économique, social, qu’environnemental. Cette industrie permet à la
fois de désenclaver les territoires, mais aussi de les valoriser.
Pourtant, on a très vite vu apparaitre de nombreuses dérives. On a alors
compris que, si le tourisme n’était pas bien géré, l’activité pouvait être facteur
de mal développement. Les fondements du tourisme, ainsi que les trois
dimensions du développement durable, doivent absolument être pris en
compte, pour que le tourisme reste une activité bénéfique pour un territoire.
Chaque territoire doit prendre en compte les spécificités qui lui sont propres,
pour
mettre
en
place
une
activité
touristique,
qui
sera
facteur
de
développement.
Une prise de conscience générale va se mettre en place, face au constat
des dérives entraînées par le tourisme de masse. De nouvelles formes de
tourisme voient le jour, proposant une nouvelle façon de voyager. Parmi ces
nouvelles formes de tourisme : le tourisme solidaire.
De nouveaux modes de consommation plus responsables apparaissent
chez les consommateurs, laissant espérer le retour à un tourisme plus
respectueux. Mais malgré l’apparition de ces nouvelles formes de tourisme et
l’évolution des modes de consommation, le tourisme de masse et ses dérives
demeurent.
Alors en quoi la place du touriste solidaire, peut elle être facteur
de développement pour un territoire ?
44
Partie II –
La place du touriste solidaire est-elle facteur
de développement pour le territoire visité ?
45
Introduction Partie II
Cette deuxième partie, va nous permettre de répondre à la problématique
suivante :
En
quoi
la
place
du
touriste
solidaire,
est-elle
facteur
de
développement pour le territoire visité?
C’est à travers différentes hypothèses, que nous allons tenter de répondre à
cette question.
Avant tout, il s’agit de savoir si le tourisme solidaire possède une clientèle, car
il est évident que sans touristes, il n’y a pas de tourisme. Nous allons donc
nous demander s’il existe une clientèle pour le tourisme solidaire, et si c’est le
cas, nous analyserons son profil.
Dans un deuxième temps, nous étudierons les différentes façons de gérer et
maitriser les touristes, pour qu’ils deviennent des facteurs de développement
pour le territoire.
Enfin, nous verrons si nous sommes dans la continuation du deuxième cycle
touristique, ou si nous en entamons un nouveau.
46
Chapitre 1 - Il existe une clientèle pour le tourisme solidaire
Dans la première partie, nous avons étudié le récent changement de
comportement des consommateurs, vers un mode de consommation plus
responsable. Mais qu’en est-il de la consommation touristique ? Dans ce
chapitre, nous allons étudier l’image qu’ont les Français du tourisme solidaire
dans un premier temps. Puis, la situation actuelle du marché de tourisme
solidaire. Et enfin, nous étudierons les caractéristiques des personnes
pratiquant le tourisme solidaire, et nous déterminerons s’il existe une clientèle
pour cette forme de tourisme.
1. L’image du tourisme solidaire selon la population française
1.1.
La notoriété des formes de tourisme responsable
Afin d’analyser le potentiel du marché de tourisme solidaire, il est
important de savoir si les gens connaissent ce type de tourisme, et si oui,
quelle image ils en ont. Au fil des années, on a vu la notoriété des formes de
tourisme responsable augmenter. Les termes de tourisme solidaire, équitable
ou d’écotourisme ont pris de l’importance. Ainsi, selon une étude de l’UNAT,
en 2004, 29% des Français avaient entendu parler du tourisme solidaire ou
équitable. En 2009, ils avaient atteint les 60% (SCHEOU, 2009, p. 283).
Fig. 2 – Notoriété des formes de tourisme
Source : Sondage Harris Interactive Trophées du Tourisme
47
1.2.
La perception des Français sur le tourisme solidaire
Pourtant, à travers différentes études, on remarque que les définitions
du tourisme responsable et solidaire, restent floues dans l’esprit des gens.
D’après une étude menée par l’UNAT et le Ministère des Affaires Etrangères en
2005, 30% des personnes qui affirment avoir déjà entendu parler du tourisme
solidaire (28.8% de la population totale interrogé), l’associent spontanément
au commerce équitable, et citent donc la juste répartition des bénéfices des
recettes touristiques, comme élément central de ce type de tourisme 19 . 26%
des gens l’associent à l’aide aux populations locales et 34% à un échange
culturel et au respect des peuples et de l’environnement. Enfin, certains
l’associent à des voyages dans des pays en voie de développement, ou à des
projets de développement territorial. On remarque donc que, parmi les gens
ayant déjà entendu parler du tourisme solidaire, la définition qu’ils en ont est
plutôt correcte.
Pourtant, lorsque l’on donne des caractéristiques à associer ou non au
tourisme solidaire, à des gens qui en ont déjà entendu parler ou non, on se
rend compte que l’image du concept est parfois faussée (voir Figure 3). Ainsi,
la majorité des personnes associent correctement le concept à un voyage en
petit
groupe,
où
l’échange
avec
la
population
locale,
le
respect
de
l’environnement et le choix du voyagiste, sont importants. Cependant, deux
caractéristiques ne correspondant pas au tourisme solidaire, sont citées de
manière significative. Ainsi, 77% des personnes interrogées associent le
tourisme solidaire à de l’humanitaire ou du bénévolat, et environ 40% pensent
que les séjours de tourisme solidaire sont des voyages peu chers.
19
UNAT, DGCID, Ministère des affaires étrangères. Le tourisme solidaire vu par les voyageurs français.
Notoriété,
image
et
perspective.
UNAT,
2003,
p.
6-7.
[En
ligne].
Disponible
sur :
<http://www.unat.asso.fr/doc/publication/Etudeclientts.pdf>. (Consulté le 15/12/2012).
48
Fig. 3 – L’image du tourisme solidaire en fonction de caractéristiques
Source : UNAT, 2005, Le tourisme solidaire vu par les voyageurs français. Notoriété, image et
perspectives, p 7.
Les personnes ayant entendu parler du tourisme solidaire, n’ont donc
pas toujours une idée correcte du concept. Les gens le confondent trop
souvent avec de l’humanitaire. La notoriété du tourisme solidaire se développe
au fur et à mesure mais sa définition reste floue, voire incorrecte.
1.3.
Profil des personnes connaissant le tourisme solidaire
On remarque que les personnes connaissant le tourisme solidaire, sont
le plus souvent des catégories socioprofessionnelles supérieures, ayant fait des
études de second cycle, et qui ont une certaine sensibilité associative. De
même, les personnes âgées (65 ans et plus), les couples sans enfants, les
personnes
ayant
l’habitude
de
voyager,
et
les
partisans
de
Gauche
(particulièrement ceux d’Europe Ecologie les Verts) connaissent plus le
concept que les autres catégories de population 20 . Ces personnes ont entendu
20
Harris Interactive. Les Français et le « tourisme responsable ». Trophées du Tourisme responsable 2012,
2012, p. 4. [En ligne]. Disponible sur :
<http://www.harrisinteractive.fr/news/2012/CP_HIFR_VSNCF_26102012.pdf> (Consulté le 14/12/2012).
49
parler du tourisme solidaire soit par la presse écrite (54%), soit par la
télévision (29%) ou par la radio (22%) 21 .
La notoriété du tourisme responsable et solidaire ne cesse donc
d’augmenter, et sa définition, même si elle reste des fois inexacte, commence
à se démocratiser.
2. Le marché de tourisme solidaire
2.1.
Le marché actuel
A l’échelle mondiale, le marché du tourisme solidaire, représenterait
aujourd’hui, quatre à huit millions de touristes. A l’échelle européenne,
l’Organisation anglaise Tourism Concern, considère que le marché du tourisme
solidaire, est de l’ordre de 5 à 10% des voyageurs partant à l’étranger pour
leurs vacances (COLLOMBON, 2006, p. 9). Mais les chiffres varient beaucoup
en fonction des pays. En France, l’ATES estime à 5227, le nombre de
personnes parties en 2009. Il reste donc une pratique encore très marginale.
En ce qui concerne le tourisme responsable en général, en 2010,
l’association Agir pour un Tourisme Responsable (ATR), recensait 250 000
voyageurs,
achetant
des
prestations
de
tourisme
responsable
auprès
d’opérateurs certifiés. Il représente donc seulement 1% du marché des
voyages à l’étranger 22 . Pourtant 66% des personnes interrogées se déclarent
intéressées par le tourisme solidaire, et 7% très intéressées 23 . Si autant de
gens sont intéressés par l’offre de tourisme solidaire, alors pourquoi le marché
actuel est-il si minime ?
2.2.
Les freins au développement de ce marché
Le marché du tourisme solidaire reste encore très peu développé à
l’heure actuelle. On peut l’expliquer par différents éléments. Tout d’abord,
64% des Français, trouvent qu’il est difficile d’accéder à des informations
21
UNAT, DGCID, Ministère des affaires étrangères. Le tourisme solidaire vu par les voyageurs français.
Notoriété,
image
et
perspective.
UNAT,
2003,
p.5.
[en
ligne].
Disponible
sur :
<http://www.unat.asso.fr/doc/publication/Etudeclientts.pdf>. (Consulté le 15/12/2012).
22
Ministère de l’artisanat, du commerce et du tourisme. Les chiffres de la consommation responsable :les
produits de la consommation courante. Disponible sur : < http://www.veilleinfotourisme.fr/les-chiffres-dela-consommation-responsable-les-produits-de-consommation-courante-71367.kjsp > (Consulté le
15/01/2013).
23
UNAT, Ibid., p.8.
50
concernant l’organisation d’un voyage de tourisme responsable. De plus, 71%
estiment que les prix des voyages responsables sont trop chers, et 53%
pensent même qu’ils sont plus chers que les voyages habituels 24 . Pourtant,
51% des personnes étant déjà parti en voyage responsable, estiment que les
prix de ces voyages, ne sont pas plus chers qu’une autre forme de tourisme.
De même, la moitié des Français interrogés, admettent que l’offre de
tourisme responsable actuelle n’est pas adaptée à leurs attentes, et qu’elle
n’est pas assez variée. Les voyages responsables sont crédibles pour 52% des
Français, mais seulement 46% d’entre eux jugent l’offre de ce type de
tourisme attractive.
Nous avons donc étudié l’ampleur du marché de tourisme responsable
et solidaire, et analysé la perception qu’avaient les Français de ce type de
tourisme. Nous allons donc pouvoir maintenant, nous interroger sur l’existence
d’une clientèle pour ce type de tourisme, et le profil qu’elle pourrait avoir.
3. Caractéristiques des personnes pratiquant le tourisme solidaire
3.1.
Détermination d’un profil de touriste solidaire
On peut déterminer un portrait plus ou moins précis, des touristes
solidaires. Tout d’abord, l’origine de ces touristes ne varie pas beaucoup. La
majorité vient des pays occidentaux : les pays de l’Union Européenne, les
Etats-Unis et le Canada. Le tourisme international est souvent exclusif dans les
régions proposant ce tourisme, car le tourisme interne n’est pas développé.
Ces
voyageurs
sont
principalement
issus
des
catégories
socioprofessionnelles supérieures, et ont fait des études supérieures. Ils ont
un niveau de vie confortable, avec souvent un salaire dépassant les 2000
euros par mois. Ils habitent le plus souvent dans des grandes villes, et ont
l’habitude de voyager. Ils font partie, ou donnent à des associations. Les
personnes âgées, les couples sans enfants et les jeunes étudiants, sont
souvent plus sensibles à ce type de voyages, mais cela reste subjectif 25 . En
24
Harris Interactive. Les Français et le « tourisme responsable ». Trophées du Tourisme responsable 2012,
2012, p. 5- 6. Disponible sur : <http://www.harrisinteractive.fr/news/2012/CP_HIFR_VSNCF_26102012.pdf
>. (Consulté le 14/12/2012).
25
UNAT, Ibid., P. 8.
51
2003, une étude Ipsos, définissait ces touristes comme des cadres supérieurs
ou des retraités, entre 45 et 70 ans, ayant un revenu supérieur à 2000 euros
et un niveau d’étude supérieur à la licence (SCHEOU, 2009, p. 283).
3.2.
Les attentes des touristes solidaires
Le professeur Stephen Wearing, a identifié les motifs et les attentes de
ces touristes. Le voyage est pour eux, une échappatoire, où ils peuvent faire
preuve d’altruisme, tout en vivant une réelle aventure, en apprenant des
populations locales, mais aussi d’eux même. Le tourisme solidaire va répondre
à ces attentes. Ces touristes ont un véritable besoin de dépaysement, car ils
sont frustrés par leur environnement habituel. Ils idéalisent ces cultures qui
sont préservées, car mises à l’écart de la modernité, et des crises que
traversent les pays développés (Livre blanc Université Toulouse, 2011).
L’entretien avec Monsieur X, salarié d’un voyagiste de tourisme
équitable et solidaire (Annexe A), décrit les attentes des touristes comme
l’envie d’ « un contact différent avec la population locale » et la recherche
« d’autre chose par rapport à ce qu’ils ont déjà fais ».
Pour Monsieur Y, président d’une association et plate forme participative
de tourisme solidaire, ces touristes « préfèrent que leur argent soit investi
dans des projets collectifs et des petites structures ». Ils veulent vivre de
nouvelles expériences, en dehors des circuits touristiques classiques. Ils ont
un profond intérêt pour les populations locales, et sont dans « une démarche
d’apprentissage d’autres modes culturels et d’autres modes de vie ».
3.3.
Les concessions faites par les touristes solidaires
En 2010, une étude de mesure du degré d’adhésion globale des
consommateurs au tourisme durable a été menée. L’échantillon était composé
de 545 personnes, hommes et femmes, de 42 à 48 ans, dont environ 74%
vivait en zone urbaine, et dont la répartition des revenus était différenciée.
70% des Français interrogés, se déclarent prêts à renoncer à une partie de
52
leur confort pour gâcher moins de ressources, et réduire leur volume de
consommation, en faisant les choses par eux même 26 .
En 2008, Dolcinar, Crouch et Long, ont étudié le fait que les touristes
durables, acceptent plus facilement de renoncer à leur confort quotidien par
rapport aux autres touristes. Il existerait un équilibre entre l’intérêt pour la
protection de l’environnement, et l’acceptation de la diminution de son
confort 27 . L’activité touristique étant à la
base une activité de plaisir, avec
comme fonctions principales les trois D de Dumazedier : le développement, le
divertissement et le délassement, il semble opposé à la notion de sacrifice.
Lors de l’entretien avec Melle X, touriste solidaire, le confort apparaissait pour
elle
comme
un
critère
secondaire,
la
destination
étant
sa
première
préoccupation. De plus, l’entretien avec Monsieur X, salarié d’un voyagiste de
tourisme équitable et solidaire, nous apprend que les voyageurs « savent à
quoi s’attendre » au niveau de la « rusticité des voyages ». L’important pour
ces voyageurs est d’expérimenter une nouvelle forme de voyage, même s’il
avoue qu’il faut une certaine « adaptabilité ».
4. Il existe une clientèle pour le tourisme solidaire
4.1. Il existe un profil plus ou moins défini de la clientèle de tourisme
solidaire
De nombreux points communs réunissent les gens pratiquant le
tourisme solidaire. En effet, ce sont des personnes cultivées, qui sont souvent
diplômés.
Ils
voyagent
beaucoup
et
appartiennent
à
des
catégories
socioprofessionnelles supérieures.
L’entretien avec Mademoiselle X, qui effectue elle même des études
supérieures de second cycle actuellement, et qui a effectué un voyage
solidaire en Turquie le confirme. Les gens constituant son groupe était en
effet, pour la majorité, des professeurs ou hauts fonctionnaires d’Etat. Ce sont
également des gens qui ont l’habitude de voyager, et qui veulent découvrir de
nouveaux pays et de nouvelles cultures sans arrêt. Encore jeune, son voyage
en Turquie était le premier voyage solidaire de Mademoiselle X, mais les gens
26
FRANCOIS-LECOMPTE Agnès & PRIM-ALLAZ Isabelle. Tourisme durable : les français sont-ils partants ?
Actes du 25e Congrès International de l’AFM (Association Française du Marketing), 2009, p.19. Disponible
sur : < http://hal.inria.fr/docs/00/47/05/71/PDF/AFM09-Francois_Lecompte_Prim_Allaz.pdf> (Consulté le
15-01-2013).
27
Ibid. p 6 -7
53
qui constituaient son groupe étaient des habitués de ce genre de tourisme.
Beaucoup d’entres eux avaient déjà voyagé en Inde, au Tchad, en Iran ou
encore en Amérique Latine. Elle-même, malgré ses 23 ans, a déjà beaucoup
voyagé, et part en moyenne au moins une fois par an. Il lui est même déjà
arrivé de partir cinq fois dans l’année.
L’entretien mené avec Monsieur Y, président d’une association et plate
forme participative de tourisme solidaire, nous informe sur la composition des
groupes partant en voyage solidaire. Généralement, même si pour lui il
n’existe
pas
de
profil
type
de
touriste
solidaire,
on
retrouve
des
caractéristiques communes entre les voyageurs. Ce sont souvent des gens
avec des « profils assez variés », qui « sont en recherche d’alternatives au
niveau social et économique dans leurs vies personnelles ». Ce sont des gens
qui ont « un bagage intellectuel » et un « avis critique sur le système
économique actuel ». Ils sont des
« familles, des couples, des jeunes
engagés, des vieux, des militants », qui au fur et à mesure prennent
conscience de « l’impact de leur mode de vie », et veulent changer les choses.
Mademoiselle X a également évoqué « son envie de découvrir le
monde ». Les vacances ne sont pour elle, non pas un moment de repos, mais
un moment de partage, où l’on peut découvrir de nouveaux endroits et de
nouvelles activités. Elle décrit les vacances comme « un moment dans l’année
où tu sors de l’ordinaire, et qui te fait découvrir d’autres choses, soit des
paysages ou des gens ». On observe donc de manière flagrante, la vision
particulière qu’ont ces touristes sur la façon d’aborder leurs vacances. Pour
elle, « il ne faut pas avoir peur de découvrir l’inconnu ». Le but de ce voyage,
est le dépaysement et la découverte.
De plus, elle affirme que ce genre de voyages ne peut être accessible à
tous. Elle admet volontiers avoir les moyens financiers pour ce type de
voyages, mais le prix reste relativement élevé, selon elle, pour que toutes les
catégories de population puissent y accéder. De même, pour elle, ces
vacances sont des vacances actives, et elle conçoit que les gens aient envie de
se reposer durant leurs congés, et non pas de faire des milliers de kilomètres.
Elle dit également que « ce genre de tourisme ne peut pas parler à toutes les
54
catégories de population », car ce n’est pas forcément l’image que la majorité
des gens se font des vacances.
4.2.
La clientèle du tourisme solidaire
La plupart du temps, les personnes ayant voyagé avec des organismes
de tourisme équitable et solidaire, prolongent l’expérience et deviennent des
habitués de cette forme de tourisme. Ainsi M.Y, parlant des touristes étant
parti dans la cadre d’un séjour solidaire, dit : « en général, une fois qu’ils en
font l’expérience, ils retournent sur des voyages de tourisme solidaire ».
De plus, à travers les propos de M. X, on ressent qu’un phénomène de
fidélisation se met en place. Un suivi est instauré entre la structure de
tourisme solidaire et les touristes, après leur retour. Lors de l’assemblée
générale annuelle de l’association, les clients sont conviés. Plus de 150
personnes se déplacent pour l’évènement, et la majorité d’entre eux sont des
clients de l’association. Pour M. X, « la plupart des clients qui ont voyagé avec
nous, reviennent pour d’autres séjours ». Les gens qui expérimentent le
tourisme solidaire vont donc, très souvent, réitérer le voyage. Très sensibilisés
par les rencontres qu’ils font, ils gardent des contacts avec les locaux qu’ils
rencontrent sur place. Ainsi M. X, nous apprend que depuis le début de la
guerre au Mali, destination qu’ils proposaient avant le début du conflit, les
appels pour demander des nouvelles ne cessent pas. De même, Mademoiselle
X, affirme qu’elle aimerait repartir dans le cadre d’un voyage solidaire.
On constate qu’une sorte de communauté, adepte de cette forme de
tourisme se crée. Mais il existe aussi des gens qui, durant leur séjour, vont
effectuer un passage dans une structure de tourisme solidaire. M. Y, parle
d’une clientèle qui organise son séjour par ses propres moyens, sans passer
par les structures de tourisme solidaire. Ces personnes vont, durant leur
séjour, passer quelques jours au sein d’une structure de tourisme solidaire,
sans pour autant que la globalité de leur séjour en revêtisse la forme.
Différents types de clientèles sont donc possibles pour le tourisme
solidaire. Mais il est vrai que le marché actuel est très restreint. Il
représenterait actuellement, seulement 1% des voyages à l’étranger. Après
55
l’étude du profil des touristes solidaires, on peut se demander si le tourisme
solidaire
est
un
tourisme
élitiste.
Il
est
vrai
que
financièrement
et
intellectuellement parlant, il revêt un caractère spécifique. L’attirance vers
cette forme de tourisme, dépend en effet beaucoup du niveau intellectuel de la
personne, mais aussi de sa catégorie socioprofessionnelle.
M. X avoue que cette forme de tourisme est plus chère qu’une offre
classique, mais il justifie cela par leur « façon artisanale de travailler ». M. Y
quant à lui, met en relief « le bagage intellectuel » particulier que possèdent
ces touristes.
Conclusion Chapitre 1
Les touristes pratiquant le tourisme solidaire, ont indéniablement des
caractéristiques communes. En étudiant ces caractéristiques, on remarque que
cette clientèle est en grande partie élitiste.
En interrogeant des professionnels de cette forme de tourisme, ainsi qu’un
touriste étant parti en voyage solidaire, on a pu comprendre qu’une
« communauté d’adeptes » se mettait en place. La majorité des personnes
ayant expérimenté le tourisme solidaire, ont apprécié leur voyage, et
renouvelleront l’expérience. Il existe donc bel et bien une clientèle pour cette
forme de tourisme.
Pour autant, le tourisme solidaire représente à l’heure actuelle 1% des
voyages effectués seulement. Le marché est encore trop peu développé, et la
clientèle est donc très restreinte. Même si cette forme de tourisme repose sur
le départ de petits groupes de touristes, il est indispensable qu’elle se
développe, pour que les projets commencés dans les différents pays en
développement puissent se concrétiser.
56
Chapitre 2 - La gestion maitrisée des touristes crée un
tourisme facteur de développement
De nombreux éléments rentrent en compte dans le développement
durable d’un territoire, et les touristes sont des éléments centraux dans le bon
déroulement de ce développement. Comment assurer une gestion des
touristes, de telle manière, qu’ils soient facteur de développement ? Nous
verrons d’abord que pour que le tourisme soit facteur de développement, le
choix de la qualité est primordial. Dans un deuxième temps, nous étudierons
les moyens de maitriser les touristes par la gestion des flux, mais aussi la
sensibilisation. Enfin, nous verrons que le voyage du tourisme est facteur de
développement.
1. La qualité
Il est bien souvent difficile pour les pays dits du Sud, de mettre en place
une activité touristique facteur de développement. Comme nous l’avons étudié
en première partie, les conditions de survie pour la population locale, doivent
être réunies pour que le tourisme puisse être facteur de développement. Si ce
n’est pas le cas, le tourisme deviendra alors facteur de dérégulation et
créateur de dérives.
Pourtant, ces pays se lancent dans l’activité touristique, mais les
résultats ne sont, des fois, pas ceux escomptés. En effet, ces pays n’ayant
bien souvent qu’un accès très limité aux circuits de commercialisation des
marchés émetteurs, voient augmenter le nombre de touristes au sein de leur
territoire, mais n’en récoltent pas les bénéfices. Pour pouvoir palier à ce
déséquilibre économique, ils vont tenter d’attirer plus de touristes. Cette
logique va alors avoir l’effet de réduire les prix, et donc la qualité des
prestations. Ce modèle repose sur une approche quantitative du tourisme et
s’éloigne peu à peu du qualitatif. L’image de la destination va donc en pâtir.
De
plus,
le
nombre
d’arrivées
de
touristes,
va
augmenter
plus
que
proportionnellement au montant des recettes engendrées. Il y a une
diminution de la recette unitaire par touriste. Les coûts bas vont attirer la
57
masse, ce qui va générer des problèmes au niveau de la capacité d’accueil
touristique 28 .
Il est important pour les pays dits du Sud de se positionner au niveau
de la prestation qu’ils veulent offrir. C’est à eux de déterminer le rapport
qualité prix qu’ils veulent mettre en place. La qualité, même si elle coûte plus
chère, est ce que les clients vont privilégier. Malheureusement, ils n’ont bien
souvent pas les moyens pour investir dans cette qualité.
2. La gestion des flux
2.1.
La capacité de charge
Des flux de touristes trop importants, sont facteur de dérégulation car la
capacité de charge des sites est dépassée. La capacité de charge, est
l’instrument qui va mesurer le nombre de touristes que peut supporter un
territoire. On va alors pouvoir fixer une limite à ne pas dépasser, pour ne pas
dégrader l’environnement ou la vie locale. Elle va être intégrée dans une
stratégie de développement touristique, pour limiter la progression du
tourisme de manière volontaire 29 . L’OMT la définit de la façon suivante :
« Le nombre maximum de personnes qui peuvent se rendre dans
une destination touristique au même moment, sans provoquer
de destruction de l’environnement physique, économique et
socioculturel et une diminution inacceptable de la satisfaction des
visiteurs 30 . »
Comme
conséquences
nous
du
l’avons
déjà
étudié
dans
la
première
tourisme
de
masse
sur
les
plans
partie,
les
économique,
environnemental et social peuvent être désastreuses.
Un trop grand nombre de touristes sur le territoire au même
moment, conduit à la saturation, et fait baisser la qualité des prestations
proposées, ce qui va mener à l’insatisfaction de la clientèle. La qualité
28
TORRENTE Pierre, Gestion de projet de développement, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA,
Université de Toulouse 2, 2013.
29
IZABEL Yvette. Les méthodes d’évaluation de la capacité de charge des destinations touristiques. Travail
de recherche dans le cadre du diplôme d’études spécialisées en gestion de l’environnement, 2003, p. 2. [en
ligne]. Disponible sur : < http://mem-envi.ulb.ac.be/Memoires_en_pdf/MFE_02_03/MFE_Izabel_02_03.pdf
> (Consulté le 03/01/2013)
30
Ibid., p. 31.
58
renferme aussi celle de l’environnement visité. Un touriste ne sera pas satisfait
de découvrir un environnement dégradé, alors qu’il est venu pour cette raison
en particulier. L’environnement naturel et culturel du territoire doit être
préservé, car les touristes vont choisir leur destination à travers l’image qu’ils
se font du pays.
Pour
que
la
qualité
subsiste,
il
faut
intervenir
et
limiter
le
développement touristique. La gestion des flux va être une réponse au
problème. La capacité de charge touristique, va se positionner comme un outil
d’aide à la mise en œuvre d’une politique de développement local durable. Cet
outil va permettre de dessiner les contours et les limites de certaines zones,
afin de créer un développement harmonieux, qui satisfera aussi bien les
touristes, que les résidents de la zone 31 .
2.2.
Les outils de gestion des flux touristiques
Pour limiter les flux touristiques, différents outils peuvent être mis en place.
2.2.1. Les outils réglementaires
-
Le zonage : Il permet la délimitation entre différentes zones selon leur
importance 32 . Des zones vont être strictement protégées alors que
d’autres restent accessibles aux touristes. Le zonage est appliqué dans
les parcs naturels par exemple : le cœur est la zone centrale,
strictement protégée car très fragile. Autour, il y a la zone d’adhésion,
permettant le lien entre l’intérieur et l’extérieur du parc. Cette zone
permet de canaliser l’impact d’une sur-fréquentation sur le site 33 .
-
Limite au libre accès : très difficilement applicable, car l’accès au
patrimoine public est un droit fondamental des citoyens 34 .
-
Limitation de certaines activités : certaines activités ne peuvent être
pratiquées dans des zones données, si l’on juge que les impacts sur
l’environnement sont trop forts, ou s’il existe un conflit d’usage entre
plusieurs acteurs. Des activités sont donc interdites et d’autres limitées
à un certain nombre de visiteurs, ou à une période de l’année. Par
31
32
Ibid., p. 35.
Ibid., p.62.
33
LAFFORGUE L. Droit public, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA, Université de Toulouse 2, 2013.
34
IZABEL Yvette. Ibid., p.63.
59
exemple, dans les parcs nationaux, les activités minières et industrielles
sont interdites. De même, certains parcs nationaux par interdissent la
pratique du parapente car il dérange les oiseaux 35 .
-
La dispersion des flux touristiques : elle permet de répartir les flux sur
une zone. Même dans des zones où le tourisme est très développé, la
dispersion
des
différentes
structures
touristiques,
va
donner
l’impression que la zone est moins saturée. Ainsi, à Porec en Croatie,
principale destination du pays, la capacité d’accueil est d’environ
100 000 lits sur une surface de 350km², pour huit millions de nuitées
par an. Mais la péninsule a mis en place un système de dispersion des
flux touristiques, grâce à différentes mesures. Les hébergements
touristiques sont dispersés, un accès aux hébergements en cul de sac a
été mis en place, les livraisons ont été limitées pour réduire les
déplacements et on a interdis la circulation le long des côtes 36 .
2.2.2. Outils économiques
La fixation d’un prix d’entrée, va parfois réussir à dissuader des
touristes de se rendre quelque part. Elle ne constitue pas une solution
souhaitable, mais elle peut s’avérer très efficace. De plus, des taxes peuvent
être ajoutées aux prix d’entrée, pour couvrir d’éventuelles dégradations. Ces
taxes peuvent parfois constituer un obstacle pour les visiteurs, car elles
augmentent le prix global de l’entrée 37 .
2.2.3. Outils organisationnels
-
Les systèmes de réservation : l’achat et la réservation s’effectuent en
avance. Ce système permet de contrôler les flux en ne dépassant pas la
limite du nombre de places d’accueil total.
-
La gestion de l’information : les informations sur les heures de pointe ou
sur l’état du trafic, constituent des éléments clé pour limiter les
encombrements. Un territoire qui garde les visiteurs et les résidents
bien informés en permanence, va limiter la saturation de certains sites.
35
Ibid., p. 63.
Ibid., p.55.
37
Ibid., p.64.
36
60
2.3.
La gestion des flux au sein du tourisme solidaire
2.3.1. La limitation du nombre de voyageurs
Maintenant que nous avons étudié quels étaient les outils pour limiter le
développement non contrôlé du tourisme, il est important d’étudier comment
sont gérés les flux touristiques au sein des voyages solidaires.
Tout d’abord, il est important de repréciser qu’actuellement, les voyages
solidaires représentent seulement 1% des voyages totaux. La gestion des flux
n’est donc pas un problème pour cette forme de tourisme. C’est même plutôt
la situation inverse. Le tourisme solidaire doit se développer, pour pouvoir
permettre aux territoires avec cette forme de tourisme, de prospérer.
Pourtant, l’esprit des organismes de tourisme solidaire, limite le nombre
de personnes partant. Ainsi, pour bon nombre d’entre eux, les groupes se
limitent à 15 personnes à la fois. M. X, salarié d’un voyagiste de tourisme
équitable et solidaire, parle d’une limite de dix personnes au sein de leur
structure. Cette limite a été imposée, car plus de personnes pourrait flouer la
rencontre entre les touristes et les locaux. Bien souvent, la structure envoie
cinq à six personnes à la fois seulement, et il arrive même qu’elle n’envoie que
deux ou trois personnes.
2.3.2. L’importance de l’échange dans le voyage solidaire
Il faut rappeler que l’échange est au cœur des valeurs du tourisme
solidaire. C’est l’un des critères principaux poussant les gens à s’intéresser à
cette forme de tourisme alternatif. C’est un échange qui ne doit pas perturber
l’équilibre du territoire, aussi bien au niveau de la gestion des ressources que
de l’environnement des locaux et de leur vie quotidienne. De plus, vu leur
nombre, la sensibilisation des touristes est plus facile.
Le tourisme solidaire réussit à gérer ses flux de visiteurs. Mais, c’est une
forme de tourisme qui n’est pas très développée pour le moment. M.X n’est
pas inquiet, car pour lui, le tourisme solidaire ne représente pas un marché
assez important à l’heure actuelle, pour se soucier de l’éventuelle mise en
place d’un tourisme de masse. Le tourisme solidaire, a réussi à créer un
tourisme, qui n’impacte pas sur la population locale. Par le petit nombre de
61
touristes qui se rendent dans ces territoires, la vie des locaux est respectée, et
l’échange qui se crée est riche pour les deux parties. Mais pour qu’il le soit, il
est nécessaire pour ces touristes de recevoir une préparation avant le voyage.
3. La sensibilisation des touristes
3.1.
L’importance de la sensibilisation
« Il n’y a pas de mauvais touristes, mais des voyageurs mal informés ».
C’est sur ce principe qu’en 1996, a été écrit la Charte éthique du voyageur. A
travers cette charte, il y a une réelle volonté de sensibiliser le touriste au
respect des populations visitées, de leur patrimoine et de leur environnement.
Toutes les structures de tourisme solidaire, doivent respecter cette charte pour
pouvoir être reconnues comme telles.
Il est possible d’agir sur le comportement du touriste avant même son
départ. Un touriste est, en effet, un être avec ses valeurs, ses habitudes et ses
attentes. Il se fait forcément une image de la destination qu’il s’apprête à
découvrir, et du peuple qu’il va rencontrer. Bien souvent, comme on l’a vu en
première partie du mémoire, les touristes viennent sur un territoire sans s’être
préparé réellement à ce qu’ils allaient vivre, aussi bien au niveau des valeurs
du territoire, qu’au niveau du choc culturel. Il est donc très important pour le
prestataire touristique, d’assurer la bonne préparation des touristes à leurs
voyages. Ils doivent connaître les valeurs et les règles du peuple qu’ils vont
rencontrer, afin de ne pas les heurter ou leur manquer de respect
involontairement. Bien souvent, les personnes s’apprêtant à partir, n’ont pas
conscience que certains de leurs comportements pourraient choquer les
locaux, population déjà fragile. De même, des comportements très généraux
sur le respect de l’environnement visité sont abordés.
Ainsi, les organismes de tourisme solidaire se doivent de proposer aux
touristes, une préparation et une sensibilisation préalable au départ. L’ATES en
fait même l’un de ces critères dans sa grille d’évaluation des organismes de
tourisme solidaire. « Une éducation touristique s’impose par conséquent
aujourd’hui à tous les partants » (SCHEOU, 2009, p. 288). Pourtant, cette
préparation au voyage, est très souvent laissée de côté par les opérateurs
touristiques.
62
3.2.
Au
Une sensibilisation qui manque de moyens
sein
des
organismes
de
tourisme
solidaire,
on
peut
malheureusement constater, que la préparation au voyage se résume bien
souvent au strict minimum. Les supports sont les sites internet des structures
ou leurs brochures. Ainsi M.X, durant l’entretien, se contente de répondre non
à la question « Est-ce qu’il y a une formation avant le départ pour préparer les
gens au voyage ? ». Il explique que toute la sensibilisation à l’attention des
touristes, se trouve sur le site internet, et qu’il n’existe pas de sensibilisation
spécifique selon les pays visités.
De même, Mademoiselle X, partie avec un voyagiste différent de celui
de Monsieur X, nous informe qu’elle a simplement reçu une brochure avant
son départ. Dans cette brochure, il est expliqué ce qu’est le tourisme solidaire
et ses valeurs, mais aussi les choses à ne pas faire de manière générale : ne
pas dégrader l’environnement par exemple. Avant son départ, elle a
également reçu une feuille de sensibilisation propre au pays qu’elle allait
visiter. Il y était indiqué les choses à faire ou ne pas faire, pour ne pas aller à
l’encontre des valeurs et traditions du pays. Entre autre, mettre des
vêtements couvrant tout le corps car le pays était de religion musulmane. Pour
Mademoiselle X, cette brochure est utile, et distingue les organismes de
tourisme solidaire, des prestataires touristiques classiques.
Monsieur Y, président d’une association de tourisme équitable et
solidaire, explique ceci par le manque de moyen des organismes de tourisme
solidaire. Pour avoir une formation, il faut trouver le temps et les moyens
financiers, et ils ne l’ont pas.
La sensibilisation des touristes, même si elle n’est pas toujours aussi
développée qu’il le faudrait, est très importante pour le territoire d’accueil.
Ainsi, l’échange entre touristes et locaux s’effectue dans de bonnes conditions.
Cette sensibilisation permet au tourisme d’être facteur de développement pour
le territoire, car le tourisme est effectué dans des conditions de respect
mutuel.
63
4. Le voyage du touriste
4.1.
Des investissements lourds pour l’aménagement
Pour accueillir les touristes au sein d’un territoire, des aménagements
sont indispensables. Cependant, il est très difficile pour les pays dits du Sud
de
répondre
aux
investissements
exigences
lourds.
Les
des
touristes,
infrastructures
car
de
elles
base
demandent
comme
l’eau
des
et
l’électricité, les transports ou encore celles s’occupant du tri des déchets ou
des eaux usées représentent de gros investissements, mais sont pourtant des
éléments capitaux pour répondre au confort dont les touristes ont besoin.
Pourtant, le tourisme peut, s’il est bien organisé, joué un rôle de catalyseur
des
stratégies
de
développement
économique
et
social.
L’objectif
du
développement touristique dans ces pays en développement, est la mise à
niveau des infrastructures de base, pour qu’elles puissent aussi bien profiter
aux touristes qu’à la population locale (AMALOU, 2001, p. 137). Ces
investissements sont très lourds pour l’Etat, mais ce sont pourtant simplement
des infrastructures de base, et elles sont donc indispensables pour être
compétitifs vis-à-vis des pays industrialisés (AMALOU, 2001, p. 144). De plus,
elles vont augmenter le niveau de vie des locaux.
4.2. Les choix des touristes : éléments déclencheurs du développement
Fig 4. La contribution des branches non touristiques au voyage d’un touriste
Source : Alain Laurent, 2003.
64
On peut voir que le circuit d’un touriste (Figure 4) est très complexe, et
peut générer beaucoup de bénéfices dans des secteurs très variés. Il est donc
important, de mettre en place une stratégie permettant que la majorité des
dépenses des touristes, contribuent au développement du territoire.
Ainsi, on constate que dès le départ, le choix du touriste est
déterminant pour le territoire qu’il va visiter. Il a le choix entre plusieurs
prestataires touristiques et s’il décide de partir dans le cadre d’un voyage
responsable ou solidaire, son voyage n’aura bien sûr pas le même impact.
Un touriste qui choisit un voyage de tourisme solidaire, va accepter
dans un premier lieu, qu’une partie du prix de son voyage, soit reversé à un
territoire en voie de développement pour un projet collectif. Les organismes de
tourisme solidaire reconnus par l’ATES, montrent en toute transparence la
façon dont sont répartis les prix des voyages (Figure 5).
Fig 5. Répartition financière du coût du voyage solidaire
Source : Site internet Association La Route des Sens, Voyages équitables et solidaire
La plus grande partie du prix du voyage, est consacrée au coût du titre
de transport. Le prestataire ne peut en aucun cas agir sur ce coût. Mais ce qui
est le plus intéressant, c’est la part qui revient directement aux locaux. Ainsi,
on voit que 16% du prix du voyage revient directement aux locaux à travers
les salaires, et 18% revient aux infrastructures d’accueil dirigées par les
locaux. De plus, 6% du prix de chaque voyage est reversé pour un projet
collectif. Ces projets peuvent être très divers : construction d’écoles, de puits,
ou encore équipements pour le village. Cette répartition, bien différente de
65
celles effectuées dans le cadre de tours opérateurs classiques, va changer de
manière significative le niveau de vie des locaux. Ainsi, dans le reportage « Un
jour ça ira » (2004), réalisé par l’association de tourisme équitable et solidaire
Croq’Nature, un chamelier nigérien explique que le tourisme a effectivement
relevé le niveau de vie. Il dit que les salaires ont été augmentés, et que
dorénavant, il gagne en une semaine ce qu’il gagnait avant en un mois. Même
si les salaires, ne constituent qu’une petite partie du développement, on
constate au moins que le tourisme peut améliorer les conditions de vie de
certaines populations. Mais ce chamelier, explique bel et bien que le tourisme
reste une activité secondaire, en plus de son activité traditionnelle.
Jean-Luc Gantheil, président de Croq’Nature explique quant à lui, que
l’association est dans une « dynamique d’équité économique ». Les bénéfices
ne sont pas la priorité, car l’important est « que tous les gens s’y retrouvent
au niveau de l’argent et au niveau du bien être dans les conditions de
travail ».
Et même s’il est vrai que le développement économique est capital, il n’est pas
suffisant pour avoir un développement local sain.
Conclusion Chapitre 2
Le tourisme peut être facteur de développement pour un territoire, mais il doit
être planifié et pensé sur le long terme. La gestion des touristes, est l’un des
éléments permettant que le tourisme soit facteur de développement. Ainsi, la
qualité doit être privilégiée et les flux de touristes limités.
On a vu que d’une manière générale, aussi bien qu’au sein du tourisme
solidaire, les touristes jouaient un grand rôle dans le développement des
territoires. Mais leur gestion doit être maitrisée et une stratégie doit être mise
en place pour que les recettes du tourisme bénéficient aux locaux. La
sensibilisation tient aussi une place importante, car elle va permettre aux
touristes de comprendre l’importance de leur comportement au sein d’un
territoire. De cette manière, une relation plus saine va s’établir entre touristes
et locaux.
66
Chapitre 3 – Le tourisme solidaire : inscrit dans la continuité
de la deuxième phase touristique
Dans ce chapitre, nous définirons les deux cycles touristiques existants.
Nous verrons que le tourisme de masse est un modèle en déclin car son offre
ne correspond plus aux attentes des clients. Nous analyserons les cycles
touristiques et essaierons de nous positionner par rapport à la situation
actuelle. Enfin, nous verrons si le tourisme de masse peut devenir plus
durable, et s’il est possible de faire cohabiter l’élite et la masse.
1. Les deux phases touristiques
1.1.
Les différents cycles du tourisme
Au cours de l’évolution de l’histoire du tourisme (voir Partie I, Chapitre 1), on
a pu mettre en évidence l’existence de trois cycles différents :
-
Le premier cycle : le tourisme est une activité élitiste, qui a commencé
avec les Grand Tours des aristocrates anglais à la fin du XVIIIème
siècle ;
-
le deuxième cycle : l’émergence d’un tourisme de masse qui rend les
vacances accessibles à tous (1936-1970) ;
-
le troisième cycle : la prise de conscience des pouvoir publics et des
acteurs touristiques, sur les impacts négatifs du tourisme de masse à
partir de 1970. Cette prise de conscience, a conduis à la création de
nouvelles formes de tourisme plus respectueuses de l’environnement et
des peuples.
1.2.
Les phases touristiques
Malgré cette prise de conscience, le tourisme de masse est toujours la
forme de tourisme la plus développée à l’heure actuelle. Il existe deux phases
touristiques différentes. Tout d’abord, la phase touristique où le tourisme était
réservé à une élite, qui s’est déroulée pendant le premier cycle. Puis, la
deuxième phase touristique, qui a accueilli le tourisme de masse durant le
deuxième et troisième cycle.
2. Le tourisme de masse : un modèle en déclin
67
Les nouvelles formes de tourisme alternatif se sont multipliées ces
dernières années, en même temps que les modes de consommation des
sociétés changeaient. Aujourd’hui, même si le tourisme de masse est toujours
prédominant, c’est un modèle en déclin (LUCIA, 2007, p. 51). En effet, il ne
correspond plus à la demande des touristes. Ils sont plus exigeants, et
privilégient la qualité. Ils veulent être dépaysés, mais aussi avoir un échange
interculturel fort durant leur séjour. Ils ne veulent plus être spectateurs
passifs, mais acteurs responsables et solidaires. Ils ont envie d’authenticité et
d’harmonie
avec
la
nature.
On
parle
de
« tourisme
d’étonnement
et
d’émotion ». (LUCIA, 2007, p. 58). La logique sur laquelle reposait le tourisme
de masse ne plait plus. Les cadences et l’organisation très stricte de ces
voyages, n’a plus rien à voir avec les envies nouvelles des touristes.
3. La continuation de la deuxième phase touristique
3.1.
Le tourisme alternatif : un tourisme accessible à certaines
catégories
de population
Cependant, comme nous l’avons vu précédemment, les personnes
pratiquant des formes de tourisme alternatif, ont des caractéristiques bien
particulières. Ils sont souvent issus des catégories socioprofessionnelles
supérieures et ont donc un bon niveau de vie. Ils ont effectué des études
supérieures, et ont l’habitude de voyager. De plus, la majorité d’entre eux a
une sensibilité associative. Ce tourisme n’est pas accessible à toutes les
catégories de populations, intellectuellement et financièrement parlant. Ces
touristes forment donc une élite particulière, se distinguant des autres
touristes. Pourtant, les demandes des touristes changent comme on pu
l’évoquer précédemment.
3.2.
L’élite attire la masse
Dans l’évolution du schéma traditionnel touristique, on a toujours vu
qu’une élite se rendait d’abord dans une destination, et était suivie, quelque
temps après, de la masse. En France, le même schéma s’est produit avec
l’hivernage. En choisissant une destination touristique, l’élite va inciter la
masse à la suivre involontairement. Généralement, quand la masse arrive,
l’élite s’en va. Mais, la différence séparant le modèle de développement
68
classique d’une destination touristique, au modèle actuel, c’est l’émergence
des nouvelles formes de tourisme alternatif. Ce tourisme adopte une approche
systémique, il est pensé sur le long terme et prend en compte les réalités
territoriales. Chaque modèle de développement touristique est unique, car
chaque territoire a ses propres caractéristiques et spécificités. Mais puisque
ces formes de tourisme offrent un modèle de développement différent,
prenant en compte l’environnement et les populations de ces territoires,
sommes nous toujours dans la deuxième phase touristique, où le schéma
traditionnel va se répéter, ou entrons nous dans une nouvelle phase ? Cela
supposerait soit que la masse va arriver dans ces territoires fragiles dans
quelques années (2ème phase), soit que ce tourisme plus responsable, est
réservé exclusivement à l’élite (3ème phase) 38 .
Cette question est capitale pour l’avenir de ces territoires. Si le territoire
suit le schéma classique de développement, alors il doit se préparer à accueillir
la masse de toute urgence. Au contraire, si nous avons débuté une troisième
phase, alors ce tourisme restera uniquement accessible à une élite, et
beaucoup de territoires ne pourront prospérer comme ils l’avaient entrepris.
4. Le tourisme de masse à la recherche de plus de durabilité
4.1. Le tourisme de masse doit intégrer des éléments durables dans
ses prestations
Nous l’avons vu, les attentes
générales des touristes ont évolué. La
recherche d’authenticité et de dépaysement concerne tout aussi bien le
tourisme responsable que le tourisme de masse. Il doit y avoir une prise de
conscience de la part des acteurs engagés dans cette activité (SCHEOU, 2009,
p. 107). Christian Orofino, président du Tourconseil et de la Commission de
Tourisme responsable du Syndicat National des Agences de Voyage (SNAV),
parle d’un « secteur en panne », car ne proposant pas les bons produits aux
clients 39 . Selon lui, les gens ont pris conscience des effets néfastes du
tourisme, et veulent être plus responsables dans leurs actes d’achats. Pour
38
TORRENTE Pierre, Gestion de projet de développement, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA,
Université de Toulouse 2, 2013.
39
Tourmag. Le tourisme durable : une alternative à la panne de croissance de notre activité [en ligne].
Disponible sur : < http://www.tourmag.com/Le-tourisme-durable-une-alternative-a-la-panne-decroissance-de-notre-activite_a51376.html> (Consulté le 02/03/2013).
69
Monsieur Orofino, les opérateurs touristiques doivent proposer des produits
incluant ces nouveaux paramètres, et pour cela des alliances avec les
« acteurs de la niche durable » doivent être passées. Ainsi, les prestataires
classiques pourront comprendre leurs « mécanismes de production, de
distribution et de communication », et les adapter à leurs offres. Pourtant,
pour lui, les nouveaux produits proposés, seront « exactement les mêmes
produits, circuits, séjours, croisières, qui sont packagés avec plus d'attention
afin de respecter les hommes et les environnements des pays visités par nos
clients » 40 . Leur objectif est que « le tourisme de masse reste de masse »,
tout en devenant plus responsable.
4.2.
La compatibilité entre tourisme de masse et tourisme durable
On voit donc la volonté des opérateurs classiques, d’intégrer des
critères de durabilité à leur offre, pour répondre aux exigences des clientèles
et regagner des parts de marché. Mais le tourisme durable peut-il être un
tourisme de masse ? Les prestataires classiques, agissent uniquement dans
une optique de rentabilité. Nous avons étudié l’importance de la qualité, dans
les formes de tourisme responsable. Mais la qualité suppose des prix plus
chers, et donc une accessibilité limitée à certaines catégories de population.
De même, le tourisme est facteur de développement, seulement si l’on régule
les flux touristiques. Des flux touristiques incontrôlables supposent une
dérégulation de l’activité, et l’apparition de dérives. Le tourisme ne peut être
facteur de développement, et être accessible à tous 41 . Mais, il ne faut en
aucun cas opposer tourisme durable, au tourisme de masse. Il est possible de
rendre le tourisme de masse plus durable, mais en repensant le modèle.
L’évidence se dessine au fur et à mesure, nous sommes actuellement
toujours dans la second phase touristique. Le tourisme de masse va donc
s’instaurer dans ces pays fragiles. En pensant à la maitrise de ce tourisme dès
à présent, il est possible de réduire ses impacts. Le tourisme, pour être facteur
de développement, doit avant tout, mettre le territoire et sa population au
cœur du processus.
40
Tourmag. Tourisme responsable : « nous proposons les mêmes produits depuis un demi siècle… ». [en
ligne]. Disponible sur : < http://www.tourmag.com/Tourisme-Responsable-Nous-proposons-les-memesproduits-depuis-un-demi-siecle_a44768.html> (Consulté le 02/03/2013).
41
TORRENTE Pierre, Gestion de projet de développement, Cours de Master 1 TD, département ISTHIA,
Université de Toulouse 2, 2013.
70
5. Des circuits différents pour chaque clientèle
Une élite est déjà présente dans ces territoires, et on sait que bien
souvent, l’élite s’en va quand la masse arrive. L’enjeu important pour ces
territoires, c’est de conserver cette élite. Pour cela, les formes de tourisme
alternatif comme le tourisme solidaire qui, comme on l’a vu, est réservé à
certaines catégories de population ayant des caractéristiques communes,
pourrait être réservé à l’élite. D’un autre côté, on pourrait proposer un
tourisme plus durable pour les nouveaux touristes arrivant en plus grand
nombre. Pour cela, il faut réussir à faire cohabiter les deux, ensemble.
De la même façon, la population locale doit avoir elle-même accès au
tourisme. Un équilibre doit être conservé entre touristes nationaux et
internationaux. Pour cela, une des solutions serait de développer différentes
zones au sein du territoire, pour différentes clientèles. Ainsi, on aurait des
circuits réservés à l’élite, d’autres aux touristes en général, et enfin d’autres
pour la population locale. En mettant en place un circuit pour les touristes et
un autre pour les locaux, les deux circuits vont être autonomes et
complémentaires à la fois (TORRENTE, 2009, p.47). Ainsi, le territoire sera
moins dépendant des touristes internationaux mais aussi de la saisonnalité.
Même en basse saison, des touristes continueront à venir, et si la saison
touristique a été mauvaise, des flux économiques entrants sont quand même
présents.
71
Conclusion chapitre 3
Actuellement, nous sommes dans la suite logique de la deuxième phase
touristique. Ainsi, les opérateurs touristiques classiques se préparent à
intégrer au sein de leurs offres, des éléments plus durables afin de satisfaire
les nouvelles exigences des clientèles. Pour que le tourisme continue à être
facteur de développement au sein de ces territoires, il est capital de préparer
ces territoires fragiles. Différents circuits doivent être mis en place selon la
clientèle. Ainsi, les formes de tourisme alternatif qui supposent des profils bien
particuliers seront privilégiées par l’élite. Le tourisme de masse quant à lui
sera contrôlé par différents outils, et par un circuit particulier répondant aux
attentes de la clientèle. De la même façon, un équilibre entre touristes
internationaux et nationaux sera assuré, pour que les locaux soient mis au
cœur du processus, mais également pour assurer l’indépendance du territoire.
72
Conclusion Partie II
Après l’étude des différentes hypothèses, nous pouvons dire qu’il existe
un marché pour le tourisme solidaire. Une communauté d’adeptes s’est
formée, et reste fidèle à la pratique de ce tourisme. Cependant, le marché
reste très faible à l’heure actuelle, et nécessite une évolution pour que la
réalisation des projets débutés soit terminée.
Le tourisme solidaire n’est pas accessible à tous les types de populations, vu
les caractéristiques communes des personnes pratiquant ce tourisme.
De plus, nous avons étudié plusieurs outils permettant que le tourisme,
devienne facteur de développement pour le territoire. Ainsi, un territoire doit
savoir contrôler les flux touristiques pour pouvoir se développer de manière
positive. De même, la sensibilisation des touristes avant le départ, et leurs
choix au long de leur séjour, vont avoir une importance capitale. Le tourisme
solidaire répond à ces caractéristiques et ceci explique qu’il soit facteur de
développement pour le territoire.
Enfin, nous avons estimé nous trouver au sein de la deuxième phase
touristique. Malgré l’émergence de nouvelles formes de tourisme, le schéma
connu précédemment se répète. Ainsi, l’élite attire la masse, et les pays en
voie de développement doivent façonner une stratégie pour y faire face. Le
développement d’un tourisme de masse plus durable en général, et du
tourisme national, vont pouvoir rééquilibrer le territoire.
73
Partie III –
Le tourisme interne : appui au
développement du tourisme solidaire
74
Introduction Partie III
A travers cette étude de cas, nous allons tenter de vérifier les
hypothèses traitées précédemment. Ainsi, la deuxième partie de l’étude, nous
a permis de déterminer l’existence d’une clientèle de tourisme solidaire, mais
aussi de stratégies et d’instruments permettant de contrôler le touriste, pour
qu’il soit facteur de développement. Enfin, nous avons déterminé que le
tourisme solidaire s’inscrivait dans la continuité de la deuxième phase
touristique.
Pour vérifier ces hypothèses, nous allons étudier le développement du
tourisme interne, au sein d’une structure de tourisme solidaire.
Le territoire choisi est le Cameroun, et plus précisément le pays Bamiléké dans
l’Ouest Camerounais. Nous allons étudier l’association RECOSAF, qui a pour
vocation, le développement des zones rurales camerounaises. L’association, a
passé un accord avec cinq villages de la région, afin de permettre la mise en
place d’une activité touristique, facteur de développement local.
A travers cette troisième et dernière partie, nous allons définir ce qu’est
le tourisme interne et ses objectifs, mais aussi le lien qu’il a avec le tourisme
solidaire.
Puis, nous tenterons de mettre en place une méthodologie répondant à
la mise en place du tourisme interne, dans la structure de tourisme solidaire
choisie.
75
Chapitre 1- Présentation du territoire et de la structure étudiés
Dans ce premier chapitre, nous allons présenter le territoire d’étude
sélectionné. Nous étudierons d’abord la situation géopolitique et touristique du
Cameroun. Puis, plus précisément, la situation sociodémographique de la
province de l’Ouest, territoire choisi pour l’étude. Enfin, nous présenterons la
structure de tourisme solidaire présente au sein de ce territoire.
1. Présentation du Cameroun
1.1.
Situation géopolitique
Le Cameroun devint une colonie allemande en 1884. Cependant, après
la seconde Guerre Mondiale, la colonie allemande fut redistribuée entre la
France (4/5 du territoire), et le Royaume-Uni. Ce n’est que le 1er janvier 1960,
après des années de violentes confrontations avec le peuple français, que le
pays devient indépendant. La colonie britannique, quant à elle, se sépare en
deux. Le Nord, essentiellement musulman, rejoint le Nigéria, et le Sud,
l’ancienne colonie française, rejoint la République fédérale du Cameroun.
L’accession à l’indépendance a été particulièrement violente à l’Ouest du
Cameroun. On parle de véritables massacres du peuple Bamiléké, dans l’Ouest
camerounais.
Un parti politique unique se met en place à partir des années 1966, dirigé par
Amhadou Ahidjo. Il règnera en maître jusqu’en 1982, où il démissionnera pour
des raisons de santé. Il sera alors remplacé par son premier ministre Paul
Biya, qui est actuellement toujours à la tête du pays.
Le pays a connu beaucoup de crises économiques et sociales, dont la
dernière en 2008. De nombreuses émeutes se sont déroulées dans tout le
pays, pour manifester contre la hausse du coût de la vie, mais aussi contre la
corruption. En effet, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a fais
modifier la Constitution camerounaise, pour élargir le nombre de mandats
présidentiels autorisés, et se représenter aux élections présidentielles de
76
2011. Il a ainsi été réélu à la tête du pays. Ces émeutes ont fais des dizaines
de morts à travers le Cameroun 42 .
Aujourd’hui, le Cameroun a retrouvé une certaine stabilité au niveau
politique. De plus, il dispose de nombreux atouts économiques dus à ses
ressources naturelles, notamment en pétrole et gaz naturel, mais aussi en
coton, café et cacao. La situation géographique du Cameroun est aussi un
avantage car elle facilite les exportations 43 . Pourtant, le pays connaît encore
de nombreuses difficultés au niveau de son développement. Son Indicateur de
Développement Humain était seulement de 0,495 en 2012, et l’espérance de
vie avoisine les 50 ans 44 . Les divergences de développement entre les villes et
les campagnes sont très importantes, notamment en termes d’éducation.
1.2.
Situation touristique
Le tourisme n’est pas très développé au Cameroun. En 2010, le pays a
franchi la barre des 572.000 touristes, devenant enfin une destination
touristique selon les critères de l’OMT. La France reste le premier pays
émetteur avec 250.000 touristes.
Lors de la conférence de presse du Ministre d’Etat du tourisme et des loisirs
camerounais, Malgari Bello-Bouba, à l’International French Tourism Market
(IFTM) Top Résa 2012, un appel aux investisseurs étrangers a été réalisé. Le
Ministre a dis : «Nous ne pourrons pas tout réaliser par nous-mêmes […]
Les investisseurs étrangers seront les bienvenus » 45 .
Le tourisme, n’était pas une priorité pour le pays, mais depuis quelques
années, il prend plus d’ampleur. Ainsi, en 2012, un Conseil national de
tourisme
a été
crée. De plus, deux nouveaux bureaux d’information
touristiques viennent de voir le jour aux Etats-Unis et en Chine, en plus de
42
Le Figaro. Paul Biya fait face à des émeutes au Cameroun. [En ligne]. Disponible sur : <
http://www.lefigaro.fr/international/2008 /02/28/01003-20080228ARTFIG00023-paul-biya-fait-facea-desemeutes-au-cameroun-.php> (Consulté le 10/03/2013).
43
Le RECOSAF. La région. [En ligne]. Disponible sur : < http://recosaf.com/accueil-chez-lhabitant/laregion/>. (Consulté le 08/03/2013).
44
PNUD. Indicateurs internationaux de développement humain. [En ligne]. Disponible sur : <
http://hdrstats.undp.org/fr/pays/profils /CMR.html >. (Consulté le 10/03/2013).
45
Tourmag. Le Cameroun aimerait voir décoller son tourisme. [En ligne]. Disponible sur : <
http://www.tourmag.com/Le-Cameroun-aimerait-voir-decoller-son-tourisme_a54121.html>. (Consulté le
08/03/2013).
77
celui déjà présent à Paris. Le slogan utilisé pour mettre le pays en valeur est
« Toute l’Afrique dans un seul pays ».
Mais le pays bénéficie d’une image négative actuellement, due à
l’enlèvement de sept français au mois de février. Le nord du pays est
déconseillé depuis, et a freiné le nombre d’arrivées touristiques. Malgré la
situation, le ministre vise les trois millions de visiteurs d’ici 2015.
1.3.
Situation sociodémographique
Le Cameroun compte dix régions, divisées en 58 départements et est
composée de plus de 250 ethnies différentes. Chaque ethnie a son propre
dialecte, ses traditions et coutumes.
La province de l’Ouest, territoire choisi pour l’étude, a une superficie de
13.892km² soit environ 3% de la superficie du Cameroun, et rassemble
12,7% de la population. Elle compte huit départements, 33 arrondissements
et son Chef-lieu est Bafoussam (Annexe B).
La société Bamiléké s’organise en chefferies. Chaque chefferie est
composée de plusieurs terres où vivent différentes familles, avec leur chef. De
nos jours, le chef a toujours une autorité religieuse et spirituelle importante.
Ils sont chargés de veiller au bon déroulement de la vie quotidienne, dans le
respect des coutumes et valeurs du village.
La plupart des habitants sont des agriculteurs, commerçants, artistes ou
artisans. La région, est d’ailleurs l’un des principaux foyers de l’artisanat
camerounais.
2. Présentation de l’association RECOSAF
Le RECOSAF (Réseau des Compétences Sans Frontières) est une
association camerounaise créée en 1994, et basée à Bafoussam. Elle a pour
objectif de développer les zones rurales, par la mise en place d’un tourisme
responsable, facteur de développement local pour le territoire et les
78
populations. Sa vision est celle d’un « développement équitable, global,
participatif et durable » 46 .
Au départ, le développement de la région, était principalement basé sur
l’agriculture. Mais l’Etat a arrêté de subventionner l’activité, et elle n’a plus
suffi pour subvenir aux besoins de la population. Alors en 2000, le
développement local a été réorienté vers la mise en place d’une activité
touristique, vu le potentiel du territoire. Les membres de RECOSAF ont lancé
une grande « campagne de sensibilisation », pour expliquer aux chefs leur
projet, et les opportunités qu’il représentait pour le territoire. L’activité
touristique a réellement débuté en 2003, avec la rencontre de partenaires au
Forum International du Tourisme Solidaire (FITS).
Pour répondre à ses objectifs, le RECOSAF met en place des séjours
solidaires dans cinq villages de l’Ouest camerounais : Baham, Babadjou,
Bandjoum, Didango et Bapi prochainement. Dans chacun de ces villages, on a
sélectionné des familles pour accueillir les touristes.
Les bénéfices générés par l’activité touristique, sont destinés à l’ensemble de
la communauté, pour la réalisation de micro projets profitant à tous. Ils sont
mis en place avec l’ensemble de la population, dans des domaines tels que la
santé, l’éducation, la mise en place d’infrastructures ou la formation.
Le dernier projet en date, est la construction d’un éco-gîte dans le village de
Bapi. Il n’a pour le moment, pas d’accès à l’eau, ni à l’électricité. Le but est de
désenclaver ce territoire, qui compte quand même 6500 habitants. Le but est
d’utiliser des énergies propres, et de mettre en place des plantations
biologiques tout autour du gîte. Ces plantations serviront en partie à l’auto
suffisance du gîte.
De même, depuis 2006, RECOSAF aide au développement du commerce
équitable en soutenant les petits producteurs de la région. Il cherche à
augmenter le nombre de villages partenaires afin de créer une union de village
d’accueil.
46
Le RECOSAF. La région. [En ligne]. Disponible sur : < http://recosaf.com/accueil-chez-lhabitant/laregion/>. (Consulté le 08/03/2013).
79
Conclusion Chapitre 1
Le Cameroun a aujourd’hui une situation géopolitique stable, mais il connaît
encore de nombreuses difficultés dues, entre autres, aux différences de
niveaux de vie entre la ville et la campagne. L’indice de développement
humain du pays reste encore très faible.
L’association RECOSAF, a souhaité faire de la province de l’Ouest, un territoire
dont le levier de développement reposerait sur le tourisme, afin de compléter
les revenus de l’activité agricole, mais aussi pour valoriser les richesses de la
région. Actuellement impliqué dans la mise en réseau de cinq villages
solidaires, l’association souhaite développer l’activité touristique afin de
développer le territoire, et de concrétiser les projets mis en route.
80
Chapitre 2- Tourisme interne et tourisme solidaire : des
objectifs communs
Dans ce chapitre, nous allons définir le tourisme interne, et étudier en
quoi il peut être facteur de développement. Nous verrons ensuite les limites à
sa mise en œuvre. Enfin, nous verrons ce qui lie tourisme solidaire et tourisme
interne.
1. Le tourisme
international
interne :
voie
complémentaire
au
tourisme
1.1. Un tourisme basé sur l’international
L’OMT définit le tourisme interne comme le « tourisme des visiteurs
résidant dans les limites du territoire économique du pays de référence »
(OMT, 2007, p. 9). Mais pourquoi avoir choisi le tourisme interne pour illustrer
l’étude ? Nous devons remettre les choses dans leur contexte. Le touriste est
l’acteur principal de cette étude, et nous avons étudié, l’importance qu’il avait
dans le déroulement de l’activité touristique d’un territoire. La manière dont il
est géré et dont il agit, va avoir une influence sur le territoire, et détermine si
le tourisme est facteur de développement ou non.
En général, le tourisme des pays en voie de développement, dépend en
majorité des flux touristiques internationaux. Le tourisme solidaire, bien que
penser différemment, dépend également de cette logique.
Mais le tourisme international reste une activité fragile, car il est soumis
à des éléments exogènes extrêmement importants. Ces éléments, sont
immaitrisables et imprévisibles (climat, situation géopolitique…). Ils vont
changer l’image du pays, et freiner les arrivées touristiques, ce qui va
constituer des pertes énormes pour les pays qui ont choisi le tourisme comme
levier
de
développement.
Le
tourisme
dans
les
pays
en
développement, est donc dépendant des touristes internationaux.
1.2. Un territoire plus autonome
81
voie
de
Pour rééquilibrer les choses, le tourisme interne apparaît comme la
solution. Bien souvent, les pays en voie de développement, ont axé leur
activité touristique uniquement sur la clientèle internationale, car elle a un fort
pouvoir d’achat, et donc de forte répercussions sur l’économie nationale (OMT,
2007, p.4). Le tourisme interne, même s’il représente des flux économiques
moins importants, peut constituer un apport considérable pour l’économie
nationale du pays. Il peut devenir une voie complémentaire à celle du
tourisme international. En développant ces deux formes de tourisme, on va
exploiter complètement la richesse du potentiel touristique du territoire. On va
non seulement augmenter le bien être de la population locale, mais aussi
diminuer la dépendance du tourisme national aux marchés extérieurs
étrangers (OMT, 2007, p. 5). Même si le tourisme interne génère moins de
bénéfices, il va permettre d’assurer un marché constant toute l’année, et donc
de baisser la saisonnalité attachée au tourisme international.
2. Le tourisme interne : soutien au tourisme solidaire
Le tourisme interne va soutenir le tourisme solidaire. La clientèle
nationale, pourrait devenir celle des structures solidaires, en complément de la
clientèle internationale. Le tourisme solidaire, combiné au tourisme national,
pourrait impliquer les communautés locales et l’association des touristes
nationaux au développement de ces communautés. Ainsi, ce sont des peuples
d’un même territoire qui vont s’aider mutuellement (OMT, 2007, p. 7). Il faut
savoir, que 38% des organismes de tourisme solidaire, ne sont ouverts
qu’entre six et douze mois de l’année, et 35,7%, moins de six mois dans
l’année (OMT, 2007, p. 28). Ces structures sont donc touchées par la
saisonnalité. Des flux de tourisme nationaux étalés sur l’année entière,
constituerait des flux économiques plus réguliers. De même, il pourrait rendre
les emplois touristiques plus stables, voire même en créer de nouveaux.
3. Les freins à la mise en place du tourisme interne
3.1. Le tourisme : une pratique culturelle ?
La mise en place du tourisme interne doit faire face à des obstacles. En
Afrique, les voyages et loisirs ne constituent pas une pratique culturelle,
comme ils le sont en France. En effet, la population n’a pas été sensibilisée au
82
tourisme et ses apports. Le tourisme ne fait pas partie des activités
socioculturelles des africains. Pour eux, réserver une partie de leur budget à
des fins touristiques n’est pas une habitude. Ils n’ont jamais été éduqués à
cela, et les voyages sont pour eux, majoritairement basés sur des liens de
solidarité et des relations sociales (OMT, 2007, p. 1). Les hébergements non
marchands sont privilégiés, le tourisme familial étant le plus étendu.
En éduquant les populations au tourisme, ils pourraient alors constituer
une clientèle pour leur propre territoire. Les voyages d’agrément existent en
Afrique, mais sont pratiqués seulement par une minorité. Les motifs de
voyages des populations africaines sont principalement la visite à de la famille
ou des amis (93%), des évènements festifs ou religieux (92%), des
évènements sportifs (68%), des voyages scolaires (68%), et la découverte
d’une région (33%) (OMT, 2007, p. 14).
Les jeunes sont la population visée pour le développement de cette
forme de tourisme. En les éduquant très tôt, ils pourraient constituer la
clientèle nationale de demain, sur le long terme. Ils doivent bien sûr être
éduqués à un tourisme responsable, où le comportement du touriste est
essentiel. Il s’agira de la même sensibilisation faite auprès des voyageurs
solidaires avant leur départ. En développant le tourisme interne, le tourisme
pourrait devenir un secteur fort dans les pays en voie de développement, sans
pour autant qu’ils soient dépendants des pays extérieurs. De plus, par
l’éducation au tourisme, l’activité pourrait se démocratiser (OMT, 2007, p. 1).
3.2. Des attentes différentes en matière d’activités
Un autre élément à prendre en compte dans la mise en place du
tourisme interne, est la différence des attentes en matière d’activités
récréatives, entre touristes internationaux et nationaux. En effet, ce qui est
attractif pour un touriste international, ne l’est peut être pas pour un touriste
national. Des activités et stratégies différentes doivent être adoptées selon la
clientèle visée.
3.3. Des moyens financiers insuffisants
83
Le manque d’infrastructures de loisirs, adaptées au niveau économique
des africains, constitue également une limite importante dans la mise en place
du tourisme interne (OMT, 2007, p. 5). C’est pourquoi, l’Organisation
Internationale de Tourisme Social a mis en place une section Afrique en 2004.
Elle a pour but de développer le tourisme social et le tourisme solidaire dans
les pays africains. En Afrique, la majorité des pays accordent un minimum
légal de 30 jours de congés payés par an. Pourtant, 83% des pays disent ne
pas avoir de législation spécifique concernant le droit au tourisme pour tous
(OMT, 2007, p.15). En développant le tourisme social, le tourisme deviendra
accessible à une plus grande partie de la population africaine, et le tourisme
interne se développera alors plus facilement.
Certains pays africains, ont déjà mis en place des actions et projets, pour
développer le tourisme social.
Ainsi, on peut citer la tarification spécifique
s’appliquant aux touristes nationaux pour l’accès à des sites nationaux, mais
aussi la mise en place de structures d’accueil et d’hébergements adaptés à
leur pouvoir d’achat. De même, des auberges de jeunesse ont été mises en
place, et des politiques permettant l’accès aux classes les plus défavorisées,
au tourisme sont en cours (OMT, 2007, p. 15).
4. Des objectifs en commun
Les principes du tourisme solidaire, vont pouvoir être réalisés avec le
tourisme interne. En 2005, une enquête a été menée par l’OMT, auprès des
administrations
nationales
du
tourisme
de
51
pays
africains.
Les
questionnaires envoyés, traités du développement du tourisme interne et
solidaire (OMT, 2007, p. 11-29).
Les pays interrogés ont mis en relief leur
volonté de développer ces deux formes de tourisme. Les objectifs évoqués
sont bien souvent similaires, ce qui reflète le caractère complémentaire de ces
deux formes de tourisme. Les objectifs du tourisme solidaire cités, sont
d’abord l’accès à une plus grande autonomie des populations locales. Le
tourisme interne va y contribuer en développant des flux touristiques
nationaux, permettant des revenus indépendants des flux internationaux. La
création d’emploi est un autre objectif du tourisme solidaire, et le tourisme
interne, en développant une activité touristique étalée sur l’année entière, va
84
permettre la création d’emplois, et donc l’amélioration des conditions de vie
des populations locales.
De même, le tourisme solidaire a pour objectif de contribuer à la paix,
à l’ouverture et au dialogue. Le tourisme interne a la même vocation, et rend
l’échange encore plus profond. Ainsi, il y a un échange entre locaux et
touristes internationaux, mais aussi
un échange entre touristes nationaux,
touristes internationaux et locaux. La richesse de l’échange et la mixité
culturelle est donc bien plus riche.
L’éducation au tourisme est un autre objectif commun. L’importance du
tourisme ne va pas être la même selon le point de vue choisi. Pour les locaux,
le tourisme va contribuer au développement de leur territoire, et à
l’amélioration de leurs conditions de vie. Alors que pour les touristes
nationaux, le tourisme est source de bien être, et permet le développement
personnel de l’individu. Dans les deux cas, le tourisme est facteur de
développement.
Enfin, il y a la volonté de donner une image positive du pays. Le tourisme
interne va permettre aux nationaux, de redécouvrir leur pays et de changer
l’image qu’ils en ont. Mais il va aussi permettre, l’éducation au respect de ce
territoire.
Le touriste, est encore une fois au cœur de l’activité touristique et de
son déroulement. Dans les pays en voie de développement, le tourisme n’est
pas une pratique culturelle, car les nationaux n’ont pas été sensibilisés sur ses
apports, et que des structures et activités n’ont pas été développées pour eux.
En éduquant les nationaux au tourisme comme pratique culturelle, on va
démocratiser l’activité. Le pays sera alors plus autonome, car il aura sa propre
clientèle, et dépendra moins des flux touristiques internationaux.
Le tourisme solidaire et le tourisme interne ont des objectifs communs,
et de ce fait, peuvent être complémentaires. Le tourisme interne veut rendre
accessible l’activité touristique à l’ensemble des couches de la population
nationale, mais aussi faire de l’activité touristique un levier de développement
plus important et surtout plus autonome. Il propose un tourisme de qualité
85
aux nationaux, afin de leur donner une image positive de leur pays, et changer
l’image négative que le tourisme de masse, a bien souvent crée dans leur
esprit. De même, le tourisme interne prône un tourisme facteur de brassage
culturel, entre des populations différentes. En récapitulant ces objectifs, on
constate qu’ils correspondent tout à fait à ceux du tourisme solidaire.
Le touriste et la population locale sont au cœur du processus. Le
tourisme doit être facteur de développement pour les deux parties. Il y a aussi
la volonté d’un échange fort entre différentes cultures, et populations.
Le développement du tourisme interne, peut constituer un élément clé dans
l’évolution du tourisme solidaire. Pratique encore marginale, une clientèle
nationale pourrait aider au développement des structures mises en place. Les
deux tourismes pourraient alors se compléter, car ils seraient tous deux,
facteurs de développement pour la population concernée.
Conclusion Chapitre 2
Le tourisme interne peut constituer un élément clé dans le développement du
tourisme solidaire. Les deux formes de tourisme ont des objectifs communs, et
peuvent se compléter pour les atteindre.
Ainsi, en développant le tourisme interne, on va créer une clientèle nationale,
qui rendra le territoire moins dépendant des flux touristiques internationaux. Il
permettra aussi la création d’emploi, car l’activité touristique sera étalée sur
l’année entière. De même, les revenus dus à l’activité touristiques seront plus
réguliers.
Cependant, il existe des freins à la mise en place du tourisme interne. Le
tourisme ne constitue pas une pratique culturelle pour les africains. De même,
les attentes des touristes nationaux et internationaux en matière d’activités
récréatives sont différentes.
On doit mettre le touriste national au cœur du processus pour développer le
tourisme interne. Le tourisme interne et solidaire développés ensemble et
dans la même optique, sont complémentaires et facteurs de développement
pour le territoire.
86
Chapitre 3 – La méthodologie adoptée pour la mise en œuvre
du tourisme interne dans la structure du RECOSAF
Après avoir étudié le lien entre tourisme interne et solidaire, nous allons
tenter de mettre en place une méthodologie, pour instaurer un tourisme
interne au sein de la structure de RECOSAF au Cameroun, selon les spécificités
de la région et de la structure. Il est important de souligner que cette
méthodologie ne contient que des pistes éventuelles à développer sur le long
terme.
1. Développement du tourisme comme pratique culturelle
1.1. La faiblesse de l’activité touristique camerounaise
Tout d’abord, il est important de rappeler que le Cameroun n’est pas un
pays très développé touristiquement parlant. C’est seulement en 2010 que le
pays est devenu une destination touristique selon l’OMT, en dépassant les
500.000 arrivées de touristes par an. De même, le tourisme interne n’est pas
très développé, car le tourisme n’est pas inscrit dans les pratiques culturelles
des Camerounais.
Il est donc primordial de développer l’activité touristique comme
pratique culturelle, dans l’esprit des Camerounais. Pour cela, la population doit
comprendre les bienfaits du tourisme, non seulement comme activité de
développement
pour
leur
territoire,
mais
aussi
comme
activité
de
développement personnel. Bien souvent, la population nationale réalise
l’ampleur de l’activité touristique pour le territoire, par les retombées
économiques
qu’elle
engendre.
Mais
le
tourisme
interne
n’étant
pas
développé, il est parfois difficile pour la population de réaliser les bienfaits du
tourisme sur eux-mêmes.
C’est la raison pour laquelle des moyens doivent être mis en place pour
sensibiliser les Camerounais sur les bienfaits du tourisme, pour qu’ils
deviennent eux-mêmes, touristes de leur propre territoire.
1.2. Education des jeunes Camerounais au tourisme
87
Aujourd’hui, le tourisme n’étant pas dans les pratiques habituelles des
Camerounais, il est difficile de faire changer les choses du jour au lendemain.
C’est la raison pour laquelle, les jeunes doivent être ciblés en priorité. En les
éduquant très tôt à la culture du voyage, il sera plus facile pour eux de
l’intégrer dans leurs pratiques. Ainsi, des programmes d’éducation touristique
peuvent
être
mis
en
place
dans
les
écoles,
notamment
à
travers
l’établissement d’atelier de sensibilisation. Le tourisme doit être mis en avant
comme une activité enrichissante, et facteur de développement. On doit
promouvoir un tourisme responsable auprès des jeunes, tourisme de qualité et
de développement pour les peuples.
En ciblant les jeunes, on va pouvoir créer une clientèle nationale sur le long
terme. Il faut susciter chez eux l’envie de découverte de leur territoire. Des
voyages scolaires peuvent être organisés pour éveiller chez eux la culture du
voyage.
1.3. Sensibilisation au tourisme solidaire
Pour ce qui est des Camerounais en général, on peut également créer
chez eux, l’envie de découvrir leur territoire. Pour cela, des forums et salons
sur le tourisme solidaire peuvent être mis en place. De même, des campagnes
de sensibilisation sur le tourisme, peuvent être diffusées à travers les médias
et les entreprises du pays.
Le tourisme solidaire doit être au cœur du processus de sensibilisation.
En mettant en avant les valeurs de ce tourisme, il se développera au sein des
nationaux. De plus, en prônant les valeurs du tourisme solidaire, on va
sensibiliser les jeunes au respect de l’environnement et des populations. C’est
un tourisme de qualité qui va être inculqué, et donc un tourisme facteur de
développement territorial. La sensibilisation qui s’opère auprès des touristes
solidaires français est basée sur la même logique. On doit expliquer au
touriste, les impacts de son comportement sur le territoire, qu’ils soient
positifs ou négatifs. Par exemple, les revenus que générera son voyage pour
des communautés bien souvent isolées, ou encore l’échange fort qui se crée
dans cette forme de tourisme, par l’échange avec des communautés
différentes
aussi
bien
nationales
qu’internationales.
88
De
même,
les
comportements à éviter doivent être présentés, pour qu’ils comprennent
l’impact qu’ils peuvent avoir sur leur propre territoire.
2. Création d’activités récréatives spécifiques
2.1.
Entretiens sur le terrain
Comme nous l’avons étudié dans le chapitre 2, les touristes nationaux
n’ont pas toujours les mêmes envies en matière d’activités récréatives. Ainsi, il
est nécessaire d’adapter l’offre d’activités en fonction de la population visée.
Dans un premier temps, il serait intéressant de mettre en place une
étude sur le terrain. Ainsi, nous allons pouvoir comprendre ce que désirent les
différents acteurs concernés en les interrogeant.
On cherche donc à savoir quelles sont les attentes des nationaux en
termes d’activités récréatives. Pour déterminer la réponse à cette question, on
va mettre en place des entretiens semi-directifs. Ils vont nous permettre la
collecte d’informations à travers les populations interrogées. C’est une enquête
qualitative,
qui
permet
aux
répondants
de
s’exprimer
librement
et
spontanément sur le sujet en question, sans être influencé par l’enquêteur.
On détermine d’abord les acteurs à interroger, pour pouvoir répondre à
notre problématique. Une fois qu’on les a choisis, on crée les guides
d’entretien, qui seront différents selon les acteurs, et qui aborderont différents
thèmes. On partira du global, pour arriver à des questions plus précises et
ciblées.
2.2.
Les acteurs à interroger
2.2.1.
La population camerounaise
Des activités ont souvent été mises en place pour répondre aux attentes
des touristes internationaux. Mais il arrive que les attentes des touristes
internationaux et nationaux soient totalement différentes. En effet, des
activités traditionnelles sont parfois proposées aux touristes internationaux,
mais les touristes nationaux partagent souvent ces traditions. Elles ne
constituent donc pas pour eux une activité intéressante. Cependant, le
89
Cameroun étant composé de plus de 200 ethnies différentes, il serait
intéressant de savoir ce que les uns peuvent apprendre des autres
culturellement parlant. De plus, les dimensions culturelle et religieuse sont
très importantes au Cameroun, elles doivent donc être prises en compte dans
la mise en place des activités.
Les entretiens vont nous permettre de savoir, entre autres, ce
qu’attendent les Camerounais de leurs vacances, s’ils sont intéressés par le
tourisme solidaire, ou encore quelles activités ils aimeraient effectuer pendant
leurs vacances.
Il
serait
intéressant
d’interroger
des
personnes
ayant
des
critères
sociodémographiques différents. Ainsi, on pourrait classer les attentes des
Camerounais selon l’âge, le sexe ou encore le niveau de vie.
2.2.2.
Le peuple Bamiléké
Comme tout projet de tourisme solidaire repose sur la mise en place de
l’activité
touristique
par
la
population
locale,
il
est
indispensable
de
l’interroger. De cette façon, on va pouvoir répondre aux désirs des touristes
nationaux, tout en prenant en compte l’opinion de la population locale. Il est
important que la population locale reste maîtresse de l’activité touristique se
déroulant sur son territoire. On va alors pouvoir interroger les Chefs des
villages, mais aussi les membres composant les villages.
2.3.
Les résultats
Après avoir effectué des entretiens auprès des différents acteurs
concernés, on retranscrit les résultats.
Ils détermineront les attentes des nationaux en matière d’activités
récréatives, mais aussi l’opinion du peuple Bamiléké sur celles-ci. Il restera
alors à mettre en place les activités concordant avec les valeurs du tourisme
solidaire, et faisables ou non, en fonction des spécificités de la province de
l’Ouest, et des moyens financiers nécessaires à leur réalisation. Ainsi de
nouveaux produits ou circuits peuvent être mis en place en fonction de
l’origine
des
touristes
(nationaux
ou
90
internationaux),
et
de
leurs
caractéristiques. Des activités pour les jeunes et pour le troisième âge
pourront par exemple être mises en place.
Conclusion Chapitre 3
La méthodologie proposée répond à certaines limites de la mise en place du
tourisme interne.
En faisant de l’activité touristique, une pratique culturelle au sein du peuple
camerounais, on va démocratiser l’activité au fur et à mesure. Le tourisme
solidaire, est évidemment la forme de tourisme à développer, pour que le
tourisme,
encore
peu
développé
au
Cameroun,
reste
facteur
de
développement.
De même, la prise en compte des attentes des nationaux en termes d’activités
récréatives, va permettre de les développer au sein de la structure de
RECOSAF, et de ce fait, d’attirer cette nouvelle clientèle.
Le tourisme social représente également une forme de tourisme à développer
pour accroître le tourisme interne au Cameroun.
91
Conclusion Partie III
Le tourisme solidaire, activité encore marginale, car pratiquée par une
élite, doit se développer, si elle veut subsister. Le tourisme interne, peut venir
soutenir
l’évolution
du
tourisme
solidaire.
Reposant
sur
des
objectifs
communs, ils peuvent venir se compléter l’un l’autre.
La structure de tourisme solidaire, mise en place dans la province de
l’Ouest, au sein du peuple Bamiléké, par l’association RECOSAF, a été choisie
pour proposer une méthodologie, qui appliquerait la mise en place d’une
clientèle nationale, venant compléter, la clientèle internationale de la
structure.
L’important
est
de
bien
observer,
et
prendre
en
compte
les
caractéristiques différentes des deux types de clientèles. En effet, elles n’ont
pas les mêmes attentes, ni les mêmes moyens, et doivent donc bénéficier
d’offres différentes concernant les activités, ou le prix des hébergements par
exemple.
Afin de mettre en place le tourisme interne dans la structure solidaire du
peuple Bamiléké, il est important d’instaurer un programme d’éducation et de
sensibilisation auprès des camerounais. Les jeunes sont la population visée en
priorité, car plus réceptifs vu leur jeune âge. Mais la population camerounaise,
doit être ciblée dans sa globalité, pour faire du tourisme une activité culturelle.
De même, la population Bamiléké doit être interrogée, car elle reste
maîtresse des décisions, et de la gestion de l’activité touristique au sein de son
territoire.
Les activités doivent également être repensées, pour correspondre aux
désirs
des
nationaux,
car
ils
sont
différents
de
ceux
des
touristes
internationaux. Le tourisme social doit être développé, afin de donner accès au
tourisme, à l’ensemble des couches de la population camerounaise.
92
Conclusion générale
Nous avons mis au cœur de l’étude, le tourisme solidaire, qui reste un
tourisme peu pratiqué, et l’acteur principal de l’activité touristique : le
touriste.
En premier lieu, nous avons déterminé que la prise de conscience
générale, ayant eu lieu dans les années 1970, a entrainé la mise en place de
nouvelles formes de tourisme, répondant au respect des territoires et des
peuples. Pour qu’un territoire soit facteur de développement, les fondements
du tourisme doivent être respectés. Grâce à la mise en place du tourisme
solidaire, les pays du Sud peuvent, à leur tour, mettre en place une activité
touristique facteur de développement.
Au cours du mémoire, nous avons pu constater l’évolution dans les
modes de consommation des touristes. De
manière générale, les touristes
sont à la recherche d’un tourisme plus responsable, et d’un retour vers une
certaine authenticité, privilégiant l’échange et le respect de l’environnement.
Cependant, nous avons vu que le tourisme solidaire, reste une forme de
tourisme assez complexe, qui ne peut être destinée à l’ensemble de la
population. Pourtant, les touristes sont à la recherche de voyages, qui
prennent en considération leurs nouvelles exigences.
Ayant déterminé que le tourisme solidaire était inscrit dans la continuité
de la deuxième phase touristique, on s’attend à ce que la masse arrive dans
ces régions isolées, d’ici quelques années. En développant dès à présent, des
formes de tourisme répondant à des critères plus durables, on va préparer le
territoire à accueillir cette masse.
Nous avons également étudié divers outils permettant la gestion
maitrisée des touristes au sein de ces territoires, afin que leur présence soit
facteur de développement pour celui-ci.
93
Ainsi, un tourisme plus durable doit être mis en place de façon générale.
Les tours opérateurs l’ont bien compris, et cherchent à faire évoluer leurs
prestations vers plus de durabilité. Les outils étudiés au cours de cette étude,
et les valeurs du tourisme durable et solidaire, doivent être pris en compte
pour instaurer le tourisme de demain.
Le développement du tourisme interne et social peuvent devenir des
outils très intéressants, pour que les territoires du Sud, acquièrent une plus
grande indépendance. De même, la gestion des flux, et la préparation des
voyageurs avant leur départ, à travers des programmes de sensibilisation,
vont être décisifs pour le bon développement du territoire.
La réflexion menée tout au long de ce mémoire, nous a donc permis de
répondre à notre problématique. Ainsi, nous pouvons affirmer que le tourisme
solidaire est facteur de développement local, grâce à la manière dont les
touristes sont gérés, dans cette forme de tourisme. Même si le tourisme
solidaire reste réservé à certaines catégories de populations, il doit servir de
base à la mise en place d’un tourisme responsable, répondant aux attentes
actuelles des touristes.
94
Bibliographie
Ouvrages
AMALOU Pierre, BARIOULET Hervé, VELLAS François. Tourisme, éthique et
développement. Paris : Editions L’Harmattan, 2001, 303 p.
ATOUT FRANCE. Tourisme et développement durable. De la connaissance des
marchés à l’action marketing. Paris : Editions Atout France, 2011, 108 p.
BENSAHEL Liliane, DONSIMONI Myriam. Le tourisme, facteur de
développement local. Grenoble : Editions Presses universitaires de Grenoble,
2000, 128 p.
BOYER Marc. L’invention
Gallimard, 1996, 160 p.
du
tourisme.
Trieste :
Editions
Découvertes
BOYER Marc. Ailleurs. Histoire et sociologie du tourisme. Paris : Editions
L’Harmattan, 2011, 301 p.
COLLOMBON Jean-Marie & al. Tourisme solidaire et développement durable.
Paris, Editions du Gret, 2006, 120 p.
COUSIN Saskia, REAU Bertrand.
Découverte, 2009, 128 p.
Sociologie du tourisme. Paris, Editions La
DECROP Alain. Le touriste consommateur : comprendre les comportements
pour améliorer l’efficacité marketing. Bruxelles, Editions De Boeck, 2010, 319
p.
LUCIA Maria Giuseppina. Tourisme et développement. Les défis de la nouvelle
Afrique. Paris, Editions L’Harmattan, 2007, 218 p.
MINVIELLE Jean-Paul. Tourisme saharien et développement durable. Enjeux et
approches comparatives. Colloque international de Tozeur en Tunisie, 9 au 11
novembre 2007, p. 9- 64.
ORGANISATION MONDIALE DU TOURISME. Etude sur les concepts et réalités
du tourisme social et solidaire en Afrique. Madrid : OMT, 2007, 77 p.
SCHEOU Bernard. Du tourisme durable au tourisme équitable. Quelle éthique
pour le tourisme de demain ? Paris, Editions De Boeck, 2009, 301 p.
TORRENTE Pierre. Développement durable, Tourisme et Territoire.
Introduction à l’analyse systémique, in. Laurent Alain et al., Tourisme
responsable. Clé d’entrée du développement territorial durable. Clamecy,
Editions Chronique sociale, 2009, 511 p.
95
Articles
COUSIN Saskia, REAU Bertrand. L'avènement du tourisme de masse. Les
Grands Dossiers des Sciences Humaines, mars 2011, n°22, p. 14.
FRANCOIS-LECOMPTE Agnès, PRIM-ALLAZ Isabelle. Les Français et le tourisme
durable : proposition d'une typologie. Management & Avenir, septembre 2009,
n° 29, p. 308-326.
MICHEL Franck, Vers un tourisme sexuel de masse ? Le Monde diplomatique,
août 2006, n°629, p. 3.
TERRIER Christophe. Flux et afflux de touristes : les instruments de mesure, la
géomathématique des flux. Flux, mars 2006, n° 63, p. 47-62.
Travaux universitaires
Promotion 2010-2011 Master 2 Professionnel « Ingénierie de Projets avec
l’Amérique latine ». Voyager responsable en Amérique Latine. Le tourisme
solidaire en question. Livre blanc de Master 2 Ingénierie de Projets avec
l’Amérique Latine. Toulouse : Institut Pluridisciplinaire pour les Etudes sur
l’Amérique Latine à Toulouse (IPEALT), 2011. 149 p.
96
Table des annexes
Annexe A : Résumé de l’entretien avec Monsieur X…………………………………………98
Annexe B : Carte du Cameroun, situant la région de l’Ouest et Bafoussam..101
97
Annexe A : Résumé de l’entretien avec Monsieur X
Monsieur X, la cinquantaine, est salarié d’un voyagiste de tourisme équitable
et solidaire depuis plus de huit ans. Il a lui-même été président de
l’association pendant plus de dix ans, avant de rejoindre l’équipe
d’organisation.
L’esprit de l’association
Il présente la structure comme une organisation associative, dotée d’une
expérience de 25 ans dans cette forme de tourisme, et qui est basée sur un
esprit très particulier. « L’esprit de nos voyages c’est tout ». Les conditions de
voyage sont « un peu rustiques », et il faut de « l’adaptabilité » et un esprit
particulier de la part des voyageurs. C’est aussi un hébergement qui est
souvent effectué chez l’habitant, et un encadrement 100% local.
Attentes des clients
La plupart des gens intéressés pour partir avec l’association, passent d’abord
par le site internet. C’est une fois qu’ils ont pris connaissance des destinations
proposées, et de l’organisation des séjours, qu’ils contactent l’association par
téléphone.
Selon lui, l’attente principale de ses clients, c’est un contact différent avec les
locaux. Bien souvent, ils n’ont pas été satisfaits du contact avec les
populations locales, dans les formes de voyages classiques qu’ils effectuaient.
L’association privilégie beaucoup l’hébergement chez l’habitant, ce qui assure
un contact avec les locaux. Ce sont aussi des gens qui cherchent autre chose
par rapport à ce qu’ils ont déjà fais, ou qu’ils ont envie de faire.
Un tourisme d’élite ?
Au niveau du profil de ces touristes, il explique qu’il n’y a pas de profil type,
mais que ce sont souvent les mêmes clientèles. Beaucoup d’entre eux
travaillent dans le social, dans l’enseignement ou encore dans le milieu
médical, et ont tous déjà beaucoup voyagé.
Pour lui, l’un des problèmes que rencontre le tourisme solidaire est
l’assimilation à une clientèle élitiste. Il est vrai que les prix sont souvent un
peu plus chers que ceux des voyages de tourisme classique, mais c’est parce
qu’ils « travaillent d’une façon artisanale ». Ils travaillent seulement avec des
locaux, et veulent les rémunérer justement. Ainsi, ils vont souvent payer 25%
plus cher un employé local, que le ferait un tour opérateur classique. De plus,
une partie du prix du voyage est reversé pour un projet de développement
local. Tous ces éléments font que les voyages sont un peu plus chers que les
offres classiques, mais généralement, la variation de prix n’est que de 50
98
euros. Monsieur X comprend donc tout à fait qu’on puisse assimiler ces
touristes à une élite.
Les projets
La somme prélevée sur le prix du voyage tourne souvent autour des 60 euros.
Les projets de développement sont très variables. Ils peuvent concerner le
projet touristique, avec l’amélioration des hébergements par exemple. La
somme prélevée n’ira pas forcément au pays visité, mais à une des
destinations proposées par l’association. Ils reversent les sommes aux
territoires qui en ont le plus besoin. Au Mali par exemple, il y a eu plusieurs
interventions dont la construction d’écoles, de dispensaires ou de puits.
Actuellement, alors que le Mali a fermé ses frontières à cause de conflits
récents, l’association continue à verser des aides au pays.
Les partenaires locaux avec lesquels travaille l’association, sont choisis au fil
du temps. Il s’agit bien souvent d’une première rencontre qui va tout
déclencher. Monsieur X et l’équipe de l’association, (composée seulement de
trois personnes) se déplacent sur place pour rencontrer les locaux, et mettre
en place les circuits en collaboration avec eux. S’ensuit toute une série de
rencontres, qui vont déterminer leurs partenaires de travail. Ils vont choisir les
guides, mais aussi les familles dans lesquelles les touristes logeront. Ils
testent tous leurs circuits eux même avant de les mettre en vente, et les
contrôlent régulièrement pour voir si tout se passe bien.
Ils mettent bien souvent les retombées économiques en avant, pour
convaincre les locaux d’accepter le projet. Ces revenus supplémentaires, vont
permettre de nourrir une famille, ou même parfois, un village tout entier.
En ce qui concerne les exigences et les craintes des touristes, Monsieur X nous
dit qu’ils n’ont pas à en avoir car « ils partent en connaissance de cause ». Le
déroulement des voyages est expliqué, et on ne cache pas aux touristes la
rusticité de certains d’entre eux.
Généralement, les projets sont mis en place en fonction des problématiques
locales.
Les touristes, quant à eux, peuvent suivre l’évolution des projets de
développement, directement sur le site internet de l’association. A chaque
Assemblée Générale, des rapports d’activités sont rédigés et publiés en ligne,
sur le site internet. Tout le monde y a accès et on peut voir en toute
transparence, le montant des sommes versées par l’association pour chaque
pays, et les projets de développement mis en place dans chacun d’entre eux.
On peut également connaître leur chiffre d’affaire par destination, et bien
d’autres détails encore.
L’organisation des voyages
Lorsque nous commençons à aborder la sensibilisation des touristes, le ton
change et les réponses deviennent plus courtes. Il n’y a aucune formation
organisée avant le départ des touristes. La seule sensibilisation effectuée est
celle sur le site internet.
99
En ce qui concerne le voyage à proprement parler, les groupes partant
n’excèdent jamais 12 personnes. La plupart du temps, ils font partir 6 à 10
personnes en même temps, et il arrive même qu’ils fassent partir 2 personnes
seulement. Pour eux, il est très important de conserver des petits groupes car
c’est la seule manière d’avoir une relation privilégiée avec les locaux.
Contact avec la clientèle et les prestataires
L’association est très attachée aux commentaires de ses clients. A chaque
retour de voyage, on envoie aux clients une fiche retour appréciation. Les avis
des clients, serviront à améliorer les circuits. Généralement, ce sont des
commentaires plutôt positifs qui ressortent au retour des touristes. Ils ont
trouvé ce qu’ils étaient allé chercher, c'est-à-dire une rencontre particulière
avec les locaux. Le manque de confort, est quant à lui, une des remarques
négatives répertoriées, mais cela reste anecdotique.
Chaque année, l’association organise une assemblée générale, où elle convie
tous ses clients. Ils leurs arrivent même d’inviter des prestataires locaux, des
pays étrangers avec qui ils travaillent. Ils se lient d’amitié avec eux, et les
touristes également. En ce moment, avec la guerre au Mali, l’association ne
cesse de recevoir des appels de clients qui veulent savoir comment vont les
gens qu’ils ont rencontrés durant leur voyage là bas.
Le tourisme solidaire et son évolution
Pour lui, le tourisme solidaire reste un tourisme marginal. C’est un tourisme
qui rassemble environ 1% des touristes totaux, et qui évolue très lentement.
Selon lui, il est primordial que cela évolue car « des financement ont été
programmés ». Pourtant, il est conscient qu’il ne faut pas que le nombre de
touristes explosent, car ces territoires ne pourraient le supporter.
Au niveau des résultats de l’association, il parle d’une évolution conséquente
antre les années 2000 et 2010. En effet, le nombre de personnes partant est
passé de 800 à 1400. Mais depuis 2010, l’évolution s’est inversée. Avec la
fermeture de quatre destinations de l’association, l’Algérie, le Niger, le Mali et
la Mauritanie, la chute a été dure. L’association a rouvert d’autres destinations
comme la Turquie, Madagascar ou le Sénégal, mais elles n’ont pas encore
réussi à rééquilibrer les pertes.
100
Annexe B : Carte du Cameroun, situant la région de
l’Ouest et Bafoussam
101
Table des figures
Figure 1 : Le modèle séquentiel de prise de décision touristique de van Raaij
et Francken (1984)…………………………………………………………………………………………… 40
Figure 2 : Notoriété des formes de tourisme responsable…………………………….. 47
Figure 3 : L’image du tourisme solidaire en fonction de caractéristiques
proposées…………………………………………………………………………………………………………..49
Figure 4 : La contribution des branches non touristiques au voyage d’un
touriste…………………………………………………………………………………………………………….…64
Figure 5 : Répartition financière du coût du voyage solidaire………………………..65
102
Table des matières
Remerciements......................................................................................5
Sommaire.............................................................................................6
Introduction générale.............................................................................7
PARTIE 1 : L’évolution du tourisme et de ses modes de consommation........ 9
Chapitre 1 : Définition du concept de patrimoine culturel. Analyse des
spécificités...........................................................................................11
1. Qu’est ce qu’un touriste ? ............................................................. 11
1.1. Définition du touriste ....................................................... 11
1.2. Evolution de l’image du touriste......................................... 12
1.2.1.Le touriste cliché ....................................................... 12
1.2.2.Touriste vs voyageur ................................................. 13
2. Grands Tours et l’hivernage : le tourisme facteur de développement .. 14
2.1. L’invention du tourisme .................................................... 14
2.2. Les fondements du tourisme ............................................. 14
2.3. L’hivernage:le tourisme en France, facteur de développement 15
2.4. Le désenclavement des territoires isolés ............................. 17
2.5. L’accès des classes populaires au tourisme.......................... 18
3. Le tourisme de masse : facteur de mal-développement .................... 19
3.1. La mise en place du tourisme de masse .............................. 19
3.2. Définition ....................................................................... 21
3.3. Les conséquences du tourisme de masse ............................ 21
3.3.1. Conséquences sociales .............................................. 22
3.3.2. Conséquences économiques....................................... 24
3.3.3. Conséquences environnementales .............................. 27
Chapitre 2- Du développement durable, à l'émergence du tourisme solidaire29
1.
La prise de conscience des pouvoirs publics.................................... 30
1.1. Le développement durable ................................................. 30
1.2. Le tourisme durable .......................................................... 31
2.
Le tourisme solidaire................................................................... 32
2.1. Les projets de tourisme solidaire ......................................... 33
2.2. Les valeurs du tourisme solidaire......................................... 33
2.3. L’importance de la planification ........................................... 35
103
Chapitre 3 - Le tourisme consommateur et ses motivations…………………………..36
1.
Touriste : Nouveau consommateur............................................. 37
1.1. Un tourisme plus authentique .......................................... 37
1.2. Une consommation plus engagée ..................................... 38
2.
Processus de prise de décision touristique ................................... 39
2.1. Le modèle de Van Raaij et Francken ................................. 39
2.2. Le modèle de prise de décision de Woodside et Lysonski...... 41
2.3. Variables du Processus de Prise de Décision ....................... 41
3.
Les trois temps du voyage ........................................................ 42
PARTIE 2: La place du touriste solidaire est-elle facteur de développement
pour le territoire visité?.........................................................................44
Chapitre 1 - Il existe une clientèle pour le tourisme solidaire………………………..46
1.
L’image du tourisme solidaire selon la population française...... 47
1.1. La notoriété des formes de tourisme responsable............. 47
1.2. La perception des Français sur le tourisme solidaire ......... 48
1.3. Profil des personnes connaissant le tourisme solidaire ...... 49
2.
Le marché de tourisme solidaire .......................................... 50
2.1. Le marché actuel ........................................................ 50
2.2. Les freins au développement de ce marché ..................... 50
3.
Caractéristiques des personnes pratiquant le tourisme solidaire 51
3.1. Détermination d’un profil de touriste solidaire ................. 51
3.2. Les attentes des touristes solidaires............................... 52
3.3. Les concessions faites par les touristes solidaires............. 52
4.
Il existe une clientèle pour le tourisme solidaire ..................... 53
4.1. Il existe un profil plus ou moins défini de la clientèle de
tourisme solidaire ....................................................................... 53
4.2. La clientèle du tourisme solidaire................................... 55
Chapitre 2 - La gestion maitrisée des touristes crée un tourisme facteur de
développement………………………………………………………………………………………………….56
1.
La qualité ......................................................................... 57
2.
La gestion des flux............................................................. 58
2.1. La capacité de charge ............................................... 58
2.2. Les outils de gestion des flux touristiques .................... 59
2.2.1. Les outils réglementaires ..................................... 59
2.2.2. Outils économiques ............................................ 60
104
2.2.3. Outils organisationnels ........................................ 60
2.3. La gestion des flux au sein du tourisme solidaire .......... 61
2.3.1. La limitation du nombre de voyageurs ................... 61
2.3.2. L’importance de l’échange dans le voyage solidaire . 61
3.
La sensibilisation des touristes ............................................ 62
3.1. L’importance de la sensibilisation ............................... 62
3.2. Une sensibilisation qui manque de moyens .................. 63
4.
Le voyage du touriste......................................................... 64
4.1. Des investissements lourds pour l’aménagement .......... 64
4.2. Les choix des touristes : éléments déclencheurs du
développement ....................................................................... 64
Chapitre 3 - Le tourisme solidaire: inscrit dans la continuité de la deuxième
phase touristique……………………………………………………………………………………………….66
1.
Les deux phases touristiques............................................ 67
1.1. Les différents cycles du tourisme............................. 67
1.2. Les phases touristiques .......................................... 67
2.
Le tourisme de masse : un modèle en déclin ...................... 67
3.
La continuation de la deuxième phase touristique................ 68
3.1. Le tourisme alternatif : un tourisme accessible à
certaines catégories
de population ........................................ 68
3.2. L’élite attire la masse............................................. 68
4.
Le tourisme de masse à la recherche de plus de durabilité.... 69
4.1. Le tourisme de masse doit intégrer des éléments
durables dans ses prestations................................................. 69
4.2. La compatibilité entre tourisme de masse et tourisme
durable ............................................................................... 70
5.
Des circuits différents pour chaque clientèle ....................... 71
PARTIE 3: Le tourisme interne: appui au développement du tourisme solidaire
Chapitre 1 - Présentation du territoire et de la structure étudiés…………………..75
1.
Présentation du Cameroun ............................................ 76
1.1. Situation géopolitique........................................... 76
1.2. Situation touristique............................................. 77
1.3. Situation sociodémographique ............................... 78
2.
Présentation de l’association RECOSAF ........................... 78
Chapitre 2 - Tourisme interne et solidaire: des objectifs communs……………….80
105
1. Le tourisme interne : voie complémentaire au tourisme
international ............................................................................ 81
1.1. Un tourisme basé sur l’international............................. 81
1.2. Un territoire plus autonome........................................ 81
2.
Le tourisme interne : soutien au tourisme solidaire ................ 82
3.
Les freins à la mise en place du tourisme interne ................... 82
3.1. Le tourisme : une pratique culturelle ? ......................... 82
3.2. Des attentes différentes en matière d’activités .............. 83
3.3. Des moyens financiers insuffisants .............................. 83
4.
Des objectifs en commun................................................... 84
Chapitre 3 - La méthodologie adoptée pour la mise en œuvre du tourisme
interne dans la structure du RECOSAF
1.
Développement du tourisme comme pratique culturelle ........ 87
1.1. La faiblesse de l’activité touristique camerounaise ......... 87
1.2. Education des jeunes Camerounais au tourisme ............ 87
1.3. Sensibilisation au tourisme solidaire ............................ 88
2.
Création d’activités récréatives spécifiques.......................... 89
2.1. Entretiens sur le terrain ............................................. 89
2.2. Les acteurs à interroger ............................................. 89
2.2.1. La population camerounaise ....................... 89
2.2.2. Le peuple Bamiléké ................................... 90
2.3. Les résultats ............................................................ 90
Conclusion générale……..........................................................................92
Bibliographie .......................................................................................94
Table des annexes ...............................................................................96
Annexe A : Résume de l'entretien avec Monsieur X...........................97
Annexe B : Carte du Cameroun, situant la région de l’Ouest et
Bafoussam…………………………………………………………………………………………….100
Table des figures ................................................................................101
Table des matières .............................................................................102
106
Résumé mémoire
Depuis la prise de conscience des impacts négatifs du tourisme de
masse, sur les territoires et les populations concernées, de nouvelles formes
de tourisme ont vu le jour. Parmi ces formes de tourisme : le tourisme
solidaire, qui par ses valeurs, et son organisation va mettre en place un
tourisme facteur de développement local, dans les pays en voie de
développement. Ce mémoire traite, de la place du touriste au sein du tourisme
solidaire, et de la façon dont il est géré, pour constituer un facteur de
développement pour le territoire.
Dans ce mémoire, les notions de tourisme solidaire et de touriste, sont
donc définies. De même, on analyse l’évolution du tourisme dans le temps,
des Grands Tours à aujourd’hui. Ainsi, on voit apparaître le changement dans
les exigences des touristes, du à la prise de conscience des dégâts causés par
un tourisme non contrôlé.
Tout d’abord, ce mémoire démontre l’existence d’une clientèle pour le
tourisme solidaire. Il analyse ensuite les outils disponibles pour maitriser la
gestion des touristes, et créer un tourisme facteur de développement. Puis, il
démontre que le tourisme solidaire s’inscrit dans la continuité de la deuxième
phase touristique.
Enfin, il propose une méthodologie pour développer le tourisme interne,
dans une structure de tourisme solidaire dans la province de l’Ouest du
Cameroun, au sein du peuple Bamiléké.
Mots clés : tourisme solidaire, touriste, développement territorial, outils de
gestion des touristes, pays en voie de développement
Since the growing awareness of the negative impacts of mass tourism
on territories and people, new forms of tourism appeared. Among these new
forms of tourism, there is solidarity tourism. Its values and organisation are
factors of local development in the developing countries. This research paper,
deals with the role of tourists in solidarity tourism, and the way they are
managed to become factor of development for the territory.
In this research paper, the notions of solidarity tourism and tourist are
defined. Similarly, we analyse the evolution of tourism from the Grand Tours
until today. A change appears in the tourists requirements, due to the
awareness of the damages caused by an uncontrolled tourism.
Firstly, this research paper shows that there are customers for the
solidarity tourism. Then, it analyses the tools to handle the management of
tourists, and create a tourism which is factor of development. It also
demonstrates that solidarity tourism is entirely keeping with the second tourist
phase.
Finally, it gives a possible methodology to develop domestic tourism in a
solidarity tourism structure, in the western province of Cameroon.
Key words: solidarity tourism, tourist, territorial development, tools for
managing tourists, developing countries
107