Programme de salle
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Programme de salle
Lumières de Noël dans les Caraïbes Ars Longa © DR Baroque Mardi 8 décembre 2015 à 20h Grande Salle Durée : 1h10 Une production des « Rencontres Musicales de Saint Ulrich » (Sarrebourg) organisée dans le cadre de l’opération départementale « Noëls de Moselle » en 2015, en partenariat avec Moselle Arts Vivants. Noëls de Moselle 2015 Lumières de Noël dans les Caraïbes Résonances de la culture africaine en Amérique Latine Par l’Ensemble Ars Longa de La Havane TERESA PAZ : Direction TERESA PAZ : Soprano et direction LISET CHIG, YUNIE GAINZA : Alto AHMED GÓMEZ : Baryton BEATRIZ LÓPEZ, ARIANNA OCHOA : Violes de gambe SUSANA DE LA CRUZ : Flûtes douces RODRIGO LÓPEZ : Chalémie ANGEL DANIEL ÁLVAREZ : Bombarde, flûtes douces OSCAR CAÑIZARES : Saqueboute ténor ABRAHAM CASTILLO : Basson ALAND LÓPEZ : Guitare baroque, luth DAVID PÉREZ : Orgue & clavecin 2 MATEO TOLIS DE LA ROCCA (1710 ? - 1781) Como tienen los morenos (Villancico pour Noël à 5) LUIS GARGALLO (Huesca, 1661) Hagamole plaça a lo Reye Mago (Poème) ANTONIO DE SALAZAR (Séville ca. 1650-Mexico 1715) Tarara, qui yo soy Anton (Negro à 2) ANONYME Sa aqui turo zente pleta (Negrilla à 8, Coimbra 1647) FRAY FELIPE DE LA MADRE DE DIOS (1625-1675) Antoniya, flaciquiya Gacipa (negro de Navidad à 5) ALFONSO DE BLAS Y SANDOVAL (Grenade 1701) Azi Flaziquiya (villancico-poème) GASPAR FERNÁNDEZ (1565-1629) Dame Albricia, mano Anton (Negrito à 4) SANTIAGO DE MURCIA (Madrid, 1673 - 1739) Cumbées (Codex Saldivar) GASPAR FERNÁNDEZ Se cuchamo, magri Antona (à 4) Ah, negrito de Cucurumbé (« en negro y vizcaino à 5 ») SOR JUANA INES DE LA CRUZ (México 1651-1695) Tumba, tumba, la la (villancico-poème Porto Rico) GASPAR SANZ (1640-1710) Zarabanda (Instrucción de música sobre la guitarra española, 1697) GASPAR FERNÁNDEZ Eso rigo de repente (Guineo à 5) — Transcriptions & restitutions :Omar Morales Abril, Bárbara Pérez Ruíz, Jorge Mata 3 Ce véritable spectacle musical est une invitation au voyage vers des contrées où Noël se fête sous le soleil. Ainsi à Cuba et au Mexique où le métissage des populations locales et européennes transformait la fête de la Nativité en un événement bigarré et haut en couleurs à l’époque baroque. Car si les colonisateurs espagnols prétendirent alors imposer les coutumes catholiques aux populations locales, nos braves cantiques se virent vite transformés en chants rythmés et colorés mélangeant traditions populaires et religieuses, sonorités indigènes et africaines organisées par des compositeurs venus de Galicie, des Asturies ou encore du Portugal, tandis qu’à la veillée de Noël - la Noche buena - les retables des églises devenaient de véritables décors de théâtre dont les lucarnes s’ouvraient pour que des petits nègres jettent à poignées des pétales de fleurs sur l’assemblée. Maintes traditions qui survécurent longtemps et que font revivre les musiciens cubains d’Ars Longa, faisant partager un dépaysement complet et magique, loin de tous nos clichés européens évidemment impensables sous ces latitudes où il fait 30° à l’ombre le jour de Noël. Avec les expéditions portugaises sur la côte ouest de l’Afrique dans la première moitié du XVe siècle et la création de la Casa dos escravos (Maison des esclaves) en 1486, à Lisbonne les « nègres » perdirent dans la péninsule ibérique leur image d’êtres exotiques voire de «monstres mythiques», pour s'intégrer progressivement dans le paysage quotidien de la société urbaine. Cette situation se reproduisit dans les Indes occidentales portant à son apogée l’industrie esclavagiste qui nécessitait le déplacement d'un grand nombre de captifs pour travailler dans les usines et les mines du fait de la baisse drastique de la population autochtone. La présence noire en Amérique latine coïncida avec l'âge d'or de la littérature espagnole caractérisé par un rapprochement artistique avec les expressions de la culture populaire. De la même façon, les poètes et les musiciens raffinés de la Cour adoptèrent les dictons, ballades, thèmes et rimes du vulgum pecus. C’est ainsi que se développa le villancico_ faisant référence aux chansons lyriques avec chœur et couplets et dont les poèmes et musique de tradition 4 écrite se virent incorporer les expressions culturelles des Africains et de leurs descendants. Le fait est qu’avec l'image de l’Africain et de sa culture intégrée aux sociétés portugaises et hispaniques s’ouvrit un espace ouvert aux expressions artistiques, avec l'acquisition d'une série de stéréotypes tels que « le parler noir » (ou guineo), dialecte littéraire créé pour représenter les Africains. Ce langage n’était qu'un espagnol ou portugais déformé auquel on intercalait des mots inventés avec des sons évoquant les langues africaines. Indubitablement, le genre le plus largement abordé pour la représentation des Noirs fut le villancico religieux. Au cours du XVIe siècle, se répandit ainsi dans les églises du monde hispanique, la pratique d'introduire des « chansonnettes » ou chanzonetas en langue romane durant l’office des Matines des fêtes les plus populaires du calendrier liturgique. Nombre d’entre elles adoptèrent la forme du villancico qui en devint l’appellation générique à mesure qu’avançait le XVIIe siècle. Chaque année, chaque fête de chaque église des possessions espagnoles et portugaises créait huit à neuf villancicos développant le thème de la célébration. Le dernier était toujours joyeux, avec une force proprement « histrionique » : ceux qui subsistent prennent la forme de dialogues, axe narratif identifié communément comme « introduction », mettant en scène (parfois de façon conflictuelle) deux personnages voire plus. Les personnages préférés étaient bien sûr les mêmes stéréotypes noirs présents dans les mascarades et intermèdes théâtraux. Ce qui impressionnait le plus chez les africains étaient leurs chants et danses accompagnés de tambours. Les appellations utilisées pour désigner ces formes étaient multiples : cumbé, paracumbé, zumbé, zarambeque, guirigay et une infinité de variantes regroupées sous le terme générique de « guineos ». Plus que de correspondre à des rythmes spécifiques, elles tentaient d’évoquer les langues africaines sous forme d’onomatopées. Ce concert recherche à reconstituer ces résonances de la culture africaine qui influença à tel point aussi bien les auditeurs de l’époque, que divers poètes et compositeurs de ces « négrillas » ou 5 « Villancicos de nègres », comme on les appelait, depuis leur origine jusqu’à leur exclusion de l’univers ecclésiastique. Ces œuvres nous montrent les africains et leurs descendants selon la vision artistique de poètes et musiciens au service du groupe social dominant, mais malgré l’abus hégémonique que l’on peut imaginer dans l’Amérique coloniale, elles permettaient d’accorder une dimension plus humaine à la relation avec les esclaves, prenant en compte la richesse culturelle de la population noire qui y était déportée ; de ses rythmes, ses compétences, sa façon extravertie de célébrer la joie comme manifestation de l’énergie vitale. Lors de ce concert, nous ne transmettrons au public ni la voix ni le son des noirs, mais leurs résonances. La situation marginale forcément limitée de l’expression littéraire des Africains et de leurs descendants nous offre malgré tout et très heureusement ce poème très éloquent rédigé au début du XVIIIe siècle par un noir affranchi : Je suis un petit noir, La Guinée est ma patrie, je suis noir dans le corps et noir dans l’âme, et aussi est noire mon ascendance. Ma gloire est d’être noir et toute personne qui ne l’est pas m’irrite et me met en colère (…) De combien d’insultes, combien de bouffonneries et de nombreuses indécences de la race blanche a du souffrir le noir… — Oscar Morales Abril 6 © DR L’ensemble Ars Longa de La Havane Créé par Teresa Paz et Aland Lopez en 1994, l’ensemble de musique ancienne ARS LONGA est attaché depuis 1995 à la Oficina del Historiador de la Ciudad de La Habana, organisme chargé du sauvetage et de la restauration du patrimoine de la capitale cubaine. Formé de musiciens diplômés des conservatoires de musique de La Havane et de l’Institut Supérieur des Arts, cet ensemble dédie son travail d’interprétation, de recherches et d’études à différentes époques et styles, depuis le Moyen Âge jusqu’à la musique baroque. La musique de la période coloniale occupe une place très importante dans ses activités qu’accompagne un intense travail de publication de partitions. C’est ainsi qu’en lien avec l’Université de Valladolid, mais également avec le Couvent de Saint Ulrich et son label discographique K617 à Sarrebourg put être entrepris le sauvetage de l’œuvre monumentale d’Esteban Salas (Cuba, 17251803), maître de chapelle de la cathédrale de Santiago de Cuba entre 1764 et 1803. 7 Depuis sa fondation, cet ensemble a présenté de très nombreux concerts dans les plus prestigieuses salles cubaines, mais également dans de très nombreux pays du monde. En France, et à l’instigation des « Chemins du Baroque », Ars Longa s’est ainsi produit à de maintes reprises à Sarrebourg, dans le cadre du Festival International de Musique, mais également à Metz, Ribeauvillé, Paris, Angers et Avignon ; tandis qu’invité par l’immense chef Claudio Abbado (successeur de Herbert von Karajan à la tête de la Philharmonie de Berlin), il se fit ensuite applaudir dans des lieux aussi prestigieux que l’Academia Santa Cecilia de Rome ou encore au Communale de Bologne. Bientôt à l’Arsenal Jeudi 10 déc. 2015 à 20h Quatuor Jerusalem Musique de chambre Jeudi 17 déc. 2015 à 20h BACH / PASSION / JOHANNES Laurent Chétouane Solistenensemble Kaleidoskop Baroque / Danse Samedi 9 jan. 2016 à 20h Jimi’s back Nguyên Lê Jazz Dimanche 10 jan. 2016 à 11h30 Autour des Variations Goldberg de Bach III Anne-Catherine Bucher (Clavecin) Café baroque | Une journée autour… du clavecin Arsenal Metz en Scènes Direction Générale : Jean-François Ramon Déléguée Artistique : Michèle Paradon 3 avenue Ney F-57000 Metz Bill. : +33 (0)3 87 74 16 16 Adm. : +33 (0)3 87 39 92 00 8 Dimanche 10 jan. 2016 à 12h30 Le Brunch Les Dîners Insolites du Patrimoine + Exposition Jusqu’au 31 jan. 2016 éclipse partielle Photographies et livres Nathalie Wolff & Matthias Bumiller Dimanche 10 jan. 2016 à 14h30 À propos des Variations Goldberg, histoire d’un chef-d’œuvre Par Gilles Cantagrel Rencontre Lichtschalter © Édition totale éclipse Dimanche 10 jan. 2016 à 16h Suites dansées Christophe Rousset & Alban Richard Danse + Baroque | Une Journée autour… du clavecin Toute la saison sur www.arsenalmetz.fr, et sur les réseaux sociaux