Le joyaux des Cantons Orford, ma belle grosse verte ma

Transcription

Le joyaux des Cantons Orford, ma belle grosse verte ma
Le joyaux des Cantons
Orford, ma belle grosse verte
ma courailleuse, mon inspireuse
ma pentureuse, vertigineuse et valonnée
ma sillonnée de blanchures
toi et ta fraîcheur à portée de pieds
ton territoire gercé de mille ruisseaux
fait couler mon encre en jalouse
avec ta froque d’automne
t’as assiégé de couleurs
une lignée de bûcherons
qui se changea en poètes
qui bâtirent un canton
une forêt en poème
je trébuche dans mes mots
à chercher à traduire
ta beauté pure à faire pleurer les pierres
qui a fendu le coeur à DesRochers
d'où ont jailli les vers les plus sublimes de notre époque
avec tous tes étangs qui se prennent pour des lacs
l’étang du Fer de Lance, de l’Ours et du Milieu
t’as de quoi faire rougir le Seigneur des Anneaux
t’as même l’étang Perdu, qui lui en bon crapaud,
paraphrase Proust et sa Recherche du Temps Perdu
quenouilles en plus
heille Orford
depuis un demi siècle
de la Rivière aux Cerises jusqu’au Lac Bowker
de la Petite Ourse jusqu’à la Grande Ligne
au coeur de ton buste rocheux
à la porte de l’Estrie
pousse une communauté unique
le genre qui fermente
bon vin aux accents de pin et d’eau d’érable
qui fait sa place dans le paysage
des marques profondes dans le territoire
de vraies montagnes dans la mémoire de la province
un Vieil Indien te dirait que ton histoire
est poétique pas à peu près
que dans l’Orford la politique se fait
en se maillant les coudes et en tendant la main
comme l'on fait depuis un bout, les Iroquois, les Algonquins
les Canadiens-Français qui buvaient le gin avec les Loyalistes
qu’à l’ombre des chicanes
tu te la coules paisible
ruisselles comme le rire de la p’tite Clémence
t’es une vieille jeune Orford
tantôt rustique, tantôt débordante de Jouvence
on marche chez vous comme dans un rêve
celui de celles et ceux qui t'ont rêvé bien avant nous
celui du Doc Bowen fédérant la région
pour voir à son instar
au-delà du prix à la corde, du terrain escarpé, des terres impraticables
pour te voir comme tu es
un joyaux national
une terre à protéger, un lieu incontournable
et puis des camps d’été! Yeppy yo yeppy yé!
pour donner du répit aux enfants des facteries
inspirer la jeunesse
parce que c’est au pied des montagnes qu’on aspire à en être
le rêve de Gilles Lefebvre
de répondre à la faune par le chant des orchestres
Orford, muse de milliers d’interprètes
élevant l'âme jusqu'à la cime des pins
pour faire d'Orford et de la Musique
un seul et même refrain
le rêve de “Jackrabbit” Smith
skieur visionnaire, poète de la descente
qui voyait sous ta robe des pentes enivrantes
où viennent se faire gifler depuis 5 générations
les visages rougis
dans le ballet des neiges
celui de deux amis, qui depuis le pic de l’Ours,
voyaient un sentier prêt à traverser l’Estrie
et qui à pas constants ont mené à la plus grosse
réserve naturelle de terres privées du tout Québec
Orford, mère des Montagnes Vertes
t’es venue de loin
du rêve d’une fausse océanique qui s’est levée de terre
et qui 853 mètres plus loin
a enfanté 3 monts, 13 lacs,
golfs, spas, ranchs et gîtes,
érablières, vignobles, camps, skis,
de Chez Papi et puis d’un Four à Bois
Orford, mon détour du dimanche
ma vacancière, ma roadtrippante, ma déroulante
ma forgeuse de mollets
ta 141 Nord
tes chemins de pèlerins
tes sentiers hors du temps
se boivent drette au goulot
bien frette ou bien tablette
se longe en auto, en vélo ou même à pédalo
peu importe tes saisons
peu importe tes humeurs
tout le Québec s'y roule
l'Amérique y déboule
immuable aventure
tu brilles tellement de mille feux
qu’on a mis caserne à tes pieds
des pompiers qui attendent octobre et La Flambée
Orford, mon feu sacré
ma brûlure au regard, ma tisonnière
t’enflammes pas juste les arbres
des idées, des gestes, des actions
tu t'en est fais fournaise
ma pépinière, ma bourgeonnaise
je me souviens de tes gardiennes et tes gardiens
de 3000 âmes rassemblées au sommet
semant des SOS aux quatre vents
pour te sauver de notre époque condo
des 12 000 autres qui répondirent à l’écho
du “Y nous aurons pas, Papa!”
criant la fille d'un de tes géants
la polénisation des solidarités
qui firent renaître le Jour de la Terre
et l'espoir dans le coeur
des gens qui parlent et rêvent en vert
Orford, mon abondante
ma débordante, ma vallée avalante
ma terre ventrue, gargantueuse gorgée de vie
tes Tournesols et tes Citrouilles
ta musique dans les bois
ton ciné-parc, ta Grande Coulée et tes Vendanges
tes p’tites comme tes grosses cabanes
tes 140 kilomètres carrés d’où débordent du bien-être
ta communauté qui pousse
à l’ombre de rien ni de personne
qui brille en perséïdes
quelques milliers d’étoiles qui illuminent les bois
Orford, mon scintillement, mon constellement
dans le fond des regards
dans la nuit électrique
dans le siècle des réseaux
tu fais rêver 3.0
au-delà du câblage, des pointillés
des cantonages et des carcans
tu pousses de partout en chiendent
dans la voix de tes aînés
dans le cri faune
dans l'appel des bêtes
dans les accords du vent
dans la flore qui tapisse
dans l'esprit qui s'agite
dans l'ouvrage fourmilier
dans les peaux qui métissent
tabourent et qui pow wow
dans le poète qui débite
dans le roulis tranquille
dans le flocon dansant
dans l'appât qui frétille
dans les mains de tes enfants
dans le coeur de tes habitants
tu pousses
tu bats
tu fends
tu fais pleurer nos pierres
Orford, notre doux érodement