Les points saillants de la recherche
Transcription
Les points saillants de la recherche
La cytologie en phase liquide et le dépistage du VPH : De nouvelles solutions pour le dépistage du cancer du col de l’utérus Po i n t s sa i l l a n t s d e l a r e c h e r c h e - f é v r i e r 2 0 0 8 Figurent ici les principales constatations d’un rapport d’évaluation des technologies de la santé de l’ACMTS sur l’efficacité clinique et le rapport coût-efficacité de la cytologie en phase liquide dans le dépistage du cancer du col de l’utérus. Depuis l’introduction du test de Papanicolaou (Pap) dans les années 1950, l’incidence du cancer du col de l’utérus a chuté au Canada. Les estimations veulent que 1 350 diagnostics de cancer du col utérin seront posés et que 390 femmes seront décédées des suites de ce cancer en 2007. Jusqu’à tout récemment, le test de Pap jumelée à la cytologie classique (CC) représentait le seul mode de dépistage du cancer du col de l’utérus. Deux nouvelles techniques – la cytologie en phase liquide (CPL) et la détection du virus du papillome humain (VPH), virus qui cause la presque totalité des cas de cancer du col utérin – rendent désormais possibles de nouvelles stratégies de dépistage. Reste à savoir…quelle est la place de ces nouvelles technologies ? Optimiseront-elles l’évolution de l’état de santé des patientes comparativement à la CC ? Quel mode de dépistage du cancer du col de l’utérus relève de l’utilisation la plus rationnelle des ressources ? La cytologie classique (CC) • Des cellules du col de l’utérus sont prélevées à l’aide d’une spatule ou d’une brosse. • Les cellules sont étalées sur une lame porte-objets ou une plaque. Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé F a c t PRINCIPALES CONSTATATIONS • La CPL et la CC sont d’efficacité équivalente. • Des stratégies de CPL peuvent être rentables, mais elles augmentent le taux de renvoi en colposcopie. • Le triage en fonction du VPH est rentable. • Les cellules sont « fixées » immédiatement par la vaporisation d’un fixatif. • La lame porte-objets ou la plaque est envoyée au laboratoire aux fins d’examen. La cytologie de phase liquide (CPL) • Le prélèvement des cellules du col de l’utérus s’effectue de la même manière que dans la CC. • Le prélèvement est immédiatement incorporé à un milieu liquide fixatif. • Le mélange est acheminé au laboratoire qui préparera la lame. • Deux systèmes de préparation en phase liquide sont d’usage autorisé au Canada : • ThinPrep Pap Test (Cytyc Corporation) • SurePath Pap Test (BD Diagnostics/TriPath Imaging Inc.). • Les deux systèmes ont recours à des instruments de prélèvement, des fixatifs et des dispositifs de préparation exclusifs. F i l e 600-865 avenue Carling, Ottawa ON K1S 5S8 Tél. (613) 226-2553 Téléc. (613) 226-5392 www.acmts.ca • Les femmes présentant une infection par le VPH à risque élevé sont dirigées vers la colposcopie dans les plus brefs délais. • Les femmes ne présentant pas d’infection par le VPH à risque élevé évitent une colposcopie inutile et continuent de se soumettre au dépistage à intervalles réguliers. Le dépistage du virus du papillome humain (VPH) • Par la détection de l’ADN du VPH dans les cellules cervicales. • Tests de détection de l’ADN du VPH : • AMPLICOR • Hybrid Capture 2 • autres tests en développement. • Des laboratoires appliquent des épreuves qui reposent sur la réaction en chaîne de la polymérase (PCR) pour déceler l’ADN du VPH, mais ces épreuves ne sont pas normalisées et sont exigeantes en maind’œuvre. • Des tests de génotypage, tel Linear Array HPV, sont également disponibles. À l’intention des prestataires de soins Pourquoi la CPL ? • La CPL entend améliorer la détection des lésions précancéreuses en améliorant les processus de prélèvement et de préparation des cellules. • La CPL rend possible la détection de l’ADN du VPH à partir du même prélèvement, pour effectuer le triage des résultats ASCUS – les résultats anormaux à caractère indéterminé. Pourquoi le triage en fonction du VPH ? • Dans la CC, les résultats ASCUS donnent lieu le plus souvent à une nouvelle cytologie pour en déterminer le caractère. • Par la détection de l’ADN du VPH, les résultats ASCUS peuvent être triés en fonction de la présence ou de l’absence d’un VPH à risque (oncogène) élevé. Résultats concernant l’efficacité clinique D’après les données de 20 études (68 114 participantes) : • En moyenne, la CPL est plus sensible de 6 % et moins spécifique de 4 % que la CC : • sensibilité moyenne de la CPL=81 %; de la CC=74 % • spécificité moyenne de la CPL=83 %; de la CC=87 %. • Dans la CPL, les prélèvements inacceptables sont un peu moins nombreux en moyenne. • Le dépistage par la CPL, en lieu et place et à la même fréquence que la CC, dans les programmes actuels, aux mêmes intervalles, occasionne une hausse du taux de colposcopie. • Le triage des résultats ASCUS en fonction de la détection du VPH est plus sensible et tout aussi spécifique que la nouvelle cytologie. À l’intention des décideurs, des administrateurs et des gestionnaires de programmes de dépistage Dans le cadre des programmes de dépistage actuels : • 46 femmes doivent se soumettre au dépistage pendant la vie entière pour éviter un cas de cancer du col de l’utérus. • Selon les estimations, 109 femmes devront se soumettre au dépistage pour éviter un décès. La cytologie en phase liquide par rapport à la cytologie classique (test de Pap) Mode de dépistage Avantages Inconvénients CC (Pap) • Simple • Peu coûteux • Technique la plus courante (bien établie) • Des taux de faux-négatifs sensibles en raison d’erreurs lors du prélèvement, de la préparation, du dépistage et de l’interprétation • Ne permet pas le dépistage du VPH sur le même prélèvement CPL • Fixation et distribution uniformes de l’échantillon de cellules • Permet le dépistage du VPH sur le même prélèvement • Les deux systèmes de préparation nécessitent des instruments de prélèvement, des fixatifs et des dispositifs de préparation exclusifs, un investissement supplémentaire et un changement d’infrastructure. Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé F a c t F i l e 600-865 avenue Carling, Ottawa ON K1S 5S8 Tél. (613) 226-2553 Téléc. (613) 226-5392 www.acmts.ca Comparaison entre des modes de dépistage Mode de dépistage CC + triage selon VPH Cytologie en phase liquide (CPL) intervalle de 2 ans intervalle de 2 ans CPL + triage selon VPH intervalle de 2 ans Incidence relative de cancer • Hausse de 2% • Inchangée • Baisse de 6 % • Le seul mode de dépistage qui amène une baise de l’incidence de la maladie à un intervalle de dépistage de 2 ans. Aiguillage en colposcopie • Baisse de 19% • Hausse de 48% • Hausse de 37,5 % Coût viager • Coût viager moyen moindre (77 $ la personne, avec actualisation) • Coût viager moyen moindre (39 $ la personne, avec actualisation) • Coût viager moyen moindre (59 $ la personne, avec actualisation) Allonger l’intervalle du dépistage actuel à deux ans entraîne : • une hausse de l’incidence du cancer du col utérin et de la mortalité de près de 7 %. La cytologie en phase liquide : • À un intervalle de dépistage >3 ans, la CPL est une option économiquement attrayante [fourchette : 1 000 $ à 52 000 $ l’année de vie (AV) gagnée]. • À un intervalle de dépistage moins long, la CPL perd de son attrait : • intervalle de deux ans : de 5 000 $ à 132 000 $ ; médiane de 41 000 $ l’AV gagnée • intervalle d’un an : de 21 000 $ à 516 000 $ ; médiane de 186 000 $ l’AV gagnée. Le triage par la détection du VPH : Pour donner suite aux résultats ASCUS, le triage selon le VPH est plus efficace que la nouvelle cytologie en ce sens qu’il : • diminue l’incidence de la maladie ; • diminue le nombre de patientes acheminées en colposcopie ; • allonge l’espérance de vie. À un intervalle de dépistage >3 ans, le triage par la détection du VPH est assez attrayant (de 300 $ à 61 000 $ l’AV gagnée), mais à un intervalle de dépistage moins long, les résultats sont contradictoires. Des comparaisons directes démontrent que le dépistage annuel par la CC ou la CPL seule est toujours plus coûteux et moins efficace que s’il s’accompagne du triage par le test de détection du VPH. Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé F a c t La modélisation prévoit que, pendant la vie entière : • la CPL diminuera probablement le nombre de cas de cancer du col utérin et la mortalité connexe à un coût accru par rapport à la CC, au dépistage de même périodicité. • le triage en fonction du VPH réduit les coûts et améliore les issues cliniques (quand il est jumelé au dépistage cytologique par la CPL ou la CC). Un programme de dépistage par la CPL couplée au triage en fonction du VPH coûterait 6,35 $ de plus par personne visée par le programme. Les données probantes d’ordre économique mettent en évidence que la stratégie de dépistage annuelle ou aux deux ans qui prévoit le triage en fonction du VPH avec la technique cytologique, la CC ou la CPL, représente une meilleure façon d’utiliser les ressources sanitaires aux fins du dépistage du cancer du col de l’utérus que les programmes actuels. Dans le dépistage de ce cancer, les stratégies suivantes font un usage optimal des ressources : • la CPL et le triage en fonction du VPH tous les ans ; • la CPL et le triage en fonction du VPH aux deux ans ; • la CC et le triage en fonction du VPH tous les ans. F i l e 600-865 avenue Carling, Ottawa ON K1S 5S8 Tél. (613) 226-2553 Téléc. (613) 226-5392 www.acmts.ca Glossaire Le projet de recherche ASCUS (Atypical Squamous Cells of Undetermined Significance ou cellules malpighiennes atypiques à caractère non déterminé) – résultat de test Pap qui est quelque peu anormal pour des raisons inconnues, pouvant être source de préoccupation. L’arrivée récente des technologies de rechange à la cytologie classique pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, telles que la cytologie en phase liquide et le dépistage du VPH par ADN, a remis en question la meilleure méthode d’aborder le dépistage au Canada. La CPL dans le cadre du dépistage au cancer du col de l’utérus prête toujours à la controverse, avec certains provinces ayant adopté la technologie et d’autres l’étudiant encore. L’ACMTS a initié une étude méthodique et une analyse du rapport coût-efficacité des techniques de CPL dans le dépistage du cancer du col de l’utérus en mai 2006 en vue de fournir des données probantes pour répondre à cette question. Cancer du col de l’utérus – cancer de la partie inférieure de l’utérus. Colposcopie – examen du vagin et du col de l’utérus à l’aide d’une loupe binoculaire illuminée (colposcope). CPL (cytologie en phase liquide) – méthode de rechange à la cytologie classique (test de Pap) dans le dépistage du cancer du col de l’utérus. Cytologie – étude médicale et scientifique des cellules qui permet le diagnostic d’une maladie. Intervalle de dépistage – durée de temps entre deux tests de dépistage (c’est-à-dire le nombre d’années entre les tests de Pap). QALY (année de vie pondérée par la qualité) – une année de plus d’espérance de vie en santé. Sensibilité – degré d’efficacité d’un test à identifier les personnes souffrant d’une certaine condition. Spécificité – degré d’efficacité d’un test à identifier seules les personnes souffrant d’une certaine condition (et non pas celles sans la condition). Test/frottis de Papanicolaou (Pap) – méthode de dépistage du cancer du col de l’utérus qui consiste à examiner des cellules du col de l’utérus sous microscope. Les cellules sont prélevées du col lors d’un examen pelvien. WTP (Willingness To Pay – volonté de payer) – le montant dont un décideur est disposé à payer pour une année de plus d’espérance de vie en santé. Virus du papillome humain (VPH) – famille de virus transmise par le contact cutané. Certains types sont responsables de verrues tandis que d’autres sont associés à différents types de cancers génitaux, y compris le cancer du col de l’utérus. Le principal chercheur du projet est le Dr Murray Krahn de l’Université de Toronto. Le principal auteur du rapport est un aspirant au doctorat de l’Université de Toronto, titulaire d’un BPharm. Le rapport complet de l’ACMTS intitulé Liquid-Based Techniques for Cervical Cancer Screening: Systematic Review and Cost-Effectiveness Analysis, ainsi qu’un Aperçu technologique et ce document Points saillants de la recherche sont accessible sur notre site Web à www.acmts.ca. À propos de l’ACMTS L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est un organisme national qui a pour but de fournir aux décideurs fédéraux, provinciaux et territoriaux en matière des soins de santé des informations et des conseils crédibles et objectifs, fondés sur des données probantes, sur l’efficience et l’efficacité des médicaments et d’autres technologies de la santé. Pour plus de renseignements : [email protected] Version imprimée : [email protected] Il faudra revoir les résultats de ce rapport avec l’introduction du dépistage automatique, des vaccinations contre le VPH et des programmes de dépistage organisés. Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé F a c t F i l e 600-865 avenue Carling, Ottawa ON K1S 5S8 Tél. (613) 226-2553 Téléc. (613) 226-5392 www.acmts.ca