États dépressifs à l`adolescence
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États dépressifs à l`adolescence
¶ 7-0354 États dépressifs à l’adolescence O. Bonnot L’adolescence est une période de vulnérabilité sur le plan psychologique et biologique pour la dépression, dont la prévalence est estimée à environ 5 %. La dépression de l’adolescent est marquée par l’existence de formes familiales, un risque important de rechute à l’âge adulte, un risque suicidaire et des risques évolutifs vers d’autres pathologies mentales, en particulier les troubles bipolaires. Les données épidémiologiques récentes sont présentées et commentées. Cette pathologie à fort retentissement scolaire et social est notoirement sous-diagnostiquée en raison de la variabilité des présentations cliniques et de leur méconnaissance par les praticiens. Les facteurs de risque incluent des facteurs sociaux et économiques, des influences génétiques et le fonctionnement psychique du sujet, en particulier les remaniements conflictuels qui marquent l’adolescence. Les prises en charge font une place prépondérante aux psychothérapies même si les traitements médicamenteux ont également une place importante. Les risques de suicides doivent toujours être évalués. © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Dépression ; Adolescence ; Épidémiologie ; Antidépresseur sérotoninergique ; Puberté Plan ¶ Introduction : contexte psychosocial et données épidémiologiques ¶ Aspects cliniques et psychopathologiques Liens entre adolescence et dépression. Difficulté diagnostique spécifique Formes cliniques des dépressions de l’adolescent 1 2 2 2 ¶ Comorbidités 4 ¶ Évaluation. Moyens du diagnostic 4 ¶ Facteurs de risques et évolution Facteurs de risques Évolution 4 4 5 ¶ Traitement et prise en charge Traitement médicamenteux Place des psychothérapies 5 5 6 ■ Introduction : contexte psychosocial et données épidémiologiques La période de l’adolescence est définie par l’âge biologique et la réalité sociale. Son début est fixé par l’âge moyen de la puberté qui ne cesse de diminuer puisqu’il est aujourd’hui proche de 12 ans alors qu’il était de 17 ans à la fin du XIXe siècle. Sa fin est marquée par l’insertion socioprofessionnelle qui est, dans les pays occidentaux, de plus en plus tardive. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) retient donc comme définition une période adolescente s’étendant de 11 à 24 ans et les différents travaux récents de recherche épidémiologique utilisent cette définition. Traité de Médecine Akos La dépression est considérée par certains travaux prospectifs comme devant devenir d’ici à 2020 la deuxième cause mondiale de maladie [1]. La prévalence ponctuelle de la dépression chez l’adolescent est de 0,4 % à 8,3 % selon les études, le chiffre communément admis est de 5 % de la population générale durant cette période de la vie, elle n’est que de 1 % chez l’enfant prépubère [2]. La prévalence des dysthymies est, quant à elle, estimée entre 1,6 % et 8 % [3]. Si dans l’enfance, la dépression touche autant les garçons que les filles, à l’adolescence, les filles sont plus souvent atteintes, le sex ratio est de 2/1 [4]. On évoque classiquement une augmentation séculaire de la dépression qui indique que les sujets nés après 1945 présentent plus souvent une pathologie dépressive. Si le suicide n’est pas superposable à la dépression, il fait néanmoins partie du risque évolutif de tout épisode dépressif. On estime que les troubles psychopathologiques en lien avec le suicide sont pour 70 % des cas la dépression, 15 % les psychoses et 2 % l’alcool [5]. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes de 15 à 24 ans, ce qui correspond à 800 victimes par an, 15,2 cas pour 100 000 garçons et 4,6 cas pour 100 000 filles [6]. Ce chiffre est stable depuis 1980 après avoir augmenté durant la période 1960-1975 [6]. Les tentatives de suicide (TS) ne sont pas systématiquement relevées, ce qui fait que les données sont probablement sousévaluées. Les rares enquêtes en population montrent qu’aux États-Unis entre 7 % et 9 % des lycéens déclarent avoir fait au moins une tentative de suicide durant la vie [7], proportions proches de celles observées en France [6], où 7 % des scolarisés 11-19 ans déclarent avoir fait une tentative de suicide (5 % une seule, 2 % plusieurs). Ce taux est multiplié par deux parmi les jeunes, garçons comme filles, qui ont quitté précocement le système scolaire [8]. La tentative de suicide est plus fréquente parmi les filles que parmi les garçons (sex ratio 2,1/1), la prise de médicaments et la phlébotomie sont les moyens les plus utilisés et près d’un tiers des suicidants récidivent. La récidive est plus fréquente 1 7-0354 ¶ États dépressifs à l’adolescence chez les garçons et les facteurs de risques en sont le chômage, les redoublements, les conduites addictives, la vie dans une famille monoparentale ou recomposée. En France, on estime que le rapport TS/suicide serait proche de 22 pour les garçons et de 160 pour les filles [6]. En ce qui concerne les idées suicidaires (IS) elles sont un symptôme fréquent d’état dépressif majeur (EDM). Une enquête américaine révélait en 1991 que 26 % des garçons et 41 % des filles de 15 à 19 ans en avait eu dans les 12 derniers mois [9], ces chiffres sont proches de ceux observés en France, ce qui donne un rapport TS/IS de 4. La moitié des adolescents suicidants ont eu des idées suicidaires dans l’année précédant leur acte. “ Points importants • Les dépressions à l’adolescence sont fréquentes, on admet une prévalence de 5 %. • Les tentatives de suicides sont majoritairement le fait des filles (phlébotomie ou intoxication médicamenteuse volontaire), alors que les suicides réussis sont le fait des garçons et correspondent à des actes plus violents (défenestration, pendaison). • Un ou des antécédents de tentative de suicide sont un facteur de risque de récidive majeur. • Les tentatives de suicide et les suicides ne sont pas superposables à la dépression. ■ Aspects cliniques et psychopathologiques Le diagnostic de dépression à l’adolescence n’est pas facile à poser en raison des réticences naturelles à s’exprimer durant cette période de la vie et aussi en raison des formes cliniques très variables que l’on retrouve. On peut estimer que 70 % des dépressions dans l’enfance et l’adolescence sont mal ou pas diagnostiquées [10]. Les critères classiques du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM IV), de l’Association américaine de psychiatrie [11] ou de la Classification internationale des maladies mentales (CIM 10e version, OMS [12]) s’appliquent à l’adolescence, mais sont rarement retrouvés totalement au premier abord et les signes d’appels sont souvent trompeurs. Liens entre adolescence et dépression. Difficulté diagnostique spécifique La problématique clinique essentielle est en rapport avec la psychopathologie du processus d’adolescence et ses liens naturels avec la dépression. En effet, la puberté fait vivre à l’adolescent des changements majeurs dans son corps qui vont aboutir à une nouvelle identité corporelle et psychique qui constitue une rupture brutale avec l’enfance. L’appropriation de cette nouvelle identité par le sujet, ainsi que sa reconnaissance par l’environnement constituent l’enjeu central de l’adolescence. La vulnérabilité à la pathologie dépressive que retrouvent les travaux épidémiologiques durant cette période est en lien avec le travail psychique de deuil et le sentiment de perte qui mobilisent l’adolescent. Celui-ci fait schématiquement face à une triple perte. On observe une perte de la quiétude corporelle infantile que va interrompre la poussée pubertaire qui modifie le corps et réactive la pulsion sexuelle assoupie durant la période de latence. Les modifications entraînent naturellement une perte de la stabilité de l’image corporelle. Si l’enfant a un sentiment d’omnipotence, les caractères sexuels secondaires apparus et 2 visibles vont le contraindre à renoncer et à perdre la bisexualité potentielle. Ces transformations rendent possible l’acte sexuel, l’inceste fantasmé pendant l’enfance devient potentiellement réalisable. La réactivation œdipienne que cela implique va nécessiter une mise à distance des objets œdipiens par le déplacement de son désir sur d’autres objets. Cette recherche, souvent avide, d’une dimension objectale renouvelée va permettre de s’ouvrir aux sollicitations externes et d’acquérir son identité propre et définitive. Ce travail psychique s’accompagne de pulsions parfois agressives qui peuvent générer une culpabilité importante, rendant nécessaire la mise en place d’un système défensif nouveau et parfois mal maîtrisé. En particulier, cela entraîne un remaniement entre investissement narcissique et investissements objectaux. Le sujet devant mettre à distance les images parentales pour gérer ses pulsions agressives et rompre avec l’enfance, il va se produire un surinvestissement narcissique et un désinvestissement objectal qui peuvent entraîner un repli sur lui-même dans une oscillation entre idée de grandeur et sentiment de vide. Les mécanismes psychopathologiques décrits sont proches de ceux de la dépression, autour de la question du deuil, et l’adolescent peut donc ressentir des affects dépressifs d’intensité variable pouvant générer une véritable dépression. Formes cliniques des dépressions de l’adolescent Les aspects cliniques et diagnostiques de la dépression chez l’adolescent prennent donc en compte ces aspects psychopathologiques en décrivant, à côté d’une forme proche de celle de l’adulte, des formes cliniques spécifiques à l’adolescence qui nécessitent des prises en charge psychothérapeutiques ou médicales. L’existence d’une forme adulte et de formes spécifiques font l’objet d’une polémique. Certains auteurs ne prennent pas en compte les dépressions masquées ou les équivalents dépressifs. Dans les formes masquées, les plaintes somatiques occupent souvent le devant de la scène (particulièrement les céphalées, les troubles digestifs, ou des préoccupations corporelles qui peuvent aller jusqu’à la dysmorphophobie) ou les équivalents dépressifs. Dans les équivalents dépressifs, on ne retrouve pas les signes classiques de la dépression, mais uniquement des troubles des conduites dont la fonction serait défensive vis-à-vis des affects dépressifs. Nous présentons ici les formes cliniques représentant un large consensus en France pour la dépression de l’adolescent. Menace dépressive Il s’agit d’une forme typiquement en rapport avec une problématique adolescente. En effet, Braconnier [13] évoque l’existence d’un conflit entre, d’une part, la séparation d’avec les objets parentaux et, d’autre part, la liaison nouvelle avec un objet sexuel. Le Moi du sujet adolescent est alors en danger et perçoit un sentiment de débordement. Cela conduit à une sensation d’impuissance et de renoncement. Le risque dépressif est alors patent. La symptomatologie est en rapport puisque l’on retrouve : • l’apparition rapidement progressive d’une terreur, d’être envahi par la tristesse, les idées suicidaires et le désespoir ; • une symptomatologie neurovégétative floride en rapport avec l’anxiété (palpitation, trouble digestif, dyspnée...) ; • des insomnies d’endormissement ; • une irritabilité ; • des idées d’indignité et d’autoaccusation. On considère classiquement que des troubles névrotiques dans l’enfance sont un facteur qui favorise l’émergence d’une telle symptomatologie. L’évolution n’est pas nécessairement dépressive, mais elle impose une prise en charge psychiatrique ambulatoire. Dépression d’infériorité Décrite par Ferrari et Braconnier [14] elle est favorisée par la fragilité de l’identité et de l’estime de soi des adolescents. On observe alors une dévalorisation esthétique ou intellectuelle, une timidité excessive, des préoccupations corporelles pouvant Traité de Médecine Akos États dépressifs à l’adolescence ¶ 7-0354 aller jusqu’à la dysmorphophobie, un désinvestissement des activités habituelles, ainsi que le sentiment d’être « mal aimé ». Une réaction défensive mégalomaniaque à ces symptômes n’est pas rare. Dépression d’abandon Il s’agit d’une pathologie grave se rapprochant des pathologies limites. Elle impose une prise en charge psychiatrique et son pronostic est souvent péjoratif à long terme. Le rapprochement des troubles limites est justifié par l’idée que ce type de symptomatologie est marqué par le passage à l’acte hétéro- ou autoagressif qui se met en place pour éviter d’être confronté aux affects dépressifs. On retrouve un sentiment de vide, d’abandon et d’angoisse associés à des passages à l’acte. Les mécanismes de défense sont de l’ordre du déni et du clivage, ce qui signe la gravité des processus métapsychologiques mis en place. L’hypothèse majeure sur le plan psychopathologique est celle d’une reviviscence de sentiment d’abandon survenu précocement dans l’enfance entre un an et demi et trois ans. On peut également observer cela lors de relation trop symbiotique entre la mère et l’enfant. En tout état de cause, l’adolescence, comme second processus de séparation, réactive ces angoisses. Tableau 1. Données indicatives des fréquences des symptômes d’épisodes dépressifs majeurs (EDM) chez les adolescents filles et garçons, d’après Roberts et al., 1995 et Birmaher et al., 1996 [2, 15]. Symptômes Garçons Filles (en % de fréquence) (en % de fréquence) Humeur dépressive 96,7 Anhédonie 76,7 78,6 Trouble de l’appétit (±) 70/20 50/28 Perturbation du poids (±) 40/20 42/28,6 Hypersomnie 46,7 42,9 Insomnie (début/milieu/fin) 56,7/46,7/26,7 50/21,4/7,1 Agitation 53,3 35,7 Culpabilité 36,7 14,3 Difficultés de concentration 76,7 71,4 100 % Indécision 53,3 50 Pensées suicidaires 53,3 57,1 Planification suicidaire 20 35,7 Tentative de suicide 10 18,6 État dépressif majeur C’est la forme la plus proche de la forme adulte, elle est définie [11, 12] par l’existence d’au moins cinq des neuf symptômes suivants pendant une période de 2 semaines et peut représenter un changement par rapport au fonctionnement antérieur. Les deux premiers symptômes doivent être présents : • humeur dépressive pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet ou observée par les autres ; éventuellement, irritabilité chez l’enfant et l’adolescent ; • diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet ou observée par les autres ; • perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (ex. : modification de 5 % en un mois) ; • insomnie ou hypersomnie presque tous les jours ; • agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours ; • fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours ; • sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée presque tous les jours ; • diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours, signalée par le sujet ou observée par les autres ; • pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider. Les symptômes ne doivent pas répondre aux critères d’épisode mixte, ils doivent induire une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants. Ils ne doivent pas être en rapport avec les effets physiologiques directs d’une substance ou d’une affection médicale. En outre, les symptômes ne doivent pas être mieux expliqués par un deuil, c’est-à-dire, après la mort d’un être cher. De plus, les symptômes dépressifs doivent être persistants pendant plus de deux mois ou s’accompagner d’une altération marquée du fonctionnement, de préoccupations morbides de dévalorisation, d’idées suicidaires, de symptômes psychotiques ou d’un ralentissement psychomoteur. Les symptômes sont retrouvés avec une fréquence variable selon le sexe, les données sont données à titre indicatif dans le Tableau 1 d’après Roberts et al., 1995 et Birmaher et al., 1996 [2, 15]. Dysthymie Sa fréquence est comparable à celle de la dépression à l’adolescence et elle représente un facteur de risque d’évolution vers un EDM. Les liens entre dysthymie et dépression sont Traité de Médecine Akos “ Point important Outre les symptômes classiques de la dépression adulte que sont l’humeur dépressive, l’anhédonie, l’insomnie ou les troubles de l’appétit, on observe une forte proportion de l’agitation qui peut apparaître au premier plan et rendre le diagnostic difficile. En effet, il n’est pas rare que l’agitation associée à des troubles du comportement divers oriente plutôt vers une prise en charge de type éducative qui risque d’omettre les aspects psychologiques et donc méconnaître la dépression. encore peu clairs [16]. Les symptômes des deux pathologies sont les mêmes, seuls diffèrent sévérité et durée (symptômes modérés évoluant depuis un an). Les profils des patients et leurs évolutions sont très proches, des études récentes n’arrivent pas à les distinguer statistiquement. Dépression unipolaire Longtemps considérés comme des pathologies de l’adulte, les troubles bipolaires peuvent débuter à l’adolescence. Des résultats convergents de travaux épidémiologiques montrent que pour 20 % à 40 % des adultes présentant un trouble bipolaire, on retrouve un début durant l’adolescence [17]. Il s’agit d’un trouble assez fréquent avant 18 ans, puisque l’on estime sa fréquence à un peu moins de 1 % [18] ; il est notoirement sous-diagnostiqué durant cette période, sa connaissance est donc importante. Cliniquement, le début est classiquement brutal sans cause déclenchante évidente. Ses symptômes sont ceux d’un état dépressif majeur (EDM), mais on note que la tristesse exprimée fait souvent place à l’irritabilité et à l’impulsivité et que les plaintes somatiques sont nombreuses et au premier plan. Les idées suicidaires sont fréquentes, ainsi que les hallucinations acousticoverbales, souvent cachées par le patient, qu’il faut toujours rechercher. Il peut exister également des idées délirantes de culpabilité faisant craindre une dimension mélancolique pour laquelle le risque suicidaire est plus important. Sa prise en charge médicamenteuse nécessite un traitement thymorégulateur car les antidépresseurs seuls peuvent provoquer des virages maniaques. Une hospitalisation est souvent nécessaire. D’une façon générale, le diagnostic est difficile, il est donc important de s’intéresser aux antécédents du sujet et en particulier aux aspects prémorbides de sa personnalité. Pour de nombreux auteurs, en effet, le tempérament cyclothymiquehypersensitif est prédictif d’un trouble bipolaire à l’adolescence, 3 7-0354 ¶ États dépressifs à l’adolescence il est marqué par une hypersensibilité affective, des décharges émotionnelles mal contrôlées, se traduisant par des accès de rage ou d’énervement [18, 19]. ■ Facteurs de risques et évolution Facteurs de risques ■ Comorbidités L’association d’une pathologie à un EDM est plus fréquente à l’adolescence qu’à l’âge adulte puisqu’elle est de 50 % à 70 % selon les études [20]. En particulier l’association à une dysthymie est extrêmement fréquente puisqu’on la retrouve dans 70 % des cas. L’existence de comorbidité est un facteur pronostique défavorable pour une durée d’évolution de la pathologie plus longue, un retentissement psychosocial et scolaire plus grand, un risque de comportement suicidaire plus élevé, ainsi qu’une efficacité moins importante du traitement médicamenteux [21]. Les troubles anxieux, l’angoisse de séparation et les troubles paniques ou phobiques qui sont des facteurs de risque connus de dépression sont associés à 40 % à 70 % des EDM et à 40 % des dysthymies [20]. Ils augmentent, dans l’ensemble, le risque de chronicité, mais pas celui de rechute. Les troubles du comportement et le trouble oppositionnel avec provocation sont retrouvés dans une proportion très variable allant de 20 % à 80 %. L’utilisation de produits psychoactifs est plus fréquente chez le garçon, elle se retrouve dans 20 % à 30 % des cas [22]. Les études concernant les troubles de la personnalité sont contradictoires et retrouvent jusqu’à 60 % de personnalités pathologiques. Chez l’adolescent, en particulier avant 15 ans, la notion de personnalité fixée est discutable et les données cliniques dimensionnelles sont probablement plus pertinentes à rechercher. Concernant les troubles du comportement alimentaire (TCA), rappelons seulement que l’existence d’une dépression est de pronostic péjoratif pour un TCA. Les troubles somatiques sont un point important lorsque l’on connaît la fréquence de ces symptômes comme point d’appel ou motif de consultation dans la dépression à l’adolescence. Il existe surtout des pathologies somatiques qui ont un risque élevé d’association à une dépression, ce sont classiquement l’asthme, les troubles digestifs organiques de toute forme et les pathologies engageant le pronostic vital [23]. En outre, certains traitements peuvent induire une dépression, en particulier les corticoïdes, la théophylline [23]. ■ Évaluation. Moyens du diagnostic Le diagnostic de dépression est essentiellement clinique, en particulier à cet âge en raison de la variabilité des symptômes. Il peut être utile d’utiliser des entretiens standardisés fondés sur les critères du DSM IV [11] ou de l’International Classification of Diseases (ICD) 10 [12]. Ces outils sont utiles pour les études cliniques, la formation des praticiens pour recueillir des données psychopathologiques et développementales de façon exhaustive. Le principal instrument de ce type est le Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia for School-Age Children (Kiddie-SADS) utilisable de 6 à 17 ans. On utilise surtout des échelles d’évaluation dimensionnelle qui permettent d’évaluer la sévérité de la pathologie. La plus utilisée est une échelle d’autoévaluation, c’est-à-dire remplie par le sujet, la Children Depression Inventory (CDI), utilisable de 7 à 17 ans, qui est une adaptation de la Beck Depression Inventory destinée aux adultes, mais utilisable aussi chez l’adolescent de 11 à 18 ans. L’échelle d’hétéroévaluation la plus courante est la Children Depression Rating Scale-Revised (CDRS-R) qui est une version adaptée de l’échelle d’Hamilton pour adulte (Hamilton Depression Rating Scale). Sur un plan psychologique, les tests projectifs (Thematic Apperception Test [TAT] et Rorschach) sont souvent utiles, en particulier en cas d’interrogation sur un trouble de la personnalité. 4 Les études chez l’adulte, chez l’enfant [21] et chez l’adolescent [24] ont montré l’importance des formes familiales de dépression. On observe que plus l’âge de début est précoce et plus les formes sont familiales [24]. Les enfants de parents ayant des antécédents de dépression auraient, selon certaines études, un risque maximal d’apparition d’un EDM entre 15 et 20 ans [25]. Une dépression dans l’enfance est à risque de rechute et d’évolution vers la chronicité à l’adolescence dans 60 % à 80 % des cas selon des études prospectives sur de larges populations [21, 26]. Ces travaux permettent également de distinguer les troubles de l’ajustement avec humeur dépressive, nouvelle appellation DSM IV des classiques troubles dépressifs réactionnels, des troubles dépressifs majeurs. En effet, les premiers sont à risque faible ou nul d’évolution vers une rechute ou la chronicité alors que le risque est majeur pour les seconds. Une longue durée de l’épisode dépressif est associée à un risque plus élevé de rechute [27]. L’existence d’une dysthymie est un facteur de risque supplémentaire d’EDM chez un adolescent contrairement à la comorbidité anxieuse et en particulier à l’existence d’anxiété de séparation dans les antécédents du sujet [21]. La durée moyenne d’un épisode de dysthymie est cependant extrêmement longue, les travaux retrouvent presque 4 ans [21]. L’existence de signes d’humeur dysphorique et de deux des signes majeurs de dépression durant 2 semaines, ce que les Américains appellent une dépression mineure, est un facteur de risque également [28]. L’existence d’antécédent dépressif chez l’adolescent déprimé n’est pourtant pas la règle en pratique clinique comme dans les études épidémiologiques. En effet, l’augmentation de la prévalence de la dépression avec l’âge rend statistiquement moins probable l’existence d’antécédents dépressifs chez un adolescent alors même que l’existence de ceux-ci est un facteur de risque important d’EDM. Même si les liens entre trouble de l’hyperactivité avec ou sans déficit attentionnel (THADA) sont controversés, l’existence d’un THADA est un facteur de risque de dépression comme le sont également les troubles des conduites. Un récent travail, sur 150 sujets à risque de 9 ans et demi à 19 ans et demi, retrouve qu’en plus des antécédents familiaux, l’existence de troubles du comportement et de troubles anxieux chez la mère sont des facteurs de risques importants de dépression à l’adolescence [29]. La littérature internationale retrouve également comme facteur de risque l’existence : d’addictions dans la famille, de troubles mentaux dans la famille, de support familial inapproprié pendant l’adolescence, de difficultés socioéconomiques et d’une mauvaise estime de soi par le sujet (pour une revue récente, voir le travail de Hoffmann et al., 2003 [30]). Les facteurs psychosociaux sont souvent retrouvés chez les adolescents déprimés, en particulier des événements de vie stressants, des familles séparées ou monoparentales, des difficultés scolaires, des traumatismes infantiles ; ils peuvent être considérés comme des facteurs de risques [2]. “ Point fort Au total, l’existence d’antécédents personnels ou familiaux de dépression, un épisode de dysthymie ou des signes mineurs de dépression sont des facteurs de risques de dépression à l’adolescence associés à des facteurs psychosociaux. Traité de Médecine Akos États dépressifs à l’adolescence ¶ 7-0354 Évolution La durée moyenne d’un épisode dépressif à l’adolescence est de 32 à 36 semaines, les plus longues durées d’évolution se retrouvant généralement chez les adolescents dont les parents ont présenté des troubles de l’humeur [27]. Le retentissement scolaire (allongement de la scolarité ou interruption), ainsi que les perturbations dans les relations sociales et interpersonnelles semblent liés à la sévérité des symptômes et plus marqués chez les jeunes filles [31]. Rao et son équipe retrouvent que 69 % des adolescents déprimés avaient au moins une fois rechuté sur le même mode dans les sept années suivantes et que 95 % des adolescents ayant fait une dépression à 17 ans rechutaient à l’âge adulte [31]. Ainsi, l’évolution vers un trouble de l’humeur à l’âge adulte est fréquente et celle vers d’autres troubles mentaux aussi [2]. On considère classiquement que l’évolution vers une pathologie unipolaire ou bipolaire de type I est de 19 % [18]. Ce risque évolutif se retrouve principalement en cas de début précoce, d’importance des signes de ralentissement psychomoteur, de l’existence de signes psychotiques, de troubles bipolaires dans la famille, d’antécédents personnels sévères de trouble de l’humeur et de virage hypomaniaque sous traitement. “ Points importants • L’existence d’une comorbidité avec les troubles du comportement ou des conduites augmente le risque d’évolution vers une personnalité antisociale [32]. • L’existence d’antécédent personnel de dépression de l’enfant ou d’antécédents familiaux est un facteur de risque de dépression à l’adolescence. • La période adolescente est une période à risque en ce qui concerne la dépression qui est la deuxième cause de mortalité à cet âge. • L’évolution vers un trouble bipolaire de type 1 (proche de 20 %) doit être connue. Il est également important d’évaluer le diagnostic différentiel d’une entrée dans la schizophrénie. ■ Traitement et prise en charge L’abord médicamenteux n’est jamais de première intention chez l’adolescent avant 15 ans. Après, il ne peut être justifié d’emblée que par la sévérité des symptômes ou le danger immédiat pour le sujet, par exemple en cas de risque suicidaire élevé. L’évaluation du risque suicidaire est un impératif devant toute dépression (cf. chapitre correspondant). La reconnaissance des états dépressifs chez l’adolescent est particulièrement importante pour les médecins non psychiatres dans la mesure où ce sont souvent les services de soins généraux ou les services d’urgences qui sont sollicités en premier, voire exclusivement. Une étude finlandaise vaste et récente en population générale indiquait que seuls 20 % des adolescents ayant des idées suicidaires étaient adressés à un spécialiste en santé mentale et que seulement 8 % des sujets ayant fait une tentative de suicide avaient vu un psychiatre avant [33]. Les symptômes sévères, les conflits exacerbés, le risque suicidaire peuvent conduire à proposer, voire à imposer une hospitalisation qu’il faut toujours discuter. Il est fondamental d’associer la famille de l’adolescent à sa prise en charge et d’informer l’adolescent à toutes les étapes de son traitement de façon à obtenir son adhésion, les difficultés liées à une compliance fluctuante étant fréquentes à cet âge. Traitement médicamenteux Les traitements antidépresseurs ont été peu évalués en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Longtemps il a été Traité de Médecine Akos considéré qu’il s’agissait de la même pathologie que chez l’adulte. De plus, des raisons éthiques et légales rendent difficiles les études en double aveugle contre placebo. Il existe cependant quelques travaux concernant la fluoxétine, ainsi que la paroxétine qui montrent une efficacité significative de ces produits par rapport au placebo et une étude contre un tricyclique [34-36]. Notons qu’une étude de Simeon en 1990 a échoué à montrer l’efficacité de la fluoxétine et qu’une étude de Mandoki a échoué pour la venlafaxine : pour une revue complète, voir McClellan et al., 2003 [36]. Une étude française de Bracconier et al., 2003, montre une efficacité similaire entre paroxétine et clomipramine sans groupe contrôle [37]. Des études plus anciennes évaluant les antidépresseurs tricycliques ne montrent pas d’efficacité significativement supérieure contre le placebo, en particulier en raison d’un effet important de ce dernier. Il est donc peu justifiable de les utiliser d’autant plus que leurs effets indésirables sont plus importants et que les risques en cas de surdosage accidentel ou volontaire sont plus élevés [36]. Une alternative non documentée aux inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS), évaluée par des études contre placebo, est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, la venlafaxine, qui a des propriétés similaires sans effet anticholinergique, histaminique et alphadrénergique. Les doses utilisées sont alors les mêmes que chez l’adulte. L’objectif après la posologie initiale est de diminuer rapidement le traitement afin d’obtenir la dose minimale efficace. Rappelons que les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) se différencient par leur spécificité et leur potentiel inhibiteur sans pour autant que ces caractéristiques aient une réelle traduction clinique connue. Le métabolisme des IRS est hépatique par l’intermédiaire des isoenzymes du cytochrome P450. Il est possible que des interactions existent avec des médicaments utilisant la même voie métabolique, cette inhibition est plus importante avec la fluoxétine et la paroxétine qu’avec la sertraline et la fluvoxamine. Ces produits sont bien tolérés. On observe des effets indésirables dans 10 % à 30 % des cas chez l’adolescent. Ceux-ci sont transitoires en début de traitement. Il s’agit de troubles digestifs aspécifiques, de variation pondérale (diminution avec la fluoxétine et augmentation avec la paroxétine en raison d’action spécifique sur des zones différentes du thalamus, centre de la satiété), d’irritabilité, d’insomnie, de sédation, de bouche sèche et d’impatience motrice. Enfin, on décrit un syndrome sérotoninergique imposant l’arrêt du traitement devant l’apparition de fièvre, de syndrome confusionnel, voire d’un coma et de crise d’épilepsie. Seul un antidépresseur tricyclique, le Laroxyl® dispose de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’EDM chez l’enfant de moins de 15 ans. D’autres produits sont utilisables pour d’autres indications avant 15 ans, l’Anafranil® pour les énurésies ou la sertraline pour les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Il est important d’en avertir les parents et l’adolescent. On considère qu’il faut essayer 10 semaines, en raison des réponses tardives, puis modifier la posologie avant d’envisager un changement de molécule. Un ISRS est la règle désormais. En cas d’échec de ces traitements antidépresseurs, certains auteurs préconisent l’association de lithium. La recherche de signes de troubles bipolaires est importante, elle peut amener à prescrire un thymorégulateur. Ces dernières années, l’utilisation des antidépresseurs chez l’enfant et l’adolescent a donné lieu à une polémique. En effet, il est apparu qu’en raison d’un très faible nombre d’études et de données non publiées par les laboratoires pharmaceutiques, le risque de suicide avait été sous-estimé avec les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Les données sur plus de 13 000 patients faisaient état d’une augmentation du risque de suicide sous IRS (comparé au placebo) de 2,4 pour les TS et de 4,62 pour les suicides réussis [38, 39]. En 2003, la Food and Drug Administration interdit l’utilisation des IRS chez l’enfant, à l’exception de la fluoxétine. En effet, l’étude de Whittington, une méta-analyse des données publiées et non publiées [40], ne montrait aucune augmentation significative du risque pour ce 5 7-0354 ¶ États dépressifs à l’adolescence seul IRS (les autres augmentaient le risque ou les données ne permettaient pas de conclure). Dès lors, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) rendait un avis similaire, confirmé récemment (2008), qui consistait à promouvoir les psychothérapies pour le traitement de la dépression et à déconseiller les IRS, à l’exception de la fluoxétine lorsque cela est indispensable (http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/ indpoint.htm). L’efficacité des produits n’est pas en cause, seul est mis en avant le risque suicidaire qui, nous le savons, fait partie de la symptomatologie dépressive, particulièrement à l’adolescence. Place des psychothérapies La prise en charge psychothérapeutique est essentielle, y compris lorsqu’il y a une prescription médicamenteuse. On sait, en effet, que l’association psychothérapie et médicament est plus efficace que la prise de médicament seule. Les prises en charge de ce type peuvent prendre plusieurs formes. Les psychothérapies d’inspiration psychanalytique sont les plus utilisées en France. Elles sont fondées sur la relation médecin-malade, l’écoute et utilisent le travail sur le transfert, c’est-à-dire le processus par lequel les désirs inconscients du patient concernant les objets psychiques extérieurs viennent se répéter sur la personne du thérapeute. Ces techniques de prise en charge sont très spécialisées et souvent très efficaces même si leur évaluation est difficile. Une autre technique du champ psychanalytique est utilisée chez l’adolescent, le psychodrame psychanalytique individuel théorisé en France, entre autres, par S. Lebovici et R. Diatkine. Les adolescents bénéficient également de thérapie à médiation corporelle qui vont de la relaxation aux techniques d’expression ou de médiation physique par le sport, en particulier. Les thérapies comportementales, dites aussi cognitivocomportementales, font l’objet d’une abondante littérature anglosaxonne. Ces techniques sont fondées sur l’existence chez le sujet de schémas comportementaux implicites perturbés dans la dépression que le thérapeute va rééduquer. Il s’agit de développer l’autocontrôle et de limiter la culpabilité, de positiver les procédures d’autoévaluation, d’améliorer les capacités d’interactions sociales et de restructurer les schémas comportementaux. Les thérapies de groupes fonctionnent très efficacement chez l’adolescent, en particulier par l’effet de partage des questionnements et des difficultés, mais aussi par la possibilité d’évoquer ses difficultés par l’intermédiaire des autres participants. Enfin, les thérapies familiales, quand elles sont possibles, sont souvent utiles dans de nombreux cas et pas uniquement en cas de conflits familiaux patents. [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] “ Point important La prise en charge d’une dépression à l’adolescence est avant tout psychothérapeutique. En cas d’inefficacité de la psychothérapie conduite convenablement, on peut envisager un traitement médicamenteux. Les recommandations françaises et européennes conduisent à proposer un inhibiteur de la recapture de la sérotonine, principalement la fluoxétine. [22] [23] [24] [25] [26] . ■ Références [1] [2] 6 Murray C, Lopez A. Evidence based health policy: lessons from the global burden of disease study. Science 1996;274:740-3. Birmaher B, Ryan ND, Williamson DE, Brent DA, Kaufman J. Childhood and adolescent depression: a review of the past 10 years, part I. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1996;35:1427-39. [27] [28] Garrison CZ, Waller JL, Cuffe SP, McKeown RE, Addy CL, Jackson KL. Incidence of major depressive disorder and dysthymia in young adolescents. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1997;36: 458-65. Mouren-Siméoni MC, Klein RG. Les dépressions chez l’enfant et l’adolescent : faits et questions. Paris: Expansion Scientifique Française; 1997. Haut Comité de Santé Publique. 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États dépressifs à l’adolescence. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine Akos, 7-0354, 2009. Disponibles sur www.em-consulte.com Arbres décisionnels Traité de Médecine Akos Iconographies supplémentaires Vidéos / Animations Documents légaux Information au patient Informations supplémentaires Autoévaluations 7