Une Nuit Blanche sous le signe du cœur

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Une Nuit Blanche sous le signe du cœur
LE QUOTIDIEN DE L'ART
Date : 30 SEPT 16
Page de l'article : p.7-8
Journaliste : Roxana Azimi
Pays : France
Périodicité : Quotidien
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NUIT BLANCHE - Paris - Le I-octobre
Une Nuit Blanche
sous le signe du cœur
La Nuit Blanche organisée samedi, 1er octobre, à Paris, sous la
houlette de l'équipe curatoriale du Palais de Tokyo, se déroule
cette année sous haute surveillance. Peu d'oeuvres dans les
espaces fermés, peu d'engorgements ni de file d'attente, mais une
promenade ponctuée d'une trentaine d'interventions artistiques,
du vieux Paris à celui de demain._Par Roxana Azimi
L'IDEE N'EST PAS
DE S'ÉTOILER
DANS LA VILLE,
MAIS DE SUIVRE
LE FIL DE LA SEINE
ET DE SES PONTS
D'EST EN OUEST,
DU VIEUX AU
GRAND PARIS
^•_ Cela fait déjà une semaine qu'Abraham Poincheval est debout sur son
perchoir, gare de Lyon, à la hauteur de l'horloge. Une semaine que celui qui a
vécu dans la peau d'un ours ou dans une bouteille navigant sur le Rhône, veille
du haut de sa vigie sur les voyageurs. « J'aimais l'idée de l'attente, de voir venir,
comme Siméon le Stylite en haut de sa colonne », sourit l'artiste. Et que voit-il
venir ? Les préparatifs pour la Nuit
Blanche organisée cette année par le
Palais de Tokyo sous la houlette de son
patron, Jean de Loisy. Il n'est pas le
seul à tendre les yeux et les oreilles. Les
miroirs traversés de chats d'Alain Séchas,
installés gare de Lyon, agissent aussi en
fourrier de l'événement. « Ta nuit sera
blanche », prévient une inscription, entre
promesse et menace. Événement festif,
populaire, et cette année sous haute
surveillance : depuis les attentats, on ne
badine pas avec un million de passants
en goguette à la nuit tombée.
Pour autant, Jean de Loisy a dépassé le
climat anxiogène qui nimbe les grandes
capitales pour proposer aux Parisiens
une quête romanesque sur les traces du Songe de Poliphile, ce roman de la
Renaissance mettant en scène l'amour éperdu de Poliphile pour la nymphe
Polia. Sécurité oblige, l'idée n'est pas de s'étoiler dans la ville, comme ce fut
souvent le cas, mais de suivre le fil de la Seine et de ses ponts d'Est en Ouest,
du vieux au Grand Paris, pour découvrir des œuvres positionnées dans l'espace
Alain Séchas,
En attendant Poliphile,
dessin préparatoire, 2016.
© Alain Séchas
Amsh Kapoor, Descension,
simulation du proiet Nuit
Blanche, 2016 Courtesy
de l'artiste
Tous droits réservés à l'éditeur
SAM 2946819400502
LE QUOTIDIEN DE L'ART
Date : 30 SEPT 16
Page de l'article : p.7-8
Journaliste : Roxana Azimi
Pays : France
Périodicité : Quotidien
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SUITE DE LA PAGE 07 public presque tous les 300 mètres. « Je ne voulais pas
UNE NUIT
BLANCHE
SOUS LE SIGNE
DU CŒUR
que les gens aient à attendre une heure que les portes s'ouvrent, indique Jean de
Loisy. Quand on fait la queue pendant quarante-cinq minutes, on est impatient ».
Et le chef d'orchestre du Palais de Tokyo préfère la gourmandise à l'impatience.
Côté choix des artistes, Jean de Loisy a
opté pour de vieilles complicités, comme
Fabrice Hyber qui a réalisé l'affiche de
cette édition ou Anish Kapoor, dont
un vortex fera tourbillonner la Seine
à l'emplacement supposé où le poète
Ghérasim Luca s'est suicidé, mais aussi
des rencontres récentes comme le jeune
Britannique Oliver Beer qui anime les
tréfonds de la Seine par des jeux sonores
et visuels au niveau du pont des Arts.
Chacune des douze étapes épouse les
grands sentiments qui agitent le héros,
de l'effroi à l'érotisme. Évidemment se
greffent aussi à l'événement diverses
autres interventions, comme celle,
spectaculaire, du Brésilien Rodrigo
Braga, produite par SAM Art Projects. L'artiste tente de révéler avec 40 m3 de
roches couleur sable provenant des carrières de la Meuse les traces d'une mer
préhistorique qui recouvrait ce territoire voilà 45 millions d'années. «J'ai porté
Rodrogo Braga,
Mer intérieure. Courtesy
SAM Arts Project
un regard étranger à une ville que je ne connaissais pas, confie-t-il. J'espère que
le projet apportera de la surprise dans la découverte d'une place que les Parisiens
connaissent déjà mais qu'ils peuvent découvrir autrement et réfléchir aux origines de
CHACUNE
DES DOUZE
ÉTAPES ÉPOUSE
LES GRANDS
SENTIMENTS
QUI AGITENT
LE HÉROS, DE
L'EFFROI À
L'ÉROTISME
leur ville ». Le parcours se prolongera au fil du fleuve jusqu'au pied de la statue
de la Liberté, sur l'île aux cygnes, où Marie-Agnès Gillot, Laurent Derobert et
Pascal Quignard proposeront, jusqu'à l'épuisement, un Pas de coeur.
Les artistes ne sont pas seuls de la fête. Le flâneur au cœur meurtri pourra se
rendre au pont d'Arcole à l'atelier des cœurs brisés où des bûcherons taillent
des cœurs dans les troncs d'arbre à la tronçonneuse avant de les brûler. Sur la
passerelle Debilly face au quai Branly, un atelier de réparation avec marabouts et
voyants à la clé, veillera à cautériser ces cœurs calcinés. Le miracle de l'art ?
NUIT BLANCHE, le I" octobre, divers lieux, Paris, http://quefaire.paris.fr/nuitblanche
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Tobias Rehberger,
Paysage vu à travers
un point d'observation,
2016 Une création
de la Société
du Grand Paris
pour le Grand Paris
Express Courtesy
Studio Totalas
Rehberger.
Tous droits réservés à l'éditeur
SAM 2946819400502