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GAMESBOOK MODE Construire le livret du jeu, choisir les différents axes d’explication, la mise en page, la quantité d’informations. 7 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 8 DISTANCE MODE En se distançant du rôle de créateur (par exemple, écrire directement sur le jeu, comme s’il existait déjà). PLAY TO WRITE MODE Écrire à partir de l’expérience du jeu vidéo. Qu’il existe ou pas. RÉFÉRENCE MODE Enrichir, par des textes samplés ou originaux, d’infos sur des éléments auxquels le jeu se réfère. CHEATCODES MODE Décrire un jeu par les cheats qui lui sont propres. ADD-ON MODE Le jeu décrit se greffe à un jeu qui existe déjà. BUG MODE Bug d’écriture. 8 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 9 LEXIQUE BUG Bogue en « bon » français. Un bug est une erreur qui se manifeste dans un programme sans que cela ait été prévu. Ceci est, bien sûr, très ennuyeux quand le produit est terminé et disponible sur le marché. Sur PC, le problème peut être réglé si les développeurs sortent des patches (versions améliorées nécessitant tout de même le jeu source) que l’on peut généralement télécharger sur le site de l’éditeur du jeu, ou sur des sites spécialisés dans les jeux vidéo (sur Zegames par exemple!). CLIPPING Le clipping est un système de programmation 3d qui ne dessine que ce qui est visible à l’œil, le reste étant « oublié » pour éviter des calculs inutiles (« to clip » signifie « couper » ou « tailler » en anglais). Il arrive toutefois que certains clippings soient mal programmés, 9 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 10 et que certains polygones disparaissent de la surface d’une structure. C’est ce à quoi nous faisons référence quand nous parlons de clipping, le problème le plus commun étant l’apparition tardive des décors de fond lorsqu’on se déplace vers l’avant. (fil de fer, ou wire frame) Une représentation 3d en fil de fer est constituée uniquement de polygones sur lesquels est appliqué un effet spécial, comme le Gouraud Shading. Le modèle est, pour ainsi dire, mis à nu. FIL DE FER GAMEPLAY Critère de base d’un jeu, on parle de gameplay pour expliquer le fonctionnement du jeu et le plaisir d’y jouer. Cumul de toutes les choses essentielles d’un jeu, le gameplay est bien souvent ce qui « fait » le jeu, comprenant ainsi la jouabilité, l’interface, les possibilités du jeu, etc. MAP « Carte » en anglais. Désigne le niveau dans lequel on joue. Ce mot est très utilisé par les joueurs dans les FPS, et les STR. Cela peut également désigner un circuit de course mais on utilise le mot « circuit » plus fréquemment. 10 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 11 TEMPS RÉEL On parle de temps réel lorsque ce qu’il y a sur l’écran peut être vu sous plusieurs angles ou modifié immédiatement. Presque tous les jeux fonctionnent selon ce système sauf ceux proposant des séquences que l’on appelle « pré-calculées » (un tunnel dans lequel on vous fait avancer sans que vous ayez le choix de reculer ou d’aller sur les côtés par exemple). Les cinématiques (voir cut-scenes) proposent, par définition, des séquences de « jeu » pré-calculées. 11 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 12 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 13 joueur_02 FONTBARLETTES 23 janvier – 03h05 […] Je suis dans l’avion mais je n’ai aucune envie d’y rester, j’attends qu’il monte et m’éjecte. Encore un peu, c’est bon! Je saute la tête la première, dans le vide, je prends de la vitesse, ça y est, je vois la ville qui s’étend, plaque par plaque, sous moi. Le sol se rapproche vite. J’attends d’être au niveau de la cible d’un grand arbre pour ouvrir mon parachute, encore quelques secondes, et me voilà à terre, plus de parachute, je regarde autour de moi, en haut à droite les étoiles n’ont pas augmenté, je suis donc retombé en terrain conquis. Peu importe, je vais tenter d’accéder à la zone inconnue par le pont. D’une seule pression, je désarçonne un redneck de sa motocross, il va s’étaler sous un pick-up pendant que je démarre en roue avant, je retrouve vite la route du pont, mais ce dernier est coupé dans toute sa largeur par un barrage de blocs de béton, toujours en roue avant, je fonce dedans à pleine puissance ; choc violent, je me prends une claque métaphysique qui me fait m’écraser 13 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 14 fontbarlettes au pied d’un bloc de béton, juste à côté de ma moto qui commence à fumer noir. J’ai tenté les airs et la terre, il me reste donc à prendre un bain. De toute manière l’accident ne m’a pas fait perdre beaucoup d’énergie, je peux largement nager jusqu’à l’autre rive. Je remonte sur le tas de ferraille, mets les gaz à fond, prends à droite après le pont, fais un dérapage dans l’herbe, continue à accélérer et m’éjecte d’une falaise pour tomber dans l’eau, une centaine de mètres plus loin. Plouf. Le pont est en dessus de moi sur ma gauche, je décide de le suivre jusqu’à l’autre rive, il fait encore nuit pour l’instant et je pense que j’arriverai en terra incognita au petit matin. Je me mets à nager vite: le crawl puis la brasse, une fois que mon énergie baisse un peu. La natation est un bon exercice, je gagne du muscle. J’ai un regain d’énergie quand je commence à apercevoir les côtes vierges à travers le brouillard. Je les atteins assez vite et m’engage dans un canal qui s’enfonce à l’intérieur des terres. L’apparition des quatre étoiles me montre que je suis bien interdit et l’arrivée d’une voiture de police qui sombre dans l’eau juste devant moi me le confirme. Un peu plus loin dans le canal se trouve un défilé assez étroit, au milieu de ce défilé se trouvent des rochers qui pointent leur nez hors de la surface de l’eau, l’endroit rêvé pour sortir du canal; je me poste donc sur un de ces rochers. Au bout de quel- 14 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 15 fontbarlettes ques secondes j’assiste au merveilleux spectacle des voitures de police qui arrivent à fond de chaque côté du défilé et s’écrasent tout autour de moi dans le canyon. Y’en a une qui me rase la tête. Tout ça dans un fracas sonore de sirènes et de cris. C’est donc sur ce magnifique plan que le jour se lève. Mais l’hélicoptère des flics est déjà là à me canarder, il faut que je bouge, je veux aller découvrir de nouveaux paysages. La présence des véhicules de police m’indique une route sur la droite, je saute de mon rocher et, en un clin d’œil, me voilà en train de foncer à contre sens sur l’autoroute dans un véhicule de police volé, j’les ai bien eus, ces enculés. Un choc violent dans l’arrière de mon véhicule m’informe qu’il serait peut-être temps de quitter la route si je ne veux pas me faire choper. Coup de frein sec. Dérapage à gauche, je fais un demi-tour, remets les gaz à fond, traverse le terre-plein central en manquant de peu un camion qui ira s’écraser contre une voiture de poulets, je défonce la bordure, saute par-dessus une butte et vroummm, me voilà dans le désert, un vrai décor de road-movie: grand rocher, sable, cactus et un bar, là-bas, au bord de la route. L’image est magnifique, en quelques secondes j’imagine le nombre de films qu’on pourrait tourner dans ce décor, je pense à rusha, puis à eastonellis, puis un 4×4 ennemi m’envoie valser contre un 15 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 16 fontbarlettes rocher avec une puissance inouïe, je reviendrai plus tard. Je fais deux tonneaux puis 500 m sur deux roues avant d’arriver à me remettre droit. J’ai à peine le temps de réaccélérer que j’écrase le frein. Je m’arrête à quelques centimètres d’un ravin, le temps de voir mes poursuivants faire le grand saut. Étonné mais ravi qu’aucun d’entre eux ne me soit rentré dedans pour m’entraîner dans sa chute, je contourne tranquillement le ravin pour me rendre dans une bourgade toute proche. Une fois dans ce petit hameau désertique, je décide de rejoindre la route. Ma voiture étant tout de même bien abîmée, il serait sage de trouver un autre véhicule. Je passe entre deux baraques, le nez du véhicule mord à peine la route poussiéreuse qu’un flic en posture de l’autre côté de la route me tire une rafale dans le moteur; je prends feu immédiatement; je m’éjecte par la portière et cours me coller au mur d’une des baraques en manquant de peu de me faire écraser par les renforts qui débarquent de tous les côtés pour m’abattre. Je cours. Les balles fusent. Un rapide coup d’œil à l’entrée de la ville, et je remercie la chance de ne pas m’avoir abandonné: un magasin avec deux scooters garés devant. J’enfourche la bécane comme un putain d’indien et, avec un style inimitable, je fonce dans le barrage des chips et je klaxonne en me faufilant entre deux camion- 16 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 17 fontbarlettes nettes. Fier de mon coup, je fais une roue avant, mets la vue arrière, et manque de m’étaler sur le terre-plein central. Je sens qu’on va aller loin mon scooter et moi. Je pense aux Hell’s Angels. Le vent de l’inconnu souffle sur la route et je me délecte à pleine vitesse (en fait toute relative, scooter oblige) des paysages qui s’offrent à moi. Le scoot ne va pas très vite mais il est très maniable, je reste donc le moins souvent possible sur la route, lui préférant volontiers les bas-côtés pentus où je slalome entre les arbres avec une agilité animale; des véhicules ennemis me doublent de toutes parts, puis s’encastrent dans des troncs d’arbres ou s’arrêtent bêtement parce qu’ils m’ont dépassé. Un peu plus loin, au bas de la pente dans laquelle je suis lancé, se trouve un tunnel qui passe sous une montagne, c’est l’occasion ou jamais de semer l’hélicoptère qui me pourchasse depuis tout à l’heure. Je m’engouffre dans le tunnel à toute vitesse, je me colle sur un trottoir et le traverse d’une traite, à la sortie, je tourne à droite. Un peu plus tard, je suis en haut d’une colline. J’aperçois une sorte de désert rocheux et un barrage. Quand je regardais la carte de la zone interdite, c’était un des endroits où je voulais aller en premier. En haut de la colline, il y a un magnifique coucher de soleil. Dommage de ne pas avoir de radio sur ce scooter. Je descends 17 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 18 fontbarlettes tout droit sur le barrage, le terrain est accidenté, je heurte un rocher et, d’un bond, je me retrouve à glisser sur la route qui mène au barrage. Putain, y faut faire gaffe… Alors que je suis arrêté, un 4×4 me fauche de plein fouet, et m’envoie valser de l’autre côté du parapet en bas du barrage. Cet enfoiré m’a enlevé la moitié de la vie qui me restait, putain, je me relève et cours en boitillant vers le barrage. J’viens de voir un autre scooter, ou une moto sur un parking à l’endroit où la route entre sur le barrage. J’entends les pales de l’hélicoptère, AH, AH, je marche comme un désarticulé sur le parking, le goudron a l’air chaud et poussiéreux; je vais prendre ce truc à deux roues, je vais… Mais une détonation suivie d’un travelling arrière m’informe que ce n’est pas pour tout de suite. 18 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 19 joueur_12 & joueur_13 WARE SHE IS Ne la quitte pas d’une semelle… Elle seule peut te faire progresser… Comme dans l’amour? Oui…Comme dans la vie! She est un personnage féminin qui génère une zone jouable selon le principe du clipping. Son entourage immédiat s’active en même temps que ses déplacements dans des lieux définis, tels la campagne puis la montagne, puis une plage, puis une ville, etc. C’est le principe du projecteur centré sur le personnage principal éclairant la partie visible donc jouable. Le joueur évolue dans la zone générée par cette She. Or, si elle s’éloigne, la zone du joueur devient presque inactive, se met en boucle, n’est plus actualisée, d’où la nécessité pour lui de trouver une porte ou un passage permettant de la rejoindre. She se déplace constamment et est seule capable d’augmenter la surface jouable. 19 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 20 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Tu penses avoir les nerfs solides? Prouve-le! Page 21 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 22 joueur_05 BEAR UP ! (courage!) Le personnage se retrouve dans un tunnel faiblement éclairé et infini. De part et d’autre du tunnel, le long des parois, il y a des portes de différentes couleurs (il y a un nombre limité de portes différentes — par leur couleur — et elles se répètent à l’infini, en boucle). Le joueur peut choisir de déambuler dans ce tunnel autant de temps qu’il le désire. Cependant, s’il souhaite passer à autre chose (niveau supérieur), le joueur va devoir ouvrir au moins une fois une porte de chaque couleur (s’il le désire, il pourra les ouvrir à nouveau). Derrière les portes, se trouvent des espaces qui diffèrent à chaque fois: dimensions variables, décor particulier, éclairage coloré (en écho à la couleur de la porte), bande son. L’ambiance créée peut être insupportable, énervante, stressante ou même franchement hostile. Là, le personnage doit effectuer une tâche: énigme, 22 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 23 bear up ! épreuve de logique, d’adresse, de rapidité ou même tout simplement, ne rien faire et subir pendant un temps donné (par exemple 10 minutes) l’atmosphère de la pièce. Une fois que le joueur a réussi tous les différents défis, le tunnel n’est plus infini et, au loin, apparaît la sortie. À chaque instant, le personnage est libre de ses gestes et personne n’est là pour le conseiller ou l’orienter. Il n’y a pas de texte, pas de map. Il doit tout découvrir par lui-même en expérimentant les différentes touches de la manette ainsi que le décor et ses éléments. En pause, le joueur peut régler le plan de vue (parmi les modes pré-réglés habituels, ou il peut positionner la « caméra » à sa guise). 23 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 24 Ça fait bien 5 minutes que Ça m’apprendra à regarder Je 24 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 25 BEAR UP ! BEAR UP! j’appuie sur le même bouton, je cours dans ce putain de tunnel, et j’en vois toujours pas le bout. Toujours les mêmes néons… Je trébuche et je m’étale de tout mon long. ma sœur qui passe. en l’air. soupire me relève piteusement et, les mains sur les genoux, 25 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 26 bear up ! je Bon, si je veux À peine un immense larsen résonne à travers 26 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 27 bear up ! masse légèrement la pulpe de mon pouce endolori. reprends peu à peu mon souffle. Heureusement que je ne suis pas asthmatique. Ou claustro. appuyer sur d’autres touches que la bleue sortir de cet enfer, je vais finir par devoir ouvrir une de ces fichues portes aux couleurs criardes qui se répètent depuis le début. Elles me narguent ou quoi?… Par laquelle je commence? Ça va être le hasard de toute façon. Porte verte. Action. achevée la mini cut-scene refermée derrière moi, ma chambre. la pièce. 27 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 28 bear up ! Je Je suis Enfin, presque vide, dans un coin 28 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 29 bear up ! Pause. Bordel! J’ai sursauté comme un coupable pris en flagrant délit. Je tends le bras pour attraper la télécommande et baisse le son au maximum. Re-pause. Je fais immédiatement demi-tour et je retourne dans le tunnel humide. J’ai encore les oreilles qui sifflent mais je choisis tout de même de remettre un peu de son. Porte rose. Action, les mâchoires serrées. Silence. Ouf! fais pivoter dans tous les sens le joystick droit. scrute chaque recoin de ce nouvel endroit. sur mon vieux pouf. dans un cube rose et vide. de l’écran, 29 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 30 bear up ! Je 30 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 31 bear up ! je finis par déceler une vague forme nuageuse. pousse en avant le joystick gauche. me dirige vers la sphère cotonneuse. Un bourdonnement très faible se fait entendre maisje n’y prête pas attention. J’effleure à peine le brouillard laiteux qu’un chrono se met en route. Qu’est-ce que c’est encore??? Peu à peu, le son prend de l’ampleur. Je reconnais alors, avec énervement, une très courte boucle issue d’une chanson aussi commerciale qu’insupportable et dont le volume monte de façon exponentielle. Je saisis à nouveau la télécommande et réduit le son à néant. J’explore de nouveau la pièce, joysticks à tout va, à la recherche de ce qu’on attend de moi… 31 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 32 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 33 joueur_15 LA CROISIÈRE DE MES RÊVES She est apparue sur mon écran alors que je jouais à La croisière de mes rêves JEU «La croisière de mes rêves» simulateur de voyage Le jeu s’est assombri, soudain She est apparue Elle diffusait la lumière autour d’elle Elle révélait le jeu Elle m’a permis de jouer autour d’elle Hautaine, dédaigneuse, alors que je tourne autour d’elle Et mille et une actions Elle fixe l’horizon Et semble tout ignorer de la proue où je l’accoste 33 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 34 la croisière de mes rêves Histoire d’amour, Amour se barre, She my love oh my She «Je voudrais faire le tour du monde M’en aller voir le Pacifique» Ton p’tit losange sur la tête… Un chemin de croix en croisière Je saute par-dessus bord, je suis dans ton sillage, le bouton nage, je le scotche enfoncé sur la manette Retrouver quelques personnages, morts à la nage She quand elle arrive dans un jeu Elle fout tout en l’air She c’est un personnage errant C’est Faustine de L’Invention de Morel C’est la Melody du jeu vidéo C’est le coup de foudre Qui flingue un jeu 34 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 35 joueur_16 ROAD RASH BUG /CROIX/ Je suis sur la moto /CROIX/FLÈCHE/R/ J’accélère /ROND/FLÈCHE/CARRÉ/ Je mets un coup de chaîne au mec sur la moto rouge /CROIX/CROIX/ROND/ J’écrase un piéton /FLÈCHE/FLÈCHE/R/ Vire à gauche /SIRÈNE DE FLICS/ /CROIX/FLÈCHE/R/ J’accélère /FLÈCHE/FLÈCHE/R/ Embardée, je sors de la route /SIRÈNE DE FLICS/ Ils sont derrière moi /CROIX/FLÈCHE/R/ J’accélère /CROIX/FLÈCHE/R/ J’accélère, je fonce dans le décor /R/R/R/ Je bute /R/R/ Je n’avance plus /R/ Je sursaute /R/R/R/R//PIXEL//R/ 35 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 36 road rash bug PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL 36 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 37 road rash bug Une Playmate habillée en Bunny Sexy s’avance vers ma moto. 37 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 38 road rash bug /R/R/R/CROIX/FLÈCHE/ROND/ plus rien ne répond /CROIX/ROND/. Elle s’avance et /SHE/SHE/SHE/ is so sexy /SHE/SHE/ me crie: «La faille!» «La faille?» Elle me /SHE/SHE/SHE/ me dit: «Saute dans la faille… allez, saute avec moi.» /CROIX/CARRÉ/ROND/ plus rien ne répond. Je la suis. Je saute. 38 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 39 road rash bug /CHUTE/ /VERTIGE/ /NOIR/BROUILLARD/ 39 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 40 road rash bug She? She? où je suis? «Tu as glissé dans la faille… Avance.» 40 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 41 road rash bug she_surf_up /NOIR/ Une voix me susurre «ouvre les yeux»… 41 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 42 road rash bug 42 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 43 road rash bug FLASH. Une secrétaire du nom de Jeanne me demande de m’inscrire sur une liste. Mais je ne connais pas mon nom. «D’où viens-tu? – Euh… De là-haut… – Non. Je veux dire: roman, essai, film, bande-dessinée…? – Euh… Je ne sais pas… J’étais à moto… Tu sais: ‹ rond, croix, carré, je fais ce qu’il te plaît ›. – Je vois. Jeux Vidéo. Bienvenue au Centre des Réfugiés Poétique de BugCity, prends un numéro et passe la porte.» 43 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 44 road rash bug /PORTE/ 44 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 45 road rash bug Je traverse un tunnel, la lumière au bout ne me rassure pas trop, elle ne ressemble pas à la lumière que je connais. Pendant ma traversée, la voix des gares assure: «BugCity ici BugCity, assurez-vous d’avoir fait naturalisé vos souvenirs pour les récupérer à la fin de votre séjour. Nous vous rappelons qu’il est conseillé d’exterminer toute pensée rationnelle; la Compagnie des Traversées Virtuonautiques vous souhaite un agréable voyage.» J’atterris dans une grande salle de Gymnastique, juste sous le panier de basket se tient un homme entièrement nu, très maigre, il m’invite à m’asseoir sur un fauteuil de dentiste en cuir blanc. Je m’exécute. «Une piqûre d’Eucodal toutes les deux heures. Là où je plante, l’aiguille glisse tout droit dans la veine qui reste béante comme une bouche obscène», me dit-il. J’ai un peu peur. Il présente la seringue à son avant-bras. Durant une longue seconde il hésite, puis presse le caoutchouc et regarde le liquide disparaître d’un trait dans la veine, comme aspiré par la soif silencieuse de son sang. 45 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 46 road rash bug Une fois la seringue retirée de son bras, on entend les haut-parleurs hurler la Symphonie no5 en do dièse mineur de Gustav Mahler, la Grande Tempête. Je vois passer un petit bonhomme bossu qui semble être guide, il est suivi par un petit mec à moustaches qui a l’air malin et un autre type, plus gros et torse nu qui porte de longues tresses blondes; je pars avec eux. Nous arrivons devant une porte, le petit bonhomme nous invite à entrer: «Bienvenue dans l’Antre de la bête, heureux d’vous avoir connu.» La porte claque, elle se referme. Derrière elle s’allonge un couloir aux carreaux asymétriques et baigné de lumière verte. Tandis que j’avance en touriste, je m’aperçois que les deux autres ont disparu pour laisser la place à un couple ringard et poli qui me disent s’appeler Adam et Barbara Maitland: «Malgré ce qu’on dit, être mort ne rend pas la vie plus facile», m’assurent-ils dans un sourire. Je ne les aime pas trop. J’aperçois une minuscule petite porte, je m’accroupis et la traverse. Elle donne sur un salon de thé où Snake et Pacman fêtent leur non-anniversaire, ils me proposent de rester un peu avec eux car un ami «tout à fait déjanté» doit les rejoindre. 46 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 47 road rash bug À vrai dire je ne suis pas tout à fait sûr d’en avoir envie… Mais un petit homme d’à peine 20 cm de haut se ballade sur la table et me sert une tasse de café; il peine à porter le sucrier jusqu’à ma tasse. «Combien de sucres? – Euh… Deux… Merci.» Il m’explique que c’est une ancienne maîtresse qui lui a jeté un sort: «Elle m’a rendu aussi haut qu’un nabot… et j’lui ai servi de poupée et d’godemiché pendant des mois avant de m’enfoncer définitivement dans la faille. Depuis j’me suis trouvé une gentille petite, elle s’appelle Lydia c’est une Playmobil…» Je n’ai pas le temps d’être perplexe, un cafard géant accompagné d’une petite fille vulgaire en robe à pois vient nous rejoindre. L’insecte s’assoit à côté de moi. Il essaye de me caresser. Il se fait de plus en plus pressant, il n’arrête pas de me répéter : « Embrasse-moi, allez embrasse-moi… Embrasse-moi, embrassemoiembrassemoiembrassemoi…» Pacman lui suggère de plutôt demander à Lolita. La petite est réjouie, elle frappe dans ses mains en levant les yeux au ciel puis elle roule une grosse pelle mouillée au cafard qui — au passage — en profite pour lui piquer son chewing-gum. 47 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 48 road rash bug La bestiole se transforme alors en homme en costume qui me tend la main: «Enchanté, je m’appelle K. – K. Enchanté, je m’appelle euh… – Vous cherchez le Château, n’est-ce pas? – Euh, je ne sais pas… oui… peut-être… – Bien. Vous ne le trouverez jamais. – Ah.» Il faut que je sorte de là; je m’enfonce dans une forêt très dense dont je pense au début ne jamais trouver la fin. De l’autre côté c’est la route, le soleil et le désert… Une décapotable s’arrête et me propose de me déposer à Las Vegas… Après tout je n’ai rien de prévu pour ce soir, je monte. Le conducteur a l’air assez bizarre, il mâchouille son fume-cigarette en brassant l’air à l’aide d’un tue-mouche en plastique, il m’explique qu’il chasse les chauves-souris. À l’arrière une vieille dame répondant au nom de Maude n’arrête pas de rigoler. «Allez accélère chenapan, accélère… ah ah ah.» Je préfère sauter en marche (ça je sais faire, c’est dans mes cordes), je vais marcher à travers ce désert, je retrouverai peut-être les limites du décor et pourrai rejoindre mon milieu naturel. Voilà! Ça commence à pixelliser, quel bonheur! 48 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 49 road rash bug J’espérais voir apparaître la playmate de tout à l’heure pour qu’elle me fasse traverser la faille, mais voilà qu’arrive un vieux mec bourré au visage labouré, il hurle: «Allez au Tibet. Faites du chameau. Lisez la Bible. Teintez vos chaussures en bleu. Laissez-vous pousser la barbe. Faites le tour du monde en canoë de papier. Abonnez-vous au Saturday Evening Post. Ne mâchez que du côté gauche de la bouche. Épousez une unijambiste et rasez-vous avec un coupechou. Et gravez votre nom sur son bras. Brossez-vous les dents à l’essence. Dormez toute la journée et grimpez aux arbres la nuit. Faites-vous moine et buvez des chevrotines et de la bière. Mettez la tête sous l’eau et jouez du violon. Faites la danse du ventre devant des bougies roses. Tuez votre chien. Présentez-vous comme Maire. Vivez dans un tonneau. Fendez-vous le crâne avec une hachette. Plantez des tulipes sous la pluie. Mais n’écrivez pas de poésie.» 49 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 50 road rash bug PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL PIXEL 50 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 51 road rash bug /ROND/FLÈCHE/CARRÉ/ je mets un coup de latte au flic /CROIX/FLÈCHE/R/ j’accélère /SIRÈNE DE FLICS/ ils m’auront pas * * * DATA : -BUROUGH-1-0-0-0-0-1BEETLEJUICE-1-1-1-0-1-0-1-1-1-0-00-0-BUKOWSKI-0-0-1-0-0-0-1-1-1NABOKOV-0-0-LEAVING LAS VEGAS-1-10-1-0-1-0-1-HAROLD ET MAUDE-1-0-00-FRANKIN-0-0-0-0-0-0-0- 51 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 13:59 Page 52 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 joueur_07 53 Page 53 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 54 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 55 joueur_08 LA [KRWA] ROZE Plusieurs décors possibles: rue, festival, expo… Je choisis l’exposition Niveau 0 Je ne suis pas encore infirmière J’ai deux minutes pour passer l’étape des recrutements Je dois répondre à un QCM sur l’état de l’humanité Avez-vous déjà noyé une fourmilière? J’ai réussi à répondre juste à une majorité de questions Je peux passer à l’étape suivante On me confie une brouette Je sens qu’elle ne tient pas très bien en main Elle tombe Les gens qui passent me gênent Je tarde trop Le temps réglementaire défile Je dois slalomer entre les gens sans les toucher 55 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 56 la [krwa] roze Le chien déboule à fond la caisse devant moi Je tombe Je bouscule des gens Je perds du temps Il me reste encore l’étape des escaliers Je souris à un jeune homme sourire sourire sourire sourire Je demande de l’aide en faisant des gestes Il monte la brouette dans les escaliers Ouf je regagne du temps Je souris Une dernière ligne droite J’arrive juste à temps! Je passe au niveau 1 Je suis enfin stagiaire… à laisser Je ne parle pas Je ne peux pas dépasser les limites du stand Je fais de mon mieux pour m’intégrer Rien n’indique ma progression jusqu’au niveau suivant Elle est totalement aléatoire Je dois assister les chefs d’équipe Sourire sourire sourire On me demande la mallette Zut je ne la trouve pas On me presse 56 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 57 SAUVEZ L’HUMANITÉ ! Par la [Krwa] roze (société de ravalement et de rapports sociaux aux blessés de la démotivitricité) Socialement correct mais politikement incorrect ! La [Krwa] roze est la plus Roze des infirmeries mobiles, dont le but est de soigner les gens atteints de démotivitricité (émotivité, motricité, démotivité) lors de différentes manifestations. Vous avez toujours rêvé de devenir infirmière à la [Krwa] roze ? N’attendez plus : le jeu est là ! ✂ MAINTENANT C’EST À VOUS DE PRENDRE LES BONNES DÉCISIONS ! she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 58 la [krwa] roze Je la trouve Je sers de guéridon Le patient est nerveux Je cours le masser Massage Massage Massage Je me maquille La stagiaire officielle cherche à me convaincre de me mettre en grève Je refuse j’ai peur pour mes points Sourire sourire sourire sourire Le patient va mieux Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Il faut le revaloriser Sourire sourire sourire sourire Je me maquille Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Je me maquille Sourire sourire sourire sourire J’accompagne le patient jusqu’au punching-ball Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Le patient choizi une image à boxer Sourire sourire sourire sourire 58 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 59 la [krwa] roze Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Danse La chef d’équipe pose l’image sur le punch «Scotch!!!» J’accours avec le scotch Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Sourire sourire sourire sourire Je suis enfin promue À la grande joie de mes chefs d’équipe Niveau 2 Je suis stagiaire Officielle Je peux enfin parler et sortir du stand Sourire sourire Je suis autorisée à faire un tour de reconnaissance parmi les viziteurs Je suis accompagnée par une chef d’équipe Je pars avec le brancard La chef d’équipe repère un mec qui s’ennuie probablement malade Je cours vers le malade La chef fume une clope 59 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 60 la [krwa] roze Je suis seule pour convaincre le malade de monter Il dépasse les 70 kg Je tombe Le brancard et le malade aussi Je bouscule une autre personne La chef d’équipe me gronde en publik Elle perd des points à cauze de moi Je me mets en grève Je rentre au stand Je ne risque pas d’être chef d’équipe pour cette fois-ci […] Niveau 3 J’ai enfin le privilège de choisir qui je suis Je tarde à me décider Je mets plus de 30 s Je serai donc Dézirée Il est l’heure de faire une urgence Je saisis le porte-voix Je chante pin pon pin Je cherche un malade potentiel Je repère un mec qui se fait chier Je saute sur lui Il se débat 60 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 61 la [krwa] roze J’ordonne à la stagiaire Officielle de le ramener au stand Elle se met en grève Je caresse le chien Le malade s’enfuit Je lui cours après J’ai peur de redevenir stagiaire Le patient se dirige de lui-même vers le stand J’ai de la chance Il est accueilli par les stagiaires Je peux l’attraper enfin Je passe à l’examen d’examination Je conclus à une démotivitricité Je fais une perfusion de vin rouge Je caresse le chien Le vin gicle Son état ne s’arrange pas Je lui donne une gorgée d’eau de Lourdes Danse danse danse Je l’emmène vers le punching-ball J’ai peur que le patient rechute Je l’aide à choizir une image J’ordonne à une stagiaire de l’installer sur le punching-ball J’ai peur que le patient rechute J’entretiens sa motricité avec des exercices 61 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 62 la [krwa] roze Je l’encourage à boxer l’image Je chante Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Sourire sourire sourire sourire Le patient se jette sur le punching-ball Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Je l’encourage de nouveau Il n’a pas complètement détruit l’image Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Je danse Je chante Je danse J’envoie des confettis Applaudissements Applaudissements Applaudissements Applaudissements Mission réussie J’ai le choix d’être Aimée ou de rester Dézirée… 62 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 63 joueur_# Le 11/03/2005 J’ai toujours détesté ce mot. Joueur 1, joueur 2, joueur 3, autant d’ennemis. Je me coltine ce doom-like depuis une semaine maintenant sans résultat tangible. Je coince le joueur 5 dans un recoin, il me toise, apeuré, je recharge mon gun, plus de munitions. 63 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 64 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 65 joueur_09 LE CURSEUR ou les doigts cousus sur le langage vidéo Propagation d’images d'archive grâce à son corps osseux Déambulation étrange de ce protagoniste pixelisé nous entraînant vers une nébuleuse de personnages de fiction qu’il rencontre dans ce monde qui est sa cachette capacité d’omniprésence et de pulsion scopique et d’omnivoyance Il transporte son propre monde dans un voyage analogique WORLD WITH A SUPERHEROS THE LEGEND CONTINUES Il est hanté par ses images-bulles notamment la dernière qui concerne la semaine de révisions des étudiants en théologie du 18e siècle 65 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 66 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 67 joueur_03 BRUXELLES 16 juin – 21h30 Je me réveille, il est 12:00, après une bonne sauvegarde de 6 heures, j’ai fait le plein d’énergie et je peux sortir de ma petite chambre en plein quartier européen, 10 minutes passent comme des secondes et je me retrouve en pleine rue, après avoir trouvé la seule porte de mon appart qui s’ouvre. Déjà trois modèles identiques de la nouvelle Stalion passent devant moi, je ne sais pas trop quoi faire de ma vie dans le coin, et ne trouvant pas de transport très rapide pour aller à l’autre bout de la carte, là où je pourrai trouver de quoi augmenter le potentiel de ma personne, je finis, par dépit, par braquer une caisse pourrie, on verra plus tard pour satisfaire mon bon goût en matière de carrosserie et de vitesse. Et me voilà au volant de ma nouvelle Perenial presque neuve, si je n’avais pas arraché un poteau du décor, mais vue de dos, ma voiture est flambant neuve, alors j’accélère, mais cette vitesse n’arrive pas à me satisfaire alors je fonce sur la Highway, 67 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 68 bruxelles où je pense que je trouverai un bolide pour accéder à mon aéroport privé perdu dans le désert. C’est dur d’entrer sur l’autoroute ici, je suis obligé pour plus de rapidité de prendre la voie en sens inverse. Mais ça va, mes talents innés de pilote (qui m’ont valu nombre de récompenses en monnaie dans des contests de stunt-car) me permettent d’éviter toutes les voitures que j’ai eu à croiser jusqu’à maintenant. Je suis pas trop vent dans les cheveux et blondasse côté passager mais cette vitesse maîtrisée me donne une poussée d’orgueil, que je mets à profit pour passer entre deux voitures, mais là les choses se gâtent: j’ai à peine frôlé l’une des deux caisses que je m’envole contre la rampe de sécurité, et ça c’est dégueulasse, ça se passe pas comme ça normalement. La voiture prend tout dans la gueule, et je peux continuer, alors commence une lente descente aux enfers: je tombe en léthargie et je n’arrive plus à coordonner les mouvements de mes deux corps, je me laisse guider, je cours sur le bitume le plus près du bord, là où les voitures ne passent presque jamais; mais ayant créé une atmosphère hystérique avec mon accident, tout le monde va n’importe où, c’est l’anarchie, on se croirait dans «Psychotherapy» des Ramones… Et là, comme surgie d’un rêve ou plutôt de nulle part, elle est là, c’est elle la plus belle, son vernis rouge brille sous le soleil couchant, c’est une Cheeta tout 68 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 69 bruxelles nouveau modèle, pas encore trafiquée, tout reste à faire surtout qu’il y a un garage Transfender dans le coin, alors rien à foutre, je bloque un flic à moto et lui saute en pleine gueule, ce qui allume une étoile et me remet sur les rails de la violence au quotidien, je fonce toutes sirènes allumées et je bloque la Cheeta. Je flippe, on est encore sur l’autoroute, pourvu qu’un connard arrivé de nulle part me l’abîme pas, c’est bon, je l’ai, je bourrine un peu. Les flics n’ont pas eu le temps de me retrouver que je suis déjà arrivé au Transfender où je me choisis les jantes les plus classes que je trouve (et c’est pas forcément les plus chères) plus une réserve de nitrogène liquide pour renouer avec mon but premier : accéder à mon eldorado des items. Je fonce tout droit, pour moi le mot route n’a plus de sens, je coupe par le sable, je casse du cactus à tout va et là, délice des délices, j’appuie sur le rond et je fume d’un beau bleu Butagaz du pot d’échappement. Je pousse un petit cri jouissif et lâche une main pour marquer ma victoire. Bien sûr, comme d’habitude, mon voyage se termine par plusieurs tonneaux à la fin desquels mon carrosse se retrouve les quatre pneus en l’air, mon histoire ne finit pas là, puisque je suis enfin arrivé là où les déplacements s’accélèrent, hé oui, moi j’ai toujours un harrier au hangar donc j’en profite, je monte dans mon aigle de métal et dans une manœuvre à en 69 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 70 bruxelles faire pâlir Tom Cruise, je m’élance vers les cieux infinis. Alors là, le décor change, y a comme un décalage, j’ai l’impression de rompre avec la vitesse et c’est seulement une fois que je me rapproche du sol que je me rends compte à quelle vitesse je vais, mais c’est trop tard. Avant que j’aie compris, mon avion touche un sapin et explose, je suis mort et ça me fait chier, je vais encore passer un repas craignos avec mon père et ma mère qui vient de prononcer la phrase fatidique qui ponctue mes vies, «à table!» 70 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 71 joueur_10 FEEDBACK Je viens de jouer à la guerre. Nous avons gagné ! J’ai fait plein de frags et mes stats sont plutôt bonnes. Le jeu me propose alors un mode bonus, gérer le parc des prisonniers. Mais je n’ai pas le choix : il s’autorun ! Ma feuille de mission apparaît, je ne comprends pas, il n’y a pas d’objectif mais une liste de noms interminable. Deux minutes que je la fais défiler et toujours rien ne se passe. Je commence à cliquer n’importe où, par frustration. Une fenêtre s’ouvre. Qu’est-ce que j’ai fait ? Une personne enchaînée est assise devant moi et en bas de l’écran, un descriptif de la personne. Une voix commence à lire ce texte et finit par lui demander s’il est exact. Rien ne se passe ! Une petite fenêtre apparaît alors et me propose deux solutions : le frapper le frapper violemment Je le frappe violemment, une barre de vie apparaît et 71 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 72 feedback m’indique les dégâts infligés !? Nouvelle question ! La fenêtre apparaît à nouveau. Je le frappe violemment. Il n’a presque plus de vie. Nouvelle question ! Toujours rien, cette fois je vais le tuer, on verra bien ce qu’il se passe. La fenêtre apparaît de nouveau, le texte a changé. Infos obtenues : 0 Prisonnier renvoyé dans sa cellule Petit chargement et la liste réapparaît, j’ai compris ce que j’avais fait et clique sur un autre nom. Une nouvelle personne apparaît, il me dit qu’il n’a rien fait, qu’il est boulanger, qu’il a une femme et trois enfants, la fenêtre apparaît à nouveau, le frapper le frapper violemment Click, Click, Click, il finit par dénoncer des personnes qu’il ne connaît pas. Interrogatoire réussi, prisonnier renvoyé dans sa cellule La liste réapparaît, et le jeu me propose d’automatiser les interrogatoires. Click, oui. Calcul des interrogatoires Résultats : 72 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 73 feedback Informations obtenues : 50, Prisonniers tués : 680. Click, continuer. Chargement. Ah, me revoilà dans le jeu de guerre, ma feuille de mission apparaît, c’est bizarre, on dirait le résultat des interrogatoires. J’ai une liste de noms à capturer. Click, je joue. La partie commence, sur la mini-carte, des petits points m’indiquent les cibles à capturer. J’avance dans la map et commence à descendre les ennemis, la partie est difficile, je me retrouve face à un tank et un groupe d’infanterie. Grenade. Je suis repéré, ils me poursuivent et me rattrapent. Vous avez été capturé ! Écran noir… J’imagine que c’est un chargement pourtant j’entends des voix dans une langue étrangère. Je ne peux rien faire, c’est interminable et je n’arrive pas à quitter le jeu. L’écran scintille de rouge et une barre de vie apparaît, elle diminue ! Chargement Il se passe enfin quelque chose, une personne assise devant un bureau commence à me parler… Je ne com- 73 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 74 feedback prends rien. Je me prends des coups et ma barre de vie diminue. Je veux le quitter… J’essaie à nouveau de le forcer à quitter. Je reprends des coups. Je coupe l’alimentation. 74 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 75 joueur_09 DARWIN AMONG THE MACHINES De crème soda computer Une simple table de jeu de la vie et de l’évolution, trois joueurs sont assis l’être humain la nature et les machines L’être humain est obligé de lire un texte phosphorescent à travers des lunettes de soudeur pour évoluer dans ce qu’on appelle la métaphysique du tramway Lire est un apprentissage du temps une entrée dans la société hiérarchisée de la mémoire Les bords du monde se mettent à fumer et engendrent un loup traversant l’autoroute de l’information sans risque et s’arrête devant un panneau indiquant zap Comment la géographie réussit à engendrer le roman dont l’ossature est impeccable Les dieux meurent dans le corps de l’homme et cet homme peut devenir une image L’homme est complexe et unique dans sa pensée mais au niveau de l’organisation il est d’une banalité 75 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 76 darwin among the machines désarmante couvée 9 mois dans un ventre cela mérite des fleurs La domestication du bombyx du mûrier dont l’existence ne tient qu’à un fil celui de notre goût pour la soie Le cerveau de l’homme se sert continuellement des ombres de Eason, fort astucieusement pour apprendre comment sont faits les objets et où ils se trouvent B-1-2-3-4-5- numérologie d’un ascenseur, toutes leurs défaillances dans une pure fiction linéaire sa vie comme portier de nuit tout en attendant le lézard dans le salon comment peut-il obtenir sa carte du MDP (Multiple Personality Disorder) peut-être en s’endormant chaque soir en souriant à la pensée d’être un prix nobel et de se réveiller heureux d’abord sans savoir pourquoi sa conscience émerge de son évolution en briques rouges 76 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 77 joueur_01 LA FAILLE NIVEAU 1 je suis dans une ville personne il ne se passe rien bizarre Z j’avance S je recule Q pour la gauche D pour la droite E coup de pied Espace je saute Z j’hésite un peu, peut-être qu’il faut attendre que quelque chose se passe, se charge Souris pour angle de vue il ne se passe rien Shift+Z E dans la poubelle aïe ça fait mal au pied la poubelle n’a presque rien mais elle a changé d’aspect, au lieu d’un volume texturé elle est toute lisse, uniforme E rien elle ne bouge pas on dirait que je ne la touche même 77 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 78 la faille pas, comme si une coque invisible s’était formée hum… qu’est-ce que c’est que ce lieu qu’est-ce que je dois faire pourquoi y a personne Shift+Z toujours personne mais des objets, sur le trottoir, contre le mur comme si tout avait été laissé en plan tout le monde chez soi Shift+Z une petite ruelle sur ma droite au fond, un mur Espace pas d’échelle Espace pas d’ascenseur Clic Gauche j’arrive pas à escalader normal c’est un mur en béton S je suis ressorti elle change d’aspect comme la poubelle tout est lisse uni sauf quelques objets, et la porte au fond le sol et les murs sont unis peut-être que le jeu se trouve dans ces objets qui n’ont pas changé peut-être qu’il faut que j’ouvre la porte pour connaître 78 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 79 la faille ma mission Z Z impossible Z un mur invisible s’est créé je vois la rue mais je me bute contre le vide Z impossible Espace non plus j’ai bloqué une partie du jeu alors que je n’y ai rien fait Espace qu’est-ce que j’ai fait Espace qu’est-ce qu’il faut que je fasse Q Shift+Z je vais voir si on peut passer par le toit ou l’intérieur du bâtiment 79 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 80 la faille plus que des aplats de couleur avec les contours noirs chaque action fait disparaître la couleur pour donner place à un environnement en filaire 80 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 81 la faille NIVEAU 3 essayer tout ce que je peux et trouver cette faille Z Q première ruelle Z Q Espace E plus de vitre la fenêtre perd ses couleurs D une bombe de peinture par terre Z D Ctrl+Clic Droit Clic Gauche sur le mur, je peux taguer avec la souris ça ne dessine que les contours en noir Clic Gauche pas facile de dessiner à la souris Clic Gauche un chat Q je longe le mur Clic Gauche Q Clic Gauche Q Clic Gauche Q Clic Gauche Q Clic Gauche Q Clic Gauche rien rien rien rien d’autre à faire ici Q Z oh non il reste un truc au fond un une… bouche d'égout! dommage j’en avais encore pas vu… 81 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 82 la faille […] environnement filaire quelques formes colorées restent je m’améliore mais toujours pas de faille un tour sur moi-même, niveau fini qu’est-ce qu’il va rester après le filaire? est-ce que c’est la fin du jeu? 82 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 83 la faille environnement dessiné chaque action efface le dessin pour laisser place à un environnement blanc sans repère 83 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 84 la faille NIVEAU 5 trouver la faille […] J’aperçois de la couleur Shift+Z vers l’horizon une partie du décor a changé peut-être une faille? on dirait le parcours d’une personne Q Shift+Z je prends ce chemin Q Shift+Z on se croirait dans le niveau 1 Q Shift+Z j’aperçois une forme Q Shift+Z y a quelqu’un!!!! Z à côté d’elle Clic Gauche rien Clic Gauche je ne peux pas lui parler Clic Droit ni la prendre?! E ni la frapper Espace non plus Z avec elle j’ai l’impression d’être dans le niveau 1 Z rien ne se passe Z Q Shift+Z je la quitte j’espère ne pas être réellement revenu au niveau 1 D une porte Clic Gauche je me retrouve dans le niveau 5 étrange cette fille… 84 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 la faille […] 85 Page 85 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 86 la faille NIVEAU TERMINÉ toujours pas de faille cette fois c’est forcément la fin du jeu les objets non utilisés flottent dans le blanc de l’écran je suis déçu il en reste beaucoup plus qu’à rejouer pour trouver la faille et retrouver cette fille 86 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 87 joueur_06 EXISTENCE Tu en as marre de passer inaperçu? Marre d’être seul chez toi, à te gaver de saloperies devant la télé? Marre d’avoir pour seul compagnie ton poisson rouge? Tu veux enfin des amis? Alors EXISTE!!! Jeu entièrement en FRANÇAIS et possibilité de jouer en RÉSEAU! Pour profiter des fonctionnalités réseau, vous devez d’abord finir le jeu seul pour avoir assez de confiance en vous et ainsi être apte à jouer avec d’autres personnes. Vous devez aussi disposer d’un accès à très haut débit et d’un adaptateur réseau (Ethernet) pour votre console. Tous les frais liés à l’Internet sont à la charge des joueurs. Les fonctionnalités réseau sont susceptibles d’être modifiées, annulées et payantes. Consultez le site 87 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 88 existence de votre console pour connaître les conditions d’accès et la disponibilité des fonctionnalités réseau dans votre pays. Le but de ce jeu est d’exister. Par ceci j’entends avoir confiance en soi et vivre pleinement. Mais ceci ne se fait pas seul, il faut être entouré et soutenu par sa famille, ses amis… Au début du jeu, on est une forme, un être nondéfini mais évoluant dans un décor banal où sont dissimulées des personnes. Il faut en rencontrer le plus possible et avoir une conversation censée avec eux. Cette action vous fera évoluer mentalement et devenir plus humain physiquement tout au long du jeu. Cet aspect physique tient compte du sexe des gens avec qui l’on vient de parler et de l’intelligence que vous avez accumulée lors de vos rencontres. La difficulté est que les individus se trouvant autour de vous ne veulent pas forcément avoir une discussion et vous pouvez ne pas être assez évolué pour leur parler. Il faut donc choisir avec précaution son interlocuteur pour ne pas régresser, redevenir une chose sans cervelle ou, dans le pire des cas, disparaître totalement. Dès que vous avez assez de culture, de connaissances intellectuelles et amicales, votre physique et vous-même êtes aboutis. Vous existez. 88 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 89 EXISTENCE (récit) Après une semaine de jeu, je n’ai parlé qu’à une douzaine de personnes. Je commence tout juste à avoir une apparence de petit garçon. Je cible maintenant les endroits où je suis susceptible de rencontrer des gens intéressants (c’est après avoir écumé tous les bars, les boîtes de nuits…). Je me rends dans un musée. Certains personnages sont cachés dans les photos. Il y a un couple de personnes âgées dans leur lit conjugal, des enfants qui jouent dans un parc en fleurs, une mère et sa fille devant un marchand de glaces aux couleurs de bonbonnière, et un groupe d’étudiants dans une classe de travaux manuels. Je me dirige vers la mère et sa fille. Elles me snobent de suite. Je pars en courant et me dirige vers les enfants. Trop tard, j’ai commencé à m’effacer et à redevenir un bonhomme, quelque chose d’à peu près humain. Mais elles me sourient. J’engage donc très vite la conversation. Après avoir parlé avec elles pendant deux bonnes heures, j’ai plus de connaissances. J’ai une 89 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 90 existence silhouette de petite fille. Je peux maintenant retourner voir la mère et sa fille. Elles me snobent tout de suite. Je pars en courant et me dirige vers les enfants. Trop tard, j’ai commencé à m’effacer et redevenir un bonhomme, quelque chose d’à peu près humain. Mais elles me sourient. J’engage donc très vite la conversation. Après avoir parlé avec elles pendant deux bonnes heures, j’ai plus de connaissances. J’ai une silhouette de petite fille. Je peux maintenant retourner voir la mère et sa fille. 90 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 91 joueur_# Pas doué pour la compétition, dans le jeu comme en dehors du jeu. Je suis un faiblard. Mais je gagne à être connu. Pour ce faire je parle à mes adversaires. Quelques phrases vite saisies, soulignant mon perso, prêtes à enchaîner les réponses et parer les coups. 91 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 92 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 93 joueur_12 WARE GAME «WAR IS»… ce à quoi jouent des artilleurs entre chaque salve tirée sur un adversaire indéfini… jeu de go, poker, défis absurdes, etc. Hors-champ trivial de la guerre… Vaguement politically incorrect! «WAREHOUSE»… ce à quoi jouent ceux qui subissent ces rares salves… courses, parades, ripostes… Nouvel hors-champ trivial de la guerre… Vaguement politically correct! «SPYWARE»… ce à quoi jouent des individus espionnant par caméras, webcams, spyware informatiques, les habitants d’une maison… Hors-champ trivial d’un environnement simple! Etc. 93 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 94 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 95 joueur_02 LANDSCAPE Tu veux disparaître. Le jeu est composé de niveaux infinis qui s’autogénèrent aléatoirement à partir d’une base de données composées des éléments du paysage propre au niveau. À chaque niveau sa base de données, à chaque niveau son paysage (qui se construira aléatoirement et à l’infini). Une fois le jeu inséré dans la console, un niveau est aléatoirement choisi par la console et se charge automatiquement sans possibilité de choix. Le joueur contrôle alors un véhicule (Chevelle 69 jaune avec bandes noires) qui reste le même, sans possibilité de choix, tout au long du jeu. Une fois que le joueur est dans le niveau, il est livré à l’errance. Il a la possibilité infinie de se balader dans le niveau. 95 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 96 landscape Le joueur possède plusieurs vues possibles et un autoradio s’il désire écouter de la musique. Dans chaque niveau, chaque construction aléatoire, il y a un endroit où une partie du paysage est absente, un trou dans la carte. Un monochrome. Une zone. Par zone, j’entends un endroit qui sert d’horizon. Vers lequel on va pouvoir tendre indéfiniment sans jamais l’atteindre. A moins d’une cassure. Si le joueur trouve le trou, il peut accéder à un niveau différent. La zone sert de lien: tout le chemin qu’il a parcouru, tout le paysage qu’il a vu, l’historique de son trajet sera cristallisé dans la mémoire informatique et donc toujours présent derrière lui, tandis que devant et tout autour de lui et du niveau cristallisé, s’étendra le nouveau niveau. Le niveau qui vient d’être franchi se transforme en un bout de carte stable et défini, dans un nouveau niveau indéfini qui peut s’étendre et s’autogénère tout autour. Ce niveau contient également un accès à la zone. Le joueur peut la trouver, créer un nouveau lien et ainsi obtenir un deuxième îlot fixe (forcément juxtaposé au premier) et avoir ainsi deux parties 96 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 97 landscape de cartes fixes contenues dans une plus grande, infinie. Un point important est que c’est le joueur qui provoque l’autogénération du paysage. Le joueur avance, le niveau s’étend. Le joueur ne bouge pas, le niveau reste tel quel. Le paysage est une gigantesque barrière mouvante progressant autour de la voiture/joueur, le rempart esthétique à une zone absolue. Le joueur a la possibilité de progresser ainsi dans le jeu: de zone en zone, de cristallisation en cristallisation. Mode de sauvegarde: alternative 1. Le jeu possède un mode caméra qui permet de filmer trois minutes par niveau. Il fait office de mémoire de substitution pour le joueur qui dérive ici dans la mémoire informatique. Si le joueur filme son point de départ, la découverte de la zone et filme également sur son trajet entre ces deux points, il obtient un document-mémoire (un film preuve ) stockable dans la carte-mémoire qui stimulera la mémoire du jeu. Une fois le film ouvert, le jeu va replacer le joueur dans la carte définie du niveau d’où il est tiré. Sans film du tout ou si le film n’est pas complet, 97 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 98 landscape le joueur recommence le jeu comme si c’était la première fois qu’il y jouait. Si le joueur possède plusieurs films, il peut les monter à la suite les uns des autres et ainsi obtenir la carte qu’il a réussi à cristalliser pendant les parties antérieures. Mode de sauvegarde: alternative 2. Avec un périphérique clavier, le joueur peut créer un fichier de sauvegarde où il note les coordonnées du niveau (à n’importe quel endroit dans le niveau) et les coordonnées du passage dans la zone, il a ainsi un bloc preuve pouvant débloquer la mémoire informatique. Le nombre de niveaux n’est donc pas défini et l’on peut penser à une infinité de thèmes selon lesquels on pourrait décliner les bases de données: Géographique, esthétique, technique… Une banlieue résidentielle infiniment expansive dans laquelle on a repéré un problème d’affichage pourrait nous conduire à un décor qui s’autogénérerait selon le mot «chocolat». Il y a donc un certain nombre de niveaux. Il y a donc une étape suivante. Tous les niveaux sont maintenant parcourus, 98 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 99 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 100 landscape cristallisés et leur amalgame forme une carte définie. Il n’y a plus d’autogénération du décor. Plus de clipping. Le décor n’est plus que mémoire dure. Le plan est une strate en apesanteur et ses limites donnent directement sur la zone. Il est donc possible de s’y rendre librement. * * * 100 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 101 joueur_11 ANIMIK Préparation personnelle nécessaire avant toute partie: Récupère des objets pour lesquels tu as de l’amour, accroche-les à ta console, comme des parures. Rivetant toi aussi. Installe une toile de tente dans ton jardin. Tire un câble, branche ta console avec. Fais un jeûne pendant la journée. Prépare un feu à proximité de la tente. Jette aux quatre directions des objets de la même nature que ceux utilisés pour la console. Sens-toi uni aux choses du monde. Éteins le feu. Pleure des larmes de joie. Tu peux rentrer dans la tente, allumer la console. La partie durera toute la nuit. Le jeu: Tu es dans un désert, des formes étranges s’animent dans ton champ visuel et à la périphérie. Tu dois en avoir une et la rattraper. Une fois proche, elle se figera en signe, grave-la dans ta mémoire, donne-lui un nom. Une fois 101 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 102 animik nommé, le signe disparaît. Tu dois poursuivre une nouvelle forme, en faire ton alliée, l’enregistrer et la nommer. Ainsi de suite tout au long de ta nuit effective. La mémoire: Réécris la suite de noms mémorisés pendant la nuit. Sors de la tente, rallume le feu et récite la liste à haute voix, aux quatre directions. Ressens-tu plus fortement la vie, en toi et autour? Es-tu animiste? 102 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 103 joueur_14 LAS VENTURAS 2 mars – 16h21 Aujourd’hui est une belle journée, le soleil brille sur la ville, de nombreuses personnes marchent dans la rue où je me balade. Mes cheveux sont teintés en rose et ça m’énerve un peu, je me demande ce qu’il a bien pu passer dans la tête de celui qui a fait ça. J’ai l’air d’un con maintenant, je ressemble à Dennis Rodman. Je décide de courir un peu pour aller dans une autre rue et manque de me faire écraser par un de ces foutus taxis en traversant la route. L’envie me vient de tabasser le chauffeur et de le piétiner une fois au sol, mais je n’en fais rien, ça n’en vaut vraiment pas la peine. Je continue de marcher, mais un peu agacé, ce taxi méritait vraiment de brûler. Une fille en tailleur, mini-jupe marche devant moi, ça me change les idées en plus elle a l’air vraiment pas mal, elle a de longs cheveux bruns. Le genre de fille qui se la joue classe et un peu coincée avec un physique à tomber 103 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 104 las venturas raide. Mais au fur et à mesure que je marche derrière elle, sa démarche de robot m’agace de plus en plus et puis je repense au taxi. Je cours un peu pour me rapprocher de la fille et lui donne un grand coup de poing dans le dos, elle tombe par terre et quelques passants outrés se retournent vers moi en faisant de grands gestes avec leurs bras. Je pourrais les tabasser eux aussi mais j’en ai pas vraiment l’envie même si ce connard de clone d’Elvis le mériterait. Je continue ma course mais je me fatigue assez vite, je m’arrête au milieu de la route, complètement essoufflé, bloquant la circulation, le taxi devant moi n’arrête pas de klaxonner, j’en ai marre de tout ce bordel, je vais partir loin. J’ouvre la porte du taxi et tire le chauffeur hors de sa voiture, je le frappe à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il tombe par terre où je lui donne encore quelques coups de pied. Je pense qu’il est mort. Je m’installe maintenant dans son taxi, j’aurais préféré une voiture de sport mais ça vaut peut-être mieux puisque de toute façon je ne sais pas conduire. De toute façon il faut que je parte et n’importe quelle voiture aurait fait l’affaire. Comme je vous l’ai déjà dit, je ne sais pas conduire et en plus je ne connais pas la ville. Je manque plusieurs fois de me prendre des voitures à force de zigzaguer, je crois même que 104 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 105 las venturas j’ai dû écraser un de ces clones d’Elvis qui pullulent dans la ville. Putain je crois que je suis vraiment dans la merde j’entends les sirènes de police derrière moi et ce putain de taxi commence à fumer vu que je me suis déjà pris plusieurs poteaux de feu rouge. Si j’avais une arme, quelque chose comme un bazooka je les ferais tous exploser, mais là il faut vraiment que je me trouve une autre voiture avant de mourir brûlé dans ce putain de taxi. Je pousse donc une femme à l’allure de mère de famille en dehors de son break, les voitures de police s’arrêtent à côté de moi pour m’arrêter mais je suis déjà reparti avec mon nouveau break. J’en reviens pas, cette conne écoutait de la country. J’ai enfin trouvé l’entrée du périph’ les flics sont toujours derrière moi mais ils ne me gênent plus vraiment, je m’y suis résolu. J’aime rouler à pleine vitesse sur cette route avec toujours cette musique country en fond vu que j’ai pas trouvé comment changer de fréquence. J’ai certainement dû faire le tour de la ville maintenant ça ne m’amuse plus, il faut que je sorte de cette autoroute. Mais tout part en couille, juste après la sortie je percute plusieurs voitures, ma voiture fume mais je m’en fous, je roule dans l’herbe en essayant d’éviter les arbres, je pense que j’ai dû écraser pas mal de passants. 105 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 106 las venturas Une grosse bute, la voiture décolle et je m’écrase violemment sur la plage. La voiture part en tonneaux et finit sur le toit. Je marche maintenant vers la mer et mon seul regret est de ne pas pouvoir m’allumer une clope avant de me faire arrêter. 106 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 107 joueur_# Mais ce qui s’est produit ce 11 mars est trop bizarre. Mes adversaires surarmés se sont mis à débiter une liste de modes d’emploi, de scénarii, de gameplay tous inquiétants. Inquiétants parce que venant en réponse à des phrases vanneuses. Que veulent-ils me dire? Qui sontils? Il me faut plus de temps pour lire ces datas que pour charger dix maps. Manifestement ma partie sert de piste d’atterrissage à une nouvelle équipe de concepteurs et j’y ai été invité à mon insu. Jouons notre run l’air de rien, inutile de leur répondre, surveillons juste la pointe de leur gun. À l’issue de la partie, je téléchargerai une autre map, un autre territoire et ce sera oublié. 107 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 108 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 109 joueur_04 LOST-GAME Manuel pour une non-zone Tu dois suivre le reflet jaune. Pour ce faire, tu peux effectuer une des deux actions suivantes: nager ou courir. Le temps que tu vas mettre pour y arriver n’est pas déterminé. La Zone que tu vas traverser se construit au fur et à mesure que tu la parcoures. Ton champ d’action peut s’étendre selon les événements que tu vas rencontrer, par exemple des objets dont tu pourras te servir (armes), ou bien encore des personnages qui marchent ou discutent. Utilise le gameplay habituel. Le principal est que tu parcoures cette Zone. Ces instructions restent volontairement floues, car tu vas devoir construire et raconter ton histoire tout au long de ta progression. L’idée est de rompre une histoire pour en commencer une autre dont la forme reste libre. La seule condition est de produire un texte à partir de notes de jeu. Si tu le souhaites, tu peux aussi prendre des photos avec ton appareil. 109 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 110 LOST-GAME (Notes-Récit) ELLE-ZONE 03:30 Je marche puis je cours. intérieur : (mon arsenal est conséquent mais est-il utile ici ? Toujours ce même lieu, cette même Zone. Aujourd’hui l’horizon semble flou. De toute façon j’ai cette fois-ci un but. Rejoindre ma ville.) Il est trois heures trente. A chaque fois que je rentre dans la Zone, j’ai toujours ce premier sentiment: courir. Je pense que c’est cet horizon qui veut ça, il est si flou, si incertain. Ou alors cette tache jaune que l’on a envie de traverser de part en part. Je ne sais pas. Enfin, de toute façon, je fais comme la dernière fois et je me mets à marcher. Au bout de quelques secondes je ne résiste plus. Je cours. Pendant cette première course, je me dis que je porte avec moi un arsenal de guerre qui me semble inapproprié. En tout cas trop conséquent. Je n’ai pas l’impression d’en avoir 110 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 111 lost-game besoin. La Zone n’est pas si dangereuse (pour le moment). Si ça ne tenait qu’à moi, je ne prendrais qu’une mitraillette et mon appareil photo. Juste une petite mitraillette. 06:06 06:28 Photo 1. 07:10 Cette tâche jaune semble me suivre. Là, elle me gêne. Je me retourne. 07:44 07:47 07:51 07:58 08:01 La tache jaune puis une étoile. Elle vole, immobile. Ça ne me choque pas. Pas ici. J’ai l’habitude. Je reviens à moi. Je suis heureuse et excitée car ma mission aujourd’hui n’est pas facile. Il faut que j’arrive à rejoindre ma ville. Cette fois les indications ont été très claires. Je dois y arriver. Trois heures plus tard et je me dis que cette maudite tâche jaune n’arrête pas de me suivre. Je l’aime bien d’habitude mais là 111 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 112 lost-game elle me gêne. Dans mon élan je me retourne et poursuis mon chemin. Je cours toujours. Je rêve. J’aperçois quand même la tâche. Elle est encore là. Je l’avais pourtant bien quittée (je suis dans la Zone). Je tourne la tête pour ne plus la voir, et j’aperçois une grosse étoile jaune qui flotte en l’air. À vrai dire ça ne me fait rien du tout. J’en ai croisé d’autres. Pourtant, les objets seuls et isolés dans la Zone sont assez réconfortants car ils te donnent quelque chose à regarder. Ton regard n’est plus perdu l’espace d’un instant. Je les aime bien, ils me permettent de me raconter une histoire, leur histoire. Pourquoi sont-ils là? J’espère que les objets pensent la même chose que moi. Photo 2 08:24 10:00 Ces trous invisibles. Je chute à chaque fois. Je me rattrape du mieux que je peux. PAF! je m’écroule de tout mon long sur le sol. S’il y a bien une chose insupportable ici, c’est bien ces trous invisibles. Je me fais avoir à chaque fois. Ça m’a calmée un peu, du coup je continue en marchant. 10:35 10:36 112 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 113 lost-game 11:39 J’avance. Il me semble reconnaître la direction. Je peux aller plus vite. 12:00 Toujours ce relief invisible. Heureusement il sculpte mon parcours. Il n’y a aucun repère dans la Zone, mais il me semble que je suis sur le bon chemin. Allez, je me mets à courir de nouveau. Le sol de la zone est le sol le plus étrange que je connaisse. Il possède un relief invisible. Cela peut être assez dangereux (ça y est la Zone est devenue dangereuse). J’ai toujours l’angoisse de faire une mauvaise chute qui me laisserait agoniser par terre, seule, au milieu de nulle part. Mais bon je n’y pense pas trop. J’essaye. 12:02 12:09 14:21 Je suis essoufflée. Pas étonnant. Pause. 113 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 114 lost-game 15:06 15:20 15:39 Une mauvaise chute me bloque à terre un moment. Cette Zone ne se laisse pas traverser facilement. Je décide de faire une petite pause, je suis fatiguée. Je cours depuis longtemps déjà, je vais rester là un moment et reprendre des forces. Je trouve qu’il est difficile de s’endormir ici. Cela ne m’est jamais arrivé. Je reste assise sans bouger. Voilà, il est temps de repartir. Je cours depuis quelques minutes et une autre chute me bloque à terre. Je suis sonnée. Celle-ci a été douloureuse, j’ai manqué de me casser les deux jambes. Je reste alors allongée un instant. La Zone me rappelle qu’on ne la traverse pas comme ça. 15:40 15:45 15:51 16:09 16:45 Photo 2. Deux hommes marchent au loin. Peut-être sont-ils au courant? Il faut que je sache. Tandis que je me relève, j’aperçois deux silhouettes au loin. 114 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 115 lost-game Je marche dans leur direction. Deux hommes qui marchent. C’est assez rare de croiser d’autres personnes, il faut que je leur demande. Ils savent peut-être. 17:38 Photo 3. Je m’approche de l’un deux: «Je m’appelle she et…» Il ne se retourne pas. Il continue. Pas cette fois. Je pourrais lui faire payer son geste. Finalement, mon arsenal n’est pas si inutile dans ces moments et l’envie de sortir mon arme favorite me démange. Lui loger une balle dans la tête à une distance de deux ou trois mètres est un jeu d’enfant. Cependant je ne le fais pas cette fois. 17:44 115 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 116 lost-game 19:40 Tout semble tourner en rond. Ça sera long. 21:53 23:50 01:35 Photo 4. Je m’arrête de courir. Je souffle un peu. 02:18 02:22 Allez, en marchant cette fois. 03:54 Encore deux hommes qui marchent. Ils semblent errer. Ils tournent. Gauche. Gauche. Droite. Gauche. Il faut que j’avance alors je me mets à courir de nouveau. Après trois heures sans pause, je ralentis puis je m’arrête. Je vais continuer en marchant un peu. Je souffle fort. J’ai de la chance, on dirait car je vois encore deux hommes qui marchent. Ils n’ont pas l’air sûrs d’eux, leurs trajectoires sont étranges. Tout en continuant à marcher je quitte des yeux les deux hommes et une autre forme me fait sauter de joie. 116 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 117 lost-game 05:40 ÇA Y EST! Je le savais. La tache jaune est toujours là. Ma ville. 05:53 05:54 05:55 Photo 5. Je cours. J’arrive à l’entrée de ma ville. Photo 6. 117 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 118 lost-game 09:03 Je me sens bien. Mieux. 10:32 ENFIN, j’arrive au pied de ma ville. Je me remets à courir. Je me sens de mieux en mieux car j’arrive bientôt à l’entrée. Les lumières lâchées par ma ville me fascinent et m’hypnotisent. J’adore son architecture. Je suis envoûtée. * * * C’est ma ville. Je ne sais pas si je suis en sécurité. Je m’en fous. 11:40 11:43 11:50 Photo 6. 13:09 Je m’en souviens. Photo 7. 13:12 13:26 118 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 119 lost-game 14:05 intérieur : (c’est chez moi. Cette Zone a été domptée par ma ville. Elle n’est pas déserte. Je ne suis pas seule mais je ne connais personne.) Une fois à l’intérieur, je ressens un sentiment étrange car je ne sais pas si je suis en sécurité. Ici ça n’a plus d’importance. Je me remémore les moments que j’ai passés ici. Je m’en souviens assez bien. Je ne suis plus seule à présent. Je reconnais les personnes que je croise dans la rue et pourtant je ne les connais pas. 16:51 18:46 18:47 Les routes ne mènent nul part. Photo 8. J’avais oublié pourquoi j’adore tant les routes de ma ville, elles ne mènent nulle part. Elles sont arrêtées nettes par l’espace envahissant de la Zone qui en mange une partie. Elles sont encore plus belles ainsi. 20:07 Ma ville est perdue dans la Zone. Je sais comment m’y rendre maintenant. 119 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 120 lost-game 21:38 21:44 21:49 21:57 22:00 22:07 Je connais son secret. Il lui donne son sens. Ainsi elle m’appartient. Les autres ne sont pas au courant. 00:23 01:27 Suis-je seule à savoir ça? A cet instant, une chose me réjouit: je sais de façon «sûre» comment me rendre dans ma ville. Ça y est. J’avais peur d’avoir oublié depuis le temps. De plus, ma ville possède un secret que je connais. Les autres ne le savent pas, je pense. Cette ville fait donc sens avec la Zone. Elle n’est plus infinie pour moi car je connais une sortie cachée en ville. 02:14 02:30 Il y a une sortie. La Zone n’est plus infinie. Ma ville, elle le sait. 120 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 lost-game 03:30 03:34 03:37 03:41 Je peux sortir. Temps de jeu: 70 min. 121 Page 121 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 122 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 123 Avec joueur_01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 Sarah Pangon Ludovic Sauvage Yan Renand Nicolas Tilly Laure Blanchon Aurélie Dubois Anne-Sophie Chambettaz Lucile Chemarin Michel Francisco Pascal Chirol Manuel Reynaud Daniel Foucard Fabrice Reymond Yannis Perez Sarah Lis Jessica Champlaine she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 124 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 125 Ce recueil a été écrit par les étudiants de l’erba Valence, sous la direction de Daniel Foucard et Fabrice Reymond. Il a été composé par Alexandre Leray et Stéphanie Vilayphiou, avec l’aide de Samuel Vermeil, Fabrice Reymond, Nicolas Tilly et Ludovic Sauvage. Cet ouvrage est composé en Adobe Garamond de Robert Slimbach, et en ocr-b d’Adrian Frutiger. A été achevé d’imprimer en juin 2006, en cent exemplaires à l’erba Valence. she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 126 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 127 she_surf_up_mai_2006.qxp 31/05/2006 14:00 Page 128