Aspects de la critique proustienne en France et au Brésil

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Aspects de la critique proustienne en France et au Brésil
Aspects de la Critique Proustienne...
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ASPECTSDELACRITIQUEPROUSTIENNE
ENFRANCEETAUBRÉSIL
Maria Marta Laus Pereira Oliveira
Universidade Federal de Santa Catarina
Les phrases longues parfois enchevêtrées, les paragraphes
compacts a faire perdre haleine, l’humour voire l’ironie, l’analyse
introspective qui touche les plus secrets recoins de l’âme humaine,
le style à la fois nouveau et inclassable, bref tout ce qui surprend et
enchante à la lecture de Proust peut pousser un lecteur curieux à en
savoir plus, aussi bien sur l’auteur que sur l’œuvre. En realité,
nombreux sont ceux qui se demandent comment le roman- A la
recherche du temps perdu - a été reçu par le public français et même
à l’étranger; de quelle façon il a été accueilli par la critique littéraire
contemporaine et immédiatement postérieure à sa publication.
Afin d’esquisser une réponse à ces interrogations,nous nous
proposons de reprendre quelques aspects de la réception de Marcel
Proust dans les critiques françaises et brésiliennes entre 1912 et
1930, en établissant quelques rapports entre ces deux critiques.
Les trois notions théoriques servant de base à notre recherche
- réception, lecture critique et horizon d’attente - ont été empruntées
à l’Esthétique de la Réception. Ainsi, les différents facteurs qui
interviennent dans les rapports entre texte et lecteur sont désignés
parlenomd’intermédiaires1,ouencoredemédiateurs2,désignations
qui comprennent aussi bien l’action des personnes que les supports matériels.
Fragmentos Florianópolis
v.6
n.2
p.55-84
jan./jun. 1997
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Nous partons du principe que le critique littéraire est un important médiateur, puisqu’il collabore à la diffusion de l’oeuvre et
établit des rapports entre celle-ci et le lecteur. Il n’est pas un lecteur
commun, parce qu’il enregistre ses impressions de lecture. Cette
lecture critique, incorporée dans le contexte historique et social qui
la produit, aide à repérer l’horizon d’attente d’une époque. Ayant
pour but de présenter une analyse claire, presque didactique, nous
suivons une progression logique.D´abord nous allons chercher nos
données du côté de la critique française, pour ensuite puiser dans
celles de la critique brésilienne, en essayant d’indiquer au fur et à
mesure les dettes de celle-ci par rapport à l’autre.
1. Du côté de la critique française
Les difficultés que le roman À la recherche du temps perdu a
rencontrées pour se faire comprendre de ses contemporains se sont
révelées dès les démarches pour la publication du premier volume,
Du côté de chez Swann, parut en librairie le 14 novembre 1913. Les
résistances ont été nombreuses et se font présentes de forme
détaillée dans la foisonnante correspondance de l’auteur3.
Dans l’espoir de publier son roman, Marcel Proust s'adressa à
Gallimard, Fasquelle, Ollendorf et Grasset, les principales maisons
d’éditions à l’époque. Seul Grasset accepta de publier l’oeuvre.
Le refus de la maison Gallimard, sous l’influence d’André
Gide, qui en était un de ses directeurs, est devenu célèbre.
De son côté, le directeur des éditions Ollendorf, M. Humblot,
expliqueraàLouisdeRobert,intermédiaireentreHumblotetProust,
qu’il ne pouvait pas comprendre que quelqu’un emploie trente
pages à décrire comment il se retournait dans son lit avant de
s’endormir4.
Toujours à la recherche d’un éditeur pour son livre, Proust aura
remis une copie de son manuscrit à Fasquelle vers la fin de 1912.
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Toutefois, fondé sur l’opinion du poète Jacques Madeleine, son ami
et conseiller., Fasquelle lui aussi éconduit le roman. Le rapport5 de
lecture du poète est devenu légendaire dans la critique proustienne
et depuis, son auteur est considéré comme le premier critique de
Proust. Madeleine ne comprenait rien au texte proustien qui lui
paraissait manquer d’organisation et qu’il considère un cas
“pathologique”. Il se demande:
“Au bout des sept cent douze pages de ce manuscrit
(...) on n’a aucune, aucune notion de ce dont il s’agit.
Qu’est-ce que tout cela vient faire? Qu’est-ce que tout
cela signifie? Où tout cela veut-il mener? - Impossible
d’en rien savoir! Impossible d’en pouvoir rien dire!”6
En bref, parce qu’il a adopté, dans son analyse, les critères
usuellement employés pour les romans français du XIXème siècle
( analyse de la trame, vraissemblance des personnages, clarté du
style), Jacques Madeleine n’a pas trouvé dans le texte proustien de
correspondant à son horizon d’attente littéraire. Et, quoique sensible aux observations fines et pénétrantes de l’auteur, il n’a pas
réussi à distinguer l’originalité de son style.
Finalement, après un grand effort de la part de Proust, Grasset
accepte de publier le livre “à compte d’auteur”. La Correspondance
de Marcel Proust7 permet de vérifier les démarches que celui-ci a
entreprises auprès de ses amis pour faire annoncer dans la presse
la parution du premier volume de son roman.
La première critique vraiment indépendante, c’est-à-dire, qui
ne soit pas le résultat d’une démarche de Proust ou d’un de ses
amis, est celle de Paul Souday. Dans une lettre du 9 décembre à
Jean-Louis Vaudoyer, Proust raconte que Grasset l’avertit “qu'il y a
eu un article de Souday détestable” lui imputant des fautes de
français qui sont des coquielles d’impression. Le souci de Grasset
était fondé. Paul Souday, critique littéraire du journal Le Temps,
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faisait et défaisait les réputations littéraires. Dans Le Temps du 10
décembre, il consacre un feuilleton au roman de Proust, ou il relève
des incorrections, des longueurs et une certaine confusion, admetant
toutefois le talent de l’auteur8.
D’une teneur tout à fait opposée à l’article de Souday est le
texte publié par Maurice Rostand, dans la première page de
Comoedia du 26 décembre 1913, sous le titre Quelques lignes à
propos d’un livre unique. Proust trouvait l’article si excessif dans
ses éloges qu’il n’osait pas l’envoyer à ses amis. Rostand compare
l’auteur à Pascal et à Shelley, le considérant digne de “resplandir au
milieu des plus grands”.9
Deux autres articles surprirent le romancier par les rapprochements qu’ils firent entre son oeuvre et la philosophie d’Henri
Bergson.
Le premier article est une notice, sortie dans L’Intransigeant
du 28 décembre, intitulée Du côté de chez Swann: une
“manière”nouvelle. L’auteur remarque que, chez Proust,les descriptions des caractères selon la psychologie expérimentale
pourraient servir d’exemple à la théorie de Bergson. Le deuxième
est un article, publié dans la Revue de Paris du ler janvier 1914,
dont l’auteur, Gaston Rageot attribue au roman de Proust de s’être
inspiré de la pensée bergsonienne.
Si Proust a vivement réagi aux critiques citées ci-dessus,
surtout à celle de Paul Souday, il a été encore plus sensible à l’article
d’Henry Ghéon, publié dans La Nouvelle Revue Française du ler
janvier 1914, compte tenu du fait que celui-ci faisait partie du groupe
d’écrivains dont Proust recherchait l’approbation10.
Proust redoutait le pouvoir d’influence qu’un critique de La
Nouvelle Revue Française pouvait avoir sur ses confrères et sur
les lecteurs. En effet, quelques critiques ont suivi l’avis de Ghéon.
Cela semble être le cas de Rachilde et de Jean de Pierrefeu. La
première publie un article dans le Mercure de France du 15 janvier
1914 déclarant qu’elle trouve le livre “soporifique”et “anesthésiant”.
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Jean de Pierrefeu publie, dans L’Opinion du 24 janvier, un article
qui accuse le romancier d’avoir saisi un bout de fil pour raconter
son existence et de l’avoir débrouillé “brin pour brin”.
Par contre, le Tout Paris: Magazine illustré mondain du 25
janvier 1914 affirme que l’ouvrage est d’une qualité rare et qu’il
faut s’étonner qu’il n’ait pas eu de prix littéraire.
Un autre article, paru le même jour dans la Revue Littéraire au
Journal des Débats, sous le titre À la recherche du temps perdu par
M. Marcel Proust, met encore en évidence le caractère polémique
de ce livre. L’auteur, André Chaumeix, reconnait que le livre a de
“rares mérites” mais le trouve déconcertant par la forme, par la
composition, par l’abondance et la compléxité11.
A la même époque (le 10 ou le 11 janvier) dans une lettre
privée qui est devenue célèbre, André Gide avoue à Proust son
admiration pour Swann12.
En mars, après Fasquelle, La Nouvelle Revue Française, sous
la direction de Jacques Rivière, propose à Proust de publier - non
plus à compte d’auteur - les deux volumes non encore parus et
d’essayer de joindre le premier à la collection. Dans une lettre à
Proust, datée du 6 février, Rivière rend compte de l’impression que
la lecture de Swann lui produit. Proust répond en se disant ravi de
découvrir que Rivière est le premier à comprende que son livre est
un ouvrage dogmatique et une construction13. Rivière évoquerait
plus tard, dans une conférence à Monaco14, ses premières impressions devant la lecture de Proust.
A vingt-sept ans et malgré son titre de secrétaire, c’etait Rivière
qui dirigeait effectivement La Nouvelle Revue Française. Il est
considére le premier “lecteur de Proust”, c’est-à-dire,celui qui l’a
compris le premier. Dès 1914, il avait senti que Du côté de chez
Swann serait le premier élément d’un vaste édifice et première
étape d’un “apprentissage de la vérité”. En dehors d’un grand
interprète, il a été un propagateur inlassable d’A la recherche du
temps perdu.
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Grasset, de son côté, après avoir dédaigné le premier volume
ne voulant pas l’éditer à sa charge, annonce qu’il veut lancer le
second aussi tôt que possible.
Le 15 avril 1914, Jacques- Emile Blanche, peintre et critique
d’art, publie à la une de L’Echo de Paris un article sous le titre Du
côté de chez Swann. Proust remerciera l’auteur pour “l’admirable
article”. En effet, l’article de Blanche essaie de montrer que les
difficultés apparentes du roman sont dues à son aspect novateur et
à son originalité. Il écrit:
“Dés son apparition, il (le livre) enchanta les uns,
alarma les autres, car son approche est, dit-on, difficille.
Il se présente comme toute oeuvre d’exception,
originale et belle”.15
Il y a eu des échos de cet article dans plusieurs journaux de
Paris .
La publication du roman a été interrompue par la Guerre de
1914. Pendant ce temps, Proust a eu deux grands soucis: la guerre et
son oeuvre. Son état physique le rendait inutile à aider son pays; il
a souvent eu envie de mourir, mais il voulait continuer à vivre dans
le seul but de finir son roman.
Le deuxième volume - A l’ombre des jeunes-filles en fleursne paraîtra qu’en 1919 et recevra le Prix Goncourt. On entend de
nouveaux reproches dans la presse. On incrimine l’âge de l’auteur
- trop vieux - et on l’accuse d’avoir des relations avec des membres
de jury, parce que Léon Daudet était le frère de son grand ami Lucien
Daudet. La principale objection, pourtant, c’est que le sujet du roman ne correspond pas aux intérêts de la France de l’après-guerre.
Un critique de 1920, cité par Valéry Larbaud17, écrit que l’
auteur qui avait gagné le Prix Goncourt était inconnu et le resterait.
Des textes critiques de l’époque révèlent qu’une bonne partie
des lecteurs étaient encore rebutés par le style proustien. Anatole
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France, par exemple, que Proust tenait pour son maître, avouera
son incompréhension.
Cependant, le deuxième volume attirera des opinions plus
favorables que le premier, même s’il ne fera pas l’unanimité.
L’attribution du Prix Goncourt avait incité à la lecture jusqu’aux
personnes qui avaient été découragées par la lecture du premier
volume.
Paul Souday, dans Le temps du 18 décembre 1919, mélange
les éloges et les réserves18. Après la publication du troisième volume - Du côté de Guermantes I -, dans un article du 4 novembre
1920, le même critique parle de Proust comme d’un “esthète
nerveux, un peu morbide, presque féminin”.
Encore une fois, c’est Rivière qui fermement défend Proust
quand l’attribution du Prix Goncourt déchaîne des controverses. A
propos des attaques dont Proust était l’objet, le critique déclare:
“Seuls les chefs-d’oeuvre ont le privilège de se
concilier du premier coup un choeur aussi consonnant
d’ennemis”. 19
Dans l’article qu’il écrit pour La Nouvelle Revue Française,
en février 1920, sous le titre “Marcel Proust et la tradition classique”,
Rivière souligne ce qui représente pour lui la grandeur de la Recherche. Il constate que les tenants de l’art révolutionnaire se sont
coalisés contre Proust et l’ont traîté de réactionnaire, mais le roman
de Proust était justement ce qu’il fallait à la litttérature française du
début du siècle. Si la littérature du XIXème siécle avait dégradé la
facultédecomprendreetdetraduirelesentiment,leromandeProust
l’avait récupérée. C’est ainsi que, d’après Rivière, Proust a renoué
avec la tradition classique. Pour lui, la période qui va de Stendhal à
Flaubert et Barrès est une période de langueur pour la littérature
française, ou il y a eu une pesanteur de l’intelligence au regard de
la sensibilité. Le roman psychologique n’était alors qu’un recueil
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d’impressions sur l’âme, tandis que chez Proust le genre a atteint la
perfection.
Quoi qu’il en soit, les réactions à Sodome et Gomorrhe (publié
en 1921) ont été négatives. D'un côté, on accuse Proust d’avoir traité
un thème “scabreux”; de l’autre, les homosexuels, Gide y compris,
lui reprochent d’avoir traité le sujeit de façon peu favorable.
Malgré tout, les témoignages élogieux deviennent eux-aussi
nombreaux et la critique proustienne commence à devenir ce qu’elle
sera quelques années plus tard.
A sa mort, le 18 novembre 1922, Proust est reconnu par toute la
critique française comme étant un des plus grands écrivains du
pays. Les textes critiques et les hommages en témoignent, même à
niveau international. De nombreaux textes sont alors publiés.
En France, des journaux et des revues des plus différentes
orientations20 se dépêchent pour rendre hommage à Proust, dont ils
n’ont pas immédiatement reconnu le génie.
A l’étranger - en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en
Espagne, aux Etats-Unis, en Hollande, en Italie, en Swède, en Suisse
et en Yougoslavie - le décès de Proust est signalé dans la presse en
des mots qui l’auraient certainement plu.
De tout manière, l’hommage le plus significatif lui est adressé
par La Nouvelle Revue Française. Dans un numéro spécial21,
Jacques Rivière réussit à rassembler des témoignaiges et des critiques d’une telle richesse qu’ils nous rendent à la fois l’homme et
l’oeuvre. Les textes sont organisés d’après leurs contenus en
différentes rubriques, tels que “souvenirs”, “l’oeuvre”et
“témoignages étrangers”, mais on y trouve également deux fragments de La Prisonnière,l’esquisse d’une bibliographie et quelques
renseignements, comme la proposition, de La Nouvelle Revue
Française aux amis de Proust, pour qu'ils forment une société dans
le but de favoriser la compréhension complète de l’oeuvre.
La plupart des textes réunis dans la rubrique “Souvenirs”sont
signés par les amis les plus chers de Proust: La Contesse de
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Noailles22, Georges de Lauris23, Maurice Barrès24, le frère du
romancier, le médecin Robert Proust25, Robert Dreyfus26, Léon
Daudet27, frère de Lucien et membre du jury du Prix Gincourt,
Fernand Gregh28, fondateur, avec Marcel Proust et d’autres jeunes
gens, de la revue Banquet, Reynaldo Hahn29, le plus fidèle ami de
Proust et un autre ami qui, comptait parmi les plus chéris, Lucien
Daudet30. Aussi bien qu’eux Jacques- Emile Blanche, Robert
Dreyfus, Robert de Billy, Gaston Gallimard, Philippe Soupault,
GabrieldelaRochefoucauld,WalterBerry,Léon-PaulFargue,Valéry
Larbaud, Jean Cocteau, Paul Morand, Jacques Truelle, Jacques Porel,
Henri Bardac et Ramon Fernandez ont porté leur témoignage, leurs
souvenirs et leurs aperçus sur les connaissances qu’ils avaient de
l’homme et de l’écrivain. Tous ont été vivement impressionnés, soit
par l’aspect physique et le train de vie peu usuel de Proust, soit par
les traits caractéristiques de son génie: sa curiosité, sa sensibilité,
son observation attentive, le don de se mettre à la place de l’autre.
Cependant, c’est dans les textes centrés sur l’oeuvre que la
façon dont le romancier Marcel Proust a été reçu par ses
contemporains est le mieux caractérisée. Les plus importants critiques de l’époque ont présenté à La Nouvelle Revue Française
leurs impressions sur le roman de Proust. Il faut remarquer qu’à ce
moment-là seulement Du côté de chez Swann, A l’ombre des jeunesfilles en fleurs, Du côté de Guermantes et Sodome et Gomorrhe
avaient été publiés; les opinions ne portaient dès lors que sur une
partie du roman et les critiques n’avaient pas encore de vue
d’ensemble de ce que serait la Recherche. Cela explique un certain
nombre d’observations, surtout en ce qui concerne le manque de
composition.
René Boylesve31 avoue que sa première impression a été
nettement défavorable. Comme lui, la plupart des critiques
signalent les difficultés que la première lecture des livres de Proust
pose à ses lecteurs.
Ainsi, Paul Valéry32 constate que les ouvrages de Proust ne
sont pas d’une lecture aisée, mais il pense qu’il faut bénir les auteurs
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difficiles, parce que les grands hommes “ne craignent pas le lecteur,
ils ne mesurent leur peine ni la sienne”.
Pour Albert Thibaudet33 lacomplexitédelaphraseproustienne
est due à la complexité de la pensée de l’auteur: parce qu’il ne
voyait pas et ne sentait pas simplement, il se refusait à écrire de
façon simple. Ainsi Proust a conservé dans chaque phrase l’intensité
emotionnelle ou la joie descriptive propres aux pensées et aux
images décrites.
Les réactions négatives observées à la première lecture ont
été remplacées par la constatation que c’etait la nouveauté du texte
proustien qui le rendait d’un abord difficile. Les lecteurs n’étaient
pas préparés pour comprendre et accepter tous ses éléments
novateurs. L’ouvrage de Proust marque un tournant, parce qu’il
offre à ses lecteurs une vue nouvelle du monde intérieur et extérieur
et cette vue est presentée sous une forme tout aussi nouvelle. Voilá
porquoi les lecteurs ne retrouvent pas ce qu’ils connaissent dans
ces peintures neuves.
Quelques critiques vont chercher dans l’oeuvre de Proust la
raison de cette réception si difficile et ils trouvent une explication
qui vient de l’auteur même. Proust avertit qu’il ne faut pas omettre
le facteur temps quand on juge un nouvel artiste et que s’il est
parfois malaisé à suivre, c’est parce "qu’il unit les choses par des
rapportsnouveaux."
La disparition de Marcel Proust a désolé ses amis. Ils savaient
qu’ils perdaient un grand artiste, mais ils se sentaient incapables
de définir exactement la nouveauté essentielle de son oeuvre.
Du fait de sa nouveauté, la plupart des lecteurs et des critiques ont été d’abord déroutés par l’oeuvre de Proust, mais les
observateurs mieux avertis se sont aperçus qu’elle ouvrait la
principale voie du roman du XXème siècle. Si l’oeuvre proustienne
a bousculé les valeurs traditionnelles, elle a en même temps rattaché
le roman du XXème siècle aux traditions classiques de la littérature
française.
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A part cette constatation presque unanime des difficultés de
la réception de Proust, les textes de La Nouvelle Revue Française
nous révèlent aussi d’autres aspects de l’oeuvre proustienne qui
ont fréquemment attiré l’attention de la critique. Par exemple, la
méthodedecompositionquiassocieleromanetl’essaioulemanque
decompositionduroman.
Dans le numéro de La Nouvelle Revue Française, deux aspects de l’oeuvre se détachent parmi d’autres: la peinture des
moeurs de la société - en cela Proust est encore comparé à Balzac - et
l’analyse détaillée et en profondeur qu’il fait des sentiments - ce en
quoi il est comparé à Montaigne.
Mais, contrairement à Balzac, Proust ne prend pas parti dans
ses analyses de la société, il imprime à son style un caractère objectif
qui fait penser à l’attitude scientifique d’un naturaliste. André
Maurois34 sera l’un des premiers, avec Léon Daudet, à souligner cet
aspect de l’oeuvre.
En même temps, l’étude des sentiments développée dans le
roman proustien présuppose une âme extrêmement sensible.
Jacques Rivière35, d’après qui “le voltage des sensations”chez
Proust était sans comparaison avec ce qu’il est chez l’homme moyen,
ainsi que Louis Martin-Chauffier36 et d’autres critiques dejá
mentionnés, était convaincu de l’extrême sensibilité du romancier.
D’autres sujets, tels que le rôle du temps et de la mémoire, le
rôle du “je”, la recherche des clefs du roman et la quête de la vérité
ont tout aussi bien attiré l’attention des collaborateurs à ce numéro
de La Nouvelle Revue Française.
En ce qui concerne la mémoire, Benjamin Crémieux37 signale
l’aspect qui sera un objet d’intérêt toujours renouvelé de la part de
ceux qui étudient l’oeuvre proustienne: l’influence de Bergson sur
la conception de la mémoire chez Proust.
Finalement, chaque fois qu'un critique entreprend l’analyse
des personnages proustiens, le rôle du “je”et les clefs du roman
sont discutés. En fait, les critiques sont d’accord quand ils affirment
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que Proust a nourri ses personnages de sa propre substance, qu’ils
sont tous nés d’une même vision intérieure, celle de l’auteur. Voilà
pourquoi il n’est pas juste de les prendre pour des êtres rapportés.
Jacques de Lacretelle38, à qui Proust a dédicacé un exemplaire
de Du côté de chez Swann avec l’explication que ses personnages
n’avaient pas de clefs ou en avaient huit ou dix chacun39, conclut
que les personnages de la Recherche sont entièrement inventés et
souligne le rôle de l’imagination dans le roman40.
Cependant, encore une fois, Henri Ghéon41 regrette que Marcel
Proust n’ait peint que l’homme de la nature, hors du domaine de la
grâce et sans Dieu. Son admiration de catholique est mêlée de
réserves et de tristesse. Il fait référence à l’article de François
Mauriac publié dans la Revue Hebdomadaire42 où cette impression avait été exprimée. Elle sera reprise par d’autres critiques.
Les années qui suivent la publication du numéro spécial de
La Nouvelle Revue Française ont assisté à la publication posthume
des derniers volumes de la Recherche. Lors de la parution de La
Prisonnière, en 1923, d’autres critiques se sont occupés de l’oeuvre
proustienne.
En 1924, Benjamin Crémieux publie une étude43 qui ouvre la
première série de son XXème siècle (Paris: Gallimard, 1924). En
1929, il publie Du côté de chez Marcel Proust( Paris: Lemarget, 1929),
recueil de textes ou se répètent les mêmes qualités de rigueur et
minutie d’analyse révélées dans les études précédentes. Cremieux
est cité parmi les rares critiques qui ont compris, dès les premiers
moments,la dimension du roman proustien.
Dans L’Europe Nouvelle du 9 février 1924, Albert Thibaudet44
fait un commentaire sur La Prisonnière, dernier volume alors publié,
où il compare Proust à Montaigne et le comble d’éloges.
Encore en 1924, Georges Gabory45 écrit un essai qui serait
publié en 1926. Longtemps, par manque de recul,le critique a hésité
d’écrire les réflexions que l’oeuvre de Proust lui avait inspirées.
C’est la mort de l’écrivain, en novembre 1922, qui l'a libéré de ses
scrupules.
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A la fin de son essai, Gabory remarque que son travail
d’analyse n’est pas tout à fait achevé. En fait, l’essai est assez
discontinu. Néanmois, on peut identifier ça et là des obsevations
précises, signalant des aspects qui seraient repris et mieux
développés plus tard par d’autres critiques. Enfin, le texte nous
donne un aperçu de ce qui attirait l’attention des critiques à cette
époque.
Lors de la publication d’Albertine Disparue, en 1925, les bonnes
critiques disparaissent à nouveau. Dans Le Temps du 28 février
1926, Paul Souday critique l’inachevé de l’ouvrage et sa banalité
ainsi que les paradoxes de se lois psychologiques. Dans
L’information politique du 4 avril 1926, un des articles publiés a le
titre signifacatif de La réaction contre Marcel Proust. Il est signé par
M. A. Leblond et dénonce la “morbidité”de l’oeuvre proustienne.
Même Georges Bernanos s’inscrit dans ce mouvement de rejet.Dans
une interview46 parue dans Les Nouvelles Littéraires du 17 avril
1926, il affirme que l’instrospection proustienne ne mène nulle part
et que, dans cette oeuvre, il ne trouve aucune trace de Dieu.
Ainsi un lent déclin de l’intérêt porté à l’oeuvre s’amorce déjà
au moment de la publication du Temps retrouvé, en 1927. Seules
quelques voix s’apprêtent à signaler qu’ayant à leur disposition la
totalité du roman, les lecteurs et les critiques pouvaient juger de la
grandeur de l’oeuvre. C’est l’avis d’Edmond Jaloux dans Nouvelles
littéraires du 3 et du 10 décembtre 1927, il reconnaît pourtant qu’il
faudra encore bien des années pour que l’importance de Proust soit
complètement révélée.
D’uncôté,lestextesbiographiquesracontentcommentl’auteur
a dépensé toutes ses forces à essayer de renverser l’image qu’on se
faisait de son roman, pour montrer qu’il ne s’était pas servi d’un
microscope pour observer les choses, comme jugeait une partie de
ses critiques, mais d’un téléscope; pour prouver qu’il n’avait pas
fouillé dans les détails, mais cherché à établir des lois générales.
Proust savait que sa pensée ne serait dévoilée qu’à la fin du dernier
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volume - la Recherche a pris quatorze années pour être
complètement publiée - et s’efforçait d’éclairer les malentendus.
Pourtant, le dernier volume n’a pas ramené la critique à l’oeuvre.
D’après Jacques Bersani, il s’est passé le contraire: Le temps retrouvé
l’en a écartée davantage, parce que la critique s’est mise à discuter
les idées présentées dans le dernier volume au lieu d’analyser
l’oeuvre entière.
Nous sommes d’accord avec Bersani quand il dit que:
“Jamais peut-être une oeuvre d’une aussi grande
envergure, et prommise à un aussi haut destin que
l’oeuvre de Proust, ne fut moins bien comprise de ses
contemporains”47
D’autre côté, les textes critiques analysés ci-dessus illustrent
le conflit qui s’est crée entre Proust et ses lecteurs, l’affrontement
entre son langage et celui de la critique, la difficulté du romancier
de se faire comprendre de ses contemporains.
Ces documents montrent aussi que l’oeuvre a motivé de
nombreux articles, partagé les opinions et même provoqué des
controverses.
Effectivement, il faudra plus de deux décennies pour que toute
la grandeur de l’oeuvre proustienne soit reconnue. Les romanciers
surréalistes l’ont ignorée. André Breton48, dans le Premier Manifeste
du Surréalisme, en 1924, cite le nom de Proust à côté de celui de
Barrès, dans une note, pour dire que chez eux le désir d’analyse,
“l’intraitable manie qui consiste à ramener l’inconmu au connu, au
classable”, est plus fort que les sentiments. Ceux qui prônaient un
engagement politique explicite ont manifesté de l’hostilité à Proust.
Aussi bien Malraux que Céline, Sartre que Camus répondaient
mieux aux préoccupations de l’époque qui a succédé à la publication du roman proustien. Ce n’est qu’au cours des années cinquante
que la Recherche a été reconnue comme une oeuvre majeure de la
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littérature française et a suscité de nombreuses études dans le monde
entier.
Quelques-uns des textes commentés ci-dessus ont tout de
suite fait la traversée de l’Atlantique et leur réception par des critiques littéraires au Brésil est maintes fois signalée.
2. Du côté de la critique brésilienne
La différence entre la critique française et la critique
brésilienne est due surtout à la spécificité de l’horizon d’attente de
chaque critique. L’horizon d’attente d’un lecteur comporte des
facteurs comme code esthétique, disposition d’esprit et expérience
de vie. Ainsi, l’horizon d’attente étant le résultat d’un système de
normes et d’attitudes du lecteur à un moment historique précis, la
mise en contexte d’une prise de position ou d’une opinion critique
pourra certainement contribuer à sa compréhension.
Ce n’est qu’après le décernement du Prix Goncourt que le
roman proustien atteint une renommée internationale et est connu
au Brésil. Jusqu’en 1919, il n’y a aucune mention de son existence49.
La Nouvelle Revue Française, très répandue parmi les
intellectuels brésiliens, ainsi que d’autres revues littéraires
françaises, fait référence au lauréat du Prix Goncourt. Il n’est pas
surprenant que les cinq premiers exemplaires d’A l’ombre des
jeunes filles en fleurs arrivés à Belo Horizonte en 1920 aient été
disputés par les jeunes intellectuels présents à la Librairie Francisco Alves. Il s’agissait d’Eduardo Frieiro, Milton Campos, Pedro
Nava, Carlos Drummond de Andrade et Alberto Campos. Car
Eduardo Frieiro a commencé la lecture de son exemplaire dans la
librairie même, il est signalé par José Nava50 comme le premier
lecteur de Proust au Brésil.
Une autre version, soutenue par Ione de Andrade51, présente
Jorge de Lima comme le premier lecteur de Proust au Brésil. D’après
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cette version, le jeune médecin Jorge de Lima a reçu d'un pilote
français, à Maceió, en 1919, le deuxième volume de la Recherche
d’un pilote français.
Le côté pittoresque de l’anecdote vient du fait que le pilote
avait averti Jorge de Lima en lui disant que le lauréat du Prix
Goncourt de l’année était “quelque peu somnifère”.
Plus aisé que la tâche d’identifier le premier lecteur est celle
d’indiquer le premier texte écrit par un brésilien sur l’oeuvre de
Proust. Il s’agit d’un poème de Samuel Mac Dowell Filho52. Nous
avons vu que la mort de Proust a été mentionnée dans la presse
française et même dans des journaux étrangers. Les années
suivantes, l’événement a été signalé par des commémorations et le
poème mentionné a été lu par son auteur à Paris lors d’une réunion
en hommage au premier anniversaire de la disparition de Proust.
C’est la publication en hommage à l’anniversaire de la mort
de l’écrivain - le numéro spécial de La Nouvelle Revue Française
publié en 1923 - que nous tenons à considérer comme le premier
grand médiateur entre Proust et ses lecteurs brésiliens. Les
témoignages des amis et les textes critiques de ce numéro ont
constitué la première fenêtre ouverte sur l’oeuvre de Proust pour
ses critiques au Brésil.
La publication est annoncée dans la revue Klaxon dans les
termes suivants:
“ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE, admirável
número, de 400 páginas, consagrado a Marcel Proust,
o extraordinário romancista moderno francês, falecido
em novembro último. Os mais brilhantes nomes da
atual geração francesa dentro das quais Barrès, Valéry
Larbaud, Paul Valéry, Cr(e) mieux, Souppault,
publicam nesse número belos artigos sobre a vida e a
obra do autor de Sodome et Gomorrhe.”53
Aspects de la Critique Proustienne...
71
La revue Klaxon a été la première publication moderniste
brésilienne. Il en résulte que Proust a été introduit au Brésil par un
groupe d’avant-garde.
Le point de départ de la critique proustienne au Brésil est un
article de Graça Aranha54 publié en 1925. Graça est considéré un
des porte-paroles du mouvement qui a abouti à la Semaine d’Art
Moderne de São Paulo en 1922. Il est un des représentants du
mouvement moderniste et sa réaction face à l’oeuvre proustienne
peut dès lors être comprise comme un paradigme de la réaction de
beaucoup d’autres écrivains brésiliens à ce premier moment du
Modernisme. Le premier texte critique écrit au Brésil sur l’oeuvre
de Marcel Proust est donc bien représentatif de l’esprit de l’époque.
L’article intitulé “Marcel Proust” est court mais dense. Il
analyse l’oeuvre de façon globale, sans identifier les volumes.
Aranha ne pouvait pas connaître l’oeuvre complète, parce que La
Recherche n’avait pas encore été entièrement éditée.
Dans son texte, Graça Aranha parle de nouveauté mystifiée,
de sensibilité extrême, de fragmentation de la vie, de décomposition
de la pensée sans recomposition esthétique. Mais surtout, il déclare
que l’oeuvre de Proust ne rajeunit pas ceux qui la lisent, parce qu’elle
trouve ses racines dans le vieil esprit français d’analyse, de narration, d’association d’idées et de sensations. Si elle paraît nouvelle,
c’est à cause de l’humour à l’anglaise, qui donne à l’ancienne
formule française la fausse impression de nouveauté.
L’art proustien est réduit aux trois aspects suivants: art
d’intelligence, où la pensée ne suit qu’en apparence une rédaction
instinctive; art processuel, résultat d’une culture volontaire; art de
tradition, tendant à la décadence.
Ainsi, si en apparence la technique de Proust paraît
inconsciente et instinctive, Graça Aranha y perçoit un grand travail
intellectuel, ce qui contredit le credo moderniste, d’après lequel
l’art doit être spontané.
Malgré cela, Graça Aranha reconnaît une énorme sensibilité
dans le style de Proust, ce qui pousse très loin l’analyse des choses
72 Maria Marta Laus Pereira Oliveira
et des événements. D’après lui, la sensibilité est le seul aspect de
Proust qui traduit une tendance du moment:
“Aquela análise vai até o paroxismo e por tal
exasperação a sensibilidade de Proust é do nosso
tempo, embora a arte lhe seja antiga.”55
L’aridité de la critique de Graça Aranha est le résultat d’un
désir de rupture avec la tradition européenne, l’envie de créer une
littérature brésilienne sans l’influence de la littérature française.
Pour lui et pour les modernistes de la première heure, Proust
représentait le vieux style, la “décadence”. Il était l’hériter des
décadents, un partisan du mouvement littéraire qui avait dominé
les lettres françaises jusqu’à la fin du XIXème siècle.
Il y a un article de Carlos Drummond de Andrade, sous le
pseudonime de “C”56, qui est contemporain de l’essai de Graça
Aranha, mais à la différence de celui-ci, il n’est pas mentionné dans
la critique de Proust au Brésil. L’article de Drummond est un rapport critique sur le livre de Crémieux, XXème siècle (Paris:
Gallimard, 1924), une des principales sources d’information sur
l’oeuvre de Proust pour ses premiers lecteurs brésiliens
Si, d’un côté, on peut remarquer dans le texte de Drummond
la même quête de nouveauté observée chez Graça Aranha, de
l’autre, Drummond n’aperçoit pas la même décadence dans le style
proustien, au contraire, il y entrevoit des aspects nouveaux.
Pourtant, si l’excès de sympathie intellectuelle mène
Crémieux à dire que le style de Proust est des plus dynamiques,
Drummond n’y voit que l’absence de style, ce qui finit par
“confondre, perturber et désespérer le lecteur”. Même si le résultat
de la lecture vaut la peine, celle-ci est trop dure, à cause de la
longueur des phrases. Il conclut que Proust est l’écrivain le plus
difficile du “XXème siècle”, en faisant un jeu de mot sur le titre du
livre de Crémieux.
Aspects de la Critique Proustienne...
73
Pour Carlos Drummond de Andrade, l’oeuvre proustienne
paraissait trop complexe et son style extrêmement difficile. La
lenteur exigée par le texte proustien rendait sa lecture peu attrayante
aux lecteurs du début du siècle, qui cherchaient la vitesse et la
facilité. Eblouis par l’idée de la vitesse, ils ne pouvaient pas se
résigner à perdre du temps avec un roman aussi long.
Comme celui de Graça Aranha, l’article de Drummond traduit
l’espritdumoment.L’orthographeestcomplètementlibre,ilemploie
une langue parlée et très informelle, sans faire attention aux règles
de la grammaire portugaise, qui était elle-aussi une imposition
étrangère. La marque de l’esprit nationaliste se trouve jusque dans
les prénoms qui sont traduits en portugais: Marcelo Proust et Pedro
Benoît.
Cependant, la sensibilité littéraire de Drummond se fait
présente. Le critique brésilien signale que , si Crémieux est dépassé,
les écrivains dont il parle sont sûrement d’intérêt général parce que
l’artestintemporel.Ilesttoujourstempsdeparlerd’écrivainscomme
Proust,Larbaud,RomainsouGiraudoux.
Il est intéressant de signaler que, trente ans plus tard,
Drummond traduirait La Prisonnière pour la Librairie Globo.
Si Proust a eu de grands lecteurs au centre et au nordest du
Brésil, son oeuvre n’est pas passée inaperçue à l’extrême sud du
pays. Augusto Meyer, poète, critique et traducteur “gaucho”de
renommée nationale a été un des premiers auteurs brésiliens à écrire
surProust.
En 1926, ayant fini la lecture d’A l’ombre des jeunes filles en
fleurs, il enregistre son émotion dans un poème - Elegia para Marcel
Proust 57 - qui constitue un des plus beaux hommages d’un Brésilien
à l’écrivain français.
Dorénavant, la vie littéraire d’Augusto Meyer, aussi bien sa
poésie que ses critiques et ses textes de mémorialiste, serait marquée
par la présence de Proust. C’est lui l’auteur de la première étude
critique qui fait le parallélisme entre Machado de Assis et Proust58.
74 Maria Marta Laus Pereira Oliveira
Très doué pour l’analyse introspective des personnages de
romans, il se dirige ensuite vers la littérature mémorialiste dans le
but de faire l’analyse de soi-même. Les critères adoptés sont
franchement inspirés des principes de l’analyse introspective
proustienne.
En 1929, Augusto Meyer publie un article intitulé
“Metafrívola”59, problablement un commentaire inspiré de l’essai
de Tristão de Athayde60, où le critique catholique emploie pour la
première fois cette expression, désignant le don de Proust de parler
sérieusement des choses apparemment frivoles.
En mai, août et septembre de l’année suivante, Proust est de
nouveau le sujet de trois articles. Le premier61 est une analyse du
rôle joué par Freud et par Proust dans la révision des valeurs de la
psychologie traditionnelle.
AugustoMeyerestprofondémenttouchéparl’écrivainfrançais
qui lisait dans l’âme de ses prochains. Il comprend que la recherche
du temps perdu est surtout une quête de soi-même, du “moi”
dissocié à travers les années vécues62. Par le biais de la recupération
du temps à l’aide de la mémoire involontaire Proust était parti à la
conquête de sa personnalité, de sa vérité intérieure. Comme un
Zaori, il voyait à travers les murs, doué comme il l’était d’une clairvoyance et d’une sensibilité peu communes. A titre d’illustration,
Augusto Meyer se réfère à l’épisode de la visite de Proust chez une
chiromancienne, qui a été raconté par Henri Bardac63, dans le
número spécial de La Nouvelle Revue Française. C’est encore un
témoignage de la résonnance de cette publication française parmi
les lecteurs brésiliens de Proust.
Le titre - Discurso de Zaori - révèle que le deuxième article
traite du même sujet que le texte antérieur, c’est-à-dire, le don de
tout voir et de tout percevoir attribué à l’auteur de la Recherche
Par contre, le titre de la courte chronique65 - A culpa é de
Reinaldo Rahn (sic) - publiée le mois d’après, joue le rôle d’un
masque. Si d’un côté le titre ramène le lecteur immédiatement à
Aspects de la Critique Proustienne...
75
Proust, de l’autre côté il cache la quête du “moi”perdu, entreprise
par Augusto Meyer lui-même. Ainsi, à la première lecture du texte
mentionné, on dirait que Proust cherche à découvrir la cause d’une
angoisse inexplicable, provoquée peut-être par le souvenir de ses
promenades avec Reynaldo Hahn sur les côtes de la Bretagne.
Pourtant, on se rend compte que, sous un masque proustien, le texte
présente les questionnements du poète “gaucho”concernant des
lieux et des émotions passés.
Pendant toute la période qui précède la traduction de la Recherche, l’analyse en profondeur que Proust fait de l’âme humaine
a été un des aspects de l’oeuvre parmi les plus exploités et discutés.
L’intérêt porté à l’aspect introspectif de l’oeuvre proustienne peut
correspondre à la soif de spiritualité que Tristão de Athayde66
découvre au sein d’une partie de la génération moderniste et qu’il
s’est occupé lui même à développer par une critique militante, à
laquelle appartiennent les articles dédiés à Proust.
Pour bien évaluer sa position et celle des critiques qui l’ont
suivi, il faut les situer par rapport au mouvement spiritualiste qui a
eu lieu au Brésil qui est défini par Athayde comme la “réaction
spiritualiste”. Cette réaction est un mouvement de renouveau des
valeurs spiritualistes, qui a eu lieu au Brésil, à partir de la fin du
XIXéme siècle, contre la primauté des idées naturalistes et
antispiritualistes dominantes.
Le cours de Littérature Comparée donné par Paul Hazard à
Rio de Janeiro a beaucoup contribué à préparer l’horizon
d’attente de quelques littérateurs brésiliens des années vingt.
En 1926, Paul Hazard, professeur au Collège de France, est venu
au Brésil en mission de l’Instituto Franco Brasileiro de Alta
Cultura. Il a réalisé deux cours: l’un à l'Académie Brésilienne et
l’autre à l’Ecole Polytéchnique de Rio de Janeiro. Ses conférences
ont mis les littérateurs brésiliens au courant des nouveautés de
la littérature française.
76 Maria Marta Laus Pereira Oliveira
Dans l’introduction du premier article de Tristão de Athayde67
sur Proust on lit:
“Assiméquemeocorreaproximar(StendhaletProust),
por ocasião do curso tão fino e penetrante que está
fazendo o sr. Paul Hazard(...).”
Quelques années plus tard, Brito Broca confirme le rôle de
PaulHazardcommeintermédiairepourlaréceptiondeProust.Broca
cite un article de João Ribeiro paru le 28 août 1926 dans le journal O
Estado de São Paulo. L’auteur de l'article observe qu’après le passage de Paul Hazard tout le monde voulait lire Proust. Broca est tout
à fait d’accord:
“Realmente, a voga de Proust no Brasil veio também
daí(..)68
Les déclarations référées ci-dessus permettent d’affirmer
qu’Athayde faisait partie du groupe sensibilisé par les conférences
de Paul Hazard, car tout de suite après il s’est mis à écrire sur Proust.
Le premier article de Tristão de Athayde est suivi d’une étude
plus complète69, la plus importante des critiques initiales. Tristão de
Athayde y souligne l’absence de l’esprit comme réalité primordiale
dans l’oeuvre proustienne et affirme que l’auteur de la Recherche
nous révèle surtout l’horizontalité de l’âme humaine.
Athayde a été le premier critique brésilien à affirmer ce qui
paraissait une hérésie aux yeux de ses compatriotes littérateurs: la
nouveauté de l’oeuvre proustienne. Il commence son essai par la
citation d’une phrase, cité par Barrès70, que Rosny Aîné avait dite
quelques jours après la mort de l’écrivain:
“Proust, c’est du nouveau.”
Aspects de la Critique Proustienne...
77
Athayde identifie les aspects qui, d’après lui, constituent
l’originalité de Proust. D’abord, ce qu’il appelle la topographie
proustienne de l’homme. Ainsi, la grande conception originale de
l’oeuvre serait de considérer la dissociation de la personnalité
comme un phénomène normal et, de surcroît, fondamental pour la
vie de l’esprit. L’homme est envisagé comme un être qui dissocie
tout ce qu’il touche et chaque object se présente à lui de façon diverse, selon les circonstances ou la sensibilité du moment.
Drummond71 l’avait déjà remarqué en observant que
l’anecdote n’était pas l’aspect le plus intéressant des livres de Proust
mais ses analyses psycologiques et la décomposition et la
recomposition des caractères. Toutefois, le lecteur ne pouvait
découvrir ce don de vie, secret et multiple, qu’après avoir vaincu
les difficultés du style que Drummond trouvait mauvais. Mais,
ajoute-t-il, l’oeuvre de Proust fournit de très importantes donnés
pour l’étude des rapports entre le conscient et l’inconscient, ce qui
correspond exactement à l’opinion d’Athayde.
Dans le deuxième texte d’Athayde, on trouve le panorama de
presque tous les aspects de la Recherche: le caractère totalitaire et
complexe de sa structure, la dissociation de la personnalité et la
multiplication des “moi”des personnages, l’utilisation de la
mémoirecommesourced’uneoeuvred’art,l’intermittencementale,
le contraste entre la psychologie des romanciers et celle des
psychologues, l’obsession du temps et sa discontinuité, la sensibilité
extrême de l’écrivain, la “métafrivole” ou métaphysique de la
frivolité, la chronique d’une société en décadence, les difficultés
initiales que l’oeuvre pose aux lecteurs, l’humour à l’anglaise et la
place de l’esprit et de la nature dans l’ensemble de l’oeuvre. Malgré
le nombre et la variété des aspects analysés, ils sont tous soumis à
l’examen précis d’Athayde, qui est guidé par une grande sensibilité.
Si la première étude d’Athayde sur l’oeuvre de Proust était
fondée presque exclusivement sur un livre de Jacques Benoist
Méchain72, l’etude de 1928 revèle la lecture d’autres textes de la
78 Maria Marta Laus Pereira Oliveira
critique proustienne française. Il y a aussi des références précises
au número spécial de La Nouvelle Revue Française.
Parce qu’il cherchait plus l’universel que le régional dans les
oeuvres qu’il analysait et parce qu’il était à la recherche des
caractéristiques intrinsècques à l’être humain, Athayde avait les
qualités requises à un amirateur de l’oeuvre proustienne. Son étude
sur Marcel Proust est une marque dans la réception de l’oeuvre
proustienne au Brésil. Elle est référée dans la plupart des études
qui la suivent et quand elle n’est pas explicitement indiquée, son
influence est souvent repérée.
En effet, les idées d’Athayde ont été tout de suite reprises par
Jorge de Lima. En 1929, Lima a publié Dois Ensaios73, un recueil des
essais “Todos cantam sua terra...”et “Proust”. L’étude est une dissertation écrite en vue d’un concours de littérature au Lycée
Alagoano.
Il n’est pas difficile d’identifier plusieurs points communs
entre cet essai et celui d’Athayde, plus particulièrement en ce qui
concerne les thèmes analysés.L’aspect de la nouveauté du style de
Proust, jusqu’alors peu remarqué par la critique brésilienne, en est
un exemple.
Aux premières pages de son travail, Lima présente une vision
passionnelle de l’oeuvre de Proust, en expliquant que c’est son
opinion particulière. Il essaie alors de montrer que Proust était
religieux, mystique et croyant, c’est-à-dire, il prête à Proust une
optique propre au lecteur Lima.
D’aprés Lima, l’idée de l’absence de Dieu dans l’oeuvre de
Proust aurait été inventée par Mauriac et depuis, tout le monde y
croyait. C’était une allusion à la position d’Athayde, dont les idées
étaient pourtant presque toutes reprises par Lima: la nouveauté de
Proust, la multiplicité de la personnalité ou des “moi”, la mémoire
comme source de la vie et de la réalité, le temps proustien qui ne
correspond pas au temps chronologique et aussi l’absence de Dieu.
Les mêmes thèmes sont repris dans la deuxième partie de son
étude mais, cette fois-ci, Lima se propose de faire une analyse ob-
Aspects de la Critique Proustienne...
79
jective et impersonnelle. En réalité, ces deux prises de positions si
différentes ont des résonnances dans l’ensemble du travail et le
rendent assez contradictoire. L’essai est prolixe: les thèmes, variés
et nombreux, sont introduits sans aucun critère; il y a de très longs
paragraphes et beaucoup de citations.
C’est aussi l’avis de Brito Broca:
“Em 1929, no ano seguinte àquele em que desisti de
ler Albertine Disparue, Jorge de Lima publicou um
livro intitulado Dois Ensaios, no qual estudava as
personalidades de Mario de Andrade e de Proust.
Estudos complicados, sem clareza, trazendo a marca
de um espírito que nascera para jogar com imagens e
não com idéias;de um grande poeta que jamais
conseguiu ser um grande posador.”74
Si ce texte de Jorge de Lima est souvent cité dans la crtique
proustienne, cela se doit plutôt aux proportions du travail - un essai
de plus de soixante-dix pages - et à son aspect précurseur.
Il nous est force de constater que les aspects analysés par les
critiques français se répètent et deviennent parfois des clichés dans
la critique brésilienne. Les données biographiques, telles que le
train de vie assez particulier et les bizarreries de Proust contribuent
à créer une légende autour de son nom, tandis que la lecture de son
oeuvre se maintient, pendant de longues années, restreinte à un
groupe d’élus.
Néanmoins, malgré la reprise évidente de quelques aspects
analysés, la critique brésilienne ne fait pas que simplement répéter
la critique française. Parce que la vie littéraire est imprégnée du
contexte culturel qui l’entoure, il en résulte que les critiques littéraires
fabriquent une vision qui leur est propre, c’est-à-dire, un horizon
d’attente qui leur est particulier.
Ainsi, la critique brésilienne du début du siècle joue
précisement son rôle quand elle réflète les idées dominantes dans
80 Maria Marta Laus Pereira Oliveira
les groupes littéraires qui se proposent d’être rénovateurs. Ceux-ci
trouvent que les sujets étrangers ne doivent pas leur occuper trop
de temps, parce qu’ils sont moins importants que les problèmes
brésiliens. Graça Aranha et Carlos Drummond de Andrade ont
imprimé à la lecture qu’ils ont faite de l’oeuvre de Proust l’esprit de
leur temps.
Malgré cela, dans la littérature brésilienne de cette période, la
tendance générale pour l’affirmation de la nationalité et le refus
des influences étrangères n’a pas complètement annulé l’intérêt
des littéraires brésiliens pour la littérature étrangère en général et,
en particulier, pour la littérature française.
Finalement, en étudiant la réception de l’oeuvre proustienne
en france et à l’étranger on se rend compte de la clairvoyance de
Marcel Proust. Il était absolument conscient du parcours difficile
qu’attendait un artiste original:
“Les gens de goût nous disent aujourd’hui que Renoir
est un grand peintre (...). Mais en disant cela ils
oublient le temps et qu’il en a fallu beaucoup, même
en plein XIXème, pour que Renoir fût salué grand artiste. Pour réussir à être ainsi reconnus, le peintre original, l’artiste original procèdent à la façon des oculistes.
Le traitement par leur peinture, par leur prose, n’est
pas toujours agréable. Quand il est terminé, le praticien
nous dit: “Maintenant regardez". Et voici que le monde
(qui n’a pas été créé une fois, mais aussi souvent qu’un
artiste original est survenu) nous apparaît entièrement
différent de l’ancien, mais parfaitement clair.”75
A l’aide de l’exemple de Renoir, Proust parle de la réception
de Bergotte qui n’est autre que celle de lui-même.
Aspects de la Critique Proustienne...
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Notes
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20
BRUNEL.C. et alii. Qu'est-ce que la littérature comparée? Paris: Armand
Colin, 1983, p. 42-51.
CHEVREL, Yves. La Littérature comparée. Paris: Presses Universitaires de
France, 1989, p. 50. Col. Que sais-je?
PROUST, Marcel. Correspondance de Marcel Proust. 1913. Texte établi,
présenté et anoté par Philip Kolb. Paris: Plon, 1984, Tome XII, 445 p.
Voir GAUTIER-VIGNAL. Proust connu et inconnu. Paris: Robert Laffont,
1976, 295 p.
Voir le texte intégral de ce commentaire dans MADELEINE, Jacques. En
somme, qu’est-ce? Les critiques de notre temps et Proust. Paris: Garnier,
1971, p. 13-20.
Ibidem, p. 13.
PROUST, op. cit., 1984.
Voir COGEZ, Gérard. Marcel Proust. A la recherche du temps perdu. Paris:
Presses Universitaires de France, 1990, 125 p. Collection Etudes Littéraires.
Une citation de cet article est incluse par Régis Gignoux dans Le Figaro du
27 décembre (aux pages quatre, à la rubrique Courrier des Théâtres) avec
note qui présente l’article de Rostand comme “un article du lyrisme le plus
enthousiaste au livre remarquable que M. Marcel Proust vient de publier”.
Voir PROUST, Marcel. Correspondance de Marcel Proust. 1914. Texte
établi, présenté et annoté par Philip Kolb. Paris: Plon, 1985, Tome XIII,
441p., p. 34.
Voir le texte intégral de cet article dans GHEON, Henri. Une oeuvre de loisir.
Les critiques de notre temps et Proust.Paris: Garnier, 1971, p. 20-25.
PROUST, op.cit, 1985, p. 72.
Idem, p. 50-53.
Ibidem, p. 98.
Conférence publiée dans La Nouvelle Revue Française, Paris, n° CXXXIX, p.
787, 01 avr. 1925.
PROUST, op. cit., 1985, p. 153.
Dans Le Figaro et dans Gil Blas du 18 avril, dans le Journal des Débats du
24 avril, dans le Mercure de France du premier mai.
Voir LARBAUD, Valéry. Entrevision. La Nouvelle Revue Française.
Hommage à Marcel Proust, Paris, v. 20, n. 112, p. 88-89, 01 jan. 1923.
Voir COGEZ, op. cit., 1990, p. 106-115.
RIVIERE, Jacques. Marcel Proust et la tradition classique. Les critiques de
notre temps et Proust.Paris: Garnier, 1971, p. 25-31.
Tels que L’Action Française, Comoedia, L’Eclair, L’Europe Nouvelle, Le
82 Maria Marta Laus Pereira Oliveira
21
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36
37
38
39
40
Figaro, L’Intransigeant, Le Journal, Les Lettres, Lyon Républicain, Le Monde
Nouveau, Les Nouvelles Littéraires, L’Opinion, Le Petit Parisien, ParisMidi, La Revue Hebdomadaire et Le Temps.
LANOUVELLEREVUEFRANÇAISE.HOMMAGEAMARCELPROUST,
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NOAILLES,Anna de. Souvenirs du coeur. La Nouvelle Revue Française,
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DREYFUS, Robert. Marcel Proust aux Champs- Elusées. La Nouvelle Revue Française, op. cit., p.27-30.
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HAHN, Reynaldo. Promenade. La Nouvelle Revue Française. op. cit., p.
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DAUDET, Lucien. Transpositions. La Nouvellle Revue Française., op. cit.,
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BOYLESVE, René. Premières réflexions sur l’oeuvre de Marcel Proust. La
Nouvelle Revue Française, op. cit., p. 109-116.
VALERY, Paul. Hommage. La Nouvelle Revue Française, op. cit., p. 117122.
THIBAUDET, Albert. Marcel Proust et la tradition française. La Nouvelle
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MAUROIS, André. Attitude scientifique de Proust. La Nouvelle Revue
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RIVIERE, Jacques. Marcel Proust et l’esprit positif. La Nouvelle Revue
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MARTIN-CHAUFFIER, Louis. Marcel Proust analyste. La Nouvelle Revue
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CREMIEUX, Benjamin. Note sur la mémorie chez Proust. La Nouvelle
Revue Française, op. cit., p. 188-194.
LACRETELLE, Jacques. Les clefs de l’oeuvre de Proust. La Nouvelle Revue Française, op. cit., p. 198-203.
Idem.
Un facsimilé de cette dédicare est présenté aux premières pages du livre de
Aspects de la Critique Proustienne...
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44
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52
53
54
55
56
57
58
83
Georges Gabory cité ci-dessous.
GHEON, Henri. Quelques mots. La Nouvelle Revue Française, op. cit., p.
235-237.
MAURIAC, François. Sur la tombe de Marcel Proust. LaRevue
Hebdomadaire, Paris, 02 déc. 1992. ( des passages de cet article sont
prèsentes dans la Nouvelle Revue Française, op. cit., p. 333-336)
CREMIEUX, Benjamin. Le sur-impressionnisme de Proust. Les critiques
de notre temps et Proust, op. cit., p. 31-35.
Voir COGEZ, op. cit., 1990.
GABORY, Georges. Essai sur Marcel Proust. Paris: Le Livre, 1926, 249 p.
Cette interview a été reprise dans BERNANOS, Georges. Le Crépuscule des
vieux. Paris: Gallimard, 1956, p. 78-79, 81 et elle est citée dans BOREL,
Jacques. Marcel Proust. Ecrivains d’hier et d’aujourd’hui. Paris: Seghers,
1972, p. 105.
BERSANI, Jacques. Proust perdu et retrouvé. Les critiques de notre Temps
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BRETON, André.Manifestes du surréallisme. Paris : Gallimard, 1985, p.
19.
Les données sur la réception de l’oeuvre de Marcel Proust dans la critique
brésilienne ont été empruntées à PEREIRA OLIVEIRA, Maria Marta Laus.
A recepção critica da obra de Marcel Proust no Brasil. Thèse de doctorat,
Universidade Federal do Rio Grande do Sul, 1993, 450 p.
NAVA, José. Brasileiros nos caminhos de Proust. Revista do Livro, Rio de
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ANDRADE, Ione de. Proust au Brésil. Conférence dactilographiée. Rennes,
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MAC DOWELL FILHO, Samuel. A l’ombre des jeunes filles en fleurs.
Revista Branca, Rio de Janeiro, n. 4, p. 23, dez,/ jan., 1948/1949.
CHRONICAS: LIVROS E REVISTAS. Klaxon, mensário de arte moderna,
São Paulo, p. 30, dez./jan., 1922/1923.
ARANHA, Graça. Marcel Proust. Espírito Moderno. São Paulo: Monteiro
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n. 4, p. 21-22, déc./jan., 1948/1949)
MEYER, Augusto. Machado de Assis. Porto Alegre: Livraria do Globo,
1935.
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MEYER, Augusto. Metafrívola. Diário de Notícias, Porto Alegre, 14 avr,
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Voir CARVALHAL, Tania Franco. A evidência mascarada. Uma leitura da
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MEYER, Augusto. Discurso de Zaori. Diário de Notícias, Porto Alegre, 24
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BROCA, Brito. Sugestões de uma bibliografia. In: Letras Francesas. São
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Voir BARRES, op. cit., 1923.
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MECHIN, Jacques Bénoist. La musique et l’immortalité dans l’oeuvre de
Marcel Proust. Paris: Kra, 1926.
LIMA, Jorge de. Proust. Dois ensaios. Maceió: Casa Ramalho, 1929, p. 1183.
BROCA, Brito. (prefácio de) Alcântara Silveira. Compreensão de Proust.
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perdu. Paris: Gallimard, 1988, p. 623. Bibliothèque de la Pléiade.