Sauvons la RDC : Acte constitutif et allocution d`ouverture

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Sauvons la RDC : Acte constitutif et allocution d`ouverture
Acte constitutif
I. De la dénomination
Les forces sociales et politiques, signataires du présent acte, ont convenu de créer et de
se constituer en un regroupement dénommé «SAUVONS LA RDC».
II. De la nature
«Sauvons la RDC» est un regroupement momentané des forces sociales et politiques
autour de valeurs républicaines pour atteindre les objectifs ci-dessous.
III. Des objectifs
Les objectifs du regroupement sont :
1. Consolider la démocratie, notamment en veillant à la tenue des élections législatives
provinciales et sénatoriale dans un délai raisonnable avant les prochaines élections
présidentielles nationales qui doivent se tenir obligatoirement en 2016;
2. Oeuvrer à la résolution de la crise de légitimité née des élections chaotiques du 28
novembre 2011;
3. Veiller à ce que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) soit
réellement indépendante pour que les élections à venir soient justes, équitables et
transparentes;
4. Lutter activement contre la corruption sous toutes ses formes;
5. Veiller au respect des droits humains et à la promotion du genre, et
6. Exiger la tenue d’un dialogue national conformément à l’Accord-cadre du 24 févier
2013, à la résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, ainsi qu’au rapport
du Secrétaire Général des Nations Unies du 24 septembre 2013.
IV. Des moyens d’action
«Sauvons la RDC» utilisera tous les moyens de mobilisation et de communication
légalement reconnus aux organisations sociales et politiques dans notre pays, en
l’occurrence : campagnes de sensibilisation, meetings populaires, marches pacifiques,
réunions dans les lieux privés et publics, mots d’ordre, conférences de presse, télévision,
radio, presse écrite et autres.
V. Des principes directeurs
1. «Sauvons la RDC» est co-présidé par les responsables des forces sociales et
politiques;
2. Aucun membre du regroupement ne peut faire partie des structures issues des
«concertations nationales»;
3. Le regroupement n’est pas ouvert aux forces sociales et politiques ayant pris part
aux «concertations nationales»
4. «Sauvons la RDC» mettra tout en œuvre pour que les articles verrouillés de la
Constitution ne soient ni modifiés, ni contournés par quelques subterfuges que ce soit. Il
en sera de même pour toutes les dispositions constitutionnelles relatives au processus
électoral, y compris l’article 73;
5. «Sauvons la RDC» exige que les articles 71, 197 et 198 de la Constitution reprennent
leurs libellés d’avant la révision constitutionnelle cavalière et intempestive du 20 janvier
2011.
6. Selon les enjeux à venir, les signataires s’engagent à se réunir pour dégager une ligne
de conduite en accord avec les intérêts majeurs de la société congolaise;
7. Toute force sociale ou politique membre, tout en gardant son autonomie d’action,
s’engage à respecter les principes énoncés au point V de cet acte.
8. «Sauvons la RDC» reste ouvert à tout nouveau membre qui partage ses objectifs et
qui accepte les principes énoncés dans le présent acte.
9. Le non-respect des principes ci-haut énoncés expose le membre fautif à des sanctions
allant jusqu’à l’exclusion définitive du regroupement;
10. Un règlement intérieur déterminera le fonctionnement du regroupement.
VI. De l’engagement des membres
Les membres signataires du présent acte prennent l’engagement solennel d’observer de
bonne foi les principes directeurs énoncés au point V, en vue de garantir la réalisation
des objectifs poursuivis par le regroupement.
Signataires :
Martin Fayulu,
Jean-B. Ewanga,
Christophe Ngoyi Muamba
ALLOCUTION DE L’HONORABLE VITAL KAMERHE, PRESIDENT NATIONAL DE
L’UNC ET AUTORITE MORALE DE LA CVD, A L’OCCASION DU LANCEMENT DU
REGROUPEMENT POLITIQUE « SAUVONS LA RDC »
(Kinshasa, lundi 18 novembre 2013)
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Je vous avoue la joie intense et immense qui m’habite en ce moment précis où je prends
la parole devant vous, à l’occasion du lancement de notre regroupement politique que
nous avons dénommé « Sauvons la RDC ». Ce regroupement est une simple passerelle
conjoncturelle de concertation, en cas de besoin, chaque mouvement garde son
autonomie et son identité. C’est un lieu de mise en commun des actions qui s’imposent
pour renforcer la démocratie, le respect des droits humains, asseoir la bonne
gouvernance dans notre pays. Bref, instaurer un Etat de droit pour que la RD-Congo ne
continue plus à ressembler à une jungle où règne la loi du plus fort.
Oui, la RD-Congo, dans sa situation actuelle, appelle des actions courageuses de la part
de ses filles et fils pour la sauver.
A observer le sacrifice que consent la Communauté internationale pour relever et sortir
notre pays du gouffre où il se trouve plongé, depuis voici bientôt près de 20 ans, les
congolais que nous sommes, ne devons qu’ être interpellés pour faire mieux, en venant
au secours de notre pays pour le sauver. Car la RD-Congo, c’est avant tout l’affaire des
congolais, la communauté internationale ne jouant que le rôle d’appui et
d’accompagnement.
Nous avons, quant à nous, initiateurs de ce nouveau regroupement politique ponctuel,
avec lequel il faudra désormais compter, compris qu’il était temps, face aux menaces
des divers ordres, de nous retrouver pour faire obstacle à toute tentative de balkanisation
de notre pays, de son insécurisation et de son détournement de la voie démocratique
pour laquelle le peuple congolais a payé de son sang.
Il n’y a point de doute que le Congo ira mieux le jour où ses fils et filles apprendront à
dépasser leurs ambitions personnelles et leurs appétits gloutons pour l’intérêt général.
C’est ce que nous comptons faire pour prêcher par l’exemple : nous oublier, nous
sacrifier pour la promotion des valeurs républicaines et l’amélioration des conditions de
vie de nos populations, créer un climat favorable aux investissements et au tourisme. La
RDC doit redevenir fréquentable et non pas un simple espace de blanchiment d’argent
sale.
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Pour nous, « Sauver la RDC » veut dire s’interdire de comploter contre le pays, de tricher
les élections, de pratiquer la vertu, de se soumettre à la règle de la transparence et de la
redevabilité, d’aimer et de partager avec son compatriote, bref le patriotisme, la bonne
gouvernance, le respect des droits de l’homme, le respect de la parole donnée et des
lois du pays, la démocratie et l’alternance au pouvoir. « Sauver la RDC » veut dire enfin
rétablir des relations de bon voisinage, de solidarité et de respect mutuel.
Il s’agit là d’un ensemble des valeurs sans lesquelles tout pays est voué à sa perte,
comme c’est le cas pour le nôtre aujourd’hui. Il s’agit en même temps aussi des valeurs
qui lorsqu’elles sont observées et intériorisées, le pays est appelé nécessairement à un
développement radieux. Les exemples des pays africains comme le Botswana, la
Namibie, l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Ghana, le Sénégal et j’en passe, en sont
une preuve éloquente.
Tel est le sens du combat que s’assigne notre regroupement « Sauvons la RDC » qui
s’impose la mission de lutter pour la consolidation de la démocratie en RDC qui passe
par le respect et la poursuite du processus électoral entamé en 2011 et par la critique
exhaustive du gâchis électoral de novembre 2011 qui a plongé notre pays dans une crise
de légitimité à ce jour.
Nous ne pensons pas que notre pays puisse aller aussi loin qu’il le voudrait sans
s’arrêter un moment pour critiquer sa marche afin de se garantir un avenir meilleur. A cet
égard, nous pensons que les concertations nationales, qui ont eu le mérite d’établir le
bilan négatif du pouvoir en place, auraient dû clarifier la question électorale dans notre
pays en critiquant à haute voix les dernières élections et en indiquant clairement ce qui
peut être fait d’une part, et ce qui ne peut pas l’être d’autre part, sans oublier d’attacher
un barème des sanctions à toute attitude négative. Tous ceux qui ont favorisé la tricherie
doivent être sanctionnés.
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
« Sauvons la RDC » est en réalité un regroupement des organisations de la Société
Civile et des partis politiques de l’Opposition qui n’ont pas pris part aux dernières
concertations nationales ou encore le Congrès de la Majorité présidentielle.
Concrètement, il est le regroupement de la CVD, Coalition pour le Vrai Dialogue, des
FAC, Forces Acquises au Changement et de quelques organisations de la Société Civile.
Il compte en son sein trois anciens candidats Présidents de la République, en
l’occurrence Monsieur NZANGA MOBUTU, Président National de l’UDEMO, l’Honorable
Antipas MBUSA NYAMWISI, Président National du RCD-KML et moi-même, votre
humble serviteur, Président National de l’UNC et Autorité morale de la CVD.
Il compte, en outre, une quarantaine des députés nationaux en cours de mandat et plus
ou moins une centaine des partis politiques et associations ou organisations de la
Société Civile.
Le dénominateur commun de nous tous est la lutte pour la paix, la sécurité pour tous, la
démocratie et la justice pour tous dans notre pays, la bonne gouvernance et le respect
des droits humains, de la Constitution et des lois du pays.
Nous rejetons et condamnons donc les mots d’ordre, le monolithisme politique, le non
respect de la Constitution et des lois de la République, l’impunité, la corruption et le
détournement des deniers publics, les violations massives des droits de l’homme, les
viols et violences faits aux femmes ainsi que le pillage de nos ressources naturelles.
D’aucuns se demanderaient pourquoi n’avons-nous pas participé aux dernières
concertations nationales.
La réponse est donnée en lisant le communiqué publié par l’Opposition le 1er juillet 2013
au cours de sa réunion tenue à CEPAS et les résolutions du conclave de l’opposition
tenu à Limete du 06 au 11 juillet 2013.
Nous avons été par contre surpris par ceux de nos amis qui avaient signé les documents
cités ci-haut ensemble avec nous mais qui sans évaluation aucune ont répondu à l’appel
du Président KABILA.
C’est leur liberté bien entendu et nous nous gardons de les critiquer et de les condamner
quant à ce. Mais nous ne pouvons pas nous empêcher de nous poser la question de
savoir si tous, étions restés accrochés à ce que nous avions convenu, les fameuses
concertations n’auraient-t-elles pas pris une bonne tournure.
Pourquoi beaucoup de semaines après l’annonce de la mise en place du gouvernement
dit de cohésion nationale ?
Pourquoi des mesures simples d’application comme la libération des prisonniers
politiques et des médias proches de l’opposition ne sont pas concrétisées ?
Soyons clair, nous n’avons pas dit que le travail des concertations était nul. Nous avons
tout simplement fustigé le fait qu’ignorant les instruments juridiques internationaux ne
pouvaient que conduire à des recommandations trompe-l’œil.
Nous aimerions avoir tort. Comptons avec le temps. Mais puisque les concertateurs n’ont
pas élaboré un chronogramme de mise en place des recommandations, comment le
peuple, premier bénéficiaire de ces mesures, va-t-il en assurer le suivi ? Qu’est-ce qui
sera fait et quand ?
Le Président KABILA peut les appliquer à tout moment ou il ne peut pas les appliquer,
car elles ne lui sont pas opposables.
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Nous ne sommes pas entrain de chercher qu’on nous dise que nous avions et
continuons à avoir raison. Cela nous importe peu. Notre souci est de voir aplanies les
divergences substantielles qui émergent et subsistent au sein de la classe politique
nationale. Et ce, dans le seul intérêt du peuple congolais.
C’est pourquoi, nous sommes convaincus qu’un futur très proche va nous obliger à nous
retrouver dans le cadre d’un vrai dialogue, tel que prévu dans l’Accord-Cadre d’AddisAbeba et dans la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Cette conviction est confortée par le rapport du Secrétaire Général des Nations Unies
adressé au Conseil de Sécurité en date 24 septembre 2013 sur la mise en œuvre de
l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République
Démocratique du Congo et la Région des Grands-lacs. En effet, au point 43 de ce
rapport, le Secrétaire Général de l’ONU invite les autorités congolaises à mettre en place
un processus ouvert à tous, qui renforce la cohésion nationale.
Que ce rapport intervienne le 24 septembre 2013, au moment où les concertations
nationales étaient entrain d’amorcer leur atterrissage, est, on ne peut plus, éloquent.
La RDC est notre pays à nous tous. Nul n’a le droit d’en exclure les autres ou de les
empêcher de s’exprimer librement, sinon que dans le schéma préétabli. Nous ne
pouvons pas accepter cela. Autant nous respectons les autres, autant les autres nous
doivent aussi du respect.
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Nous ne pouvons pas terminer ce mot, après avoir restitué les raisons et la composition
de « Sauvons la RDC », sans rencontrer en passant les questions de l’heure,
essentiellement la fin de la guerre à l’Est.
Il sied d’affirmer, d’entre de jeu, que la guerre nous faite par le M23 n’était que le
sommet de l’iceberg cachant mal d’autres causes d’insécurité à l’Est du pays qui, si l’on
n’y prend garde, risquent de nous ramener à la case du départ.
Ainsi que tout le monde le sait, l’insécurité à l’Est du pays est sous-tendue par la
faiblesse de l’autorité de l’Etat, les pillages et le commerce illicite de nos ressources
naturelles.
Au sujet de la fin de la guerre de M23, l’opinion nationale est en liesse et nous avec elle.
C’est pourquoi, nous félicitons chaleureusement nos vaillants soldats des FARDC pour
notre victoire sur l’ennemi, sans oublier l’appui de la Communauté internationale à
travers la MONUSCO et sa Brigade Spéciale. Mais la palme d’or revient au peuple
congolais qui a tenu bon derrière les FARDC.
En même temps, l’opinion nationale se pose la question de savoir comment en plus ou
moins 10 jours seulement cette guerre s’est terminée. Le soupçon est qu’il y aurait une
volonté ou une impulsion extérieure qui a déterminé la suite des événements. Mais à
quel prix ?
La transparence dans la gestion des affaires de l’Etat voudrait que l’information en soit
donnée à la population qui, du reste, ne comprend pas qu’après une victoire qu’elle a
savourée, notre gouvernement tergiverse quant à la signature du document devant
constater la fin de la guerre.
D’après nos informations, la divergence ne tiendrait qu’à l’intitulé du document, alors que
le contenu qui a mis toutes les deux parties d’accord serait le même. Déclaration ou
accord de paix, l’accord de volontés est acquis autour des 11 points.
Des lors, nous avons du mal à comprendre l’attitude des uns comme des autres, car
nous nous posons la question de savoir en quoi le fond du document sera-t-il changé par
l’intitulé. Nous invitons les uns et les autres à prendre conscience de la tragédie que
notre peuple a endurée 20 ans durant. Et le peuple voudrait faire appel à leur
imagination pour clôturer Kampala sans heurter l’amour propre des congolais.
Nous conseillons le Président de la République de consulter les principales forces
politiques et sociales ainsi que les leaders politiques sur le contenu de ce document.
Nous pourrons, en mettant nos intelligences en commun, proposer une formule qui ne va
pas énerver le peuple congolais, le facilitateur et l’ensemble de la Communauté
internationale, qui nous a apporté un appui appréciable. L’heure n’est pas au
triomphalisme, ni à la diabolisation.
Le Conseil de Sécurité exige un accord en bonne et due forme. Nous pensons que peu
importe la forme, c’est du contenu que le peuple jugera si les intérêts ont été
sauvegardés.
C’est dans des moments des grandes crises, comme c’est le cas à Kampala,
qu’émergent de grands hommes, capables de s’assumer en mettant au premier plan les
intérêts du peuple congolais et de la sous-région. Et pour y parvenir, la recette est
simple :
- Discuter du contenu du document avec tous les leaders ;
- Campagne de sensibilisation de la population pour comprendre le bien fondé de
terminer la guerre par un acte qui consacre définitivement la paix quelqu’en soit
l’intitulé ;
C’est ce que j’ai appelé autrefois « L’Union sacrée derrière nos forces armées et notre
peuple ».
Ne faisons plus de choses en catimini. Souvent au lieu de déboucher sur un compromis,
ca entraine la compromission.
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
La victoire sur le M23 résulte de la réorganisation et la détermination de nos forces
armées soutenues par le peuple congolais et la MONUSCO à travers sa brigade
d’Intervention.
Avec la fin du conflit de l’Est, il doit s’ouvrir maintenant la page de la reddition des
comptes du passé. C’est ce que nous appelons un droit d’inventaire.
Qui a fait quoi dans le Kivu pour que nos forces armées aient autant été humiliées et nos
populations aient autant été massacrées, violées, déplacées dans leur propre pays.
La justice doit se saisir des cas des violations graves de droit international humanitaire et
les juger suivant les normes requises.
La RD-Congo attend toujours un vrai dialogue entre les forces politiques significatives ;
les concertations du palais du peuple n’auront été qu’une distraction de la majorité pour
vouloir jouer la montre dans la perspective du 19 décembre 2016 qui demeure pour le
peuple congolais, la date butoir du second et dernier mandat du Président de la
République.
Un gouvernement de cohésion nationale est sans objet dans le contexte politique actuel.
Si KABILA estime avoir gagné véritablement l’élection de 2011, ce dont nous doutons,
qu’il gouverne jusqu’à la fin de son mandat sans vouloir diluer sa responsabilité par
l’élargissement de sa « majorité ».
Nous avons pris acte de la déclaration du Président de la République, Monsieur Joseph
KABILA de ne pas changer les dispositions intangibles de la Constitution de la RDC.
Nous continuons à attendre de lui la déclaration selon laquelle il ne dépassera pas son
mandat qui prend fin le 19 décembre 2016 et qu’il ne sera pas candidat à sa propre
succession.
« Sauvons la RDC » est justifié pour faire en sorte, qu’ensemble avec le peuple
congolais, le Président KABILA abandonne une telle idée.
Nous pensons que les garanties nécessaires doivent lui être données en temps
qu’ancien Président de la République au-delà de 2016. Sous ce registre, nous avons
toujours souhaité qu’une loi fixant les statuts des anciens Présidents de la République
soit adoptée par le Parlement.
Dès lors, nous engageons les Députés membres de notre regroupement sociopolitique à
initier une proposition de loi dans ce sens.
La fin de la guerre avec le M23 ne doit pas nous faire oublier les autres groupes et forces
négatives tant nationales qu’étrangères.
La paix à l’Est de la RDC doit être globale et totale. C’est pourquoi, il importe de
concevoir une stratégie à cet effet.
Nous proposons quant à nous la tenue d’un dialogue diplomatique entre pays
belligérants à l’effet d’aborder, sans faux fuyant, toutes les questions susceptibles
d’embraser à nouveau la Région (éradication des FDLR-interahamwe, ADF-NALU, LRA,
FNL). L’UNC, mon Parti, propose que, sous la supervision de la MONUSCO, appuyée
par la Brigade spéciale d’intervention et le gouvernement congolais, avec la collaboration
du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi, ces groupes armés puissent se soumettre, de
gré ou de force, au mécanisme DDRRR (Désarmement, Démobilisation, Rapatriement,
Réinsertion, Réinstallation).
La présence de la MONUSCO et de sa Brigade Spéciale devrait être mise à profit pour
atteindre cet objectif.
S’agissant particulièrement des Mai-Mai, mouvements d’autodéfense congolais, il y a
lieu de les identifier et de négocier avec eux, dans le cadre du vrai dialogue, les
conditions de leur désarmement et de leur réinsertion dans la société et donc sans
armes.
Cette guerre, c’est aussi les enjeux économiques. C’est pourquoi, j’ai suis en parfaite
concordance des vues avec le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations
Unies, Monsieur Martin KOBLER, sur le fait que le mécanisme de traçabilité devra
s’appuyer sur des projets pilotes d’exploitation légale des minerais lesquelles
exploitations seront protégées par la MONUSCO.
Ces exploitations peuvent être faites par les entreprises congolaises, mixtes ou
étrangères dès lors qu’elles respectent les lois du pays.
La démonstration attendue d’une telle expérience est de constater que l’exploitation
légale est bénéfique au peuple congolais et aux autres pays et multinationales dans le
cadre d’une coopération réfléchie écartant du coup tout bradage et exploitation de nos
ressources naturelles, qui ne bénéficient nullement au peuple congolais. Les exemples
abondent : l’Ituri exporte de l’or, mais les ituriens ne reçoivent aucun gramme en retour,
le Kivu, le Katanga, le Kasaï…. la même chose.
Il est aussi important, sur le plan international, de prendre toutes les dispositions qui
s’imposent pour que tous les 11 signataires de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba
remplissent chacun son engagement.
Vous avez certainement constaté que je n’ai pas parlé du gouvernement dit de cohésion
nationale. C’est tout simplement parce que nous ne sommes pas concernés et donc non
partant pour ce gouvernement. Cela est clair. Nous continuons à réclamer la tenue du
vrai dialogue sans quoi, il ne nous reste qu’à nous organiser pour les échéances à venir.
Sur le registre des élections, nous avons pris acte de la nouvelle composition de la CENI
pilotée par Monsieur l’Abbé MALU-MALU.
Nous voulons dire à ce dernier de se surpasser en mettant la CENI au milieu du village.
Les congolais ont assez de mauvaises élections. Le moment est venu pour lui donner de
bonnes élections. C’est pourquoi, nous suggérons, dans le cadre de la nouvelle loi
électorale, qu’il soit prévu une disposition qui pénalise tout favoritisme à l’égard d’un parti
ou regroupement politique quelconque.
Il est temps d’instituer la responsabilité pénale personnelle des membres de la CENI. Il
ne devrait pas s’en tirer à si bon compte après avoir gâché intentionnellement les
élections.
Nous mettons en garde le gouvernement contre toute tentative d’assèchement financier
de la CENI pour alléguer le moment venu, l’impossibilité d’organiser les élections. C’est
le moment de faire des provisions budgétaires pour la tenue des élections présidentielle
et législatives nationales en 2016.
En, observant le calendrier proposé par Monsieur l’Abbé MALU-MALU, on se rend
immédiatement compte que le délai des élections ne sera pas respecté. C’est pourquoi,
je demande à notre regroupement « Sauvons la RDC », de se battre afin que les
élections puissent avoir lieu dans le délai constitutionnel.
C’est ici le lieu de remercier la Communauté internationale qui par la bouche du
Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC, Monsieur Martin
KOBLER, a dit tout haut sa disposition à financer les élections en RDC. Le
gouvernement n’a donc pas plus de choix que d’apporter son propre financement pour
ne pas être ridicule le moment venu.
Faut-il rappeler que la Constitution est cohérente à ce sujet dans la mesure où elle
prévoit la tenue de l’élection présidentielle 90 jours avant la fin du mandat de telle sorte
qu’il n’est pas possible de se retrouver avec un Président de la République fin mandat
sans que son successeur ne soit désigné.
L’imbroglio institutionnel actuel où nous avons des institutions largement hors mandat et
donc sans légitimité, est dû à la suppression du deuxième tour de l’élection
présidentielle. La dernière révision constitutionnelle a donc porté un coup dur au bon
fonctionnement de l’État. Nous avons un Parlement avec deux Chambres dont l’une, le
Sénat, a perdu toute légitimité. C’est aussi le cas des assemblées provinciales, des
gouverneurs et des gouvernements provinciaux qui en sont issus.
Les informations en notre possession indiquent même que certains députés provinciaux
sont fatigués et ont honte de continuer à siéger dans ces conditions. C’est le cas de
l’assemblée provinciale de Bandundu dont les membres trainent les pieds à Kinshasa.
Nous avons fondé l’espoir que le Président de la République, garant du bon
fonctionnement des institutions en vertu de l’article 69 de la Constitution, cherche des
voies et moyens pour mettre fin à ce désordre institutionnel. C’est plutôt son confort qui
est venu de sa part.
Au sujet du calendrier électoral, la logique voudrait qu’il soit rapidement mis fin à ce
désordre institutionnel en commençant par organiser, dans le courant de 2014, les
élections provinciales qui vont nous donner des assemblées électrices des sénateurs et
des gouverneurs des provinces. Et à partir de là, organiser la suite des élections, c’est-àdire, locales, municipales et urbaines.
Nous ne comprenons pas que la CENI dirigée par Monsieur l’Abbé MALU-MALU dont on
a vanté l’expertise en matières électorales dans notre pays, projette de nous présenter
un calendrier qui rejoint à 100 %, la volonté du Président KABILA dans ce domaine. Ceci
est un signal qui nous éclairera sur l’indépendance de la CENI. Le plus urgent est à tous
égards, les élections provinciales.
Les institutions ne valent que ce que les hommes en font. Plus elles durent, plus elles
sont possédées par la population. Il faut donc éviter des révisions intempestives au gré
des intérêts de ceux qui sont au pouvoir. Le système de représentation proportionnelle à
plus fort reste est celui qui est adapté à notre pays, mosaïque de plus ou moins 453
tribus.
Il assure la meilleure représentation de tous. C’est ainsi que nous avons moins de
problème quant à la représentation au sein de l’Assemblée nationale. Il n’est donc pas
opportun d’envisager le changement de ce système pour aller vers le système des
apparentements qui garantit plus la représentation des appareils politiques par ses
dirigeants.
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Avant de vous annoncer mon initiative de la Caravane de la paix pour l’Est de la RDCongo et la Sous-région des Grands-Lacs, je voudrais vous remercier sincèrement pour
ce sursaut patriotique dont vous faites montre aujourd’hui : le peuple a toujours voulu
voir l’opposition unie pour devenir une véritable force d’alternance avec une vision
partagée d’un Congo fort, prospère et stable qui induit la paix, le bonheur ou mieux être,
la justice pour les congolais et se constituer en noyau intégrateur pour l’ensemble de la
région, à travers les projets d’intérêts communs et de grandes infrastructures.
C’est l’intégration économique qui va rendre la reprise de la guerre impossible. Et les
leaders et les peuples de cette belle région d’Afrique vont oublier la guerre pour devenir
des partenaires pour la paix et le développement bénéfique à tous.
Nous devons conclure une paix des braves avec tous nos voisins, à l’image de De Gaule
et Adenauer (France-Allemagne). Car les pays voisins constituent notre première galaxie
de défense. Il y a des étapes pour y parvenir. Nous allons y parvenir avec notre propre
détermination et avec l’aide de Dieu Tout Puissant, le miséricordieux.
Mesdames et Messieurs,
C’est dans ce cadre de renforcement de la démocratie et de la consolidation de la paix
que j’invite la CVD et tout le regroupement que nous constituons aujourd’hui d’apporter
notre contribution dans les efforts sous-régionaux et internationaux.
C’est dans ce cadre que l’Opposition congolaise réunie se fait le devoir d’apporter sa
contribution dans les efforts sous régionaux et internationaux de la pacification de la
région des Grands Lacs en organisant une caravane de la paix qui partira de la Province
du Nord-Kivu, traversera la Province du Sud-Kivu, la Ville de Bunia en Province
Orientale. Nous envisageons de nous rendre en Ouganda, au Rwanda, au Burundi, en
Tanzanie et en Afrique du Sud, avant de visiter les autres pays signataires de l’Accord-
cadre d’Addis-Abeba, tels que l’Angola, le Congo Brazzaville, qui à nos yeux, ont joué un
rôle majeur dans le dénouement de ce conflit.
Pour la première étape, notre périple va se terminer par la Ville de Bunia en Province
Orientale. Et la suite dépendra des moyens et des invitations que les autorités des pays
concernés voudront bien nous établir car, nous sommes pour la paix globale. Ce périple
aura essentiellement pour objectif :
-
Transmettre notre message de solidarité et de compassion aux populations
martyrisées, notre vision de la gestion des avancées actuelles pour la
reconstruction et la consolidation de la paix ;
-
Rappeler aux communautés du Nord et du Sud Kivu les engagements souscrits
lors de la conférence de Goma ;
-
Rappeler à nos voisins que nous sommes condamnés à vivre ensemble, dans le
respect et l’harmonie, car personne ne pourra déplacer nos pays respectifs, et
partager avec eux les pistes de construction d’une paix durable dans la sousrégion.
Mesdames et Messieurs les Présidents et Responsables des Partis politiques et
organisations de la Société Civile,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,
Après s’être étendu sur notre regroupement sociopolitique, « Sauver la RDC », et avoir
abordé brièvement quelques questions d’actualité, il ne me reste plus qu’à lui souhaiter
plein succès et longue vie.
Unis, nous vaincrons.
Nous vous remercions pour votre attention soutenue.
Vital KAMERHE