VANTOMME - Le stockage des explosifs - GBEE
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VANTOMME - Le stockage des explosifs - GBEE
Le stockage des explosifs et des artifices J. VANTOMME, K. DE WOLF Ecole Royale Militaire, Département de Construction et Matériaux ______________________________________________________________________ Sommaire Dans cet article, on effectue une étude comparative entre les explosifs ordinaires et les feux d’artifice dans le but de déterminer les différences importantes entre ces produits et les conséquences de ces différences pour le stockage. Les conclusions montrent que le traitement diffère fortement. Le bunker qui est l’endroit de stockage conseillé pour les explosifs est à éviter pour les feux d’artifice pour lesquels l’utilisation de structures légères en combinaison avec des murs de terre à parement vertical et grillages, est conseillée. ______________________________________________________________________ 1. Introduction Les feux d’artifice et les explosifs sont des matières solides, explosibles. Après initiation, ils peuvent continuer à réagir sans ajout d’énergie ou d’oxygène de l’environnement. Les matières solides explosives sont traitées dans le classement UN comme des matières de classe 1. 2. Feux d’artifice et explosifs 2.1. L’analogie entre les feux d’artifice et les explosifs : phénoménologie et quelques définitions Les feux d’artifice ou plus généralement les mélanges pyrotechniques et les explosifs contiennent des matières chimiques qui peuvent se décomposer ou subir une réaction chimique entre eux. Pendant cette décomposition ou réaction chimique, de l’énergie est libérée. Il s’agit donc de réactions chimiques exothermiques. Les gaz qui sont produits lors de cette réaction, subissent une expansion et engendrent une onde de choc qui s’étend sphériquement à partir du point d’origine. L’onde de choc est généralement décrite à l’aide de trois paramètres, à savoir le temps de montée du pic de pression (qui est très petit pour une onde de choc, donc un front de discontinuité), la surpression maximale et la durée de la phase positive. La combinaison du temps de montée et de la surpression maximale détermine la brisance de l’explosif; la surface sous la courbe de pression en fonction du temps détermine la force mécanique que l’explosif peut développer: cette impulsion est fonction de l’énergie de la réaction d’origine. Lorsque l’onde de choc se déplace à la vitesse du son dans l’air, elle n’est plus appelée onde choc mais onde de pression. La pression maximale ainsi que l’impulsion diminue avec la distance. La comparaison des réactions des feux d’artifice avec celles des explosifs (voir figure 1) conduit aux observations suivantes : - pour une réaction de même énergie, mais plus lente (comme pour les feux d’artifice), la vitesse d’accroissement est plus petite et donc la surpression maximale sera plus petite ; - l’explosion des feux d’artifice est moins brisante. Souvent, on n’observe même pas d’effet de brisance ; - l’explosion d’un feu d’artifice est caractérisée par la durée de la phase positive plus longue ce qui fait que l’impulsion agit sur une distance plus grande. 1 p p pmax Explosif militaire Feux d’artifice pmax ttot t ttot t Figure 1 Allure générale du diagramme pression-temps pour les explosions de feux d'artifices et explosifs En conséquence, une explosion lente (durée de la phase positive longue) engendre plus de dégâts sur une grande distance. Ces dommages sont causés par le fait que l’onde de choc sollicite mécaniquement de grandes surfaces. Cet effet est aussi connu comme étant l’augmentation de l’équivalent TNT du feu d’artifice. 2.2. Les différences entre les feux d’artifice et les explosifs Entre les feux d’artifice et les explosifs, on peut identifier six différences importantes. L’effet recherché Le feu d’artifice est destiné à produire des effets de lumière, de son et de fumée tandis que les explosifs sont utilisés pour exercer une action mécanique sur l’environnement pour détruire des objets. Les mélanges pyrotechniques se présentent sous forme de poudre Une propriété physique importante du feu d’artifice est qu’il s’agit d’une réaction entre différentes molécules chimiques contenues dans une poudre. Cette forme de poudre ainsi que la réaction intermoléculaire engendre un processus plus lent que lors d’une réaction de décomposition d’une grande molécule comme pour certains explosifs. L’effet de cette réaction est donc plus lent. Une phase importante dans la production de mélanges pyrotechniques est le traitement physique : la mouture et la mixtion. Le résultat de ce processus détermine fortement la vitesse de réaction du mélange et ses effets. Les machines de mouture automatisées actuelles rendent le processus plus reproductif mais ceci n’est valable que pour des quantités réduites de poudre fabriquées simultanément. Si la quantité est trop grande, il existe un étalement dans la finesse et la structure de la poudre ce qui mène à des effets différents pendant la réaction. Il serait même possible que pendant les essais de classification d’un produit de la série 6 de l’UN, une partie réagisse comme poudre 1.1 et l’autre partie comme poudre 1.3. 2 Pour les explosions, on fait souvent la différence entre une détonation et une déflagration. Ces notions se distinguent physiquement par un déplacement du front de la réaction plus rapide (détonation) ou plus lent (déflagration) que la vitesse du son dans la matière dans laquelle la réaction se produit. Dans le cas des poudres, il y a trois problèmes avec cette classification : - la vitesse de la réaction n’est pas une notion claire parce que le chemin de la réaction dans le matériau n’est pas linéaire. Par définition, elle suit en première approximation les plans tangents des grains ; - la vitesse du son dans une poudre dépend de sa densité. Pour une réaction dans une poudre, cette densité augmentera très vite, même sous une faible pression pour atteindre la densité d’une matière solide avec une vitesse de son plus importante ; - la poudre est comprimée sous une forme solide à partir d’une surpression de quelques bars. Pendant la compression, la friction entre les grains et la compression de l’air entre les grains de poudre, rajoutent autant de chaleur de telle façon que la poudre commence à réagir. Dans la littérature, on met l’accent sur la détonation ; ceci n’est néanmoins pas la problématique primordiale pour les feux d’artifice parce que la question de la sensibilité est beaucoup plus importante (chutes, l’effet d’une onde de choc). Les produits de réaction La plupart des réactions des explosifs et des mélanges pyrotechniques forment des produits de réaction gazeux. De ce fait, il est possible de limiter l’augmentation de la pression dans les locaux de stockage à l’aide de clapets de détente ou d’autres précautions. Le début de la phase d’augmentation de pression suffit pour actionner les clapets de détente et donc engendrer une baisse de pression. Parmi les mélanges pyrotechniques, certains engendrent seulement des produits de réaction solides sous forme de sels et de l’énergie. Le mélange le plus connu est le « flashpowder ». L’équation de réaction du flashpowder classique le démontre simplement : 8 A1 + 3 KClO4 → 3 KCl + A12O3 ; le KCl et l’Al2O3 sont des matières solides. Ce groupe de produits ne peut donc pas engendrer un effet de pression. L’énergie libérée engendre une augmentation de pression et de température de l’air qui peut indirectement, mais tardivement, activer le mécanisme de sécurité. Toutefois dans la phase précédente, l’augmentation de la température et l’onde de choc ont déjà initié d’autres feux d’artifice. Dès lors, le compartiment complet explosera en une fois. Parfois, des particules métalliques sont ajoutées au mélange classique du flashpowder pour obtenir un effet de lumière ou de couleur. Ces éléments supplémentaires sont mis à feu à l’aide de l’énergie libérée lors de la réaction, génèrent une température élevée et réagissent avec l’oxygène de l’air. Certains de ces additifs peuvent aussi subir une réaction indésirable avec le fer et l’acier et engendrer une réaction d’oxydation. Pour cette raison, les éléments fabriqués en acier et en fer, qui se trouvent dans les endroits de stockage de feux d’artifice, doivent être munis d’un « coating » (peinture) et ne peuvent pas présenter de taches d’oxydation. L’addition de particules métalliques augmente la sensibilité à l’impact des mélanges et à l’électricité statique. L’effet du confinement Lorsqu’un mélange pyrotechnique est confiné, une réaction initiée en son sein peut se propager au reste des produits explosibles. Il en résulte une explosion. Comme le feu d’artifice ne développe pas ou peu de produits gazeux, ce confinement ne doit pas être physiquement fort. La suppression de ce confinement, en vue de permettre un échange 3 d’énergie avec l’environnement, est une mesure de prévention efficace contre l’explosion du dépôt. Les explosifs, quant à eux, peuvent réagir explosivement quel que soit le confinement. Les mesures prises contre les réactions non souhaitées Les explosifs modernes contiennent des additifs chimiques pour empêcher une détonation non voulue. Par contre, alors que ces additifs ne sont pas présents dans les feux d’artifice professionnels ou commerciaux, le risque d’une détonation non souhaitée existe aussi dans le cas des feux d’artifice. Ces additifs, par exemple sous la forme d’une paraffine ou d’un gel, pourraient aussi limiter les fuites des poudres de l’emballage ; ce sont justement ces poudres qui contribuent à la détonation non souhaitée du mélange. Les risques d’accidents s’avèrent plus élevés, pour les feux d’artifice, pendant le transport, le stockage et l’utilisation à cause du manque de mesures qui limitent les risques. Les explosifs sont soumis à un grand nombre d’essais depuis la production jusqu’à la réception par l’acheteur ainsi que pendant leur durée de vie en vue de détecter les effets éventuels du vieillissement. Il s’agit d’essais différents de ceux des produits de la série 6. Ce contrôle de qualité ne se fait pas ou presque pas pour les feux d’artifice. L’emballage La classification UN se rapporte seulement aux dangers des feux d’artifice et des explosifs lors de leur conditionnement. Pour les explosifs, ceci ne fait pas beaucoup de différence mais bien pour les feux d’artifice. Selon le type d’emballage, les feux d’artifice peuvent réagir comme un produit de type 1.4 ou comme un produit de type 1.1. Des essais de la Nederlandse Defensie Academie (NLDA) et le bureau d’étude MSNP (en 2004 et 2005) ont démontré que l’emballage cède sous des pressions inférieures à celles qui sont nécessaires pour initier le feu d’artifice ; l’emballage donne bien une protection anti-incendie mais n’offre aucune protection contre les effets d’un accident contrairement par exemple aux emballages des explosifs militaires. 2.3. La situation actuelle pour le feu d’artifice La distance de sécurité Au départ, on a pensé que le feu d’artifice réagit moins efficacement du point de vue énergétique que les explosifs. Cette idée est à la base des facteurs de correction pour les distances de sécurité. On a constaté que cette approche n’est pas correcte. Il vaut mieux comparer l’énergie potentielle de la réaction chimique du feu d’artifice avec celle d’un explosif. L’accident à Carmel en Australie, le 06 Mars 2002 (une explosion dans un dépôt de feux d’artifice) et le projet CHAF (un projet de recherche dans le cadre FP5 sur les risques du transport et du stockage des feux d’artifice) montrent qu’un mélange pyrotechnique peut réagir sous certaines conditions avec un équivalent TNT de 1.25. La plus longue durée de la phase positive engendre aussi des dégâts sur une plus grande distance en comparaison avec un explosif de même puissance. Les distances sur lesquelles les étoiles des feux d’artifice sont projetées sont fonction de la vitesse de départ des étoiles. Celle-ci est déterminée par le type de feu d’artifice et par le calibre. Cette distance de projection est indépendante de la quantité matière stockée et peut atteindre 200 m ou plus. Projection de fragments Les fragments sont projetés sur de grandes distances après une explosion dans un endroit de stockage d’explosifs ou de feux d’artifice. Cet effet a été constaté à l’occasion de plusieurs accidents : Carmel (Australie, 6 Mars 2002), Enschede (Pays-Bas, 13 Mai 2000) ainsi que 4 pendant des essais (entre autres CHAF et études réalisées par HSE, centre de recherche au Royaume-Uni). Les distances que certains de ces fragments peuvent atteindre (jusqu’à 600 m), dépassent les distances de sécurité fondées sur les calculs des surpressions. La distance parcourue par les fragments est fonction de l’énergie de Gurney et du rapport masse/surface du fragment (friction de l’air). Elle peut être réduite par : - l’utilisation de matériaux de construction légers ; des mesures pour réduire l’augmentation de pression dans un compartiment ; une paroi de protection pour absorber les fragments projetés horizontalement. L’intervention pendant un accident Une intervention pendant un accident avec des explosifs ou des feux d’artifice est très difficile voire impossible. Pour les explosifs, une politique de non intervention est acceptée internationalement. Ceci n’est néanmoins pas le cas dans tous les pays pour les feux d’artifice. La procédure normale pendant un incendie, c’est-à-dire l’enlèvement de l’oxygène et la diminution de la température, ne fonctionne pas pour un incendie causé par des matières pyrotechniques. Ceci est dû à la haute température de réaction, le grand développement de chaleur et la présence d’un oxydant et d’un réducteur au sein du feu d’artifice. Le risque d’explosion et le danger de projection des matières explosibles empêchent de s’approcher du site. L’apport de grandes quantités d’eau pendant une longue durée n’a qu’un effet réduit. On s’attend aussi à un effet favorable en recouvrant les matières pyrotechniques projetées par une couche de sable. En réalité, l’utilisation d’eau et de sable n’est indiquée que pour sauver des blessés et si les actions sont exécutées à partir de véhicules protégés. Les dépôts de feux d’artifice doivent être conçus d’une telle façon que dès l’apparition d’un incident, celui-ci se limite à un compartiment (par exemple, à l’aide d’une séparation avec des murs de terre, le saisi des pièces projetées, des compartiments ignifuges) sans nécessiter l’intervention des services de secours. Ceci est seulement réalisable dans la phase de conception et doit être constamment vérifié. Les services de secours doivent dans ce cas se concentrer sur l’évacuation et l’extinction des incendies secondaires aux alentours. 3. Le stockage des feux d’artifice et explosifs Pour le stockage des explosifs et feux d’artifice, on trouve quelques exigences de conception. 3.1. Prévention contre le vol Des prescriptions légales pour la prévention contre le vol existent dans la plupart des pays. Ces mesures sont souvent très détaillées et imposent un temps de délai du cambriolage de 3 à 5 minutes, à côté d’une capacité de détection. Le but de ces mesures est de rendre possible un suivi d’alertes avant que le vol n’ait eu lieu. 3.2. Protection contre les influences climatiques et extérieures (explosion et feu) Les règles pour la protection contre les influences externes diffèrent de pays en pays et sont liées aux conditions climatiques réelles. Il s’agit des distances de sécurité internes, des écrans internes (murs de terre) et l’absence de matériaux combustibles autour des lieux de stockage. 3.3. Protection contre la détonation/déflagration des matériaux stockés Tous les pays connaissent des prescriptions pour éviter la détonation/déflagration du contenu des dépôts. Ces mesures ont trait à : 5 - l’interdiction d’allumer un feu à l’intérieur ou dans les environs des lieux de stockage ; la protection contre la foudre ; des exigences pour les installations électriques ; des exigences pour les distances aux conduits électriques de surface ; des exigences pour les distances aux mâts de télécommunications ; des mesures contre l’électricité statique ; des exigences pour les matériaux de construction et outils dans les lieux de stockage, plus spécifiquement l’interdiction des outils métalliques et des échafaudages en acier ou en fer non peints. 3.4. Mesures internes pour limiter la réaction au sein du dépôt Il s’agit de mesures qui limitent la propagation d’un incident dans le dépôt. Quelques points d’attention sont : - la détection électronique suivie d’un arrosage en abondance avec de l’eau (sprinklers); pas de stockage de matériaux autres que des explosifs ou des feux d’artifice ; pas de matériaux combustibles dans le dépôt ; nettoyage et prévention d’accumulation de poussière ; inspections périodiques ; mode d’entassement, éviter les chutes ; présence d’écrans internes extincteurs de flammes. 4. Problématique du choix entre un dépôt de stockage léger ou à grande résistance 4.1. Introduction Ce paragraphe présente les résultats de calcul de structures types soumises à des effets d’explosions, en tenant compte de la distinction entre les effets de l’explosion d’un explosif militaire et l’explosion de feu d’artifice. Dans le but d’obtenir des ordres de grandeurs, on examinera la réponse dynamique d’un dépôt de stockage avec une hauteur, largeur et profondeur fixes, pour des diagrammes pression-temps qui sont typiques pour l’explosion d’un explosif militaire d’un côté et pour l’explosion de feu d’artifice de l’autre côté. Lors de l’initiation d’une quantité de feu d’artifice dans un dépôt, la réaction chimique de combustion est lente par rapport à celle des explosifs, mais la quantité d’énergie libérée est similaire et parfois même plus importante. Cette énergie se libère sous forme 1° d’une onde de choc, caractérisée par un temps de montée plus grand que pour des explosifs et un pic de pression moins important, et 2° une grande chaleur (parfois mal évacuée à cause de la faible production de gaz). L’augmentation de la pression et de la T° risquent d’initier très vite les autres pièces de feu d’artifice (sensibles !) stockées dans le même endroit. L’effet s’aggrave lorsqu’il n’y a pas de ventilation suffisante, ou parfois même par le simple confinement dû à l’emballage. Ceci peut mener à l’initiation de tout le contenu du dépôt, ce qui multiplie les effets. Une caractéristique importante pour les feux d’artifice, est donc la très haute chaleur produite, qui engage le reste des matériaux stockés dans le même dépôt. Ceci a des conséquences pour la structure du dépôt : - en général, un bunker solide risque de provoquer un effet de confinement, suivi d’une explosion catastrophique (avec les effets de l’onde de choc ruinant la structure et projetant les débris). Il faut donc prévoir dans ce cas des parois qui puissent résister, ce qui demande des épaisseurs énormes ; - une grande différence avec l’onde de choc due à l’explosif est la présence de la grande chaleur, qui déterminera fortement le comportement des matériaux des parois : le 6 béton se pulvérise à cause de l’immense pression de l’eau vaporisée dans les pores, l’acier se liquéfie, avec parfois projection de gouttelettes d’acier liquide qui à grande distance peuvent perforer un obstacle. 4.2. Hypothèses de calcul Les résultats présentés ici ne tiennent pas compte des changements de propriétés des matériaux sous l’effet des grandes chaleurs. On suppose qu’il y a un maximum de ventilation et évacuation de chaleur ; dans ces conditions, on ne regarde que l’effet de l’onde de choc, tout en l’étalant sur une plus grande base de temps que dans le cas d’une onde de choc due à un explosif. Pour la comparaison explosif-feu d’artifice au point de vue onde de choc, nous partons des principes suivants : - l’équivalence en énergie chimique disponible ; la même impulsion ; pour le feu d’artifice en particulier (et par rapport à l’explosif) : - une plus grande durée de la phase positive ; un temps de montée important (en général x 3); une pression moins importante (en général divisée par 3). Les calculs ont été réalisés sur base des méthodes expliquées dans le « US Technical manual » TM 5-1300 (voir aussi MAYS, SMITH, BOURGOIS). Ce calcul se base sur les principes suivants : • • l’élément de structure (les parois) est remplacée par un système SDOF (Single Degree Of Freedom) avec une fonction de résistance bilinéaire pour béton armé (figure 2) ; une déflection maximale autorisée est choisie, basée sur les exigences de protection (voir figure 3); 7 Figure 2 Représentation schématique de la fonction de résistance d’une paroi en béton armé Figure 1 Critère de rotation d’angle 4.3. Données de calcul La structure choisie a les dimensions semblables à celles d’un conteneur 20 pieds et est composée de murs de différentes épaisseurs en béton armée, avec un pourcentage d’armature symétrique de 2%. Les charges considérées sont reprises dans le tableau 1. Les explosifs sont mis au centre du conteneur. Le tableau 1 présente également les effets d’une explosion (surpression, impulsion et durée de la phase positive) sur une paroi latérale du conteneur ; il s’agit de la pression et impulsion uniformes équivalentes sur une bande représentative de 1m de largeur et de 2,5m de hauteur, à une distance de 1,25m de la charge (au niveau de la base) : voir figure 4. 8 1m target Epaisseurs des murs choisies : • 20 cm • 40 cm • 80 cm • 120 cm 2,5m 2,5m 6m Figure 4 Modélisation de la structure à examiner et position de l’explosion Tableau 1 Charges d’explosifs militaires considérées et effets sur une paroi latérale du conteneur (voir la figure 4) Peq (kPa) Td (msec) Charge (kg TNT eq) Ieq (kPa-msec) 5 5 100 0,1248.10 0,5693.10 0 ,44 500 0,4260.105 0,1248.106 0,68 5 6 1000 0,6423.10 0,1675.10 0,77 2000 0,1029.106 0,2175.106 0,95 La déflection maximale autorisée est caractérisée par un angle θ = 4° (voir figure 3). Ceci classifie notre structure dans les catégories de protection 2. Ceci est la catégorie recommandée pour la protection des éléments structurels ; cette limite de déformation implique que la structure sera déformée plastiquement, mais n’écroulera pas à cause de la charge. 4.4. Résultats des calculs Un premier calcul tient compte de l’impulsion engendrée par l’explosion. Un deuxième calcul tient compte des gaz qui sont produits pendant l’événement et qui sont évacuée plus lentement. En dernier lieu, on tient compte des réflexions qui se produisent au sein de la structure fermée. Pour tenir compte de se phénomène, une impulsion de 1,75 ieq est considérée avec une durée de 3 td. Les résultats des trois calculs pour les explosifs militaires, sont repris dans le tableau 2. En accord avec le raisonnement de base, présenté dans l’introduction de ce paragraphe, l’allure schématisée (voir figure 1) du diagramme pression-temps pour une explosion de feux d’artifices et une explosion d’un explosif militaire, est adoptée. L’hypothèse de conservation d’énergie est prise en compte. Ceci veut dire que nous conservons une même énergie libérée pendant l’explosion, mais que cette énergie est plus étalée dans le temps pour les feux d’artifices. Les calculs montrent qu’une même paroi supporte mieux une explosion de feux d’artifices (explosion lente) qu’une explosion d’explosifs militaires (explosion rapide). 9 Tableau 2 Résultats pour la résistance des parois en béton armée de différentes épaisseurs aux explosifs militaires Résistance des parois aux explosifs 20 cm 40 cm 80 cm 120 cm militaires 100 (kg TNT eq) Non Non Résiste Résiste 500 (kg TNT eq) Non Non Non Résiste 1000 (kg TNT eq) Non Non Non Non 2000 (kg TNT eq) Non Non Non Non Remarque importante : Le fait que les calculs des parois sont plus favorables pour l’explosion lente des feux d’artifices, pourrait mener à un choix d’une paroi moins épaisse que celle nécessaire pour résister à une explosion rapide. Cependant, le grand risque que les systèmes de détente de pression typique pour les bunkers d’explosifs, ne fonctionnent pas d’une manière efficace dans les bunkers de feux d’artifices (à cause de la plus faible pression), est un argument pour garder l’épaisseur obtenue par le calcul de l’explosion rapide. Pour les feux d’artifice, on revient donc à des résultats tout à fait similaires que dans le tableau 2. Pour résister à une explosion de 500 kg équivalent TNT de feux d’artifices, une paroi en béton armé (pourcentage d’armature de 2%) avec une épaisseur de 120 cm est nécessaire. Une paroi de 80 cm en béton armée peut suffire pour une explosion de 100 kg équivalent TNT de feux d’artifices. 5. Conclusions : quelques recommandations pour les endroits de stockage Quelques recommandations importantes peuvent être identifiées : - - choisir des constructions légères avec des murs de terre à parement vertical autour de tous les compartiments (donateurs ou accepteurs). Les matériaux de constructions modernes et légers, des grillages qui absorbent de l’énergie et résistent à la chaleur et des cloisons empilables ouvrent des nouvelles possibilités pour les constructions de stockage. Ceci peut contribuer à l’augmentation de la sécurité du stockage. Des études et essais supplémentaires sont souhaitables avant toute application de ces idées. limiter à 75°C la température dans les compartiments ou parties de compartiments ; les lieux de stockages internes ne peuvent pas faire partie intégrante de la structure portante du bâtiment ; prévoir une sécurité à l’incendie élevée des compartiments ; prendre des mesures pour absorber les fragments, par exemple à l’aide de grillages ; ne pas poser de matériaux combustibles dans la zone de projection ; obligation de détection de feu et de vol ; obligation de paratonnerre ; obligation de protection des installations électriques contre la surtension ; retarder le cambriolage de 5 minutes par compartiment ; le temps de réaction à une alerte doit être inférieur au temps de détection et au temps d’accès du premier compartiment ; stockage séparé des explosifs et des dispositifs de mise à feu ; les dispositifs de mise à feu doivent être enfermés (ralentissement de cambriolage de 5 minutes) à l’intérieur du bâtiment ; utilisation de clôtures avec détection autour de chaque zone de stockage et autour du site complet (3 minutes de ralentissement contre le vol) ; 10 - installer un endroit de chargement et déchargement pour des conteneurs ISO si d’application. Remarque Le stockage de feux d’artifice n’est pas autorisé dans des constructions métalliques (fer ou acier) qui ne sont pas peintes. Le stockage de feux d’artifice dans un endroit présentant de l’oxydation à l’intérieur ou à l’extérieur constitue un risque supplémentaire. La rouille semble avoir une influence sur l’aggravation d’un incident avec des feux d’artifice (sujet de recherche actuel). 6. Epilogue : l’entrepreneur comme facteur principal de limitation de risques Les risques liés au stockage, au transport et à l’utilisation des explosifs et des feux d’artifice dépendent beaucoup de l’expérience du responsable (l’entrepreneur). Il ne sert à rien d’imposer des mesures de sécurité, très coûteuses, si les infractions volontaires ou involontaires commises par l’entrepreneur ne sont pas sévèrement sanctionnées. En cas d’infraction à la réglementation, il faut alourdir les peines, augmenter la couverture en responsabilité civile et retirer les licences d’exploitation des activités à risques. L’augmentation de la responsabilité civile en combinaison avec une assurance obligatoire fait porter la charge de surveillance de la sécurité par les acteurs privés (l’entrepreneur et l’assureur) au lieu de l’Etat. En même temps, une relation se développe entre l’exécution, le respect des réglementations et le résultat financier de l’entreprise. Le montant de la prime d’assurance dépend des risques et du montant des dommages. Dans cette situation, il est intéressant pour l’entrepreneur d’investir dans la sécurité. 11 Références BABRAUSKAS, V., The ignition handbook, ISBN 0-9728111-3-3, 2003. DE WOLF, K., VANTOMME, J, Comparaison des législations au sujet du stockage des explosifs et des feux d’artifice, Rapport N° 07-017755, ERM, 2007 MAYS, G.C., SMITH, P.D., Blast effects on buildings, Design of buildings to optimize resistance to blast loading, Thomas Telford, 1995 TM5-1300, US Department of the Army Technical Mabual, Design of structures to resist the effects of accidental explosions, 1990. Remerciements Les auteurs remercient Messieurs Bas Van Den Heuvel (bureau d’étude MSNP) et Jody Borgers pour leurs contributions scientifiques à cette étude, effectuée dans le cadre d’un projet de recherche de l’Ecole Royale Militaire à la demande du Service Public fédéral Economie, P.M.E., Classes moyennes et Energie, Qualité et Sécurité, Division Sécurité. 12