Les moteurs du développement de la métropole Nantes Saint
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Les moteurs du développement de la métropole Nantes Saint
__________________________________________________________________________ Les moteurs du développement de la métropole Nantes Saint-Nazaire __________________________________________________________________________ Par Laurent DAVEZIES Stratégie métropolitaine L’analyse par Laurent Davezies des moteurs du développement économique de la métropole Nantes Saint-Nazaire Dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par le Syndicat Mixte du SCOT, la SAMOA conduit une réflexion sur la stratégie de la métropole Nantes Saint-Nazaire en privilégiant une démarche de projets qui doit concourir à la constitution d’une culture partagée sur les enjeux métropolitains. Dans le champ du développement économique, la SAMOA a décidé de faire appel à l’économiste Laurent Davezies, Professeur à l’Université Paris Val de Marne, en poste à l’institut d’urbanisme de Paris et expert reconnu auprès d’institutions nationales et internationales. Auteur de diagnostics territoriaux pour des collectivités territoriales françaises, ses travaux de recherche portent essentiellement sur les politiques régionales, les politiques urbaines et de développement économique local ainsi que les politiques financières publiques. Fin connaisseur des territoires français, c’est également un observateur avisé des réalités locales de notre territoire, pour avoir mené, en février 2004, une étude sur les moteurs de la CARENE intitulée « Le développement de la CARENE dans son environnement». Il revient ici, à notre demande, pour dresser une analyse des moteurs du développement économique de la métropole Nantes Saint-Nazaire. Une métropole qui, comme nous le verrons, ne peut se limiter à ses seules limites institutionnelles et que nous nous sommes, dès lors, efforcés d’exprimer le plus conformément possible à la réalité vécue de ce territoire. L’expertise qui procède d’une nouvelle approche de l’économie territoriale de Nantes Saint-Nazaire permet là aussi de resituer le rôle et la particularité de chaque sous ensemble, mais autorise avant tout à comprendre le fonctionnement général de cette réalité métropolitaine et à saisir la pertinence de raisonner à une échelle élargie. Un regard comparatif sur les autres aires métropolitaines françaises permet par ailleurs d’éclairer la singularité de son développement. Cette expertise a fait l’objet d’une restitution au cours d’un atelier (23 février 2005) auprès d’élus et de techniciens du SCOT et sera soumis au débat lors de la conférence métropolitaine du 10 juin 2005. La diffusion de ces données nous paraît être un enjeu pour les acteurs de ce territoire. La SAMOA se propose dans ce document d’en faciliter la lecture par une synthèse des analyses de Laurent Davezies (I) avant la restitution de son étude (II) et l’explication du découpage retenu pour le territoire d’étude. La SAMOA met également à disposition du lecteur intéressé le dossier complet de l’expertise avec données chiffrées, cartes, graphiques à l’appui. 1 __________________________________________________________________________ I Synthèse SAMOA des analyses de Laurent DAVEZIES __________________________________________________________________________ Laurent Davezies : agir pour maintenir la dynamique Laurent Davezies fonde son analyse du développement local sur les revenus dont dispose un territoire. Il nous éclaire sur la diversité des « moteurs économiques » de la métropole Nantes SaintNazaire et la nécessité d’une action publique forte pour préserver les sources de ce développement atypique. 2-1 Le périmètre d’étude de la métropole Nantes Saint-Nazaire (carte page 3) Le territoire d’étude pour l’intervention de Laurent Davezies a été composé de la façon suivante : A la base, les aires urbaines de Nantes et de Saint-Nazaire, celles d’Ancenis et de Clisson ainsi que les communes multipolarisées s’y rattachant. Cet ensemble constitue pour l’INSEE l’ensemble urbain Nantes Saint-Nazaire. Ont été rajouté les territoires suivants : Les pôles d’emploi de Pornic et Saint-Brévin ainsi que les communes de l’espace rural interstitiel entre ces pôles et l’aire urbaine de Nantes (le pays de Retz) - Le pôle d’emploi de Blain, constitué de la seule commune de Blain. - Population (99) Nombre d’emplois (99) : 1 024 075 : 408 447 Cet espace informel n’a d’autre vocation que de représenter une base d’étude, plus proche de la réalité économique que le découpage institutionnel. Mais il est aussi discutable, en tout cas dans ses marges, sans que cela ne remette en cause les grandes données économiques qui s’y rattachent. z Sources statistiques de Laurent Davezies INSEE UNEDIC DGI CNAF Ministère du Tourisme Annexe 1 : Le découpage du territoire (à la fin de ce document) Annexe 2 : les données statistiques de Laurent Davezies « les moteurs du développement de la métropole Nantes Saint-Nazaire », éléments du rapport, janvier 2005 (communiqué sur demande). 2 Les territoires vécus de l’INSEE - Datar Périmètre d’étude de la métropole Nantes – St Nazaire 3 2-2 L’équilibre des revenus de la MNSN explique sa dynamique z Chiffres à l’appui, Laurent Davezies s’écarte résolument des analyses traditionnelles : . Le développement d’un territoire local n’est pas seulement lié à l’efficacité de ses entreprises engagées dans la compétition économique mondiale. L’évolution de son produit intérieur brut, le rapport entre le PIB et le nombre d’habitants ne suffisent pas à éclairer sa situation économique. Pourquoi, sinon, l’Ile-de-France, qui est l’un des territoires les plus productifs au monde, connaît-elle les difficultés que l’on sait ? . La cohésion sociale d’un territoire est un facteur de développement économique, autant que la présence d’infrastructures ou d’ « emplois métropolitains supérieurs ». Elle n’est pas un effet mais une condition de la croissance économique locale. La cohésion donne à un territoire la « solidité » dont a besoin l’économie pour s’y développer. Les métropoles qui créent de la richesse au détriment de leur cohésion sociale et spatiale s’affaiblissent : le revenu y progresse moins vite que la valeur ajoutée, le cadre de vie s’y dégrade et une part croissante de leurs actifs les quittent. Les villes fragmentées, déchirées, ont de moins bonnes perspectives de développement. . Ce constat ne contredit pas l’analyse selon laquelle la création de richesse est un préalable à sa redistribution, mais il oblige à lui donner une perspective renouvelée, plus large : la richesse d’un territoire local n’est pas ce que produisent ses entreprises mais les revenus qu’il attire et leur transformation plus ou moins grande en activités domestiques. La base économique d’un territoire, constituée par ces revenus, est exposée à la concurrence avec les autres territoires. Le secteur domestique est moins directement soumis à cette concurrence. . Traduction de cette analyse ci-dessous à travers le cas de la métropole Nantes SaintNazaire, étudié par Laurent Davezies. Æ Les revenus captés forment la « base économique ». Ils ont quatre sources : . La production de biens et services vendus à l’extérieur, dite aussi base productive privée : Sur la métropole Nantes Saint-Nazaire, la base productive est formée des revenus de 100 000 salariés, dirigeants d’entreprises, 7 000 agriculteurs et pêcheurs vivant et travaillant sur ce territoire. Elle s’élève à 2,4 milliards d’euros de revenus. Soit une base productive représentant 25 % du total des revenus formant la base économique locale. Trois territoires différents : la zone de Saint-Nazaire dont les spécialisations industrielles constituent un puissant moteur pour l’ensemble de la MNSN et dont l’emploi continue à se développer (+ 1 600 salariés entre 1993 et 2001) ; le cœur de l’aire urbaine de Nantes qui se spécialise dans les activités à haute valeur ajoutée et dont l’emploi croit rapidement (+ 6000) ; le reste de la MNSN qui, à l’exception des zones résidentielles littorales, se partage un spectre d’activités industrielles (à noter, dans ces territoires industriels périphériques , la croissance forte des dirigeants d’entreprises de plus de 10 salariés) . Les salaires publics, dite base publique : Sur la métropole Nantes Saint-Nazaire, la base publique fait rentrer 1,8 milliards d’euros de revenus, issus des revenus de 96 000 salariés du secteur public. Soit une base 4 publique représentant 19 % du total des revenus formant la base économique locale. Les deux tiers des emplois publics sont localisés sur l’unité urbaine de Nantes. Pas de sur-représentation par rapport aux autres emplois comparé à la moyenne nationale. . Les revenus de personnes résidant mais ne travaillant pas sur le territoire local, dite base résidentielle (ou présentielle, liée à la présence). Sur la métropole Nantes Saint-Nazaire, la base résidentielle fait rentrer 4,1 milliards d’euros de revenus, issus des revenus de 26 000 actifs travaillant en dehors de ce territoire (0,5 milliard d’euros), 171 000 retraités (2,3 milliards d’euros), et des dépenses des touristes (1,3 milliard d’euros). Soit une base résidentielle représentant 42 % de la base économique locale. La balance de la MNSN est négative avec les zones voisines de l’Ouest. Elle leur fournit des emplois et des revenus à plus d’actifs résidant sur ces zones qu’elles ne le font pour les siens. Mais elle est positive avec l’Ile-de-France (effet TGV) Spécialisation sur l’accueil résidentiel des cadres : 10 % des cadres vivant dans la MNSN n’y travaillent pas : 3 400 cadres vivant hors de la MNSN viennent y travailler, 5 100 cadres vivent dans la MNSN et travaillent ailleurs. Soit un solde positif de 1 700 cadres dont le revenu est dépensé sur place alors qu’ils n’y travaillent pas (qui représentent aussi un potentiel d’emplois de haut niveau à capter ou développer sur place). Les retraités pèsent moins lourd parmi les titulaires de revenu qu’en moyenne en province (indice 100, MNSN 89), mais leur nombre progresse plus vite (23 % contre 16%) : « entre 1990 et 1999, quand la MNSN enregistre un gain de 49 000 actifs occupés, elle enregistre 32 000 retraités supplémentaires ! ». De ces 32 000, 12 000 sont imputables aux retraités venus de l’extérieur de la MNSN. 37% de ces retraités venus de l’extérieur habitaient en Ile-de-France neuf ans plus tôt. L’emploi des secteurs touristiques progresse plus vite que la moyenne de la province (39 % contre 33%), soit 2 700 créations nettes d’emplois entre 1993 et 2001. Forte spécialisation des territoires littoraux dans le tourisme et la présence de retraités . Les revenus issus des prestations sociales : c’est la base sociale Sur la métropole Nantes Saint-Nazaire, cette base sociale fait rentrer 1,2 milliards d’euros de revenus. Soit une base sociale représentant 14 % de la base économique locale. Æ La base économique d’un territoire génère une activité domestique indispensable à sa cohésion sociale: . Les biens et services produits et vendus localement pour répondre à la demande des habitants (boulangers, femmes de ménage, médecins, agents immobiliers, garagistes, etc.). Sur la métropole Nantes Saint-Nazaire, l’activité domestique représente la moitié des 410 000 emplois. 5 . L’activité domestique est déterminante pour la cohésion sociale locale : ces emplois sont « largement abrités de la concurrence mondiale, peuvent maintenir une activité non technologique, à faible gain de productivité, donc plus ouverts aux actifs locaux les moins qualifiés ». Contrairement au secteur productif privé et à ses « emplois métropolitains supérieurs » l’activité domestique influe fortement sur le taux d’emploi et le taux de pauvreté d’un territoire local. z La dynamique de Nantes Saint-Nazaire « L’avantage comparatif économique de la MNSN tient globalement à une capacité d’attraction liée à sa diversification fonctionnelle (productivo-résidentielle), elle-même génératrice d’une cohésion sociale et territoriale qui joue à son tour le rôle d’un turbo dans l’activité de ce territoire ». Æ La démographie . Deuxième croissance des métropoles millionnaires derrière Toulouse entre 1990 et 1999. Idem pour le solde migratoire. Æ L’équilibre des bases économiques . La base résidentielle apporte autant que la base productive privée et la base publique réunie. . Parmi les métropoles millionnaires françaises, la MNSN est la seule à avoir trois sources de revenus, productif, public, résidentiel fonctionnant de manière conjointe : « Trois moteurs poussent mieux que deux. La dynamique de la MNSN comparée aux autres villes millionnaires est, en dépit de son profil plus modeste, remarquable, et en accélération ». « Aucune des composantes du développement territorial ne l’emporte parce qu’elles y sont toutes présentes… et s’épaulent mutuellement ». « Le modèle qui apparaît, à l’examen, le plus dynamique, par comparaison entre les territoires français est celui de l’équilibre, associant créations de richesses par la production et revenus résidentiels et publics. C’est ce que l’on trouve dans la MNSN ». . « L’aire urbaine de Paris, celles de Lyon et de Toulouse, dépendent plutôt de bases productives et publiques, celles d’Aix-Marseille et de Lille de bases publiques, celle de Nice de base résidentielle. L’aire urbaine de Rennes, beaucoup plus petite, ne dispose pas de base résidentielle significative ». . Attention : cet équilibre tient à « l’intégration d’une aire urbaine publique (Nantes) et d’une aire urbaine productivo-résidentielle (Saint-Nazaire) ». A bien y regarder, la MNSN « est encore un agrégat faisant interagir des territoires de natures et de fonctions très diverses et dont l’ensemble est assez différent de ce que l’on trouve aujourd’hui dans les grandes métropoles françaises ». Æ La très bonne transformation en emplois domestiques grâce à la forte « présentialité » . Progression de 32 % entre 1993 et 2002 des emplois domestiques « purs », ne se développant qu’en fonction de la demande locale des ménages. La plus forte progression des métropoles millionnaires. 6 . Les interactions positives entre des composantes territoriales très différentes se lit dans le fait que la circulation monétaire y semble très élevée. . Cette forte dynamique tient aussi au niveau élevé de « présentialité ». La « présence » mesure la population réellement présente sur un territoire un jour donné, soit l’équation : Population habitante – population habitante absente + population non habitante résidante = population présente La « présentialité » est le fruit des aménités que développe un territoire, de l’envie que l’on a ou non d’y résider lorsque l’on a le choix. . Cette « présentialité » a une conséquence directe sur la demande locale. Dans les Yvelines, 70 % de la population est là le jour le moins présent et 103 % le jour le plus présent. En Loire-Atlantique, l’écart est très faible : 97 % le jour le moins présent, 106 % le jour le plus présent. Ceci garantit un niveau élevé et soutenu de consommation, donc d’activités domestiques, tout au long de l’année sur le territoire. Æ La croissance de l’emploi . Emploi total : Seconde position, derrière Toulouse, pour la croissance de la population active occupée (1990-1999), loin devant les autres métropoles millionnaires : 13,6 % pour la MNSN, 14,6 % pour Toulouse, 4 % pour Lyon, 3 % pour Aix-Marseille, 4 % pour Lille-R-T, 2 % pour Nice. . Emploi salarié privé : Seconde position, derrière Toulouse, pour la croissance des emplois salariés privés et la croissance des emplois de cadres d’entreprise entre 1993 et 2002. Première place pour la croissance des professions libérales. « Toulouse et la MNSN ont en commun d’avoir connu une croissance régulière de leur emploi salarié privé qui suggère un mécanisme structurel plus fort que les turbulences conjoncturelles ainsi qu’une base économique moins élastique aux variations conjoncturelles (revenus publics et résidentiels) ». . Faible poids des cadres d’entreprise et professions intellectuelles supérieures dans ses actifs occupés : Sixième position des métropoles millionnaires (13,4 % contre 17 % à Lyon, 20 % à Toulouse), mais seconde position pour leur croissance (derrière Toulouse). Æ Le revenu des ménages . Situation modeste : quatrième rang des métropoles millionnaires : 8 089 euros / hab, contre 8 540 à Toulouse, 8 976 à Lyon et 9 540 à Nice. Plus élevé qu’à Aix-Marseille et Lille-R-T. Impôt sur le revenu par foyer égal à la moyenne de province, ce qui est peu pour une métropole millionnaire (MNSN 99, province 100, France 118, Ile-de-France 176). Æ La cohésion territoriale . Le modèle classique de la « polarisation-fracture » métropolitaine ne semble pas s’appliquer, au contraire : toutes les composantes territoriales y gagnent ». 7 . Les emplois des secteurs basiques productifs se sont développés dans presque toute la MNSN, et plutôt plus rapidement hors des unités urbaines de Nantes et de Saint-Nazaire (qui représentent toutefois 9 500 des 15 000 créations nettes d’emplois salariés privés entre 1993 et 2001). . Les 14 zones d’études de la MNSN ont eu, entre 1993 et 2002, une croissance de l’emploi salarié privé supérieure (de 27% à 75%) à la moyenne de la Province (21%), à celle de la France (18%) et a fortiori à celle de l’Ile-de-France (12%). Dans les 14 zones, on constate la corrélation entre croissance des cadres et croissance des ouvriersemployés qui singularise la MNSN. . « L’unité urbaine de Saint-Nazaire, qui est la plus pénalisée en termes sociaux, est la grande gagnante au jeu de la création nette d’emplois induits (activités domestiques), avec une croissance de 37 % de ce type d’emplois entre 1993 et 2002 ! ». . Tous les territoires internes de la MNSN enregistrent une croissance du revenu des ménages, et ce ne sont pas les territoires les plus riches dont le revenu augmente le plus vite : le revenu des ménages a augmenté moins vite dans l’unité urbaine de Nantes que dans les 13 autres zones d’études. De ce fait, la croissance des emplois domestiques, liés à la demande locale, se fait sur toute la MNSN. Æ La cohésion sociale . Le plus faible taux de population vivant en dessous du seuil de pauvreté, avec Lyon, des métropoles millionnaires, et le plus fort taux de réduction de ce taux dans les années de croissance 1996-2000 (11 % parmi les moins de 65 ans, - 7,9 %), contre 20 % à AixMarseille, 17 % à Lille-R-T, 15,7 % à Nice, 12,7 % à Toulouse. . La forte croissance des actifs cadres va de pair avec une forte croissance des actifs ouvriers et employés, contrairement au « modèle » métropolitain habituel (Ile-de-France, Lyon). La MNSN partage cette caractéristique avec Toulouse. . « La MNSN a cette particularité de bénéficier à la fois de l’effet « richesse métropolitaine » et de la diversité de la structure de sa base économique lui permettant une réduction plus rapide du nombre de ses pauvres en période d’embellie macroéconomique ». Æ L’intercommunalité favorable à cette cohésion . La comparaison entre les inégalités de potentiel fiscal entre les 14 zones statisticogéographiques et entre les 22 EPCI concernées par le territoire d’étude de la MNSN ne révèle pas de divergence entre les deux, au contraire. Ceci montre que l’organisation politique des intercommunalités a plus été dans le sens des gains de cohésion que l’inverse, à la différence de ce qui est souvent observé dans les aires urbaines à cause de « mariages endogamiques » de communes riches entre elles. Æ Une forme « non métropolitaine » de développement ? « Sous pratiquement tous ses aspects économiques et sociaux, la MNSN apparaît différente de ce qu’est aujourd’hui une métropole française ». Sa forte dynamique n’entraîne pas de fragmentation sociale et territoriale, mais au contraire la solidarité croissante de ses composantes, « son renforcement comme un ensemble socioéconomique » 8 . Diffusion territoriale des emplois et des revenus au lieu de la concentration caractéristique des métropoles. . Croissance conjointe des emplois supérieurs et ouvriers-employés au lieu du découplage habituellement constaté. . Moindre taux de pauvreté que dans les métropoles millionnaires françaises. . Modestie du revenu des ménages par rapport aux métropoles millionnaires françaises. . Services supérieurs aux entreprises (conseil en gestion, publicité, etc.) moins présents que dans la moyenne de province, avec une croissance également moindre : 3,6 % des emplois en 2002 contre 4,1% à Toulouse, 4,3 % à Bordeaux, 5,1 % à Lyon. « La MNSN apparaît à cet égard comme un territoire dont la base productive est plus technique que tournée vers le business management ». 2-3 Les risques et les enjeux que souligne Laurent Davezies « La question est maintenant de savoir si la MNSN a aujourd’hui mangé son pain blanc ou si les résultats d’aujourd’hui prédisent ceux de demain…Sommes-nous face à une forme de développement « pré-métropolitaine » ou « alter-métropolitaine » ? » z Un risque : avoir mangé son pain blanc Æ La diffusion territoriale des activités et la cohésion sociale moins mise à mal qu’ailleurs ne seraient que les signes du retard de la « métropolisation » en cours de NSN. Le rythme de développement étant bien de type métropolitain, la concentration des activités et la ségrégation sociale ne seraient qu’une question de temps. z Un enjeu : Maintenir un développement sur ces bases Æ « Les acteurs locaux français ont souvent tendance à penser que la mondialisation de la production les réduit au statut de « badaud » de l’évolution, voire de la fracture de leur territoire. Les éléments réunis ici visent à monter qu’il n’en est rien ». « Les moteurs actuels – et plus encore futurs – de la croissance locale résident dans la préservation et la fabrication d’un environnement permettant à la fois d’attirer des facteurs de production modernes (capital et travail), de retenir et de porter les projets productifs locaux, mais aussi de préserver le véritable capital que constituent les équilibres sociaux et territoriaux eux-mêmes dépendant de la diversité des spécialisations territoriales et de la qualité du cadre de vie ». Æ La chance d’avoir trois moteurs de développement économique est aussi une « injonction à maintenir et à gérer cet équilibre (..) en inscrivant dans les politiques et les choix d’aménagement les mesures permettant de limiter les risques de surchauffe (urbanisation, coûts fonciers/immobiliers..), d’arbitrer dans les concurrences d’usage du sol entre spécialisations territoriales, de développer des infrastructures permettant une meilleure intégration/fluidité du modèle de développement de la MNSN, d’assurer un équilibre entre fonctions productives et « reproductives » simples et élargies (culture, service public d’éducation…), et de ménager la rente résidentielle, qui comme toutes les rentes se consomme plus qu’elle ne se reproduit ». 9 __________________________________________________________________________ II L’étude de Laurent DAVEZIES __________________________________________________________________________ Les moteurs du développement de la métropole Nantes – St Nazaire Laurent davezies- Université Paris 12- Février 2005 L’étude commandée par la Samoa1 visait à identifier, localiser et évaluer les moteurs du développement de l’ensemble de la Métropole Nantes-Saint Nazaire et à en mesurer les effets sur son développement. Pour aller directement aux conclusions, il s’est agi de comprendre en quoi son fonctionnement métropolitain –ou plutôt peut-être « alter-métropolitain »-, fondé sur un équilibre entre différents moteurs, permettait d’expliquer l’étonnant succès économique et social actuel de ce territoire en même temps que le partage de ce succès ente ses différentes composantes. La présente note vise à synthétiser l’ensemble des analyses qui ont été menées. Le lecteur voulant en savoir plus sur tout ou partie de ces analyses trouvera en annexe leur présentation détaillée sous forme de fiches/diapos thématiques. Le cadre d’analyse : la « théorie de la base économique » En préambule, que le lecteur pressé pardonne l’auteur, il est nécessaire de dire deux mots du contexte théorique de l’étude. Le cadre analytique de cette étude s’écarte en effet résolument des analyses traditionnelles –et dominantes- du développement territorial qui postulent que les qualités des systèmes productifs des territoires, dans un univers de compétition mondialisée, suffisent à leur garantir un développement soutenu. Ces analyses, pourtant, échouent à comprendre pourquoi les territoires les mieux adaptés à cette compétition connaissent aujourd’hui de graves difficultés économiques et sociales (à commencer par l’Ile de France) et négligent les cadres environnemental, social, en bref territorial, dont on peut voir qu’ils constituent pourtant le premier facteur d’un développement productif durable. La notion de « métropole » qui fait aujourd’hui l’objet d’une forme de fétichisme, est, on le sait, à la fois le lieu des gains de compétitivité productive et de déstabilisation sociale et territoriale : le « tout productif » exclut des parts croissantes de la population active la plus vulnérable, alimente la pauvreté, génère la ségrégation socio-spatiale, mine la cohésion des territoires. La « métropole » serait aujourd’hui le seul destin de la grande ville, hors le déclin, et cela à un coût social qui serait inévitable. Le dilemme « métropolisation »-« cohésion » se poserait dans les termes de la tragédie grecque ! La « cohésion » est généralement traitée comme une problématique sociale ou politique n’ayant que peu à voir avec la « vraie économie ». Les économistes, du reste, laissent cette question aux bons soins des sociologues et des géographes et ne l’intègrent pas dans leurs modèles… Elle est cantonnée dans le registre des effets ou des retombées, voulus ou non voulus, et peu ou pas dans celui des facteurs premiers de la croissance locale. Le vocabulaire de la cohésion est chargé de connotations humanistes ou affectives (solidarité, équité, égalité, redistribution,…), alors que si l’on revient à son sens premier, elle évoque d’abord la question de la solidité du corps social (et c’est encore plus vrai du terme solidarité qui dérive directement de solidus). Revenir à cette définition première place la cohésion non pas en aval mais en amont des conditions de développement économique : elle constitue un véritable bien 1 Cette étude a été réalisée à la suite d’une première analyse menée à la demande de la CARENE (Davezies L. (2004) « Le développement de la Carene dans son environnement ». Rapport à la Communauté d’Agglomération de Saint-Nazaire. Œil-CRETEIL-Université Paris 12. Créteil. Polygraphié 45 pages + annexes) 10 public et un facteur de développement autrement plus stratégique que la dotation en infrastructures ou la présence d’ « EMS » (emplois métropolitains supérieurs). Les territoires « métropolitains » qui se développent rapidement en termes de création de richesses au détriment de la cohésion socio-spatiale apparaissent aujourd’hui affaiblis2 : leur revenu progresse moins vite que leur valeur ajoutée, le cadre de vie s’y dégrade et finalement une part croissante de leurs actifs les quittent comme en témoigne le solde migratoire négatif des villes françaises les plus spécialisées dans la production. Dans un contexte, nouveau à l’échelle séculaire, dans lequel la population active française va commencer à décroître en nombre absolu (« Le choc de 2006 » de Michel Godet), la capacité des territoires à retenir et capter les populations de jeunes actifs constituera le principal enjeu de leur développement productif. Mais on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre : ce sont les villes les plus attractives sur le plan résidentiel –et leur « cohésion » fait partie de ces facteurs d’attractivité-, dotées, on le verra, des meilleurs « coefficients de présentialité», qui auront à l’avenir les meilleures perspectives de développement productif. Les villes « solides » ont aujourd’hui de meilleures perspectives économiques que les villes fragmentées, déchirées, duales ou éclatées (pour reprendre les adjectifs accompagnant généralement l’analyse des métropoles). La métropole Nantes-Saint Nazaire (MNSN) constitue d’ores et déjà une illustration de ce nouveau modèle de développement territorial et particulièrement urbain qui est en train d’émerger en France. Par ailleurs, de la même façon que l’on a discuté ce que sont les nouveaux facteurs du développement territorial, il convient d’avoir une définition de ce qu’est ce développement territorial en tant que tel, et, pour les acteurs locaux, de se doter d’un objectif clair et cohérent sur ce qu’ils entendent que soit le futur de leur territoire. La littérature académique ou politico-administrative n’offre pourtant aucune définition explicite du contenu de ce qu’est le développement local ou régional. Les facteurs du développement productif (la compétitivité productive, le PIB par emploi ou habitant,…) ont fini par occuper l’ensemble du champ du développement et sont généralement confondus avec ses effets attendus (l’amélioration durable du bien-être de la population). Le développement comme processus fait l’objet d’une abondante littérature (des fonctions de production des économistes aux analyses sociologiques de la « gouvernance »), mais on ne trouve rien d’articulé sur le contenu du développement. D’où le désarroi analytique et politique face à des situations locales associant système productif brillant et crise sociale et démographique ou, à l’inverse, sousdéveloppement productif et bonne santé sociale… Ce qui apparaît aujourd’hui comme la seule approche analytique rendant compte de la nature et des facteurs du développement d’un territoire est l’ancienne « théorie de la base économique », datant de plus d’un siècle et généralement oubliée (mais maintenue et transmise par quelques auteurs comme Loeiz Laurent, l’ancien directeur de l’Insee Bretagne). 2 Davezies L. (2003) La diversité du développement local dans les villes françaises. Rapport à la DATAR. ŒilCRETEIL-Université Paris 12. Créteil. Polygraphié 60 pages + annexes. (on trouvera dans le Premier Rapport de l’Observatoire des Territoires, a paraître à la Documentation Française à l’été 2005, l’essentiel des analyses et cartes développées dans ce rapport non publié). 11 Dans cette approche, le développement d’un territoire repose sur deux facteurs : (i) sa capacité à maximiser les flux de revenus –appelé « base économique »- en provenance du reste du monde (y compris de la France) et (ii) l’intensité de la circulation monétaire interne (i.e. la propension des ménages du territoire à consommer localement). Le développement, en tant que résultat, est exprimé en termes d’emplois, de revenus et de croissance démographique du territoire. Cette approche par les revenus permet de rendre compte de ce qu’est la réalité du développement de la population locale et de ses enjeux3. Le "secteur basique" est celui qui apporte toutes sortes de revenus captés hors de la ville. L’autre secteur de la ville est le "secteur domestique" dont le développement est induit par la base économique par des mécanismes multiplicateurs d'emploi et de revenu. Il s'agit de secteurs d'activité produisant des biens et des services vendus localement (boulangers, médecins, commerçants, aides ménagères…). Ces secteurs, et la population qu'ils font vivre, dépendent de la demande locale et du revenu local eux-mêmes déterminés par la base et par la propension à consommer localement de la population. Il y a donc deux secteurs économiques locaux : l’un exposé à la concurrence avec les autres territoires et le reste du monde, l’autre protégé de la concurrence et qui permet aux actifs les plus vulnérables d’être employés, inclus dans la société locale, par le biais d’activité à faible productivité et à ajustement structurel lent. L’excellence et la vulnérabilité peuvent ainsi cohabiter d’autant plus positivement (et par des mécanismes de solidarité d’abord marchands) que les flux de revenus basiques et leur propension à stimuler les dépenses locales sont élevées. La métropole Nantes Saint Nazaire, singulière par la structure moyenne de ses bases. Le territoire de la MNSN regroupe un million d’habitants et permet de hisser ce territoire dans le cercle restreint des villes millionnaires de la province française (aires urbaines de Lyon, Aix-Marseille, Lille, Toulouse et Nice). À l’examen, ce qui apparaît frappant est le fait que, dans ce club, –y compris si on y ajoute l’aire urbaine de Paris- la MNSN est celle dont les bases du développement économique sont les plus équilibrées. Les revenus qui viennent irriguer son économie proviennent à la fois (i) de la contrepartie des ventes de biens et services produits dans la MNSN et vendus à l’extérieur (base productive privée), (ii) des salaires publics (base publique), (iii) ainsi que des revenus apportés par des agents qui ne travaillent pas dans la MNSN (base résidentielle) : retraités, touristes et actifs y vivant et travaillant hors de la MNSN). L’aire urbaine de Paris, comme celles de Lyon et de Toulouse, dépend plutôt de bases productives et publiques, celles de Marseille-Aix et de Lille de bases publiques, celle de Nice de bases résidentielles. La MNSN est la seule, dans ce club, à disposer, à la fois, des trois moteurs (un peu à la façon de ce que l’on retrouve dans quelques rares territoires comme l’aire urbaine d’Annecy). L’aire urbaine de Rennes, beaucoup plus petite, ne dispose pas non plus de bases résidentielles significatives. La MNSN est un territoire qui n’est pas industriel mais qui a de l’industrie, qui n’est pas résidentiel mais qui a des atouts résidentiels, qui n’est 3 Pour des développements conceptuels et méthodologiques, voir : Davezies L. (2004) "Temps de la production et temps de la consommation: les nouveaux aménageurs du territoire?" n° 295 Futuribles. Mars 2004. Davezies Laurent (2000) "Revenu et territoires" in Le développement local, Rapport du Conseil d'Analyse Economique n°31 ,Paris. La Documentation Française. 15 pages 12 pas public mais qui a de l’emploi public… elle est donc mue par trois moteurs, ce qui constitue une chance –la MNSN « en a sous le pied »-, on le verra, en même temps qu’une injonction à maintenir et gérer cet équilibre en opérant plus qu’ailleurs des arbitrages dans leurs concurrences dans l’usage du sol. Tableau 1 : Estimation des revenus basiques de la métropole Nantes-Saint Nazaire- 1999 Note : les montants sont exprimés en francs, pour des évaluations datant d’avant le passage à l’Euro Source : Calculs de l’auteur d’après Dgi, Insee, Unedic, Cnaf,… Tableau 2 : La structure des bases économiques des grandes villes françaises comparée à celles des aires urbaines de Nantes et Saint-Nazaire 13 Une des leçons d’un exercice d’évaluation des bases économiques territoriales réside dans le fait que la part des revenus basiques directement issus d’une activité productive marchande locale est partout largement inférieure à ce que constituent la somme des revenus publics (salaires publics) et des revenus résidentiels (retraites, touristes et salaires d’actifs employés ailleurs). Le « tout-productif », ne garantit donc pas une maximisation du revenu basique (tout en ayant, on l’a dit, une forte propension à exclure les actifs peu ou pas qualifiés). Le « toutrésidentiel » a ses limites également : il se traduit par la consommation d’une rente résidentielle non-renouvelable et qui peut atteindre assez rapidement ses limites, quand le résidentiel n’est pas utilisé comme levier du développement productif, comme on l’observe actuellement par exemple sur la Côte d’Azur. Le modèle qui apparaît, à l’examen4, le plus dynamique, par comparaison entre les territoires français est celui de l’équilibre, associant créations de richesses par la production et revenus résidentiels et publics. C’est ce que l’on trouve par exemple à Annecy. Mais aussi dans la MNSN. La MNSN en tête du peloton des villes millionnaires Trois moteurs poussent mieux que deux ou un : la dynamique de la MNSN comparée aux autres villes millionnaires est, en dépit de son profil plus modeste, remarquable (et en accélération par rapport aux années 1980). Elle opère, dans la roue de Toulouse, un échappée : seconde pour la croissance de la population (1990-99), pour le solde migratoire (la MNSN accélère alors que les championnes des années 1980, Nice et Toulouse, ralentissent), pour la croissance de la population active (et première pour celle des actifs masculins), pour celle de l’emploi total et de l’emploi salarié privé –et l’écart se creuse largement entre Toulouse et la MNSN et les autres villes millionnaires-, pour celle de l’emploi des cadres d’entreprise, première pour la croissance des professions libérales et pour celle des chefs d’entreprise de plus de 10 salariés… Pour autant, la MNSN présente un profil plus modeste que les autres grandes villes, avec un revenu moyen par habitant qui reste inférieur à celui des autres métropoles de Province, à 4 Davezies (2003), déjà cité 14 l’exception de Aix-Marseille et Lille. De même, la MNSN a, des cinq métropoles, le plus faible taux de cadres dans ses actifs occupés. Ce retard, en dépit d’une très forte croissance de leur nombre, est très marqué : 13,5% dans la MNSN contre 20% à Toulouse ou 17% à AixMarseille. Métropole peu « métropolisée » (avec ce que la métropolisation comporte de fractures), la MNSN est encore un agrégat faisant interagir des territoires de natures et de fonctions très diverses et dont l’ensemble est assez différent de ce que l’on trouve aujourd’hui dans le « modèle » des grandes métropoles françaises. Modeste, on l’a dit notamment pour le revenu, mais avec moins de pauvres que les autres : elle est, des métropoles millionnaires françaises, celle dans laquelle la part de la population en dessous du seuil de pauvreté est la plus faible et une de celles dans lesquelles cette population s’est le plus réduite dans les années de prospérité 1996-2000. Cette « modestie » associée à une faible présence de populations pauvres signe le caractère « pré-métropolitain » de la MNSN et reflète, on le verra, la diversité des moteurs de son développement qui, plus qu’ailleurs, offre des opportunités de développement personnels à un large spectre d’actifs y compris peu ou pas qualifiés (à l’inverse, parmi d’autres exemples, de l’Ile de France dans laquelle les succès productifs passent par une exclusion croissante d’actifs vulnérables que la faiblesse des bases présentielles francilienne ne permet pas de réintégrer dans l’activité… d’où les contreperformances sociales spectaculaires de la région parisienne). L’équilibre des bases de la MNSN : une co-production de ses différents territoires… Comment ces différents moteurs se combinent-ils entre les territoires de la MNSN ? On peut d’abord donner quelques ordres de grandeur pour l’ensemble de son territoire: (i) la base productive permet de faire rentrer de l’ordre de 16 milliards de francs (en 2000), grâce au travail de 100 000 salariés et chefs d’entreprises et 7000 agriculteurs/pêcheurs. (ii) La base publique amène de l’ordre de 12 milliards de francs sous forme de rémunération des 96 000 salariés publics. (iii) La base présentielle apporte autant que les deux premières réunies : de l’ordre de 27 milliards de francs par le truchement des 171 000 retraités, des 25 000 actifs de la MNSN qui travaillent ailleurs, des touristes présents dans les 60 000 résidences secondaires et des 25 000 hébergements marchands. On peut estimer que la moitié des 410 000 emplois de la MNSN sont consacrés à des activités tournées vers la demande locale des ménages. Ce sont ces emplois qui dépendent de la demande locale (la propension à consommer localement) et qui, largement abrités de la concurrence mondiale, peuvent maintenir une activité souvent « low-tech », à faible gains de productivité et donc largement ouverte aux actifs locaux les moins qualifiés. Soulignons encore que l’emploi de la MNSN (comme du reste en gros dans la France entière) se partage en un quart exposé à la concurrence des marchés (et évoluant en fonction de la position compétitive du territoire), un quart public (qui évolue avec le peuplement) et une moitié produisant des biens et des services vendus localement (et qui évolue avec la demande, i.e. la présence des populations, leur revenu et leur propension à consommer localement). Dotée de bases diverses et équilibrées, la MNSN est le fait de territoires eux-mêmes diversifiés et complémentaires : 15 - La base productive se partage entre trois types de territoires : (i) la zone de Saint Nazaire, d’abord, dont les spécialisations industrielles (notamment navales et aéronautiques) constituent un puissant moteur pour l’ensemble de la MNSN. Les emplois continuent à s’y développer en dépit des inquiétudes récurrentes sur l’avenir du secteur naval (+ 1600 salariés entre 1993 et 2001). Y travaillent près de 3 000 actifs résidants dans l’aire urbaine de Nantes et ce sont au total près de 16 000 actifs de la MNSN qui rentrent quotidiennement dans l’unité urbaine de St Nazaire pour y travailler ; (ii) le cœur de l’aire urbaine de Nantes, qui se spécialise dans les activités à haute valeur ajoutée (conseil en systèmes informatiques, réalisation de logiciels, ingénierie,…) dont l’emploi croît très rapidement (au total près de 6 000 créations nettes d’emploi entre 1993 et 2001). Ce sont près de 46 000 actifs de la MNSN qui vont travailler dans l’unité urbaine de Nantes… De façon générale, avec une forte concentration nantaise des services supérieurs aux entreprises, l’unité urbaine de Nantes constitue le pôle de services supérieurs de l’ensemble de la zone (et au delà) ; (iii) le reste de la MNSN, à l’exception des zones résidentielles littorales, qui se partagent un spectre d’activités industrielles (agro-alimentaire, matières plastiques, …). Ces activités progressent globalement et pour la plupart, en termes d’emplois, même si certaines enregistrent actuellement des difficultés (textiles, équipements automobiles, papiers cartons,…). C’est dans ces territoires industrieux, non littoraux et « périphériques » des deux grandes aires urbaines que se situe la croissance –on l’a vu, plus rapide que dans les autres métropoles millionnaires- des chefs d’entreprises de plus de 10 salariés. La zone littorale de la Turbale, peu industrielle, parvient à maintenir son emploi dans le domaine de la pêche. Tableau 3 : La base productive privée en 2001. Nombre et indice de spécialisation de l’emploi salarié privé des zones d’étude de la MNSN. industries agro alimentaires industries textiles-maroquinerie-chaussures industries bois papiers cartons edition imprimerie raffinage de pétrole petrole-chimie-pharmacie industrie du caoutchouc transformation des matières plastiques industries verre-ceramique-beton-pierre travail des metaux-fonderie-chaudronnerie fabrication appareils-machines construction navale construction aéronautique et spatiale fabrication de meubles industries diverses informatique-recherche jurid-compta-gestion-pub archi-ingénierie-contrôle techn. Total emploi concerné (indice de présence) Total emploi concerné (nbre d'emplois 2001) MNSN 9 095 2 062 3 230 733 2 091 975 2 345 1 128 2 600 1 251 8 728 17 493 6 468 5 029 1 076 1 943 8 394 9 895 6 124 100 80 765 in UU Nantes in AU Nantes 66 34 69 117 114 46 81 146 75 97 72 95 3 63 61 118 145 126 124 85 42 823 in UU St Nazaire in AU St Nantais- Nantais- in AU NantaisNazaire Sud Nord Ancenis Est 53 236 151 40 365 71 424 640 13 0 49 372 8 284 150 75 200 18 43 27 36 161 178 72 175 435 0 0 0 0 240 115 12 170 0 2 29 9 0 0 88 59 289 118 420 47 67 194 63 114 130 124 120 248 125 67 120 171 365 90 586 0 25 0 0 369 0 0 0 0 54 613 379 11 137 19 31 92 12 0 18 113 20 8 8 71 41 45 45 67 80 62 44 30 34 135 130 116 138 105 17 884 4 147 3 578 2 821 2 143 HORS AU POLE EMPLOI ESPACE RURAL (Sud) 263 0 49 151 18 0 2 0 316 215 95 28 12 0 39 5 3 54 32 68 1 039 16 in AU Clisson industries agro alimentaires industries textiles-maroquinerie-chaussures industries bois papiers cartons edition imprimerie raffinage de pétrole petrole-chimie-pharmacie industrie du caoutchouc transformation des matières plastiques industries verre-ceramique-beton-pierre travail des metaux-fonderie-chaudronnerie fabrication appareils-machines construction navale construction aéronautique et spatiale fabrication de meubles industries diverses informatique-recherche jurid-compta-gestion-pub archi-ingénierie-contrôle techn. Total emploi concerné (indice de présence) Total emploi concerné (nbre d'emplois 2001) 43 1051 1153 64 23 0 5 387 320 0 82 59 0 0 219 957 23 38 34 147 2 015 MULTIPO LARISÉE ARRDT St Nazaire 573 190 40 0 105 0 15 0 0 27 102 195 0 0 64 4 20 48 52 135 1 582 hors UU MULTIPO St LARISÉE Nazaire in AU St HORS AU RURAL UU de la Turbale Nazaire ENCLAVE 308 730 110 0 314 12 13 33 54 0 0 68 74 13 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 25 0 0 261 1174 0 500 385 9 69 161 19 1 0 128 0 13 0 341 86 0 8 48 26 0 2 6 36 48 0 52 2 29 120 190 34 1 187 1 160 110 HORS AU POLE EMPLOI ESPACE RURAL (Nord) 129 608 246 0 49 0 0 0 0 0 188 4 0 0 0 0 0 16 71 68 214 MULTIPO LARISÉE ARRDT Cholet 64 0 0 0 56 0 0 0 0 93 31 20 0 0 0 421 0 75 25 30 62 Source : calcul d’après Unedic - La base publique fondée sur le quart de l’emploi total de la MNSN est concentrée dans l’unité urbaine de Nantes (dans laquelle 30% de l’emploi est public). La forte croissance démographique de la MNSN explique les performances de création nette d’emplois des secteurs éducation/sanitaire/social : avec 31,3% (contre 18,4% en France), soit 11 000 emplois entre 1990 et 1999. La croissance des employés de la fonction publique est moyenne (15,6% contre 15,5% en France), avec 6 700 créations nettes, et celle des cadres publics et professions intellectuelles supérieure, également moyenne (24,5% , comme pour la France) avec 4 500 créations nettes. Ces emplois, fortement centrés sur Nantes bénéficient à de nombreux secteurs de la MNSN dans lesquels résident ces actifs. De façon générale, cependant et en dépit de leur forte croissance, les emplois publics ne sont pas surreprésentés (par rapport aux autres emplois) dans la MNSN par rapport à la moyenne nationale. - La base résidentielle est constituée des pensions de retraites (près de 16 milliards de francs), les dépenses des touristes (8,5 milliards de francs) et les revenus d’actifs résidants dans la MNSN et travaillant ailleurs (près de 3 milliards de francs). (i) La part la plus importante de la base résidentielle est constituée des revenus des 171 000 retraités qui vivent dans la MNSN. Ils constituent de plus, là comme ailleurs en France, le gros de l’augmentation des titulaires de revenu de ces dernières années : dans le même temps où la MNSN voit ses actifs occupés croître de 49 000 unités entre 1990 et 1999, elle enregistre près de 32 000 retraités supplémentaires ! Nombre d’entre eux proviennent de l’extérieur de la MNSN. On peut calculer que l’apport de 17 retraités venus d’ailleurs entre 1990 et 1999 (12 000) représente 7% des retraités 1990 de la MNSN. 37% d’entre eux étaient recensés en Ile de France en 1990… Il s’agit là d’un appoint important de revenus basiques pour la MNSN (et d’autant que les retraités mobiles venant d’Ile de France sont parmi les plus solvables…). La géographie de leur localisation est nettement tournée vers l’ouest de la MNSN et le littoral, au risque même de frôler la saturation (au regard des effets d’évictions qu’une population d’électeurs inactifs peut avoir sur d’autres composantes du développement économique local) dans certaines zones (avec des retraités représentant près de 70% des actifs dans les zones littorales). Pour autant , la croissance de leur nombre, entre 1990 et 1999 se porte nettement dans l’Est et le Sud de la MNSN, permettant un « étalement » de cette population à d’autres composantes de la MNSN, avec leurs effets ambigus sur leur développement (avec les avantages de « l’or gris » et les inconvénients du « grey power »…). Si le nombre de retraités augmente rapidement dans la MNSN, on ne peut pour autant dire qu’elle se spécialise dans leur accueil : leur poids dans les titulaires de revenu de la MNSN est de l’ordre de 27%, à peine supérieur à ce que l’on observe dans l’AU de Lyon (25%) ou de Toulouse (24%) et beaucoup moins que dans l’AU de Nice (34%) et même que dans la Province en général (30%). Dans ses prévisions à 2030, du reste, l’Insee classe la Loire-Atlantique dans les départements qui enregistreront une croissance de leurs personnes âgées inférieure à la moyenne nationale. (ii) La deuxième composante de la base résidentielle de la MNSN est composée des dépenses des touristes (en hébergement marchand et non marchand). Globalement, la MNSN est, une fois encore, dans la moyenne nationale avec une composante touristique n’y pesant pas plus qu’ailleurs, mais pas moins non plus. La part des résidences secondaires dans le logement est la même que pour la moyenne de province (12%), mais plus de trois fois supérieure à ce que l’on observe dans les métropoles millionnaires (à part à Nice). L’offre en tourisme marchand (chambres d’hôtels et places de camping) est légèrement inférieure à la moyenne de Province ainsi que la part de ses salariés privés qui travaillent dans le secteur touristique. En revanche, certains de ses territoires, littoraux, comme pour les retraités, sont fortement spécialisés dans l’accueil et l’économie touristique. De façon générale, il n’y a pas de forte croissance de ce secteur économique dans la MNSN: avec des résidences secondaires se transformant de façon croissante en résidences principales et avec une faible augmentation de l’offre en hébergement marchand (hôtels et campings). La croissance étonnante de la MNSN n’est donc pas portée, mais plutôt accompagnée par son économie touristique. On assiste de façon générale à un certain rééquilibrage au profit de l’est et du sud de la MNSN (chambres d’hôtel) ou du nord de l’estuaire (campings). (iii) La troisième composante de la base résidentielle est le fait des actifs qui vivent dans la MNSN et travaillent à l’extérieur. De façon générale, cependant, la MNSN fonctionne globalement comme un pôle d’emploi qui 18 attire plus d’actifs extérieurs qui viennent y travailler (26 000, soit 6,4% de son emploi) qu’elle « n’exporte » ses actifs vers d’autres lieux d’emploi (24 600, soit 6,0% de sa population active). Ce qui est souvent lu comme un bénéfice net (1 600 emplois) en termes de captation de compétences extérieures au profit de la MNSN correspond aussi à un déficit de revenu basique lié au fait que 1 600 emplois nets (26 000 bruts) générant de la valeur ajoutée (de la richesse) dans la MNSN ne se traduisent par aucun revenu supplémentaire injecté dans l’agglomération. Il n’en reste pas moins que 24 500 actifs résidant dans la MNSN apportent les revenus d’un emploi situé à l’extérieur (soit près de 3 milliards de francs). La balance de la MNSN est négative avec les zones voisines de l’Ouest français (elle fournit des emplois et des revenus à leurs actifs plus qu’ils ne le font pour les siens), mais positive avec l’Ile de France (effet TGV). Concernant les seuls cadres, la situation est différente : la MNSN gagne, en termes de revenus basiques, aux échanges avec les zones voisines comme avec l’Ile de France : près de 10% des cadres vivant dans la MNSN n’y travaillent pas ! (employés à Angers ou à Paris, ils préfèrent vivre dans la MNSN … et y apporter leurs revenus). Il s’agit là d’un double avantage pour la MNSN : parce que cela apporte des revenus d’appoint significatifs et parce que là encore, la MNSN « en a sous le pied » en matière de développement d’activités supérieures, disposant de cette réserve de cadres employables (ou « débauchables ») déjà présents, à l’heure où la raréfaction de la population active française introduit une nouvelle concurrence, notamment sur ce « créneau » des cadres, entre les territoires. Au total donc la MNSN, apparemment moyenne, présente un visage équilibré et complémentaire en termes aussi bien d’avantages comparatifs que de spécialisations fonctionnelles : c’est un territoire industriel mais aussi public et résidentiel, sans que ces deux dernières composantes se substituent à la première : aucune des composantes du développement territorial ne l’emporte parce qu’elles sont toutes présentes… et s’épaulent mutuellement, en s’additionnant, pour maximiser le niveau de la base économique de l’ensemble. Les effets d’entraînement économiques et sociaux de la base de la MNSN Les interactions positives entre des composantes territoriales aussi différentes se lit dans le fait que la circulation monétaire y semble très élevée : la MNSN est plus que les autres villes millionnaires, bien dotée en emplois tournés vers la demande locale et ils y progressent nettement plus vite qu’ailleurs (même à qu’à Toulouse). L’essai marqué par la base économique est transformé par la propension à consommer localement (elle même liée à l’attractivité et aux aménités de la MNSN). 19 Tableau 4 : La présence et le dynamisme de l’emploi salarié privé des activités tournées vers les ménages – 1993-2002. Note: les emplois « domestiques purs » sont un échantillon, conceptuellement homogène, des activités se développant en fonction de la demande locale des ménages. Ils ne constituent pas la totalité, loin de là des emplois domestiques (on a vu plus haut que l’emploi domestique pèse en gros la moitié de l’emploi salarié privé de la MNSN). Source : Unedic On peut même penser, au vu du taux de couverture pour 100 habitants de la MNSN, que leur potentiel de croissance est encore important. Cette forte dynamique des effets de la demande locale sur l’emploi « domestique » de la MNSN tient aussi au fait qu’elle dispose d’un niveau élevé de « présentialité ». Cette notion nouvelle, développée au Ministère du Tourisme par l’équipe de Christophe Terrier (et qui a fait l’objet d’une première présentation aux « Journées Méthodologiques de la Statistique » organisées par l’Insee en Mars 2005) se distingue de la notion de résidentialité. La « présence » mesure le nombre total de gens réellement présents sur un territoire (c.a.d. la population y vivant, moins la partie de cette population qui en est absente un jour donné, plus les Français et étrangers qui y résident temporairement). Les territoires productifs et riches ont généralement la caractéristique à la fois d’attirer peu de touristes et de se vider de leurs habitants plusieurs semaines par an (les Parisiens, qui certes habitent une ville très touristique, passent 57 nuits par an à plus de 100 km de Paris !) : ce mécanisme provoque un important déficit de demande locale, les locaux allant consommer ailleurs sans que cette absence soit compensée par des consommateurs venus d’ailleurs. Les Yvelines, par exemple, ont un jour minimum de présence, en 2003, avec l’équivalent de 70% de leur population et un jour maximum avec 103%… La Loire-Atlantique est le deuxième département français pour la faiblesse de l’écart entre le jour de plus faible et celui de plus forte présence sur son territoire (entre 97% et 106%), les partants étant généralement remplacés par des visiteurs, ce qui permet de garantir un niveau élevé et soutenu tout au long de l’année de consommation sur le territoire. La forte dynamique des emplois « domestiques », liés à la consommation locale, peu ou pas exposés à la concurrence internationale (ou même interrégionale), souvent faiblement qualifiés, stimule, on l’a dit, une insertion dans l’emploi que n’offrent pas les secteurs « métropolitains » emblématiques (les « emplois métropolitains supérieurs »). Ce sont eux qui constituent le meilleur barrage, sinon le barrage absolu, contre le chômage, l’exclusion et la pauvreté. C’est un des éléments qui expliquent que la croissance de l’emploi de la métropole ne procède pas, comme on l’observe dans les autres villes millionnaires (à l’exception de Toulouse), d’une combinaison de création des emplois de cadres en même temps que de 20 destruction d’emplois d’ouvriers5 et employés, les uns « remplaçant » les autres… Dans la MNSN, tous ces emplois progressent en même temps. Une autre conséquence de la bonne transformation de la base économique en stimulation des secteurs d’emplois répondant à la demande locale peut être lue dans la –relativement aux autres métropoles- bonne maîtrise des phénomènes de pauvreté6. La MNSN , on l’a dit, est la métropole millionnaire qui a le plus faible taux de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté (11% en 2000, comme Lyon, contre 21% dans l’AU d’Aix-Marseille, 17% dans celle de Lille, 16% dans celle de Nice et même 13% dans celle de Toulouse), et elle est dans celles où le nombre de pauvres a le plus reculé durant la période de croissance macroéconomique entre 1996 et 2000 (-8%, comme Toulouse et derrière Nice qui bénéficie au moins sur son plan de sa mono-industrie résidentielle). Dans le Rapport sur la Pauvreté 2003 - 2004, on7 a mesuré économétriquement la relation entre formes de développement des territoires et pauvreté. La pauvreté et son évolution apparaissent liées à la nature/structure des bases économiques locales: les économies métropolitaines, productives privées sont plus riches et ont des taux de pauvreté souvent plus faibles, mais en croissance plus rapide du fait de l’ajustement permanent de leurs économies (effet d’éviction des actifs les moins qualifiés). Mais les territoires qui ont les meilleures capacités de contrôle de la pauvreté sont ceux qui ont, en plus de la base privée, des bases publiques et résidentielles significatives…. Le cas de la MNSN a cette particularité de bénéficier à la fois, (i) plus que les autres de l’effet « richesse métropolitaine » (on a vu qu’en dépit de revenus moyens un peu moins élevés que les autres métropoles, elle avait un taux de pauvreté inférieur) et (ii) de la diversité de la structure de sa base économique lui permettant une réduction plus rapide du nombre de ses pauvres en période d’embellie macroéconomique. On observe donc dans la MNSN une forme de développement tout à la fois rapide, diversifiée, combinant high et low tech., ce qui se traduit par des performances sociales que lui envieraient la plupart des grandes métropoles françaises. À base partagée, effets d’entraînement partagés entre les différents territoires de la MNSN Une caractéristique marquante du développement métropolitain actuel, en France comme dans la plupart des pays industriels est de générer des fractures sociales et spatiales. On a vu que la structure de la base économique de la MNSN associée à sa forte « présentialité » 5 le concept statistique d’ « ouvrier » ne renvoie pas nécessairement, et de moins en moins, à des activités industrielles ou manufacturières mais, et de plus en plus, à des activités de services (par exemple, les chauffeurs sont des ouvriers…) 6 On a préféré retenir la pauvreté que le chômage, comme marqueur social, dans la mesure où le taux de chômage est, particulièrement dans des territoires à fort solde migratoire, un faux ami pour le diagnostic : les espaces les plus affectés sont souvent les plus dynamiques car ils attirent les chômeurs (Languedoc), alors que les territoires « en panne » de développement les voient partir et ont des taux plus faibles que la moyenne (la Lorraine). Le lecteur curieux retiendra qu’en 1999 la MNSN a le deuxième taux le plus bas de chômage par rapport aux autres métropoles et qu’elle enregistre de très loin le plus faible taux de croissance de leur nombre entre 1990 et 1999. 7 Davezies L. (2003) «Formes du développement territorial et pauvreté » – in Travaux de l'Observatoire National de la pauvreté et de l'Exclusion 2003-2004.- Documentation Française - Paris - 2004 21 semblait permettre de meilleures performances sociales que chez la plupart de ses homologues françaises. Mais la très forte croissance de sa population et de son emploi, les effets globalement vertueux de son modèle économique, ont-ils été partagés entre toutes les composantes territoriales qui constituent la MNSN ? Là encore le modèle classique de la polarisation-fracture métropolitaine ne semble pas s’appliquer, au contraire : toutes les composantes territoriales « y gagnent ». On a procédé à un traitement des différentes variables du développement territorial pour un découpage statistico-géographique de la MNSN en 14 territoires. On trouvera en annexe l’ensemble des tableaux de chiffres et cartes rendant compte de ces analyses. Carte 1 : zones d’étude de la MNSN Comme on l’a vu, un grand nombre des territoires de la MNSN contribuent, avec leurs avantages comparatifs, à sa base économique : le secteur basique privé, plus spécialisé autour de Saint-Nazaire, de la périphérie nantaise, des zones de Clisson ou Ancenis, la base publique plus centrée sur Nantes et la base résidentielle plus fortement présente sur le littoral. Cette différenciation complémentaire des fonctions au sein de la métropole ne se fait pas au bénéfice du centre de la MNSN, au contraire : si l’on regarde nos « emplois domestiques purs », qui sont les marqueurs des emplois induits par la demande locale, ils se développent plus rapidement à la « périphérie » qu’au centre de la MNSN. 22 Tableau 5 : Le dynamisme de l’emploi salarié privé des activités tournées vers les ménages dans les zones d’étude de la MNSN – 1993-2002. Emplois salarié privé domestique pur In UU Nantes In UU StNazaire nantais-Nord nantais-Sud nantais-Est Hors UUStNaz in AUStNaz HORS AU POLE EMPLOI ESPACE RURAL (Sud) MultipolArrdtStNaz Hors AU Rural enclavé In AU Ancenis InAUClisson MultipolUULaTurbale MultipolArrdtCholet HORS AU POLE EMPLOI ESPACE RURAL (Nord) Métro NSN Loire-Atlantique Province Ile de France France 2002 35 8 2 1 1 1 1 1 1 57 61 2 366 630 2 997 598 950 370 918 347 873 616 115 321 251 034 512 206 411 522 694 971 845 816 ² 1993-2002 8 047 2 424 573 600 357 227 495 345 65 320 211 62 89 206 14 021 14 574 400 216 66 719 466 935 ² 1993-2002 29% 37% 32% 46% 36% 35% 44% 45% 25% 34% 26% 14% 76% 100% 32% 31% 20% 12% 18% Note: les emplois « domestiques purs » sont un échantillon, conceptuellement homogène, des activités se développant en fonction de la demande locale des ménages. Ils ne constituent pas la totalité, loin de là des emplois domestiques (on a vu plus haut que l’emploi domestique pèse en gros la moitié de l’emploi salarié privé de la MNSN). Source : Unedic L’unité urbaine de Saint Nazaire, qui est la zone la plus pénalisée en termes sociaux, est la grande gagnante au jeu de la création nette d’emplois induit, avec une croissance de 37% de ce type d’emplois. Sur les treize zones d’études, dix font mieux que l’unité urbaine de Nantes ! On trouvera en annexe une analyse de corrélation montrant que la croissance des emplois « domestiques purs » a été, dans nos 14 zones, inversement proportionnelle à leur taux de couverture en début de période (et indifféremment à leur taux de croissance démographique). On a donc affaire là à une répartition spatialement équilibrée, voire équilibrante, de ces effets du développement territorial. Plus généralement, si l’on analyse l’évolution de l’emploi salarié total, dont on a déjà dit qu’elle plaçait la MNSN, avec Toulouse, en tête du peloton des métropoles millionnaires françaises, on est frappé de constater que ce succès est partagé par l’intégralité des 14 zones de la MNSN : pas une d’entre elles n’a un taux de croissance 1993-2002 de son emploi salarié privé inférieur à celui de la Province ! Onze des treize zones d’études ont, de plus, un taux de croissance de cet emploi supérieur à celui de l’unité urbaine de Nantes ! Autre signe frappant, et qui place la MNSN hors du schéma ségrégatif métropolitain classique : on constate de nouveau une étroite corrélation, dans les 14 zones, entre la croissance des cadres et celle des employés-ouvriers (dans le graphe 1 ci-dessous, l’Ile de France représente l’idéaltype du modèle métropolitain que l’on retrouve dans les métropoles millionnaires à l’exception, déjà mentionnée, de Toulouse –voir annexe-). Dit autrement, les territoires qui comptent la plus grande part d’employés-ouvriers (leur part varie entre 62% et 78% selon les territoires d’étude) ne sont pas ceux où ils croissent le plus, ce qui rend compte de la faiblesse des dynamiques d’approfondissement de la spécialisation sociale des territoires 23 de la MNSN (et qui constitue une des retombées les plus nettes d’un fonctionnement métropolitain classique). Graphe 1 : Croissances respectives des cadres et des employés-ouvriers dans les 14 zones d’étude de la MNSN – 1990-1999 90,0% 80,0% ² actifs cadres et prof inte. Sup. 1990-99 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% MNSN 20,0% Ile de France -10,0% 10,0% 0,0% -5,0% 0,0% -10,0% -20,0% y = 2,327x + 0,0031 Province R2 = 0,5342 France 5,0% 10,0% 15,0% 20,0% 25,0% ² actifs ouvriers & employés 1990-99 Source : calculs d’après Insee Cartes 2 : Composition sociale et son évolution dans les zones d’étude de la MNSN – Les cas des cadres et employés-ouvriers. 1990-1999 Un autre effet du modèle de développement de la MNSN se lit dans l’évolution de la pauvreté au sein de ses territoires. On a vu que la MNSN, globalement, avait plutôt moins de pauvres que les autres métropoles et avait une bonne capacité à en réduire le nombre en période de 24 croissance. L’analyse des 14 zones d’études rend compte du fait que de façon générale, la pauvreté s’est réduite plus rapidement là où elle était déjà le plus présente (graphe 2). L’unité urbaine de Saint-Nazaire constitue une exception relative à ce mécanisme, avec un taux de pauvreté record au sein de la MNSN en 2000 (14,5% de la population de moins de 65 ans) alors qu’elle n’était qu’en troisième position en 1996, avec un taux de 15,1%, derrière le « pôle d’emploi de l’espace rural- sud » (16,1%) et l’unité urbaine de Nantes (15,4%). Le nombre de pauvres s’y est certes réduit de 4% (soit 700 personnes) entre 1996 et 2000, mais deux fois moins vite que dans l’ensemble de la MNSN. On peut lire ce relatif décrochage de l’unité urbaine de Saint-Nazaire, contrastant avec sa dynamique de création d’emplois induits évoquée plus haut, comme le reflet d’une certaine disjonction entre ses dynamiques d’emploi et ses dynamiques de peuplement (les emplois créés ne bénéficiant pas forcément à ses actifs). On y observe un mécanisme analogue dans le haut du tableau des PCS, avec une croissance des emplois de cadres plus importante que la croissance des cadres dans les actifs résidant à Saint Nazaire… Cartes 3 : taux de pauvres dans la population de moins de 65 ans en 2000 et évolution du nombre de pauvres entre 1996 et 2000 dans les zones d’étude de la MNSN. Source : Cnaf Graphe 2 : Mise en relation entre le taux de pauvreté 1996 (abcisse) et le taux de variation du nombre de pauvres 1996-2000 (ordonnée). Zones d’études de la MNSN 10,0% 5,0% y = -0,2085x - 0,0512 In AU Ancenis 2 R = 0,0062 Hors AU Rural enclavé nantais-Sud Ile de France 0,0% 5,0% 7,0% 9,0% -5,0% 11,0% 13,0% France In AU Ancenis MNSN -10,0% 15,0% Province 17,0% UU St Nazaire UU nantes -15,0% Hors Au Pole Emploi Espace Rural (Sud) -20,0% InAUClisson Source : Cnaf 25 Le revenu des ménages constitue le dernier des « fondamentaux » du développement territorial. On observe là encore un mécanisme frappant de rééquilibrage entre les différentes zones de la MNSN, à l’inverse de ce que l’on peut voir dans les métropoles françaises : dans chacune des 13 zones d’études, le revenu par habitant a cru plus vite que dans l’unité urbaine de Nantes. De façon générale, le revenu par habitant a augmenté d’autant plus vite que le revenu par habitant en début de période était faible. Le coefficient de corrélation de la régression est faible parce qu’échappent à ce modèle trois petites zones d’étude qui associent revenus élevés et fort taux de sa croissance : les communes de la MNSN faisant partie de l’aire urbaine de Clisson, la zone de la Turbale et le pôle d’emploi rural littoral au sud de l’estuaire. L’unité urbaine de Nantes, dont le revenu par habitant est en 1990 de 15% supérieur à la moyenne de la MNSN ne l’est plus que de 10% en 2000, avec une croissance de son revenu par habitant qui n’est qu’égale à la moyenne nationale. De façon générale, les inégalités de revenu entre les 14 zones décroissent nettement, avec un coefficient de variation du revenu qui passe de 0,15 à 0,13 durant la décennie. Il s’agit là, répétons-le, d’une dynamique singulière et qui est à l’inverse de ce que l’on observe dans les « vraies » métropoles françaises. Graphe 3 : Mise en relation entre le revenu par habitant 1990 (abscisse) et le taux de variation de ce revenu 1990-2000 (ordonnée). Zones d’études de la MNSN 40% 35% ² rev/hab 19902000 (euros constants) y = -1E-05x + 0,3243 2 R = 0,0203 30% 25% 20% MNS 15% Province 10% France Rev/hab 1990 (euro 2000) 5% 6 000 Ile de France 7 000 8 000 Coefficient de variation rev/hab 9 000 1990 0,152 10 000 1995 0,142 11 000 1998 0,136 12 000 2000 0,134 Note 1: La zone « in AU Clisson » n’apparaît pas dans le graphe. Son rev/hab 1990 est de 8 369 euros et son tx de variation 40%. Cette zone est comptée dans le calcul de régression. Note 2: les coef. de variation sont non-pondérés par la population Source : Dgi La MNSN est donc un territoire qui associe forte croissance économique, progrès social et gains de cohésion territoriale. La question s’est posée de savoir si son organisation territoriale avait tendance à accompagner ou à contrarier ce mouvement. Dans des analyses récentes menées pour le compte du Ministère de l’Intérieur, sur les effets de la mise en intercommunalité dans les villes françaises, on a souligné le risque de fragmentation que 26 faisaient courir les « mariages endogamiques » que l’on observe un peu partout en France : les communes riches se mariant avec les communes riches et limitant par là les mécanismes de partage et de mutualisation liés aux politiques locales. Une façon d’évaluer la situation au sein de la MNSN a consisté à comparer les inégalités de potentiel fiscal8 entre les 14 zones statistico-géographiques et entre les 22 EPCI –politico-administratifs- qui concernent la MNSN. Le graphe 4 rend compte de cet exercice. En règle générale, plus un territoire est fragmenté, plus les inégalités sont fortes. Le passage de 14 à 22 zones devrait donc mécaniquement se traduire par un écartement de la courbe par rapport à la diagonale du graphe. On observe l’inverse. La courbe définie par les 22 EPCI rend compte d’une plus grande égalité entre les zones politiques que ne le fait la zone rendant compte, de façon neutre, de la réalité statistico-géographique des composantes de la MNSN. Une dynamique inverse se serait traduite par le fait que les communes les plus richement dotées auraient pu se regrouper dans des clubs fermés sur la base d’une homogénéité de situation, faisant diverger la courbe des EPCI en dessous de celle des territoires statistiques (la part du potentiel fiscal de la MNSN bénéficiant aux EPCI les plus pauvres se réduisant, celle bénéficiant aux plus riches augmentant). On peut donc considérer qu’au sein d’un territoire où demeurent certes des inégalités de potentiel fiscal entre les différentes zones, l’organisation politique des intercommunalités a plutôt été dans le sens de gains de cohésion que l’inverse (comme on l’observe dans de nombreuses aires urbaines). Graphe 4 : Courbes de concentration du potentiel fiscal 2001. 14 Zones d’études de la MNSN et 22 EPCI de la MNSN Part du potentiel fiscal 100% de la MNSN 2001 80% 60% 40% 20% 0% 0% 20% 40% 60% 80% Poids des zones de MNSN dans sa population, triées par ordre croissant de revenu / hab 2000 100% Potentiel fiscal Stat Potentiel fiscal Epci Source : calculs d’après Insee et Dgi Pour conclure… L’analyse présentée ici permet de dégager un certain nombre de conclusions robustes sur la nature et les effets du modèle de développement de la MNSN. Sous pratiquement tous ses aspects économiques et sociaux, la MNSN apparaît différente de ce qu’est aujourd’hui une 8 le potentiel fiscal est le revenu fiscal que toucheraient les communes si elles appliquaient les mêmes taux à chacune d’entre elles. Il s’agit donc d’une mesure synthétique de la richesse de la base de l’ensemble des taxes. 27 métropole française. De façon générale, la MNSN marque sa différence, et elle la marque positivement : une forte dynamique de tous ses « fondamentaux », particulièrement si on la compare avec les autres villes millionnaires françaises, sans pour autant en payer le prix en termes de fragmentation sociale et territoriale, au contraire. La plupart des indicateurs marquent une forte solidarité de développement de la MNSN, c’est-à-dire son renforcement comme ensemble socio-économique. La question est maintenant de savoir si la MNSN a aujourd’hui mangé son pain blanc ou si les résultats d’aujourd’hui prédisent ceux de demain… Sommes nous face à une forme développement « pré-métroplitaine » ou « alter-métropolitaine » ? La MNSN est-elle en retard –et les plaies de la métropolisation sont encore à venir- ou en avance dans un modèle de développement territorial équilibré que pourront lui envier les métropoles « à la papa » ? Il est difficile de répondre avec sûreté à ces questions. On peut cependant avancer un certain nombre d’arguments s’appuyant sur des faits avérés. Il est certes difficile de prévoir ce que sera demain l’activité basique privée de la MNSN : l’emploi dans le secteur naval, par exemple, depuis longtemps condamné continue à se développer dans des créneaux de spécialisation assurant un avantage comparatif à la métropole dans le domaine des industries tournées vers la mer. La transformation vers des activités dérivées, telles celles liées à l’aéronautique s’est effectuée au bénéfice des deux aires urbaine de Saint-Nazaire et Nantes. Les activités de machinerie, agro-alimentaires, de transformation des plastiques, de chaudronnerie, de textile même, ont continué à se développer ces dernières années sur différents secteurs de la MNSN en dépit des bouleversements majeurs que connaissaient ces secteurs ailleurs en France. Les activités de services supérieurs (conseils en systèmes informatiques, réalisation de logiciels) explosent dans le même temps. Tous ces faits rendent compte d’un fort dynamisme industriel (au sens large) de la MNSN. Quant à l’avenir, ce n’est pas une affaire de divination mais d’efforts des acteurs locaux, publics et privés, pour maintenir et améliorer un environnement déjà attractif pour les entreprises grandes et petites. On l’a vu, la MNSN est aujourd’hui dans les championnes françaises de la croissance des chefs d’entreprise. Par ailleurs, sa forte dynamique démographique et son attractivité résidentielle à l’égard des jeunes actifs lui permettent de disposer d’un marché de l’emploi très attractif pour des grandes entreprises qui se heurteront de façon croissante, déjà aujourd’hui et plus encore dans un avenir proche, à une pénurie de main-d’œuvre en France. (Le fait, que l’on a souligné, que 10% des cadres résidant dans la MNSN n’y travaillent pas doit être lu comme un élément significatif du potentiel d’ores et déjà acquis de développement d’activités de haute valeur ajoutée). L’attractivité résidentielle et touristique, la forte « présentialité » offrent à la MNSN des facteurs précieux de son progrès ultérieur dans le domaine productif tout en permettant d’associer le plus grand nombre au développement de la zone. La cohésion étonnante dont jouit la MNSN (comparée aux autres métropoles) constitue en effet un de ses atouts majeurs et un des éléments-clefs de son attractivité pour le capital comme pour la main-d’œuvre. Cette cohésion tient au fait qu’un large spectre d’activités se développe parallèlement : industries, services supérieurs, recherche, emplois publics, emplois touristiques et emplois « induits », … du très high au très low tech., ce qui permet d’offrir un large spectre d’emplois à des actifs dont la structure de qualification n’est pas plus favorable – et même plutôt moins- que dans les autres métropoles. Et cette cohésion provient de la co28 existence singulière de trois larges flux monétaires de son développement : l’argent de la compétitivité, celui du secteur public et celui des résidants non actifs (touristes et retraités) se partagent les différents canaux permettant d’irriguer largement les différentes composantes sociales et spatiales de la MNSN. En bref, l’avantage comparatif économique de la MNSN tient globalement à une capacité d’attraction liée à sa diversification fonctionnelle (productivo-résidentielle), elle-même génératrice d’une cohésion sociale et territoriale qui joue à son tour le rôle d’un turbo dans l’attractivité de ce territoire. Les acteurs locaux français ont souvent tendance à penser que la « mondialisation » de la production les réduit au statut de badauds de l’évolution voire de la « fracture » de leurs territoires. Les éléments réunis ici visent à montrer qu’il n’en est rien. Les moteurs actuels -et plus encore futurs- de la croissance locale résident dans la préservation et fabrication d’un environnement permettant à la fois d’attirer des facteurs de production modernes (capital et travail), de retenir et de porter les projets productifs locaux, mais aussi de préserver le véritable capital que constituent des équilibres sociaux et territoriaux eux-mêmes dépendant, comme on l’a vu, de la diversité des spécialisations territoriales et de la qualité du cadre de vie. Limiter les inconvénients de la métropolisation tout en maximisant ses avantages constitue une piste d’action dans laquelle la MNSN est déjà largement engagée, sans qu’elle en soit peut-être très consciente ni qu’elle l’ait modélisée explicitement dans ses actions publiques. C’est à un tel exercice que doit s’attaquer le SCOT de la métropole Nantes-Saint Nazaire, qui doit inscrire dans les politiques et dans les choix d’aménagement les mesures permettant de minimiser les risques de surchauffe (urbanisation, coûts fonciers/immobiliers,…), d’arbitrer dans les concurrences d’usage du sol entre spécialisations territoriales, de développer les infrastructures permettant une meilleure intégration/fluidité du modèle de développement de la MNSN, d’assurer un équilibre entre fonctions productives et fonctions « reproductives9 » simples et élargies (culture, service public d’éducation, université et recherche…), et un ménagement de la rente résidentielle de son territoire (qui comme toutes les rentes se consomme plus qu’elle ne se reproduit). 9 … pour reprendre la terminologie de Beckouche et Damette à propos des fonctions urbaines (« grille STRATES »). 29 __________________________________________________________________________ III Annexe 1 : Le découpage du territoire __________________________________________________________________________ Le périmètre d’étude de la métropole Nantes Saint-Nazaire Le territoire d’étude pour l’intervention de Laurent Davezies a été composé de la façon suivante : A la base, les aires urbaines de Nantes et de Saint-Nazaire, celles d’Ancenis et de Clisson ainsi que les communes multipolarisées s’y rattachant. Cet ensemble constitue pour l’INSEE l’ensemble urbain Nantes Saint-Nazaire. Ont été rajouté les territoires suivants : Les pôles d’emploi de Pornic et Saint-Brévin ainsi que les communes de l’espace rural interstitiel entre ces pôles et l’aire urbaine de Nantes (c.a.d le pays de Retz) - Le pôle d’emploi de Blain, constitué de la seule commune de Blain. - Population (99) Nombre d’emplois (99) : 1 024 075 : 410 000 Cet espace informel n’a d’autre vocation que de représenter une base d’étude, plus proche de la réalité économique que le découpage institutionnel. Mais il est aussi discutable, en tout cas dans ses marges, sans que cela ne remette en cause les grandes données économiques qui s’y rattachent. Ensuite ce territoire a été lui-même subdivisé aux fins de l’étude de la façon suivante : - L’aire urbaine de Nantes ● l’unité urbaine de Nantes Haute-Goulaine Basse-Goulaine Bouguenais Carquefou La Chapelle-sur-Erdre Couëron Indre La Montagne Nantes Orvault Le Pellerin Rezé Sainte-Luce-sur-Loire Saint-Herblain Saint-Jean-de-Boiseau Saint-Sébastien-sur-Loire Sautron 30 Les Sorinières Thouaré-sur-Loire Vertou ● les communes à l’Est de l’unité urbaine Barbechat La Chapelle-Basse-Mer La Chapelle-Heulin La Haie-Fouassière Le Landreau Le Loroux-Bottereau Le Pallet La Remaudière Saint-Julien-de-Concelles La Varenne Mouzillon Vallet ● les communes au Nord de l’unité urbaine Bouée Casson Le Cellier Cordemais Couffé Fay-de-Bretagne Grandchamps-des-Fontaines Héric Joué-sur-Erdre Ligné Malville Mauves-sur-Loire Mouzeil Nort-sur-Erdre Notre-Dame-des-Landes Petit-Mars Saffré Saint-Étienne-de-Montluc Saint-Mars-du-Désert Sucé-sur-Erdre Le Temple-de-Bretagne Les Touches Trans-sur-Erdre Treillières Vigneux-de-Bretagne La Chevallerais 31 Oudon Teillé ● les communes au Sud de l’unité urbaine Aigrefeuille-sur-Maine Le Bignon Bouaye Brains Château-Thébaud Cheix-en-Retz La Chevrolière La Limouzinière Maisdon-sur-Sèvre Monnières Montbert Pont-Saint-Martin Port-Saint-Père Remouillé Rouans Saint-Aignan-Grandlieu Saint-Colomban Saint-Fiacre-sur-Maine Saint-Hilaire-de-Chaléons Saint-Léger-les-Vignes Saint-Lumine-de-Coutais Saint-Mars-de-Coutais Sainte-Pazanne Saint-Philbert-de-GrandLieu Vue Geneston Saint-Hilaire-de-Clisson Saint-Lumine-de-Clisson - L’aire urbaine de Saint-Nazaire ● l’unité urbaine de Saint-Nazaire Batz-sur-Mer La Baule-Escoublac Le Croisic Guérande Le Pouliguen Donges Montoir-de-Bretagne 32 Pornichet Saint-Nazaire Trignac ● les communes hors unité urbaine Assérac Herbignac Saint-Lyphard Saint-Molf Besné La Chapelle-des-Marais Saint-André-des-Eaux Missillac Crossac Sainte-Reine-de-Bretagne Prinquiau Saint-Joachim Saint-Malo-de-Guersac Férel - Les communes multipolarisées ● par Nantes et Ancenis Champtoceaux Drain Liré ● par Nantes et Saint-Nazaire (Est) Bouvron Drefféac Sainte-Anne-sur-Brivet Campbon Lavau-sur-Loire Quilly Pontchâteau La Chapelle-Launay Savenay ● par Nantes et Saint-Nazaire (Ouest) Mesquer Piriac-sur-Mer La Turballe 33 - L’aire urbaine d’Ancenis Ancenis Saint-Géréon Anetz Mésanger Pouillé-les-Côteaux La Roche-Blanche Saint-Herblon - L’aire urbaine de Clisson Clisson Gétigné Gorges Cugand La Bernardière - Le pôle d’emploi de Blain Blain - Les pôles d’emploi de Saint-Brévin et Pornic La Plaine-sur-Mer Pornic Préfailles Saint-Michel Chef-Chef Saint-Brévin-les-Pins - Les communes de l’espace rural enclavé Chéméré Arthon-en-Retz Chauvé Corsept Frossay Saint-Père-en-Retz Saint-Viaud 34