Les directions juridiques tardent à faire appel au management de
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Les directions juridiques tardent à faire appel au management de
Les directions juridiques tardent à faire appel au management de transition : question de temps ou d’inadaptation ? 28/04/2016 Appréhension, a priori, question de culture, d'inadaptation du management de transition aux besoins des directions juridiques... Ces raisons sont invoquées pour expliquer la frilosité des responsables juridiques à se tourner vers ce type de recrutement. Selon une enquête récente de la Lettre des juristes d’affaires (LJA), la plupart des directeurs juridiques réorganisent leurs équipes pour faire face à une surcharge de travail. 69,5 % d’entre eux ne connaîtraient pas les offres de mise à disposition d’avocats ou de juristes. Et 84 % ne sauraient pas ce qu’est le management de transition ou seulement « vaguement ». Interrogés sur cette enquête, quelques spécialistes du secteur n’ont pas vraiment la même analyse : les directions juridiques connaissent les offres, mais seraient réticentes aux recrutements temporaires. Réactions. 1. Amira Mahfoudhi, consultante senior/mentor chez Fed Legal Les juristes sont peu enclins à prendre des risques Je suis surprise que 69,5 % des directions juridiques interrogées ne connaissent pas le détachement et l’externalisation car il n’y a rien de nouveau. Elles y recourent depuis longtemps contrairement au management de transition qui peine à s’y faire une place. Malgré la diversité des offres temporaires (CDD, Interim, management de transition), les directions juridiques s’orientent toujours davantage vers le CDI, qui représente 60 % de la demande chez Fed Légal (voir baromètre), là où les directions financières font du « cinquante-cinquante ». C’est une question de culture. Les juristes sont une population plus stable qui reste 3 à 5 ans en postes et sont peu enclins à prendre des risques. De ce fait, si le marché existe, il n’est pas fluide et les bons profils sont d’autant plus difficiles à trouver. 2. Thierry Rogeon, managing partner chez Lincoln Transition Executive C’est une question d’appréhension et non une méconnaissance Les directions juridiques ne viennent pas spontanément vers le management de transition pour des raisons d’appréhension et non par méconnaissance. La matière juridique est très confidentielle, et bien que l’on fasse signer des clauses de confidentialité, avant et après la mission, les directions juridiques sont plus réticentes. Pourtant les risques sont strictement les mêmes dans le cadre d’un recrutement en CDI lorsque la personne démissionne. Il y a aussi un a priori sur les compétences du manager de transition et sa capacité d’adaptabilité. 3. Bernard Michel, team leader practice RH au sein du cabinet Delville management de Transition C’est un problème de communication Le management de transition est adapté aux directions juridiques, mais il faut que l’on communique davantage. Le plus dur est d’obtenir la première mission, et de gagner la confiance des directions juridiques, où le « bouche à oreille » joue un rôle encore plus important qu’ailleurs. A compétence égale, un manager de transition revient moins cher qu’un avocat ! Une évangélisation est nécessaire. 4. Grégoire Cabri-Wiltzer, directeur du cabinet de recrutement Nim Europe et président de la Fédération nationale du management de transition (FNMT) Les directions juridiques ne font pas appel à nous car elles ont moins de poids dans l’entreprise Les directions juridiques ne font pas appel à nous car elles ont moins de poids dans l’entreprise. Notre métier est né dans le secteur de l’industrie sur des fonctions indispensables à l’entreprise : direction générale, finance, RH. Au départ, la plupart des missions consistaient à gérer des situations de crise dans lesquelles les directions juridiques, si elles existent, ne jouent pas un rôle primordial. Quant aux missions de management de projet, qui représentent aujourd’hui 65 % de notre activité, elles sont moins fréquentes au sein des directions juridiques car les projets, souvent stratégiques, demandent du temps. Ce n’est pas un problème d’adaptation, de coût ou de peur du changement, mais une question de besoins. 5. Pierre Charreton, Pierre Charreton Conseil Les solutions internes sont souvent les meilleures mais n’existent pas toujours La connaissance de l’entreprise ne s’improvise pas. Plus le juriste interne a une connaissance complète et précise de l’entreprise (produits, organisation, stratégie, environnement d’affaires) plus il sera utile. Les solutions internes sont souvent les meilleures pour faire face à un besoin ponctuel de RH. Mais elles n’existent pas toujours. En matière de détachement temporaire ou de management de transition les habitudes évoluent peu à peu sous l’effet de la pression budgétaire. Le détachement est une excellente solution pour palier une indisponibilité temporaire. Le management de transition est plus difficile à mettre en œuvre car les conditions à remplir pour qu’il réussisse sont plus nombreuses. Il s’agit de deux options de marchés nouveaux qui doivent encore se développer par une offre plus large et diversifiée. 6. Brigitte des Abbayes, directrice juridique d’Oracle et Rénalda Harfouche, directrice juridique EMEA d’Ipsos, membres de la commission « employabilité des directeurs juridiques » du Cercle Montesquieu La confusion sur la forme juridique des modes d’exercices est un frein Par habitude, un certain nombre de directions juridiques continuent à faire appel à des avocats qui sont détachés dans l’entreprise, bien que la pratique de l’exercice de la fonction et les besoins soient différents entre les avocats et les juristes. La confusion qui règne en ce qui concerne la forme juridique des solutions temporaires (CDD, intérim, portage salarial, détachement) peut constituer un frein. Pourtant l’offre est adaptée aux directions juridiques. Le droit est un service qui se banalise et qui n’échappera pas à la délocalisation, au collaboratif et au partage du fait de la transformation digitale. Le « Think différent » doit être notre mantra pour concevoir la fonction juridique de demain. Emmanuelle Bernard Source URL: http://www.actuel-direction-juridique.fr/content/les-directions-juridiques-tardent-faire-appel-au-manageme nt-de-transition-question-de-temps