Les largesses du département de Guérini pour un syndicat de police

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Les largesses du département de Guérini pour un syndicat de police
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Les largesses du
département de
Guérini pour un
syndicat de police
mars 2009, Joël Gaspérini, l’ex-secrétaire départemental du syndicat,
rappelle clairement que ce« dispositif indemnitaire lié à des frais
de représentation est conditionné à l’obtention de la subvention de
fonctionnement et sera maintenu sous cette réserve essentielle ».
Chaque année, le syndicat marseillais recevait une subvention de
fonctionnement de 55 000 euros. En sus, le syndicat multiplia les
congrès nationaux à Marseille, financés à hauteur de 20 000 euros
par le département en 2007, puis de 25 000 euros en 2008 et 2010.
Le 16 avril 2009, la subvention atteignit même 40 000 euros pour
l’organisation, trois mois plus tôt, d’un congrès national d’Unité
Police à l’hôtel Mercure près du Vieux-Port.
12 NOVEMBRE 2014 | PAR LOUISE FESSARD
Entre 2005 et 2010, le conseil général des Bouches-du-Rhône,
présidé par le sénateur Jean-Noël Guérini (ex-PS), a versé au total
440 000 euros à l’antenne départementale d’un syndicat policier.
Le département socialiste des Bouches-du-Rhône a longtemps servi
de mécène à la branche départementale d’Unsa police, syndicat
unique, puis à son successeur Unité Police. Au total, entre 2005 et
2010, le conseil général, présidé par le sénateur Jean-Noël Guérini
(ex-PS), a versé 440 000 euros à l’antenne départementale du
syndicat, dont l’un des membres tient toujours une section police
au siège de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Rien
d’illégal, puisque la loi permet aux collectivités locales de financer
les structures locales des syndicats représentatifs. Mais les montants
sont, à notre connaissance, inédits pour une organisation policière.
Interrogés, les autres syndicats de police nous ont assuré ne jamais
toucher d’aides supérieures à 5 000 euros.
Alertés par une lettre anonyme en février 2011, les gendarmes de
la section de recherche de Marseille, en charge des affaires Guérini,
ont épluché les comptes du syndicat. Ils ont conclu le 6 septembre
2012 à l’absence de toute malversation financière. « De l’analyse de
la comptabilité 2009, il ressort que les subventions 2009 du CG13
ont été régulièrement utilisées dans les domaines pour lesquels
elles avaient été demandées et accordées », écrivent les enquêteurs,
même si la générosité du conseil général permettait aux syndicalistes
marseillais de vivre grand train.
« Les dirigeants du syndicat se sont octroyé en 2009 des indemnités
(allant jusqu’à 6 924 euros pour l’un d’eux, Jean-Claude Hoang-Phu
- ndlr), relèvent les gendarmes dans une première synthèse datée
du 19 janvier 2012. Ces sommes sont justifiées en comptabilité pour
partie par la présentation de factures de restauration, de transport et
de carburant et pour partie en un forfait pour la téléphonie portable.
» Sur un compte-rendu d’un bureau départemental qui s’est tenu le 3
Le Bureau National
L’intégralité de cette subvention du conseil général semble avoir été
reversée pour remboursement au bureau national, en violation de
la convention signée avec le département qui interdisait à l’antenne
locale de « reverser tout ou partie de la subvention à d’autres
associations, sociétés, collectivités privées ou œuvres ».
Selon les documents internes d’Unité police Treize consultés, le
congrès était budgété à 120 000 euros, dont 78 000 euros pour
l’hébergement/repas et 38 000 euros pour les transports. Le
financement devait être assuré à hauteur de 80 000 euros par le
bureau national et à hauteur de 40 000 euros par la subvention du
conseil général. Le 9 janvier 2009, le syndicat national a viré 75 000
euros, comme promis, à son antenne départementale qui a aussitôt
réglé la note de l’hôtel où s’était déroulé le congrès (69 105,10 euros).
Mais pourquoi les 40 000 euros de la subvention départementale
ont-ils ensuite atterri à Paris ?
« Je crois qu’il y a eu une avance de 40 000 sur le compte
départemental et ça a été remboursé au niveau national », nous a
d’abord répondu Henri Martini, secrétaire général d’Unité SGP police
FO, lorsque nous l’avons rencontré en septembre 2014. Nous n’avons
pas réussi à retrouver dans les documents en notre possession la
trace de cette avance de 40 000 euros. Réinterrogé, Henri Martini
nous répond par courriel que l‘avance de 75 000 euros versée par
Paris le 9 janvier 2009« comprenait le montant de l’éventuelle
subvention départementale de 40 000,00€ que nous sollicitions ».
Faut-il comprendre que le congrès n’a finalement coûté que 75 000
euros ? Il est pourtant comptabilisé à hauteur de 112 883,37 euros
dans le compte de résultat 2009 de l’antenne départementale.
« Il faut intégrer qu’un événement syndical de la sorte génère des
dépenses bien au-delà des sommes partiellement engagées au
niveau local, indique par courriel, sans plus de précisions, Henri
Martini. Notre organisation syndicale nationale assume, et en
cette occasion notamment, d’importants frais complémentaires
remboursés ou avancés à des congressistes en provenance de
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18 novembre 2014
Autre bizarrerie, l’enquête des gendarmes montre qu’en 2009,
Henri Martini et son ex-conseiller Jean-Claude Hoang-Phu, ancien
secrétaire national d’Unité police, ont reçu des défraiements de
l’antenne des Bouches-du-Rhône, alors qu’ils ne disposaient pas de
mandats locaux. « Ça ne me dit rien du tout, s’étonne Henri Martini.
À l’époque j’étais à Paris. Quand je me déplace, je paie l’hôtel, mais si
on me rembourse, c’est Paris. »
Selon le conseiller général Jean-François Noyes, ex-directeur de
cabinet de Jean-Noël Guérini, son interlocuteur au sein du syndicat
était Jean-Claude Hoang-Phu, ex-conseiller d’Henri Martini. Encarté
au PS, le syndicaliste marseillais militait au sein de la « section police
» socialiste de la rue Montgrand. Dans des écoutes téléphoniques
liées à l’affaire Guérini, Jean-Claude Hoang-Phu apparaît comme
l’intermédiaire entre Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI
(Direction centrale du renseignement intérieur - ndlr), et Alexandre
Guérini, le frère du président PS du conseil général des Bouches-duRhône. Ce qu’a également affirmé Me Olivier Grimaldi, ex-avocat
d’Unité police et d’Alexandre Guérini, lors de son audition par les
gendarmes en février 2011.
Bernard Squarcini n’a cependant jamais été entendu à ce sujet par
les enquêteurs. En février 2009, redoutant des complicités dans
l’appareil policier, l’ex-procureur de la république de Marseille avait
préféré confier l’enquête sur le système Guérini à la section de
recherche de la gendarmerie plutôt qu’à la PJ.
Le Bureau National
Depuis 2010, Jean-Noël Guérini, aujourd’hui mis en examen dans
plusieurs affaires de marchés truqués, a stoppé net ses subventions.
Unité SGP Police FO, plutôt marqué à gauche, redoute que cette
histoire passée ne constitue un boulet face à leur concurrent Alliance
police nationale, au sein duquel ont atterri à Marseille plusieurs
anciens de la FPIP, un syndicat réputé proche de l’extrême droite.
« Tous nos comptes ont été vérifiés et revérifiés par le commissaire
aux comptes parisien. Et nous aux élections (professionnelles en
décembre 2014, ndlr), on fait face à des fachos », s’inquiète un
délégué local, qui n’a accepté de nous rencontrer qu’en off.
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Mais comment expliquer des subventions aussi élevées du
département ? « Près de 400 personnes dans votre ville, ça fait
une retombée économique. On fait travailler les traiteurs, les
hôteliers », justifie Henri Martini, qui assure avoir également reçu
des subventions d’Aix-en-Provence pour un congrès en 2001 et de
Reims en 2008. Vérification faite, rien de semblable : à Reims, la ville
indique avoir versé seulement 5 000 euros en 2008 pour un congrès
de 250 personnes.
« Ça n’a jamais été un informateur, dément Jean-François Noyes. JHCP
nous aidait beaucoup mais uniquement dans les services d’ordre
pendant la campagne 2007 de Ségolène Royal, notamment pour une
manifestation au Dôme à Marseille. » Le député PS Patrick Mennucci,
qui dirigeait la campagne de Ségolène Royal, et Joaquin Masanet,
ex-secrétaire de l’Unsa police qui avait soutenu la candidate en 2007,
affirment eux catégoriquement n’avoir jamais eu affaire à JCHP pour
le service d’ordre des meetings de la candidate. Aujourd’hui proche
de la retraite et retenu par des problèmes familiaux, Jean-Claude
Hoang-Phu n’a pas donné suite à nos demandes, de même que l’exsecrétaire départemental Joël Gaspérini qui souffre de problèmes de
santé.
au
l’ensemble du territoire. » Il est par exemple possible que ces 40 000
euros aient servi à payer des dépenses de transport des délégués
syndicaux vers Marseille.
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