L3 – Analyse numérique non linéaire Examen du 24 juin 20091
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L3 – Analyse numérique non linéaire Examen du 24 juin 20091 - Durée : 3h - Le seul document autorisé est un résumé manuscrit du cours de trois pages maximum. - Les calculatrices ne sont pas autorisées. - Toutes les réponses doivent être soigneusement justifiées. 1. a) Soit f une fonction continue sur l’intervalle [0, 1]. Déterminer le polynôme qui interpole f aux points 0, 1/4 et 1. b) En déduire une méthode élémentaire de quadrature sur [0, 1] (c’est-à-dire une méthode qui R1 permet d’approcher 0 f (x)dx). c) i) Déterminer l’ordre de cette méthode. ii) Calculer son noyau de Peano K2 . iii) En déduire une estimation de l’erreur de quadrature pour une fonction f de classe C 3 sur [0, 1] (on admettra que K2 est négatif sur [0, 1]). d) Par un changement de variable, établir la formule de quadrature sur un intervalle [a, a + h]. e) Décrire la méthode composée sur un intervalle quelconque [a, b] associée à cette méthode élémentaire et préciser l’erreur pour une fonction de classe C 3 (la méthode composée consiste à faire une subdivision de [a, b] en n intervalles de longueur h = (b − a)/n et d’approcher l’intégrale de f sur chaque sous-intervalle par la méthode élémentaire décrite ci-dessus). 2. a) Vérifier que dans le cas où f est indépendante de la variable t (c’est-à-dire que l’on a f = f (x)), on a f [1] = f f 0 f [2] = f 2 f 00 + f (f 0 )2 . b) Soit f une fonction de classe C 3 sur R, k-lipschitzienne. On associe à l’équation différentielle autonome x0 (t) = f (x(t)) le schéma numérique (M ) associé à la fonction F donnée par 1 2 1 F (x, h) = f (x) + f (x + (h/2)f (x)) + f (x + hf [x + hf (x)]), 6 3 6 x ∈ R h ∈ [0, h∗ ]. i) Vérifier que le schéma (M ) est stable et consistant. ii) Soient F0 (x, h) = f (x + (h/2)f (x)) et F1 (x, h) = f (x + hf [x + hf (x)]). 1 Le corrigé sera disponible à partir du 25 juin 2009 à l’adresse http ://www.math.univ-metz.fr/∼ choulli/enseignement.html Démontrer que ∂F0 ∂h (x, 0) = 12 f (x)f 0 (x), ∂ 2 F0 (x, 0) ∂h2 = 41 f 2 (x)f 00 (x), ∂F1 ∂h (x, 0) = f (x)f 0 (x), ∂ 2 F1 (x, 0) ∂h2 = f 2 (x)f 00 (x) + 2(f 0 )2 (x)f (x). iii) En déduire que le schéma (M ) est d’ordre supérieur ou égal à 3. 3. Soit f : R → R une fonction continûment dérivable telle que f (0) = 0. En outre, on suppose que f vérifie l’une des deux conditions équivalentes suivantes : (A) 0 < m ≤ f 0 ≤ M , (B) (f (x) − f (y))(x − y) ≥ m(x − y)2 et |f (x) − f (y)| ≤ M |x − y|, pour tous x, y ∈ R. On se donne b > 0. a) Démontrer que l’équation f (x) = b admet une unique solution a ∈]0, b/m]. b) On suppose de plus que f est deux fois dérivable sur ]0, b/m] et que f 00 > 0 sur ]0, b/m]. On considère les deux suites (xn ) et (yn ) données par x0 = 0, xn+1 = xn − ρn (f (xn ) − b), n ≥ 0, y0 = b/m, xn+1 = xn − ρn (f (xn ) − b), n ≥ 0, où ρn = f 0 (xn ) . (f 0 (yn ))2 i) Montrer, par récurrence sur n, que xn < xn+1 < a < yn+1 < yn . (Pour montrer les inégalités xn < a < yn , on pourra utiliser le théorème des accroissements finis.) ii) En déduire que les suites (xn ) et (yn ) convergent vers a. L3 – Analyse numérique non linéaire Corrigé de l’examen du 24 juin 2009 1. a) On calcule p, le polynôme de Lagrange qui interpole f aux points 0, 1/4 et 1. On a 1 p(x) = f (0)L0 (x) + f ( )L1 (x) + f (1)L2 (x), 4 où Li , i = 0, 1, 2, sont les polynômes de base. On trouve 1 L0 (x) = 4(x − )(x − 1), 4 16 L1 (x) = x(x − 1), 3 4 L2 (x) = x(x − 1/4). 3 b) On définit une méthode de quadrature en posant Z 1 I(f ) = p(x)dx. 0 C’est-à-dire I(f ) = Z 1 L0 (x)dx f (0) + 0 Z 1 0 1 L1 (x)dx f ( ) + 4 Z 1 L2 (1)dx f (1) 0 8 1 5 1 = − f (0) + f ( ) + f (1). 6 9 4 18 c) i) Par construction la méthode est d’ordre supérieur ou égal à 2. Mais Z 1 1 1 8 1 5 7 x3 dx = 6= − × 0 + × + = . 4 6 9 64 18 24 0 D’où la méthode est d’ordre 2. ii) Le noyau de Peano de cette méthode est donné par Z 1 1 8 1 5 K2 (t) = ([(x − t)+ ]2 dx + [(−t)+ ]2 − [( − t)+ ]2 − [(1 − t)+ ]2 . 6 9 4 18 0 Donc K2 (t) = 1 3 (1 − t)3 − 89 ( 14 − t)2 − 1 3 (1 − t)3 − 5 18 (1 − t)2 5 18 (1 − t)2 si 0 ≤ t ≤ si 1 4 1 4 ≤ t ≤ 1. iii) Puisque K2 est de signe constant sur [0, 1], d’après le cours l’erreur de quadrature E(f ) est telle que 1 1 7 1 1 |E(f )| ≤ |E(x3 )| sup |f (3) (t)| = − sup |f (3) (t)| = sup |f (3) (t)|. 6 6 24 4 t∈[0,1] 144 t∈[0,1] t∈[0,1] d) La méthode élémentaire sur un intervalle [a, a + h] se déduit de celle sur [0, 1] à l’aide du changement de variable y = a + hx. On a alors Z a+h h 1 i 8 5 f (y)dy = h − f (a) + f (a + h/4) + f (a + h) + Eh (f ). 6 9 18 a Ici Eh (f ) est l’erreur de quadrature sur [a, a + h]. e) D’après ce qui précède, si h = (b − a)/n et ai = a + ih, i = 0, . . . , n, la méthode composée est donnée par Z b n−1 i Xh 1 8 5 f (x)dx = h − f (ai ) + f (ai + h/4) + f (ai+1 ) + E(f ), 6 9 18 a i=0 où l’erreur E(f ) vérifie |E(f )| ≤ h3 sup |f (3) (x)|. 144 x∈[0,1] 2. a) Dans le cas général, on a ∂f ∂f (t, x) + f (t, x) (t, x). ∂t ∂x Si f est indépendante de t, cette expression devient f [1] (t, x) = f [1] (x) = f (x)f 0 (x). Il en résulte f [2] = (f [1] )[1] = f (f f 0 )0 = f 2 f 00 + f (f 0 )2 . b) i) Le schéma est consistant car F (·, 0) = f et stable puisque F est L-lipschitzienne par rapport à la variable h, avec k 2k h∗ k k L= + 1+ + 1 + k(1 + h∗ k) . 6 3 2 6 ii) On a ∂F0 1 (x, h) = f (x) + f 0 (x + (1/2)hf (x))) ∂h 2 ∂ 2 F0 1 (x, h) = f 2 (x) + f 00 (x + (1/2)hf (x))) 2 ∂h 4 et ∂F1 (x, h) = {f (x + hf (x)) + hf (x)f 0 (h + hf (x))}f 0 (x + hf [x + hf (x)]) ∂h ∂ 2 F1 (x, h) = {f (x + hf (x)) + hf (x)f 0 (h + hf (x))}2 f 00 (x + hf [x + hf (x)]) ∂h2 +{2f (x)f 0 (x + hf (x)) + 2hf 2 (x)f 00 (h + hf (x))}f 0 (x + hf [x + hf (x)]). D’où ∂F0 ∂h (x, 0) = 12 f (x)f 0 (x), ∂ 2 F0 (x, 0) ∂h2 = 41 f 2 (x)f 00 (x), ∂F1 ∂h (x, 0) = f (x)f 0 (x), ∂ 2 F1 (x, 0) ∂h2 = f 2 (x)f 00 (x) + 2(f 0 )2 (x)f (x). iii) Puisque 1 2 1 F (x, h) = f (x) + F0 (x, h) + f (x)F1 (x, h), 6 3 6 on déduit facilement de a) et de la question précédente 1 ∂F (x, 0) = f (x)f 0 (x) ∂h 2 ∂2F 1 2 00 0 2 (x, 0) = f (x)f (x) + f (x)(f (x)) . ∂h2 3 Donc le schéma (M ) est au moins d’ordre 3. 3. a) Puisque f (0) = 0, f (x) → +∞ quand x → +∞ et f est strictement croissante, l’équation f (x) − b = 0 admet une unique solution a > 0. D’après (B), on a (f (a) − f (0))(a − 0) ≥ m(a − 0)2 , ce qui donne b = f (a) ≥ ma. C’est-à-dire a ≤ b/m. b) i) D’après le théorème des accroissements finis, il existe x̃0 ∈]0, a[ tel que x1 = −ρ0 (f (x0 ) − b) = ρ0 (f (a) − f (x0 )) = ρ0 f 0 (x̃0 )a. Mais comme f 0 est strictement croissante sur [0, b/m], on conclut x1 = f 0 (0)x̃0 a < a. (f 0 (b/m))2 Donc x0 = 0 < x1 < a. De même, il existe ỹ0 ∈]a, b/m[ (noter que si a = b/m, la suite (yn ) est stationnaire. Il n’y a donc rien à démontrer) tel que y1 − a = (y0 − a) − ρ0 (f (y0 ) − b) = (y0 − a) − ρ0 (f (y0 ) − f (a)) = (1 − ρ0 f 0 (ỹ0 ))(y0 − a). Comme 0 < ρ0 f 0 (ỹ0 ) = f 0 (0)f 0 (ỹ0 ) < 1, (f 0 (b/m))2 on en déduit 0 < y1 − a < y0 − a. C’est-à-dire a < y1 < y0 . On suppose maintenant que 0 < xk < xk+1 < a < yk+1 < yk < b/m, 0 ≤ k ≤ n. En particulier, on a 0 < xn+1 < a < yn+1 < b/m. Comme ci-dessus, du théorème des accroissements finis on tire l’existence de x̃n+1 et ỹn+1 tels que 0 < xn+1 < x̃n+1 < a < yn+1 < ỹn+1 < b/m et xn+2 − a = (xn+1 − a) − ρn+1 (f (xn+1 ) − f (a)) = (xn+1 − a)(1 − ρn+1 f 0 (x̃n+1 )), yn+2 − a = (yn+1 − a) − ρn+1 (f (yn+1 ) − f (a)) = (yn+1 − a)(1 − ρn+1 f 0 (ỹn+1 )). De nouveau le fait que f 0 soit strictement croissante sur [0, b/m] implique 0 < ρn+1 f 0 (x̃n+1 ) = f 0 (xn+1 )f 0 (x̃n+1 ) < 1, (f 0 (yn+1 ))2 ρn+1 f 0 (ỹn+1 ) = f 0 (xn+1 )f 0 (ỹn+1 ) < 1. (f 0 (yn+1 ))2 Il s’ensuit que 0 < a − xn+2 < a − xn+1 , 0 < yn+2 − a < yn+1 − a, ce qui donne 0 < xn+1 < xn+2 < a < yn+2 < yn+1 . D’où le résulat. ii) La suite (xn ) étant croissante et majorée et la suite (yn ) étant décroissante et minorée, elles sont donc toutes les deux convergentes. Puisque leur limites (positives) sont solutions de f (x) = b, on conclut qu’elles convergent toutes les deux vers a.