Fred Pinel - Bibliothèque de l`école Camondo
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Fred Pinel - Bibliothèque de l`école Camondo
BAGAGES Novembre 09 N°1 www.bagages.com LOUIS VUITTON SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE REVENEZ A CETTE EPOQUE de LUXE d’AVENTURE et de GLAMOUR 2€ PRIX DE LANCEMENT TROUVER LE BAGAGE IDÉAL L’ACCESSOIRE INDISPENSABLE EXCLUSIF Interview de Fred Pinel un homme d’exception DIS-MOI AVEC QUEL BAGAGE TU VOYAGES JE TE DIRAI QUI TU ES UN VRAI LUXE À LA FRANCAISE ULTRA TENDANCE LES DERNIÈRES VALISES QU’ON AIME E D O M Sommaire Novembre 09 P.6 Louis Vuitton, un savoir faire traditionnel sur le devant de la scène encore aujourd’hui 6 6 Musée du voyage 10 A chacun sa forme et son aspect 12 Atelier de fabrication des malles 13 Etape par étape 14 La toile comme indicateur de temps 17 Louis Vuitton aujourd’hui P.18 Le bagage, reflet d’une évolution sociale et culturelle 19 Retour en arrière 20 De drôles de transports 21 Les temps changent 23 Innovation et créativité 24 Le sac pour toutes les aventures 25 Des gammes qui s’élargissent P.26 De l’outil de transport à l’accessoire de mode indispensable 27 Un marché en plein essort 28 Un objet nommé désir 29 L’offre explose 30 A prendre ou à laisser 31 Selon son style 32 Rencontre avec un homme d’exception 34 Des malles plus folles les unes des autres 36 Une vraie leçon de savoir-faire 18 26 BAGAGES 3 BAGAGES BAGAGES dito Q E ui n’a jamais rêvé d’un départ en paquebot transatlantique ou embarquer à bord de l’Orient Express? Revenir à cette époque ou le voyage symbolisait encore l’aventure, le luxe et le glamour. Vous allez me dire que je suis nostalgique parce que je suis une fille mais c’est ce genre de voyage qui me fascine et me fascinera toujours. C’est grâce à mon récent stage chez Louis Vuitton qu’il m’ait apparu évident de traiter le thème du bagage comme sujet de réflexion. En effet, c’est à cette occasion que j’ai pu découvrir avec émerveillement la demeure familiale ainsi que l’atelier de fabrication des malles et des bagages Louis Vuitton à Asnières. L’histoire du bagage, intimement liée au développement de l’art du voyage, est le reflet d’une réelle évolution sociale et culturelle. Les bagages ne sont pas neutres. Ils ont un statut social, professionnel, et changent suivant les âges de la vie. Aujourd’hui, avec un bagage seulement on fait le tour du monde. Voyager plus loin, plus vite mais moins longtemps et plus confortablement : les bagages à la mode sont les témoins des nouveaux modes de transport. Les temps ont bien changé… Autrefois simples outils de transport, les bagages sont en train de devenir de vrais objets de mode. Ils sont désormais des accessoires comme les autres. Comprenez mode et non plus uniquement utilitaire. La question que je me suis alors posée a été la suivante : Comment un objet traditionnel comme le bagage a-t-il pu devenir aussi contemporain ? Bon voyage, Sophie Darriere, Rédactrice en chef Collection Louis Vuitton Louis Vuitton un savoir faire traditionnel devant de la scène encore aujourd’hui. Collection Louis Vuitton Suivez moi, je vais vous ouvrir les portes d’Asnières. J’espère vous faire ressentir toutes les subtilités de cet endroit riche en histoire. Je ne pourrais commencer sans vous rappeler brièvement quelques dates qui ont marqué le parcours de Louis Vuitton… sur le Louis Vuitton, fondateur de la marque qui porte son nom, est né en 1821. C’est en 1854 qu’il fonde sa société et ouvre son premier magasin à Paris. Quatre ans plus tard, il crée la première malle plate en toile grise Trianon, et lance l’année suivante la construction de son atelier. C’est donc en 1859 que Louis Vuitton installe son atelier de malles à Asnières. Le site est stratégique : la Seine, qui permet l’approvisionnement en bois par péniche, n’est pas loin et la ligne de chemin de fer relie directement l’atelier à la gare Saint-Lazare. Bien évidemment, le site a connu quelques changements depuis son ouverture. L’atelier a rouvert en janvier 2005, après un an de rénovation complète. Fidèle à l’architecture des origines, la verrière permet aux 185 artisans de travailler à la lumière du jour. Au total, 230 salariés sont aujourd’hui présents sur le site. Dès mon arrivée, je tombe immédiatement sous le charme de ce lieu. Asnières est l’origine de l’identité de la marque, elle en constitue son âme. D’une part car elle demeure la maison familiale de Louis Vuitton et d’autres part parce que l’atelier de fabrication originel la fait toujours vivre. L’ancienne demeure de famille au cachet Art nouveau accueille un musée du voyage. Laissons-nous alors guider par la folle Histoire du bagage… «Asnières est l’origine de l’identité de la marque, elle en constitue son âme.» La première pièce de collection que je découvre dans le musée est un coffre, l’ancêtre de la malle, meuble qui servit longtemps dans bien des maisons tout à la fois de siège, de table, de rangement et de boîte de transport. Juste pour un peu d’histoire… Le métier d’emballeur, celui qui prend les cotes des objets pour fabriquer une caisse adaptée, et ses premiers statuts remontent aux environs de 1521, sous le règne de François 1. En 1852, apparaît le mot layetier, dérivé de laie, petit coffre servant à la conservation des bijoux et des documents de valeur. Au XIXe siècle, les mots layetier et emballeur sont associés pour désigner une seule et même profession. L’emballeur crée des caisses sur mesure capable de résister aux chocs et protéger toutes sortes d’objets à transporter. Il n’utilise ni essences nobles ni assemblages savants, mais tout bonnement du bois ordinaire et des clous, des lames métalliques, des petits linteaux, parfois une charnière ou une serrure. Une toile sèche ou grasse (imprégnée d’une substance bitumeuse) protège la malle et son contenu à la fois de l’humidité et des intempéries, tout en contribuant à son esthétique. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, on parle encore de coffre. Ce sont les maisons Goyard (autre grand malletier de l’époque) et Louis Vuitton qui imposeront le terme de malle. C’est à partir du milieu du XIX siècle que l’essor des transports, maritimes, ferroviaires et routiers, consacre le terme et l’usage des malles. Les malles deviennent indispensables aux personnes qui se déplacent, riches voyageurs, marchands, négociants, militaires, immigrants et autre globe trotteurs. Partant loin et pour longtemps, on emporte avec soi vêtements et objets personnels. Le moindre déplacement s’apparente à l’expédition, voire au déménagement. « C’est un truc de riches. On déplace son chez-soi dans de grands coffres. Une fois arrivés à destination, ils servent de meubles. » Marie Simon, auteur de «voyageurs, petite histoire du nécessaire et du superflu» Nous avons tous à l’esprit ces belles dames aux grands chapeaux, qui attendaient sur le quai pour embarquer sur un paquebot, accompagnées de leur 1000 bagages. Les voyageurs partaient pour longtemps, il fallait donc partir avec « sa maison » sur soi. « Jamais seigneur ou grande dame ne se mettaient en route sans un cortège de sommiers chargés de lourds colis . » Marie Simon Quand on imagine le poids que devait faire chaque bagage… BAGAGES 7 Blaise Cendras, Feuilles de route (1924) « Bagage » tion L Collec Collection 8 BAGAGES uitton ouis V Louis Vuit ton Dire que des gens voyagent avec des tas de bagages Moi je n’ai emporté que ma malle de cabine Et déjà je trouve que c’est trop de choses Voici ce que ma malle contient Le manuscrit de Moravagine que je dois terminer à bord et mettre à la poste à Santos pour l’expédier à Grasset Le manuscrit du Plan de l’Aiguille que je dois terminer le plus tôt possible pour l’expédier au sans pareil Le manuscrit d’un ballet pour la prochaine saison des Ballets Suédois et que j’ai fait à bord entre le Havre et la Pallice d’où je l’ai envoyé à Satie. Le manuscrit du Cœur du Monde que j’enverrai au fur et à mesure à Raymone Le manuscrit de l’Equatoria Un gros paquet de contes nègres qui formera Le deuxième volume de mon Anthologie Plusieurs dossiers d’affaires Les deux gros volumes du dictionnaire Darmesteter Ma Remington portable dernier modèle Un paquet contenant des choses que je dois remettre à une femme de Rio Mes babouches de Tombouctou qui portent les marques de la grande caravane Deux paires de godasses mirifiques Une paire de vernis Deux complets Deux pardessus Mon gros chandail du Mont-Blanc De menus objets pour la toilette Une cravate Six douzaines de mouchoirs Trois liquettes Six pyjamas Des kilos de papier blanc Et un grigri Ma malle pèse 57 Kilos sans mon galurin gris Collection Louis Vuitton BAGAGES 9 Malle bombée Malle à chapeaux, Vuitton 1924 Malle plate Malle destinée à transporter une harpe La forme et l’aspect : Une grande famille Les malletiers ont cherché et cherchent toujours à mieux adapter leurs fabrications. Réalisée à la demande, la malle s’adapte à tous les besoins et se diversifie selon les utilisations. Chaque forme dépend de son transport, de son usage et bien sûr de son époque. Certaines sont conçues pour s’ouvrir à plat, d’autres pour tenir « debout ». Je suis fascinée par le nombre incroyable de malles différentes... Malle lit, Vuitton, 1891 - malles bombées - malles droites ou plates (malle courrier, malle cabine, malle plate haute) - malles courbes ou cintrées - malles armoires ou wardrobes - malles commodes - malles valises - malles auto - malles à chapeaux - malles provençales - malles en cuir Malle-courrier, 1909 - malles en osier - malles en métal Malle commode, 1918 - malles américaines - malles spéciales 10 BAGAGES Wardrobe, Vuitton, 1917 Wardrobe pour dames, Vuitton, 1928 rpe Tea-case, Vuitton, 1926 Suivant la tradition des coffres, les malles ont d’abord été bombées pour être résistantes et permettre à la pluie de s’écouler des toits des diligences. Les malles deviennent par la suite plates pour s’empiler et être glissées aisément dans les filets à bagages de l’Orient Express et les coffres des tractions avant Citroën. On invente donc les bagages qui vont avec le rythme trépident de la vie sociale. Le bagage fait sa révolution ! La malle devient alors un véritable objet de passion, symbole de luxe à la française : le maharadjah de Baroda commande, en 1926 à la maison Vuitton, un tea case, qui l’accompagne dans ses chasses au tigre ! Secrétaire-chaussures, Vuitton, 1926 Malle-auto, Vuitton, 1916 u, 1920 Malle-burea BAGAGES 11 Collection Louis Vuitton Je poursuis ma visite par l’atelier de fabrication. Ce site historique produit aujourd’hui des malles et des commandes spéciales, c’est-àdire des produits réalisés en fonction des besoins d’un client unique. J’ai été surprise d’apprendre qu’environ 400 commandes spéciales sont réalisées chaque année, surtout quand on connaît le prix d’une malle.... La réalisation de ce type de commande peut prendre 6 mois, moyennant la modique somme de 50 000 euros en moyenne! Le soin apporté à la fabrication en a fait sa qualité : elle a contribué à la notoriété de la firme. Cette même éthique transparaît encore aujourd’hui quand on visite les ateliers. Si une certaine mécanisation a simplifié les tâches autrefois manuelles, pour ce qui est de la découpe des articles, la décomposition du travail ne semble guère avoir changé. «400 commandes spéciales sont réalisées chaque année» 12 BAGAGES 1 2 Le menuisier est le premier artisan à intervenir dans le processus de production. À partir du bois de peuplier, il travaille et assemble les fûts de bois pour donner la forme désirée. Même si les machines modernes ont fait leur apparition au sein de l’atelier, les artisans utilisent encore beaucoup les outils traditionnels, comme le maillet ou les rivets. Ils sont censés pouvoir intervenir sur tout le processus de fabrication et changent régulièrement de poste. 3 Pour la confection de ses malles, Louis Vuitton utilise du cuir de vache. Il est tanné de manière naturelle, avec des écorces de bois ou encore de mimosas. C’est une méthode ancienne qui lui permet de passer grâce à une exposition au soleil d’une teinte très claire à la couleur désirée. 4 Les clous sont posés sur la lozine du bagage. La lozine, fibre vulcanisée très résistante, recouvre les angles de toutes les malles Vuitton. Plusieurs milliers de clous peuvent être nécessaires à la fabrication d’une malle. 6 Les charnières des malles Vuitton sont réalisées selon la même méthode depuis la fondation de l’entreprise. Deux morceaux de toile de coton sont cousus ensemble, puis collés à l’intérieur et à l’extérieur du fût. 5 La toile Monogram et ten- due sur les fûts en bois. Cette opération requiert une précision extrême car le motif traditionnel de la marque impose un alignement parfait à chaque couture ou jointure. Les angles des malles sont fixés à l’aide de clous rivets. L’ensemble des pièces métalliques posées sur les bagages est L’artisan prépare l’espace néfabriqué en laiton. cessaire au positionnement des serrures. 7 Tous les bagages Louis Vuitton disposent de système de fermeture par clefs numérotées, réputées inviolables. BAGAGES 13 Quatre échantillons de toiles Vuitton : -Gris Trainon, créée en 1854 -Rayée, créée en 1872 -Damiers, créée en 1888 L.V tissés, créée en 1896 «Objets du passé, les malles seraient intemporelles si elles n’étaient pas habillées de toile.» Objets du passé, les malles seraient intemporelles si elles n’étaient pas habillées de toile. 14 BAGAGES C’est elle qui situe et raconte les tribulations que ses créateurs ont connu. Le «gris Trianon»... Fut la première parure de la malle bombée qui triomphait en 1854 dans la vitrine du magasin, rue Neuve-des-Capucines. Le dessus bombé est mort? Vive le dessus plat, et toujours en «gris Trianon». et jusqu’en 1870 où l’arrivée des Prussiens à Paris perturbe et casse le grand élan. De plus, civisme obligeant, le stock de toile «gris Trianon» de l’atelier est réquisitionné pour fabriquer les aéronefs qui assureront les liaisons, humaines et postales, hors Paris occupé. La bayardère... Le grand bouleversement que vient de vivre la France, avec ses répercussions économiques invitables, fait que Louis Vuitton repart de zéro, et doublement, car le «gris Trianon» fait florès chez les imitateurs. Alors, à nouveau départ, nouvelle toile, indispensable pour mieux se battre sur le marché. Dès 1872, les malles revêtent une toile rayée, imprimée en rouge sur fond beige clair. La gaieté et l’inédit ont raison des concurrents. La mode est adoptée par les clients qui se multiplient, mais également par les autres fabricants... Quatre ans après, donc, pour que l’originalité soit sauve, une nouvelle gamme de couleur est choisie : un camaïeu de beige,ou rayures claires et foncées alternent. A plus d’un siècle de distance, c’est toujours cette tonalité que l’Entreprise exploite, elle fait partie de son image. Les petits-carreaux... Plagiée à nouveau et plus que jamais, la toile rayée doit être abandonnée alors que l’Exposition Universelle de 1889 approche. Pour la présentation qu’ils ont prévue, Louis Vuitton et son fils Georges-devenu entre-temps son associé-, talonnés par ce soucis constant de «démarquage», disposent sur leur stand un ensemble d’articles de voyage habillés d’une toile «damiers», en beige clair et foncé. Frissons de surprise chez les concurrents voisins, dépassés une fois de plus; sourire du créateur devant l’enthousiasme de sa clientèle. La toile est une «moleskin» (mole-skin) dont la surfance, légèrement granuleuse, imite la peau de taupe (d’où son nom). Bien que dans un petit carré, discret mais présent, «LV-marque déposée» veut être un «défense de copier» impératif, c’est trop tard et les sans idées copient derechef...Reste à touver une autre expression. La Vuittonite... Prospection, voyages d’affaires, changements d’implantations, créations de magasins à l’étran ger, participations aux salons internationaux, n’empêchent pas Georges Vuitton (qui a succédé son père) de repenser le «problème toile». En 1896, le nouveau dessin est arrêté : «un cercle beige avec, en réserve, une fleur quadrilobée, un losange curviligne beige encerclant une étoile à quatre branches galbées, une étoile avec point au centre, donc le même dessin que la précédente mais cette fois en beige et fond marron.» Le monogramme LV est ajouté, hommage du fils à son père, dont il perpétue le souvenir. Les motifs qui composent le dessin et personnifient la firme sont tissés, et la toile toujours imperméabilisée. Toutefois, trop délicate à mettre en oeuvre, elle est remplacée, en 1908, par un support de lin enduit suivant un nouveau procédé, dit «pégamoïde», du nom de son inventeur, puis imprimée (dessin de 1896). Un peu épaisse et légèrement cassante, elle est réservée exclusivement à la fabrication des articles rigides. Il faudra attendre 1959 et le développement des matières plastiques pour qu’apparaisse la toile enduite de PVC actuellement en usage pour toutes les fabrications de la firme. A l’époque, elle a permis à Gaston Vuitton de donner un nouvel essort à la gamme des articles «souples» : valises, sacs et petites maroquineries, parallèlement à la ligne des «rigides». Ni le progrès de la technique, ni les fluctuations de la mode, ni l’offensive des plagieurstoujours bien vivante- n’ont eu raison du temps : le dessin créé en 1896 connaît toujours le même succès, tant en France qu’à l’étranger. En plus de situation temporelle, c’est l’histoire même de l’objet que le collectionneur cherche à reconstituer. Qui fut le chanceux possesseur de ces malles dont les étiquettes, toujours bien collées, tracent les étapes du long itinéraire parcouru? Décidemment, GeorgesVuitton avait pensé à tout! Depuis 1890 en effet, grâce à son sysème de serrure exclusif, breveté et déposé, chaque propriétaire de malles (Vuitton) l’est aussi de son système de serrure, le même pour boucler tous ses bagages avec une seule clef. Chaque serrure est une combinaison judicieuse de plaques dont le numéro traduit l’agencement, mais il est secret... Depuis bientôt cent ans, ces références sont répertoriées 78 bis avenue Marceau (l’un des magasins parisiens) dans un fichier confidentiel, véritable «who’s who» de la clientèle. Une clientèle prestigieuse souvent, dont il ne reste qu’un symbole, un rappel, gravé dans le laiton depuis longtemps parfois. Après cette première enquête, il restera au curieux détective à sonder plus profondément la mémoire de sa malle, dont les détenteurs successifs seront les jalons du voyage effectué. Partout dans le monde se promènent, non seulement une profusion de malles Louis Vuitton, mais plus encore le souvenir d’un montagnard, venu très jeune à Paris (14ans) en quête de travail, et dont l’aventure se poursuit. BAGAGES 15 «les malles recèlent de nombreux secrets où toutes les astuces de rangement sont bonnes à prendre !» Pour la petite anecdote : à la mort de l’explorateur italien Pierre Savorgnan de Brazza en 1905, il fallut appeler le célèbre malletier afin de réussir à ouvrir sa malle secrétaire à tiroirs secrets… Collection Louis Vuitton Je suis impressionnée autant par la perfection, la souplesse et l’intelligence des malles que par la qualité de leur fabrication et de leurs finitions. En tant que futur designer, les malles recèlent de nombreux secrets où toutes les astuces de rangement sont bonnes à prendre ! Collection Louis Vuitton Ce qui est certain c’est que les bagages Vuitton ont fait rêver plusieurs générations. Lors d’un tournoi de tennis aux Etats-Unis dans les années vingt, le champion René Lacoste exprime un souhait : en cas de victoire, son capitaine lui offrira une valise en alligator. La victoire lui échappe ainsi que son cadeau mais il gagnera un « logo », le crocodile, longtemps symbole d’élégance sportive… Aujourd’hui, Louis Vuitton est devenu, avec le groupe LVMH, le géant mondial de la maroquinerie et du bagage de luxe. Je suis stupéfaite tout de même de voir comment une marque telle que Louis Vuitton, forte d’un passé et d’une histoire authentique, a pu aujourd’hui acquérir une image aussi « bling bling ». Peu de gens connaissent l’historique de cette marque et je trouve cela quelque peu regrettable. Les dernières campagnes de publicité, à l’initiative de Louis Vuitton confirment bien cette tendance : elles utilisent l’image de grandes stars du moment, pour la promotion de leur produit. La célèbre maison de luxe renouvelle ses campagnes de portraits et s’offre les services de figures emblématiques. Après S.Graf et A.Agassi, Catherine Deneuve, Mikhail Gorbatchev, Keith Richards, Francis Ford Coppola et sa fille, Sean Connery, Scarlet Johnson...c’est dorénavant au tour de Madonna de porter très haut les couleurs de la marque et de nous faire voyager avec elle. La marque Louis Vuitton que nous connaissons aujourd’hui est le fruit d’une longue évolution, aussi bien sociale que culturelle. Elle a acquis ses lettres de noblesse au fil du temps et au gré des avancées technologiques. Cependant, la clientèle de Vuitton d’aujourd’hui serait-elle sensible à la mise en avant de ce savoir faire ? Je n’en suis pas si sûre… D’ailleurs les stratégies de vente et de communication de l’entreprise ne valorisent pas ce savoir faire traditionnel. Par exemple, les gens sont toujours surpris d’apprendre que leurs sacs aux motifs Monogram sont en toile enduite et non en cuir. De nos jours, les clients sont davantage préoccupés par la recherche de l’aspect mode que représente la marque. BAGAGES 17 La baie de Naples, papier peint, France, XIXe s. Le bagage d’une évolution sociale et reflet culturelle Projetons nous en arrière… Longtemps, les voyageurs se sont contentés d’un simple manteau pour y rouler quelques vêtements. Ils sanglaient le tout d’une bride de cuir qui servait de poignée quand on n’attachait pas ce bagage sur la croupe du cheval. Parcourir le monde ne faisait pas partie des mœurs et donc, bien évidemment, le concept de bagage était absent. Seuls quelques pèlerins ou étudiants arpentaient les chemins, à pied ou à cheval, munis d’un petit sac au contenu bien modeste. Quelque soient leurs motifs de départ, ils ne savaient pas, la plupart du temps, à quand serait fixé leur retour. Ils n’étaient même pas certains d’arriver à destination sains et saufs. Ils marchaient vers l’inconnu… comme nous l’indique cet extrait de Charles Baudelaire dans le voyage, extrait des Fleurs du Mal en 1857, « Mais, les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui Partent Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! » A partir du XVIIIe, on bouge davantage, en calèche, en carriole. On part à l’assaut du monde… bien confit dans ses habitudes. Car voyager relève alors du déménagement pur et simple. Collection Louis Vuitton COMTESSE JEAN DE PANGE, Comment j’ai vu 1900 (1962) Ainsi le moindre trajet était préparé comme une expédition polaire. C’était un événement depuis longtemps prévu et organisé avec le plus grand soin. Certains bagages partaient en petite vitesse huit jours à l’avance dans un fourgon spécial retenu depuis des semaines. Un fourgon n’était pas toujours suffisant si l’on songe que chaque domestique (une quinzaine au moins) avait sa malle et que ma mère à elle seule en avait treize sans compter ses cartons à chapeaux, ses métiers à tapisserie et son arsenal de boîtes à couleurs et de chevalets plus ou moins pliants. Elle faisait expédier ses coussins, ses tabourets, ses chancelières, ses paravents, ses vases à fleurs et la pendule de voyage comme si nous allions camper dans un désert alors que la maison de Dieppe regorgeait de meubles. Ma nurse entassait les objets les plus hétéroclites en deux énormes malles aux couvercles bombés qui dataient sûrement du temps des diligences... Bien que le trajet de Paris à Dieppe ne fût que de quatre heures on s’installait comme pour aller en Chine. On emportait plusieurs paniers de provisions et toute une batterie d’ustensiles dits « de voyage». Des couverts pliants, des timbales qui s’aplatissaient comme des chapeaux à claque, des flacons de sels, d’eau de Cologne, d’alcool de menthe, des éventails, des châles, des petits coussins en caoutchouc et un affreux pot de chambre également en caoutchouc dont la vue seule me rendait malade... Coupé de ville, France, XVIIIe s. tée à ce mon Diligen 20 BAGAGES VIIIe s. e, X e, Franc l’anglais «On part à l’assaut du monde… bien confit dans ses habitudes.» Gaupuy, Diligence à la Chopard, 1781 France, L’accélération du rythme des voyages achève la transformation des bagages, d’autant plus que la disparition du personnel de maison oblige dorénavant les voyageurs à porter eux-mêmes leurs effets. Le développement du train, du bateau, de l’automobile et surtout de l’avion révolutionne les matières et le design des bagages. Très utilisées jusque dans les années 1930-1940, les malles disparaissent donc peu à peu au profit de la valise et de bagages plus légers et moins encombrants. Les temps changent… En 1936, l’avènement des congés payés permet à la bagagerie de jeter les bases de ce qui, après la guerre avec la démocratisation des loisirs et des voyages, deviendra une véritable industrie. La valise se popularise. On doit adapter les produits aux exigences d’une nouvelle clientèle pour qui le luxe n’est pas nécessairement synonyme de coûteux et d’ostentatoire. Le chic est justement de ne pas paraître riche. Pierre Barbe, cabine de bateau, 1934 Robert Mallet-Stevens, cabine de bateau, 1934 Voiture, Salon Pullman, L’Etoile du Nord, 1928 Don Compagnie Internationale des Wagons-Lits, 1987 « la disparition du personnel de maison oblige dorénavant les voyageurs à porter eux-mêmes leurs effets. » BAGAGES 21 ROTH philip, Exit le fantôme, 2009 «Mon grand-père a développé l’entreprise en ajoutant les bagages. Dans les années dix et vingt, les voyages en train ont connu un grand essor, et d’un seul coup tout le monde voulait avoir sa valise. Et puis les gens voyageaient par bateau, par transatlantique. C’était l’époque des malles-cabines, vous savez, les grosses malles que les gens emmenaient pour les grands voyages, qui s’ouvraient à la verticale et qui avaient à l’intérieur des tiroirs et des portemanteaux. -Je les connais bien, ai-je dit. Et puis les autres, les petites malles noires qui s’ouvraient à l’horizontale comme des coffres de pirate. J’en ai eu une comme ça pour partir à l’université. Presque tout le monde en avait. Elle était en bois, les coins étaient en métal et les plus élègantes étaient cerclées de bandes métalliques en relief, la serrure était en cuivre, assez solide pour résister à un tremblement de terre. On envoyait la malle par Railway Express. On l’amenait à la gare, et on la laissait à l’employé de la consigne. A l’époque, le type de Penn Station, à Newark, portait encore le visière verte et gardait son crayon coincé derrière l’oreille. Il pesait la malle, on payait tant par livre, et voilà vos chaussettes et votre linge expédiés. -Oui, toutes les villes d’une certaine taille avaient une boutique de bagages, et tous les grands magasins avaient un rayon spécial pour la bagagerie. Ce sont les hôtesses de l’air, m’a expliqué Billy, qui, dans les années cinquante, ont révolutionné la façon dont les Américains concevaient les bagages : les gens ont vu qu’ils pouvaient être à la fois lègers et chics. C’est à peu près à ce moment-là que mon père s’est lancé dans l’entreprise, qu’il a modernisé le magasin et l’a appelé Bagages Mode de Davidoff. Jusque-là, le magasin portait encore son nom d’origine, Samuel Davidoff & Fils. Et puis à peu près en même temps sont arrivées les valises à roulettes : et voilà, considérablement abrégée, l’histoire de l’industrie du bagage. La version complète prendrait un millier de pages.» Inspiré des voyages en bateau à vapeur, le Steamer bag habille ses formes contemporaines de la toile Damier Graphite. L’unique poignée ronde peut s’accrocher à l’intérieur de la porte d’une cabine. 22 BAGAGES Que ce soit en cuir, toile et cuir, autruche ou crocodile ce sac est le ‘Classique’ d’Hermès. Il est devenu le Kelly quand on a vu la photo de la princesse Grace de Monaco se cachant derrière. Elle l’a rendu mythique. Très recherché, il se vend très cher même d’occasion. On en trouve peu et même en le payant à son vrai prix, il y a une liste d’attente. Chaque année des éditions spéciales sortent : En croco, avec des diamants, rien n’est assez cher et luxueux pour ce sac devenu une légende. Les grands malletiers abandonnent le cuir à l’odeur trop forte et découvrent à la fin du XIXe siècle la résistance de la toile enduite. Louis Vuitton en inonde les soutes à bagages dès 1896 avec sa mythique toile Monogram. Goyard l’avait devancé avec sa toile à chevrons, toujours fabriquée à l’identique depuis 1892. Débute alors le règne des grandes maisons : Vuitton, Goyard… Chacune d’entre elles rivalisent de créativité et d’innovation. Le luxe adopte les bagages souples comme le Steamer bag de Louis Vuitton qui à l’origine, était un sac à … linge sale. Le sellier Hermès se diversifie. Le fameux sac Kelly n’est que la reconversion du traditionnel sac à selle. Hermès ramène des Etat-Unis la première fermeture à glissière, adaptée sur le cuir du sac polochon dès 1924 : une révolution. Lancel, maison fondée en 1876, impose dans les années soixante ses bagages souples en nylon de couleur vive, avec armature métallique pour la solidité, poches latérales et poids plume pour les amateurs d’évasion à prix accessibles. L’époque est donc à l’innovation, spécialement dans le domaine du pratique quotidien. Des textiles artificiels remplacent les lourdes gabardines et réduisent d’autant la taille des valises. Les cuirs rajeunissent, se tein tent des couleurs de l’arc-enciel puis, petit à petit, laissent la place aux matières de synthèse plus souples, plus légères et encore plus abordables. Mais l’événement marquant de cette dernière décennie reste l’apparition des roulettes. Le premier Trolley (marque déposée) avait été commercialisé par Delsey en 1972, aujourd’hui seconde marque mondiale de bagage haut de gamme « Au début, ce système s’est heurté à la réticence des hommes, qui répugnaient à tirer leur valise comme les femmes un chariot de courses. » « La valise sans roulette reste l’apanage de la virilité ; il faut porter sa valise quand on est un homme ! » Mais heureusement, même avec leurs petits biceps, ce sont ces dames qui décident et qui achètent. Elles réclament des bagages plus légers et plus maniables. On les écoute. Plus sérieusement , le souci de préserver la colonne vertébrale l’emportant, les roulettes ont vite gagné leurs lettres de noblesse et fait des émules auprès des autres marques. Le déplacement est alors devenu un jeu d’enfant ! Fini donc les multiples bagages à traîner ! Samsonite, numéro 1 mondial de la bagagerie et Delsey proposent aujourd’hui des roues tournant à 360 degrés ou multidirectionnelles. La marque Platinium, autre bagagiste a l’exclusivité du fameux système à trois roues (celui qui permet de monter plus aisément les marches ). Longchamp quant à elle se targue d’utiliser les mêmes roues que les…rollers ! « La valise, le sac…tous les produits ont désormais des roulettes ». Cela a l’air d’une évidence, pourtant les fabricants continuent de le souligner : les bagages, quel que soit leur format, ne peuvent plus se passer de roulettes et de poignée télescopique pour les tirer. Un retour en arrière semble impossible. BAGAGES 23 le « prêt-à-partir », une nouvelle génération de produits Par ailleurs, la manière de voyager a évolué. Le changement le plus important concerne la durée et la fréquence des séjours. Pour le travail ou pour le plaisir, les « terriens » se déplacent de plus en plus. Les Français, par exemple, partent plus souvent mais moins longtemps que ce soit pour leur travail et pour leurs vacances. L’organisation mondiale du tourisme, qui avait dénombré 643 millions de touristes en 1997, prévoit une augmentation moyenne de 4 à 5 % par an, pour atteindre 1,6 milliard de touristes en 2020. On invente alors le « prêt-àpartir », une nouvelle génération de produits adaptés à cette société en mouvement perpétuel. La démocratisation des voyages et la baisse du coût des billets d’avion a engendré cette nouvelle génération de touristes qui bouge régulièrement. Voyager plus loin, plus vite mais moins longtemps et plus confortablement, les bagages à la mode sont les témoins des nouveaux modes de transport. Aux XX siècle, avec trois paires de souliers, trois costumes et six chemises, on fait le tour du monde. Les sacs de voyage, rebaptisés 24, 48 ou 72 heures, sont devenus indispensables et représentent un marché juteux pour les maroquineries. Les bagages sont donc soumis à de nouvelles lois : ils doivent être petits, pratiques et maniables ! On fabrique plus léger, compact et modulable, à grand renfort de compartiments et de poches amovibles, sans oublier les indispensables roulettes. Les bagages mous font également leur révolution. L’enthousiasme pour les vacances dites « aventures » ou les vacances sportives y est sans doute pour quelque chose. Du coup, le sac est de toutes les escapades : en toile, parce qu’on n’a encore rien fait de plus léger, ou en cuir, parce que c’est inusable et tellement chic. De plus, les sacs ont bien d’autres avantages : ne serait-ce que de se loger facilement dans un coffre à voiture déjà plein à craquer… Essayez donc d’empiler plusieurs valises rigides ! Plus sportif et souvent léger, le sac donne plus facilement l’illusion qu’on peut le « bourrer » à l’envie, le traîner sans égards. Sorte de balluchon, de traversin fait pour vadrouiller, il convient à ceux qui veulent afficher la décontraction. Évidemment avec ce bagage, on court toujours le risque de se retrouver, dans le hall d’un aéroport, à quatre pattes en train de chercher le « petit truc qui manque » avant de prendre l’avion, et qui sera, forcément, tout au fond de son sac. Le principal défaut du sac est donc quand même de ne pas pouvoir ranger correctement ses affaires. Ouvrir mon sac? Je crois que c’est une mauvaise idée… L’ordre n’est pas une mince affaire…et je sais de quoi je parle, je crois bien que c’est l’un de mes grands défauts ! Partir en voyage commence, pour tout le monde, par cette aventure étrange qui consiste à faire tenir - ne parlons pas encore de ranger - vêtements, chaussures, livres, trousse de toilette…dans un seul et même contenant. L’enfer ! Sac ou valise, il faut s’adapter, plier, réfléchir, prévoir. Confectionner sa valise est un art et cet art n’est pas nouveau, comme en témoigne ce passage extrait du journal des dames de 1819: «S’il est peu de personnes qui aient le talent de tenir une maison, de présider à un repas et de faire les honneurs d’une soirée, il en est encore moins qui possèdent le secret de voyager commodément et agréablement. On ne l’acquiert que par la réflexion et une longue expérience.» La marque devient rapidemment très populaire, particulièrement dans les collèges et lycées où ces sacs à dos, conçus initialement pour l’armée sont utilisés comme sacs de classe. Succès garanti grâce à un produit réputé pour sa solidité - les sacs sont garantis trente ans - et griffé made in USA. La marque, rachetée en avril 2000 par le groupe Trouver le bagage idéal est l’objectif de tous les textile Vanity Fair -s’impose comme leader du voyageurs. Le problème majeur consiste alors marché français du sac à dos de moins de 30 litres à choisir lequel, parmi l’immense choix qui est - entendez à usage urbain - avec un peu plus de offert, sera la plus conforme à nos attentes per600 000 unités vendues en 2000 (12% du marsonnelles. ché). Plus récemment, elle a diversifié sa gamme d’accessoires et crée des gamme entière de bagages On peut quand même dire que l’on est bien aidé allant du sac 24h au sac pour de longs voyages. aujourd’hui avec les marques actuelles qui élarC’était une évolution nécéssaire même si les clasgissent leur gamme pour répondre au mieux aux siques sacs à dos constituent encore ses meilleures attentes des clients. ventes. Chouchou des collégiens, cette marque de Prenons l’exemple d’une marque comme Eastpak . sacs à dos mise beaucoup sur le marketing. C’est l’histoire d’un sac à dos passe-partout qui La cible privilégiée est celle des 12-18 ans, qui traverse l’Atlantique dans les bagages d’un jeune sont particulièrement friands de produits amérihomme inspiré. En 1986, Kostia Belkin, frais cains. Une population de collégiens et de lycéens diplômé d’une école de commerce, constate lors qu’Eastpak sait particulièrement choyer. Elle leur d’un séjour aux Etats-Unis la popularité des sacs propose plus de 50 modèles, allant de sacs porteà dos Eatstpak, créés en 1977, sur les campus baladeurs à divers produits adaptés au rangement américains. Rapidement, il convainc les dirigeants des skateboards. de la marque américaine du potentiel du marché Les filles ne sont pas oubliées, avec Freedom, aux européen. Il crée alors la société Cosimo qu’il base formes plus seyantes. «Notre succès, c’est notre à Monte-Carlo et distribue de manière exclusif image. Nous ciblons donc très précisément nos Eastpak en France. produits en investissant les milieux branchés et rebelles», martèle Kostia Belkin. Ainsi, Eastpak sponsorise des concerts, équipe des DJ, multiplie les partenariats avec des compétitions de sports de glisse et s’associe aux vedettes des années lycée, comme le groupe Daft Punk et Kool Shen, chanteur de NTM. Autrefois simples outils de transport, les bagages sont donc en train de devenir de véritable objets de mode. BAGAGES 25 Deà l’accessoire l’outil de transport de mode indispensable Chloe Sevigny portant la valise Trunk de Samsonite Ce que l’on remarque c’est que le marché du bagage se segmente de plus en plus, c’est une tendance forte. Il y a les deux gros généralistes, Samsonite et Desley, et autours gravitent de nombreuses marques spécialisées dans tel ou tel domaine : le casual avec Kipling, le féminin avec Jump, le sportwear avec des gens comme Mandarina Duck. Le secteur du luxe a également trouvé son public. D’un côté des marques à forte notoriété telles que Louis Vuitton, St Dupont ou Chanel, cette dernière ayant conçu une nouvelle ligne complète de bagages du sac au contenant cabine, tout en passant par la trousse de toilette et le porte-monnaie. De l’autre, des marques qui privilégient les belles matières et le côté cossu et raffiné, telles que Tumi, Bric’s ou Zero Halliburton. Le baroudeur, Guide du Routard en poche, s’oriente quant à lui plus volontiers vers le souple, style grand sac postier ou sac marin (Aigle, chez Alpa), taillé dans des toiles techniques et équipé de roulettes. En conclusion, il existe quelques marques généralistes auprès desquelles gravite une myriade de plus petites structures, qui exploitent des niches bien spécifiques : -bagages souples -bagages souples à roulettes -bagages rigides -bagages rigides à roulettes -bagages cabines -bagages à volume variable -porte habit et vêtement -sacs étanches -sac week-end 24h-48h - …. Les fabricants de bagages ne s’arrêtent plus ! Il y en a pour tous les goûts et pour tous les usages. Les phrases de publicité sont accrocheuses ! « Ne mettez donc pas vos affaires dans n’importe quel sac. » « Respectez vos gadgets, promenez les avec élégance » Mais il y a juste un point qui m’échappe. Cela voudrait-il donc dire que nous devrions avoir besoin d’un bagage pour chaque occasion ?? Merci le budget ! « Ne mettez donc pas vos affaires dans n’importe quel sac. » « Respectez vos gadgets, promenez les avec élégance » BAGAGES 27 Un objet nommé Désir… En clair, chacun veut désormais avoir un bagage correspondant à son image, à ses besoins et à ses goûts personnels qui puisse le distinguer des autres voyageurs. Il faut donc lui donner un côté objet « perso ». Ainsi par exemple, Samsonite propose dans la série F’Lite, un set d’auto-collant pour personnaliser ses produits rigides en polypropylène. L’irruption de la mode et des innovations dans cet univers a permis d’apporter une brassée d’air frais. « Le bagage n’est plus un produit figé. Il emboîte le pas aux évolutions technologiques et change avec la mode ». Comme une paire de chaussures, un bagage se remarque. Autrefois simples contenants passe-partout, les valises sont en train de devenir de véritables objets de mode. Toutes les maisons ont compris quels avantages elles pouvaient tirer de cette « fashionnisation » des valises auprès d’une clientèle hyperconsommatrice. «Comme une paire de chaussures, un bagage se remarque.» 28 BAGAGES Les exemples illustrant ce phénomène de mode sont de plus en plus nombreux : l’actrice Chloe Sevigny, icône branchée, est l’ambassadrice de la nouvelle ligne « Trunk » de Samsonite ; Air France et le maroquinier Le Tanneur se sont associés pour lancer une gamme de bagages à l’esthétique soignée et aux matériaux high tech ; Longchamps, maison traditionnelle française, lance une gamme de trolleys adoptée par la fameuse Kate Moss. Pour ce qui est de la marque Longchamp, choisir Kate Moss comme ambassadrice n’est pas anodin. C’est elle qui crée la mode de demain. Elle doit anticiper les envies des clientes et leur donner furieusement envie d’acquérir la maroquinerie qu’elle incarne. L’offre explose ! Samsonite, collection Cosmolite BAGAGES 29 Samsonite, Alexander McQueen. OBJECTIF : repositionnement. Un enjeu pressenti par Samsonite, le numéro 1 mondial de la bagagerie. Depuis plusieurs années, la marque à su prendre un tournant vers le monde du design et des créateurs, et signe des bagages avec des noms prestigieux. Il y a trois ans, il a embauché Quentin Mackay, ex-Loewe, coutumié à l’univers du luxe, comme directeur artistique et lancé Black Label, une ligne premium et haut de gamme dessinée par des pointures du design comme Marc Newson ou des monstres de la mode comme Alexander McQueen. « C’était notre mission. Le boom de l’accessoire nous a servi de moteur, il était clair que les bagages auraient leur rôle à jouer. En réalité, ces objets fonctionnels et techniques sont devenus des objets du désir » explique Quentin Mackay. Comme pour une maison de mode classique, on s’est aussi adjoint les services d’ambassadrices branchées comme l’actrice Christina Ricci ou Chloe Sevigny. Black Label vise aujourd’hui 10 % du chiffre d’affaires de Samsonite. L’hiver prochain, c’est le duo Viktor&Rolf qui signera sa gamme de valises idéales. 30 BAGAGES ueen. On les choisit scrupuleusement selon son style. « Dis-moi avec quel bagage tu voyages, je te dirai qui tu es ». Sophie Delafontaine, directrice artistique de la maison Longchamp, confirme : « Il y a un public qui voyage de plus en plus pour des raisons professionnelles. Ils sont deux jours ici, deux jours là. Ils sautent de l’avion, sans passer par leur hôtel, et vont directement à leurs rendez-vous. Selon leur job, ils doivent être impeccable ou trendy. Autant de personnages à incarner, autant de codes à faire passer : la valise, comme le sac à main ou les chaussures, joue ce rôle de transmetteur d’images. » « Dis-moi avec quel bagage tu voyages, je te dirai qui tu es ». Les cubes noirs au style passepartout que l’on a du mal à reconnaître sur les tapis roulants cèdent la place à des « petits bijoux » colorés et raffinés. On s’est tous déjà senti un brin ridicule lorsqu’en arrivant devant le tapis d’aéroport, toutes les valises sont pareilles. Au placard la valise à papa, toute noire et déjà lourde avant d’être remplie. Aujourd’hui on veut du mobile, du light, du beau et qui évidemment colle à la mode. La bonne grosse valise rigide n’est plus du tout adaptée à notre époque, et elle manque sérieusement de fun ! On en a tous acheté une. Puis on est passé à une autre plus légère, en toile. Si elles se révèlent très commodes, intelligemment conçues, toujours accessibles et réellement increvables, ces valises ne sont pas appréciées des élites européennes. « Fonctionnalité et mode sont difficilement conciliables. » Certains bagagistes, comme Samsonite, conti nuent cependant à miser sur la valise rigide, une spécialité pour les voya geurs qui pensent utilité plus que luxe et prestige. Cette marque s’est par exemple lancée dans l’aluminium, matériau pourtant longtemps réservé à la marque américaine Halliburton, qui fournissait l’US Army. A ce propos, pour les observateurs, on peut repérer une valise en aluminium de cette nouvelle ligne Xylem de Samsonite dans le dernier James Bond (World is not enough, le monde ne suffit pas) : c’est celle qui était bourrée de dollars ! Comme quoi, on nous vend vraiment des valises capables de tout contenir! La recherche de la robustesse et de l’ergonomie fait cependant rarement bon ménage avec la poésie, le cuir et le rêve qui parfument le luxe… On est bien loin des anciennes malles, symbole de luxe à la française… Et pourtant ? La malle serait-elle redevenue synonyme de tendance et d’élégance? Elle réapparait sous un nouveau concept... Rencontre avec un homme d’exception. La valise Samsonite Series 800 XYLEM de James Bond BAGAGES 31 Fred PINEL 32 Un vrai luxe à la française Cet homme a eu un réel coup de foudre pour les malles. Depuis, il bouscule le monde très fermé du luxe, créant des malles sur mesure…ou démesure, innovant dans les matériaux et les couleurs pour des malles avant-gardistes. Ses prototypes conjuguent avec audace l’audio et la vidéo, les roulettes, le galuchat ; ils sont BAGAGES aptes à tout transporter. J’ai donc décidé de tenter ma chance et de partir à sa rencontre. Qui ne tente rien n’a rien, je décide de le contacter. A mon grand étonnement, je décroche un rendezvous avec Fred Pinel en personne. Je me mets donc dans la peau d’une journaliste et prépare une vraie interview. Cette rencontre est importante et capitale pour moi. En effet, à côté de mon mémoire, j’envisage pour mon sujet libre en design de réaliser moi-même une commande spéciale. J’attends ses conseils. Rendez-vous Mercredi 18 Novembre à 9h30 5, rue Cyrano-de-Bergerac dans le 18e dans son atelier. « j’ai eu envie de réinterpréter la malle, dans le respect de la tradition et d’une façon ultra-contemporaine, adaptée à notre vie du XXIe siècle. » Showroom de Fred Pinel Comment a commencé votre histoire? J’étais directeur artistique dans une agence de pub, et sans formation spéciale en maroquinerie. J’ai un jour réalisé pour moi une valise et cela a été un déclic. Je me suis dit que c’était pas si compliqué que ça. Je pense qu’après, à un moment donné, on se rend compte si on est bon pour quelque chose ou pas. Je crois que j’étais fait un, pour la création ça c’est clair et deux, pour la maroquinerie. C’est un cadeau qu’on nous donne, après on se trouve ou on ne se trouve pas, j’ai eu la chance de trouver. Showroom de Fred Pinel Pourquoi avoir choisi de recréer cet univers de luxe à la française autour de la malle? C’est parce qu’elle est toujours en usage pour son côté pratique et qu’elle correspond à mon esprit nomade que j’ai eu envie de réinterpréter la malle, dans le respect de la tradition et d’une façon ultra-contemporaine, adaptée à notre vie du XXIe siècle. » BAGAGES 33 Je n’ ai pas été formaté par une école de maroquinerie, on ne m’a jamais dit comment il fallait exatement faire, par exemple comment je devais associé telle ou telle couleur. Je ne me mets donc pas les mêmes contraintes que les malletiers traditionels, je m’en mets d’autres mais pas les mêmes. Justement par rapport aux grandes maisons comme Louis Vuitton, Goyard comment vous différenciez vous? Par les matériaux, la couleur. Nous, on essaie à chaque fois de customiser les malles, de jouer sur des petits détails. Ce qui fait la différence, c’est que je n’ ai pas 158 ans d’existance. Eux ils ont fait leur image depuis 1 siècle et demi! Nous, on travaille que du cuir alors que Vuitton eux ne travaille plus le cuir, on a donc pas le même montage du fait qu’on travaille pas les mêmes matériaux. Le cuir n’a rien avoir avec la toile : on peut se permettre de couper beaucoup plus facilement dans de la toile que dans du cuir, les rajouts en cuir il faut éviter,ect... Vous travaillez seul? Non, nous sommes 13. Des gens qui viennent de chez Vuitton, Hermès, Morabito... Vous avez beaucoup de commandes? Nous avons réalisé 500 malles en 5 ans. Comment vous y prenez vous pour réaliser une commande spéciale ? Avant tout, il faut que le client vous ouvre son coeur, une malle c’est quelque chose d’hyper égoiste, c’est ultra personnel. Notre travail, c’est répondre à une attente et aux rêves de la personne qui va passer la commande. Il faut que la personne joue le jeu, qu’elle vous dise réellement ce qu’elle veut mettre dedans, ce pourquoi elle est venue vous voir aussi, c’est très important. C’est en fait un gros travail d’écoute pour après essayé de retraduire ça dans une malle, dans des couleurs, dans une émotion. Si la malle ne fait pas d’ émotion alors on a pas gagné. 34 BAGAGES «il faut qu’il vous ouvre son coeur, une malle c’est quelque chose d’hyper égoiste, c’est ultra personnel.» Commande spéciale pour Michael Jordan, 2006 Quelles sont les réactions des clients ? Soit c’est très bien soit ils nous disent qu’ils aimeraient bien un petit truc en plus, en général on ne se trompe pas, c’est rare, on leur met toujours des trucs qui les touche, on joue forcément sur les détails. Combien de temps mettez vous à réaliser une malle? Ca dépend bien sur de la taille, pour une malle classique il faut compter trois mois. Y’a t’il déjà une commande que vous n’ êtes pas arrivé à réaliser? Non, jamais. On a fait des malles assez compliqué, par exemple, on a fait une malle coffre fort que l’on a livré en chine démonté parce qu’elle était trop grosse. On a tout créer, les portes, la serrurerie, tout tout tout à été créer, elle fait 2m20 par 1m80. On peut faire des malles très compliquées après, la ligne de compte c’est le prix, si la personne est prette à y mettre le prix...alors tout est possible! J’ai un bureau de design intégré, j’ai un designer qui travaille avec moi, on est tous les deux très curieux de toutes les choses qu’il existe, on est près à mettre plein de nouvelles technologies, ce qui fait que l’on peut aller très loin dans nos projets et répondre à n’importe quelle demande. En 2009, pour célébrer le suucès planétaire de son parfum « 1 Million », Paco Rabanne demande à Fred Pinel et Noé Duchaufour-Lawrance, (créateur du flacon « 1 Million ») d’imaginer un coffret hors normes pour une édition prestige de flacons numérotés en or massif 18 carats sertis d’un diamant de 0.3 carats. En galuchat brut et fine fleur de veau, la malle se présente comme un mini coffre-fort avec sa grille de sûreté et ses tiroirs qui abritent 3 recharges de parfum. Vos malles sont elles réellement transportables? La malle en tant qu’objet transportable, c’est complètement fini. Autrefois il y avait des malles parce que les voyages étaient longs, il fallait donc emmener tous son nécéssaire de «survie» aves soi. Si les voyages avaient été courts, il n’y auraient jamais eu de malles. Vous parler quand même toujours d’objets nomades, d’objets transportables? C’est un objet nomade bien évidemment mais qui est nomade chez soi, on est plus sur des meubles qui vont bouger de pièces en pièces, de mon salon à ma piscine par exemple. Après effectivement il y a toujours une clietèle qui vraiment les transporte : la clientèle de star. Parce qu’ ils sont toujours en tournée, donc forcément ils ont besoin d’avoir leur univers autour d’eux. Dans ce cas là, on part sur les mêmes caractéristiques qu’il y a 150 ans où effectivement les gens partent pour longtemps et ont besoin de une ou plusieurs malles pour transporter tous leurs objets. A l’époque quand j’ai réellememnt commencé, Goyard, par exemple, n’était pas encore présent comme il est maintenant. Goyard avait été racheté et relancé en 1998. Nous avons clairement relancé la mode de la malle il y a maintenant 5ans et demi. Avant les malles n’ étaient pas sur le devant de la scène comme elles le sont aujourd’hui. Celle que l’on a vu partout c’est la «Soprano», un modèle équipé d’une chaîne hi-fi Bang & Olufsen, d’enceintes et de tiroirs pouvant accueillir 500 CD, après j’ai fait la malle movie avec le home cinéma puis la «i-Trunk» en association avec Apple, un vrai bureau utilsable dans le monde entier, équipé d’un ordinateur, d’une imprimante et de plusieurs casiers pour ranger documents et accessoires et dont l’encombrement au sol est de 1/4 de mètre carré! Je ne pouvais pas de toute façon rentrer sur le marché de la malle en faisant les mêmes malles que tout le monde. BAGAGES 35 «i-Trunk» en association avec Apple Vous on a tout de suite fait confiance? Ce qui vous intéresse justement c’est votre nom associé à une marque ou plutôt de créer une nouvelle typologie d’objet? Non, ce n’est pas d’être associé à des marques qui m’intéresse, c’est tout simplement que quand on est dans le luxe cela coute cher, il faut donc des gens qui ont de l’argent. 36 BAGAGES Tout de suite. «Joseph» a été mon premier client pour mes malles, après c’est allez très vite, Elton John, Mikael Jordan, Francis Kurkdjan, Salma Hayek... Je n’allais pas arriver sur le marché avec une malle penderie, sinon je serais passé inaperçu. J’ai donc rapidement trouvé des clients qui étaient intéressés par ces nouvelles malles adaptées à la vie actuelle. Quand j’ai voulu faire la malle «Benzai» on m’a juste dit que j’étais un dingue, c’est pourtant typiquement le genre d’objet que j’aime faire. Moi mon ADN, c’est davantage un ADN du design, de Picasso, ou d’Andy Warhol que forcément un ADN d’il y a 158 ans. malle «Picnic» destinée aux pique-niques chic La fameuse malle «Benzai», impressionnante ! «mon ADN c’est davantage un adn du design, de Picasso, ou d’Andy Warhol» Tout le processus de fabrication est-il artisanal? Forcément, robotiser de la malle c’est juste pas possible, je vois pas comment cela pourrait être faisable, alors que l’on n’est pas sur de la série. Autant sur du sac on peut, il va pouvoir y avoir quelques pièces qui vont être robotisé mais de toute façon, il y a forcément la main de l’homme dedans. Chez nous, tout est fait sur place, on a 650 m2 de surface pour nos ateliers et nos bureaux. Si je ne me trompe pas, vous n’avez pas encore de boutique? Non pas encore, ca ne va pas tarder mais chut, ce sera une surprise... L’atelier de fabrication de Fred Pinel Fred Pinel, dont le plus grand plaisir est «de voir les yeux des clients briller comme ceux d’un enfant devant un magasin de jouets» n’a pas fini de nous surprendre... BAGAGES 37 B Pour conclure BAGAGES S i le voyage n’est plus ce qu’il était, le bagage non plus ! Désormais, chacun veut avoir un bagage qui soit à son image et qui le distingue des autres voyageurs. Ultra tendance, à la pointe de la mode, il est devenu un objet contemporain, à part entière. Il emprunte différentes formes, il utilise de nouveaux matériaux et il fait l’objet d’études marketing de plus en plus élaborées. Notre société est régie par l’apparence. Le visuel n’a jamais connu pareil apogée. Le bagage, qui fait l’objet d’un culte de plus en plus important, n’échappe pas au phénomène et joue un rôle considérable dans cette ère de l’apparence. Les grandes marques du secteur ont depuis longtemps intégré cet aspect essentiel du bagage et ont très bien compris quels avantages économiques elles pouvaient tirer de cette « fashionnisation ». Certes, il est indéniable qu’au fil des ans, certaines technologies ont révolutionné l’univers du sac. Les roulettes, devenues quasi-indispensables aujourd’hui, en sont le plus brillant exemple. Toutefois, ce qui est dommageable c’est que tous les efforts ont été centrés sur l’aspect extérieur…au détriment de l’intérieur, de la fonctionnalité. La vocation première du bagage a été oubliée ! Heureusement, j’ai finalement déniché, au cours de mes recherches, le bagage presque parfait. Celui qui se rapproche au mieux de mon idée personnelle du bagage idéal : j’ai nommé la valise d’Inga Sempe. Non seulement elle est esthétique, mais elle est valise, suitcase, Inga Sempe, 2007 aussi et surtout fonctionnelle. Pour l’heure, elle n’est encore qu’au stade de l’étude, du prototype. Elle a pour avantage de pouvoir se transformer en véritable meuble, de la même manière que la malle traditionnelle. Ainsi, elle fait gagner un temps précieux à ses utilisateurs. Quoi de plus agaçant en effet que de passer son temps à faire et défaire sa valise ! Certes, la malle traditionnelle n’est plus d’actualité. Cependant, elle nous sert encore de modèle aujourd’hui. Bien qu’elle ne soit plus de tous les voyages, elle a encore sa place, mais sous un nouveau concept. Elle réapparaît dans notre habitat comme un véritable meuble high-tech sur mesure. Toutefois, les malles « classiques » de voyage n’ont pas dit leur dernier mot. Une certaine clientèle les utilise encore pour ses transports, notamment les artistes. En effet qu’ils soient sportifs, peintres, cuisiniers ou musiciens, les artistes portent un attachement particulier à leurs instruments. Parce qu’ils sont continuellement en tournée ou en long déplacement, il faut pouvoir parfaitement protéger leurs objets. L’enjeu est donc d’adapter les malles à leurs besoins, qui sont souvent excentriques… Cette niche des malles d’un nouveau genre offre à un designer une réelle opportunité de travail. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’imaginer, pour mon sujet libre de design, une commande spéciale pour Thierry Marx, figure de la cuisine française actuelle. BAGAGES 39 B Bibliographie BAGAGES OUVRAGE Gulshan Helenka, Vintage luggage, London, Philip Wilson publishers, 1998, 144p. Jean-Philippe Rolland, Marie Kieffer-Rolland, Restauration des malles de voyage , Paris, Eyrolles, 2008, 92p. Louis Vuitton Henry, la malle aux souvenirs, Paris, Edition Mengès, 1984, 153p. Catalogue des collections, l’invitation au voyage autour de la Donation Louis Vuitton, Paris, Musée des Arts Décoratifs, 1987, 174p Roth philip, Exit le fantôme, Gallimard, 2009, p.90-92 ARTICLE PERIODIQUE Colboc Gervanne. La malle ô trésor. Atmosphères, juin 2009, n°129, p. 109. Petitjean Anne. Itinéraire d’une valise. Aeroport magazine juin 2009, n°3, p. 68. Roux Marie-Aude. Des malles qui restent à la maison. Le Monde lundi 16 mars 2009. Dupont Isabelle. Au bonheur des malles. Paris Match mars 2009, p. 120. Claudel Hélène. Entrez dans l’ère bag. Monsieur janvier 2009, n°74, p. 4. Bonin Sylvie. Les malles de voyage. Tout réussir de la maison au jardin juillet 2008, p. 42. Ribes-Tiphaine Adrienne. Excédent de bagages. Le nouvel observateur juin 2008, p. 26. Pons Grégory. Des valises qui en dient long.Voyages d’affaires avril 2008, n°63,p. 8-10 Sarraute Alain. La Grande Dame part en croisière. Le figaro magazine octobre 2008. Haussemberg France. Les malles à malices de Fred Pinel.Paris capitale mars 2007, n°68, p. 48-49. B.L. Rhythm’n Bags. Stiletto décembre 2007, p. 42. Brushi Marie-Anne. Beaux voyages. Zurban avril 2006, p. 28. Caussé Bruno. rester léger. Le Monde juin 2005. Berthlet Charlotte. Mobile home. Fashion daily news juin 2004, p. 4. Maliszewski Catherine. Bagages choisis pour nomades d’aujourd’hui. Le figaro mai 2004, p. 4. Guérin Nadine. La toile tout terrain. Fashion daily news mars 2004. Treppas Andrew. Mondialisation du marché du bagage. L’essentiel de la maroquinerie janvier 2000, p. 100. Bennet Guy-Pierre. On ne peut partir sans eux!. Le figaro magazine septembre 1998, p. 140. D.C. Bagages bien accompagnés. Elle septembre 1993. Saint-Jean Catherine. Bagages : le régime allégé !. Le figaro juin 1991. SITE INTERNET www.louisvuitton.com www.goyard.com www.hermes.com www.longchamp.com www.samsonite.com www.pineletpinel.com www.reve-de-bagages.fr www.la-malle-en-coin.com www.luxuryculture.com BAGAGES 41