Fred Pinel - Bibliothèque de l`école Camondo

Transcription

Fred Pinel - Bibliothèque de l`école Camondo
BAGAGES
Novembre 09
N°1 www.bagages.com
LOUIS VUITTON
SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE
REVENEZ A CETTE EPOQUE
de LUXE d’AVENTURE et de
GLAMOUR
2€
PRIX DE
LANCEMENT
TROUVER
LE
BAGAGE
IDÉAL
L’ACCESSOIRE
INDISPENSABLE
EXCLUSIF
Interview de
Fred Pinel
un homme d’exception
DIS-MOI AVEC QUEL
BAGAGE TU VOYAGES JE
TE DIRAI QUI TU ES
UN VRAI LUXE À LA
FRANCAISE
ULTRA TENDANCE
LES DERNIÈRES VALISES
QU’ON AIME
E
D
O
M
Sommaire
Novembre 09
P.6
Louis Vuitton, un savoir
faire traditionnel sur le devant de la
scène encore aujourd’hui
6
6 Musée du voyage
10 A chacun sa forme et son aspect
12 Atelier de fabrication des malles
13 Etape par étape
14 La toile comme indicateur de temps
17 Louis Vuitton aujourd’hui
P.18
Le bagage, reflet d’une
évolution sociale et culturelle
19 Retour en arrière
20 De drôles de transports
21 Les temps changent
23 Innovation et créativité
24 Le sac pour toutes les aventures
25 Des gammes qui s’élargissent
P.26
De l’outil de transport à
l’accessoire de mode indispensable
27 Un marché en plein essort
28 Un objet nommé désir
29 L’offre explose
30 A prendre ou à laisser
31 Selon son style
32 Rencontre avec un homme d’exception
34 Des malles plus folles les unes des autres
36 Une vraie leçon de savoir-faire
18
26
BAGAGES
3
BAGAGES
BAGAGES
dito
Q
E
ui n’a jamais rêvé d’un départ en paquebot transatlantique ou embarquer à
bord de l’Orient Express?
Revenir à cette époque ou le voyage symbolisait encore l’aventure, le luxe et
le glamour.
Vous allez me dire que je suis nostalgique parce que je suis une fille mais
c’est ce genre de voyage qui me fascine et me fascinera toujours.
C’est grâce à mon récent stage chez Louis Vuitton qu’il m’ait apparu évident de traiter le thème du
bagage comme sujet de réflexion.
En effet, c’est à cette occasion que j’ai pu découvrir avec émerveillement la demeure familiale ainsi que
l’atelier de fabrication des malles et des bagages Louis Vuitton à Asnières.
L’histoire du bagage, intimement liée au développement de l’art du voyage, est le reflet d’une réelle
évolution sociale et culturelle.
Les bagages ne sont pas neutres. Ils ont un statut social, professionnel, et changent suivant les âges de
la vie.
Aujourd’hui, avec un bagage seulement on fait le tour du monde.
Voyager plus loin, plus vite mais moins longtemps et plus confortablement : les bagages à la mode sont
les témoins des nouveaux modes de transport.
Les temps ont bien changé…
Autrefois simples outils de transport, les bagages sont en train de devenir de vrais objets de mode. Ils
sont désormais des accessoires comme les autres.
Comprenez mode et non plus uniquement utilitaire.
La question que je me suis alors posée a été la suivante :
Comment un objet traditionnel comme le bagage a-t-il pu devenir aussi contemporain ?
Bon voyage,
Sophie Darriere,
Rédactrice en chef
Collection Louis Vuitton
Louis
Vuitton
un savoir faire traditionnel
devant de la scène encore aujourd’hui.
Collection Louis Vuitton
Suivez moi, je vais vous ouvrir
les portes d’Asnières.
J’espère vous faire ressentir
toutes les subtilités de cet
endroit riche en histoire.
Je ne pourrais commencer sans
vous rappeler brièvement
quelques dates qui ont marqué
le parcours de Louis Vuitton…
sur le
Louis Vuitton, fondateur de la
marque qui porte son nom, est
né en 1821.
C’est en 1854 qu’il fonde sa
société et ouvre son premier
magasin à Paris. Quatre ans
plus tard, il crée la première
malle plate en toile grise Trianon, et lance l’année suivante la
construction de son atelier.
C’est donc en 1859 que Louis
Vuitton installe son atelier de
malles à Asnières.
Le site est stratégique : la Seine, qui permet l’approvisionnement en bois par péniche, n’est
pas loin et la ligne de chemin
de fer relie directement l’atelier
à la gare Saint-Lazare.
Bien évidemment, le site a
connu quelques changements
depuis son ouverture.
L’atelier a rouvert en janvier
2005, après un an de rénovation
complète.
Fidèle à l’architecture des
origines, la verrière permet aux
185 artisans de travailler à la
lumière du jour.
Au total, 230 salariés sont
aujourd’hui présents sur le
site.
Dès mon arrivée, je tombe
immédiatement sous le charme
de ce lieu.
Asnières est l’origine de
l’identité de la marque, elle en
constitue son âme.
D’une part car elle demeure la
maison familiale de Louis Vuitton et d’autres part parce que
l’atelier de fabrication originel
la fait toujours vivre. L’ancienne
demeure de famille au cachet
Art nouveau accueille un musée
du voyage.
Laissons-nous alors guider par
la folle Histoire du bagage…
«Asnières est
l’origine de
l’identité de la
marque, elle en
constitue son
âme.»
La première pièce de collection
que je découvre dans le musée
est un coffre, l’ancêtre de la
malle, meuble qui servit longtemps dans bien des maisons
tout à la fois de siège, de table,
de rangement et de boîte de
transport.
Juste pour un peu d’histoire…
Le métier d’emballeur, celui qui
prend les cotes des objets pour
fabriquer une caisse adaptée, et
ses premiers statuts remontent
aux environs de 1521, sous le
règne de François 1.
En 1852, apparaît le mot
layetier, dérivé de laie, petit
coffre servant à la conservation
des bijoux et des documents
de valeur. Au XIXe siècle, les
mots layetier et emballeur sont
associés pour désigner une seule
et même profession.
L’emballeur crée des caisses
sur mesure capable de résister
aux chocs et protéger toutes
sortes d’objets à transporter. Il
n’utilise ni essences nobles ni
assemblages savants, mais tout
bonnement du bois ordinaire et
des clous, des lames métalliques,
des petits linteaux, parfois une
charnière ou une serrure. Une
toile sèche ou grasse (imprégnée
d’une substance bitumeuse)
protège la malle et
son contenu à la fois de l’humidité et des intempéries, tout en
contribuant à son esthétique.
Jusqu’au milieu du XIXe siècle,
on parle encore de coffre.
Ce sont les maisons Goyard
(autre grand malletier de
l’époque) et Louis Vuitton qui
imposeront le terme de malle.
C’est à partir du milieu du XIX
siècle que l’essor des transports, maritimes, ferroviaires et
routiers, consacre le terme et
l’usage des malles.
Les malles deviennent indispensables aux personnes qui
se déplacent, riches voyageurs,
marchands, négociants, militaires, immigrants et autre globe
trotteurs.
Partant loin et pour longtemps,
on emporte avec soi vêtements
et objets personnels.
Le moindre déplacement s’apparente à l’expédition, voire au
déménagement.
« C’est un truc de riches. On
déplace son chez-soi dans de
grands coffres. Une fois arrivés à destination, ils servent de
meubles. » Marie Simon, auteur
de «voyageurs, petite histoire du
nécessaire et du superflu»
Nous avons tous à l’esprit
ces belles dames aux grands
chapeaux, qui attendaient sur
le quai pour embarquer sur un
paquebot, accompagnées de leur
1000 bagages.
Les voyageurs partaient pour
longtemps, il fallait donc partir
avec « sa maison » sur soi.
« Jamais seigneur ou grande dame
ne se mettaient en route sans un
cortège de sommiers chargés de
lourds colis . » Marie Simon
Quand on imagine le poids que
devait faire chaque bagage…
BAGAGES
7
Blaise Cendras, Feuilles de route (1924)
« Bagage »
tion L
Collec
Collection
8
BAGAGES
uitton
ouis V
Louis Vuit
ton
Dire que des gens voyagent avec des tas de bagages
Moi je n’ai emporté que ma malle de cabine
Et déjà je trouve que c’est trop de choses
Voici ce que ma malle contient
Le manuscrit de Moravagine que je dois terminer
à bord et mettre à la poste à Santos pour l’expédier à Grasset
Le manuscrit du Plan de l’Aiguille que je dois
terminer le plus tôt possible pour l’expédier au
sans pareil
Le manuscrit d’un ballet pour la prochaine saison
des Ballets Suédois et que j’ai fait à bord entre le
Havre et la Pallice d’où je l’ai envoyé à Satie.
Le manuscrit du Cœur du Monde que j’enverrai
au fur et à mesure à Raymone
Le manuscrit de l’Equatoria
Un gros paquet de contes nègres qui formera
Le deuxième volume de mon Anthologie
Plusieurs dossiers d’affaires
Les deux gros volumes du dictionnaire Darmesteter
Ma Remington portable dernier modèle
Un paquet contenant des choses que je dois
remettre à une femme de Rio
Mes babouches de Tombouctou qui portent les
marques de la grande caravane
Deux paires de godasses mirifiques
Une paire de vernis
Deux complets
Deux pardessus
Mon gros chandail du Mont-Blanc
De menus objets pour la toilette
Une cravate
Six douzaines de mouchoirs
Trois liquettes
Six pyjamas
Des kilos de papier blanc
Et un grigri
Ma malle pèse 57 Kilos sans mon galurin gris
Collection Louis Vuitton
BAGAGES
9
Malle bombée
Malle à chapeaux, Vuitton 1924
Malle plate
Malle destinée à transporter une harpe
La forme et l’aspect :
Une grande famille
Les malletiers ont cherché et cherchent toujours à mieux adapter leurs
fabrications. Réalisée à la demande, la malle s’adapte à tous les besoins et
se diversifie selon les utilisations.
Chaque forme dépend de son transport, de son usage et bien sûr de son
époque.
Certaines sont conçues pour s’ouvrir à plat, d’autres pour tenir « debout ».
Je suis fascinée par le nombre incroyable de malles différentes...
Malle lit, Vuitton, 1891
- malles bombées
- malles droites ou plates (malle
courrier, malle cabine, malle plate
haute)
- malles courbes ou cintrées
- malles armoires ou wardrobes
- malles commodes
- malles valises
- malles auto
- malles à chapeaux
- malles provençales
- malles en cuir
Malle-courrier, 1909
- malles en osier
- malles en métal
Malle commode, 1918
- malles américaines
- malles spéciales
10 BAGAGES
Wardrobe, Vuitton, 1917
Wardrobe pour dames, Vuitton, 1928
rpe
Tea-case, Vuitton, 1926
Suivant la tradition des coffres, les malles ont d’abord été bombées
pour être résistantes et permettre à la pluie de s’écouler des toits des
diligences.
Les malles deviennent par la suite plates pour s’empiler et être
glissées aisément dans les filets à bagages de l’Orient Express et les
coffres des tractions avant Citroën.
On invente donc les bagages qui vont avec le rythme trépident de
la vie sociale.
Le bagage fait sa révolution !
La malle devient alors un véritable objet de passion, symbole de
luxe à la française : le maharadjah de Baroda commande, en 1926
à la maison Vuitton, un tea case, qui l’accompagne dans ses chasses
au tigre !
Secrétaire-chaussures, Vuitton, 1926
Malle-auto, Vuitton, 1916
u, 1920
Malle-burea
BAGAGES
11
Collection Louis Vuitton
Je poursuis ma visite par l’atelier
de fabrication.
Ce site historique produit
aujourd’hui des malles et des
commandes spéciales, c’est-àdire des produits réalisés en
fonction des besoins d’un client
unique.
J’ai été surprise d’apprendre
qu’environ 400 commandes
spéciales sont réalisées chaque
année, surtout quand on connaît
le prix d’une malle....
La réalisation de ce type de
commande peut prendre 6 mois,
moyennant la modique somme
de 50 000 euros en moyenne!
Le soin apporté à la fabrication en a fait sa qualité : elle
a contribué à la notoriété de
la firme. Cette même éthique
transparaît encore aujourd’hui
quand on visite les ateliers.
Si une certaine mécanisation
a simplifié les tâches autrefois
manuelles, pour ce qui est de la
découpe des articles, la décomposition du travail ne semble
guère avoir changé.
«400 commandes spéciales sont réalisées chaque année»
12 BAGAGES
1
2
Le menuisier est le premier artisan à intervenir dans le processus
de production.
À partir du bois de peuplier, il travaille et assemble les fûts de
bois pour donner la forme désirée. Même si les machines modernes ont fait leur apparition au sein de l’atelier, les artisans utilisent
encore beaucoup les outils traditionnels, comme le maillet ou
les rivets. Ils sont censés pouvoir intervenir sur tout le processus de
fabrication et changent régulièrement de poste.
3
Pour la confection de ses malles, Louis Vuitton utilise
du cuir de vache. Il est tanné de manière naturelle,
avec des écorces de bois ou encore de mimosas. C’est une
méthode ancienne qui lui permet de passer grâce à une
exposition au soleil d’une teinte très claire à la couleur
désirée.
4
Les clous sont posés sur la lozine du bagage. La lozine,
fibre vulcanisée très résistante, recouvre les angles de toutes les malles Vuitton. Plusieurs milliers de clous peuvent
être nécessaires à la fabrication d’une malle.
6
Les charnières des malles
Vuitton sont réalisées selon
la même méthode depuis la
fondation de l’entreprise. Deux
morceaux de toile de coton sont
cousus ensemble, puis collés à
l’intérieur et à l’extérieur du fût.
5
La toile Monogram et ten-
due sur les fûts en bois. Cette
opération requiert une précision
extrême car le motif traditionnel de la marque impose un
alignement parfait à chaque
couture ou jointure.
Les angles des malles sont fixés à l’aide de clous rivets.
L’ensemble des pièces métalliques posées sur les bagages est
L’artisan prépare l’espace néfabriqué en laiton.
cessaire au positionnement des
serrures.
7
Tous les bagages Louis Vuitton disposent de système de
fermeture par clefs numérotées,
réputées inviolables.
BAGAGES
13
Quatre échantillons de toiles Vuitton :
-Gris Trainon, créée en 1854
-Rayée, créée en 1872
-Damiers, créée en 1888
L.V tissés, créée en 1896
«Objets du passé,
les malles seraient
intemporelles
si elles n’étaient
pas habillées de
toile.»
Objets du passé, les malles
seraient intemporelles si elles
n’étaient pas habillées de toile.
14 BAGAGES
C’est elle qui situe et raconte les
tribulations que ses créateurs
ont connu.
Le «gris Trianon»...
Fut la première parure de la
malle bombée qui triomphait
en 1854 dans la vitrine du magasin, rue Neuve-des-Capucines. Le dessus bombé est mort?
Vive le dessus plat, et toujours
en «gris Trianon». et jusqu’en
1870 où l’arrivée des Prussiens à
Paris perturbe et casse le grand
élan. De plus, civisme obligeant,
le stock de toile «gris Trianon»
de l’atelier est réquisitionné
pour fabriquer les aéronefs qui
assureront les liaisons, humaines
et postales, hors Paris occupé.
La bayardère...
Le grand bouleversement que
vient de vivre la France, avec ses
répercussions économiques invitables, fait que Louis Vuitton
repart de zéro, et doublement,
car le «gris Trianon» fait florès
chez les imitateurs.
Alors, à nouveau départ, nouvelle toile, indispensable pour
mieux se battre sur le marché.
Dès 1872, les malles revêtent
une toile rayée, imprimée en
rouge sur fond beige clair. La
gaieté et l’inédit ont raison
des concurrents. La mode est
adoptée par les clients qui se
multiplient, mais également par
les autres fabricants...
Quatre ans après, donc, pour
que l’originalité soit sauve, une
nouvelle gamme de couleur est
choisie : un camaïeu de beige,ou
rayures claires et foncées alternent.
A plus d’un siècle de distance,
c’est toujours cette tonalité que
l’Entreprise exploite, elle fait
partie de son image.
Les petits-carreaux...
Plagiée à nouveau et plus que
jamais, la toile rayée doit être
abandonnée alors que l’Exposition Universelle de 1889
approche. Pour la présentation
qu’ils ont prévue, Louis Vuitton
et son fils Georges-devenu
entre-temps son associé-, talonnés par ce soucis constant
de «démarquage», disposent sur
leur stand un ensemble d’articles de voyage habillés d’une
toile «damiers», en beige clair
et foncé.
Frissons de surprise chez les
concurrents voisins, dépassés
une fois de plus; sourire du
créateur devant l’enthousiasme
de sa clientèle.
La toile est une «moleskin»
(mole-skin) dont la surfance,
légèrement granuleuse, imite la
peau de taupe (d’où son nom).
Bien que dans un petit carré,
discret mais présent, «LV-marque déposée» veut être un
«défense de copier» impératif,
c’est trop tard et les sans idées
copient derechef...Reste à touver une autre expression.
La Vuittonite...
Prospection, voyages d’affaires,
changements d’implantations,
créations de magasins à l’étran
ger, participations aux salons
internationaux, n’empêchent
pas Georges Vuitton (qui a
succédé son père) de repenser
le «problème toile». En 1896, le
nouveau dessin est arrêté : «un
cercle beige avec, en réserve, une
fleur quadrilobée, un losange
curviligne beige encerclant une
étoile à quatre branches galbées,
une étoile avec point au centre,
donc le même dessin que la
précédente mais cette fois en
beige et fond marron.»
Le monogramme LV est ajouté,
hommage du fils à son père,
dont il perpétue le souvenir.
Les motifs qui composent le
dessin et personnifient la firme
sont tissés, et la toile toujours
imperméabilisée. Toutefois, trop
délicate à mettre en oeuvre, elle
est remplacée, en 1908, par un
support de lin enduit suivant un
nouveau procédé, dit «pégamoïde», du nom de son inventeur,
puis imprimée (dessin de 1896).
Un peu épaisse et légèrement
cassante, elle est réservée exclusivement à la fabrication des
articles rigides.
Il faudra attendre 1959 et le
développement des matières
plastiques pour qu’apparaisse la
toile enduite de PVC actuellement en usage pour toutes
les fabrications de la firme. A
l’époque, elle a permis à Gaston
Vuitton de donner un nouvel
essort à la gamme des articles
«souples» : valises, sacs et petites
maroquineries, parallèlement à
la ligne des «rigides».
Ni le progrès de la technique,
ni les fluctuations de la mode,
ni l’offensive des plagieurstoujours bien vivante- n’ont eu
raison du temps : le dessin créé
en 1896 connaît toujours le
même succès, tant en France
qu’à l’étranger.
En plus de situation temporelle,
c’est l’histoire même de l’objet
que le collectionneur cherche à
reconstituer. Qui fut le chanceux possesseur de ces malles
dont les étiquettes, toujours
bien collées, tracent les étapes
du long itinéraire parcouru?
Décidemment, GeorgesVuitton
avait pensé à tout! Depuis 1890
en effet, grâce à son sysème
de serrure exclusif, breveté et
déposé, chaque propriétaire de
malles (Vuitton) l’est aussi de
son système de serrure, le même
pour boucler tous ses bagages
avec une seule clef. Chaque
serrure est une combinaison
judicieuse de plaques dont le
numéro traduit l’agencement,
mais il est secret...
Depuis bientôt cent ans, ces
références sont répertoriées 78
bis avenue Marceau (l’un des
magasins parisiens) dans un
fichier confidentiel, véritable
«who’s who» de la clientèle. Une
clientèle prestigieuse souvent,
dont il ne reste qu’un symbole,
un rappel, gravé dans le laiton
depuis longtemps parfois.
Après cette première enquête,
il restera au curieux détective
à sonder plus profondément la
mémoire de sa malle, dont les
détenteurs successifs seront les
jalons du voyage effectué.
Partout dans le monde se
promènent, non seulement une
profusion de malles Louis Vuitton, mais plus encore le souvenir d’un montagnard, venu très
jeune à Paris (14ans) en quête
de travail, et dont l’aventure se
poursuit.
BAGAGES
15
«les malles recèlent
de nombreux secrets
où toutes les astuces
de rangement sont
bonnes à prendre !»
Pour la petite anecdote :
à la mort de l’explorateur
italien Pierre Savorgnan
de Brazza en 1905, il fallut
appeler le célèbre malletier
afin de réussir à ouvrir sa
malle secrétaire à tiroirs
secrets…
Collection Louis Vuitton
Je suis impressionnée autant par la perfection, la souplesse et l’intelligence des malles que par la qualité de leur
fabrication et de leurs finitions.
En tant que futur designer, les malles recèlent de nombreux secrets où toutes les astuces de rangement sont
bonnes à prendre !
Collection Louis Vuitton
Ce qui est certain c’est que les
bagages Vuitton ont fait rêver
plusieurs générations.
Lors d’un tournoi de tennis
aux Etats-Unis dans les années
vingt, le champion René Lacoste exprime un souhait : en
cas de victoire, son capitaine lui
offrira une valise en alligator. La
victoire lui échappe ainsi que
son cadeau mais il gagnera un «
logo », le crocodile, longtemps
symbole d’élégance sportive…
Aujourd’hui, Louis Vuitton est
devenu, avec le groupe LVMH,
le géant mondial de la maroquinerie et du bagage de luxe.
Je suis stupéfaite tout de même
de voir comment une marque
telle que Louis Vuitton, forte
d’un passé et d’une histoire
authentique, a pu aujourd’hui
acquérir une image aussi « bling
bling ».
Peu de gens connaissent
l’historique de cette marque
et je trouve cela quelque peu
regrettable.
Les dernières campagnes de
publicité, à l’initiative de Louis
Vuitton confirment bien cette
tendance : elles utilisent l’image
de grandes stars du moment,
pour la promotion de leur
produit.
La célèbre maison de luxe
renouvelle ses campagnes de
portraits et s’offre les services de
figures emblématiques.
Après S.Graf et A.Agassi,
Catherine Deneuve, Mikhail
Gorbatchev, Keith Richards,
Francis Ford Coppola et sa fille,
Sean Connery, Scarlet
Johnson...c’est dorénavant au
tour de Madonna de porter très
haut les couleurs de la marque
et de nous faire voyager avec
elle.
La marque Louis Vuitton que
nous connaissons aujourd’hui
est le fruit d’une longue
évolution, aussi bien sociale
que culturelle. Elle a acquis
ses lettres de noblesse au fil du
temps et au gré des avancées
technologiques.
Cependant, la clientèle de
Vuitton d’aujourd’hui serait-elle
sensible à la mise en avant de ce
savoir faire ?
Je n’en suis pas si sûre…
D’ailleurs les stratégies de vente
et de communication de l’entreprise ne valorisent pas ce savoir
faire traditionnel.
Par exemple, les gens sont toujours surpris d’apprendre que
leurs sacs aux motifs Monogram sont en toile enduite et
non en cuir.
De nos jours, les clients sont
davantage préoccupés par la
recherche de l’aspect mode que
représente la marque.
BAGAGES
17
La baie de Naples, papier peint, France, XIXe s.
Le bagage
d’une évolution sociale et
reflet
culturelle
Projetons nous en
arrière…
Longtemps, les voyageurs se
sont contentés d’un simple
manteau pour y rouler quelques
vêtements. Ils sanglaient le tout
d’une bride de cuir qui servait
de poignée quand on n’attachait
pas ce bagage sur la croupe du
cheval.
Parcourir le monde ne faisait
pas partie des mœurs et donc,
bien évidemment, le concept de
bagage était absent.
Seuls quelques pèlerins ou
étudiants arpentaient les chemins, à pied ou à cheval, munis
d’un petit sac au contenu bien
modeste.
Quelque soient leurs motifs de
départ, ils ne savaient pas, la
plupart du temps, à quand serait
fixé leur retour. Ils n’étaient
même pas certains d’arriver à
destination sains et saufs. Ils
marchaient vers l’inconnu…
comme nous l’indique cet extrait de Charles Baudelaire dans
le voyage, extrait des Fleurs du
Mal en 1857,
« Mais, les vrais voyageurs sont
ceux-là seuls qui
Partent
Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne
s’écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent
toujours : Allons ! »
A partir du XVIIIe, on bouge
davantage, en calèche, en
carriole.
On part à l’assaut du monde…
bien confit dans ses habitudes.
Car voyager relève alors du
déménagement pur et simple.
Collection Louis Vuitton
COMTESSE JEAN DE PANGE, Comment j’ai vu 1900 (1962)
Ainsi le moindre trajet était préparé comme une expédition polaire.
C’était un événement depuis longtemps prévu et organisé avec le plus
grand soin. Certains bagages partaient en petite vitesse huit jours à
l’avance dans un fourgon spécial retenu depuis des semaines. Un fourgon
n’était pas toujours suffisant si l’on songe que chaque domestique (une
quinzaine au moins) avait sa malle et que ma mère à elle seule en avait
treize sans compter ses cartons à chapeaux, ses métiers à tapisserie et son
arsenal de boîtes à couleurs et de chevalets plus ou moins pliants. Elle
faisait expédier ses coussins, ses tabourets, ses chancelières, ses paravents,
ses vases à fleurs et la pendule de voyage comme si nous allions camper
dans un désert alors que la maison de Dieppe regorgeait de meubles.
Ma nurse entassait les objets les plus hétéroclites en deux énormes malles
aux couvercles bombés qui dataient sûrement du temps des diligences...
Bien que le trajet de Paris à Dieppe ne fût que de quatre heures on
s’installait comme pour aller en Chine. On emportait plusieurs paniers
de provisions et toute une batterie d’ustensiles dits « de voyage». Des
couverts pliants, des timbales qui s’aplatissaient comme des chapeaux
à claque, des flacons de sels, d’eau de Cologne, d’alcool de menthe, des
éventails, des châles, des petits coussins en caoutchouc et un affreux pot de
chambre également en caoutchouc dont la vue seule me rendait malade...
Coupé de ville, France, XVIIIe s.
tée à
ce mon
Diligen
20 BAGAGES
VIIIe s.
e, X
e, Franc
l’anglais
«On part à l’assaut du
monde… bien confit
dans ses habitudes.»
Gaupuy, Diligence à la Chopard, 1781 France,
L’accélération du rythme des
voyages achève la transformation des bagages, d’autant plus
que la disparition du personnel
de maison oblige dorénavant les
voyageurs à porter eux-mêmes
leurs effets.
Le développement du train,
du bateau, de l’automobile et
surtout de l’avion révolutionne
les matières et le design des
bagages.
Très utilisées jusque dans les
années 1930-1940, les malles
disparaissent donc peu à peu au
profit de la valise et de bagages
plus légers et moins encombrants.
Les temps changent…
En 1936, l’avènement des
congés payés permet à la bagagerie de jeter les bases de ce qui,
après la guerre avec la démocratisation des loisirs et des
voyages, deviendra une véritable
industrie.
La valise se popularise.
On doit adapter les produits
aux exigences d’une nouvelle
clientèle pour qui le luxe n’est
pas nécessairement synonyme
de coûteux et d’ostentatoire.
Le chic est justement de ne pas
paraître riche.
Pierre Barbe, cabine de bateau, 1934
Robert Mallet-Stevens, cabine de bateau, 1934
Voiture, Salon Pullman, L’Etoile du Nord, 1928
Don Compagnie Internationale des Wagons-Lits, 1987
« la disparition du personnel de maison
oblige dorénavant les voyageurs à porter
eux-mêmes leurs effets. »
BAGAGES
21
ROTH philip, Exit le fantôme, 2009
«Mon grand-père a développé l’entreprise en ajoutant les bagages. Dans les années dix et vingt,
les voyages en train ont connu un grand essor, et d’un seul coup tout le monde voulait avoir sa
valise. Et puis les gens voyageaient par bateau, par transatlantique.
C’était l’époque des malles-cabines, vous savez, les grosses malles que les gens emmenaient pour
les grands voyages, qui s’ouvraient à la verticale et qui avaient à l’intérieur des tiroirs et des
portemanteaux.
-Je les connais bien, ai-je dit. Et puis les autres, les petites malles noires qui s’ouvraient à l’horizontale comme des coffres de pirate. J’en ai eu une comme ça pour partir à l’université. Presque
tout le monde en avait. Elle était en bois, les coins étaient en métal et les plus élègantes étaient
cerclées de bandes métalliques en relief, la serrure était en cuivre, assez solide pour résister à un
tremblement de terre. On envoyait la malle par Railway Express. On l’amenait à la gare, et on
la laissait à l’employé de la consigne. A l’époque, le type de Penn Station, à Newark, portait encore
le visière verte et gardait son crayon coincé derrière l’oreille. Il pesait la malle, on payait tant par
livre, et voilà vos chaussettes et votre linge expédiés.
-Oui, toutes les villes d’une certaine taille avaient une boutique de bagages, et tous les grands magasins avaient un rayon spécial pour la bagagerie. Ce sont les hôtesses de l’air, m’a expliqué Billy,
qui, dans les années cinquante, ont révolutionné la façon dont les Américains concevaient les bagages : les gens ont vu qu’ils pouvaient être à la fois lègers et chics. C’est à peu près à ce moment-là
que mon père s’est lancé dans l’entreprise, qu’il a modernisé le magasin et l’a appelé Bagages Mode
de Davidoff. Jusque-là, le magasin portait encore son nom d’origine, Samuel Davidoff & Fils.
Et puis à peu près en même temps sont arrivées les valises à roulettes : et voilà, considérablement
abrégée, l’histoire de l’industrie du bagage. La version complète prendrait un millier de pages.»
Inspiré des voyages en bateau à vapeur, le Steamer bag habille ses formes contemporaines de la
toile Damier Graphite. L’unique poignée ronde
peut s’accrocher à l’intérieur de la porte d’une
cabine.
22 BAGAGES
Que ce soit en cuir, toile et cuir, autruche ou
crocodile ce sac est le ‘Classique’ d’Hermès. Il
est devenu le Kelly quand on a vu la photo de la
princesse Grace de Monaco se cachant derrière.
Elle l’a rendu mythique. Très recherché, il se
vend très cher même d’occasion. On en trouve
peu et même en le payant à son vrai prix, il y a
une liste d’attente.
Chaque année des éditions spéciales sortent : En
croco, avec des diamants, rien n’est assez cher et
luxueux pour ce sac devenu une légende.
Les grands malletiers abandonnent le cuir à l’odeur trop forte
et découvrent à la fin du XIXe
siècle la résistance de la toile
enduite.
Louis Vuitton en inonde les
soutes à bagages dès 1896 avec
sa mythique toile Monogram.
Goyard l’avait devancé avec sa
toile à chevrons, toujours fabriquée à l’identique depuis 1892.
Débute alors le règne des
grandes maisons : Vuitton,
Goyard…
Chacune d’entre elles
rivalisent de créativité et
d’innovation.
Le luxe adopte les bagages
souples comme le Steamer bag
de Louis Vuitton qui à l’origine,
était un sac à … linge sale.
Le sellier Hermès se diversifie.
Le fameux sac Kelly n’est que
la reconversion du traditionnel
sac à selle. Hermès ramène des
Etat-Unis la première fermeture à glissière, adaptée sur le
cuir du sac polochon dès 1924 :
une révolution.
Lancel, maison fondée en 1876,
impose dans les années soixante
ses bagages souples en nylon
de couleur vive, avec armature
métallique pour la solidité,
poches latérales et poids plume
pour les amateurs d’évasion à
prix accessibles.
L’époque est donc à l’innovation, spécialement dans le
domaine du pratique quotidien.
Des textiles artificiels remplacent les lourdes gabardines et
réduisent d’autant la taille des
valises.
Les cuirs rajeunissent, se tein
tent des couleurs de l’arc-enciel puis, petit à petit, laissent la
place aux matières de synthèse
plus souples, plus légères et
encore plus abordables.
Mais l’événement marquant de
cette dernière décennie reste
l’apparition des roulettes.
Le premier Trolley (marque déposée) avait été commercialisé
par Delsey en 1972, aujourd’hui
seconde marque mondiale de
bagage haut de gamme
« Au début, ce système s’est
heurté à la réticence des hommes, qui répugnaient à tirer leur
valise comme les femmes un
chariot de courses. »
« La valise sans roulette reste
l’apanage de la virilité ; il faut
porter sa valise quand on est un
homme ! »
Mais heureusement, même
avec leurs petits biceps, ce sont
ces dames qui décident et qui
achètent. Elles réclament des
bagages plus légers et plus
maniables. On les écoute.
Plus sérieusement , le souci de
préserver la colonne vertébrale
l’emportant, les roulettes ont
vite gagné leurs lettres de noblesse et fait des émules auprès
des autres marques.
Le déplacement est alors devenu un jeu d’enfant !
Fini donc les multiples bagages
à traîner !
Samsonite, numéro 1 mondial de la bagagerie et Delsey
proposent aujourd’hui des
roues tournant à 360 degrés ou
multidirectionnelles. La marque
Platinium, autre bagagiste a
l’exclusivité du fameux système
à trois roues (celui qui permet
de monter plus aisément les
marches ).
Longchamp quant à elle se targue d’utiliser les mêmes roues
que les…rollers !
« La valise, le sac…tous les
produits ont désormais des
roulettes ».
Cela a l’air d’une évidence,
pourtant les fabricants continuent de le souligner : les bagages, quel que soit leur format,
ne peuvent plus se passer de
roulettes et de poignée télescopique pour les tirer. Un retour
en arrière semble impossible.
BAGAGES
23
le « prêt-à-partir », une
nouvelle génération de
produits
Par ailleurs, la manière de voyager a évolué.
Le changement le plus important concerne la durée et la
fréquence des séjours.
Pour le travail ou pour le plaisir,
les « terriens » se déplacent de
plus en plus.
Les Français, par exemple, partent plus souvent mais moins
longtemps que ce soit pour leur
travail et pour leurs vacances.
L’organisation mondiale du
tourisme, qui avait dénombré
643 millions de touristes en
1997, prévoit une augmentation
moyenne de 4 à 5 % par an,
pour atteindre 1,6 milliard de
touristes en 2020.
On invente alors le « prêt-àpartir », une nouvelle génération
de produits adaptés à cette société en mouvement perpétuel.
La démocratisation des voyages
et la baisse du coût des billets
d’avion a engendré cette nouvelle génération de touristes qui
bouge régulièrement.
Voyager plus loin, plus vite
mais moins longtemps et
plus confortablement,
les bagages à la mode
sont les témoins des
nouveaux modes de
transport.
Aux XX siècle, avec trois paires
de souliers, trois costumes et
six chemises, on fait le tour du
monde.
Les sacs de voyage, rebaptisés
24, 48 ou 72 heures, sont devenus indispensables et représentent un marché juteux pour les
maroquineries.
Les bagages sont donc soumis
à de nouvelles lois : ils doivent
être petits, pratiques et maniables !
On fabrique plus léger, compact
et modulable, à grand renfort
de compartiments et de poches
amovibles, sans oublier les
indispensables roulettes.
Les bagages mous font également leur révolution.
L’enthousiasme pour les vacances dites « aventures » ou les
vacances sportives y est sans
doute pour quelque chose.
Du coup, le sac est de toutes les
escapades : en toile, parce qu’on
n’a encore rien fait de
plus léger,
ou en
cuir, parce que c’est inusable et
tellement chic.
De plus, les sacs ont bien
d’autres avantages : ne serait-ce
que de se loger facilement dans
un coffre à voiture déjà plein à
craquer… Essayez donc d’empiler plusieurs valises rigides !
Plus sportif et souvent léger,
le sac donne plus facilement
l’illusion qu’on peut le « bourrer
» à l’envie, le traîner sans égards.
Sorte de balluchon, de traversin
fait pour vadrouiller, il convient
à ceux qui veulent afficher la
décontraction. Évidemment
avec ce bagage, on court toujours le risque de se retrouver,
dans le hall d’un aéroport, à
quatre pattes en train de chercher le « petit truc qui manque
» avant de prendre l’avion, et
qui sera, forcément, tout au
fond de son sac.
Le principal défaut du sac est
donc quand même de ne pas
pouvoir ranger correctement ses
affaires.
Ouvrir mon sac? Je crois que
c’est une mauvaise idée…
L’ordre n’est pas une
mince affaire…et je
sais de quoi je parle, je
crois bien que c’est l’un
de mes grands défauts !
Partir en voyage commence, pour tout le monde,
par cette aventure étrange qui consiste à faire tenir - ne parlons pas encore de ranger - vêtements,
chaussures, livres, trousse de toilette…dans un
seul et même contenant. L’enfer ! Sac ou valise, il
faut s’adapter, plier, réfléchir, prévoir.
Confectionner sa valise est un art et cet art n’est
pas nouveau, comme en témoigne ce passage
extrait du journal des dames de 1819:
«S’il est peu de personnes qui aient le talent de tenir
une maison, de présider à un repas et de faire les
honneurs d’une soirée, il en est encore moins qui
possèdent le secret de voyager commodément et
agréablement. On ne l’acquiert que par la réflexion et
une longue expérience.»
La marque devient rapidemment très populaire,
particulièrement dans les collèges et lycées où ces
sacs à dos, conçus initialement pour l’armée sont
utilisés comme sacs de classe.
Succès garanti grâce à un produit réputé pour sa
solidité - les sacs sont garantis trente ans - et griffé
made in USA.
La marque, rachetée en avril 2000 par le groupe
Trouver le bagage idéal est l’objectif de tous les
textile Vanity Fair -s’impose comme leader du
voyageurs. Le problème majeur consiste alors
marché français du sac à dos de moins de 30 litres
à choisir lequel, parmi l’immense choix qui est
- entendez à usage urbain - avec un peu plus de
offert, sera la plus conforme à nos attentes per600 000 unités vendues en 2000 (12% du marsonnelles.
ché). Plus récemment, elle a diversifié sa gamme
d’accessoires et crée des gamme entière de bagages
On peut quand même dire que l’on est bien aidé
allant du sac 24h au sac pour de longs voyages.
aujourd’hui avec les marques actuelles qui élarC’était une évolution nécéssaire même si les clasgissent leur gamme pour répondre au mieux aux
siques sacs à dos constituent encore ses meilleures
attentes des clients.
ventes. Chouchou des collégiens, cette marque de
Prenons l’exemple d’une marque comme Eastpak . sacs à dos mise beaucoup sur le marketing.
C’est l’histoire d’un sac à dos passe-partout qui
La cible privilégiée est celle des 12-18 ans, qui
traverse l’Atlantique dans les bagages d’un jeune sont particulièrement friands de produits amérihomme inspiré. En 1986, Kostia Belkin, frais
cains. Une population de collégiens et de lycéens
diplômé d’une école de commerce, constate lors
qu’Eastpak sait particulièrement choyer. Elle leur
d’un séjour aux Etats-Unis la popularité des sacs propose plus de 50 modèles, allant de sacs porteà dos Eatstpak, créés en 1977, sur les campus
baladeurs à divers produits adaptés au rangement
américains. Rapidement, il convainc les dirigeants des skateboards.
de la marque américaine du potentiel du marché Les filles ne sont pas oubliées, avec Freedom, aux
européen. Il crée alors la société Cosimo qu’il base formes plus seyantes. «Notre succès, c’est notre
à Monte-Carlo et distribue de manière exclusif
image. Nous ciblons donc très précisément nos
Eastpak en France.
produits en investissant les milieux branchés et
rebelles», martèle Kostia Belkin. Ainsi, Eastpak
sponsorise des concerts, équipe des DJ, multiplie
les partenariats avec des compétitions de sports de
glisse et s’associe aux vedettes des années
lycée, comme le groupe Daft Punk et
Kool Shen, chanteur de NTM.
Autrefois simples outils de transport,
les bagages sont donc en train de devenir de véritable objets de mode.
BAGAGES
25
Deà l’accessoire
l’outil de
transport
de mode
indispensable
Chloe Sevigny portant la valise Trunk de Samsonite
Ce que l’on remarque c’est que le marché du bagage se segmente de plus en plus, c’est une tendance
forte.
Il y a les deux gros généralistes, Samsonite et Desley, et autours gravitent de nombreuses marques
spécialisées dans tel ou tel domaine : le casual avec Kipling, le féminin avec Jump, le sportwear avec des
gens comme Mandarina Duck.
Le secteur du luxe a également trouvé son public. D’un côté des marques à forte notoriété telles que
Louis Vuitton, St Dupont ou Chanel, cette dernière ayant conçu une nouvelle ligne complète de
bagages du sac au contenant cabine, tout en passant par la trousse de toilette et le porte-monnaie. De
l’autre, des marques qui privilégient les belles matières et le côté cossu et raffiné, telles que Tumi, Bric’s
ou Zero Halliburton.
Le baroudeur, Guide du Routard en poche, s’oriente quant à lui plus volontiers vers le souple, style
grand sac postier ou sac marin (Aigle, chez Alpa), taillé dans des toiles techniques et équipé de roulettes.
En conclusion, il existe quelques marques généralistes auprès desquelles gravite une myriade de
plus petites structures, qui exploitent des niches bien spécifiques :
-bagages souples
-bagages souples à roulettes
-bagages rigides
-bagages rigides à roulettes
-bagages cabines
-bagages à volume variable
-porte habit et vêtement
-sacs étanches
-sac week-end 24h-48h
- ….
Les fabricants de bagages ne s’arrêtent plus ! Il y
en a pour tous les goûts et pour tous les usages.
Les phrases de publicité sont accrocheuses !
« Ne mettez donc pas vos affaires dans n’importe quel sac. »
« Respectez vos gadgets, promenez les avec élégance »
Mais il y a juste un point qui m’échappe.
Cela voudrait-il donc dire que nous devrions avoir besoin d’un
bagage pour chaque occasion ?? Merci le budget !
« Ne mettez donc pas vos affaires
dans n’importe quel sac. »
« Respectez vos gadgets, promenez
les avec élégance »
BAGAGES
27
Un objet nommé Désir…
En clair, chacun veut désormais
avoir un bagage correspondant
à son image, à ses besoins et
à ses goûts personnels qui
puisse le distinguer des autres
voyageurs.
Il faut donc lui donner un côté
objet « perso ».
Ainsi par exemple, Samsonite
propose dans la série F’Lite, un
set d’auto-collant pour personnaliser ses produits rigides en
polypropylène. L’irruption de la
mode et des innovations dans
cet univers a permis d’apporter
une brassée d’air frais. « Le bagage n’est plus un produit figé.
Il emboîte le pas aux évolutions
technologiques et change avec
la mode ».
Comme une paire de chaussures, un bagage se remarque.
Autrefois simples contenants
passe-partout, les valises sont
en train de devenir de véritables objets de mode.
Toutes les maisons ont compris
quels avantages elles pouvaient
tirer de cette « fashionnisation
» des valises auprès d’une clientèle hyperconsommatrice.
«Comme une
paire de chaussures, un bagage se
remarque.»
28 BAGAGES
Les exemples illustrant ce
phénomène de mode sont de
plus en plus nombreux : l’actrice
Chloe Sevigny, icône branchée,
est l’ambassadrice de la nouvelle
ligne « Trunk » de Samsonite ;
Air France et le maroquinier Le
Tanneur se sont associés pour
lancer une gamme de bagages
à l’esthétique soignée et aux
matériaux high tech ; Longchamps, maison traditionnelle
française, lance une gamme de
trolleys adoptée par la fameuse
Kate Moss. Pour ce qui est de
la marque Longchamp, choisir
Kate Moss comme ambassadrice n’est pas anodin. C’est elle
qui crée la mode de demain.
Elle doit anticiper les envies
des clientes et leur donner
furieusement envie d’acquérir la
maroquinerie qu’elle incarne.
L’offre explose !
Samsonite, collection Cosmolite
BAGAGES
29
Samsonite, Alexander McQueen.
OBJECTIF : repositionnement.
Un enjeu pressenti par Samsonite, le numéro 1
mondial de la bagagerie.
Depuis plusieurs années, la marque à su prendre un tournant vers le monde du design et des
créateurs, et signe des bagages avec des noms
prestigieux.
Il y a trois ans, il a embauché Quentin Mackay,
ex-Loewe, coutumié à l’univers du luxe, comme
directeur artistique et lancé Black Label, une
ligne premium et haut de gamme dessinée par
des pointures du design comme Marc Newson
ou des monstres de la mode comme Alexander
McQueen.
« C’était notre mission. Le boom de l’accessoire
nous a servi de moteur, il était clair que les
bagages auraient leur rôle à jouer. En réalité, ces
objets fonctionnels et techniques sont devenus
des objets du désir » explique Quentin Mackay.
Comme pour une maison de mode classique, on
s’est aussi adjoint les services d’ambassadrices
branchées comme l’actrice Christina Ricci ou
Chloe Sevigny.
Black Label vise aujourd’hui 10 % du chiffre
d’affaires de Samsonite. L’hiver prochain, c’est
le duo Viktor&Rolf qui signera sa gamme de
valises idéales.
30 BAGAGES
ueen.
On les choisit scrupuleusement
selon son style.
« Dis-moi avec quel bagage tu
voyages, je te dirai qui tu es ».
Sophie Delafontaine, directrice
artistique de la maison Longchamp, confirme : « Il y a un
public qui voyage de plus en
plus pour des raisons professionnelles. Ils sont deux jours
ici, deux jours là. Ils sautent
de l’avion, sans passer par leur
hôtel, et vont directement à
leurs rendez-vous. Selon leur
job, ils doivent être impeccable
ou trendy.
Autant de personnages à
incarner, autant de codes à faire
passer : la valise, comme le sac à
main ou les chaussures, joue ce
rôle de transmetteur d’images. »
« Dis-moi avec
quel bagage tu
voyages, je te dirai qui tu es ».
Les cubes noirs au style passepartout que l’on a du mal à
reconnaître sur les tapis roulants
cèdent la place à des « petits
bijoux » colorés et raffinés.
On s’est tous déjà senti un brin
ridicule lorsqu’en arrivant devant le tapis d’aéroport, toutes
les valises sont pareilles.
Au placard la valise à papa,
toute noire et déjà lourde avant
d’être remplie.
Aujourd’hui on veut du mobile,
du light, du beau et qui évidemment colle à la mode.
La bonne grosse valise rigide
n’est plus du tout adaptée à
notre époque, et elle manque
sérieusement de fun !
On en a tous acheté une. Puis
on est passé à une autre plus
légère, en toile.
Si elles se révèlent très commodes, intelligemment conçues,
toujours accessibles et réellement increvables, ces valises ne
sont pas appréciées des élites
européennes.
« Fonctionnalité et mode sont
difficilement conciliables. »
Certains bagagistes,
comme Samsonite, conti
nuent cependant à miser
sur la valise rigide, une
spécialité pour les voya
geurs qui pensent utilité
plus que luxe et
prestige.
Cette marque s’est par exemple lancée dans l’aluminium,
matériau pourtant longtemps
réservé à la marque américaine
Halliburton, qui fournissait
l’US Army.
A ce propos, pour les observateurs, on peut repérer une valise
en aluminium de cette nouvelle
ligne Xylem de Samsonite dans
le dernier James Bond (World
is not enough, le monde ne
suffit pas) : c’est celle qui était
bourrée de dollars ! Comme
quoi, on nous vend vraiment
des valises capables de tout
contenir!
La recherche de la robustesse et
de l’ergonomie fait cependant
rarement bon ménage avec la
poésie, le cuir et le rêve qui
parfument le luxe…
On est bien loin des anciennes
malles, symbole de luxe à la
française…
Et pourtant ?
La malle serait-elle redevenue
synonyme de tendance et
d’élégance?
Elle réapparait sous un nouveau
concept...
Rencontre avec un homme
d’exception.
La valise Samsonite Series 800 XYLEM
de James Bond
BAGAGES
31
Fred PINEL
32
Un vrai luxe à la française
Cet homme a eu un réel coup de foudre pour les malles.
Depuis, il bouscule le monde très fermé du luxe, créant des malles sur mesure…ou démesure, innovant dans les matériaux et les couleurs pour des malles avant-gardistes. Ses
prototypes conjuguent avec audace l’audio et la vidéo, les roulettes, le galuchat ; ils sont
BAGAGES
aptes à tout transporter.
J’ai donc décidé de tenter ma chance et de partir à sa rencontre.
Qui ne tente rien n’a rien, je décide de le contacter. A mon grand étonnement, je décroche un rendezvous avec Fred Pinel en personne.
Je me mets donc dans la peau d’une journaliste et prépare une vraie interview.
Cette rencontre est importante et capitale pour moi. En effet, à côté de mon mémoire, j’envisage pour
mon sujet libre en design de réaliser moi-même une commande spéciale.
J’attends ses conseils.
Rendez-vous Mercredi 18 Novembre à 9h30 5, rue Cyrano-de-Bergerac dans le 18e dans son atelier.
« j’ai eu envie de réinterpréter la malle, dans le
respect de la tradition et
d’une façon ultra-contemporaine, adaptée à notre vie
du XXIe siècle. »
Showroom de Fred Pinel
Comment a commencé votre histoire?
J’étais directeur artistique dans une agence de
pub, et sans formation spéciale en maroquinerie. J’ai un jour réalisé pour moi une valise et
cela a été un déclic. Je me suis dit que c’était
pas si compliqué que ça. Je pense qu’après, à un
moment donné, on se rend compte si on est bon
pour quelque chose ou pas. Je crois que j’étais fait
un, pour la création ça c’est clair et deux, pour la
maroquinerie.
C’est un cadeau qu’on nous donne, après on se
trouve ou on ne se trouve pas, j’ai eu la chance de
trouver.
Showroom de Fred Pinel
Pourquoi avoir choisi de recréer cet
univers de luxe à la française autour de
la malle?
C’est parce qu’elle est toujours en usage pour
son côté pratique et qu’elle correspond à mon
esprit nomade que j’ai eu envie de réinterpréter
la malle, dans le respect de la tradition et d’une
façon ultra-contemporaine, adaptée à notre vie
du XXIe siècle. »
BAGAGES
33
Je n’ ai pas été formaté par une école de maroquinerie, on ne m’a jamais dit comment il fallait
exatement faire, par exemple comment je devais
associé telle ou telle couleur.
Je ne me mets donc pas les mêmes contraintes que les malletiers traditionels, je m’en mets
d’autres mais pas les mêmes.
Justement par rapport aux grandes
maisons comme Louis Vuitton, Goyard
comment vous différenciez vous?
Par les matériaux, la couleur.
Nous, on essaie à chaque fois de customiser les
malles, de jouer sur des petits détails.
Ce qui fait la différence, c’est que je n’ ai pas 158
ans d’existance.
Eux ils ont fait leur image depuis 1 siècle et
demi!
Nous, on travaille que du cuir alors que Vuitton eux ne travaille plus le cuir, on a donc pas
le même montage du fait qu’on travaille pas les
mêmes matériaux. Le cuir n’a rien avoir avec la
toile : on peut se permettre de couper beaucoup
plus facilement dans de la toile que dans du cuir,
les rajouts en cuir il faut éviter,ect...
Vous travaillez seul?
Non, nous sommes 13.
Des gens qui viennent de chez Vuitton, Hermès,
Morabito...
Vous avez beaucoup de commandes?
Nous avons réalisé 500 malles en 5 ans.
Comment vous y prenez vous pour
réaliser une commande spéciale ?
Avant tout, il faut que le client vous ouvre son
coeur, une malle c’est quelque chose d’hyper
égoiste, c’est ultra personnel.
Notre travail, c’est répondre à une attente et aux
rêves de la personne qui va passer la commande.
Il faut que la personne joue le jeu, qu’elle vous
dise réellement ce qu’elle veut mettre dedans, ce
pourquoi elle est venue vous voir aussi, c’est très
important.
C’est en fait un gros travail d’écoute pour après
essayé de retraduire ça dans une malle, dans des
couleurs, dans une émotion. Si la malle ne fait
pas d’ émotion alors on a pas gagné.
34 BAGAGES
«il faut qu’il vous ouvre son
coeur, une malle c’est quelque chose d’hyper égoiste,
c’est ultra personnel.»
Commande spéciale pour Michael Jordan, 2006
Quelles sont les réactions des clients ?
Soit c’est très bien soit ils nous disent qu’ils
aimeraient bien un petit truc en plus, en général
on ne se trompe pas, c’est rare, on leur met toujours des trucs qui les touche, on joue forcément
sur les détails.
Combien de temps mettez vous à réaliser une malle?
Ca dépend bien sur de la taille, pour une malle
classique il faut compter trois mois.
Y’a t’il déjà une commande que vous n’
êtes pas arrivé à réaliser?
Non, jamais.
On a fait des malles assez compliqué, par exemple, on a fait une malle coffre fort que l’on a livré
en chine démonté parce qu’elle était trop grosse.
On a tout créer, les portes, la serrurerie, tout tout
tout à été créer, elle fait 2m20 par 1m80.
On peut faire des malles très compliquées après,
la ligne de compte c’est le prix, si la personne est
prette à y mettre le prix...alors tout est possible!
J’ai un bureau de design intégré, j’ai un designer
qui travaille avec moi, on est tous les deux très
curieux de toutes les choses qu’il existe, on est
près à mettre plein de nouvelles technologies,
ce qui fait que l’on peut aller très loin dans nos
projets et répondre à n’importe quelle demande.
En 2009, pour célébrer le suucès planétaire de
son parfum « 1 Million », Paco Rabanne demande à Fred Pinel et Noé Duchaufour-Lawrance,
(créateur du flacon « 1 Million ») d’imaginer un
coffret hors normes pour une édition prestige de
flacons numérotés en or massif 18 carats sertis
d’un diamant de 0.3 carats. En galuchat brut et
fine fleur de veau, la malle se présente comme
un mini coffre-fort avec sa grille de sûreté et ses
tiroirs qui abritent 3 recharges de parfum.
Vos malles sont elles réellement transportables?
La malle en tant qu’objet transportable, c’est
complètement fini.
Autrefois il y avait des malles parce que les voyages étaient longs, il fallait donc emmener tous
son nécéssaire de «survie» aves soi.
Si les voyages avaient été courts, il n’y auraient
jamais eu de malles.
Vous parler quand même toujours d’objets nomades, d’objets transportables?
C’est un objet nomade bien évidemment mais
qui est nomade chez soi, on est plus sur des meubles qui vont bouger de pièces en pièces, de mon
salon à ma piscine par exemple.
Après effectivement il y a toujours une clietèle
qui vraiment les transporte : la clientèle de star.
Parce qu’ ils sont toujours en tournée, donc forcément ils ont besoin d’avoir leur univers autour
d’eux.
Dans ce cas là, on part sur les mêmes caractéristiques qu’il y a 150 ans où effectivement les gens
partent pour longtemps et ont besoin de une
ou plusieurs malles pour transporter tous leurs
objets.
A l’époque quand j’ai réellememnt commencé,
Goyard, par exemple, n’était pas encore présent
comme il est maintenant. Goyard avait été
racheté et relancé en 1998.
Nous avons clairement relancé la mode de la
malle il y a maintenant 5ans et demi.
Avant les malles n’ étaient pas sur le devant de la
scène comme elles le sont aujourd’hui.
Celle que l’on a vu partout c’est la «Soprano»,
un modèle équipé d’une chaîne hi-fi Bang
& Olufsen, d’enceintes et de tiroirs pouvant
accueillir 500 CD, après j’ai fait la malle movie
avec le home cinéma puis la «i-Trunk» en association avec Apple, un vrai bureau utilsable dans
le monde entier, équipé d’un ordinateur, d’une
imprimante et de plusieurs casiers pour ranger
documents et accessoires et dont l’encombrement
au sol est de 1/4 de mètre carré!
Je ne pouvais pas de toute façon rentrer sur le
marché de la malle en faisant les mêmes malles
que tout le monde.
BAGAGES
35
«i-Trunk» en association avec Apple
Vous on a tout de suite fait confiance?
Ce qui vous intéresse justement c’est
votre nom associé à une marque ou
plutôt de créer une nouvelle typologie
d’objet?
Non, ce n’est pas d’être associé à des marques qui
m’intéresse, c’est tout simplement que quand on
est dans le luxe cela coute cher, il faut donc des
gens qui ont de l’argent.
36 BAGAGES
Tout de suite.
«Joseph» a été mon premier client pour mes malles, après c’est allez très vite, Elton John, Mikael
Jordan, Francis Kurkdjan, Salma Hayek...
Je n’allais pas arriver sur le marché avec une
malle penderie, sinon je serais passé inaperçu. J’ai
donc rapidement trouvé des clients qui étaient
intéressés par ces nouvelles malles adaptées à la
vie actuelle.
Quand j’ai voulu faire la malle «Benzai» on m’a
juste dit que j’étais un dingue, c’est pourtant typiquement le genre d’objet que j’aime faire.
Moi mon ADN, c’est davantage un ADN du
design, de Picasso, ou d’Andy
Warhol que forcément un
ADN d’il y a 158 ans.
malle «Picnic» destinée aux pique-niques chic
La fameuse malle «Benzai», impressionnante !
«mon ADN c’est davantage un
adn du design, de Picasso, ou
d’Andy Warhol»
Tout le processus de fabrication est-il
artisanal?
Forcément, robotiser de la malle c’est juste pas
possible, je vois pas comment cela pourrait être
faisable, alors que l’on n’est pas sur de la série.
Autant sur du sac on peut, il va pouvoir y avoir
quelques pièces qui vont être robotisé mais de
toute façon, il y a forcément la main de l’homme
dedans.
Chez nous, tout est fait sur place, on a 650 m2 de
surface pour nos ateliers et nos bureaux.
Si je ne me trompe pas, vous n’avez pas
encore de boutique?
Non pas encore, ca ne va pas tarder mais chut, ce
sera une surprise...
L’atelier de fabrication de Fred Pinel
Fred Pinel, dont le plus grand plaisir est «de voir les yeux des clients briller comme
ceux d’un enfant devant un magasin de jouets» n’a pas fini de nous surprendre...
BAGAGES
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B
Pour
conclure
BAGAGES
S
i le voyage n’est plus ce qu’il était, le bagage non plus !
Désormais, chacun veut avoir un bagage qui soit à son image et qui le
distingue des autres voyageurs.
Ultra tendance, à la pointe de la mode, il est devenu un objet contemporain, à part entière.
Il emprunte différentes formes, il utilise de nouveaux matériaux et il fait
l’objet d’études marketing de plus en plus élaborées.
Notre société est régie par l’apparence. Le visuel n’a jamais connu pareil
apogée. Le bagage, qui fait l’objet d’un culte de plus en plus important, n’échappe pas au phénomène
et joue un rôle considérable dans cette ère de l’apparence. Les grandes marques du secteur ont depuis
longtemps intégré cet aspect essentiel du bagage et ont très bien compris quels avantages économiques
elles pouvaient tirer de cette « fashionnisation ».
Certes, il est indéniable qu’au fil des ans, certaines technologies ont révolutionné l’univers du sac. Les
roulettes, devenues quasi-indispensables aujourd’hui, en sont le plus brillant exemple. Toutefois, ce
qui est dommageable c’est que tous les efforts ont été centrés sur l’aspect extérieur…au détriment de
l’intérieur, de la fonctionnalité. La vocation première du bagage a été oubliée !
Heureusement, j’ai finalement déniché, au cours de mes recherches, le bagage presque parfait. Celui qui se rapproche au mieux de mon idée personnelle du bagage idéal : j’ai nommé la valise d’Inga
Sempe.
Non seulement elle est esthétique, mais elle est
valise, suitcase, Inga Sempe, 2007
aussi et surtout fonctionnelle. Pour l’heure,
elle n’est encore qu’au stade de l’étude, du prototype.
Elle a pour avantage de pouvoir se transformer en
véritable meuble, de la même manière que la malle
traditionnelle. Ainsi, elle fait gagner un temps précieux à
ses utilisateurs.
Quoi de plus agaçant en effet que de passer son temps à
faire et défaire sa valise !
Certes, la malle traditionnelle n’est plus d’actualité. Cependant, elle nous sert encore de modèle
aujourd’hui.
Bien qu’elle ne soit plus de tous les voyages, elle a encore sa place, mais sous un nouveau concept.
Elle réapparaît dans notre habitat comme un véritable meuble high-tech sur mesure.
Toutefois, les malles « classiques » de voyage n’ont pas dit leur dernier mot. Une certaine clientèle les
utilise encore pour ses transports, notamment les artistes. En effet qu’ils soient sportifs, peintres, cuisiniers ou musiciens, les artistes portent un attachement particulier à leurs instruments. Parce qu’ils sont
continuellement en tournée ou en long déplacement, il faut pouvoir parfaitement protéger leurs objets.
L’enjeu est donc d’adapter les malles à leurs besoins, qui sont souvent excentriques…
Cette niche des malles d’un nouveau genre offre à un designer une réelle opportunité de travail. C’est
la raison pour laquelle j’ai choisi d’imaginer, pour mon sujet libre de design, une commande spéciale
pour Thierry Marx, figure de la cuisine française actuelle.
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Bibliographie
BAGAGES
OUVRAGE
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ARTICLE PERIODIQUE
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SITE INTERNET
www.louisvuitton.com
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www.hermes.com
www.longchamp.com
www.samsonite.com
www.pineletpinel.com
www.reve-de-bagages.fr
www.la-malle-en-coin.com
www.luxuryculture.com
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