Le 14 Juillet ne connaît pas la crise
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Le 14 Juillet ne connaît pas la crise
20 SAMEDI 13 JUILLET 2013 AILLEURS DANS LA RÉGION NORD ÉCLAIR NORD ÉCLAIR 21 SAMEDI 13 JUILLET 2013 AILLEURS DANS LA RÉGION titre plus titre plus FÊTE NATIONALE Le 14 Juillet ne connaît pas la crise Service civique : ils défileront demain à Paris Trois jeunes de Tourcoing engagés dans le service civique ont été sélectionnés pour ouvrir, demain, le défilé du 14 Juillet sur les Champs-Élysées, en présence de François Hollande. Une façon de mettre en avant cette initiative d’État, qui vise à lutter contre la précarité des jeunes. Ils s’appellent Samba Ba, Kamil Brahimi et Dan Dequeeker, ils ont 21 ou 25 ans et habitent Tourcoing. Engagés dans le service civique à la mission locale de la ville depuis février, ces trois médiateurs s’apprêtent à représenter la région au défilé du 14 Juillet, sélectionnés parmi des jeunes venus de toute la France. Demain, ils seront 95, âgés de 16 à 25 ans, pour une première incursion du civil dans l’histoire du défilé militaire. Lundi, quelques minutes avant de sauter dans le TGV, les trois jeunes engagés semblent plus amusés que stressés par ce qui les attend. En présence de quelques journalistes, les questions fusent, les réponses se superposent. Samba détaille le programme : « On va faire l’ouverture et la fermeture du défilé, on sera logés dans un lycée à Paris et on va devoir se lever à 3 h 30 du mat’ pour répéter. » Le défilé du 14 Juillet, vénérable institution récemment décriée pour sa rigueur militaire, demande du Flo sera en concert ce soir à Wavrin puis Wattignies. Jenifer chantera demain à Marcq-en-Barœul. ➤ LES CLÉS 1. Les concerts Aujourd’hui, chaque ville ou presque a son concert du 14 Juillet. Avec une tendance forte : la présence d’ex-candidats de télé-crochet. Certains, comme Jenifer, ont fait (presque) oublier leur participation à une émission de télé. D’autres ont besoin d’une petite mention explicative pour qu’on se rappelle d’eux. Dans tous les cas, pour les élus, la programmation s’en trouve rajeunie. 2. Le défilé Pour la première fois dans l’histoire de la République, le défilé parisien du 14 Juillet, en présence de François Hollande, incorporera 95 jeunes issus du service civique. Parmi eux, trois volontaires de Tourcoing, qui ont passé la semaine à s’entraîner à Paris avant le grand jour. 3. Les feux d’artifice L’an dernier, les conditions météo de la mi-juillet ont provoqué l’annulation de beaucoup de feux d’artifice. Cette fois, les prévisions sont optimistes et les artificiers retrouvent un moral au beau fixe. 1270. Flo, Arnaud Delsaux, Louisy Joseph mais aussi Jenifer, Sheryfa Luna… Autant d’ex-stars de télécrochet qui se sont introduits dans la programmation de ce week-end de 14 Juillet. Une nouvelle tendance qui permet de rajeunir l’image des villes tout en maintenant leur budget. PAR MÉLISSA CHALIGNE ET SOPHIE FILIPPI-PAOLI [email protected] PHOTOS ÉDOUARD BRIDE, MAX ROSEREAU ET JESSICA GENETEL Ils sont jeunes, beaux, chanteurs, on les situe plus (Jenifer) ou moins bien (Louisy Joseph). D’où, parfois, la mention entre parenthèses sur les programmes des 14 Juillet. Du genre : Charlotte Berry (« Nouvelle Star »). Une précision en forme de « Vu à la télé » qui cherche à faire briller des étoiles parfois trop pâles. Pour Flo, Nordiste, ex-participant de la « Nouvelle Star » 2013, qui joue ce soir à Wavrin puis Wattignies, ces concerts sont, en tout cas, « une bonne opportunité de se faire mieux connaître, et d’assurer la promo de ses chansons ». « J’ai toujours su que je devrais continuer à travailler après la “Nouvelle Star”. La télé ne fait pas tout. Ce que je fais là, c’est ce que j’aime. Et pour le moment, cela me convient. » « Un concert comme un autre » Pas de snobisme donc et même un enthousiasme apparent : « Sans l’émission, je n’aurais pas eu accès à tout ça ». Même réaction positive pour le Cambrésien Arnaud Delsaux qui chante à SaintAmand ce soir et à Marcq-enBarœul demain : « Mon métier, c’est de faire de la musique. Et je fais des 14 Juillet depuis longtemps ; pour moi, c’est un concert comme un autre, à part peut-être qu’il faut un registre festif, que les gens connaissent comme U2 ou Téléphone. On ne joue pas de compos persos. Finalement, le plus stressant, ce sera de jouer avant Jenifer. Arnaud qui vient chanter, a priori les gens s’en foutent. Il va falloir les convaincre ! » Avec des milliers de personnes attendues, le concert marcquois est l’un des plus importants de l’année pour ce chanteur de 27 ans, qui s’étonne de trouver encore parfois la mention « The Voice » derrière son nom : « On ne m’a vu que trois minutes ! Mais les gens m’en parlent encore et j’ai pu avoir des dates ailleurs que dans la région grâce à ça ! » Côté mairie, on se frotte les mains : « On n’a jamais eu autant de demandes d’information que pour Jenifer, c’est carrément la folie !, se félicite Sophie Rocher, adjointe à la culture de Marcq-en- Barœul. Les jeunes envoient plein de messages et des vidéos à lui faire passer sur Facebook, il va sûrement y avoir un monde fou ! Et ça donne un petit coup de jeune à notre programmation ! » Avec un budget qui n’a pas bougé : 30 000 euros pour le « plateau » Arnaud Delsaux/Jenifer. « Cela dit, on a programmé Jenifer avant qu’elle ne soit jurée à “The Voice”, on n’aurait sûrement pas pu l’avoir après, cela aurait atteint des sommes astronomiques. » « Ils plaisent beaucoup aux jeunes » « Le plus stressant, ce sera de jouer avant Jenifer. Sinon, c’est un concert comme un autre. » À Anzin, on attendait Chimène Badi… qui a annulé mercredi pour cause d’extinction de voix. Du coup, la mairie a programmé Jean-Luc Lahaye, Merwan Rim, vu dans plusieurs comédies musicales, et une kyrielle de chanteurs ex-télécrochet : Louisy Joseph (« Pop Stars ») Leslie (« Graines de star ») et Nâdiya (« Graines de star »). Des noms que l’on retrouve ailleurs dans la région avec aussi Sheryfa Luna (Raismes, Haubourdin), Benjamin Bocconi & Florent Torrès (Denain), Charlotte Berry (Billy- Montigny)… Autant d’étoiles plus ou moins brillantes, plus ou moins filantes. « Ces ex-candidats sont un vivier de chanteurs qui plaisent beaucoup aux jeunes et cela reste gai, festif, familial », souligne Elisabeth Gondy, adjointe à la culture d’Anzin, qui ne veut pas « d’un 14 Juillet ringard où on voit toujours les mêmes ». Budget de la commune pour 2013 : 60 000 euros. « C’est le même tous les ans. » Pour Sophie Rocher, le coût des « plateaux d’artistes » a, cependant, tendance à baisser. « J’ai l’impression que, pour la même somme, on nous propose plus de chanteurs actuels qu’avant. » Un point que dément Didier Vanhecke, le dirigeant de l’entreprise lilloise Divan Production, qui travaille, notamment, avec la ville de Marcq. « Nous proposons la même proportion de jeunes chanteurs et nous avons un chiffre d’affaires stable depuis vingt ans. L’évolution réside plutôt dans le fait que les communes nous demandent de plus en plus de concerts en live. Les spectacles sur bande marchent moins bien qu’avant. Il y a une forte exigence de qualité. » Une bonne nouvelle pour les spectateurs. ■ sion par la couturière Agnès B. Inspirée à la fois par l’uniforme et par le drapeau tricolore, la tenue n’est rien de moins… qu’un drapeau français conçu comme un vêtement, finalement : chaussures blanches années 50, pantalon bleu, cardigan rouge et blanc et casquette de chef de gare, le costume tient un peu du déguisement et fait marrer les futurs modèles. « C’est vrai qu’on préférait l’ancien, avec la chemise blanche, mais bon… », répond Samba en haussant les épaules. Les nouveaux symboles de la République ont eux aussi droit à leur uniforme caricatural. Du service civique à l’emploi d’avenir Les trois jeunes sont partis à Paris lundi pour préparer le défilé militaire du 14 Juillet. PHOTO PIB sérieux. Pour Dan, « c’est surtout l’occasion de valoriser le côté civique. » « Avec nous, le 14 Juillet sera plus humain », assène-t-il. Agnès B et la tenue « made in France » Sur l’avenue des Champs-Élysées, le 14 juillet 2013, une centaine de jeunes du service civique mar- cheront en tête de l’historique procession, volant la vedette à l’inoxydable Patrouille de France : le symbole envoyé par l’Élysée est fort et l’initiative, créée en 2010, s’expose en vitrine de la politique du gouvernement, forte de ses 46 000 volontaires en trois ans. Pour parachever le spectacle, les engagés porteront une tenue spécialement dessinée pour l’occa- Mais l’essentiel n’est pas là. Pour Samba, Kamil et Dan, « c’est un échange de bons procédés ». « On remercie l’État de nous avoir permis de faire le service civique, car ça donne un but aux jeunes sans objectif professionnel, et c’est valorisant. » À la fin de leur mission, tous trois postuleront pour des « emplois d’avenir » dans le domaine de la médiation. Avec l’espoir de passer, à leur tour, dans la peau du formateur. Service civique, emplois d’avenir, le circuit républicain commence à fonctionner. ■ THIBAULT PRÉVOST Les feux d’artifice ont toujours la cote Retour au beau fixe pour les artificiers. L’an dernier, la météo exécrable avait provoqué une épidémie d’annulations de festivités du 14 Juillet. Cette fois les professionnels retrouvent le moral, comme en témoigne Frédéric Boutry, responsable de Régie-Fête Pyrotechnie, la société leader sur ce marché dans la région – Les annulations des 13 et 14 juillet 2012 ont-elles laissé des traces ? « L’an dernier nous avons dû annuler 70 % des feux d’artifice organisés pour la fête nationale. Dans les trois-quarts des cas, nous les avons différés et réalisés entre août et décembre. Beaucoup de communes nous ont dit que ces feux d’artifice décalés avaient attiré davantage de monde que ceux du 14 Juillet. C’est une bonne nouvelle si ça peut permettre d’étaler notre activité toute l’année, car pour l’instant elle reste à 90 % liée au 14 Juillet. L’autre conséquence de l’an dernier, c’est que cette fois davantage de mairies ont souscrit des assurances annulation. » – Comment se présente le cru 2013 ? « Très bien. Comme le 14 Juillet tombe un dimanche, on a davantage de demandes pour les feux d’artifice du samedi soir. On doit s’adapter. Le client est roi. » – Vous ne constatez pas de baisse des budgets en raison de la crise ? « Non. Dans la plupart des cas, on ne constate pas de baisse mais pas de hausse des budgets non plus. On peut dire que les feux d’artifice résistent à la crise. Certaines communes qui ont annulé l’an dernier ajoutent même une petite rallonge. C’est le dernier feu d’artifice avant les élections municipales… Pour ce week-end, notre société a vendu une centaine de prestations à des communes de la région et nous en réalisons directe- ment soixante-dix. En premier prix, un petit feu d’artifice démarre à 800 euros, un gros peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros. » – Les feux d’artifice ont-ils évolué ces dernières années ? « La règle désormais, c’est que tout le monde veut une bande musicale. Le feu d’artifice tout seul, c’est fini. Pour le son, ce qui marche bien c’est le disco, les années 80, le groupe Abba, les hommages à Michel Berger… » – Quoi de neuf du côté des feux d’artifice eux-mêmes ? « Il y a toujours des nouveautés. La mode est aux bombes avec étoiles, anneaux, cœurs, flashs… On utilise également des bombes à multi-effets et des bombes à ouverture aveugle. Elles fonctionnent avec un décalage de plusieurs secondes entre l’explosion et l’effet visuel ce qui renforce l’effet de surprise. Le public adore. » ■ RECUEILLI PAR DOMINIQUE SERRA Week-end chargé pour Frédéric Boutry. PH. ARCHIVES PHILIPPE PAUCHET 1270.