le dossier de presse - A
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pressbook Grosse semaine pour les chroniques du Rayon Frais: Aphex Twin, Alt-J, Asocial Club, Redinho, Nehruviandoom et plus encore... Crash Test : 10 clips avec des acteurs célèbres au casting Par Charles Crost, 22/09/2014 & 25/09/2014 http://www.villaschweppes.com/article/aphex-twinalt-j-on-a-goute-les-disques-de-la-semaine-dans-lerayon-frais_a6053/1 http://www.villaschweppes.com/article/crash-test-10clips-avec-des-acteurs-celebres-au-casting_a6092/1 Asocial Club, le grand recadrage Pourquoi la supérette s’agite ? A l’heure où le rap français se fond dans la pop familiale, le grand retour aux affaires des radicaux Casey et Prodige avec DJ Kozi, Al et Vîrus a quelque chose de follement réconfortant. Il reste des gens pour remettre les pendules à l’heure, envoyer des flows la tête haute. Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? C’est un véritable Blitzkrieg qui vient pour fracasser l’essentiel de la scène hip hop et plus encore - contre un trottoir. Incroyablement jouissif, ce disque propose un manifeste d’intention face auquel on pose – comme souvent avec cette clique – le genoux à terre. A l’heure du rap-sneakers, on l’écoute pour se remettre de nos cauchemars-réalités nocturnes. Matthieu Longatte vs Asocial Club : “Anticlubbing” Qui, quoi, où ? Fraîchement lâché, le clip de “Anticlubbing” par Asocial Club, le quinté gagnant du rap français, est bien dans son époque. En effet, en acteur principal, Matthieu Longatte, connu pour ses vidéos marquantes en tant que Bonjour Tristesse et son rôle dans le passionnant – mais amateur – Donoma. Crash Test : Rien ne semble pouvoir résister à Longatte : la chronique d’actualité podcastée et la misère d’un clubber dépressif et alcoolique sont pareillement servis par son jeu ultra reconnaissable. Il devient de plus en plus net que le garçon va faire une entrée fracassante dans le cinéma français d’ici peu. 23/07/2014 Les INROCKS http://www.lesinrocks.com/2014/06/16/ musique/lobservatoire-du-rap-ga me-86-11510349/17/06/2014, LES INROCKS Asocial Club Ironie du sort : le premier super groupe de rap français s’appelle Asocial Club. En tête de gondole, la productive (trois albums solos, deux projets rock avec Zone Libre, des mixtapes) et douée Casey. Ensuite Al, un rappeur dijonnais activiste depuis la fin des années 90, Virus, le clown triste de Rouen (qui compte déjà quatre EP ) et Prodige, le rugueux Sarcellois membre, comme Casey, du crew Anfalsh. Le point commun ? Une plume sans concession trempée dans le goudron. Ne les attendez donc pas en promo sur la bande FM ou dans des clips scintillants. L’objectif principal de ce projet pour Asocial Club est de faire de la scène. L’album sortira ce 21 juin, le jour de la Fête de la musique. Casey, Al, Virus, Prodige et leur DJ, DJ Kozi ne seront pas sur le plateau d’Arthur. 19/06/2014 Journal LE MONDE 19/06/2014 Journal LE MONDE 19/06/2014 Journal LE MONDE 02/07/2014 Africultures “La France a un problème avec son propre peuple” Entretien de Claire Diao avec l’Asocial Club L’Asocial Club, projet commun de quatre rappeurs indépendants français - Al le Dijonnais, Casey la Blanc-mélinoise, Prodige le Sarcellois, Virus le Rouennais et de Dj Kozi le Parisien - vient de sortir son premier album Toute entrée est définitive qui passe au scalpel la société française. Douze titres sombres aux textes affûtés, nourris par l’asphalte et les difficultés dont Al, Virus et Casey ont accepté de nous parler. Interview croisée. À travers cet album, l’Asocial Club traite de la galère et des difficultés de la vie. Pensez-vous qu’un certain confort vous couperait l’inspiration ? Casey : Je ne pense pas. L’argent n’est pas un baume. Il y a des douleurs et des blessures qu’il ne peut pas soigner. La preuve, des milliardaires se défenestrent. Il y a des gens qui vivent heureux dans le confort et d’autres qui culpabilisent en se disant “Je vis bien, mais dans un monde qui pue”. Virus : Il y a des personnes sur qui cela peut agir. J’ai un ami qui a emménagé dans un appartement tout confort, un changement pour lui, et qui m’a dit : “ C’est impossible pour moi d’écrire dans ce salon ! “. Al : Je pense que cela dépend d’où vient ton confort. Si tu gagnes au Loto et n’as rien d’autre à faire que chercher des plages aux quatre coins du monde, peut-être… Sans être passé d’un extrême à l’autre - je suis passé du RMI (Revenu minimum d’insertion, N.D.L.R.) où j’avais beaucoup de temps libre à une période salariée où j’avais beaucoup moins de temps pour écrire. Paradoxalement, je suis prolifique quand j’ai moins de temps à y consacrer. L’inspiration est plus présente. V. : Le confort mental, je n’y crois pas. Je ne pense pas que l’argent influe vraiment là-dessus. Certaines personnes ont changé de train de vie par le biais de la musique et leur musique a suivi. Elles racontent autre chose. - See more at: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=12302#sthash.dDispx1H.dpuf Comment écrivez-vous ? Dans quel contexte ? C. : Moi, c’est en speed, à la dernière seconde, dans le studio. A. : Moi je suis incapable de faire ça. Des trucs me viennent à l’esprit au fil de la journée. Je prends des notes sur mon téléphone et quand j’ai la capacité de les poser, j’écris. V. : J’ai l’impression de faire ça seul, toujours au même endroit. À une période j’écrivais la nuit mais maintenant, c’est plutôt le matin. Le matin, c’est frais. Comment s’est passée la création des morceaux : partiez-vous des musiques de Dj Kozi ou de vos textes ? A. : Un peu des deux. Parfois on avait l’idée mais pas forcément l’instru et parfois des instrus où des thématiques se sont collées dessus. C. : Nous ne sommes pas du même moule, nous n’avons pas les mêmes goûts donc certains avaient plus d’affinités sur une instru ou sur un thème. Nous avons tout fait ensemble. A. : Oui c’était : “Ok, toi tu viens dessus” ou alors “Non, celui-là je ne serai pas dessus”, voilà. Et qui coordonnait ce travail ? C. : Personne. A. :Tous ensemble. C. : Il n’y a pas de chef et c’est bien connu, quand il n’y a pas de chef, c’est le bordel (rires) ! V. : Ou il n’y a que des chefs. A. : Je n’aurai pas aimé être le directeur artistique de ce projet… Dans le morceau L’hiver est long, vous abordez la nostalgie du pays à travers l’imaginaire de l’hiver. C. : Le morceau traite du décalage. Al est du Sénégal, moi des Antilles, nous savons ce qu’est la chaleur, vivre autrement dans un autre environnement même si nous n’y vivons pas au quotidien. L’hiver reste mystérieux pour moi. C’est une saison qu’on ne connaît pas ailleurs : tu vis au ralenti, tu hibernes, tu t’ennuies… Mais sans l’hiver, il n’y aurait jamais eu le style doudoune, gros bonnet et Timbaland ! A. : Il n’y aurait jamais eu Mobb Deep (rires) ! Le rap est un sport d’hiver pour moi. Aller au studio quand il fait chaud, c’est du gâchis. V. :Moi c’est l’inverse. J’adore m’enfermer dans une cave. C. : C’est un morceau que j’ai écrit en pensant à ma famille. Ce sont des questions que je leur pose tout le temps. Pour ma grand-mère qui n’aime pas venir en France, l’hiver est un choc. Pourquoi s’inflige-t-on ça ? On pourrait vivre autrement. Mais on n’a pas le choix. Le rap qu’on fait est hivernal. A. :C’est un état d’esprit. C’est l’Occident. C. : Tout à fait. C’est ce côté gris, poisseux. Ce temps est particulier, il forge ta psychologie. V. : Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas davantage de rap en Scandinavie. C. : Ils font du métal : Finlande, Norvège, Suède… Si je vivais aux Antilles, je ferai du dancehall parce que le temps s’y prête (rires). Ici, tu écoutes ton son sous ton bonnet… C’est tout le panorama qui va avec le rap. Justement, en quoi vos doubles cultures nourrissent votre rap ? C. : Ce n’est pas musicalement. C’est dans ce que tu es. Je me rends compte que je suis un millefeuille, même si aux Antilles je suis une babtou (toubab, blanche, N.D.L.R.), je ne sais pas courir pied nu, je ne sais pas monter aux cocotiers, je ne sers à rien (rires). A. : Pareil. Une fois, j’étais dans le village de mes parents et des gamins se sont sauvés en criant : “Toubab ! Toubab ! Toubab !”. Sans m’entendre parler, juste en me voyant. Cette différence est visible par ces enfants et par tout le monde. Quand je suis avec mes cousins, au début ils parlent en français, après ils me zappent. C. : Il y a ce truc-là et le fait, qu’en France, on te renvoie souvent au fait d’être noir. Je me sens vraiment hybride, je kiffe ! Je me sens de la race des bâtards mais dans le bon sens du terme. Etre ouvert sur plein de choses : l’Occident, les Antilles… Comment vous sentez-vous entre les deux ? C. : Il y a toujours un petit pincement à ne pas être légitime mais maintenant, je m’en fiche. Les parents s’installent ailleurs avec des rêves et veulent continuer à vivre d’une certaine façon. C’est perdu d’avance mais ils ne le savent pas. Et toi, tu as envie de représenter leur histoire mais c’est impossible. Immigrer et enfanter, c’est fabriquer des hybrides qui seront au contact d’autre chose. A. : Il y a l’omnipotence de la société d’accueil. C. : Tu n’es pas légitime ici, tu n’es pas légitime ailleurs… Tu existes et puis c’est tout. Les quartiers ici sont très créoles. Aujourd’hui, dans les écoles maternelles, c’est impossible d’identifier d’où viennent les enfants ! A. : Au quartier, il y a la multiple identité. V. : J’ai appris que le français était le créole du latin. Donc il faudrait se calmer : la France est l’un des pays le plus riche au monde en terme de diversité de langues. C. : Et c’est le pays où il y a le plus de mariages mixtes. Les médias sont d’ailleurs friands de la dénomination “originaire de”. Est-ce que cela vous choque ? C. : Il est incroyable qu’aujourd’hui encore, ce terme soit utilisé. C’est tout le double discours en France. Les médias décident à quel moment nous sommes français ou non. En France, on te demande ton origine pour te signifier que tu n’es pas français. C’est une façon d’exclure et non d’intégrer. À un noir, on demande toujours : “Tu viens d’où ?”, sous-entendu “Tu n’es pas d’ici”. Alors que la plupart des jeunes noirs et arabes que l’on considère comme “terroristes” sont français. La France a un problème avec son propre peuple. Et ces questions sont là pour rappeler que, génération après génération, tu ne seras pas français. C’est l’hystérie d’une minorité que j’appellerai “le terrorisme blanc” qui se vit comme une race en voie de disparition, comme les gardiens du temple du prestige de l’Europe qui ne serait que blanc. Comme si l’Europe n’était pas fondée par des transhumances, des guerres, des mélanges… Ils sont fous ! Aujourd’hui, qu’est-ce que cela veut dire “être français” puisque dans une même famille tu peux avoir quelqu’un qui travaille en Angleterre et l’autre au Canada… ? V. : On dirait l’ambiance d’un match perdu où les joueurs font de vieux tacles. C. : Ça se terminera comme ça. Dans une forteresse, ils seront cinq avec François Fillon (rires), avec une couronne et un étendard fleur de Lys en train de crier “Jamais ! Jamais !”. Ils sont complètement déconnectés. Les États-Unis ont compris : 2050, Brown Nation. Il n’y a qu’ici que les gens sont stressés. A. : Notre France à nous, c’est la diversité et il y a un dominant qui n’est pas là-dedans, qui ne vit pas là-dedans et qui persiste à ne pas nous reconnaître… C. : …et qui cherche une définition de ce qu’est un Français alors qu’à l’international quand tu demandes qui sont les Français connus, on te répond : Tony Parker, Zinedine Zidane, Yannick Noah, Benzema… Ce sont les Français qui font la fierté de la France à l’international. Il y a une arrogance et une suffisance naphtalinée et poussiéreuse. La France se repose sur des acquis, c’est un musée à ciel ouvert. V. : Le foot reflète bien cet état l’esprit. Regarde les résultats de l’équipe de France. À un moment donné c’est “Oh ! Il n’y a que des étrangers !” et à un autre moment, non. Cela dépend du résultat du match. C’est étrange. A. : Le problème, c’est que ces gens sont dans toutes les sphères : au Sénat, dans les médias, dans la culture, dans les milieux professionnels. C’est difficile pour nous dans tous les sens. Comment expliquez-vous cette scission entre les Français ? C. : C’est le grand classique en Europe : à la faveur d’une crise, il faut toujours trouver quelqu’un sur qui taper. Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas d’argent : “Qui sont les moins blancs ? Les Juifs ? Ah ben voilà !” En France, il y a vraiment une minorité décalée qui ment aux autres et fait croire que la marche en avant et le mélange sont contrôlables. “Ne vous inquiétez pas, on va faire un barrage” Peut-être qu’ils vont construire un mur. A. : Nous, à la rigueur, on nous parle encore puisqu’on nous demande “Tu viens d’où ?”. Les Roms, on ne leur parle même pas. Et ce qui est le plus triste, c’est que même parmi nous, certains regardent les Roms en disant “Vous, on ne vous parle pas de toute façon”. V : Ce sont des signes inquiétants. C. : Il y a cette petite minorité qui contrôle tout, dont ce débat sur “qu’est-ce qu’être français”. On nous parle comme si nous avions un problème d’identité mais c’est cette minorité blanche qui a un problème ! V. : De peau et de prénom, je suis français apparemment. Mais peut-être du fait des univers ou des classes sociales dans lesquels j’évolue, les gens me demandent “T’es quoi ?”. Alors je réponds “Je ne sais pas trop”, parce que je ne sais pas trop non plus. Pour beaucoup de personnes, le côté “représentation” est très fort. C. : Oui, mais ça ne vient pas de nulle part. 2001 : des avions entrent dans des tours et tout le monde crache sur tout ce qui peut être arabo-musulman. Cela a renforcé une identité : “Ah ouais ? C’est ce que vous voulez de nous ? Alors c’est ce qu’on va être”. Tout le communautarisme dont on parle en France, est une invention. C’est cette minorité qui l’a créée ! A. : Quand on passe son temps à te montrer du doigt, tu finis par bomber le torse. Dans d’autres domaines comme le foot, les “minorités” sont pourtant mises en avant. C. :Ce que je trouve intéressant, c’est que la réalité est la même dans toutes les équipes. Regarde les équipes d’Amérique latine : tu verras un joueur amérindien, un noir, un Européen… C’est ça le Nouveau Monde. V. : Dans l’équipe du Costa-Rica, les joueurs évoluent dans une dizaine de pays différents. A. : La Coupe du Monde me fait penser à l’ethnocentrisme footballistique : on est centré sur l’Europe alors que l’Italie, l’Angleterre et l’Espagne se sont fait dégager. C. :Tout le monde s’étonne mais personne ne regarde ailleurs. Le 29 juin 2014, le site du Point.fr a publié - et retiré - un sondage après avoir recueilli 81 % de “ oui “. Il demandait s’il fallait retirer la double nationalité aux Français “d’origine algérienne”. A. : Tout ça, c’est de la communication car ils parlent de choses qui ne peuvent pas être faites. C’est un effet d’an- nonce. C. : Cela n’a aucun sens, c’est anticonstitutionnel. Mais au passage, cela laisse des traces. C’est encore une façon de mettre des coups : une fois de plus, les “Algériens” d’ici ne sont pas d’ici. Ces gens-là ont du mal avec l’identité multiple des autres. Par contre, ils n’ont pas de problèmes à être français et breton ou français et espagnol… Ce qui est considéré ailleurs comme richesse, est un blocage ici. Pour moi, avoir dix mille identités est une vraie richesse, c’est ça la vraie ouverture. J’ai souvent l’impression que nous savons beaucoup plus de choses que cette petite-minoritéblanche-et-grabataire-qui-va-bientôt-mourir-dans-d’affreuses-souffrances, parce que nous avons un accès concret aux choses. Je n’ai pas un accès théorique à l’Espagne ou au Sénégal, j’ai un accès concret avec les personnes que je fréquente. Pas besoin d’un livre ou d’un voyage. A. : Les politiques parlent du vivre ensemble mais vivent entre eux… C. : Ne pas reconnaître toute cette diversité bloque la France économiquement. Ils sont perdus alors que s’ils trouvaient les bons interlocuteurs, ils ne le seraient pas ! Ils n’ont pas de possibilité de lecture de l’Autre. A. : Il n’y a qu’ici qu’on peut te dire “Tu es surdiplômé” pour ne pas avoir à te dire “Tu es noir”. Les Anglo-Saxons l’ont compris depuis longtemps. Il y a une fuite des cerveaux indiens, chinois… C. :Quand on parle de la fuite des cerveaux, la plupart sont des noirs et des Arabes mais ça, on ne le dit pas. C. : Par contre, s’il y en a un qui perce, on est bien content de dire qu’il est français… Ils essaient de comprendre des choses mais ont toujours six métros de retard. Ce décalage avec le réel est hallucinant. Dans ce contexte, l’Asocial Club souhaite-t-il sortir des terrains battus ? C. : Il n’y a pas de volonté de sortir du commun. Ce n’est pas un but de sortir du commun. Nous voulons sortir un disque. Il n’y a pas d’obligation de se démarquer, d’être ailleurs… Il n’y a pas de calcul à ce niveau-là. Ce n’est pas toi mais les autres qui décident si tu es différent. Certains artistes indépendants sont parfois aspirés par de grosses majors. Qu’en pensez-vous ? C. : Ce n’est pas parce que tu sors un disque que toutes les boîtes te courent après. Il y a déjà tellement de candidats au formatage que nous sommes au bas de la liste pour être appelé. A. : Il faut être à l’aise avec ça et pouvoir le gérer. C. : Il y a aussi une forme de fidélité par rapport à ce que tu es allé puiser, d’où tu viens pour rapper ou écrire. Tu ne peux pas le renier et l’oublier quand ça va bien et que ça brille. C’est peut-être le seul verrou qui fait que je ne suis pas en train de danser la samba dans une grande maison de disque. Tu ne peux pas te cacher en disant “ C’est un travail”. Ce sont des questions importantes et ce n’est pas rien. L’album Toute entrée est définitive est disponible sur iTunes : https://itunes.apple.com/fr/album/99/ id885078360?i=885078548 L’Asocial Club sera en tournée à partir d’octobre 2014. Plus d’infos : https://www.facebook.com/asocialclub1?ref=ts&fref=ts Al prépare un morceau avec le groupe sénégalais Nuul Kukk. Casey prépare un concert, Expérience Ka, avec le joueur de gwo-ka Sonny Troupé dans le cadre du festival Africolor 2014. - See more at: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=12302#sthash.dDispx1H.dpuf http://hipopen.net/2013/09/28/asocial-club/ 28/09/2013, Hipopen.net Hip Open a fait le déplacement de Bordeaux jusqu’à Niort pour assister au premier show de l’Asocial Club, qui a eu lieu samedi 21 septembre. Une programmation incisive, pour le festival En Vie Urbaine, qui s’est révélée être « étonnante » selon certains novices, « percutante » selon des amateurs et « de qualité » pour une grande majorité. Le concert de Casey, AL, Vîrus, Prodige, aux côtés de DJ Kozi a marqué les esprits, même si l’absence de Rocé en a déçu plus d’un à l’entrée. Avant tout, petit rappel important : Asocial, adjectif et nom : Qui ne s’adapte pas à la vie en société, qui ne l’aime pas. Une réunion d’asociaux Un bel oxymore qui colle parfaitement à l’image de cette équipe, à l’état d’esprit contradictoire. Contradictoire pour qui ? Contradictoire par rapport à quoi ? Tout dépend du point de vue… En tout cas, ces 5 MC’s se sont bien trouvés, ils bouleversent les codes établis et évoluent à contre courant de la tendance générale. Donc rien de plus normal, que de former un club pour des asociaux ! Casey l’explique : « Au lieu de faire nos asociaux chacun de notre côté, on s’est réunit, même si c’est paradoxale, au moins on n’aime pas les gens ensemble ! » Ils affirment ne pas aimer les gens et ne font rien pour être aimés des autres. Cette particularité, toute à leur honneur, renforce l’authenticité de leur musique. Aux antipodes du rap mainstream, l’Asocial Club constitue une force inédite pour le rap français, qui rappelons-le est tout de même issu d’une contre-culture. Rocé le dit clairement : « J’rappe pas pour être sympa » Tout comme Prodige « Pas fait pour plaire » Un show qui vaut le détour L’Asocial Club, c’est un peu l’effet d’un goût amer dans la bouche qui te donner envie de cracher… Donc avec ces 5 MC’s réunis, le public ne peut que se prendre en pleine face des molards de paroles tranchantes avec une épaisseur de prise de conscience. Ce collectif de rappeurs qui ne mâchent pas leurs mots sait appuyer là où ça fait mal, en alliant des idées noires et revendicatrices à leurs prises de position. Ensemble, Casey, AL, Prodige, Vîrus et Rocé donnent encore plus de poids à leur démarche respective et montrent qu’ils ne sont finalement pas seuls, tel n’importe quel asocial… Une orientation artistique proche qui ne nous étonne pas de voir collaborer des cliques comme Anfalsh, Matière Première, Antidote, Rayon du fond, Buena Vista Sociopathes Club… Sur scène, chacun nous plonge dans son univers et nous fait partager ses humeurs qui sont à la fois sombre, arrogante, révoltante, solitaire et dérangeante. Retrouver ces 5 MC’s pour un même concert est évidemment un bonus supplémentaire pour les oreilles et les esprits avertis. Avec un album en préparation et la tournée qui débutent, l’Asocial Club risque de provoquer bien plus que de simples postillons… Affaire à suivre ! http://www.qualidistrict.com/portfolioentry/asocial-club/ 24/10/2013, Qualidistrict.com ASOCIAL CLUB Toulouse. Premier concert au grand complet de l’Asocial Club, et première interview pour le fameux cerbère à cinq têtes composé d’Al, Casey, Prodige, Virus et Rocé. Une association de poids lourds ayant fait couler beaucoup d’encre depuis le mois d’août. Hormis ce line-up inattendu, on savait finalement peu de choses au sujet du groupe. Des questions, nous en avions. Forcément. Chaque membre de l’Asocial Club porte déjà une identité forte en solo. Comment le collectif a-t-il pris naissance ? Prodige : On se connait déjà tous très bien. C’est parti d’une connerie toute bête : en soi, on n’aime pas trop les rappeurs. On s’est dit, autant faire un truc tous ensemble. Ce qu’on fait, ça part toujours d’une connerie ! Quel message derrière le nom Asocial ? Est-ce vis-à-vis des rappeurs ? De la société tout court ? Casey : Je suis pas sûre qu’il y ait un message. C’est juste un trait de caractère qu’on a en commun. Comme dit Prodige, on s’entend bien. C’était une envie qu’on partageait. Ce projet est devenu de plus en plus évident. Al : Avant tout, c’était l’envie de faire des scènes ensemble, et marquer le coup en sortant un disque. Petit à petit, ce projet d’album a même pris le dessus sur l’intention de faire un plateau. Comme c’était cohérent, pourquoi ne pas le faire ? En plus, si tu veux faire des scènes, il faut avoir un projet à mettre en avant. Il y a deux membres d’Anfalsh dans l’Asocial. N’est-ce pas un groupe dans le groupe ? Casey : Non, rien n’est en opposition. Que ce soit nous ou Matière Première, on n’est pas des sectes ! Avec B .James on est bien partis avec Zone Libre. Anfalsh reste Anfalsh. C’est pas une histoire de bannière ou d’étendard. Chacun fait ce qu’il veut. Prodige : Si demain je veux faire un album de bossa nova, j’y vais ! L’album est-il déjà en préparation ? Quelle identité allez-vous lui donner ? Casey : C’est en préparation. Après jusqu’ici, ça n’a pas encore été vraiment réfléchi. Il y a des instrus, on en discute… Rien de très conceptuel, ça reste spontané ! Ce sera de la musique comme on en fait déjà. Tu as des idées, tu les partages, t’écris et tu vois que ça donne. Quand tu fais un truc, il faut éviter de se regarder faire. Il n’y a rien de pire je pense… Al : Je pense que parmi nous, personne ne part avec une idée prédéfinie d’un album, en se disant qu’il aura telle couleur, tel aspect… On ne sait pas comment ça va sonner en fait. Ça ressemblera à ce que ça doit ressembler. Prodige : Et puis nos thèmes, les gens les connaissent ! À la prod, retrouvera t’on Hery et Laloo ? Casey : Virus taffe avec Banane, Al avec Saxe, nous avec Héry et Laloo. Il y aura ces 4 là. C’était un peu le mystère autour du collectif, était-ce voulu ? Prodige : C’est normal, c’est le début ! Casey : Ça s’est fait très vite. Il n’y a pas eu de mystère entretenu ou voulu. Y’aura-t-il des inédits ce soir ? Casey : Non, il n’y as pas encore d’inédits. Quand on s’est calé pour le collectif en mai dernier, on avait déjà bloqué des dates de concert alors qu’on n’avait pas encore écrit une rime ! Pour l’instant, on joue des morceaux de nos répertoires respectifs. C’est seulement en décembre- janvier que les morceaux sortiront, car pour l’instant, ils ne sont pas terminés. Et surtout pas mixés. C’est relou de faire du live avec des morceaux non mixés. Après on n’a pas menti aux gens. Les programmateurs le savaient. Ça ne les a pas empêchés de nous booker quatre dates. Et ton projet personnel ? L’a tu mis de côté pour Asocial Club ? Casey : On a tous mis nos projets de côté. Al prépare aussi le sien, Virus aussi. Rocé, tu apparais en featuring ce soir. Appartiens-tu au collectif, ou est-ce juste ponctuel ? Rocé : J’ai sorti mon projet il n’y a pas très longtemps… Comme dit Casey on a tous nos projets à côté, et c’était parfois un peu compliqué pour moi de me synchroniser. J’avais déjà des choses de prévues. À partir de là, pour pas mentir aux gens, ça m’a paru plus prudent apparaître en featuring au cas où je ne puisse pas venir. C’est une question d’honnêteté. C’est pour tenir parole vis-à-vis de ce qu’on annonce. Tu apparaitras sur le disque ? Rocé : Oui ! Le mot de la fin ? Prodige : Virus ? Virus : C’est assez compliqué de parler de tout ça, car c’est encore jeune ! Tu parlais de mystère… nous on est dans le mystère ! Je trouve que c’est même un peu tôt pour une interview. C’est en train de se faire. Tout le monde te dira que c’est l’humain et l’artistique qui parle. C’est ce que tout le monde dit, même ceux qui calculent. Je n’ai pas grand-chose à ajouter. Peut-être rappeler la part de Tcho dans le projet. Il y a eu pas mal d’interactions par rapport à lui. Il est un peu à l’origine du collectif. Ça aurait pu s’appeler l’Antidote Club dans le fond ! Pour le coup, ça s’est fait vraiment naturellement. Al : Au final s’il y a eu mystère ce n’est pas plus mal. Ça veut dire qu’il y a une attente, et c’est très bien comme ça. Propos recueillis par Paul Muselet Photos: Tcho / Antidote Un grand merci à Corrado – Built to Last http://www.urban-culture.fr/actualites/vous-etes-bien-urbain-un-parpaing-lanc.html 27/10/2013, Vous êtes bien urbain Asocial Club (Al, Casey, Prodige, Vîrus) + Rocé Après la force tranquille du pera grenoblois, l’arrivée de l’Asocial Club annonce une autre couleur. Alors que les lumières se baissent comme si l’on préparait l’arrivée d’un scélérap notoire, DJ Kozi se met aux platines. Bières à la main, le public s’amasse devant la scène, mecs et meufs (surtout les meufs d’ailleurs) jouent des coudes pour atteindre le 1er rang. On ne sait si c’est l’effet Rocé ou Casey qui ameute la fosse, mais on ne se pose pas trop la question : clairement, la foule est assoiffée de son. C’est Prodige (acolyte de Casey au sein d’Anfalsh) qui ouvre le bal, avant d’être rejoint sur scène par l’Asocial au complet (Al, Casey, Vîrus et anciennement Rocé, présent ce soir là en feat). Les MCs se succèdent au micro, nous plongent sans ménagement dans leurs univers. Si chacun se démarque par une identité lyricale propre, ils partagent néanmoins le côté vicié et vénéneux d’un rap français sombre, tranchant comme une lame de rasoir. On est à peine surpris d’entendre parmi les instrus ricaines mixées par DJ Kozi le son de Yonkers (Tyler the Creator), prod démoniaque semblable aux bruissements d’une armée de cafards sur un piano (sisi c’est kiffant). Elle semble taillée pour le rap affecté (et infecté) de Vîrus ; son flow carnassier claque à nos oreilles, ses lyrics ulcérées nous font grincer des dents, presque croiser les doigts pour que ce ne soit qu’une corrosion au second degré. L’attitude est nonchalamment arrogante, insolente, jubilatoire à souhait. Quand elle ne rappe pas, Casey jamme sur les beats aux côtés de Prodige et Al, insufflant à l’ensemble des allure de Soundsystem infernal. La rappeuse est habitée, possédée par le mic autant qu’elle possède le public sur qui elle tire à grands boulons son rap turbulent, tyrannique, bestial. Sa rime est plus qu’intelligible, elle sait jouer avec les mots, leurs sonorités, et en retranscrire la portée via une énergie scénique toute-puissante. Al manoeuvre sur scène comme un guerrier s’approchant à pas de loup pour sauter à la gorge de l’ennemi, le poing serré sur le mic ; les lyrics sont sévères mais justes, ses balancements de gauche à droite indiquent au public la marche à suivre, on se retrouve à tanguer comme une barque malmenée par son flow. Rocé, (acclamé dès qu’il prend le mic) se distingue sur ces morceaux solos par des prods souvent solaires et jazzy sur lesquelles il pose manu militari un rap travaillé comme une bombe textuelle complexe. Combatif sans être agressif aussi bien dans ses textes que dans son jeu scénique, le MC fait hocher les têtes et lever des poings convaincus. Prodige partage avec les autres membres cet air de neutralité renfrognée propre aux asociaux ; plutôt discret, on sent la maîtrise lorsqu’il prend le mic, les pieds bien ancrés sur scène comme pour mieux viser la cible. Ses textes laissent un goût amer, il appuie là où c’est douloureux, on assiste à un véritable traitement du mal par le rap. La perf des MCs se termine sur Libérez la bête dont on a littéralement vu ses tripes sortir par le mic sur cette dernière track. Après les salutations d’usages, les MCs quittent la scène laissant derrière eux une salle chauffée à bloc, un public rapophile bon pour une rehab, des asociaux rassurés sur leur état. Merci Retour de Scène, Contratak, La Bifurk, merci à VEBU, aux bénévoles, aux artistes... Cette soirée de clôture à fait mal, trrrès trrrès mal, là où ça fait du bien d’être urbain. http://www.radiopfm.com/reportages-chroniques/reportages-entretiens/article/asocial-club-au-micro-de-pfm 09/11/2013, PFM Radio Vendredi 8 nov. 2013, au Pharos avait lieu le lancement du Festival Hip Hop Dayz...à Arras ! Le Pharos accueillait notamment un concert du collectif ASOCIAL CLUB (Prodige, Vîrus, Al, Casey et Rocé)... On a pu rencontrer le groupe quelques heures avant qu’il n’entre en scène. Vous entendrez surtout Casey .. et un peu Rocé... Pour écouter le sujet, cliquez ICI. Entretien réalisé avec le gens de : http://www.echosduhiphop.com/ Grand merci aux assos Echos d’en bas (https://www.facebook.com/echosdenbas) et Call 911 (http://www. call911.fr/) http://www.sistoeurs.net/spip.php?article811 17/06/2014, SISTOEURS.NET Dans quelques jours c’est l’été, mais la date du 21 juin c’est aussi la sortie annoncée d’un projet HipHop très attendu : L’album du collectif Asocial Club. Nous l’avons écouté... Ça va faire du bruit... Ils sont 4 ou 5. Un peu plus autour... Certains étaient une bande de jeunes à eux tout seuls. Ici, nous avons un groupe. Un club même. Un ensemble asocial. « Asocial » à eux tout seuls... « Tout Seuls »... tiens ?! Déjà Al et Virus en parlent ICI Finalement tout s’explique, tout se recoupe, tout se transforme. Ou plutôt tout prend forme. AL, CASEY, PRODIGE ET VIRUS puis B.JAMES et ROCÉ sont de ce nectar du hip hop. Ils se fréquentent, s’apprécient, travaillent ensemble souvent et savent donner des lettres de noblesse aux mots qu’ils crachent. En bref, ils sont sur les mêmes longueurs d’ondes. Et pas Skyrock... on s’entend ! Quoi de plus logique alors que de se rapprocher, avec une envie féroce de faire des scènes communes puis de sortir un projet commun... Prendre le meilleur de soi au service des autres, au service du Club... Plus vraiment Asocial du coup ! « Mais on ne présente plus la famille » et tous les connaisseurs savent que chacun d’eux prône, revendique, cultive et diffuse, puis rend vivant un « vrai Hip Hop », révolté, revendicatif, hardcore et tellement réaliste... Celui du for intérieur, celui qui fait vibrer et qui touche cordes sensibles et passifs lourds... depuis les sujets politisés jusqu’aux psychanalyses plus personnelles... Tout ça, tant sur scène que dans les projets solos ou communs. On ne va pas revenir sur les parcours particuliers... Les vrais savent... Comme dit l’autre. Donc je vous préviens, Asocial club c’est la cohésion très très efficace de 5 des OVNIS du HIP HOP actuel. Sortis des ondes et des lieux communs. Asocial Club c’est un projet de gens qui se ressemblent qui font une musique qui leur ressemble et autour de laquelle on se rassemble ! Puis évidemment tout ça se formalise, car en parler c’est bien mais le faire c’est mieux ; donc le 21 juin c’est peutêtre la Fête de la musique ou le début de l’été mais c’est surtout la sortie de leur Album : Toute entrée est définitive. Un programme. Alors parlons en. Dès l’intro, le son est lourd et annonce la couleur : « C’est Asocial Club, la putain d’ta mère ». Puis les 12 morceaux s’enchainent à la perfection, les thèmes abordés sont différents, l’écoute est facile. Chacun performe mieux que jamais. Motivés par la concurrence interne sans doute, mais surtout parce qu’il sont bons... vraiment bons ! On y retrouve les leitmotivs de chacun appuyés par le talent de l’autre. Asocial ou atypique on ne sait plus vraiment. Plein de talents, puristes, passionnés, on en est sûr. Toute entrée est définitive... Pour notre part nous sommes dedans depuis un bon moment et pas prêts d’en sortir... encore moins après l’écoute de ce projet... Donc le 21 juin, c’est peut-être la Fête de la musique ou le début de l’été mais c’est avant tout pour nous la sortie de l’Album de l’ASOCIAL CLUB :Toute entrée est définitive. Bienvenue dans un monde asocial ! http://soundculturall.fr/asocial-club-toute-entree-est-definitive/ SOUNDCULTURALL.FR Asocial Club rassemble cinq fortes têtes de la scène rap française. Toute entrée est définitive sort le 21 juin prochain. Avant-goût d’ une écoute en avant-première. Casey, Prodige (collectif Anfalsh), Al, Vîrus et Dj Kozi (La Cliqua, Hip Hop Résistance) se croisent depuis longtemps aux détours de featurings et de collaborations. L’ idée de créer un collectif scénique a progressé doucement vers l’imposant Toute entrée est définitive. Fiez-vous à l’introductif La Putain d’ta mère pour discerner le ton de l’album. Fabricants de lyrics explicites, les quatre plumes d’Asocial Club lâchent leur encre sombre et âcre. Sur scène comme dans l’album, le flow est précis, les textes bien maniés et le passage de mics habiles. « Je me demande parfois où est-ce que je suis bétom, 99% des MC’s sont très cons » – Prodige, 99%. A l’écoute, on sent qu’Asocial Club ne joue pas dans la même cour que ces « MC’s qui ont soifs de reconnaissance » (Al). Les titres s’enchaînent, les prods résonnent dans cet album colossal. On assiste à un rap austère et réaliste. Toute entrée est définitive relate la brutalité du quotidien et de ses perspectives déchues comme sur le morceau J’ai essayé. « Parti de rien, j’oublie pas d’où je vais » entonne Vîrus. Voyez-y du vécu ou un constat, mais les quatre rappeurs sont bien loin de vouloir donner des leçons. On y voit quand même le dessin lucide d’une société parfois docile et persuadée que c’est « le travail qui libère les hommes ». Ne soyez pas surpris d’entendre un léger sample et une rythmique reggae sur Ghetto Music et L’Hiver est long. Ce dernier titre qui rappelle légèrement Chez Moi de Casey. Vous sourirez surement en écoutant le morceau « Anticlubbing » et assisterez en contre-plongée à un remake sonore proche de J’irai cracher sur vos tombes dans « Ce soir, je brûlerai… » « Dégagez les lieux, c’est fini la fête » , les bêtes sont lâchées. Sans paillettes et fioritures, vous avez donc rendez-vous le 21 juin. 17/07/2014 http://lebonson.org/2014/07/17/asocial-club-linterview/ L’Asocial Club, c’est un groupe de fortes personnalités. DJ Kozi, Prodige, Vîrus, AL et Casey, 5 têtes pensantes, aguerries en matière d’écriture et des flows reconnaissables entre mille. A l’occasion de leur premier projet « Toute entrée est définitive », nous avons pu les rencontrer et parler rap, politique et humour sans langue de bois. Peut-on revenir sur l’idée et la genèse d’Asocial Club ? AL : Au départ on voulait faire un plateau pour faire des scènes, parce que les gens nous associent, nous programment parfois ensemble. On s’est dit qu’au-delà du plateau, il fallait faire une formation plutôt que de jouer chacun son répertoire les uns après les autres. Et pour faire une formation, il fallait qu’on ait des titres, donc on a monté Asocial Club et on a fait un album. On a pu comprendre que Tcho est derrière tout ça… AL : Ouais, il fallait le lien entre nous tous d’une certaine façon. Vîrus : A la base, j’ai connu Tcho avant de connaitre tout le monde et c’est par ce biais-là que ça s’est fait. Tcho, il est sur l’aspect visuel, clips et tout, mais comme dit AL il y avait déjà des programmateurs qui nous reliaient et du coup ça semblait en fait vachement naturel. Il y a des atomes crochus. Vîrus, tu es quand même apparu plus tard dans les médias rap, le buzz s’est fait… (Il coupe) Vîrus : Non mais il n’y a même pas de buzz ! Les rencontres se sont faites plus tardivement mais c’est parce que c’est la vie qui a fait ça. Il y a peut-être un regain d’intérêt de l’écriture pour toi, parce qu’on t’a vu plus productif ces dernières années que par le passé. Vîrus : Non mais moi mon rythme n’est pas associé forcément aux rencontres. Moi j’avais un rythme à moi, tout lentement. Là, par exemple, le format album est un format que je ne connais pas. Ça ne s’est pas fait avant parce que c’est des concours de circonstances, c’est les planètes qui s’alignent comme ils disent… Si t’as pas entendu parler de moi avant, c’est peut-être que c’était pas intéressant ! La MJC de Bernay, c’était en 2006 ? Vîrus : (sourire) 2007 ! Moi à la base, je suis d’un coin rurbain. La Normandie, c’est aussi un autre délire. La MJC de Bernay, c’est quand même un délire : c’est des mecs qui venaient avec des casques de mobylette et qui avaient plein de boue sur leurs bottes ! Mais c’est un truc que moi je kiffe, que j’assume. D’où je viens. Parce qu’au final j’ai pas changé, je suis toujours dans mon coin. Je suis là régulièrement mais après j’ai pas franchi le cap. J’aime bien ma petite plaque 27. Pour revenir sur le concept d’Asocial, comment est venu le terme et pourquoi se baser là-dessus ? AL : En fait, c’est Tcho qui a trouvé le nom. On ne s’est pas réuni tous autour d’une table et on s’est dit « Allez, on va réfléchir, trouver un concept et un nom ! » On s’est dit « Tiens, c’est marrant de mettre en opposition les termes Asocial et Club. » Après si ça nous a plu, c’est peut-être aussi parce qu’on s’y est reconnus, tous les rapports qu’on n’a pas avec le rap. Ça peut aussi être rattaché à la personnalité des gens. Vîrus : Moi, par exemple, qui entre guillemets vient d’un autre coin et d’une autre époque, je suis amené à rencontrer des gens. Après, tu as des affinités. Bien sûr que tout le monde apprécie un minimum le taf de l’autre, mais après l’autre partie elle se fait sur le off. C’est des trucs que tu ne calcules pas. « La connerie en général, tu es obligé de conjuguer avec : dans la majeure partie du temps, à travers le taf, à travers ta famille… Dans le rap aussi, on a notre quota de connards. » AL « Quelle horreur de parfois devoir partager des backstages »… tu peux nous expliquer cette phase ? Vîrus : C’est juste que des fois c’est relou d’avoir des loges communes avec des gens avec qui ça te casse les couilles. Parce que toi t’es tranquille et puis il y a des gens qui parlent fort ou qui ont des attitudes… il y a une proximité imposée. Il y a des gens avec qui tu partages juste l’affiche. Et il y a des gens avec qui tu partages rien du tout, mais tu fais des concerts quand même avec eux, tu ne choisis pas les programmations que tu fais. Des fois, tu fais des concerts avec des gens que tu ne peux pas saquer. AL : Le rap n’est pas épargné par la connerie qui n’épargne pas le monde en général, et la connerie en général, tu es obligé de conjuguer avec : dans la majeure partie du temps, à travers le taf, à travers ta famille… Dans le rap aussi, on a notre quota de connards. 99% ? Est-ce que ce morceau ne vous place pas, au-delà d’être en orbite, « contre » le milieu rap ? Prodige : Déjà, c’est quoi appartenir au milieu rap ? Chacun fait ce qu’il a à faire, chacun fait sa musique comme il l’entend. Après, c’est vrai qu’il y a une position par rapport au rap où on dit « untel comme-ci, untel comme ça », c’est avant tout comme ça qu’on le ressent parce que nous on n’est pas comme ça. Qu’est-ce qui vous différencie des autres rappeurs ? AL : Tous les rappeurs sont différents. Un point de vue, une optique, une démarche. Les autres rappeurs, ce n’est pas ceux qui tiennent la tête d’affiche. C’est comme au foot, tu vois des mecs en équipe nationale et en Ligue 1, mais le foot c’est des mecs qui vont taper le dimanche dans un ballon, c’est des licenciés dans les petits clubs. Il y a eu un article sur la version papier du journal Le Monde (courant Juin) qui critiquait la perte d’engagement et de notion politique dans le rap, avec des citations de Casey notamment. Que pensez-vous de cette prise de position ? Casey : Ça, c’est son point de vue à elle. Je te le dis honnêtement elle n’a rien compris (NDLR : la journaliste). L’article, il ne ressemble à rien. Pour les gens, l’abstentionnisme n’est pas une posture politique, donc on ne peut pas se comprendre. On parle de politique tout le temps, on est en train d’en parler là. Pour eux, la politique c’est de la mise en scène : c’est d’aller le dimanche à l’école maternelle voter, c’est de s’indigner sur la hausse du pain, mais la plupart du temps ils n’en ont rien à foutre. Donc je m’en fous qu’ils ne comprennent pas. Et puis sur le FN, qu’on me pose la question franchement… j’en ai rien à foutre du FN. Dans la mesure où, quand tu te manges des humiliations au quotidien, ça veut dire quoi d’aller manifester ? Le FN, pour moi, c’est un truc de Blancs : c’est inventé par les Blancs, pour les Blancs, et c’est la mauvaise conscience des Blancs. Depuis le début, moi je me démerde comme je veux avec. C’est déjà mon problème à moi, à la base. « Pour eux, la politique c’est de la mise en scène : c’est d’aller le Dimanche à l’école maternelle voter, c’est de s’indigner sur la hausse du pain, mais la plupart du temps ils n’en ont rien à foutre. » CASEY Votre album est donc d’une certaine manière « politique »… Casey : Ça fait bien, intelligent, concret, carré, mais ça ne veut rien dire « politique » ! Vîrus : Même un mec qui raconte de la merde… enfin, pas de la merde. Le fait de prendre un micro, c’est un acte politique. Prendre un micro devant des gens, ça veut dire que tu as un auditoire, et la politique c’est quoi à part dire des choses devant des gens à convaincre ? Casey : Ca dépend de qui gère la définition de « politique ». Un mec qui dit « La France, nique sa mère », on va dire que ce n’est pas politique. Un autre mec va dire « La France, j’ai quelques griefs contre », et là on va dire tout d’un coup que c’est très politique. C’est aussi le langage. Le peura c’est pas politique, parce qu’on est considérés comme des teubés. Est-ce que le ressenti de votre public influe sur votre écriture ? Casey : Déjà, tu as dit un truc, le « public » je ne sais même pas ce que ça veut dire ! Tu fais un disque, il y a des gens qui écoutent, c’est tout. Vîrus : Le public ça n’existe pas. Il y a des gens qui t’écoutent, et qui après vont aller écouter un mec que tu ne peux pas saquer. Ils écoutent ce qu’ils veulent. Casey : Ils ne t’appartiennent pas. Quand des gens disent « mon public »… je n’ai jamais compris cette phrase. AL : Tu vois, les rappeurs qu’on ne veut pas croiser en backstage, c’est ceux qui disent « mon public » ! AsocialClub Revenons au contenu de l’album. Comment l’avez-vous réalisé ? Est-ce que le concept « Asocial » a guidé l’écriture, est-ce que les prods ont orienté vos choix de thèmes ? AL : On a eu des propositions d’instrus par les producteurs Banane, Héry & Laloo et DJ Saxe. Après, on a balancé des idées pour voir ce qu’on pouvait construire et écrire autour. Vîrus : Quand on a fait des sélections de musique, il y avait déjà la réflexion que tout ne soit pas pareil. Il fallait trouver une diversité dans les sons, et le résultat, c’est que ça varie. Casey : Comme tous les trucs collectifs, il faut trouver le compromis. On a tous des goûts différents, mais il y en a toujours une qui fait l’unanimité. Vîrus : Et puis s’il y avait un son sur lequel tu ne voulais pas être, ben tu n’y allais pas. Casey : Ça c’est fait vraiment spontané, comme ça venait, il n’y a pas eu de brainstorming. Même si je connais Prodige et je connais AL, c’est pas parce qu’on s’entend qu’on a les mêmes goûts sur tout. C’est aussi une expérience humaine… AL : C’est joli ça ! Casey : Ouais, ça pète ! C’est une belle aventure ! (rires) C’est des compromis, c’est des discussions… Parlez-nous du morceau « 99% », de votre flow original et de la prod. Vous vous êtes tapés un trip ? Casey : C’est Laloo qui a fait la prod. L’instru était bien, et puis après on avait envie de faire des « diggilistyles » (sourire) ! C’est aussi simple que ça. C’est AL qui a trouvé le refrain. Vîrus : En fait, AL il est à l’origine de beaucoup de choses, c’est « checkez vos mails » ! Il faut le dire. Si tout le monde se renifle et se regarde dans un groupe, au final, tu peux toi te dire « Je vais voir ce que les autres font » et attendre sans culpabiliser. Là, il y a des morceaux une fois qu’ils sont sortis, on regrette de ne pas être dessus ! AL : C’est pour ça que j’ai rappé sur tous les sons ! (rires) Casey : C’est la première fois, les premières fois c’est que des essais. « Sauf que notre version, c’est une version low-cost, parce que c’est la vérité, on ne fait pas des concerts à Madrid, on fait des concerts à Bourgoin-Jallieu… ! Quand tu vas à la boite de Bourgoin-Jallieu, crois pas que ça va être grave frais ! » CASEY Est-ce qu’on peut parler du morceau « Anticlubbing » ? Quand on voit la tracklist, on se dit qu’on va l’écouter directement… Casey : Ah ouais ? Pourquoi ? Parce qu’il y a marqué « club » dedans ? Non, parce qu’il y a marqué « anti » ! Vîrus : Il faut dire la vérité. Quand on s’est vus au début, on se voyait, on discutait et il y avait des idées. Asocial Club, il y a le côté club dans le nom. On est amenés parfois, après certains concerts, à être mis en situation. Pour moi, c’est le morceau que j’aime le moins, mais c’est celui qui est le plus représentatif d’un moment de vie, par rapport à ce qui se passe entre nous, à un certain moment. Même les interludes, on est dedans. Les interludes sont travaillés ou improvisées ? Vîrus : C’est vécu ! C’est vraiment un vécu commun. Et le chamboule-tout c’est vrai ! (rires) Casey : On a réuni des expériences communes aussi, parce qu’on a fait quelques sorties épiques, et on s’est dit qu’il fallait qu’on en parle du côté « club », car c’est quasiment une discipline dans le rap, comme l’ « égotrip » c’est une discipline, comme le « gangsta rap » c’est une discipline. Je dirais que le « clubbing » c’est une discipline, on s’est dit « on va faire notre version à nous ». Sauf que notre version, c’est une version low-cost, parce que c’est la vérité, on ne fait pas des concerts à Madrid, on fait des concerts à Bourgoin-Jallieu… ! Quand tu vas à la boite de Bourgoin-Jallieu, crois pas que ça va être grave frais ! AL : Si tu croises Rick Ross, prends une photo ! Casey : Et puis c’est ramener une réalité aussi. On a tous fait des sorties en boite catastrophiques ; où tu n’as pas un biff, où t’es rentré sans savoir comment, où quand t’es dedans on te toise, où tu ne peux pas t’asseoir… On a tous fait ces résoi-là. AL : Parfois ça peut briller, mais parfois ça peut vite être pathétique. On a bien aimé aussi le morceau « Ce soir je brûlerai… »… Vîrus : C’est simple : il y avait un concert à Arras, je suis parti aux chiottes, j’ai eu une idée. Je leur en ai parlé et voilà. Ça s’est passé aux chiottes. Chacun brûle un truc, parce que l’instru change. Casey : Le but, c’était de prendre chacun une institution. Et puis après, Prodige c’est le côté plus nihiliste du truc, il ne brûle rien, il se crame la tête. On trouvait que c’était une bonne fin que ça termine là-dessus. Vous avez en tête, à terme, le projet de produire des petits jeunes de votre entourage ? Casey : Tu sais, produire, c’est un métier. Tu vois, il y a plein de gens qui aiment bien ça, c’est doux en bouche le mot « producteur ». Mais la vérité, être responsable de quelqu’un, c’est une vraie responsabilité. Et la plupart des gens qui produisent les soi-disant petits de quartiers, ça finit en embrouille. Tu ne peux pas promettre, faire rêver des gens… Vîrus : Tu vois, Didier Deschamps, il est sélectionneur : il a arrêté, il ne joue plus. J’ai l’impression que le truc de « produire », c’est aussi un truc de « quand t’as arrêté »… Il ne faut pas tout mélanger. AL : Je n’ai pas l’impression qu’il me soit arrivé quelque chose d’exceptionnel au niveau du rap, de devoir quelque chose à quelqu’un. Chacun a son histoire. T’es là, tu veux rapper, petit compte pas sur moi. C’est grave de la démagogie dans le rap. Reprocher à quelqu’un qu’il n’ait pas produit les petits de son quartier… pfff. Vîrus : Moi, on m’a déjà dit vers chez moi : « Pourquoi tu m’emmènes pas dans tes ambiances ? » J’ai dit : « Mais il n’y a pas d’ambiance ! De quoi tu parles ? » (rires) Quand on vous écoute, on a le sentiment que vous kiffez ce que vous faites, mais que ça vous pèse d’être assimilé à ce « milieu rap » ? Casey : Tu es toujours foutu dans une case, associé à une étiquette… Par exemple, moi c’est le « rap conscient ». Ce n’est pas ce qui me dérange le plus l’association. Dans la mesure où tu n’as pas le contrôle dessus, je ne me prends pas la tête avec ça. Prodige : C’est juste qu’on aime bien être entre nous. C’est surtout ça en fait. C’est la flemme d’aller à Paname, rencontrer des gens… On est bien entre nous. « Moi, on m’a déjà dit vers chez moi : « Pourquoi tu m’emmènes pas dans tes ambiances ? » J’ai dit : « Mais il n’y a pas d’ambiance ! De quoi tu parles ? » » VIRUS Comment expliquez-vous ou justifiez-vous votre statut de rappeur auprès de proches qui ne connaissent pas le milieu ? Vous précisez le « type » de rap que vous faites ? Casey et Prodige : Jamais ! On dit jamais qu’on rappe. Vous faites de la musique ? Casey et Prodige : Même pas ! Casey : Moi je dis que je suis au chômage. Vîrus : Moi je mens, je dis que je suis en alternance, ou en contrat d’apprentissage. Casey : Je ne parle pas de peura. J’aime bien, j’assume, ce n’est pas un souci. Un psychanalyste c’est pareil ; dès qu’il dit qu’il est psychanalyste, tout le monde vient « Ah bah explique-moi çi, ça… » Dès que tu dis que tu fais du peura, va falloir expliquer pourquoi tous les autres connards existent. C’est relou, je ne peux pas me justifier pour tout le peura. Donc du coup tu ne rentres même pas là-dedans. Les gens font leur culture sur la télé et la radio, donc déjà ils ont perdu d’avance. Et vu qu’ils ont l’impression de connaitre le rap parce qu’ils ont entendu la télé et la radio, c’est toi qui prend pour tout le monde. Du coup, c’est plus simple de ne rien dire. Pour conclure, vous l’aviez dit chez nos confrères de l’ABCDR, vous aimez rigoler comme tout le monde. Vîrus a aussi dit dans un de ses titres qu’il en a marre des mêmes humoristes. Qu’est-ce qui vous fait rire l’Asocial Club ? Casey : Je ne sais pas, la connerie ! Même ça je ne peux pas te répondre, parce que n’importe quoi me fait rire. AL : « Le vieil homme qui ne voulait pas fêter son anniversaire » ! Prodige : Ah, il y a le truc là, « Bonjour tristesse ! » Le gars est fort, ça fait rigoler. Casey : Même de dire ça, expliquer pourquoi on rit c’est chelou ! C’est comme ces gens qui disent « Oh tu sais, moi j’adore rire ! »… « Bah ris, con ! » Vîrus : Moi je regarde « Le dîner de cons » quand j’ai envie de délirer. Même si je l’ai déjà vu, j’aime bien. Les humoristes, en vrai, c’est par rapport à une autre époque où tu avais du rire lié à du contenu. Là, le fait que le mec parle de sa belle-mère… Il y a énormément de mecs qui font rire sur du vide, même si des fois c’est bien ficelé. Avant, il y avait des keumés qui arrivaient à te faire rigoler avec un gros contenu, à l’époque de Coluche, de Desproges… Ca mettait un malaise. Il n’y a plus ce malaise. Ils ne gênent plus personne. C’est pour ça que le dernier « Marrakech du rire » là… J’ai vu le début quoi. Il n’y a tellement rien de gênant, que le rire fait trop rire des gens que je ne peux pas voir. « Bonjour tristesse », justement, c’est un des derniers trucs qui m’a fait délirer parce qu’il gêne. Il arrive avec un côté franchouillard, c’est gênant par rapport au discours et à ce qu’il dégage. Et c’est bien écrit. « L’humour c’était mieux avant ? » Vîrus : Non mais c’est qu’avant il y avait peut-être plus de liberté. Un mec comme Guillon il était gênant à un moment. Maintenant tous les mecs gênants, ils disparaissent. Même un mec comme Gainsbourg, il ne faisait pas de l’humour mais en vrai il en faisait, de l’humour. AL : Il y a l’ombre de Dieudo qui plane là ! (rires) Casey : Non, ce n’est pas une question piège. Vîrus : Moi j’ai un plus gros problème avec les gens qui s’attachent à un humoriste qu’avec l’humoriste lui-même, par exemple pour Dieudonné. Des fois, il y a des artistes que je kiffe, j’irai jamais au concert parce que je vois la gueule des gens qui vont au concert, j’ai pas envie d’y aller. Lui, ça reste, et tout le monde le sait, le meilleur : la technique, l’écriture, niveau punchlines… Casey : Moi j’ai aussi beaucoup de mal avec le fait qu’on nous fasse croire que le plus raciste de France soit un renoi ! Ils ont osé la faire celle-là ! Franchement, fallait le faire… Vîrus : En même temps, ils disaient que le plus détesté c’est un Camerounais, et que le plus aimé c’est un Camerounais (NDLR : Yannick Noah). Casey : La boucle est bouclée ! 08/07/2014, http://www.upstarzz.com/lasocial-club-sans-relle-promocre-une-bonne-surprise-20140708.html L’Asocial Club, sans réelle promo, crée une bonne surprise L’Asocial Club rassemble cinq artistes de la scène rap indépendante : Casey, Prodige (collectif Anfalsh), Al (souvenez-vous le classique : “Les lions vivent dans la brousse” sur une compile de Cut Killer), Vîrus et Dj Kozi (La Cliqua, Hip Hop Résistance). Leur album en commun : “Toute entrée est définitive” est sorti le 21 juin 2014. Ces acteurs de la scène hip hop ont mis en commun leurs talents, aucun n’est mis en avant à l’image de la pochette de l’album. Mais, tous se sont retrouvés autour d’une idée commune, principalement, critiquer notre société ... une société qui ne nous accepte pas tous. Un album qui plaira sans nul doute aux puristes. Avec un clip minimaliste, mais efficace, en noir et blanc et seulement deux extraits en ligne, l’album, en indépendant, se maintient dans les 10 premiers du top Fnac Rap derrière Pharrell Williams et son “Girl”, “Les yeux plus gros que le monde”, ... au bout même de la 3ème semaine de sortie. 25/08/2014 http://www.radiobeton.com/www/spip.php?article11794 Il m’est en fait difficile d’écrire une chronique concise sur l’album de « L’Asocial Club - Toute entrée est définitive » et ce pour plusieurs raisons tout d’abord il faudrait vous faire une description de l’état du rap en 2014 et je n’en n’ai pas très envie. Ensuite il faudrait vous vanter les qualités de chacun des protagonistes qui forment ce super-projet, mais je préfère que tu ailles écouter par toi même. Je vous fais tout de même les présentations, derrière les platines Dj Kozi et derrière les micros Casey, Vîrus, Al et Prodige. On peut noter aussi la participation de B.James (« Ghetto Music ») et celle de Rocé, initialement membre du projet, (« Creuser »). Autre membre de l’ombre de ce projet Tcho Antidote à la réalisation des clips et de l’artwork et qui a permis cette réunion d’Expendables. Ces noms ne vous disent peut-être rien ou alors au contraire ils vous évoquent ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans le rap en France. L’idée de base était de faire un plateau, une scène commune mais vite l’idée d’un album sous le nom d’Asocial Club commencera à être annoncée sur les différents réseaux sociaux (début 2013). Des asociaux qui décidaient de se réunir forcément on se doutait que le résultat serait fumant. La galette tant attendu sortira fin juin 2014 dans les Fnac les plus averties, pour les autres on devrait voir début septembre l’album bénéficier d’une redistribution. Après une intro concoctée par Dj Kozi on retrouve le titre « La putain d’ta mère » qui ouvre l’album. Al commence les hostilités et dès la première phrase on pourrait presque trouver l’essentiel, le résumé parfait pour définir la mentalité de cette nouvelle ligue de justiciers : « Les gens mettent tout le monde dans le même sac, j’ai honte de dire que j’rappe ». C’est ensuite au tour du cerbère le plus flippant du rap français (Casey, Al & Vîrus) de mordre à pleine dents les gorges de quelques rappeurs, pseudo-puristes ou celles des différents acteurs du milieu qui tentent de garder les commandes du hip hop en France sans en comprendre l’essentiel. (« 99% »). 5e piste, on s’autorise un peu d’air sur un morceau plus léger, « Anticlubbing », qui vous permettra enfin de comprendre le calvaire que vous faites vivre à ce pote (moi !) qui vous dit systématiquement NON !! quand vous voulez le traîner en boîte ! S’en suit un des titres les plus massifs de l’albums :« Mes doutes ». De nouveau mené par le trio Al, Casey & Vîrus. Titre qui trouve un écho sur la dernière piste de l’album « Creuser ». Le reste est à l’image des thèmes abordés habituellement par chacun des MC’s on pense au morceau « Chez moi » de Casey en écoutant « L’hiver est long » ou encore à son titre « Quand les banlieusards sortent » en écoutant « Je hante ma ville ». Côté beatmaker on retrouve les habituels Héry , Laloo, Banane et Saxe. J’ai encore plein de choses à vous dire sur cette album mais le mieux sera de vous en parler à l’antenne et de vous le faire découvrir toute la semaine, 2 fois par animation !! http://adopteundisque.fr/asocial-club-toute-entree-est-definitive/ J’écoute peu de rap francophone. Mais j’ai la prétention de n’écouter que des choses de qualité. Il faut dire qu’à la différence du rap ricain je m’attache beaucoup au texte, à l’esprit, à l’attitude. Asocial Club, par exemple, est un collectif de mc’s venus d’un peu partout mais avec pour point commun une défiance envers le rap système et un franc-parler qui n’épargne personne, y compris eux-mêmes. Ah, oui, et dans le lot, il y a Virus que je suis de l’oeil depuis quelques temps, et Casey, qui jusqu’ici ne m’a jamais déçu. Et pour ceux qui ne seraient pas encore alléchés, on trouve aussi sur ce premier album du projet Rocé en featuring. Ok, pour ceux qui ne sont pas partis voir ailleurs, sachez que cet album est tout bonnement excellent. Sans trop de surprise, on y retrouve de la rage, du mal-être, du cynisme et de l’humour. Tout ça tient en treize titres, et ça tient plus de la magie que de l’habileté tant l’alchimie est au rendez-vous et chaque titre, même l’intro, fait mouche. Les textes écharpent déjà pas mal à eux seuls, mais alliés à des instrus puissantes et vraiment plus pensées comme des one-shot que des suites logiques, créant des ambiances uniques et inoubliables, font de ce premier album du collectif un passage obligé pour tout amateur de rap français qui parle plus avec ses tripes qu’avec ses trips. Si Asocial Club est esclave, ce n’est que des obsessions de ses membres, et sa totale liberté de ton, son indépendance, son détachement d’une quelconque scène lui assurent une place à part dans la production française. Si Maître Gims est le canot de sauvetage du rap français, alors Asocial Club est le salopard de requin qui s’y attaque juste pour le plaisir de savoir qu’il n’arrivera jamais à destination. Parce qu’on peut avoir la dalle et rester gourmet. 20/08/2014 par Mathieu Roux http://www.jetdencre.ch/asocial-club-al-caseyprodige-virus-dj-kozi-toute-entree-est-definitive-7396 « Asocial Club, à coup sûr la mauvaise rencontre » Pour certains, le nom du groupe renverra peut-être au club de la Havane (Buena Vista Social Club), quand d’autres y verront une référence cynique à peine déguisée à la boîte parisienne (Social Club). C’est selon. Dans les deux cas, revenir en arrière est impossible: l’avertissement en guise de titre d’album est clair (Toute entrée est définitive) et le contre-pied aux formules répandues des clubs est parfait (Sortie définitive). Quant à la pochette, elle annonce la cou leur et renseigne sur la teneur du quintette. Occupants seuls un immeuble dans lequel les autres appartements sont condamnés, le collectif est à l’écart : réunis en nombre, tapis dans l’ombre, toujours prêts à cracher des mollards. Ras semblés autour d’une sensibilité frondeuse, ils parviennent néanmoins à éviter les écueils trop simplistes de l’opposition à tout prix et de la comparaison facile. Sur les 12 titres du disque, il y a bien quelques piques envoyées à la « famille du rap », aux institutions ou aux fac teurs d’intégrations sociaux. Mais l’important est ailleurs. Pour peu que l’on soit familier avec le « rap français », les noms des marginaux sont connus. Casey, Al, Vîrus, Prodige et DJ Kozi ont tous à leur actif plusieurs faits d’armes marquants (albums, EP, mixtapes). Asociaux par choix plus que par fatalité, la posture est mentale plus que subie. Ici, les points de vue sont décalés et les gamberges éclairées. L’Asocial Club, c’est une entité avec différents angles d’approche. Le désaxement social : « même au plus bas, m’est pas venu à l’idée d’hurler avec les agneaux » (Vîrus), l’explosion des catégories qui pousse à la décentration : « me parle pas de féminité, j’ai du poil plein les aisselles, je vais te laisser tes hypothèses sur la dentelle, la vaisselle » (Casey), le salut par la résignation, comprendre l’acceptation : « les gens mettent tout le monde dans le même sac, j’ai honte de dire que je rappe » (Al) et l’expression du mal-être : « Du plomb dans l’aile, la bave aux lèvres, la peur au ventre » (Prodige). Aucune excuse ou de discours victimaire pour la formation, mais des explications : parcours de vie, séquelles, intros pection. Et puis au-delà de l’optique intéressante, et c’est important de le souligner, les quatre mc’s partagent le bon goût des textes bien écrits auxquels viennent s’ajouter les scratchs efficaces de Kozi. http://reaphit.com/asocial-club-toute-entree-est-definitive/ L’Asocial club. Ce nom hante nos colonnes depuis maintenant quelques mois. Le Club, c’est la réunion d’asociaux d’exclus - qui se connaissent très bien et aiment le business en famille. Casey et Prodige - qu’on ne présente plus - tous deux issus de la famille Anfalsh. Le rappeur AL, originaire de Dijon – c‘est pas New York non plus – que l’on a découvert avec Fabe, Adil el Kabir et Matière Première, puis tout seul sur High Tech & Primitif et Terminal 3. Le mythique DJ Kozi - déjà DJ de Casey - s’occupe lui de taquiner les platines. Au sein de ces amis de longue date, s’ajoute Vîrus, rappeur de Rouen – jolie petite ville de france - qui ne cesse de nous impressionner à chaque projet. On avait par ailleurs déjà commencé à apprécier sa cohérence musicale avec Casey et son équipe sur le titre « Que tu l’acceptes ou pas » L’esprit de famille – de clan – est poussé à son paroxysme, jusqu’aux productions, concoctées par l’entourage du club. On retrouve donc Héry et Laloo fidèles à Anfalsh, DJ Saxe proche d’AL, et Banane, producteur attitré de Vîrus. Le travail visuel a lui été confié à Tcho/Antidote, véritable trait d’union entre les rappeurs, de par son activité graphique et audiovisuelle. Avec un premier album au doux nom de Toute entrée est définitive, ce regroupement d’individualités, à l’écart du rap et de la société en général, présente ici plus qu’un simple plateau d’artistes : un projet cohérent et inédit. Avant même d’évoquer un album commun, Casey et son équipe se font violence, et partent brûler les planches à la recherche de leur public pour quelques dates. Rocé les accompagne, et quelques privilégiés comprennent alors. C’est un pan entier du rap underground qui se côtoie sur scène. Les univers, les textes et les personnalités des MC se complètent à merveille. Logiquement, sans effort, la cohérence scénique est parfaite, et le public abasourdi. Le groupe crée son propre mythe en quelques apparitions : la carte de visite est envoyée en bonne et due forme, et en pleine tronche ; on entend déjà quelques murmures de fanatiques impatients : C’est l’Asocial Club, la putain d’ta mère ! Ce sera le titre du premier extrait. Fracassant. Le ton est donné d’emblée, la machine est lancée. Avec un slogan simple et efficace, le club abat ses cartes et rappelle qu’il ne fait pas dans la dentelle. L’album ne sera pas un long fleuve tranquille, et chaque MC y réglera ses comptes. Prodige le scande sans détour : « Gars, on fait ça en grand, on fait pas semblant, ça va être sanglant, avis à tous les bouffeurs de glands » soutenu par Casey « Dégagez les lieux et videz les assiettes, c’est fini la fête ! On vient dans ton périmètre, libérer la bête » . La messe est dite. Le groupe précise sa position dans le paysage du rap français avec « 99% », l’occasion de faire vaciller un peu plus l’épée de Damoclès qui surplombe le rap de France à grands coups d’égotrips. Sur une production lente, Casey rappe avec un flow et des intonations différents de ceux qu’on lui connaît. Prenant volontairement une diction héritée d’Atlanta, plutôt appréciée dans le rap français contemporain, elle se fait le plaisir d’affronter les acteurs de ce milieu sur leur propre terrain. On retrouvera ce phrasé au fil de l’album, dans la bouche de plusieurs membres du groupe. Insolents. L’Asocial club cultive sa différence au fil des titres et creuse petit à petit le fossé qui le sépare du troupeau. Les MC’s rappellent d’où vient à leurs yeux la « Ghetto Music » avec la voix de Peter Tosh. Ce sample reggae astucieusement mêlé à des sonorités électroniques en constante évolution, donne une production inhabituelle mais efficace sur laquelle le troisième mousquetaire d’Anfalsh, B. James, est convié à brandir le cutter face à tous les imposteurs. Asocial Club travaille en famille, nous l’avons dit. Sauf qu’en guise de cutter, Monsieur 93 débarque armé d’une épée à deux mains. – Lourd c’est bien, lourd c’est mieux, s’il marche pas on peut toujours assommer avec… - Difficile de faire plus charismatique et percutant qu’un Bibi énervé sur une instru aux basses marquées. Et lorsqu’il pose les bases de sa doctrine « Soyons clairs, qui con- testera mourra, soyons fermes… » on a aucun mal à le croire, ni aucune envie de le contredire. La cohérence de son couplet, et le plaisir que l’on a, à retrouver Anfalsh au complet, nous font regretter l’absence du boxeur sur les autres titres. L’esprit clanique en filigrane sur tous les morceaux, et présent jusque dans le nom du groupe, est traité de façon paradoxale dans le titre éponyme « Toute entrée est définitive ». La maison où se déroule cette contre-soirée ne fait pas crédit, et ne garantit pas la sortie. Déjà évoqué dans « Mes Doutes » , les asociaux affrontent ici les conséquences de leurs choix et se confrontent directement à leurs principes. « Nos couplets restent en phase mais nos réalités n’ont pas de flow, condamnés à fleurir et finir par fâner en vase clos » . Chacun des protagonistes y décrira sa vie en marge, son dégoût généralisé de l’époque, des autres et de lui-même. Aucune note positive ne viendra éclaircir ce noir constat. Casey nous livre un couplet magistral entre rancœur, hargne et fragilité. Déçue des autres, reprenant l’historique de ses frustrations, enfermée dans son monde froid et malsain, elle finira – c’est une première – par appeler au secours « Sauvez moi, appelez un médecin ! » gommant la fine ligne entre principes choisis et conséquences subies. Condamnés à errer dans ce monde sans vraiment y prendre part, en décalage total avec les normes socialement acceptées par la majorité, les MC’s hantent leurs villes de leurs existences fantomatiques. « Je suis damnée, la terre ferme me le rappelle » A ce stade, la mèche est allumée depuis longtemps et l’explosion est imminente. Elle arrivera avec « Ce soir, je brûlerai … ». Luttant contre une disparition programmée, les rappeurs se transforment ici en bombes incendiaires. Dans « 99% » déjà, Casey réclamait vengeance. Après avoir réglé leurs comptes avec le rap et l’industrie musicale, dans « Ce soir, je brûlerai … » la vengeance prend une dimension plus personnelle, presque intimiste. Véritable exercice de style, chacun des MC’s choisira sa cible, nous livrant ainsi l’origine de ses frustrations du quotidien, son dégoût des autres et des normes sociales. Le monde du travail, la culture subventionnée, le système éducatif…destruction des institutions garantie. Dans la continuité directe de Tragédie d’une trajectoire, Casey reviendra sur le seau d’eau dans la face qui a tué sa petite enfance, bouclant la boucle et tuant ses démons dans un feu purificateur. Cette descente aux enfers se terminera par un chef d’œuvre, et « Creuser » finira d’obscurcir un tableau déjà bien sombre. La production aux samples lents, funestes et épurés, qui n’est pas sans rappeler l’instrumental de « Des Fins » , laisse le champ libre aux MC’s pour y exprimer toutes leurs amertumes. Le message est sans appel : vivre, c’est creuser sa tombe. Sans filtre aucun, les rappeurs déposent les armes et se livrent comme rarement. Une fois encore, le couplet de Casey surprend, alors qu’elle évoque pour la première fois ses relations amoureuses et ses pensées suicidaires. Avec un couplet fantastique, c’est le fossoyeur Rocé, présent dès les premières scènes du groupe, qui, avec une dernière pelletée, clôt l’album avec élégance. « Quand j’ai voulu retourner ma veste, j’étais le même recto-verso. » Au fil de ces douzes titres, le collectif s’affirme comme un groupe cohérent et efficace. Sous l’égide de Casey – tout simplement phénoménale – les talents se révèlent et les plumes s’affûtent. Les couplets de Vîrus puent la compétition lyricale, souhaitant être à la hauteur de la bête, il arrive allègrement à tenir la comparaison, et oblige Casey à redoubler d’efforts. Aucun des protagonistes ne lâche face à leurs compétents confrères. Cavaliers de l’apocalypse, venus bousculer la morale de notre société bien pensante, le travail soigné et le sens du détail sont de rigueur. Un soin du détail qui les suit jusqu’au visuel de l’album, sur lequel on distingue une façade d’immeuble sous un ciel sombre. Les entrées sont murées, mais de faibles lueurs lumineuses nous parviennent du deuxième étage, comme si les habitants avaient volontairement fait le choix de se cloîtrer, comme pour s’empêcher de retourner mettre le pied dehors, après un trop-plein de désillusion. Un malaise face aux institutions, au monde du rap, et à la vie sociale qui a finalement été accepté par les auteurs de ce disque, pour qu’ils fassent le choix, en bout de ligne, d’un enfermement total. Un appartement quasiment vide en guise de tour d’ivoire, et comme seul siège une pile d’écrits, voilà tout ce qu’il reste. Libre à l’auditeur de tenter de rejoindre le Club en escaladant l’immeuble, mais gare à vous, bon nombre n’en sont pas revenus, l’écriteau à l’entrée était pourtant clair … Toute entrée est définitive. Chronique by Vlad et Florian. 28/07/2014 http://exitmusik.fr/asocial-club-toute-entree-est-definitive/ Ça fait un moment que le rap français est dans un état de déliquescence avancé. Heureusement dans le vaste océan de merdouille qui nous entoure, surnagent encore quelques énergumènes qui font leur truc dans leur coin sans se soucier de quelconques retombées médiatiques (quasi nulles) ni attendre un éventuel succès commercial (secondaire). Parmi eux, il y a encore et toujours l’écurie Anfalsh qui fait figure de résistants face à l’envahisseur. Asocial Club, derrière ce nom peu avenant (manquerait plus qu’ils le deviennent) se cache deux membres du crew Anfalsh : Prodige et Casey associés à Al et Vîrus qui partagent un goût commun pour le rap cru et sans concession. Après avoir fait ses armes sur scène, Asocial Club se lance dans une première expérience studio. Toujours prompts à régler ses comptes, le quatuor s’attaque en premier lieu à ceux qui minent le genre en France. Semblable à une session freestyle, ”La Putain d’Ta Mère” est un très bon titre mais les textes ne sont pas parmi les plus intéressants (l’egotrip reste parfois le pêché mignon de la bande). ”99%” s’impose cash. Superbe instru, textes tranchants comme des coups de schlass. Le rap game en prend pour son grade “Ils n’ont soif que de reconnaissance, écrivent des trucs qui n’ont aucun sens, on m’a pas demandé ce que j’en pense, j’écris des textes comme des sentences.” Plusieurs producteurs ont mis la main à la patte, le tout chapeauté par DJ Kozi. En résulte une agréable variété des instrus, avec notamment quelques incursions dub (sample de Peter Tosh sur ”Ghetto Music”, vapeurs Kingstonniennes sur “L’Hiver Est Long”). Après une sympathique (anecdotique ?) parenthèse légère et rigolote (“Anticlubbing”), la seconde partie de l’album bascule dans une tonalité résolument plus sombre. Avec des instrus dignes de films noirs. De l’irrespirable “Mes Doutes” où l’on retrouve une Casey au sommet, animée par la rage qui la caractérise, à l’envie de tout cramer sur “Ce Soir, Je Brûlerai”, c’est bien là que le quatuor sort le grand jeu. Le regard des autres, toujours empli de craintes et stéréotypes, passe également au crible des quatre plumes énervés (“Je Hante Ma Ville”). Le quatuor n’est pas en reste quand il évolue dans un registre plus personnel, évoquant le déracinement (Al et Casey sur “L’hiver Est Long”) ou délivrant des textes introspectifs évoquant regrets et fêlures du passé (“J’ai Essayé”). Rocé qui devait initialement participer à la totalité de l’album, est uniquement présent sur le dernier titre “Creuser”. Un titre ténébreux à souhait, une impressionnante descente aux enfers qui n’est pas sans rappeler le mythique “J’appuie Sur La Gâchette” de NTM. Toujours aussi infréquentable, plus que jamais asocial, ce club-là n’en demeure pas moins indispensable sur disque. JL 13/04/2015 par Nicolas Mollé http://www.lesinrocks.com/2015/04/13/actualite/casey-dasocial-club-lafrance-a-un-probleme-avec-ses-noirs-et-ses-arabes-11741523/ Casey d’Asocial Club: “La France a un problème avec ses Noirs et ses Arabes” “Toute entrée est définitive” : l’album d’Asocial Club porte bien son nom. En concert samedi soir à Nantes, Asocial Club a transformé un affable public hip-hop en punks survoltés, à deux doigts du pogo. Juste avant, dans leurs loges, irruption dans la cage aux fauves, rassemblés autour de la panthère Casey. A peine quelques mots sont-ils échangés que la rappeuse sort les crocs. Et confirme le sentiment de rupture émanant d’une partie de la jeunesse et d’un certain rap français. Tes textes sont particulièrement durs sur le titre 99 %. On y entend : “Dépecez les corps et donnez les os sans remords à ma chienne“, à quoi doit-on une telle âpreté ? Casey – Tu ne peux pas isoler des mots comme cela hors de leur contexte. Ce morceau, c’est juste un délire, si tu ne sais pas ce que c’est que l’ego trip, qui consiste à se pavaner, à se la raconter, tu ne peux pas comprendre. Mais il n’y pas cette violence dans Ego Trippin, des Ultra Magnetic MC’s, titre emblématique de cet exercice de style, plein d’allant, jovial. Chez vous, l’espoir semble absent. On n’est pas les seuls à avoir ce type d’écriture mais les gens qui ont une tonalité un peu différente ont juste plus de mal à exister. On n’a pas le même sens de l’humour que les autres. Quant à l’espoir, peut-être que ça en concerne quelques-uns mais pas nous. Il suffit d’allumer la télévision, où quand on voit passer un Noir, on dit que c’est un immigré. Alors que je sais que j’ai mes papiers. Tous les Français sont issus de l’immigration, pourquoi y aurait-il une tare à cela ? La France a un problème avec ses Noirs et ses Arabes. A quel moment tu deviens français ? Il faut en parler de ça. Il faut mettre un nom sur ce désir de suprématie blanche, sur cette question de plus en plus lancinante: “Est-ce qu’on donne bien la priorité aux ßlancs ?” Comme le pays va de plus en plus mal, il faudra bien taper sur quelqu’un. Sauf qu’on est nous aussi des Occidentaux. Les Français connaissent peu les Dom-Tom, ont tendance à ne pas réaliser que les Antillais sont descendants d’esclaves, que la Caraïbe a fait partie du Nouveau Monde pendant cinq siècles. La France de Radio Courtoisie, qui vénère des tyrans du Carolingien ou du Mérovingien, on sait bien que c’est fichu. Si on continue avec ces références, on ne va pas s’en sortir. On devrait s’inspirer des Etats-Unis, qui, depuis près de trente ans, ont fait des Blancs un objet d’étude, avec les “Whiteness Studies”. Etudier les bouleversements psychologiques que cela peut engendrer chez l’Européen d’avoir été pendant quatre à cinq siècles à la pointe du progrès et de ne plus l’être aujourd’hui. Plus l’Occidental blanc a l’impression de perdre ses privilèges, plus il devient agressif. Publicité Ces enfants doivent retrouver leur maman sans la voir… Ces enfants doivent retrouver leur maman sans la voir… Juste magique ! WE LOVE MAMAN. Pour célébrer la journée des mamans PANDORA réalise un court métrage unique et émouvant. ... Proposé par Pandora Cela renvoie à ta participation à la tribune qui s’opposait à l’utilisation du terme “racisme anti-blanc” par le Mrap. Que penses-tu de l’ex-patron de Charlie Hebdo Philippe Val qui écrit dans son livre Malaise dans l’inculture que la colonisation a donné aux Arabes, aux Africains, aux Indochinois le goût de la démocratie et de la culture ? Pourquoi s’intéresser à ce genre de discours ? Si tu as envie de les intellectualiser, libre à toi, mais ce sont des propos de comptoir. Zemmour ne cessait d’en proférer avant qu’ils ne le mettent sur la touche. Sous prétexte que Val serait de gauche, tu retombes dans ton clivage les gentils/les méchants, qui n’a aucun sens pour nous. Moi, tout ce que j’entends, c’est un Européen qui a mal à sa race. Depuis quelques années, ces concepts se sont multipliés, qu’il s’agisse de la “tyrannie de la repentance” ou du discours sécuritaire que la gauche a très bien su s’approprier. Mais par ailleurs, depuis les années 60, est-ce qu’on demande réellement leur point de vue aux Noirs et aux Arabes ? Un discours critique sur le colonialisme ou le devenir des quartiers n’est accepté que lorsqu’il émane de quelqu’un d’autre. Venant de notre part, c’est tout de suite assimilé à de la hargne, à un désir de revanche. On ne veut pas écouter ce qu’on a à dire. La Rumeur, dont tu es proche, n’ont-ils pourtant pas eu l’occasion de médiatiser leur propos ? Uniquement parce qu’ils ont eu un procès. S’indigner quand des rappeurs sont attaqués en justice, cela fait du bien à la bonne conscience de gauche. La cause des sans-papiers est à cet égard bien pratique. On aime l’Afrique du “boubou”, du puits, parce qu’on peut être le phare de sa nuit. Alors que dans le même temps, des gamins comme Zyed et Bouna ont été automatiquement considérés comme des délinquants. Avril 2015 http://www.cases-rebelles.org/casey-laforce-detre-soi-meme/ Faut-il présenter Casey, rappeuse endurante, intègre, pas fatiguée de balancer bon son, flow et pensée radicale en solo ou en groupe, avec Zone Libre ou Asocial Club en ce moment ? Et bien sûr toujours membre intacte du collectif Anfalsh. Martinique, Rouen, Blanc-Mesnil, Casey c’est un peu tout ça et plus encore. C’est avec joie qu’on la recevait pour l’émission n°57, émission anniversaire, puisqu’il y a 5 ans on balançait la 1ere émission du collectif Cases Rebelles. Est-ce que tu peux me raconter comment t’as découvert le hip-hop? C’est un de mes cousins qui m’a fait écouter pour la première fois du rap français, c’était les cassettes de Radio Nova – j’habitais à Rouen à cette époque-là quand j’étais plus jeune. Lui il enregistrait les cassettes de Nova quand y avait les premières émissions avec Lionel D, c’était y a très longtemps maintenant. Et puis après en rap américain les premiers trucs que j’ai écoutés c’est Public Enemy, Run DMC. Pareil, c’était mon cousin qui me faisait écouter. Après moi j’ai eu mes goûts à moi, tu vois ; mes goûts à moi c’était – y a plein de trucs – y avait Redman, y avait Nas, y avait DITC, beaucoup de rappeurs cainris. Puis en français quand j’étais jeune j’aimais bien Assassin, NTM. Tu citerais qui comme personnes qui ont influencé la construction de ton flow ? Des influences ? Ouais, je pense, sûrement, tous les gens que je t’ai cités, mais après, dans quelle mesure c’était j’peux pas te le dire maintenant ; parce que ça fait longtemps, c’est vraiment quand j’avais au début 14, 15 piges, où t’essaies de sonner comme, après j’crois que tu t’rends plus vraiment compte et que t’essaies de faire ton truc. Maintenant je peux pas te dire si ça ressemble à quelqu’un, ça je sais pas. Je sais que je peux te dire que quand j’étais plus jeune et que j’ai commencé à faire du rap, tu fais ça par mimétisme donc obligatoirement t’es un peu fan et tout, et tu veux ressembler à quelque chose ; et puis après justement c’est le truc que tu veux pas faire : ressembler à quelqu’un ou à quelque chose d’autre. Donc maintenant, je sais pas. Mais quand j’étais plus jeune, oui …ressembler à ceux que j’aimais bien ; quand j’étais plus jeune je te dis c’était Public Enemy, un peu plus tard c’était Redman, voilà, je voulais sonner comme ça. Mais vu que c’est un grand écart de toute façon les deux, leurs manières de rapper, voilà… Mais maintenant, j’ai pas l’impression que je ressemble à quelque chose. J’en sais rien en fait. Les influences ça sert aussi à ça, ça sert à absorber des choses et puis après, les mêmes choses que t’as absorbées l’année d’avant, l’année suivante tu les rejettes ; parce que pour arriver à faire son truc faut s’émanciper de ses influences de toutes les manières, à un moment donné, donc… j’espère que j’ai réussi à le faire, j’en sais rien. Tu es plutôt venue au rap avec des textes écrits ou tu faisais des tentatives en freestyle ? Le début quand j’ai commencé, j’ai 13, 14 piges, c’était plutôt écrire, écrire. Quand j’étais plus jeune j’osais pas comme ça prendre la parole en public, et puis y avait pas tant d’occasions que ça de prendre la parole en public, donc c’était écrire. Et puis après tu te retrouves souvent dans des collectifs parce que t’habites dans des endroits où un tel dans l’immeuble d’en face il rappe, ou un tel dans le quartier d’à côté il rappe, donc on se retrouve les 4, 5 à rapper sur une ville. Parce qu’avant quand j’étais plus jeune on n’était pas si nombreux que ça à faire du rap dans une même ville. Donc après, ça ça crée de l’émulation de nous rencontrer, toujours des gens qui partagent le même délire que toi, tu vois, qu’ont envie de rapper, ça crée de l’émulation, ça fait progresser. Puis ça fait prendre le micro devant les autres aussi, tu vois ça c’est déjà un truc pour… l’exposition en fait c’était pas simple au début. Donc ça, ça permet de, voilà, de t’ouvrir un peu, de te détendre un peu avec le fait de t’exposer, de faire des choses en public. Tu peux nous parler du projet Expérience Ka qui réunit Sonny Troupé au tambour et toi au rap ? Le projet, à l’origine c’est le festival Africolor qui voulait rassembler Sonny Troupé et puis moi, qu’on puisse faire un truc à deux, tu vois, dans le cadre du festival Africolor, et faire rencontrer un peu ce qui est le traditionnel et puis l’urbain. Et puis avec Sonny on s’est bien entendus. Et puis lui il a ramené des musiciens qu’il connaissait, de bons musiciens, et puis le projet il a pris un peu plus d’ampleur ; on a fait des morceaux originaux, on a fait des reprises, et ça s’est fait comme ça. Et puis depuis on a déjà 5, 6 morceaux, on va en faire d’autres, on va essayer d’avoir un album d’ici cet été, et puis après voir si on peut le jouer, tout simplement. On aimerait bien le jouer, parce qu’on savait pas où ça allait et du coup on a essayé et on est assez contents du résultat, on s’attendait pas à ça. Bah c’était d’essayer de faire un truc qui soit pas non plus que traditionnel ou que rap, enfin voilà, qu’il y ait pas la couverture qui tire d’un côté ou de l’autre, mais une réelle fusion, qui puisse être un minimum cohérente. On est contents, on s’attendait pas à ça, on est contents, donc du coup on a envie de réessayer, tu vois, on a envie de se reproduire sur scène, de le refaire. Si tu veux le rapport que j’ai à la musique traditionnelle c’est de dire que si jamais tu le fais, t’abordes ce truc-là sans complexes, quoi ; c’est ça qui est important. C’est-à-dire il s’agit pas de faire plus traditionnel que tu ne l’es, tu viens et tu fais avec ce que t’es, ta sauce ; c’est ça qui compte pour que ça reste un minimum vrai. Et ce que j’aime bien aussi chez Sonny c’est que lui il a une approche du gwoka vachement moderne ; c’est de dire qu’il a son instrument mais qu’avec ça il peut en sortir tous les sons quelle que soit la musique qu’il fait, et que c’est un instrument au même titre que le piano, c’est pas juste un instrument qui est coincé dans un contexte, tu vois. C’est ça que j’aime bien dans son état d’esprit à Sonny, de dire « à partir de ça on peut jouer d’autres choses, on peut mélanger… » c’est ça que j’ai bien aimé chez lui. C’est pas juste la tradition à tout prix, parce que ce serait la figer dans quelque chose alors que ça évolue tout le temps, en fait. Le tambour il évolue. Ça a été plutôt instinctif, c’est-à-dire tu prends les musiques et puis t’essaies de… voilà, tu yaourtes un peu pour voir comment tu veux dire les choses et puis après t’essaies de les mettre ; mais tu fais ça partout, pour toutes les musiques, en rap, en jazz, en rock, tout le monde fait un peu ça. L’approche elle a été différente un peu là-dessus, c’est de dire que des fois je vois que dans le flow, dans les sonorités, là tu peux appuyer, y a plus de l’ordre de la rythmique du créole que du français ; ça tu le ressens mais c’est normal ; les points d’appui rythmiques sont pas au même endroit des fois. Mais sinon, moi ce que j’ai aimé, je te dis dans cette collaboration, c’est que chacun est venu comme il était, y avait pas de négociation avec ça ; y a pas à faire prévaloir l’authenticité du ka ou la modernité du rap, c’était vraiment la collaboration sur tout : « ouais on essaie ça, ouais ça vous plait tous, ouais? non? bah ok on essaie autrement ». Et ainsi de suite, ça s’est fait comme ça. Après ce qui pouvait ressortir de ça, on aurait pu se dire « bon bah c’est pas terrible » mais à la finale on était assez contents. Et puis surtout ce que moi je trouve… voilà c’est en langue française, c’est ça aussi la différence : c’est-à-dire qu’il y a du traditionnel, mais c’est de la langue française, c’est dire qui t’es mais dans ta langue, la langue que tu maitrises le plus, tu vois. J’ai même pas voulu me dire « bon allez, j’passe à l’exercice de le faire en créole, parce qu’il faudrait que… » non, ça aussi ça sonnerait faux. Très honnêtement je comprends le créole, j’le parle essentiellement avec ma grand-mère, mais j’le pratique pas assez souvent pour que ce soit instinctif pour l’écrire, pour rechercher – parce que écrire, c’est penser aussi, tu vois – pour penser… non, tu vois, c’est pas vrai… Je pense en français dans ma tête, tu vois, c’est ça qu’est instinctif. Le créole c’est vraiment, si je le parle deux fois dans l’année c’est beaucoup. Mais je le comprends très bien, je le parle, mais non je pourrais pas écrire en créole. Ça ferait trop accessoire, j’pense que j’pourrais pas dire aussi précisément ce que j’arriverais peut-être à dire en français parce que je maitrise un peu plus cette langue. Et ça ça me fait chier. Je me dis c’est important dans le langage c’est vraiment d’essayer d’être précis et de retranscrire ce qu’on veut. La langue c’est pas un accessoire, sinon j’me mets à l’anglais, j’me mets à … tu vois ? Même si c’est affectif le créole chez moi, c’est la langue de ma mère, de ma grand-mère, y a de l’affect. Quand j’entends du créole j’entends un truc familier, une langue de l’affect. Mais pour moi justement parce que c’est la langue de l’affect, j’pourrais pas l’utiliser comme un accessoire comme ça. Je la sacralise pas pour autant mais pour moi on joue pas avec le créole, quoi. Toi avant Expérience Ka, tu avais un rapport personnel au gwoka ou peut-être plus au bélè vu que c’est de la Martinique ? Les antillais qui vivent ici en France ils écoutent indistinctement du bélè, du gwoka, du soukouss, du coupé-décalé, enfin y a un truc de diaspora dès que t’es en France. C’est-à-dire que les cap-verdiens ils vont écouter du zouk, toi tu vas écouter de la kizomba, enfin y a un truc de diaspora. Donc ouais du gwoka tu sais j’en entends, j’en entends à la baraque, j’en entends à la radio, à la radio communautaire, j’en entends à la maison, j’en ai. Le bélè aussi. T’as plusieurs membres de ma famille qu, depuis tous petits, qu’étaient dans des groupes traditionnels, tu vois, des groupes de danse, donc c’est comme si, si tu veux, t’as baigné dedans mais t’as jamais tellement fait gaffe en fait, parce que moi très vite à 14 piges c’était le rap. Et puis quand t’es nejeu – ça c’est quand t’es très jeune – tout ce qui fait traditionnel, tu sais, ça fait vieux : gwoka ça fait vieux, bélè ça vieux, kompa t’en a marre t’as envie d’te tirer une balle… Tout ces trucs-là j’y suis revenue plus tard, mais c’est tout ce que tu veux pas voir quand t’es jeune. T’as l’impression que t’es tiré, que t’es engoncé dans un truc, tu vois. Et voilà, au même moment où chez moi ça tournait de la musique traditionnelle, du bélè ou autre, j’étais en train de me tuer au rap, tu vois. Pour moi c’était ça le truc, c’est la première fois où bizarrement j’ai plus retrouvé une identité qui me corresponde que l’identité antillaise traditionnelle, parce que c’est vrai que c’était pas non plus la mienne ; j’suis des Antilles et j’suis née en France et j’vis dans des quartiers. C’est-à-dire que à partir de là tu te fabriques une identité tout à fait différente, où ça ça en fait partie mais c’est pas tout à fait l’élément principal ; la musique antillaise et la tradition antillaise, c’est pas ta colonne vertébrale, ta colonne vertébrale c’est un mélange de plein de choses. Mais maintenant j’ai vraiment envie d’essayer des choses de cet ordre-là, tu vois, de plus en plus. Mais au début, non ; quand j’étais jeune les trucs ça, ça me faisait chier, j’disais « oh non… », tu vois, parce que t’as l’impression que t’entends ça tout le temps, toute la journée, tout le temps. Moi dans ma famille ils écoutent du son, déjà ils écoutent de la musique tout le temps et puis de la musique traditionnelle, j’te dis même le kompa avant quand j’étais plus jeune c’était des morceaux de 13 minutes, tu sais tu devenais dingue ! Maintenant j’kiffe, tu vois. Ça bouge ! Les goûts bougent, le regard aussi que tu portes sur la musique, sur ton lien à la musique de tes parents aussi bouge, parce que ça… c’est pas rien ; en fait entre celui qui migre et le gosse d’immigré c’est pas le même rapport, même si des fois les parents voudraient qu’on ait un rapport aussi proche. Tu bâtis, tu construis des choses différemment ; la tradition ça en fait partie mais si tu veux y a pas de, en tout cas moi y a pas de complexes de « ouais j’suis pas née là-bas, j’suis pas assez ci, j’suis pas assez… » On est des hybrides, au même titre que les créoles sont des hybrides. C’est une hybridité qu’arrête pas de se renouveler, de se nourrir tout le temps comme ça. Donc c’est ça qui me plait, c’est ça qui m’intéresse ; c’est qu’est-ce que tu fais avec ce que t’as ? Et tout ton bordel, qu’est-ce que t’en fais ? Toi la musique ça t’a permis de négocier ton rapport aux Antilles ? Oui y a, en tout cas dans des morceaux que j’ai écrits, l’histoire des Antilles, qu’est-ce que c’est que les Antilles - parce que t’as vu ici y a peu de français qui savent que les Antilles c’est des îles où l’esclavage a eu lieu, ça ils le savent pas. Donc voilà, qui on est, nous les antillais, bah des descendants d’esclaves mais des descendants d’esclaves français, pas des esclaves aux États-Unis – l’histoire de l’esclavage ou des Droits civiques c’est souvent les ÉtatsUnis en France, c’est jamais la France – donc voilà d’expliquer qu’est-ce que c’est qu’un martiniquais, un guadeloupéen, un réunionnais, bah c’est important. Puisque ce sont des départements français, en plus, donc c’est important d’expliquer, tu vois. Ça et puis le rapport à l’autre aussi, d’être différent ça change ton rapport au monde et ton rapport aux autres aussi. T’es plus dans l’empathie sur la faiblesse, sur la faille, sur le mal-être, sur l’exil, enfin bon ça rajoute des trucs, t’es peut-être un peu plus sensible sur ces sujets-là. Et puis oui les Antilles pour moi c’est comme le laboratoire de… c’est un petit laboratoire de l’humanité. Ce qui s’est passé là-bas en quelques siècles dans la partie Grandes, Petites Caraïbes, tout le Nouveau Monde, les Amériques, ce qui s’est passé là-bas en 4, 5 siècles c’est une histoire qui, au-delà d’être des Antilles, qui me fascine. De me dire qu’en 5 siècles les gens ont réussi à bâtir ça, en sachant que ça a été des guerres, des histoires pas possibles, des conflits, du malheur, de la douleur, mais c’qui est ressorti de ça c’est incroyable ; ces 5 derniers siècles c’est de ce côté de la planète qu’il s’est passé les choses les plus innovantes. Moi c’est ce qui me fascine assez sur l’histoire de la Caraïbe en fait. C’est comment à partir de vraiment rien, enfin pas de rien total mais des bouts d’Afrique, des bouts d’amérindiens, et des bouts d’Europe, tu vois, à partir de là ils ont construit d’îles en îles des histoires mais incroyables. J’suis assez fascinée par la culture antillaise. Et surtout même dans des îles aussi petites que les nôtres, les…Moustique, enfin y a tout un chapelet d’îles dans la Caraïbes où c’est incroyable ; tu sais pas ce qu’ils foutent là, comment ils sont arrivés là, qu’est-ce qu’ils fabriquent, comment ils vivent… les Antilles je trouve ça assez fascinant, l’histoire – indépendamment de la mienne. Tu sais quand je suis dans un quartier j’me dis exactement la même chose : je me dis on est plusieurs, plein de cultures différentes, plein de langues différentes, et de toute façon personne va s’barrer, personne va partir – même si y a un grand fantasme français de prendre des gens de les emmener j’sais pas où, ça n’arrivera pas – donc j’vois des choses se construire, à l’image des Antilles ; y a des gens qui se mélangent, c’était pas prévu qu’ils se mélangent, tu vois, y a une culture qui se crée à partir de tous ces mélanges, un langage aussi ; enfin j’suis assez fascinée par ça aux Antilles. Dans ta famille en Martinique est-ce qu’il y a des discussions politiques au niveau esclavage, indépendance ou quand il y a des mouvements, comme en 2009 ? Dans ma famille c’est bizarre, on parle pas trop de politique ; j’peux pas trop t’expliquer, je pense que c’est comme dans plein de familles, mais c’est des familles taquines quoi, c’est-à-dire quand on se voit c’est des gens on arrête pas de se chambrer tout le temps, c’est rare qu’on ait des conversations sérieuses. Mais du peu que je sais sur leurs positionnements, non, l’indépendance non, ça va pas jusque là. Enfin c’est ça qu’est marrant mais je trouve que c’est une ambiguïté qu’on retrouve partout aux Antilles : c’est-à-dire que « pas jusqu’à l’indépendance, faut pas déconner quand même, on va pas se retrouver en galère comme Haïti ou autre », c’est à peu près ce que t’entends partout, « mais faut pas nous mettre à l’amende non plus » ; l’esclavage est encore trop proche dans les têtes, le rapport avec le blanc il peut être très compliqué, y a des choses qu’on peut pas admettre ni supporter. Donc c’est un rapport particulier. Dans ma famille les rares fois où ça parle de politique c’est des bribes de conversations que j’entends comme ça, mais y a pas une espèce de noyau politique comme ça avec des idées puissantes et fortes, j’pense comme dans plein de foyers antillais ; c’est-à-dire bon, tu vois les gens ils veulent savoir si ils vont béqueter demain, et c’est la politique du quotidien. Enfin chez moi je sais que y a pas de grands militants politiques, ils sont pas là-dessus. Par contre, si y a moyen de s’indigner pour quelque chose ils s’indignent, ça sans problème. Et toi le mouvement de 2009 en Martinique et en Guadeloupe, tu l’as vécu comment? Moi en 2009 j’ai kiffé ! En plus moi j’suis d’ici. Moi j’adore quand ici l’image des Antilles est changée à partir d’ici, c’est-à-dire que tout d’un coup en 2009 on s’est dit « mais ah bon, sous les cocotiers la vie n’est pas plus belle ? Qu’est-ce qui leur arrive ?» En fait t’avais l’impression qu’ici on regardait en disant « mais qu’est-ce qui se passe là-bas ? Pourtant y a la plage, y a la mer ! » « Oui mais y a pas de travail, tu vois ». Moi j’étais super fière en 2009, j’étais vraiment fière ; fière, pas fière à me pavaner, mais en me disant « bon, c’est bien qu’ici aussi ça installe un rapport de force à un moment donné ». Après tu sais que c’est dangereux parce que là-bas les gens vont se faire taper dessus, parce qu’ils leur ont envoyé les CRS, qu’ils comptaient envoyer l’armée, tu sais que ça peut être que des problèmes, de toutes les manières ça se fera pas dans la douceur. Mais j’étais assez fière de me dire que « bah voilà, c’est la première fois que j’ai eu une Une dans Libé consacrée aux Antilles », alors que c’est pas la première fois – à raison de tous les deux ans aux Antilles y a des manifs, y a des émeutes – mais c’est la première fois que tu vois ça faisait la Une des journaux télévisés en France. Et c’est là que j’ai trouvé le changement intéressant. D’ici j’ai kiffé que les grandes questions soient arrivées sur la table, mais des questions tellement basiques, à savoir : qu’est-ce que c’est que cette chasse-gardée de la France sur l’agroalimentaire aux Antilles ? Qu’est-ce que c’est que cette mafia ? Qu’est-ce que c’est que ce traitement purement colonial ? Mais c’est une colonie, donc il peut pas en être autrement de toutes les manières. C’est une colonie. Et c’est bien à ça qu’on reconnait les colonies. Donc c’est pour ça aussi quand tu vois l’esprit antillais qui dit « non, pas jusqu’à l’indépendance » mais qui parfois accepte ce genre de choses et qui pète des câbles à des moments les moins convenus, tu vois, où tu te dis « oui, mais la réalité d’une colonie, qu’est-ce que c’est ? Si ce n’est à un moment donné une chasse-gardée économique ? Qu’est-ce que c’est la préservation d’intérêts d’une élite ? » Mais c’est ça une colonie. C’est-à-dire on pourra pas tous gagner, et surtout pas dans le classement, surtout pas le noir en fait. Donc c’est ça qui est assez ambigu dans la Martinique et la Guadeloupe, et qui montre que de toute façon on n’en a pas fini avec des problèmes, tu vois. Tu sais quel regard porte ta famille sur ce que tu fais au niveau musique ? A travers deux ou trois trucs qu’ils ont entendus ils perçoivent un peu mes idées. Je sais qu’il y en a – ça peut arriver dans ma famille – y en a peut-être qui me perçoivent un peu radicale aussi. Mais le rap pour moi ça sert aussi à ça, c’est un moyen d’expression qui permet ça, et j’te dis le cas antillais il est assez particulier moi j’trouve, parce que c’est vraiment… bon maintenant y en a d’autres mais ça a toujours été l’étranger de l’intérieur. Et t’as beaucoup de martiniquais ou de guadeloupéens qui courent après cette reconnaissance-là de la France, qui la veulent vraiment ; être reconnus comme des français à part entière, tu vois. Et puis je trouve que les nouvelles générations elles s’en foutent de plus en plus et je trouve ça mortel. Et ça je kiffe. C’est-à-dire que maintenant ils se sont affranchis, on regarde plus du côté de la France, on regarde plus du côté des États-Unis, on fait avec qui on est, ce qu’on est, et ça je trouve ça mortel. Y a un truc qu’est en train d’se passer, y a une réalité qui commence à se construire de l’intérieur, plus en regardant vers l’extérieur, quoi. Y a un complexe qu’est en train d’se barrer, et ça c’est pas mal. Entre l’après Charlie, Exhibit B, entre plein d’autres choses, la suprématie blanche en France est pas mal en forme ces temps-ci, qu’est-ce que ça t’inspire? Les suprématistes blancs ouais ils sont de plus en plus méchants, de plus en plus violents ; pas de plus en racistes, ils l’étaient, le problème il est plus là mais c’est vrai que maintenant c’est une opinion tout à fait acceptable le racisme. C’est-à-dire que c’est un débat, on peut en parler, on peut s’étaler, enfin voilà ça fait partie du débat national. Moi j’te dis j’trouve que dans ce bled ils sont fous, mais vraiment, j’le pense ; j’pense que longtemps on a étudié l’impact psychologique de l’esclavage sur les noirs, tu vois, et il serait temps de vraiment étudier le même impact sur les blancs. Parce que t’en a ils sont complètement tarés. Je les trouve complètement dingues en fait. C’est comme une hystérie en fait, une folie collective, et là en France on assiste à ça. Ouais effectivement y a des suprématistes blancs mais dans tous les partis ; parce que bon le FN c’est vraiment le grand méchant loup, ça dédouane tous ceux qui racontent des crasses toute la journée, tu vois ça les dédouane, que ce soit la gauche ou la droite, tous les enculés qui racontent des crasses ça les dédouane, « c’est pas nous le grand méchant, c’est eux ». Mais dans tous les partis y a une concordance, y a une espèce de connivence, de « faut veiller à la blancheur de la France ». Alors ils diront toujours « oui les français » et puis « les immigrés » mais bon ils parlent de nous, ils parlent des « immigrés », il parlent de toi quand ils te voient, enfin c’est nous « les immigrés ». Parce qu’ils sont pas en mesure de savoir qui a ses papiers, qui n’en a pas, qui a une carte de séjour, ça tu vois pas ça du premier regard sur quelqu’un. Donc ils parlent des noirs et des arabes, voilà, tout ce qu’ils ont appelé « minorité visible », tu vois. Ils sont de plus en plus méchants, ils sont de plus en plus féroces comme si ils s’illusionnent, comme si à un moment y aurait peut-être une politique qui permettrait de nous faire disparaître de la surface… mais ça va par arriver ! C’est pour ça que j’me dis que ça peut être la grosse embrouille. Y a eu des prémisses là au mois de janvier, tu vois, avec Charlie Hebdo, où ils ont halluciné de se rendre compte que c’était des français, pas des méchants arabes qu’étaient venus d’ailleurs les tuer. Et là ils sont toujours à côté de la plaque parce que juste après ça ils ont recommencé à dire exactement les mêmes conneries sur les musulmans, sur les quartiers, sur les immigrés. Donc j’me dis dans la mesure où ils comprennent toujours pas, je ne sais pas ce qui… pour moi ça ne peut tourner qu’à l’embrouille incroyable, quoi, tu vois ? La France c’est le pays où y a la plus grande communauté musulmane, la plus grande communauté noire, la plus grande communauté juive, ça pourrait être vraiment le laboratoire de l’Europe ; ça pourrait être New York, ça pourrait être le futur la France, mais vu que tout ça c’est considéré comme un problème, bah ça va être une embrouille. Ça va être une embrouille à n’en plus finir, parce que personne ne va partir. Y a des suprématistes blancs, peut-être à Béziers, j’sais pas où, ils ont l’impression que quand Marine Le Pen va arriver on va peut-être les mettre dans des camions, dans des trains, des avions, et puis on va les renvoyer à je sais pas, à New Dehli, à Bamako, à Shangaï ; je sais pas c’qu’ils veulent! Tu vois. Et ça va pas arriver! Et là j’me dis ça peut être qu’une embrouille. Donc je sais pas, moi je regarde ça en me disant « j’attends, j’attends l’embrouille finale ». Parce que moi j’habite dans le 93, qui est à peu près le laboratoire de la France, et je vois comment sont les gens en fait. Donc j’me dis ça peut être qu’une embrouille en fait, cette histoire ; cette histoire de suprématie blanche là ; qui se dit pas, en plus – parce que j’attends de savoir quand est-ce qu’elle va vraiment se révéler – mais ça peut être qu’une grosse grosse embrouille. Y’a des gens qui te semblent pertinents politiquement ? Je pense qu’on est des millions, les abstentionnistes, on est même le plus gros parti de France. En plus moi en tant que renoi, non j’peux pas : voter pour des gens qui t’insultent toute la journée à la télé, qu’ils soient de gauche, de droite, du centre, communistes… À un moment tu vas prendre, de toute façon à un moment tu vas être le problème, donc j’peux pas, en tant que renoi j’peux pas ! Tu vois ma couleur m’en empêche. Je peux pas. Puisqu’à un moment je vais être le problème de la gauche puisqu’ils vont parler d’immigration ; j’vais être le problème de la droite puisqu’ils vont parler de quartiers ; je vais être le problème du communisme puisqu’ils vont parler d’insécurité… enfin je vais être un problème ! Donc non, non non, j’peux pas voter pour des gens qui vont me cracher à la gueule le lendemain, c’est pas possible. Une des choses qui nous parle chez toi c’est la façon dont tu peux formuler le caractère irréparable ou inoubliable de certaines blessures, une sorte de désespoir assumé avec de la combativité et l’acceptation d’un rapport décalé… T’as vu y a des positionnements qui te placent directement, qui font que t’auras toujours un rapport au monde en décalage, tu vois ; des positionnements de race, des positionnements de conscience intellectuelle, des positionnements de sexe, des positionnements de sexualité… enfin à tous les niveaux. Des fois t’es placé à un endroit sur la planète qui fait que tu peux la regarder que d’une certaine manière en fait. Quand on fait des concerts et que des fois des gens viennent nous dire « ah ouais, quand vous dites ça » ou « quand il s’est passé ci, ça », j’me dis bon tu vois on n’est pas les seuls à le penser alors c’est pas une pensée unique et isolée, parce que les gens que tu peux rencontrer qui viennent te parler de ce que t’as pu dire ou autre, c’est qu’ils pensent exactement la même chose tu vois. Donc j’me dis « bon c’est bien,t’es pas isolée ». En plus en se reconnaissant comme pensant de la même manière, c’est comme si on se disait « bon ok, c’est bon, on n’est pas tous seuls ». Mais ouais moi j’trouve que ces positionnements ils sont importants à décrire. On n’en fait partie de la société, on fait partie du tissu social, tu vois, et bon y a le gros du bloc qui émet une espèce de pensée commune, une pensée un peu moyenne, et sinon y a tout ce qui peut graviter, qu’est sensé graviter aux extérieurs ou dans les marges mais c’est là que ça se joue, pour moi c’est là que les choses se disent. Donc voilà. Et quand t’es en France et que t’es renoi, que t’es rebeu, que t’es musulman, ou que t’es pédé, ou que t’es nain, enfin toujours à un moment t’auras un problème. Voilà. Bah c’est ça ton regard sur la société. C’est comme ça tu vas la regarder. T’auras un problème ; à un moment tu vas poser un problème, tu seras pas dans les codes. Et cette façon de pas être dans les codes elle te parle de la société dans laquelle tu vis, elle t’envoie des signaux, en fait, sur ce que la société voudrait, comment elle se voit, comment elle se voudrait, et comment toi t’y es pas, t’as perdu. Et c’est ça qui est qu’est mortel, c’est ça qui est intéressant. Quand les gens vont par là, expliquer ça, c’est là que ça devient intéressant. C’est là que tu crées des brèches dans le système en fait. Parce que tout ces gens-là, tout ces exclus, tu vois ils existent, eux. Ils existent et ils parlent. Et c’est bien ça le problème en fait : depuis qu’ils parlent ça pose un problème ; quand on parlait à leur place tout allait bien, depuis qu’ils s’expriment ça pose un problème. Mais moi je trouve que c’est ce qu’il y a de plus intéressant, en littérature, en cinéma, en musique ; quand tu vas chercher vraiment dans le fin fond du gouffre, c’est là où c’est pas mal. Et justement, à propos des marges, tu sais que dans Cases Rebelles on parle régulièrement des mouvements féministes et LGBT /queer noirs, ça t’inspire quoi ? Tout ce que je peux dire sur tout ce qui est mouvement LGBT ou queer, j’imagine bien, en plus afro, j’imagine que tout ça c’est des couches qui se superposent. C’est-à-dire que quand en France ils sont encore – et ça aussi c’est le côté vieillot de la France – à des questions « Est-ce que c’est la race ou est-ce que c’est la classe ? » Non, c’est tout. Y’en a ils cumulent, vous savez même pas comment ils cumulent les mandats, voilà. Et qu’est-ce qu’on fait de – puisque vous être encore à des questions de race ou de classe – qu’est-ce que tu fais d’une femme noire homosexuelle handicapée ? Enfin qu’est-ce que t’en fais ? Donc j’me dis c’est dans ces mouvements-là aussi que le rapport sur le monde est peut-être le plus juste et le plus vrai. Parce que t’es tellement à la marge que la société tu peux la regarder que telle qu’elle est. Parce que devant toi elle se montre vraiment telle qu’elle est. Parce qu’elle te méprise tellement, elle te snobe tellement, tu représentes tellement rien qu’elle se montrera toujours sous son vrai visage ; c’est-à-dire le visage le plus violent, le visage le plus méprisant, donc tu la connais, tu la cernes telle qu’elle est. Voilà, pour moi la vérité c’est à peu près là qu’elle se situe. Les LGBT, les clochards aussi, parce que tu peux être à la rue, clochard, homosexuel, noir, enfin tu peux tout cumuler, et là la société elle te fera pas de cadeau, elle se montrera telle qu’elle est, telle qu’elle est ; c’est-à-dire elle te prendra de haut. Donc beaucoup de respect pour ceux qu’arrivent à être euxmêmes, vraiment à être eux-mêmes, à être eux-mêmes et à s’émanciper ; à être toi-même. Ce qui est le plus dur dans la vie, c’est d’être soi-même. 26/02/2015 par Nicolas Mollé http://www.concertlive.fr/focus/5-projets-rap-francais-asuivre-8519738 Asocial Club est un groupe réunissant Al, Prodige, Vîrus et DJ Kozi autour de la matrone Casey. Un collectif qualifié de “supergroupe” comme pour renouer avec la dynamique originelle et le sens commun des débuts de “l’âge d’or” du hip hop, celui de Public Enemy, Leaders of the new school ou IAM. Pourvu d’une production nec plus ultra aux relents techno, avec des rythmes frétillants, Asocial Club se distingue par des textes désabusés et un aplomb scénique de morveux décidés à en découdre. Le groupe se produira le 7 mars 2015 à Bourges, le 13 mars 2015 à la Lune des Pirates d’Amiens, le 14 mars 2015 au Blanc Mesnil en Seine-Saint-Denis dans le cadre du Festival “Terre(s) hip hop” ainsi que le 25 avril 2015 à La Vapeur de Dijon. Novembre 2014