Les helures de gloire du water- polo franqais
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Les helures de gloire du water- polo franqais
Sport History Review, 1997,28,108-133 O 1997 Human Kinetics Publishers, Inc. Les helures de gloire du waterpolo franqais: Contribution ii I'histoire des modeles de domination technique Thierry Terret et Pascal Charroin Universite' Claude-Bernard Lyon I Au debut de l'entre-deux-guerres, les ambitions sportivesse deplacent plus clairement sur le terrain international, le sport devenant "une affaire d'~tat."' De ce point de vue, la France ne peut se montrer tres f2re de ses resultats aux Jeux Olympiques d'Anvers et plusieurs federations sportives, liberee recemment de la tutelle pesante de l'ancienne Union des Socieths Frangaises de Sports Athletique~,~ n'hesitent alors pas B adopter des strategies de remediation. Face B l'hecatombe de records battus par les Americains, les responsables de la natation frangaise exigent notamment un effort dans deux directions, l'unification des methodes d'apprentissage et d'entrainement d'une part, le recrutement de nouveaux licenciks pour les clubs d'autre part. Sur le premier point, la decision est prise de reunir tous les capitaines d'entrainement du pays afin de dresser un bilan et de se mettre d'accord sur certains principes comme la premiere nage B enseigner, la place du crawl dans l'entrainement, etc. I1 s'agit de se donner les moyens de reduire le retard sur l'etranger qui reside uniquement "dans l'absence d'educateurs vraiment qualifies, comme dans l'inexistence de methodes d'education et d'initiation sportive, d'entrainement et de preparati~n."~ D'es 1921, la Federation Frangaise de Natation et de Sauvetage (FFNS)4 accorde sa confiance aux propositions de Paul Beulque en matiere d'apprenti~sage.~L'entraineur des Enfants de Neptune de Tourcoing obtient en 1923une nouvelle reconnaissance B l'approche de l'echeance olympique de Paris en devenant entraineur de l'equipe de France alors que ses Thierry Terret est professeur B 1' IUFM de Lyon et membre du Centre de Recherche et d'Innovation sur le Sport, Facult6 des Sciences du Sport, Universit6 Claude-Bernard Lyon I 27-29 Bd du 11 novembre 1918,69622 Villeurbanne cedex, France. Pascal Charroin est titulaire d' une th'ese en Sciences et Techniques des Activites Physiques et Sportives, et membre du Centre de Recherche et d'Innovation sur le Sport, Facult6 des Sciences du Sport, Universitk Claude-Bernard Lyon 127-29 Bd du 11 novembre 1918,69622 Villeurbanne cedex, France. LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 109 reflexions sur l'entrainement sont promues methode officielle pour plus de vingt cinq ans. Quant B la conquete de nouveaux publics, elle conduit la federation B s'interesser plus activement B trois secteurs: l'ecole, l'armee et le tourisme balneaire. L'organisation de championnats scolaires, par exemple le challenge Demey en 1922 ("epreuve scolaire d'ilmulation et d'encouragement"), et militaires, avec la creation d'un "brevet du nageur classk," ou encore la transformation de la revue Natation en un journal plus attractif en 1931, Eau sport soleil, afin de "pr6cher dans d'autres milieux que la natation oh il n'y a que des c~nvaincus,"~ sont autant de demonstrations d'un prosklytisme cense conduire B une augmentation significative des licencies. C'est sur ce fond institutionnel renouvele qu'apparait dPs le debut de l'entre-deux-guerres une ambition federale volontariste pour un developpement du water-polo conforme B ce qui est attendu pour la natation. Toutefois, le water-polo est moins que la natation au centre des d6bats qui animent alors les differents responsables, tant sportifs que politiques. Les enjeux semblent moins decisifs, les consequences moins lourdes. Son d6veloppement reste neanmoins organis6 selon la meme logique que la natation, crest-8-direpar la constructionpuis la diffusion d'une plus grande conformite avec la norme internationale. Les actions porteront sur les 80 societes frangaises qui pratiquent le water-polo au debut de I'entre-deuxguerres dans les championnats regionaux, soit environ 200 equipes pour 2000 j o ~ e u r sLa . ~ FFNS comptant alors 342 sociht6s pour 4943 licen~ies,~ ce sont donc prks de 40% des licencies qui s'adonnent officiellement au water-polo? chiffre qui ne cessera des lors de regresser. Les grandes caracteristiquesdu jeu confirment alors les tendances de l'avant-guerre. Savoir dribbler, se placer pour receptionner une passe, changer de poste avec un equipier, se deplacer, virer, feinter avec la balle, etudier theoriquement au tableau noir les differentes tactiques demeurent les elements essentiels 21 travailler.1° Pas de differenciation selon les postes, aucune remarque particulikre sur l'organisation collective, ce sont pourtant de telles representations que commencent au meme moment B remettre en cause certains specialistes alors que la stagnation des reglements et la mediocrite des conditions materielles favorisent une lente desaffection du public pour le water-polo. Le modele technique mis en place dans le Nord de la France par Paul Beulque, modele valid6 par la reussite olympique comme dans le championnat national et officialis6 par la FFNS, saura-t-il lui donner une nouvelle impulsion? Clette question, p o ~ ~ & r ~ . a e k a l i le probleme plus delicat du statut social des techniques, en l'occurrence ici des techniques sportives, et celui, concomitant, des formes de domination dont elles font l'objet. Marcel Mauss, l'un des premiers, a montri. que les "techniques du corps" qu'il definit comme "la maniere dont les h o m e s , societk par societb, d'une fagon traditionnelIe, savent se servir de leur corps,"" sont t 6 110 TERRET AND CHARROIN profondement enracinkes dans le patrimoine de chaque groupe social. I1 est vrai que d'autres auteurs12ont pu remettre plus recemment en question l'utilisation des perspectives de Mauss pour l'analyse des techniques sportives en ce que celles-ci sont assujettiesB une logique universelle elitiste, ceUe de la performance, qui tend B uniformiser les gestes et B rationaliser leurs transformations. En ce sens, si les styles sont individuels, les techniques du crawl, du service au tennis ou du franchissement des haies deviendraient en revanche progressivement identiques, quelles que soient les caracteristiques gkographiques, sociales, ou sexuelles du pratiquant. Pourtant, cet.te demiere analyse procede d'une analyse macroscopique qui meconnait precisement les processus de standardisation du modele technique. Elle ne prend pas en compte la maniere dont se construit et, surtout, s'impose une reference unique. Elle neglige enfin les modeles non dominants, ceux que l'histoire ne retient pas parce qu'ils staverent moins efficaces ou dotes d'une signification moins conforme 2i la norme sportive. Or si la technique se conqoit g6neralement au singulier, c'est aussi qu'elle exprime des rapports de domination et de legitirnite. Finalement, si l'on considere plus g6neralement une technique corporelle comme "un ensemble de moyens transmissibles mis en oeuvre pour effectuer le plus efficacement possible une tAche motrice donnee,"13 alors s'impose la necessit6 de reconsidher de quelles techniques il s'agit par un effort d'explicitation des differents niveaux auxquels l'analyse a accks: celui des descriptions theoriques illustr6es dans les manuels techniques, qui renvoient souvent l'image du modele dominant, et celui des descriptionspratiques qui rendent compte de techniques et de significations volontiers divergentes. Ce type d'histoire culturelle des pratiques sportives a certes d6jB fait l'objet de quelques travaux, qu'il s'agisse d'une approche comparative14 ou d'analyses plus specifiques menees dans une discipline sportive particulikre: football, rugby, cyclisme, boxe, tennis, athletisme, natation, etc.15Toutes etudient au moins partiellement les conditions d'apparition, de transformation et de diffusion d'une pratique. Toutefois, le water-polo n'a guere kt6 envisage qu'au travers d'approches evenementielles et biographiques.16Peut-Gtre parce qu'il est difficile en ce cas precis de couper l'etude de ses modalites techniques de celle de l'action de certains hommes comme, notamrnent en France, celle de Paul Beulque. Son r61e dans la construction d'un modele technique dominant pendant l'entre-dew-guerressera donc examine, avant de s'interrogek sur la promotion et la legitimation de ce modele en France. Restera alors B montrer l'existence de transgressions et de conceptions divergentes du water-polo afin de renforcer l'idee que ce qui semble universe1n'est finalement que le produit d'une domination culturelle. 1. Le modele de Paul Beulque Le succes rencontre par Paul Beulque aupres de la federation de natation provient de la qualit6 des reponses qu'il apporte B une serie LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 111 d'interrogations. S'imposent en fait par son intermediaire diff6rents modeles, tant au niveau de l'organisation associative, que de I'organisme du joueur, de la technique, de I'entrafnement ou du systkme de jeu. La trajectoire de Beulque, ce Tourquennois issu d'un milieu ouvrier, doit d'abord @trebrievement ev0qu6e.~~ Son education familiale, faite de discipline et de respect de l'autorit6,1s son education scolaire restreinte au certificat d'etude primaire, et son experience de gymnasteI9le poussent B faire son service militaire dans le corps des pompiers de Paris. Libere en 1901, il entre chez les sapeurs pompiers de Tourcoing puis, aprbs avoir passe avec succks l'examen de professeur de gymnastique B 1'8~0leNormale de Douai, devient moniteur municipal de gymnastique dans les ecoles de Tourcoing. Trois ans plus tard, il tree "les Enfants de N e ~ t u n e , "soutenu ~~ en cela par le depute-maire de Tourcoing, G. Dron, un radical-socialiste repute pour son action en faveur de l'hygihne, des oeuvres sociales et de l'itducati~n.~~ C'est lui qui, notamment, met en place ce corps de moniteurs municipaux des hcoles, auquel appartiendra Beulque, et qui milite pour une municipalisation du futur etablissement de bains. C'est lui, enfin, qui propose quelques temps plus tard B Beulque, alors connu pour ses qualites de nageurs, de prendre la direction de ces bains. Les ENT deviennent des lors "une societe m ~ n i c i p a l e "dont ~ ~ le maire de Tourcoing sera pour toujours president d'honneur, et dont les buts sont educatifs et h y g i e n i q ~ e sMais . ~ ~ cette orientation devra s'adapter aux ambitions de Beulque et au poids d'un contexte local favorable B la natation sportive. La proximite de la Belgique, l'exemple des Pupilles de Neptune de Lille, charnpions de France de water-polo en 1900, favorisent le rassemblement des trois autres clubs de Tourcoing, les Tritons Tourquennois, I'Union Sportive Tourquennoise et le Sporting Club Tourquennois, sous l'6gide des ENTZ4 qui comptent d6jh 103membres en 1908et 259 en 1912, auxquels il convient d'ajouter une centaine de membres honoraires. Parallelement, Beulque transforme l'espace du bassin, initialement peu propice B la competition, par exemple en installant un mur mobile en bois pour les matches de water-polo. I1 multiplie les demarches avec les societes lilloises et belges pour organiser des rencontres et se rend lui-m@meregulihrement en Belgiq~e.2~ I1fait en quelques ann6es des Enfants de Neptune un veritable club sportif, qu'il propulse 21 la premihre place du championnat de France de waterpolo B partir de 1909, tout en amenant de nombreux nageurs dans l'equipe nationale. Toutefois, cette reussite n'aurait ulterieurement pu servir de modele aux instances dirigeantes de la natation franqaise, si n'etait venue - ed - e*%- aFs origines. L'initiative en revient encore une fois B Dron quand, en 1911, il rend la natation obligatoire dans toute la ville pour les enfants de 11 et 12 ans des ecoles primaires publiques de garcons et de filles. Beulque entreprend alors de confectionnerune s6rie d'appareils sustentateurs relies B un systPme de ciibles qui surplombe I'eau et qui permet 21 un seul maltre de gerer un groupe d'ek~es.2~ L'invention est originale car l'apprentissage I . 112 TERRET AND CHARROIN de la natation demeurait jusqu'ici assujetti aux modeles traditionnels individuels avec perche et corde. Beulque ne modifie guPre la conception generale de l'enseignement, mais il en rentabilise l'organisation pedagogique. L'objectif est que 40 el'eves d'une classe puisse apprendre B nager en 20 seances, sur la base d'un "enseignement collectif analogue B celui de la gymnastique, applicable dans les piscines ou bassins de natation B eau courante au lieu de s'executer dans Ies cours des i . ~ o l e s . " ~ ~ Les multiples fonctions de Beulque, simultan6ment directeur du bain (ce qui facilite la transformation des equipements), animateur des ecoliers et entraineur des membres des ENT, le placent dans une position privilkgiee pour faciliter les passages de l'ecole au club. Dans l'apres-guerre, I'alliance du systeme sportif et de l'institution scolaire, de l'hygiene et de la performance, bref, des perspectivesfederales et des priloccupations des dkcideurs politiques some comme une demonstration... qu'il s'agit de reproduire. Mais ce modPle structure1 se prolonge de l'ambition d'un modele corporel. "Le water-polo demande B ses adeptes des qualites physiques exceptionnelles" lance Beulque en introduction de son ouvrage sur le water-p~lo.~%n ce debut des annees vingt hant6 par le souci de la ri.gC.neration, la reference anthropometrique est loin d'avoir disparu au profit de la phy~iologie.~~ Aussi Beulque n1h6site-t-ilpas B ponctuer son affirmation de la liste des caracteristiques des joueurs de Tourcoing, iige, taille, poids, perimktres thoraciques en inspiration et expiration, perimktre abdominal et, enfin, indice de Ruffiec30On releve que le poloi'ste confirme est un sportif de 21 B 32 ans avec une moyenne pour l'kquipe premiere de plus de 26 ans: la reussite suppose une certaine maturite, le jeu une exp6rience suffisante. C'est une activite d'adultes, bien qu'une preparation des plus jeunes soit desormais envisageable.Avec un resultat de 1,Blm pour 1,65 m en general en France,31la taille moyenne de lf6quipe est aussi censee frapper l'imagination du lecteur. Ce modele corporel, certes donne par Beulque B titre documentaire mais dont on perqoit bien qu'il joue aussi un r61e justificateur, est-il present6 comme la conskquence de la pratique du water-polo ou, au contraire, comme un ensemble de qualites qu'il faut posseder avant de s'y adonner? La conduite du discours n'a pas le m6me sens dans ces deux hypotheses. Elle n'engage pas non plus aux m6mes consequences sur le jeu. Or il faut bien convenir que la seconde s'impose puisque les joueurs, "fortifies, assouplis par la natation sportive et par les exercices physiques qu'elle comporte, dkbutent en water-polo en condition physique necessaire et suffisante pour eviter les accidents dus au surmenage d'organismes insuffisamment d6~eloppi.s."~' En d'autres termes, le water-polo reste m6me chez Beulque une pratique reservee B des individus solides, formes anterieurement par d'autres activites, mais qui n'est pas en tant que tel un sport formateur.I1prolonge et complPtela natation, mais ne saurait se situer au m6me niveau qu'elle. On concoit ce que cette representation peut avoir de consequences sur les techniques propos6es, puisque le polofste est cens6 LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 113 &re grand, d6jB bon nageur et capable de fournir des efforts violents. Des techniques dont Beulque s'attache dksormais 'a preciser la specificit6 en precisant, pour la premsre fois en France, le registre dans lequel elles se situent: position d'attente et points d'appui, marquage et demarquage, dribbling, tirs et passes. Une dissociation s'elabore avec la rkfkrence au football qui prksidait jusqu'alors aux descriptions. Le texte de Beulque construit une identite. Dans sa formalisation s'enracinent les premices d'une transformation des reprhsentations. La recherche des points d'appui sur l'eau est un bon exemple de cette prise de distance. Pour degager l'epaule droite, il faut repousser l'eau avec les jambes, en operant un ciseau de brasse, d'over ou un double ciseau, tout en coordomant ce mouvement avec l'impact vertical de la main gauche. Impossible, dans cette categorie, de faire la moindre allusion au football ou B un autre sport. Une liste des tirs est fournie, chacun bkneficiant d'une description de la position du corps et des segments concernks avant et aprgs le coup. Quelques reperes temporels sont egalement mentionnks sous forme de temps h respecter. Les trajectoires des membres et du ballon, les angles parfois, sont precises en termes biomhcaniques, extension, rotation, flexion, torsion..., voire avec le recours B des images d6jh travailleespar ailleurs ("ce lancer ressemble au lancer reglementaire de la grenade par double balancement du tronc") en dehors de tout contexte humain ou lie B la situation de jeu. Les tirs sont definis comme des outils techniques d6contextualis6set mis h la disposition du joueur. 11s s'imposeront des lors mieux comme autant de modeles. Beulque developpe par ailleurs l'importance du marquage et du demarquage, sans doute parce qu'un point du reglement interdit toujours tout deplacement apres un coup de sifflet, ce qui reduit une partie des possibilites (sur coup-franc) et qui incite B rester pres de l'adversaire pour limiter les risques. "Le dribbling" lui semble d'ailleurs moins pertinent que la passe sur joueur dernarqui. car beaucoup plus lent, ce qui n'est pas sans laisser penser 'a une vision du jeu qui commence B privilkgier le deplacement du ballon sur celui des joueurs. Reste enfin la passe, dont Beulque precise qu'elle correspond au geste technique du tir, mais qui depend simultan6ment de la situation du partenaire selon s'il est marque ou non, de la distance qui le &pare du porteur et de sa position par rapport au but. Au regard de la pQiode d'avant-guerre, Beulque introduit par ailleurs trois changements majeurs dans le systeme de jeu: d'une part, il degage en partie le water-polo d'un jeu de w a u v e m e n t , - _ - _ d'autre part, il affine davantage la definition des postes et des fonctions dans le sens d'une plus grande sp6cialisation. Enfin, il reinvestit l'espace central du terrain. Autant de transformations que l'on observe aussi en footbalF mais qui n'y puisent plus explicitement leurs references: Beulque affranchit pour la premiere fois le water-polo du football en degageant une serie de specificitbs. I -- 114 TERRET AND CKARROIN Ainsi, en 1922, le journal Natation fait reposer les succPs de Tourcoing sur un constat: "Ies ENT jouent la passe c~ntinuellement."~~Aux combats autour du ballon qui mobilisent plusieurs joueurs des deux equipes, Beulque oppose en effet le deplacement rapide du ballon sur des attaquants post& prks du but. Ce schema invite B etendre l'espace dangereux, celui d'ou provient le shoot decisif: non plus devant le but mais aussi plus loin et lateralement, afin de varier les angles et les fonnes de tirs. Toutefois, les d6placements des joueurs de la ligne d'avant ne sont pas syst6matiques. Le ballon circule une fois arrive prPs des buts adverses mais les joueurs eux-m6mes sont encore relativement statiques.Pour autant, ce jeu en lignes est lui-mGme inedit car il revkle une differenciationplus nette des fonctions dans le m a t ~ h . ~ ~sein A u d'une ligne, outre des echanges de balle, des transferts momentanes de place sont frequents. Cette organisation installe le jeu dans un veritable systkme collectif qui depasse la simple somme d'individus mobilises par le porteur du ballon. En d6pit de cette evolution, le jeu se maintient globalement dans I'axe du terrain, en profondeur, sauf B proximite du but. Les trois joueurs les plus importants pour Beulque ne sont-ils pas le demi, l'avant-centre et le gardien?36Le demi, par exemple, de rkcuperateur avant la guerre, devient transmetteur, entrainant un affinement des relances par les arrieres qui evitent B present de degager loin devant. I1participe a m choix tactiques en attaque et conserve la fonction defensive qui lui 6tait autrefois d6jB attribuee. Cette reflexion sur le demi, joueur complet, puissant, resistant, rapide, qui "doit connaitre B fond les rkgles du jeu et savoir jouer B toutes les places," illustre la spitcialisationde chaque poste avancee par Beulque. Aux images quelque peu floues ou, en tout cas, indifferenciees d'avant-guerre repondent desormais des definitions particulikres mettant en relation un compartiment precis du jeu, un bagage technique specifique mais aussi des qualites physiques et morales propres B chacun, qu'il s'agisse du gardien37ou des deux arrikres. On le voit, les qualites des uns et des autres renvoient d'une certaine maniere B une organisation relativement rigide du jeu qui se travaille lors des entrainements, chacun renfor~antles aptitudes necessaires B son poste; elle oblige aussi B observer tres t6t les qualites du joueur qui s'initie au jeu, ce qui degage un dernier mod'ele d'apprentissage et d'entrainement. L'entraineur doit d'abord reperer le futur polojiste. Chacun ne pouvant pratiquer un jeu aussi difficile, il s'agit de verifier les signes d'un bon developpement de l'organisme, certaines qualites morales comme la tknaciti., la volonte et l'assiduite et, enfin, la maitrise des principales techniques de nage de vitesse comme le crawl et le trudgeon. L'apprentissage du water-polo repose alors sur une pedagogic du modkle et une conception associationnisteclassique dans la premiere moitie du sikcle pour tout enseignement: acquisition des gestes cle dans la version la plus simplifiee et la plus d6contextualisee possible puis complexificationpar combinaison des elements et transfert B la situation de match. LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANQUS 115 Ainsi, la premiere phase consiste B apprendre B tenir et B manipuler le ballon avec une seule main, B jongler avec, B le lancer 21 un partenaire qui fait face, le tout dans une eau B faible profondeur. C'est en effet "grbce B l'adresse consomm6e acquise sur le ballon que les grands joueurs sont devenus ce qu'ils ~ o n t . Aprhs " ~ ~ le maniement de la balle vient I'etude des shoots dans une ordre defini par la complexit6 mecanique du tir: shoot avant-bras flechi, shoot avant-bras tendu, shoot retourn6, shoot arrikre, shoot demi-volee avant ou arriere, shoot volee avant ou arriere. Suit alors l'etude du dribbling, celle des arr&tsafin de rechercher le meilleur gardien potentiel, puis celle des passes. Les joueurs, disposant aprhs ces seances d'un capital technique suffisant, sont entrain& au demarquage et au marquage d'un adversaire qui, jusqu'ici, n'ktait pas present dans les situations d'apprentissage. Un poste correspondant B leurs qualites leur est enfin attribue par l'entraineur; il pourra ulterieurement Gtre revu. Paralklement 21 cet apprentissage gestuel, les joueurs doivent aussi maitriser les deplacementsen jeu, la position de chacun lors des principales phases d'attaques et de defense, le rhglement et tout ce qui touche B l'organisation collective, voire B l'elaboration de combinaisons. Cette preparation tactique se passe en deux temps, 21 sec puis dans l'eau. Ainsi les trois ou quatre premihres seances se deroulent-elles dans une salle oh sont trackes les lignes et buts d'un terrain de water-polo. Deux equipes s'y rencontrent, marchant au lieu de nager, de maniere B construire puis memoriser les ajustements collectifs qui s'imposent au cours d'une partie. La phase suivante, dans l'eau, permet alors de travailler sous une forme moins artificielle avec des equipes de mGme niveau dans les rapports attaqueldefense: l'entrainement proprement dit consiste 21 jouer de vhitables matches, ponctues par les conseils techniques et tactiques de l'entraineur, en allongeant progressivement l'espace et la duree de la rencontre jusqufB atteindre ou dkpasser les conditions reglementaires. De nombreux aspects du jeu ne peuvent s'apprendre autrement: le marquage, par exemple, n'est-il pas considere par l'auteur "comme une science qui ne s'acquiert que par la p r a t i q ~ e . " ~ ~ Les joueurs consacrent une partie de leur temps 21 un travail foncier et technique en natati~n,~" B raison de trois seances hebdomadaires d'environ une heure chacune, ce qui est important pour l ' e p ~ q u e En . ~ ~complement, une culture physique B base de gymnastique analytique, marche, sauts, abdominaux, exercices respiratoires et boxe developpera la souplesse, la force et le souffle. L approcne uu ~ i r e m e m t g d & ~ par une recherche de plus grande efficacite qui l'amhne B rompre avec plusieurs schemas d'avant-guerre et B proposer des solutions techniques et tactiques inedites. Voila que se delimitent des references: ce modele rationnel, valoris6 par la reussite sportive, s'impose bientdt comme incontournable. _ _ 116 TERRET AND CHARROIN 2. Du succes 2 I'isolement En quelques annees, Paul Beulque met ses principes en actes... et cela lui reussit. Mais le water-polo tourquennois, reprisentant souvent la France, en est-il vraiment reprisentatif! La finale du championnat de France de water-polo de 1923 n'est qu'une replique de celles qui ont lieu de 1919 B 1922: les ENT y battent B chaque fois nettement la Libellule de Paris.42Ces succks nationaux debouchent t&s vite sur une reconnaissance officielle de la FFNS. D'abord par l'integration de nombreux Tourquennois dans l'equipe de France, comme par exemple en 1922, oh l'equipe tricolore du match FranceHollande est entihrement composee de joueurs des ENT B une exception pr&. Puis en faisant de Paul Beulque l'entraineur des Franqais en vue des Jeux Olympiques de Paris, B l'occasion du congrks de preparation olympique des 5 et 6 mai 1923. Enfin en assurant la promotion de ses reflexions, la revue Natation publiant les principales conclusions du congrks et, quelques semaines plus tard, plusieurs extraits de son ~ u v r a g e . ~ ~ Ce statut permet B Beulque de reunir bientbt les joueurs potentiels de Tourcoing dans son bassin, aide par Rigal qui fait de meme pour les Parisiens dans la capitale: compte-tenu des resultats des derniers championnats de France, aucun autre joueur que ceux du Nord ou de Paris ne semble alors susceptible d'integrer l'equipe de France ou ne merite meme plus simplement d'etre observe par l'entraineur national ! En juillet 1924, l'equipe de France, finalement composee de cinq Tourquennois (Dujardin, Delberghe, Padou, Deborgie, Desmettre) et deux Parisiens de la Libellule (Rigal et Mayaud), s'impose successivement aux Tourelles devant les h a t s - ~ n i (3 s B 1apres prolongation) puis la HollandeM (6 B 3) et la Suede, avant de battre les Belges en finale olympique par 3 B 0 B la surprise gen15rale.~~ Cette medaille &or, que les responsables fedkraux reconnaissent devoir en grande partie B Be~lque,4~ est due aussi B quelques joueurs des ENT dont la prestation kclate aux yeux de tous les temoins presents. Padou survole litteralement ses adversaires et est reconnu par tous les specialistesfranqais et &rangers comme le demi le plus talentueux du tournoi. Dujardin, dans les buts, est egalement considere comme l'un des meilleurs au monde. Ces Jeux de 1924 propulsent donc la France et, indirectement, les Tourquennois, au plus haut niveau de la hikrarchie mondiale, en prenant pour la circonstance la place des Anglais. La consecration de Tourcoing et de son modhle de jeu va se poursuivre tant au niveau du championnat de France qu'au niveau de l'kquipe nationale. Loin devant les autres clubs franqais, leur rhgne ne s'ach'evera qu'aux championnats de 1951 aprks une suite ininterrompue de titres, exception faite de l'annee 1924. Au niveau international, le modele de Beulque a enfin joue un r61e considerable, en raison du poids pris par les joueurs des ENT dans l'kquipe de France et de son statut d'entraineur national maintenu en vue de la d o ap xnaJney q y JaIany suoAap snoN .rssne ?~y1~qesuodsax ap JueJ 'aqo12 ap JueJ q n p Inas un y sassre1 suonnod au snou,, :9~61 ua unxg -maUa&ax a1 anb !sure 'apuex% s n ~ dsmorno~uogesqeuy%xemaun y 81 led sed sa-[-[a -$uaumapuo>as au srem .-[euogeuo l o d - x a ~ ea1~asodsrp p o p saqemny +a salIarx?Jem 'saqe~uaura12?1suoyypuo> sap nual a~dmo3'ase~jjas n ~ d m x z q d axed 1sa.J 'aDuexd { sal ys lJuauanqsajj3 .apqm a1 sxo-[a geuuo3ax unsey3 ~ u o $a p slouuanbmo~ appour np jrpe,l B agxed apuex2 ua e ~ aqo@ap saxnay s a a ;sInu sayJewpz $asaJIej?pp8 axnam y o l o d - x a ~ np mod saqoplA 6s preyodurax ua 'sa$uax?gypsuoyJeu61 axJuosxneuogeuxaJur sayspm ~ 9 ?qndsyp 1 e aDuex6 el 'gp61 y 6061 ap :IeuoyJeuxaJu!m l ~ a1 q apax -samsm sal s n ~ dJuaur?pp?p ~ u o sau axxan2-s?xde,p suogypu03 sal slew ' s a d g q ~ ds a q m sa1 uolas 2uyo~xno~ y axnnao uos exnrnsxnod IJxaqme? l n e j 'xnassas3ns uos .dnomeaq xnod aJnop sues Jsa d ,,'aIeuoyJeu uogeJeu el ap Ja anbysliyd uogesnp?,I ap a s p a s ne Juamassgsaneuos ap uoslex ua ~ ~ua6xnauuoy,p 1 uo&-[ el $aanblsAyd uogesnp?,I ap xo,p aI-[lep?mel xed ?suadmo~?x qone saxde ' ~ ~ ua 6 anblnag 1 I n e j ap your e? -anbpom?2?y lssne snld sx01-e pa,u syouuanbxnoq aI?pour a1 anb ~ P J AJsa 11 ,;aJues!ejsrps awmo3 anuuosax aIqurasua,p uol~e+saxd aun sane 'saxpuo? y 8961 ua anbydcrrX10 yourno4 na sapras?xd suogeu zz xns aura9 ~uesse1sas ua $a 9 ~ 6 1ap '0.f xne q x a g a q d amap aun JueuaJqoua aIeypuour aJyI?,I ap aupoxd aroma s d m a ~un amaurap axIex6 el '~ue$nexnoj . s a ~ a %SO? q ap xnaf xne aJuenlns a?um,I adynb?,p ladonua bur sad au y sle5ue.q sa1qesuodsa.zsal smaIp,p Jgequos a ~ u e ~ ? ~ nuogn~on? aJJa3 rr;'1c61ua SaIeuogeuxaJuy sax~uosuax~1Ins JuamaInas saqopm z srem oP0c61ap adomg,p s+euuoldmey~xne ase~dam?* aun 'a~uenrns a?um,1anb~dmdloauuoydmv a&ema-[f6r;[y ax3 aqopln sleur 'sua?doxn3 smalpur sa-[J F ? ~ !nb 6 ~ 6jgoe,p 1 IeuogeuIaJq ;rounoJne a q o p y aumne :s?2glm sn1d se3 +no+ua JUOS s+eJIns?xsas . % q o s m oap ~ sxnanoisuyeyas ap JuaurassqIyaranp u o s y ua a r ~ e d ua 'aIeuoyeuxaJuy au?x el xns aJueIIpq sgour nad un Juarnap o l o d - x a ~ eap~ aJueit6 ap a d ~ n b ?'a~yns , ~ el xed 6p.ase1dam?rJ!ny ua ~~exedde xagann3 ap auuosxad el ua L N acrrqsloq ~ un,nb sxole 'puo2as 'uypxe[na $-nap uogysod axarcrra~dua nope6 aseld apuom np sxnanol smaI1raur sa1 ms ?uaur I I B A ~ X amaw J a? .axxala12uv,1 +a a&ema-[1~,1'anbelag el Juenap '?+y1e8?y samlurasd asueq el $a a y r s u o ~ el ~ueuuopua suoyJeu sap xnapgjo Juamassep un sxnalIre,p +uasqe?l luauom n p sa~sgers?dssal '0~61u z -01od-xaJe~ ap aleuogeu adlnb?,~ ap agxed ~ l e~j u %uro~xno~, o ap smano[1£ ' ~ ~ y6610 6 ~ a a m.suOgJal?SZIT ap s g o m sed emne d,u nope6 TmaH ; Z N 1 ~1~ u o smou p £1 auuop aIeuoyeu adytb? ua syoj xtp sqom ne ? d gJ u d e s~e5ueqsa+s!o~odsap saxempd a1 'oc61 ua $a asuexd ap adrnb?,~+uaura@qUqp a anb~nag ap adynb?,~'~uannos sayqem s a suep ~ srouuanbxno~ap snld a7 L < ~a ap a~xenxneuo~~ema~uy axqurou a1 ' ~ 8 g nsa?uue sap 2uol ne JnoL .sanbydmdloma1sap uogexedaxd 118 TERRET AND CHARROIN Tourcoing, c'est en visant le sommet que Yon monte !"55 En effet, definir un modkle ne signifie pas qu'il diffuse automatiquement. Les ENT incarnent en quelque sorte un ideal federal qui ne saurait drainer en tant que tel l'ensemble des pratiques et des conceptions du jeu en France. Certes, les reflexions de Beulque seront par la suite frequernment reprises par la plupart des auteurs abordant le water-polo. Ainsi en 1923, les propos de Mayaud et FoulonS6rappellent tout B fait ceux de l'entraineur tourquennois. 11s s'engagent globalement dans une m6me sp6cialisation des postes et des fonctions avec peut-&re quelques differences sensibles sur le r61e des arrieres qui doivent "degager loin pour que les avants recupkrent." Les schemas tactiques par lignes sont egalement repris, ainsi que l'importance devenue decisive du demi. On retrouve aussi des propositions proches chez le Lieutenant de Vaisseau Blot:57m6me dispositif spatial, m6me physionomie des joueurs et m@mesfonctions que chez Beulque. Quant B la gamme des techniques, elle est, sous des formulations differentes, B peu prks aussi la m@me,58 avec quelques ajouts mineurs comme la tenue et le ramassage du ballon. Les pages redigees par Riga1 et Venard se limitent 2 quelques grands p r i n ~ i p e sde , ~ ~meme que celles de Bonnet et Rodier;'jO celles de Boucher sfinspirent explicitement de l'exemple tourquennoishlainsi en 1925que les travaux plus officiels consacres B la methode fran<aise(j2 1931ou encore, en 1943, ceux du Commissariat General B l'fiducation Physique et aux Sports.63On se souvient enfin que la FFN(S) diffuse elle aussi largement les conceptions de Beulque au moins jusqu'h la Liberation.@ Cependant, tous ces textes ne font que souscrire B la legitimit6 du modele tourquennois, sans rendre vraiment compte de la realite. 11s sont redondants parce que leur fonction est d'identifier I'excellence. Insistons une nouvelle fois: ils definissent un ideal dont ils puisent essentiellement les contours B Tourcoing. Mais les techniques ainsi formalisees representent des modkles abstraits relativement eloignes des prestations des autres equipes. Les specialistesne s'y trompent d'ailleurs pas qui, en 1927, avouent que "les ENT sont encore champions mais le niveau de leurs concurrents s'abaissent de plus en pl~s."~%6merefrain l'annee suivante, quand les joueurs de Tourcoing remportent le championnat de France de water-polo "sans adversaires 'a leur taille."'j6A de nombreuses reprises, Drigny avoue que I'etat du water-polo franqais est desastreux, exception faite des ENT, car les joueurs s'entrainent sans discipline, sans methode et ...sans installation. Le m6me requisitoire contre le water-polo regional est encore dress6 en 1927 par Dufer qui condamne successivement l'ignorance des regles, l'indiscipline des joueurs, le jeu "d'accrochage" et l'absence de tactique.'j7 En 1930 Musnik rencherit: I1 y a les Enfants de Neptune de Tourcoing, puis ensuite il n'y a rien, puis encore rien. Et plus bas encore, beaucoup plus bas, il y a les autres. Pourquoi cette formidable superiorit6 (...)? leur invincibilite est faite de la lamentable mediocrite generale (due 2) l'ignorance du jeu par les j o ~ e u r s . "Toute ~ ~ nouvelle victoire tourquennoise aux 119 LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS championnats de France est l'occasion d'une meme rengaine. On cherche mais force est simplement de constater que des causes B leur h6gemon~ie,6~ tout oppose les caracteristiqueset les conditions du water-polo B Tourcoing et celles des autres 6quipes. Faute de meilleure solution, il convient de permettre aux nonTourquennois de jouer. C'est en ce sens que L'Auto s'interroge en 1929: comment etablir entre les ENT et les autres clubs de water-polo un juste e q ~ i l i b r eLa ? ~reflexion ~ sur la meilleure forme B donner am championnats de France et aux divisions relkve clairement de ce souci Be donner une chance B tous face aux joueurs de Tourcoing. Mais la plupart des formules adoptees depuis 1922 se solderont par un echec. Toutes tkmoignent en fait de deux preoccupations des dirigeants. La premiere a trait aux conditions mat6rielles: "Opposer l'equipe d'un club s'entrainant en fleuve B l'6quipe slentral"nanten piscine, signifierait d'opposer en boxe un poids plume B un poids 10urd"~~: des championnats distincts sont donc necessaires. La seconde tente de concilier l'exception tourquennoise avec le niveau du water-polo fran~aisgrdce B une politique de la carotte et du bdton: travailler sur les limites des divisions geographiques et de niveau pour permettre B tous de participer, et stigrnatiser les joueur et les dirigeants" pour une rnobilisation et des efforts plus importants.Ainsi, devant le constat d'une m~connaissance des nouveaux rkglements, la federationdiffuse reguli'erement des brochures donnant les differents points du code de water-polo agrement6s &etudes de cas et de conseils. L'opuscule de l'arbitre belge Delahaye" sera par exemple distribue aux arbitres franqais en 1929; d'autres brochures verront le jour pour le m@meusage aprks 1941.74 Bref, Beulque et les ENT sont manifestement isolks en France. Precurseurs sans doute, mais isoles, bien que quelques Parisiens ou Strasbourgeois les prennent veritablement comme modeles. Les orientations qu'ils donnent au water-polo traduisent le choix conscient de la performance et de l'efficacitk. Les formules qu'ils adoptent peuvent des lors se traduire comme etant le meilleur dispositif par rapport aux conditions materielles et aux r'eglements. Mais les poloYstes fran~aisne s'inscrivent pas dans ces orientations. D'autres references viennent interferer avec cette logique de l'efficacite et brouiller les repkres: la technique ne peut plus alors se concevoir comme une simple consequence de la reglementation ou de la reflexion. Les subtilites du code de la Federation Internationale et de ses transformations ne sont d'ailleurs pas toujours connues ou maitrisees, et les matches donnent regulierement lieu B des interpretations diverses et . . , a des reclamations commentees par ia presse." i v---des responsables federaux traduisent moins, en ce sens, la "mkdiocriti. du niveau" qu'elles ne r6vklent l'existence d'autres representations et d'autres logiques de fonctionnement dont l'impact sur la construction technique s'avsre redoutable. C'est B ces schemas denonces en France dans l'entredeux-guerres qu'il convient 21 present de sfint6resser. , / TERRET AND CHARROIN 3. Pratiques et rCfQences En dehors du modele de performance qu'illustre Tourcoing de madere iso1i.e en France, le water-polo puise dans plusieurs references reveles par les discours sur les pratiques, qui sont Ie jeu, la force, la ruse, une independance croissante vis-8-vis de la natation et le maintien de son assimilation 8 un football aquatique. Les aspects ludiques de la pratique du water-polo sont au centre des representations qui le caracterisent. Se developpe du coup une opposition entre les rigueurs de la preparation aux epreuves de vitesse et le plaisir et la spontaneite de la rencontre collective, opposition qui debouche sur un rejet de tout effort semblant eloigne du jeu lui-meme. Dans les seances d'entrainement, le water-polo est la principale motivation et la partie fonciere est davantage consideree comme une obligation par laquelle il faut bien passer. "Notre entraineur nous obligeait 8 aller nager dans le dernier des bassins avant de venir pratiquer le water-polo" se souvient M. D e g ~ e u r c eLe . ~water-polo ~ reste perqu comme une pratique ou les aspects ludiques et collectifs doivent l'emporter sur l'ascktisme des series et l'isolement du nageur. Ce qui conforte d'ailleurs l'idee que se font les dirigeants des polojistes en France. Aucun entrainement rkgulier, aucune cohesion, des joueurs qui se contentent des rencontres officielles, voila ce que denonce par exemple Drigny B l'occasion d'une victoire de Tourcoing au championnat de France de 192Y7ou Paul Boucher quand il indique que "les nageurs se contentent, des qu'ils ont le ballon, de le prendre et de s'amuser 8 se le passer. C'est plut6t un amusement que la pratique reelle du water-polo."78 Partant de cette forte representation, quelques auteurs d'ouvrage sur la natation intkgrent d'ailleurs le water-polo dans une rubrique "jeux divers"79ou "jeux et exercices aquatique~."~~ Toutefois, le jeu se combine plus souvent 8 la force. "Le water-polo consiste 8 faire assommer traitreusement par six gaillards armes d'une boule de cuir, appelee ballon, un patient, place dans une cage et appele goal qui a peur (...). Le waterpolo n'est ni plus ni moins qu'un jeu de massacre oh Yon ne distribue pas de macarons (...). Pour etre bon joueur de water-polo, il faut avant tout Gtre philosophe, sourd et dou6 d'une grande capacite (en litres)." C'est avec ses mots sans ambigujite que s'exprime un "profane" au debut de l'entre-deuxg u e r r e ~L'observateur .~~ est manifestement frappe par la durete du jeu. Le terme revient d'ailleurs trks frequemment chez ceux qui tentent de le caracteriser pendant cette periode. Le water-polo est systematiquement present6 comme un "jeu aquatique tres dur, demandant beaucoup de qualite, sport complet exigeant enormement d'entrainement et ne pouvant Gtre pratique que par des nageurs accomplis possedant une excellente constitution p h y s i q ~ e . " ~ ~ Derriere ces qualificatifs transparait une realiti.. Le bon polojiste est pour beaucoup un homme qui se fait respecter dans l'eau, qui mmtre 122 TERRET AND CHARROIN En fait, jusqu'h la fin de annees vingt, les choses sont entendues pour tous: "le water-polo est le complement indispensable de la natation sportive?l Il suppose une solide formation anterieure en natation et "demande de la part du joueur de serieuses qualites de nageurs" (...); il est necessaire de maitriser les styles de nage les plus rapides, et en particulier le crawl qui posskde en outre l'avantage de placer les pieds prgs de la surface, ce qui peut gGner l'adver~aire."~'Villepion va plus encore plus loin en relevant "qu'il ne peut Gtre recommand6 qu'aux nageurs en parfaite forme physique et qui veulent bien s'astreindre B un entrainement conscien~ieux."~~ Ou encore quand il conclut que "le water-polo, joue selon ~ ~ les grands les rggles, n'est pas B la portee des nageurs m ~ y e n s . "Tous joueurs de polo sont dailleurs de bons nageurs, tel Henry Padou qui accumule un temps les records de France en nage libre tout en demeurant le meilleur demi du moment. Pourtant, la filiation water-pololnatation ou natationlwater-polo est progressivement mise B ma1 au moins B deux niveaux, qui justifient bient8t les remarques d'un certainnombre &auteurs et de dirigeants. Dans l'elite, d'abord, la volonte federale ne resiste pas au constat. Chez les nageurs specialisi.~,rares sont en effet ceux qui jouent ou qui intkgrent le water-polo dans leur entrainement. Ni Taris, ni son entraineur Hermant n'en disent par exemple un mot dans leur ouvrage de 1937, 21 l'exception de jeux de ballon inclus dans la phase de familiari~ation.~~ Aprks la seconde guerre mondiale, il est vrai qu'on estime toujours indispensable d'@treun excellent nageur pour jouer au w a t e r - p o l ~Mais . ~ ~ les evolutions specifiquesdes deux pratiques sont decisives et il convient d'admettre que "le style du poloYste est different de celui du nageur (...). Aussi n'est-il pas recommandable B un nageur s'entrainant en natation de competition de pratiquer assidfiment le water-polo."97 A vrai dire, l'argument technique n'est pas le plus essentiel dans la lente autonomisation du water-polo vis-B-vis de la natation. Les premikres craintes apparaissent en revanche B un autre niveau, quand il devient manifeste que la natation ne survit souvent que grsce au water-polo. D'annexe 21 la natation, le water-polo devient premier, inversant le sens de la filiation traditionnelle. Certes, on vient en principe au club pour nager mais tres vite, le jeu de balle devient la motivation la plus forte des que le niveau de pratique de la natation le permet. Les series de nage sont alors percues comme une necessitk laborieusement imposee par l'entraineur avant le match d'entrainement. Tousles entretiens men& aupres de nageurs de l'entre-deux-guerres mettent en evidence cette integration massive du water-polo dans le dkroulement des seances. Quant aux rencontres officielles, elles ne sont qu'une parenthhse pour les nageurs qui repondent encore davantage aux fetes nautiques, interclubs, etc., dans lesquels ils enchainent generalement une "travers6e" (longue distance en pleine eau), une ou plusieurs epreuves de vitesse, et un match de water-polo qui constitue le clou de la manifestation. LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 123 G. De Villepion evoque clairement le statut du water-polo par rapport B la natation et l'orientation qui se dessine au debut des a n d e s trente: "le water-polo, comme le plongeon, peut @treconsider6 comrne une branche speciale de la natation et, comme pour toute sp6cialit6, il faut craindre que ses adeptes enthousiastes ne soient trop port& B negliger, 21 son profit, la pratique de la natation proprement dite."98 Et citant u n entraineur britannique: "le water-polo est en train de prendre une importance plus grande qu'il n'est raisonnable, dans la vie d'un club. Beaucoup de clubs de natation sont en voie de se transformer en clubs de water-polo, et B moins que cette tendance ne soit enrayee B temps, il en resultera pour lesdits clubs des consequences f3~heuses."~~ Et l'auteur de resumer sa pensee en une formule lapidaire: "le plus grand obstacle, actuellement, au progres de la natation est l'engouement des jeunes pour le water-polo."100 Son avertissement trahit aussi un regret que l'on retrouve chez d'autres obser~ateurs."~~' Se met manifestement en place un changement de representation dans la relation entre la natation et le water-polo, la pratique du second prenant le pas sur celle de la premiere dans la plupart des clubs franqais en annonqant sinon m e rupture, du moins m e nette tendance B l'autonomie de l'une par rapport B l'autre. Encore cette autonomic estelle bien relative. Alors que le poloYste tourquennois est relativement specialis6 dans la mesure oh il se consacre B la natation et au water-polo au sein des ENT, cette orientation est beaucoup moins frequente dans le reste du pays oh l'on assiste souvent, au contraire, 21 une permanence de l'eclectisme sportif d'avant-guerre. La pratique de plusieurs activites differentes selon la saison est en effet rendue obligatoire par l'absence de bassins fermes et l'impossibilite de nager l'hiver. Les poloYstes du CN Nice jouent par exemple aussi dans le championnat de volley et dans celui de basket.'02 Genkralement, il s'agit plut6t d'un sport collectif de grand terrain comme le rugby ou le football. Cette particularit6 n'est pas sans consequences sur les representations du water-polo, sur la recherche de points communs plus ou moins "forces" et d'assimilations hstives entre pratiques distinctes.Cela pose bien evidernment la question du devenir de la reference au football, tres presente avant 1914.1°3 En fait, contrairement B Beulque qui a resolument tourne le dos 21 l'appui que constitue le football ou un autre sport collectif au profit d'une recherche de specificite, la plupart des sp6cialistes continuent d'admettre jusqu'aux annees quarante que "le water-polo est une adaptation nautique du football."104Beaucoup se contentent de relever simplement des analogies rorm veritable football dans l'eau."lo6 Certains vont cependant jusqulB evoquer des consi.quences sur l'apprentissage ou la maniere de jouer, comme A. Bonnet et G. Rodier qui avouent que "les finesses du jeu seront apprises par le profane en voyant jouer de grandes equipes de water-polo ou, 21 defaut, de football,"107M. Berlioux qui le definit comme un "sport d'equipe se jouant (avecles mains) sur les m6mes bases que le footbaFo8ou H. Decoin - 124 TERRET AND CHARROIN pour qui "un bon joueur de football-association doit devenir avec un tant soit peu d'entrainement un admirable joueur de p o l ~ . " ~ ~ Brares i e n sont finalement ceux qui, cornrne Beulque ou le lieutenant Blot,l10 s'attachent B saisir ce qui distingue le water-polo plut6t que ce qui le rapproche des autres sports collectifs. Dans tousles cas, cependant, les techniques des joueurs sont assujeties aux conditions du jeu. De ce point de vue, la norme technique est non seulement partiellement en rupture avec les formes non dominantes de pratiques mais, en tant que formalisation abstraite de la realite, elle est vraisemblablement aussi en decalage avec les productions de l'elite en renvoyant plus gkneralement B I'kcart du dire et du faire, comme l'illustre l'exemple de la necessaire influence des espaces de jeu. Toute technique est en effet directement li6e au milieu physique au sein duquel elle se dkroule et prend son sens. Or, en 1921, les piscines homologuees par la FFNS se limitent B 7 piscines et 4 bassins B Paris, 5 piscines et 2 bassins dans le Nord, 10 piscines et 8 bassins en Alsace-Lorraine, auxquels il convient d'ajouter ici et 1B quelques installations isolees, soit un total de 50 piscines et bassins environ.'l1 Les progres sont lents mais significatifs puisque Yon en compte d6jh 169 en 1935.'12 Pour autant, ces installations demeurent trks inegalement reparties selon les regions, Paris, le Nord et l'Est occupant toujours une position privi16gi6e.'13 I1 faut donc bien admettre que I'eau claire, temperee et calme des bassins constitue encore l'exception sur toute cette periode. En outre, la presence d'une installation nautique n'est pas toujours synonyme de possibilite d'entrahement, la cohabitation poloktesbaigneurs n'6tant manifestement pas toujours bien acceptee par les gerants. Ainsi la piscine Hebert est-elle interdite un temps au water-polo puis autorisee B nouveau en decembre 1923moyennant quelques restrictions,l14 avant que son utilisation pour les jeux de balle ne soit reduite B 2 heures par semaine comme dans toutes les piscines municipales de Paris en 1926."5 Le water-polo est donc une activite d'exterieur, ce qui n'est pas sans consequences sur les politiques f6derales ni, surtout, sur les caracteristiques des rencontres et l'activite des joueurs. La FFNS a par exemple cherche B plusieurs reprises B calquer les divisions sur la disponibilite du reseau d'installations avec la creation de deux epreuves, l'une pour les clubs beneficiant de bassins d'hiver, l'autre pour ceux qui ne s'entrainent qu'en bassin ouvert.l16Pour autant, l'elite est aussi t0uchi.e et en 1922, Frerejacques denonce une situation qu'il considgre comme humiliante: "le water-polo est (...) aussi prenant que le football, aussi captivant que le rugby, mais (....) n'a pas de bassins, pas de piscines. On est oblige de se servir &emplacements de fortune (...). Eh bien ! Nous en serons reduits B faire disputer la finale de notre championnat de France B la piscine H6bert oh 600 personnes peuvent se loger et dont la moitik pourront suivre mediocrement les peripeties d'un match comme Tourcoing-Libellule. Notre Toulouse-Paris! triste ! Triste!"l17 Le toumoi olympique d'Anvers s'est quant B lui deroule dans un bassin en LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 125 plein air oh les poloYstes de l'epoque se souviennent avoir nag6 en compagnie de rats!lls De telles conditions agissent bien entendu sur les productions techniques et strategiques des joueurs. Quand le chroniqueur de Natation rappelle en 1923 B propos du match annuel France-Belgique que "les Frangais ont eu le soleil dans les yeux en seconde p6riode,Il9 il insiste simplement sur une donnee particuliere du jeu. Ce n'est pas un incident, mais une contrainte parmi d'autres dont il faut tenir compte. Pour la preparation des Jeux de Paris, Beulque n'entraine-t-il pas les poloi'stes frangaisB jouer en eau froide, avec le soleil dans les yeux et contre le vent"?120 Le water-polo suppose une adaptation au milieu et pas seulement au jeu adverse. L'insuffisante diffusion de la norme spatiale rend plus fragile toute automatisation de schemas trop figes, plus aleatoire toute efficacite gestuelle. Des choix decisifs en dependent dont l'anticipation demeure grossiere: "dans les piscines avec de faibles dimensions, le jeu sera surtout fait de petites passes rapides et precises; en pleine eau, au contraire, avec les grandes dimensions, les longs dribbling et les degagements seront la base du jeu."lZ1Une bonne partie des poloi'stes frangais doit donc se cantonner dans un registre oh le combat et l'individualisme l'emportent encore sur la virtuosite et le jeu collectif. Et cela d'autant plus que la periode d'entrainement est souvent reduite au minimum si Yon considere "qu'en dehors des Parisiens et Tourquennois, les poloi'stes frangais ne jouent qu'en 6te."lZ2L'espace de jeu reste finalement l'un des elements les plus determinants dans les manieres de jouer de la masse, et dans les resistances B la dissemination des innovations techniques de l'elite. Conclusion Au debut de l'entre-deux-guerres, le water-polo frangais connait les heures les plus glorieuses de son histoire, offrant meme B la France l'une de ses rares medailles d'or aux Jeux Olympiques de Paris. L'equipe nationale, construite autour d'un modele mis en place Tourcoing par Beulque, tire ainsi son efficacite de choix institutionnels federaux et locaux et d'analyses techniques inedites mieux adaptees aux rkglements relativement stables de cette periode. Mais dans l'emergence de ces nouvelles hierarchies techniques se joue aussi, modestement, le debat sur la definition et le statut social des pratiques corporelles ou, plus generalement, sur les concurrencesentre activites et la legitimite qu'impose -la product~onde modeles recnruques ctcrmmarrh. Comme l'a rappel6 G. Vigarello,lZ3l'histoire des techniques doit simultankment prendre en consideration ce que L. Febvre appelait une "histoire technique de la technique,"124sensible aux details et aux transformations fines, et une histoire plus synthetique, attentive aux determinants plus "exterieurs" qui agissent sur les processus r 6 ~ 6 l e s .Cependant, '~~ cette 126 TERRET AND CHARROIN perspective ne permet pas d'apprehender clairement le registre dans lequel s'inscrit la dite technique en se heurtant alors B un double kcueil. Le premier obstacle releve du statut particulier des techniques corporelles dont Mauss a depuis longtemps montre qu'elles sont des outils originam puisque litteralementincorpori.s.lZ6L'histoire des techniques plus ou moins instrumentees du menuisier ne se confond pas avec celle du mobilier bien que celle-ci entretienne bien evidemment d'etroites relations avec celle-18. Or, dans le cas des techniques corporelles, le produit technique est aussi le processus humain qui en est B l'origine, le premier &ant volontiers formalis6 dans les manuels d'entrafnement et d'apprentissage, le second hchappant davantage B l'investigation historique. En d'autres termes, l'histoire technique du water-polo revelee par l'analyse des discours des experts est celle d'un produit plus ou moins abstrait, c'est-B-dire mieux reperable, qui ne rend qu'imparfaitement compte des realisations techniques des joueurs, en tant que productions motrices, tout simplementparce que l'objet etudi6 n'est pas tout B fait le [email protected]'eme certes classique en histoire que celui des discours et des ecrits qui s'imposent B l'historien comme autant de pieges qui dissimulent les actes. Mais l'effort B mener est encore plus grand quand ces discours sont des descriptions des pratiques et que l'on veut precisement acceder 'a ces pratiques. Le second obstacle est lie au statut plus general de la technique. En effet, "tout objet technique est toujours une solution concrete B un probkme p r 6 ~ i s " ' ~ ~ene ttant que tel, soumis B un principe de rentabilite (qu'il soit utilitaire, professionnel ou sportif). Ceux qui l'utilisent lui font donc necessairement subir un processus implicite ou explicite de hierarchisation, selon des criteres d'ailleurs variables. En ce sens, les techniques sont perpes comme plus ou moins adaptees, plus ou moins satisfaisantes par rapport aux buts que l'on s'est donnes. Dans le cas des pratiques sportives, le probkme se complexifiepar les orientations fixees et irnposeespar la logique de performance qui preside B l'esprit s p ~ r t i fet ' ~qui ~ est relayee institutionnellement par les federations. Pourtant, que certaines de ces pratiques possedent un statut dominant par rapport B d'autres a dij8 ete largement developpe dans une perspective B la fois sociologique et historique.lZ9 Qu'au sein de certains groupes d'activites se jouent aussi des dynamiques de disqualification sociale et de reclassement est aussi desormais bien connu. Ainsi J.P. Clement montre-t-il comment, dans les sports de combat, l'aikido, le judo et la lutte ne sont pas investis de la m6me m d e r e par les differentes categories de population, de m@meque J. M. Guy 2 propos des diverses formes de danse.130On sait enfin que certains sports connaissent une distribution significative des postes et des r6les en fonction de la classe sociale (les avants et les trois-quarts au mgby)131ou du sexe (le rameur et le pilote dans le cas du canoe biplace m i ~ t e )Toutefois, .~~~ l'exemple du water-polo montre qu'une m6me activite peut aussi Stre techniquement investie selon des distributions qui sont, dans ce cas, geographiques (le nord et le reste du pays), mais qui pourrait tout aussi LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 127 bien @tres ~ c i a l e sou '~~ s e ~ u e l l e sOn . ~ se ~ ~trouve finalement en presence de techniques plus ou moins legitimes ou dorninantes, que l'institution sportive, en l'ocmrrence la.FGd6ration Franqaise de Natation et de Sauvetage, entreprend de diffuser et d'imposer en jouant la logique de l'efficience sportive contre celle de la f6te et de la rencontre. Le risque devient des lors de faire de l'histoire du water-polo celle des modeles dominants, modeles d'autant plus reperables que les differents auteurs hesitent B exprimer explicitement leurs differences avec la reference imposee B la fois institutionnellement et, il faut le reconnaitre, par le jeu de l'efficacite. Nous voila finalement face B deux histoires dont la mise en parallele montre que l'une est constmite pour s'imposer sur l'autre: les relais institutionnels (la FFNS), les actions de formation (stages), la production et la diffusion de methodes ne sont que les faces differentes et compl6mentaires d'un meme proselytisme. Le modele tourquennois maintient sa domination sur le pays mais est coupe des caract6ristiques du water-polo tel qu'il est pratique dans la plupart des regions. La qu6te de l'efficacite qui genere les progrks de Tourcoing n'a pas grand chose B voir, en effet, avec les pratiques les plus repandues, qui privilegient encore la force, les aspects ludiques ou la roublardise et qui doivent tenir compte des conditions materielles penibles dans lesquelles elles s'inscrivent et qui en transforment parfois les formes. Notre projet etait donc moins de saisir les relations qu'entretiennent les grands facteurs explicatifs de l'histoire des techniques avec le cas particulier du water-polo que de rendre compte des processus de legitimation et de concurrence entre des modeles techniques diffirents pour une m@meactivite. I1 s'agissait en quelque sorte de montrer comment se construit une reference technique et comment elle s'impose sur d'autres realites. L'analyse de ces rapports de dominants-domines n'est pas rare dans l'histoire du sport et, notamment, dans l'histoire sociale du sport.135 Generalement, les demonstrations s'interessent pourtant davantage aux conflits sociaux et institutionnels qu'ils produisent qu'8 la maniere dont le geste lui meme conforte en certains cas les rapports hierarchiques entre diffirents modeles de pratiques ou groupes de pratiquants. Notre approche, plus anthropologique, se veut finalement complementaire B une analyse socio-historique en revelant, h travers l'exemple du water-polo, le poids de la technique dans la construction sociale du sport. A ce titre, l'histoire des techniques corporelles doit aussi @trecelle des errances et des impasses dans lesquelles s'engage l'innovation, tout autant que celle des derives que les sportifs font subir plus ou moins volontairement aux modeles dominants. P . --- Endnotes lG. Vidal, in Le Miroir des Sports, 29/07/1920 et plus g6n6ralement sur ce theme P. Arnaud, A. Wahl, Sports et relations internationales, Actes du colloque de Metz-Verdun (23-25/09/1993), Centre de recherche Histoire et civilisation de l'Universit6 de Metz, 1994. -- 128 TERRET AND CHARROIN 2R.Hubscher, sous la dir. de, L'histoire en mouvements, Paris, A. Colin, 1992, p. 289. 3LeMiroir des Sports, N065, 29 / 09 / 1921. 4LaFFNS, cr6i.e en 1920sur les restes de la commission "Natation" de YUSFSA, devient Federation Fran~aisede Natation en 1938. Cf sur cet aspect T. Terret, Les trois naissances de la Federation Frangaise de Natation, in Esport, revue juridique et kconomique du sport, No33, decembre 1994et, plus generalement,T. Terret, L'institution et le nageur. Histoire de la Fkdiration Franqaise de Natation, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, B paraitre en 1997. SNatation,N08, 2310411922; Le Miroir des Sports, N0106, 13/07/ 1922et N0107, 20/07/ 1922. 6Eausport soleil, N0476, 23 /05/ 1931 et Natation, N0469, 410411931. 7LeMiroir des Sports, N0103, 2210611922. 8AnnuaireFFNS, 1922. 9Troisans plus tard, le m6me calcul confirme cette proportion puisque Yon trouve 350 equipes pour 3500 joueurs B comparer aux 6793 licencies de la federation (soit prks de 50% de poloistes). looncomparera par exemple H. Decoin, La natation, Paris, Nilsson, 1921 et G. Moebs, Le water-polo, in P. Moreau, G. Voulquin, sous la dir. de, Les sports modernes illustris, Paris, Larousse, 1905. I'M. Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950 (lkre ed. Journal de psychologie, 1936). 12Nouspensons notamment B P. Arnaud et G. Broyer, Des techniques du corps aux techniques sportives, in P. Arnaud, G. Broyer, Psychopidagogie des activitks physiques et sportives, Toulouse, Privat, 1985. 13G.Vigarello, Techniques d'hier et d'aujourd'hui, Paris, R. Laffont, 1992. 14Telleque la tentent G. Vigarello, op. cit. ou T. Terret, sous la dir. de, Histoire des sports, Paris, L'Harmattan, 1996. 15A.Wahl, Les archives du football. Sport et sociiti en France 1880-1980, Paris, Gallimard, 1989;J. P. Augustin, J. P. Bodis, Rugby en Aquitaine, histoire d'une rencontre, Auberon, 1994; C. Pociello, Le rugby ou la guerre des styles, Paris, A. M. Metaille, 1983; P. Gaboriau, Le vilo. Histoire sociale d'une ipopke contemporaine, Paris, L'Harmattan, 1994;A. Rauch, Boxe, violence du XX0si2cle, Paris, Aubier-Flammarion, 1992; A. M. Waser, Sociologie du tennis. Gentse d'une crise (1960-1990), Paris, L'Harmattan, 1995; J. Defrance, L'adoption de la perche en fibre de verre, in Culture technique, N013, janvier 1985; G. Bruant, Anthropologie du geste sportif, Paris, PUF, 1992, T. Terret, Naissance et diffusion de la natation sportive, Paris, L'Harmattan, 1994. 16Historyof water polo, in Free-Throw, dec. 1977; D. Hart, History of water polo, in Free-Throw, vol. 5, N02, 1978; W. Mehlberg, Le water-polo B Ykre glaciaire, in Free-Throw, dec. 1978; J. Olsen, History of water polo. Rumble in the water, in Free-Throw, April 1978; D. Lewis, Histoire du water polo. Les Jeux Olympiques de 1932, in Free-throw/Coup-franc,Summer 1981; B. Rajki, History of the rules, in International swimming and water polo, NO14 et 16,1984; J. P. S. Lopes, Estudo historico da introducao, desenvolvirnentoe desaparecimento do polo aquatic0 em Portugal no period0 compreendido entre 1907 e 1952, Ministerio d a Educacao, Direccao-Geral dos Desportos, Lisboa, 1989; P. Pelayo, Henri Padou: 25 ans de water-polo, in Plein Nord. La gazette, avril 1991; R. E. Rinehart, Fists flew and blood flowed: Symbolic Resistance and International Response in Hungarian Water Polo at the Melbourne LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 129 Olympics, 1956, in Journal of Sport History, Vol. 23, NO2 Summer 1996. Cet article s'appuie largement sur notre rapport de recherche a la FFN (I? Charroin, T. Terret, A. Gabler, L'eau ef la balle. Une histoire du water-polo, Rapport I' la FFN, 1997). 17Nousnous appuyons sur l'entretien (2911011990)que nous a accord6 Paul Lambert, successeur de Paul Beulque la directiontechnique des ENT, et des documents qu'il a bien voulu nous confier. Voir aussi P. Pelayo, Paul Beulque (18771943), op. cit. 18ENT,Plaquette souvenir des ENT, num6ro special "Semaine de la natation. Paul Beulque," 1951 (Archivespriv6es de M. Lambert). 19De14 21 21 ans, Beulque appartient B la societe de gyrnnastique "L'Union Tourquennoise" (idem). 20Lasoci6t6 est declaree le 5 / 10/ 1904 (Journal Officiel du 27110/ 1904). 21P.Pelayo, Paul Beulque, les origines de l'enseignement collectif de la natation scolaire, in Sciences et motricite', 1990, ainsi que Commissariat General B l'Education Genkrale et aux Sports, Tourcoing et les Enfants de Neptune, s.d. 1des statuts des ENT, Arch. privee de M. Lambert. 22Arti~le 23Article2 des statuts des ENT, Arch. privee de M. Lambert. 24Natation,N0929, f6v. 1980, p. 19. 25SuiteB la decision de la commission du club le 22 / 11/ 1904 (ENT, plaquette souvenir..., op. cit.). 26P.Beulque, A. Descarpentries, Me'thode de natation, Tourcoing, 1922. 271dem,Pr6face de Dron. 28P.Beulque, A. Descarpentries, Me'thode de natation. Le water-polo, Tourcoing, 1923, p. 11. 29Lesexemples sont nombreux de Boigey I' Latarjet en passant par le livret scolaire &education physique. Cf notamment Dr M. Boigey, Manuel scientifique d'e'ducation physique, Paris, Masson, 1922, pp. 469-521. 30Coefficientmettant en jeu les paramhtres precedents selon la formule A + R - E, oh A est la difference entre 25 ans et l'8ge reel du sujet pris entre 15 et 25 ans, R est la difference entre le perimhtre thoracique pris en inspiration forcee et le perimhtre abdominal pris en expiration et E est l'bcart de poids en kilo et la taille en centimhtre, depassant le metre. 31DrM. Boigey, op. cit., p. 469. 32P.Beulque, A. Descarpentries, Le water-polo, op. cit., p. 13. 33A.Wahl, op. cit. %Natation, 10/09/ 1922. 35Le"trio d6fensif" est compose des d e w arrihres et du gardien, le "trio arriere" des deux arrieres et du demi, le "trio offensif" des d e w ailiers et de l'avant-centre, la "paire du centre" du demi et de l'avant-centre. Les lignes qui suivent analysent l'ouvrage de Beulque et Descarpentries, op. cit., pp. 59-70. 36P.Beulque, A. Descarpentries, Le water-polo, op. cit., p. 69. -73 W , . .G t I' deux mains, le contrble du ----ballon en le rabattant devant sa poitrine plutbt qu'en le repoussant, la prise de rephres sur l'attitude et le regard de l'adversaire pour anticiper sur la trajectoire des tirs, le placement B 30 centimetres de ses buts, en general au centre ou sur le cbte menace, la relance immediate sur le partenaire demarqu6, etc. 38Natation,210611923. 39P.Beulque, A. Descarpentries, Le water-polo, op. cit., p. 51 130 TERRET AND CHARROIN 40Natation,27/10/ 1923. 41Natation,221 1211923. 42Lesscores sont d'ailleurs sans appel: 4 8 3 en 1919,2 B 0 en 1920,5 B 0 en 1921,5 8 1en 1922,7 8 0 en 1923. 43Natation,2 /06/ 1923,22109 / 1923. MDepuis1922 existent des rencontres France-Hollande dont la premiere s'est so1di.e par une victoire des Fran~ais.Cf Le Miroir des Sports, N0120, 19/10/1922. 45Voir1,s reactions dans Le Miroir des Sports, N0215, 2310711924. 46Natation,18/07/ 1924. 47Parexemple 5 pour 2 Parisiens dans le France-Belgique de 1925,6 pour le France-Hongrie et le France-Belgique de 1926, 7 aux championnats &Europe de 1927, etc. 48Auxquellesil conviendrait d'ajouter 21 s6lections en natation. 49Natation,18/08/1928 et 25/08/1928. 50LeMiroir des Sports, N0558, 2 / 09 / 1930. 51LeMiroir des Sports, N0621, 2011011931. 52Natation,15/ 08 / 1948. "Natation, 26 / 03/ 1927. %Natation,1/ 11/ 1948. 55Natation,28/08/ 1926. 56Natation,27/01 / 1923. 57Natation,6/10/1923 et 15/12/1923. 58Natation,6/10/1923,13/10/1923,20/ 10/1923,27/10/1923,24/11/1923,1/ 12/1923,8/ 12/1923,15/12/ 1923,29/12/1923,5/01/1924,12/01/1924. 59G.Rigal, L. Venard, La natation moderne enseignie tous, Paris, Delagrave, 1938 (1Pre 6d. 1921 ?). 'jOA. Bonnet, G. Rodier, La natation, Paris, Bornemann, env. 1924. 61P.Boucher, La natation sportive et iducative. Le water-polo, Paris, A. Girard, env. 1923. 'j2Sous-secretariatde I'Education physique, R2glement gingral d'iducation physique. MHhode fran~aise,Paris, Impr. nationale, 1925-1931. Pour le water-polo, voir le tome 2, pp. 286-291. 63CommissariatGeneral B I'Education Physique aux Sports et 8 la Jeunesse en Indochine, Riglements sportifs de la fidiration internationale de natation et de waterpolo, Impr. des sports, 1943. "FFN, Water-polo.Pricis d'enseignement, de perfectiounement et d'entrainement a 1' usage des sociis et de leurs entraineurs,s.d., env. 1942, ou FFN, Water-poloet plongeons, 1945. 'j5LeMiroir des Sports, N0389, 30 / 08 / 1927. 'j6LeMiroir des Sports, N0445, 28 / 08 / 1928. 'j7Natation,1711211927. 'j8Natation,13/09/1930. 69Parmide nombreux exemples, Natation, 27108 / 1927 ou 15105/ 1946. 70Citi,par Natation, 2410811929. 71Natation,19/0111929. 72Larevue Natation ne rate pas une occasion de d6noncer les carrences du water-polo franlais. LES HEURES DE GLOIRE DU WATER-POLO FRANCAIS 131 nA. Delahaye, Le waterpolo. Un traite'sur la technique et la tactique du jeu a I'usage des joueurs de waterpolo et des profanes et Vade-mecumdes Arbitres de Waterpolo,sl., sd. (Ere 6d. env. 1929,2" 6d. env. 1935). 74Notamment,Rkgles de water-polo conformes aux rkgles de la Fkdbation Fran~aise de Natation, SEIP, sd., env. 1941; FFN, Water-poloet plongeons, 1945. 75Natation,9/04 / 1922 ou encore le bilan critique de Marcel Brun en 1926 (Natation, 9/10/1926). 76Entretienavec M. Degueurce, polo'iste dans l'entre-deux-guerres, 11101/ 1990. 77LeMi~oirdes Sports, N0384, 2610711927. 78P.Boucher, op. cit., p. 80. Propos confirme par les souvenirs de tous les anciens joueurs interroges (cf notamment nos entretiens avec Marcel Degueurce, 11/ 01/ 1990, Louis Besson, 10/ 05 / 1990, Louis Maurel, 19/ 11/ 1990, Maurice Laurent, 10/01/ 1996). 79J.Cartonnet, Nages, Paris, Gallimard, 1935. 80G.De Villepion, Nageons !, Paris, Grasset, 1929, pp. 107-131;M. Berlioux, La natation, Paris, Flammarion, 1947, p. 222. 81Natation,27/01 / 1923. 82F. Douville, La natation pour tous, Paris, Flammarion, 1931, p. 113 ainsi que G. de Villepion, Nageons, op. cit., p. 182. 83G.de Villepion, L'eau, ma grande amie, Paris, Grasset, 1937, p. 196-97. Cf aussi E.G. Drigny, La natation, Paris, Berger-Levrault, Nouvelle 6d., 1935, p. 87-88. 84LeMiroiy des Sports, N0391, 1310911927. 85P.Boucher, op. cit., p. 80. 86Natation,26 105/ 1923. 87Natation,8/ 1211923. 88Natation,15/12/1923. Ce texte est redig6 par le Lieutenant Blot... un arbitre trhs repute du moment. 89Lesexemples sont nombreux. Cf notamment Natation, 10/ 09 / 1922 ou 30 / 05 / 1925. 9oSalmson-Creak,L'entrainement amiricain. Natation et aviron, Paris, Brenet, 1924, p. 73. 91G.Riga1 et L. Venard, op. cit., p. 69. 92Natation,5/01 11924. 93G.de Villepion, Nageons, op. cit., p. 182. 94G.de Villepion, Les nages modernes, Paris, Hachette, 1934, p. 59. 95J.Taris, La joie de E'eau, Paris, Les oeuvres francaises, 1937. 96M.Berlioux, La natation, op. cit., 1947, p. 223. 971bid. 98G.De Villepion, Nageons !, op. cit., p. 183. 991bid. 1OOTd 184 -. 'OIF. Douville, op. cit., p. 113 ainsi que notre entretien avec Maurice Laurent, 10 janvier 1996. lo2Natation,4/04/1925. lo3F.G.Bretton, J.S. Gowland, Water polo and How to Play It, London, 1896; J.A. Jarvis, The Art of Swimming, London, Hutchinson, 1902. lo4Natation,29/03 / 1923. - -. 132 TERRET AND CHARROIN lo5G.Riga1 et L. Vi.nard, op. cit., p. 69 ou P. Boucher, op. cit. p. 80. lo6E.G.Drigny, op. cit., pp. 85-86. Io7A.Bonnet, G. Rodier, op. cit., p. 31. lo8M.Berlioux, op. cit., p.222. lWH.Decoin, La natation, Paris, Nilsson, s.d., env. 1921, p. 40-41. "ONatation, 0611011923. "'Annuaire FFNS pour 1921. 112Annuaire FFNS pour 1935. l13Cf sur l'implantation des premiers bassins T. Terret, Hygienisation: civic baths and body cleanliness in late nineteenth century France, in The lnternational Journal of the Histoy of Sport, 10, 3, dec. 1993. 'l4Natation, 1/ 1211923. u5D'oiiun conflit avec la FFNS regulierement evoqui. dans Natation en 1925 et 1926. Cf aussi Le Miroir des Sports, N0320, 23/06/1926. n6Natafion,NO1,15/01/ 1922 et Le Miroir des Sports, N0538, 13/05/ 1930. l17Natation,N027, 10109/ 1922. La critique est reprise dans le NO9 du 24/09 / 1922. 118Souvenirde Maurice Blitz (1891-1975) i.voqu6 en 1970 lors d'une emission ti.levisee, cite par R. Renson, La Vlli2me Olympiade. Anvers 1920. Les Jeux ressuscitks, Comiti. Olympique et Interfkdkral Belge, 1995, p.45. l19Natation,18108/ 1923. 120Natation, 271 1011923. 121Natation, 3 / 11/ 1923. lZ2Le Miroir des Sports, N0278, 1925. lZ3G.Vigarello, op. cit., p. 9. L'auteur analyse la transformationdes techniques sportives comme la consequence de cinq grands type de facteurs: les logiques rnotrices (integrationd'experiences corporellesnouvelles, transposition de modeles d'action ou d'instruments, abstraction progressive de l'utilitaire et du concret), les facteurs technologiques et scientifiques, l'enviromement i.conomique et culture1 et la part d'autonomie relative des rhglements sportifs. lZ4L.Febvre, R6flexions sur l'histoire des techniques, in Annales d'histoire iconornique et sociale, 1935. lZ5B.Gille, Proli.gom@nesB une histoire des techniques, in B. Gille, Histoire des techniques, Paris, Gallimard, Encyclopedic de la Plhiade, 1978. lZ6M.Mauss, op. cit. l2W.Cornbarnous, La technique et la techniciti, Paris, Ed. sociales, Messidor, 1984. lZ8A.Guttmann, From Ritual to Records: The Nature of Modern Sports, New York, 1978; J.P. Calkde, L'esprit sportif, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 1985, D. Guay, La culture sportive, Paris, PUF, 1993. lZ9C.Pociello, Sport et sociiti, Paris, Vigot, 1981, P. Bourdieu, Comment peuton &re sportif ?, in Questions de sociologie, Paris, Ed. de Minuit, 1984, Y. Leziard, Sport et dynarniques sociales, Paris, Actio, 1989. 130J.P.Clement, La force, la souplesse et l'harmonie, in C. Pociello, Sport et sociiti, op.cit.; J.M. Guy, Les publics de la danse, Paris, la Documentation franqaise, 1991. 131C.Pociello, Le rugby ou la guerre des styles, op. cit. 132A. Beaudou, Le canoe mixte, in P. Arnaud, T. Terret, sous la dir. de, Histoire du sport fkminin, Paris, L'Harmattan, 1996, tome 1. '(L861 'SdVLS an" 'P? -sawax ap saxrepsxaAFn sassaxa ' s a w a x - s w ~'alla~odlo3a3ual1a3xad7)asmqaa .Iled a ? s l n d ?$? ~ e aupo~ddeasas 'asmq uz '9661 'ssaxa o$uoxo~, jo & ~ s x a 'o$uo~o~, n~ '?.~odsumpauu2 ~ojalX8n.q~ ayJ p p .g ap ~ agefino +uas?xa1a~duraxa~d 33sai -+rs .do 'UZUZUQJ pods np anyopH lap -xype-[snos '$axxa~11, p n e w ; I'535361'0g2~ 'sued 'salumj sap yud a7 .?ppos 'a1032pods ' n ~ a ~ .3 n o'asspea ~ y '~661'a2apnox 'uop exannoq uoEr - u o 'sapura~ ~ S q ~ o d' s a ~ e a x % e-1~s a p salduraxa sanb~anb .auan ap axqg el ap np sa1ewos sasuanb?suos sap +aaysxad el y 3nes np sodoxd y ?.quour e,-['ys -do 'asuexjaa -I~LIIUIO~,,