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Le magazine des entreprises adhérentes du Fafsea VISION Responsable formation, un métier en pleine mutation Fafsea n˚108 n˚116 avril-juin 2014 2016 juillet-septembre C’EST À SAVOIR DES FORMATIONS, DES RÉGIONS CPF, faisons le point ! P. 02 Une pépinière en plein vignoble bourguignon P. 19 { DOSSIER SPÉCIAL } À quoi sert la formation ? FICHE PRATIQUE PARCOURS DE PRO Dialogue social, la nouvelle donne P. 22 Xavier Laureau, agriculteur paysagiste urbain P. 24 c’est à savoir 4 janvier 2015 Entrée en vigueur du compte personnel de formation (CPF), qui découle de la loi du 5 567 101 CPF ont été financés par le Fafsea depuis 2015, année de démarrage du dispositif. 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle. C’est, en heures, la durée moyenne des CPF réalisés en 2015. Le saviez-vous ? • Le CPF peut être effectué pendant ou hors temps de travail. • Plus besoin du numéro de Sécurité sociale pour s’inscrire sur le site officiel du CPF. • Une fois votre compte ouvert, le Fafsea vous conseille et s’occupe de tout. CPF Faisons le point ! >>> Depuis le 5 janvier 2015, les salariés peuvent bénéficier d’un compte personnel de formation (CPF) qui les accompagnera tout au long de leur vie professionnelle. Quels sont les avantages de ce dispositif et, surtout, quels services spécifiques le Fafsea apporte-t-il à ses bénéficiaires ? Fafsea Infos fait le tour de ces questions en quatre réponses. 1 Un compte personnel de formation (CPF) : pour qui… et pour quoi faire ? Tout salarié du secteur privé âgé d’au moins 16 ans ou tout demandeur d’emploi peut ouvrir,puis profiter d’un CPF. Celui-ci l’accompagnera de son entrée dans la vie active jusqu’à sa retraite. Les heures de formation qui y sont inscrites sont définitivement acquises. Des milliers d’actions de formation sont accessibles sur la France entière. 2 Un dispositif à l’initiative du salarié Le CPF est à l’initiative du salarié. Après avoir créé son compte, il peut s’inscrire à la formation qu’il souhaite. Il peut la suivre en dehors de son temps de travail sans avoir besoin de l’aval de son employeur, contrairement au droit individuel de formation (DIF). S’il souhaite l’effectuer pendant son temps de travail, il doit, bien sûr, obtenir son accord. C’est d’ailleurs l’un des partis pris forts de ce dispositif : responsabiliser le salarié et le rendre acteur de sa démarche de formation. Le CPF est un outil que l’on peut partager entre le salarié et l’employeur. Fafsea N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 Une vidéo pour tout comprendre Comment s’effectue la transition entre DIF et CPF ? À combien d’heures de formation par an a droit un salarié à temps plein ou partiel ? Comment ouvrir son compte ? Quelles formations peut-on suivre ? À qui s’adresser si le nombre d’heures crédité est insuffisant ? Autant de questions qui trouveront des réponses claires sur la vidéo de 3 minutes que propose le Fafsea et qui peut, à tout moment, être regardée : www.youtube.com/watch?v=LM4iq3zSI8Y { Interview } « Accompagné par le Fafsea, mon employeur m’a aidée » 4 Le Fafsea s’occupe de tout Depuis juin 2015, le Fafsea est interfacé avec le système d’informations de la Caisse des dépôts et consignations, organisme qui gère le CPF. Concrètement, cela veut dire que les entreprises adhérentes ou les bénéficiaires du dispositif n’ont plus besoin de se connecter au site officiel moncompteformation.gouv.fr, pour y inscrire la formation souhaitée : le Fafsea s’en occupe pour eux et aide à trouver le bon code CPF. Le mode opératoire est le suivant : dès que le bénéficiaire a créé son compte et a une idée de formation, il téléphone au Fafsea qui se charge de concrétiser le projet. Un vrai « plus » pour gagner en temps et en efficacité. 3 Jusqu’à 600 heures de formation financées Selon la loi, le CPF est plafonné à 150 heures maximum. Néanmoins, pour optimiser les possibilités de formation, le Fafsea a choisi, dès 2015, de renforcer significativement son accompagnement financier sur ce dispositif. En plus de la prise en charge au coût réel de la formation, les salariés bénéficient d’un abondement supplémentaire. La prise en charge totale peut ainsi atteindre 600 heures de formation par salarié (incluant les heures inscrites sur le CPF, qui reprennent les droits antérieurs du salarié liés aux heures de DIF). Mélina Coudert, ouvrière avicole depuis trois ans dans une entreprise de trois salariés, bénéficiaire d’un CPF Vous bénéficiez d’un compte personnel de formation (CPF), à quoi vous sert-il ? Mon CPF me permet de suivre la formation de conseiller d’élevage avicole à Avipole Formation, à Ploufragan (Côtes-d’Armor). D’une durée de cinq mois, cette session m’apporte des connaissances à la fois théoriques et de terrain. Ces dernières m’aideront à évoluer dans mon métier et à occuper de nouvelles responsabilités dans l’entreprise qui m’emploie. Comment avez-vous repéré cette formation ? Comment vous y êtesvous inscrite ? Les démarches vous ont-elles semblé difficiles ? Étonnamment, cette formation m’a été proposée par mon employeur. Une fois que j’avais ouvert mon compte, et avec mon accord, mon employeur a été aidé par le Fafsea dans toutes les démarches. Accéder à cette formation ne m’a donc pas posé de difficulté particulière. Au final, sur les 735 heures de formation (560 heures au centre de formation et 175 heures de stage en entreprise), le Fafsea a financé 560 heures. sommaire retour sur l’actu p. 02/03 C’est à savoir CPF, faisons le point ! p. 04/05 Retour sur l’actu p. 06/08 Vision Responsable formation, un métier en pleine mutation p. 09/17 À quoi sert la formation ? p. 18/20 Des formations, des régions p. 18 Aider les entreprises à maintenir l’emploi grâce à la formation, en Rhône-Alpes p. 19 Une pépinière en plein vignoble en Bourgogne p. 20 Bien conseillé dans sa branche, en Paca p. 21 Études et recherches Négoce, vins et spiritueux : connaître ces métiers spécifiques p. 22/23 Fiche pratique Dialogue social, la nouvelle donne p. 24 { Formations en situation de travail } Le Fafsea et l’AFdPZ retenus pour une expérimentation Treize OPCA se sont portés volontaires pour un projet de formation en situation de travail, lancé par le ministère du Travail en 2015. À ce jour, trois initiatives portées par trois OPCA (dont le Fafsea) ont été validées par le comité de pilotage. Elles vont bénéficier d’un accompagnement de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). Cette expérimentation a pour but de favoriser l’accès à la formation des salariés des TPE/ PME, notamment les moins qualifiés. Le projet soutenu par le Fafsea et l’Association française des parcs zoologiques (AFdPZ) concerne la formation de quatre soigneurs animaliers. Ces derniers vont NATIONAL- se déplacer dans un autre parc zoologique pour une mission apprenante relative à une nouvelle espèce. À terme, les résultats devraient bénéficier à l’ensemble des TPE/PME adhérentes au Fafsea. À suivre ! Parcours de pro Xavier Laureau, agriculteur paysagiste urbain { Baromètre } Fafsea Fafsea Infos est une publication du Fonds national d’assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles (OPCA-OPACIF-OCTA). Directeur du Fafsea, directeur de la publication : Yves Honoré. Rédactrice en chef : Sabine Defrémont. Comité de rédaction : Christine Clopeau, Sabine Defrémont, Élisabeth Despointes, Jean-Alain Fougerit, Yves Honoré, Spécifique. Rédaction : Guillaume Delacroix, Frédérique Paganessi, Ximena Tromben/Spécifique, Fafsea. Recherche iconographique : Fafsea. - www.specifique.com Conception-réalisation : Crédits photos : Cnythzl, DigitalStorm, Sawayasu Tsuji, PeopleImages, LivingImages, Highwaystarz-Photography/Istockphoto ; Goodluz, Auremar, PointImages, GuruXoX, Yeko Photostudio, Mbolina, Indigolotos/Fotolia ; Thomas Louapre ; DR. Impression : Val Production Graphique, Saint-Aignan (41). N° 116 : juillet 2016. N° ISSN : 0398-1886. Dépôt légal en cours. Pour contacter le service communication : FAFSEA 153, rue de la Pompe, 75179 Paris Cedex 16 Tél. 01 70 38 38 38 - Fax : 01 70 38 38 00 E-mail : [email protected] Internet : www.fafsea.com Actions cofinancées par l’Union européenne. L’Europe s’engage en France avec le Fonds social européen. Les bienfaits de la réforme de la formation L e dernier baromètre de la formation professionnelle en Europe du groupe Cegos tend à prouver que la dernière loi sur la formation professionnelle a eu des effets bénéfiques. Il constate une montée en puissance du CPF : 80 % des salariés confirment le connaître et 55 % savent qu’ils doivent créer leur compte (contre 23 % l’an dernier). La réforme est aussi jugée positivement : 62 % des DRH et responsables formation estiment qu’elle a simplifié le droit à la formation et 57 % qu’elle permet l’accès à la formation à des catégories qui y accédaient peu auparavant. Enfin, une forte progression des formations mixtes (associant formations en salle et digitales) est à noter : 35 % des Français disent avoir appris par ce moyen au cours des trois dernières années (contre 87 % au niveau européen). Fafsea N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 EN CHIFFRES 6,9 millions d’heures de formation financées par le Fafsea en 2015 bénéficiant à 241 370 salariés et 2 597 demandeurs d’emploi. AGENDA Le Fafsea tiendra un stand dans les salons suivants : SEPTEMBRE INNOV’AGRI Rendez-vous à l’Espace rencontre, stand G14, les 6, 7 et 8 septembre 2016 à Outarville, dans le Loiret. SPACE Retrouvez-nous au Salon international des productions animales de Bruz (Rennes), du 13 au 16 septembre, sur le stand de l’Espace emploi formation, hall 5, stand C62. OCTOBRE SOMMET DE L’ÉLEVAGE Rendez-vous à la grande halle d’Auvergne de Cournon (ClermontFerrand), du 5 au 7 octobre 2016. Le Fafsea sera présent stand D107 dans le hall 1, avec ses partenaires de l’Espace emploi formation. { Prime Embauche PME } L’État se mobilise pour aider les entreprises à recruter L es entreprises et associations de moins de 250 salariés peuvent obtenir une prime afin d’alléger le coût du travail et faciliter les embauches. Cette prime, appelée « Embauche PME » est d’un montant de 500 € par trimestre*. Elle est valable pour toutes les embauches jusqu’à 1 900 € bruts mensuels intervenues entre le 18 janvier et le 31 décembre 2016, en CDD de 6 mois et plus et CDI (y compris transformation d’un CDD en CDI). Une prime cumulable La prime Embauche PME est cumulable avec l’Accompagnement de l’effort de formation (AEF Emploi), dispositif expérimental du Fafsea réservé aux entreprises de moins de 10 salariés visant à favoriser l’embauche en aidant financièrement à recruter et à former. Le recrutement en contrat de professionnalisation pour six mois ou plus est également éligible à la prime Embauche PME. Enfin, elle est cumulable avec les autres aides de l’État : réduction générale bas salaire, Pacte de responsabilité et de solidarité, Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Mais elle ne l’est pas avec le contrat de génération, l’aide à l’embauche d’un premier salarié et les aides à l’apprentissage. Pour l’obtenir, il suffit de remplir le formulaire d’aide d’embauche PME, disponible sur le site de l’Agence de services et de paiements, dans les six mois suivant la signature du contrat. Pour connaître toutes les modalités : Pour en savoir http://travail-emploi.gouv.fr/grands-dossiers/ Plus d’informations sur embauchepme * Ce qui correspond, avec les autres allègements, à 100 % de cotisations patronales remboursées pour les salaires jusqu’à 1,3 fois le Smic. l’AEF Emploi du Fafsea : www.fafsea.com/ employeurs/employeurs_ aefEmploi.php { Conseil en évolution professionnelle } Le Fafsea associé à la campagne « J’ose » wÀ compter du 21 septembre, vos yeux seront sans doute attirés par les affiches, visuels publicitaires et mini-vidéos « J’ose » diffusés dans les cinémas et les bus des villes de plus de 100 000 habitants, les journaux régionaux et les sites Internet respectifs. Cette campagne* de communication doit faire connaître le conseil en évolution professionnelle. Elle invitera à se rendre sur le site www.mon-cep.org qui « flèchera » les personnes vers le bon organisme. * Cette campagne média est orchestrée par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) aux côtés d’acteurs de la mise en œuvre du conseil en évolution professionnelle (CEP) : OPACIF/Fongecif, Apec, etc. Page 5 vision { Responsable formation } Un métier en pleine mutation >>> Le développement exponentiel du numérique et la récente réforme de la formation professionnelle placent aujourd’hui le responsable formation au cœur de la réflexion stratégique de l’entreprise. Portrait d’une fonction qui va considérablement évoluer ces prochaines années. Avant l’ère du numérique Autrefois, on « partait » en formation, en allant effectuer un stage de deux ou trois jours hors de son entreprise. Qu’il soit responsable RH ou gérant de TPE, celui qui était en charge de la formation gérait un nombre déterminé d’actions. Il était préoccupé par des taux de remplissage et des questions de co-financement. D’une formation en stock à une formation en flux Puis le monde est entré dans l’ère numérique. Les outils dématérialisés se multiplient. « Nous sommes en train de passer d’une formation en Page 6 stock à une formation en flux, analyse Marc Dennery, directeur associé de C-Campus, un cabinet de conseil en formation professionnelle et développement RH. À l’origine, la fonction de responsable formation avait pour objet de gérer des stages. En tant que tel, elle disparaît avec l’explosion du e-learning et des réseaux sociaux. » Mooc (cours collectif en ligne), Spoc (cours privé), Fest (formation en situation de travail)… « Le responsable formation se doit d’outiller les apprenants, les tuteurs et les managers, et de mettre en relation les producteurs de formation avec les réseaux de formation internes », indique Marc Dennery. En jouant sur la multimodalité : le présentiel, le distanciel et l’expérienciel. C’est une Fafsea N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 “ obligation, car jamais l’organisation du travail ne s’est autant, et si rapidement, transformée. Avec l’arrivée dans l’entreprise de générations tentées par l’hyperconnexion, « c’est une réinvention de la fonction formation qui se dessine », confirme Antoine Anglade, dirigeant au sein du cabinet Infhotep. Alors que la moitié des métiers exercés aujourd’hui auront disparu dans vingt ans, le responsable formation doit démontrer sa capacité à innover. « Le temps des projets incluant trois mois de réflexion et six mois de cadrage pour deux mois d’utilisation est fini, ajoute-t-il. Le responsable formation, quel que soit son titre, doit devenir un acteur central, agile et réactif, dans toutes les expérimentations menées dans l’entreprise. » La condition, sinon la solution, au renouvellement permanent des savoirs. Investir en misant sur la valeur ajoutée d’une formation En parallèle, la crise économique a frappé. Avec plus de cinq millions de chômeurs, la France a reconnu la formation comme un enjeu majeur dont les salariés doivent être l’élément moteur. Depuis la réforme du 5 mars 2014 de la formation professionnelle, les entreprises ont de nouvelles marges de manœuvre en matière d’investissement sur ce volet. Il s’agit maintenant de devancer les actions nécessaires au développement du salarié et aux bons résultats de l’entreprise, de justifier les investissements dans ce domaine auprès de la direction financière et de faire la promotion des nouveaux dispositifs en interne : entretien professionnel, conseil en évolution professionnelle, compte personnel de formation (CPF). En se souvenant toutefois de deux points : d’une part, le CPF ne permet de financer que des formations certifiantes de courte durée, ce qui laisse la part belle aux autres dispositifs comme le plan de formation ; d’autre part, en matière de formation professionnelle, il faut investir en misant sur la valeur ajoutée de cette dernière. Évolution progressive vers le métier de conseil Les enjeux ont basculé et, selon Jean-Pierre Willems, interrogé par l’AEF, les responsables formation « voient leur missions s’élargir vers le J’ACTIVE DE NOUVEAUX LEVIERS D’ACTION” Alizée Blotière, Responsable ressources humaines Priméale Provence (Bouchesdu-Rhône, 150 salariés) « Notre société se compose d’une exploitation agricole qui produit des jeunes pousses de salades et d’une usine de conditionnement. La formation est pour nous fondamentale, surtout en ce moment. Nous avons des projets d’amélioration de la performance industrielle, ce qui nécessite de faire évoluer les salariés sur les techniques de conditionnement et sur le management. Mon rôle de responsable formation consiste à activer de nouveaux leviers d’action, la réforme ayant réduit les budgets obligatoires tout en augmentant les obligations de former des employeurs. Grâce à l’accompagnement du Fafsea, nous trouvons aisément des solutions de financement et des organismes de formation capables de répondre à nos besoins. » « Le responsable formation se doit d’outiller apprenants, tuteurs et managers. » développement des compétences, la mesure de l’investissement formation, la gestion de parcours certifiants et l’accompagnement des salariés ». Une évolution confirmée par Vanessa LéonHenri, responsable formation de la société Fiée des Lois, spécialisée dans l’embouteillage et le conditionnement d’eau et de vin, adhérente du Fafsea : « Dans les années qui viennent, le responsable formation évoluera de plus en plus vers le métier de conseil, car il va falloir accentuer l’accompagnement des salariés, afin d’en Page 7 vision « Évaluer l’utilité réelle de la formation une fois qu’elle est terminée. » “ J’ACCOMPAGNE LA STRATÉGIE DE L’ENTREPRISE” faire des acteurs de la formation ». Les responsables formation sont prévenus : c’est une période de transition d’une dizaine d’années qui se referme et, dans certaines entreprises, une évolution catégorique de la fonction vers des missions strictes de développement des ressources humaines et des compétences des salariés. Sans compter le changement de logique visant de plus en plus à évaluer l’utilité réelle de la formation une fois qu’elle est terminée, de façon à optimiser son efficacité. La bonne voie, c’est également d’anticiper, d’investir et d’utiliser les dispositifs à bon escient. Pour en savoir • Les guides pratiques RH du Fafsea : www.fafsea.com/employeurs/employeurs_gerer_rh.php • Le blog de Marc Dennery, directeur associé de C-Campus : www.blog-formation-entreprise.fr • Le responsable formation vu par Antoine Anglade, auteur de l’étude Tous serial learners, dans une entreprise ouverte et apprenante, cabinet Infhotep, 2015 : www.demos.fr/chaines-thematiques/ responsable-formation/Pages/serial-learners.aspx • L’article de l’AEF du 8 juin 2016, par Florianne Finet : Loi du 5 mars 2014, Jean-Pierre Willems analyse les évolutions de la fonction de responsable formation en entreprise, www.aef.info Page 8 Gabriel Jeanneau, responsable ressources humaines Bureau national interprofessionnel du Cognac (Charente, 100 salariés) « Depuis les années 2000, la formation devient un enjeu stratégique. Le responsable formation est partie prenante du développement pérenne de son entreprise. Il lui revient de répondre aux besoins des fonctions opérationnelles, de les devancer en intégrant les orientations et en accompagnant ses changements, et de mettre en œuvre les évolutions légales et réglementaires. Ainsi, avec la récente réforme de la formation qui a conduit à la mise en place du compte personnel de formation (CPF), de l’entretien professionnel et du conseil en évolution professionnelle (CEP), les salariés ont l’opportunité de devenir acteurs de leur parcours. Mais ils n’en ont pas toujours conscience. En tant que responsable ressources humaines au sein de l’interprofession du Cognac (BNIC), j’ai proposé plusieurs sessions d’information aux collaborateurs. Une soixantaine d’entre eux ont participé spontanément à ces réunions animées par un conseiller CEP du Fafsea. Cette action a été porteuse puisque nous avons pu mettre en œuvre plusieurs formations dans le cadre du CPF cette année. » Fafsea le dossier N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 REPÈRES 6,9 42 % millions d’heures de formation ont été financées par le Fafsea en 2014, au bénéfice de 244 598 personnes. des métiers d’aujourd’hui en France ont vocation à connaître une forte diminution ou à disparaître, selon le cabinet Roland Berger. 85 % des salariés estiment que la formation sert d’abord à se perfectionner dans son emploi actuel, et 64 % jugent que leurs formations ont été utiles pour améliorer leur évolution dans l’entreprise. Source : Le Figaro, BVA, L’Express, BPI À quoi ? sert la formation >>> Cela ne fait plus aucun doute pour personne : dans le monde du travail tel qu’il est aujourd’hui, la formation professionnelle est indispensable. Elle l’est pour le salarié, qui se soucie de son employabilité et s’assure ainsi un avenir. Et elle l’est pour l’employeur, qui a besoin d’équipes compétentes et réactives pour une meilleure productivité. Tour d’horizon d’expériences vécues sur le terrain. le dossier 3 raisons de lire cet article w Découvrir que la formation professionnelle apporte des réponses concrètes aux problématiques des entreprises. w Trouver des recettes propres à motiver les salariés et à développer l’innovation. w Comprendre que former est synonyme d’investissement en faveur de la compétitivité. >>> Avec l’apparition constante de nouveaux métiers et la fulgurance des avancées technologiques, la formation professionnelle est devenue, dans l’agriculture comme ailleurs, un investissement aussi stratégique qu’indispensable. Pour l’entreprise, elle est gage d’innovation et de compétitivité. En somme, une assurance pour l’avenir. S’adapter à un monde qui change L e monde agricole le sait bien : la nature suit inlassablement le rythme des saisons tandis que l’économie moderne, elle, ne cesse d’accélérer. Les modes de consommation changent, les technologies muent, de nouveaux métiers apparaissent… Le travail, par ricochet, s’organise autrement. Et former ses salariés devient une nécessité, sinon une évidence, faute de quoi les compétences deviennent vite obsolètes. Ceci est d’autant plus vrai que l’économie de la connaissance est aujourd’hui globalisée. Or, en la matière, la France Page 10 est à la traîne : seuls 36 % des actifs (25-64 ans) accèdent actuellement à des formations, contre 53 % en Allemagne. Hier, certes, le système était fermé. On formait pour former. Mais aujourd’hui le système est ouvert, on forme pour répondre aux besoins de l’entreprise et de ses membres, dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Ce n’est pas un hasard si un chef d’entreprise sur deux estime ne plus pouvoir s’en passer pour s’adapter aux évolutions de son métier (source : TNS Sofres). Renforcer la crédibilité de l’entreprise Comme le montrent les témoignages recueillis sur le terrain, formation rime avec professionnalisation : elle assure une meilleure productivité en limitant, par exemple, les pannes sur une chaîne { Interview } “ La qualification de la main d’œuvre constitue une source de compétitivité majeure ” Carine Chevrier, Déléguée générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social « La formation permet d’être toujours innovant et d’anticiper les besoins futurs du marché.» de production. Elle rime avec adaptation : elle permet d’être toujours innovant et d’anticiper les besoins futurs du marché, ce qui rend l’entreprise plus crédible vis-à-vis de sa clientèle. Elle rime aussi avec motivation : en se formant, le salarié gagne en autonomie dans la gestion de son parcours professionnel, notamment à travers CléA, le nouveau certificat de connaissances et de compétences professionnelles. Elle rime, enfin, avec régulation : elle encourage la transmission des savoirs et favorise le développement personnel. Reste à trouver l’élément déclencheur. L’entreprise peut profiter d’un développement stratégique ou d’une crise pour mettre l’accent sur la formation de ses équipes. L’important est que sa décision soit réfléchie. Et, surtout, qu’elle n’arrive pas trop tard. Comment se déroule l’application de la réforme de 2014 ? La réforme n’est pas un « big bang » du système de formation professionnelle, mais des mutations profondes ont été lancées. Son appropriation est progressive dans les entreprises, avec la fin de l’obligation de dépenser et la promotion de la formation comme investissement social. Toutefois, le compte personnel de formation, mis en œuvre de façon effective depuis le 1er janvier 2015, poursuit sa montée en charge à un rythme soutenu. Les formations les plus mobilisées pour les demandeurs sont celles correspondant à l’acquisition d’un socle de connaissances et de compétences adapté au milieu professionnel, le titre interprofessionnel CléA. S’agissant du conseil en évolution professionnelle, 732 195 personnes en ont bénéficié en 2015. La montée en charge doit se poursuivre, mais avec un effort de professionnalisation. Compte tenu des retours du terrain, le texte évoluera-t-il dans un avenir proche ? Nous sommes engagés dans une démarche d’amélioration continue. Depuis ma prise de fonction en janvier, j’ai reçu beaucoup d’acteurs du monde économique, des représentants des salariés, des OPCA, des organismes de formation, des DRH aussi. Nous sommes par ailleurs en contact régulier avec l’Association des régions de France et avec Pôle emploi. Je vois bien que beaucoup d’idées circulent, mais il y a aussi un état d’esprit qui se dégage : celui de prendre le temps d’aller au bout de la réforme de 2014. Les salariés ne s’approprient pas rapidement le CPF : faut-il le modifier ? Nous sommes à près de 100 000 actions de formation via le CPF chez les salariés, la montée en charge est aujourd’hui réelle. Je rappelle que la première campagne d’alimentation des comptes de droits CPF pour les salariés, qui a débuté en février 2016, est finalisée depuis le 27 mai : 28 millions de comptes sont alimentés. En période de crise, l’investissement en formation fait partie des premières coupes budgétaires. Comment contrecarrer ce phénomène ? Les entreprises prennent leurs responsabilités et font souvent de très bons choix. Les études prouvent la nécessité de la formation, que certains appellent « investissement dans le capital humain », pour développer son plan d’activité, transmettre les savoir-faire, conserver ou conquérir des marchés, innover dans les process ou dans les produits, dans un monde qui évolue à grande vitesse. La modularisation des formations doit permettre aussi d’optimiser les coûts dans certains cas. Dans le contexte actuel, quel lien faites-vous entre formation et emploi ? Il n’y a pas de lien mécanique entre formation et emploi, même si, sur certains secteurs d’activité et sur les niveaux pré-Bac, les formations professionnelles, initiales ou continues, débouchent plus naturellement sur des emplois visant les mêmes secteurs que la formation suivie. Au-delà des débats d’experts, il y a une réalité centrale : développer l’employabilité passe, entre autres, par la formation. Et renforcer le poids de chacun sur le marché du travail, dans un monde confronté à de forts défis économiques ou technologiques, est un pari gagnant. Ça vaut pour les entreprises agricoles. Se repositionner sur des marchés à plus forte valeur ajoutée, prendre en compte les nouvelles exigences de sécurité Page 11 le dossier alimentaire et sanitaire, bref, développer l’agro-écologie, cela nécessite un effort important d’identification et d’adaptation des compétences nécessaires. Sur ce volet, le Fafsea a un rôle central à jouer dans l’offre de service, notamment aux PME. Que diriez-vous aux entreprises pour les encourager à former leurs salariés ? Les TPE et les PME manifestent une attention croissante, davantage même que les grandes entreprises, aux effets de la formation sur leur performance globale. La qualification de la main-d’œuvre constitue une source de compétitivité majeure, si l’on veut prendre le tournant de l’économie de la connaissance. La réforme de mars 2014 a pour but de créer de meilleures conditions pour relever ces défis : elle consacre d’un certain point de vue l’investissement formation des entreprises de plus de 300 salariés ; elle renforce les OPCA dans leur fonction d’accompagnement auprès des TPEPME en appui à la construction de leur politique de formation. La logique est aussi de favoriser les innovations pour diversifier les modalités d’acquisition de compétences et d’accès à la qualification. Le Fafsea est d’ailleurs partie prenante d’une expérimentation, initiée par la DGEFP, le Copanef et le FPSPP, visant le soutien au développement des formations en situation de travail dans les TPE-PME. Cette formule est particulièrement adaptée aux contraintes de la petite entreprise, vu les difficultés à remplacer un salarié le temps de la formation. Dans le secteur agricole, qu’est-ce que la formation peut apporter ? L’agriculture subit aussi de douloureuses crises conjoncturelles, comme celle générée par l’épizootie de grippe aviaire, qui a stoppé l’activité d’une grande partie du secteur pendant plusieurs mois. Néanmoins, le baromètre de conjoncture sur l’emploi agricole montre que le niveau de l’emploi reste stable : chaque année, l’agriculture recrute 50 000 CDI et 1,2 million de CDD saisonniers. Ces derniers ont un très faible niveau de qualification professionnelle et se destinent majoritairement aux travaux de cueillette et de récolte. La formation est un moyen de sécuriser les parcours professionnels de ces saisonniers. Page 12 1. CRÉDIBILITÉ « Satisfaire les clients au plus haut degré » Quelles sont les compétences requises par votre profession ? Nos conseillers sont spécialisés sur les marchés professionnels, à savoir : les artisans, les commerçants et les professions libérales, ainsi que sur le marché de l’agriculture. Nos clients attendent de nous des conseils avisés et des interlocuteurs qui connaissent leur quotidien et leur préoccupations. La connaissance des marchés est indispensable car le monde se complexifie et nos clients espèrent de nous écoute, compétences et apport d’expertise. Comment utilisez-vous le levier de la formation ? Compte tenu de notre pyramide des âges, nos équipes se sont fortement renouvelées. Même si nos activités sont très évolutives, nous cherchons à renforcer la compétence de nos équipes commerciales pour satisfaire le besoin de stabilité exprimé par le client vis-à-vis de ses interlocuteurs. Le moteur de notre politique RH et commerciale, c’est d’apporter la bonne compétence au bon client, ce que nous faisons en construisant des parcours de formation personnalisés. Les jeunes que vous recrutez sont-ils en général au niveau requis ? Ils doivent acquérir notre culture d’entreprise. C’est la raison pour laquelle, chaque année, nous mettons en place une pépinière de jeunes collaborateurs qui veulent travailler sur les marchés professionnels et agricoles. Cette formation continue en alternance dure huit à neuf mois, sur des sujets aussi variés que la fiscalité, l’analyse financière ou les techniques de vente. Véronique Sauvaget, Responsable de la banque des professionnels Caisse régionale du Crédit Agricole (Direction commerciale, Charente-Maritime et Deux-Sèvres, 200 salariés) Faites-vous appel à des enseignements pratiques ? Nos parcours de formation associent de la théorie et de la pratique, en nous appuyant sur la compétence de nos experts du siège et de notre réseau d’administrateurs sur des domaines très variés : crédit, épargne, fiscalité, connaissance des filières, etc. Ils comportent une journée de visite chez des professionnels, afin de comprendre les problématiques de ces derniers et de savoir ce qu’ils attendent de leur banquier. Notre obsession est d’arriver au plus haut degré de satisfaction de nos clients. Comment évolue votre personnel ? Nous proposons des formations commerciales en continu, dans des domaines de spécialisation comme les assurances ou la prévoyance. Il ne faut jamais perdre de vue que la formation n’est pas une affaire de spécialistes : elle concerne tout le monde, à tous les niveaux. Le saviez-vous ? w Tous les pays développés investissent massivement dans la formation professionnelle. Selon l’OCDE*, cette dernière devrait mobiliser jusqu’à 10 % du temps de travail des actifs à l’horizon 2060, soit plus du double d’aujourd’hui. L’accumulation de capital humain devient un facteur clé de croissance et de compétitivité : demain, il ne faudra pas travailler plus mais travailler mieux. À cet égard, la France est en retard : près de la moitié des 16-24 ans y présentent des lacunes à l’écrit et encore plus en calcul, observe l’OCDE. Sans action volontariste, 2,3 millions d’actifs non qualifiés seront sans emploi d’ici à quatre ou cinq ans, alors que 2,2 millions d’emplois exigeant un baccalauréat ne seront pas pourvus. * Organisation de coopération et de développement économiques Fafsea N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 2. Béatrice Reydellet, Gérante de la Scierie Reydellet (Ain, 13 salariés) COMPÉTENCES « Transmettre des savoir-faire pointus à la nouvelle génération » La formation n’est pas toujours facile à organiser. Quelle solution avez-vous trouvée ? Dans les structures de 10 à 15 salariés, ce n’est jamais le bon moment pour former les gens. Je réfléchissais sur le long terme, mais à chaque fois que la date de la formation approchait, on me disait que ça allait perturber la production. Pour pallier cette difficulté, j’ai contacté l’École technique du bois de Cormarancheen-Bugey (Ain), qui se trouve à 12 km de notre scierie, afin qu’elle prenne chaque mois un de mes salariés en formation pendant une journée. Nous avons lancé la première session au printemps 2015 et, en septembre prochain, nous commencerons la deuxième session. Comment assurez-vous les transferts de compétences ? Avec les départs en retraite, notre équipe a été profondément rajeunie et la nouvelle génération a beaucoup de choses à apprendre. Notre scierie est spécialisée dans les dimensions spéciales de débit, il faut CHIFFRES CLÉS 1 chef d’entreprise sur 2 pense que la formation professionnelle est une nécessité pour adapter sa société aux évolutions du marché, 1 sur 4 estime qu’elle est le moyen d’améliorer la productivité. 92 % des chefs d’entreprise sont convaincus que former le personnel est avant tout une solution utile pour augmenter les chances de retrouver un emploi, avant d’être le moyen de se protéger contre le risque de perdre son emploi ou d’améliorer son pouvoir d’achat. 2/3 des chefs d’entreprise affirment qu’une bonne formation donne d’abord une qualification durable, 1/3 pensent qu’une bonne formation permet de trouver très vite un emploi. Source : TNS Sofres pour l’Association des régions de France donc bien connaître le matériau bois pour pouvoir le classer correctement selon la norme, savoir utiliser les nouvelles machines et bien comprendre les besoins des clients. Quel est le contenu des formations ? La première année a été consacrée au poste de travail, à la législation et au port des équipements de protection individuelle. La deuxième sera davantage en rapport avec le quotidien de l’entreprise, avec un module sur le matériau bois. Cette année, je vais fermer l’entreprise pendant deux jours pour organiser une formation globale au marquage CE. Un formateur va venir dans l’usine pour rappeler la norme et l’appliquer suivant notre méthode de travail dans l’entreprise. La formation agit-elle comme un révélateur ? Oui, parfois, certains aimeraient changer de poste de travail mais ils n’osent pas le dire, même si le dialogue fonctionne bien avec les dirigeants. Or j’ai besoin de savoir si mes salariés pensent passer toute leur vie professionnelle au même poste ou s’ils ont envie d’évoluer. La formation permet aux salariés d’aller découvrir autre chose. Page 13 le dossier 3. INNOVATION « Anticiper et accompagner l’innovation » Régis Macé, Gérant de l’ETA Gautier (travaux agricoles et ruraux, Côtes d’Armor, 18 salariés) À quoi sert de former ses salariés ? Quand on a fini sa scolarité et qu’on entre dans la vie active, on se retrouve bien seul, quel que soit son âge. On vit sur ses acquis et on ne voit pas nécessairement l’intérêt de franchir de nouvelles étapes professionnelles. La formation sert précisément à contrecarrer cette tendance naturelle, à tirer vers le haut pour que chacun s’adapte à des méthodes de travail et à des outils qui changent en permanence. Quelle est votre stratégie vis-à-vis des jeunes ? Dans notre entreprise, nous incitons tout le monde à « faire du double ». Cela signifie qu’un salarié peut être formé par un collègue de travail pour acquérir de nouvelles compétences. Les jeunes y sont très ouverts mais les autres se montrent moins téméraires, parce qu’ils préfèrent rester dans leur zone de confort. C’est donc à l’employeur de former ces derniers, afin que les marches ne soient pas trop dures à monter par la suite. Que recherchez-vous derrière la formation ? Nous voulons accompagner l’innovation. Aujourd’hui, les technologies avancent vite et l’entreprise gagne si ses salariés devancent le mouvement. Cela vaut pour tout le monde, de l’encadrement à l’accueil téléphonique. Et cela peut concerner des sujets aussi variés que les relations avec la clientèle, les questions de sécurité ou la conduite d’engins, avec une électronique embarquée de plus en Page 14 “ FORMATION ET INNOVATION NOUS DÉMARQUENT DE LA CONCURRENCE” plus sophistiquée, qui nécessite de maîtriser des connaissances générales en agronomie. Arrivez-vous à mesurer le retour sur investissement ? Nous obtenons des résultats évidents en termes qualitatifs. Les gens sont heureux d’être formés et d’évoluer dans leur métier, ils sont fiers d’acquérir des savoirs dans la cartographie de rendement ou l’agriculture de précision, une science à tiroirs qui concerne autant la moisson que les labours et les semis. Le retour sur investissement se mesure aussi dans la satisfaction des clients. En formant nos équipes et en innovant, nous nous démarquons de la concurrence et nous sommes clairement reconnus comme un prestataire de services haut de gamme. Le saviez-vous ? w Les 32 milliards d’euros de dépense nationale réalisée chaque année en faveur de la formation professionnelle ne sont qu’un pur agrégat statistique qui date de 2012. Cette somme correspond à l’addition des investissements réalisés par les entreprises (13,7 milliards d’euros), les administrations publiques et territoriales pour leurs agents (6 milliards), l’État et les agences pour les autres publics (6,5 milliards), les conseils régionaux (4,5 milliards) et les ménages (1,2 milliard). En réalité, si l’on ne tient pas compte des rémunérations des stagiaires et de leurs frais annexes, le marché français de la formation professionnelle, compris comme le chiffre d’affaires cumulé des entreprises dispensatrices de formation, avoisine les 13 milliards d’euros. Fafsea N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 4. PRODUCTIVITÉ « Gagner en flexibilité pour améliorer la performance de l’entreprise » CHIFFRES CLÉS 85 % Stéphanie Grosset, Responsable du service des ressources humaines, et Vanessa Léon-Henri, Responsable formation Fiée des Lois, groupe Intermarché (embouteillage et conditionnement d’eau et de vin, Deux-Sèvres, 160 salariés) À combien s’élève votre investissement dans la formation ? Vanessa Léon-Henri : Notre entreprise suit une politique très forte en matière de formation et y consacre un budget conséquent. En 2015, nous avons investi l’équivalent de 4,8 % de la masse salariale, ce qui a représenté 3 500 heures de formation interne ou externe. Pourquoi fournissez-vous un tel effort ? Stéphanie Grosset : La formation est pour nous le moyen de répondre à de nombreuses problématiques que peut rencontrer l’entreprise. C’est vrai sur des problématiques RH, comme les relations entre générations, la pénibilité des chefs d’entreprise et 81 % des salariés estiment que la formation professionnelle spécialisée doit primer sur la formation de culture générale, tendance en progression. au travail ou l’égalité hommes-femmes. C’est vrai également sur des aspects plus opérationnels, comme le maintien des compétences et l’adaptation au poste, car nous veillons scrupuleusement à l’employabilité de nos salariés. Nous formons aussi énormément à la prévention-sécurité et à la polyvalence des équipes, ainsi qu’au développement des compétences à travers des parcours de professionnalisation et de validation des acquis de l’expérience. Quel est l’intérêt d’avoir des salariés polyvalents ? S. G. : L’idée est de pouvoir basculer les gens d’une ligne de production à une autre en cas de besoin. Cela donne de la flexibilité 7 dirigeants sur 10, et autant de salariés, jugent que l’apprentissage est une méthode très utile, 5 sur 10 pensent la même chose de la formation en alternance et de la formation continue. Source : TNS Sofres pour l’Association des régions de France à notre organisation et apporte de la souplesse dans la gestion de nos plannings. C’est la performance globale qui gagne au final. Concrètement, quel type de formation proposez-vous à vos équipes ? V. L-H. : Depuis 2014, nous avons mis en place un module de sept jours qui permet de former six à douze salariés par an à la conduite de ligne, en partenariat avec l’AFPI* PoitouCharentes. Cela permet notamment de donner à nos nouvelles recrues, qui ne viennent pas nécessairement du secteur agroalimentaire, un socle de connaissances de base. La prochaine étape sera d’aller vers des formations qualifiantes, avec l’aide du Fafsea. Quels bénéfices l’entreprise en retire-t-elle ? S. G. : Il est difficile de mesurer le lien entre la formation et les gains de productivité. En revanche, les bénéfices en termes de motivation et de satisfaction des salariés sont évidents. * Association de formation professionnelle de l’industrie Page 15 le dossier 5. EMPLOYABILITÉ « Maintenir les compétences face aux évolutions technologiques » Le saviez-vous ? w D’après une étude du cabinet WagePoint, les deux tiers des écoliers actuellement en classe maternelle occuperont, adultes, des emplois qui n’existent pas encore aujourd’hui. De son côté, le cabinet Roland Berger estime qu’en France 42 % des métiers d’aujourd’hui ont vocation à connaître une forte diminution ou à disparaître. À l’inverse, il existe d’ores et déjà une bonne cinquantaine de professions d’avenir, allant des chargés d’études environnementales aux designers d’expérience, en passant par les « dataminers » et les « knowledge managers ». Autant de métiers qui reposent sur des innovations majeures, à la fois sur le plan technique et sur celui des process, et qui supposent de recourir à la formation professionnelle. Votre entreprise est connue aux Antilles pour l’importance qu’elle accorde à la formation. Quel investissement cela représente-t-il ? Nous consacrons à la formation entre 250 000 et 300 000 euros par an et ce montant augmente. Au premier semestre 2016, nous avons engagé 280 000 euros et, d’ici à fin 2017, nous comptons investir 800 000 euros, majoritairement dans des actions pédagogiques. En fin de compte, nous consacrons 2 % de la masse salariale à la formation, en plus de nos obligations légales. Mesurez-vous le retour sur investissement ? Notre préoccupation est d’avoir le moins de pannes possible sur notre chaîne de production en période de campagne sucrière. Selon nos calculs, une heure d’arrêt coûte en effet 5 000 euros. En outre, nous sommes liés à la climatologie et si une réparation de machine devait durer plusieurs semaines, la richesse sucrière de la canne à sucre, elle, n’attend pas et décline avec le temps, faisant Christian Tondu, Directeur des ressources humaines de Gardel (canne à sucre, Guadeloupe, 325 salariés) baisser dangereusement nos rendements. Avoir des personnels bien formés sur ces sujets est donc hautement stratégique. Pourquoi tenez-vous autant à former vos salariés ? Nos process industriels s’automatisent de plus en plus au gré des évolutions technologiques mais aussi légales et sociétales. Nous devons former notre personnel pour maintenir ses compétences, en matière de maintenance comme dans le domaine administratif. Il s’agit d’améliorer leur employabilité et de faire en sorte que les problèmes que nous rencontrons trouvent des solutions en interne, sans avoir à faire venir des techniciens de métropole. Par ailleurs, former les salariés permet d’améliorer le dialogue social. Vous avez lancé il y a huit ans un plan d’action sur le thème de l’égalité des chances. Qu’est-il devenu ? L’accueil des collaborateurs handicapés est un souci constant, au point que nous dépassons les obligations légales en la matière. Nous considérons qu’ils sont des salariés comme les autres. Ils ne sont jamais mis au ban de la formation, bien au contraire. Début avril, nous avons signé une convention avec l’Agefiph*, une première dans la région. * Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées Page 16 Fafsea CIRAD N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 16 6. MOTIVATION « Rompre la monotonie et fidéliser les salariés » Pierre-André Leleu, Directeur régional Hauts de France Maisons familiales et rurales (formation, 587 salariés) Votre métier est de former les jeunes aux métiers de l’agriculture. Comment vos moniteurs sont-ils eux-mêmes formés ? Lorsqu’un nouveau salarié est accueilli dans une maison familiale, nous accompagnons son entrée car notre métier exige une pédagogie particulière qui ne s’improvise pas. Les moniteurs ne peuvent pas partir à l’aventure sans avoir intégré le principe de l’alternance, ils doivent savoir mettre du « liant ». Les jeunes que nous accueillons partagent en effet leur temps entre nos établissements et une entreprise, il faut donc être le plus pertinent et le plus opérationnel possible quand ils reviennent en cours, après une ou deux semaines de pratique sur le terrain. Pratiquez-vous aussi la formation continue ? Durant leurs deux premières années, nos moniteurs suivent eux aussi une formation en alternance. Ils s’engagent dans une formation pédagogique intégrant quatre modules sur deux ans et le Fafsea entre dans le dispositif pour nous aider dans cette démarche. Par la suite, comment maintenez-vous leur employabilité ? Au-delà de deux ans en maison familiale, les moniteurs continuent d’apprendre progressivement et peuvent accéder à un niveau supérieur à celui qu’ils avaient en arrivant. S’ils avaient une licence, ils peuvent par exemple atteindre le master. Nous considérons qu’il est important pour eux de monter en compétences, de s’adapter aux nouvelles réalités pour leur épanouissement personnel mais aussi pour rester mobilisés et réactifs au niveau professionnel. C’est aussi un moyen de les accompagner et permettre de mieux envisager une évolution professionnelle (mobilité de poste). Quels outils utilisez-vous ? Nous mettons en place des formations continues à partir d’un catalogue national et régional. Cela fonctionne à la carte, en fonction des besoins exprimés par les “ FAIRE GRANDIR TOUTES LES CATÉGORIES DE PERSONNEL” maisons familiales. Nous venons ainsi de former une vingtaine de salariés aux nouveaux programmes des cursus agricoles des classes de 4e et 3e. Nous avons aussi organisé un séminaire pour former nos directeurs d’établissement au projet éducatif, après une première formation sur la gouvernance. Il faut savoir rompre la monotonie et faire grandir toutes les catégories de personnel. CHIFFRES CLÉS 58 % des salariés ont accès à la formation professionnelle dans les grandes entreprises, mais c’est le cas de seulement 27 % d’entre eux dans les très petites entreprises, et ces proportions ne dépendent pas de l’ancienneté, dans un cas comme dans l’autre. 56 % des salariés ont suivi une ou plusieurs formations au cours des deux dernières années, selon l’Observatoire du travail-BPI-Réussir, et c’est la tranche des 25-34 ans qui est la plus fréquemment concernée : 65 % ont bénéficié d’une formation. 55 % des formations sont à l’initiative de l’employeur, 45 % à l’initiative du salarié et cette tendance est plus forte dans le secteur public que dans le secteur privé. Page 17 des formations, des régions C RHÔNE-ALPES Aider les entreprises à maintenir l’emploi grâce à la formation >>> En partenariat avec l’Unep Rhône-Alpes-Auvergne, la délégation régionale du Fafsea a proposé aux entreprises du secteur Paysage de mettre à profit des temps de faible activité pour former leurs salariés et ainsi transformer une difficulté en opportunité. témoignage “ UNE VRAIE BOUFFÉE D’AIR ” Sonia et Olivier Rival, cogérants de Rival Environnement « Nous avons bénéficié de ce dispositif à un moment où la conjoncture nous avait contraints à supprimer quatre postes. En accord avec le diagnostic RH fait par un cabinet d’experts, nous avons choisi de former nos salariés à plusieurs habilitations techniques que demandent certains clients et sans lesquelles nous ne pourrions pas intervenir chez eux. Au total, dans le cadre du FNE, 22 salariés ont reçu une habilitation chimique et 16 une habilitation électrique. Le dispositif a donc permis à nos équipes de monter en compétences, tout en donnant à l’entreprise une bouffée d’air bienvenue dans le contexte actuel. » Page 18 n septembre 2014, le Fafsea et l’Unep 1 RhôneAlpes-Auvergne ont fait le constat suivant : faute d’activité suffisante, les entreprises du secteur Paysage pourraient être contraintes de recourir au chômage technique. « Nous nous sommes alors demandés comment les aider à faire face à leurs difficultés et, avec l’appui du Fafsea, nous leur avons proposé de profiter de ce temps de faible activité pour former leurs salariés », explique Gilles Espic, président de l’Unep Rhône-Alpes-Auvergne. « Pour donner plus d’ampleur à cette initiative, nous nous sommes associés à la Direccte2 Rhône-Alpes, qui nous a aidés à mobiliser le Fonds national pour l’emploi (FNE) et à dégager 150 000 euros au service de ce dispositif », complète Delphine ClercGessay, conseillère formation au Fafsea. De quoi concrétiser de nombreux projets… E Le dispositif a permis aux entreprises de bénéficier de l’expertise d’un cabinet pour faire le point et repérer leurs besoins en formation et, dans un deuxième temps, de recourir aux services d’organismes de formation. Elles ont bénéficié d’un accompagnement financier substantiel. Un choix de formations varié « Le Fafsea a pris en charge au moins 50 % du plan de formation des 23 entreprises qui se sont inscrites dans la démarche », constate Delphine Clerc-Gessay. « Management, sécurité de chantier, bureautique, Certiphyto… Les formations demandées étaient variées », note Gilles Espic, qui n’a aujourd’hui qu’un souhait : « reconduire cette aide jusqu’en 2018, pour permettre à un plus grand nombre d’entreprises d’en profiter ». 1. Union nationale des entreprises du paysage 2. Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi Fafsea N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 C BOURGOGNE Une pépinière en plein vignoble >>> Le métier de tractoriste-viticole est en forte tension en région Bourgogne. Pour aider les entreprises du secteur à former et recruter de bons professionnels, le Fafsea a donc décidé de soutenir une préparation opérationnelle à l’emploi (POE) dédiée à cette profession. “ témoignage “ CETTE PRÉPARATION M’A PERMIS DE ME METTRE RAPIDEMENT DANS LE BAIN” Célestin Chaumatte, stagiaire au domaine Bouchard Père & fils « Je connais bien le monde agricole, puisque mon père possède une exploitation et que j’ai moi-même passé un Bac professionnel dans ce domaine. Néanmoins et même si, à terme, je souhaite reprendre l’affaire familiale, j’ai voulu élargir mes connaissances en découvrant le secteur viticole. Quand j’ai contacté la maison Bouchard Père & fils pour travailler chez elle, son chef de culture m’a conseillé de suivre cette formation pour acquérir les bases. Avec l’aide de formateurs, j’ai pu comprendre les techniques de la viticulture et la croissance de la vigne. Les semaines au domaine m’ont permis de passer de la théorie à la pratique et d’être rapidement “dans le bain”. » On estime entre 1 500 et 2 000 le nombre de tractoristes viticoles dont on aura besoin dans les années à venir », calcule Marie-Paule Guyot, conseillère en évolution professionnelle à la délégation régionale Bourgogne du Fafsea. Les départs en retraite, mais aussi la complexité croissante de ce métier expliquent cette demande soutenue. Apprendre à gérer du matériel high-tech « Les technologies embarquées sont de plus en plus sophistiquées et les contraintes, notamment réglementaires, de plus en plus nombreuses, observe Thierry de Bueil, chef de culture du domaine Bouchard Père & fils. Nous avons besoin d’employés capables de gérer leur matériel, de contrôler leur travail et, bien sûr, de comprendre pourquoi ils font tel ou tel geste. » Pour aider les entreprises du secteur viticole à former puis recruter des professionnels, le Fafsea finance une préparation opérationnelle à l’emploi (POE) tractoriste-viticole. Engins modernes « En partenariat avec Pôle emploi, nous repérons des demandeurs d’emploi intéressés par ce poste et les mettons en relation avec une entreprise qui recherche ce type de profil », explique Marie-Paule Guyot. Ils reçoivent ensuite une formation de base d’un peu plus de trois mois en organisme, puis complètent leurs compétences dans les domaines viticoles. « Là, ils pourront notamment travailler sur les engins modernes qui font défaut dans les centres de formation », précise Thierry de Bueil, dont l’entreprise accueille deux des huit stagiaires formés lors de cette première session. Page 19 des formations, des régions C PACA Bien conseillé dans sa branche >>> Jardinier-paysagiste à mi-temps, Jérôme Bonito a eu recours au conseil en évolution professionnelle (CEP) pour accéder à une formation d’élagage-abattage. Ses nouvelles compétences devraient lui permettre d’atteindre son objectif : créer prochainement sa propre entreprise et compléter son activité salariée. Q uand, en décembre 2015, il sollicite l’appui du Fafsea, Jérôme Bonito a un projet en tête. « Je voulais fonder ma propre société d’entretien, création de jardins et élagage, explique-t-il. Pour cela, il me fallait acquérir des compétences complémentaires dans le domaine de l’élagage et de l’abattage et développer mes connaissances en matière de sécurité. » Mais ce jardinier-paysagiste ne fonce pas bille en tête : salarié à mi-temps, il entend conserver son emploi et parallèlement, peu à peu, développer sa propre activité. Il présente son projet au Fafsea, qui lui précise qu’il peut bénéficier d’un conseil en évolution professionnelle (CEP). Dans ce cadre, il échange avec la référente CEP du Fafsea pour finaliser son plan d’action et rechercher la prise en charge de la formation dont il a besoin. protection, etc.), les arbres complexes, les diagnostics d’arbre, l’abattage, l’assistance à personne en danger dans un arbre, etc. La pratique y est également privilégiée. » Bien qu’expérimenté, Jérôme Bonito a choisi de participer à l’intégralité de la formation. C’est une activité à risque, qu’il a voulu bien sécuriser : « Cela me permet de perfectionner mes connaissances, pour, je l’espère, pouvoir m’imposer sur le marché de la taille des arbres grands et difficiles, où la demande est forte. » La pratique y est privilégiée « Deux organismes de formation m’ont été conseillés, poursuit Jérôme Bonito. J’ai opté pour celui qui est le plus éloigné de chez moi, mais qui présente l’avantage de proposer une formation de cinq mois sur les bases de l’élagage (réglementation, équipement de C “Perfectionner mes connaissances pour m’imposer sur ce marché où la demande est forte.” Page 20 S’adapter à la situation du salarié L’objectif du conseil en évolution professionnelle (CEP) est de faire un point d’étape volontaire sur sa situation professionnelle pour éventuellement mettre en place un projet d’orientation professionnelle et définir un plan d’action. Afin de répondre pleinement aux besoins et aux impératifs de chaque stagiaire, les organismes de formation pratiquent « un positionnement » du candidat. Autrement dit, ils prennent en compte les acquis professionnels de chacun et proposent au stagiaire de suivre uniquement les modules qui traitent des compétences restant à acquérir. Cette solution permet de gagner du temps de formation et d’accéder plus facilement au financement. études & recherche { Négoce, vins et spiritueux } Connaître ces métiers spécifiques visant à décrire les métiers spécifiques à la branche des industries et commerces en gros des vins, cidres, spiritueux, sirops, jus de fruits et boissons diverses. ans la poursuite des travaux engagés en 2014 sur l’analyse prospective des emplois et des métiers de la branche, les partenaires sociaux ont souhaité analyser plus finement les emplois et les compétences en jeu, au regard de la diversité des métiers et des activités des entreprises du secteur. Le cabinet Ithaque, à la demande du Fafsea, a réalisé une étude de terrain auprès d’une vingtaine d’entreprises représentatives de la diversité des activités (vins, spiritueux, sirops, cidre, etc.), mais aussi auprès des régions de production ainsi que de leurs unions D régionales. L’objectif était de dresser un panorama des principaux métiers. La base de données des Emplois Repères, construite avec les professionnels, va permettre aux partenaires de la filière d’alimenter un observatoire des métiers et des qualifications de la branche et aux entreprises d’enrichir leur Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Cela permet également au Fafsea de proposer une offre de formation adaptée aux besoins en compétences, en tenant compte des enjeux de la profession et des besoins d’évolution des salariés concernés. C >>> Le Fafsea a confié à un cabinet une étude Les Emplois Repères Collecte des supports existants dans les entreprises, constitution d’une base de données emplois/activités, valorisation des ressources issues d’études antérieures, telle a été la méthode du cabinet Ithaque pour construire la nomenclature des Emplois Repères. Au final, ce sont 21 fiches Emplois Repères qui ont ainsi été élaborées, décrivant par le menu les emplois couverts par l’Emploi Repère, les variabilités de l’emploi, les conditions d’exercice les plus courantes, les activités principales et/ ou spécifiques, les profils de formation ou de qualification requis, ainsi que les évolutions possibles de ces métiers. Cette nomenclature des Emplois Repères est classée en filières vigne, production et commerciale. Page 21 fiche pratique w Dialogue social LA NOUVELLE DONNE >>> Promulguée le 17 août 2015, la loi Rebsamen relative au dialogue social et à l’emploi introduit des modifications des règles de fonctionnement et d’organisation des entreprises. Les obligations des employeurs vis-à-vis des instances représentatives du personnel changent. Revue de détail. LES IRP, C’EST QUOI ? > Les instances représentatives du personnel (IRP) sont au nombre de trois et se déclinent sous plusieurs formes, selon la taille de l’entreprise : les délégués du personnel, le comité d’entreprise et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. À QUOI SERVENT LES DÉLÉGUÉS DU PERSONNEL ? > Élus par les salariés, ils sont les interlocuteurs privilégiés entre employeur et employés et jouent le rôle de porte-parole en cas de revendications individuelles et/ou collectives. QUEL EST LE RÔLE DU CE ? > Obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, le comité d’entreprise (CE) est composé du chef d’entreprise et de représentants du personnel. C’est l’instance où se construisent les négociations collectives sur la formation, l’épargne salariale et la prévoyance. Le CE a aussi pour mission de proposer des œuvres culturelles et sociales aux salariés. Enfin, le CE est également l’instance dans laquelle le chef d’entreprise peut diffuser des informations sur la marche générale de l’entreprise. Page 22 QUEL EST LE RÔLE DU CHSCT ? > Le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) associe le chef d’entreprise et des membres du personnel élus. Son rôle est de veiller et d’analyser les risques liés au travail, d’informer l’employeur de ces risques potentiels et de proposer des mesures de prévention. CE QUE LA LOI REBSAMEN A CHANGÉ > Depuis mars 2016, un décret permet aux IRP de se regrouper dans une seule et même instance. Dans les entreprises de moins de 300 salariés, l’employeur peut décider le statu quo ou regrouper deux ou trois de ces instances. Dans tous les cas, l’ensemble des attributions de ces trois instances est conservé. QUOI DE NEUF POUR LES TPE ? > Dans les entreprises de moins de 11 salariés (très petites entreprises), les salariés sont dorénavant représentés à travers des commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI), au sein desquelles siègent dix représentants de salariés et dix d’employeurs. Désignés pour quatre ans, tous bénéficient d’un temps de délégation et du statut de salarié protégé. Ils doivent traiter de la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC), des conditions de travail et de la santé. Dans le secteur agricole, il existe depuis plusieurs années des commissions paritaires d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CPHSCT). QUELLES NOUVEAUTÉS POUR LES PME ? > Dans les entreprises de 50 à 299 salariés (petites et moyennes entreprises), il est possible de mettre en place une délégation unique du personnel (DUP) si l’employeur, et seulement lui, le décide. Cependant, chaque IRP conserve ses prérogatives et ses compétences, y compris celle de saisir la justice. La DUP se réunit au moins une fois tous les deux mois. EMPLOYEUR, QUELLES OBLIGATIONS D’INFORMATION ? > Jusqu’ici au nombre de 17, les obligations d’informationconsultation du CE sont désormais regroupées en trois temps forts : Fafsea N°86 2009 N° 116- AUTOMNE - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 la situation économique et financière de l’entreprise ; la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi ; les orientations stratégiques et leurs conséquences (sur la GPEC, la formation professionnelle, etc.). Rappel : sur la gestion du plan de formation, le Fafsea accompagne les employeurs dans l’analyse de leurs besoins, la construction et le suivi du plan. Sur la gestion des compétences, le Fafsea propose des outils pour la fonction tuteur et pour les entretiens annuels, notamment les entretiens professionnels introduits par la réforme de la formation de 2014. LES NÉGOCIATIONS OBLIGATOIRES > A minima, elles sont désormais regroupées autour de trois thèmes : la rémunération, le temps de travail et le partage de la valeur ajoutée ; l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail ; et la gestion des emplois et des parcours professionnels. REPRÉSENTANTS SYNDICAUX, UN PARCOURS PROFESSIONNEL VALORISÉ > La loi Rebsamen a amélioré les conditions d’exercice du mandat syndical. Ainsi, la non-discrimination salariale et la représentation équilibrée entre hommes et femmes sont désormais garanties. Chaque salarié représentant du personnel a le droit de bénéficier, en début de mandat, d’un entretien individuel avec son employeur. Il a par ailleurs la possibilité de valoriser les compétences acquises grâce à son engagement syndical. Le cas échéant, le Fafsea peut accompagner les intéressés à travers le compte personnel de formation (CPF), lequel prend en charge le financement des démarches de validation des acquis de l’expérience (VAE), y compris l’expérience extraprofessionnelle. QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL, UNE NOUVELLE PRÉOCCUPATION > Autre nouveauté introduite par la loi Rebsamen : la prise en compte de la qualité de vie au travail. Elle devient un nouveau thème de négociation et un enjeu clé des négociations entre partenaires sociaux de l’entreprise. Le temps fort qui lui est consacré permet d’aborder plusieurs sujets qui touchent au quotidien des salariés : conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle, égalité professionnelle hommes-femmes, insertion des travailleurs handicapés, lutte contre la discrimination, exercice du droit d’expression directe et collective des salariés… 3 c’est le nombre de temps forts autour desquels sont désormais regroupées les obligations d’informationconsultation du CE (au lieu de 17 auparavant). C’est également le nombre de thèmes autour desquels s’articulent les négociations obligatoires avec les représentants du personnel. Pour en savoir Le Fafsea propose de nombreux services et outils à destination des entreprises et des salariés. • Le diagnostic RH permet aux entreprises d’être accompagnées sur toutes les pratiques des ressources humaines (par exemple, la mise en conformité avec la loi Formation ou la loi Rebsamen) ainsi que sur les politiques de formation. Voir Fafsea Infos 110 (Fiche pratique, p. 22) • Pour découvrir en détail l’ensemble des services proposés aux employeurs par le Fafsea (plan de formation, gestion des ressources humaines, outils pratiques au regard de la loi, grilles d’évaluation des activités permettant de clarifier les postes, les missions et leur évaluation…) : www.fafsea.com/employeurs • Sur la base de données économiques et sociales (BDES), qui favorise la diffusion des informations relatives aux grandes orientations stratégiques auprès des IRP, voir Fafsea Infos 109 (C’est à Savoir, p. 2) • Sur le plan de formation et les nouvelles dispositions à faire connaître aux salariés, voir Fafsea Infos 114 (Fiche pratique, p. 22) Le saviez-vous ? Un compte personnel d’activité pour les salariés w La loi Rebsamen du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l’emploi introduit bien d’autres nouveautés dans les entreprises. Elle prévoit ainsi que, à partir du 1er janvier 2017, chaque salarié bénéficiera d’un compte personnel d’activité qui rassemblera les principaux droits sociaux attachés à l’exercice d’une activité : le compte personnel de formation instauré l’an dernier par la réforme de la formation professionnelle, le compte épargne temps et le compte personnel de prévention de la pénibilité. L’objectif de ce compte personnel d’activité est de rendre plus lisibles les droits des salariés et de sécuriser leur parcours professionnel. Il est également de consolider la logique des droits individuels portables et de donner ainsi plus de continuité à un système de droits aujourd’hui très compartimenté. Page 23 Fafsea parcours de pros N° 116 - JUILLET-SEPTEMBRE 2016 “ Accompagnés par le Fafsea, nous cherchons à offrir aux salariés une palette de formations aussi large que possible. ” a pris la présidence de l’association Le Vivant et la ville, qui rassemble des entreprises de secteurs concentrés – comme l’eau – ou atomisés – tel que le végétal –, pour mettre en œuvre des idées nouvelles en péri-urbain. Xavier Laureau et son frère Dominique sont exploitants agricoles associés dans Gally, une entreprise familiale des Yvelines (500 salariés) qui consacre 3 % de sa masse salariale à la formation. Agriculteur paysagiste urbain >>> Co-gérant des Jardins de Gally, Xavier Laureau est un fou d’innovation. La formation est pour lui indispensable, si l’on veut attirer les jeunes vers les métiers du paysage à proximité des villes. w XAVIER LAUREAU 1986 et 1989 - Diplômé de l’Institut supérieur Agricole de Beauvais, MBA à HEC - Rejoint l’entreprise Gally 1994, 2003 et 2005 - Crée la Ferme ouverte pour recevoir des écoles, cofonde Jardins, Jardin aux Tuileries et crée le premier service de fruits au bureau 2015 Préside l’association Le Vivant et la ville. Installe une ferme urbaine et un démonstrateur de recherche en agriculture hors-sol sur une ancienne décharge de remblais, à Saint-Cyr-l’École (Yvelines) agriculture urbaine est sa passion. Parce que sa famille, depuis quatre générations, exploite deux fermes en région parisienne. Et parce qu’il est « préoccupé par les sujets qui émergent dans le domaine du paysage ». Xavier Laureau en a même fait un livre, Les 101 mots de l’agriculture urbaine, paru fin juin aux éditions Archibooks. « Je suis un militant du professionnalisme, car pour L’ réussir, il faut maîtriser toutes les règles de l’art », explique-t-il. C’est ce à quoi s’est toujours appliqué cet ingénieur agricole féru d’innovation, entré dès 1989 dans l’entreprise familiale. Dans les années 1990, il lance le concept de ferme ouverte. Dans les années 2000, il est le premier en France à proposer des fruits dans les bureaux et à concevoir des espaces verts dans les centres commerciaux. Récemment, il Un management harmonieux Xavier Laureau croit dur comme fer à la formation. L’association a ainsi créé un module qualifiant de maître jardinier. En lien avec le Fafsea, elle cherche à tirer la profession vers le haut avec des parcours innovants, tout en assurant aux personnes qui s’y destinent les compétences de base en lecture, écriture ou bureautique. « À l’heure où les salariés s’approprient le CPF, il faut leur proposer un champ de formation aussi large que possible », avance Xavier Laureau qui, à titre personnel, se forme à travers des voyages de découverte des bonnes pratiques, des échanges avec des chercheurs et des rencontres régulières avec un coach référent, pour rendre « harmonieux » le management de son entreprise. En tandem avec Dominique, son frère et associé.