avignon - Musée du Petit Palais

Transcription

avignon - Musée du Petit Palais
Découverte du musée
du Petit Palais et
de ses collections
cycle 3
Présentation
et informations
pratiques
AVIGNON
dossier
documentaire
carnet de visite
CMJN
négatif
avec le titre
Présentation et
informations pratiques
Parcours de visite en autonomie cycle 3
Présentation
Contenu éducatif
Ce parcours, permettant de mener une visite
en autonomie du musée du Petit Palais, se
compose de trois documents :
Programmes concernés : Socle commun des connaissances/
culture humaniste– pratiques artistiques/histoire des arts histoire/géographie – français.
Un document « Présentation et informations
pratiques », qui sera utile à l’enseignant
pour la préparation de sa visite.
Périodes historiques : Moyen Âge et Temps modernes (du XIIIe
au XVIe siècles) : peintures Italiennes, peintures et sculptures
provençales, bâtiment..
un carnet de visite individuel à destination
des élèves qui leur permettra de se
familiariser avec le musée, d’explorer ses
collections et de prendre la mesure de leur
grande richesse.
Domaines des arts : Arts du langage (comment mettre en image un récit, celui de la
Bible)
Arts du visuel (collection de peintures et de sculptures)
Arts de l’espace (un bâtiment du Moyen Âge remanié au cours des
siècles)
un document à destination des enseignants
( à utiliser au cours de la visite ) avec les
réponses aux questions posées aux élèves
et des informations supplémentaires qui
pourront être données au cours de la visite
Durée du parcours : 1h30
Art du quotidien (vie quotidienne et vie religieuse, cadre urbain,
aspects de la civilisation médiévale, scènes de la vie de cour)
Les collections et l’enseignement de l’histoire des arts
D’après le bulletin officiel n°32 du 28 août 2008 sur l’organisation
de l’enseignement de l’histoire des arts à l’école, au collège et au
lycée.
Liste de référence
à découvrir au Musée du Petit Palais
Le Moyen Âge
Un bâtiment civil
L’exemple d’une livrée cardinalice.
Une sculpture romane
Ensemble de chapiteaux provenant
des cloîtres de l’abbaye de St Ruf et de
la cathédrale Notre-Dame-des-Doms
(chapiteaux historiés, à l’antique, avec
des animaux fantastiques…).
Une sculpture
gothique Ensemble de sculptures funéraires
du XIVe siècle, gisants de papes, de
cardinaux, éléments de décor de
tombeaux.
Les Temps Modernes
Une peinture de la
Renaissance
La collection de peintures italiennes
permet de sentir les bouleversements
qui marquent le passage du Moyen Âge
à la Renaissance, à travers l’apparition
de la représentation de l’espace et la
maîtrise de la perspective entre autres.
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
1
Objectifs
Œuvres choisies
Appréhender quelques œuvres du musée ainsi que l’histoire du
lieu et des ses collections.
La salle 1 est consacrée aux collections de sculptures romanes
et gothiques, et présente un ensemble de fresques illustrant des
thèmes profanes (fin XIVe siècle) et qui ornaient deux salles d’une
maison de Pont de Sorgues.
Faire connaissance avec des formes d’expression, des matériaux,
des techniques et des outils.
Etablir un contact direct avec les œuvres pour conduire les élèves
à observer, écouter, décrire et comparer.
Donner des repères permettant aux élèves de situer les œuvres
dans le temps et dans l’espace, d’identifier les domaines
artistiques dont elles relèvent, en détailler certains éléments
constitutifs en utilisant quelques termes d’un vocabulaire
spécifique.
Les différents éléments présentés dans la chapelle (salle 2)
proviennent tous du tombeau que le cardinal Jean de Lagrange
s’était fait élever, à partir des années 1388-1389, dans le chœur
de l’église du collège bénédictin de Saint-Martial d’Avignon.
Le parcours de la collection de peintures italiennes suit un
ordre chronologique (de la salle 3, avec les peintures les plus
anciennes, datant du XIIIe siècle, à la salle 16, avec les peintures
plus récentes, datant du XVIesiècle) et géographique en fonction
des régions italiennes pour chaque époque.
Les salles 17 à 19 sont réservées à la présentation de la peinture
et de la sculpture d’Avignon au XVe siècle.
Salle 1 : Enroulements de feuillages, chapiteau du cloître de la
cathédrale Notre-Dame-des-Doms, Avignon
Salle 2 : Gisant du tombeau du cardinal Jean de Lagrange, église
Saint-Martial, Avignon
Salle 3 : Maître de 1310, La Vierge de Majesté avec six anges et les
donateurs Paci
Salle 4 : Taddeo di Bartolo, La Vierge et l’Enfant
Salle 5 : Lorenzo di Bicci, Crucifix
Salle 11 : Bartolomeo della Gatta, L’Annonciation.
Salle 15 : Maître des Cassoni Campana, Thésée et le Minotaure
Salle 17 : Josse Lieferinxe, Saint Michel
2
Avant la visite
La visite en autonomie
Venir au musée avec son groupe
Accueil du groupe au musée
- L’entrée au musée est gratuite pour les groupes scolaires.
- Les visites en autonomie, se font uniquement sur réservation
aux horaires d’ouverture du musée, au minimum deux semaines
avant la date souhaitée
Contact : Stéphanie Planchon Tél: 04 90 86 44 58
serviceeducatif.museepetitpalais@mairie- avignon.com
Une fiche de confirmation de visite ainsi que le règlement
intérieur du musée (à signer) vous seront envoyés par mail. Ces
documents seront nécessaires et seront à présenter à l’accueil du
musée lors de votre venue.
En fonction de l’affluence, les groupes se présentant sans
réservation peuvent se voir refuser l’accès aux salles.
En cas de retard ou d’annulation, merci de prévenir le plus
rapidement possible.
Lors de votre réservation merci de nous indiquer le nombre
d’élèves et d’accompagnateurs, ainsi que le ou les créneaux
horaires qui vous intéressent.
- Pour les classes de plus de 25 élèves, il sera nécessaire de
scinder le groupe.
Préparer sa visite
Le temps de préparation au musée est important afin de bien
repérer l’emplacement des œuvres et la configuration des salles,
ce qui permet d’anticiper au mieux les déplacements du groupe.
Pour les temps d’observation devant les œuvres, il est important
d’anticiper les conditions d’installation des élèves (place pour les
élèves assis et pour le déplacement des autres visiteurs).
Pour les enseignants préparant une visite avec leur classe,
l’accès aux collections est gratuit, sur rendez-vous.
La bibliothèque du musée : le fonds de la bibliothèque compte
plus 6500 ouvrages spécialisés dans l’histoire de l’art du Moyen
Âge et de la Renaissance, de nombreuses monographies de
peintres et d’ouvrages de référence sur l’iconographie religieuse
et profane et un fonds local concernant l’histoire d’Avignon et du
Comtat Venaissin.
Lundi, mardi, jeudi, vendredi de 10h à 13h et de 14h à 17h.
Consultation sur place
Contact : [email protected]
Tél. 04 90 86 44 58
Le service éducatif vous accueille et vous accompagne dans
l’élaboration de vos projets pédagogiques spécifiques, sur
rendez-vous, les mercredis de 14h à 16h.
Conduite de la visite Répartis en groupes (en fonction du nombre d’adultes
accompagnateurs dont vous disposerez, il est préférable de
constituer au minimum deux groupes), les élèves munis de leur
livret partent à la découverte des salles du musée.
Pour une occupation harmonieuse du musée, prévoyez de répartir
les groupes dans le musée. Faites débuter un groupe en salle 1,
puis un autre groupe en salle 3, puis en salle 5, puis en salle 8,
puis en salle 11, etc.
Le déplacement de salle en salle se fait uniquement en groupe
sous la conduite et la responsabilité des accompagnateurs.
Pour que la visite se déroule dans les meilleures conditions
possibles, merci d’avertir les enfants des consignes de sécurité.
Dans le cas de conduite irrespectueuse envers le personnel du
musée ou les autres visiteurs, la direction du musée se verra
dans l’obligation d’interrompre la visite.
Gérer le temps de visite : prévoir environ 20 minutes pour les
phases de présentation, le déplacement et de conclusion.
Le rôle des accompagnateurs
- Ils veillent au respect des règles de sécurité et gèrent les
déplacements.
- Si l’enseignant le souhaite, ils pourront également se servir du
document « réponses ». A charge de l’enseignant de préparer
ses accompagnateurs et de voir ensemble les modalités de son
utilisation.
Le matériel nécessaire
- Crayon à mine de plomb uniquement (non fourni)
- Supports (sur demande lors de la réservation auprès du service
éducatif)
- Le carnet de visite pour chaque élève*
- Le document à destination des enseignants
* sur demande auprès du service éducatif ou téléchargeable sur
le site internet du musée/photocopies à la charge de l’utilisateur
3
Histoire du musée du Petit Palais
Le musée du Petit Palais doit son nom à l’appellation familière du
Palais des archevêques dans lequel il est installé, appellation qui
lui fut attribuée par référence au grand palais voisin : le Palais des
Papes. Ce « Petit Palais » de près de 3000 m2 organisés autour
de deux cours intérieures, n’en constitue pas moins un important
témoignage de l’installation pontificale à Avignon au XIVe siècle puis
de la transformation de la cité du XVe au XVIIIe siècle, devenue une
légation puis une vice-légation du pape régnant à Rome. Enfin, cet
édifice est également emblématique du destin contemporain des
monuments médiévaux après la Révolution française.
Lors de l’installation de la cour pontificale, vingt-quatre maisons
situées à l’emplacement du musée actuel, furent attribuées («
livrées ») au cardinal Bérenger Fredol dit l’Ancien (1317-1320),
grand pénitencier de Clément V. Après en avoir acheté d’autres
dans le voisinage, il fit procéder à des démolitions et remodela
l’ensemble pour y établir sa demeure.
En 1323, Arnaud de Via, neveu du pape Jean XXII, acheta cet
ensemble aux héritiers de Bérenger Fredol pour quatre mille
florins, ce qui était une somme très importante. Il s’y installa et y
établit une demeure qu’il ne cessa d’agrandir jusqu’à sa mort en
1335.
Cependant, le pape Benoît XII décida assez vite après son élection
de rester à Avignon plutôt que de ramener le Saint-Siège à Rome.
Il convenait dès lors qu’il résidât dans un véritable palais pontifical
et non plus au sein de l’ancien palais épiscopal. C’est pourquoi il
acheta le palais d’Arnaud de Via pour y transférer le siège épiscopal :
la livrée cardinalice devint donc palais épiscopal en 1336 au terme
d’un échange de propriétés.
4
Le 14 septembre 1791 fut promulguée une loi portant réunion à
la France des États d’Avignon et du Comtat Venaissin, qui jusque
là étaient demeurés la propriété de l’Église. Dès 1791, le palais
archiépiscopal fut déclaré bien national. Après avoir été utilisé
comme lieu de détention comme beaucoup d’autres édifices, il
devint un dépôt pour les œuvres saisies chez les émigrés et dans
les édifices religieux avignonnais. Près d’un millier de tableaux y
furent entreposés avant d’être mis en vente ou transférés dans le
nouveau muséum aménagé dans l’ancien couvent de Saint-Martial.
Durant le premier quart du XIXe siècle, le bâtiment fut divisé en
lots loués à un cabaretier, des artisans et des négociants. Il fut
aussi transformé en caserne pour les troupes étrangères pendant
une décennie. Il était dans un état déplorable lorsqu’il fut acheté
par l’archevêque d’Avignon, Mgr. de Mons, pour y établir le Petit
séminaire. Il conserva cette fonction jusqu’à la loi de séparation
de l’Église et de l’État de 1905. De 1905 à 1960, le Petit Palais
devint une école primaire supérieure de garçons puis un collège
moderne et technique.
La restauration du Petit Palais, édifice classé appartenant à la
Ville d’Avignon, fut entreprise en 1961 et confiée à l’Architecte
en Chef des Monuments Historiques Jean Sonnier. L’objectif
consistait à restaurer l’édifice pour y installer un nouveau musée.
Une fois supprimés les aménagements imposés par les fonctions
antérieures, Sonnier dégagea le plus possible le bâtiment de la fin
du Moyen Âge, en laissant visibles les traces des diverses phases
de la construction.
Dossier documentaire
Parcours de visite en autonomie
Avec tout le groupe, prévoir une introduction à la visite.
Les réponses sont signalées
par un symbole et indiquées en gras
dans le corps du texte.
Si les enseignants souhaitent
faire des commentaires durant
la visite, ils ont à leur disposition
des observations et des
approfondissements
(Zoom sur une œuvre).
Cour du musée ou salle 1
➜ Pour que la visite que vous allez effectuer au musée du Petit Palais se déroule dans les meilleures conditions possibles, il est important de rappeler aux
élèves les consignes de sécurités :
—ne pas toucher les œuvres,
—ne pas marcher sur les estrades,
—ne pas s’appuyer sur les murs pour écrire,
—tenir compte des observations éventuelles des surveillants de salle qui sont
là pour faire respecter les consignes et pour accompagner le visiteur dans sa
visite.
—Il est interdit de courir, crier par respect pour les autres visiteurs.
➜ Histoire du musée et de ses collections
➜ Un art essentiellement religieux – Outil de diffusion de la foi chrétienne
Les collections du musée du Petit Palais sont très riches en œuvres d’inspiration religieuse. Elles sont à la fois des références pour comprendre les textes
fondateurs contenus dans la Bible et des repères pour mieux connaître l’histoire de la peinture. Les tableaux italiens rassemblés ici viennent presque tous
d’églises, couvents, chapelles d’Italie et datent des XIVe et XVe siècles.
Les élèves doivent savoir que toutes ces images n’ont pas été produites pour
orner les murs des musées. Elles avaient une mission bien précise à remplir :
transmettre le message de la Bible à ceux qui ne savent pas lire – et ils étaient
nombreux au Moyen Âge.
A l’époque où les peintures et les sculptures du musée ont été faites, au Moyen
Âge, la religion occupait une place très importante dans la vie des gens et la
plupart des images que les gens pouvait voir était des œuvres religieuses (pas
de télé, pas de journal, peu de livres, pas d’ordinateur…). Aujourd’hui, les histoires que racontent ces œuvres peuvent nous sembler mystérieuses mais au
Moyen Âge, les gens qui les voyaient les comprenaient très bien. Pour que ce
message soit le plus clair possible, le peintre utilisait des codes compréhensibles de tous.
➜ Remise des carnets de visite
—chaque page porte le numéro de la salle concernée et une reproduction de
l’œuvre à partir de laquelle une activité est proposée
—en bas des pages, ils trouveront un texte qui pourra leur donner des indices
pour répondre aux questions, ainsi que certaines définitions « Vocabulaire ».
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
1
Dossier documentaire
Salle 1
Fragments
Enroulements de feuillages,
chapiteau du cloître de la cathédrale
Notre-Dame-des-Doms, Avignon.
2nde moitié du XIIe siècle
Les chapiteaux présentés proviennent de bâtiments monastiques
aujourd’hui détruits comme l’abbaye de Saint-Ruf, une des premières
communautés chrétiennes d’Avignon ou le cloître de la cathédrale Notre-Damedes-Doms. La qualité des sculptures, tout particulièrement celles provenant de
Notre-Dame-des-Doms, montre la grande maîtrise des sculpteurs provençaux
qui n’ont pas cessé pendant tout le Moyen Âge de regarder les réalisations
antiques encore visibles dans notre région à cette époque.
Contre le mur de l’escalier, trois chapiteaux du cloître de pilastre de l’ancienne
abbaye de Saint-Ruf témoignent, vers 1140, les débuts de la sculpture romane
à Avignon.
L’ architecture d’un cloître reflète comme sa décoration la pensée religieuse et
porte un message. On sait que dès le Xe siècle, des moines se réunissent pour
vivre autour d’une église sur le rocher des Doms à Avignon. La vie des moines
se déroule alors autour d’un cloître, sorte de cour entourée d’une galerie
couverte : les voûtes de la galerie sont soutenues par des colonnettes et des
chapiteaux.
La sculpture médiévale a les mêmes fonctions que les vitraux et les peintures :
raconter des histoires.
Il y a plusieurs types de décor sur les chapiteaux :
- des chapiteaux inspirés de l’art antique avec des décors végétaux,
- des masques fantastiques,
- des chapiteaux historiés (qui racontent des histoires).
Zoom sur une œuvre
Outre les collections de sculptures romanes et gothiques, la première salle
présente un ensemble de fresques (vers 1380-1390). Elles ornaient deux salles
d’une maison de Pont de Sorgues, petite ville située à 10 km d’Avignon où le
pape Jean XXII avait fait construire un important château. Illustrant des thèmes
profanes : trois scènes de chasse, cinq scènes courtoises, deux fragments
décoratifs, elles apportent le témoignage précieux d’un type de décor du XIVe
siècle qui devait être fréquent en particulier dans les livrées cardinalices, sur le
modèle des scènes de chasse de la Chambre du Cerf du Palais des Papes (vers
1343), mais dont très peu d’exemples sont parvenus jusqu’à nous.
Scène courtoise : la Carole.
Avignon, fin XIVe siècle
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
2
Dossier documentaire
Salle 2
Dis-moi comment
tu es coiffé et je te dirai
qui tu es.
Gisant du tombeau du cardinal Jean de Lagrange.
Fin XIVe – début XVe siècles
La coiffe, mutilée, portée par Jean de Lagrange est une mitre.
Insigne des hauts dignitaires de l’Église, elle marque la fonction d’abbé,
d’évêque ou de cardinal.
élevé à partir de 1388, le tombeau du cardinal Jean de Lagrange est
un des plus importants tombeaux de son époque. La salle 2 présente
les éléments sculptés de ce tombeau que l’on a pu sauvegarder après
les destructions opérées lors de la Révolution française. Un dessin du
XVIIe siècle, dont une copie est présentée près des fenêtres, permet de
reconstituer ce tombeau qui atteignait 15m de haut.
Zoom sur une œuvre
S’approcher du transi et faire observer la représentation macabre d’un
réalisme et d’une précision anatomique étonnants (cage thoracique
saillante, visage creusé…).
Qui peut être ce personnage ? C’est toujours Jean de Lagrange mais
cette fois c’est son cadavre que le sculpteur a montré. Pourquoi ces
deux représentations étaient-elles sur le tombeau l’une au-dessus de
l’autre ? Quelles impressions la juxtaposition des deux crée-t-elle ?
Cela nous dit que l’on a beau être riche et puissant sur terre, la mort
nous rend tous égaux. D’ailleurs un phylactère qui flotte au-dessus du
cadavre nous indique « que tous voient, grands et petits, à quel état ils
seront réduits… pourquoi l’orgueil ? car tu es poussière et comme moi
tu redeviendras cadavre fétide, nourriture des vers et cendre ». Cette
époque est grandement préoccupée par la question du salut ce qui a
une incidence sur la représentation de la mort, après quelques grands
traumatismes comme la Grande Peste de 1348, la Guerre de Cent Ans.
Transi du tombeau du cardinal Jean de Lagrange.
Fin XIVe – début XVe siècles
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
3
Dossier documentaire
Salle 3
La collection de
peinture italienne
L’observation générale des panneaux de cette salle et de leurs points
communs permet de mettre en évidence et de comprendre quelques grands
principes régissant la peinture médiévale.
· Point commun au niveau des thèmes : c’est une peinture religieuse.
L’objectif de ces images est de transmettre un message chrétien (histoires
tirées des textes fondateurs contenus dans la Bible).
· Point commun au niveau des couleurs : recours au fond d’or qui évoque
la présence de Dieu sur le panneau et confère un caractère divin aux
représentations. Les peintres de l’époque, il y a presque 700 ans, utilisaient
tous cette technique. Puis au fil du temps, ils ajouteront un arbre, un bâtiment
et finiront par peindre des paysages entiers.
· Point commun au niveau du support utilisé pour ces panneaux peints ou
de leurs formes : c’est une peinture sur bois dont les ornements peuvent
rappeler les formes de l’architecture gothique.
Zoom sur une œuvre
Une dame habillée d’un manteau bleu tient un enfant sur ses genoux, elle
est assise sur un trône, elle est entourée de 6 anges qui ont le regard tourné
vers eux. En bas du trône un homme et une femme de taille beaucoup moins
importante sont agenouillés et lèvent leurs mains en prière vers eux. Entre
eux un texte figure : il nous apprend que Filippo Paci et sa femme Jacoba ont
commandé ce tableau au peintre en 1310. Par contre, on ne connaît pas le nom
du peintre car il n’a pas signé le tableau c’est pourquoi on l’a baptisé “Maître
de 1310”.
Est-ce que des personnages semblent plus importants que d’autres dans ce
tableau ? La femme et l’enfant qui sont placés au centre et qui ont une taille
plus importante que les autres, de plus tous les personnages du tableau ont le
regard tourné vers eux. Le peintre a choisi de les mettre en valeur car ce sont
l’enfant Jésus et sa mère Marie.
Mais comment le sait-on ? Pour les gens du Moyen Âge, ça ne faisait aucun
doute : un personnage féminin assis sur un trône et qui tient un enfant sur ses
genoux, ça ne peut être que Marie et Jésus. Pour être sûr que tout le monde
les reconnaisse, le peintre utilise des codes communs à tous les peintres : la
Vierge est par exemple le plus souvent habillée d’un manteau bleu.
Maître de 1310.
La Vierge de Majesté avec six anges et les
donateurs Paci. 1310
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
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Dossier documentaire
Salle 4
Peindre au Moyen Âge
Grâce à l’observation des tableaux de cette salle, les élèves ont entouré
les outils et matières servant au peintre: la feuille d’or, l’œuf, le panneau de
bois, le mortier et les pigments.
Zoom sur une œuvre
Regardez bien ce panneau peint par Taddeo di Bartolo : on peut voir comment il
a été peint car le peintre a laissé des traces de son travail et le tableau un peu
abîmé laisse apparaître les différentes étapes de sa réalisation.
Taddeo di Bartolo. La Vierge et l’Enfant.
Vers 1393
Est-ce que le maître a pu peindre directement sur le bois ?
Non, car la surface du bois, peut-être irrégulière, en plus on ne veut pas que les
veines ou les nœuds du bois se voient par transparence.
Il faut préparer le panneau de bois avant de peindre : - Le peintre passe plusieurs couches de gesso (préparation blanche
de gypse et colle de peau) pour avoir une surface bien régulière
(dans lequel on aperçoit, sur la droite, la toile de lin noyée dans la
préparation),
- puis il dessine alors les contours de son personnage avec un stylet (un
stylo sans mine) ;
- le peintre pose ensuite le fond d’or : là, une nouvelle préparation est
nécessaire : pour que l’or s’accroche bien sur le tableau, il faut passer
une couche de bol d’Arménie (un mélange de terre rouge et de blanc
d’œuf ou de colle).
- La pose du décor poinçonné pour les auréoles et les bordures à l’aide
de divers poinçons,
- ensuite le peintre peut poser les feuilles d’or. Parfois les feuilles d’or
qui sont très fines se sont usées : on voit parfois réapparaître le bol
d’Arménie.
- La couche de verdaccio sous les visages et autres carnations : souscouche de terre verte mêlée de blanc.
- Il peut enfin poser les couleurs.
Quelle peinture utilisaient les peintres du Moyen âge ?
Les tubes de peinture n’existaient pas à cette époque : le peintre devait fabriquer
lui-même ses couleurs.
La peinture est un mélange de pigments qui donne la couleur et de liant qui
permet d’étaler les pigments. Il faut broyer très finement les pigments puis les
mélanger au liant. Pour les pigments, on utilise toutes sortes de choses : des
insectes, des plantes, des pierres, de la terre, des ocres…
Pour le liant, les peintres italiens du Moyen Âge utilisaient le jaune d’œuf, plus
tard, les peintres utiliseront l’huile, on peut aussi se servir de l’eau comme
liant.
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
5
Dossier documentaire
Salle 5
Suspendu !
La présentation du crucifix de Lorenzo di Bicci évoque la manière dont
était vu ce type d’œuvres dans les églises.
A partir du XIIIe siècle, la décoration des églises qui semble-t-il était cantonnée
jusque-là aux fresques et mosaïques sur les murs, s’enrichit de tableaux
indépendants placés devant l’autel ou suspendus dans la nef comme les
crucifix.
Lorenzo di Bicci. Crucifix.
Dernier quart du XIVe siècle
Les découvertes réalisées lors de l’étude radiographique des panneaux ont
parfois été surprenantes comme cela a été le cas pour ce Crucifix dont l’image
aux rayons X révèle la présence de quatre bras : deux en croix, deux descendant
le long du corps. Si l’on observe le haut de ces bras verticaux, on s’aperçoit
qu’ils correspondent aux cassures latérales des épaules du Christ et qu’ils sont
les membres originaux, accidentés, fracturés en plusieurs endroits et dont les
extrémités des mains ont été coupées.
Il faut donc admettre que cet ouvrage, accidenté dans des conditions que nous
ignorons, a été restauré à une date ancienne et que, pour des raisons sans
doute religieuses, il n’était pas concevable que les bras du Christ puissent être
supprimés. Ils ont donc été incrustés dans le fond du crucifix, recouverts de
pièce de toile et d’enduit afin de consolider l’ensemble et d’aplanir la surface,
puis recouverts d’or et d’un nouveau décor. D’autres bras ont été conçus, peints
et inclus dans le crucifix
Ce Crucifix portait également des traces d’usure particulièrement marquée au
niveau des pieds du Christ qui à n’en pas douter devaient être régulièrement à
portée des fidèles. Ces usures témoignant de la dévotion particulière autour de
cette image religieuse ont été conservées.
Radiographie du Crucifix
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
6
Dossier documentaire
Salle 11
De la profondeur, enfin !
Le point de fuite de la perspective est situé au fond du tableau au milieu,
il passe à travers l’ouverture par laquelle on peut apercevoir une tour au loin.
Jusqu’au début du XVe siècle, les images produites par les peintres sont jugées
en fonction de leur qualité narrative plutôt que de leur degré de réalisme. Ces
images, devant insister sur la divinité des scènes peintes, utilisent fond d’or et
perspective hiérarchique qui sont difficilement compatibles avec le souci du
réel !
Les mentalités changent pourtant et le courant humaniste va placer l’homme, et
non plus Dieu, au centre de tout. Dans le domaine de la peinture, ce changement
aboutit à un intérêt de plus en plus grand pour la représentation du monde tel
que le voit le peintre et non pas tel qu’il le conçoit intellectuellement.
Le souci de la représentation de la profondeur sur une surface en deux
dimensions entraîne les peintres florentins à mettre au point au début du XVe
siècle la perspective centrale à point de vue unique : la position du peintre
détermine la représentation de l’espace au moyen de droites parallèles
convergeant à l’infini vers un point du tableau.
De nombreux traités théoriques sur la perspective voient le jour, donnant lieu
à de nombreux débats et interprétations : la peinture devient une discipline
intellectuelle, et non plus une activité manuelle, qu’il faut placer aux côtés de
la grammaire, de la rhétorique ou de l’arithmétique parmi les arts libéraux.
Bartolomeo della Gatta. Annonciation.
Fin XVe – début XVIe siècles
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
7
Dossier documentaire
Salle 15
Mythologique !
Maître des cassoni Campana.
Thésée et le Minotaure.
Vers 1510-1515
1
2
3
Histoire à lire aux élèves avant de répondre aux questions :
La prise d’Athènes par Minos, roi de Crète
Pour venger l’assassinat par Egée de son fils Androgée, Minos s’empare
d’Athènes et impose un traité à la ville qui l’oblige à livrer régulièrement sept
jeunes gens et sept jeunes filles en pâture au Minotaure. Ici un premier lot de
prisonniers est emmené en Crète.
Thésée et le Minotaure
Thésée fils d’Egée, roi d’Athènes, fait partie du convoi de jeunes gens destinés
au minotaure. Il rencontre les deux jeunes filles de Minos, Phèdre et Ariane.
Celle-ci lui remet une pelote de fil grâce à laquelle il pourra retrouver son
chemin dans le labyrinthe du minotaure. Il s’enfuit avec les deux jeunes filles.
1 -après l’arrivée du bateau amenant en Crète les Athéniens et Thésée,
Thésée rencontre Ariane et Phèdre
2 -Ariane donne à Thésée le fil qui lui permettra de retrouver son chemin
dans le labyrinthe
3 -Ariane et Phèdre attendent Thésée devant le labyrinthe et Thésée tue le
Minotaure
4 -Thésée part avec Ariane et Phèdre
Si vous avez le temps, racontez la fin de l’histoire :
Ariane à Naxos
Le navire fait escale à Naxos, où ils dorment dans un lit sous les arbres, mais
profitant du sommeil d’Ariane, Thésée s’enfuit avec Phèdre. Ariane reste
seule, elle sera consolée par Bacchus avec son cortège de buveurs, faunes,
bacchantes et musiciens sur un char tiré par deux chevaux à tête anguiforme.
Au loin Thésée s’approche des rives d’Athènes mais il a oublié de hisser
une voile blanche, signe convenu de la victoire. Son père le croyant mort se
précipite dans la mer depuis les tours de son palais.
La fonction exacte des quatre panneaux présentés en enfilade est discutée mais
l’hypothèse la plus généralement admise est qu’il s’agit de panneaux provenant
de cassoni, ces coffres peints allant généralement par paire qui faisaient
partie du trousseau des mariées italiennes. L’imagerie que l’on rencontre sur
ces coffres peints célèbre l’union entre deux familles ; par l’emploi de récits
tirés d’abord de la Bible puis de textes antiques (sujets mythologiques) remis
à l’honneur à la Renaissance, elle transmet un message au jeune couple. La
présence des armoiries de huit grandes familles florentines accrochées sur le
bateau au premier plan du panneau Thésée et le Minotaure renvoie peut-être à
un événement lié à l’alliance de ces familles.
4
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
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Dossier documentaire
Salle 17
Le Bien et le Mal
Ce tableau montre le combat entre saint Michel, l’archange guerrier
(armure, épée…) et le diable représenté sous les traits d’un monstre aux formes
animales et composé de parties de divers animaux réels :
- ailes de chauves -souris
- pattes et bec d’oiseau de proie
- corne de bovin
- queue de lion
Si la première École d’Avignon, autour de la cour pontificale, au cours du
XIVe siècle est profondément marquée par les peintres italiens, la seconde
École d’Avignon, pendant la seconde moitié du XVe siècle, montre une nette
prédominance de l’influence flamande. L’instauration de la légation pontificale
en 1432 aboutit à un rétablissement de l’ordre et de la sécurité à Avignon ;
la Provence qui avait connu une grave crise à la suite des négligences de la
Reine Jeanne (1343-1382) retrouve elle aussi le calme particulièrement
avec l’accession au trône en 1434 du roi René. Les conditions sont réunies
pour voir renaître à Avignon, une vie artistique florissante : les documents
d’archives ont livré les noms de plus de 300 artistes établis ou de passage en
Provence, dont les deux-tiers à Avignon, pour la seconde moitié du XVe siècle.
Malheureusement de nombreuses personnalités qui semblent de premier ordre
ne sont plus aujourd’hui que des noms sur ces documents et nous ne pouvons
leur attribuer aucun panneau. Le peintre emblématique de cette seconde
École d’Avignon, autant par son style que par son parcours, est Enguerrand
Quarton présent dans cette salle avec le retable Requin. Venus très souvent
de régions nordiques, les peintres de l’Ecole d’Avignon sont marqués par la
lumière provençale, vive et crue. Le traitement de la lumière est en effet une
des caractéristiques majeures de ces peintures : elle sculpte les personnages
et les objets. Mêlant influences flamande et italienne à ce traitement particulier
de la lumière, les artistes avignonnais créent une peinture empreinte de force
et de monumentalité. Avignon est alors un des plus grands foyers de création
picturale en Europe.
Josse Lieferinxe.
Saint Michel terrassant le démon.
Fin du XVe siècle
Zoom sur une œuvre
Avec cette énigme faire retrouver un autre « monstre » dans la salle 18 : Je
suis une bête monstrueuse qui terrorisait la région de Tarascon. Apprivoisée
par une sainte femme qui m’a passé une laisse autour du cou, je suis devenue
très sage ; les habitants de la région en ont profité pour me tuer.
Je suis … la Tarasque
Attribuée à Jean
de la Huerta.
Sainte Marthe.
Vers 1446
La Tarasque répandait la terreur autour de Tarascon. Hantant le Rhône, la
bête perturbait la navigation et se plaisait à faire chavirer les navires. Lors de
ses incursions sur les rives du fleuve, au temps où la forêt était encore dense,
elle dévorait moutons, enfants et bergers. C’est à sainte Marthe que revient
l’honneur d’avoir dompté ce monstre.
Découverte du musée du Petit Palais et de ses collections cycle 3
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