Analyse comparée Les Fées et Broca

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Analyse comparée Les Fées et Broca
Animation pédagogique / Christophe JEGAT / Analyse littéraire Cycle 3
Proposition de séquence de littérature en Cycle 3
Etude comparée des contes Les Fées de Charles Perrault et La Fée du
robinet de Pierre Gripari (dans Contes de la rue Broca)
Objectifs de la séquence :
comprendre et interpréter un conte traditionnel puis le confronter à un récit
contemporain en repérant les aspects que prend la transposition du conte originel.
Prendre conscience qu’une œuvre littéraire classique peut trouver des échos dans la
production actuelle (=> mise en réseau des œuvres / Intertextualité)
Séance 1
Durée : 1h/1h30
Objectifs :
- produire une compréhension littérale et approfondie du conte en faisant les éclairages
nécessaires
et
en
s‘appuyant
sur
la
capacité
d’écoute
des
enfants.
- relever les informations essentielles pour construire un résumé.
Matériels : le conte (version papier) + ordinateur et enceintes.
Déroulement :
1.
2.
Le maître fait écouter les Fées (5mn40)
Ensuite, le maître demande à la classe une reformulation de l’histoire afin de s’assurer de
la compréhension littérale du récit.
Il est important de faire la différence entre ce que les élèves sont capables de comprendre
seuls et ce que le maître doit éclairer. Les élèves peuvent construire une image globale
cohérente de la succession des événements et identifier sans difficulté les personnages
qui sont peu nombreux et fortement caractérisés. En revanche, certains éléments textuels
risquent de leur poser problème et devront être éclairés avec l’aide du maître. C’est le cas
des tournures du XVIIème siècle : " Oui-da ma bonne mère ", " Il me ferait beau voir ", "
tout à l’heure ", " Buvez à même ". Il en est de même pour le lexique à l’exemple de "
brutale ", " obligeante ", " honnêteté " et " malhonnête " dont le sens a varié depuis
l’époque de Charles Perrault.
Le maître attirera l’attention des élèves sur certains passages du texte qui nécessitent des
inférences pour être compris. On notera par exemple l’ironie dont fait preuve la
méchante sœur à l’égard de la fée en utilisant une antiphrase développée sur un
paragraphe entier :
" Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ?
Justement, j’ai apporté un flacon d’argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J’en
suis d’avis : buvez à même si vous voulez ".
De même, lorsque la mère soupçonne la fille cadette d’être la cause de la malédiction dont
sa sœur est victime, il est difficile pour les élèves d’envisager la malveillance et la
méchanceté de la mère.
De plus, il conviendra de s’intéresser plus particulièrement au personnage de la fée dont
l’identification risque d’être difficile en raison de ses différentes transformations.
Sur une affiche, le maître transcrit un résumé du conte élaboré par les élèves.
1
Animation pédagogique / Christophe JEGAT / Analyse littéraire Cycle 3
3.
Une fois ce travail fait, réécouter le conte
Séance 2
Durée : 1h/1h30
Objectif :
Analyse littéraire : relire et interpréter un conte merveilleux traditionnel en repérant la structure
en miroir, la portée morale, les caractéristiques et les stéréotypes du conte.
Matériel : la version papier des Fées
Déroulement :
1. Le maître expose l’affiche élaborée lors de la séance 1
2. La classe est partagée en deux parties. Les enfants travaillent par binômes. Une moitié de
la classe travaille sur la première partie du conte, ce qui arrive à la sœur cadette. L’autre
moitié travaille sur ce qui concerne la sœur aînée. Ils sont invités à remplir un tableau
faisant figurer les lieux, l’époque, les objets, les personnages, les actions et les dons.
Une synthèse est opérée collectivement sur deux affiches comportant chacune un de ces
tableaux. Une confrontation de ces deux tableaux fera apparaître l’opposition terme à
terme des différents éléments et on en déduira la construction en miroir du conte.
Prolongement possible : On pourra également susciter chez les enfants la mobilisation de
leurs connaissances sur le conte merveilleux traditionnel en attirant leur attention sur la
figure ambivalente et polymorphe de la fée (La Belle au bois dormant, Blanche-Neige…),
ainsi que sur la dualité des filles (Cendrillon et au-delà, dans Les Misérables, les filles
Thénardier opposées à Cosette).
3. Collectivement, les enfants sont invités à expliciter la moralité du conte. Puis, le maître
affiche les deux moralités de Charles Perrault. Il s’agira, en les explicitant, de montrer le
caractère universel, non daté du message diffusé par le récit. Il convient ici d’aborder
avec les enfants la notion de présent de vérité générale.
Séance 3
Durée : 1h30
Objectif :
Confronter le conte de Charles Perrault au conte moderne de Pierre Gripari en repérant et en
interprétant les procédés de détournement et les effets qu’ils produisent + notions d’explicite et
d’implicite
Matériel : le conte La Fée du robinet, découpé en 5 parties comme précisé ci-dessous.
Dispositif pédagogique :
1.
Les enfants prennent connaissance de La fée du robinet grâce à la lecture du récit par le
maître. Ils ne disposent pas du texte.
Chaque élève est invité à noter ce qu’il a compris et ce qu’il pense du texte en lien avec les
lectures déjà effectuées.
Réponses attendues :
Les enfants vont remarquer une proximité entre les deux contes et vont mettre l’accent sur
les éléments communs aux deux récits (les deux filles, la fée, la fontaine, les dons…). On peut
penser qu’ils repèreront la dimension comique et décalée de la version moderne.
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Animation pédagogique / Christophe JEGAT / Analyse littéraire Cycle 3
2.
3.
Une mise en commun a lieu à l’oral durant laquelle le maître note au tableau les domaines
concernés (Par exemple : Marie et Martine = les filles = les personnages ; La Gaule, la
fontaine, la rue Broca, la cuisine, l’évier = les lieux …).
Par groupes de trois ou quatre, les enfants sont invités à comparer précisément un extrait
du texte de Gripari avec Les Fées.
Le texte intégral est découpé en cinq parties. Chaque groupe prend un extrait en charge.
(En fonction du nombre d’élèves, on peut envisager que le même extrait soit donné à
plusieurs groupes). Les cinq parties sont les suivantes :
1ère partie : du début jusqu’à " Personne n’ouvrait le robinet de toute la nuit ".
2ème partie : depuis " Une fois cependant, l’aînée des filles… " jusqu’à " … elle en crache
une grosse. ".
3ème partie : depuis " À partir de ce jour-là, les parents obligèrent Martine… " jusqu’à " …
et leur expliqua par écrit ce qui s’était passé la nuit dernière. ".
4ème partie : depuis " Tout affolés, ces parents la menèrent chez un médecin… " jusqu’à "
Mais où le chercher ? "
5ème partie : depuis " Tout en réfléchissant, elle était sortie dans la rue… " jusqu’à la fin.
Réponses attendues : Les enfants vont relever des transpositions : des différences dans la
désignation et la caractérisation des personnages, une prolifération de détails dans
l’évocation des lieux, des allusions précises au contexte historique et religieux, etc.
Lors de la mise en commun, l’accent sera mis sur l’éventuelle portée morale du conte "
moderne ", en particulier sur le statut de victime des deux sœurs et même de la fée.
4.
Pour clore la séance, le maître demande s’il y a une moralité dans le conte de Gripari. Les
enfants vont sans doute répondre par la négative. En effet, il n’y a pas de moralité
explicite, comme chez Perrault. Leur demander alors quelle est la leçon qu’il faut retenir
du conte de Gripari. Là, en expliquant ce qu’ils doivent retenir, ils vont prendre
conscience qu’il y a bien une moralité, mais qu’elle n’est pas explicite. Introduire alors la
notion de morale implicite.
Prolongement possible (CM2)
Séance 4
Durée 1h30
Objectif : aborder la notion de registre comique et dégager des procédés littéraires qui
permettent de construire ce registre.
Matériel :
Déroulement :
1.
En début de séance, le maître pose les questions suivantes : « Est-ce qu’on peut dire que
l’histoire racontée par Gripari est la même que celle racontée par Perrault ? » Les réponses
vont être autant positives que négatives. Il convient donc de dégager l’originalité du conte
« moderne » par rapport à celui de Perrault. Amener les enfants à percevoir la dimension
comique chez Gripari, absente chez Perrault.
Option A : Donner aux enfants la grille suivante :
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Types de comique
Passages (relevés précis)
Le comique de mots joue sur les mots,
les répétitions volontaires d’expression,
les accents, les décalages de tons
Le comique de gestes concerne les
mouvements inattendus, les chutes, les
coups de bâton, les jeux de cache-cache,
les déguisements saugrenus …
Le comique de situation est lié à
l’intrigue et fonctionne sur le malentendu
ou la surprise
Le comique de répétition (qui peut
recouper chacune des rubriques cidessus)
Le comique de caractère exagère les
défauts humains.
Demander aux enfants de relire le conte et de remplir la grille, en citant avec précision les
passages retenus.
Option B
Une fois que le caractère humoristique du conte de Gripari a été bien identifié, faire relire
à voix haute le conte par les enfants (à tout de rôle), avec pour consigne d’exprimer la
dimension
humoristique
dans
l’expression
et
dans
le
ton.
** ** **
Durée de la séquence : environ 6h
Les durées indiquées sont variables
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