9 bornes Un parcours dans Saint-Gabriel
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9 bornes Un parcours dans Saint-Gabriel
UN PARCOURS DANS SAINT-GABRIEL PRÉSENTATION GÉNÉRALE Nous allons prendre le parcours tel qu’il est proposé à l’envers, mais cela ne nous empêchera pas de traverser Saint-Gabriel, dans son espace, dans son histoire, dans son influence sur le Saint-Gabriel d’aujourd’hui, ici et ailleurs. 1ere étape : LOURDES (1838) De l’autre côté de la Sèvre qui traverse Saint-Gabriel, un terrain s’étendait avec une partie très rocailleuse. Les frères louent d’abord ce terrain aux Filles de la Sagesse avant de l’acheter en 1884. Partout en France, la ferveur populaire invitait à se tourner vers Lourdes. Les frères, dont l’établissement était depuis l’origine sous la protection de la Vierge Marie, ne sont pas restés à l’écart de ce mouvement et ils ont fait tailler une grotte de Lourdes et fait aménager un sentier dans la colline en 1887. Ils ont vite adopté ce lieu comme lieu de pèlerinage en égrenant leur chapelet et, pour les élèves, ce lieu était aussi un lieu de calme et de paix, un lieu de communion avec la nature, le chant de la Sèvre en bas et des oiseaux dans les arbres. Pour les Saint-Laurentais, ce fut aussi un lieu de promenade et de recueillement. Entrons dans notre parcours en nous laissant aussi porter par un chant à Marie et confions lui nos intentions. 2ème étape : CIMETIÈRE DES FRÈRES Commencer l’inauguration du parcours par l’évocation d’un cimetière, quelle idée surprenante, pensent peut-être certains. Et pourtant ! À Saint-Laurent un premier cimetière des frères avait été ouvert en 1843. Celui-ci, le deuxième, a été ouvert en 1895. Il a été utilisé jusqu’en 1978. À partir de cette date un nouveau cimetière de la congrégation a été ouvert à la Hillière, à Thouaré-sur-Loire, près de Nantes. Ce cimetière, il avait été question de le déplacer ! Pas question ! ont protesté de nombreuses voix, et pas seulement celles des frères. Ce cimetière fait partie de l’institution Saint-Gabriel. C’est un lieu de mémoire reconnu et respecté, non seulement par les frères, mais par tous ceux qui aujourd’hui ont pris le relais et continuent l’œuvre éducative des frères. Ici reposent 696 frères. Parmi eux, six supérieurs généraux, vingt assistants. Sont également enterrés huit aumôniers, cinq jeunes en formation, douze employés de l’établissement Saint-Gabriel. Tous, ils appartiennent désormais à l’histoire, mais ils ont fait l’histoire. Ils ont été les acteurs, d’une manière ou d’une autre, de la belle aventure spirituelle et humaine vécue par les frères de Saint-Gabriel, ici à SaintLaurent mais aussi dans un grand nombre d’écoles, de collèges ou de lycées. Des générations de frères ont consacré leur vie passionnément à l’éducation, avec des talents multiples : certains ont œuvré dans l’enseignement général, dans l’enseignement technique, dans l’enseignement agricole. D’autres ont passé leur vie au service de l’éducation des sourds ou des aveugles. Parmi tous ces frères se trouvent des bâtisseurs, des hommes de culture, des artistes, des pionniers, des missionnaires, mais aussi des frères engagés dans de nombreux emplois de service. Leur parcours fut parfois jalonné d’épreuves. Comme tout un chacun, la croix chère à Montfort a été bien souvent plantée au cœur de leurs vies. Tous à leur manière, avec leurs talents, ils ont collaboré à l’éducation de générations de jeunes. Tous animés par une foi humble et solide, disciples du père de Montfort. S’ils pouvaient nous parler aujourd’hui, je crois qu’ils seraient très étonnés de nous voir ici rassemblés. Je les entends demander à voix basse : - Que se passe-t-il aujourd’hui au « pensionnat » Saint-Gabriel ? Qui sont ces visages qui semblent venir de si loin, de l’Afrique, de l’Asie, de la Thaïlande, de la Malaisie, du Brésil, de Madagascar, du Canada. Ah ! Quelques Européens tout de même ! - Mais ce sont des frères ! Ce que vous avez semé depuis 150 ans continue de donner du fruit. Il y a aussi des membres des familles des frères et de nombreux amis des frères ! Alors, pleins de reconnaissance et en action de grâce, tous les frères se rassemblèrent au paradis et se mirent à chanter d’une voix céleste. Même les anges en étaient étonnés ! 3ème étape : N.D. DE LA SALETTE (1846) Le frère Siméon, deuxième supérieur général, qui a une dévotion particulière à N.D. de la Salette, autre centre marial important en France, fait aménager la butte la plus haute de l’enclos de Saint-Gabriel pour y placer la Vierge Marie entourée des deux enfants Mélanie et Maximin à qui elle est apparue. Ce lieu deviendra le lieu de rendez-vous des élèves à la veille du grand départ à la fin de leur scolarité. Le chant des adieux, émouvant et chanté avec tant de ferveur pour demander la protection de la Vierge Marie réunira même les Saint-Laurentais de l’autre côté du mur de la propriété. Aujourd’hui les jeunes rentrent chez eux chaque semaine, ils ne se tournent plus de la même façon vers Marie mais ils éprouvent aussi le besoin en fin d’année de fêter leur départ de Saint-Gabriel et la fête organisée par les terminales est un grand moment de communion entre les professeurs, éducateurs et élèves. 4ème étape : NOTRE DAME DE RECOUVRANCE Nous sommes devant la statue de Notre-Dame de Recouvrance. Elle nous vient de Bégrolles, actuellement parc industriel situé à la sortie de Saint-Laurent sur la route de la Verrie. Le pensionnat y avait acheté en 1853 un grand terrain pour les activités sportives les jours de congé. On l’appelait le « champ de jeux ». Il y avait une statue de la Vierge, NotreDame de Bonne Garde. Le F. Hermogène, directeur et poète (bien connu dans notre tradition) dans une de ses œuvres retraçant l’histoire de l’institution, n’oublie pas notre statue : O Bégrolles, ô joyeux champ clos ! Autour de ta colonne sainte, Que de hauts faits dont ton enceinte Enferma les vivants tableaux ! Mais ce qui nous intéresse surtout, maintenant, c’est que Bégrolles et sa statue sont liés à des événements qui ont marqué profondément notre histoire. Des dates : 1901, 1903, 1905. Vous les connaissez ! Nous entrons en laïcité ! 1er juillet 1901 : loi sur les associations. Les citoyens peuvent librement former une association que l’on déclare à la préfecture. Pour les congrégations (c’est une sorte d’association), il y a des conditions spéciales qui font que, certainement, elles seront refusées. Ainsi en est-il ! 9 avril 1903 : décret gouvernemental. L’approbation de l’institut des Frères de Saint-Gabriel donnée antérieurement en 1823 et, ensuite, en 1853, est retirée ! 15 avril 1903 : réunion, en urgence, du chapitre général des Frères à SaintLaurent qui décide d’entrer en résistance « passive ». Les frères - mais chacun, en conscience, décidera. - ne pouvant plus, officiellement, appartenir à une congrégation non autorisée, resteront cependant à leur poste, toujours comme « frères », mais, comme on dirait aujourd’hui, sans signes extérieurs d’appartenance à … Adieu donc soutane et rabat bleu ! On ne dit plus « frère » mais « monsieur » ! La plupart des professeurs, tous des religieux, acceptent et continuent. Certains font un autre choix : ils franchissent les frontières, le monde s’ouvre à eux … Ils sont maintenant en Espagne, en Inde, en Abyssinie, au Gabon, en Thaïlande, à Madagascar. Des pionniers… Et voilà les frères de Saint-Gabriel aux quatre coins du monde ! A la Providence, comme Montfort, comme Deshayes. 25 mai 1903 : on vit dans l’inquiétude. Le F. Hermogène, directeur, réunit tous les pensionnaires à Bégrolles autour du tertre qui porte cette statue de Notre-Dame de Bonne Garde et promet à Marie de lui construire, si Saint-Gabriel est préservé de toute spoliation, une chapelle, sous le vocable de Notre-Dame de Recouvrance. – De fait, début juillet de cette année, le procureur de la République de la Roche/Yon, accompagné d’un commissaire et de trente gendarmes à cheval, arrive pour une perquisition. Ils sont accueillis par des centaines d’hommes – parmi eux, beaucoup d’ « anciens » -, bien déterminés et même menaçants, qui interdisent l’entrée … Le procureur recule. Il se contentera d’une perquisition bien symbolique dans la chambre du supérieur général. Automne 1905 : nouvelle année ! Nouvelle alerte ! Un matin, sur la petite porte d’entrée du pensionnat, une affichette : à vendre. Et en novembre, un ordre du liquidateur : « Vous devez quitter la place dans huit jours. » Le directeur, un prêtre maintenant car eux au moins, les prêtres, ne sont pas interdits, se précipite à la Roche-sur-Yon et réussit à arracher au procureur l’autorisation de continuer et de finir l’année commencée. A condition qu’il trouve un acquéreur ! Nous y voilà ! 20 octobre 1906. C’est fait : le domaine de Saint-Gabriel est mis aux enchères publiques. Qui osera acheter Saint-Gabriel ? C’est alors qu’un homme se lève, il est tranquille, décidé, il a déjà dit au Directeur : « Vous pouvez compter sur moi ». C’est un homme d’autorité, de tradition. C’est presque un voisin, il est le maire de Torfou … Il se présente au tribunal civil de la Roche-sur-Yon, ce jour des enchères, et il dit : « Je prends tout, les immeubles et leur mobilier. » Il paiera de ses deniers personnels. 60 000 francs. Cash ! Retour vers ce pensionnat qu’il vient de sauver. Le corps professoral l’attend. Il dit : « Vous êtes ici chez vous. Restez-y. » Cet homme-sauveur, c’est le marquis Jousseaume de la Bretesche. Inégalable bienfaiteur ! Honneur à lui ! Et la chapelle promise par le F. Hermogène, notre directeur-poète ? Celuici, dès 1903, est parti en Espagne ! Alors ? Le calme est revenu… Le pensionnat Saint-Gabriel a pris un nouvel élan. La promesse de la chapelle n’a pas été oubliée mais on a préféré élever cette « colonne » à Notre-Dame de Bonne Garde devenue Notre-Dame de Recouvrance ou … du « recouvrement ». A la vente du terrain, on nous l’a apportée. Cela allait de soi … Notre-Dame, vous êtes ici chez vous. Restez-y. 5ème étape : SALLE JEAN GROLLEAU Jean Grolleau est un ancien élève (1933-1939) qui a été fusillé à 21 ans pendant la seconde Guerre Mondiale. Il est l’un des cinquante otages qu’évoque un grand boulevard à Nantes. Il nous a laissé une lettre semblable à celle de Guy Môquet, mais marquée par sa foi et son espérance. Nous sommes en un endroit hautement symbolique et stratégique. Un carrefour… Ici convergeaient, en bon ordre, des files d’élèves se rendant en l’un ou l’autre des lieux qui étaient les deux pôles de la vie collective du pensionnat, en son temps. La chapelle et la « salle de réunion », comme on l’appelait naguère, l’une pour le religieux, la prière, les célébrations, les retraites, l’autre pour le culturel, le théâtre, la musique, le cinéma, les conférences. Que sais-je encore ? Imaginez ! C’est un dimanche matin … Voyez … Des centaines d’internes – ils sont 900-950 - commencent à approcher, ils arrivent de dessous le porche, de l’autre côté de ce bâtiment central (bâtiment des classes), de plus loin même, ils sont « en rang », encadrés par ceux qui ont dormi comme eux, avec eux, dans les dortoirs ; ils portent leur bel uniforme bleu, casquette ou béret – suivant les époques - bien ajusté, ils vont vers la chapelle pour la prière du matin, ils en sortiront pour le réfectoire où ils déjeuneront en silence, monteront ensuite dans les classes pour une première étude, reviendront à la chapelle pour la messe dominicale, rejoindront la « salle de réunion » pour le bilan de la semaine, notes au tableau d’honneur, exhortations du frère directeur, remontrances, encouragements. À la sortie, quelques privilégiés rejoindront leurs parents qui attendent avec impatience peut-être car les heures « en famille » seront comptées ! Tout cela a bien changé, direz-vous … Oui, je vous parle de Saint-Gabriel d’hier mais aussi d’aujourd’hui. Je vous parle d’une longue et tonifiante tradition qui a donné une « âme » à ce collège. Qui a dit que « l’esprit de Saint-Gabriel [était] souffle d’inspiration et source de vie. » ? La vie ? Secondaire et technique constituent un ensemble scolaire au large périmètre d’influence. Saint-Gabriel devient un des plus grands internats de France, caractérisé par de multiples possibilités culturelles et sportives. La « Salle Grolleau » en est le symbole. Cœur vivant ! Lieu de création et d’expression en tout genre … quasi mythique, dépositaire d’une longue tradition artistique, qui s’est enrichie constamment de réalisations nouvelles dans le domaine théâtral, musical, cinématographique, pictural. Quels exemples choisir ? À l’occasion des « séances académiques », on « joue » des pièces, on « monte » même des comédies musicales avec ballets et orchestre aux instrumentistes formés sur place par les professeurs de musique, les décors peints sur toile sont somptueux ! On fait même venir des troupes extérieures, pour jouer les « grands classiques », comme, par exemple, la comédie de la Rochelle. Les professeurs et éducateurs s’y mettent aussi et c’est la création de leur troupe Théâtre-85 qui se produira dans toute la région et obtiendra plusieurs prix lors de festivals de théâtre amateur, à Bordeaux par exemple ! Pour le cinéma, c’est un film toutes les semaines, et l’on se donne parfois le temps pour un ciné-club animé par Jean Collet, critique à l’époque bien connu de Télérama et des Études. Je ne puis oublier, aussi, l’enrichissement humain et spirituel apporté par des hommes et des femmes de forte personnalité. On peut s’honorer de la visite de Mgr Roncalli, futur Jean XXIII, alors nonce apostolique à Paris, mais aussi de l’Abbé Pierre, de sœur Emmanuelle, du père René Luc, venu de la marginalité, converti recevant « Dieu en plein cœur » – pour reprendre le titre de son livre-témoignage. Et, pour des jeunes, qui, mieux que les sportifs, pourrait leur donner le goût de l’effort, de la maîtrise de soi et la joie d’une victoire arrachée ? A l’exemple d’Éric Tabarly, navigateur solitaire emblématique, et de Stéphane Traineau, notre voisin de Mortagne-sur-Sèvre, champion olympique et champion du monde de judo. La salle Grolleau est plus active que jamais ! Elle accueille rassemblements et congrès de tous ordres. Et comme elle a besoin de techniciens formés et compétents – image et son ! - elle bénéficie des jeunes de l’Académie technique Ciné Saint-Gabriel – l’ATCSG – lancée et animée par le toujours indispensable, après 45 ans, – je veux dire son nom - Jacques ! Nous venons d’entendre le chœur de l’IMV (Institut musical de Vendée), il faut y associer l’Académie vendéenne de danse : l’un et l’autre font notre admiration, notre bonheur, et assurent avec brio la pérennité de notre tradition artistique ! Avant d’entrer dans cette salle Grolleau, cette petite conclusion humoristique qui nous vient d’un ancien président de l’Amicale, célèbre en son temps, Charles Bodet : « On entre à Saint-Gabriel et en dépit des apparences, on n’en sort pas … Le devoir peut bien vous éloigner de ses murs, notre âme en garde l’uniforme ! » Mais, dites-moi, quel est notre uniforme ? 6ème étape : STATUE DE SAINT LOUIS-MARIE DE MONTFORT A l’ombre bienveillante du Père de Montfort Erigée le 2 juin 1938, l’année du centenaire de la naissance du pensionnat Saint-Gabriel, cette statue du père de Montfort a ici tout son sens. Elle rappelle la source de l’inspiration et du dynamisme missionnaire des frères de Saint-Gabriel auprès des enfants et des jeunes. Formé au collège des jésuites de Rennes, le père de Montfort a expérimenté ce qu’est une formation intégrale : intellectuelle, spirituelle et engagée au service des pauvres. Nous savons le soin qu’il va apporter à l’enseignement du catéchisme durant son séminaire à Paris et au cours des missions paroissiales. Sur l’invitation de l’évêque de la Rochelle, il ouvre une école charitable pour les garçons avec des frères puis une autre pour les filles avec sœur Marie Louise Trichet. Après sa mort (28 avril 1716), des frères montfortains vont poursuivre la mission dans les écoles. Avec le père Gabriel Deshayes les frères montfortains enseignants vont se développer jusqu’à devenir autonomes et prendre le nom de Frères de Saint-Gabriel. Pour saint Louis-Marie de Montfort « Jésus-Christ est l’unique maître qui doit nous enseigner », voilà une conviction qu’il exprime au n° 61 dans son Traité de la Vraie Dévotion. C’est ce qu’il a vécu en consacrant tout son être et ses actions à Jésus-Christ la Sagesse par les mains de la Vierge Marie. « Totus tuus », « Je suis tout à toi Marie » pour être tout donné à Jésus-Christ. C’est ce que le pape Jean-Paul II lui-même a découvert grâce au père de Montfort. C’est pour cette découverte de la juste place de la Vierge Marie dans la vie chrétienne qu’il est venu ici se recueillir sur sa tombe, en septembre 1996. Placée au cœur de l’établissement, la statue de saint Louis-Marie de Montfort nous rappelle l’urgence de la mission, de l’annonce de la Bonne Nouvelle à tous, dans la confiance inébranlable en la puissance de l’EspritSaint toujours à l’œuvre. 7ème étape : LA CHAPELLE, CŒUR DE L’ÉTABLISSEMENT À partir de 1842, les effectifs de Saint-Gabriel augmentent régulièrement. Elèves, novices et frères sont à l’étroit dans la petite chapelle de 1842. Le frère Siméon, alors supérieur général, décide d’en faire bâtir une plus grande. Grâce aux économies, aux dons des anciens élèves et aux quêtes, les travaux débutent en 1860. Le 15 mai 1864, jour de Pentecôte, a lieu la bénédiction par Mgr Angebault, évêque d’Angers. Lieu de culte quotidien pour les frères et les élèves, les célébrations des jours de fête étaient particulièrement soignées. Parmi celles-ci la « Fête Dieu » revêtait un caractère particulier par son déploiement. En costume du dimanche, tous les élèves se rassemblaient à la chapelle puis partaient en procession. Chacun venait se placer derrière la fanfare avant de prendre le chemin du domaine de Saint-Gabriel puis c’était le départ pour la maison des Filles de la Sagesse. Aujourd’hui, la vénérable grand-mère de 151 ans n’est plus guère fréquentée si ce n’est pour des célébrations aux grands moments de l’année liturgique. Cependant elle reste toute la journée ouverte pour qui veut. S’il n’y a pas d’aumônier attitré, la pastorale de l’établissement Saint Michel-Saint Gabriel est assurée par une équipe, coordonnée par Noël Crabeil, professeur et diacre permanent. Inspiré par le souffle montfortain gabriéliste, le projet pastoral se décline tout au long de l’année scolaire par diverses propositions offertes soit à tous soit aux volontaires (célébrations, catéchèse, culture religieuse, rencontre de témoins, actions de solidarité etc. ). Le grand désir du père de Montfort était de faire connaître et aimer JésusChrist par Marie. Comme lui en son temps, il nous faut, pour aujourd’hui, inventer les manières pour rejoindre les jeunes, toucher les cœurs. 8ème étape : Le MÉMORIAL DES FRÈRES DE SAINT-GABRIEL C’est de cette esplanade que sont partis les frères pour aller évangéliser le monde. Ici se trouvait la maison Supiot, maison des origines et dans la cour intérieure, un puits que le père Deshayes avait fait creuser en 1836 pour que les frères aient de l’eau en abondance. Quand il a fallu faire le choix de déconstruire la maison Supiot, les frères ont voulu faire le pari de la vie, c’est la raison pour laquelle ils se sont engagés à faire une œuvre d’art pour matérialiser la source de leur dynamisme et la fraîcheur du message qu’ils apportent. Une fontaine est signe de vie et, quand elle porte un globe terrestre, elle montre l’énergie que la source peut transmettre. Autour du globe, une farandole avec en tête le père de Montfort devancé par la croix qui est sur son bâton de marche et derrière lui une multitude qui danse et porte la joie autour du monde. On y voit un frère et à ses côtés un jeune que le frère semble guider. Fautil en dire davantage ? L’artiste qui a réalisé cette œuvre a donné du mouvement à cette fontaine, à ce globe, à ces personnages. En vous déplaçant et en faisant le tour de l’œuvre, vous verrez le monde changer d’aspect, de couleur, vous verrez des fleurs apparaître. Aujourd’hui, présents dans 33 pays, les frères continuent leur œuvre d’ÉVANGÉLISATION, d’ÉDUCATION, d’ENSEIGNEMENT, d’où les trois mots inscrits sur la margelle du puits. On peut prendre les trois mots dans l’ordre que l’on veut : Évangéliser par l’enseignement et l’éducation Enseigner et Éduquer avec l’Évangile comme guide Éduquer et s’appuyer sur l’Évangile pour Enseigner Enseigner et s’appuyer sur l’Évangile pour Éduquer Pour les frères, depuis l’origine, ces trois E n’ont jamais été dissociés. Inscrits dans ce mémorial, ils invitent à la formation totale et globale de chaque personne et surtout des plus fragiles et des plus démunis. 9ème étape : LA MAISON DE CONGRÉGATION Chers sœurs, Pères et frères, Chers parents et amis, Il me revient de conclure cette journée au nom du frère John, notre supérieur général et au nom de notre conseil. Le premier mot que j’utiliserai, mot que le pape François affectionne particulièrement, c’est le mot « joie ». En effet c’est la joie qui nous habite aujourd’hui, celle des frères d’ici et d’ailleurs, car il s’agit de notre histoire, de notre naissance en tant que religieux-frères, il s’agit de l’arbre qui a ses rameaux déployés dans tant de pays. Cette journée n’est pas seulement un événement interne à la congrégation, qui regarderait son passé avec complaisance. Non, car aujourd’hui, nous vivons un événement montfortain, marial et ecclésial, et nous regardons cette communauté où vivent des frères de 4 nationalités avec son projet. C’est un événement montfortain. Votre présence nombreuse en est la preuve : tout d’abord les sœurs, pères, frères, avec en tête les trois premiers responsables que sont les supérieurs généraux, sœur Louise, père Santino, frère John, ainsi que les conseils généraux et les équipes provinciales de France. Avec vous tous, nous partageons une grande proximité, par l’histoire, par une grande spiritualité commune, par nos collaborations, par une communion qui s’intensifie et grandit au quotidien. C’est un événement montfortain par votre présence : de nombreux amis de la famille montfortaine, de cette paroisse, de la tutelle des frères, des parents, et vous nous êtes proches parce que vous avez fait un parcours avec nous, proches par votre engagement montfortain, proches parce que vous collaborez dans nos services, dans nos œuvres, en particulier éducatives. Tout en respectant chacun dans ses choix, ses engagements, nous souhaiterions que vous puissiez dire : « Nous sommes en famille, dans la grande famille montfortaine. » C’est un événement ecclésial. Cela a déjà été mentionné en début de la célébration eucharistique, car nous sommes dans l’année de la Vie consacrée. N’est-ce pas providentiel de s’inscrire dans cette année que nous ne connaissions pas quand nous étions déjà dans la préparation de ces deux tricentenaires, celui de l’engagement des premiers frères et de la mort de saint Louis-Marie de Montfort ? C’est la dimension ecclésiale que nous vivons, et nous pouvons redire avec le pape, dans sa lettre pour l’année de la Vie consacrée : « Nous regardons le passé avec gratitude.» « Nous voulons vivre le présent avec passion. » « Nous voulons embrasser le futur avec espérance. » C’est un événement marial. Marie a une place très importante dans la vie et la spiritualité de Saint Louis-Marie, et l’on sait que sur tous les continents, nombreux sont les chrétiens qui ont fait leur consécration à Jésus par Marie et qui la renouvellent chaque jour. Je voudrais ici regarder Marie, dans sa maternité, comme mère. ***** Je pense que la Vierge Marie, comme Mère, nous regarde, non pas comme une addition de personnes avec la seule diversité de vocations, d’engagements dans la société et l’Église, mais comme une grande famille, avec une seule vocation, celle de faire la volonté du Père, comme son Fils, vivant le « Dieu Seul » de Montfort. C’est dans cette vision que l’on peut comprendre les propos du pape François dans sa lettre déjà mentionnée « Autour de chaque famille religieuse, est présente une famille plus grande, la famille « charismatique », qui comprend plusieurs instituts qui se reconnaissent dans le même charisme, et surtout de chrétiens laïcs qui se sentent appelés, dans leur propre condition laïque, à participer à la même réalité charismatique. » C’est avec le regard de Marie, que nous pouvons comprendre ces grands courants spirituels ou charismatiques dans l’Eglise. Et comment ne pas rappeler les propos de saint Jean-Paul II qui est venu ici à Saint-Laurent se recueillir sur la tombe de Saint Louis-Marie de Montfort : « Je vous encourage à faire fructifier ce trésor qui ne doit pas rester caché. » Il ajoute même : « Soyez un appui et une référence pour les mouvements qui s’inspirent du message de Grignion de Montfort. » Le deuxième temps de mon propos est de regarder un instant le projet de la communauté, dans cette nouvelle maison qui vient d’être construite et que nous allons pouvoir découvrir. Mais le plus important ce ne sont pas les murs, mais l’esprit de famille qui l’habite! Cette maison a pris le titre de Gabriel Deshayes. Si aujourd’hui on fête la naissance des premiers frères, il y a 300 ans, on n’oublie pas que les frères de Saint-Gabriel n’auraient pas existé sans le dynamisme de Gabriel Deshayes, au sortir de la Révolution française, et on lui donne volontiers le titre de refondateur. Les locataires de cette maison sont : frères Don Dominic et Arockiaraj, de nationalité indienne, Zacharie, sénégalais, Arsène, congolais, Jean et Maurice, français. ****** Quelle est la mission de cette communauté ? Cette communauté doit assurer une mission de présence en ce lieusource, avec la venue de frères de différents pays pour y témoigner de la réalité dynamique et internationale de la congrégation. Elle doit permettre d’assurer un accueil de frères et de laïcs venant à Saint-Laurent du monde entier, pour un ressourcement spirituel. Dans le projet communautaire « Cette mission nous l’avons déclinée en rapport avec la congrégation, la province, l’établissement Saint-Gabriel Saint-Michel, la famille montfortaine, la paroisse, le diocèse. Nous apprécions que la communauté soit insérée dans l’établissement scolaire Saint-Gabriel, un milieu de vie scolaire avec des jeunes et des enseignants, milieu normal d’apostolat comme frères de Saint-Gabriel. Nous voyons bien que les appels ne manquent et ne manqueront pas. Il est important que nous restions ouverts et disponibles à l’Esprit, sans nous laisser disperser jusqu’à oublier notre mission première : « faire communauté ». En famille montfortaine Il faut ajouter que la création de cette communauté s’inscrit aussi dans une démarche concomitante avec les autres congrégations montfortaines : Les filles de la Sagesse avaient déjà ouvert une communauté internationale il y a quelques années et voient arriver prochainement des sœurs de tous pays pour un ressourcement spirituel. Les missionnaires montfortains ont aussi ouvert une communauté internationale en charge du sanctuaire et de nombreuses autres missions, en particulier l’accompagnement de jeunes montfortains en formation Et voilà que nous, nous ouvrons nous aussi, une communauté internationale. Nous sommes heureux de poursuivre aujourd’hui l’inspiration de nos fondateurs saint Louis-Marie de Montfort, bienheureuse Marie- Louise Trichet, père Gabriel Deshayes. Bonne route à la communauté internationale Gabriel Deshayes. Merci à vous tous qui êtes venus en frères, sœurs, parents et amis, et je termine par une prière. « Marie, conduis-nous chacun et chacune, et chaque jour à Jésus. Sois au cœur de nos familles humaines et spirituelles. Donne-nous de continuer à être porteurs du charisme montfortain, lumière pour ce monde si troublé et si incertain. »