résidence nguyên lê
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résidence nguyên lê jeudi 2 “Songs of Freedom“ Nguyên Lê, guitare Himiko Paganotti, vocal Illya Amar, vibraphone, marimba Linley Marthe, basse électrique Chadler Sardjoe, batterie le jazz à l’amphi avril 2009 2, 3 et 4 à 20h30 vendredi 3 “Saiyuki“ Nguyên Lê, guitare Mieko Miyazaki, koto Edouard Prabhu, tablas samedi 4 “Old & New Friends“ Nguyên Lê, guitare Bojan Z, piano Chris Jennings, contrebasse Karim Ziad, batterie J’aimerais utiliser le titre Identités comme trait d’union de cette résidence à l’amphi. Non pas l’identité identitaire, farouche d’elle même, fermée sur sa propre définition, celle qui forge les ghettos et les exclus, les arrogants gardiens de la tradition comme une prison, qui meurtrissent le monde de leurs lois uniques. Mais l’Identité ouverte et voyageuse, qui s’enracine profondément pour mieux s’envoler, qui fait vivre la tradition en se nourrissant de curiosité, qui s’enrichit de l’expérience, qui devient encore plus grande et belle en découvrant l’inconnu et en apprenant de l’autre. L’identité qui va vers l’universel, et s’illumine dans l’attraction des astres. songs of freedom Cette 1re soirée, est une esquisse inédite ce qui devrait être un prochain disque, consacré à une relecture d’un point de vue “ethnique“ de classiques de la musique pop des années 60/70. Tout le contraire de “covers“ ou de “revival“, de copies sans âme, mais plutôt la réappropriation de ces chansons devenues les symboles d’une culture mondiale : adorées de tout le monde, elles appartiennent à tous, et le monde entier les joue à sa manière. Attitude éminemment jazz finalement, propre d’une musique qui a toujours combiné le respect de la tradition et la liberté de la réinterprétation et de l’improvisation. Mais ici, les Beatles deviendront turcs ou balinais, Led Zeppelin (qui l’a bien cherché, il faut le dire) sera chanté par un muezzin, la Mercedes Benz de Janis Joplin sera rêvée par un paysan vietnamien, le Sunshine of your Love des Cream viendra d’un soleil maghrébin. Et la Redemption Song de Bob Marley sera l’hymne serein de cette liberté qui fait voyager ces musiques. Les identités plurielles ne manquent pas non plus chez les musiciens de l’orchestre : la chanteuse Himiko Paganotti, fille d’une aristocrate japonaise et d’un bassiste italo-espagnol renommé dans la musique française, a travaillé autant dans la musique africaine (Coco Mbassi, Touré Touré, Rido Bayonne…) qu’avec Sixun, Juan Rozoff ou le mythique groupe Magma. Passionnée de funk/soul et de Portishead, elle prépare un album de pop anglaise avec le groupe Slug. Au vibraphone et marimba, Illya Amar avec qui j’ai beaucoup travaillé (les albums Bakida et les 4 albums avec la chanteuse vietnamienne Huong Thanh). Il multiplie les rencontres de tous styles avec Aline de Lima (Brésil), le trio Dos Soles (Argentine), Sloobie (jazz contemporain), le duo Lame Vocale consacré aux chants hébraiques avec la chanteuse lyrique Léa Sarfati. Linley Marthe est un prodige qui nous vient de l’Ile Maurice. C’est le bassiste électrique du dernier groupe du regretté maître de la fusion Joe Zawinul. Un incroyable virtuose, qui allie une énergie et un groove brûlants à l’intelligence harmonique, sans doute héritée de sa connaissance du piano. Comme il le dit lui même : “Le bassiste, c’est celui qui harmonise le batteur !“ Chander Sardjoe, né aux Pays-Bas est d’origine indienne et africaine. Après des études de percussion classique, batterie et percussion indienne, il fait des recherches pour le jazz (Dave Liebman, Mario Canonge, Steve Coleman, Rudresh Mahanthappa, Lee Konitz), la musique contemporaine (Octurn, Schoenberg Ensemble) et world (Umayalpuram Sivaraman, Magic Malik, Cheikh Tidiane). Un musicien reconnu pour sa maîtrise instrumentale et son groove profond. saiyuki La 2e soirée sera consacrée à “SAIYUKI“ un nouveau groupe qui livre ici son 2e concert seulement. Saiyuki est le nom japonais pour Le Voyage en Occident, le célèbre roman chinois du XVIe siècle de Wu Cheng’en, qui conte l’expédition en Inde, au VIIe siècle, du bonze Xuanzang à la recherche de textes bouddhiques sacrés. Dans ces aventures fantastiques, il est aidé par le Roi des Singes Sun Wukong. Personnage plein de malice et de pouvoirs fantastiques, il recherche le secret de l’immortalité. Le Roi des Singes chinois a un frère indien : Hanuman, un des dieux les plus populaires de l’Hindouisme. Particulièrement en Chine et au Japon, Le Voyage en Occident est à la base d’une multitude d’adaptations : rouleaux peints, Opéra de Pékin, opéra pop comme celui de Damon Albarn, mangas, feuilletons télévisés ou jeux vidéo comme DragonBall Z... J’ai voulu prendre ce Voyage en Occident comme l’image des voyages, réels ou imaginaires, qui amènent les musiciens de ce groupe à créer cette musique. Comme la quête d’un secret qui doit nécessairement passer par l’aventure de l’ailleurs, tout en gardant le plus précieux trésor : notre identité. Du Vietnam à l’Inde en passant par le Japon, nous tisserons les fils de soie qui peignent le visage d’une Asie sans frontières. Le Centre est multiple, le dialogue est lancé, les correspondances sont ouvertes : fêtons cela en musique ! Chaque musicien de SAIYUKI a la richesse d’une double culture, issue de la tradition et de la modernité à la fois. Chacun est virtuose de son très spécifique instrument. Edouard Prabhu et Mieko Miyazaki peuvent être profondément traditionnels, l’un accompagner le flûtiste hindoustani Hariprasad Chaurasia, et l’autre jouer une pièce classique japonaise du XVIIIe siècle. Mais ce sont aussi des musiciens ethniques vivants, connaisseurs des langages et des techniques de la musique d’aujourd’hui, ouverts sur tous les possibles de notre monde. Mon langage est le jazz, mais j’ai choisi de l’ouvrir et de l’alimenter avec d’autres cultures essentielles qui me fascinent et me rappellent mon origine. Le challenge est toujours là, la liberté et l’inspiration aussi. L’improvisation, cette compréhension et création musicale instantanée, repousse les limites de notre rencontre de cultures. Le répertoire est basé sur nos propres compositions, avec quelques relectures de mélodies traditionnelles qui n’ont pas peur d’ utiliser des paysages électroniques. Mieko Miyazaki a commencé à jouer le koto à 9 ans. Elle a étudié le koto et le shamisen à l’Université nationale pour les Arts et la Musique de Tokyo. Elle s’est produite devant l’Empereur et l’Impératrice du Japon alors qu’elle était encore étudiante. Après l’obtention de ses diplômes, elle devient une interprète très demandée, surtout pour des shows TV/Radio et des manifestations officielles. Elle mène de front une carrière de parolière et de compositeur pour la télévision, la radio, les chansons d’enfants, la publicité. Depuis 1999 elle se concentre sur ses propres projets, orchestres originaux et disques. Elle vit en France depuis deux ans et multiplie les rencontres avec des musiques d’autres cultures : Koto2Evans, un quartet jazz sur la relecture au koto des compositions de Bill Evans, le groupe de polyphonie corse Voce Ventu, son propre trio avec violon et accordéon, ses collaborations régulières avec la chanteuse vietnamienne Huong Thanh. Prabhu Edouard est l’un des rares spécialistes des tablas en Europe. Né à Trichy (Inde), il vit en France depuis 1975. Il a obtenu une bourse du gouvernement indien pour étudier les tablas à Calcutta avec le maître Shankar Gosh et accompagne de nombreux maîtres de la musique traditionnelle indienne dans le monde. Ouvert aux rencontres contemporaines, il a joué avec des artistes jazz, fusion et world, aussi divers que David Liebman, Marc Ducret, Magic Malik, Didier Malherbe, Nawal, Kyffiz, Sri Hanuman, Mukta, Hati, Mario Laginha, El Hadj et Maurice Béjart, Jean-Pierre Drouet, Ragunath Manet, la famille Chemirani et Jordi Savall old & new friends La 3e soirée fête, en avant-première et avec une formation qui n’a jamais existé auparavant, les retrouvailles de vieux amis qui n’ont pas joué ensemble depuis longtemps. Bojan Zulfikarpasic et Karim Ziad se sont rencontrés au moment de la création du groupe et de l’album Maghreb & Friends, qui consacrait en 1998 les noces du jazz contemporain et des cultures musicales de l’Afrique du Nord. Nous avons tous beaucoup appris de ces rythmes qui redéfinissent l’exotisme. Nous avions vu à quel point les Balkans de Bojan se mariaient bien avec l’Algérie de Karim, de par les spirales de l’Histoire. Nous avions découvert les surprenants parallèles entre les mélodies pentatoniques asiatiques et berbères. Le répertoire de cette soirée sera composé de morceaux de Maghreb & Friends, de quelquesunes de mes compositions tirées de l’album Bakida, et de compositions de Bojan. Né dans une famille mélomane à Belgrade en 1968, Bojan Zulfikarpasic commence ses études de piano à 5 ans. En 1989 il reçoit le prix du meilleur musicien de jazz en Yougoslavie. En 1986, ayant obtenu une bourse, il passe trois mois aux Etats-Unis pour étudier avec le grand arrangeur Clare Fisher. Il s’installe en France en 1988, où il devient en peu de temps un nom incontournable du jazz français, auprès de musiciens de sa génération comme Julien Lourau, Magik Malik ou de ses ainés comme Michel Portal et Henri Texier. En 2002, il est nommé Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture et reçoit le Prix Django Reinhardt Musicien de l’année de l’Académie du Jazz. En 2005 on lui décerne le “European Jazz Prize“ (Hans Koller prize) en tant que meilleur jazzman européen. Son dernier disque, Xenophonia, obtient les “Victoires du jazz 2007“ du meilleur disque de l’année. Karim Ziad est un batteur unique dont l’énergie s’irrigue des meilleures influences : mélodies algéroises de ses origines, rythmes berbères et classiques orientaux, jazz, funk, musique africaine. Ses collaborations avec Cheb Mami, Cheb Khaled, l’Orchestre national de Barbès, Sixun, Julien Lourau, Joe Zawinul, Vince Mendoza, lui indiqueront le chemin originel : puiser aux racines pour créer un son riche et polymorphe. C’est un Maghreb uni qu’il défend, dans sa musique comme dans ses engagements. Il a réalisé 3 albums sous son nom. Je l’ai rencontré en 1991 lors de l’enregistrement d’un album de Safy Boutella. Le nouvel ami qui soude ce groupe est Chris Jennings, jeune contrebassiste canadien installé à Paris. Il joue dans grand nombre de mes projets. Un musicien versatile : à la fois interprète, compositeur et arrangeur, il multiplie les collaborations, traversant allègrement les frontières de genres et de styles musicaux. On peut l’entendre avec Rick Margitza, Leon Parker, Dhafer Youssef, Rita Marcotulli, Danny Gottlieb, Paul McCandless, Nelson Veras, Dave Liebman, mais aussi dans l’orchestre traditionnel algérien El Gusto, le groupe de tango Los Lobos, l’orchestre du flûtiste ney turc Kudsi Erguner… Identité, au singulier, car c’est la chose essentielle qui définit un artiste et qui fonde tous ses rêves; Identités, au pluriel, car c’est la réponse aux appels d’un monde qui n’a jamais été aussi remué par les rencontres des cultures et des époques. Nguyên Lê