Espace métropolitain Genève-Montreux - Comité rail
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Espace métropolitain Genève-Montreux - Comité rail
Economic Research Swiss Issues Régions Espace métropolitain Genève-Montreux Août 2008 Economic Research Impressum Editeur Credit Suisse Economic Research Uetlibergstrasse 231, CH-8070 Zurich Contacts [email protected] Téléphone +41 (0)44 334 74 19 Auteurs Dr. Sara Carnazzi Weber, Téléphone +41 (0)44 333 58 82 [email protected] Nora Sydow, Téléphone +41 (0)44 333 45 10 [email protected] Christian Etzensperger Frédéric Junod Philippe Kaufmann Claude Maurer Cesare Ravara Claude Vautier Photo de couverture Administration communale, Lausanne Raphaël Russi, Vex Clôture de rédaction 25 juin 2008 Commandes [email protected] Téléphone +41 (0)44 334 74 19 Visitez notre site Internet www.credit-suisse.com/research Disclaimer Ce document a été élaboré par le service Economic Research du Credit Suisse et n’est pas le résultat d’une analyse financière propre ou de tiers. Les «Directives pour garantir l’indépendance de l’analyse financière» de l’Association suisse des banquiers ne sont donc pas applicables. La présente publication a un but purement informatif. Les opinions qui y sont exprimées sont celles du service Economic Research du Credit Suisse à la date d’impression (sous réserve de modifications). Ce document peut être cité en mentionnant la source. Copyright 2008, Credit Suisse. Swiss Issues Régions Economic Research Sommaire Résumé 4 1 Contexte régional 5 2 2.1 Conjoncture Evolution de la conjoncture régionale 8 8 3 3.1 3.2 Qualité de la localisation Qualité de la localisation des cantons suisses Qualité des localisations en comparaison régionale 11 11 4 4.1 4.2 4.3 4.4 Population et revenu Evolution démographique Structure des âges et croissance des cohortes Mobilité Revenu 17 17 18 19 22 5 5.1 5.2 5.3 5.4 Structure sectorielle et création de valeur Structure sectorielle et spécialisation Changements dans la structure économique Evaluation des branches Potentiel de croissance de la création de valeur 25 25 27 29 30 6 6.1 6.2 6.3 6.4 Tendances dans les branches clés Secteur financier Négoce de matières premières Tourisme Informatique 33 33 34 36 39 7 7.1 7.2 Marché immobilier Marché des surfaces d’habitation Marché des surfaces de bureaux 42 42 46 Swiss Issues Régions 12 3 Economic Research Résumé La concentration croissante de la population, de l’activité économique et des mouvements pendulaires fait des agglomérations de la rive droite du Léman une zone homogène. Si la surface totale de l'espace métropolitain Genève-Montreux ne représente que 13% de la surface de la grande région lémanique (VD, GE, VS), elle n’en abrite pas moins quelque 64% de sa population. La contribution de cet espace métropolitain à la valeur ajoutée totale en Suisse s’élève à 13,6% et atteste sa dimension économique. L’homogénéité de l'espace métropolitain Genève-Montreux se reflète dans des profils de localisation semblables et dans un indicateur de qualité de la localisation présentant des valeurs supérieures à la moyenne dans les cinq régions qui le composent (Vevey/Lavaux, Lausanne, Nyon, Morges/Rolle, Genève), Nyon en tête. On notera en particulier le niveau de formation relativement élevé de la population vivant dans cette région et la présence d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. En raison de sa haute attractivité, l'espace métropolitain présente une évolution démographique plus dynamique que la moyenne nationale. Ces dernières années, ce sont les régions de Nyon, Morges/Rolle et Genève qui ont enregistré les hausses les plus marquées, Genève se distinguant notamment par une forte immigration étrangère. Les deux autres régions économiques de Vevey/Lavaux et de Lausanne ont affiché des taux de croissance plus modestes, Lausanne égalant tout juste la moyenne nationale. A proximité immédiate de l'espace métropolitain, d’autres régions peuvent en outre devenir des zones de délestage pour les habitants ne pouvant pas se loger près du lac en raison de la pression démographique et des prix de l’immobilier. Dans le canton de Genève, les désavantages fiscaux ainsi que le coût élevé du logement et des autres charges annexes se traduisent toutefois par un solde migratoire négatif par rapport à d’autres cantons. A l’intérieur de l'espace métropolitain, les diverses régions économiques constituent des zones résidentielles drainant des groupes d’âge différents. Si les centres urbains de Genève et de Lausanne attirent les jeunes sans enfants occupant leur premier emploi, les régions de Nyon et de Vevey/Lavaux constituent une zone d’habitation optimale respectivement pour les familles et les retraités. L’attrait que l'espace métropolitain exerce sur les travailleurs reflète sa capacité économique, attestée aussi bien par l’évolution du nombre de jeunes entrant dans la vie professionnelle que par le taux de croissance des jeunes en âge de formation. Le rayonnement suprarégional des deux centres urbains de Genève et de Lausanne ne limite pas seulement la proportion de pendulaires sortants, il crée aussi un fort appel d’air pour les frontaliers. L’évolution démographique décrite ci-dessus se répercute directement sur l’évolution du revenu des ménages et, partant, sur la substance fiscale. La dynamique démographique et la structure d’âge dans les régions de Morges/Rolle et de Nyon expliquent le niveau et l’accroissement supérieurs à la moyenne des revenus des ménages dans l'espace métropolitain Genève-Montreux et dans le canton de Vaud. Pour Vevey/Lavaux et Lausanne, nous prévoyons par contre une évolution des revenus inférieure à la moyenne. En ce qui concerne la structure des branches, l'espace métropolitain Genève-Montreux et ses sous-régions affichent une forte prédominance du secteur tertiaire qui se traduit en grande partie par une valeur ajoutée par employé supérieure à la moyenne. La suprématie des services est encore accentuée par la dynamique des créations d’entreprises dont le nombre, supérieur à la moyenne dans l'espace métropolitain Genève-Montreux, illustre la puissance économique de cette localisation. En Suisse, le changement structurel donne naissance à une société industrielle et de services moderne. En plus de la tertiarisation toujours plus marquée de l’économie, le secteur secondaire se restructure, passant d’une industrie traditionnelle à une industrie de pointe. En raison du poids des services dans l'espace métropolitain, l’emploi y a crû de 7,1% entre 1995 et 2005, Nyon, Morges/Rolle et Genève ayant le plus contribué à cette hausse. Comme l’évaluation de la localisation et des branches donne des valeurs supérieures à la moyenne, l'espace métropolitain Genève-Montreux présente selon nous un haut potentiel de croissance. Swiss Issues Régions 4 Economic Research 1 Contexte régional Situé dans un magnifique environnement, l'espace métropolitain Genève-Montreux s’étend sur la rive nord du lac Léman. Cette conurbation comporte deux centres: Genève, deuxième ville de Suisse, et Lausanne, chef-lieu du canton de Vaud et cinquième ville du pays. La région s’étire de la pointe sud du Léman à Montreux, sur la rive nord-est. Si ses sous-régions constituent ensemble une zone d’habitation attrayante et pittoresque, avec vue sur le lac et les Alpes savoyardes, elles n’ont pas toutes la même orientation économique. Alors que Genève, place financière et siège de nombreuses organisations internationales, est très dynamique, Montreux exhale plutôt un parfum de ville de cure avec son microclimat et ses vignobles. En concentrant toujours plus d’habitants, d’administrations, d’activités économiques, de mouvements pendulaires et d’offres culturelles, les agglomérations de la rive droite du Léman se muent en un espace métropolitain. L'espace métropolitain Genève-Montreux n’est pas une entité politique, mais le résultat de fortes imbrications économiques et d’intenses flux pendulaires: l’activité économique ignore les frontières politiques. D’une manière générale, cette évolution traduit l’urbanisation progressive de la Suisse. Alors que seuls 62% de la population vivaient en zone urbaine en 1980, ce taux atteignait déjà 69% en 1990. Aujourd’hui, près des trois quarts de la population suisse vivent en zone urbaine. La séparation toujours plus nette entre lieu d’habitation et lieu de travail constitue un important catalyseur de cette évolution. En effet, seul un actif sur trois était un pendulaire en 1970, alors qu’on en comptait déjà un sur deux en 1990 et 60% en 2000. Certaines régions s’affirment ainsi de plus en plus comme zones d’habitation, alors que d’autres jouent le rôle de marchés de travail régionaux ou suprarégionaux. La collaboration entre des régions aussi complémentaires est donc particulièrement importante pour la maîtrise des problèmes en découlant. Outre les défis posés par un marché du travail commun et par un développement durable et équilibré de la région, des aspects plus terre à terre, telle la coordination des réseaux de communication, ont aussi leur importance. L’agglomération genevoise est également confrontée à ces défis, mais à la nécessaire collaboration intercantonale s’ajoute ici la coopération transfrontière avec, comme difficulté supplémentaire, des compétences politiques se situant à des niveaux différents. Alors qu’à Genève, les politiques des transports et de l’aménagement du territoire sont du ressort du canton, elles sont de la compétence des collectivités territoriales dans les départements voisins de l’Ain et de la Haute-Savoie et de celle des communes dans le canton de Vaud. L’Office fédéral de la statistique (OFS) distingue cinq espaces métropolitains: Zurich, GenèveLausanne, Bâle, Berne ainsi que le Tessin urbain et différencie encore les autres communes urbaines des communes rurales. Pour la présente étude, nous nous sommes volontairement écartés de la définition officielle de l'espace métropolitain Genève-Lausanne, qui englobe les zones rurales jusqu’à Yverdon-les-Bains. En effet, cette entité présente une trop grande hétérogénéité. Nous sommes plutôt partis de la structure des régions MS (mobilité spatiale), à l’aide de laquelle 110 régions économiques ont été définies dans lesquelles tant l’imbrication économique que les flux pendulaires ont été pris en compte. L'espace métropolitain Genève-Montreux comprend les régions économiques de Genève, Nyon, Morges/Rolle, Lausanne, Vevey/Lavaux et correspond plutôt à la région connue sous le terme d’Arc lémanique (Figure 1). Swiss Issues Régions 5 Economic Research Figure 1 L'espace métropolitain Genève-Montreux dans le contexte régional Centres Agglomérations Yverdon Lac de Neuchâtel Espace métropolitain Genève-Montreux La Broye Sense La Sarine Gros-de-Vaud Schwarzwasser Lac de la Gruyère / Greyerzersee Lac de Joux Glâne/Veveyse La Gruyère Morges/Rolle Lausanne Vevey/Lavaux Nyon Saanen/Obersimmental Pays d'Enhaut Lac Léman Aigle Genève Monthey/St-Maurice 0 5 10 20 km Source: Credit Suisse Economic Research, Geostat, DDS Indicateurs économiques: disparités régionales L'espace métropolitain Genève-Montreux compte environ 900 000 habitants, dont 75% se concentrent dans les deux pôles de Genève et Lausanne. Dans leur rôle de centres, ces deux régions économiques offrent aussi 83% des emplois et revêtent donc une grande importance pour l’ensemble de l'espace métropolitain et les régions environnantes. La part de l'espace métropolitain Genève-Montreux dans la création de valeur totale en Suisse s’établit à 13,6%, contre 27,7% pour l'espace métropolitain zurichois. Les écarts régionaux en matière de valeur ajoutée reflètent des structures économiques d’orientation différente. La région économique de Genève atteint le chiffre le plus élevé, avant tout parce qu’elle est spécialisée dans les services financiers à haute valeur ajoutée. S’agissant du revenu des ménages, ce ne sont pas les centres qui font la course en tête, mais les régions de Nyon et de Morges/Rolle qui, sur ce plan, se situent non seulement bien au-dessus de la moyenne suisse, mais aussi au-dessus de celle de la région économique de Zurich. Le niveau plus élevé des revenus par habitant traduit l’attrait que ces régions exercent comme lieu d’habitation dans l'espace métropolitain ainsi que la séparation toujours plus nette entre lieu d’habitation et lieu de travail. Swiss Issues Régions 6 Economic Research Figure 2 Indicateurs démographiques et économiques Population Emplois (équivalents plein temps, en milliers) Création de valeur (en % et milliers de CHF) Revenu des ménages (en milliers de CHF) Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire Part au total CH Par emploi Par personne 2006 2005 2005 2005 2005 2005 2004 VD 662'145 12.6 58.3 192.0 7.7% 125'836 43.8 GE 433'235 2.4 37.8 177.4 7.6% 149'729 42.3 BE 958'897 29.9 115.7 278.6 12.6% 127'422 43.2 FR 258'252 9.1 29.1 54.3 2.5% 113'566 36.2 VS 294'608 7.5 32.9 70.0 3.0% 117'847 33.7 NE 168'912 2.6 27.7 40.7 2.1% 125'312 40.3 Cantons Cantons voisins Régions économiques Lausanne 240'966 1.4 21.6 102.6 3.9% 133'766 43.3 Morges/Rolle 68'533 1.9 5.6 15.8 0.7% 122'112 51.7 Nyon 69'111 1.0 3.9 14.8 0.6% 132'829 59.0 Vevey/Lavaux 82'489 1.1 4.3 21.9 0.7% 115'842 42.4 Genève 433'235 2.4 37.8 177.4 7.6% 149'729 42.3 Espace métropolitain Genève-Montreux 894'334 7.8 73.2 332.5 13.6% 140'278 43.8 7'508'739 142.7 937.9 2'185.3 100% 130'927 44.3 Suisse Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS) Swiss Issues Régions 7 Economic Research 2 Conjoncture La conjoncture dans le monde et en Suisse Les conditions-cadres nationales et internationales jouent un rôle décisif dans l’évaluation de la conjoncture régionale. Après une longue phase de large et très forte expansion de l’économie mondiale, le climat conjoncturel s’est rafraîchi depuis l’an dernier sous l’effet de la crise du crédit hypothécaire aux Etats-Unis et de ses répercussions sur les marchés financiers. La croissance mondiale faiblit depuis la fin de l’été 2007. Les avis divergent sur les conséquences futures de la crise financière ainsi que sur l’ampleur et l’orientation des développements à venir. Ce qui est sûr, c’est que la dynamique économique mondiale va nettement se tasser en 2008. Ralentissement en Suisse également En Suisse, les dernières années ont été marquées par une croissance économique exceptionnellement soutenue. Dans une perspective à long terme, l’économie suisse affiche en effet une croissance impressionnante sur les douze derniers trimestres. Il s’agit de la phase d’expansion au-dessus du potentiel de croissance de loin la plus longue depuis le début des années 1980. Le dernier sommet a été atteint en 2007, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) réel de 3,1%. Au 1er trimestre 2008, le PIB réel a encore crû de 3% sur un an, porté en particulier par la demande robuste des ménages ainsi que par la dynamique des investissements d’équipement. L’économie helvétique a donc entamé l’année 2008 dans de bonnes dispositions. Mais la Suisse non plus ne peut échapper à l’influence de la conjoncture mondiale, de sorte que les signes d’un ralentissement des moteurs et du rythme de la conjoncture sont désormais perceptibles. Depuis le début de l’année, les échanges extérieurs n’ont pas pu renouer avec la puissante dynamique de 2007. Dans l’industrie MEM aussi (industrie des machines, des équipements électriques et des métaux), la conjoncture a fléchi avec, à la clé, une baisse des entrées de commandes – notamment sur le marché intérieur – par rapport au même trimestre de l’année précédente. Causes mondiales – conséquences locales La conjoncture nationale est ainsi soumise à diverses influences et répercussions liées à l’évolution mondiale. Le fléchissement de la conjoncture sur les principaux marchés étrangers de la Suisse se traduit par un ralentissement de la dynamique d’exportation. Notre compétitivité internationale s’est aussi dégradée sous l’effet de l’appréciation du franc. Cette évolution de la monnaie a été déclenchée par la crise des marchés financiers, laquelle s’est encore étendue en début d’année. La dynamique d’exportation de l’économie suisse continue toutefois de dépendre davantage de la croissance des marchés étrangers et de l’attractivité des produits d’exportation que de la simple évolution des taux de change. Spécialisation dans les produits de niche La Suisse profite cependant aussi de l’économie mondiale. Grâce à sa spécialisation dans les produits de niche de qualité, l’économie helvétique reste bien placée, même lorsque la situation conjoncturelle mondiale devient plus difficile. Il faut toutefois aussi s’attendre à un recul de la demande de produits de luxe et à un ralentissement de la conjoncture dans l’industrie, qui freineront en partie l’activité d’exportation de la Suisse. Perspectives conjoncturelles L’économie helvétique devrait voir son rythme de croissance ralentir par rapport à 2007. Ce pronostic est corroboré par les chiffres du Purchasing Managers' Index (PMI), un indice établi conjointement par le Credit Suisse et l’Association Suisse pour l’Approvisionnement et l’Achat (ASAA). En juillet, cet indice a cédé 0,8 point, bouclant le mois à 54,1 points. Le PMI est certes tombé en dessous de sa moyenne pluriannuelle de 54,5 points pour la première fois depuis la mi-2005, mais il demeure largement au-dessus du seuil critique des 50 points et ce pour la 41e fois consécutive. Ce sixième repli de l’indice sur les huit derniers mois signale un ralentissement du rythme d’expansion de l’industrie. Quant au marché du travail, il devrait rester bien orienté cette année. Le chômage a continué à reculer au 1er semestre 2008 et le nombre de personnes actives a augmenté. 2.1 Baromètre conjoncturel régional Evolution de la conjoncture régionale Comme il n’existe pas de données officielles pour le produit intérieur brut par canton, la conjoncture régionale ne peut être évaluée que par des moyens détournés. Nous avons conçu à cet effet un baromètre conjoncturel trimestriel pour les cantons suisses. Il s’agit d’un indicateur Swiss Issues Régions 8 Economic Research synthétique calculé à partir des facteurs suivants: places de travail vacantes annoncées, importations, exportations, nuitées, nouvelles immatriculations de véhicules ainsi que demandes de permis et autorisations de construire dans le bâtiment. Ce baromètre conjoncturel reflète la tendance et les tournants de l’activité économique. Il ne permet toutefois pas de tirer des conclusions sur le niveau de l’activité économique ou d’établir des prévisions précises. La hausse de l’indicateur annonce ainsi une accélération, la baisse un ralentissement de la croissance économique, mais pas forcément une récession. Le 1er trimestre 2008 est la dernière période pour laquelle le baromètre conjoncturel a été calculé. Or, comme celui-ci anticipe la situation avec trois mois d’avance, il permet des prévisions jusqu’au 2e trimestre 2008 et donc une évaluation de la situation conjoncturelle actuelle à l’échelle des régions. Conjoncture dans les cantons de Genève et de Vaud Dans leurs tendances, les baromètres conjoncturels régionaux pour le canton de Genève et l’ensemble de la Suisse romande suivent largement la courbe de la conjoncture nationale, mais les mouvements sont en partie plus marqués qu’en moyenne suisse (Figure 3). En 2002 notamment, la Suisse romande et plus particulièrement le canton de Genève ont mieux profité des premières impulsions venues de l’étranger. Cela s’est traduit par une dynamique des exportations supérieure à la moyenne nationale, notamment dans les cantons de Genève et de Vaud. Début 2005, la dynamique conjoncturelle en Suisse romande a évolué en deçà de la moyenne nationale. Le canton de Vaud a même atteint le point d’inflexion en cours d’année déjà. Le ralentissement de la conjoncture helvétique qui a débuté en 2006 n’a pas touché la Suisse romande partout de la même manière. Soutenu par l’évolution positive des exportations et d’une conjoncture toujours robuste dans la construction, le regain d’activité relevé en 2007 a fait monter les baromètres de la Suisse romande, du canton de Genève et, dans une moindre mesure, du canton de Vaud. Ce n’est qu’au premier trimestre 2008 que la croissance a également commencé à ralentir en Suisse romande et dans le canton de Genève. Sur toute la période d’observation, le canton de Vaud présente une évolution en grande partie inverse à celle relevée au plan national, et aucun ralentissement de la dynamique n’y a encore été constaté. Figure 3 Baromètres conjoncturels régionaux Indicateurs synthétiques 5 4 3 Suisse romande CH VD GE 2 1 0 -1 -2 -3 -4 -5 1996 I 1997 I 1998 I 1999 I 2000 I 2001 I 2002 I 2003 I 2004 I 2005 I 2006 I 2007 I 2008 I Source: Credit Suisse Economic Research Conjoncture dans la construction: normalisation partielle en Suisse romande La figure 4 montre l’évolution récente des différents indicateurs du baromètre conjoncturel pour les cantons de Genève et de Vaud. Les indicateurs anticipés pour les demandes de permis et les autorisations de construire annoncent depuis le 2e trimestre 2007 un ralentissement au plan national de l’activité dans la construction. Après plusieurs années de boom, les indicateurs avancés de Suisse romande ne signalent cependant pas encore tous une normalisation de la conjoncture dans ce secteur. Pour l’heure, on relève une hausse des autorisations de construire Swiss Issues Régions 9 Economic Research dans le canton de Vaud. Par contre, dans le canton de Genève, l’activité y ralentit, suivant en cela la tendance nationale, mais les chiffres de la série de données présentent un léger biais. Pour certains grands projets, l’octroi des autorisations a quelque peu tardé, creusant l’écart entre demandes et autorisations. De plus, les projets en zones de développement sont soumis à des contraintes plus sévères qui amplifient encore le retard existant entre les deux séries de données. Les spécificités du marché du logement genevois sont abordées au point 7.1. Impact de la libre circulation des personnes sur le taux de chômage? En Suisse, le chômage suit en gros l’évolution conjoncturelle; il s’est maintenu à 2,7% au premier trimestre 2008, soit un des taux les plus bas d’Europe. Mais les cantons suisses ne sont pas tous logés à la même enseigne. Aucun effet négatif de la libre circulation des personnes sur le chômage en Suisse n’a été constaté durant la période considérée. Dans les régions occupant beaucoup de frontaliers, il n’est toutefois pas exclu que la pression sur les demandeurs d’emploi ait augmenté en raison d’une abondante offre de travail et que le chômage y recule donc plus lentement. Cela vaut en particulier pour Genève qui, en plus des frontaliers français, dispose aussi d’un potentiel de main-d’œuvre du côté du canton de Vaud. Figure 4 Indicateurs conjoncturels régionaux pour les cantons de Vaud et de Genève Moyenne des quatre derniers trimestres, évolution en % sur un an, taux de chômage en % Suisse romande Suisse 2007 I 2007 II 2007 III 2007 IV 2008 I 2007 I 2007 II 2007 III 2007 IV 2008 I 17,5% 18,1% 14,6% 14,7% 12,7% 26,3% 22,1% 19,3% 17,9% 15,5% Taux de chômage 4,4% 3,8% 3,5% 3,7% 3,8% 3,2% 2,7% 2,5% 2,7% 2,7% Exportations de marchandises 8,9% 9,0% 11,9% 11,9% 11,4% 11,1% 11,9% 11,3% 8,7% 6,3% Importations de marchandises 4,5% 4,8% 6,5% 7,6% 8,6% 7,8% 7,9% 9,2% 6,3% 3,3% -2,1% -3,3% -2,6% -0,8% 1,3% 3,4% 1,9% 0,6% -2,9% -5,1% 6,6% 8,9% 7,0% 7,1% 6,1% 4,2% 2,1% -0,4% -1,2% -2,4% Nuitées dans l’hôtellerie 5,5% 3,4% 4,1% 4,7% 6,1% 6,1% 4,6% 4,2% 4,3% 5,8% Nouvelles immatriculations de véhicules 1,7% 2,1% 6,3% 6,5% 7,4% 3,5% 2,5% 5,3% 4,9% 5,5% Places vacantes Autorisations de construire dans le bâtiment Demandes de permis dans le bâtiment Vaud Genève 2007 I 2007 II 2007 III 2007 IV 2008 I 2007 I 2007 II 2007 III 2007 IV 2008 I 26,3% 23,5% 22,3% 21,8% 21,2% 23,3% 24,2% 8,7% 11,2% 7,4% Taux de chômage 4,6% 4,1% 3,9% 3,9% 4,1% 6,8% 6,3% 5,9% 6,0% 5,9% Exportations de marchandises 5,4% 8,8% 12,6% 13,5% 12,1% 9,7% 6,4% 8,8% 9,3% 8,3% Importations de marchandises 4,5% 6,4% 10,5% 11,3% 10,6% 9,9% 5,6% 4,7% 1,1% 2,5% -6,5% -8,7% -4,4% -1,1% 5,8% 1,5% -1,4% -6,1% -8,0% -16,7% 5,4% 9,7% 6,7% 5,2% -1,8% 29,5% 47,2% 42,8% 27,0% 12,1% 3,1% 2,0% 4,0% 3,1% 4,6% 9,8% 7,6% 5,8% 7,9% 6,8% -2,5% -0,2% 5,9% 5,1% 8,5% 3,3% 3,4% 5,8% 6,6% 7,5% Places vacantes Autorisations de construire dans le bâtiment Demandes de permis dans le bâtiment Nuitées dans l’hôtellerie Nouvelles immatriculations de véhicules Source: Office fédéral de la statistique (OFS), Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), Schweizer Baublatt, Administration fédérale des douanes (AFD) Malgré le haut niveau de formation de ses travailleurs, la Suisse romande connaît des taux de chômage beaucoup plus élevés que les autres cantons suisses. Le grand nombre de places vacantes et de demandeurs d’emploi est le signe d’un important chômage structurel. Dans le canton de Genève, non seulement le taux de chômage dépasse de plus de deux fois la moyenne nationale – il s’établissait à 5,9% au premier trimestre 2008 –, mais la durée moyenne du chômage individuel est aussi plus longue. La politique de marché du travail a été partiellement révisée avec la suppression des emplois temporaires cantonaux (ETC) à l’expiration desquels un nouveau délai-cadre était accordé. Swiss Issues Régions 10 Economic Research 3 Qualité de la localisation Les pays, les régions et les communes se disputent toujours plus âprement les investisseurs, les emplois et, surtout, les recettes fiscales qui leur sont liées. Avec le profond changement structurel et le durcissement sensible de la concurrence mondiale, les avantages concurrentiels durables dépendent de plus en plus des facteurs de localisation régionaux. Ces derniers demandent donc à être soignés vu l’intensification de la concurrence de substitution. 3.1 Cinq facteurs pour évaluer la qualité d’une localisation Qualité de la localisation des cantons suisses Pour mesurer et comparer la qualité de la localisation des cantons et des régions suisses, nous avons mis au point un indicateur de qualité de la localisation (IQL). Cet indicateur repose sur cinq facteurs de localisation: imposition des personnes physiques, imposition des personnes morales, niveau de formation de la population, présence de personnel hautement qualifié et accessibilité par les transports. Les facteurs de localisation qualitatifs gagnent certes aussi en importance, mais leur quantification est difficile, voire impossible, et ils relèvent le plus souvent de jugements de valeur rendant toute comparaison aléatoire. C’est pourquoi ils ont été sciemment laissés de côté. De tels facteurs jouent cependant un rôle non négligeable dans l’attractivité des sites à forte vocation touristique. Ni la vue sur le lac offerte par l'espace métropolitain Genève-Montreux, ni celle sur les Alpes ni encore la douceur de son climat, tous éléments importants pour l’attractivité de la région lémanique, peuvent être pris en compte dans cet indicateur. Figure 5 Qualité de la localisation des cantons suisses, 2008 Indicateur synthétique, CH = 0 3.0 ZG 2.0 1.0 ZH NW OW GE SZ AG BS TG 0.0 BL AR SH AI SO VD SG LU BE -1.0 TI GL FR GR UR VS NE JU -2.0 Source: Credit Suisse Economic Research En ce qui concerne l’imposition des personnes physiques, nous considérons aussi bien le niveau des impôts sur le revenu et la fortune que leur progression. Le facteur de l’imposition des personnes morales repose, lui, sur une analyse des impôts sur le bénéfice net et le capital. Pour le niveau de formation de la population, nous déterminons la proportion de personnes âgées de 19 à 69 ans ayant au moins obtenu un certificat d’apprentissage. S’agissant de la présence de personnel hautement qualifié, nous calculons la part de la population âgée de 25 à 69 ans ayant achevé une formation du degré tertiaire. Enfin, l’accessibilité par les transports est calculée pour le trafic motorisé individuel et pour les transports collectifs. Outre les temps de parcours entre les communes et les nœuds de communication, nous prenons aussi en considération le bassin Swiss Issues Régions 11 Economic Research d’habitation et d’emploi. L’évaluation qui en découle correspond à la somme des avantages liés à la proximité d’une agglomération. L’indicateur de qualité de la localisation est un indicateur relatif dans lequel la valeur pour la Suisse est égale à zéro. Les valeurs positives et négatives indiquent une qualité de localisation respectivement supérieure ou inférieure à la moyenne nationale. Polarisation croissante des localisations La figure 5 présente les valeurs 2008 de l’indicateur de qualité de la localisation pour les cantons suisses. On peut considérer que les valeurs entre +0,3 et -0,3 se situent dans la moyenne nationale. Huit cantons figurent désormais dans le milieu de tableau, soit trois de moins qu’en 2004, signe d’une polarisation croissante des localisations. Cette évolution tient avant tout aux gains d’attractivité induits par les baisses d’impôts. Le canton de Zoug arrive en tête, devant Zurich et Nidwald, lui-même suivi de près par Obwald qui, avec un gain de neuf rangs en quatre ans, est de loin le canton ayant le plus progressé. La présence de quatre cantons de Suisse centrale parmi les six premiers reflète la forte attractivité de cette grande région. Malgré une lourde fiscalité, le canton de Genève se hisse à la cinquième place et présente globalement une qualité de localisation nettement supérieure à la moyenne. Par contre, le canton de Vaud se situe dans la moyenne à la 15e position. Le bas du tableau regroupe les cantons à topographie difficile éloignés des grands centres, suisses ou étrangers. Parmi les mesures d’optimisation envisageables ici figurent les investissements ciblés dans la formation et les infrastructures de transport ainsi que les allégements fiscaux. Ces recettes de succès ne sont toutefois pas transposables sans autre dans toutes les régions. L’exemple des cantons touristiques des Grisons et du Valais montre qu’à côté des handicaps dans la concurrence entre localisations, une topographie accidentée peut aussi être un atout à exploiter. 3.2 Qualité des localisations en comparaison régionale Grande hétérogénéité cantonale Le canton ne représente pas une entité optimale pour mesurer la qualité d’une localisation et de ses composantes. Si ce niveau d’analyse peut convenir pour les petits cantons homogènes, l’agrégation des valeurs de régions plus fortes et plus faibles entraîne par contre une perte d’informations pour les grands cantons relativement hétérogènes. C’est notamment le cas pour le canton de Vaud, où des zones rurales ayant tendance à se dépeupler (Pays d'Enhaut, La Vallée) côtoient des centres. La répartition en régions économiques non délimitées par les frontières cantonales est idéale pour illustrer les phénomènes économiques et la structure spatiale et prend mieux en compte la diversité de cantons et de zones économiques hétérogènes. Qualité de localisation supérieure dans l'espace métropolitain Affichant une qualité de localisation élevée, les régions qui forment l'espace métropolitain Genève-Montreux figurent dans le premier tiers du classement des 110 régions économiques suisses, ce qui leur assure une grande attractivité par rapport aux contrées voisines de Suisse romande (Figure 6). L’examen des différents facteurs de localisation permet d’expliciter l’évaluation globale de la qualité de localisation (Figure 7). Les cinq régions constituant l'espace métropolitain GenèveMontreux présentent toutes un profil de localisation semblable. L’homogénéité de l’espace ainsi créé justifie donc une approche indépendante des frontières politiques. On relèvera en particulier le niveau de formation relativement élevé de la population dans cette région, ainsi que la présence de personnel très qualifié. Moins positive est par contre l’imposition supérieure à la moyenne des personnes morales. Ignoré par notre indicateur, l’arrêté Bonny sur les allégements fiscaux en faveur de personnes morales domiciliées dans des zones économiques dites en redéploiement a toutefois eu des effets dans les régions de Lausanne, Morges/Rolle et Vevey/Lavaux en y favorisant l’implantation d’entreprises. Avec l’adoption de la nouvelle loi fédérale sur la politique régionale, ces régions ne figurent certes plus parmi les zones avantagées, mais elles continuent néanmoins à bénéficier de possibilités d’allégements fiscaux durant une période transitoire de trois ans. Swiss Issues Régions 12 Economic Research Figure 6 Qualité de localisation de quelques régions économiques, 2008 Indicateur synthétique, CH = 0 IQL 2008 -1.63 - -0.98 -0.97 - -0.31 -0.30 - 0.31 0.32 - 1.09 1.10 - 2.62 Espace métropolitain Genève-Montreux 0 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, Geostat Deux facteurs pour déterminer le niveau de formation… Liée aux conditions-cadres économiques, la présence d’une main-d’œuvre qualifiée à très qualifiée constitue un critère de localisation important pour les entreprises établies en Suisse. En effet, le coût élevé des facteurs de production oblige les entreprises à créer beaucoup de valeur. Or, la production de biens et de services à forte valeur ajoutée requiert un personnel hautement qualifié. Une telle main-d’œuvre est surreprésentée dans les régions concernées et le niveau de formation de la population se situe le plus souvent dans la moyenne nationale, avec des valeurs supérieures dans les régions de Nyon et de Morges/Rolle. La séparation toujours plus nette entre lieux d’habitation, d’études et de travail ne permet certes pas d’établir un parallèle direct entre les universités de Genève et de Lausanne ainsi que l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et une forte présence de personnel hautement qualifié. Il est toutefois certain que la richesse de l’offre de formations contribue à retenir les jeunes et leur évite, au moins en partie, de devoir émigrer pour se former. Les entreprises peuvent également profiter de l’offre des hautes écoles à des fins de formation continue. Le nombre d’étudiants drainés par ces institutions a augmenté d’environ 32% depuis 1990, contre 15% à Zurich. …deux facteurs pour mesurer l’imposition Il est toutefois rare que la demande de main-d’œuvre spécialisée puisse être satisfaite par la seule population active locale. Au contraire, les entreprises doivent souvent recruter une partie de leur personnel ailleurs en Suisse. Parmi d’autres facteurs incitant les personnes à s’établir dans une région, l’imposition des personnes physiques est donc un critère important pour les entreprises. La course à la substance fiscale se déroule avant tout sur une petite échelle ou à l’intérieur de grandes régions ou d’espaces économiques. Alors que l’imposition des personnes physiques dans le canton de Vaud se situe dans la moyenne nationale, elle la dépasse nettement dans le canton de Genève. Le différend fiscal qui a éclaté entre Genève et Vaud à la fin des années 1990 au sujet de l’imposition des pendulaires ne surprend guère lorsqu’on sait que de très nombreux contribuables aisés travaillant à Genève ont «fui» dans le canton de Vaud. …un facteur pour évaluer l’accessibilité par les transports L’accessibilité par les transports a une incidence directe sur l’attractivité économique et résidentielle d’une région. La séparation entre lieu d’habitation et lieu de travail, la répartition géographique toujours plus poussée des processus de production ainsi que l’orientation mondiale de nombreux marchés ont sensiblement accru les besoins de mobilité des particuliers et des entreprises. Le facteur d’accessibilité revêt donc de plus en plus d’importance. A cet égard, les bon- Swiss Issues Régions 13 Economic Research nes liaisons routières et ferroviaires dont bénéficie l'espace métropolitain Genève-Montreux se traduisent par des valeurs se situant au moins dans la moyenne nationale. Figure 7 Facteurs de localisation de quelques régions économiques, 2008 Indicateurs synthétiques, CH = 0, imposition au 1.1.2007 2.0 1.5 1.0 Lausanne Morges/Rolle Nyon Vevey/Lavaux Genève Point fort 2.5 Moyenne CH 0.5 0.0 -0.5 -1.5 -2.0 Imposition des personnes physiques Imposition des personnes morales Niveau de formation de la population Présence de personnel hautement qualifié Voies de communication Point faible -1.0 Source: Credit Suisse Economic Research Concurrence fiscale à petite échelle Vu la fiscalité relativement lourde pratiquée à Genève, on peut se demander quelles mesures le canton a prises pour pouvoir s’affirmer dans la lutte autour de la substance fiscale qui l’oppose aux régions limitrophes du canton de Vaud et à d’autres sites concurrents. Empiriquement, on constate en effet qu’un canton est d’autant plus enclin à baisser ses impôts, notamment dans les classes de revenu moyennes et supérieures, que la charge fiscale est faible chez ses voisins. Témoin le rejet fin 2007 des initiatives populaires visant à augmenter l’imposition des personnes physiques dans ces classes de revenu (initiatives «Suppression des allégements accordés dès 2000 en matière d’impôt sur le revenu» et «Hausse de l’impôt sur la fortune pour les grandes fortunes»). La nouvelle méthode de calcul de la valeur locative, qui s’est généralement traduite par des hausses de prix, agit toutefois en sens inverse. Dans le cadre de la lutte pour s’emparer des ressources fiscales des personnes morales, des mesures de réduction d’impôt ont également été décidées: le canton de Genève prévoit une taxation allégée du capital durant les trois premières années pour les entreprises nouvellement établies ou créées sur son territoire. Enfin et surtout, le vote sur la deuxième réforme de l’imposition des entreprises début 2008 traduit des efforts en direction d’une fiscalité plus douce. Globalement rejetée en Suisse romande, cette réforme a néanmoins été acceptée dans les districts de Genève, Nyon et Lavaux-Oron. Faible concurrence fiscale en Suisse romande Dans l’ensemble, la concurrence fiscale est toutefois moins développée en Suisse romande que dans les autres régions du pays (Figure 8). Beaucoup de cantons suisses-alémaniques ainsi que le Tessin se disputent la substance fiscale dans le quatrième quadrant, avec une imposition inférieure à la moyenne. La concurrence fiscale est par contre moins développée en Suisse romande, et une baisse de l’imposition des personnes physiques ou morales, aussi légère soitelle, suffit déjà à se démarquer des autres régions. Fiscalité contre revenu disponible La simple comparaison des politiques fiscales néglige le fait que les prix élevés de l’immobilier dans les régions fiscalement avantageuses annulent en grande partie les économies d’impôts (voir aussi la figure 40). Par ailleurs, les disparités régionales relevées dans d’autres catégories de dépenses – primes d’assurance-maladie par exemple – pèsent généralement plus lourd que supposé. Pour prendre en compte tous les avantages et désavantages financiers des régions d’habitation, le Credit Suisse a conçu un indicateur mesurant le revenu disponible. Pour les cantons, l’indicateur RDI (Regional Disposable Income) varie entre les valeurs maximum et minimum de 1,70 et de -2,96. Il s’agit d’un indicateur synthétique dans lequel zéro correspond à la Swiss Issues Régions 14 Economic Research moyenne nationale. Les valeurs positives ou négatives indiquent un revenu disponible respectivement supérieur ou inférieur à la moyenne suisse. Figure 8 Fiscalité dans quelques régions au 1.1.2007 Indicateurs synthétiques, CH = 0; les valeurs positives indiquent une imposition supérieure à la moyenne III BE SG VS Imposition des personnes physiques 0.5 La Gruyère LU SO Genève Sense Murten Gros-de-Vaud Morges/Rolle UR TG TI AR -0.5 I Glâne/Veveyse La Sarine La Broye Pays d'Enhaut Yverdon Aigle La Vallée AG Nyon SH GR BS BL Lausanne Vevey/Lavaux -1.5 AI OW -2.5 -4.0 IV SZ NW -3.05 ZH ZG -3.56 -3.0 -2.0 -1.0 0.0 Imposition des personnes morales 1.0 2.0 II Source: Credit Suisse Economic Research, Tribut AG La figure 9 donne les valeurs RDI pour tous les cantons. Le canton d’Appenzell RhodesIntérieures arrive en tête grâce à une fiscalité modeste, à un coût du logement peu élevé et à de faibles primes d’assurance-maladie. Les cantons fiscalement avantageux comme Schwyz, Nidwald et Zoug sont aussi bien placés. Le classement révèle toutefois que les seuls avantages fiscaux ne suffisent pas pour se hisser au premier rang en matière de revenu disponible. Dans les cantons fiscalement généreux, la forte demande de surfaces d’habitation a entraîné des hausses de prix qui se sont répercutées très négativement sur le revenu disponible, avec un coût du logement supérieur à la moyenne. Il semble cependant que les prix de l’immobilier pratiqués dans les cantons fiscalement les plus attractifs n’aient pas encore atteint un niveau dissuasif. Aux premiers rangs figure une série de cantons qui se situent dans le milieu, voire dans le bas du tableau pour l’imposition, mais qui présentent des avantages comparatifs au niveau du coût du logement et d’autres postes de dépenses. Ainsi, ce sont avant tout les coûts avantageux du logement et de la santé qui permettent au canton de Glaris de figurer dans le peloton de tête. Cantons-centres et charges liées aux centres urbains Les résultats pour Genève illustrent parfaitement la problématique des cantons-centres. La forte création de valeur économique et le rayonnement suprarégional apportent non seulement des avantages, mais aussi des charges propres aux centres urbains. Les frais supportés par ceux-ci (social, santé, infrastructures de transport, culture, etc.) profitent directement ou indirectement aux habitants des environs. Le coût du logement, toujours élevé dans les centres, et le poids de la fiscalité qui y est pratiquée se répercutent en outre très négativement sur les budgets des ménages. Les valeurs RDI les plus basses de Suisse concernent donc les ménages des cantons de Bâle-Ville et de Genève, l’exiguïté de ces cantons-villes accentuant encore le résultat. Malgré un coût du logement élevé, Zurich occupe la meilleure position parmi les cantonscentres grâce à une fiscalité relativement douce et à des primes d’assurance-maladie avantageuses. Le canton de Vaud se situe au milieu des cantons-centres. Swiss Issues Régions 15 Economic Research Figure 9 Revenu disponible dans les cantons suisses, 2006 Indicateur RDI, CH = 0 2.0 1.5 1.0 AI SZ NW GL ZG AR OW TG 0.5 VS UR GR AG SH SG JU 0.0 -0.5 -1.0 -1.5 -2.0 SO TI FR LU ZH BE NE VD BL BS -2.5 -3.0 GE Source: Credit Suisse Economic Research Swiss Issues Régions 16 Economic Research 4 Population et revenu La structure et l’évolution de la population sont des aspects importants du développement régional. Depuis des années, la dynamique démographique en Suisse et dans les autres pays industrialisés se caractérise notamment par la stagnation des taux de natalité qui réduit la croissance démographique naturelle. En revanche, les mouvements migratoires agissent davantage que par le passé sur l’évolution de la population. Outre leur ampleur, la façon dont ils modifient la structure démographique a aussi son importance. La formation, la classe socioprofessionnelle et la structure de la population immigrante ou émigrante influent sur l’évolution régionale du revenu moyen, de la substance fiscale et du potentiel du marché du travail. Un changement de la demande dans certains segments du marché immobilier peut également être la conséquence de tels mouvements migratoires sélectifs. 4.1 Evolution démographique A raison de 0,6% par an, la population de la Suisse a constamment augmenté entre 1996 et 2006. Toutes les régions considérées de Suisse romande ont égalé voire dépassé cette dynamique démographique moyenne (Figure 10). Avec ses 0,9% par an, l'espace métropolitain Genève-Montreux affiche une évolution supérieure à la moyenne nationale, le record revenant aux régions de Nyon, Morges/Rolle et Genève. Les deux autres régions de Vevey/Lavaux et de Lausanne ont, elles, enregistré des taux de croissance plus faibles, cette dernière se situant juste dans la moyenne nationale. Quant aux régions d’Aigle et de Monthey/St-Maurice, elles ont connu une évolution démographique exceptionnelle grâce à une accélération de la dynamique à partir de 2001 environ. Grande attractivité résidentielle de l'espace métropolitain Figure 10 Dynamique démographique, 1996–2006 Figure 11 Prévision démographique, 2006-2015 Indice 1996 = 100 Taux de croissance annuel moyen en % Evolution démographique -1.29% - -0.68% -0.67% - -0.06% -0.05% - 0.55% 0.56% - 1.17% 1.18% - 1.78% 120 Lausanne 115 110 Morges/Rolle Nyon Espace métropolitain Genève-Montreux Vevey/Lavaux Aigle Monthey/St-Maurice Genève Espace métropolitain Genève-Montreux Suisse 105 100 95 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 0 Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS) Persistance d’une croissance démographique supérieure à la moyenne 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, OFS, Geostat Présentant notre prévision démographique jusqu’en 2015, la figure 11 donne les taux de croissance annuels moyens dans un contexte régional élargi. Selon notre prévision, la population suisse va augmenter en moyenne de 0,55% par an. Cette évolution varie toutefois beaucoup selon la région. Aux centres et aux agglomérations qui gagnent des habitants font face les zones périphériques qui ont tendance à en perdre. Jouissant d’une attractivité résidentielle intacte, une bonne partie de l'espace métropolitain Genève-Montreux connaîtra une croissance supérieure à la moyenne. Le record est attendu dans les régions de Nyon et de Morges/Rolle. A proximité immédiate de cet espace métropolitain, des régions comme le Gros-de-Vaud, la Glâne/Veveyse, Aigle ou Monthey/St-Maurice confirmeront en outre leur rôle de zones de déSwiss Issues Régions 17 Economic Research lestage pour les habitants ne pouvant pas se loger près du lac en raison de la pression démographique et des prix de l’immobilier. 4.2 Structure des âges et croissance des cohortes La structure des âges joue un rôle important dans la situation et le développement d’une région, tant par son impact que par sa charge explicative. L’analyse de l’écart de différentes cohortes d’âge par rapport à la moyenne suisse révèle l’attractivité résidentielle d’une région pour certains groupes de population selon la phase de leur cycle de vie. Elle permet ainsi de tirer des conclusions sur les possibilités d’emploi dans la région ainsi que sur l’accessibilité des marchés du travail à distance pendulaire. Sont particulièrement parlantes dans ce contexte les parts de population selon l’étape de la vie active. On distingue ici les phases de formation, d’entrée dans le monde du travail, d’activité professionnelle bien établie et de retraite. On remarque que la population de l'espace métropolitain Genève-Montreux présente une proportion supérieure à la moyenne nationale de personnes ayant entre 25 et 39 ans (Figure 12). Les actifs se trouvant dans la première étape de leur vie active sont donc surreprésentés. Parce qu’il est légèrement supérieur à la moyenne, le nombre d’enfants laisse en outre supposer que les familles s’établissant dans l'espace métropolitain sont jeunes pour la plupart. Les régions économiques de cette zone remplissent toutefois des fonctions différentes. Centres et zones résidentielles La proximité de Genève en tant qu’important centre de travail, une fiscalité plus douce et la demande accrue d’espace de la part des familles font de Nyon avant tout une région de résidence pour les actifs établis ayant des enfants. En raison de leur fonction de centres, Genève et Lausanne attirent surtout comme habitants les actifs sans enfants en début de carrière. La douceur du climat, les vignobles et la tranquillité font par contre de la région Vevey/Lavaux une zone d’habitation privilégiée par les retraités. Figure 12 Structure des âges, 2006 Figure 13 Croissance des cohortes, 2001-2006 Ecart de la part de population des cohortes par rapport à la moyenne suisse Taux de croissance des cohortes d'âge de 2001 sur 5 ans 15% 65+ 10% 5% 40-64 0% -5% 25-39 -10% 15-24 0-14 Espace métropolitain Genève-Montreux Genève Vevey/Lavaux Nyon Morges/Rolle Lausanne -15% -20% -25% 0-4 -5.0% -4.0% -3.0% -2.0% -1.0% 0.0% Source: Office fédéral de la statistique (OFS) Evolution démographique par classes d’âge 1.0% 2.0% 3.0% 4.0% 5-9 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65+ CH Espace métropolitain Gèneve-Montreux Source: Office fédéral de la statistique (OFS) L’évolution des cohortes d’âge de 2001 présentée à la figure 13 montre comment les groupes de population de même âge ont évolué en Suisse et dans l'espace métropolitain GenèveMontreux entre 2001 et 2006. Les variations des cohortes sont déterminées par les mouvements migratoires ainsi que par les taux de natalité et de mortalité; elles reflètent l’attrait de cette région pour certains groupes d’âge. La comparaison avec la Suisse montre dans quelle mesure la région s’écarte des développements démographiques généraux. L’évolution dans l'espace métropolitain Genève-Montreux suit fondamentalement le schéma national. L’attractivité du marché du travail ressort aussi bien de l’évolution des personnes entrant dans la vie professionnelle que du taux de croissance des jeunes en formation et reflète la force Swiss Issues Régions 18 Economic Research de la place économique. La croissance supérieure à la moyenne des 35-49 ans et des enfants permet de conclure à un afflux de familles qui a un impact positif sur le rapport de dépendance des rentiers et en partie aussi sur le revenu régional des ménages. Jeune espace métropolitain Vu la structure démographique relativement jeune de l'espace métropolitain et l’évolution des cohortes d’âge de 2001, le vieillissement de la population devrait progresser moins vite que dans d’autres régions. Pour juger du vieillissement, on se réfère en outre au rapport de dépendance des personnes âgées, une mesure spécifique qui exprime le ratio des personnes de plus de 65 ans aux personnes de 20 à 64 ans (Figure 14). Il s’agit donc d’une mesure qui indique à la fois le degré de vieillissement d’une population et le potentiel régional de main-d’œuvre. En Suisse, ce rapport de dépendance était de 0,26 en 2006, ce qui signifie qu’on y comptait environ quatre actifs pour un retraité. Comme le montre déjà la structure démographique, le rapport de dépendance des personnes âgées est inférieur à la moyenne nationale dans les différentes régions composant l'espace métropolitain, sauf dans celle de Vevey/Lavaux, particulièrement attractive pour les retraités. Figure 14 Rapport de dépendance des personnes âgées (2006) et croissance des cohortes, 2001-2006 Taux de dépendance des personnes âgées 0.18 - 0.22 0.23 - 0.26 0.27 - 0.28 0.29 - 0.34 0.35 - 0.38 Espace métropolitain Genève-Montreux Croissance des cohortes 2001-2006 0-14 15-24 25-39 40-64 0 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS), Geostat 4.3 Mobilité La mobilité se manifeste à travers les flux de pendulaires et de frontaliers et s’exprime aussi dans les mouvements migratoires. L’ampleur et la répartition spatiale des flux migratoires ont une incidence décisive sur le potentiel de croissance d’une région. Les caractéristiques sociodémographiques des immigrants et des émigrés sont tout aussi importantes que le solde migratoire et déterminent ensemble l’évolution du revenu des ménages aussi bien que la substance fiscale. Swiss Issues Régions 19 Economic Research Figure 15 Solde migratoire, 1996-2006 Figure 16 Solde migratoire relatif, 1996-2006 Echelle de gauche, diagramme à barres: parts des régions dans le solde migra- Solde en personnes par 1000 habitants toire; échelle de droite, ligne: solde migratoire en personnes 100% 10000 80% 8000 60% 6000 40% 4000 20% 2000 0% -20% 0.0 Morges/Rolle -6000 Lausanne -80% Espace métropolitain Genève-Montreux -10000 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 -5.0 -8000 -100% 1996 10.0 -4000 Nyon -60% 15.0 -2000 Vevey/Lavaux -40% Lausanne Morges/Rolle Nyon Vevey/Lavaux Genève Espace métropolitain Genève-Montreux Suisse 5.0 0 Genève 20.0 2005 -10.0 1996 2006 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source: Office fédéral de la statistique (OFS), Credit Suisse Economic Research Source: Office fédéral de la statistique (OFS), Credit Suisse Economic Research La figure 15 montre l’évolution du solde migratoire dans l'espace métropolitain GenèveMontreux. Alors que la région économique genevoise présentait encore un solde négatif en 1996, elle est devenue jusqu’en 2006 le territoire affichant les plus forts gains migratoires. Une évolution semblable a été relevée à Lausanne, l’autre région-centre de l'espace métropolitain, tandis que les mouvements migratoires dans les régions de Nyon, Morges/Rolle et Vevey/Lavaux sont restés plutôt stables durant la période considérée. L’examen des soldes migratoires relatifs et non plus absolus permet de mieux juger de l’importance des migrations pour une région économique donnée (Figure 16). Le tableau se présente alors très différemment. En effet, par rapport à leur population résidante, les régions économiques de Nyon, Morges/Rolle et Vevey/Lavaux sont celles attirant le plus d’immigrants dans l'espace métropolitain des bords du Léman. Les caractéristiques sociodémographiques des immigrants revêtent donc une importance toute particulière pour le potentiel de croissance de ces régions. Genève, aimant pour les migrants Figure 17 Solde migratoire du canton de Genève, 1981-2006 Figure 18 Solde migratoire du canton de Vaud, 1981-2006 Solde en personnes Solde en personnes 8'000 10'000 8'000 6'000 intercantonal international total 4'000 intercantonal international total 6'000 4'000 2'000 2'000 0 0 Source: Office fédéral de la statistique (OFS) 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 -2'000 1981 -2'000 Source: Office fédéral de la statistique (OFS) La migration étrangère constitue le gros de l’immigration dans les cantons de Genève et de Vaud. Pour la période considérée, Genève a cependant enregistré une émigration nette par rap- Swiss Issues Régions 20 Economic Research port aux autres cantons (Figure 17). Celle-ci s’est toutefois atténuée depuis, mais elle semble à nouveau se renforcer. Les désavantages fiscaux ainsi que des frais de logement et des frais annexes élevés expliquent certainement en grande partie les départs du canton-ville. Dans le canton de Vaud en revanche, le solde migratoire intercantonal a été positif durant les dix dernières années. Accessibilité et mouvements pendulaires Le nombre des actifs pendulaires a beaucoup augmenté ces dernières années sous l’effet de la dissociation toujours plus marquée entre lieu de vie et lieu de travail. Alors qu’en 1970, seul un actif sur trois était un pendulaire, ils étaient un sur deux en 1990, et la part des pendulaires sortants atteignait déjà 60% en 2000. Certaines régions peuvent donc s’affirmer de plus en plus comme zones d’habitation, tandis que d’autres jouent le rôle de marchés du travail régionaux ou suprarégionaux. La figure 19 illustre la fonction de marché du travail des deux centres urbains de Lausanne et Genève et montre leur importance pour les régions environnantes. Lausanne et Genève présentent une faible proportion de pendulaires sortants, alors que les pourcentages élevés constatés à Nyon et à Morges/Rolle révèlent la fonction résidentielle de ces régions. En raison de sa structure démographique, la région de Vevey/Lavaux affiche par contre une proportion plus faible de pendulaires sortants. Les infrastructures de transport des différentes régions ont une influence déterminante sur la structure urbaine. Pour évaluer l’accessibilité, nous avons analysé le réseau routier, ferroviaire et de bus ainsi que les vitesses et les horaires correspondants (Figure 20). L’indice d’accessibilité ne prend toutefois pas seulement en compte l’éloignement exprimé en durée de trajet par rapport aux autres communes, mais aussi l’importance pouvant être attribuée à ces communes en termes d’habitants et d’emplois. Pour juger de l’attractivité d’une région, l’indice de l’écart d’accessibilité avec les régions environnantes fournit d’autres repères intéressants. En Suisse romande, l’indice d’accessibilité est plus bas qu’en Suisse alémanique, et l’écart d’accessibilité permet d’identifier plus facilement les régions mieux desservies par rapport aux régions environnantes. Rien d’étonnant donc à ce que Genève et Lausanne, avec leur fonction de marché du travail, présentent des valeurs positives dans l’indice et qu’elles sont mieux placées en termes d’écart. La région de Vevey/Lavaux affiche certes une accessibilité inférieure à la moyenne; par rapport aux zones environnantes, elle reste néanmoins plus attractive sur le plan des transports. En Suisse romande, tout l'espace métropolitain Genève-Montreux bénéficie d’une bonne desserte. Figure 19 Pendularité Rapport des pendulaires entrants aux actifs sur le lieu de travail; part en % de pendulaires sortants dans la population résidante Figure 20 Accessibilité régionale dans les transports individuels et publics Ecart d’accessibilité par rapport à la moyenne des régions voisines pouvant être atteintes en 30 minutes, CH = 0 46'000 actifs Accessibilité 1.4 - 4.2 Pendulaires entrants 0.6 - 1.3 Pendulaires sortants 0.0 - 0.5 1.0% - 7.7% 7.8% - 14.3% 14.4% - 21.0% 21.1% - 27.6% 27.7% - 34.3% 0.0 - -0.4 -0.5 - -0.8 -0.9 - -1.2 Ecart d'accessibilité Espace métropolitain Genève-Montreux -3.46 - -0.74 -0.73 - -0.24 -0.23 - 0.08 0.09 - 0.50 0.51 - 4.65 Espace métropolitain Genève-Montreux 0 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, OFS, Geostat 0 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, Geostat Swiss Issues Régions 21 Economic Research Croissance économique et situation du marché du travail profitent aux frontaliers Au cours des dix dernières années, le nombre des frontaliers travaillant en Suisse est passé de 135 000 à quelque 208 000. Entre 2002 et 2007, leur nombre a progressé d’environ 51% dans l'espace métropolitain Genève-Montreux pour atteindre près de 60 000 personnes. Cette évolution tient non seulement à la croissance économique positive, mais aussi à la mise en œuvre de la libre circulation des personnes. La plus forte contribution à la croissance revient aux deux centres de Lausanne et de Genève, et c’est de loin dans cette dernière ville que le nombre des frontaliers a augmenté le plus (Figure 22). Malgré la suppression des zones frontalières, la plupart des frontaliers travaillent encore dans les régions proches de la frontière: au premier trimestre 2008, environ 33% des frontaliers étaient employés dans la région lémanique (dont 75% environ dans le canton de Genève), 28% en Suisse du Nord-Ouest et 20% au Tessin. Cette tendance s’observe aussi dans l'espace métropolitain Genève-Montreux (Figure 21): plus on s’éloigne de la frontière française, moins on y compte de frontaliers. Dans le canton de Genève, quelque 38 000 frontaliers travaillaient dans le secteur des services et 12 000 dans l’industrie. Dans le canton de Vaud, la proportion de frontaliers travaillant dans le secteur tertiaire est plus faible, avec environ 9 000 personnes, contre 6 000 dans le secteur secondaire. Dans leur rôle de centres, les régions économiques de Lausanne et de Genève sont aussi celles employant la plupart des frontaliers employés dans l'espace métropolitain. Figure 21 Proportion de frontaliers, 2007 Proportion de frontaliers, 4e trimestre 2007, secteurs secondaire et tertiaire seul. Figure 22 Contribution à la hausse du nombre de frontaliers dans l'espace métropolitain, 2002-2007 Contribution des différentes régions à l’évolution du nombre de frontaliers, en % Proportion de frontaliers 0.0% - 0.2% 0.3% - 3.2% 3.3% - 9.0% 9.1% - 47.7% 44.1% Genève Espace métropolitain Genève-Montreux Vevey/Lavaux Nyon Morges/Rolle Lausanne 0.0% 0 12.5 25 Source: Credit Suisse Economic Research, SCRIS Vaud, Geostat 4.4 1.0% 2.0% 3.0% 4.0% 5.0% 6.0% 7.0% 8.0% 50 km Source: Service cantonal de recherche et d’information statistiques (SCRIS) Vaud Revenu L’évolution régionale des revenus dépend non seulement de la situation conjoncturelle et des conditions locales, mais aussi de la croissance et de la structure démographiques. Cette dernière se reflète dans l’évolution des revenus des ménages, la formation du revenu dépendant beaucoup du niveau des salaires et du taux d’activité des habitants, deux facteurs qui varient eux-mêmes selon l’âge. Dans le cycle de vie, ce sont généralement les classes d’âge de 25 à 44 ans qui voient leurs revenus augmenter le plus et qui contribuent ainsi pour une large part à l’évolution régionale des revenus. Toutefois, vu le niveau de revenu relativement élevé des 4565 ans, cette classe d’âge exerce aussi une grande influence sur cette évolution. Notre prévision sur l’évolution du revenu réel des ménages en Suisse jusqu’en 2009 fait apparaître de grandes disparités cantonales (Figure 23). Seuls neuf cantons se situent au-dessus de la moyenne nationale de 1,6% par an, dont le canton de Genève avec une progression estimée à 1,7%. Le canton de Vaud figure par contre en milieu de tableau avec une valeur de 1,5%. Swiss Issues Régions 22 Economic Research Figure 23 Prévision sur l’évolution cantonale du revenu des ménages jusqu’en 2009 Croissance moyenne réelle en % p.a. 3.0% 2.5% 2.0% 1.5% 1.0% 0.5% JU UR NE VS GR GL SG TI FR LU BL BE VD SH AR SO BS CH OW TG GE AI AG SZ NW ZG ZH 0.0% Source: Credit Suisse Economic Research Différences de revenu selon la région économique Dans le canton de Vaud, les valeurs par personne traduisent des différences de revenu considérables (Figure 24). La région de Nyon présente le niveau de revenu le plus haut, 59 000 francs, et se situe largement au-dessus de la moyenne nationale de 44 300 francs. La région de Morges/Rolle affiche également une valeur supérieure à la moyenne (51 700 francs), alors que les revenus sont égaux ou inférieurs à la moyenne dans les autres régions vaudoises. Constituant la région économique éponyme, le canton de Genève affiche lui aussi une valeur inférieure à la moyenne (42 300 francs). Notre prévision sur l’évolution du revenu des ménages fait également apparaître des différences considérables à l’échelle des régions économiques (Figure 24). Alors que la majeure partie du canton de Vaud accuse des valeurs inférieures à la moyenne, les progressions les plus fortes sont attendues dans les deux régions championnes de Nyon et de Morges/Rolle. L’échelle de capacité de revenu n’est donc pas près de s’inverser dans le canton de Vaud. La croissance des cohortes des 25-64 ans dans ces régions économiques et l’attractivité migratoire indiquent également le maintien de la capacité de revenu au niveau actuel (Figure 13 et Figure 16). Swiss Issues Régions 23 Economic Research Figure 24 Prévision sur l'évolution régionale du revenu régional des ménages jusqu'en 2009 Revenu des ménages par personne en milliers de francs; évolution annuelle moyenne réelle du revenu des ménages; rouge = valeurs inférieures à la moyenne; vert = valeurs supérieures à la moyenne Evolution du revenu réel des ménages 2004-2009 0.1% - 0.9% 1.0% - 1.3% 1.4% - 1.5% 1.6% - 1.9% 2.0% - 2.7% Revenu nominal des ménages par personne 2004 27.0 - 33.9 34.0 - 39.3 39.4 - 43.1 43.2 - 48.1 48.2 - 75.4 Espace métropolitain Genève-Montreux 0 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS), Geostat Swiss Issues Régions 24 Economic Research 5 Structure sectorielle et création de valeur La structure sectorielle revêt une importance fondamentale pour la performance économique potentielle d’une région. Les composantes sectorielles d’une économie, sa capacité concurrentielle et son dynamisme ne fournissent pas seulement des indications sur la puissance économique actuelle d’une région, elles donnent aussi des clés sur le potentiel de croissance de la création de valeur. L’évolution de l’emploi montre en outre les changements s’opérant à l’échelle nationale, mais aussi ceux qui caractérisent la région et qui sont très marqués par la structure sectorielle existante. 5.1 Structure sectorielle et spécialisation La comparaison des coefficients régionaux de spécialisation permet de cerner les particularités de la structure économique de l'espace métropolitain Genève-Montreux. Ces coefficients se calculent à l’aide de taux dits d’affectation. Le taux d’affectation régional pour une branche est défini par le rapport entre la part d’emploi dans la branche et la région concernées et cette même part dans une région de référence, en l’occurrence la Suisse. Au niveau national, le coefficient de spécialisation s’établit ainsi à 1 pour chaque branche. Un coefficient de spécialisation supérieur à 1 indique une spécialisation de la région considérée dans la branche en question. Si ledit coefficient est inférieur à 1, cela signifie que la branche concernée est moins bien représentée qu’au plan national. Pour simplifier la comparaison des structures sectorielles, nous avons regroupé les branches des secteurs secondaire et tertiaire en onze catégories (voir tableau ci-dessous). Industrie traditionnelle Alimentation, boissons et tabac, textiles et habillement, industrie du cuir et de la chaussure, industrie du bois, industrie du papier et du carton, imprimerie, cokéfaction et raffinage, fabrication d’autres produits minéraux non métalliques, métallurgie, autres industries manufacturières Industrie de pointe Industrie chimique et pharmaceutique, produits en caoutchouc et en plastique, fabrication de machines, fabrication d’appareils électriques et électroniques, mécanique de précision, optique, industrie automobile Construction Construction Energie Production et distribution d’énergie et d’eau, extraction de produits énergétiques, extraction de produits non énergétiques Commerce et vente Commerce de voitures, commerce de gros, commerce de détail Transports, poste Transports, services auxiliaires des transports, logistique, activités de poste et de courrier Information, communication, informatique Edition, services de télécommunications, film, radio, traitement des données Services financiers Activités financières et d’assurance Services aux entreprises Agences de voyages, location, services informatiques, recherche et développement, activités de soutien aux entreprises, activités immobilières Divertis., hôtellerie restauration Hébergement et restauration, spectacles, culture, sport, services personnels Services administratifs et sociaux Administration publique, santé et services sociaux, enseignement, épuration des eaux usées, élimination des déchets, activités des organisations associatives, services funéraires La figure 25 présente les coefficients régionaux faisant apparaître une spécialisation dans certaines catégories. Le dégradé de couleurs indique les niveaux de création de valeur par salarié. Plus la surface est foncée, plus la structure économique de la région concernée crée de la valeur. L'espace métropolitain Genève-Montreux se caractérise par une création de valeur largement supérieure à la moyenne. On remarque en outre qu’elle est portée principalement par les agrégats sectoriels du tertiaire («Commerce et vente», «Information, communication, informatique», «Services financiers», «Services aux entreprises», «Divertis., hôtellerie restauration», «Services administratifs et sociaux», et que les industries traditionnelles comme celles de pointe y sont peu représentées. Swiss Issues Régions 25 Economic Research Figure 25 Spécialisation régionale, 2005 Création de valeur brute nominale en CHF, coefficient de spécialisation >1 mesuré à l’emploi dans les secteurs secondaire et tertiaire Industrie traditionnelle <10 Industrie de pointe Construction <2 Energie Commerce et vente Transports, poste Information, communication, informatique Services financiers Services aux entreprises Divertis., hôtellerie restauration Services administratifs et sociaux Espace métropolitain Genève-Montreux Création de valeur par employé en CHF La Vallée 92'000 - 106'000 106'000 - 120'000 120'000 - 134'000 134'000 - 148'000 148'000 - 162'000 0 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS), Geostat La structure économique de l'espace métropolitain Genève-Montreux se distingue donc en particulier par la prédominance des services. Environ 80% des salariés travaillent dans le secteur tertiaire, contre près de 67% en moyenne suisse. Seuls 18% des salariés travaillent dans le secteur secondaire et à peine 2% dans le secteur primaire. Parmi les douze branches principales de la région, dix appartiennent au secteur des services (Figure 26). Dans l’industrie, seule la branche des instruments de précision sort du lot avec une part d’emploi légèrement supérieure à la moyenne. L’industrie horlogère genevoise revêt ici une grande importance économique. Swiss Issues Régions 26 Economic Research Figure 26 Structure sectorielle de l'espace métropolitain Genève-Montreux, 2005 Douze branches principales selon la part d’emploi, secteurs secondaire et tertiaire uniquement Santé Services aux entreprises Commerce de détail Enseignement Construction Commerce de gros Hôtellerie-restauration Banques Suisse Administration publique Espace métropolitain Genève-Montreux Instruments de précision Transports terrestres Commerce de voitures 0.0% 2.0% 4.0% 6.0% 8.0% 10.0% 12.0% 14.0% Source: Office fédéral de la statistique (OFS) 5.2 Changements dans la structure économique L’analyse de la structure sectorielle fournit une image détaillée mais statique de l’économie régionale. Les changements qui l’affectent renseignent en revanche sur la dynamique économique d’une région. Au cours des années 1990, les changements structurels se sont nettement intensifiés dans l’économie, l’environnement concurrentiel s’est durci tout en offrant aussi de nouvelles opportunités. L’accélération des changements structurels peut avoir un impact différent selon la région, réduire les différences ici, renforcer les disparités là. L’économie en mutation: tertiarisation et restructuration En Suisse, les changements structurels se traduisent d’abord par une tertiarisation croissante de l’économie. Entre 1995 et 2005, le secteur des services a vu l’emploi progresser de 7,4%, alors qu’il reculait simultanément de 10,4% dans l’industrie. On constate ainsi une nette tendance à la tertiarisation. Mais les changements structurels affectent aussi le secteur secondaire, notamment à travers une restructuration de l’industrie traditionnelle qui laisse de plus en plus la place à l’industrie de pointe, très créatrice de valeur. Durant la décennie écoulée, les régions davantage tournées vers les branches à forte valeur ajoutée de l’industrie de pointe ont vu leur emploi croître tendanciellement dans le secteur secondaire. Malgré la concurrence mondiale et la persistance du mouvement de délocalisation, un positionnement porteur est donc possible dans l’industrie; il est toutefois de plus en plus réservé aux branches à forte valeur ajoutée centrées sur la technologie et bien implantées sur le marché grâce à des produits haut de gamme moins soumis à la pression des pays à bas salaires. Entre 1995 et 2005, la croissance de l’emploi a été de 1,4% à l’échelle nationale et de pas moins de 7,1% dans l'espace métropolitain Genève-Montreux (Figure 27). Les tendances du changement structurel dans l’évolution et la répartition de l’emploi se font également sentir ici. L’industrie de pointe et les branches de services à forte valeur ajoutée ont enregistré une hausse de l’emploi. Les régions de Nyon, Morges/Rolle et Genève sont celles y ayant le plus contribué. Par contre, l’industrie traditionnelle et les branches du secteur tertiaire moins créatrices de valeur ont plutôt perdu des emplois. Swiss Issues Régions 27 Economic Research Figure 27 Changement structurel dans l'espace métropolitain Genève-Montreux, 1995-2005 Contribution à la croissance de l’emploi, en % et par groupes de branches 25% Services administratifs et sociaux 20% Divertis., hôtellerie restauration 15% Services aux entreprises 10% Services financiers 5% Information, communication, informatique Transports, poste 0% -5% Commerce et vente Suisse Vevey/Lavaux Lausanne Espace métropolitain Genève-Montreux Genève Morges/Rolle Nyon -10% Energie Construction Industrie de pointe Industrie traditionnelle Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS) En matière de créations d’entreprises aussi, les branches à forte valeur ajoutée affichent une dynamique plus soutenue. Vu le renforcement de la capacité concurrentielle qu’elles induisent, les impulsions ainsi reçues par l’économie d’une région sont à considérer comme positives (Figure 28). Le changement structurel dans l’évolution de l’emploi, la prédominance déjà bien présente du secteur tertiaire ainsi que l’évolution du côté des créations d’entreprises vont renforcer plutôt qu’inverser le statu quo de la suprématie du secteur tertiaire dans l'espace métropolitain Genève-Montreux. Figure 28 Dynamique de création dans l'espace métropolitain Genève-Montreux, 1999-2005 Echelle de gauche: part des créations d’entreprises cumulées sur plusieurs années, par catégories de spécialisation Echelle de droite: part des créations d’entreprises dans le total de l'espace métropolitain 100% 50% 80% 40% 60% 30% 40% 20% 20% 10% 0% 0% Lausanne Morges/Rolle Nyon Vevey/Lavaux Genève Industrie traditionnelle Industrie de pointe Construction Energie Commerce et vente Transports, poste Information, communication, informatique Services financiers Services aux entreprises Divertis., hôtellerie restauration Services administratifs et sociaux Part des créations d'entreprises 1995-2005 Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS) Swiss Issues Régions 28 Economic Research Comme le montre l’échelle de droite de la figure, la dynamique de création d’entreprises dans l'espace métropolitain Genève-Montreux est concentrée dans les deux régions économiques de Genève et de Lausanne, où 77% des nouvelles entreprises créées dans l'espace métropolitain ont leur siège. Attractivité de l'espace métropolitain confirmée par la forte dynamique de création d’entreprises La dynamique de création d’entreprises est aussi un indice de l’attractivité d’une région en tant que localisation (Figure 29). Sur l’ensemble de la période considérée, l'espace métropolitain Genève-Montreux affiche une activité de création d’entreprises supérieure à la moyenne nationale. Genève et Nyon montrent leur supériorité avec les taux de création d’entreprises les plus élevés parmi les régions prises en compte. Par contre, l’attrait des régions économiques de Monthey/St-Maurice et d’Aigle, tel qu’il ressort de la dynamique démographique (Figure 10), ne s’étend pas aux implantations d’entreprises. Selon les derniers chiffres publiés par l’Office fédéral de la statistique, la région lémanique (VD, VS, GE) a enregistré pour la première fois en 2006 le plus grand nombre de créations d’entreprises en Suisse. Figure 29 Taux de création d’entreprises, 1999-2005 Taux de création d’entreprises en %, part des entreprises selon le recensement des entreprises 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% Lausanne Nyon Aigle Genève Suisse 1% 0% 1999 2000 Morges/Rolle Vevey/Lavaux Monthey/St-Maurice Espace métropolitain Genève-Montreux 2001 2002 2003 2004 2005 Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS) 5.3 Evaluation des chances et des risques dans quelques branches Evaluation des branches Dans une région, l’importance de la structure sectorielle pour le potentiel de croissance de la création de valeur dépend de la capacité concurrentielle des branches économiques y étant représentées. Les particularités régionales de chaque branche et la qualité de localisation de la région sont toutes deux déterminantes à cet égard. Les résultats de l’analyse présentés à la figure 30 permettent d’évaluer la structure sectorielle. Le diamètre des cercles indique la part de la branche concernée dans l’emploi total de la région. L’écart par rapport à la moyenne nationale est figuré sur l’axe horizontal. Plus une branche se trouve sur la droite, plus son importance est grande pour la région par rapport à la moyenne suisse. L’axe vertical montre les chances et les risques à moyen terme de chaque branche. Le modèle d’évaluation sous-jacent repose sur des indicateurs de la statistique officielle ainsi que sur nos propres prévisions. L’appréciation des chances inclut des données sur la croissance de la création de valeur, de la productivité et de l’emploi. Les risques représentent les incertitudes pouvant venir perturber la croissance de la branche dans la durée. Leur évaluation repose sur des indicateurs mesurant non seulement les variations de la croissance, mais par exemple aussi le changement structurel et l’ampleur des réglementations et du protectionnisme au sein des branches. L’administration publique est exclue de cette approche. Evaluer la capacité concurrentielle de ce secteur n’a guère de sens car il n’existe généralement pas de marché pour ses services, l’offre et la demande étant déterminées par la politique. Dans l’évaluation des branches, l’administration publique figure donc sur l’axe neutre des abscisses. Swiss Issues Régions 29 Economic Research Figure 30 Profil chances-risques de la structure sectorielle dans l'espace métropolitain Genève-Montreux élevée Secteurs secondaire et tertiaire seulement Instruments de précision Informatique Banques Évaluation des branches Industrie chimique Transmission d'informations Fabrication de machines Santé Services aux entreprises Enseignement Construction Commerce de gros Administration publique Transports terrestres Branche automobile Commerce de détail faible Imprimerie et édition Hôtellerie-restauration -5.0% -2.5% 0.0% 2.5% Secteur public Services Construction et industrie 5.0% Emploi: écart par rapport à la moyenne nationale Source: Credit Suisse Economic Research L'espace métropolitain Genève-Montreux présente avant tout des points forts dans les branches du secteur tertiaire. Les services aux entreprises et les banques se démarquent en particulier par une forte présence. Les branches de la transmission d’informations, de l’informatique et du commerce de gros contribuent aussi positivement au profil chances-risques, mais dans une moindre mesure en raison d’une part d’emploi plus faible. Les secteurs de la santé et de l’enseignement renforcent également la compétitivité de l'espace métropolitain. Sa structure économique est certes dominée par les services, mais l’industrie ne doit pas être négligée pour autant vu son évaluation extrêmement positive. La chimie ainsi que la branche des instruments de précision sont des secteurs de pointe à forte valeur ajoutée qui affichent toutefois des parts d’emploi relativement modestes. 5.4 Potentiel de croissance de la création de valeur L'espace métropolitain Genève-Montreux participe pour quelque 14% à la valeur ajoutée en Suisse. La répartition de la création de valeur présentée à la figure 31 montre les disparités régionales à l’intérieur de cette zone. Le poids économique de Genève est particulièrement frappant, 56% de la valeur créée dans l'espace métropolitain lui revenant. Avec une valeur ajoutée par salarié d’environ 150 000 CHF, la moyenne suisse, proche de 131 000 CHF, y est largement dépassée. La structure économique est de plus en plus portée par les branches à forte valeur ajoutée du secteur tertiaire. La structure sectorielle de Vevey/Lavaux, la région créant le moins de valeur, est par contre dominée par le tourisme et par les branches de la construction, alors que celles à forte valeur ajoutée y sont plutôt sous-représentées. Lausanne crée certes moins de valeur en raison de la place plus faible qu’y occupent les services financiers, mais participe tout de même pour 29% à la création de valeur dans l'espace métropolitain. Celui-ci peut ainsi s’appuyer sur un deuxième pôle. Swiss Issues Régions 30 Economic Research Figure 31 Création de valeur au niveau régional, 2005 Création de valeur nominale brute en CHF Création de valeur par secteur Agriculture Industrie et construction Services Création de valeur par employé en CHF 92'000 - 106'000 106'000 - 120'000 120'000 - 134'000 134'000 - 148'000 148'000 - 162'000 Espace métropolitain Genève-Montreux 0 12.5 25 50 km Source: Credit Suisse Economic Research, Geostat La mise en parallèle de l’évaluation des branches présentée à la figure 30 et de l’indicateur de qualité de la localisation conçu par nos soins permet de tirer des conclusions sur le potentiel de croissance à moyen et à long terme de la production et de la création de valeur dans les différentes régions économiques. Les deux indicateurs sont des indices relatifs, la valeur pour la Suisse étant égale à zéro. La figure 32 présente les régions de l'espace métropolitain GenèveMontreux ainsi que des régions comparatives. Celles figurant dans le quadrant I disposent, à moyen et à long terme, d’un potentiel de croissance supérieur à la moyenne nationale, tandis que celles apparaissant dans le quadrant IV affichent une croissance plus lente. Quant au quadrant II, il regroupe les régions ayant un important potentiel à long terme. Des restructurations sont toutefois probables à moyen terme en raison d’une structure sectorielle présentant plus de risques. Enfin, les régions figurant dans le quadrant III peuvent compter à moyen terme sur une croissance supérieure à la moyenne grâce à la présence de branches très dynamiques. La faible qualité de la localisation risque toutefois de compromettre leurs chances de croissance à long terme. Peut-être que les nouvelles entreprises s’implantant dans ces régions sont trop peu nombreuses et que celles en place n’investissent pas assez ou déménagent carrément. Haut potentiel de croissance pour l'espace métropolitain Genève-Montreux Vu l’évaluation positive de leur qualité de localisation et de leur profil de branches, les régions de l'espace métropolitain Genève-Montreux présentent d’excellentes perspectives de développement et se démarquent ainsi des autres régions de Suisse romande. A considérer plutôt comme moyennes, les structures sectorielles de Vevey/Lavaux et de Morges/Rolle sont revalorisées par la forte présence d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. Lausanne, Genève et Nyon mènent la course avec des valeurs supérieures à la moyenne dans l’évaluation de la localisation Swiss Issues Régions 31 Economic Research comme dans celle des branches. On remarque aussi que les bonnes perspectives de croissance du canton de Vaud tiennent essentiellement aux régions vaudoises de l'espace métropolitain Genève-Montreux. Figure 32 Potentiel de croissance de la création de valeur élevée Indicateurs synthétiques, CH = 0, les lignes figurent la moyenne suisse III I Evaluation des branches La Vallée La Chaux-de-Fonds Val-de-Travers NE Jura Monthey/St-Maurice FR La Gruyère La Sarine Viège VD Lausanne VS Sense Martigny Aigle Brig Sierre Pays d'Enhaut Yverdon Genève Nyon Morges/Rolle Vevey/Lavaux Sion La Broye Glâne/Veveyse Neuchâtel Murten (Morat) Gros-de-Vaud faible Loèche -2.0 IV II Vallée de Conches -1.5 -1.0 -0.5 0.0 Qualité de la localisation 0.5 1.0 1.5 Source: Credit Suisse Economic Research Swiss Issues Régions 32 Economic Research 6 Tendances dans les branches clés 6.1 Secteur financier Le secteur financier est important pour le développement et la prospérité d’un espace économique. Les grands acteurs de ce secteur sont les banques, les assurances, les institutions de prévoyance, les Bourses, les gérants de fortune indépendants, les directions de fonds, les sociétés de private equity, les entreprises de financement du commerce ainsi que les prestataires de services de conseil et d’infrastructure pour la finance. La part d’emploi du secteur financier dans l'espace métropolitain Genève-Montreux était de 8,3% en 2005, contre 5,8% en moyenne nationale (Figure 33). Le secteur financier y joue donc un rôle considérable qui s’exprime à travers l’importance et le rayonnement de la place financière genevoise. Depuis la fin des années 1980, quelques niches gagnent aussi du terrain sur la place financière vaudoise, le long de l’Arc lémanique (gestion de fortune, financement du commerce et des transports, family offices). Figure 33 Evolution de l’emploi et des établissements dans le secteur financier, 1995-2005 Evolution en % dans les branches NOGA 65-67; le diamètre des cercles exprime la part d’emploi du secteur Etablissements 1995-2005 12% ZG 4.3% 10% TI 7.2% 8% GE 10.5% 6% 4% Vevey/Lavaux 2.5% Nyon 4.7% 2% 0% -2% -4.0% ZH 11.5% VD 4.7% Espace métropolitain Genève-Montreux 8.3% CH 5.8% Lausanne 7.2% Morges/Rolle 1.8% -2.0% 0.0% 2.0% 4.0% Emploi 1995-2005 p.a. Source: Credit Suisse Economic Research, Office fédéral de la statistique (OFS) Place financière genevoise Parmi les grands centres financiers internationaux, Genève occupe le 7e rang dans le classement GFCI (Global Financial Center Index).1 Elle est précédée par les places financières de Zurich et de Francfort et suivie par celles de Chicago et de Tokyo. Londres et New York mènent la course. Londres et New York sont des centres financiers globaux, alors que Genève tire en particulier sa force du fort ancrage international du private banking et des banquiers privés ainsi que de la gestion de fortune pour clients privés et institutionnels. En raison de son rôle de plaque tournante pour le commerce et le transport international de matières premières ainsi que pour leur financement, Genève est aussi une capitale mondiale du trade finance. Si la présence de la clientèle fortunée d’Europe de l’Est, de Russie et du Moyen-Orient est en hausse à Genève, le secteur bancaire (NOGA 65) stagne en termes d’établissements et d’emploi. A 8,1%, il présente néanmoins une part d’emploi supérieure à la moyenne nationale 1 Z/Yen Group (March 2008): The Global Financial Center Index 3, établi au nom de et publié par la City of London. Swiss Issues Régions 33 Economic Research (2005). En revanche, l’importance des activités et des prestations de service liées au secteur financier a crû entre 1995 et 2005. Le secteur de l’assurance est par contre en recul. Parmi les facteurs de succès de la place financière genevoise, il convient de citer, outre une longue tradition bancaire et une forte identité linguistique et culturelle soutenue par les associations locales, la présence de personnel qualifié, les infrastructures, les conditions-cadres économiques et l’accès au marché. A condition de continuer à cultiver ces points forts, la place financière de Genève est bien armée pour l’avenir, aussi et surtout grâce à l’importance croissante du négoce des matières premières et à la présence d’une clientèle fortunée toujours plus nombreuse originaire des zones économiques émergentes. Place financière vaudoise Avec une part d’emploi de 4,7%, la place financière vaudoise, dont Lausanne est le centre, est moitié moins importante que celle de Genève (Figure 33). Le nombre d’établissements du secteur financier a certes diminué entre 1995 et 2005 dans la région économique de Lausanne, mais l’emploi y a légèrement augmenté dans le même temps. Non seulement l’évolution a été plus favorable que sur la place financière genevoise, mais elle a aussi dépassé la moyenne nationale, comme le reflète la forte participation du secteur financier au marché du travail dans la zone économique de Lausanne (7,2%). Cette évolution positive de l’emploi est imputable à l’augmentation du personnel dans le secteur lausannois des assurances (NOGA 66), même si le nombre d’établissements y a parallèlement diminué. L’emploi a également progressé dans les services auxiliaires des activités financières et des assurances (NOGA 67), mais moins nettement que sur la place financière genevoise et qu’en moyenne nationale. Lausanne a vu par contre l’emploi reculer dans l’intermédiation financière, c’est-à-dire dans le secteur bancaire (NOGA 65). Ce reflux a même été un peu plus marqué qu’à Genève et qu’en moyenne suisse. C’est à la fin des années 1980 que la gestion de fortune a commencé à s’implanter dans le canton de Vaud, principalement le long de l’Arc lémanique. L’offre de family offices et de services associés s’est également développée avec l’arrivée de clients privés très fortunés. Le marché de la gestion de fortune pour clients institutionnels est, lui, relativement limité et peine à créer les nécessaires effets de cluster.2 Peu de prestataires sont donc en mesure de répondre aux besoins particuliers de cette clientèle professionnelle. 6.2 Négoce de matières premières Regards tournés vers le négoce de matières premières L’importance du négoce de matières premières n’a cessé de croître ces dernières années. La hausse des prix et l’augmentation constante des volumes de négoce mondiaux ont attiré l’attention du public sur la branche. Mais personne ou presque ne pense ici à la Suisse et encore moins à l'espace métropolitain Genève-Montreux. Comme chacun sait, la Suisse ne possède pas d’accès direct à la mer ni de matières premières, deux conditions dont l’absence paraît rédhibitoire pour un centre de négoce mondial. La République de Genève, nation maritime même sans accès à la mer De même que la Société Nautique de Genève n’a pas eu besoin d’un accès direct à la mer pour gagner l’America's Cup, de même Genève n’en a pas eu besoin pour se lancer dans le négoce de matières premières. La cité de Calvin est devenue un des plus grands centres mondiaux de négoce. Près de la moitié du négoce mondial de céréales et d’oléagineux passe par Genève. De plus, selon les estimations de la GTSA (Geneva Trading and Shipping Association), plus d’un tiers du négoce mondial de pétrole se traite à Genève. Un bref calcul montre combien les sommes en jeu sont importantes. Environ 86 millions de barils de pétrole sont produits chaque jour dans le monde, dont quelque 30 millions relèvent du négoce, le reste étant consommé ou vendu directement dans le pays destinataire. Avec un prix de 120 dollars le baril et un tiers du négoce mondial passant par Genève, cela donne environ 400 milliards de dollars par an traités par des sociétés établies dans la ville du bout du lac. 2 Banque Cantonale Vaudoise (novembre 2007): Un secret bien gardé. Le marché vaudois de la gestion de fortune Swiss Issues Régions 34 Economic Research Le négoce genevois de matières premières négligé à tort Compte tenu de son importance économique mondiale, il est étonnant que le négoce de matières premières dans l'espace métropolitain Genève-Montreux passe presque inaperçu. Cela tient premièrement au fait que ses activités ne sont recensées que marginalement par les statistiques des douanes. Car les marchandises n’entrent pour la plupart jamais en Suisse, mais sont directement acheminées de leur pays d’origine vers le pays importateur. Par exemple, selon la statistique des importations, l'espace métropolitain Genève-Montreux n’importe qu’une infime partie de la production mondiale de sucre, alors qu’un tiers environ du négoce mondial de sucre s’effectue dans la région. Deuxièmement, les sociétés de négoce sont rarement cotées en Bourse et ne publient donc pratiquement aucun chiffre. Troisièmement, ce négoce repose beaucoup sur les relations et la confiance, c’est-à-dire sur des valeurs incompatibles avec la publicité. L’image inconsistante de la branche est en contradiction avec la réalité. En effet, non seulement les volumes de négoce sont énormes, mais les sociétés qui les traitent comptent aussi parmi les plus importantes de Suisse. Sur la liste des 1000 plus grandes entreprises dressée par la Schweizer Handelszeitung, deux courtiers travaillant sur la place genevoise figurent dans le top ten: Mercuria Energie Trading et Cargill International SA. Tradition de négoce dans l'espace métropolitain Genève-Montreux Il serait faux de croire que ces entreprises sont nées du récent boom des matières premières. En effet, Cargill a célébré le cinquantième anniversaire de sa succursale de Genève il y a deux ans. La constance est une caractéristique de la branche, également au niveau du personnel. Selon Cargill, ses collaborateurs travaillent en moyenne depuis dix ans dans l’entreprise malgré un âge moyen de 35 ans seulement. D’ailleurs, de nombreux négociants en matières premières sont solidement ancrés à Genève, où ils exercent leur activité depuis longtemps déjà. Le succès de l'espace métropolitain Genève-Montreux comme place de négoce repose d’une part sur une longue tradition et, d’autre part, sur de nombreux avantages de localisation. Dès le début du XXe siècle, le groupe alimentaire Nestlé a attiré dans la région un grand nombre de négociants en céréales. Plus tard, la neutralité affichée par la Suisse entre les deux blocs de la guerre froide a constitué un terrain fertile pour les relations et les affaires commerciales. Les atouts traditionnels de la Suisse comme site d’implantation, notamment la stabilité politique et financière, ont convaincu de plus en plus d’entreprises à s’y établir. L’internationalité comme avantage de localisation Avec son caractère très cosmopolite, l'espace métropolitain Genève-Montreux dispose d’un autre atout de taille dans la concurrence entre localisations. Le commerce mondial est par définition un secteur très international. Et en tant que siège de nombreuses institutions multinationales telles que la Croix-Rouge internationale, l’ONU et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Genève est une des villes les plus internationales. Elle occupe en outre une situation géographique optimale. Cela peut surprendre dans la mesure où Genève n’est plus le carrefour de routes commerciales importantes. Mais la cité de Calvin se trouve pratiquement au cœur de l’Europe. Toutes les grandes villes y sont rapidement accessibles. En outre, le fuseau horaire permet de commercer aussi bien avec l’Asie que l’Amérique. Création d’emplois par le négoce de matières premières Le négoce de matières premières recourt aux services de nombreuses autres branches. Les marchandises doivent par exemple être assurées et préfinancées, et des sociétés spécialisées proposent de tels services sur la place de Genève. De nombreuses entreprises de transport disposent également d’une succursale dans la ville du bout du lac. Ainsi, la Mediterranean Shipping Company (MSC), deuxième compagnie de transports maritimes du monde, y a son siège principal. L’inspection fait aussi partie intégrante du négoce de marchandises. Pas étonnant dès lors que la SGS, leader mondial de l’inspection, gère ses activités à partir de Genève depuis 1911 déjà. Les sociétés de négoce diversifient leurs portefeuilles. Outre les matières premières traditionnelles comme le pétrole, les céréales, les oléagineux, le coton et l’éthanol, elles traitent aussi de plus en plus l’électricité et les certificats de CO2. Le courtage d’électricité gagne en importance dans un marché de plus en plus libéralisé, alors que de nombreux pays encouragent activement celui de certificats de CO2. A Genève, la porte du négoce des marchandises du futur est donc ouverte. Par ailleurs, les entreprises étendent leurs services tout le long de la chaîne de création de valeur. Les affaires de négoce typiques – achat, transport et vente de marchandises et de matières premières – sont complétées par des services complémentaires. Les solutions logistiques Swiss Issues Régions 35 Economic Research sophistiquées, les financements et la gestion des risques ne sont que quelques exemples d’activités promettant des avantages concurrentiels. Boom des matières premières et talon d’Achille «marché du travail» Le passé récent a été très propice au négoce de matières premières. La conjoncture n’avait plus été aussi robuste depuis les années 1980 et les prix des matières premières ont en partie beaucoup augmenté. Mais le succès crée aussi des problèmes. La main-d’œuvre est rare en ce moment. Les entreprises ont de plus en plus de peine à trouver du personnel. Dans le même temps, les matières premières se sont muées toujours plus en placement, d’où la volatilité accrue des marchés. Il faut toutefois reconnaître à cette évolution d’avoir rendu les marchés plus liquides. La couverture des risques s’en trouve globalement facilitée. Matières premières: un marché cyclique Le négoce de matières premières est mû par le marché mondial et en particulier par les cours qui s’y forment. Il s’agit donc d’un secteur d’activité cyclique. La demande sur les marchés internationaux fluctue avec la conjoncture mondiale. L’offre présente elle aussi des poussées cycliques. Car, dans le cas des matières premières, les prix élevés pèsent à la baisse en entraînant une extension de l’offre. Par exemple, les prix élevés du blé incitent les agriculteurs à en semer davantage, ce qui augmente l’offre. Cette augmentation agit de son côté comme un frein à la hausse des prix. Le négoce de matières premières touché par le tassement de la croissance En raison de son caractère cyclique, le négoce de matières premières sera touché par l’actuel tassement de la croissance. Un fléchissement de l’économie mondiale plus grave que prévu ou une récession plus longue aux Etats-Unis ainsi qu’une éventuelle correction des prix des matières premières se répercuteraient en outre directement sur la branche. Pourtant, malgré les hauts et les bas de la conjoncture, les perspectives à moyen terme demeurent intactes. La concurrence entre localisations devrait cependant encore se durcir. La place de Genève, pourtant sans façade maritime, a une longue histoire de succès comme plate-forme de négoce de matières premières. Pour rester en pointe dans ce domaine, elle doit continuer à cultiver ses avantages comparatifs. 6.3 Tourisme Expansion imputable aux hôtes étrangers fortunés L’industrie touristique helvétique est très tournée vers l’international. Quelque 60% des nuitées recensées dans notre pays sont imputables à des hôtes étrangers. La plupart d’entre eux viennent d’Allemagne (17% des nuitées totales), de Grande-Bretagne (6,3%), des Etats-Unis (4,6%), de France (3,8%) et d’Italie (3,1%). Des efforts sont entrepris pour diversifier encore ce mélange classique de nationalités. Le nombre d’hôtes venant de Russie, de Chine, d’Inde, des pays du Golfe, mais aussi du Brésil et d’Australie augmente beaucoup plus que celui des hôtes traditionnels. Ces clients aiment loger dans des hôtels de luxe et dépensent beaucoup plus. Un Allemand dépense en moyenne 160 francs par jour, contre 500 pour un touriste venant d’un pays du Golfe, 430 pour un Chinois et 400 pour un Russe. Tourisme à forte composante étrangère sur les bords du Léman L'espace métropolitain Genève-Montreux profite beaucoup de cette nouvelle clientèle, en général peu regardante à la dépense. Avec Genève, Lausanne, Montreux et Vevey comme premières destinations, la région lémanique jouit d’une solide réputation internationale et accueille ainsi une clientèle très diversifiée. Genève est la destination helvétique la plus internationale, puisque sa clientèle hôtelière est suisse à 15% seulement. Avec Zurich, Interlaken et Bâle, Lausanne appartient aussi aux cinq destinations les plus internationales de Suisse. Plus petites, les villes de Montreux, Vevey et Nyon sont également très tournées vers l’étranger (Figure 34). Longue tradition touristique en héritage Avec son lac, ses vignobles, son magnifique panorama alpin et la douceur de son climat, la région lémanique est appréciée depuis toujours des hôtes fortunés. Cela lui vaut peut-être la plus longue tradition touristique de Suisse. Bon nombre de maisons et d’hôtels de luxe situés au bord du lac à Genève, Lausanne, Montreux et Vevey datent de la Belle Epoque, dont le splendide Montreux Palace Hôtel et le Beau-Rivage Palace à Ouchy. En juillet 2008, le Château d'Ouchy a ouvert ses portes comme boutique hôtel de luxe. Mais la région ne doit pas sa renommée uniquement à ses palaces et aux vignobles en terrasses du Lavaux. Sa réussite tient à sa capacité d’allier le tourisme urbain et de luxe le plus moderne avec le goût pour l’ancien tel que véhiculé par les fiers bateaux à aubes du Léman, le Château de Chillon et le train à vapeur entre Chamby et Blonay. Swiss Issues Régions 36 Economic Research Figure 34 Hôtes par pays d’origine, 2007 Part des nuitées en % (hôtels et établissements de cure) Suisse Genève Vevey Nyon Morges Montreux Lausanne 0% Suisse 10% Allemagne 20% 30% 40% 50% 60% UK Benelux USA France Italie 70% 80% Etats du Golfe 90% 100% Russie Autres Source: Office fédéral de la statistique (OFS), Credit Suisse Economic Research Evolution positive pour la plupart des destinations Avec sa grande diversité de visiteurs, l'espace métropolitain Genève-Montreux affiche une hausse du nombre de nuitées supérieure à la moyenne nationale. Hormis à Lausanne et à Montreux, où l’évolution a été légèrement inférieure durant les dix dernières années, les nuitées ont fortement augmenté dans les autres destinations (Figure 35). A Genève, leur nombre a progressé en moyenne de 2,2% par an entre 1997 et 2007 pour atteindre plus de deux millions (Suisse: 1,3% p.a.). La progression a encore été plus marquée à Vevey (6,4% p.a.), Nyon (5,0% p.a.) et Morges (3,9% p.a.). Vevey, Nyon et Morges sont des villes beaucoup plus petites, mais elles profitent de la notoriété de la région lémanique et ont étendu et promu leur offre plus activement. Elles proposent désormais des forfaits comme le «Pass découvertes» à Morges et une offre promotionnelle à Nyon incluant une visite au siège de l’UEFA et une découverte gourmande. Faible extension de l’offre à Lausanne A Lausanne, l’évolution inférieure à la moyenne du nombre de nuitées tient à une extension insuffisante de l’offre. En effet, très peu d’hôtels y ont été construits ces dernières années, la plupart d’entre eux ayant simplement été modernisés et rénovés. Aussi les nuitées n’ont-elles progressé que de 1,1% par an ces dix dernières années pour atteindre le chiffre de 700 000 environ. Egalement constatée à Montreux, cette faible extension de l’offre a diverses causes, parmi lesquelles on citera le manque de terrains et leur prix élevé, les recours en cascade, le boom de l’immobilier résidentiel le long du lac et, enfin et surtout, la transformation d’hôtels en résidences de luxe. Plusieurs projets hôteliers d’envergure vont toutefois arriver sur le marché. Au cours des trois à cinq prochaines années, quelque 1 000 nouveaux lits seront proposés dans la ville olympique (deux hôtels du groupe Accor en ville, un près de l’EPFL et un à côté du complexe AquaEcopôle à Vennes). Cela représente une augmentation de près de 25% par rapport à l’offre actuelle de lits à Lausanne. Moins de croissance, mais plus de clients fortunés Il convient toutefois de comparer l’évolution des nuitées dans la région à celle dans les autres grandes destinations suisses. Ici, Genève, Lausanne et Montreux sont à la traîne des autres villes du pays. Bâle (4,3% p.a.), Berne (3,6%) et Zurich (3,1%) ont connu une croissance plus forte durant les mêmes dix années. Mais la cité de Calvin conserve la première place pour les dépenses quotidiennes par hôte (230 francs contre 179 en moyenne nationale). Les villes de Zurich (203), Bâle (191) et Berne (183) arrivent loin derrière. Lausanne et Montreux affichent aussi d’excellents résultats grâce à une large clientèle internationale. D’un côté, l'espace métropolitain Genève-Montreux attire une très belle palette d’hôtes fortunés mais, de l’autre, elle n’enregistre qu’une faible augmentation des nuitées. L’accent porte clairement sur l’hôtellerie de luxe, ce qui explique pourquoi l’offre ne s’est guère élargie et que le nombre de nuitées progresse moins vite que dans les autres villes. Swiss Issues Régions 37 Economic Research Figure 35 Evolution des nuitées 1997 – 2007 Hôtels et établissements de cure, indice: 1997 = 100 200 Genève Lausanne 180 Montreux Vevey Nyon 160 Morges Suisse 140 120 100 80 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source: Office fédéral de la statistique (OFS), Credit Suisse Economic Research Hôtels de luxe et hôtels à petits prix très demandés Le nombre des nuitées a toutefois sensiblement augmenté à Genève dans les hôtels une étoile, avec une progression annuelle de 9% sur les dix dernières années. Le tourisme urbain, qui s’est beaucoup développé avec les vols bon marché, stimule principalement la demande dans les hôtels les moins chers. En hausse depuis plusieurs années, le tourisme d’affaires fait en revanche croître la demande dans la catégorie des quatre et des cinq étoiles. Ce même segment a enregistré une hausse de la demande dans les autres destinations situées sur les bords du Léman. Le taux d’occupation des hôtels est élevé, tout particulièrement à Genève et à Lausanne, où il dépasse 65%. Cela signifie que l’offre pourrait être élargie, pas seulement dans le haut de gamme, mais aussi dans le segment des hôtels un peu moins chers. Offrir plus de forfaits pour mieux fidéliser les clients De nouvelles offres forfaitaires incluant des avantages sont nécessaires pour fidéliser encore mieux le client. La Geneva Transport Card et son équivalent lausannois sont des produits appréciés de la clientèle des hôtels. Ils devraient peut-être encore être combinés avec d’autres prestations comme des réductions dans les musées. La Riviera Card va déjà plus loin en donnant droit à des réductions de 50% sur les entrées aux musées et aux parcs d’attraction ainsi que sur certaines excursions en train ou en bateau. Promouvoir la «Lake Geneva & Matterhorn Region» Pour se vendre systématiquement à l’étranger et promouvoir toute la région entre Genève et Zermatt, les trois offices de tourisme de Genève, Vaud et Valais ont décidé il y a quelques années d’unir leurs forces. Il en est né la «Lake Geneva & Matterhorn Region», une marque très porteuse devant être diffusée activement à l’étranger. Cette marque est utilisée pour vendre la région aux voyagistes du monde entier. Lorsque le client opte pour cette région, on lui vend alors une destination précise. La force de cette marque réside dans l’étendue de l’offre qui va du tourisme urbain à Genève et Lausanne aux pistes de ski à Verbier. Perspectives Genève devrait, cette année, parvenir une nouvelle fois à augmenter ses nuitées. La dynamique ralentira toutefois en 2009 avec le ralentissement de la conjoncture et la disparition de la demande supplémentaire liée à l’UEFA Euro 2008. Quant à Lausanne, elle devrait profiter cette année, à travers son Musée olympique, de l’intérêt accru suscité par les Jeux olympiques. Il en va de même des vignobles du Lavaux depuis qu’ils ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais la concurrence internationale entre destinations touristiques ne cesse de s’intensifier. Les destinations situées dans l'espace métropolitain Genève-Montreux doivent s’efforcer de valoriser et d’élargir toujours plus leur offre. En effet, la clientèle fortunée étant très courtisée partout dans le monde, elle devient de plus en plus exigeante. Grâce à sa longue tradition touristique, la région est toutefois bien préparée pour affronter l’avenir. Swiss Issues Régions 38 Economic Research 6.4 Informatique Vent en poupe pour les logiciels bancaires Passée inaperçue aux yeux de beaucoup, la branche informatique est devenue un secteur clé dans l'espace métropolitain Genève-Montreux. Certes, Zurich compte par exemple plus d’informaticiens que toute la Suisse romande. Quelques poids lourds de la branche se sont toutefois installés dans l’Arc lémanique; c’est le cas de Temenos et d’Unicible (centre de services bancaires d’IBM). Quant à la nouvelle co-entreprise créée par la ZKB et la BCV, elle sera répartie à peu près pour un tiers sur Vaud et deux tiers sur Zurich. De fait, Lausanne est devenu un centre de compétences pour les logiciels bancaires. Différentes raisons font que ceux-ci constituent un secteur d’activité extrêmement attractif. Cela tient d’une part au fait que dans l'espace métropolitain Genève-Montreux comme dans toute la Suisse, l’industrie financière revêt une grande importance et présente donc un potentiel de demande élevé. Les processus opérationnels de ce secteur sont très largement assistés par ordinateur. Or un tel avantage concurrentiel peut être exploité plus directement que dans d’autres branches. Au milieu de la décennie, beaucoup de banques disposaient encore de plates-formes héritées des débuts de l’informatique qui, d’épine dorsale, s’étaient muées peu à peu en talon d’Achille. Par ailleurs, les concentrations sont assez fréquentes, ce qui entraîne généralement une profonde refonte des systèmes et induit des commandes pour la branche informatique. La bulle Internet a aussi touché l’informatique financière. Mais parce que les banques et les assurances avaient procédé à des restructurations radicales après 2001, la demande est restée à peu près intacte. D’autre part, comme nous le verrons plus loin, informatique bancaire rime aussi bien avec mobilité qu’avec sécurité, deux segments très porteurs appartenant aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Modularité Aujourd’hui, la demande porte essentiellement sur les solutions standards modulaires intégrées. Celles-ci doivent d’une part satisfaire aux hautes exigences de la place financière suisse tout en étant d’autre part standardisées et donc avantageuses. Alors que les deux grandes banques du pays se procurent leurs systèmes à l’international, une division entre logiciels de private banking et logiciels de banque de détail s’est produite sur le marché des petits et moyens établissements bancaires. La société de croissance Temenos joue ici avec succès sur les deux tableaux, notamment parce qu’elle déploie aussi son activité dans les pays émergents et plus particulièrement dans la niche en rapide croissance de l’islamic banking (opérations bancaires conformes au droit islamique). Défis liés à la hausse de la mobilité La mobilité des personnes est un moteur de croissance au même titre que celle du capital. Les personnes mobiles veulent des appareils peu encombrants hébergeant toutes les applications importantes pour leurs tâches quotidiennes. Cela nécessite des progrès non seulement au niveau du matériel, un secteur dans lequel les sociétés informatiques suisses ne sont guère actives, mais aussi à celui du développement de logiciels ad hoc et en particulier de solutions apportant une réponse au problème de la protection des données sur les appareils mobiles. Parmi les applications de masse, on citera le «mobile banking», soit l'accès aux services bancaires à l'aide d'appareils mobiles tels que les portables ou les palms, promis à une grande diffusion. La transmission d’informations sur des appareils mobiles pose de nouveaux défis. Alors qu’il peut suffire de protéger un ordinateur fixe contre les abus par un simple mot de passe, les données enregistrées sur un portable volé peuvent être directement extraites du disque dur ou de la mémoire flash. Autre source de dangers, la liaison sans fil entre le serveur et le portable. Dans les deux cas, les utilisateurs ont besoin d’un système de sécurité global qui définit à la fois les données transmissibles sur l’appareil mobile et le mode de transmission. On assiste ainsi à une convergence entre sécurité physique et sécurité électronique, d’où de nécessaires compromis entre praticabilité et sécurité. L’activité de conseil ne pouvant guère être standardisée dans ces domaines, elle constitue un créneau promettant de belles marges. La technique de sécurité, une branche en plein boom Le moteur de croissance «sécurité» inclut aussi les contrôles d’accès, les détecteurs de mouvements servant à la surveillance de terrains, les techniques vidéo intelligentes, les systèmes biométriques de reconnaissance des collaborateurs ou des personnes autorisées et les étiquettes RFID d’identification des marchandises. Ces dernières permettent d’économiser beaucoup de temps et d’argent dans le domaine de l’inspection et donc de maîtriser des flux de marchandises en constante expansion. Swiss Issues Régions 39 Economic Research Conjoncture sectorielle En Suisse, l’informatique est une branche particulièrement cyclique, le conseil logiciel représentant environ 85% de son chiffre d’affaires. Aussi la branche informatique se comporte-t-elle comme un prestataire de services aux entreprises pour ce qui est de la sensibilité à la conjoncture. Durant les années de boom 2006 et 2007 (croissance du PIB de 3,2 et 3,1% respectivement, gros bénéfices des entreprises sur une large base), l’informatique a donc connu une phase d’expansion particulièrement robuste. En 2008, la pression des coûts devrait toutefois inciter les entreprises à ralentir leurs investissements dans ce domaine. En comparaison internationale, les dépenses par habitant continuent néanmoins d’afficher un niveau record en Suisse. Cela tient notamment au fait que les structures informatiques représentent une solution de remplacement pour le facteur travail, cher et limité dans notre pays. Plus haute l’ascension… Depuis les années 1990, presque aucune branche économique en Suisse n’a connu une évolution aussi mouvementée que les services informatiques. A la fin de la dernière décennie, ceux-ci étaient l’icône et l’incarnation de la nouvelle économie censée signer la fin des cycles conjoncturels et obéir à de nouvelles règles. Dans une large majorité de branches, les entreprises ont accru leurs investissements informatiques avec une telle ardeur que la Suisse est devenue le pays affichant les plus fortes dépenses par habitant. Tant qu’a duré cette ambiance de ruée vers l’or, le prix a joué un rôle insignifiant, d’où une demande excédentaire. Le boom a encore été renforcé par le «problème de l’an 2000». Au tournant du millénaire, ce problème de programmation, dont la pertinence reste controversée, a éveillé des spéculations qui se sont traduites par un volume d’investissements de plusieurs centaines de milliards de francs. Le fait que des pays prétendument mal préparés au passage de l’an 2000 (Italie ou pays émergents) n’ont pas eu plus de problèmes que ceux ayant beaucoup investi dans ce domaine (Etats-Unis, Royaume-Uni) a jeté le discrédit sur la branche informatique. … plus dure la chute Un an plus tard, lorsque la nouvelle économie a été rattrapée par le cycle conjoncturel, ce fut la chute. La crise mondiale a frappé principalement le secteur tertiaire et, en première ligne, les services informatiques. Cette jeune branche qui n’avait encore jamais connu de repli s’est trouvée subitement confrontée à la récession et au chômage. La demande excédentaire a fait place à un excédent de l’offre, les clients sont devenus prudents et donc plus attentifs aux prix. Cette conscience des prix a marqué le retour des solutions individuelles perfectionnistes et de la recherche de logiciels standard avantageux et modulaires ne nécessitant que de faibles adaptations aux besoins spécifiques. Le choc côté demande a entraîné un changement structurel qui a séparé le bon grain de l’ivraie. Relève: pénurie à tous les niveaux Structurellement, le problème de la relève constitue le point faible de la branche. L’absence d’une relève qualifiée est patente et menace la croissance de la branche. Depuis la fin du battage médiatique autour d’Internet, la classe socioprofessionnelle des informaticiens souffre d’un déficit d’image qui se traduit par une baisse dramatique des chiffres de la relève. Le nombre de porteurs de maturité optant pour la filière informatique a diminué de plus de 50%. On manque d’étudiants en informatique aussi bien dans les universités et à l’EPFL que dans les hautes écoles spécialisées. Discipline négligée à l’école obligatoire Pour les experts, cette situation déplorable est due au fait que la discipline est négligée à l’école obligatoire. Le canton de Zurich a par exemple retiré l’informatique des branches obligatoires dès 1995, estimant que les applications informatiques telles que le programme de traitement de texte Word ou l’utilisation d’Internet pouvaient être intégrées dans d’autres disciplines. C’est comme s’il ne fallait plus apprendre à lire depuis qu’existent les podcasts. La curiosité que peuvent éveiller les résultats surprenants de programmations simples a été négligée. Jadis considérée comme une discipline intellectuelle, l’informatique est devenue un simple produit qui s’achète ou se télécharge d’un clic de souris. Sous la pression de l’économie et de la recherche, les erreurs des années 1990 commencent certes à être corrigées, mais il faudra encore attendre des années pour que les hautes écoles produisent une relève suffisamment nombreuse. Etrange problème d’image Le débat sur la délocalisation des activités de service, dans lequel les médias ont largement attisé les peurs, a contribué à donner une mauvaise image du métier d’informaticien. L’implantation d’un centre de recherche et de développement de Google à Zurich et d’un centre de données de Yahoo dans le canton de Vaud a certes calmé les esprits, mais aussi accéléré la course aux talents. Pour détendre le marché du travail au moins à moyen terme, les représen- Swiss Issues Régions 40 Economic Research tants de la branche ont lancé une campagne d’image et proclamé 2008 «année de l’informatique». Mais cette campagne démarre justement une année où beaucoup de grandes entreprises tirent le frein des dépenses en raison des incertitudes conjoncturelles. Les grands titres qui s’en font l’écho pourraient avoir une fois de plus un impact négatif sur les chiffres de la relève, même si la demande globale est énorme quoique peu visible dans les médias. Swiss Issues Régions 41 Economic Research 7 Marché immobilier Les années de vaches grasses que vient de traverser l’économie de l'espace métropolitain Genève-Montreux ont aussi laissé des traces sur le marché immobilier. Le nombre de logements vacants demeure très faible en comparaison nationale, favorisant d’autant la hausse des prix. Pour ce qui est du marché des surfaces de bureaux à Genève, il faut remonter au début des années 1990 pour trouver un taux de vacance aussi bas. 7.1 Disparités régionales dans la construction de logements Marché des surfaces d’habitation Les permis de construire délivrés ces douze derniers mois dans les régions économiques de l'espace métropolitain Genève-Montreux révèlent une activité de construction très nuancée. D’un côté, Nyon et Morges/Rolle, les deux zones économiques affichant la plus forte dynamique démographique et les plus hauts revenus par ménage, connaissent une nette extension de leur parc de logements par rapport à la moyenne nationale. De l’autre, les deux régions économiques situées plus à l’est, à savoir Lausanne et Vevey/Lavaux, présentent une extension prévue proche de la moyenne suisse. Quant à la région économique de Genève, elle demeure un cas à part avec une extension prévue de 0,37% seulement. Coincée entre le lac et la frontière française, cette région ne peut certes pas voir son habitat s’étendre comme dans une zone rurale. Toutefois, même pour une zone urbaine, l’extension y est exceptionnellement faible, puisqu’elle est près de la moitié moins forte qu’en ville de Zurich par exemple. Figure 36 Extension prévue selon le type d’habitation En % du parc de logements à fin 2006 Nyon Morges/Rolle Suisse Appartements en location Lausanne Appartements en propriété Maisons individuelles Vevey/Lavaux Genève 0.0% 0.2% 0.4% 0.6% 0.8% 1.0% 1.2% 1.4% 1.6% 1.8% Source: Schweizer Baublatt, Office fédéral de la statistique (OFS), Credit Suisse Economic Research Intense activité de construction d'appartements en location dans la région de Lausanne Les permis de construire délivrés pour des maisons individuelles et des immeubles d’habitation sont tendanciellement stables ou en léger recul dans les différentes régions de l'espace métropolitain Genève-Montreux. Seule exception, la région de Lausanne a enregistré un nombre considérable de nouveaux projets de construction d'appartements en location au cours des deux dernières années. Comme le montre la figure 36, il s’agit essentiellement de grands projets sur les communes de Lausanne (par exemple le projet «Maillefer» de la Société Coopérative d'Habitation Lausanne), de Saint-Sulpice et de Chavannes-près-Renens (quartier des Ramiers). Swiss Issues Régions 42 Economic Research La construction de logements à la traîne de l’évolution démographique Il suffit de jeter un coup d’œil aux deux figures ci-dessous pour voir que dans plusieurs régions de l'espace métropolitain Genève-Montreux, la construction de logements n’arrive pas à suivre la croissance démographique. Cet état de fait ainsi que l’évolution positive des salaires réels, deuxième puissant moteur de la demande, indiquent que la demande de logements restera soutenue dans un avenir proche et qu’elle ne pourra guère être couverte par l’offre prévue. A l’inverse, la situation sur l’ensemble du marché suisse est relativement équilibrée dans la plupart des régions et pour presque toutes les tailles de logement. L’extension du parc de logements au niveau national a été nettement plus forte que la croissance démographique. Avec la hausse du besoin de surface par personne et la construction de résidences secondaires, l’offre de logements a pu néanmoins être absorbée sans trop de problèmes. Figure 37 Evolution démographique et extension Figure 38 Extension et absorption Variation en % entre 2000 et 2006 Extension estimée 2008/2009; absorption moyenne sur les 5 dernières années 2.5% 12% 10% Nyon 2.0% Morges/Rolle Absorption Extension du parc de logements 8% Croissance de la population 6% 1.5% 4% VS VD Vevey/Lavaux 1.0% CH Monthey/St-Maurice Aigle Lausanne Genève 0.5% 2% 0.0% 0.0% 0% Nyon Morges/Rolle Suisse Vevey/Lavaux Lausanne Genève Source: Schweizer Baublatt, Office fédéral de la statistique, Credit Suisse Economic Research 0.5% 1.0% 1.5% 2.0% 2.5% Extension Source: Schweizer Baublatt, Office fédéral de la statistique, Credit Suisse Economic Research La figure 38 confronte l’extension prévue de l’offre et l’absorption moyenne des cinq dernières années. L’absorption (demande) renseigne sur le nombre de logements que le marché a effectivement absorbés au cours des dernières années. Hormis dans la région économique de Lausanne et dans les deux premières régions situées à l’est de l'espace métropolitain GenèveMontreux (Aigle et Monthey/St-Maurice), l’absorption moyenne est supérieure à l’extension prévue (points situés à gauche de la diagonale). L’extension actuelle devrait donc être facilement absorbée, toutes choses restant égales par ailleurs, ce qui se traduira probablement par une baisse des taux de vacance. Nouvelle baisse des taux de vacance à quelques exceptions près Le nombre de logements vacants dans les régions de l'espace métropolitain Genève-Montreux a diminué de moitié environ depuis l’an 2000 (Figure 39). Les taux de vacance de l'espace métropolitain sont très bas comparés à la moyenne nationale de 1,07% enregistrée en 2007. A Genève, il ne restait plus que 197 logements libres au 1er juin 2007, ce qui équivaut à un taux de vacance de 0,19% correspondant à une véritable pénurie de logements. Même si le marché s’est légèrement détendu depuis les plus bas absolus de 2002 à 2004, il est probable qu’en raison de l’excédent de demande évoqué plus haut, le nombre de logements vacants diminuera de nouveau en 2008/2009. Swiss Issues Régions 43 Economic Research Figure 39 Logements vacants, 2000-2007 En % du parc de logements 2.0 Lausanne Morges/Rolle Nyon Vevey/Lavaux Genève CH 1.8 1.6 1.4 1.2 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source: Office fédéral de la statistique (OFS), Credit Suisse Economic Research Niveau des prix supérieur à la moyenne En comparaison nationale, tant les loyers que les prix de vente des logements sont élevés dans l'espace métropolitain Genève-Montreux (Figure 40). La hausse des prix est particulièrement prononcée dans le canton de Genève. Le prix d’un logement en propriété de catégorie moyenne (neuf, bien situé, 4,5 pièces, 110 mètres carrés de surface habitable nette) se situe par exemple aux alentours de 1 231 000 francs dans la commune de Genève et atteint encore quelque 877 000 francs dans la moins chère des communes genevoises du bord du lac (Bellevue). A titre de comparaison, le prix moyen à payer pour le même logement situé à Lausanne, Montreux, Neuchâtel ou Yverdon-les-Bains est respectivement de 752 000, 708 000, 530'000 et 526 000 francs. Figure 40 Prix des logements en propriété En CHF, neuf, bien situé, 4,5 pièces, 110 m2 de surface nette habitable, 1er trimestre 2008 Prix d'un logement standard en propriété > 900'000 700'000 - 900'000 600'000 - 700'000 550'000 - 600'000 500'000 - 550'000 450'000 - 500'000 400'000 - 450'000 350'000 - 400'000 < 350'000 Espace métropolitain Genève-Montreux 0 5 10 20 km Source: Wüest & Partner, Credit Suisse Economic Research, Geostat Swiss Issues Régions 44 Economic Research La carte montre très bien comment les prix baissent au fur et à mesure qu’on s’éloigne du lac. Cela tient à une situation moins attractive, mais aussi à un accès plus difficile aux centres. Hausse persistante des prix dans l'espace métropolitain Genève-Montreux Ces cinq dernières années, les hausses de prix les plus marquées ont été relevées dans les communes des régions de Genève, Nyon, Lausanne et Aigle (Figure 41). Ainsi qu’il ressort de la carte, la hausse des prix touche également l’«arrière-pays», surtout le long des axes de communication, par exemple en direction d’Yverdon-les-Bains ou de Romont. Les habitants repoussés loin des centres créant une demande supplémentaire à ces endroits. L'espace métropolitain Genève-Montreux connaît d’une manière générale une demande excédentaire. C’est le résultat d’une économie prospère, de zones de résidence attractives et d’une offre d’espace limitée. Dans le canton de Genève, malgré des plus-values intéressantes pour les investisseurs, les forces du marché semblent en partie inhibées, ce qui aggrave encore la situation. Selon la loi de l’offre et de la demande, pareille situation devrait stimuler l’activité dans la construction et rééquilibrer ainsi les forces du marché. Dans ce canton, le manque de zones à bâtir peut être considéré comme la cause principale de la faible activité de construction. Celle-ci est toutefois aussi freinée par un marché du logement très réglementé (voir encadré). Les projets de construction sont de ce fait moins rentables, ce qui réfrène le goût d’investir. Par conséquent, le nombre de projets de construction et de transformation se situe en dessous du niveau optimal dans le canton de Genève, d’où une baisse insidieuse de la qualité du parc de logements genevois. Figure 41 Evolution des prix des logements en propriété Variation en % pour un 4,5 pièces entre le 1er trimestre 2003 et le 1er trimestre 2008 Evolution du prix d'un logement en propriété, en % > 50 40 - 50 30 - 40 20 - 30 15 - 20 10 - 15 5 - 10 0-5 <0 Espace métropolitain Genève-Montreux 0 5 10 20 km Source: Wüest & Partner, Credit Suisse Economic Research, Geostat En raison de la baisse continue des taux de vacance, aucune détente n’est en vue sur le front des prix dans l'espace métropolitain Genève-Montreux, car à la forte demande répond une extension insuffisante du parc de logements. Les prix de l’immobilier devraient donc continuer d’augmenter plus qu’en moyenne, ce qui creusera encore l’écart avec le reste de la Suisse romande. Swiss Issues Régions 45 Economic Research Obstacles réglementaires sur le marché du logement à Genève La faible activité de construction dans le canton de Genève tient notamment à un marché du logement très réglementé. Bien que les politiques et l’administration aient clairement manifesté leur volonté d’améliorer la situation, les procédures y restent longues, compliquées et guère compréhensibles pour le profane. A titre d’exemple, il s’écoule en moyenne plus de temps à Genève que dans les autres cantons entre la présentation d’une demande de permis de construire et la délivrance de l’autorisation correspondante. Parmi les conditions-cadres légales les plus invasives figurent les interventions dans la formation des loyers lors de démolitions, de transformations et de rénovations. En vertu de la loi idoine (LDTR), le canton plafonne les loyers en montant absolu par pièce à la suite de travaux de cet ordre. Le plafonnement du loyer s’applique pendant trois ans pour les transformations et les rénovations, pendant dix ans en cas de démolition et de reconstruction. Représentant près de 10% du canton, les zones dites de développement introduisent d’autres restrictions à la libre formation des prix. Dans ces zones, le canton réglemente pendant dix ans les prix d’achat et de vente des terrains ainsi que les loyers maximums en cas de nouvelle construction. Dans bien des cas, les promoteurs doivent en outre établir un «plan localisé de quartier» (PLQ) fixant en détail les conditions-cadres du projet de construction. Si cela peut se justifier sous l’angle de l’aménagement du territoire, cela coûte néanmoins du temps et de l’argent supplémentaire. De plus, les nouveaux projets situés dans les zones de développement doivent comprendre un tiers de logements d'utilité publique (LUP). Ces LUP sont placés sous le contrôle du canton ou détenus par des organismes sans but lucratif. Avec ces loyers plafonnés et ces prix de vente réglementés, le canton influe donc directement sur le marché. Indirectement, il essaie toutefois aussi de garantir des surfaces d’habitation avantageuses à travers les logements subventionnés. En 2005, quelque 18% de tous les logements du canton étaient subventionnés, même si les aides au logement, également pratiquées dans le canton en faveur des locataires moins bien situés, causeraient moins de distorsions. En comparaison, seuls quelque 3,5% des logements sont subventionnés en ville de Zurich. Par diverses mesures d’aménagement du territoire, le canton de Genève s’efforce de garantir un développement cohérent. C’est par exemple le cas avec le projet d’urbanisation «Construire pour demain» qui vise à densifier des terrains en zone villas, à déclasser quelques terrains en zone agricole et à adopter des plans localisés de quartier (PLQ). Le canton souhaite encore étendre son influence sur le marché du logement et veut que 15% de tous les logements soient soumis au régime LUP d’ici à 2017. Un crédit d’investissement de 300 millions de francs a d’ailleurs été ouvert à cet effet. 7.2 Marché des surfaces de bureaux Le marché des surfaces de bureaux revêt une importance toute particulière dans les régions économiques de Lausanne et de Genève. En effet, 15% environ de tous les employés de bureau de Suisse y travaillent, ce qui souligne l’importance de l'espace métropolitain GenèveMontreux. Comportant une forte proportion d’organisations internationales et de prestataires de services destinés à la place financière et commerciale, le très international marché genevois des surfaces de bureaux a, ces dernières années, particulièrement profité de la haute conjoncture. Hausse de l’activité d’autorisation de construire L’activité d’autorisation de construire pour les surfaces de bureaux dans le canton de Genève n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Mesurée au volume d’investissement, elle se situe aujourd’hui à un niveau près de deux fois supérieur à celui atteint à la fin des années 1990. Par rapport à Zurich, l’extension est toutefois nettement plus faible dans le canton de Genève. Dans le canton de Vaud, les autorisations de construire délivrées pour des surfaces de bureaux ont augmenté l’an dernier et sont légèrement supérieures à la moyenne à long terme. Dans les deux régions, la forte demande assure une rapide absorption des nouvelles surfaces, comme en atteste le recul des taux de vacance. A l’heure actuelle, les demandes de permis augmentent très rapidement dans les deux régions, ce qui pourrait engendrer une offre excédentaire dans les années 2009/2010. Swiss Issues Régions 46 Economic Research Situation tendue sur le marché genevois des surfaces de bureaux La figure 42 montre l’évolution des surfaces de bureaux inoccupées au cours de ces dernières années. En 2007, le canton de Genève a enregistré un taux de vacance très faible (env.1,1% contre 1,7% en 2006), signe de tensions considérables sur le marché des bureaux, où le centre-ville, en particulier, ne comporte pratiquement aucune surface libre. Les surfaces de bureaux vacantes ont également reculé dans le canton de Vaud; elles totalisent désormais quelque 61 000 mètres carrés, dont environ 34 500 dans l’agglomération lausannoise. Figure 42 Surfaces de bureaux inoccupées, 1990-2007 En milliers de m2 400 GE VD Ville de Zurich 350 NE BS Ville de Berne 300 BL 250 200 150 100 50 0 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Source: Offices statistiques cantonaux Vu son attractivité et l’exiguïté de son territoire, Genève connaît des prix très élevés pour les surfaces de bureaux. Seul le centre financier de Zurich s’approche de ces valeurs. Mais à Zurich aussi, les loyers moyens (médiane) se situent déjà nettement en dessous de ceux de Genève, soit à 293 francs contre 379 francs en moyenne par mètre carré (Figure 43). Le centreville de Genève détient ici le record absolu. Dans la région de Lausanne, les prix présentent un écart plus faible qu’à Genève et, à 222 francs le mètre carré, se situent au même niveau qu’à Berne et qu’à Bâle. Figure 43 Prix proposés pour les surfaces de bureaux Loyers bruts en CHF/m2, 4e trimestre 2007 500 Médiane Ecart entre 30% et 70% des valeurs 400 Ecart entre 10% et 90% des valeurs 600 300 200 Ville de Bâle Berne Neuchâtel Genève 0 Ville de Zurich 100 Lausanne Genève: record des prix des surfaces de bureaux en Suisse Source: Immovista, Credit Suisse Economic Research Swiss Issues Régions 47 Economic Research La demande de surfaces de bureaux restera soutenue en 2008, mais une amélioration se dessine à Genève avec la réalisation de quelques grands projets, notamment à proximité de l’aéroport. Swiss Issues Régions 48