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La France plafonne les salaires
En Suisse, les patrons des entreprises publiques touchent des salaires princiers, alors que
en France, le nouveau président a mis le holà.
Q
Hollande siffle le hors-jeu
En France, les salaires exorbitants dans la fonction publique
au palmarès des rémunérations
délirantes. Un conseiller fédéral ne
pèse ainsi «que» 474 718 fr. par an.
Une paille, face aux 15,7 millions de
francs qu’a touchés en 2011 Joseph
Jimenez, PDG de Novartis, et encore
trois fois moins que le patron de
Swisscom. Outre-Jura, l’écart est
également abyssal. Au pays de l’égalité, un ministre doit désormais se
contenter de 143 136 fr. annuellement et le président Hollande lui–
même de 214 704 fr.*.
Trop c’est trop!
AFP, Pixsil
uelle est la différence entre
Andreas Meyer, directeur des
CFF, et Guillaume Pepy, chef de
la SNCF? Réponse: 700 000 fr. de
salaire annuel de plus en faveur du
premier! Tout compris, sa rémunération s’élevait en effet à 1,03 million
de francs en 2011, contre 250 000 €
(300 000 fr.) pour le patron des chemins de fer français. Sans compter
que ce dernier a 245 000 employés
sous ses ordres, soit huit fois plus
qu’Andreas Meyer (voir tableau).
Les écarts entre la Suisse et la
France se retrouvent dans la plupart
des entreprises publiques. Ainsi, le
chef sortant de La Poste Suisse, Jürg
Bucher (924 500 fr. par an), a perçu
185 000 fr. de plus que son collègue à
la tête du géant jaune français. Il n’y a
guère que le PDG de Swisscom, Car­
sten Schloter, à devoir «se con­tenter»
d’un revenu inférieur – de 250 000 fr.
– à celui de son homologue français.
Avec 1,57 million en 2011(1,9 million
en 2010), il reste cependant le mieux
payé des patrons d’entreprises en
Suisse tout ou en partie publiques.
Le patron des CFF, Andreas Meyer, gagne 3,5 fois plus que son homologue des chemins de fer français, Guillaume Pepy.
sont dans le collimateur du nouveau président. Après avoir raboté
son propre revenu et celui de ses
ministres de 30%, François Hollande a décidé d’imposer aux dirigeants des entreprises publiques
un écart maximal de rémunération de 1 à 20. A titre de comparaison, le rapport entre le plus petit
salaire versé chez Swisscom et celui de son PDG se monte au-
INITIATIVE «PRO SERVICE PUBLIC»
Près de 50 000 signatures!
L'initiative populaire «Pro Service Public», lancée par Bon à Savoir ainsi
que ses partenaires alémaniques et
tessinois, vise au maintien d’un service public de qualité à des prix
­abordables. Elle concerne La Poste, les
CFF, Swisscom et toutes les entreprises dans des mains publi­ques. Lancée en mars dernier, elle a franchi
le cap des 49 000 signatures, sur les
100 000 nécessaires.
Des feuilles de signatures peuvent être
commandées à l’adresse Bon à Savoir,
«Pro Service Public», case postale 150,
1001 Lausanne, ou par courriel à info@
bonasavoir.ch ou téléchargées sur
www.proservicepublic.ch.
Important: n’attendez pas qu’une feuille
soit remplie pour la renvoyer à l’adresse
ci-dessus. Par ailleurs, les citoyens de
communes différentes ne peuvent pas
signer sur la même feuille.
jourd’hui à 1/35 (lire «Inégale évolution des salaires», BàS 6/2012).
Sachant que, dans l’Hexagone,
le salaire minimum légal est de
1398 € par mois (1678 fr.), cela
­signifie que les PDG du public devront bientôt se contenter d’environ 400 000 fr. par an, soit à peine
moins qu’un conseiller fédéral
(près de 475 000 fr.)
A la SNCF, Guillaume Pepy
n’a pas de souci à se faire. Avec
300 000 fr. par an, il est dans le cadre
de la future loi. En revanche, le patron de France Télécom, Stéphane
Richard, devra diviser son salaire
annuel (1,82 million de francs) par
4,5. Quant au CEO de La Poste hexagonale, Jean-Paul Bailly (740 000 fr.),
il se contentera d'un demi-salaire
par rapport à 2011.
«Une paie de ministre» ne veut
plus dire grand-chose aujourd’hui
en Suisse et en France où, il y a belle
lurette, que les ministres ont été
dépassé par les dirigeants d’entreprises privées, mais aussi publiques,
Si la question des salaires reste
largement taboue en Suisse, des
voix commencent à s’élever contre
les rémunérations aberrantes. Les
Jeunes socialistes ont déposé, l’an
dernier, une initiative qui deman­
de de limiter les écarts salariaux de
1 à 12 dans une même entreprise.
De son côté, l’initiative de l’industriel schaffhousois Thomas Minder, intitulée «Contre les rémunérations abusives», exige un vote
annuel des actionnaires sur les rémunérations de la direction et exclut les indemnités de départ. Les
deux textes ont été accueillis très
fraîchement par le Conseil national (au stade de la commission
pour le premier). Le peuple se prononcera prochainement sur la
proposition Minder. Reste l’initiative fédérale «En faveur du service
public» , que nous avons lancée le
6 mars (lire encadré), et qui vise –
entre autres – à limiter les salaires
des hauts dirigeants d’entreprises
publiques au niveau de leurs homologues de l’Administration fédérale.
Thomas Lattmann / phc
* Rémunération brute, y compris les
frais de fonction, selon les sources de
l’Agence France Presse.
Comparaison des salaires des dirigeants d'entreprises publiques en Suisse et en France
Entreprise
Télécommunications
Swisscom
France Télécom
Nombre de collaborateurs
21 022
172 000
Salaire annuel du directeur
1 570 000 fr.
1 824 000 fr.
Salaire du directeur par collaborateur 74.70 fr.
10.60 fr.
Chemins de fer
CFF
30 100 (1)
1 030 207 fr.
34.25 fr.
SNCF
245 000
300 000 fr.
1.20 fr.
Chiffres 2011, taux de change 1€ =1.20 fr. Sources: Confédération, syndicat Travail Suisse, site des entreprises, articles de presse.
(1)
Estimation pour l'ensemble du groupe sur la base des compte des CFF (sans les filiales).
Poste
La Poste Suisse
59 612
924 501 fr.
15.50 fr.
La Poste (France)
268 000
739 200 fr. 3.40 fr