Déclaration du Copa-Cogeca à l`occasion de la Conférence Rio+20
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Déclaration du Copa-Cogeca à l`occasion de la Conférence Rio+20
Déclaration du Copa-Cogeca à l’occasion de la Conférence Rio+20 Croissance verte : vers un développement plus durable Le Copa-Cogeca, qui soutient le sommet Rio+20 organisé en juin prochain, estime que la croissance verte est au cœur d’un meilleur développement durable Les agriculteurs, les sylviculteurs européens et leurs coopératives gèrent plus des trois-quarts des terres de l’UE et, en maintenant les capacités de production à travers toute l’Union, garantissent la sécurité alimentaire de 500 millions de consommateurs. Dans l’UE des 27, les exploitations agricoles emploient près de 28 millions d’individus ; la chaîne agroalimentaire dans son ensemble en emploie plus de 40 millions. En plus de créer des emplois verts, la gestion agricole et sylvicole européenne procure des campagnes agréables et des paysages variés pour les populations, les visiteurs et les touristes des zones rurales. Le Copa-Cogeca estime que la seule voie à suivre est celle de la croissance verte : développer des capacités de production tout en améliorant l’efficacité d’utilisation des ressources est un point essentiel. Le Copa-Cogeca en appelle donc à faire de la croissance verte le moteur d’une agriculture et d’une sylviculture européennes durables et multifonctionnelles. Nous sommes d’avis que la croissance verte permettra également aux pays du monde entier d’atteindre davantage de sécurité alimentaire, de réduire la pauvreté et d’améliorer l’équilibre entre zones urbaines et rurales. L’un des défis majeurs du monde contemporain touche à la manière de satisfaire une demande croissante en denrées alimentaires et de réduire la famine et la pauvreté, tout en tenant compte des ressources limitées en terres et en eau et du changement climatique. Il s’agit en outre d’y parvenir d’une façon plus durable, dans un souci de protection des ressources existantes. Plus particulièrement, l’imperméabilisation des sols ainsi que l’occupation des terres à des fins d’étalement urbain et d’infrastructures ont des effets préjudiciables, puisqu’elles entraînent un accroissement des pertes de terres agricoles de première qualité. Par ailleurs, quand on sait que 80% des individus les plus défavorisés au monde habitent les zones rurales et fondent leurs économies sur ce secteur, il ne fait aucun doute que l’agriculture durable a un rôle de premier plan à jouer. Il est impératif de garantir la sécurité alimentaire mondiale. L’agriculture doit, dès lors, être en mesure de nourrir l’ensemble des individus et des communautés, en fournissant des denrées alimentaires saines, abordables et variées, qui répondent à des critères stricts en matière environnementale, tout en respectant le bien-être animal. L’agriculture joue également un rôle unique dans l’approvisionnement d’énergies renouvelables, de carburants et de biomatériaux qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des divers secteurs économiques. Pour y parvenir, le Copa-Cogeca partage la vision de l’Agenda 21, pour qui les agriculteurs sont la clé de la durabilité dans les pays développés et en développement. Pour permettre aux agriculteurs et aux sylviculteurs de relever avec succès le défi de la durabilité, il sera essentiel d’investir dans la recherche, le développement et les nouvelles technologies. Des bases de connaissances renforcées, et surtout l’échange et l’application pratique de ces connaissances, signifieraient que les tous les acteurs concernés seraient en mesure de mieux cibler l’efficacité de la production, l’atténuation du changement climatique et l’adaptation. Il y a vingt ans, le « Sommet de la Terre » de Rio a fixé les trois piliers du développement durable : - environnement : une production agricole européenne qui respecte les normes les plus élevées au monde en matière de sûreté des denrées alimentaires, de traçabilité, de protection environnementale et de bienêtre animal ; - économie : une plus grande stabilité du marché et des prix équitables pour les consommateurs et les agriculteurs ; - société : une création d’emploi et des zones rurales viables. Le Copa-Cogeca estime que l’interdépendance de ces trois piliers doit être mieux reconnue. C’est pourquoi, pour être durable, l’activité agricole doit être constante et menée dans un cadre économique stable et équitable. Tout cela ne pourra être obtenu que via une règlementation mondiale des marchés agricoles et par une politique audacieuse, axée vers le renouvellement générationnel. Le Copa-Cogeca souligne l’importance des coopératives agricoles, d’autant plus dans le contexte de la Conférence Rio+20 de 2012 , puisque cette année a été déclarée « Année internationale des coopératives » par les Nations unies. Le Copa-Cogeca considère les coopératives agricoles comme l’un des instruments essentiels pour stimuler le développement durable intégratif, au moyen de projets communs de croissance verte dans les domaines environnementaux, économiques et sociaux, particulièrement importants pour les communautés rurales. Aux yeux du Copa-Cogeca, la conférence des Nations unies sur le développement durable (sommet Rio+20), qui aura lieu au Brésil en juin prochain, est une étape clé vers une société mondiale durable, puisque cette conférence stimulera la croissance verte1. 1 L’OCDE emploie le terme « Croissance verte » (Rapport « Vers une croissance verte », OCDE, 2011: http://www.oecd.org/document/10/0,3746,en_2649_37465_47983690_1_1_1_37465,0 0.html) Le terme analogue employé par l’ONU est « économie verte » (Rapport « Vers une économie verte », PNUE, 2011: http://www.unep.org/greeneconomy/GreenEconomyReport/ tabid/29846/Default.aspx) Photo: Anders Norsell till slaktgrisarna har Jeanette Blackert ersatt drygt hälftenBerit av sojan med åkerbönor och ärter.Farm. Photo. Metlid, Publishing Aspects d’une agriculture durable Sécurité alimentaire • La demande alimentaire mondiale ne cesse d’augmenter, et pourtant, l’approvisionnement alimentaire est soumis à une menace croissante. Les terres et l’eau sont des ressources limitées : dès lors, une production accrue dépendra davantage de la réalisation d’une plus grande productivité agricole. Toutefois, l’amenuisement des ressources existantes résulte également de facteurs tels que l’étalement urbain, l’érosion ou la pollution, et nous sommes maintenant confrontés au nouveau défi du changement climatique. Les agriculteurs se retrouveront non seulement face à des climats de plus en plus extrêmes, mais ils devront en outre s’adapter aux changements climatiques à long terme mettant en péril la production dans certaines régions du monde. • Il est essentiel de mettre en œuvre des politiques équitables et robustes, qui promeuvent un modèle d’agriculture source de sécurité et de stabilité alimentaire, tout en protégeant les ressources naturelles existantes, en sauvegardant la biodiversité et en contribuant à la lutte contre le changement climatique. La clé réside dans des solutions « gagnant-gagnant » : des mesures qui permettent aux agriculteurs de garantir un meilleur environnement, tout en améliorant leur productivité, leur rentabilité et leur compétitivité, et qui les encouragent à prendre part à la lutte contre les dérèglements climatiques (par exemple : bioéconomie, piégeage du carbone). • Qui plus est, des mesures claires visant à renforcer la position des agriculteurs au sein de la chaîne alimentaire contribueront à atteindre une croissance plus inclusive et plus durable. • Etablir de conditions-cadres qui favorisent les investissements agricoles et dans les zones rurales, et qui permettent aux agriculteurs eux-mêmes d’investir (par exemple, via des retours du marché meilleurs et plus stables) renforcerait les efforts consentis pour une utilisation plus efficace des ressources et une distribution plus équitable des richesses. La croissance verte est également cruciale pour permettre aux zones rurales dans les régions les moins avancées du monde de révéler leur potentiel. • De telles politiques doivent être constamment révisées pour s’assurer qu’elles tiennent compte de l’évolution des conditions environnementales/naturelles et des schémas comportementaux, ainsi que d’autres défis imprévus. Foto: Berit Metlid Parvenir à utiliser efficacement les ressources via une bioéconomie saine • Dans la vision à long terme en matière de croissance mondiale durable, le secteur agricole est conscient de sa contribution potentielle à une croissance plus verte et plus efficace dans l’utilisation des ressources. • Dans ce contexte, le secteur de l’agriculture s’engage à améliorer son efficacité d’utilisation des ressources. Outre les progrès considérables réalisés en agriculture, il est possible d’améliorer plus encore l’efficacité énergétique des bâtiments agricoles et des machines, par exemple, et ce, pour tous les types d’agriculture. Le perfectionnement continu de la gestion des engrais et lisiers via une planification et une utilisation améliorées réduira probablement les émissions de gaz à effet de serre, en plus d’améliorer la qualité de l’eau. Les techniques de précision pourraient jouer un rôle non négligeable dans l’optimisation des ressources. De plus, utiliser plus efficacement l’eau en agriculture permet de s’adapter à la réduction de sa disponibilité, et cela inverse les processus de dégradation et de désertification, préservant ainsi la fonction de puits de carbone du sol et de la biomasse agricoles. • Réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre vise également à atteindre une croissance verte. La production de bioénergie, qui remplace l’utilisation de sources d’énergies fossiles non renouvelables (tant de première que de deuxième génération : cultures énergétiques, résidus biologiques et lisiers agricoles), peut servir à produire des biocarburants (par exemple, en vertu des critères européens de durabilité) et du biogaz, tandis que les cultures énergétiques pérennes et la biomasse forestière peuvent servir à la production de chauffage et d’électricité. • Nous nous orientons vers la bioéconomie. L’utilisation accrue de produits de base agricoles et sylvicoles dans la production de matériaux industriels tels que les polymères, les lubrifiants, les surfactants, les solvants et les fibres peut également contribuer à réduire les besoins en produits dérivés de la pétrochimie. Ceux-ci doivent devenir des marchés, offrant dès lors des possibilités de diversification des systèmes de production agricoles et des écosystèmes agricoles. • La gestion durable des forêts, les bioproduits, et les services écosystémiques fondés sur les forêts jouent un rôle majeur pour la croissance verte mondiale. La subsistance de plus de 1,6 milliard d’individus dépend des forêts. Aussi, la gestion durable des forêts est-elle cruciale pour le développement durable et l’éradication de la pauvreté. Les fonctions qu’elles remplissent, y compris l’effet de substitution du carbone fourni par les produits ligneux récoltés, devraient être reconnues et favorisées par toutes les politiques concernées. Photo. Berit Metlid, Publishing Farm. Aspects internationaux • Pour parvenir à une croissance verte en agriculture, il convient d’être cohérent avec les autres politiques, particulièrement la politique commerciale. • Les échanges commerciaux internationaux ne doivent pas saper les efforts consentis par les Etats pour adopter des pratiques agricoles durables. L’ouverture des marchés peut décourager les pays à imposer des normes environnementales strictes et onéreuses, lorsque celles-ci minent leur position concurrentielle face à des produits provenant de pays n’adoptant pas une politique similaire. A long terme, la solution est de veiller à ce que les ressources environnementales soient correctement valorisées dans les échanges internationaux. En attendant, il est crucial que les pays puissent équilibrer les avantages liés à l’ouverture des marchés avec le besoin de protéger l’environnement. Transfert d’innovation et de connaissances • Une intensification durable de l’agriculture est la réponse aux défis parallèles que sont la sécurité alimentaire et un monde où les ressources sont de plus en plus limitées. Il est impératif d’améliorer les conditions permettant de passer à une utilisation plus efficace de l’eau, des engrais et autres intrants. Une telle approche doit être soutenue par un programme de recherche solide et un transfert de connaissances visant à encourager le développement et la mise en œuvre de solutions innovantes. Plus particulièrement, il convient d’intensifier les aides pour les petits exemples efficaces en matière d’innovation. L’importance des femmes et du renouvellement générationnel dans les zones rurales • Le rôle des femmes, spécifiquement dans les zones rurales, est crucial pour le développement durable de la société. Il est fréquent que les conditions d’isolement auxquelles elles sont parfois confrontées ainsi que le manque de services accessibles et de formations les empêchent de contribuer à et à bénéficier de la croissance verte. En effet, l’accès des femmes aux droits fondamentaux inhérents à la terre, l’indépendance financière et juridique, combinée à l’accès au crédit, à la formation, ainsi que la volonté des organisations féminines sont essentiels pour renforcer la participation des femmes des zones rurales à la prise de décision et à la politique locale. • La création de perspectives positives pour les jeunes générations, les encourageant à s’établir dans les zones rurales économiquement prospères constitue un autre élément crucial sur la voie de la croissance verte. Le renouvellement générationnel dans les zones rurales est la garantie de progrès continus pour atteindre une croissance verte en agriculture. Le rôle des coopératives agricoles • Les coopératives agricoles sont la propriété des agriculteurs. Leur principal objectif est de commercialiser la production de leurs partenaires. Ces entreprises, avant tout des PME dans les pays en développement, jouent un rôle de premier plan en instaurant des pratiques communes de gestion environnementale, telles que la gestion des déchets, l’utilisation plus efficace de l’eau, le développement de l’amélioration variétale, etc. La promotion d’initiatives axées sur la croissance verte et l’augmentation de services conduisant au maintien des populations dans les zones rurales – cruciales pour le développement durable – en sont le reflet. Le rôle du citoyen • Le passage à une croissance verte et à un développement durable implique que la société s’approprie l’idée de consommation durable des ressources naturelles. Il est dès lors nécessaire de développer des stratégies de communication au niveau régional ou national, ciblant les citoyens et les consommateurs, qui préconisent une alimentation équilibrée à base de produits fabriqués de façon durable, c’est-à-dire dans le respect de normes élevées en matière environnementales et de bien-être animal. Outils • Il faudrait mettre en œuvre des outils et des incitations, afin de garantir aux agriculteurs que la production durable est rentable : c’est-à-dire placer la croissance verte au cœur des politiques touchant à l’agriculture, contribuant ainsi à la transition vers un secteur qui soit adapté aux changements climatiques. A cette fin, la recherche et l’innovation ont un rôle essentiel à jouer. • Il est possible d’opérer des améliorations réalistes pour atteindre une agriculture plus efficace dans l’utilisation des ressources, tout en maximisant le potentiel de production de l’agriculture via une efficience accrue. Néanmoins, certaines mesures visant à atteindre les objectifs susmentionnés pourraient augmenter le risque de transférer la production vers des régions où l’efficacité d’utilisation des ressources est plus faible. Une telle stratégie compromettrait les emplois de millions d’agriculteurs et salariés du secteur agroalimentaire, ainsi que la compétitivité de ce dernier. Photo: Ester Sorri. COPA AND COGECA: THE VOICE OF EUROPEAN A G R I - C O O P E R AT I V E S FARMERS AND EUROPEAN Le Copa-Cogeca est la voix unie des agriculteurs et de leurs coopératives dans l’Union européenne. Ensemble, les deux organisations œuvrent pour une agriculture européenne durable, innovante et compétitive, qui puisse garantir la sécurité de l’approvisionnement alimentaire aux 500 millions de citoyens européens. Le Copa représente plus de 13 millions d’agriculteurs et leurs familles, tandis que la Cogeca représente les intérêts de 38 000 coopératives agricoles. Elles comptent au total 70 organisations membres issues des différents Etats membres de l’UE. 61, Rue de Trèves B - 1040 Brussels Phone 00 32 (0) 2 287 27 11 Fax 00 32 (0) 2 287 27 00 www.Copa-Cogeca.eu EN(12)730