Respublica - La Maison aux personnages
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Respublica - La Maison aux personnages
Deux commandes publiques d’art contemporain à Bordeaux: Respublica de Nicolas Milhé et La Maison aux personnages d’Ilya et Emilia Kabakov ___________________________________________ Dossier de presse CONTACTS PRESSE Ministère de la Culture et de la Communication Délégation aux arts plastiques Marie-Christine Hergott - Tél. 01 40 15 75 23 [email protected] Laetitia Chauvin – Tél. 01 40 15 73 18 [email protected] DRAC Aquitaine Sylvain Nadau Tél. 05 57 95 02 53 [email protected] Communiqué de presse Dans le cadre du parcours d'art contemporain dans l'espace public proposé par Didier Fiuza Faustino pour Evento, Frédéric Mitterrand a inauguré les 9 et 10 octobre 2009 deux œuvres d'art réalisées à Bordeaux au titre de la commande publique, dispositif piloté et soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication. • Respublica, œuvre de Nicolas Milhé, artiste d'origine bordelaise, produite par le Fonds régional d'art contemporain d’Aquitaine et co-commanditée par la Ville de Bordeaux et le Conseil régional d’Aquitaine. • La Maison aux Personnages, œuvre d’Ilya et Emilia Kabakov, produite par la Communauté urbaine de Bordeaux dans le cadre du programme de commandes publiques en accompagnement de la première phase du tramway de Bordeaux (20022009) Respublica L’œuvre de Nicolas Milhé est une sculpture monumentale qui épelle en lumière les lettres de son nom, telle les grandes enseignes commerciales, liées notamment à l’industrie du divertissement et qui émaillent le paysage urbain. Respublica joue sur l’évidence de ce qu’elle désigne et interroge la «chose publique» en arborant une «république» accessible. Exposée à Bordeaux sur les quais aux abords de la place des Quinconces (du 9 au 11 octobre) dans une position frontale, l’œuvre de Nicolas Milhé a été installée ensuite et jusqu’au 19 décembre sur les silos à grains situés au nord de Bordeaux, face au bassin à flot n°1. Respublica est une œuvre itinérante, prochainement inscrite à l’inventaire de la collection du FRAC Aquitaine, qui a vocation à être présentée en France et à l’étranger. La maison aux personnages L’œuvre d’Ilya et Emilia Kabakov achève le premier cycle d’intégration d’œuvres d’art liées à l’aménagement du tramway bordelais et du projet urbain qui l’accompagne. La Maison aux personnages est conçue comme une œuvre totale évoquant la condition humaine. Implantée dans le tissu urbain, au cœur d’un square planté d’arbres et de buissons (place Amélie Raba Léon), La Maison aux personnages est une maison qui ressemble à celles du quartier. Cependant on ne peut connaître son intimité qu’en se penchant aux fenêtres de l’extérieur. Habitée par des personnages imaginaires et atypiques qui racontent leur histoire personnelle, pleine de rêves et de poésie, cette étrange maison se présente comme un livre ouvert où chacun peut voir et imaginer ce qu’il désire. SOMMAIRE La commande publique du ministère de la Culture et de la Communication Respublica de Nicolas Milhé La maison aux personnages d’Ilya et Emilia Kabakov La Nouvelle agence LA COMMANDE PUBLIQUE Une procédure du Ministère de la culture et de la communication (Délégation aux arts plastiques) La commande publique est la manifestation de la volonté de l'Etat, associé à des partenaires multiples (collectivités territoriales, établissements publics ou partenaires privés), de contribuer à l’enrichissement du cadre de vie et au développement du patrimoine national, par la présence d’œuvres d'art en dehors des seules institutions spécialisées dans le domaine de l’art contemporain. Elle vise également à mettre à la disposition des artistes un outil leur permettant de réaliser des projets dont l'ampleur, les enjeux ou la dimension nécessitent des moyens inhabituels. La commande publique désigne donc à la fois un objet - l'art qui, en sortant de ses espaces réservés, va à la recherche de la population dans ses lieux de vie et dans l'espace public - et une procédure, marquée par différentes étapes, de l'initiative du commanditaire jusqu'à la réalisation de l'œuvre par l'artiste et sa réception par le public. Créé en 1983 au sein du Centre national des arts plastiques, par la Délégation aux arts plastiques, le Fonds de la commande publique permet d'attribuer à l'art public un financement spécifique répondant aux enjeux de l'élargissement des publics de l'art contemporain et de l'encouragement des artistes à créer des œuvres inédites ou expérimentales, en relation avec l'architecture, l'urbanisme, le paysage... Cette politique vise également un enrichissement de la perception visuelle de l'espace social, grâce à une réflexion et des échanges avec les créateurs contemporains. Ce dispositif volontaire, ambitieux, relayé par les collectivités territoriales, a donné un nouveau souffle à l'art public. Présent dans des lieux très divers, de l'espace urbain à la nature, des jardins aux monuments historiques, des sites touristiques au nouvel espace qu'est l'Internet, l'art contemporain dans l'espace public met en jeu une extraordinaire variété d'expressions plastiques et de disciplines artistiques : de la sculpture au design, des métiers d'art aux nouveaux médias, de la photographie au graphisme, sans oublier les jardins, le paysage, la lumière, la vidéo, etc. Les modes d'intervention de la commande publique ont, eux aussi, profondément évolué. La notion d'usage ou de fonctionnalité de l'œuvre n'est plus récusée, l'intervention peut même parfois prendre un caractère éphémère (intervention sur des décors ou un événement) donnant l'occasion d'une expérience significative, enrichissante et inédite de la perception de l'espace. Plus d’informations sur le site internet : http://www.culture.gouv.fr/culture/dap/commande_publique/ RESPUBLICA DE NICOLAS MILHE Descriptif du projet A l'invitation des organisateurs d'Evento, première édition d’un projet transdisciplinaire à Bordeaux, le Fonds régional d’art contemporain (FRAC) d’Aquitaine a proposé à Nicolas Milhé, dans le prolongement de son exposition monographique et en concertation avec le ministère de la Culture et de la Communication (Délégation aux arts plastiques – Direction régionale des affaires culturelles d’Aquitaine), de concevoir dans le cadre de la commande publique une œuvre vouée à être présentée dans la ville. Respublica est le résultat d’une collaboration entre l’artiste et les architectes Samira Aït-Mehdi et Sylvain Latizeau (La Nouvelle Agence). L’œuvre Respublica a été installée, dans un premier temps, sur les quais aux abords de la Place des Quinconces (9 - 12 octobre 2009), puis dans un second temps, sur les silos à grains qui surplombent le bassin à flot n°1, au nord de Bordeaux, aux abords du FRAC Aquitaine, où se tient l’exposition de Nicolas Milhé, Casus belli (2 octobre - 19 décembre 2009). Après la manifestation, l’itinérance de Respublica, appelée à être montrée dans d’autres villes, contribuera à affirmer le statut novateur d’une œuvre d’art public « mobile » . L’œuvre RESPUBLICA Conçue pour l’extérieur, Respublica est une sculpture lumineuse monumentale, épelant les lettres de son titre. Objet artistique et architectural à part entière, elle soulève nombre de questions sur notre relation à l'environnement, à l'espace public et aux choix politiques qui les régissent. L’œuvre induit la notion de "république" et plus largement, si l'on revient à son étymologie (« res publica ») à la "chose publique". L’œuvre désigne l’évidence pour en réinterroger le sens. Ainsi, de l’évidence au questionnement, en passant par le souvenir, le mot s’inscrit dans la conscience et dans l’inconscient ; il réactive la mémoire collective. L’œuvre Respublica a participé à un événement, dans le cadre d’Evento, s’y est englobé et en même temps l’a dépassé. Elle rompt le quotidien d’un lieu, d’un espace, d’un moment. Elle va au-delà de l’effet local ou réducteur, en déployant plusieurs points de vue et en élargissant son champ de vision et de perception. Elle multiplie les sources et les angles de vue. Une œuvre en mouvement sur deux sites bordelais Dans un premier temps, Respublica a été installée à proximité de la Fête foraine, sur la Place des Quinconces, à hauteur d’homme, pour induire un rapport de proximité. Les lumières de la ville humanisent notre vie commune au cœur de la Cité. La ville éclairée est une ville « intime » (elle prolonge les lumières individuelles de chaque foyer). Respublica scintille comme un décor omniprésent à nos réflexions personnelles, et constitue une sorte de patrimoine collectif relevant tout autant de l’intime que de l’universel. L’œuvre a ensuite été installée vers le point le plus haut au nord de la ville, sur les silos à grains qui dominent le bassin à flot n°1, à une quarantaine de mètres de hauteur. La lecture de l’œuvre est ainsi différente : prenant de la hauteur, Respublica se positionne comme une enseigne omnisciente et surplombe la ville et ses alentours. Parfaitement visible depuis l’axe du Port de la Lune, elle devient une œuvre entre terre et ciel, flottant sur la ligne d’horizon, comme pour inciter à élever le propos et considérer la grandeur de ce mot. L’œuvre itinérante en France et à l’étranger La commission nationale de la commande publique, consultée en vue d’un co-financement par l’Etat, a souhaité une consommation électrique raisonnable du dispositif lumineux et, dans l’esprit véhiculé par son message, que l’œuvre puisse être pérennisée et conçue en amont pour une itinérance (facilités de montage, démontage et transport, …). Ainsi, à l’issue de la manifestation Evento et au terme de la circulation de l'œuvre Respublica à Bordeaux, la Région Aquitaine et la Ville de Bordeaux, co-commanditaires de l’œuvre avec le ministère de la Culture et de la Communication s’engagent, avec l’accord de Nicolas Milhé, à faire don de l'œuvre Respublica au FRAC Aquitaine. Cette proposition sera présentée au Conseil d'administration de cette institution qui entérinera l'inscription de cette œuvre dans l’inventaire de sa collection. Claire Jacquet, directrice du FRAC, s’est engagée en qualité de commissaire et de porteur de projet dans la réalisation de cette œuvre « citoyenne ». Grâce à l’action de l’institution qu’elle dirige et dans le cadre d’un dialogue fertile avec le ministère de la Culture et de la Communication (DAP – DRAC Aquitaine), partenaires de ce projet de commande publique, la présentation de cette œuvre en bordure de Garonne n’est qu’un point de départ dans sa mobilité et du message fort qu’elle véhicule. Cette œuvre poursuivra sous le contrôle de cette institution, un ambitieux parcours européen en passant par Paris et Berlin. Programme autour de RESPUBLICA La médiation et l’accompagnement des publics Respublica interpelle une large audience et appelle un investissement particulier pour accompagner la rencontre de cette œuvre avec des publics diversifiés. Deux axes sont abordés par le service des publics du FRAC Aquitaine en fonction des spectateurs : un nouveau questionnement du sens du mot « République » ; l’architecture, le paysage et, plus généralement, l’inscription de la création contemporaine dans l’espace public. En dehors d’un programme de médiation classique (visite, dépliant, ateliers pour enfants,…) à destination d’un large public, le FRAC Aquitaine s’attache à concevoir des actions spécifiques et adaptées en fonction de publics ciblés : scolaires - les lycéens en priorité ; étudiants (Institut d’études politiques de Bordeaux, UFR de Philosophie de l’Université de Bordeaux 3, Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine, Ecole des Beaux-arts de Bordeaux) ; le public de proximité (les habitants de Bacalan)- quartier bordelais où s’ancre la seconde implantation de Respublica, et bien évidemment le public bordelais, l’œuvre rayonnant d’une rive à l’autre. VOX le journal Pour prolonger la rencontre avec l'œuvre Respublica, le journal VOX, diffusé gratuitement dans le mensuel Spirit du mois de décembre 2009, se fera l'écho de multiples réflexions menées en collaboration avec des étudiants de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, de l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux et de l’Icart. Textes, dessins et photos s'articuleront autour de l'œuvre et des questions qu'elle soulève. A la fois ludique et didactique, le journal retracera la création de l'œuvre - de sa conception à sa réalisation -, présentera l'artiste Nicolas Milhé et ses collaborateurs, questionnera la notion de « République » telle qu'on l'entend aujourd'hui. Il abordera les liens qu'entretiennent l'art et le politique, ainsi que l'art et l'espace public et interrogera la place de l'artiste dans la société. Il accueillera en fin de rubrique un espace de jeux. Soirée de lancement le vendredi 4 décembre 2009 à partir de 18h : pique-nique de lancement du journal au FRAC Aquitaine. VOX le blog blogvox.frac-aquitaine.net En parallèle au journal Vox, ce blog est destiné à accueillir les réflexions du public : une mise à l'épreuve de la République par le public. Il est régulièrement actualisé avec des textes, vidéos, dessins et photos et donne un avant-goût du journal en cours de fabrication. Samedi 17 octobre 2009, lancement du blog dans le cadre de « Collections d’automne » Journée portes ouvertes de l’ensemble des FRAC, en partenariat avec Platform. Pour plus d’informations sur la médiation, les actions culturelles et l’exposition de Nicolas Milhé au FRAC Aquitaine : Quai Armand Lalande, 33300 Bordeaux, www.frac-aquitaine.net, Informations presse : Aurore Combasteix, 05 56 24 70 72, [email protected]. Fiche technique Enseigne lumineuse, 2009, 3,70 m de hauteur x 12,20 m de long x 1,30 m de profondeur. Aluminium et ampoules LED. L’enseigne est réalisée dans un mode d’éclairage proche des systèmes utilisés pour la fête foraine. Le mot « Respublica » est rédigé en Helvetica, police de caractère standard par excellence. Les lettres sont formées par des caissons d’aluminium et des lampes LED en périphérie. Des ogives en plexiglas recouvrent les LED pour renforcer l’aspect «ampoules». Les éléments de câblage sont abrités de la vue et des intempéries à l’intérieur des caissons. Les lettres sont fixées sur une structure fine en profils d’aluminium boulonnés. Le dispositif peut être réglé à différents niveaux d’intensité lumineuse pour s’adapter in situ aux différentes configurations spatiales de l’œuvre. Le ministère de la Culture et de la Communication (DAP - DRAC Aquitaine), qui a co-produit et soutenu à l’unanimité ce projet, se félicite du partenariat avec la Ville de Bordeaux et le Conseil régional d’Aquitaine et souligne l’engagement particulier du FRAC Aquitaine, coordinateur du projet. La réalisation de l’œuvre a été confiée à la SARL d’architecture « La Nouvelle Agence » à Bordeaux, maître d’œuvre, et à Art Public Contemporain, producteur délégué. Financements Biennale Evento – Ville de Bordeaux : 30.000 € et 24 000 € (ingénierie) soit 54 000 € Ministère de la culture et de la communication (DAP – DRAC Aquitaine) : 50.000 € Région Aquitaine : 20.000 € FRAC Collection Aquitaine (ingénierie) : 15.000 € Nicolas Milhé: Eléments biographiques Nicolas Milhé est né en 1976 à Bordeaux. Diplômé de l’Ecole des Beaux-arts de Bordeaux, il a été artiste en résidence au Palais de Tokyo dans l’unité du Pavillon. Il a bénéficié de nombreuses expositions personnelles ou collectives, notamment au Palais de Tokyo, au CAPC - Musée d’art contemporain de Bordeaux... De père basque et de mère béarnaise, Nicolas Milhé vit entre Paris et Bordeaux. Le FRAC Aquitaine, en réponse à sa mission de soutien auprès des artistes travaillant en Aquitaine, consacre à Nicolas Milhé sa première exposition monographique institutionnelle intitulée Casus belli (en partenariat avec l’association Buy-Sellf, membre du collectif artistique Pola). Respublica a donc été conçue comme un complément à cette exposition, sur un mode de partage beaucoup plus large, l’œuvre s’inscrivant dans l’espace public. Nicolas Milhé s’illustre dans un art de la perturbation et de la manipulation ironique. Ses œuvres, à l’aspect minimaliste immédiat, révèlent très vite une distance qui dérange l’ordre des représentations et des attentes. Pour exemple, il a exposé un module architectural à forte dimension politique, identique à ceux qui forment le mur frontalier séparant Israël et la Cisjordanie (à Rennes), dessiné une cartographie fictionnelle des paradis fiscaux au milieu de l’océan (Paradis, 2003), blanchi les drapeaux des pays siégeant au G8, pour retirer à ceux qui contrôlent le monde leur identité et signes d’appartenance (G8, 2006). Formation 2002 - 03 Le Pavillon, Unité pédagogique du Palais de Tokyo, Paris 2001 DNSEP, école des Beaux-Arts de Bordeaux Collections publiques 2009 Fonds national d’Art Contemporain 2008 Fonds Régional d’Art Contemporain Aquitaine 2007 Fonds Municipal d’Art Contemporain de la ville de Paris 2003 Capc Musée d’Art Contemporain de la ville de Bordeaux Expositions personnelles 2008 L’Empire, Buy-sellf Art Club, Marseille 2007 Star War, La Vitrine, Paris Constellations, Interstices, galerie Praz-Delavallade, Paris 2006 Nicolas Milhé, galerie Cortex Athletico, Bordeaux 2004 Galerie Corentin Hamel, Paris Festivités d'adieu, TNT, Bordeaux 2003 Chacun aura sa part du gâteau, galerie Corentin Hamel, Paris Expositions collectives 2009 Consumer, Palais de Tokyo, Paris Opération Tonnerre, Mains d’oeuvres, Saint-Ouen 2008 Less is less, more is more, that’s all, CAPC, Bordeaux Faire et défaire, c’est toujours travailler, West Gallery, La Haye, Pays-Bas Anachronismes #2 Universalisme, ZAC/ 40mcube, Rennes Fonds Municipal d’Art Contemporain de la Ville de Paris, FIAC, Paris Arise Ye Starvellings, Palace Contemporary projects, Dublin 2007 Série Noire, Villa Bernasconi, Genève, Suisse Speed dating 2 ( fast and furious ), Zoo galerie, Nantes 2004 Future Quake, Fiac, Paris 2003 GNS et «Hardcore» Vers un nouvel activisme, Palais de Tokyo, Paris Photographies de Respublica Place des Quinconces – Jour (© Pascal Fellonneau) Place des Quinconces – Nuit (© Pascal Fellonneau) Bassin à flots (© La Nouvelle Agence) Bassin à flots (© La Nouvelle Agence) Bassin à flots (© La Nouvelle Agence) Bassin à flots – Vue rapprochée (© La Nouvelle Agence) LA MAISON AUX PERSONNAGES D’ILYA ET EMILIA KABAKOV L’achèvement du premier cycle d’un ambitieux programme de commandes publiques autour du tramway bordelais L’inauguration de la Maison aux personnages marque une étape importante pour l’action conjointe de la Ville de Bordeaux et de sa Communauté urbaine agissant en étroit partenariat avec le ministère de la Culture et de la Communication (DAP – DRAC Aquitaine) en faveur de la réalisation d’œuvres dans l’espace public. La décision de jalonner le parcours du tramway de Bordeaux d’œuvres d’art a ouvert la voie à une ambition plus grande encore : penser le développement urbain et la transformation de la ville en inscrivant l’art contemporain comme élément structurant de son évolution. Bordeaux et sa Communauté urbaine ont formulé le désir d’un patrimoine artistique pour les générations futures, comme gage d’avenir non seulement pour les usagers du tramway mais aussi pour l’ensemble de la population. Le soutien, financier et scientifique, du ministère de la Culture et de la Communication (DAP – DRAC Aquitaine) est venu épauler cette initiative ambitieuse. L’exemplarité de l’œuvre d’Ilya et Emilia Kabakov, point d’orgue des commandes publiques destinées à l’aménagement du tramway de Bordeaux, est liée aux excellentes conditions de concertation qui, engagée très en amont, ont permis d’analyser les désirs des différents partenaires. Ces moments de rencontre et d’échanges, très fructueux, ont ainsi crée autour du projet une réflexion. L’œuvre La Maison aux personnages Invités pour réaliser leur première commande publique en France dans le paysage urbain, Ilya et Emilia Kabakov ont répondu au thème « l’écriture et le récit » par le surprenant et poétique projet de La Maison aux personnages. La Maison aux personnages a été envisagée par Ilya et Emilia Kabakov en cohérence avec les bâtiments en pierre qui l’entourent, entre l’échoppe bordelaise et la maison de quartier. Conçue comme une œuvre totale, la Maison aux personnages n’est pas une maison comme les autres. C’est un petit musée dans le paysage urbain. Chaque jour, son jardin est traversé par le tramway et ses milliers de voyageurs. Encerclée d’arbres et de buissons, la maison est implantée au cœur d’un square, îlot singulier qui attire la curiosité. Sa surface de 148 m² est composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage, accessible depuis un escalier extérieur. Sa spécificité réside véritablement dans la vie de chacun de ses locataires imaginaires. Depuis l’extérieur, il est possible d’observer à travers les fenêtres les différentes pièces de la Maison aux personnages. Il s’agit de sept installations, empreintes d’onirisme et de poésie. En regardant de plus près, le spectateur découvre les étranges occupations de chacun des sept locataires ainsi que leurs modes de vie. Des textes, placardés sur la façade, permettent aux spectateurs de s’introduire dans leur histoire personnelle et de comprendre qui ils sont. A leur manière, ils vivent chacun une passion intarissable qui égaie leur solitude. Il y a, par exemple, le petit homme qui ne jette jamais rien et dont la vie est faite d’objets de récupération en tout genre. Un autre raconte sa soif d’inventions, sa fascination pour l’univers cosmique, un autre encore cherche à vivre les destins aventuriers de héros qu’il s’est lui-même créés. Isolée de son environnement, la Maison aux personnages développe une approche narrative et imaginaire de la réalité. Elle évoque des passions incroyables, entre rêve et folie. Invitation au repos et à la contemplation, elle encourage les spectateurs à puiser au fond d’eux-mêmes des sentiments qui, peut-être oubliés, résonnent avec les vies extraordinaires de ces personnages à la fois atypiques et touchants. Pour Ilya et Emilia Kabakov, la Maison aux personnages se présente comme un livre ouvert, auquel chacun peut donner le sens qu’il désire. A travers des narrations individuelles, c’est une réflexion universelle sur la condition humaine. “ Ce projet émane d’un couple d’artistes russes qui ont quitté leur pays à l’époque où il était très difficile d’y travailler. Leur œuvre, très littéraire, consiste à réaliser des environnements à grandeur réelle très précis, exactement comme si on était dans un appartement, dans un lieu qui a existé et où quelque chose s’est déroulé et auquel nous sommes confrontés : il s’agit en général d’une histoire inspirée ou qui a un rapport avec les grands roman russes (…) les artistes nous proposent tout simplement d’ajouter une maison de plus dans la ville, maison parfaitement banale en proximité avec celles qui l’entourent : certainement pas une création architecturale, mais une maison qui semble toujours avoir existé, là ”. Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, et président du comité artistique du programme de commandes publiques du tramway de Bordeaux. Fiche technique La Communauté urbaine de Bordeaux, avec le soutien de la Ville de Bordeaux et du ministère de la Culture et de la Communication (DAP - DRAC Aquitaine) ont constitué ensemble en 2002 un comité chargé de définir et d’accompagner le projet artistique en concertation avec les communes de Pessac, Talence, Cenon et Lormont . Présidé par Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, le comité a rassemblé de nombreuses personnalités du monde culturel dont Maurice Fréchuret, ex-directeur du CAPC de Bordeaux, Hélène Lemoine, amateur d’art (groupe Sud Ouest), et Bartemeo Mari Gustinet, ancien directeur du centre d’art contemporain de Rotterdam. Ensemble, ils ont analysé l’histoire, le potentiel, les habitudes, les besoins des villes et des lieux, avant d’en confier les clefs aux artistes. Le chantier de La maison aux personnages, étalé sur 7 mois, a été piloté en qualité de maître d’ouvrage délégué par la mission tramway de la Communauté urbaine de Bordeaux. La construction du bâtiment a été confiée à DV Construction, la maîtrise d’œuvre déléguée aux architectes Samira Aït-Mehdi et Sylvain Latizeau (la Nouvelle Agence, Bordeaux) et l’aménagement du square urbain confié à l’entreprise ATP. Les travaux de l’ensemble du programme (1,2 M€) sont cofinancés par la Communauté urbaine de Bordeaux, le ministère de la Culture et de la Communication (DAP - DRAC Aquitaine) et la Ville de Bordeaux. La Maison aux personnages : études des artistes “Ne jamais rien jeter” “Tout ce qui un jour est passé entre mes mains : quittances, boites de bonbons, billets de tramway et de trains, flacons de médicaments, etc, je n’ai jamais pu m’en séparer et les jeter, bien que le simple bon sens m’indiquât que ce n’était que des déchets. Mais je ne pouvais m’en débarrasser, parce qu’à chaque fois que je tombais sur un objet, je me souvenais immédiatement de toutes les circonstances, de toutes les rencontres, et de toutes les impressions liées à cet objet. Me séparer de ces objets, même des plus inutiles et des plus ridicules ; cela signifiait me séparer des souvenirs eux-mêmes. Or, l’histoire de ma vie n’était faite que d’eux ! Ce n’est pas tout. J’ai commencé à prendre de plus en plus de plaisir dans ce qui devenu ensuite une habitude : j’ai commencé à noter les souvenirs sur des étiquettes spéciales et à les fixer sur les objets correspondants. Et à les fixer sur les objets correspondants ainsi qu’à les classer par date et par degré d’importance du souvenir. Ma chambre s’est progressivement transformée en musée des collections, et j’en suis très content. Peu importe que pour les étrangers, il ressemble à un tas de déchets : pour moi il est rempli d’images, de passions, de sentiments…” Exemple d’un cartel de La maison aux personnages (extrait) Illustrations: Ilya et Emilia Kabakov Je plonge dans les souvenirs Comment se perfectionner ? La soif d’inventions En barque sous les voiles Le paradis sous le plafond Je dors dans le jardin Ne jamais rien jeter La Maison aux personnages : photographies © La Nouvelle Agence Ilya et Emilia Kabakov : Eléments biographiques Ilya Kabakov, est né en ex-URSS, en 1933 à Dnepropetrovksk (Ukraine). Après des études à l’École d’art de Moscou, il débute comme peintre et illustrateur de livres pour enfants. Ce travail d’illustration constituera sa principale source de revenus jusque dans les années 1980. Au cours de ces années, il s’engage aussi dans une pratique personnelle du dessin, adoptant un style qui s’apparente à l'expressionnisme abstrait. Il s’écarte peu à peu des règles imposées par une bureaucratie des arts qui ne jure que par le Réalisme socialiste lancé sous Staline. Proche d’artistes dissidents, il s’engage dans des directions bientôt jugées trop novatrices par les autorités russes et devient une personnalité importante de l’avant-garde moscovite. En utilisant son talent d’illustrateur, il crée un instrument visuel de « contre-propagande », usant de moyens rusés, parfois même absurdes, dans le but d’échapper à la censure. Au début des années 1980, voyageant fréquemment hors de l’URSS, Ilya Kabakov entame un travail d’installations, certaines monumentales, qui évoquent la vie et l’atmosphère quotidiennes en Russie. La réception de cette œuvre trouvera une forte résonance avec la fin de l’ère soviétique. Il émigre en Europe vers le milieu des années 1980. Depuis, les installations, sculptures et peintures de Kabakov ont été exposées dans d’importants musées et galeries du monde entier. Il a reçu de nombreuses commandes publiques et de prestigieuses distinctions, notamment le prix Joseph Beuys en 1993 et le prix Oskar Kokoschka en 2002. Née elle aussi à Dnepropetrovsk, en 1945, Emilia Kabakov a étudié la musique à Moscou, Irkoutsk et Dnepropetrovsk. Elle a également fait des études de lettres, en s’intéressant particulièrement à la littérature et à la langue espagnoles. Elle a émigré en Israël en 1973 et vit à New York depuis plus de trente ans, assurant le commissariat de nombreuses expositions. Ilya et Emilia Kabakov travaillent ensemble depuis 1989. Ils vivent tous les deux à New York. En 2004, le gouvernement russe a honoré Ilya et son épouse et collaboratrice Emilia en organisant, grâce à la Fondation Solomon R. Guggenheim de New York, leur première exposition officielle en Russie, au musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Commandes et projets 2004 Munich, Allemagne : The Shinning Circus and its Spectators. 2003 Zoug, Suisse : The Drinking Fountain. Rödinghausen, Allemagne : How to meet an Angel. 2001 Kimpo, Republique de Corée: The Egg (Two Faces). 2000 Essen, Allemagne : The Palace of Projects. Middelburg, Pays-Bas : The Fountain. Singen, Allemagne : The Golden Apples. Niigata, Japon : The Rice Fields. Côme, Italie : The Old Bottle. Expositions individuelles 2008 Malaga, Espagne – CAC Malaga : « Under the Snow ». Tampere, Finlande – Sara Hildén Art Museum : « Under the Snow ». Lodz, Pologne – Atlas Sztuki Foundation : « What We Shall See After Death ». Moscou, Russie – The State Pushkin Museum of Fine Arts ; Center for Contemporary Culture Garage ; Winzavod Moscow Contemporary Art Center : « Retrospective ». Ashikaga City, Japon – Ashikaga Museum of Art, Tokyo, Japon – Setagaya Art Museum, Hiroshima, Japon – Hiroshima City Museum of Contemporary Art et Hamaya, Japon – The Museum of Modern Art : « Orbis Pictus. Children’s Book Illustrator as a Social Character ». 2007 Dortmund, Allemagne – Museum am Ostwall : « Unter dem Schnee ». Ljubljana, Slovénie - TR3 Gallery avec la participation de la galerie moderne de Ljubljana : « 20 Ways to Get an Apple, Listening to the Music of Mozart ». 2006 Wiesbaden, Allemagne – Museum Wiesbaden : « Der Rote Waggon ». Munich, Allemagne – Versicherungskammer Bayern. Paris, France – Opéra National de Paris : « The Ship of Siwa. Drawings ». Reykjavik, Islande – Reykjavik Art Museum : « Evening, Morning, Night ». Bâle, Suisse – Schaulager : « The Album of my Mother ». Expositions collectives 2008 Rome, Italie – Museo d’Arte Contemporanea di Roma : « UTOPIA ». Singapour – Singapour Biennale 2008 : « Wonder », The Manas. Nouvelle-Zélande – Natural World Museum : « Moving Towards a Balanced Earth : Kick The (Carbon) Habit, World Environnement Day 2008 ». Londres, Royaume Uni – Royal College of Art Gallery : « Of This Tale I Cannot Guarantee A Single Word ». New York, Etats-Unis – The Temple Hoyne Buell Center for The Study of American Architecture, Columbia University. Anvers, Belgique – Museum for Hedendaagse Kunst Antwerp : « Collectipresentatie XXI ». 2007 Rome, Italie – Museo d’Arte Contemporanea di Roma : « La Citta Che sale. We try To Build The Future ». Paris, France – La Maison Rouge, Fondation Antoine de Galbert : « Sots Art. Art politique en Russie de 1972 à aujourd’hui ». Venise, Italie – Arsenale, La Biennale di Venezia 52 : « Think With The Senses, Feel With The Mind. Art in the Present Time». Bénévent, Italie – Museo di Arte Contemporanea del Sannio : « We Try To Build The Future ». 2006 Londres, Royaume Uni – Galeria Pescali & Sprovieri : « Heads ». Los Angeles, Etats-Unis – UCLA, Fowler Museum of Cultural History : « The Missing Peace. Artists Consider The Dalai Lama ». Athènes, Grèce : « The Grand Promenade ». Ostende, Belgique – Beaufort : « Beaufort Triennale 2006, Kust brengt Kunst ». New York, Etats-Unis – Apex Art : « The Difference Between the Comic And The Cosmic In A Single Letter ». 2005 New York, Etats-Unis – Guggenheim Museum : « Russia ! ». Berlin, Allemagne – Stiftung Archiv der Akademie der Künste : « Künstler Archiv ». Londres, Royaume Uni – Tate London : « Open Systems: New Art in the 1960s and 1970s » . Herford, Allemagne – MARTa Herford : « (My private) Heroes ». San Francisco, Etats-Unis – California College of the Arts : « Monument for the USA ». Prix et récompenses 2008 Praemium Imperiale – Tokyo, Japon (Ilya et Emilia Kabakov). 2007 Docteur honoraire en Philosophie, Université de la Sorbonne (IV) – Paris (Ilya Kabakov). 1997 AICA Best Show Award (Best Installation in a Gallery, Museum or Specific Site for The Life of Flies at Barbara Gladstone Gallery), International Art Critic Association – New York, Etats-Unis. 1995 Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, Ministère de la Culture et de la Francophonie (Ilya Kabakov). Bibliographie Stoos, Toni. Ilya Kabakov Installations: 1983-2000 Catalogue Raisonne Dusseldorf: Richter Verlag, 2003, 2 volumes. Meyer, Werner. Ilya Kabakov: A Universal System for Depicting Everything, Dusseldorf: Richter Verlag, 2002. Kabakov, Ilya. Ilya Kabakov: Public Projects or the Spirit of a Place, Milan: Charta, 2001. Rattemeyer, Volker. Ilya Kabakov: Der rote Wagon, Nuremberg: verlag fur modern kunst, 1999. Osaka, Eriko, Ilya Kabakov. Life and Creativity of Charles Rosenthal (1898-1933), Contemporary Art Center: Art Tower Mito, Japon, 1999, 2 volumes. Groys, Boris, David A. Ross, Iwona Blaznick. Ilya Kabakov, Londres: Phaidon, 1998. Kabakov, Ilya. Ilya Kabakov on Ulo Sooster's Paintings: Subjective Notes, Tallinn: Kirjastus "Kunst", 1996. Wallach, Amei. Ilya Kabakov: The Man Who Never Threw Anything Away, New York: Harry Abrams, 1996. Kabakov, Ilya. The Communal Kitchen, Paris: Musée Maillol, 1994. Kabakov, Ilya. 5 Albums, Helsinki: The Museum of Contemporary Art and the National Museum of Contemporary Art, Oslo. Helsinki: ARTPRINT, 1994. Kabakov, Ilya, Vladimir Tarasov. Red Pavillion, Venice Biennale Venise: Venice Biennale, 1993. Kabakov, Ilya. Life of Flies, Cologne: Edition Cantz, 1992. Kabakov, Ilya. 10 Characters, New York: Ronald Feldman Fine Arts, 1988. Martin, Jean-Hubert et Claudia Jolles. Ilya Kabakov: Okna, Das Fenster, The Window, Bern: Benteli Verlag, 1985. La Nouvelle Agence Chargée par délégation de la maîtrise d’œuvre de Respublica et de la Maison aux personnages, La Nouvelle Agence a accompagné Nicolas Milhé et Ilya et Emilia Kabakov à chaque étape de leur projet. Samira Aït-Mehdi et Sylvain Latizeau, tous deux diplômés de l’école d’architecture de Bordeaux et Benoit Schmeltz, photographe, créent La Nouvelle Agence (LNA), en septembre 2004. Le premier projet de l’agence consiste en l’aménagement à Bordeaux de l’aire d’accueil pour les gens du voyage qui ouvre en octobre 2007. Travaillant étroitement avec les artistes dans la réalisation de leur œuvre, ils ont réalisé la Maison aux personnages d’Ilya et Emilia Kabakov à Bordeaux. Suite au départ de Benoit Schmeltz pour Hong Kong, LNA s’ouvre de nouvelles collaborations avec des artistes : Nicolas Milhé pour les équipements sportifs du Parc Saint Michel de Bordeaux, Laurent Ledeunff pour l’auvent du pôle intermodal de Pessac. Ils sont invités par Arc en Rêve, Centre d’architecture de Bordeaux, en septembre 2007, à participer à l’appel d’idées, suivi d’un colloque et d’une exposition « Création et patrimoine architectural dans le centre historique de Bordeaux ». Ils sont invités en septembre 2008 par la DRAC Aquitaine à réaliser une intervention dans le cadre des Journées du Patrimoine. Ils convient, à cette occasion, le collectif d’artistes Buysellf à réinterpréter leurs projets classés sans suite. Enfin, en 2009, l’agence s’est vue confier la maîtrise d’œuvre de Respublica de Nicolas Milhé. L’inauguration de ces deux commandes publiques marque un moment important pour LNA qui a mené, avec talent, ces deux projets à terme.