Laboratoire d`Analyse – Recherche en Economie Quantitative
Transcription
Laboratoire d`Analyse – Recherche en Economie Quantitative
Modèle de Hotelling Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative One Pager Août 2013 Vol. 7 – Num. 005 Copyright © Laréq 2013 http://www.lareq.com Modèle de Hotelling Jean–Paul Kimbambu, Tsasa Vangu « Il n'y a pas de plus tard. Plus tard, c'est maintenant. » Cormac McCarthy (1933 – ) Résumé Ce papier présente le modèle de Hotelling qui est un modèle de référence dans l’analyse et le traitement des problèmes de différentiation spatiale. Mots – clé : Différentiation, Concurrence spatiale, duopole. Abstract This paper focuses on the Hotelling model. This model develops the concept of spatial competition, to considering the duopoly market Introduction Ce papier s’intéresse au modèle de Hotelling, introduit en 1929 par l’économiste et statisticien américain Harold Hotelling1. Ce modèle est la principale plateforme où a été développée la notion de concurrence spatiale en situation de duopole, la théorie de l’organisation industrielle, voire la théorie des jeux. Négligeant les illustrations géométriques, une attention sera particulièrement accordée à la caractérisation de l’équilibre du marché en se servant essentiellement des outils de résolution de programmes d’optimisation statique. Trois sections principales ont été distinguées tout au long de cette analyse. La section première présente les hypothèses du modèle de Hotelling, puis développe sa version exogène. La section deuxième généralise les résultats obtenus dans la section première, en dérivant notamment la version endogène du modèle en cause. Et la section troisième examine l’optimum social dans le cadre dudit modèle. Modèle de Hotelling avec localisation exogène Hypothèses H1 : le marché considéré est linéaire, continu et défini sur l’intervalle [0, 1] ; H2 : les consommateurs son distribués uniformément le long de cet intervalle ; H3 : le marché ne comprend que deux firmes (Duopole), localisées chacune à une des extrémités ; H4 : les deux firmes vendent le même bien. La seule différence, c’est leur localisation ; H5 : la concurrence entre les deux firmes se fait en termes de prix ; H6 : les consommateurs ont une demande unitaire, ils achètent tout au plus une unité du bien [0, 1]. Notons par : 1 Harold Hotelling (1895 – 1973) fut considéré en son temps comme le chef de file de l’école parétienne (Vilfredo Pareto). En peu d’articles, Hotelling a su porter de contributions majeures au développement de l’économique : (i) en 1929, il introduit la notion de concurrence spatiale en situation de duopole ; (ii) en 1931, il propose le calcul de variations en économie, initie l’utilisation du t de Student pour la validation d’hypothèses et pose les fondements de l’usage des intervalles de confiance ; (iii) en 1933, il est à l’origine des méthodes d’analyse en composantes principales. Par ailleurs, il eut notamment pour étudiants Kenneth Arrow et Milton Friedman. 34 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative - : le consommateur ; - : la distance parcourue par le consommateur pour acheter une unité de bien - : le coût d’une unité du bien ; - : le coût de transport (de déplacement) par unité de distance - : le surplus brut du consommateur ; - : le prix payé par le consommateur pour chaque unité de bien. au carré ; Soient deux firmes A et B, il vient que les coûts de déplacement supportés par le consommateur qu’il décide d’acheter auprès du vendeur A ou du vendeur B sont respectivement de et selon avec comme utilité consécutive : et Dans la version basique de ce modèle, nous supposons que la localisation des vendeurs est une donnée. Dans la section qui suit, la localisation sera dérivée de façon endogène. Fonctions de demande Notons par conséquent, le consommateur qui est indifférent entre acheter auprès de A ou auprès de B. Par traduit la demande telle que : Dès lors : Pour on a : Si le consommateur est indifférent entre acheter auprès de A ou auprès de B. Si l’expression augmentait, le consommateur médian serait davantage incité d’acheter auprès de la firme A. Ainsi, la demande de la firme A va augmenter et celle de la firme B va diminuer. In fine, les fonctions de demandes pour les firmes A et B sont données par : et avec : 35 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Fonction de réaction Considérons le problème suivant de maximisation de la firme A : En exécutant les conditions du premier ordre d’optimisation, on obtient ainsi la fonction de réaction de la firme A : Le problème considéré étant symétrique, il vient : En cas de nullité de coût de déplacement (absence de différentiation), la solution est de Bertrand : et donc : Connaissant le prix à l’équilibre, il est donc possible de caractériser l’équilibre du marché : Modèle de Hotelling avec localisation endogène Considérons un jeu à deux périodes, où les firmes à la date 1 choisissent la localisation et à la période 2 soumettent leur localisation en concurrence, étant donné un niveau de prix. La résolution de ce problème sera faite en considérant comme point de départ la deuxième période (game backwards). A la deuxième période : - la localisation de la firme A est notée par - celle de la firme B par ; telles que pour : la différentiation est maximale et pour la différentiation est minimale (substitution parfaite). 36 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Fonctions de demande Soit la demande telle que : Il suit que : Après un calcul mathématique simple, on obtient : - Pour la firme A : - Pour la firme B : où et représentent les consommateurs captivés par les firmes A et B respectivement ; consommateur comprise entre et et la masse de la sensibilité de la demande à la différentiation des prix. Fonctions de réaction Considérons les problèmes suivants de maximisation des firmes A et B : et En exécutant les conditions du premier ordre d’optimisation, on obtient ainsi la fonction de réaction de la firme A : et donc : En parallèle, pour la firme B, les conditions du premier ordre d’optimisation donnent : et en vertu de on aboutit à : 37 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative In fine, par substitution, on a : Au regard des fonctions dérivées : Intéressons – nous à présent au choix simultané de la localisation des firmes A et B à la première période. Considérons, à cet effet, les fonctions de profit de A et B, définies en fonction de la localisation. On a ainsi : et Les programmes de maximisation respectivement pour la firme A et pour la firme B sont : En appliquant les conditions du premier ordre, on obtient : - Pour le problème de la firme A : - Pour le problème de la firme B : 38 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Optimum social En référence aux modèles développés précédemment, l’optimum social correspond à la solution qui minimise les coûts ou par dualité, celle qui maximisent l’utilité. Développons à cet effet le problème du Planificateur social. Soit le surplus du consommateur - : si le consommateur en cause achetait auprès de la firme A ; s’il achetait auprès de la firme B. Soit, pour chaque consommateur, le profit donné par : - pour la firme A ; - pour la firme B. Il découle que le surplus total associé au consommateur - si le consommateur est : achetait auprès de la firme A ; s’il achetait auprès de la firme B. Pour dériver l’optimum social, considérons l’hypothèse du consommateur indifférent, noté Il suit que : Après une manipulation mathématique simple, on parvient à l’expression que voici : correspondant à la position médiane entre et Le programme du planificateur social consiste donc à maximiser le surplus total, tel que les coûts de déplacement sont minimisés. Ainsi, on : 39 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative En exécutant les conditions du premier ordre d’optimisation, on parvient au système suivant : Après résolution, on obtient l’égalité : Et par substitution, on aboutit à la solution suivante : Au regard de ces résultats, rappelons que le modèle développé a supposé que : (i) le marché est duopolistique ; (ii) les consommateurs sont uniformément répartis le long de la droite (hypothèse de marché linéaire) ; (iii) chaque consommateur se dirige toujours vers la firme la plus proche ; (iv) les firmes vendent le même bien, et le seul élément de différentiation est leur emplacement sur la droite, car cela implique des coûts différents pour les consommateurs, selon leur position respective sur l’axe de droite. Ainsi, en moyenne, implanter la firme au milieu de l'axe permet de minimiser les déplacements des consommateurs (loi de Hotelling). D’après les prédictions de la loi de Hotelling, si deux firmes sont en concurrence pour œuvrer dans un même marché linéaire, alors elles seront incitées à converger généralement vers le milieu de l'axe. De ce fait, l'une attirera les consommateurs situés sur la partie droite de l’axe, et l'autre ceux localisés sur la partie gauche. Toutefois, comme le révèlent les derniers résultats extraits du programme du Planificateur, du point de vue social, il serait plus avantageux que les deux firmes ne soient pas localisées côte à côte, mais plutôt en décalage chacun d'un quart de la longueur disponible vers chaque extrémité de l'axe. Ainsi, chacune des firmes attirerait toujours une moitié du marché (la moitié droite pour la firme implantée au milieu du côté droit, la moitié gauche pour celle localisée au milieu du côté gauche). Aussi, les consommateurs auraient en moyenne, moins de distance à parcourir pour acheter le bien désiré. Malgré cela, aucune des deux firmes mettra en œuvre cette solution de planification, car par rationalité, la firme concurrente va converger au milieu de l’axe afin de s'emparer de plus de la moitié du marché. Somme toute, il transparait que le résultat fourni par ce modèle permet de mettre en évidence le principe de différentiation spatiale. Le cadre d’analyse et les hypothèses retenus étant restreints (notamment duopole, marché linéaire), les résultats demeurent naturellement perfectibles. Ainsi, dans une publication ultérieure, il peut paraître intéressant d’étendre ce modèle, en considérant par exemple, un marché circulaire (Modèle de Salop) ou une fonction de coût quadratique. Bibliographie HOTELLING Harold, 1929, “Stability in Competition”, The Economic Journal, vol. XXXIX, 41 – 57. 40 Jean – Paul Kimbambu, Tsasa Vangu Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative