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RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1 9 9 LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CHANGEMENT MONDIAL L’ I N S T I T U T N O R D - S U D 1 9 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1 9 LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CHANGEMENT MONDIAL S o u s l a d i re c t i o n d e A l i s o n Va n R o oy L’ I N S T I T U T N O R D - S U D 9 9 L’Institut Nord-Sud L’Institut est une corporation à but non lucratif créée en 1976. Il effectue des recherches spécialisées en vue de contribuer à la formulation de politiques sur les relations «Nord-Sud» entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement. Les résultats de ces recherches sont transmis aux législateurs, aux organismes intéressés et au grand public pour permettre une meilleure compréhension des questions de développement et susciter des discussions éclairées dans ce domaine. L’Institut est un organisme indépendant et non partisan, qui collabore avec tout un ensemble d’organismes canadiens et internationaux. Pour plus d’information, visitez notre site Web à www.nsi-ins.ca. Le contenu de ces essais représente les vues et les conclusions des auteurs, et pas nécessairement celles des administrateurs de l’Institut ou des organismes contribuant à son financement, ni celles des organismes ou personnes consultés au cours de l’étude. Nota : Dans la présente publication, les termes de genre masculin utilisés pour désigner des personnes englobent à la fois les femmes et les hommes. Données de catalogage avant publication (Canada) Rapport canadien sur le développement 1996/97– Comprend des références bibliographiques. ISSN 1206–2316 ISBN 1–896770-28-2 (livraison 1999) 1. 2. 3. 4. 5. Pays en voie de développement—Conditions sociales—Périodiques. Relations économiques internationales—Périodiques. Droits de l’homme—Pays en voie de développement—Périodiques. Pays en voie de développement—Relations économiques extérieures—Périodiques. Aide économique canadienne—Pays en voie de développement—Périodiques. I. Institut Nord-Sud (Ottawa, Ont.) HF1413.C3614 1996/97– Édition Traduction Conception 337’-09172’4 C97-300129-1 Rowena Beamish, Anne Chevalier, Michelle Hibler, Michèle Baril Hervé Rombaut, Michel Limbos, Sylvie Lee et associés Shoreline Communications ©L’Institut Nord-Sud/The North-South Institute, 1999 Prix Version cédérom 35,00 $ 15,00 $ Disponible auprès de Renouf Publishing Co. Ltd 5369 ch. Canotek, Unité 1 Ottawa, Canada K1J 9J3 Tel. : (613) 745-2665 Fax : 613) 745-7660 courriel : [email protected] Internet : www.renoufbooks.com L’INSTITUT NORD-SUD SAIT GRÉ AUX DIVERS DONATEURS SUIVANTS DE L’AVOIR AIDÉ, PAR LEURS GÉNÉREUX CONCOURS FINANCIERS, À PUBLIER LE RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 POLITIQUES CONCERNANT LES DONS ET LA MOBILISATION DES FONDS P O L I T I Q U E À L’ É G A R D D E S D O N S L’Institut Nord-Sud, qui est enregistré comme organisme de charité, accepte les dons en espèces et en nature des ministères et organismes de gouvernements, des fondations, des établissements universitaires, des organisations à but non lucratif, des entreprises et des particuliers. Il est entendu que les auteurs des dons les font librement, sans escompter d’avantages en retour, et que les donations ne compromettent en rien l’indépendance que l’INS exerce dans les recherches qu’il mène, les conclusions qu’il tire, les politiques ou orientations qu’il recommande, et la manière de diffuser le résultat de ses activités. POLITIQUE POUR LA M O B I L I S AT I O N D E S F O N D S L’Institut Nord-Sud applique des principes et des pratiques éthiques pour respecter les droits des donateurs, mobiliser les fonds, et rendre compte de leur utilisation. N’importe qui peut se procurer notre dernier Rapport annuel (renfermant un sommaire des états financiers et la composition du conseil d’administration) ainsi que notre code d’éthique pour la mobilisation des fonds, en écrivant à l’INS. MÉCÈNES (Dons de 10 000 $ et plus) Agence canadienne de développement international IDRC CRDI C A N A D A Canadian International Development Agency CENTRE DE RECHERCHES POUR LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL INTERNATIONAL DEVELOPMENT RESEARCH CENTRE SOUTIENS (Dons entre 5 000 $ et 9 999 $) Centre international des droits de la personne et du développement démocratique FONDATION AGA KHAN CANADA AGA KHAN FOUNDATION CANADA DONATEURS (Dons entre 1 000 $ et 4 999 $) PARTNERS in Rural Development Vision Mondiale R. HOWARD WEBSTER FOUNDATION LA FONDATION R. HOWARD WEBSTER Steelworkers Humanity Fund Fonds Humanitaire des Métallos TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS Sharon Capeling-Alakija i REMERCIEMENTS Roy Culpeper iii TOUR D‘HORIZON 1 CHAPITRE UN POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? Alison Van Rooy 7 CHAPITRE DEUX LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE Ian Smillie 21 CHAPITRE TROIS LE DÉFI COMMUN DE L’ENVIRONNEMENT Faris Ahmed 33 CHAPITRE QUATRE LA BATAILLE POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE Graham Riches 45 CHAPITRE CINQ DÉFENDRE LES DROITS DE L’HOMME Georges leBel 57 CHAPITRE SIX LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS Jacques Bertrand 69 CHAPITRE SEPT POUR L’ÉGALITÉ DES SEXES DANS LE MONDE Deborah Stienstra 81 CHAPTER HUIT LA SOCIÉTÉ CIVILE CANADIENNE DEVANT LA « CONSTITUTION ÉCONOMIQUE MONDIALE » John Foster 95 CHAPTER NEUF L’ART DE CHANGER LES CHOSES Alison Van Rooy 109 LES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LEUR FINANCEMENT AU CANADA 125 ANNEXE STATISTIQUE 135 AVANT-PROPOS C onsciente de la complexité de notre monde « globalisé » et de sa myriade de problèmes, j'aimerais faire passer un message très simple au sujet de l'avenir. que le souci humanitaire a de l'importance. de solidarité importent. Ce message, c'est Les actes de bonté et C'est là que résonne la vie, et c'est là que doit résider la politique publique. La présence grandissante des organisations de la société civile — ou, plutôt, notre conscience grandissante de leur rôle— comme actrices clés dans ce monde « globalisé » va nous aider à combler un vide qui n'est que trop ressorti dans les années 1990. Nous avons vu combien les pouvoirs publics étaient limités dans leur capacité d'affronter les problèmes transfrontaliers ou d'organiser une réaction coordonnée face aux questions mondiales. Il est des besoins humains pressants, à domicile et à l'étranger, auxquels les États ne pourront s'attaquer parce que leurs pouvoirs et leurs moyens se sont amenuisés. Certes, le secteur privé étend aujourd'hui son activité à des domaines qui étaient considérés comme l'apanage des gouvernements et des ONG; mais nous le savons tous : il existe aussi de nombreux domaines où l'entreprise privée ne peut ou ne veut répondre aux besoins. Dans les années à venir, la force d'une nation tiendra à son capital social — le « ciment » qui fait l'unité de la société. Et c'est la société civile, avec tous ses liens, ses réseaux, ses institutions et ses normes, qui déterminera la qualité de nos échanges sociaux et le progrès du bien commun. Mais la question subsiste : si une vague de militantisme interventionniste se produit, comme je le prévois, dans la société civile au cours du prochain siècle, serons-nous prêts à organiser, à appuyer et à maximiser les possibilités créées ? Le militantisme peut être un outil puissant ou dispersé. Il peut générer des résultats critiques ou créer seulement de bonnes relations publiques. Il peut être transformateur ou simplement récréatif. Il exige une planification et une coordination solides, une bonne formation et une étroite évaluation. Et enfin, si nous voulons que les organisations de la société civile aident à cimenter les sociétés de demain, elles doivent jouer un rôle plus important dans l'ordre du jour des politiques publiques d'aujourd'hui. Voilà pourquoi le sujet du Rapport canadien sur le développement 1999 a tant d'importance. En concentrant l'attention sur la fonction de la société civile, l'Institut NordSud espère provoquer un débat et stimuler de nouvelles idées sur les moyens d'instaurer des politiques et des programmes qui favorisent un vif engagement civique, tant à l'échelle internationale qu'ici au Canada. Sharon Capeling-Alakija Coordonnatrice générale de Volontaires des Nations Unies Membre du Conseil de L'Institut Nord-Sud i REMERCIEMENTS J e suis fier de vous présenter, au nom de l'Institut Nord-Sud, le Rapport canadien sur le développement 1999. Le RCD 1999 fait partie de notre contribution pour relever les défis du changement mondial. L'élaboration, la planification, la rédaction, la conception graphique et la production de notre publication vedette nécessitent l'active participation et le soutien de bien des personnes et des organisations. Outre les chercheurs et auteurs accomplis qui ont écrit les chapitres de cet ouvrage, nous aimerions remercier les nombreux membres d'organisations de la société civile, gens du monde universitaire et travailleurs des secteurs public et privé qui ont mis leurs connaissances au service des divers chapitres du RCD 1999. Nous tenons notamment à souligner l'aide que les membres d'un groupe de référence ont apportée en donnant des avis fondamentaux sur le champ et l'axe majeur du RCD : Paul Knox du Globe and Mail, Don McRae du ministère du Patrimoine canadien, David R. Morrison de l'Université Trent, Rosemary Murray de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et Brian Tomlinson du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) nous ont offert d'importantes recommandations au début du projet. Les divers chapitres ont bénéficié en outre de l'examen critique réalisé par des pairs : Marc Dolgin (Entraide universitaire mondiale du Canada), Andrew Jackson (Congrès du travail du Canada), Lucie Lamarche (Université du Québec à Montréal), Laura Macdonald (Université Carleton), Don McRae (Patrimoine canadien), David Runnalls (Institut international de développement durable), Peggy Teagle (Consortium canadien pour le développement social international) et Brian Tomlinson (CCCI). Nos spécialistes internes qui ont commenté le travail comprennent Julie Delahanty, Heather Gibb, Joanna Kerr, Kerry Max, Ted Paterson et Ann Weston; tous ont mis leur compétence au service de la recherche entreprise. Plusieurs membres du Conseil d'administration de l'Institut Nord-Sud ont collaboré au RCD 1999. Dans l'avant-propos réfléchi qu'elle a écrit, Sharon Capeling-Alakija s'est inspirée de son travail avec l'ONU et avec l'Institut. En outre, les conseils qu'ont donnés et la mobilisation de fonds qu'ont menée les administrateurs Gerry Barr, Tim Brodhead, Louis Comeau, Yves Gauthier, Marie-France Labrèque, John Loxley et John McCallum, et le président du Conseil Norman Webster, signalent combien le Conseil d'administration reste déterminé à relever les défis de « la recherche pour un monde plus juste ». Le rapport qui suit a demandé beaucoup d'efforts au personnel de l'INS. Un soutien crucial a été apporté par tous les membres chargés de l'administration, des communications et de la recherche, qui ont investi beaucoup de temps et d'énergie afin d'assurer le succès de ce RCD. Nous aimerions remercier en particulier notre chercheur iii Kerry Max qui a coordonné et assemblé l'information statistique, avec l'aide de Ken Horricks et de Judy Meltzer; l'assistante de recherche Kate Harrison a collaboré au processus de planification. Des sources statistiques et autres ont été généreusement fournies par des fonctionnaires de l'ACDI, de Statistique Canada, de Revenu Canada et des ministères des Affaires étrangères et du Commerce international, de la Citoyenneté et de l'Immigration, et des Finances. Il nous faut spécialement remercier Julie Fujimura, agente aux finances internationales à Finances Canada; Andrew Clark, analyste de politiques à l'ACDI; et Hélène Mainville, gestionnaire de la Section d'analyse statistique à l'ACDI. À l'Institut, la spécialiste de l'information Gail Anglin a joué un rôle clé dans l'obtention des documents de recherche et des références, tandis que la chargée de relations avec les médias Melanie Gruer et le chargé de la commercialisation et de l’expansion Jonathan Wade ont déterminé les possibilités de promotion et de financement du RCD. De leur côté, Diane Guèvremont et Eugenia Gallegos ont fourni l'appui à la production du cédérom. Nous présentons à nouveau des remerciements spéciaux aux deux membres de notre équipe rédactionnelle, Anne Chevalier et Michelle Hibler, dont le savoir-faire et l'humour habituels ne se sont pas démentis iv tout au long du processus compliqué qu'a été la production du RCD. Elles ont reçu l'appui compétent des rédactrices pigistes Michèle Baril et Rowena Beamish. Nos efforts internes de rédaction et de production ont été complétés par le labeur du traducteur principal, Hervé Rombaut, aidé par Sylvie Lee et Associés, Michel Limbos et Charles Crichton; puis par le travail de Shoreline Communications, la société de conception graphique. Nous tenons aussi à souligner les généreux concours financiers des donateurs du RCD, dont les noms figurent au début. Nous leur savons fort gré d'avoir appuyé ce grand projet. Enfin et surtout, je veux exprimer ma gratitude à notre chercheure principale Alison Van Rooy. Comme directrice de publication de ce RCD, et comme notre experte de la société civile, elle a été la principale responsable de la conception de l'ouvrage et de la gestion de sa création avec un budget serré. Le résultat témoigne à la fois de son exploit intellectuel et de son aptitude à gérer un projet complexe et parfois épuisant. Roy Culpeper Président de L’Institut Nord-Sud TOUR D’HORIZON R A P P O R T T O U R C A N A D I E N S U R L E D É V E L O P P E M E N T 1 9 9 9 D ’ H O R I Z O N TOUR D’HORIZON I l existe aujourd’hui, au Canada, quelque 175 000 organismes bénévoles sans but lucratif qui fournissent des services communautaires; organisent des activités cuturelles, éducatives et sportives; et exercent des pressions pour changer le paysage politique. On doit à ces organismes et à leurs homologues partout dans le monde — tous membres de la société civile — une bonne part des changements constructifs qui se produisent aujourd’hui sur la Le Rapport canadien sur le développement 1999 (RCD 1999) présente des douzaines d’organisations canadiennes qui s’emploient à créer un monde plus juste. Il examine ainsi les façons dont la société canadienne soutient l’expression collective de la justice sociale, économique, politique et environnementale, tant à domicile qu’à l’étranger. Chaque chapitre aborde les mesures prises par les organisations de la société civile canadiennes dans une sphère d’activité ainsi que les grandes questions auxquelles chacune d’elles doit faire face. Pris ensemble, tous les chapitres de ce rapport font le bilan d’un secteur de la société dynamique et engagé, dont les efforts ont été couronnés de succès, souvent contre vents et marées. 2 planète. Mais dans quelle mesure le travail de ces organismes porte-t-il pleinement ses fruits ? Le 1er mars 1999, à midi, les cloches du monde entier carillonnaient l’entrée en vigueur du Traité d’Ottawa, comme on désigne aujourd’hui la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction. Cet événement mérite d’être souligné, ne serait-ce qu’en raison de la rapidité avec laquelle la Convention a pris force de loi. Comme certains politologues ont pu le dire, il s’est agi d’un conte de fées où David triomphe de Goliath, et le nouveau partenariat entre la société civile et les États de même sensibilité, qui ont rendu possible l’existence de ce traité, a été annoncé comme préfigurant l’avènement d’un « superpouvoir ». Le succès de la campagne mondiale visant à interdire les mines antipersonnel a été retentissant. Pourtant, ce n’est là qu’un seul exemple de la façon dont s’y prennent les organisations de la société civile, qu’il s’agisse d’églises ou de partis politiques, d’associations de guides ou de clubs sportifs, pour amener le changement, quel qu’il soit, tant ici qu’à l’étranger (voir l’encadré 1). Le travail de la société civile est important pour l’économie et la société en général. On estime en effet que le secteur canadien du bénévolat assure pour plus de 3 000 $ de services par personne. Chaque année au Canada, plus de 1,1 milliard d’heures sont données par seulement 75 000 œuvres de bienfaisance et près de 90 milliards de dollars passent entre leurs mains sous formes de subventions publiques et autres dons individuels ou corporatifs. Plus important encore, la moitié des Canadiens — soit plus de 12 millions de personnes — jouent un rôle actif au sein d’une quelconque organisation de la société civile. Un pont entre le Nord et le Sud S’il est vrai que les organisations de la société civile assurent une part importante des services sociaux à l’échelle nationale, elles sont aussi un important vecteur d’acheminement de l’aide canadienne à l’étranger de même que des acteurs de premier plan dans les liens qui se tissent entre le Canada et les pays en développement. Les organisations non gouvernementales (ONG) canadiennes spécialisées dans les dossiers du développement international — il y en a à peu près 300 — sont présentes dans au moins 79 pays du Sud et recueillent chaque année environ 412 millions de dollars en dons du public, qui s’ajoutent aux 209 millions de crédits accordés par l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Toutes RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Si l’origine des OSC pour le développement remonte aux mouvements missionnaires du XIXe siècle, elles ont vraiment pris leur essor dans les années 1960 et 1970, qui ont vu leurs nombres se multiplier et des milliers de Canadiens rejoindre leurs rangs comme bénévoles tant ici qu’à l’étranger. À l’heure actuelle, explique Smillie, leurs rapports avec le public canadien sont de trois types : contributions bénévoles en temps et en travail; dons d’argent; travail éducatif et d’action sociale. En fait, à l’aune des dons, l’appui du public à la cause du développement à laquelle travaillent ces organisations n’a cessé d’augmenter régulièrement depuis les années 1960 (voir l’encadré 2). UNE ACTION TOUS AZIMUTS Le Rapport canadien sur le développement 1999 se limite à quelques-uns seulement des nombreux domaines dans lesquels œuvrent les OSC internationales : le développement international, l’environnement, la sécurité alimentaire, le commerce alternatif, l’égalité des sexes, les droits de la personne et la prévention des conflits. Toutes ces organisations incarnent les attributs indispensables à une société civile progressiste, c’est-à-dire capable de rassembler les principaux intervenants et de lancer un vrai débat afin de déterminer les orientations et les résultats. Par exemple, un grand nombre des 1 300 associations, ONG et réseaux de défense et de protection de l’environnement au Canada sont en rapport avec des groupes du Sud. Ces relations ont aidé un grand nombre d’entre eux à établir les liens entre les problèmes nationaux et TOUR D’HORIZON 3 A D R É 1 internationaux — déforestation excessive, pollution de l’eau résultant d’une aquaculture intensive et droits des indigènes, par exemple. Faris Ahmed, défenseur de l’environnement et auteur, fait remarquer que les ONG canadiennes spécialisées dans l’environnement se sont taillées C Les OSC canadiennes ont recours à toute une gamme de tactiques privées et publiques pour atteindre leurs objectifs : prises de contact individuelles; revendication publique du changement; lobbying national et international; création de coalitions, de réseaux et de partenariats; lancement de campagnes médiatiques et éducatives pour sensibiliser l’opinion publique; contrôle de l’action gouvernementale et dénonciation des échecs; lancement d’initiatives locales, nationales et mondiales; soutien aux groupes existants; et intervention sur la scène internationale. Les OSC travaillent avec des particuliers, des groupes et des coalitions; ouvertement en public ou discrètement en coulisse; dans les salles de réunion privées, dans les organisations internationales et sur Internet. Elles sont également présentes sur le terrain, au Canada et à l’étranger, pour mettre en œuvre programmes et projets. Et nombreux sont les succès qu’elles ont remportés. En voici quelques-uns : • Depuis 1972, des groupes de recherche et d’intérêt public sur les campus partout au Canada ont attiré l’attention sur les problèmes écologiques. Parmi les activités récentes, citons leurs travaux d’avantgarde sur la Baie James au Québec, le barrage de Narmada en Inde et celui des Trois Gorges en Chine. • Un réseau d’OSC qui s’étend à au moins 70 pays — dont au Canada, le Conseil des Canadiens — a joué un rôle déterminant pour mettre fin aux négociations de l’Accord multilatéral sur l’investissement en 1998. Cette alliance a réussi à mettre les négociations sous le projecteur, à expliquer à tous ce que seraient ses répercussions, et à contester l’Accord en fonction des principes démocratiques et des droits de la personne. • Le Global Network on Food Security a réuni le gouvernement canadien, le secteur privé et les organisations de la société civile pour définir ensemble la position du Canada au Sommet mondial de l’alimentation de 1996 et les engagements canadiens au titre du Plan d’action national pour la sécurité alimentaire qui lui a fait suite. • Le CCASF et Intercede, groupe de défense des droits des employées domestiques au Canada, se sont joints à des groupes de femmes d’Asie et du Pacifique pour organiser la Deuxième conférence des femmes contre l’APEC et la Journée internationale de protestation à l’occasion des réunions du Forum de la Coopération économique Asie-Pacifique en 1997. • En 1997, CUSO et Inter Pares, en partenariat avec quatre ONG du Bangladesh, ont contribué à mettre la traite des femmes et des enfants à l’ordre du jour de la Réunion des chefs de gouvernement de l’Association sud-asiatique de coopération régionale, ce qui a débouché sur une convention régionale portant sur cette question. • Le Centre canadien d’étude et de coopération internationale (CECI) a réuni les parties en conflit au Guatemala, en Afrique occidentale, au Burundi et en Haïti pour qu’elles apprennent les techniques de prévention des conflits et qu’elles élaborent des plans d’action. N Les ONG constituent un groupe très divers, depuis les petites initiatives lancées par des bénévoles jusqu’aux grosses organisations pourvues de personnel, dont les mandats varient, allant de la sensibilisation du public canadien aux questions mondiales jusqu’à la mise en œuvre de projets touchant l’agriculture, la santé, l’éducation et d’autres encore dans les pays en développement. Et il semble que ces organisations soient aussi efficaces, sinon plus, que leurs homologues officiels pour apporter cette aide, ce qui s’explique dans une large mesure par leurs connaissances approfondies des populations et des pays qu’elles servent. Comme Ian Smillie, auteur et spécialiste des questions de développement, l’explique, leur efficacité est également due à leur souplesse et à leur faculté d’adaptation. TA C T I Q U E S E T S U C C È S E catégories confondues, les fonds dépensés par les ONG représentent presque 22 p. 100 des dépenses du Canada au titre de l’aide au développement, soit un des pourcentages les plus élevés du monde. une réputation enviable en contribuant à l’élaboration d’accords et de mécanismes internationaux. Malheureusement, ajoute-t-il, elles ont moins de crédibilité chez elles. De même, les organisations préoccupées par la faim basent leurs activités sur une même compréhension des causes structurelles et politiques de la faim, tant dans le Nord que dans le Sud; le problème n’étant pas le manque de nourriture mais plutôt le manque de volonté politique de voir distribuée équitablement la nourriture disponible. Ces OSC affirment qu’ici comme ailleurs, les gouvernements doivent reconnaître le droit à une nourriture convenable comme un droit fondamental de l’être humain que devrait faire respecter la loi. Selon Graham Riches, directeur de l’École de service social à l’Université de la ColombieBritannique, il s’agit plus d’un idéal que d’une réalité, étant donné qu’à l’heure actuelle 800 millions de personnes dans le monde souffrent de grave malnutrition et que 25 p. 100 de l’humanité vit dans la pauvreté absolue. En dépit de sa richesse, le Canada, en mars 1998 seulement, comptait plus de 700 000 personnes tributaires des banques alimentaires. C’est aussi de solidarité et d’action internationales dont on a besoin pour garantir la parité entre les sexes, ainsi qu’en ont pris de plus en plus conscience depuis vingt ans des OSC canadiennes comme le Comité canadien d’action sur le statut de la femme. Mais, ainsi que l’explique Deborah Stienstra, professeure de sciences politiques et de sociologie de la condition féminine à l’Université de Winnipeg, les groupes de femmes et les organisations de développement international ont encore trop tendance à faire bande à part. Pour être véritablement efficaces, il leur faudra créer des partenariats plus solides tant au Canada qu’à l’étranger. E N C A D R É 2 La dimension mondiale du problème a débouché sur la création de partenariats efficaces tant au Canada qu’à l’étranger, comme en témoignent le Global Network on Food Security et la Fondation internationale pour l’essor rural, qui se sont donnés pour mission de rendre plus visible le phénomène de la faim et de le légitimer comme objet de politique publique. L E S E C T E U R C A R I TAT I F : D O N N É E S E T S TAT I S T I Q U E S • Les ONG canadiennes recueillent presque deux fois plus d’argent auprès des individus et des sociétés qu’elles n’en reçoivent du gouvernement, soit 302 millions de dollars US en dons individuels par comparaison à 153 millions de dollars US du gouvernement. • Les OSC canadiennes font porter le gros de leurs efforts dans les régions les plus pauvres du monde — l’Afrique, suivie de l’Amérique latine et des Caraïbes, puis l’Asie. • Les dons individuels aux œuvres de bienfaisance ont augmenté de 27 p. 100 entre 1986 et 1996. • Près de 21 millions de Canadiens — soit 88 p. 100 de la population âgée de plus de quinze ans — contribuent financièrement aux œuvres de bienfaisance et aux organisations sans but lucratif. • Près de 1,5 million de Canadiens donnent en moyenne 90 $ aux organisations internationales. • Les fondations canadiennes ne consacrent que 3 p. 100 environ de leurs subventions — soit aux alentours de 2 millions de dollars — aux causes internationales. 4 Dans le même ordre d’idées, Georges leBel, professeur de droit à l’Université du Québec à Montréal, déclare que les défenseurs canadiens des droits de la personne sont désormais présents sur la scène internationale parce qu’ils reconnaissent maintenant que des questions comme l’intégration économique et la libéralisation des échanges ont des effets directs sur les droits sociaux et économiques partout dans le monde, et que le progrès à cet égard exigera une collaboration et une solidarité plus étroites entre le Nord et le Sud. Le rapport le plus complexe entre les OSC du Nord et du Sud se situe probablement sur le plan du commerce et des investissements, deux données clés dans les relations internationales du Canada. « Les Canadiens sont les champions du monde de l’organisation de contestations, de campagnes et de solutions de rechange aux projets de ce que l’on pourrait qualifier d’élite politique et économique mondiale », écrit John Foster, professeur en droits de la personne à l’Université de la Saskatchewan. Il est bien certain qu’avec leurs homologues internationaux, les Canadiens ont joué un rôle actif dans la lutte contre l’Accord multilatéral sur l’investissement qui, de l’avis des OSC, renforçait les droits des investisseurs au détriment des décisions des gouvernements démocratiquement élus. Les OSC canadiennes ont aussi collaboré avec leurs homologues du Sud sur des questions touchant la santé et la sécurité des travailleurs, le droit à la syndicalisation et à la négociation collective, et des initiatives en matière de commerce alternatif. Depuis longtemps, les OSC canadiennes sont solidaires des actions menées par les populations du Sud pour prévenir ou résoudre les conflits. Et comme le dit Jacques Bertrand, professeur de sciences politiques à l’Université de Toronto, ces organisations sont bien placées pour jouer un rôle déterminant dans la prévention des conflits, car elles sont très proches des populations et des organisations locales. Mais, souligne-t-il, étant donné la complexité de la prévention des RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 conflits et de la consolidation de la paix, il ne faudrait pas exagérer l’efficacité des OSC dont le travail devrait être mieux coordonné tant entre elles qu’avec le gouvernement. Des difficultés similaires En dépit de leurs différents objectifs et domaines d’intervention, les OSC canadiennes présentes à l’étranger font face à des difficultés remarquablement similaires, tant du point de vue de leur structure que dans leurs rapports les unes avec les autres, avec les gouvernements et avec les populations qu’elles veulent aider. Alison Van Rooy, rédactrice en chef du Rapport canadien sur le développement 1999 et chercheure principale à l’Institut Nord-Sud spécialisée dans la société civile, recense quelquesunes des questions les plus aiguës : une faible volonté politique, des fonds réduits, un cadre réglementaire souvent désuet ou inadapté, une opinion publique superficielle et un secteur privé indifférent. L’ a b s e n c e d e vo l o n t é p o l i t i q u e Que ce soit au chapitre de l’environnement ou des droits de la personne, de l’égalité des sexes ou de la sécurité alimentaire, ce sont les OSC qui ont tiré la sonnette d’alarme et éveillé l’intérêt du public pour ces questions. Mais les choses ne bougent pas vite : le problème réside dans l’absence de volonté politique conjuguée à un tragique manque de participation du public à l’élaboration des politiques. « Le défi, pour les ONG et les gouvernements, c’est d’énoncer un plus large programme prévoyant une plus grande participation — surtout dans des dossiers comme la finance, le commerce et le changement climatique à l’échelle internationale », explique Ahmed. « En générant une pression nationale suffisante, les OSC devraient amener les politiciens à répondre davantage de leurs actions. » Et comme le fait observer Van Rooy, « les gouvernements dégraissés ne demandent pas mieux, semble-t-il, d’abandonner des responsabilités et de les confier à un secteur bénévole déjà surchargé ». Cette attitude ne s’est pas accompagnée de la volonté de débloquer suffisamment de fonds, ni de celle de faire participer pleinement le secteur du bénévolat aux débats politiques. Le financement De nombreuses OSC canadiennes actives sur la scène internationale dépendent depuis longtemps des fonds que leur accorde le gouvernement fédéral, notamment par l’entremise de l’ACDI. Mais les coupes à répétition opérées dans les budgets d’aide au développement ont entraîné la régression — sinon la disparition — de plusieurs ONG. Une plus grande rivalité pour obtenir un TOUR D’HORIZON financement plus rare a amené certains groupes à modifier, voire dénaturer, leur mission en privilégiant parmi leurs activités celles les plus susceptibles d’être financées, ce qui a suscité chez beaucoup des craintes de récupération par le gouvernement. Et de fait, il est indéniable que la dépendance à l’égard des pouvoirs publics a contribué à la transformation graduelle de certaines organisations bénévoles en soustraitants de services publics. Dans certains domaines, comme la lutte contre la faim, le peu de moyens pour financer le travail de développement et de prévention s’est traduit par une présence plus sentie des programmes caritatifs et d’aide d’urgence ponctuels. Cette réponse de courte durée incite peu, et encourage moins encore, à investir dans des stratégies à long terme. Réduire la dépendance à l’égard du gouvernement est crucial tant pour la liberté d’action des OSC que pour leur survie. En s’y efforçant, fait observer Van Rooy, quelques OSC, comme l’Organisation canadienne pour l’éducation au service du développement (OCED), ont lancé des programmes à but lucratif destinés à financer leurs activités principales. L e c a d re r é g l e m e n t a i re « La façon dont les organisations sont réglementées et taxées influe elle aussi sur leur capacité à créer des changements », déclare Van Rooy. Mais, à l’heure actuelle, la réglementation régissant l’obtention du statut d’œuvre de bienfaisance auprès de Revenu Canada entrave ou limite les activités politiques ou l’action sociale des OSC. Selon Van Rooy, il y a lieu de mettre à jour ce cadre réglementaire. Un e o p i n i o n p u b l i q u e s u p e r f i c i e l l e Les dons aux organismes de charité du Canada témoignent d’un soutien marqué pour le travail des OSC tant ici qu’à l’étranger. Ce soutien, quoique généreux, est superficiel, signale Ian Smillie, rendant ainsi plus précaire le travail de l’ACDI et des OSC. C’est aussi cette précarisation qui a incité bon nombre d’OSC à privilégier les interventions d’urgence plus spectaculaires au détriment des efforts de développement à long terme. « Le manque de compréhension du public pourrait se révéler des plus préjudiciables pour les OSC qui tentent de créer des changements », précise Van Rooy. L’ i n d if f é re n c e d u s e c t e u r p r i v é Bien que le secteur privé soit un allié en puissance des OSC dans leurs démarches pour changer les choses, rares sont les organisations œuvrant à l’échelle internationale qui ont établi des partenariats avec lui. Les statistiques sur le 5 financement indiquent aussi que le secteur privé et les fondations canadiennes ont jusqu’à présent contribué fort peu financièrement au travail des OSC présentes sur la scène internationale. Au nombre des efforts notoires pour améliorer cette situation, Van Rooy cite ceux de la campagne Imagine menée par le Centre canadien pour la philanthropie. Transformer les organisations « […] si nous voulons que les organisations de la société civile aident à cimenter les sociétés de demain, elles doivent jouer un rôle plus important dans l'ordre du jour des politiques publiques d'aujourd'hui. » Sharon Capeling-Alakija, coordonnatrice générale de Volontaires des Nations Unies « Les organisations qui cherchent à changer le monde ont souvent elles-mêmes besoin de changer », soutient Van Rooy. Elle et d’autres auteurs signalent encore d’autres défis et possibilités, notamment le besoin d’une formation permanente, d’une plus grande responsabilisation et de connaissances plus approfondies. Il est aussi essentiel de forger des partenariats plus équitables entre les OSC du Nord et du Sud. La formation et le re n f o rc e m e n t d e s c a p a c i t é s Étant donné la libéralisation des échanges, les mécanismes internationaux de l’ONU et la multiplication des accords multilatéraux, les OSC font face à des questions de plus en plus complexes. « L’analyse et la critique des ententes internationales demandent de l’expérience, une connaissance spécialisée et une “mémoire à long terme“ », affirme Ahmed. Se doter de cette capacité est un défi important que doivent relever les OSC. Aussi faudra-t-il des fonds publics supplémentaires pour financer l’infrastructure des organisations du Sud et du Nord, soit les ressources administratives, la formation et l’équipement. Un e p l u s g ra n d e re s p o n s a b i l i s a t i o n On a parfois accusé les organisations bénévoles d’être à la solde d’intérêts privés particuliers plutôt que d’agir dans l’intérêt du public. Pour faire taire ces accusations et renforcer leur légitimité, les OSC doivent montrer davantage qu’elles respectent des critères reconnus comme les codes de conduite. Il faut également qu’on les voie travailler aux côtés de ceux dont elles veulent influencer l’existence, déclare Van Rooy. L e p ro f e s s i o n n a l i s m e La diminution des subventions publiques, la persistance de la pauvreté outre-mer et les grands défis que doit relever le monde ont accentué le besoin d’efficacité et d’utilisation plus judicieuse des ressources. Il faut également améliorer les compétences du secteur bénévole. Il est cependant difficile d’accroître le professionnalisme des ONG en raison tant des contributions limitées de l’ACDI à leurs frais administratifs que 6 des attentes du public — alimentées d’ailleurs par les œuvres de bienfaisance elles-mêmes — qui veut qu’un pourcentage excessivement élevé des dons individuels profitent directement aux bénéficiaires des pays en développement. Évaluer le travail accompli est également essentiel. Toutefois, « l’évaluation ne fait pas partie systémique de la culture des ONG canadiennes », affirme Smillie. Entre autres raisons, il y a la difficulté d’évaluer le développement social, le plus grand pouvoir donné, la participation ainsi que les moyens financiers et professionnels limités des OSC. Mais si l’on veut que les organisations tirent les leçons de leurs expériences pour devenir plus efficaces, l’évaluation est incontournable. L’ é t a b l i s s e m e n t d e partenariats efficaces Comme on l’a déjà dit, de plus en plus d’OSC collaborent avec des partenaires nationaux et étrangers ou se joignent à de grandes coalitions. Néanmoins, nombreuses sont celles qui reconnaissent les difficultés associées au travail international et à ce genre de partenariats, notamment les missions et les engagements qui diffèrent; les priorités concurrentes au chapitre des ressources et du financement; le « stress » de l’entretien de coalitions; et l’absence de visions communes à long terme. Des problèmes surviennent également lorsque les gouvernements du Nord subventionnent directement les ONG du Sud en contournant les OSC intermédiaires du Nord. S’il est évident que ce type d’intervention menace la survie de ces dernières, elle peut aussi nuire aux partenaires du Sud qui se trouvent ainsi privés de voix pour les défendre dans le Nord et de moyens d’obtenir l’appui du public. L’évolution des modalités de financement souligne le besoin d’élargir les relations Nord-Sud afin qu’elles deviennent plus que de simples projets et qu’elles dépassent les questions d’argent pour se transformer en campagnes et projets communs, tant au Canada que sur la scène internationale. Le Rapport canadien sur le développement 1999 insiste sur le fait que les Canadiens ont un rôle important à jouer dans le changement mondial. « Ce que font les gens à titre individuel est important », affirme Van Rooy. « Sans la participation individuelle, la société civile devient une arène déserte. » Le défi, souligne-t-elle, « consiste à étendre cette participation des collectivités locales à la communauté mondiale ». RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? A l i s o n Va n R o oy Alison à Van Rooy L’Institut questions de est chercheure Nord-Sud, la société principale spécialiste civile. des C U H A P I T R E N POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? D e nos jours, l’expression « société civile » surgit souvent dans les conversations sur l’état du monde. La société civile — qui désigne les organisations populaires fonctionnant en marge du gouvernement et du marché — se voit attribuer une bonne partie des changements positifs qui se produisent dans le monde d’aujourd’hui, que ce soit en forçant d’énormes institutions internaSociété civile : diversement, tout groupement de gens au service de l’intérêt collectif, et surtout à la poursuite du bien public; tout groupe ne faisant pas partie du marché ou du système étatique; tout groupe auquel on adhère volontairement et qui ne repose pas sur des liens ethniques ou parentaux; les organisations non gouvernementales, le nom collectif des ONG, l’espace dans lequel elles œuvrent; l’espace disponible pour l’organisation collective; une société civilement organisée avec une règle de droit; une pluralité; les groupes au service d’intérêts spéciaux; comprend aussi parfois le secteur privé. 8 tionales à modifier leurs façons de procéder, en sauvant des espèces animales d’un massacre commercial ou en concevant des idées innovantes pour aider les gens les plus démunis. Dans les exemples frappants, on peut citer la coalition qui a poussé la Banque mondiale à se retirer du projet de construction controversé du barrage de Narmada en Inde1, la campagne menée par Greenpeace contre la pêche au thon avec des filets capturant en même temps les dauphins et les succès que la Banque Grameen a remportés avec ses microprêts aux femmes pauvres du Bangladesh. La société civile est également active chez nous, au Canada. Par exemple, ce sont les milliers de bénévoles mobilisés par la CroixRouge qui ont repoussé les inondations catastrophiques de 1997 au Manitoba; et lors de la tempête de verglas qui a ravagé le Québec et l’est de l’Ontario en 1998, des groupes communautaires bien organisés sont passés à l’action en ouvrant des refuges, en servant des repas et en portant secours à des voisins. En fait, les organisations de la société civile nous touchent presque tous, comme le fait remarquer André Picard, correspondant national du Globe and Mail : « Vous est-il arrivé de subir une opération ? d’inscrire un enfant dans un sport amateur ? de passer une soirée à l’opéra ? d’étudier le français ou l’anglais comme seconde langue ? de regarder une chaîne de télévision publique ? de suivre des cours à l’université ? de vous rendre à l’église ou dans un autre lieu du culte ? d’avoir un parent atteint d’arthrite, de la maladie d’Alzheimer, d’un cancer ou d’une maladie du cœur ? d’aller au zoo ? d’emmener vos enfants à un terrain de jeux ? ou de manger à une soupe populaire2 ? » RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 1 Si vous répondez oui à l’une de ces questions, vous avez sans doute eu affaire à un groupe de la société civile, qui était une œuvre de charité enregistrée, un organisme sans but lucratif ou l’un des dizaines de milliers de groupes non enregistrés qui ont une action marquante au Canada et à l’étranger. C’est quoi, la société civile ? L’expression « société civile » sert aujourd’hui à désigner un large éventail de notions, d’organisations et d’activités parfois contradictoires. Mais c’est habituellement l’appellation résumant l’ensemble des organisations qui s’efforcent de changer quelque aspect de la société, dont les politiques du gouvernement, les valeurs culturelles, les pratiques de l’entreprise et les activités des organisations intergouvernementales. L’expression suggère donc une transformation, implique de la droiture. Cependant, elle peut aussi évoquer les images négatives d’« intérêts spéciaux », de militants antigouvernement et d’élites exclusives. Il n’est guère étonnant que la société civile soit devenue un objet de controverse. En retraçant l’histoire de la pensée sur la société civile (voir l’encadré 1), on découvre quelques pierres de touche qui permettent d’arriver à une définition utile. On peut voir la société civile à la fois comme une « arène » sociale dans laquelle les gens s’organisent et comme un « projet politique » qu’ils se fixent à cause de ce qu’elle accomplit, ou peut accomplir. L’idée de l’arène est importante, car les organisations de la société civile (OSC) se créent pour des raisons déterminées par CHAPITRE UN la société, se composent de personnes imprégnées de ses valeurs et œuvrent largement à l’intérieur de ses lois et de ses normes. La société civile n’est donc pas le simple synonyme d’un groupement d’organisations : elle est « l’espace » culturel que celles-ci habitent. Une bonne partie du conflit qui entoure les OSC au Canada a à voir avec les forces qui déterminent leur nombre et leur activité : l’opinion du public sur le développement, le changement des règles du commerce international, les relations de financement entre gouvernement et OSC, les désaccords au sein des organisations et entre elles, et l’interprétation des conséquences du changement mondial. La société civile n’est pas seulement l’espace dans lequel les organisations s’épanouissent (ou s’effondrent); elle peut également représenter un accomplissement politique. De fait, pour de nombreuses organisations des quatre coins du monde (au Myanmar ou en Iraq, par exemple), la simple lutte pour exister est elle-même politique. Voilà pourquoi les militants des anciens États satellites de l’Union soviétique et des pays d’Amérique latine présentent souvent la société civile comme un projet politique : une aspiration à la liberté et à l’espace nécessaires pour pouvoir s’organiser et se faire entendre. La société civile devient alors une idée politique, non parce qu’elle fait intervenir des partis mais parce que POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? 9 R D A C N La société civile est peut-être devenue la coqueluche dans les cercles internationaux, mais tout le tableau n’est pas rose. Ses organisations doivent surmonter de sérieuses difficultés. Les collaborations et partenariats entre les « pierres angulaires » de la société — autrement dit, les secteurs public, privé et bénévole — viennent peutêtre réaffirmer la puissance et la résistance de la bonne volonté des gens, mais ils masquent également d’âpres rivalités, des concessions, des compressions « éviscérantes » et une colère palpable au sujet de la haute moralité. E L’expression « société civile » peut sembler nouvelle, mais elle a ses origines dans les écrits d’Aristote. Pour ce dernier, la société civile (koinõnia politiké) était la société de possédants regroupés pour se gouverner. Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, Thomas Hobbes, John Locke, Jean-Jacques Rousseau, David Hume, Adam Ferguson et Thomas Paine ont ranimé le débat pour expliquer les rapports que les individus devraient avoir entre eux, avec la nature et avec l’État. Durant les bouleversements sociaux que la révolution industrielle a provoqués à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, les écrits de Georg Wilhelm Friedrich Hegel et de Karl Marx — et, au début de ce siècle, d’Antonio Gramsci — ont beaucoup contribué au débat. Dans les années 1980, quand une vague de changements a déferlé sur l’Europe centrale, Polonais, Hongrois et Tchèques ont utilisé l’expression afin d’expliquer pourquoi et comment les régimes étaient en train de changer. Pour eux, elle signifiait un nouveau genre d’ordre politique et économique. Rien d’étonnant à ce que la « société civile » ait aujourd’hui autant de connotations compliquées. É PETIT HISTORIQUE 2 É R D A C N E Il y a, pour commencer, le simple nombre de ses organisations, en train de se multiplier chez nous comme ailleurs. En deuxième lieu, les OSC sont responsables d’une part substantielle des services sociaux qui sont assurés au Canada et de l’aide canadienne qui est dépensée à l’étranger. Troisièmement, celles-ci comprennent des gens de plus en plus éminents qui prônent, de plus en plus bruyamment, des changements dans nos politiques nationale et étrangère. Enfin, elles sont en train de créer des changements dans des coins du monde et des secteurs où les gouvernements et le marché ont échoué. Par leur taille imposante, leur action bruyante et les succès remportés, beaucoup de nos OSC sont en fait devenues la face la plus visible du Canada à l’étranger. LA SOCIÉTÉ CIVILE DANS LE DISCOURS De nos jours, on entend souvent mentionner la société civile dans de nombreux milieux. Par exemple : • Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, a déclaré au sujet du traité sur les mines terrestres (la Convention sur l’interdiction de l’utilisation, du stockage, de la fabrication et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction) : « Ces tendances — je veux dire la participation de la société civile et la révolution de la technologie de l’information — sont les fondements sur lesquels se construit une profonde démocratisation de la politique internationale. Nous entendons souvent parler de “mondialisation” au sens de la création d’un réseau d’échanges commerciaux de plus en plus étendu. Mais nous avons ici une autre sorte de “mondialisation” : l’émergence d’une entité collective mondiale qui s’affirme comme une force considérable [...]1. » • Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, considère que « la société civile constitue une force majeure, et d’une importance grandissante, dans la vie internationale. Au cours des dernières années, les Nations Unies ont découvert qu’une bonne partie de leur travail [...] fait intervenir de très près les contributions variées et dévouées des organisations et des groupes non gouvernementaux2. » • Selon le Groupe de travail ad hoc sur le développement participatif et la bonne gestion des affaires publiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « la société civile joue un rôle capital dans la démocratisation, la primauté du droit et les droits de l’Homme. Elle représente un espace entre l’État et les citoyens (hommes et femmes) dans lequel ces derniers peuvent exercer des activités autonomes, structurées et collectives de natures très diverses3. » LES OSC : L E U R N O M B R E E T L E U R S AC T I V I T É S Environ 175 000 organisations au Canada sont répertoriées comme organisations sans but lucratif, organismes de charité ou autres groupes bénévoles et communautaires. Chaque année, 200 nouveaux organismes de charité viennent s’ajouter à la liste. La moitié des Canadiens — soit plus de 12 millions d’entre eux — déclarent participer à une organisation du type société civile et plus de 40 p. 100, à deux. Tandis que la majorité de ces Canadiens se mêle à des activités professionnelles, sportives et religieuses, le quart prend part à des fonctions scolaires et communautaires, à des travaux éducatifs et culturels, à des services offerts et — chose importante — à des activités politiques3. Renvois 1 Notes pour une allocution de l’honorable Lloyd Axworthy, ministre des Affaires étrangères, au Forum des ONG à Oslo sur l’interdiction des mines antipersonnel, Oslo, Norvège, le 10 septembre 1997. Voir www.dfait.maeci.gc.ca/francais/ news/statements/97_state/97 032f.htm (accès en novembre 1998). 2 Kofi Annan, Renewing the United Nations : A Programme for Reform, 14 juillet 1997, New York, Nations Unies. Voir www.un.org./plweb-cgi/iopcode.p (accès en janvier 1999). 3 Rapport final du Groupe de travail ad hoc sur le développement participatif et la bonne gestion des affaires publiques, Comité d’aide au développement, OCDE, 1997, partie 1, p. 9. Voir www.oecd.org (accès en janvier 1999). Chez ces organisations qui se livrent à des activités politiques — leur nombre tourne probablement autour de 350 au Canada — un petit pourcentage seulement travaille sur des dossiers Nord-Sud ou internationaux (voir la section « Les organisations de la société civile et leur financement au Canada » qui donne un profil de certaines de ces OSC). Elles comprennent : la politique est une affaire de pouvoir. Une société civile indépendante et agissante peut aider à redistribuer ce pouvoir et permettre, ce faisant, le changement. Pourquoi cet intérêt pour la société civile ? Les documents publiés par des gouvernements et des organisations internationales démontrent que la notion de société civile a dépassé le stade de nouvelle expression à la mode (voir l’encadré 2). Mais des raisons évidentes expliquent le profond intérêt qui existe pour la société civile au Canada. 10 • Des églises ou des organisations confessionnelles qui travaillent par le truchement de leurs sections de développement — comme le Fonds du Primat pour le secours et le développement mondial de l’Église anglicane du Canada ou la Fondation Aga Khan Canada. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 avec les pays en développement, qu’on est en droit de penser qu’elles sont plus nombreuses. Déterminer le nombre des OSC est une tâche notoirement ardue dans le cas des autres régions du monde. Selon certains, il s’est créé des centaines de milliers de nouvelles organisations de développement communautaire ces dernières années, principalement en Asie et en Amérique latine. On estime, par exemple, que 4 700 ONG du Nord travaillent activement avec plus de 20 000 de leurs homologues du Sud (voir l’encadré 3)5. De toute évidence, le total des organisations diffère selon la définition d’une organisation (enregistrée ou non, permanente ou ponctuelle, séparée à quel degré du gouvernement ou du marché) et d’après la méthodologie utilisée pour arriver aux estimations. Quoi qu’il en soit, les commentateurs s’accordent sur le fait que leur nombre grandit. LES SERVICES QU’ELLES ASSURENT Le nombre des ONG au service du développement n’atteint probablement pas 150 4. Mais certaines font un travail tellement remarquable et jouent un rôle si important dans nos relations globales CHAPITRE UN POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? Source Helmut K. Anheier et Lester M. Salamon (dir.), The Nonprofit Sector in the Developing World : A Comparative Analysis, Manchester, Manchester University Press, 1998. 11 R D A C Les organisations de la société civile sont à l’œuvre sur tous les continents. Voici quelques exemples qui illustrent leur importance : • Brésil. Des organisations sans but lucratif sont à l’œuvre dans tout le pays, mais elles se trouvent fortement concentrées à São Paulo (45 000) et à Rio (16 000). Ces organisations emploient au moins un million de personnes, et entrent pour environ 2 p. 100 dans le total de l’emploi national. • Égypte. Parmi les organisations sans but lucratif disséminées partout au pays, 17 500 sont des organisations à membres, 9 500 sont des œuvres de charité et 3 200 travaillent dans le développement. Ces chiffres comprennent 22 associations professionnelles qui comptent 3 millions de membres. • Thaïlande. Il y a environ 11 000 organisations sans but lucratif enregistrées en Thaïlande, en plus des nombreuses autres non enregistrées. • Inde. Au moins 2 millions d’associations sont actives au pays. Les organisations sans but lucratif inspirées par Ghandi emploient à elles seules 600 000 personnes. • Ghana. Parmi les 800 organisations sans but lucratif officielles et enregistrées, les groupes internationaux sont particulièrement importants. N LA SOCIÉTÉ CIVILE, UNE FORCE GRANDISSANTE É 3 Un travail remarquable est accompli par les Canadiens qui se sont organisés pour s’entraider, que ce soit avec le concours E • Des associations ethniques et culturelles, telles que le Congrès des UkrainiensCanadiens ou l’Association nationale des Canadiens d’origine indienne. • Des organisations nationales de service social et de défense et de promotion qui ont une envergure internationale, comme l’Organisation nationale anti-pauvreté qui travaille avec OXFAM-Canada et d’autres sur des projets tels que le Sommet mondial pour le développement social. • Des organisations médiatiques, telles que les Journalistes canadiens pour la liberté d’expression qui se battent afin de protéger les journalistes dans les pays à régime répressif. • Des associations professionnelles comme l’Association des juristes canadiens pour le respect des droits de la personne dans le monde. • Des organisations féminines, telles que le Comité canadien d’action sur le statut de la femme qui a été associé à la 4e Conférence mondiale sur les femmes organisée par les Nations Unies à Beijing (Pékin) en 1995 et le Centre international MATCH qui finance le travail de femmes dans le Sud. • Des instituts de recherche, comme l’Internet des droits humains qui mène des recherches et sort des rapports sur la situation des droits de la personne dans le monde. • Des groupes de solidarité, tels que Les Amis canadiens du Myanmar qui tentent de sensibiliser aux violations des droits de la personne se commettant au Myanmar. • Des organisations syndicales, comme le Fonds humanitaire des métallos qui finance des homologues se battant pour les droits des travailleurs dans d’autres pays. • Des organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant pour le développement, comme Inter Pares qui travaille avec des homologues de nombreux autres pays afin de combattre les causes locales et mondiales de la pauvreté. des banques alimentaires, des services d’hospice, des clubs de garçons et de filles ou des centres communautaires6. Mais ce que beaucoup de Canadiens ne réalisent pas bien, c’est à quel point cette activité est importante pour notre économie et notre société. Comme le fait observer André Picard : « Les Canadiens aiment se voir comme des gens généreux, des gens qui donnent — et non qui reçoivent — des services de charité. Mais dites-vous ceci : le niveau de don moyen chez les Canadiens atteint seulement 150 $ par an. De son côté, le secteur bénévole assure des services dont la valeur dépasse 3 000 $ par citoyen. Cet écart colossal entre perception et réalité s’explique simplement par le fait que les Canadiens n’ont pas un minimum de connaissance du secteur bénévole et de son rôle dans la prestation des services et l’expression des valeurs qui nous définissent comme nation7. » 4 Voyez, par exemple, le nombre d’heures bénévoles accompli et la quantité d’argent canalisée par les OSC. Dans le cas du sousgroupe des 75 000 organismes de charité (le seul pour lequel il existe des statistiques LES ORGANISMES DE CHARITÉ AU CANADA : E N C A D R É Q U E L Q U E S S TAT I S T I Q U E S • En décembre 1996, il y avait 74 918 organismes de charité enregistrés auprès de Revenu Canada, plus un nombre estimatif de 100 000 organisations sans but lucratif. Il n’y a pas moyen d’estimer le nombre des groupes non constitués en personne morale, qui est sans doute beaucoup plus élevé. • En 1994, les organismes de charité ont reçu un montant estimatif de 10,1 milliards de dollars en dons de particuliers, de sociétés et d’autres organisations; gagné 23,5 milliards de dollars par leurs propres activités; et obtenu 54,5 milliards de dollars du gouvernement, dont le principal (36,7 milliards) est allé aux hôpitaux et aux établissements d’enseignement. • En 1997, 7,5 millions de Canadiens ont donné plus de 1,1 milliard d’heures de bénévolat pour appuyer les organisations bénévoles et de charité, soit l’équivalent de 578 000 emplois à plein temps. • 38 p. 100 des organismes de charité sont gérés par des bénévoles et 21 p. 100 ont un seul préposé à plein temps. Sources Voir Michael Hall, « Presentation to the House of Commons Standing Committee on Government Operations re : Bill C-224 », Toronto, Centre canadien pour la philanthropie, mai 1995, p. 1, mémoire affiché à www.pagvs.com/mhall.htm (accès en novembre 1998); et Statistique Canada et autres, Canadiens dévoués, Canadiens engagés : points saillants de l’Enquête nationale de 1997 sur le don, le bénévolat et la participation, Ottawa, 1998, figure 3.1. 12 quantitatives fiables), on leur donne annuellement plus de 1,1 milliard d’heures de bénévolat, et plus de 88 milliards de dollars traversent leurs caisses sous forme de subventions gouvernementales et de dons privés. Quand on exclut les organisations de charité comme les hôpitaux et les établissements d’enseignement qui appartiennent manifestement au secteur public, il reste le chiffre impressionnant de 51 milliards de dollars (voir l’encadré 4). C’est 28 fois le montant de l’aide publique au développement (APD) que nous accordons à l’étranger (voir l’annexe statistique, tableau 3, « L’aide publique au développement du Canada : Données de base », p. 144). Les organisations qui travaillent principalement dans le monde en développement affichent un niveau d’activité tout aussi remarquable. Les ONG de développement du Canada œuvrent dans au moins 79 pays en développement8, recueillent chaque année environ 412 millions de dollars auprès du public et se voient accorder encore 209 millions (ou à peu près) par l’Agence canadienne de développement international (ACDI), notre organisme d’aide officiel 9. Ces subventions de l’ACDI représentent une part importante de ses dépenses — 12 p. 100 au bas mot en 1996-199710. Quand on additionne les fonds de toutes provenances (APD et contributions bénévoles), le pourcentage dépensé par les ONG au service du développement atteint le chiffre énorme de 21,7 p. 100 des décaissements canadiens destinés au développement outre-mer — l’une des proportions les plus élevées au monde (voir la section « Les organisations de la société civile et leur financement au Canada », tableau A, p. 128). Les ONG ne font pas qu’assumer un volume de travail remarquable à l’étranger; elles mènent également un travail important relié au développement à domicile. Elles ont aidé à sensibiliser les Canadiens aux liens Nord-Sud et les ont encouragés, ce faisant, à appuyer le programme d’aide officiel. Des enquêtes ont révélé que les Canadiens reconnaissent bien davantage les noms d’ONG que celui de l’ACDI11. Devant cette conclusion, Margaret Catley-Carlson (présidente de l’ACDI de 1983 à 1989) a exhorté les ONG à aider à guider les propres efforts RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 de l’ACDI pour atteindre le public; ce n’était pas seulement dans l’intérêt de l’Agence, mais aussi dans celui de la promotion et de l’expansion de toute l’aide canadienne au développement 12. On imaginerait difficilement le programme canadien de développement sans les ONG (voir le chapitre 2). L E U R T R AVA I L D E D É F E N S E ET DE PROMOTION Même si les actes peuvent être plus éloquents que les paroles, les OSC parlent aussi beaucoup — souvent haut et clair — de leur activité et de leur clientèle dans les cercles politiques et médiatiques. Cette action grandissante de défense et de promotion a engendré quelques succès spectaculaires au cours des dernières années. Le plus visible d’entre eux sans doute a été la signature, en 1998, de l’interdiction complète des mines terrestres orchestrée par une coalition mondiale où des OSC canadiennes ont eu une forte contribution. On peut citer comme autres exemples : la campagne menée contre le travail des enfants, qui a donné lieu à un rapport parlementaire intitulé Mettre un terme à l’exploitation de la main-d’œuvre infantile et le lancement subséquent, en 1997, d’un « Fonds de lutte contre l’exploitation de la main-d’œuvre enfantine » de 200 000 $ par an; les efforts déployés dans les années 1980 pour que le Canada durcisse ses positions face à l’apartheid et qui ont causé un changement dans les politiques du Premier ministre (d’alors) Brian Mulroney à l’égard de l’Afrique du Sud 13; et les pressions exercées pour limiter les émissions canadiennes de gaz contribuant au réchauffement de la planète — entre autres choses. Chez beaucoup d’ONG œuvrant pour le développement, l’action de défense et de promotion résulte des déceptions essuyées sur le terrain. Même dans leur participation à des succès communautaires, ces organisations ne sont souvent devenues que trop conscientes de la vulnérabilité des gens les plus pauvres face aux politiques macroéconomiques sur lesquelles ils n’ont aucune prise : le prix des aliments de base, le coût des soins de santé ou le calendrier de remboursement de la dette nationale qui les prive de scolarité, par exemple. Au cours des 20 dernières années, le niveau de vie CHAPITRE UN a en fait dégringolé, au lieu de grimper, dans une bonne partie de l’Afrique subsaharienne et on impute largement cette chute aux fardeaux de la dette et aux mesures économiques adoptées pour y remédier 14. Les réformes macroéconomiques réduisant à néant le travail local des institutions communautaires, beaucoup d’ONG du Nord se sont senties obligées d’exercer des pressions pour obtenir des changements. C’est ainsi que la Canadian Ecumenical Jubilee Initiative (CEJI — un groupement d’églises canadiennes) s’est jointe à une campagne internationale pour réclamer l’annulation des dettes des pays les plus démunis avant l’an 2000. La CEJI a lancé une pétition invitant les dirigeants des pays développés à annuler les dettes extérieures d’environ 45 des nations les plus pauvres du monde. Le groupement demande également de créer une instance internationale chargée d’arrêter les critères pour l’annulation des dettes et de veiller à ce que l’argent économisé soit affecté au développement social 15. Dans le cas de groupes nationaux comme le Congrès du travail du Canada et le Comité canadien d’action sur le statut de la femme, la raison qui les a aussi poussés à se lancer dans une action de défense et de promotion sur le front international, c’est la conscience du fait que les ententes ou les rencontres mondiales — comme l’Accord de libreéchange des Amériques ou la Conférence des Nations Unies sur les femmes, dont on parle plus loin dans ces pages — ont des effets sur leurs membres à domicile. Les changements technologiques qui ont rendu les communications plus faciles, moins chères et plus accessibles à l’échelle mondiale ont grandement facilité les actions de défense et de promotion. D’abord par télécopieur, et ces dix dernières années par courrier électronique et par téléphone, les Canadiens unis au sein de coalitions couvrant souvent cinq fuseaux horaires se sont mis à tisser de vastes réseaux 16. Les organisations du Sud ont de plus en plus accès, elles aussi, aux mêmes avantages grâce à des initiatives comme le projet Acacia, que le Centre de recherches pour le développement international a lancé afin d’aider les communautés de l’Afrique POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? 13 subsaharienne à mettre les technologies de l’information et de la communication au service de leur développement économique et social. en 1993. « Le gouvernement avait peu de personnel sur place et les voyages étaient difficiles et dangereux. Les organismes religieux et les ONG avaient d’excellents contacts21. » LEURS SUCCÈS « Les OSC sont souvent la seule voix dont disposent les groupes pauvres, opprimés ou minoritaires de la société. » CIVICUS World mai–juin 1998, p. 3. Au Canada, certaines organisations qui ont su répondre aux besoins des Canadiens se sont révélées de remarquables succès 17. Il existe également des indications — moins catégoriques, cependant — que les organisations au service du développement ont mieux réussi que leurs homologues publiques dans la mise en œuvre de l’aide à l’étranger 18. La chose tient en partie au fait que la majorité des OSC du développement, qui ont des moyens financiers limités, doivent se démener pour en tirer un meilleur parti et aussi au fait que beaucoup ont axé leur activité sur les besoins précis (et changeants) de leurs partenaires d’outre-mer. Il y a peut-être aussi que les ONG ont une plus vive conscience du fait que les projets ne constituent pas, en eux-mêmes, « le développement ». Cette réalisation a conduit, par exemple, à des expériences canadiennes réussies dans le domaine du microcrédit, où les communautés ont créé des banques « alternatives » pour rendre les prêts plus accessibles aux pauvres, et surtout aux femmes. Elle a mené à des succès dans la reconstruction après-conflit, par exemple au Salvador, où un effort de reboisement a aidé à rebâtir la paix. La création de capacités a aussi contribué au renforcement de la voix des femmes dans les syndicats et amélioré ce faisant leurs conditions de travail 19. Le revers de la médaille Toutefois, ces points forts constituent une seule face de la société civile. S’il faut féliciter ses organisations pour l’excellent travail que font un nombre grandissant de leurs bons éléments, on doit en même temps reconnaître qu’elles ont des défis à surmonter. L’ I N T É R Ê T P U B L I C O U DES INTÉRÊTS SPÉCIAUX ? Les OSC sont de plus en plus « branchées » politiquement et agissantes dans les cercles de l’élaboration des politiques. Pour certains, il faut se féliciter de ce plus grand sens de la politique. Après tout, comment un groupe peut-il continuer à traiter les symptômes de la pauvreté — que ce soit par les banques alimentaires au Canada ou l’aide alimentaire outre-mer — sans traiter ses causes ? N’est-ce pas dans l’intérêt public de sensibiliser les responsables des politiques aux réalités de la vie communautaire, puisque leurs décisions peuvent changer quelque chose ? Parmi les autres innovations, il y a eu une concentration sur de plus petits projets, une décentralisation des moyens de contrôle et une plus grande attention portée aux gens, notamment aux femmes20. Mais la chose la plus importante, comme l’a expliqué l’ancien député canadien Walter McLean est peutêtre la connaissance approfondie qu’ont les ONG des autres peuples et des autres pays, c’est-à-dire la clé du succès pour tout programme d’aide. « Pendant la période de tumultes en Amérique centrale, les organismes religieux et les ONG étaient les meilleures sources d’information pour le gouvernement du Canada », a-t-il écrit 14 Étant donné les dimensions de ses programmes, l’étroite surveillance de ses actions et la complexité de son administration, l’ACDI — comme d’autres gros organismes gouvernementaux — a découvert qu’il est plus difficile et plus coûteux pour elle d’essayer des démarches non éprouvées. C’est l’argument que Betty Plewes, présidentedirectrice générale du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI), a avancé dans une lettre adressée en 1996 à l’honorable Pierre Pettigrew, ministre de la Coopération internationale et ministre responsable de la Francophonie : Si le développement, c’est renforcer la société civile et satisfaire les besoins humains essentiels; donner plus de pouvoir aux gens à travers la participation populaire aux décisions politiques, économiques, sociales et environnementales qui influent sur leurs vies; si c’est en fait la démocratisation par la participation, développer les RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 capacités de la collectivité à partir du bas, permettre aux pauvres d’avoir une certaine maîtrise de leur destinée, se montrer réceptif aux besoins locaux, et consolider les liens entre la croissance économique et le développement humain; si c’est créer des relations entre les sociétés civiles au Nord et au Sud, alors les ONG du Sud et du Nord sont exceptionnellement équipées pour jouer un rôle central. Il n’est ni convenable, ni acceptable de traiter simplement les ONG comme une filière pratique pour acheminer l’APD canadienne, ou bien comme un prolongement de la politique étrangère du Canada22. D’autres, en revanche, craignent que le travail accompli par les OSC pour influencer la politique ne soit pas dans l’intérêt public, mais fait pour servir des intérêts très particuliers — les leurs. Commentant la façon dont Maurice Strong a présidé le Sommet Planète Terre en 1992, Peter Foster a écrit dans le « Report on Business » du Globe and Mail que « [...] la majorité [des ONG] sont en réalité des groupes au service d’intérêts spéciaux — surtout les groupes écologistes, qui prennent les contributions du public mais ne possèdent pas de structure démocratique. Qui plus est, malgré leur nom, elles ont fréquemment accès à l’argent des contribuables, souvent par l’intermédiaire des organisations créées par Strong, et elles tendent à avoir une large sympathie pour son programme de réglementation, interventionniste23. » Le fait est que, ces dernières années, plusieurs de nos décideurs se sont mêlés au débat sur l’intérêt public ou l’intérêt particulier. Ainsi le député libéral John Bryden a-t-il monté une campagne en faveur d’une réglementation et d’un contrôle plus étroits des organismes de charité, en accusant certaines organisations (qu’il n’a pas nommées) de servir de devanture à des organisations terroristes24. À la suite du budget de 1993, les craintes d’une influence exagérée ont amené le gouvernement fédéral à entamer une Revue du financement des groupes d’intérêts, afin de se pencher sur le soutien apporté aux groupements servant des « intérêts spéciaux ». Le gouvernement a finalement décidé de déléguer à ses divers ministères ou organismes la responsabilité des décisions financières : financer ou non le travail de défense et de promotion, et CHAPITRE UN réduire ou non — et dans quelle mesure — le financement accordé à certaines OSC. CIVICUS, une alliance mondiale de groupes de premier plan au service du développement, déclare : « D’importantes raisons justifient la participation des OSC au débat de la politique publique. Les OSC sont souvent la seule voix dont disposent les groupes pauvres, opprimés ou minoritaires de la société. Et il est également dans le plus grand intérêt du public — et de l’électorat, spécialement — d’avoir accès à l’information qui est cruciale pour l’arrêt de solides décisions. On devrait donc permettre aux OSC de mener des activités dans le domaine de la politique publique, comme un travail d’éducation, de recherche ou de défense et de promotion et la publication de prises de position, par tous les moyens légaux25. » Une façon de défendre le principe de la participation à la politique publique, c’est de s’attaquer de front aux critiques. Et c’est la démarche qu’a adoptée la Table ronde du secteur bénévole (TRSB). Cette dernière, dirigée par l’honorable Ed Broadbent, ancien chef du Nouveau Parti démocratique, est un groupement d’organisations et de coalitions nationales non constitué en personne morale, qui s’est formé en 1995 pour donner une voix plus puissante au secteur bénévole, des œuvres de charité, du Canada. Afin d’améliorer la relation du secteur avec le gouvernement fédéral et de favoriser l’instauration d’un cadre législatif et réglementaire qui l’appuie, la TRSB a rédigé des exposés, parrainé des conférences, présenté des mémoires au Parlement et tâché de hausser la visibilité des OSC au Canada26. Pour familiariser le public avec son activité, elle a publié en 1998 un document intitulé Aider les Canadiens à aider d’autres Canadiens et destiné à déclencher des discussions sur les mesures d’autoréglementation qu’elle propose ainsi que sur les changements à apporter dans la fiscalité et la surveillance réglementaire du gouvernement. D’autres efforts ont été déployés au sein de la communauté du développement international. Par exemple, le CCCI a introduit en 1995 un code de conduite pour veiller à ce que ses membres aient une conduite éthique et donner au public l’assurance que POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? 15 des normes s’appliquent. Le code traite de trois grands sujets : la vision du développement, les principes éthiques et les règles de conduite. La vision énonce les idéaux, centrés sur le service des pauvres, la durabilité sur les plans économique et écologique, et la répartition équitable du pouvoir et de la richesse. Les principes éthiques ont à voir avec l’administration équitable et impartiale, l’intégrité, la transparence, l’utilisation convenable des fonds, la reddition de comptes aux donateurs et la vérité dans les collectes de fonds. Les règles de conduite précises couvrent des sujets comme l’indépendance et l’activité du Conseil, la production en temps voulu d’états financiers vérifiés et les dispositions concernant les marchés passés. Il existe également un débat quant à savoir si les organismes de charité du Canada donnent une fausse idée de leur activité à un public trop confiant, comme l’ont affirmé certains reportages des médias dans les années 1990 27. Ce débat est attisé par une tendance insidieuse qui s’est développée chez les sociétés de relations publiques du secteur privé : « l’invention » d’organisations de la société civile. Parmi ces créations, on trouve entre autres : le Conseil du vinyle du Canada, chargé de promouvoir l’emploi du plastique PVC; la Forest Alliance of British Columbia qui fait la promotion de l’exploitation forestière; et la Global Climate Coalition (ayant son siège aux États-Unis) qui cherche notamment à limiter l’éventuelle restriction des combustibles fossiles. Le phénomène est encore plus prononcé aux États-Unis, où une fausse organisation sans but lucratif — appelée Citizens for a Free Kuwait — a réussi à tourner l’opinion en faveur de la Guerre du golf Persique, promue auprès des médias dans le cadre de la campagne « Tempête du désert »28. C’est une pratique qui existe aussi dans d’autres régions du monde, comme nous l’avons signalé dans Civil Society and The Aid Industry, qui relate l’apparition intermittente (et préjudiciable) d’organisations « bidon » au Kenya, en Hongrie et au Pérou, en réaction à l’enthousiasme aveugle que les donateurs ont démontré pour les OSC29. Ces tendances et les accusations portées viennent menacer la légitimité de toutes les OSC et des organisations contestataires. 16 On peut avancer que les « brebis galeuses », et les réactions exagérées qu’elles attirent, minent la démocratie elle-même. En réalité, la majorité des organisations canadiennes enregistrées et non enregistrées ne se livrent pas à la défense et à la promotion d’une cause, bonne ou mauvaise : environ 5 p. 100 seulement des ONG au service du développement le font 30. De fait, la plupart des OSC se créent pour poursuivre des intérêts personnels, religieux, sportifs, artistiques, ou ludiques. Certaines sont à la recherche, c’est vrai, de politiques qui les avantageront dans leur travail ou leurs avoirs. Et une fraction seulement militent pour des changements. Dans toute discussion sur la société civile, il faut se rappeler ce large éventail d’objectifs et d’activités. UN DEMI-SUCCÈS On a une deuxième raison de s’interroger sur l’enthousiasme démontré pour la société civile : son rôle peut signaler des échecs plutôt que des succès dans la façon dont nous gérons notre société. L’appui rhétorique et financier apporté au secteur bénévole repose en partie sur l’espoir que des secteurs non payés et sous-payés de la société mèneront à bien des programmes sociaux abandonnés par les gouvernements fédéral et provinciaux. En faisant l’éloge de la société civile comme prestataire de services clés, on cache peut-être tout simplement le fait que des programmes centraux sont négligés par le secteur public. Dans l’ensemble de l’administration fédérale, et surtout depuis la réélection en 1993 du présent gouvernement libéral, les pressions ont redoublé pour que ministères et organismes consultent davantage les Canadiens au moyen de conférences, de rencontres, d’enquêtes, etc., et mettent plus largement l’information à leur disposition31. Parmi les exemples mentionnés dans ce Rapport canadien sur le développement, on trouve le Comité de consolidation de la paix, les consultations annuelles sur les droits de la personne organisées par le ministère des Affaires étrangères et les réunions annuelles tenues par l’ACDI avec les ONG au service du développement. Dans leur deuxième livre rouge de promesses électorales, les Libéraux se sont aussi engagés à appuyer le secteur bénévole. Un groupe RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 interministériel fédéral, appelé le Groupe de travail sur le secteur bénévole, s’est constitué avec l’appui du Bureau du Conseil privé. Ce groupe de travail, qui doit déposer des recommandations à l’automne 1999, montre que le gouvernement est bien décidé à au moins étudier la situation des OSC. Le Premier ministre Jean Chrétien a pris la parole à la conférence de l’Association internationale pour l’effort volontaire en 1998, où le ministre des Affaires étrangères Lloyd Axworthy a annoncé l’affectation d’une subvention de 15 millions de dollars à un nouveau réseau appelé VolNet, pour relier les organisations canadiennes entre elles et à l’Internet. M. Chrétien a déclaré : « Par conséquent, lorsque je parle de notre volonté de bâtir un partenariat nouveau et durable, c’est bien un partenariat que je veux dire. Une alliance véritable à l’échelle de notre société. Entre tous les gouvernements du Canada, le secteur bénévole, les entreprises et les Canadiens engagés. Où tous se donnent la main pour bâtir un pays meilleur32. » Les conséquences ? Elles sont sérieuses, d’après les plus touchés. L’Enquête sur les organismes communautaires de Toronto, par exemple, rapporte des augmentations de la demande chez la majorité des organismes de la ville, en particulier ceux qui offrent des secours téléphoniques, des centres de dépannage, de la nourriture, des vêtements et des services de dépistage. Le fait est que beaucoup de grandes villes, Toronto en tête, ont maintenant décrété que le problème des sans-abri est une « catastrophe nationale ». En même temps, les organismes eux-mêmes ont perdu une partie de leur financement, tant du côté du gouvernement que du côté des particuliers et des sociétés. Certaines organisations ne s’en sont pas remises : comme le rapporte l’Enquête sur les organismes communautaires de Toronto, cinq fois plus d’organismes de service social ont fermé en 1996 qu’en 1992 et le tiers des organisations ont dû réduire leurs effectifs35. Dans un exposé destiné à la Table ronde du secteur bénévole, Susan Phillips écrit : Cette ouverture réjouit bien des organisations, dont le CCCI, car elle vient légitimer l’action des OSC tant sur le front de la politique que dans les tranchées. Cependant, cet encouragement paraît étrange à une époque où le financement fédéral et provincial destiné aux services sociaux et à l’aide outre-mer — et alloué à certaines des OSC qui fournissent ces services — a chuté. Le financement que les provinces ont reçu du fédéral a dégringolé, et certaines ont décidé de retrancher d’autres morceaux du gâteau des services sociaux. Selon l’interprétation que le Centre canadien de politiques alternatives a faite des récents budgets, les dépenses de tous les paliers de gouvernement sont tombées de 40 p. 100 du produit intérieur brut (PIB) en 1992 à 33 p. 100 en 1997. Le retrait de ces 7 p. 100 du système — équivalant présentement à 60 milliards de dollars — a eu d’importantes conséquences pour les gens pauvres du Canada33. La réaction des provinces, surtout l’Alberta et l’Ontario, a consisté à limiter l’accès aux programmes sociaux et aux prestations d’aide sociale : en Ontario, par exemple, le seul budget du bien-être social a été amputé de 21 p. 100 34. CHAPITRE UN POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? Au cours des dernières années, le soutien offert par le gouvernement aux organismes bénévoles a chuté considérablement. En 1986-1987, le gouvernement Mulroney a commencé à supprimer les subventions et contributions accordées à certains groupes. Depuis ce temps, presque tous les budgets comprenaient de nouvelles réductions globales importantes. […] Les Libéraux ont continué à appliquer la politique des Conservateurs. Dans le budget de 1995, les réductions n’étaient plus globales mais plutôt sélectives, visant particulièrement les groupes engagés dans des activités de défense et d’éducation publique, et un examen approfondi du financement des groupes d’intérêt a été annoncé. […] Par ailleurs, les fonds affectés aux Organisations nationales bénévoles (ONB) ont été réduits de moitié; ceux des groupes financés par des subventions nationales au bienêtre social (p. ex., l’Organisation nationale antipauvreté (ONAP) et les Clubs de garçons et filles du Canada) ont été réduits de 15 % et ceux des groupes multiculturels, de 24 % sur trois ans. On ne peut facilement remplacer des réductions aussi importantes avec de l’argent du secteur privé. Le Centre canadien pour la philanthropie a estimé que pour chaque pourcentage de réduction des subventions gouvernementales aux organismes de charité, il faudrait une augmentation correspondante de 5,8 % des dons individuels et de 49 % des dons des sociétés seulement pour maintenir le statu quo36. 17 Il est donc nécessaire que les Canadiens participent aux débats de la politique à d’autres moments et d’autres manières qu’en votant. C’est l’objectif du travail que le gouvernement canadien entreprend en faisant la promotion de la société civile dans d’autres pays. Il s’est produit une baisse similaire dans le cas des ONG œuvrant à l’étranger. Le financement pour l’ensemble de l’aide publique au développement n’a cessé de diminuer depuis son niveau maximum de 0,53 p. 100 du PNB en 1975-197637, et il est censé atteindre un plancher de 0,27 p. 100 (ou 2,36 milliards de dollars) en 1998-199938. Entre 1994 et 1997, le financement destiné aux ONG est tombé de 338 à 269 millions de dollars39. La majorité des ONG qui se consacraient exclusivement à l’éducation en matière de développement — pour tenter d’éduquer les Canadiens au sujet des dossiers et enjeux Nord-Sud — se sont vu couper tous les fonds; résultat, un grand nombre ont disparu. De toute évidence, la stratégie de compter sur les organisations bénévoles pour combler les vides laissés par le financement décroissant des services sociaux et du développement au Canada ne fonctionne pas. UNE CRISE DANS L A R E P R É S E N TAT I O N Ces tiraillements au sein de la société canadienne — les compressions pratiquées dans le financement des services sociaux et dans l’aide à l’étranger, les voix de plus en plus puissantes (et nombreuses) s’exprimant sur la politique publique — font ressortir les limitations du système politique. Aucun système démocratique — et, chose certaine, aucun système parlementaire national — ne peut représenter tous les gens d’une façon égale et aussi bonne. Il est donc nécessaire que les Canadiens participent aux débats de la politique à d’autres moments et d’autres manières qu’en votant. C’est l’objectif du travail que le gouvernement canadien entreprend en faisant la promotion de la société civile dans d’autres pays 40. Le problème vient de ce que le système canadien n’est pas fait pour écouter les groupes de l’extérieur : les mécanismes de consultation, de négociation, de représentation, de discussion et de conciliation laissent souvent à désirer, comme le montrent clairement les choses relatées dans ce RCD 41. Et même si ces groupes se font entendre, qu’est-ce que les décideurs sont censés faire avec leurs opinions ? L’argumentation 18 tourne généralement autour de la représentation — Qui le groupe représente-t-il ? Qui a voté pour lui ? — et des comptes à rendre — Qui prend les décisions ? Qui doit en répondre ? Dans un article que le Globe and Mail a publié en 1997, Barbara McDougall, ex-ministre des Affaires étrangères, a posé précisément ce genre de questions : L’influence des diplomates à costume rayé, qui ont été de toute éternité les yeux et les oreilles de la nation dans les lointaines contrées, est aujourd’hui supplantée par les pressions très évidentes de divers intérêts non reliés. [...] Qui, par exemple, définit l’intérêt public, par opposition aux intérêts « spéciaux » ? [...] Point le plus important pour les gouvernements, qui est responsable — et devant qui ? [...] Il reste à déterminer comment le gouvernement va réagir à cette fragmentation de l’intérêt, mais chose certaine, la politique étrangère ne sera plus jamais la même42. Elle craint qu’il ne reste plus personne pour peser l’intérêt national, que la politique ne résulte de la lourde influence déployée par les plus « bruyantes » des OSC. Les universitaires Fen Hampson et Dean Oliver ont avancé le même genre d’argument dans une critique de la position politique adoptée par notre ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy : Il importe de se demander pour qui parle ce vaste assortiment d’organisations dont les intérêts, les sources de fonds et les clientèles (tant nationales que mondiales) diffèrent. Parlent-elles tout le temps dans l’intérêt du public canadien ? Se rangent-elles toujours du côté des anges et donnent-elles cette impression au Canadien moyen ? La prolifération généralisée des ONG, qui ont de plus en plus un accès privilégié au gouvernement pour la bonne raison qu’elles sont bien financées, bien organisées et politiquement mobilisées, soulève de profondes questions sur le sens de la démocratie représentative dans un monde de plus en plus interdépendant. Comme J.L. Granatstein a récemment demandé devant un auditoire d’experts en politique étrangère sur le maintien de la paix, « qui a élu les ONG ? » 43. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Ce mot de la fin souvent répété — qui a élu les ONG ? — pose exactement la mauvaise question. En le disant, on suppose que la seule façon dont les Canadiens peuvent influencer leur mode de gouvernement, c’est en votant. On critique les gens qui s’organisent pour la raison qu’ils le font. On fustige les gens qui tentent d’influencer les personnes et les organisations dont les décisions influent sur leur vie et leur travail. On suppose que les bureaucrates — souvent déconnectés de leurs ministres, qui peuvent être eux-mêmes très isolés de l’électorat qui les a portés au pouvoir — prennent des décisions plus « démocratiques » que celles que pourraient proposer les gens à l’extérieur des ONG. On semble oublier la tradition canadienne des consultations régulières entre gouvernements et milieux d’affaires, syndicats et partis politiques, avant la prise des décisions et l’affectation des ressources. 4 Le Conseil canadien pour la coopération internationale compte 100 ONG parmi ses membres; une cinquantaine d’autres travaillent également dans le domaine du développement. La différence, de nos jours, c’est que les voix sont souvent bruyantes et brutales. Elles sont parfois irresponsables, fréquemment embarrassantes, et ne sont pas ellesmêmes à l’abri de la faute ou du subterfuge. On ne doit pas les accueillir inconditionnellement dans le débat sur la façon de gouverner le Canada, mais il ne faut pas non plus les priver de leur droit à la parole. Ces voix sont essentielles à une véritable démocratie, engagée, combative, impolie et criarde. Après tout, n’est-ce pas le propre de la démocratie ? 10 Tomlinson, ibid. 5 Cette estimation est tirée d’un récent article de Lester M. Salamon, intitulé « The Rise of the Nonprofit Sector », dans Foreign Affairs, vol. 73, no 4, p. 109 à 122; les chiffres cités figurent à la page 111. 6 Voir André Picard, A Call to Alms : The New Face of Charities in Canada. 7 Ibid., p. 3. 8 En 1996-1997, l’ACDI a subventionné des ONG de développement et d’autres organisations non gouvernementales pour leur activité dans 79 pays en développement. ACDI, Rapport statistique sur l’aide publique au développement, AF 1996-1997, ronéotypé, inédit, 1998, tableau M. 9 Ces chiffres visent l’année civile 1996, soit l’année la plus ancienne dont on dispose pour des comparaisons. OCDE, Comité d’aide au développement, Coopération pour le développement — Efforts et politiques des membres du Comité d’aide au développement, Rapport 1997, Paris, OCDE, 1998, tableau 13. On a utilisé un taux de change de 1 $ US = 1,3635 $ CAN. Le total des apports aux ONG que l’ACDI a comptabilisé dans l’année financière 1996-1997 s’est élevé à 269 millions de dollars, mais on ne dispose pas de chiffres pour les dépenses des ONG. Voir aussi Brian Tomlinson, Canadian International Cooperation NGOs : Trends in the 1990s, Ottawa, CCCI, 1998, ronéotypé, p. 16. 11 Angus Reid Group, International Development Study for the CCIC, Ottawa, CCCI, février 1990. 12 Margaret Catley-Carlson, « Moving Ahead in the Eighties : CIDA and Canada’s NGOs ». Notes pour une allocution à la séance d’information sur le gouvernement du CCCI, 6 octobre 1983, p. 7 et 8. 13 Nona Grandea, « Choosing the Right Policy Levers : Drawing Lessons from the Government of Canada’s Interventions in South Africa », Ottawa, L’Institut NordSud, 1995, rapport inédit. 14 Le Programme des Nations Unies pour le développement rapporte que le PIB par habitant en Afrique subsaharienne est tombé d’un maximum de 634 $ en 1980 (dollars US de 1987) à 507 $ en 1994. PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1997, New York, Oxford University Press, 1997, tableau 47. RENVOIS 15 « Church groups call for debt relief in 2000 », article affiché dans le site Web de CharityVillage NewsWeek News, le 19 octobre 1998; voir www.charityvillage.com/charityvillage/morg4l.html (accès en novembre 1998). L’auteur tient à remercier les personnes qui ont apporté leurs commentaires sur les ébauches de ce chapitre. Elles sont, par ordre alphabétique, Roy Culpeper, Michelle Hibler, Don McRae et Brian Tomlinson. 16 Alison Van Rooy, « The Frontiers of Influence : NGO Lobbying at the 1974 World Food Conference, the 1992 Earth Summit and Beyond », dans World Development, vol. 25, no 1, janvier 1997. 1 Selon une nouvelle étude, il s’est produit de réels changements, visibles, à la Banque mondiale après les nombreuses années de travail de défense et de promotion par les ONG. Voir Jonathan A. Fox et L. David Brown, The Struggle for Accountability : The World Bank, NGOs, and Grassroots Movements, Cambridge (MA) et Londres, MIT Press, 1998. 17 Pour avoir des exemples, voir Picard, 1998; et Conseil canadien de développement social, publications répertoriées à www.ccsd.ca/pubsindx.html (accès en novembre 1998). 2 André Picard, A Call to Alms : The New Face of Charities in Canada, Toronto, The Atkinson Charitable Foundation, 1998, p. 3; voir aussi www.atkinsonfdn.on.ca (accès en novembre 1998). 3 Statistique Canada et autres, Canadiens dévoués, Canadiens engagés : points saillants de l’Enquête nationale de 1997 sur le don, le bénévolat et la participation, Ottawa, 1998, figure 3.1. Les chiffres de la « participation » reposent sur les réponses aux questions de l’enquête concernant l’adhésion ou l’association à une organisation ou à un groupe. CHAPITRE UN 18 Le survol le plus complet de la littérature sur l’efficacité se trouve sans doute dans Erik Kruse Stein, Timo Kyllönen, Satu Ojanperä, Roger C. Riddell, Jean-Louis Vielajus et autres, Searching for Impact and Methods : NGO Evaluation Synthesis Study, Helsinki, ministère des Affaires étrangères [de Finlande], mai 1997. 19 Certains de ces exemples sont tirés de la liste des lauréats du Prix de coopération internationale. Voir CCCI, Les pratiques de développement : les ONG canadiennes innovent, Ottawa, 1997 et 1998. POURQUOI, LA SOCIÉTÉ CIVILE ? 19 20 Margaret Catley-Carlson, « Making Choices : The Future Roles of NGOs ». Notes pour une causerie à la réunion consultative ONG/Direction générale des programmes spéciaux de l’ACDI, Ottawa, 15 février 1988. Citée dans CCCI, « Mind If I Cut In? », dans Report of the CCIC Task Force on CIDA-NGO Funding Relationships, Ottawa, octobre 1988. 21 Walter McLean, président du Sous-comité parlementaire du développement et des droits de la personne, 1993. Cité dans Les pratiques de développement : les ONG canadiennes innovent, Ottawa, CCCI, 1997, p. 12. 22 CCCI, lettre de Betty Plewes à l’honorable Pierre Pettigrew, ministre de la Coopération internationale et ministre responsable de la Francophonie, 28 août 1996. 23 Peter Foster, « The Fixer », dans Report on Business Magazine, novembre 1998, p. 110 à 120. 39 Tomlinson, « Canadian International Cooperation NGOs », p. 16. 40 Mark Robinson et Alison Van Rooy, « Out of the Ivory Tower : Civil Society and the Aid System », dans Alison Van Rooy (dir.), Civil Society and the Aid Industry : The Politics and Promise, Londres, Earthscan/L’Institut NordSud, 1998. 41 Il existe toutefois des exceptions. Voir Abele et autres, Parler avec les Canadiens, 1998. 42 Barbara McDougall, « How interest groups are shaping foreign policy », The Globe and Mail, 1er août 1997, p. A23. 43 Fen Osler Hampson et Dean F. Oliver, « Pulpit diplomacy : a critical assessment of the Axworthy doctrine », dans International Journal, vol. LIII, no 3 (été 1998), p. 379 à 406; p. 401. 24 « Charities could be funding foreign terrorists, MP says : Bryden calls for tighter regulation of non-profit organizations », The Globe and Mail, 18 novembre 1998, p. A5. 25 CIVICUS World, bulletin de CIVICUS – World Alliance for Citizen Participation, mai-juin 1998, p. 3. 26 Description tirée du site Web de la Table ronde du secteur bénévole (TTSB ). Voir www.web.net/vsr-trsb/brochure-f.html (accès en novembre 1998). 27 En 1995, le réseau CBC a diffusé un reportage sur CARE Canada qui a amené l’organisation à intenter des poursuites pour faits inexacts. De même, un livre de Walter Stewart, intitulé The Charity Game : Greed, Waste and Fraud in Canada’s $86-billion-a-year Compassion Industry et publié en 1996, a été retiré de la circulation quand l’auteur a été menacé d’un procès sous prétexte de recherches erronées. En septembre 1998, la revue Maclean’s a publié un article également controversé sur les budgets mal dépensés des organismes de charité. 28 Guy Crittenden, « Flack Attack », The Globe and Mail, 31 octobre 1998, p. D1. 29 Alison Van Rooy (dir.), Civil Society and the Aid Industry: The Politics and Promise, Londres, Earthscan/L’Institut Nord-Sud, 1998. 30 Alison Van Rooy, « The Altruistic Lobbyists : The Influence of Non-Governmental Organizations on Development Policy in Canada and Britain », doctorat en philosophie (relations internationales), Université d’Oxford, 1994. 31 Parler avec les Canadiens offre des études de cas concernant certains de ces importants mécanismes de consultation. Frances Abele, Katherine Graham, Alex Ker, Antonia Maioni et Susan Phillips, Parler avec les Canadiens : l’engagement des citoyens et l’union sociale (sommaire exécutif), Ottawa, Conseil canadien de développement social, 1998. 32 « Notes pour une allocution du Premier ministre Jean Chrétien à l’occasion du 15e congrès biennal mondial des bénévoles de l’Association internationale pour l’effort volontaire », 24 août 1998. 33 Centre canadien de politiques alternatives et CHO!CES : Une coalition pour la justice sociale, Alternative Federal Budget Papers 1998, Ottawa, CCPA, 1998, p. 64. 34 Ibid., p. 145. 35 Municipality of Metropolitan Toronto, City of Toronto et Social Planning Council of Toronto, Profile of a Changing World : 1996 Community Agency Survey, Toronto, 1997. 36 Susan D. Phillips, « Redéfinition des rapports entre le gouvernement et le secteur bénévole : De fortes attentes et un appel au sens commun et à la sensibilité », exposé préparé pour la Table ronde du secteur bénévole. Voir www.web.net/vsr-trsb/publications/phillips-f.html (accès en novembre 1998). 37 David R. Morrison, Aid and Ebb Tide : A History of CIDA and Canadian Development Assistance, Waterloo, Wilfrid Laurier University Press, 1998, p. 16 et 17. 38 Brian Tomlinson, « Canada », dans Judith Randel et Tony German [Deborah Ewing (dir.)], The Reality of Aid 1998/1999, Londres, Earthscan, 1998, p. 44. 20 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE Ian Smillie Ian a 30 Smillie, ans expert-conseil d’expérience développement dans international administrateur, évaluateur en le développement, domaine comme et du praticien, rédacteur. C D E H U A P I T R E X LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE L es organisations de la société civile (OSC) du Canada qui travaillent dans le domaine du développement international doivent vivre avec des étiquettes ingrates. La plus connue est l’appellation « ONG » (organisation non gouvernementale), mais l’organisme d’aide officiel du gouvernement fédéral, l’Agence canadienne de développement international (ACDI), a également créé un autre Nos ONG doivent affronter aujourd’hui de nombreux défis : le besoin de professionnalisme; les problèmes de l’apprentissage, de l’évaluation et de l’effet de l’activité; les compromis entre l’indépendance et la tendance grandissante chez certaines à graviter vers la sous-traitance gouvernementale; et la question complexe du partenariat entre organisations du Canada et du Sud. nom — institution non gouvernementale (ING) — afin de distinguer les organisations pour lesquelles le développement international est un objet secondaire, plutôt que primaire1. Les organisations dotées de leurs propres sources de financement et celles financées par l’ACDI ne composent pas la totalité des OSC canadiennes participant au développement, mais elles constituent le segment le plus important et le plus évident. Dans ce chapitre, nous considérons leur évolution et leur relation avec le public au Canada. Nous examinons aussi les problèmes du professionnalisme, l’évolution des partenariats Nord-Sud ainsi que les compromis entre l’indépendance et l’importance du soutien financier venant du gouvernement. Une vue d’ensemble du secteur des ONG LES ORIGINES DES ONG DU CANADA Les ONG canadiennes ont leurs origines dans les mouvements missionnaires du XIXe siècle, et la majorité des églises conservent des activités de secours et de développement 22 outre-mer. Parmi les plus grosses, on trouve l’Organisation catholique canadienne pour le développement et la paix (OCCDP), le Comité central mennonite et l’Église unie du Canada. Des ONG laïques se sont mises à germer après la Deuxième Guerre mondiale. CARE Canada, OXFAM-Canada, Aide à l’enfanceCanada, Vision Mondiale Canada et Plan de parrainage du Canada ont commencé comme des branches d’organisations britanniques et américaines, dont certaines se sont dotées ultérieurement de programmes indépendants. Au cours des années 1960 et 1970, on a vu rapidement se multiplier les ONG nationales, comme l’Organisation canadienne pour l’éducation au service du développement (OCED), le Centre international MATCH et Horizons d’amitié. Aujourd’hui, le chiffre estimatif des ONG varie selon la définition qu’on utilise, mais leur nombre approche probablement de 300. Avec les quelque 200 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Après avoir apporté leur concours à l’étranger, les bénévoles sont revenus travailler dans presque tous les milieux de notre société. Beaucoup étaient des professeurs et le sont restés, et leur expérience a contribué à internationaliser les programmes scolaires au pays. Le personnel de la majorité de nos ONG, de l’ACDI et d’autres entreprises actives outre-mer est truffé de gens dont l’intérêt pour les affaires internationales date d’affectations qu’ils ont reçues comme bénévoles (voir l’encadré 1). Une part importante et grandissante du travail accompli par les ONG et les ING du Canada — jusqu’à 37 p. 100 — s’effectue en Afrique et au Moyen-Orient 2. Les Amériques viennent au deuxième rang avec 33 p. 100, les Caraïbes représentant 40 p. 100 dans ce pourcentage et Haïti se révélant de loin le plus gros pays bénéficiaire. Au troisième rang, on trouve l’Asie (23 p. 100) où l’activité des ONG se concentre nettement dans le sud du continent. D’une manière générale, ONG et ING sont beaucoup plus engagées dans le développement social que l’ACDI — surtout dans les secteurs de l’éducation et de la santé 3. CHAPITRE Un « réseau de vieux copains » — qui compte également un nombre important de « copines » — s’est ainsi formé dans ce qui est en fait une assez jeune industrie. Mais après le ralentissement que l’aide a affiché dans les années 1980 et le rétrécissement qu’elle a enregistré dans les années 1990, il existe maintenant moins de possibilités qu’avant pour les jeunes, et on a assisté à un « vieillissement » simultané chez les hauts dirigeants de nos ONG. L’ É V O L U T I O N D E L A P R O G R A M M AT I O N C H E Z L E S O N G Les discussions sur les ONG contiennent souvent beaucoup de généralisations : « les ONG font ceci », « les ONG pensent cela ». En réalité, elles ont développé un large éventail de styles, de philosophies et de formules de « programmation » au cours des 30 dernières années. Le point le plus important est peut-être l’accent sur le partenariat. Jusqu’aux années 1970, il était normal pour les ONG du Nord de concevoir les projets et de les diriger elles-mêmes à l’étranger, où le gouvernement du Sud assumait souvent le rôle de partenaire, de gardien ou de chaperon. Mais à l’arrivée des années 1980, un grand changement s’était amorcé. Dans de nombreux pays, surtout du Sud asiatique et de l’Amérique latine, de toutes jeunes ONG du Sud commençaient à montrer qu’elles pouvaient concevoir et diriger des projets D E U X LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE 23 A D R É 1 D’éminents journalistes canadiens — tels que Hugh Winsor et Jean Pelletier — ont été formés à l’école des ONG, tandis que d’autres comme Ann Medina, Peter Gzowski et Elizabeth Gray y sont entrés de temps à autre. On trouve des antécédents et des liens avec des ONG chez des dirigeants politiques provinciaux et municipaux, chez plusieurs chefs d’entreprise canadiens de premier plan et chez d’autres participants de la vie publique. Une bonne partie des hauts dirigeants de l’ACDI ont débuté dans le secteur des ONG et, ces dernières années, beaucoup d’employés de l’Agence ont pris des retraites anticipées pour aller travailler avec des ONG. De leur côté, des membres d’ONG canadiennes ont ensuite dirigé des activités internationales d’entreprises privées ou ont pris la tête de dizaines d’institutions et de programmes des Nations Unies. C Les organisations de la société civile, le gouvernement et le secteur privé ne vivent pas dans des compartiments étanches. Bien des acteurs de la vie publique au Canada sont passés à un moment donné par le secteur des ONG. Par exemple, plusieurs ministres fédéraux et un premier ministre ont participé, comme étudiants, à des séminaires de l’EUMC au Ghana et en Inde dans les années 1950 et 1960. Plusieurs anciens ministres fédéraux et provinciaux à la retraite ont aidé des ONG et des ING à programmer leurs activités et à mobiliser leurs financements, et aussi en faisant partie de leurs conseils d’administration. N Parmi les organisations les mieux connues figurent celles qui envoient des bénévoles à l’étranger. Le Canada possède plus d’une douzaine de ces ONG, dont le CUSO, l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), OXFAM-Québec, le Service d’assistance canadien aux organismes (SACO), le Centre canadien d’étude et de coopération internationale (CECI) et le Voluntary Service Overseas (VSO). La plupart n’ont pas pour seule préoccupation le placement de bénévoles ou de « coopérants », plusieurs s’étant diversifiées dans des activités-projets. Et le placement de personnel à des conditions de quasi-bénévolat occupe également une grande place dans le travail d’autres organisations. Ainsi, à la fin de 1998, la branche canadienne du Comité central mennonite avait près de 100 bénévoles en service outre-mer, le CECI environ 150, l’EUMC 100, le VSO 100, et le CUSO 200. LES CONNEXIONS E autres ING qui mènent des activités à l’étranger, le total des entités non gouvernementales canadiennes qui travaillent au développement international atteint approximativement 500. de façon plus efficace et efficiente que celles de l’étranger. A alors débuté une ère de « partenariats », où bien des organismes canadiens ont abandonné leur rôle opérationnel pour adopter une fonction de financement et de développement des capacités. E N C A D R É 2 C’est aussi le modèle qui a été préféré pour les ING et, aujourd’hui, la plupart œuvrent avec des homologues dans le Sud. C’est ainsi que les Travailleurs canadiens de l’automobile ont aidé des syndicats d’Afrique du Sud à assurer l’hygiène et la sécurité au travail, et une éducation en matière de harcèlement sexuel. De son côté, l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal a collaboré avec l’Université d’architecture d’Hanoï et celle d’Ho Chi MinhVille afin de produire une étude globale de la pauvreté urbaine; et celle-ci a conduit à la mise sur pied d’un programme de formation en gestion urbaine financé par l’ACDI, auquel participent l’Université de Montréal, U N N O U V E A U G E N R E D E PA R T E N A R I AT N O R D - S U D Le Projet Canada-Bangladesh de formation en politiques à l’intention d’ONG, démarré en 1993, cherche à développer et à entretenir les capacités d’ONG du Bangladesh et du Canada afin qu’elles puissent collaborer à l’analyse des politiques publiques et favoriser la participation du public aux décisions concernant le développement. Le projet, qu’appuie l’ACDI, fait intervenir deux ONG canadiennes (le CUSO et Inter Pares) et quatre organisations bangladaises (Nijera Kori, UBINIG, l’Association pour la réforme foncière et le développement, et la Société pour l’environnement et le développement humain). La collaboration dans le cadre du Projet Canada-Bangladesh a valorisé le travail de toutes les participantes, dont la résultante a dépassé la simple somme des composantes. Un projet s’est concentré sur les questions entourant l’élevage de la crevette dans le delta du Gange — qui posait des problèmes sous l’angle à la fois de l’environnement et des droits de la personne. Les partenaires, de concert, ont réussi à attirer l’attention de la région sur ce dossier et d’autres. Ainsi leur collaboration a-t-elle aidé à inscrire la traite des femmes et des enfants à l’ordre du jour de la réunion que les chefs de gouvernement de l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR) ont tenue en 1997, et il en est résulté une convention régionale à ce sujet. Elle a aussi mené à la mise sur pied d’une tribune permanente des ONG sud-asiatiques pour étudier le problème de la sécurité alimentaire dans une optique écologique. La confiance a été une des clés du partenariat. Le projet a démontré la bien plus grande efficacité du travail en coalition. Les partenaires ont aussi découvert que le maintien de la confiance — pas toujours aisé — requiert une attention constante. La clarté politique compte beaucoup pour l’efficacité des stratégies, mais les partenaires doivent être prêts à tolérer désaccords et différences d’optique. 24 l’Université de Calgary, l’École polytechnique de Montréal et la Fédération canadienne des municipalités. Au début des années 1990, le terme partenariat servait à désigner tant de choses qu’il ne signifiait presque plus rien. Certains partenariats sont complexes (voir l’encadré 2). D’autres se limitent pratiquement à une relation de financement : une ONG du Sud soumet une proposition à une ONG canadienne; cette dernière l’examine, la fait réviser, puis l’approuve ou la rejette. Un chargé de projet canadien effectue de temps en temps une visite, des rapports sont produits, et une évaluation est réalisée quelque temps après. Quand ils se sont aperçus que ce modèle ne différait pas tellement de la relation existant entre les gouvernements du Nord et leurs ONG, certains organismes publics — dont l’ACDI — se sont mis à court-circuiter les ONG canadiennes servant d’intermédiaires, et ont directement financé les organisations du Sud. Un bon nombre des ONG du Sud n’avaient pas trouvé grand ajout de valeur dans le rôle d’intermédiaires joué par celles du Nord, de sorte qu’elles se sont parfois réjouies de ce changement, même s’il n’était pas dénué de dangers. Deux autres tendances ont émergé dans les années 1990. La première — l’intensification des activités de secours de nos ONG — a résulté de la fréquence accélérée des guerres et des conflits armés qui ont éclaté après 1989, et de la complète dévastation de pays, d’économies et de populations qu’ils ont causée. L’ironie, pour certaines ONG comme CARE Canada et OXFAM-Canada, c’est qu’elles avaient vu le jour dans un tel climat de crise, et l’accroissement de ce travail de secours a marqué en quelque sorte un retour aux « sources ». Toutefois, le débat international qui s’est déchaîné dans les années 1990 autour du rôle et de l’efficacité de l’aide étrangère dans les situations de crise complexes a déclenché une profonde introspection chez les ONG humanitaires ainsi que chez les organismes bilatéraux et multilatéraux qui se sont interrogés sur la façon d’améliorer leur efficience et leur efficacité4. La deuxième tendance des années 1990 a été le changement modeste, mais perceptible, RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 CHAPITRE D E U X LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE 25 R É 3 On a reproché au parrainage d’enfants son coût administratif élevé, et quand l’argent donné est principalement consacré à l’enfant — conformément aux attentes de bien des parrains — cette situation risque de fausser les relations et le développement au sein des familles et dans tout le village. La majorité des grosses organisations parrainant des enfants se sont lancées dans le développement communautaire, et elles se sont données beaucoup de mal pour élargir le concept du parrainage et établir un lien entre l’enfant et sa communauté aux yeux des donateurs. L’attrait du parrainage n’en demeure pas moins le contact direct entre la personne qui donne et celle qui reçoit; et il reste à voir dans quelle mesure on peut étirer cet instrument d’autofinancement, simple et des plus efficaces, afin de le mettre au service d’une démarche de développement plus « holistique ». D En dehors des appels aux secours, le parrainage d’enfants est la technique de mobilisation de fonds à long terme qui connaît le plus de succès en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et au Japon. Le nombre global des enfants parrainés par trois organisations seulement — Vision Mondiale, Plan de parrainage et Fonds chrétien de l’enfance — a sauté de 700 000 en 1982 à 4,5 millions en 1996. Près de la moitié de tous les fonds recueillis au Canada vont à ces trois organisations et à une quatrième, la Société canadienne pour nourrir les enfants. A Les ONG entretiennent trois types de relation avec le public au Canada. La première, par le temps et le travail que leur offrent bénévolement les membres du public (voir le chapitre 1 et la section intitulée « Les organisations de la société civile et leur financement au Canada », p. 125). Le bénévolat joue également un rôle puissant dans la mobilisation de fonds et dans l’éducation en matière de développement que mènent les ONG canadiennes, ainsi que dans leur administration, souvent assurée par de larges réseaux de conseils et de comités régionaux. La principale forme de bénévolat réside dans l’activité que des dizaines de milliers de Canadiens ont exécutée et L E PA R R A I N A G E D ’ E N F A N T S C LES ONG ET LE PUBLIC CANADIEN La deuxième sorte de relation, elle aussi bénévole, se situe sur le plan de l’apport des fonds, souvent mobilisés par le parrainage d’enfants (voir l’encadré 3). Les ONG canadiennes œuvrant pour le développement recueillent approximativement 300 millions de dollars par an par le truchement des dons privés5, dont le plus gros vient de particuliers. En 1996, nos 17 plus grandes ONG recueillaient près de 68 p. 100 de tous les dons faits au Canada (Vision Mondiale Canada mobilisait à elle seule 26 p. 100 du total). De 200 à 300 ONG de moindre taille obtenaient les 32 p. 100 qui restaient. Une part quasi nulle de ce financement provient de fondations, et moins de 0,3 p. 100 des dons que font nos entreprises vont au développement international (c’est environ 12 p. 100 de ce que donnent les sociétés aux États-Unis)6. N Quoique pour bien des ONG du Canada le travail de défense et de promotion demeure une activité assez marginale, la campagne menée de 1992 à 1997 pour faire interdire les mines antipersonnel (et décrite au chapitre 6) a démontré l’utilité de « s’engager » dans un certain nombre d’organisations non militantes. Le blocage (ou report) en 1998 de l’Accord multilatéral sur l’investissement, qui a été en grande partie l’œuvre d’une large coalition d’ONG du Nord et du Sud exploitant l’Internet (et décrite au chapitre 8) a représenté un cas d’ONG battant les diplomates à leur propre jeu. À côté de l’action qu’elles mènent sur le front des politiques macroéconomiques, les ONG voient maintenant se multiplier les occasions d’influer sur les microéconomiques. continuent d’exercer à l’étranger, en se contentant de petites indemnités ou des salaires et avantages locaux. Bien que la nature, l’objet et la durée de ce genre de bénévolat se soient modifiés au cours des 30 dernières années, le nombre des participants en 1999 est probablement aussi élevé, sinon plus, qu’en 1969. E qui s’est produit dans le rôle de défense et de promotion des ONG — grâce, en partie, à l’interruption de la guerre froide, et à l’intérêt porté par le public aux droits de la personne et aux questions de bon gouvernement. Le travail de défense et de promotion, réservé jusque-là à quelques grosses ONG et à un vaste réseau de petits groupes militants, s’est transformé avec l’arrivée du courrier électronique et de l’Internet. La nouvelle technologie a accompli trois choses : elle a énormément amélioré l’accès à l’information; elle a aidé à l’établissement de nouvelles relations entre les organisations au service des droits de la personne, des travailleurs, de l’environnement et du développement; et elle a accéléré les communications de manière spectaculaire. Il ressort clairement de ces chiffres que « la lassitude des actes de compassion » est en fait un mythe de la société urbaine, qui a été sans cesse répété de façon inconsidérée. Tant les sondages d’opinion que les dons faits aux ONG montrent peu d’indications que le public est las des actes de compassion dans un quelconque pays du monde industrialisé7. Au Canada, une étude qui a comparé les dons privés faits à 13 grandes ONG entre 1991 et 1996 a révélé que, malgré des augmentations chez certaines et des diminutions chez d’autres, le financement cumulatif mobilisé avait enregistré une croissance nette de 11,6 p. 1008. C’est un chiffre confirmé par une étude que le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) a réalisée auprès de 35 organisations membres : elle a indiqué une croissance globale de 9,1 p. 100 dans leurs ressources privées entre 1992 et 1994 9. La figure 1 montre que les dons du public ont affiché une solide tendance à la hausse depuis les années 1960, même après la chute abrupte du financement de l’ACDI dans les années 1990. Il existe également un mythe au sujet du degré élevé de la dépendance des ONG envers l’ACDI. La dépendance individuelle varie radicalement, mais le total du soutien apporté par l’Agence aux ONG et aux ING F I G U R E 1 Les recettes des ONG du Canada (en millions $ US constants) 350 (autres que les collèges et les universités) atteignait 269 millions de dollars en 1996199710. Quand on prenait les 300 millions de dollars donnés par le public canadien, le rapport global de dépendance se situait autour de 47 p. 100; et si on ajoutait les revenus gagnés et les autres apports en nature et non monétaires, le niveau était encore moindre. Des études indiquent que toutes nos organisations de charité — nationales et internationales — reçoivent environ 56 p. 100 de leur financement du gouvernement 11. Il semblerait donc que les ONG et ING canadiennes au service du développement international soient en moyenne nettement moins tributaires du gouvernement que leurs homologues de la scène nationale. Le troisième type de relation entre nos ONG et le public — le travail de défense et de promotion et l’éducation en matière de développement — a un caractère plus politique. Cette activité s’est fondée en partie, à l’origine, sur les théories d’éducation des adultes développées par Paulo Freire, Ivan Illich et d’autres, et sur l’étincelle de créativité apportée par la première vague des bénévoles du CUSO qui sont rentrés dans les années 1960. Il en est résulté un réseau d’activités d’éducation communautaires, tentant de rattacher le développement aux propres expériences des gens. Tout au long des années 1970 et 1980, une éducation en matière de développement a été assurée par une multiplicité d’ONG, de centres de sensibilisation, de campagnes, et de programmes scolaires dans tout le pays. 300 250 200 150 100 50 0 -50 1996 1994 1992 1990 1988 1986 1984 1982 1980 1978 1976 1974 1969 1966-68 -100 Venant des particuliers Venant du gouvernement Source : OCDE, Coopération pour le développement : Efforts et politiques des membres du Comité d’aide au développement, Paris, diverses années. 26 En 1995, l’ACDI versait 11 millions de dollars à une centaine d’organisations pour mener un travail d’éducation en matière de développement, faisant du Canada l’un des plus grands soutiens en la matière chez les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Toutefois, cette éducation a pâti des doutes que l’ACDI et les ONG entretenaient à propos de son efficacité; de la dépendance qui existait à l’égard du financement du gouvernement; et des inquiétudes éprouvées que les programmes fussent en train de « prêcher les convertis ». En 1995, le ministre des Affaires étrangères, André Ouellette, annulait le programme. On décida que les centres de sensibilisation et les autres RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 établissements qui se consacraient exclusivement à l’éducation en matière de développement n’auraient plus droit à l’appui de l’ACDI. Étant financièrement tributaires de l’Agence, beaucoup ont fermé. Pendant que cette décision endommageait le fragile réseau national de l’éducation en matière de développement, l’ACDI encourageait les ONG qui menaient des programmes outre-mer à assumer un rôle plus actif dans le domaine, en leur permettant d’utiliser jusqu’à 10 p. 100 de son financement pour mobiliser le public. Mais étant donné les compressions globales pratiquées par l’Agence, cette disposition mettait au fond encore plus de pression sur une capacité en train de s’amenuiser. Il est peu probable que plus d’une fraction des 10 p. 100 prévus ait servi à l’éducation en matière de développement. LES ONG ET LE GOUVERNEMENT CANADIEN Les ONG ont une relation politique avec le gouvernement. Le CCCI, par exemple, a conduit plusieurs campagnes au fil des ans pour protéger et améliorer l’aide au développement. Sa plus grosse et la plus professionnelle — en commun — est peutêtre celle qu’il a lancée en 1998. Cette campagne, appuyée par plus de 100 organisations canadiennes, repose sur un programme en dix points qui vise à réduire la pauvreté dans le monde (voir le chapitre 4). Elle utilise des publications, des affiches, des colloques et un site Web afin de mobiliser le public et les décideurs autour des questions des droits de la personne, d’un ordre économique mondial plus équitable, du développement durable et d’une meilleure participation des citoyens à l’élaboration de la politique internationale du Canada. Malgré cela, la relation que les ONG et les ING ont avec le gouvernement est avant tout centrée sur le financement. Plusieurs filières et mécanismes fédéraux de financement entretiennent toute une gamme d’activités : Le programme (réactif) de soutien des initiatives extérieures de l’ACDI : Ce programme, qui a constitué initialement la principale source de l’appui du gouvernement, était fait pour financer les projets CHAPITRE d’ONG selon un système proportionnel : il allait apporter la contrepartie du financement recueilli ailleurs par les ONG, dans une proportion de un pour un, ou autre. Toutefois, dès le début des années 1980, l’ACDI était passée à des subventionsprogramme globales, pluriannuelles, pour les plus grosses organisations. Dans les années 1970, l’Agence a commencé à appuyer également les ING, comprenant associations professionnelles, syndicats, coopératives, collèges communautaires et universités. Des institutions professionnelles comme la Fédération canadienne des municipalités, l’Association du barreau canadien, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, et le Programme canadien d’immunisation internationale géré par l’Association canadienne de santé publique, ont reçu l’appui de l’ACDI. Ces dernières années, plusieurs syndicats se sont mis à recueillir des fonds auprès de leurs membres pour financer des activités internationales; ces financements sont devenus eux aussi admissibles au soutien de contrepartie de l’ACDI. Les fonds spéciaux : Au début des années 1980, l’Agence a commencé à adopter une démarche plus proactive pour le financement des ONG : elle a créé plusieurs fonds spéciaux qui allaient encourager les ONG à se lancer dans de nouvelles régions ou de nouveaux secteurs. Une douzaine ou plus de ces fonds, généralement assortis de conditions de contrepartie nettement plus généreuses, ont été mis sur pied pour les Philippines, le Mozambique, le Cambodge, Haïti, l’environnement et la consolidation de la paix. L’action convergente : Comme autre évolution, il y a eu l’adoption de la formule appelée « l’action convergente », où les programmes d’aide bilatéraux (c’est-à-dire de gouvernement à gouvernement), qui avaient compté presque exclusivement sur le secteur privé pour fournir biens et services, ont élargi leur conception du « mécanisme de mise en œuvre » afin d’ajouter les ONG, les universités et les associations professionnelles comme agents d’exécution. Dans quelques cas, l’ACDI a encouragé des partenariats entre des organisations à but lucratif et d’autres sans. D E U X LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE 27 4 Deux organisations qui possèdent chacune une solide assise au Canada — la Fondation Aga Khan et Vision Mondiale — ont introduit de nouvelles variations sur le thème du partenariat Nord-Sud. E N C A D R LES NOUVELLES STRUCTURES D’ENTREPRISE É Certaines ONG ont craint d’être cooptées comme agents d’exécution, de sacrifier leur indépendance aux besoins et aux exigences des programmes bilatéraux. Mais d’emblée, le plus gros des projets que les ONG ont menés dans le cadre de l’action convergente ont été conçus par elles et non l’ACDI. Les ONG soumettaient leurs idées sans formalités; • La Fondation Aga Khan ne reconnaît en fait aucune division institutionnelle entre le Nord et le Sud. La fondation, créée à Genève en 1967, est une organisation qui encadre un large éventail d’institutions autonomes, composant l’Aga Khan Development Network (AKDN). Ce réseau, qui devait initialement profiter aux communautés ismaéliennes d’Asie et d’Afrique, a ensuite étendu son action à une gamme bien plus large de bénéficiaires, par le truchement de ses hôpitaux, de ses cliniques, de ses centres sanitaires, de ses établissements d’enseignement, de son université, et de ses programmes de soutien culturel, économique et commercial. Les gros programmes de développement rural que l’AKDN a déployés en Inde et au Pakistan ont institué des démarches toutes nouvelles en matière de développement communautaire et de mobilisation de ressources; de son côté, la Fondation Aga Khan Canada a instauré des partenariats de longue durée avec de nombreuses initiatives de développement indépendantes en Asie et en Afrique. Avec les affiliés qu’il compte en Afrique, en Asie centrale et du Sud, en Europe et en Amérique du Nord, l’AKDN est devenu un réseau d’alliances unique en son genre, pourvu de solides racines institutionnelles au Nord comme au Sud. • Vision Mondiale a débuté comme beaucoup d’autres organisations de secours du Nord, se distinguant les premières années par une forte personnalité américaine et la réputation de pratiquer un solide évangélisme chrétien. Vision Mondiale a commencé à se développer dans les années 1970, étendant ses collectes de fonds à de nouveaux pays et se fixant une cible de développement dans ses programmes. Des influences européennes, plus un changement graduel pour embrasser le grand courant de la chrétienté, ont davantage contribué à la transformation de l’organisation dans les années 1980. La création de Vision Mondiale Internationale a marqué une importante rupture structurelle avec le passé : la formulation des orientations a alors incombé à un Conseil de partenariat triennal, composé de chefs de direction du Nord et du Sud, et à un Conseil d’administration international où sont représentées les membres de Vision Mondiale (juridiquement autonomes) du Nord et du Sud. Vision Mondiale Canada est de loin, aujourd’hui, la plus grosse de nos ONG. Et Vision Mondiale Internationale — dont le revenu global dépasse 0,5 milliard de dollars US — est la plus grande ONG de développement dans le monde. Elle est aussi devenue quasi unique en son genre par son aptitude à créer un partenariat institutionnel mondial, grâce à ses 46 entités membres à part entière, dont 29 dans le Sud. 28 si celles-ci s’accordaient avec les objectifs et la stratégie du programme-pays, elles pouvaient être prises au sérieux — et l’étaient souvent. L’action convergente est devenue ainsi un autre guichet réactif pour les ONG qui avaient l’intérêt, la compétence et l’expérience qui convenaient pour l’exploiter. L e « S ys t è m e d ’ i n v i t a t i o n s o u ve r t e s à sousmissionner » : En 1994, à une époque où elle adjugeait environ 40 p. 100 de tous ses contrats sous forme de marchés d’achats exclusifs à des organismes sans but lucratif (comprenant ONG, ING et sociétés de la Couronne), l’ACDI a adopté le « système d’invitations ouvertes à sousmissionner » (SIOS) du gouvernement. Cette décision était en partie motivée par la crainte tacite — source de plaintes intermittentes dans le secteur privé — que les ONG aient un avantage injuste sur les entreprises, car elles ne payaient pas d’impôts, n’avaient pas à se soucier du profit et étaient subventionnées dans leurs coûts de base par les dons que l’ACDI leur faisait au guichet réactif « du soutien des initiatives extérieures ». Une préoccupation plus fondamentale pour l’Agence, c’était que les ONG donnaient l’impression d’avoir pris en main des portions importantes du programme de développement du Canada et une bonne partie de son aide publique au développement (APD), et qu’en ayant délégué des grands blocs du financement aux ONG, elle avait perdu le contrôle stratégique des priorités clés. Que ces perceptions fussent justes ou non, il en est résulté la décision de réduire radicalement le système d’approvisionnement exclusif de l’ACDI et de soumettre le plus gros de ses contrats à des appels d’offres, par le truchement du SIOS du gouvernement. Lors d’une expérience entamée en 1997, les ONG ont eu pleinement accès au SIOS, où elles sont entrées ouvertement en concurrence avec le secteur privé et, parfois, d’autres ONG. On distingue clairement une puissante tendance dans la façon dont la relation de financement a évolué entre gouvernement et ONG. Partant d’un système de subventions de contrepartie qui était simple, réactif et non interventionniste, le gouvernement est devenu graduellement plus proactif en offrant des rapports de contrepartie plus RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 élevés pour les secteurs et les pays qui présentaient un intérêt particulier. Comme il ne pouvait pas concevoir ou exécuter, par l’entremise de ses filières bilatérales, des programmes efficaces pour combattre la pauvreté, il a alors encouragé les ONG à le faire, leur fournissant un généreux financement et retirant un plus grand contrôle contractuel. Pour finir, en ayant recours au SIOS, le gouvernement a encouragé — chez les ONG intéressées — une relation indifférenciable de celle qu’il a avec le secteur privé. Le programme réactif demeure intact, mais il fonctionne à certains égards comme un mécanisme à droits acquis, où il existe peu de changements importants d’une année ou d’une ONG à l’autre. des organismes bilatéraux, des sociétés commerciales et des institutions multilatérales de prêt. L’accroissement de la concurrence en matière de mobilisation de fonds et le resserrement du financement accordé par le gouvernement ont rendu essentiel un meilleur ciblage des ressources et exigé de claires indications que les fonds servent à la fin la plus productive. La consolidation de la connaissance et du soutien publics dans les dossiers du développement nécessite également une base de recherche et d’analyse compétente de même qu’une « mémoire centrale » des choses qui fonctionnent ou ne fonctionnent pas. Les deux requièrent de l’argent. Les questions clés pour les ONG Pour quoi faire, une évaluation ? La première raison concerne l’apprentissage — le besoin de tirer les leçons du passé pour se montrer plus efficace à l’avenir. La seconde concerne la vérification et le contrôle. Les deux considérations sont importantes, mais l’accent que mettent les donateurs sur la deuxième peut compromettre la première. Entre 1989 et 1996, la Direction des ONG de l’ACDI a réalisé 89 évaluations institutionnelles de 50 organisations, qui ont coûté 4,7 millions de dollars. Mais, comme elles se sont concentrées sur l’institution, elles ont donné peu (sinon pas) de renseignements sur l’effet de l’activité. Nos ONG doivent affronter aujourd’hui de nombreux défis : le besoin de professionnalisme; les problèmes de l’apprentissage, de l’évaluation et de l’effet de l’activité; les compromis entre l’indépendance et la tendance grandissante chez certaines à graviter vers la sous-traitance gouvernementale; et la question complexe du partenariat entre organisations du Canada et du Sud (voir à l’encadré 5 quelques ouvrages sur ce sujet). LE PROFESSIONNALISME Ces dernières années, les ONG canadiennes se sont débattues avec le besoin de professionnalisme, et ses problèmes. Chez certaines, il a signifié abandonner leurs racines pour devenir davantage comme l’entreprise ou le gouvernement. Mais même les ONG qui sont restées fidèles à leur idéologie et à leur clientèle ont dû devenir plus efficientes et efficaces, en raison des compressions dans le financement du gouvernement; de la profondeur et de l’accroissement incessant de la pauvreté outre-mer; et des défis mondiaux constitués par la dégradation de l’environnement, les conflits armés et le traitement inéquitable des deux sexes. Le professionnalisme dans la programmation demande une bonne connaissance de chacun des pays, des politiques et des priorités de leurs gouvernements, ainsi que de celles CHAPITRE L’A P P R E N T I S S A G E , L’ É VA L U AT I O N E T L’ E F F E T D E L’A C T I V I T É Cette lacune n’aurait rien de problématique si les ONG réalisaient de leur côté des évaluations de ces effets. Certaines le font, quoique sur une échelle limitée. Leurs évaluations peuvent se révéler réfléchies et innovatrices, et ne sont pas moins critiques des faiblesses que les autres. Cependant, en dehors de ces quelques exceptions, l’évaluation ne fait pas partie systémique de la culture des ONG canadiennes. Il y a des raisons à la fois financières et professionnelles, dont la difficulté d’apprécier le développement social, le plus grand pouvoir donné, et la participation populaire. Le développement social peut être plus un processus qu’une fin en soi, ce qui vient compliquer sa mesure. Quoi qu’il en soit, l’évaluation limitée de l’incidence de l’activité veut dire que la preuve de l’effet des ONG demeure largement subjective 12. D E U X LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE 29 L’insistance sur la vérification, plus la gestion du processus par le gouvernement, sont peu susceptibles de favoriser apprentissage et connaissance. L’accent sur l’apprentissage, en revanche, pourrait satisfaire en grande partie le besoin de vérification. La concentration sur la fin — le développement — aidera à déterminer les moyens les plus appropriés — planification, gestion et efficience. Plusieurs ONG britanniques se sont associées pour créer un site Web qui démontre, à l’aide d’exemples, d’études de cas et de tout un ensemble de liens, comment cela peut se faire (voir M and E NEWS à www.mande.co.uk/news.htm). L’ironie avec les fréquentes évaluations effectuées par le gouvernement, c’est qu’elles ont peut-être contribué à une meilleure gestion des ONG mais pas à une plus grande efficacité de leur programmation. En fait, pour tenter d’échapper à des conclusions négatives et à des compressions financières, une ONG peut fort bien cacher les échecs, limiter les risques et entamer des activités conformes à l’idée que l’organisme de financement se fait du bon développement. Ceci peut bloquer l’apprentissage, l’initiative et l’indépendance. Q U I PA I E ? 5 Conseil canadien pour la coopération internationale, Les pratiques de développement : les ONG canadiennes innovent, CCCI, Ottawa, 1997. E N C A D R AUTRES LECTURES É L’une des choses qui posent le plus de difficultés aux ONG, du Nord comme du Sud, c’est l’idée que le développement et le professionnalisme ne coûtent pas cher. Dans le financement réactif qu’elle accorde aux ONG, l’ACDI apportera jusqu’à 7,5 p. 100 pour couvrir les frais administratifs. Alan Fowler, Striking a Balance: A Guide to Enhancing the Effectiveness of NGOs in International Development, Londres, Earthscan, 1997. Lynne Hately et Kamal Malhotra, Between Rhetoric and Reality: Essays on Partnership in Development, Ottawa, L’Institut Nord-Sud, 1997. David Hulme et Michael Edwards (dir.), Beyond the Magic Bullet: NGO Performance and Accountability in the Post-Cold War World, West Hartford, Kumarian Press, 1996. David Hulme et Michael Edwards (dir.), NGOs, States and Donors: Too Close for Comfort?, New York, St. Martin’s Press, 1997. Ian Smillie, The Alms Bazaar: Altruism Under Fire — Non-Profit Organizations and International Development, Ottawa, CRDI, 1995. 30 Cependant, chez la plupart des ONG, ce montant représente bien moins de la moitié de ce qu’il en coûte pour gérer une organisation, mener à bien des programmes à l’étranger, et entretenir une base nationale et une capacité d’apprentissage13. La publicité que font les ONG vient compliquer le problème : elle a donné à penser aux Canadiens que des parts excessivement élevées de leurs dons parviennent directement aux bénéficiaires du monde en développement. Résultat : les ONG se sont largement livrées à un « jeu » où les frais généraux sont ventilés sur le papier entre les projets et les activités menées sur le terrain, ou encore restreints à tel point que le professionnalisme et l’effet de l’activité en pâtissent. Il existe une antinomie délétère entre le souhait des donateurs (qui veulent de minuscules frais généraux) et la demande de professionnalisme. Tant que les faibles frais généraux l’emporteront (à la fois à cause d’un mythe et par nécessité), les ONG seront menacées et coincées par des demandes concurrentes, impossibles à satisfaire. P R E S TAT I O N D E S E R V I C E S OU SOCIÉTÉ CIVILE ? On a beaucoup écrit sur la transformation graduelle des organisations bénévoles en « entrepreneurs de services publics » — des organisations se comportant davantage comme des entreprises sans but lucratif que comme des organisations permettant aux Canadiens de s’organiser autour d’idées partagées et de les mettre à exécution14. Chose certaine, le financement du gouvernement, en passant d’une démarche réactive à une sous-traitance publique, a contribué à cette transformation. Les organisations bénévoles se sont constituées, traditionnellement, pour deux raisons : l’offre de services, et le travail de changement et de réforme. Par exemple, une organisation qui œuvre avec des enfants souffrant de déficience mentale assure des services à leur intention, mais se préoccupe aussi de leurs droits, de leur rôle dans la société et des lois faites pour les protéger. Plus la dépendance envers le gouvernement est importante et plus la relation de financement repose sur la rémunération contractuelle de services, plus l’ONG risque d’altérer — ou même de perdre — sa voix RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 et, donc, sa prétention à une place dans la société civile. Il existe ici une profonde ironie, car les responsables des politiques du monde occidental se sont donné beaucoup de mal, au cours de la dernière décennie, pour créer et renforcer des institutions indépendantes dans les sociétés civiles du Sud et de l’Europe de l’Est — des médias indépendants, des associations professionnelles, des groupes pour les droits de la personne et d’autres groupes de défense et de promotion, et des organisations bénévoles. Au Canada, toutefois, en raison du mode de financement du gouvernement, beaucoup d’ONG s’enferment de plus en plus souvent — et bien trop volontiers — dans des relations et des contrats qui attachent peu de valeur à la flexibilité, à l’indépendance, et à l’action de défense et de promotion. Une bonne partie de la réponse au développement mondial, c’est que les gouvernements du Nord soient disposés à négocier de façon constructive avec le Sud sur les dossiers du commerce, des prix des produits de base, de l’exploitation des ressources naturelles, de la pollution et des habitudes de consommation. Les gouvernements du Nord ne le feront que si on parvient à générer dans le public un soutien significatif — un soutien qui manque aujourd’hui. Cet appui pourrait être produit par les médias ou le système scolaire, mais jusqu’ici, ce n’est pas le cas. Il pourrait être généré par les ONG du Nord, mais à cette fin, il leur faudra être sérieusement poussées et appuyées par le Sud, et peut-être même avoir le courage d’affronter leurs bienfaiteurs du gouvernement en leur livrant des messages difficiles. L’ONG d’aujourd’hui est peut-être très professionnelle quand il s’agit d’exécuter son mandat de services, mais sa mission de réforme et de changement est de plus en plus vulnérable à l’autocensure et à la disette financière. Ceci présente un réel danger actuel pour nos ONG, et va sans doute poser davantage de problèmes pour celles du Sud si elles passent d’un soutien accordé par les ONG du Nord à une relation de financement directe avec les gouvernements du Nord. C’est dire que la relation entre ONG du Nord et du Sud doit se transformer en une relation capable de transcender le simple financement. Non pas qu’elles aient à fuir projets ou argent, mais leurs relations devront aller plus loin. Cela se fait déjà chez de nouvelles organisations installées dans le Sud : Social Watch en Uruguay, Focus on the Global South en Thaïlande et le Third World Network en Malaisie, par exemple. Le prochain stade — amener le grand courant des ONG canadiennes à cette nouvelle démarche — constituera l’un des principaux défis du nouveau siècle. L E S PA R T E N A R I AT S N O R D - S U D De nombreux gouvernements du Nord financent directement des ONG du Sud, supprimant l’entremise « coûteuse » d’ONG du Nord. Pour beaucoup, c’est signe que les jours de l’ONG du Nord sont comptés. Lorsque la relation entre ONG du Nord et du Sud se limite principalement au financement, cette perception pourrait être fondée, même s’il peut y avoir une différence qualitative entre ce qu’une ONG du Nord et un gouvernement du Nord vont appuyer 15. Ceci dit, il pourrait ne pas être dans le meilleur intérêt du développement que les ONG du Sud disent trop rapidement adieu à leurs homologues du Nord. Beaucoup comprennent que le développement en toutes lettres ne se produira pas uniquement à cause d’une aide, ou de projets, ou du travail d’ONG. Ils peuvent aider, mais ne suffisent pas. CHAPITRE RENVOIS Un mot à propos des sources : Sauf indications contraires, les statistiques sur les ONG du Canada, le parrainage d’enfants et le financement de l’ACDI proviennent de recherches que l’auteur a initialement effectuées pour Ian Smillie et Henny Helmich (dir.), Stakeholders: Government-NGO Partnerships for International Development, Earthscan, Londres, 1999. Les chiffres concernant les dons des sociétés et des fondations sont tirés de Centre canadien pour la philanthropie, « Charity Facts 1993 », Toronto, 1993 et Portrait of Canada’s Charities, Toronto, 1994. La remarque au sujet de Vision Mondiale est fondée sur Alan Whaites, Pursuing Partnership: World Vision and the Ideology of Development, Vision Mondiale RoyaumeUni, 1998. 1 Même cette distinction n’est pas claire. Originellement, l’ACDI a eu besoin de diviser plus ou moins également les responsabilités de sa Direction générale des programmes spéciaux entre deux directeurs généraux. Une partie s’est occupée des ONG régulières, l’autre des institutions qui n’avaient pas le développement pour principale priorité et ne possédaient pas une grande capacité d’autofinancement. Mais comme cette dernière catégorie aurait été bien moindre, on y a ajouté toutes les ONG qui envoyaient des bénévoles. De sorte que la façon dont l’ACDI définit une ING — et toutes les données statistiques qui s’y rattachent — sont assez différentes de celles du CCCI et des ONG elles-mêmes. D E U X LE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET LA SOCIÉTÉ CIVILE 31 2 Ces chiffres pour 1996-1997, que Brian Tomlinson a compilés dans un document du CCCI de septembre 1998 intitulé Canadian International Cooperation NGOs: Trends in the 1990s, représentent les montants alloués par l’ACDI aux ONG et aux ING (excluant les universités) par région géographique, au lieu des montants totaux que les ONG ont dépensés; il faudrait donc les traiter comme des approximations. Tomlinson, Canadian International Cooperation NGOs: Trends in the 1990s, Ottawa, CCCI, 1998, ronéotypé, p. 3 à 5. 3 Tomlinson, ibid., p. 6. 4 Par exemple, l’OCDE a publié en 1997 un jeu complet de Lignes directrices du CAD pour les conflits, la paix et la coopération pour le développement, et plus de 130 ONG ont signé le code de conduite lors des opérations de secours en cas de catastrophe que le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont arrêté en 1994. Un projet en cours vise à élargir ce code pour y inclure des normes de programmation précises. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le site Web de la Croix-Rouge internationale à www.ifrc.org. 15 Le partenariat est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre au Nord, mais il n’existe pas grande littérature sur les idées et les opinions du Sud. Une étude traduit certaines des préoccupations que les ONG du Sud éprouvent face aux ONG (et aux gouvernements) du Nord : Perspectives From the South: A Study on Partnership de Dennis Muchunguzi et Scott Milne (ronéotypé, étude commanditée par l’ACDI, 1995). Voir aussi Honor Ford-Smith, Ring Ding in a Tight Corner: A Case Study in Funding and Organizational Democracy in Sistren, 1977-88, Toronto, Conseil international d’éducation des adultes, 1989; et Lynne Hately et Kamal Malhotra, Between Rhetoric and Reality: Essays on Partnership in Development, Ottawa, L’Institut Nord-Sud, 1997. 5 Ce chiffre repose sur le revenu total venant des donateurs privés qui a été rapporté en 1995 dans le Who’s Who in International Development du CCCI; le montant a été ajusté à la baisse (de 35 millions de dollars) pour refléter les ajouts incorrects de l’IIDD, du CUSO, du SACO, du CECI et de Jeunesse Canada Monde, et à la hausse (de 49 millions) pour inclure deux grosses organisations non comptées : l’Aga Khan Development Network et la Société canadienne de la Croix-Rouge. La majorité des organisations œuvrant pour l’environnement ne sont pas incluses, mais la plupart des organisations religieuses et l’UNICEF le sont. 6 Les sources des données pour ces calculs sont : le Centre canadien pour la philanthropie; le Conference Board du Canada; S. Wong, “Corporate Philanthropy: Overview of Current Trends”, dans Chronicle of Philanthropy, décembre 1995; et le Conference Board des États-Unis, Corporate Giving Strategies that Add Business Value, 1995. Les estimations pour l’ensemble du secteur bénévole figurent à la section « Les organisations de la société civile et leur financement au Canada » du présent rapport. 7 Le mythe du public lassé des actes de compassion a été examiné de près dans Colm Foy et Henny Helmich (dir.), Public Support for International Development, Paris, OCDE, 1996. Voir également Ian Smillie et Henny Helmich (dir.), Public Attitudes and Development Cooperation, Paris, OCDE, 1998. 8 Ian Smillie, « Optical and Other Illusions », dans Smillie et Helmich (dir.), Public Attitudes and Development Cooperation, p. 25. 9 Tomlinson, op.cit., p. 18. 10 Ibid. 11 Ces chiffres s’accordent grosso modo avec ceux cités pour l’échantillon d’OSC étudié à la section « Les organisations de la société civile et leur financement au Canada ». 12 Ian Smillie et Brian Rowe, NGO Evaluation Synthesis Study, Direction de l’examen du rendement, ACDI, 1997. Ces conclusions n’étaient pas très différentes de celles énoncées dans un rapport de 1997 intitulé Searching for Impact and Methods: NGO Evaluation Synthesis Study, rédigé par le ministère des Affaires étrangères finlandais pour le groupe d’experts en évaluation du CAD (OCDE) et couvrant 12 pays. 13 Dans son étude, Tomlinson a examiné les rapports annuels de 35 organisations membres du CCCI et constaté que les frais d’administration, de gestion et de mobilisation de fonds ne représentaient, en moyenne, que 12,4 p. 100 de toutes les dépenses. Toutefois, comme il n’existe pas de critères agréés pour la comptabilité des ONG, l’auteur prétend que les frais administratifs sont en réalité nettement plus élevés que ceux indiqués dans la majorité des rapports annuels publiés par les ONG. 14 Hulme et Edwards de même que Fowler et Smillie ont tous largement traité de cette question. 32 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 LE DÉFI COMMUN DE L’ENVIRONNEMENT Faris Ahmed Faris et Ahmed des les pour est directeur communications micronutriments le du développement à de l’Information l’Initiative Centre de pour recherches international. C T R H O A I P I T R E S LE DÉFI COMMUN DE L’ENVIRONNEMENT D oté d’océans, de forêts pluviales tempérées, de vastes étendues de prairies, de lacs d’eau douce, de glaciers arctiques et de diverses chaînes montagneuses, le Canada possède une énorme variété de ressources naturelles et d’écosystèmes. Il ne faut donc pas s’étonner si, aux yeux de certains, « l’écologisme » est une valeur centrale des Canadiens, qui détermine nos attitudes envers notre pays « On aura peu de nature sans justice et peu de justice sans nature. » Smitu Kothari et Pramod Parajuli dans Wolfgang Sachs (dir.), Global Ecology: A New Arena of Political Conflict, Londres, Zed Books, 1995, p. 237. 34 et face à ceux du Sud. Cependant, de plus en plus de Canadiens commencent à voir l’environnement non seulement comme un patrimoine collectif, mais comme un défi commun de la planète. Une communauté vivante d’associations bénévoles, d’organisations non gouvernementales, d’étudiants militants, de savants, de chercheurs, de professionnels et de comités civiques compose la société civile de l’environnement au Canada (voir l’encadré 1). Les organisations canadiennes œuvrant pour l’environnement ont maintenant un niveau de connaissance et un champ d’activité qui couvrent la totalité du globe. Elles ont réussi à étendre les limites de leur action locale et internationale sur les fronts de l’environnement et du développement par le truchement de leurs campagnes et du dialogue sur les politiques, de leur travail avec des groupes du Sud et des enseignements de ces derniers, des négociations mondiales menées sur les traités et des conférences multilatérales. En raison de leur dépendance minimale à l’égard du financement gouvernemental, elles ont parfaitement réussi à garder leur voix indépendante et leur vigilance. Malgré cela, les organisations de la société civile (OSC) qui travaillent sur les questions environnementales doivent toujours faire face à de sérieux défis. Certes, les problèmes de l’environnement, du développement et de la pauvreté sont de plus en plus entrés dans le domaine public, mais ils ne sont pas encore bien ancrés dans les ordres du jour des responsables des politiques. Le travail est devenu d’une plus grande complexité et les défis sont plus difficiles à relever, comme en témoignent les problèmes pressants qui menacent quotidiennement l’environnement : la rapidité du changement climatique, la faillite des pêches à l’échelle mondiale, la déforestation et l’érosion des terres productives de la planète. Étant donné la mondialisation de l’information, la plus grande subtilité des tâches, le temps qui RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 La participation canadienne aux causes environnementales internationales a atteint sa maturité au cours des années 1970, après que le Canada se fut plus vivement intéressé aux affaires internationales et au développement dans le monde. Cet engouement a été le produit des années Pearson et d’un militantisme énergique, « la non-violence à la canadienne » fleurissant dans les années 1970 quand des militants de l’environnement ont commencé à se distinguer sur la scène canadienne des ONG — Elizabeth May, Pat Mooney, Janine Ferretti, Julia Langer et d’autres. Un jalon historique a été atteint en 1971 lorsqu’une poignée de Canadiens et d’Américains, préoccupés par les expériences atomiques de l’Amérique dans le Pacifique Sud, ont fondé l’organisation Greenpeace à Vancouver. Mais le vrai tournant a été la Conférence sur l’environnement organisée à Stockholm en 1972 — la première des Nations Unies à comporter un forum d’ONG (présidé par un Canadien, Maurice Strong) — où la participation canadienne a eu une influence prononcée sur le jeune mouvement écologiste en train de se former dans le monde. Une série d’événements ont contribué à galvaniser les écologistes canadiens dans les années 1970 et 1980. Des OSC se sont ralliées pour sensibiliser l’opinion aux expériences atomiques (en particulier, les essais d’armes nucléaires des Américains et des Français dans le Pacifique Sud), aux fuites de produits toxiques (comme la marée noire de l’Exxon Valdez en Alaska, la contamination de Love Canal dans l’État de New York, les émissions radioactives de la centrale atomique de Tchernobyl en Ukraine et le gaz toxique libéré par Union Carbide à Bhopal en Inde) et aux grands projets de « développement » entamés au Canada et à l’étranger (comme CHAPITRE TROIS É 1 Les plus grands groupes internationaux pour l’environnement : Le Fonds mondial pour la nature Canada, Greenpeace Canada, le Sierra Club du Canada et Les Amis de la Terre (Canada), qui ont débuté comme des groupes internationaux, sont maintenant bien canadiens. Leurs activités variées comprennent des projets au Nord et au Sud, des campagnes de sensibilisation nationales, la défense et la promotion de causes, la mobilisation de fonds et les pressions politiques. Les groupes juridiques pour l’environnement : L’Association canadienne du droit de l’environnement, l’Institut canadien du droit et de la politique de l’environnement, le Sierra Legal Defence Fund et la West Coast Environmental Law Association mènent des recherches, des actions en justice et un travail de réforme sur des dossiers environnementaux internationaux et nationaux. Les instituts nationaux et régionaux, comme l’Institut international de développement durable, le Conseil de la conservation du NouveauBrunswick, la Fondation David Suzuki et le Centre Falls Brook (du Nouveau-Brunswick), qui entreprennent également un travail de recherche et d’éducation publique sur des dossiers mondiaux de l’environnement. Les groupes militants, tels que la Toronto Environmental Alliance, l’Ecology Action Centre (d’Halifax), Probe International et les GRIP (groupes de recherche d’intérêt public) de tout le Canada, qui organisent des campagnes à l’échelle internationale et locale. Les groupes concentrés sur une cause, comme Pollution Probe, Écho de l’océan et Nuclear Awareness Project, qui se sont constitués autour de causes nationales, mais qui travaillent aussi aujourd’hui sur des dossiers internationaux. Ils comprennent également les groupes locaux comme le Western Canada Wilderness Committee et les Friends of Clayoquot Sound, et les groupes autochtones tels que le Grand conseil des Cris de la Baie James, les Inus du Labrador et les Nisga’as de la Colombie-Britannique. Les groupes d’expertise-conseil, qui offrent des compétences spéciales sur les questions d’environnement, les technologies appropriées, etc., entreprennent aussi un travail d’éducation et la défense et la promotion de politiques. Le Pembina Institute for Appropriate Development (de l’Alberta) en fait partie. Les coalitions nationales et régionales d’associations canadiennes, qui travaillent sur tout un ensemble de dossiers écologiques et jouent aussi souvent le rôle d’organisations de coordination et de financement. Elles incluent le Réseau canadien de l’environnement, le Nova Scotia Environmental Network et le Réseau québécois des groupes écologistes. L E D É F I C O M M U N D E L’ E N V I R O N N E M E N T 35 A C Les groupes pour la protection de la nature : Les groupes nationaux comme la Fédération canadienne de la nature, Canards Illimités et la Fédération canadienne de la faune se concentrent avant tout sur les ressources naturelles au Canada, mais ils interviennent de plus en plus souvent dans des dossiers mondiaux. Ces groupes comptent parmi nos plus grosses ONGE. D R Les organisations non gouvernementales pour l’environnement comprennent un large éventail de groupes de différentes tailles, qui se livrent à toute une gamme d’activités. Les ONGE incluent : N Les écologistes canadiens regardent vers le Sud ELLES COMPRENNENT QUI, LES ONGE ? E presse et la limitation des ressources, les groupes qui œuvrent pour l’environnement ont des luttes difficiles à livrer. Qu’ils travaillent plus efficacement sur les plans local et international demeure une grande nécessité, de même qu’ils se montrent plus créatifs et coopératifs en associant citoyens, médias et décideurs au relèvement de ces défis écologiques communs. « Le Canada est partie ou a souscrit à plus de 230 accords exécutoires et instruments non contraignants, à caractère international et portant sur l’environnement. […] Il n’a pas de vision globale de la façon dont il s’acquitte de ses obligations internationales, c’est-à-dire des réussites, des écarts à combler et des leçons tirées. » Brian Emmett, Commissaire à l’environnement et au développement durable le projet hydroélectrique de la Baie James et le barrage de Narmada en Inde). La conscientisation du public et son éducation fondamentale sur les causes environnementales ont grandi grâce à l’amélioration des moyens de communication, qui ont permis aux ONG de s’échanger l’information et de tisser des liens avec les groupes du Sud partageant la même optique. L’expérience d’autres écologistes — tels que les Verts en Europe et le mouvement Chipko dans l’Himalaya — est venue éclairer les idées et les tactiques des gens militant au Canada. La connaissance et l’inquiétude du public ont crû à la lumière de l’abattage total de forêts pluviales en Amazonie, au Sarawak et en Colombie-Britannique; de la désertification et de la biodiversité perdue en Afrique subsaharienne; des ravages de la surpêche dans le monde; et des conséquences mondiales alarmantes de la pollution industrielle, comme les pluies acides et l’épuisement de la couche d’ozone. L’essor et la chute du développement durable Vingt ans après la rencontre de Stockholm, les Canadiens allaient de nouveau se distinguer à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) — aussi appelée le Sommet Planète Terre — qui s’est déroulée au Brésil en 1992, à Rio de Janeiro. Le fait de voir près de 1 500 ONG œuvrant pour l’environnement et pour le développement participer au Forum des organisations non gouvernementales a constitué un événement marquant dans l’histoire des conférences internationales. Tant pour les ONG que pour les délégués des gouvernements, le sommet de Rio a contribué à créer les liens conceptuels entre écologie, pauvreté, droits de la personne et justice sociale. Il a aussi donné aux OSC une occasion cruciale de prendre contact entre elles. La problématique environnementdéveloppement a été reformulée en termes de « développement durable », pour reconnaître le fait qu’il ne saurait y avoir de vrai développement économique et social sans protection de l’environnement. Au Canada, le sommet a galvanisé militants, ONG et décideurs en rapprochant les groupes œuvrant pour le développement et pour l’environnement qui, jusque-là, avaient 36 largement fonctionné chacun de leur côté. Le gouvernement du Canada a mis sur pied l’Institut international de développement durable (IIDD), installé à Winnipeg; et la conscience environnementale a atteint de nouveaux degrés dans tout le pays, grâce à des programmes d’éducation, à une solidarité avec les organisations du Sud, à des initiatives en matière de politique, à des campagnes d’action et à des conférences. Qui plus est, le mouvement du Jour de la terre, démarré au cours des années 1960, est entré dans les institutions traditionnelles du Canada. Le « processus de Rio » a aussi accéléré l’essor phénoménal des ONG, des ONGE (organisations non gouvernementales pour l’environnement) et des autres OSC s’occupant des questions environnementales à l’échelle mondiale. Un accroissement spectaculaire du financement destiné aux projets écologiques a mené à la création de mécanismes de consultation nationaux au Canada (comme des tables rondes nationales et provinciales sur l’environnement et l’économie, ou le Programme de soutien à l’environnement et au développement) et a ouvert la porte à la coopération ONGgouvernement (par exemple, au sein de groupes de travail sur l’appauvrissement de la biodiversité et sur l’épuisement de la couche d’ozone). Sur la scène internationale, les ONG ont joué des rôles importants dans l’élaboration et l’exécution de l’Action 21 (Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement) ainsi que dans plusieurs processus parallèles ayant pour objet la conclusion de traités, l’élaboration de politiques écologiques, et la défense et la promotion de causes. Mais cette coopération a aussi introduit des risques de cooptation. Le financement disponible a également incité à l’opportunisme, et créé une classe d’« écocrates » et de cadres chez les ONG : « Persuadés qu’ils gagnaient petit à petit du terrain, ils n’ont pas remarqué qu’ils devenaient partie intégrante du système », déclare l’écologiste suisse Mathias Finger1. Les gouvernements du monde entier n’ont pas su honorer les promesses du sommet, et les OSC, grisées par toute l’activité de l’après-Rio, ont graduellement perdu la faculté de les critiquer et de leur demander des comptes. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Le « paysage » actuel Le répertoire Green List, qui recense les groupes canadiens œuvrant pour l’environnement, renferme un assortiment impressionnant de 1 300 associations, ONG et réseaux, dont une bonne part ont des liens avec des groupes écologistes du Sud3. Les OSC du Canada ont fait beaucoup de chemin, et sont devenues plus subtiles dans leurs champs d’action, leurs façons de penser et les tactiques employées (voir l’encadré 2). En évoluant, les groupes au service de l’environnement ont rencontré des problèmes et des dilemmes critiques — dans leur éducation du public, dans la défense et la promotion de leurs causes, et dans leurs partenariats avec des ONG du Sud. Nous allons parler ci-dessous de certains de ces problèmes, en illustrant chacun à l’aide d’un exemple courant. PROBLÈME NO 1 : L E F O S S É S É PA R A N T E N V I R O N NEMENT ET DÉVELOPPEMENT Le rapport Notre avenir à tous de la Commission Brundtland en 1987, le Sommet Planète Terre de Rio en 1992 et d’autres CHAPITRE TROIS L E D É F I C O M M U N D E L’ E N V I R O N N E M E N T 37 A D R É 2 événements marquants de la dernière décennie ont peut-être aidé à jeter des ponts conceptuels entre les ONG canadiennes œuvrant pour l’environnement et celles au service du développement, mais un fossé continue quand même à les séparer. Les groupes écologistes réfléchissent, agissent — et même parfois interagissent avec leurs partenaires du Sud — d’une autre façon que les ONG au service du développement. Ces différences sont inévitables, étant donné la diversité des attributions, des philosophies et des structures des organisations. Les groupes pour la conservation des ressources ou la protection de la nature ont souvent C Les groupes écologistes du Canada emploient un certain nombre de stratégies pour alerter le public et l’éduquer, pour dénoncer et modifier les pratiques nuisant à l’environnement, et pour influencer les politiques des gouvernements et des entreprises. Ces stratégies comprennent : • L’action directe, comme les actes spectaculaires de protestation qui visent à protéger certaines ressources et à sensibiliser l’opinion à des dossiers tels que les coupes à blanc, et comme les barrages pacifiques qui servent à bloquer des routes et des ports. • Les appels à une action urgente et les campagnes par courrier électronique pour prévenir le public et les ONG de nouvelles menaces qui planent sur l’écologie locale. • Les boycotts internationaux qui exhortent le public à ne pas acheter des produits dont la production nuit à l’écologie ou à la nature. • Le porte-à-porte pour sensibiliser et associer les citoyens à des causes environnementales, et pour recueillir des fonds et des adhésions. • La publication d’évaluations qui apprécient les actions du gouvernement sur le front de l’environnement, et viennent souligner les échecs répétés ainsi que le manque de volonté politique et de responsabilité. • Le recours à la justice en entamant des poursuites et en créant des précédents nationaux pour la protection de l’environnement. • La défense et la promotion de politiques sur les plans national et multilatéral pour influencer des ententes multilatérales et changer ou bloquer des négociations internationales en matière commerciale. • La mobilisation des entreprises afin qu’elles commercialisent des produits qui ne nuisent pas à l’environnement ou qui encouragent sa protection (par la certification de ceux-ci et par l’adoption d’« étiquettes vertes »). • La promotion de l’écoentreprise pour offrir des services dans les domaines de la protection de l’environnement, de la conception, des autres formes d’énergie, du recyclage et du développement communautaire. • L’écotourisme pour favoriser la conscientisation et la responsabilisation du public dans le domaine de la protection de l’environnement, en organisant des excursions dans des endroits intéressants sur le plan écologique. • L’action pure et simple ou « la promotion par la manifestation » et les campagnes de conservation communautaires. N Les ONG canadiennes, de leur côté, se sont fait largement reconnaître comme de solides actrices sur la scène mondiale de la politique, où elles ont aidé à façonner un certain nombre d’accords et de processus internationaux. Mais elles se sont vu accorder moins de crédibilité à domicile et ont moins bien réussi à influencer nos politiques écologiques. Dans son rapport de 1998 à la Chambre des communes, le Commissaire à l’environnement et au développement durable, Brian Emmett, fait remarquer que le Canada a consacré énormément de temps et d’énergie à l’élaboration des ententes internationales sur l’environnement, et souvent joué un rôle de premier plan. Cependant, pour en assurer la mise en œuvre, « il faut consacrer beaucoup de temps et d’énergie pour traduire [ces] engagements internationaux en mesures concrètes, tant au pays qu’à l’étranger.2 » Sur ce plan, il reste beaucoup à faire. L E S S T R AT É G I E S P O U R L E C H A N G E M E N T E Pour finir, le ralentissement économique a « sonné » le mouvement écologiste, les préoccupations du public se tournant vers les problèmes de la dette et de la résorption des déficits. une bonne compréhension des aspects scientifiques et écologiques d’un dossier, par exemple, mais sont dépourvus (ou peu désireux de se doter) des moyens d’analyser le côté justice sociale. Les organisations au service du développement et de la justice sociale, en revanche, voient peut-être les choses sous l’angle de la pauvreté, des droits de la personne et du développement humain, mais elles ne font pas toujours le lien avec les problèmes écologiques — par exemple, dans le cas du changement climatique. Ce fossé a empêché, dans le passé, la collaboration et l’apprentissage intersectoriel entre ces organisations. « Nous devons affronter les compagnies non seulement dans la forêt, mais aussi sur le marché. » Jeanne Moffat, de Greenpeace Canada La complainte du pêcheur Le dossier de l’aquaculture et de la pêche industrielles vient illustrer le fossé qui existe depuis longtemps entre environnement et développement — et la manière dont le débat est en train d’évoluer afin de créer un petit rapprochement. Au Canada, ainsi qu’en Amérique latine et en Asie, la pêche industrielle et l’aquaculture intensive ont eu un effet dévastateur — pas seulement sur les ressources naturelles, mais également sur les moyens d’existence des pêcheurs et des agriculteurs. L’action canadienne dans le dossier de l’élevage commercial de la crevette et de ses dommages environnementaux et sociaux a été déclenchée par Inter Pares, le CUSO et le Sierra Club du Canada, à la demande de leurs partenaires du Sud — dont l’ONG Nijera Kori (au Bangladesh) et l’Association des consommateurs du Penang (en Malaisie). La campagne mondiale fait également intervenir des groupements aussi variés que le Mangrove Action Project et l’Environmental Defense Fund (aux États-Unis), Christian Aid (au Royaume-Uni) et Acción Ecológica (en Équateur). Elle a trouvé un puissant écho auprès des militants de nos régions côtières — notamment, les petits pêcheurs de la Colombie-Britannique et des Maritimes, où la surpêche et l’élevage commercial du saumon causent le même genre de problèmes. En octobre 1997, les groupes se sont réunis pour former l’ISA-Net (Industrial Shrimp Action Network), un réseau mondial d’organisations écologistes, d’ONG de développement, de savants, d’agriculteurs et de militants du monde des pêcheurs qui s’inquiètent des 38 retombées de la pêche et de l’aquaculture industrielles : la destruction des mangroves; la pollution des eaux côtières et la disparition connexe de stocks halieutiques; l’appauvrissement de la biodiversité et la raréfaction d’espèces menacées; et la privation de terres et de moyens d’existence pour les populations côtières de la planète. Le fait de travailler avec un ensemble varié de causes, et avec une vaste base d’acteurs, a fortifié la campagne menée pour faire de l’aquaculture commerciale un enjeu plus pressant aux yeux des faiseurs d’opinion, des décideurs et du grand public. PROBLÈME NO 2 : ON DOIT COMMENCER CHEZ SOI Les Canadiens ont sursauté quand des groupements écologistes d’Europe ont commencé à organiser des boycotts contre le bois d’œuvre des forêts coupées à blanc en Colombie-Britannique. Ils étaient plus habitués à juger la façon dont les autres traitaient leurs richesses naturelles. Grâce à leurs contacts plus étroits avec des écologistes du monde entier, des ONG du Canada qui avaient fixé leur attention sur le Sud intègrent à présent les préoccupations nationales dans leurs activités. Leur message aujourd’hui, c’est que nos forêts d’arbres centenaires doivent être sauvegardées au même titre que celles du Brésil ou de Bornéo (l’exemple cité ci-après); qu’il faut s’indigner de la pollution toxique de nos eaux comme de celle en Asie; et que l’érosion des sols et la perte de biodiversité doivent être autant soulignées au Canada qu’en Afrique subsaharienne. L’ é l a rg i s s e m e n t d u c h a m p : l i e r l e s p ro b l è m e s f o re s t i e rs d u No rd e t d u S u d L’action des écologistes canadiens sur le front des vieilles forêts part aujourd’hui de la philosophie qu’elle doit commencer à domicile pendant qu’on travaille aux problèmes du Sud. En Colombie-Britannique, par exemple, des organisations comme Friends of Clayoquot Sound, Greenpeace et le Western Canada Wilderness Committee, des groupes écologistes autochtones et des ONG internationales et du Sud travaillent maintenant ensemble et se prononcent sur la politique environnementale au Canada, sur la coupe à blanc des forêts de la RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 La campagne menée dans le domaine forestier a touché à des dossiers qui ont une importance capitale dans le Sud, mais également une relation directe avec le Canada. Des ONG du Canada comme le Sierra Club ont surveillé et dénoncé les gouvernements du Sud qui n’ont pas su protéger les forêts pluviales en Amazonie et au Sarawak, tout en militant fortement à domicile pour la création de nouveaux parcs nationaux et pour l’adhésion à un vaste code des pratiques forestières. PROBLÈME NO 3 : F A I R E P L U S Q U E S O N N E R L’A L A R M E Les groupes pour l’environnement du Nord et du Sud, habitués depuis longtemps à jouer le rôle de sonneurs d’alarme, ont été parmi les premières OSC à adopter les moyens d’information comme la télévision et l’Internet, et ils s’en sont servi efficacement pour sensibiliser les gens aux problèmes de l’environnement. Grâce à plus de trois décennies de conscientisation et à l’accès instantané à l’information, ils ont largement accompli cette tâche : la connaissance fondamentale des questions environnementales atteint un degré élevé dans le public (voir l’encadré 3). Mais ce succès comporte ses propres dangers, en particulier celui de « l’écolassitude » chez les gens fatigués des cris d’alarme et des annonces d’apocalypse. Les sondages d’opinion montrent que les Canadiens sont bien plus réceptifs à une cause et une action environnementales si le message renseigne à la fois sur le problème et sur la solution possible (dont l’action individuelle)4. « Il ne suffit plus de sonner l’alarme », explique Jeanne Moffat de Greenpeace Canada, « nous devons maintenant travailler de plus en plus à des solutions5. » La tâche qui attend aujourd’hui les OSC, ce n’est plus seulement de rester vigilant, mais CHAPITRE TROIS Source Angus McAllister, Environics International, interviewé par l’auteur le 19 juillet 1998. de proposer des options viables qui vont associer le grand public, engager chefs de l’opinion et décideurs, développer le soutien pour le développement durable et préserver l’environnement. Un élément a été absent du côté des « solutions » : le secteur privé. Ve r t à l ’ ex t é r i e u r : associer le secteur privé « Le marché bouge plus vite que les politiciens », dit Charles Cray de Greenpeace6. Chez les organisations écologistes, on convient en général qu’un travail sélectif avec le secteur privé est une stratégie inévitable et viable pour préserver l’environnement. Par exemple, la décision que la compagnie Macmillan Bloedel a prise récemment de pratiquer un abattage sélectif et d’éliminer graduellement la coupe à blanc marque un grand pas en avant. « Nous avons pressé les compagnies sur le terrain, et les avons pressées sur le marché », ajoute Moffat de Greenpeace, qui entreprend maintenant une grande campagne sur la forêt pluviale de l’Amazonie7. Mais comme les ONG associent le secteur privé au problème plutôt qu’à la solution, la prudence reste la stratégie dominante : « Quand on participe à la certification d’un produit dit “respectueux de l’environnement”, par exemple, nous devons réellement nous assurer que c’est mieux pour le milieu », explique Jane Inch L E D É F I C O M M U N D E L’ E N V I R O N N E M E N T 39 R D A C N « Les citoyens du monde entier sont plus préoccupés aujourd’hui par les problèmes d’environnement qu’ils ne l’étaient il y a cinq ans », selon une enquête qu’Environics a effectuée en 1997 pour savoir ce que les gens pensaient de l’environnement dans 24 pays différents. « Une nouvelle vague “verte” est en train d’arriver », dit Angus McAllister d’Environics International, « une nouvelle crise d’anxiété inspirée par l’environnement. » Les Canadiens se font aujourd’hui bien plus de soucis qu’en 1992 pour les questions environnementales — en raison, principalement, des plus grandes craintes éprouvées pour la santé, du sentiment que « la relation de confiance s’est brisée » et du piètre bilan de l’action du gouvernement sur des fronts comme la pollution et la protection du milieu. Selon Environics, 73 p. 100 des Canadiens jugent que la protection de l’environnement a plus d’importance que la croissance de l’économie, et ils sont « extrêmement critiques de l’inaction du gouvernement et de l’industrie ». Une majorité de gens dans 17 pays (y compris 61 p. 100 des Canadiens) sont persuadés que les problèmes d’environnement influent sur leur santé, de dire McAllister. É 3 LE PUBLIC MONDIAL RÉCLAME DES ACTES E Colombie-Britannique et sur la violation des droits des peuples autochtones. Les groupements du secteur forestier ont démontré que les moyens de pression internationaux ont parfois plus d’effets que les protestations à domicile. Ils se sont révélés particulièrement efficaces dans deux de ces domaines : la promotion de politiques sur le plan international et l’utilisation du secteur de l’exportation comme levier pour faire pression sur les compagnies au Canada. du Réseau canadien de l’environnement (RCE). « Nous devons aussi prévoir et prévenir les conséquences secondaires et à longue échéance; par exemple, quel sera l’effet à long terme de l’abattage sélectif ou quels torts nos actions d’ici pourraient-elles causer aux producteurs du Sud ?8 » « Notre tragédie réside dans l’abondance des options disponibles, et le fait que si peu soient jamais sérieusement creusées. » Tom Athanasiou, Divided Planet: The Ecology of Rich and Poor, Athens, University of Georgia Press, 1996, p. 307. À côté des partenariats noués avec le secteur privé, on voit aussi se répandre les initiatives communautaires « vertes », comme l’agriculture organique et les coopératives de produits alimentaires, souvent lancées par des OSC de l’environnement. Les ventes d’aliments organiques ont augmenté de 20 p. 100 par an au cours des dernières années, et elles ont dépassé 5 milliards de dollars en 19979. Un bon nombre des initiatives se rattachent à des coopératives de produits organiques et à des organisations de commerce équitable dans le Sud; et elles procurent les nombreux avantages d’éduquer le consommateur et de le mêler à l’action environnementale, tout en offrant appui financier et solidarité au producteur. Les petites entreprises « vertes » au Canada, telles que les entreprises de services écoénergétiques, commencent à avoir le même effet. « Le point clé, c’est que les initiatives écologiques locales sont bonnes pour l’économie locale — elles créent de l’emploi », déclare Wayne Roberts, auteur d’écrits sur l’environnement et membre fondateur de la Coalition for a Green Economic Recovery 10. PROBLÈME NO 4 : L A N É C E S S I T É D ’ U N M I L I TA N T I S M E SUBTIL, FONDÉ SUR LA CONNAISSANCE Le militantisme écologique a beaucoup progressé depuis la naissance de Greenpeace. Avec la libéralisation des échanges commerciaux, les rouages internationaux des Nations Unies et l’incessante multiplication des accords multilatéraux, les écologistes se retrouvent aujourd’hui devant des dossiers variés et compliqués. L’analyse et la critique des ententes internationales demandent de l’expérience, une connaissance spécialisée et une « mémoire à long terme » : « Il faut une décennie pour acquérir des capacités centrées sur l’analyse fondamentale des ententes commerciales », d’expliquer Ken Traynor de l’Association canadienne du 40 droit de l’environnement (ACDE). « Si nous avons pu combattre l’AMI (Accord multilatéral sur l‘investissement), c’est précisément à cause de notre expérience de l’ALENA et de l’OMC 11. » Le développement de ces capacités constitue un défi critique pour les ONG. « Nous avons parfois besoin de gens comme ceux de l’ACDE pour servir de médiateurs, pour démystifier le discours élitiste tenu aux plus hauts niveaux », dit Jane Inch du RCE. L a l i b é ra l i s a t i o n d u c o m m e rc e e t l ’ e n v i ro n n e m e n t Les rivières, les lacs, l’air pur, les écosystèmes fragiles et la biodiversité risquent souvent d’être troqués en même temps que les produits et les services, dans le cadre des ententes commerciales. L’ACDE affirme que « un changement généralisé dans le ressort des règlements sur l’environnement et la santé s’est produit par l’établissement des régimes mondialisés de libre-échange. Les exigences du droit commercial, les instances internationales fixant les normes et les processus secrets de règlement des différends constituent maintenant de puissants obstacles pour les gouvernements qui envisagent des mesures d’intérêt public »12. Les négociations internationales sur le commerce ont continué à saper le contrôle autonome exercé par les gouvernements nationaux sur les normes de développement humain durable, ramenées au plus faible dénominateur commun. L’une des choses les plus utiles à sortir des réunions tenues par le G-7 à Halifax en 1995 a été la coalition Halifax Initiative, un groupement d’ONG canadiennes militant pour la réforme des institutions de Bretton Woods et pour l’interruption de l’action environnementale et sociale destructive des programmes d’ajustement structurel. Parmi ses membres figurent le CUSO, la Coalition inter-églises sur l’Afrique, le Comité pour la justice sociale de Montréal, OXFAM-Canada, le Sierra Club du Canada et le Conseil canadien pour la coopération internationale. La coalition Halifax Initiative a joué un rôle important en démystifiant les dossiers des dettes et des courants financiers à l’échelle internationale, qu’elle a rattachés aux problèmes du développement durable et des moyens d’existence. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 PROBLÈME NO 5 : LE MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE Les ONG ont tiré les sonnettes d’alarme, et les récents sondages montrent clairement que le public est à la fois conscient et inquiet des problèmes de l’environnement. De son côté, le gouvernement canadien a pris des centaines d’engagements internationaux en la matière. Les idées et les options viables ne manquent donc pas : ce sont les actes qui ne suivent pas. Le problème réside dans le manque de volonté politique et dans le manque de participation du public à l’élaboration des orientations. Bien qu’un petit groupe se montre actif dans le dialogue sur les politiques, le citoyen moyen est moins en mesure de participer, déclare Paul Muldoon de l’ACDE13. Le défi, pour les ONG et les gouvernements, c’est d’énoncer un plus large programme prévoyant une plus grande participation — surtout dans des dossiers comme la finance, le commerce et le changement climatique à l’échelle internationale. En générant une pression nationale suffisante, les OSC devraient amener les politiciens à répondre davantage de leurs actions. Selon Lois Corbett de la Toronto Environmental Alliance (TEA), les ONG ont connu plus de succès quand elles ont élargi les voies de la participation directe — en œuvrant à l’échelon municipal pour l’application de règlements de la circulation qui réduisent les émissions, en forgeant des relations entre militants et fonctionnaires locaux pour faire respecter les arrêtés antipollution et en encourageant la gérance civique des ressources locales. Créer un climat de changement Avec la tempête de verglas qui s’est abattue sur le Canada central en janvier 1998, les Canadiens ont eu un aperçu alarmant des effets que les changements climatiques dans le monde pouvaient avoir sur chacun. Cet hiver-là, des ONG canadiennes ont exercé de vives pressions pour obtenir des engagements à la conférence de Kyoto sur la Conventioncadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Quoique le Canada ait pris l’engagement contraignant de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 6 p. 100 par rapport à leurs niveaux de 1990, ses chances d’atteindre cette modeste cible sont peu brillantes, étant donné les piètres CHAPITRE TROIS résultats qu’il a récemment affichés. Selon les estimations de Gary Gallon, un observateur du climat, le Canada ne dépense pas, par habitant, la moitié de ce que les ÉtatsUnis consacrent à la protection de l’environnement14. Les écologistes fondent peu d’espoirs sur le processus adopté pour lutter contre le changement climatique : « Le processus actuel ne va pas marcher; il est fait pour ne pas marcher », affirme David Runnalls de l’IIDD. Il est trop bureaucratique, se veut trop un processus et ne s’attaque pas aux réels problèmes15. Le gouvernement a échappé à une étroite surveillance de son action sur le front du changement climatique parce que c’est un dossier assez nouveau pour les OSC. Une bonne part du travail sur le changement climatique s’est effectuée par l’entremise du Climate Action Network, un réseau mondial de chercheurs et de militants qui comprend des ONG canadiennes comme le Pembina Institute for Appropriate Development, le Sierra Club du Canada, Greenpeace et la Fondation David Suzuki. Au dire de Robert Hornung de l’Institut Pembina, le réseau a réussi à soulever la problématique du changement climatique sur les plans national et international, « mais le problème réside maintenant dans la volonté politique ». Au Canada, le principal succès a été remporté sur la scène municipale par l’action et la manifestation, d’ajouter Hornung16. PROBLÈME NO 6 : F A I R E P L U S AV E C M O I N S ? Les compressions répétées que les organismes gouvernementaux ont pratiquées dans les budgets des dix dernières années ont signifié la réduction ou la fermeture forcée de beaucoup de petites organisations sans but lucratif. Les problèmes écologiques devenant plus pressants, la lutte pose davantage de difficultés et la recherche d’autres possibilités de financement détourne les ONG de leur vraie tâche : l’éducation et la promotion au profit du changement. Au Canada, les ONGE ont toujours essayé de réduire au maximum leur dépendance financière envers le gouvernement. À une époque d’austérité, cette indépendance se révèle cruciale : de plus en plus absorbées par la collecte de fonds ou la signature d’ententes avec des grands donateurs, les plus grosses L E D É F I C O M M U N D E L’ E N V I R O N N E M E N T 41 ONGE risquent de découvrir que leur fonction traditionnelle de défense et de promotion est devenue plus limitée. De plus petits groupes comme les organisations d’étudiants et les groupements antipauvreté ont pris une importance capitale, car ils sont plus susceptibles d’affronter les décideurs et les grandes sociétés, et plus enclins à se lancer dans la promotion « politique ». En outre, ils possèdent souvent un noyau de bénévoles engagés qui peuvent se montrer très efficaces dans la mobilisation de l’opinion. C o n t re l e s m é g a p ro j e t s : le militantisme et les GRIP Les militants du monde étudiant sont un segment vivant de notre société civile, et ils ont souvent joué le rôle de meneurs en mettant en évidence des problèmes écologiques. C’est le cas des groupes de recherche d’intérêt public (GRIP) qui existent depuis 25 ans sur les campus du Canada. D’après les militants étudiants Karen Farbridge et Peter Cameron, « le succès des GRIP comme modèle de participation des jeunes a résidé dans leur aptitude à concilier processus et objectifs, formation et militantisme. Les étudiants ne se sont pas contentés de parler des problèmes environnementaux de l’incinération. Ils ont stoppé des opérations d’incinération dans leurs communautés. Les étudiants ne se sont pas contentés d’effectuer des recherches sur la dégradation des habitats offerts par les rivières. Ils ont nettoyé des rivières et planté des arbres17. » Depuis que le premier s’est créé en 1972 après que Ralph Nader, le champion des consommateurs, a inspiré les étudiants par un discours prononcé à l’Université de Waterloo, les GRIP ont mené une action entièrement nouvelle dans les dossiers du projet de la Baie James au Québec, du barrage de Narmada en Inde et du barrage des Trois Gorges en Chine, et ils ont dénoncé le rôle des sociétés canadiennes au Myanmar. Usant de diverses tactiques — l’action directe, le boycott et la recherche-investigation — les GRIP ont influencé l’opinion au sujet de nombreuses catastrophes écologiques qui auraient pu échapper à l’attention du grand public. 42 Demain : l’environnement vu comme un défi commun L’avenir est peu brillant pour l’environnement planétaire. À titre d’exemple, quelque 13 millions d’hectares de forêts (soit à peu près la superficie du Népal) sont coupés ou brûlés chaque année, et la désertification touche le quart de la surface terrestre du globe. Près de 60 p. 100 des stocks halieutiques mondiaux sont presque épuisés18. La vie d’abondance des pays du Nord est à la base de ces problèmes décourageants. Le défi est par conséquent politique : modifier les niveaux de vie, aider le Sud à se développer et à payer pour les nouvelles technologies, et atténuer les effets disproportionnés que la dégradation du milieu a sur les gens pauvres. Les OSC canadiennes se rendent de plus en plus compte de la nécessité de s’attaquer aux problèmes comme le consumérisme à domicile — et de la difficulté des dossiers et des choix soulevés. Comme le fait remarquer Corbett de la TEA, « même si nous obtenons des contrôles plus stricts des émissions, on n’aborde toujours pas la question de la multiplication des voitures en circulation. C’est important d’établir des liens sur la pollution urbaine entre Toronto et Mexico, mais nous devons également considérer l’aspect consommation de notre côté19. » Un autre débat tourne autour de l’idée même du développement durable. La notion, initialement destinée à stimuler un débat sur l’environnement, le développement et la pauvreté, a perdu aujourd’hui une bonne partie de sa signification. Les critiques allèguent que la notion, souvent évoquée par industriels et gouvernements, met bien plus l’accent sur le développement que sur le côté durable, et vient légitimer une croissance économique prolongée sous le couvert de la durabilité20. Des économistes écologistes comme Herman Daly affirment que le véritable développement durable peut et doit se faire sans croissance économique, à l’intérieur de la capacité de charge des communautés locales, et assurera quand même un changement qualitatif et la réalisation du potentiel humain. Il prétend que « le développement durable, le développement sans croissance, ne signifie pas la fin RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Qu’est-ce que cela signifie pour les Canadiens qui essaient de provoquer un changement mondial ? Les ONGE ont remporté quelques succès importants au cours des 30 à 40 années de leur existence : elles font maintenant partie intégrante d’une communauté mondiale de l’environnement qui est pleine de vitalité; elles ont forgé des alliances avec des groupes écologistes du Sud et se sont instruites de leur expérience; et elles sont devenues une force majeure dans les débats mondiaux sur l’environnement et dans le dialogue sur les politiques en la matière. Les études indiquent que ces ONGE ont eu un effet — la connaissance fondamentale des questions environnementales atteint un degré élevé au Canada, et on trouve de fortes concentrations de gens sensibilisés et agissants dans tout le pays. À la fin des années 1990, l’environnement redevient une priorité, car les Canadiens ont commencé à associer leur santé à celle du milieu23. En dernier lieu, comme le soutien du gouvernement s’amenuisait, les citoyens ont souvent intensifié leurs actions, et les services bénévoles et les dons apportés aux OSC ont augmenté un peu partout. Toutefois, ceci ne s’est pas encore traduit par de vrais changements dans la politique du gouvernement. On pourrait dire que le militantisme environnemental et social a connu ses moments les plus forts quand des OSC du Nord et du Sud se sont ralliées pour dénoncer et combattre les priorités de gouvernements ou de sociétés transnationales — comme dans le cas du récent mouvement contre l’AMI. Si jamais le financement accordé aux ONG CHAPITRE TROIS 4 • Adbusters : www.adbusters.org É • Alternatives : www.fes.uwaterloo.ca/Research/Alternatives/ R • Association canadienne du droit de l’environnement : www.web.net/cela • Conseil international pour les initiatives écologiques communales : www.iclei.org C • Ecology Action Centre : www.chebucto.ns.ca/Environment/EAC/EAC-Home.html A D • Canards Illimités : www.ducks.ca N Pour d’autres, tels que David Runnalls, cette façon de voir est « antidéveloppement » et trop pessimiste; comme la Commission Brundtland, ils estiment que le développement durable peut s’atteindre avec des ajustements dans le mode de vie et dans la consommation, et avec une production plus rationnelle sous l’angle écologique22. LES SITES WEB CANADIENS À SOULIGNER • Greenpeace Canada : www.greenpeacecanada.org E de l’économie. Au contraire, l’économie devient encore plus importante. Mais c’est une économie subtile, et complexe, d’entretien, d’amélioration qualitative, de partage, de frugalité et d’adaptation aux limites naturelles. C’est une économie du mieux, et pas du toujours plus21. » • Institut international de développement durable : www.iisd.ca • La Voie verte (Environnement Canada) : www.doe.ca • Pembina Institute for Appropriate Development : www.pembina.org • Rapport du commissaire à l’environnement et au développement durable à la Chambre des communes, 1998 : www.oag-bvg.gc.ca • Sierra Club du Canada : www.sierraclub.ca • Sites Web sur la durabilité : www.chebucto.ns.ca/CommunitySupport/CUSO/coolsites.html • The David Suzuki Foundation : www.davidsuzuki.org • The Green Teacher : www.web.net./~greentea/ • The Halifax Initiative : www.sierraclub.ca/national/halifax/index.html • Western Canada Wilderness Committee : www.wildernesscommittee.org • Fonds mondial pour la nature Canada : www.wwfcanada.org traditionnelles devenait encore plus précaire, il se pourrait bien qu’on voie les groupements communautaires relever ce défi avec une nouvelle ardeur. Peut-être, comme l’a écrit l’auteur ougandais Yash Tandon, la résistance deviendra-t-elle la principale forme de développement durable24. En maintenant l’accent sur les collectivités locales — où les moyens d’existence sont les premiers menacés, où la résistance prend naissance et où les solutions surgissent en premier — on a la possibilité d’intégrer de plus en plus les habitants des forêts, les autochtones, les pêcheurs et les agriculteurs au débat urbain et du Nord dont ils ont souvent été exclus. Pour cela, les ONGE et les autres OSC du Canada doivent de plus en plus se mobiliser en vue de générer un changement mondial, et se brancher sur les mouvements populaires et les foyers de nouvelles idées qui existent au Sud et au Nord. Elles doivent créer de plus grandes possibilités de participation civique et d’intervention politique directes; exiger la reddition de comptes et la transparence L E D É F I C O M M U N D E L’ E N V I R O N N E M E N T 43 sur le plan politique pour assurer la protection de l’environnement et l’équité sociale; et veiller à ce que les gouvernements mettent à exécution leurs engagements de préserver l’environnement pour le bien de tous les êtres vivants. 23 Environics International Monitor, 1997. 24 Yash Tandon, « Village Contradictions in Africa », dans Sachs (dir.), Global Ecology: A New Arena of Political Conflict, 1995, p. 221. RENVOIS L’auteur remercie les personnes qui suivent pour les entrevues qu’elles lui ont accordées aux fins de ce chapitre : Jeanne Moffat (de Greenpeace), David Runnalls (de l’Institut international de développement durable), Wayne Roberts (auteur indépendant qui écrit sur l’environnement), Robert Hornung (du Pembina Institute for Appropriate Development), Jane Inch (du Réseau canadien de l’environnement), Ken Traynor et Paul Muldoon (de l’Association canadienne du droit de l’environnement), Lois Corbett (de la Toronto Environmental Alliance) et Angus McAllister (d’Environics International). 1 Mathias Finger, « Politics of the UNCED Process », dans Wolfgang Sachs (dir.), Global Ecology: A New Arena of Political Conflict, Londres, Zed Books, 1995, p. 45. 2 Gouvernement du Canada, Chambre des communes, Rapport du commissaire à l’environnement et au développement durable, Ottawa, ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux du Canada, 1998, p. 2-26. 3 Réseau canadien de l’environnement, The Green List, Ottawa, RCE, 1994. 4 Environics International Monitor, Global Public Demands Environmental Action Now, Toronto, Environics International, 9 novembre 1997. Voir www.environics.net/eil/iemnew (accès en mars 1999). 5 Interview personnelle de l’auteur, 15 juillet 1998. 6 Cité dans Wayne Roberts et Susan Brandum, Get a life! How to make a good buck, dance around the dinosaurs, and save the world while you’re at it, Toronto, Get A Life Publishing House, 1995, p. 268. 7 Interview personnelle de l’auteur, 15 juillet 1998. 8 Interview personnelle de l’auteur, 14 juillet 1998. 9 Wayne Roberts, interviewé par l’auteur, 12 juillet 1998. 10 Interview personnelle de l’auteur, 13 juillet 1998. 11 Interview personnelle de l’auteur, 14 juillet 1998. 12 Association canadienne du droit de l’environnement, Stomping on the Earth: Trade, Trade Law, and Canada’s Ecological Footprints, Toronto, ACDE, 1998, p. 4. Voir www.web.net/cela (accès en mars 1999). 13 Interview personnelle de l’auteur, 14 juillet 1998. 14 Gallon Environment Newsletter, juin 1998. 15 Interview personnelle de l’auteur, 16 juin 1998. 16 Interview personnelle de l’auteur, 17 juillet 1998. 17 Karen Farbridge et Peter Cameron, « PIRG Power », dans Alternatives, été 1998, p. 23. 18 Gouvernement du Canada, Chambre des communes, 1998. 19 Interview personnelle de l’auteur, 2 juin 1998. 20 Voir, par exemple, les articles de Wolfgang Sachs et de Nicholas Hildyard dans Wolfgang Sachs (dir.), Global Ecology: A New Arena of Political Conflict, 1995. Voir aussi Herman Daly, Beyond Growth: The Economics of Sustainable Development, Boston, Beacon Press, 1996. 21 Daly, op.cit., p. 167. 22 Commission mondiale sur l’environnement et le développement, Notre avenir à tous, Oxford, 1987. 44 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 LA BATAILLE POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE Graham Riches Graham Riches est social directeur de service à la Colombie-Britannique. de l’École l’Université de Q U C H A T A R P I T R E E LA BATAILLE POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE P our bien des Canadiens, la bataille contre la faim, et ses effets sur le quotidien des femmes, des hommes et des enfants touchés, dans ce pays et partout dans le monde, sont associés à la guerre contre la pauvreté et à l’octroi des droits fondamentaux de la personne. Le nombre de gens touchés par la faim est renversant : 800 millions de personnes sont gravement sous-alimentées dans « La faim est un monstre à multiples têtes [...] relié à une large gamme de privations (biologiques, économiques et sociales). » Jean Drèze et Amartya Sen, Hunger and Public Action, Oxford, Clarendon Press, 1989, p. 15. le monde, selon les Nations Unies, et 25 p. 100 de l’humanité vit dans la pauvreté absolue1. Au Canada, malgré la première place que le Programme des Nations Unies pour le développement lui a attribuée dans le Rapport mondial sur le développement humain 1998, quelque 716 496 personnes ont eu recours à des banques d’aide alimentaire durant le seul mois de mars 19982. La persistance du problème de la faim vient saper l’idée fondamentale qu’une nourriture convenable est un droit fondamental de la personne, occupant une place centrale dans le concept de citoyenneté commune et de société démocratique. Dans ce chapitre, nous examinons le rôle que les organisations de la société civile (OSC) du Canada jouent, sur la scène internationale et à domicile, dans la lutte contre la faim dans le monde. En approfondissant la nature et l’ampleur du problème de la faim, nous faisons ressortir les activités que mènent certaines de ces OSC, en évaluons les effets et proposons des stratégies pour l’avenir. 46 La faim et la sécurité alimentaire La faim et la sécurité alimentaire sont des questions complexes. D’après les économistes renommés Jean Drèze et Amartya Sen, « la faim est un monstre à multiples têtes [...] relié à une large gamme de privations (biologiques, économiques et sociales) »3. Sen, qui s’est vu décerner le prix Nobel de l’économie en 1998, affirme que la pénurie de produits alimentaires n’est pas la seule ou la principale cause de la faim et de la famine. Les famines se manifestent, écrit-il, « quand les gens perdent les moyens économiques de se procurer de la nourriture », et elles se produisent rarement dans les pays indépendants et démocratiques4. D’autres citent les liens entre la mondialisation et la montée inexorable de la pauvreté. Lors du Forum des ONG qui accompagnait le Sommet mondial de l’alimentation à Rome en 1996, Jeanot Minla Mfour’ou a déclaré que RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 La sous-alimentation chronique est un problème concentré dans le Sud, notamment dans les 82 pays que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) définit comme les pays à faible revenu à déficit vivrier. La moitié sont situés en Afrique (voir la figure 1). Tous ces pays, dont le revenu net moyen est de 400 $ US par habitant, sont trop démunis pour pouvoir acheter des produits alimentaires sur les marchés mondiaux. Ils ne sont pas non plus admissibles à des emprunts auprès de l’Association internationale de développement, le guichet des prêts à conditions libérales de la Banque mondiale 8. CHAPITRE QUATRE 1 É R D A C N E • La malnutrition, qui peut compromettre la santé physique et mentale, résulte de la consommation insuffisante (dénutrition) ou excessive d’un ou de plusieurs éléments nutritifs. Des maladies infectieuses peuvent en être la cause ou l’effet. De l’eau pure, une hygiène sûre et l’accès à des soins de santé sont donc des conditions essentielles à une bonne nutrition. • La sécurité alimentaire veut dire que chaque personne ait un accès assuré, principalement par la production ou l’achat, à une quantité suffisante d’aliments sûrs, nourrissants et culturellement acceptables, pour pouvoir mener une vie saine et active en toute dignité. Elle implique la disponibilité de ces aliments, l’accès à ces aliments et l’utilisation de ces aliments. • La sécurité des moyens d’existence signifie l’accès convenable et durable à des revenus et aux autres ressources qui permettent aux ménages de satisfaire tous leurs besoins essentiels, comprenant le logement, les soins de santé, l’accès à de l’eau pure, les installations sanitaires, la participation communautaire, l’éducation, la formation, le temps suffisant pour la bonne garde des enfants et la connaissance des bonnes pratiques diététiques. Source E N FA N TS D E M O I N S D E 5 A N S Q U I S O N T T R O P M A I G R E S , 1 Adapté de Bread for the World Institute, Hunger in a Global Economy. Eighth Annual Report on the State of World Hunger, Silver Spring, BWI, 1997, p. 8. Enfants trop maigres (%) Enfants trop maigres (en millions) Enfants de moins de 5 ans (en millions) 30 25 58 26 12 156 88 49 24 12 42 6 180 55 Groupe économique • Faible revenu • Revenu intermédiaire 38 22 148 31 388 140 T O TA L 34 179 528 Afrique subsaharienne Moyen-Orient Asie du Sud Asie de l’Est et du Sud-Est Amérique latine et Caraïbes Source Bread for the World Institute, Hunger in a Global Economy: Hunger 1998. Eighth Annual Report on the State of World Hunger, Silver Spring, BWI, 1997, p. 9. L A BATA I L L E P O U R L A S O U V E R A I N E T É A L I M E N TA I R E E Région A U PA R R É G I O N D U M O N D E E N D É V E L O P P E M E N T, 1 9 9 0 L La faim est un des liens communs les plus désolants que partagent gens du Nord et gens du Sud. Certes, des avancées ont été réalisées dans la lutte menée contre elle : le nombre de personnes en souffrant a diminué de 918 millions en 1970 à 841 millions en 1992, et leur proportion dans la population mondiale est tombée de 35 à 25 p. 100. Néanmoins, il subsiste de sérieux défis dans le combat contre la faim dans le monde. Il existe, par exemple, des variations régionales et le problème croît dans certaines régions, spécialement en Afrique7. En outre, les femmes étant plus sujettes à la pauvreté, le problème de la faim touche les enfants de façon disproportionnée (voir le tableau 1). • La faim, c’est l’état où les gens n’ont pas assez à manger pour absorber les éléments nutritifs (hydrates de carbone, graisses, protéines, vitamines, minéraux, eau) dont ils ont besoin pour pouvoir mener des vies saines, actives et pleinement productives. B L E S T E N TA C U L E S D E LA FAIM DANS LE MONDE Le Bread for the World Institute, une ONG de Washington qui cherche à éliminer la faim dans le monde, donne les définitions suivantes de la faim et de ses problèmes connexes : A Malgré les nettes distinctions qui existent entre les questions de la faim et de la sécurité alimentaire, ces dernières ont manifestement une relation. Ainsi que l’a écrit Bruce Moore, ancien directeur de la Fondation canadienne contre la faim (et aujourd’hui à Partners in Rural Development), « [...] sécurité alimentaire, soulagement de la pauvreté et moyens d’existence durables sont inextricablement liés »6. Autrement dit, la faim ne sera éliminée d’aucune société, au Nord comme au Sud, tant que tous les gens ne jouiront pas de la sécurité alimentaire. UNE DÉFINITION DE LA FAIM T « la mondialisation de l’économie, plus le manque de responsabilité des sociétés multinationales et la propagation des habitudes de surconsommation, ont accru la pauvreté dans le monde »5. 47 Le problème de la faim grandit aussi dans les sociétés de pays du « premier monde » comme le Canada. La première banque canadienne de secours alimentaires et de bienfaisance est née en 1981 à Edmonton — signe précoce d’un filet de sécurité sociale en train de se désagréger 9. En 1998, le nombre des banques d’aide alimentaire au Canada dépassait 1 600, selon les estimations10. L’incidence grandissante de la faim au sein de notre société ne devrait guère étonner, vu que : • Le Canada connaît un taux de chômage constamment élevé : en décembre 1998, il atteignait 8 p. 100 11. F I G U R E 1 Tendances dans le nombre et la proportion des gens sous-alimentés, par région en développement Nombre de sous-alimentés (en millions) Proportion des sous-alimentés (en pourcentage) % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1 2 1968 à 1971 1979 à 1981 1990 à 1992 3 4 5 500 400 300 250 200 150 100 75 50 25 0 1 2 1 Afrique subsaharienne 2 Afrique du Nord et Moyen-Orient 3 Asie de l’Est et du Sud-Est 3 4 5 1968 à 1971 1979 à 1981 1990 à 1992 4 Asie du Sud 5 Amérique latine et Caraïbes Source : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, The Sixth World Food Survey, Rome, FAO, 1996, p. 46. 2 LA FAIM EN 1998 : QUELQUES CHIFFRES É • Les taux de recours aux banques d’aide alimentaire sont les plus élevés à Terre-Neuve, en Ontario, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Québec, au Manitoba et en Nouvelle-Écosse. N Source Association canadienne des banques alimentaires, HungerCount 1997/98. HungerCount 98. Reports on Emergency Food Assistance in Canada, Toronto, ACBA, 1997 et 1998. A C • Le recours aux banques d’aide alimentaire a doublé entre 1989 et 1997; il a augmenté de 5,4 p. 100 de 1996 à 1997. E D • Les enfants entrent pour 41,5 p. 100 dans le total des gens secourus. R • 716 496 Canadiens recevaient des secours alimentaires durant le seul mois de mars 1998; ils représentaient 2,4 p. 100 de la population. 48 • Un enfant canadien sur cinq vit dans la pauvreté. • Les prestations provinciales d’aide sociale représentent des milliers de dollars de moins que le seuil de pauvreté canadien. Ainsi, en 1996, un célibataire employable ne touchait d’ordinaire que 36 p. 100 du revenu provincial moyen du seuil de pauvreté, qui était de 15 051 $; et un couple ayant deux enfants recevait à peine plus de la moitié du revenu du seuil de pauvreté, qui s’élevait à 29 857 $12. • Les politiques de rigueur budgétaire des gouvernements fédéral et provinciaux comportent des coupes importantes dans les programmes de santé, d’éducation et de services sociaux, comme les prestations d’assurance-chômage et l’assistance sociale. Beaucoup de gens qui ont du mal à satisfaire les besoins alimentaires du foyer cherchent de l’aide auprès des banques alimentaires (voir l’encadré 2). Ces dernières bouchent provisoirement le trou, mais n’offrent finalement qu’une solution de fortune. Car les banques d’aide alimentaire s’épuisent, ne garantissent pas des repas nutritifs, dépendent des dons de charité, et minent le droit à une nourriture et à un revenu convenables. Une étude effectuée en 1998 sur les femmes de familles qui utilisaient les banques alimentaires de Toronto a indiqué que, malgré cette aide, « l’immense majorité des ménages connaissait un certain degré d’insécurité alimentaire et plus de la moitié signalait un certain niveau de privation absolue »13. Ce sont ces chiffres, et les drames sociétaux et humains qu’ils cachent, qui ont amené notre communauté des OSC à se lancer, au Canada et à l’étranger, dans le combat contre la faim. Quand les gouvernements et le secteur privé ne réagissent pas, c’est aux organisations de la société civile que revient le soin de répondre aux besoins des gens qui ont faim. La lutte contre la faim : les problèmes clés pour les OSC Les organisations de la société civile du Canada ont vu se poser quatre problèmes clés dans leur combat contre la faim : les causes politiques de la faim et les liens RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 structurels entre la faim au Nord et au Sud; le rôle grandissant des OSC et le soutien décroissant du gouvernement; les problèmes des droits fondamentaux et des droits acquis en ce qui concerne la nourriture et la sécurité du revenu; et l’importance de la bataille pour la souveraineté alimentaire. L A N AT U R E P O L I T I Q U E DU PROBLÈME DE LA FAIM Derrière les actions, les recherches et le travail de promotion de bon nombre de nos OSC, on trouve leur compréhension des causes premières — structurelles et politiques — du problème de la faim au Sud et au Nord. Beaucoup font écho à Sally Rutherford (de la Fédération canadienne de l’agriculture) qui a conclu : « Cela fait plus d’une décennie que les agriculteurs de la Terre produisent assez de nourriture pour satisfaire toute la population du monde, et pourtant des millions de gens continuent à souffrir de la faim. Le problème n’est pas le manque de nourriture, mais le manque de volonté politique de voir à ce qu’elle soit distribuée de manière équitable. On doit reconnaître ce point si on veut trouver des solutions au problème de la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale 14. » Beaucoup d’OSC conviennent que le problème de la faim est enraciné dans les structures complexes et iniques d’un système alimentaire mondialisé, et dans les politiques agricoles et commerciales où des compagnies transnationales comme la Monsanto et Cargill Inc. exercent de plus en plus un pouvoir et une influence énormes; dans l’endettement forcé des pays à faible revenu enregistrant un déficit vivrier; dans l’iniquité grandissante qui existe sur le plan alimentaire et sur celui des revenus, dans et entre les pays du Nord et du Sud; dans le manque et la perte d’emplois, de revenus et de droits fonciers, causés par les politiques de réforme économique; dans l’incapacité des institutions internationales et des gouvernements à accepter leurs obligations internationales en matière de droits de la personne; dans la discrimination fondée sur le sexe, la race, l’ethnie et l’âge; et dans l’impuissance et l’exclusion sociale des gens pauvres, sans terres, et souffrant de la faim. CHAPITRE QUATRE LE RÔLE GRANDISSANT DES ONG ET LE SOUTIEN DÉCROISSANT DU GOUVERNEMENT Malgré cela, alors que les OSC du Canada ont accru leur rôle dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, à domicile et sur la scène internationale, le gouvernement s’est montré un acteur plus réticent. Selon David MacDonald, du Réseau mondial pour la sécurité alimentaire, les problèmes de sécurité alimentaire ont moins d’importance à partir du moment où les gouvernements font du commerce une priorité de la politique étrangère15. De même, quand la directrice exécutive de l’Association canadienne des banques alimentaires, Julia Bass, déclare que l’accroissement du problème de la faim chez nous est causé par le chômage et les compressions massives des dépenses sociales, cela sous-entend que le gouvernement concentre ses priorités ailleurs, et non sur les questions de sécurité alimentaire16. Jean Christie, directrice des liaisons internationales à la Fondation internationale pour l’essor rural (RAFI), dit que malgré de bons résultats, les ONG actives dans le domaine sont souvent à la limite de leurs possibilités, étant donné les défis écrasants qui subsistent. Elle souligne en particulier que le manque de fonds publics pour étayer l’infrastructure organisationnelle des OSC du Sud demeure un obstacle clé, qui gêne sérieusement la réussite et mène à des réactions fragmentaires17. Afin que les projets d’aide alimentaire et de développement communautaire puissent produire des bienfaits à long terme, les OSC du Sud et du Nord ont besoin de moyens administratifs, de formation et de matériel. OXFAM-Canada a reconnu cette nécessité et affecte une partie de son budget au financement des coûts institutionnels de ses partenaires du Sud. OXFAM reçoit en fait le soutien du gouvernement canadien pour ce travail fondamental, par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Bien que les réductions budgétaires du gouvernement créent plus de pressions pour les OSC qui doivent faire face aux besoins, la question de la capacité organisationnelle demeure un grand obstacle. D’une manière générale, les compressions gouvernementales ont un L A BATA I L L E P O U R L A S O U V E R A I N E T É A L I M E N TA I R E 49 effet négatif sur la capacité des OSC à lutter contre la faim. Deux choses s’imposent ici : un soutien interministériel et la volonté politique de veiller à ce que ces moyens soient donnés à la communauté des ONG pour permettre le renforcement des capacités. « La mondialisation de l’économie, plus le manque de responsabilité des sociétés multinationales et la propagation des habitudes de surconsommation, ont accru la pauvreté dans le monde. » Jeanot Minla Mfour’ou, porte-parole du Forum des ONG lors du Sommet mondial de l’alimentation. Rod MacRae, du Conseil de la politique alimentaire de Toronto, signale un autre problème clé qui se pose à nos OSC, œuvrant au Canada et à l’étranger, et qui influe sur le renforcement des capacités : leur forte dépendance à l’égard du financement public. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, des fonds privés et philanthropiques sont beaucoup plus disponibles qu’au Canada (lire la section « Les organisations de la société civile et leur financement au Canada », p. 125), de sorte que le secteur a pu se constituer une plus large base de financement et conserver un rôle indépendant. Au Canada, étant donné le soutien restreint du gouvernement pour les activités de prévention et de développement, les programmes de bienfaisance et de secours alimentaires ponctuels sont plus répandus et, en fin de compte, plus aisés à financer. Dans ces conditions, il y a peu de choses qui incitent — ou de gens qui poussent — à financer et arrêter des stratégies à long terme contre la faim. Il faut exhorter le gouvernement canadien à se concentrer sur ses obligations nationales et internationales en matière de sécurité alimentaire. Ces obligations n’impliquent pas toujours de plus grandes dépenses d’aide alimentaire, mais plutôt un plus grand respect du droit à une nourriture convenable. D R O I T S F O N D A M E N TA U X ET DROITS ACQUIS Pour arriver à convaincre les organisations internationales et les gouvernements de mettre l’accent sur la sécurité alimentaire et le développement — plutôt que sur la charité et l’aide alimentaire, comme ils le font actuellement — les OSC devront entretenir le débat en matière de justice sociale qui a été engagé autour des droits acquis (le droit à un travail et à un revenu) et du droit à une nourriture convenable. Aucune des OSC ne considère que la réponse au problème de la faim se trouve simplement dans la charité; leurs façons de l’aborder 50 reflètent une diversité de motivations et de capacités. Par exemple, même si elle souligne son rôle de charité et la nécessité de donner directement à manger aux citoyens qui ont faim, l’Association canadienne des banques alimentaires considère, comme l’Organisation nationale anti-pauvreté, que la solution au problème de la faim réside dans le plein emploi, des salaires convenables, des logements abordables et des prestations de sécurité sociale. Les deux insistent à juste titre sur l’importance critique des droits (acquis) à un travail et à un revenu. Cette position est équivalente à celle de l’organisation Partners in Rural Development, pour qui la clé du soulagement de la pauvreté et de la sécurité alimentaire se trouve dans l’offre de moyens d’existence durables aux gens du Sud. La notion de moyens d’existence durables englobe le droit des agriculteurs et des paysans à avoir la propriété de leurs terres et de leurs semences et à assurer eux-mêmes la vente de leurs produits. La garantie du revenu et la sécurité alimentaire sont donc des stratégies compatibles pour combattre la faim. L’établissement du droit à une nourriture convenable a une importance capitale dans la lutte contre la faim. Jean Christie soutient que les droits fondamentaux de la personne doivent s’appliquer aux accords commerciaux internationaux puisqu’ils influent sur les problèmes de la faim et de la sécurité alimentaire. La RAFI avance régulièrement cet argument dans les négociations multilatérales sur les questions de génie génétique et la protection de la biodiversité. On ne doit pas faire fi des arguments prônant le droit à une nourriture convenable : dans le Sud, les politiques d’ajustement structurel ont signifié la perte de terres et de moyens d’existence durables pour des millions de gens; au Canada, la restructuration liée à la réforme du système de bien-être (par suite de l’abolition du Régime d’assistance publique en 1966 et de l’abaissement des normes nationales en matière de bien-être social) a privé des centaines de milliers de gens du droit à une aide adéquate et, par conséquent, à une nourriture convenable. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Toutefois, promouvoir le droit à une nourriture convenable et en faire une prétention exécutoire, à respecter par les gouvernements, sont des sujets plus controversés. Un certain nombre d’OSC ont soulevé ces questions — une fois en 1993 et derechef en 1998 — auprès du Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, chargé de contrôler que les États observent le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (adopté en 1966). Elles soutiennent qu’en ratifiant le pacte en 1976, le Canada s’est engagé à garantir les droits sociaux fondamentaux, dont celui à une nourriture convenable (lire l’article 11). Les droits à une nourriture et à un revenu convenables devraient donc être respectés à l’intérieur de nos frontières. Or, la multiplication spectaculaire des banques d’aide alimentaire révèle une situation fort différente. D’après Bruce Porter (du Comité de la Charte et des questions de pauvreté), même chez les OSC il n’existe pas grand consensus sur la question « objectifs ou droits sociaux ? ». Le soulagement de la faim est considéré comme un objectif à atteindre par l’action gouvernementale et non comme un droit de la personne. Beaucoup de nos ONG ont travaillé et souscrit au code de conduite dont le First Food Information and Action Network (réseau d’information et d’action pour le droit à se nourrir, créé en Allemagne) a été le fer de lance international. Le code prévoit la réalisation du droit à une nourriture convenable à l’échelle nationale et internationale, et il est destiné à renforcer sa mise en œuvre. Les gouvernements ont l’obligation de défendre le citoyen contre les atteintes à ses droits de la même façon qu’ils protègent les droits politiques. En négligeant ces droits et leurs obligations internationales en la matière, ils laissent le problème de la faim aux soins de la charité et des forces du marché. S O U V E R A I N E T É A L I M E N TA I R E : L A B ATA I L L E P O U R L E C O N T R Ô L E D E L A S I T U AT I O N A L I M E N TA I R E La nature et les causes de la faim, et les moyens d’y remédier, continuent à faire l’objet de discussions passionnées dans diverses tribunes. Ces polémiques se reflètent dans les politiques et les pratiques du CHAPITRE QUATRE gouvernement canadien, du secteur privé et des OSC qui tâchent de combattre la faim — surtout quand il est question du commerce des produits agricoles. On a une illustration concrète de ce débat dans les déclarations opposées qu’ont publiées gouvernements et ONG au Sommet mondial de l’alimentation à Rome en 1996. Appuyant la déclaration officielle, le gouvernement canadien a réaffirmé le droit à une nourriture convenable et s’est engagé à œuvrer pour réduire de moitié le nombre de gens souffrant de la faim dans le monde avant l’année 2015. Mais cette promesse est largement partie des hypothèses que la plus vaste libéralisation des échanges et l’expansion des marchés libres allaient se traduire par une plus grande production alimentaire et sa distribution plus efficace dans les pays qui enregistraient des déficits vivriers. Ces hypothèses ont été contestées dans l’autre déclaration qui a émané du Forum des ONG se tenant parallèlement à Rome. Elle a mis en doute la capacité des marchés libres à libérer le monde de la faim et maintenu que « le droit international doit garantir le droit à une nourriture convenable et veiller à ce que la souveraineté alimentaire passe avant les politiques macroéconomiques et la libéralisation du commerce. Étant donné ses dimensions sociales et culturelles, la nourriture ne peut être considérée comme un produit18. » Autrement dit, en tant que bien essentiel commun, la nourriture était trop vitale pour la santé et le bien-être humains pour être laissée aux soins du marché mondial. En fait, lors du sommet de Rome, l’organisation La Via Campesina (groupement mondial de paysans, d’agriculteurs et d’Autochtones) a exhorté les gouvernements et le secteur des entreprises à prendre l’engagement de viser la souveraineté alimentaire. Elle a réclamé « une réforme agraire immédiate, réelle et profonde, prévoyant une redistribution de la terre, du crédit et une assistance technique, et la souveraineté alimentaire à l’échelon local et national, reconnaissant le droit des gens à produire les aliments, à contrôler leur mise en marché et à s’alimenter sainement »19. La Via Campesina n’avait guère confiance que les dispositions agricoles de l’Organisation mondiale du commerce assurent un commerce L A BATA I L L E P O U R L A S O U V E R A I N E T É A L I M E N TA I R E 51 équitable et résistent au pouvoir des sociétés mondiales faisant le commerce des produits alimentaires. Aujourd’hui, beaucoup d’OSC du Nord (y compris du Canada) appuient leurs partenaires du Sud et insistent pour que les producteurs locaux, sans terres, les gens qui ont faim et reçoivent une aide alimentaire, et les personnes individuelles (pas seulement les consommateurs) contribuent directement à la réalisation de la sécurité alimentaire par l’instauration d’un plus grand contrôle sur la situation alimentaire (voir l’encadré 3). Les OSC affirment aussi que les gouvernements, représentant la volonté collective des populations, ont des rôles critiques à jouer dans la bataille contre la faim. C O A L I T I O N S E T PA R T E N A R I AT S : LES LIAISONS NORD-SUD 3 Pour combattre efficacement la faim sur les plans local, national et mondial, on doit commencer par hausser la visibilité du problème et assurer sa légitimité comme objet de politique publique. C’est pourquoi L A B ATA I L L E P O U R L A S O U V E R A I N E T É E N C A D R É A L I M E N TA I R E Plusieurs OSC du Canada appuient les efforts que font les gens au Nord et au Sud pour mieux contrôler leur situation alimentaire. Elles comprennent : • La Fondation internationale pour l’essor rural (RAFI). Par son travail de recherche et de promotion, la RAFI tente de protéger la biodiversité et les droits des agriculteurs à posséder leurs propres semences; et elle conteste l’action des sociétés transnationales qui essaient de contrôler le marché mondial des semences. • OXFAM-Canada, qui donne plus de pouvoir aux agriculteurs locaux, et surtout aux femmes, dans le cadre de réformes pour un développement agricole durable qui comprennent droits fonciers et terres communes, et qui insistent sur le droit des habitants locaux à contrôler leurs propres moyens d’existence. • Le Réseau mondial pour la sécurité alimentaire. En veillant à ce que Agriculture et Agroalimentaire Canada consulte les représentants d’ONG et d’autres lors de la préparation du Sommet mondial de l’alimentation de 1996 et de l’élaboration des plans d’action nationaux subséquents en matière de sécurité alimentaire, il a garanti une voix à la société civile. • L’Organisation nationale anti-pauvreté et le Comité de la Charte et des questions de pauvreté, qui se sont faits les champions des droits à une nourriture et à un revenu convenables. • Le Conseil de la politique alimentaire de Toronto. Il prône, par son travail sur les politiques, une sécurité alimentaire fondée sur le contrôle démocratique des systèmes d’approvisionnement alimentaire locaux. 52 des OSC du Canada et d’ailleurs mettent sur pied des coalitions et des partenariats qui réussissent et aident à reconnaître les liens entre la faim et la sécurité alimentaire au Sud et au Nord. Mais bien des OSC sur le terrain reconnaissent les difficultés associées à un tel travail international et à ce genre de partenariats : les missions et engagements qui diffèrent; les priorités concurrentes au chapitre des ressources et du financement; le « stress » de l’entretien de coalitions; et le manque de visions à long terme partagées. Beaucoup d’OSC ont surmonté ces obstacles et forgé des partenariats, à l’échelle internationale et au Canada, qui ont été des succès et leur ont permis à la fois d’ériger la faim en dossier politique et de viser plus loin que les courts bienfaits des projets autonomes. Le Réseau mondial pour la sécurité alimentaire (RMSA), par exemple, est une coalition pleine de vitalité qui œuvre avec succès pour la sécurité en matière alimentaire. Le RMSA, fondé lors de l’assemblée des ONG qui a précédé le Sommet mondial de l’alimentation à Rome, souligne l’importance de nouer des partenariats qui créent un programme commun et d’élaborer des politiques de rechange; et il a contribué à rapprocher le gouvernement canadien, le secteur privé et les OSC dans le processus pour déterminer les engagements du Canada aux fins du sommet et des plans d’action nationaux qui en ont résulté. De concert avec Agriculture et Agroalimentaire Canada, le RMSA a favorisé la tenue de deux grandes réunions de consultation à Ottawa, qui ont rassemblé un large échantillon d’ONG nationales et internationales de premier plan, de représentants de l’agro-industrie et de responsables du gouvernement : la première réunion été organisée avant le sommet de l’alimentation, pour conseiller le ministre de l’Agriculture Ralph Goodale sur les engagements du Canada aux fins de la déclaration du sommet; la deuxième a constitué un suivi pour élaborer le Plan d’action du Canada pour la sécurité alimentaire20. Dans le contexte du sommet, ces efforts ont incarné les fonctions clés de la société civile : rassembler les principales parties intéressées et entamer un véritable débat pour influencer politiques et résultats. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Le travail en partenariat à l’échelon local est lui aussi crucial. Ainsi, le projet « Seeds for Survival » que le Comité du service unitaire a démarré en Éthiopie dans le milieu des années 1980 a démontré l’importance d’amener scientifiques et agriculteurs locaux à utiliser et protéger des semences naturellement adaptées aux conditions locales (autrement dit, des variétés du pays). Ces variétés de semences ont fait grimper les rendements sur les terres marginales et ont assuré de la nourriture et des moyens d’existence durables à 30 000 agriculteurs et leurs familles22. Le projet, qui reçut dans ses premières phases l’appui de l’ACDI et de la RAFI (et que le gouvernement éthiopien a abandonné depuis), a forgé des liens avec des organisations locales et a eu le soutien du gouvernement. Le Comité du service unitaire cherche aujourd’hui à transplanter le programme au Mali. Au Canada, l’un des partenariats les plus réussis réside dans les Conseils de politique CHAPITRE QUATRE Cette guerre biologique d’un nouveau genre constitue aussi une attaque contre la sécurité alimentaire; comme l’a souligné l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 1,4 milliard de pauvres comptent sur les produits agricoles mis de côté pour leur sécurité alimentaire1. Chose encore plus troublante, la société Zeneca Bio Sciences (du Royaume-Uni) est en train de rivaliser sur la scène mondiale avec la compagnie Monsanto et tente de faire breveter une nouvelle technologie qui empêchera les agriculteurs de conserver des graines « protégées » d’une saison à l’autre2. Renvois 1 RAFI, « And Now, The Verminator », RAFI News, p. 2. Voir www.rafi.org/pr/release19.html (accès en mars 1999). 2 Ibid. alimentaire qu’on a mis sur pied à Toronto, à Kamloops et, plus récemment, à Vancouver. Ces organismes d’avant-garde réunissent tout un ensemble de personnes et d’organisations de divers secteurs qui se préoccupent des problèmes alimentaires : agriculteurs, travailleurs de la santé, éducateurs, pêcheurs, et organisations de défense de l’environnement et d’assistance sociale, entre autres. En un mot, ils tissent un réseau national d’acteurs locaux pour s’attaquer aux plus larges questions de politique qui entourent la sécurité alimentaire. À Toronto, le Conseil de la politique alimentaire n’a pas seulement parrainé des projets conduisant à des programmes de repas scolaires nutritifs, des projets « directement du champ à la table », et appuyé des programmes de jardins et de cantines communautaires; il a aussi activement mené un travail d’éducation publique et de promotion en matière d’alimentation, de santé, d’agriculture durable et de politique de bien-être. Les Conseils de politique alimentaire se concentrent sur la recherche, l’éducation publique, l’avis sur les politiques, la promotion et le travail contre L A BATA I L L E P O U R L A S O U V E R A I N E T É A L I M E N TA I R E 53 R D A C N La RAFI tâche de faire interdire l’emploi du Système pour la protection de la technologie conçu par la société Delta-Pinelands (devenue depuis la propriété de la compagnie Monsanto). Le système est fait pour stériliser les plantes afin qu’elles ne puissent produire des graines fertiles. Si elle était commercialisée, cette technologie du génie génétique forcerait les agriculteurs du Sud (ses principales cibles) à racheter des semences chaque année. Le brevet s’étend à toutes les plantes, même si la technologie a seulement été appliquée avec succès au coton et au tabac. Les agriculteurs ne perdraient pas seulement le droit d’acheter leurs propres semences : ils ne pourraient plus garder des graines de leurs récoltes et créer de nouvelles variétés. É 4 UNE NOUVELLE GUERRE BIOLOGIQUE ? E La RAFI utilise une structure de coalition dans sa propre organisation et mène une action couronnée de succès, au palier multilatéral, pour influencer les débats en matière de politique sur diverses questions clés qui ont des conséquences directes pour la lutte contre la faim dans le monde : la protection de la biodiversité agricole et de la sécurité alimentaire; la sauvegarde des droits de propriété intellectuelle; l’opposition au biopiratage; et la critique de la biotechnologie (voir l’encadré 4). Son personnel et son conseil d’administration, composés de membres de six continents, sont engagés à fond dans la recherche, l’éducation et la promotion de politiques. La RAFI a le statut de conseiller auprès de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et, en 1997, la Fondation a obtenu le statut de membre de la liste des spécialistes auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC)21. Bien qu’elle se concentre sur la recherche et la promotion de politiques, elle fait essentiellement un travail d’éducation : l’un de ses premiers objectifs est d’amener les parties adverses — représentants des gouvernementaux, sociétés transnationales et organisations de la société civile — à la table de discussion. la faim. Leurs points forts sont des racines communautaires, un éventail complet de membres, une solide base d’appui dans le domaine de la santé, et l’aptitude à mobiliser un large public et à influencer les arènes politiques, surtout aux paliers municipaux. Ils démontrent que les questions alimentaires peuvent servir de catalyseur à l’organisation communautaire et à l’action sociale. On ne saurait trop souligner l’importance des partenariats qui mènent à des projets et des campagnes en commun. Beaucoup d’OSC considèrent que le travail d’éducation publique et l’action de groupe de pression sont essentiels pour que les gouvernements fonctionnent efficacement et remplissent leurs mandats législatifs et publics, et pour que les entreprises s’acquittent de leurs responsabilités sociales. Mais le travail en coalition n’est pas facile à justifier quand les fonds sont serrés et que les organisations du Nord et du Sud ont souvent du mal à assurer leur propre survie. Pour les Canadiens travaillant au changement mondial : que faut-il faire Quels changements les OSC ont-elles réalisés en combattant la faim ? Quelles sont les politiques et les actions à poursuivre ? Quel est le rôle à jouer par la société civile face aux problèmes de la faim dans le monde ? Les organisations de la société civile se sont révélées des actrices-clés dans la bataille pour la souveraineté alimentaire. Des OSC du Nord ont noué des partenariats avec des parties intéressées du Sud, en vue d’un but commun : donner plus de pouvoir aux communautés locales — et surtout aux femmes de la collectivité — en les aidant à s’affranchir des problèmes de la faim, de la privation de terres et de la perte de récoltes, et à s’engager à poursuivre une agriculture productive et durable. Comme l’ont montré les exemples que nous avons cités, la collaboration entre OSC du Sud et du Nord a produit un riche assortiment de stratégies et d’activités, qui viennent souvent greffer la science et la technologie appropriée sur la connaissance et la tradition locales. 54 La démarche du développement communautaire occupe une place centrale dans ce travail et dans les succès qu’il peut donner. Les OSC ont changé quelque chose en aidant les gens à passer d’une dépendance alimentaire à des moyens d’existence durables. Leur action sur le plan des politiques, de la promotion et de l’éducation publique a joué un rôle critique en attirant l’attention du public et de la communauté internationale sur les problèmes de la faim et de la sécurité alimentaire; et elle a créé le lien important, dans l’esprit du public, entre les problèmes alimentaires et le commerce mondial. Les efforts déployés par le RMSA à l’époque du Sommet mondial de l’alimentation, et la campagne en commun montée par le Conseil canadien pour la coopération internationale (voir l’encadré 5) prouvent l’influence et l’effet grandissants qu’exercent les OSC en générant la volonté publique et politique de s’attaquer à la faim dans le monde. Chez nous et dans d’autres pays, les banques d’aide alimentaire sont devenues un point d’appui dans la vie des personnes démunies et qui ont faim. Mais une partie de l’énergie consacrée aux collectes de dons et à l’approvisionnement des banques pourrait être mieux orientée, peut-être vers l’activité des Conseils de politique alimentaire. Car ces derniers — par la recherche, l’éducation du public, la promotion de politiques et le travail contre la faim qu’ils mènent — peuvent se concentrer sur des solutions à plus long terme et plus durables aux problèmes de la faim et de la pauvreté. Les Conseils de politique alimentaire démontrent que les questions alimentaires peuvent servir de catalyseur à l’organisation communautaire et à l’action sociale. Qui plus est, par leurs liens avec des services populaires comme cantines et jardins communautaires, ils ont gagné la légitimité publique nécessaire pour pouvoir éduquer les autorités et le reste de la collectivité au sujet des choses qui s’imposent. L E S S T R AT É G I E S D E L’AV E N I R Une conception plus profonde des droits de la personne, éclairée par l’engagement d’assurer la justice économique et sociale et la durabilité sous l’angle écologique, est une condition centrale pour le succès RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Les initiatives locales en faveur de la sécurité alimentaire doivent aussi conserver une haute priorité au Sud comme au Nord. Au Nord, on devrait créer dans tout le pays un réseau de Conseils de politique alimentaire qui aient des programmes d’action et d’éducation Nord-Sud. Ils devraient constituer des organes de coordination indépendants en liaison avec les gouvernements municipaux, les universités et les organisations populaires, et entreprendre un travail d’éducation et la recherche d’actions participatives sur les fronts de l’alimentation et de la faim. De tels organes pourraient assurer des liaisons efficaces entre les organisations locales, provinciales, nationales et internationales qui œuvrent pour la sécurité alimentaire. Ce genre d’action ferait comprendre aux gouvernements fédéral et provinciaux que la société civile est engagée à fond dans la lutte contre la faim et dans la quête de la souveraineté alimentaire à domicile et outre-mer. 1 Promouvoir et hâter la concrétisation des engagements envers le développement durable énoncés dans Action 21 et issus du Sommet Planète Terre tenu à Rio en 1992. 2 Mettre les droits de la personne au centre de la politique étrangère du Canada et, en particulier, adopter au Canada et dans les échanges multilatéraux, des pratiques commerciales et de placement qui protègent les droits sociaux internationalement reconnus. 3 Instaurer un ordre économique mondial plus équitable en concluant des accords et en réglementant les flux de capitaux en vue de réduire les inégalités sociales et de protéger l’environnement, en annulant la dette insoutenable des pays pauvres les plus endettés et en assurant la réforme démocratique des institutions financières et commerciales internationales. 4 Veiller à la matérialisation des engagements en faveur des droits de la femme et de l’équité entre les sexes pris lors de conférences internationales des Nations Unies, en traitant de la féminisation de la pauvreté, en rehaussant l’apport des femmes aux processus décisionnels, en protégeant leur santé et en mettant fin à la violence dont elles sont victimes. 5 Honorer les obligations du Canada visant à rehausser la qualité de vie des enfants en mesurant le recul de la malnutrition, des maladies évitables et de l’analphabétisme en fonction des objectifs ciblés dans la déclaration de la Convention des Nations Unies de 1989 relative aux droits de l’enfant. 6 Contribuer à l’avènement d’un monde plus sûr pour tous, en collaboration avec tous les secteurs de la société, par des activités visant à pacifier les sociétés déchirées ou menacées par la guerre, et faire de la sécurité commune et de l’édification de la paix des objectifs prioritaires de la politique de défense canadienne. 7 Promouvoir la sécurité alimentaire en tant que droit fondamental grâce à un programme de développement de l’agriculture au Canada et dans le monde, et chercher à réaliser au moins le programme d’action en sept points adopté au Sommet mondial de l’alimentation de 1996. 8 Promouvoir la responsabilité sociale et environnementale du secteur privé, tout en offrant aux Canadiens une vie plus équilibrée sur les plans social et écologique. 9 Renverser la tendance à la baisse de l’aide canadienne à l’étranger et gagner du terrain sur la pauvreté au cours des cinq prochaines années grâce à la coopération au développement. 10 Donner aux citoyens les occasions de s’engager et de participer aux processus décisionnels nationaux et multilatéraux, en faisant ressortir les rôles et responsabilités des sociétés civiles ainsi que des dirigeants politiques, en préconisant des institutions plus équitables, transparentes et responsables. Source CCCI, Une action mondiale contre la pauvreté : un programme d’action en 10 points, Ottawa, 1998. CHAPITRE QUATRE L A BATA I L L E P O U R L A S O U V E R A I N E T É A L I M E N TA I R E 55 R D A C Il est nécessaire que nous atteignions ces dix objectifs si nous voulons mettre fin à la pauvreté : N Le combat contre la faim dans le monde exige, par-dessus tout, une nouvelle vision qui redonne une grande place aux questions de l’alimentation, de la faim et de la pauvreté dans les ordres du jour nationaux et internationaux. La campagne en commun, lancée en 1998 par le Conseil canadien pour la coopération internationale, est précisément ce genre d’initiative. Elle représente les idées, les expériences et les engagements d’un grand nombre d’ONG qui cherchent à mettre un terme à la faim, à la pauvreté et aux inégalités profondément enracinées. É 5 U N E A C T I O N M O N D I A L E C O N T R E L A PA U V R E T É E de la lutte contre la faim. Les OSC du Canada doivent veiller à ce qu’Ottawa et les provinces respectent et exécutent leurs obligations internationales en matière de droits de la personne, en reconnaissant et défendant le droit à une nourriture convenable, à l’échelle nationale et internationale. Le déroulement du Plan d’action du Canada pour la sécurité alimentaire — que le gouvernement a lancé le 16 octobre 1998, la Journée mondiale de l’alimentation — doit être surveillé de près par les OSC, qui devraient continuer à tenir les gouvernements pour responsables devant le public par l’entremise des commissions des droits de la personne, des tribunaux, des comités de surveillance de l’ONU, et par la participation continue aux négociations multilatérales. 6 L E S S I T E S W E B D ’ U N I N T É R Ê T PA R T I C U L I E R É S I T E S I N T E R N AT I O N A U X Année mondiale de la lutte contre la faim : www.iglou.com/why R Centre de recherches pour le développement international (CRDI), programme FoodLinks : www.idrc.ca Congressional Hunger Center : www.hungercenter.org Fonds de développement des Nations Unies pour la femme : www.unifem.undp.org E C Compagnie Monsanto : www.monsanto.com/monsanto/index.html N A Bread for the World Institute : www.bread.org D Banque mondiale : www.worldbank.org FoodFirst — The Institute for Food and Development Policy : www.netscape.org/hungerweb/FoodFirst FoodFirst Information and Action Network : www.foodfirst.org Food Research and Action Center : www.frac.org Institut international de développement durable : www.iisd.ca Institut international de recherche sur les politiques alimentaires : www.cgiar.org/ifpri Institut mondial pour les ressources : www.wri.org/wri Institute for Agriculture and Trade Policy : www.iatp.org/iatp Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : www.fao.org Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : www.undp.org Sierra Club (du Canada) : www.sierraclub.ca Third World Network : www.twnside.org.sg UNICEF : www.unicef.org RENVOIS Je remercie tout spécialement les représentants d’ONG qui ont accepté d’être consultés lors de la préparation de ce chapitre : Jean Christie (de la RAFI); Brian Tomlinson (du CCCI); David MacDonald et Gary Sealy (du RMSA); Bruce Moore (de PRD); Laura Breuer (du CSUC); Elaine Henderson (d’OXFAM-Canada); Julia Bass (de l’ACBA); Mike Farrell (de l’ONAP); Ed Bloss (des FBS); Herb Barbolet (de FFCF); Rod MacRae (du CPAT); Bruce Porter (du CCQP); Pat Kerans et Julie Delahanty (de l’INS). J’espère avoir fidèlement exprimé leurs expériences et leurs idées. Les analyses, interprétations et erreurs éventuelles sont l’entière responsabilité de l’auteur. 1 OXFAM-Canada, « Working Together Against Hunger », dans 1998 World Food Day Kit, St-Jean, D.G. Taylor Inc., 1998, p. 5. 2 Association canadienne des banques alimentaires, HungerCount 98. Report on Emergency Food Assistance in Canada, Toronto, ACBA, 1998. Voir www.icomm.ca/cafb (accès en mars 1999). 3 Jean Drèze et Amartya Sen, Hunger and Public Action, Oxford, Clarendon Press, 1989, p. 15. 4 Amartya Sen, « Nobody Need Starve », dans Urban Age, hiver 1998, p. 15 et 16. 5 FAO, New Mounts to Climb: The World Food Summit and Its Follow-up. Development Education Exchange Papers, Rome, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 1997, p. 5. Ce rapport a été préparé sous la direction de Clive Robinson (de Christian Aid UK/Ireland et ancien président du Groupe pour la sécurité alimentaire du Comité de liaison des ONG pour le développement auprès des communautés européennes). 6 Bruce Moore, « Farmer Centred Development: Actions that Alleviate Poverty and Reduce Hunger », dans Fondation canadienne contre la faim, Tough to Swallow: Canadian Perspectives on Food Security, Ottawa, Fondation canadienne contre la faim, 1995, p. 30. 7 Bread for the World Institute, Hunger in a Global Economy: Hunger 1998. Eighth Annual Report on the State of World Hunger, Silver Spring, BWI, 1997, p. 9. 8 Ibid., p. 8 à 13. World Sustainable Agriculture Association : www.igc.org/wsaala 9 Graham Riches (dir.), First World Hunger: Food Security and Welfare Politics, Londres, Macmillan, 1997, p. 8. SITES CANADIENS 10 Association canadienne des banques alimentaires, HungerCount 98, enquête publiée à www.icomm.ca/cafb (accès en mars 1999). Agence canadienne de développement international (ACDI) : www.acdi-cida.gc.ca/index.htm Association canadienne des banques alimentaires : www.icomm.ca/cafb/about.html Campagne 2000 : www.web.net/~rpopham/campaign2000 Campagne en commun — Conseil canadien pour la coopération internationale : www.incommon.web.net Centre canadien de politiques alternatives : www.policyalternatives.ca Conseil canadien de développement social : www.ccsd.ca/facts.html Conseil canadien pour la coopération internationale : www.web.net/ccic-ccci Fair Trade Online : www.web.net/fairtrade Farm Folk/City Folk-Vancouver : www.ffcf.bc.ca Fondation internationale pour l’essor rural (RAFI) : www.rafi.ca HungerCount : www.icomm.ca/cafb/hunger_count.html Organisation nationale anti-pauvreté : www.napo-onap.ca OXFAM-Canada : www.oxfam.ca Partners in Rural Development : www.partners.ca Plan d’action du Canada pour la sécurité alimentaire/ Groupe de travail canadien — Sommet mondial de l’alimentation : www.agrc.ca/cb/fao/emain.html Réseau mondial pour la sécurité alimentaire : www.unac.org/gnfs/index.html 56 11 Statistique Canada. Voir www.statcan.ca (accès en mars 1999). 12 Conseil national du bien-être social, Welfare Incomes 1996. A Report by the National Council of Welfare, Ottawa, Conseil national du bien-être social, 1997, p. 24 et 25. 13 Valerie Tarasuk, G. Beaton, J. Geduld et S. Hilditch, Nutritional Vulnerability and Food Security Among Women in Families Using Food Banks, Toronto, Université de Toronto, Département des sciences de la nutrition, 1998, p. 23. 14 Sally Rutherford, « Global Food Security », dans Fondation canadienne contre la faim, Tough to Swallow: Canadian Perspectives on Food Security, Ottawa, Fondation canadienne contre la faim, 1995, p. 23. 15 David MacDonald (interview personnelle). Interviewé par l’auteur le 29 mai 1998. 16 Julia Bass (interview téléphonique). Interviewée par l’auteur en mai 1998. 17 Jean Christie (interview personnelle). Interviewée par l’auteur le 6 juin 1998. 18 FAO, op. cit., p. 6. 19 Ibid. 20 Canada, Groupe de travail canadien sur le Sommet mondial de l’alimentation, Plan d’action du Canada pour la sécurité alimentaire, Ottawa, Agriculture et Agroalimentaire Canada, 1998. 21 RAFI, 1997 Annual Report, Ottawa, 1997. 22 Laura Breuer, « Seeds of Survival: USC Canada — The Role of Small Scale Farmers in Food Security for Ethiopia », dans Fondation canadienne contre la faim, Tough to Swallow: Canadian Perspectives on Food Security, Ottawa, Fondation canadienne contre la faim, 1995, p. 95 à 97. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 DÉFENDRE LES DROITS DE L’HOMME Georges leBel Georges leBel l’Université est du professeur Québec à de droit Montréal. à C C I H N A P I T R E Q DÉFENDRE LES DROITS DE L’HOMME S ait-on qu’après la Jamaïque, le Canada est le pays qui génère le plus de plaintes individuelles aux Nations Unies1 pour violation des droits de l’Homme2 ? Cela nous informe moins sur le degré de respect des droits au Canada que sur le fait que les Canadiens (ils en ont les moyens) sont prêts à utiliser les mécanismes internationaux pour faire évoluer la situation au pays et « … les violations actuelles de droits de l’homme sont la cause des conflits de demain. » Mary Robinson, Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (www.unhchr.ch). 58 défendre leurs droits. C’est probablement cette utilisation du droit comme outil de changement qui caractérise le mieux la place des droits dans les rapports sociaux au Canada, typique de l’approche nord-américaine. Le concept de droit est cependant source d’illusions puisque le droit international ne nous offre que peu de moyens moraux de sanction des violations des droits de l’Homme; le droit canadien, quant à lui, n’offre guère plus de recours sauf en ce qui concerne la discrimination pratiquée par l’État. Attitude rare en droit international, le Canada ne donne pas « effet direct » aux conventions internationales qu’il ratifie. On ne peut invoquer directement devant nos tribunaux la Charte internationale des droits de l’homme que dans la mesure où ses dispositions et garanties sont spécifiquement intégrées dans les lois fédérales ou provinciales. C’est pourquoi la lutte pour les droits de l’Homme y est d’abord une affaire de politique plutôt que de garanties juridiques. Il ne reste donc à ceux et celles qui défendent les droits que la pression morale d’une hypothétique opinion publique internationale. Certains gouvernements s’y plient, mais puisque la Cour criminelle internationale qui vient d’être créée ne concerne que les crimes les plus graves, d’aucuns estiment qu’il incombe à la société civile, nationale ou internationale, de convaincre ceux qui en font fi. Rappelons que la politique des droits de l’Homme se situe dans un contexte international qui a beaucoup évolué ces dernières années. Peu de gens se rendent compte que, si le thème des droits de l’Homme remonte à la Révolution française, la politique internationale qui en découle est toute récente, ne datant que des années 1960, et reste marquée par ses origines. Dans ce contexte, la définition de société civile est délicate lorsqu’elle apparaît légitimée par sa revendication à l’universalité des droits contre certains gouvernements en place. Ce qui caractérise l’époque RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 177 88 79 60 44 41 27 23 A Jamaïque Canada Uruguay Pays-Bas France Trinidad et Tobago Finlande Australie U Plaintes déposées auprès du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (au 10 juin 1998) 1 P L A I N T E S A U X D R O I T S D E L’ H O M M E E Au Canada, un nombre impressionnant d’organismes et de réseaux font de la défense des droits de l’Homme leur activité principale ou un de leurs champs d’intervention. Le gouvernement canadien organise chaque année une consultation nationale de ces organismes4 dont il finance de nombreuses initiatives. En 1997, l’ACDI annonçait avoir financé 327 projets « d’organisations de la société civile », lesquelles comprennent les organisations non gouvernementales (ONG), les organisations non gouvernementales internationales (ONGI), les groupes de défense (pour les deux tiers des projets), les universités, les instituts de recherche, les médias ainsi que les syndicats et Deux raisons empêchent d’identifier systématiquement une organisation à une tactique particulière. Premièrement, les organisations canadiennes s’engageant de plus en plus dans de très nombreux domaines et projets au sein de larges coalitions, il est difficile de distinguer la tactique qui préside à l’action de chacune. L L’action pour les droits Nous souhaitons susciter la réflexion sur les actions et les différentes tactiques mises en œuvre pour la défense des droits, sachant que la plupart des organismes misent, selon les circonstances, sur un savant dosage de presque toutes ces tactiques et réussissent souvent à en éviter les écueils. B Ce chapitre examinera successivement les différentes tactiques mises en œuvre dans l’action pour les droits avant d’en placer les effets dans une perspective d’évolution. Mais la lutte pour les droits dépasse de beaucoup les initiatives internationales ou financées par l’État. Certains groupes comme l’Association canadienne des libertés civiles ou la Ligue des droits et libertés du Québec agissent d’abord au Canada et sont très rarement subventionnés. D’autres se sont affranchis des contraintes politiques imposées par l’État pour bénéficier d’exemptions fiscales. Par exemple, la Ligue des droits et libertés, ayant perdu en 1980 son statut d’organisme de charité, n’est plus sujette aux contrôles gouvernementaux liés à ce financement indirect. A Pour que la promotion des droits de l’Homme ne constitue pas une nouvelle religion civique susceptible d’alimenter un intégrisme occidental, il faut l’associer à la défense et aux luttes de tous les exclus, y compris ceux du Nord. Ainsi s’élargit la notion de défense des droits, des droits civils et politiques (démocratiques) en passant par les droits économiques, sociaux et culturels jusqu’au droit au développement qui, dès lors, s’enrichit de qualificatifs multiples : économique, social, culturel, politique, mais aussi durable et, maintenant, humain. Face aux dictatures, à la remise en cause de l’État providence et aux négociations commerciales qui instaurent des mécanismes et structures ignorant le droit au développement et le développement durable, chacun adopte une position particulière, mais personne ne nie l’importance de comprendre, de faire comprendre et d’agir. associations, pour un total de 31 millions de dollars5. T contemporaine, c’est que « les droits de l’Homme sont devenus un peu une religion civile universelle alors que Marx y avait vu le déguisement de la société bourgeoise et des rapports d’exploitation3 ». Indice de ce caractère quasi religieux : les fidèles se sentent justifiés de les imposer à tous et ne tolèrent aucune contestation du dogme, dont l’extension et le contenu sont par ailleurs vaguement définis. Note Ces plaintes individuelles ont été déposées en vertu du Protocle optionel au Pacte sur les droits civils et politiques tel qu’établi par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Les deux-tiers des plaintes viennent de mois de huit pays : cela nous informe moins sur le niveau de respect des droits dans les pays cités que sur les capacités de porter plainte dans ces pays. Les États-Unis n’ont pas ratifié le Protocole. C H A P I T R E C I N Q D É F E N D R E L E S D R O I T S D E L’ H O M M E 59 On pense ici aux différents partenariats pour l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique latine qui associent dans une action commune de nombreux groupes. Deuxièment, plusieurs, soutenus en principe par une analyse stratégique, recourent à toutes les tactiques pouvant être financées. Certains se livrent à de périlleux exercices de style pour faire oublier qu’ils se transforment parfois en de simples agences de sous-traitance de programmes dictés par d’autres. Cette tendance est d’ailleurs renforcée par la procédure des appels d’offres privilégiée par l’ACDI pour le financement des programmes de promotion des droits de l’Homme. Les organismes de défense des droits ont recours aux tactiques traditionnelles du lobbying, du travail sur l’opinion ou de l’éducation populaire; d’autres préfèrent le travail d’opposition. Souvent, la distinction viendra de la place relative occupée par la lutte pour les droits dans la tactique adoptée. Pour les uns, il s’agira d’un absolu alors que pour les autres la question des droits ne constituera qu’un moyen de mettre en lumière la duplicité du discours légitimant des États. Pour les uns, il s’agira d’une revendication pure et simple; pour les autres, d’ébranler la prétendue légitimité des pouvoirs oppressifs d’ici ou d’ailleurs. L’A C T I O N S U R L’ O P I N I O N L’action pour les droits passe presque toujours par l’appel à l’opinion publique : témoin Amnistie internationale, qu’elle dénonce des cas précis ou lance des campagnes d’information et d’éducation du grand public, ou de certains publics cibles, ici ou dans d’autres pays. Le principal instrument de cette action étant l’opinion publique, il suffirait à la limite de convaincre les propriétaires des principaux médias pour réussir l’opération. Nécessaire, cette tactique soulève cependant la critique, d’aucuns estimant qu’elle tombe trop souvent dans l’exploitation indécente du spectacle de la misère puisque ce sont les campagnes menées à l’occasion des crises et désastres qui rapportent le plus de dons aux transnationales de l’humanitaire. La Croix-Rouge internationale se refuse généralement à utiliser ce moyen, 60 préférant agir dans la discrétion. Il serait intéressant d’évaluer l’efficacité du battage médiatique sur la mise en œuvre réelle des droits ou sur le soulagement de l’enfant que l’on voit mourir de faim en direct. Certains voient dans l’Internet un moyen de communication d’une puissance nouvelle6. Le ministre Axworthy lui attribuait un rôle dans la croisade contre les mines antipersonnel. Pour qui croit que « la plume est plus forte que l’épée », il est aisé d’admettre que « la souris est plus forte que le missile ». Cela reste à voir. Ainsi, dans la campagne à l’encontre de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), les communications par Internet ont été un outil important. Mais dans quelle mesure ont-elles servi à défendre les droits, par exemple lors du soulèvement des zapatistes du Chiapas ? Plusieurs groupes religieux, comme Développement et Paix ou la Société religieuse des amis (Quakers) du Canada, fondent leur action sur l’exigence morale que représente le respect des droits de l’Homme. Leur action, qui se rapproche de celle d’Amnistie internationale, s’en distingue pourtant par la conception particulière qu’ont ces groupes de l’individu et de la relation qu’il entretient avec la société, outre ses croyances religieuses et valeurs morales. C’est dans ces initiatives que se manifeste le plus leur autonomie par rapport à l’État, tant sur le plan du financement que des propositions de projets. Ce type d’action a cours depuis longtemps et réussit assez bien à se démarquer du prosélytisme des missionnaires d’il y a cinquante ans lorsqu’ils pouvaient encore se réclamer de la vocation civilisatrice de l’Occident. Ces temps sont révolus, même si aujourd’hui la morale porte le nom d’éthique et que les sectes fondamentalistes, toutes dénominations confondues, ont encore une influence considérable, surtout en Amérique centrale, en Amérique latine et en Afrique. Certains ont, dans ce contexte, proposé une nouvelle éthique des droits de l’Homme qui puisse conjuguer morale de jadis et thèmes contemporains. LE LOBBY L’appel à l’opinion vise souvent un autre objectif, soit celui d’influer sur le comportement des décideurs publics pour qu’ils modifient leur attitude par rapport aux RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 droits. C’est la tactique du lobby qui, pour être efficace, exige que l’on soit reconnu et écouté par ceux que l’on veut influencer. Les compromis, voire les compromissions nécessaires pour obtenir l’oreille du prince, nuisent souvent à la crédibilité de l’intervention. Combien de lobbyistes sur les droits pourraient continuer leur travail sans la contribution financière des décideurs mêmes qu’ils veulent influencer ? Certains de ces lobbies agissent aussi comme chiens de garde de l’orthodoxie, écartant les revendications extravagantes ou les groupes marginaux. Ils font alors le tri parmi les propositions de projets politiquement et socialement acceptables. Ce lobbyisme peut parfois se doubler d’une ferme action revendicative lorsqu’elle est menée par des organismes qui, en raison de leur solide base associative, jouissent d’une certaine autonomie face à l’État. On ne peut pas ignorer les actions et positions des principales Églises, des syndicats ou des grandes associations d’employeurs au Canada. Ainsi, au Québec, Développement international Desjardins, qui fait partie du Mouvement coopératif du même nom, mène à bien d’importants projets autonomes de coopération internationale, notamment dans le domaine des droits démocratiques et de l’auto-organisation des groupes. C’est leur autonomie réelle — politique, sociale et économique — qui permet à ces organismes de dépasser le rôle de simples officines cooptées par les bureaucraties étatiques. L A S E N S I B I L I S AT I O N D E L’ O P I N I O N La sensibilisation de l’opinion et les mécanismes requis pour l’éventuelle mise en œuvre des droits de l’Homme font l’objet d’un grand nombre d’initiatives. L’ACDI avait remis en cause le financement des activités de sensibilisation au Canada, bien que la vie associative et l’appui des citoyens soient essentiels à la survie des groupes. En rompant ces liens entre les groupes et la population, les bailleurs de fonds ont acquis une plus grande marge de manœuvre, au détriment toutefois de l’adhésion à leurs politiques. De toute évidence, un groupe qui reçoit un large appui de sa collectivité dépend moins des sautes d’humeur de ses bailleurs de fonds. Toutes les études soulignent que la sensibilisation du public aux impératifs des droits de l’Homme est la conséquence directe des activités de solidarité internationale, auxquelles les groupes doivent prendre part, même sans financement de l’État. Cependant, la sensibilisation du public pose parfois des problèmes lorsqu’elle doit composer avec des systèmes et des conceptions juridiques différents. Ainsi, une avocate de Vancouver a reproché à un tribunal africain de suivre une procédure « inquisitoriale », qui a cours aussi dans la majorité des pays d’Europe, alléguant son incompatibilité avec les droits fondamentaux de la défense, mieux garantis selon elle par les systèmes contradictoires britannique et nord-américains. Comment, autrement que par de vastes campagnes de sensibilisation, faire comprendre à tous qu’on peut très bien respecter la présomption d’innocence et les droits de la défense sans nécessairement suivre les procédures judiciaires que nous assène la télévision américaine ? L’A P P U I A U X G R O U P E S E X I S TA N T S Appuyer les groupes locaux qui, selon leur propre culture et système juridique, se feront les défenseurs des objectifs et principes des droits de l’Homme, constitue sûrement une solution à ce problème. C’est le choix qu’a fait, par exemple, le Centre international des droits de la personne et des droits démocratiques (CIDPDD) [voir l’encadré 1]. Dans sa lutte contre la mondialisation, le CIDPDD a accordé son appui à un syndicat indonésien, le SBSI7. Cet appui, qui a pris la forme d’une aide financière modeste, a surtout permis au dirigeant du SBSI de faire connaître son analyse des effets de la mondialisation et les motifs de son opposition d’abord au tribunal des peuples sur l’APEC organisé par le CIDPDD à Vancouver, puis au cours d’une tournée mondiale. Le dirigeant ayant fait l’objet de mesures de répression à la suite de ses dénonciations publiques, le CIDPDD a envoyé des observateurs à son procès et une équipe médicale pour le traiter en prison. Le Centre a ensuite mené une campagne de signatures de cartes pour sa libération. Ce genre d’intervention, qui dépasse le simple appui financier aux groupes de défense des droits, rejoint l’action des syndicalistes et des groupes d’ici. C H A P I T R E C I N Q D É F E N D R E L E S D R O I T S D E L’ H O M M E 61 1 L E C E N T R E I N T E R N AT I O N A L D E S D R O I T S D E L A E N C A D R É P E R S O N N E E T D U D É V E L O P P E M E N T D É M O C R AT I Q U E Le Centre international des droits de la personne et du développement démocratique a été créé par une loi du Parlement canadien en 1988 et officiellement inauguré en 1990. Organisme canadien investi d’un mandat international, le Centre est une organisation indépendante et non partisane qui favorise et soutient la promotion, le développement et la consolidation des institutions démocratiques et des programmes de protection des droits de la personne tels que définis dans la Charte internationale des droits de l’homme. Son mandat couvre donc les droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels définis dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les deux pactes qui l’accompagnent. Le lien intrinsèque entre les droits de la personne et le développement démocratique est au coeur du travail du Centre. Le Centre travaille en étroite collaboration avec des associations de citoyens, des organismes internationaux et des gouvernements du monde entier dans le but d’encourager le développement démocratique, de réduire les violations des droits humains et de prévenir leur répétition. Ses activités combinent la recherche et l’analyse politique, le suivi d’événements, les interventions stratégiques, l’aide financière à des acteurs et institutions clés de la société civile, ainsi que l’éducation publique et la défense des droits au Canada et à l’étranger. Dirigé par Warren Allmand depuis février 1997 et par Edward Broadbent de 1989 à 1996, il est administré par un conseil d’administration de 13 membres nommés par le Gouverneur général du Canada. Outre l’enveloppe annuelle d’environ cinq millions de dollars accordée par l’État, le CIDPDD reçoit du financement pour divers projets. Bien qu’il se reconnaisse comme un organisme quasi public, le CIDPDD participe très activement aux travaux des diverses instances ouvertes aux ONG. Ainsi, son président, Warren Allmand, représente la société civile canadienne dans les négociations sur l’intégration économique continentale. Le Centre ne se distingue des autres ONG ni par son type d’actions, ni par ses orientations, ni par son mode de financement. Source CIDPDD, au www.ichrdd.ca La Division des droits humains et du développement démocratique du Centre canadien d’étude et de coopération internationale (CECI) a fait du renforcement institutionnel et organisationnel de groupes existants l’essentiel de sa tactique d’intervention. Le CECI a reçu près de 35 millions de dollars, sur une période de cinq ans, pour des projets qui appuient le ressourcement et la formation des intervenants locaux tant sur les droits de l’Homme que sur la négociation raisonnée. Il ne s’agit pas d’intervenir directement, mais d’appuyer les revendications qui commencent à se faire entendre d’Haïti, du Guatemala ou des Grands Lacs africains. Plus de 150 volontaires travaillent dans 20 pays à des projets axés 62 sur la promotion des droits, le bon gouvernement et la liberté d’action des femmes. Le CECI a lieu de s’enorgueillir lorsqu’un chef de village fait passer, lors d’une cérémonie de mariage, la cassette sur le droit des femmes à l’égalité produite par le Centre ou lorsqu’un de ses stagiaires guinéens est chargé par le ministère de l’Éducation de son pays de rédiger le programme scolaire sur les droits et l’éducation civique8. Ce type d’intervention pose cependant le problème de la sélection des partenaires sur le terrain. Ne risque-t-on pas de choisir les partenaires en fonction des priorités du donateur plutôt que de celles déterminées par les intervenants sur le terrain ? Et dans ce cas, quel critère démocratique permet de substituer le jugement de celui qui paye à celui de l’État en cause ? Quelle garantie avons-nous qu’un groupe choisi par un organisme canadien pour satisfaire aux critères de financement et aux priorités de la politique canadienne répondra aussi aux besoins du pays où il agit ? En outre, le fait de favoriser tel type d’intervention (par exemple, le financement de groupes qui luttent contre la violence faites aux femmes) ne risque-t-il pas d’empêcher la constitution d’autres groupes tout aussi nécessaires ? Une étude des partenaires des ONG en Afrique constatait que 80 p. 100 des groupes africains partenaires des ONG du Nord résultaient directement de celles-ci et que 90 p. 100 d’entre eux dépendaient entièrement du financement de pays du Nord9. Ce mode d’intervention témoigne d’un tout nouvel objectif du développement qui s’adresse désormais à des collectivités et des groupes locaux particuliers et non plus à l’ensemble de la société envisagée sous une perspective plus globale du développement. Cette nouvelle orientation découle des politiques et thèses dites néo-libérales qui visent à restreindre le rôle de l’État dans la défense et la promotion de l’intérêt public. Les thèmes d’intervention doivent aussi être examinés. Ainsi, les organismes du Sud n’ont réussi à obtenir l’appui financier des Nations Unies pour leurs initiatives liant la cause des femmes à la lutte pour le développement qu’en acceptant de faire de la lutte contre la violence une priorité. Les micro-crédits qui leur sont accordés RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Devant les lacunes et les faiblesses des mécanismes de protection des droits économiques, sociaux et culturels au Canada, certains groupes recourent aux instances internationales pour faire entendre leurs protestations. Plusieurs groupes suivent avec attention les travaux des divers organismes des Nations Unies. Dans les couloirs de presque tous les organismes internationaux, on rencontre des Canadiens qui déposent des notes, font des interventions et tentent de faire paraître leur point de Lors de son intervention, en 1998, auprès du Comité d’experts des Nations Unies sur le Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels, l’AAJ a été appuyée par de nombreux groupes populaires membres d’une large coalition pour la défense des droits et des programmes sociaux, notamment la Ligue des droits et libertés du Québec et Solidarité populaire Québec, qui regroupe quatre grandes organisations syndicales et 150 organisations communautaires. Source AAJ au www.aaj.org C H A P I T R E C I N Q D É F E N D R E L E S D R O I T S D E L’ H O M M E 63 É 2 La section canadienne de l’AAJ parraine de nombreuses missions d’observation sur la situation des droits de l’Homme en Amérique latine et en Amérique centrale, fournit des conseils juridiques dans certains procès politiques et appuie des recours devant la Cour inter-américaine des droits de l’Homme. Elle a aussi participé aux commissions de la vérité au El Salvador et à Haïti. L’AAJ fait appel aux mécanismes internationaux pour attirer l’attention sur les droits économiques, sociaux et culturels. Elle n’hésite pas non plus à souligner que le Canada, s’il néglige la mise en œuvre de ces droits, ne pourra pas continuer à se targuer du rang que le PNUD lui a accordé dans son rapport sur le développement humain. D’autres associations semblables, comme la Commission internationale des juristes, la Fédération internationale des avocats et certaines sections des barreaux provinciaux, poursuivent des démarches similaires sur la question des droits. R La section canadienne de l’Association américaine de juristes (AAJ) regroupe une centaine de juristes, notamment au Québec. Cette association continentale a des sections dans toute l’Amérique et des représentants permanents à l’ONU, à New York et à Genève. D Cependant, la Charte canadienne des droits et libertés, sauf en ce qui concerne les Autochtones, n’autorise pas le recours direct aux instruments juridiques en matière de droits économiques et sociaux et ne reconnaît que la langue comme manifestation de l’identité culturelle. Ces droits ne peuvent être traités par nos tribunaux qu’en ce qui a trait à la discrimination et dans la seule mesure où celle-ci est exercée par l’État. La Charte québécoise des droits et libertés de la personne11, la seule au Canada à offrir un recours judiciaire contre la violation des droits par les entreprises et les individus, est déficiente quant à la reconnaissance des droits économiques et sociaux. L’A S S O C I AT I O N A M É R I C A I N E D E J U R I S T E S A Plusieurs groupes se tournent, pour la défense des droits, vers les recours judiciaires ou quasi judiciaires. Pour les Autochtones du Canada, c’est chose commune. Le mouvement féministe a eu, en utilisant cette tactique, un succès retentissant. Les groupes de défense des droits des immigrés et des réfugiés ont fait des tribunaux leur terrain de lutte privilégié et de la presse, un allié certain. Quant aux instruments juridiques canadiens, ils commencent à avoir des effets sociaux importants dans la lutte pour l’égalité10. C LES RECOURS JUDICIAIRES N AT I O N A U X E T I N T E R N AT I O N A U X Ainsi, la reconnaissance du traitement discriminatoire dont ont été victimes les femmes autochtones qui perdaient leur statut d’Autochtones en épousant un nonAutochtone a donné lieu à l’amendement de la Loi sur les Indiens12. Une remarque d’un entrepreneur de pompes funèbres du Québec concernant la langue d’affichage a aussi entraîné la modification de la Charte de la langue française13. Toutefois, l’action de groupes comme la section canadienne de l’Association américaine de juristes (voir l’encadré 2), l’Organisation nationale antipauvreté et la Coalition anti-pauvreté de l’Ontario, qui a conduit l’ONU, en 1993, à porter contre le Canada des condamnations pour torture ou non-respect des droits économiques, sociaux et culturels, est peu connue et a eu beaucoup moins de répercussions que la dénonciation survenue en 199814. N Par ailleurs, qu’est-ce qui justifie le Nord d’imposer la constitution d’organisations intermédiaires de la société civile dans des collectivités qui n’en ont jamais vu l’utilité ? Les nombreux travaux sur le corporatisme laissent entendre que l’imposition d’interlocuteurs attitrés aux États existants n’est pas gage de démocratie. vue dans un texte officiel ou de faire placer à l’ordre du jour une question qui leur tient à cœur. À ce jour, leurs démarches ont connu quelque succès. E n’arrivent peut-être pas à compenser la perte d’autonomie qui en est résultée. L ‘A C T I O N D A N S L E S FORUMS ÉCONOMIQUES « Dans un climat politique et idéologique tel qu’il semble difficile d’imaginer quelque initiative politique autonome sans le concours et l’encadrement de l’Ouest, il faut se rappeler que les Africains ont lutté contre la forme la plus totalitaire du pouvoir étatique, un état colonial, sans aide aucune de donateurs. Est-ce les Africains ou les donateurs qui ont besoin de cette aide ? » Julie Hearn, « The NGO-isation of Kenyan Society », Review of African Political Economy, mars 1998, p. 99. 64 La mondialisation a sans contredit pour effet de rapprocher les luttes du Nord de celles du Sud. Quand les conditions de vie de chacun sont transformées par les mêmes phénomènes, la solidarité de ceux et celles qui en subissent les contrecoups devient un terrain d’action immédiat et évident. La bataille contre les conséquences de l’intégration économique et de la libéralisation des échanges devient une lutte pour les droits lorsque tant les groupes du Nord que ceux du Sud revendiquent l’introduction dans les accords commerciaux de clauses dites sociales ou même de chartes sociales. Ce nouveau terrain de lutte a renouvelé la défense internationale des droits. Les syndicats, les groupes de femmes, les Autochtones et tous les groupes canadiens de défense des droits sociaux comprennent que leur situation est intimement liée à celle qui prévaut dans d’autres pays et que leur sort ne pourra s’améliorer sans que la lutte qu’ils mènent ici ne se fasse en collaboration et en étroite solidarité avec leurs homologues du Sud. LES COALITIONS Ceux qui s’attaquent aux causes économiques de la violation des droits sociaux et culturels font appel à une tactique nouvelle qui repose non plus sur le recours à des organisations particulières, mais sur la constitution de larges coalitions sur des questions précises. Ce travail en coalition exige cependant des efforts considérables pour durer et a souvent l’effet paradoxal d’éloigner les groupes des objectifs fondamentaux qui justifient leur existence. Ainsi en est-il, par exemple, de ce groupe d’étudiants qui se joint aux coalitions sur le Chiapas, sur le Tibet, contre l’AMI ou pour la défense des droits dans la région des Grands Lacs africains, qui participe aux manifestations pour la survie des programmes sociaux et contre la destruction de l’environnement jusqu’au jour où son assemblée générale lui remet en mémoire la hausse des frais de scolarité. L’élargissement des champs d’intérêt des coalitions finit par faire perdre aux groupes leur raison d’être quand il ne cause pas leur éclatement. C’est pourtant dans ces coalitions que se rencontrent les initiatives les plus susceptibles d’aider les organismes québécois et canadiens de défense des droits à consolider leur action sur une scène internationale qui, jusqu’ici, a cru bon de respecter les frontières délimitées par les « deux solitudes ». Les effets Qu’en est-il donc des effets de ces multiples actions, de la quantité d’énergie qu’elles requièrent et des sommes qui y sont englouties ? L’ACDI s’est déjà posé la question pour constater la difficulté d’évaluer les résultats quantitatifs et qualitatifs dans le domaine de la progression des « droits de la personne, du développement démocratique et du bon gouvernement15 ». Comment mesurer l’incidence des politiques ou les changements d’attitudes, de culture ou de comportement en matière de droits de la personne ? Comment déterminer les progrès dans le renforcement des capacités, le réseautage et le lobbying ? Comment estimer les résultats de la formation ? Il est tout aussi difficile d’évaluer les effets des campagnes éducatives ou de sensibilisation. Si les grandes conférences organisées par l’ONU entre 1990 et 1995 ont attiré des milliers d’ONG, rares sont celles qui s’y sont rendues depuis. Espérons que les corridors de l’ONU ne sont pas le meilleur indicateur de la mobilisation et de l’efficacité des ONG au sein des instances internationales car il faudrait alors déplorer leur inconstance et la fragilité de leurs convictions. Il existe pourtant un réseau canadien dont l’objectif est de favoriser l’initiation et la participation des citoyens ordinaires aux instances internationales. Nous ne saurions trop lui recommander de persévérer et de faire de la continuité une de ses priorités. Cette évaluation est d’autant plus difficile que, rappelons-le, suivant la conception nord-américaine, la défense des droits de l’Homme se restreint aux revendications faites auprès de l’État. Dans les domaines économique et social, le seul moyen d’évaluer l’efficacité réelle de la défense des droits consiste à établir l’ampleur de l’opposition aux politiques sociales et économiques du gouvernement, c’est dire le caractère éminemment politique de la lutte pour les droits. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Pourtant, une étude sur l’action des ONG en Suède menée par le Overseas Development Institute (ODI) de l’Angleterre traite de l’efficacité de la coopération internationale au service du développement (le droit au développement étant désormais considéré comme un droit fondamental). Les auteurs n’hésitent pas à se servir d’une litote toute britannique pour asséner leur implacable conclusion, selon laquelle l’écart entre les intentions et les réalisations au chapitre du développement est beaucoup plus profond qu’il ne devrait l’être16. Cette conclusion rejoint celles d’autres études sur l’intervention des ONG, au Kenya par exemple ou en Europe de l’Est, dans la privatisation des programmes sociaux. Voilà qui soulève des questions quant à l’artificialité de la société civile, fera valoir Julie Hearn, professeur à l’Université du Sussex, en Angleterre, dans son analyse de l’étude de Mutahi Ngunyi17 qui a conclu que sur 11 organismes de la société civile voués à la défense des droits démocratiques et humains au Kenya, neuf avaient été créés ou étaient parrainés par des donateurs. « Qui a besoin de cette aide ? » demandet’elle. « Dans un climat politique et idéologique tel qu’il semble difficile d’imaginer quelque initiative politique autonome sans le concours et l’encadrement de l’Ouest, il faut se rappeler que les Africains ont lutté contre la forme la plus totalitaire du pouvoir étatique, un état colonial, sans aide aucune de donateurs. Est-ce les Africains ou les donateurs qui ont besoin de cette aide ? »18. En Europe centrale et en Europe de l’Est, souligne Guy Standing19, économiste auprès de l’Organisation internationale du travail, les ONG se multiplient et, dans une certaine mesure, on s’attend à ce qu’elles comblent le vide laissé par l’érosion de la protection sociale autrefois offerte par l’État. Peuventelles y parvenir et est-ce bien là leur rôle ? Il pourrait s’ensuivre que des travailleurs bénévoles soient chargés de l’administration et tenus responsables de tout résultat insatisfaisant. Devant ces constats, on peut faire l’autruche et continuer à envoyer des coopérants à l’étranger. Mais les donateurs ont accès aux mêmes données et connaissent aussi ces faits. À la lecture du rapport de l’ODI, ils concluront comme nous que si l’action des ONG suédoises n’est pas efficace sur le plan du développement, elle peut l’être comme mesure de contrôle social et comme moyen de faire accepter le désengagement de l’État et la privatisation de ses services que d’aucuns jugent socialement régressifs. On pourrait aussi émettre l’hypothèse que les ONG deviennent des entreprises de soustraitance qui s’acquittent de fonctions sociales traditionnellement assumées par l’État. Elles sont alors engagées à contrat pour réaliser des tâches bien définies, leur légitimité reposant sur leur compétence et leur expérience des projets de développement, sans compter que leurs services sont moins coûteux que les programmes de l’État. Où va-t-on ? Les organismes traditionnels de défense des droits de l’Homme se trouvent placés devant une contradiction inéluctable. Partisans aussi de l’idéologie du développement, ils constatent que certaines politiques économiques, imposées par le Nord aux pays du Sud, sont contraires à la protection des droits et que nulle part la libéralisation accrue des échanges commerciaux n’a permis la mise en œuvre pleine et entière des droits de l’Homme, à plus forte raison dans les pays nouvellement industrialisés 20. Devant la crise économique asiatique, on voit même des idéologues du libéralisme nier tout lien entre croissance économique et démocratisation 21. Quant aux tenants de la libre concurrence, de la mondialisation et du libre marché, ils se font fort de se porter à la défense des droits de l’Homme pour mieux en occulter les dimensions économique, sociale et culturelle. L’insistance sur l’édification ou le renforcement, dans le Nord et dans le Sud, de la société civile comme nouveau terrain d’intervention, a fait dévier l’action pour les droits de son but premier. Au lieu de s’occuper de la mise en œuvre immédiate des droits de l’Homme, on s’intéresse davantage au processus, à l’organisation, aux procédures et aux mécanismes de la mise en œuvre. S’ensuivent donc des critères particuliers pour évaluer dans quelle mesure les objectifs fixés ont été réalisés; il s’agira C H A P I T R E C I N Q D É F E N D R E L E S D R O I T S D E L’ H O M M E 65 3 É Banque canadienne des ressources pour la démocratie et les droits de la personne (CANADEM) : front.web.net/canadem R Conseil canadien des Églises (CCE) : www.web.net/~ccchurch RENVOIS 1 En juin 1998 plus de 88 plaintes avaient été déposées contre le Canada auprès du Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Le Canada prend ainsi la deuxième place, suivant la Jamaïque, comme pays ayant fait l’objet du plus grand nombre de plaintes. Les États-Unis ne peuvent l’objet de plaintes, n’ayant pas ratifié le Protocole qui le permettrait. Voir www.unhchr.ch. A Développement et Paix : www.devp.org C N Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) [regroupe plus de 100 organisations] : www.web.net/ccic-ccci Fonds inter-église pour le développement international (ICFID) : courriel : [email protected] E D QUELQUES ORGANISMES DES DROITS HUMAINS Internet des droits humains : www.hri.ca 2 Nous utiliserons ici l’expression « droits de l’Homme », terme consacré en droit international et qui se réfère à la tradition introduite par la Révolution française. Le recours à l’expression « droits de la personne » au Canada peut prêter à confusion en plaçant sur le même pied les personnes physiques et les grandes sociétés. 3 François Furet, « Marx après le marxisme », Magazine littéraire, septembre 1994, p. 43-46. « [...] les solidarités de classe s’y sont distendues au profit d’un individualisme utilitaire et du rapport individu-État ». Réseau canadien des droits de la personne au plan international (NIHR) 4 La réunion annuelle de l’ACDI et et du secteur volontaire, tenue habituellement en novembre. Solidarité populaire Québec : (tél.)514-598-2000 moins de déterminer le degré de respect des droits que de s’assurer de la mise en place de mécanismes pour en favoriser la promotion, ce qui est loin d’être la même chose. La promotion de la société civile dans les pays du Sud a pour effet de transformer la lutte sociale pour les droits en une lutte technique, procédurale et juridique, souvent individuelle, qui fait parfois oublier l’essentiel : les conditions de vie des hommes et des femmes de ces pays. Il y a encore beaucoup à faire pour que les principes de la Conférence de Vienne 1993 et de la Charte internationale des droits de l’homme se traduisent en véritables instruments d’action au Canada. Deux professeurs de Windsor proposent d’enchâsser la Déclaration universelle des droits de l’homme dans la Constitution de chaque pays en y introduisant cette simple phrase : « Aucun traité, loi ou règlement ne peut prévaloir sur la Déclaration universelle des droits de l’homme. » « Liberté, Égalité, Fraternité », proclamait la Révolution française. La défense de la seule liberté a conduit à bien des excès, mais la lutte pour le respect de tous les droits fondamentaux saura éviter qu’il ne s’en commette davantage. Cette tension dynamique entre les droits reconnus et l’aspiration à l’élargissement de ces droits est une composante essentielle de la vie démocratique. C’est là l’utopie nécessaire à l’avènement de sociétés dites civiles. 66 5 Agence canadienne de développement international, Activités de l’ACDI en appui aux droits de la personne et à la démocratisation 1996-1997, Direction générale des politiques, octobre 1997, p. 145. 6 Thème d’un séminaire organisé par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international en septembre 1998, à Ottawa. 7 Serikat Buruh Solidaritats Indonesia (SBSI), dirigé par Muchtar Pakpahan. 8 Centre canadien d’étude et de coopération internationale au www.ceci.ca 9 Alan Fowler, NGOs and the globalization of social welfare, cité dans Semboja et Therkildsen, Service provision under stress in East Africa, Londres, éd. James Currey, 1995, p. 61. 10 La Commission canadienne des droits de la personne souligne, dans son Rapport annuel 1997, que la reconnaissance des droits civils et politiques ne suffit pas à contrer l’appauvrissement croissant des Canadiens. 11 Voir Lucie Lamarche et Frédérique Poirier, Le régime québécois de protection et de promotion des droits de la personne, Cowansville, Les Éditions Yvon Blais, 1996. 12 La décision du Comité des droits de l’homme des Nations Unies du 31 juillet 1981 est publiée: GAOR 36th Sess., Supp, no 40 (A/36/40), Annex XVIII, 166. Voir aussi Miqmaq Tribal Society V. Canada dans (1984) Int. Com. Jurists Rev. 45. L’Indian Act art. 12(1)(B) fut modifié en conséquence par le Bill C-31 adopté en juin 1985. 13 Pacte international relatif aux droits civils et politiques, Comité sur les droits de l’homme. 17è session, 22 mars au 4 août 1993, « Communication no 359/1989 and 385/1989 ». CCPR/C/47/D/359/1989 au www.unhchr.ch. La décision concernant la Charte de la langue française (l’Affaire John Ballantyne et Elizabeth Davidson, et Gordon McIntyre) a entrainé la modification de la Charte de la langue française du Québec, par le projet de loi 86 de 1994 du Québec. 14 En 1993, le Comité contre la torture de l’ONU a condamné le Canada pour des traitements cruels et inhumains infligés à un réfugié. Pour plus d’information sur la comdamnation de 1998, voir Comité sur les Droits économiques, sociaux et culturels, Considérations finales E/C.12/1/Add.1; 4 décembre 1998, au www.unhchr.ch. 15 Ilan Kapoor, Établissement d’objectifs de résultats à l’ACDI en matière de démocratisation, de droits de la personne et de bon gouvernement : une évaluation des besoins, ACDI, avril 1997. Voir aussi cet autre rapport d’évaluation de l’ACDI : Barbara Brown, Qu’apprenons-nous ? Sommaire des leçons apprises jusqu’au mois de novembre 1995 dans le cadre des programmes financés par l’ACDI dans le domaine des droits de la personne et du développement démocratique. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 16 Roger C. Riddell, Anthony Bebbington et Lennart Peck, Promoting development by proxy: The development impact of government support to Swedish NGOs, Overseas Development Institute, Londres, février 1995. Malgré cette conclusion défavorable, les évaluateurs ne rejettent pas d’emblée la raison d’être des ONG dans le domaine de l’aide au développement, à qui ils reconnaissent un rôle important : « [...] des critères autres que ceux s’appliquant au développement, notamment le rôle que jouent les ONG en faisant mieux connaître le développement en Suède; en créant et cultivant des liens de solidarité entre les pays en développement et la Suède; sans oublier la contribution des groupes d’intérêts spéciaux qui font valoir leur point de vue à l’étranger et incite le plus grand nombre à appuyer leur action et l’idéal auquel ils croient ». 17 Mutahi Ngunyi, « Promoting democracy through positive conditionality », polycopié, Université de Leeds, 1996, p. 5, cité dans Julie Hearn, « The NGO-isation of Kenian society: USAID and the restructuring of health care », Review of African Political Economy, mars 1998, vol. 25, no 75, p. 88-100. 18 Julie Hearn, « The NGO-isation of Kenian society: USAID and the restructuring of health care », Review of African Political Economy, mars 1998, vol. 25, no 75, p. 99. 19 Guy Standing, « The folly of social safety nets: Why basic income is needed in Eastern Europe », Social Research, hiver 1997, vol. 64, no 4, 1997, p. 1369. 20 Voir, entre autres : Rapport de Lilia Bautista E/CN.4/1997/20, « Rapport sur les problèmes spéciaux que causent les programmmes d’ajustements structurels sur la pleine réalisation des droits de l’homme » et Résolution 1995.32 de la Sous-commission des droits de l’homme de l’ONE sur les « Effets des programmes d’ajustement structurel sur la jouissance effective des droits de l’homme ». au www.unhchr.ch 21 Voir Fareed Zakaria, Foreign Affairs, novembre-décembre 1997 et « Il-liberal democracy », New York Times, 2 novembre 1997. C H A P I T R E C I N Q D É F E N D R E L E S D R O I T S D E L’ H O M M E 67 LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS Jacques Bertrand Jacques sciences de Bertrand est politiques Toronto. professeur à de l’Université C S H I A P I T R E X LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS D e tout temps, la paix et le développement ont été l’affaire des organisations de la société civile (OSC). Au cours de la guerre gouvernementales froide (ONG) ont par exemple, mobilisé les l’opinion organisations publique non contre l’utilisation et la propagation des armes nucléaires, biologiques et chimiques. Sur les campus universitaires, les ONG et les militants « Ceux d’entre nous qui sont au gouvernement doivent reconnaître que la société civile a gagné sa place à la table. » ont joué un rôle déterminant dans la campagne qui a débouché sur le L’honorable Lloyd Axworthy, « Lessons from the Ottawa Process », dans Canadian Foreign Policy/La Politique étrangère du Canada, vol. 5, no 3, printemps 1998, p. 1. ments et les transferts d’armes, est à l’avant-garde des efforts démantèlement de l’apartheid en Afrique du Sud. La branche canadienne de Project Ploughshares, qui depuis longtemps surveille les mouve- déployés par le Canada pour limiter la prolifération des armes nucléaires et conventionnelles. Aujourd’hui toutefois, l’intérêt — et le discours qui l’accompagne — s’est déplacé vers la « prévention des conflits » traduisant ainsi les inquiétudes relatives aux conflits dans le nouvel ordre mondial de l’aprèsguerre froide. En conséquence, les OSC se rallient à la cause de ceux qui veulent dans le monde entier maintenir la paix, la rétablir et la consolider. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. La prévention ou la résolution des conflits — une des questions les plus importantes qui se posent à la fin du XXe siècle — exige 70 des compétences bien spécifiques ainsi qu’une connaissance approfondie des situations en cause. Malheureusement, les OSC ne disposent pas encore de toutes les connaissances requises sur la meilleure façon de prévenir les conflits. En effet, il y a toujours un danger à intervenir trop rapidement dans les pays sujets aux conflits sans y être suffisamment préparé. Ce chapitre fait valoir qu’il faut encourager une plus grande participation des OSC à la prévention des conflits, en faisant preuve toutefois de réalisme et de modération par rapport à leurs résultats et à leur efficacité éventuels. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Les OSC et la prévention des conflits : survol Les années 1990 ont été témoin d’une transformation de la façon dont l’opinion internationale considère les conflits internes — autrement dit au sein des États plutôt qu’entre eux. Auparavant, on jugeait que les conflits internes étaient de la responsabilité exclusive des États, qui se retranchaient derrière le sacro-saint principe de la souveraineté nationale. Aujourd’hui, l’échange de plus en plus rapide des informations, associé à la possibilité de suivre l’évolution des conflits dans des régions éloignées du monde, signifie que les États ne peuvent désormais plus cacher au monde extérieur les horreurs de leurs guerres civiles. Alarmés par les reportages sur les génocides perpétrés dans le cadre de conflits au Rwanda et dans l’ancienne Yougoslavie, et par les catastrophes humanitaires dans des pays comme la Somalie et le Soudan, les médias et les peuples d’Europe et d’Amérique du Nord exercent de plus en plus de pressions sur leurs gouvernements pour qu’ils arrêtent la propagation de conflits meurtriers et aillent secourir les victimes. Les OSC sont bien placées pour jouer un rôle important dans la prévention de ce type de conflits. Non assujetties aux règles qui empêchent les États de s’immiscer dans leurs affaires mutuelles, elles peuvent collaborer plus étroitement avec les populations et organismes locaux en cas de conflit. Même si elles disposent de moins de ressources pour lancer des actions préventives, leur travail avec les populations locales contribue à renforcer les relations de paix à la base1. Par exemple, grâce à leur présence de longue date dans certains pays et à leur sensibilité aux cultures et aux traditions locales, les ONG sont en mesure d’identifier les sources de conflit. Elles peuvent donc alerter la communauté internationale des risques de crises en puissance, encourager le respect du droit et des droits humains, et favoriser le développement démocratique, autant d’éléments qui minimisent les risques de conflits violents. En outre, les ONG « peuvent mieux faire connaître les sources des conflits, leur probabilité et leurs conséquences en plus d’offrir d’éventuelles solutions de remplacement 2 ». CHAPITRE SIX Par exemple, c’est le rôle que joue la commission pour la défense des droits de l’homme du Nigéria qui recueille et publie de l’information sur les droits humains au Nigéria. Elle organise aussi des symposiums pour promouvoir les droits de la personne et la démocratie. Les groupes internationaux de défense des droits de la personne complètent de diverses façons le travail d’information réalisé par la commission. Ainsi, Human Rights Watch/Afrique (HRW) fait paraître des rapports qui dénoncent les violations des droits de la personne. Dans un cas particulier, lors d’une mission d’enquête en 1995, HRW a découvert que le gouvernement nigérian attisait les tensions entre les tribus Ogoni et Andoni. En transmettant cette information au réseau, en organisant des campagnes d’action sociale locales et en ébruitant la nouvelle à l’étranger grâce aux réseaux des organisations de défense des droits humains, HRW a sensibilisé la communauté internationale au problème et a exercé des pressions sur les gouvernements pour qu’ils empêchent les débordements à l’origine des conflits3. Certaines OSC pratiquent également la diplomatie préventive — soit la médiation, la négociation et les discussions de groupe entre les parties en conflit. Bien que l’ONU et les gouvernements soient plus efficaces dans ce type d’interventions de haut niveau, bon nombre d’ONG et d’OSC se lancent aussi dans la médiation et dans les mesures destinées à créer un climat de confiance. En fait, il arrive que les OSC aient accès aux deux parties et soient considérées suffisamment neutres pour pouvoir rapprocher les groupes belligérants. Par exemple, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a assuré la médiation entre les Tigres libérateurs d’Eelam Tamoul et le gouvernement du Sri Lanka « en faisant passer des messages confidentiels entre les deux parties », un rôle « qui a été important pour l’établissement des premiers contacts et des modalités de résolution du conflit dans le cadre des pourparlers de paix4. » De la même façon, une organisation religieuse italienne, la Communauté de San Egidio, s’est chargée de la médiation entre les belligérants au Mozambique. Andrea Bartoli, vice-président de la LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS 71 Communauté de San Egidio, a regretté le fait que ce type de médiation réussie de la part d’une ONG n’ait pas été repris en Somalie : « La communauté internationale n’a jamais songé à faire appel à une organisation non gouvernementale, comme la Communauté de San Egidio, pour assurer la médiation entre les factions guerrières de Somalie. Pourtant, au Mozambique, la communauté, dont le siège se trouve à Rome, a joué un rôle capital pour amener les deux parties à la table de négociations en mettant à leur disposition un espace de dialogue5. » D’autres OSC œuvrent sur le plan communautaire pour rapprocher les membres de groupes en litige afin qu’ils trouvent des solutions en commun. Face à la montée du racisme et à la dégradation des relations entre les groupes ethniques au Guatemala, Redd Barna — l’organisation Save the Children de Norvège — « a choisi d’opter pour un point de vue holistique des problèmes des communautés, comparable à la façon dont ils étaient perçus par les gens eux-mêmes. Nous pensions que les solutions et les options devaient découler des analyses et des discussions entre les membres des communautés6. » On s’est donc surtout efforcé d’amener les participants à trouver eux-mêmes leurs dénominateurs communs, l’ONG étrangère se chargeant pour sa part de trouver le lieu et les raisons des rencontres. La communauté scientifique et les institutions éducatives ont aussi fait leur part dans la prévention des conflits. En effet, elles établissent des réseaux de recherche en coopération pour échanger ressources et informations, pour effectuer des recherches sur les causes des conflits et pour enseigner au public les moyens pacifiques de les résoudre. La Conférence Pugwash sur la science et les problèmes internationaux, a ainsi réuni pendant la guerre froide des chercheurs américains et soviétiques pour encourager la compréhension et la coopération. Depuis, Pugwash a continué ses travaux avec l’aide des réseaux scientifiques, en présentant les rapports de ses conférences au Conseil de Pugwash qui publie ensuite des déclarations et des rapports de 72 grande notoriété. L’organisation s’est vue décerner le prix Nobel de la paix en 1995. À tous ces niveaux, il importe également que des efforts soient faits pour coordonner les activités. Ainsi, on peut constituer des groupes de travail chargés de discuter et de coordonner des actions dans un pays donné ou par rapport à une dimension particulière d’un conflit. Aux États-Unis, par exemple, un forum sur la politique du Burundi a été mis sur pied après avoir pris acte de la disparité des activités intenses menées par les OSC, les gouvernements et les organisations internationales au Burundi. Comme Lionel Rosenblatt, le directeur général de Refugees International, l’a noté : Le Center for Preventive Action du Council on Foreign Relations et l’African-American Institute se sont associés à Refugees International et à Search for Common Ground pour fonder et lancer le forum sur la politique du Burundi. Tous ceux que nous avons rencontrés au Burundi ont reconnu qu’une catastrophe humanitaire se préparait. Tous ont également dit que la communauté internationale avait réagi aux menaces de chaos au Burundi sans ressources, coordination ou objectif précis. De nombreux organismes des Nations Unies, d’autres d’aide bilatérale ainsi que des organisations non gouvernementales travaillaient sans relâche — mais dans le désordre — pour empêcher la désintégration du Burundi7. On a formé de plus en plus de groupes de coordination lorsque les gouvernements et les OSC se sont rendu compte des moyens limités dont ils disposaient pour régler les conflits par eux-mêmes. Une plus grande coopération et coordination est en effet gage de meilleures chances de succès. Plusieurs autres mesures ont également été prises pour s’attaquer aux problèmes structurels des conflits. Le développement durable, la prévention de la dégradation de l’environnement, la réduction de la pauvreté, la promotion de la démocratie et l’amélioration du respect des droits de la personne sont autant d’activités qui, estime-t-on, peuvent avoir une influence directe sur les conflits potentiels8. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 En matière de consolidation de la paix, la plupart des OSC canadiennes ont fait porter leurs efforts surtout sur l’action sociale, la formation et l’éducation. L’objectif premier consistait à transmettre des connaissances et de l’information pour aider les parties en conflit à se doter de valeurs et de buts communs, à réduire les traumatismes de la guerre et à trouver des solutions pacifiques aux problèmes. Par exemple, le Fonds canadien pour la paix, en partenariat avec deux organismes sénégalais — l’Association nationale pour l’alphabétisation et l’éducation des adultes et l’Union démocratique des enseignants — a organisé une conférence d’éducateurs pour adultes provenant de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, afin de réfléchir à l’édification d’une culture de la paix. Le Fonds du Primat pour le secours et le développement mondial de l’Église anglicane du Canada a collaboré avec le Forum mondial de solidarité pour la justice et la paix au Sri Lanka, un groupe international comprenant des participants locaux, pour favoriser le débat sur la paix et former les militants aux mesures visant à renforcer la confiance entre les communautés ethniques et religieuses. Vision Mondiale Canada, en partenariat avec Vision Mondiale Guatemala et le Comité mennonite central du Guatemala, a passé une année entière à CHAPITRE SIX 1 La diplomatie préventive vise à régler les conflits avant que la violence n’éclate; le rétablissement et le maintien de la paix ont pour objet de mettre fin aux conflits et de préserver la paix une fois qu’elle a été instaurée. En cas de succès, ces trois mesures débouchent sur la consolidation de la paix après les conflits, contribuant ainsi à empêcher que 1 les actes de violence ne reprennent entre les nations et les peuples . Les mesures de consolidation de la paix servent autant à prévenir les conflits qu’à effacer les séquelles des affrontements que l’on n’a pas pu empêcher2 . Renvois 1 Boutros Boutros-Ghali, Agenda pour la paix : Diplomatie préventive, rétablissement de la paix, maintien de la paix, 17 juin 1992. Voir www.un.org/french/docs/sgf/agendaf2.htm (accès en mars 1999). L’Agenda pour la paix donnait une définition du rétablissement, du maintien et de la consolidation de la paix sauf que, pour cette dernière, on ne faisait référence qu’aux situations post-conflictuelles. Le Supplément à l’Agenda pour la paix a trait à la fois à la consolidation de la paix et aux situations pré-conflictuelles. 2 Boutros Boutros-Ghali, Supplément à l’Agenda pour la paix : rapport de situation présenté par le Secrétaire général à l’occasion du cinquantenaire de l’Organisation des Nations Unies, 3 janvier 1995. Voir www.un.org/french/docs/sgf/agpaix.htm (accès en mars 1999). familiariser les Guatémaltèques avec l’accord de paix s’appliquant à leur pays. Certains programmes de formation comportent un volet éducation qui a pour but d’atténuer les traumatismes laissés par le conflit et, partant, la prédisposition à la violence. CARE Canada, par exemple, a LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS 73 R D A C On peut lire dans l’Agenda pour la paix présenté par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros-Ghali, la déclaration la plus forte jamais énoncée par l’ONU pour galvaniser les organisations internationales, les gouvernements et les organisations non gouvernementales et les inciter à œuvrer à la prévention et à la résolution des conflits. L’Agenda pour la paix énumère quatre catégories de mesures : • La diplomatie préventive a pour objet d’éviter que des différends ne surgissent entre les parties, d’empêcher qu’un différend existant ne se transforme en conflit ouvert et, si un conflit éclate, de faire en sorte qu’il s’étende le moins possible. • Le rétablissement de la paix vise à rapprocher des parties hostiles, essentiellement par des moyens pacifiques tels que ceux prévus au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies. • Le maintien de la paix consiste à établir une présence des Nations Unies sur le terrain, ce qui n’a jusqu’à présent été fait qu’avec l’assentiment de toutes les parties concernées et s’est normalement traduit par un déploiement d’effectifs militaires et/ou de police des Nations Unies ainsi que, dans bien des cas, de personnel civil. Cette technique élargit les possibilités de prévention des conflits aussi bien que de rétablissement de la paix. • La consolidation de la paix est l’action menée en vue de définir et d’étayer les structures propres à raffermir la paix afin d’éviter une reprise des hostilités. É D E L A PA I X N Que font les OSC canadiennes au milieu de ces diverses luttes non gouvernementales pour prévenir les conflits ? Bien que l’essentiel de l’action menée par le Canada soit discutée sous la rubrique plus large de la « consolidation de la paix » (voir l’encadré 1), ses activités sont extrêmement diversifiées. Un récent sondage des OSC a fait apparaître les activités suivantes en matière de consolidation de la paix : résolution de conflits; alerte rapide; sécurité environnementale; aide humanitaire et secours d’urgence; sécurité physique; sécurité individuelle; participation civile au maintien de la paix; droits de la personne; reconstruction économique; reconstruction sociale; bon gouvernement et renforcement de la démocratie; création des capacités institutionnelles et civiles; élaboration, évaluation et promotion des politiques; et formation9. U N E D É F I N I T I O N D E L A C O N S O L I D AT I O N E Les OSC canadiennes et la consolidation de la paix coopéré avec les ministères de l’Éducation de la Croatie et de la Bosnie dans le cadre d’un projet de trois ans pour former des enseignants aux activités destinées aux jeunes afin de réduire les traumatismes et d’encourager la recherche de moyens pacifiques pour résoudre les conflits. Vision Mondiale Canada, aidé de ses homologues allemand, hollandais et ougandais, et UNICEF Ouganda ont mis sur pied un centre à Gulu, en Ouganda, pour « détraumatiser » et favoriser la guérison psychosociale de milliers d’enfants soldats. 2 Les ateliers de résolution de conflits constituent un autre moyen d’éduquer. Avec souvent la participation d’OSC du Nord qui ont recours aux méthodes de résolution des conflits mises au point en Europe ou en Amérique du Nord, comme le Centre canadien d’étude et de coopération internationale (CECI), ces ateliers sont organisés en partenariat avec des organismes locaux (voir l’encadré 2). L’Institut canadien pour F O R M AT I O N À L A P R É V E N T I O N / N É G O C I AT I O N E N C A D R É DE CONFLITS Le Centre canadien d’étude et de coopération internationale (CECI), une ONG spécialisée dans le développement qui est basée à Montréal, s’occupe aussi activement de la formation en prévention de conflits. La démarche adoptée par le CECI repose sur la méthodologie mise au point par le Conflict Management Group (CMG) de l’Université de Harvard, avec laquelle le Centre collabore. Cette méthodologie vise à fournir des outils aux groupes pour qu’ils trouvent leurs propres solutions. Le CECI s’en est servi au Guatemala, en Afrique occidentale, au Burundi et en Haïti. Une séance de formation typique comprend une table ronde de deux à trois jours, réunissant entre 20 et 25 participants provenant de plusieurs organisations qui représentent les parties en conflit, notamment la société civile, le gouvernement, les groupes religieux ou ethniques. Une des caractéristiques importantes de la méthodologie consiste à essayer d’aider les participants à faire preuve de plus de souplesse dans la défense de leurs intérêts (et à voir en quoi ils peuvent être compatibles avec ceux des autres). À l’aide d’une série de jeux et d’exercices simples, les participants découvrent comment leurs positions respectives sont souvent le résultat de points de vue particuliers. En comprenant le point de vue de l’autre, ils améliorent leurs techniques de négociation et font avancer leurs intérêts. Enfin, il incombe aux participants d’établir les rapports avec leur situation et leurs problèmes locaux, ce qu’ils parviennent généralement à faire en concevant un plan d’action locale. Sources la résolution des conflits a eu recours à ces méthodes pour former les ONG locales du Burundi aux techniques communautaires de résolution des conflits. En partenariat avec International Alert basée à Londres et un groupe de sages locaux déterminés à rétablir la paix, l’Institut s’est efforcé de former des gens pour qu’à leur tour ils en forment d’autres aux mêmes méthodes. Les organisations canadiennes ont également pris part à la formation de coalitions. Par exemple, un groupe d’ONG canadiennes aidées par des institutions non gouvernementales, des universitaires et des particuliers, a mis sur pied un réseau expressément consacré à la consolidation de la paix, le Comité coordonnateur canadien pour la consolidation de la paix (voir à l’encadré 3 la liste de ses membres). Les membres du Comité se rencontrent pour échanger des informations sur leurs travaux respectifs et mettre au point des stratégies communes, destinées à renforcer la coopération dans le domaine de la consolidation de la paix. Au nombre de ses principales réalisations, citons l’établissement de relations plus solides avec le gouvernement — le ministre des Affaires étrangères Lloyd Axworthy cherche tout particulièrement à affirmer le rôle du Canada en matière de consolidation de la paix — et le lancement d’une collection complète de documents sur les activités de consolidation de la paix auxquelles les Canadiens participent, avec les régions géographiques correspondantes. Le Comité n’a pas connu le même succès dans ses efforts pour coordonner l’action, que ce soit sur le terrain ou au Canada, entre les OSC ou avec le gouvernement canadien. Il n’est pas non plus parvenu à renforcer le rôle des OSC dans l’élaboration des politiques gouvernementales de consolidation de la paix. Au cours des dernières années, les organisations canadiennes ont donc joué un rôle plus important que jamais dans la prévention des conflits, en partie grâce à l’importance accrue accordée par le gouvernement canadien à la consolidation de la paix. C’est aussi ce qui, en partie du moins, est à l’origine de la plus grande coopération existant maintenant entre les OSC et le gouvernement. Extrait du procès-verbal reprenant un exposé présenté par le CECI au Comité coordonnateur canadien pour la consolidation de la paix; interview avec Thérèse Bouchard, CECI, août 1998. 74 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 L’ordre du jour du Canada pour la consolidation de la paix a suscité un regain d’efforts entre les ONG et le gouvernement. Un esprit de coopération et d’échange d’informations sur les questions de consolidation de la paix anime désormais les nouvelles consultations annuelles sur la consolidation de la paix entre les ONG et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI). Pour plusieurs raisons, notamment la collaboration antérieure entre le gouvernement et les OSC dans d’autres domaines, le gouvernement canadien reconnaît désormais le besoin de complémentarité entre son action et celle des ONG. Toutefois, si les consultations annuelles ont permis de multiplier les échanges d’informations, elles ne se sont pas encore soldées par la mise au point d’un vrai mécanisme qui permettrait aux OSC de participer à l’élaboration de politiques communes. Les idées dégagées par ces consultations alimentent la pensée du gouvernement sur les orientations politiques, sans que ce dernier n’invite pour autant les ONG à participer plus régulièrement à leur élaboration. En CHAPITRE SIX conséquence, certaines d’entre elles doutent que ces consultations débouchent sur des résultats concrets. Le nouveau Fonds de consolidation de la paix et le Programme de consolidation de la paix récemment lancés ont injecté des ressources supplémentaires dans les travaux des OSC dans ce domaine. Doté d’un budget annuel de 10 millions de dollars géré par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et par le MAECI, le Fonds canadien de consolidation de la paix d’une durée de deux ans a été établi pour financer des interventions rapides en vue de consolider la paix, notamment dans le cadre de projets limités, à court terme. Par exemple, ce Fonds sert à financer les séances de formation communautaire du CECI au LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS 75 3 R D A C Association des médecins pour la survie mondiale : www.pgs.ca CANADEM : front.web.net/canadem CARE Canada : www.care.ca Centre canadien d’étude et de coopération internationale : www.ceci.ca Centre de recherches pour le développement international : www.idrc.ca Centre international d’éducation holistique du tourisme : www.geocities.com/RainForest/Vines/6016 Centre international des droits de la personne et du développement démocratique : www.ichrdd.ca Centre parlementaire : courriel : [email protected] Conseil canadien pour la coopération internationale : www.web.net/ccic-ccci Comité coordonateur canadien pour la consolidation de la paix : www.cpcc.ottawa.on.ca Comité mennonite central : www.mennonitecc.ca/mcc CUSO : www.cuso.org Église unie du Canada : www.uccan.org Fonds canadien pour la paix : courriel : [email protected] Fonds du Primat pour le secours et le développement mondial, Église anglicane du Canada : www.pwrdf.org Global Affairs Research Partners : tél. : (613) 729-9564 Inter Pares : www.interpares.org La Voix des femmes canadiennes pour la paix L’Institut Nord-Sud : www.nsi-ins.ca Norman Paterson School of International Affairs, Université Carleton : temagami.carleton.ca/npsia OXFAM-Canada : www.oxfam.ca Programme de développement et d’assistance aux Philippines Project Ploughshares : www.ploughshares.ca Secours Quaker canadien : www.web.net/~cfsc Shelter Unlimited : tél. : (613) 728-7813 É P O U R L A C O N S O L I D AT I O N D E L A PA I X N Tout récemment, le gouvernement canadien a fixé un nouvel ordre du jour pour la consolidation de la paix. En octobre 1996, le ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, a annoncé le lancement d’une Initiative canadienne de consolidation de la paix et la création d’un Fonds canadien de consolidation de la paix afin de répondre aux crises se manifestant un peu partout dans le monde. En 1998, lorsque le Canada s’est vu octroyer un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies, il a déclaré : « L’un des principaux objectifs du Canada au cours de ce mandat sera d’inscrire au nombre des priorités du Conseil les préoccupations touchant la sécurité des personnes. Ces préoccupations englobent des questions comme la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le respect des droits de la personne et des libertés fondamentales10 ». Il apparaît clairement que pour le gouvernement canadien, la consolidation de la paix et la prévention des conflits sont de nouvelles priorités incontournables. M E M B R E S D U C O M I T É C O O R D O N N AT E U R C A N A D I E N E La coopération gouvernement - OSC « Le processus d’Ottawa […] est peut-être la représentation la plus optimiste que l’on puisse avoir d’une société civile de plus en plus puissante. » Michael Dolan et Chris Hunt, « Negotiating the Ottawa Process », dans Canadian Foreign Policy/La Politique étrangère du Canada, vol. 5 no 3, printemps 1998, p. 46. Burundi ainsi que les efforts du Comité mennonite central visant à « renforcer les moyens dont disposent des organisations de la bande de Gaza et de la Cisjordanie pour former des bénévoles à l’utilisation d’une vaste gamme de techniques de résolution de conflits », inspirées des méthodes traditionnelles de résolution des conflits dans le monde arabe11. En outre, le Programme de consolidation de la paix du MAECI finance aussi des activités autres que celles prévues dans le mandat du Fonds, pour notamment organiser des ateliers et des conférences, faire des recherches et échanger de l’information avec les OSC. Il a ainsi apporté son concours financier à des groupes comme la Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats et la Banque canadienne des ressources pour la démocratie et les droits de la personne (CANADEM). Bien que toutes ces initiatives donnent un nouvel élan à la consolidation de la paix, elles ont aussi leurs limites. En dépit de la prolifération des tribunes favorisant un plus grand échange d’informations, les problèmes de coordination avec le gouvernement n’ont pas pour autant disparu. De nombreuses organisations canadiennes se plaignent que les politiques publiques de consolidation de la paix manquent de cohérence et de précision, donnant lieu à des attentes non satisfaites et à des résultats médiocres et moins nombreux. Elles critiquent tout particulièrement l’insistance que met le gouvernement à vouloir obtenir des résultats rapides : selon les OSC, la consolidation de la paix exige de voir les choses à plus long terme, et même si elles félicitent le gouvernement d’avoir reconnu leur contribution au titre de la consolidation de la paix, elles rappelent avec constance qu’une véritable coopération exige qu’elles soient traitées sur un pied d’égalité dans l’élaboration des politiques et dans l’établissement des priorités. Cet objectif peut sembler illusoire — et certains se demandent même s’il est souhaitable — mais il traduit bien les limites de la collaboration entre des organismes de taille différente, avec des ressources financières et un degré de cohésion interne qui ne sont pas les mêmes12. Néanmoins, l’accroissement de la coopération entre le gouvernement canadien et les OSC prouve certainement la nécessité de la 76 coordination. Chaque partie reconnaît qu’aucune organisation ne peut relever seule les défis que pose tout règlement d’un conflit. Ce constat a amené un nombre croissant de coalitions et de réseaux à s’attaquer à certaines des causes structurelles à la base des conflits, notamment à l’emploi des mines anti-personnel. La constitution de coalitions internationales efficaces La Campagne internationale contre les mines terrestres est un exemple remarquable de la façon dont la création d’une coalition internationale entre les ONG du Nord et du Sud, en partenariat avec des gouvernements de même sensibilité, peut constituer une stratégie puissante de changement. Lancée en 1992, la Campagne a débouché sur l’adoption d’un traité visant à interdire les mines anti-personnel en décembre 1997. Les ONG et le gouvernement du Canada ont joué un rôle important dans cet effort. La Campagne est l’œuvre d’un petit groupe d’ONG, dont Opération handicap internationale, Human Rights Watch, Medico International, Mines Advisory Group, Physicians for Human Rights et la Vietnam Veterans of America Foundation. En mai 1993, la première conférence internationale non gouvernementale sur les mines anti-personnel était convoquée à Londres et rassemblait 50 représentants appartenant à 40 ONG, en vue de définir une stratégie pour lancer la campagne internationale. Les ONG canadiennes ont rejoint le mouvement en 1994 et formé leur propre coalition qu’elles ont appelée Mines Action Canada regroupant plus de 40 ONG de différents secteurs13. Par suite des fortes pressions exercées par la Campagne, les représentants de 50 pays ont convenu de participer à une conférence convoquée à Ottawa à la fin de 1996. Pour la toute première fois, des gouvernements, des organismes internationaux et des OSC se réunissaient pour élaborer des stratégies et concevoir des actions devant déboucher sur l’interdiction généralisée des mines anti-personnel. Le Canada fit preuve de leadership lorsque le ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy — en dérogeant de façon surprenante au protocole diploma- RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 La Campagne montre de façon éloquente comment des ONG du Nord et du Sud, en partenariat avec des gouvernements sympatisants, peuvent être à l’origine d’un grand élan de changement. Il s’agit d’un mécanisme comportant quatre éléments : • Premièrement, les OSC organisent d’importantes campagnes nationales de sensibilisation de l’opinion publique et exercent des pressions sur les gouvernements. • Deuxièmement, les OSC maintiennent la pression sur les gouvernements grâce à un débat public soutenu sur les enjeux en cause, tout en multipliant les activités de couloir pour amener le changement. • Troisièmement, elles surveillent le respect des engagements pris par le gouvernement à cet égard en portant à l’attention du public les écarts entre les paroles et les actes. Elles créent en conséquence CHAPITRE SIX En s’inspirant de l’exemple de la campagne pour l’interdiction des mines anti-personnel, les OSC canadiennes appuyées par le gouvernement canadien se servent de la même stratégie pour atteindre d’autres objectifs similaires comme l’interdiction des petites armes et l’élimination du recrutement des enfants soldats (voir l’encadré 4). La Coalition pour mettre fin à l’utilisation d’enfants soldats s’efforce de faire adopter et mettre en œuvre un protocole facultatif à la Convention sur les droits de l’enfant, qui fixe à 18 ans l’âge minimum pour toute forme de recrutement militaire. La coalition a été lancée par sept ONG internationales : Amnistie internationale, Defense for Children International, Human Rights Watch, la Fédération internationale Terre des Hommes, l’Alliance internationale Save the Children, le Service jésuite aux réfugiés (Genève) et le Bureau Quaker des Nations Unies (Genève). Les ONG canadiennes ont constitué un groupe de travail rattaché à la campagne internationale et aux autres coalitions nationales. Pour sa part, la Coalition a établi des liens avec plusieurs organismes et un groupe de gouvernements sympatisants pour organiser une conférence internationale. Comme dans le cas des mines anti-personnel, ces regroupements ont abondamment recours à Internet pour lancer les premiers réseaux, s’organiser en coalitions en bonne et due forme, gagner l’appui des gouvernements sympatisants, lancer des campagnes régionales et nationales, et informer les médias internationaux. LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS 77 A C The Preparatory Committee for a Global Campaign on Small Arms and Light Weapons (comité préparatoire à la campagne mondiale contre les petites armes et les armes légères), créé en janvier 1998, est un réseau électronique d’ONG déterminées à mener une campagne contre l’accumulation et l’utilisation abusive des petites armes et autres armes légères. En septembre, ses effectifs comptaient déjà 107 ONG et 44 personnes représentant 62 pays. Lors d’une réunion en août 1998, le groupe a pris la décision de remplacer le comité par un regroupement d’ONG, appelé International NGO Action Network on Small Arms, qui sera lancé en 1999. D R Par suite du succès remporté par la campagne mondiale pour interdire les mines anti-personnel, les OSC ont lancé deux nouvelles campagnes qui s’inspirent du même modèle. É 4 R É S E A U X M O N D I A U X , C A M PA G N E S M O N D I A L E S N Ce pari, désormais connu comme « le processus d’Ottawa » fut gagné lorsqu’à la conférence d’Ottawa en décembre 1997, 122 pays se réunirent pour signer la « Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines anti-personnel et sur leur destruction ». Cela constituait une victoire pour la Campagne et le Canada fut le premier pays à signer et à ratifier le nouveau traité. La conférence rendit hommage au rôle clé joué par la Campagne et par Mines Action Canada, et le prix Nobel de la paix 1997 fut décerné tant à la Campagne qu’à sa coordinatrice internationale, Jody Williams. Depuis lors, la Campagne exerce des pressions sur les gouvernements signataires de la Convention pour qu’ils la ratifient, ainsi que sur d’autres pays pour qu’ils l’adoptent. À son entrée en vigueur le 1er mars 1999, 134 pays avaient signé la Convention et 65 l’avaient ratifiée. « une pression de conformité » en félicitant les États « bons élèves » et en tançant les « médiocres ». • Enfin, elles forgent des alliances avec des gouvernements de même sensibilité pour exercer des pressions sur des États parfois plus puissants qui sont d’avis contraire15. E tique — annonça une date d’échéance pour la signature d’un traité international. En fixant cette date butoir à décembre 1997, le Canada profitait de l’élan qui avait été imprimé par la Campagne des ONG, en pariant qu’il y aurait un nombre suffisamment élevé de pays pour constituer une masse critique et qui seraient disposés à signer le traité à cette date14. Les problèmes des OSC canadiennes dans la prévention des conflits Malgré leurs nombreux succès, les activités de consolidation de la paix menées par les OSC connaissent plusieurs problèmes, dont le moindre n’est pas leur inexpérience du terrain. M a n q u e d ’ a n a l ys e e t d ’ ex p é r i e n c e Les nouvelles ressources financières mises à disposition par le gouvernement canadien ont amené certaines OSC à reclasser leurs anciennes activités sous l’étiquette « consolidation de la paix », sans pour autant changer quoi que ce soit à leurs méthodes de travail. Ainsi, les projets destinés à répondre aux besoins essentiels de la population, à fournir un appui organisationnel et une formation aux OSC dans les pays en développement ainsi que les programmes de lutte contre la violence familiale sont tous mis dans le même sac de la « consolidation de la paix », avec pour conséquence de diluer toute évaluation de la façon dont des activités bien spécifiques influent sur certaines causes des conflits. Ce n’est pas seulement un problème de définition. Pour mener une action efficace et coordonnée en vue de prévenir un conflit, ou pour restaurer des relations paisibles après un conflit, les organisations étrangères doivent posséder une connaissance approfondie du contexte local et disposer d’une bonne analyse des causes du conflit. Mais elles considèrent parfois que leurs activités générales aideront à régler les problèmes à l’origine du conflit, sans avoir pour autant analysé sérieusement les répercussions réelles de leurs interventions. Ainsi, une organisation peut investir dans la protection de l’environnement, mais cet investissement ne constituera une activité de consolidation de la paix que s’il se fait dans une collectivité où la pénurie de ressources environnementales est à l’origine du conflit. M a n q u e d e c o o rd i n a t i o n e t d e c o o p é ra t i o n En raison des différences dans leurs mandats et leurs façons de travailler, les OSC au Canada échangent des informations mais souvent ne parviennent pas à coordonner leurs actions sur le terrain, tout particulièrement avec les 78 organismes des pays en développement et les organisations internationales. Ainsi, chaque organisation peut avoir son propre modèle d’atelier de résolution de conflits et ses propres partenaires. Chacune choisira indépendamment les collectivités qui participeront aux ateliers. C’est ainsi que des centaines d’organisations gouvernementales et non gouvernementales, du Canada, des États-Unis, de la Suède et d’ailleurs, ont investi dans les opérations de consolidation de la paix en Bosnie. Mais il n’existe aucune stragégie d’ensemble pour déterminer comment les mesures prises par une organisation peuvent compléter le mieux possible celles d’une autre. Au lieu de cela, on suppose que des efforts cumulatifs, non coordonnés, porteront des fruits. M é f i a n c e d a n s l a c o o p é ra t i o n O S C - g o u ve r n e m e n t Bon nombre d’OSC craignent d’être cooptées dans l’ordre du jour du gouvernement si elles décident de coopérer. Certaines d’entre elles n’hésitent pas à critiquer les nouvelles ressources disponibles, comme le Fonds de consolidation de la paix, qui les obligent à accepter les priorités et les critères du gouvernement. Dans le cas du traité d’interdiction des mines anti-personnel, il y a eu convergence des perspectives du gouvernement et des OSC lorsque l’opinion publique et les responsables gouvernementaux se sont ralliés à la cause de l’interdiction; les OSC ont préservé leur indépendance et ont recherché le soutien des gouvernements qui partageaient leur point de vue. Tel n’est pas toujours le cas, toutefois; lorsque les rapports de coopération sont moins étroits, la balance penche souvent très fort du côté des gouvernements. Préjugé de partialité Les OSC sont souvent taxées de partialité, ce qui pour elles fait problème. En matière de consolidation de la paix, elles essayent habituellement de rester neutres mais sont souvent perçues comme penchant plutôt d’un côté que de l’autre. En Macédoine, par exemple, « on a souvent reproché aux ONG internationales de prendre le parti de l’un contre l’autre. L’homme de la rue a le sentiment que les organisations internationales se préoccupent surtout des besoins d’un groupe ethnique en particulier16. » RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 M a n q u e d ’ é va l u a t i o n Voulant bien faire, les OSC mettent en œuvre des mesures spécifiques, souvent pour parer au plus pressé dans des situations qui l’exigent : elles font généralement peu d’analyses pour vérifier si les mesures en question sont les meilleures pour s’attaquer aux causes spécifiques du conflit. Une fois l’intervention terminée, l’incidence de ces mesures est rarement évaluée. En conséquence, on manque des connaissances qui permettraient de savoir quelles mesures sont les plus efficaces pour prévenir un conflit. S’il est vrai que le Centre de recherches pour le développement international et Local Capacities for Peace Project se sont efforcés d’évaluer l’effet du travail des OSC sur la paix et les conflits, il faut bien reconnaître que ces efforts restent peu nombreux. L’avenir de la prévention des conflits La prévention des conflits et la consolidation de la paix ont mis en évidence la façon dont les Canadiens travaillent depuis longtemps en partenariat avec leurs homologues du Sud vers un objectif commun. Comme le traité d’interdiction des mines anti-personnel l’a montré, la collaboration dans le cadre de coalitions internationales appuyée par des gouvernements sympatisants peut effectivement être à l’origine d’un élan de changement. Les Canadiens continuent d’échanger des informations par le truchement du Comité coordonnateur canadien pour la consolidation de la paix et aussi dans le cadre de fréquentes consultations avec le gouvernement. Ils organisent individuellement des ateliers sur la résolution des conflits, sur la formation d’autres organismes aux méthodes de règlement pacifique des conflits et, de temps en temps, ils agissent comme médiateur entre les parties en litige. Et par-dessus tout, les Canadiens qui travaillent pour des organisations de la société civile contribuent à édifier la paix grâce à leur travail de développement à long terme. Il convient toutefois de ne pas exagérer les succès remportés par la société civile. S’il est vrai que les OSC aident à plusieurs égards à prévenir les conflits, leur incidence CHAPITRE SIX doit être évaluée avec modestie et sans complaisance. Il faudra faire davantage de recherches, d’analyses et d’évaluations pour déterminer comment, où et quand on peut calmer un conflit ou le prévenir. Comme des mesures utiles peuvent avoir un effet négligeable si elles sont prises isolément ou sans considération du travail des autres, il faudra également davantage de collaboration et de coopération. Quoi qu’il en soit, étant donné le véritable soutien du gouvernement canadien à la consolidation de la paix, et les tendances en faveur d’une plus grande coordination au sein de la société civile, on peut dire qu’il y a un véritable élan pour surmonter tous ces problèmes. Il pourrait bien en résulter un monde plus en paix. RENVOIS 1 Carnegie Commission on Preventing Deadly Conflict, Preventing Deadly Conflict: Final Report, New York, Carnegie Corporation, 1997, p. 111-125. 2 Kalypso Nicolaïdis, « International Preventive Action: Developing a Strategic Framework », dans Robert I. Rotberg (dir.), Vigilance and Vengeance: NGOs Preventing Ethnic Conflict in Divided Societies, Washington, DC, Brookings Institution Press, 1996, p. 63. 3 Melissa Crow et Clement Nwankwo, « Before “Things Fall Apart” in Nigeria: The Role of Non-Governmental Human Rights Organizations in Conflict Prevention », dans Rothberg (dir.), op. cit., p. 172-173. 4 Neelan Tiruchelvam, « Sri Lanka’s Ethnic Conflict and Preventive Action: the Role of NGOs », dans Rotberg (dir.), op. cit., p. 159. 5 Andrea Bartoli, « Somalia and Rwanda vs. Mozambique: Notes for Comparison on Peace Processes », Communauté de San Egidio. Voir www.wf.org/somalia.htm (accès en mars 1999). 6 Tom Lent, « The Search for Peace and Justice in Guatemala », dans Rotberg (dir)., op. cit, p. 75. 7 Lionel Rosenblatt, Burundi Policy Forum, avril 1996. Voir www.wf.org/burundi.htm (accès en mars 1999). Ce compte-rendu a été rédigé en avril 1996. 8 Carnegie Commission, op. cit., p. 109-127. 9 Peggy Teagle et Fen Osler Hampson, Peacebuilding Census, Comité coordonateur canadien pour la consolidation de la paix, Norman Paterson School of International Affairs, CRDI, Ministère des Affaires étrangères, février 1998. Voir www.cpcc.ottawa.on.ca/censusrep-e.htm. 10 Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Le ministre Axworthy se félicite du succès remporté par la candidature canadienne au Conseil de sécurité, communiqué de presse no 237, 8 octobre 1998. 11 ACDI, « Le Canada appuiera les efforts de consolidation de la paix au Moyen-Orient », communiqué de presse no 9847, 8 juin 1998. 12 Peggy Teagle and Fen Osler Hampson, Peacebuilding Census, février 1998. 13 Celina Tuttle et Joanne Epp, « International campaign to ban landmines: another step forward », dans Ploughshares Monitor, vol. 16, no 3, septembre 1995, p. 15-16. LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LA PRÉVENTION DES CONFLITS 79 14 Murray Campbell, « Axworthy sets land-mine treaty date: Surprise move challenges countries reluctant to endorse timetable on banning the explosives », The Globe and Mail, 7 octobre 1996, p. A10. 15 Pour une analyse des éléments de cette stratégie dans le contexte des mines terrestres, lire Brian W. Tomlin, « On a fast-track to a ban », dans Canadian Foreign Policy/ La politique étrangère du Canada, vol. 5, no 3, printemps 1998, p. 3-24; voir aussi Michael Dolan et Chris Hunt, « Negotiating the Ottawa Process », dans Canadian Foreign Policy/La politique étrangère du Canada, vol. 5, no 3, printemps 1998, p. 25-50. 16 Eran Fraenkel, « International NGOs in Preventive Diplomacy and Early Warning: Macedonia », dans Rotberg (dir.), op. cit., p. 141. 80 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 POUR L’ÉGALITÉ DES SEXES DANS LE MONDE Deborah Stienstra Deborah Stienstra politiques condition de et en enseigne sociologie féminine Winnipeg. à en de sciences la l’Université C S H E A P P I T R E T POUR L’ÉGALITÉ DES SEXES DANS LE MONDE P artout dans le monde, les taux d’emploi, les revenus, l’accès à la prise de décisions et la violence témoignent des différences de situation entre les hommes et les femmes. Si de nombreux pays — dont le Canada — ont fait des progrès considérables sur les plans de la santé, de l’éducation et du revenu de leurs populations, comme en témoigne l’indicateur du développement humain Pour être plus efficaces, les groupes de femmes du Nord et du Sud doivent créer des partenariats plus équitables, plus enracinés et plus soutenus. Une fois les relations établies, le dialogue doit se poursuivre pour garantir leur efficacité. (IDH) mis au point par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ces progrès ont été inégaux. L’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH) du PNUD fait apparaître de grandes disparités entre le développement des hommes et des femmes, et traduit les obstacles auxquels se heurtent en raison de leur sexe les femmes de tous les pays. Cela dit, depuis vingt cinq ans au moins, les hommes et les femmes tant au Canada qu’ailleurs, par delà les océans et les frontières œuvrent à l’abolition de ces inégalités grâce à l’aide au développement. Le Centre international MATCH, par exemple, travaille avec les femmes du Canada et des pays du Sud pour lutter contre la violence à leur endroit; pour sa part, le Comité canadien d’action sur le statut de la femme (CCASF), en collaboration avec un groupe de femmes du Sud, Development Alternatives with Women for a New Era (DAWN), met en cause les politiques d’ajustement structurel et la pauvreté qui en découle pour toutes les femmes du monde. 82 Au cours des dernières années, ce phénomène s’est de plus en plus mondialisé. Grâce à des réseaux mis sur pied pour échanger informations et stratégies, les groupes de femmes lancent ensemble des projets de recherche pour étudier ce que leurs situations ont en commun et les mesures de changement possibles. Elles collaborent pour améliorer leur vie et garantir leur place. Elles racontent leurs histoires, discutent de leur travail et se félicitent de leurs accomplissements à l’occasion de conférences internationales. Elles lancent, dans le même souffle, des initiatives de portée locale et mondiale. Leur militantisme a ouvert plus grandes les portes de l’éducation aux filles RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Pourquoi des groupes locaux prennent-ils la décision d’aller travailler au-delà de leurs frontières ? Beaucoup sont motivés par la mondialisation croissante de leurs propres sociétés; d’autres, par le besoin accru d’échanger informations et stratégies, que ce soit pour contester ou résister aux politiques nationales comme celles relatives à l’ajustement structurel, ou encore pour mettre en cause l’action des entreprises visant à favoriser la mondialisation de l’économie de marché. Pour certains, c’est la réalisation que l’engagement international et l’action sociale sont un outil de plus pour inciter les gouvernements à prendre des mesures en faveur de l’égalité des sexes à l’échelle nationale. D’autres encore sont poussés par leurs convictions qu’Evelyn Drescher, coordonnatrice de la recherche à Mothers are Women, exprime comme suit : « […] nous ne pouvons retirer des gains sur le dos des Taux d’alphabétisation des adultes (%) 1995 Taux de scolarisation combiné, primaire, secondaire et tertiaire (%) 1995 Part des revenus professionnels (%) 1995 Sièges au parlement Administratrices et gestionnaires Employées professionnelles et techniques Femmes adultes agressées par un partenaire proche Nombre d’ONG spécialisées dans la violence contre les femmes Femme/ Homme Femme/ Homme Femme/ Homme Femme/ Homme (% femmes) (% femmes) (% femmes) 57,01/ 56,85 53,14/ 50,06 70,72/ 62,76 56,72/ 53,92 81,78/ 76,28 56,28/ 52,9 73,71/ 69,27 80,48/ 74,65 26,14/ 49,37 59,91/ 80,52 83,21/ 83,32 52,13/ 75,05 99,0/ 99,0 42,2/ 48,05 78,06/ 89,05 99,0/ 99,0 30,9/ 39,64 71,61/ 68,98 71,8/ 69,1 40,97/ 48,29 100/ 100 27,99/ 29,55 62,/ 60, 93,0/ 92,0 23,08/ 76,92 38,86/ 61,14 29,27/ 70,73 30,40/ 69,61 37,96/ 62,04 35,98/ 64,02 30,36/ 69,64 42,36/ 57,6 4,9 34,7 23,0 n. d. 21-50 36,1 61,4 39,0 n. d. n. d. 17,3 62,6 29,0 n. d. 250+ 10,1 24,4 30,0 n. d. 1-5 19,3 42,2 56,1 25,0 250+ 32,6 39,3 36,0 n. d. n. d. 18,8 43,6 30,0 39,0 6-10 36,4 31,5 61,9 25 n. d. E Espérance de vie à la naissance (années) Brésil Cameroun Canada Haïti Malaysie Norvège A Botswana T Bangladesh B L Pays 1 1 I N D I C AT E U R S D E L’ É G A L I T É D E S S E X E S U Toutefois, le travail qui se fait dans ce domaine partout dans le monde se heurte à de nombreuses contraintes, dont la moindre n’est certainement pas la pénurie de ressources. Ainsi, le seul organisme gouvernemental du Canada qui soit exclusivement mandaté pour financer les groupes de femmes — mais dont le mandat est limité s’agissant de l’égalité mondiale des sexes — a vu ses crédits fondre de 45 p. 100 au cours de la dernière décennie. A et aux femmes, et a amélioré les services de santé qui leur sont offerts. Ainsi, Interaction Femmes-Santé, organisme basé au Canada, a convaincu le Centre de recherches pour le développement international de cesser de financer la mise au point d’un vaccin testé sur des femmes du Sud sans leur consentement éclairé. De même, le Centre international MATCH subventionne depuis une dizaine d’années des groupes de femmes au Sénégal qui s’efforcent de sensibiliser les dirigeants musulmans aux effets préjudiciables des mutilations génitales chez les femmes, avec pour résultat qu’en 1997, le président sénégalais s’est engagé à ce que son gouvernement mette fin à cette pratique. (Trondheim) Renvoi 1 Pays présentant les taux les plus élevés et les plus faibles pour leur continent respectif sur l’indicateur du développement humain du PNUD. Lorsque deux pays ou plus présentaient les mêmes résultats, le pays retenu est celui pour lequel on dispose de données. Sources Programme des Nations Unies pour le développement, Rapport sur le développement humain 1998, New York, Oxford University Press, 1998; The World’s Women, 1995: Trends and Statistics, New York, United Nations, 1995, p. 160 et 163. CHAPITRE SEPT P O U R L’ É G A L I T É D E S S E X E S D A N S L E M O N D E 83 autres femmes, que ce soit nos voisines ou des femmes dans le Sud. C’est inacceptable […] ce n’est pas ainsi que nous voyons le monde1. » Dans ce chapitre, nous examinons les différentes tactiques et stratégies suivies pour établir des liens mondiaux, les problèmes et les tensions que ces liens suscitent et les améliorations dont ont besoin tant les organisations de la société civile que les gouvernements. De la conscience locale à la conscience mondiale 1 Les organisations de la société civile (OSC) canadiennes qui travaillent à l’échelle mondiale à la parité entre les sexes ont changé à la fois de nature et d’orientation au cours des trois dernières décennies. Dans les années 1960 et 1970, l’action internationale était surtout le fait de quelques universitaires s’intéressant aux études sur le développement, des organisations de PA R T I C I PAT I O N C A N A D I E N N E Organismes de recherche : Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF); L’Institut Nord-Sud. Organisations de développement : Centre international MATCH; OXFAM-Canada; Inter Pares; CUSO. E N A Groupes de coordination : Comité canadien d’action sur le statut de la femme (CCASF); Commission des étudiants de Toronto; Réseau national d’action-éducation femmes; Fédération des femmes du Québec. C D R É Plusieurs groupes canadiens font la promotion de l’égalité des sexes à l’échelle internationale. En voici un échantillon : Réseaux et groupes sectoriels : Mothers are Women (MAW); Interaction Femmes-Santé; Association canadienne des centres contre le viol; Intercede; Réseau canadien pour la santé des femmes; Évaluationmédias; La Voix des femmes canadiennes pour la paix; Réseau d’action des femmes handicapées du Canada (DAWN Canada); Syndicat national des cultivateurs. Réseaux internationaux pour l’égalité des sexes basés au Canada : Réseau mondial de groupes de femmes utilisant la langue française comme outil de travail; Marche mondiale des femmes; Les femmes indigènes des Amériques (projet du CICPDD). Filiales nationales ou locales d’organisations internationales : Conseil national des femmes du Canada; Women for a Just and Healthy Planet; YWCA; Grassroots Organizations Operating Together in Sisterhood (GROOTS). Réseaux de solidarité : Maquila Solidarity Network. Groupes d’action post-Beijing : UN Platform for Action (Manitoba); Newfoundland and Labrador Beijing Committee; Ad-hoc Committee on Beijing-Alberta. Syndicats : Alliance de la fonction publique du Canada; les fonds sociaux et humanitaires des Travailleurs et travailleuses canadien(ne)s de l’automobile, du Syndicat des métallurgistes unis d’Amérique et du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier. 84 développement et des décideurs. Au pays, les groupes de femmes, à l’exception de La Voix des femmes canadiennes pour la paix, portaient leur attention sur des questions propres au Canada. Vers la fin des années 1990 toutefois, un petit noyau d’organisations de développement, notamment le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI), OXFAM-Canada et Inter Pares, avaient parfaitement intégré l’égalité des sexes dans leur travail de développement. Plus intéressant encore, un nombre croissant de groupes de femmes canadiens, notamment le CCASF, l’Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF) et l’Association canadienne des centres contre le viol, se sont mis à considérer la solidarité et l’action internationales comme un volet important de leur travail. Dans les années 1970, des chercheurs comme Esther Boserup, l’auteur d’avant-garde de Women’s Role in Economic Development, ont expliqué clairement que les programmes de développement en cours soit ignoraient les femmes, soit partaient de l’hypothèse que leur contribution à la société ne passait que par leur rôle d’épouse ou de mère. Cette assertion a amené les chercheurs à exiger des décideurs qu’ils mettent les femmes sur un pied d’égalité dans les programmes de développement. Le gouvernement américain a montré la voie au début des années 1970 et a fait adopter un amendement en ce sens à l’Organisation des Nations Unies. Ces mesures, associées à un militantisme accru en faveur des femmes dans le développement, ont eu pour effet d’amener l’Agence canadienne de développement international (ACDI) à repenser sa façon d’envisager cette question. Ces changements d’orientation et leurs manifestations au cours des années 1980 et 19902 ont aidé les OSC spécialisées dans le développement à trouver des fonds pour leur travail sur ce plan. Les Canadiennes, qui jusqu’alors n’étaient pas partie prenante aux questions de développement, ont commencé à se tailler une place sur la scène internationale à la suite de la Décennie des Nations Unies pour la femme (1975-1985) et de ses trois conférences internationales outre les forums regroupant des ONG tenus parallèlement. Pour certaines d’entre elles, ces réunions ont catalysé leur participation à l’échelle RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 internationale; ainsi, Norma Walmsley et Suzanne Johnson-Harvor ont profité de l’élan insufflé par la Conférence mondiale sur les femmes de 1975 pour créer le Centre international MATCH, afin de permettre aux Canadiennes de partager leurs ressources et leurs talents avec leurs consœurs ailleurs dans le monde. Depuis lors, le Centre international MATCH a évolué et est devenu une source de financement pour les femmes du Sud3. Même si ces réunions ont permis à toutes les Canadiennes d’entrer dans le débat international, au départ on y trouvait surtout des femmes blanches appartenant à la classe moyenne, qui y participaient individuellement en leur qualité de professionnelles ou d’universitaires. Très vite, toutefois, d’autres groupes ont commencé à se rendre compte que leur cause pourrait bénéficier d’une dimension internationale. Ainsi, les femmes autochtones ont su utiliser les tribunes internationales pour revendiquer leurs droits bien avant la plupart des autres Canadiens. En 1977, Sandra Lovelace, une femme de la bande indienne de Tobique qui avait perdu son statut d’Indienne en se mariant avec un non-Indien, est allée défendre ses droits d’Indienne inscrite et d’appartenance à la bande de Tobique devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques4. La critique cinglante du Comité amena le Canada à modifier la Loi sur les Indiens. Le débat international sur l’égalité des sexes rallia ensuite la participation de femmes qui lancèrent des campagnes de santé gravitant autour du contrôle des naissances et des nouvelles technologies de reproduction, conscientes qu’elles étaient de la nécessité d’établir des liens entre les politiques de santé nationales, les programmes de développement des pays du Nord et les droits des femmes dans le monde entier5. Néanmoins, jusqu’à la fin des années 1980, peu de groupes de Canadiennes ont joué un rôle actif sur la scène internationale. Certaines prétendaient qu’œuvrer à l’échelle mondiale aurait pour effet d’épuiser leurs ressources limitées, alors que d’autres pensaient que le débat « international » était à vrai dire dominé par les priorités des militantes américaines. Un grand nombre choisirent délibérément de renforcer l’action CHAPITRE SEPT des groupes de femmes au Canada pour leur permettre de mieux résister à la domination américaine. Lorsque les groupes canadiens commencèrent à être présents sur la scène mondiale, on notait souvent une différence importante entre ceux qui étaient les plus intéressés par le développement à l’étranger et ceux qui se préoccupaient davantage de la question et des droits des femmes au Canada. Problématique mondiale, stratégies divergentes Dans les années 1990, on peut parler de deux solitudes chez les Canadiens qui travaillent à l’égalité mondiale des sexes : les groupes de femmes d’un côté et la communauté du développement de l’autre. Celle-ci a été la première à établir des relations solides avec les groupes du Sud travaillant à la parité entre les sexes. Toutefois, on n’a pas vu pour autant l’égalité des sexes se concrétiser dans ses propres organisations, ni ses liens avec les groupes de femmes canadiens se renforcer. Pour certaines organisations comme Inter Pares ou OXFAM, l’égalité des sexes et le développement sont parfaitement intégrés à leur mandat et à tous leurs projets. D’autres, comme le YMCA ou la Société canadienne de la Croix-Rouge, tout en étant parfaitement conscientes des inégalités auxquelles font face les femmes, n’ont pas fait grand-chose pour les éliminer. Même dans le cas d’organisations comme OXFAM qui sont tenues de respecter l’égalité des sexes, il y a peu d’échanges avec les groupes de Canadiennes qui travaillent sur des questions analogues à domicile. Si ces relations étaient resserrées, les groupes de femmes du Canada et du Sud pourraient partager connaissances et expériences dans des domaines spécifiques, comme la violence contre les femmes par exemple. Les groupes de femmes canadiens participent de plus en plus aux luttes mondiales, pour plusieurs raisons : l’incidence des politiques d’ajustement structurel sur les femmes dans le monde entier; la présence accrue des femmes originaires du Sud dans les groupes canadiens; la plus grande maturité des groupes de femmes du Sud; et le grand nombre de conférences internationales sur les sujets préoccupants des années 1990. Pourtant, ces groupes restent trop dépendants P O U R L’ É G A L I T É D E S S E X E S D A N S L E M O N D E 85 des fonds publics et peu enclins à collaborer avec la communauté du développement. Si l’on veut renforcer au Canada le travail sur l’égalité mondiale des sexes, il faudra jeter un pont entre ces deux solitudes. Les groupes de femmes canadiens participent de plus en plus aux luttes mondiales, pour plusieurs raisons : l’incidence des politiques d’ajustement structurel sur les femmes dans le monde entier; la présence accrue des femmes originaires du Sud dans les groupes canadiens; la plus grande maturité des groupes de femmes du Sud; et le grand nombre de conférences internationales sur les sujets préoccupants des années 1990. Il n’y a qu’un petit nombre d’organisations de développement à avoir parfaitement intégré dans leur travail et dans leurs mandats l’égalité des sexes. Une récente enquête, menée auprès des OSC financées par la Direction générale du partenariat canadien de l’ACDI, a révélé que 92 d’entre elles sur 157 avaient déjà ou étaient à élaborer une politique sur le développement et la parité entre les sexes. Quarante-cinq autres étaient dotées de politiques ou d’énoncés traduisant leur engagement à cet égard6. Toutefois, même si cette enquête a montré un large soutien pour l’égalité des sexes, la mise en œuvre laisse encore grandement à désirer. RoseMae Harkness, spécialiste des femmes dans le développement et de l’égalité des sexes qui travaille pour cette direction générale, explique que le problème est en partie dû à un manque de surveillance de la part de l’ACDI pour s’assurer que les OSC respectent effectivement l’égalité des sexes. D’autres invoquent une absence de volonté politique par rapport à cette question au sein de leurs propres organisations, des objectifs de développement concurrents dans leur travail ainsi que des ressources humaines et financières limitées pour donner suite aux engagements de parité. Afin de surmonter ces obstacles, les tenants de l’égalité devront continuer d’expliquer comment et pourquoi elle est capitale pour le travail des organisations de développement. Au cours des négociations de l’Accord de libreéchange entre le Canada et les États-Unis au début des années 1980, des groupes de femmes se sont joints au débat après avoir réalisé que le libre-échange aurait sur leur travail des retombées importantes et négatives. Mais au cours des négociations de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui ont suivi, le CCASF ne s’est pas contenté de parler. Le Comité a en effet commencé à militer contre l’ALENA avec des groupes de femmes des États-Unis et du Mexique pour mieux faire comprendre ses retombées négatives sur le travail des femmes. 86 Ce type de militantisme transfrontalier existe depuis longtemps parmi les groupes de femmes du Sud. D’ailleurs, Joan GrantCummings, l’actuelle présidente du CCASF, prétend que c’est DAWN qui a, le premier, soulevé la question des retombées négatives des politiques d’ajustement structurel dans le Nord. De nombreuses femmes du Nord, surtout au sein du CCASF, ont alors porté leur attention sur la restructuration économique et ont multiplié leurs rapports avec les groupes de femmes internationaux. Tant pour le CCASF que pour les autres groupes de femmes canadiens, cet intérêt accru pour les stratégies mondiales découle en partie des changements au sein des effectifs. Certains analystes font observer que : Le CCASF a essayé d’écouter le point de vue des femmes qui sont à la périphérie de son mouvement et ces dernières se sont senties encouragées à participer activement et à faire connaître leurs points de vue. En conséquence, les difficultés et les conflits qu’a connus le CCASF au cours des années 1980, et auxquels il est toujours en butte, le rendent plus sensible et mieux équipé pour réagir aux demandes des femmes du tiers monde vivant à l’extérieur du Canada7. Joan Grant-Cummings fait valoir que c’est justement parce que le CCASF avait eu à traiter de questions raciales en son sein, et a toujours milité pour une représentation égale du Sud et du Nord dans les coalitions, que d’autres groupes de femmes lui ont demandé de servir de pont entre le Nord et le Sud à plusieurs conférences internationales. Cette prise de position a été un très grand succès pour le Canada. Entre 1992 et 1996, six conférences mondiales sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies (sur l’environnement, sur la population et le développement, sur les droits humains, sur le développement social, sur les femmes, et sur l’habitat) ont donné lieu à un plus grand militantisme. Y ont participé des groupes travaillant depuis longtemps avec l’ONU, de nombreux groupes nationaux et communautaires ainsi qu’un grand nombre de réseaux internationaux de femmes comme la Women’s Environment and Development Organization (WEDO), et le Centre for Women’s Global Leadership. Ces réseaux se sont assurés que l’on traite de la parité entre les sexes à chacune de ces conférences, RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 même lorsque cette question risquait d’être retirée de l’ordre du jour. Les groupes de femmes ont organisé leurs campagnes mondiales autour d’une vaste gamme de questions allant de la reconnaissance du travail non rémunéré des femmes aux connaissances des guérisseuses traditionnelles autochtones, aux droits sexuels et génésiques, à l’intégration des femmes à la prise de décisions dans tous les domaines, à l’arrêt de la violence contre les femmes, et à la féminisation de la pauvreté dans le monde. En fait, le travail de déblaiement et l’expérience acquise lors des précédentes conférences de l’ONU ont culminé avec le Plan d’action et les activités parallèles des ONG qui ont découlé de la Conférence mondiale sur les femmes organisée par les Nations Unies à Beijing en 1995. Ces conférences ont donné aux Canadiennes l’occasion de faire partie de coalitions internationales, de mieux comprendre le développement pour pouvoir y contribuer, et d’apprendre comment définir une stratégie et défendre leur position. Tout cela a abouti à l’établissement de relations durables entre les groupes de femmes du Canada et ceux du Sud — par exemple, la participation du CCASF et de l’ICREF à la Feminist Global Alliance on Economic and Social Justice. À domicile, ces questions ont été davantage mises au premier plan ainsi que les engagements qu’elles ont amenés de la part des gouvernements. Aujourd’hui, il existe plusieurs groupes provinciaux de l’après-Beijing; l’ICREF notamment a créé un Centre d’échange de renseignements suite à la Conférence de Beijing. Un projet pancanadien post-Beijing a été lancé par des groupes de femmes du pays avec pour objectif de garantir leur pleine participation aux réunions de Beijing+5 prévues pour juin 2000 et d’assurer une plus grande présence des Canadiennes sur la scène internationale. Tactiques et stratégies Tout au long des années 1990, dans leur travail international, les Canadiennes ont eu recours à au moins quatre tactiques ou stratégies différentes, de façon isolée ou en combinaison. Allant de prises de contact individuelles aux manifestations mondiales, ces stratégies assurent le maintien de liens CHAPITRE SEPT importants et soutenus entre les groupes de femmes canadiens et ceux du Sud. Les groupes au Canada y participent dans la mesure de leurs intérêts, de leurs capacités et de leurs ressources. Prises de contact individuelles Les femmes au Canada continuent de recourir aux liens qu’elles ont avec des particuliers dans le Sud comme moyen important de travailler à l’échelle mondiale. Pour certaines, comme Marilyn Porter, professeur de sociologie et militante pour l’égalité des femmes à l’Université Memorial de Terre-Neuve, les rapports individuels sont le point de départ de la coopération entre institutions. Ainsi, elle a lancé un projet de collaboration avec Saparinah Sadli, directrice du programme de maîtrise en études des femmes à l’Université de l’Indonésie à Djakarta, pour contribuer à l’enrichissement de ce programme. Après quatre années de partenariat, elles font remarquer que : Le plus souvent, le processus de l’ONU donne ses meilleurs résultats lorsque des femmes appartenant à des ONG différentes et provenant de divers milieux se retrouvent autour d’un projet ou d’un problème précis qu’elles partagent. Elles travaillent principalement en leur nom personnel et non pas en tant que représentantes de leur ONG ou de leur groupe. Nous pensons que le chemin vers le « féminisme mondial » trouve son origine dans ces relations personnelles et se développe ensuite graduellement par la multiplication des autres liens qui s’établissent8. Deux jeunes femmes ont aussi fait appel à leurs relations personnelles pour créer une nouvelle ressource intéressante intitulée Challenge the Assumptions. Denise Campbell et Bindu Dhaliwal de la Commission des étudiants, de Toronto, ont eu recours aux femmes qu’elles ont rencontrées à la Conférence de Beijing pour créer une trousse multimédia. Rédigé par des jeunes femmes pour des jeunes femmes (avec notamment dix récits de femmes du Sud), le document remet en cause les nombreuses idées reçues au sujet des jeunes femmes concernant leur identité, leurs relations, leurs possibilités, leurs difficultés, leur militantisme et leur perspective du monde. P O U R L’ É G A L I T É D E S S E X E S D A N S L E M O N D E 87 Pa r t e n a r i a t s a ve c d e s g ro u p e s d e femmes du Sud Certains groupes de femmes créent des partenariats directement avec des groupes de femmes du Sud, soit dans le cadre d’un projet bien défini, soit à plus long terme. Dans de nombreux cas, ces partenariats commencent par prendre la forme d’une aide au développement traditionnelle. Il leur est souvent difficile de déterminer clairement ce que représentent ces partenariats et la façon de garantir une plus grande égalité entre les partenaires. Par exemple, de 1990 à 1996, le YWCA du Canada a travaillé en partenariat avec son homologue zambien pour financer une étude sur la violence contre les femmes, des tournées en vue d’étudier les initiatives de lutte contre la violence au Zimbabwe, au Botswana, au Kenya et en Afrique du Sud, et la visite au Canada de deux représentantes du YWCA de Zambie9. Ces activités ont mis en lumière quelques-unes des inégalités existant entre les partenaires. Ainsi, aucune des activités n’a permis aux Canadiennes d’apprendre quelque chose de spécifique de la part des Zambiennes et, en outre, le YWCA du Canada était toujours désigné comme le partenaire chargé de trouver les fonds. Coalitions et réseaux internationaux La plupart des groupes de femmes du Canada qui s’intéressent à l’égalité mondiale des sexes sont membres d’au moins un réseau ou une coalition d’envergure internationale. Ces réseaux constituent souvent le meilleur moyen d’obtenir de l’information sur la situation des femmes dans le monde, d’échanger des stratégies d’action et de partager des renseignements sur des activités internationales. Participer à un réseau peut se limiter à une inscription à une liste d’envoi, mais peut aussi vouloir dire jouer un rôle plus actif en adhérant officiellement à une coalition ou à un réseau pour avoir une influence sur son fonctionnement, ou encore assumer un rôle de leadership. Les groupes de femmes canadiens sont présents à tous ces niveaux. Le réseau Mothers are Women (MAW), réseau féministe national regroupant des mères au foyer qui élèvent leurs enfants, a fait du travail non rémunéré une de ses priorités; il échange de l’information et entretient des relations étroites avec l’International Women’s 88 Count Network (IWCN), un réseau mondial ayant pour mission de promouvoir la prise en compte du travail non rémunéré des femmes dans les comptabilités nationales et internationales. Le travail de ces deux organisations a permis de mieux saisir l’importance du travail non rémunéré et de fournir de bons exemples de stratégies utilisées dans d’autres pays. D’autres groupes au Canada ont également créé des coalitions ou des réseaux internationaux pour les aider dans leur travail. Le Réseau mondial de groupes de femmes utilisant la langue française comme outil de travail a été lancé à l’issue d’une réunion de femmes francophones au forum de Beijing. À l’heure actuelle, le Réseau est géré par le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) de Montréal, où se trouve également son siège. Selon Annette Pypops, l’une des fondatrices, il est clair que ce réseau était indispensable pour briser l’isolement de centaines de groupes de femmes dans le monde qui travaillent en français : « […] en s’organisant, de nombreux groupes seront en mesure de partager ce qu’ils ont, de renforcer leur solidarité et de mieux faire connaître leurs besoins, leurs intérêts et leurs connaissances10. » O rg a n i s a t i o n d e m a n if e s t a t i o n s p l a n é t a i re s Les groupes de femmes du Canada et ceux du Sud ont uni leurs forces pour lancer des manifestations planétaires. Par exemple, ce sont des groupes de femmes du Québec qui ont les premiers proposé l’idée d’une Marche mondiale des femmes en l’an 2000 au cours de laquelle des marches ou des actions locales auront lieu simultanément partout dans le monde. Le CCASF et Intercede, groupe torontois de défense des droits des employées de maison au Canada, se sont joints à des groupes en Asie et dans le Pacifique pour organiser la Deuxième Conférence des femmes contre l’APEC et la Journée internationale de protestation lors de la rencontre, à Vancouver en 1997, des dirigeants du Forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). Tous ces groupes continuent d’organiser des manifestations dans le cadre des activités de l’APEC. Autre exemple allant dans ce sens : la Conférence internationale sur les femmes et la santé qui aura lieu à Toronto en 1999. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 La problématique internationale de l’égalité des sexes Le recours à des stratégies mondiales pour travailler à l’égalité des sexes suscite des tensions particulières et soulève des difficultés, notamment pour ce qui est de mettre sur pied des partenariats équitables et efficaces, de traiter de la complexité du travail relatif à la problématique de la parité, d’avoir accès à de nouvelles ressources et de favoriser l’acquisition des compétences nécessaires. M I S E S U R P I E D D E PA R T E N A R I AT S É Q U I TA B L E S E T E F F I C A C E S Trouver un terrain d’entente avec des gens dont la vie est très différente est souvent le côté le plus difficile du travail international. Les rapports entre les individus et les groupes sont déterminés, entre autres choses, par les inégalités historiques issues de l’héritage colonial, des privilèges économiques, de la race et du sexe. Les différences culturelles entrent également en ligne de compte. Or, pour créer des partenariats, pour constituer des coalitions, pour organiser des activités planétaires, pour agir tout simplement, il faut s’attaquer à ces inégalités et à ces différences. Trop souvent, les femmes du Nord établissent des rapports avec celles du Sud en tenant pour acquis qu’elles en savent plus et ont accès à davantage de ressources, et qu’en conséquence il leur revient d’assumer le leadership du partenariat. L’histoire de l’action mondiale des femmes est truffée d’exemples de relations où les inégalités existantes ont été renforcées11. De plus, les programmes de financement, dont certains de l’ACDI, ont également empêché la constitution de partenariats à part entière en donnant aux femmes du Nord un plus large accès aux cordons de la bourse ainsi qu’un plus grand contrôle sur les projets. Les partenariats internationaux qui ont connu le plus de succès, comme WEDO et les réseaux mondiaux pour la santé des femmes, ont toujours veillé à ce que les femmes tant dans le Nord que dans le Sud établissent des relations fondées sur le respect et la confiance12. Respect et confiance sont à leur tour renforcés par le fait de travailler ensemble sur des questions CHAPITRE SEPT communes et par l’assurance que les connaissances, les méthodes et la participation profiteront à toutes. Les groupes de femmes du Canada déjà actifs sur le plan international sont devenus de plus en plus sensibles aux inégalités mondiales et ne sont pas disposés à évoquer les conditions des femmes dans le Sud ni les stratégies corollaires à moins d’avoir un mandat bien clair à cette fin. Ce n’est pas pour autant que tous les organismes regroupant des femmes souhaitent occuper une place sur la scène mondiale. Certains, comme le Syndicat national des cultivateurs13, se bornent à participer aux conférences internationales. Pour d’autres comme l’Association canadienne des centres contre le viol, la nécessité de trouver des partenaires mondiaux est beaucoup moins prioritaire que celle de renforcer leurs services nationaux. D’autres encore, comme MAW, limitent leur participation à des rapports ponctuels ou informels, faute d’avoir les ressources financières ou humaines pour en faire plus. Comme on le verra plus loin, les partenariats mondiaux entre les groupes de femmes du Canada et ceux du Sud sont grandement limités par le manque de ressources. Nombreux sont ceux qui, comme le Réseau mondial de groupes de femmes, ne sont actifs qu’à partir du moment où des fonds sont disponibles : sans financement additionnel, l’élan peut très rapidement s’essouffler. Les organisations de développement qui travaillent à l’égalité des sexes dans le monde, notamment le Centre international MATCH, estiment prioritaires les relations avec les femmes du Sud mais oublient souvent d’inclure les groupes de femmes canadiens dans leurs partenariats. C’est comme si l’on pensait que les femmes du Nord n’avaient pas de rôle à jouer dans l’égalité des sexes, sauf peut-être à titre de bailleurs de fonds. Pourtant, dans les faits, il est vraiment nécessaire que toutes les parties en cause s’écoutent mutuellement, élaborent des stratégies et agissent ensemble. Mais cela doit se faire en respectant un ensemble de principes qui ont fait leurs preuves : • Les organisations du Nord doivent s’engager à établir des relations durables si P O U R L’ É G A L I T É D E S S E X E S D A N S L E M O N D E 89 elles veulent apprendre quoi que ce soit de leurs homologues du Sud. • Dans tous les partenariats internationaux, les membres devraient recevoir une formation pour lutter contre le racisme et prendre en considération les différences culturelles. • Avant de s’engager dans un partenariat international, les groupes doivent définir clairement la portée et la durée du partenariat; le rôle, le cas échéant, des projets communs; le mécanisme d’évaluation régulière du partenariat; et chaque partenaire doit savoir ce que le partenariat suppose de préparation et de coordination14. • Les organisations de développement doivent appuyer et renforcer l’établissement de relations entre les groupes du Nord et du Sud qui travaillent pour l’égalité des sexes. Par exemple, le Centre international MATCH pourrait collaborer plus étroitement avec des groupes de femmes au Canada dans l’élaboration de ses projets et de son programme, dans l’intérêt des groupes canadiens comme dans celui de ceux du Sud. L’ É G A L I T É D E S S E X E S : UNE TÂCHE COMPLEXE Depuis le début des années 1970, période à laquelle la situation des femmes a été mise à l’ordre du jour des rencontres internationales, la complexité des analyses de la situation des hommes et des femmes n’a cessé d’augmenter. Partout dans le monde, la situation des femmes est déterminée par la race, l’ethnie, les compétences, l’orientation sexuelle, le statut socio-économique, le niveau de scolarité ainsi que par l’endroit où elles vivent, l’époque et les enjeux auxquels elles doivent faire face. En conséquence, les efforts consentis pour améliorer les conditions et la vie des femmes peuvent être autant le fait de femmes nanties, membres de groupes militants, que de femmes plus pauvres appartenant à des groupes mixtes, qui ne se considèrent pas nécessairement comme « féministes ». Il est important que les politiques et les projets destinés à améliorer le sort des femmes traduisent cette diversité. Mais, lorsque les gouvernements — et le gouvernement canadien n’échappe pas à la règle — et les organisations de la société civile se penchent sur la problématique de 90 l’égalité mondiale des sexes, ils essaient souvent de simplifier ou de scinder les questions pour les faire cadrer avec des programmes existants dans des domaines comme l’éducation, la santé et l’environnement, et ils s’y attaquent secteur par secteur. En conséquence, les spécialistes des questions sectorielles travaillent souvent de façon isolée. Pour éviter ce problème, les gouvernements, les organisations internationales et les OSC doivent redoubler d’efforts pour s’assurer que chaque expert ne se limite pas à son domaine de spécialisation, utilise des méthodes interdisciplinaires et trouve des solutions qui s’appliquent à plusieurs secteurs en plus du sien. Les OSC à la recherche d’un consensus autour d’une stratégie ou d’une action doivent également refléter la diversité des points de vue et des situations au Canada, tant dans les documents officiels qu’elles publient que dans leurs prises de position. ACCÈS À DE NOUVELLES RESSOURCES Il n’existe aucun programme fédéral qui permette aux groupes de femmes canadiens de financer la promotion de l’égalité des sexes dans les pays en développement. Ainsi, ces groupes ne peuvent pas recevoir de fonds de la part de Condition féminine Canada pour leurs activités internationales hors Canada, sauf pour les conférences de l’Organisation des Nations Unies sur les femmes15. Alors que les groupes qui s’occupent de développement peuvent demander des fonds à l’ACDI, les groupes nationaux de femmes ne parviennent généralement pas à répondre aux critères nécessaires pour obtenir des fonds de la part de la plupart des directions de l’ACDI, y compris de la Direction générale du partenariat canadien. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI), quant à lui, ne dispose d’aucun programme pour financer l’égalité des sexes à l’échelle internationale. Pourtant le financement des efforts en faveur de la parité entre les sexes dans le monde entier est indispensable non seulement pour renforcer la société civile mais aussi pour contribuer au perfectionnement de la politique publique. Comme l’indique le plan fédéral sur l’égalité des sexes : « la découverte de RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 solutions durables à un grand nombre des problèmes mondiaux passe par la résolution des problèmes liés à l’inégalité entre les sexes16 ». Cette problématique exige à la fois la participation des groupes de femmes et d’importantes nouvelles ressources publiques destinées aux efforts visant à assurer l’égalité des sexes dans le monde. On peut avancer toutefois que les groupes de femmes au Canada ont trop cultivé la dépendance à l’égard des sources traditionnelles de financement public et n’ont pas pensé — ou n’ont pas voulu — essayer de trouver de nouvelles sources de financement en s’adressant à d’autres ministères publics, à des fondations et même aux syndicats17. Pourtant il est essentiel qu’ils y songent pour pouvoir se doter des moyens considérables qu’exigent le réseautage international et le débat politique. Il leur faut peut-être aussi revoir la façon dont ils établissent leurs contacts internationaux et modifier leurs méthodes pour avoir droit aux subventions des programmes de développement. Pour ce faire, il faudra sans doute que les groupes de femmes repensent à l’utilisation qu’ils font de leurs ressources limitées ou qu’ils établissent des partenariats avec les OSC plus riches qu’eux. Les organismes de financement ont aussi leur rôle à jouer. Par exemple, le MAECI pourrait créer un nouveau programme pour financer la parité entre les sexes en tandem avec les programmes actuels de l’ACDI. Étant donné l’importance et l’influence du MAECI, un tel programme contribuerait grandement à intégrer les analyses de la situation des hommes et des femmes dans l’ensemble de la politique étrangère du Canada. Dans le même ordre d’idées, les fondations et les syndicats pourraient également affecter à l’égalité des sexes une part plus importante des fonds qu’ils consacrent aux activités internationales. C’est d’ailleurs ce que vient de faire récemment la Fondation MacArthur qui a revu ses priorités de financement afin de s’assurer que les deux tiers de ses contributions sont consacrés à des projets concernant les femmes et la mondialisation. Ce pourrait être un modèle à suivre pour les autres fondations et syndicats, et vu le peu d’argent fourni par les fondations (voir la section intitulée « Les organisations de CHAPITRE SEPT la société civile et leur financement au Canada »), les organismes de financement pourraient également créer de nouveaux fonds à cette fin. Le MAECI devrait aussi exiger des entreprises canadiennes qui travaillent à l’étranger qu’elles respectent les critères de parité entre les sexes que dicte l’ACDI à ses partenaires. En imposant des frais modestes pour ses services commerciaux, le gouvernement pourrait créer un fonds destiné à financer la surveillance des activités des entreprises canadiennes à l’étranger, dont la moitié au moins servirait à financer les groupes qui favorisent l’égalité des sexes. Dans le cadre de ses services de promotion commerciale, le MAECI pourrait, par exemple, organiser des missions d’« Équipe Canada » pour les femmes seulement, auxquelles participeraient des représentantes des entreprises, des syndicats et des organisations de la société civile afin de consolider les liens entre les sociétés civiles du Canada et du Sud. ACQUISITION DES COMPÉTENCES NÉCESSAIRES Pour de nombreux groupes de femmes qui travaillent surtout à l’échelle nationale, la scène internationale — tout particulièrement les activités dans le cadre de l’ONU — paraît bien compliquée : Par quel bout commencer ? Qui est responsable ? Comment surmonter les barrières linguistiques ? Pour faire face à ces problèmes, quelques initiatives ont été lancées. Ainsi, l’ICREF a organisé un atelier d’acquisition de compétences dans le cadre de ses activités de l’après-Beijing; La Voix des femmes canadiennes pour la paix organise régulièrement des tournées d’étude à la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. Cela dit, il convient de partager beaucoup plus encore les compétences des uns et des autres et ce, à tous les niveaux. Il importe également que les groupes de femmes travaillent davantage en réseau dans le cadre des partenariats existants ou envisagés, surtout au moyen d’Internet. On peut avancer toutefois que les groupes de femmes au Canada ont trop cultivé la dépendance à l’égard des sources traditionnelles de financement public et n’ont pas pensé — ou n’ont pas voulu — essayer de trouver de nouvelles sources de financement en s’adressant à d’autres ministères publics, à des fondations et même aux syndicats. Plusieurs autres mesures pourraient aussi être prises pour garantir que les groupes de femmes acquièrent les compétences nécessaires. Par exemple, les groupes de femmes et d’autres OSC pourraient organiser des ateliers sur l’égalité mondiale des sexes. P O U R L’ É G A L I T É D E S S E X E S D A N S L E M O N D E 91 2 SOURCES INTERNET R PAR-L — Un réseau électronique féministe canadien : www.unb.ca/PAR-L Challenge the Assumptions — La Commission des étudiants : www.tgmag.ca/ywg/index.htm Women’s Environment and Development Organization : www.wedo.org E N C A Centre d’échange de renseignements suite à la Conférence de Beijing : www.sympatico.ca/criaw/beijing/action_f.html D É United Nations Gateway on the Advancement and Empowerment of Women : www.un.org/womenwatch Cette formation pourrait intervenir parallèlement à une campagne médiatique s’adressant au grand public. Pour garantir l’accès généralisé à l’information, le Centre d’échange de renseignements suite à la Conférence de Beijing pourrait recevoir l’information relative aux projets ou aux relations établies avec des femmes du Sud, et le site Web de PAR-L (un réseau électronique féministe canadien) pourrait être élargi pour inclure les contacts internationaux des groupes de femmes canadiens. Enfin, les femmes qui sont présentes sur la scène internationale ont aussi leur part à faire en orientant et en aidant leurs jeunes consœurs, les femmes handicapées et toutes les autres encore qui sont restées en marge des mouvements d’organisation des femmes. Vers la parité entre les sexes Au cours des dix dernières années, la multiplication des rapports entre les femmes du Nord et du Sud ainsi que l’efficacité avec laquelle les femmes se sont organisées partout dans le monde — avec des groupes comme DAWN, le CCASF et l’ICREF — ont réussi à inscrire une fois pour toutes la parité entre les sexes à l’ordre du jour de la communauté internationale. Toutefois, le travail accompli par les groupes de femmes a été gêné par les carences de leurs propres organisations et par le manque de reconnaissance de l’importance de leurs travaux par les donateurs. Il leur a également fallu compter avec des contraintes extérieures comme les effets négatifs de la mondialisation et la montée des intégrismes accompagnée d’un retour de bâton contre le féminisme18. 92 Pour être plus efficaces, les groupes de femmes du Nord et du Sud doivent créer des partenariats plus équitables, plus enracinés et plus soutenus. Une fois les relations établies, le dialogue doit se poursuivre pour garantir leur efficacité. Les groupes de femmes ont également besoin de se doter de moyens plus importants pour suivre et agir sur le plan politique, de façon à pouvoir réagir efficacement à l’évolution rapide de la situation mondiale. Être en mesure de s’attaquer aux questions de politique mondiale de manière régulière et précise permettrait également à ces groupes de saisir les possibilités qui se présentent et d’en proposer d’autres. Si la parité entre les sexes n’a pas tellement progressé, c’est que trop souvent seules les femmes ont été chargées de cette responsabilité. Les organisations de développement qui ont beaucoup fait pour promouvoir l’égalité des sexes dans le monde ont rarement réussi à établir ou à entretenir de véritables relations avec les groupes canadiens actifs dans ce dossier et, en conséquence, n’ont pas pu bénéficier de leur savoir-faire. L’égalité des sexes exige la participation d’un plus grand nombre d’intervenants et doit être reconnue comme une priorité des organisations. Par exemple, les coalitions nationales et internationales qui militent dans des secteurs aussi différents que les droits humains, les conditions de travail et l’environnement, doivent aussi s’assurer que les groupes de femmes y participent entièrement et à part égale, et que l’égalité des sexes fasse partie de leurs priorités. On peut dire la même chose des autres secteurs de la société, notamment les fondations, les médias et les entreprises qui dans l’ensemble ont largement ignoré cette question et le rôle que les inégalités entre les sexes peuvent jouer à l’échelle mondiale. Il reste encore beaucoup à faire pour informer, remettre en cause et favoriser l’action en vue d’en arriver à un véritable changement dans le monde entier. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 RENVOIS L’auteur tient à remercier les personnes suivantes pour leur aide et leurs commentaires au sujet de ce chapitre : Nancy Burrows (Marche mondiale des femmes); Denise Campbell (Commission des étudiants); Linda Christiansen-Ruffman (ICREF); Jackie Claxton (Programme de promotion de la femme, Condition féminine Canada); Julie Delahanty (L’Institut Nord-Sud et Interaction Femmes-Santé); Bindu Dhaliwal (Commission des étudiants); Evelyn Drescher (Mothers are Women); Joan Grant-Cummings (CCASF); RoseMae Harkness (ACDI); Joanna Kerr (L’Institut Nord-Sud); Madonna Larbi (Centre international MATCH); Laura Macdonald, Lise Martin (ICREF); Sheila Regehr (Condition féminine Canada); et Diana Rivington (ACDI). Les points de vue exprimés n’engagent que l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue des personnes consultées. 15 Jackie Claxton, directrice, Programme de promotion de la femme, Condition féminine Canada. Interview téléphonique avec l’auteur, le 13 août 1998. 16 Canada, Condition féminine Canada, À l’aube du XXIe siècle : Plan fédéral pour l’égalité entre les sexes, Ottawa, Condition féminine Canada, 1995. 17 L’apport des groupes de femmes qui ont joué un rôle actif sur la scène internationale est loin d’être négligeable et ce commentaire n’a pas pour but de déprécier leurs nombreux succès. 18 Pour en savoir plus sur la façon dont ces facteurs influencent le mouvement d’organisation mondiale des femmes, voir Stienstra, « Entering the Gated Community ». 1 Entrevue personnelle avec l’auteur, le 5 août 1998. 2 Canada, Agence canadienne de développement international, Politique de l’ACDI en matière d’intégration de la femme au développement et d’égalité des sexes, Ottawa, Ministère des Approvisionnements et Services, 1996. La toile de fond de la politique actuelle de l’ACDI se trouve dans la partie consacrée aux politiques de développement de l’ACDI au site Web suivant : www.acdi-cida.gc.ca . 3 Linda Cardinal, Annette Costigan et Tracy Heffernan, « Working towards a feminist vision of development », dans Huguette Dagenais et Denise Piché (dir.), Women, Feminism and Development, Montréal et Kingston, Presses universitaires McGill-Queen’s, 1994, p. 409-426. 4 Janet Silman, Enough is Enough: Aboriginal Women Speak Out, Toronto, The Women’s Press, 1987. 5 Sari Tudiver, « The strength of links: International women’s health networks in the Eighties », dans Kathleen McDonnell (dir.), Adverse Effects: Women and the Pharmaceutical Industry, Toronto, The Women’s Press, 1986, p. 187-214. 6 ACDI, Gender equality: Progress of the partners of Canadian Partnership Branch in developing policies related to gender equality, Ottawa, ACDI, Direction générale du partenariat canadien, juin 1998. 7 Christina Gabriel et Laura Macdonald, « NAFTA, Women and Organizing in Canada and Mexico: Forging a “Feminist Internationality” », dans Millennium: Journal of International Studies, vol. 23, no 3, hiver 1994, p. 551. 8 Marilyn Porter et Saparinah Sadli, « Is Global Feminism Possible? Developing “Partnership” in a University Linkage Project », dans Canadian Woman Studies/Les Cahiers de la femme, vol. 17, no 2, printemps 1997, p. 76. 9 Beverly A. Suderman, « Spinning Sisterhood: The partnership of the YWCAs of Canada and Zambia », dans Canadian Woman Studies/Les Cahiers de la femme, vol. 17, no 2, printemps 1997, p. 88-93. 10 Annette Pypops, « Un suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing : La création d’un réseau mondial de groupes de femmes utilisant la langue française comme outil de travail », dans Canadian Woman Studies/ Les Cahiers de la femme, vol. 16, no 3, été 1996, p. 136. 11 Les tentatives des femmes du Nord dans les années 1980 pour mettre fin aux mutilations génitales chez les femmes en Afrique illustrent certaines de ces relations inégales. Voir Deborah Stienstra, Women’s Movements and International Organizations, London, Macmillan, 1994, p. 105. 12 Deborah Stienstra, « Entering the Gated Community: Gender, women’s organizing and the international community », dans P. Conge (dir.), Power and Imagery. (À paraître) 13 Karen Pedersen, du Syndicat national des cultivateurs, montre comment ce groupe a organisé un atelier sur l’égalité des sexes et la politique agricole lors du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, dans le cadre de leurs activités de suivi de la Conférence de Beijing. Voir « Taking Stock of Post-Beijing Activities: Where do we go from here? », Ottawa, ICREF, mai 1997. 14 Suderman, op. cit., p. 93. CHAPITRE SEPT P O U R L’ É G A L I T É D E S S E X E S D A N S L E M O N D E 93 LA SOCIÉTÉ CIVILE CANADIENNE DEVANT LA « CONSTITUTION ÉCONOMIQUE MONDIALE » John Foster John Foster est de la chaire de la personne l’Université professeur Ariel de au la F. titulaire Sallows College of des Law Saskatchewan. droits de C H U H A I P I T R E T LA SOCIÉTÉ CIVILE CANADIENNE DEVANT LA « CONSTITUTION ÉCONOMIQUE MONDIALE » I l est reconnu aujourd’hui que l’expansion du commerce est l’élément clé des relations extérieures du Canada et qu’elle menace parfois d’éclipser toutes les autres dimensions. Tandis que des centaines de dirigeants politiques, de chefs d’entreprise et d’éminents universitaires canadiens s’envolent vers l’Asie, l’Amérique latine ou l’Europe de l’Est, l’« Équipe Canada » — « L’AMI marque donc une étape dans les négociations économiques internationales. Pour la première fois, on voit apparaître clairement une ‘’ société civile mondiale ‘’ […] Cette évolution est sans nul doute irréversible. » Catherine Lalumière et coll., Rapport sur l’Accord multilatéral sur l’investissement. Rapport intérimaire, septembre 1998. constituée d’hommes blancs, très à l’aise et reconnus pour leur esprit d’entreprise — devient la principale image que projette la nation tout entière. Ces opérations médiatiques sont lourdes de répercussions sur les politiques du Canada en matière de droits de la personne et d’environnement, sur nos valeurs, sur notre intégrité et sur notre crédibilité1. Entonnant leurs mantras sur la mondialisation et la compétitivité, les tenants de la politique commerciale soulignent la nette croissance du commerce de services canadiens, nos engagements bancaires et financiers ainsi que les investissements du Canada à l’étranger, et font valoir l’importance d’élargir les « règles » ou la primauté du droit pour protéger ces intérêts. Les accords, qu’a signés notre gouvernement démocratiquement élu, cachent d’énormes changements dans l’ampleur, l’orientation et la composition du commerce international. Ils influent sur les revues que nous lisons (en vertu de l’Organisation mondiale du commerce — OMC); sur l’air que nous 96 respirons (aux termes de l’Accord de libreéchange nord-américain — ALENA); sur le lait que nous buvons2; sur nos droits à la liberté d’expression (dans le cadre du Forum de la coopération économique Asie-Pacifique — APEC); et sur les normes de sécurité et de travail qui régissent nos RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 emplois (tous les accords et instances susmentionnés). Dans presque tous les cas, mais pas dans tous, nous avons l’impression que les décisions nous échappent de plus en plus. Notre situation, en tant que nation riche et relativement puissante, est délicate, mais ce n’est rien en comparaison de celle des pays plus pauvres et plus faibles qui ne sont peut-être même pas assis à la table des négociations et qui pourtant doivent se laisser imposer ces nouvelles « constitutions économiques ». Le présent chapitre porte sur la réaction de quelques organisations de la société civile (OSC) canadiennes à cette nouvelle génération de défis. Au sens le plus large, c’est la démocratie elle-même qui est remise en question, ce qui amène à se demander si la souveraineté du peuple peut effectivement s’exprimer dans un monde où les relations économiques dominantes sont plus intégrées et « marketisées » que jamais auparavant 3. Il est tout à fait significatif que le défi s’articule autour des principes, des processus et des conditions que recèlent les nouveaux accords économiques en ce qui concerne, principalement, le commerce et l’investissement — l’ALENA, l’APEC, l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), aujourd’hui sabordé, et l’OMC. Les Canadiens sont les champions du monde de l’organisation de contestations, de campagnes et de solutions de rechange aux projets de ce que l’on pourrait qualifier d’élite politique et économique mondiale. Nous verrons, ci-dessous, si ce leadership canadien a permis ou non d’influer sur la structure de la constitution économique mondiale et sur la manière dont elle est imposée. De l’ALE à la ZLEA : les Canadiens, dindons de la farce Les Canadiens qui contestent les accords sur le commerce et l’investissement sur la scène internationale se font l’effet de tirer une sonnette d’alarme. La bataille qui a entouré l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis (ALE) a marqué profondément l’imaginaire politique de nombreux Canadiens et soulevé quantité de questions : des emplois et la sécurité de l’emploi allaient-ils disparaître ? Le Canada risquait-il de perdre CHAPITRE HUIT sa souveraineté en matière de normes de travail ? Beaucoup en étaient convaincus. Lorsque le gouvernement conservateur a été réélu en 1988, les opposants à l’accord avaient perdu la bataille. Il a sans doute été surprenant, alors, que ces opposants de la première heure aient trouvé un regain d’énergie, de moyens et de volonté pour s’opposer à la série de négociations suivante, celle destinée à élargir l’accord au Mexique puis à d’autres pays. Cette fois, cependant, bon nombre de ceux qui avaient affronté le « diable » dans les détails de l’accord bilatéral se sont sentis dans l’obligation de faire part de leur expérience à des homologues étrangers. L’A L E N A E T L E S FRONTIÈRES COMMUNES Le projet Common Frontiers, une des plus belles réussites du Canada en matière de coalition, est devenu l’un des principaux intermédiaires utilisés pour communiquer cette première expérience. En 1987, après qu’un groupe de syndicalistes, d’écologistes et d’opposants canadiens au libre-échange fut allé au Mexique visiter des centres de production à faibles salaires (les ateliers transplantés qui se sont multipliés avec la signature de l’ALE), un projet d’opposition renouvelée et renforcée à l’ALENA est né au Canada. En 1990, le nouveau groupe, qui travaille en étroite collaboration avec le Réseau canadien d’action4, s’est efforcé de trouver, ici et ailleurs, des homologues au Mexique. Lors des rencontres organisées dans ce pays en 1990 et qui ont servi de catalyseurs, les participants se sont penchés sur l’idée et les dangers des constitutions économiques, ce nouveau type d’accord économique qui menaçait l’avenir du développement social, les conditions de travail et l’environnement5. Quand les Mexicains et les Canadiens se sont tournés vers Washington, plus tard la même année, ils y ont trouvé de nouveaux alliés. Des groupes de défense des droits de la personne, de l’environnement et du développement de même que des syndicats américains contestaient les mesures législatives aux termes desquelles le Congrès serait pratiquement dans l’impossibilité de critiquer et de modifier des accords commerciaux généraux, autrement dit la loi qui permettrait au gouvernement américain L A S O C I É T É C I V I L E C A N A D I E N N E D E VA N T L A « C O N S T I T U T I O N É C O N O M I Q U E M O N D I A L E » 97 « Il est indéniable que ces années de travail en commun ont permis aux organisations homologues de renforcer considérablement leurs relations et de s’entendre plus profondément, ce qui se traduit déjà par des luttes communes concrètes. Nous l’avons vu dans les maquiladoras, dans le soutien apporté par les syndicats du Nord aux travailleurs des filiales installées au Mexique, à propos des droits de la personne et quand se posent des problèmes environnementaux. » Bertha Elena Lujan U., présidente, RMANC Mexico, La Acción de las Redes Ciudadanas en la Región del TLCAN, 1990-1997, Mexico, 1998. de recourir à la procédure de négociation dite accélérée. Ils craignaient qu’un accord avec le Mexique ne se traduise par une détérioration des normes environnementales et par une accélération du transfert des emplois vers les usines à main-d’œuvre bon marché implantées au sud du Rio Grande6. Ces rencontres aux États-Unis, et une séance d’information du Congrès organisée autour d’elles en 1990, ont permis de jeter les bases d’une alliance trinationale qui existe toujours entre le Canada anglais, le Québec, les États-Unis et le Mexique7. Cette alliance informelle mais résistante n’a jamais eu de fonds propres ni de personnel bien à elle, mais elle a réussi à coordonner un suivi et une critique unifiés des négociations de l’ALENA, de 1990 jusqu’à la signature et la ratification du traité, en 1993-1994. D U C O N T I N E N T À L’ H É M I S P H È R E L’aval donné ensuite à l’ALENA par le président américain Bill Clinton et le Premier ministre canadien Jean Chrétien a été une dure défaite pour la toute jeune alliance issue de la société civile. Mais, une fois de plus, ce revers ne lui a pas été fatal. L’alliance trinationale a relevé le défi qui consistait à analyser les effets de l’ALENA, en particulier sur les travailleurs et les conditions de travail, l’environnement et la souveraineté. Parallèlement, d’autres liens se sont noués avec des homologues de pays qui intéressaient en priorité les gouvernements de l’ALENA (comme le Chili) ou qui ressentaient directement les contrecoups des changements entraînés par l’ALENA (comme les pays d’Amérique centrale). Quand le gouvernement américain a commencé à parler d’une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), au sommet de Miami, en 1994, l’alliance qui s’opposerait à ce projet a commencé à se former. Des syndicalistes brésiliens et argentins, des ONG et des associations féminines uruguayennes, et d’autres encore ont commencé à affronter les problèmes posés par de nouveaux accords dès 1990, en se concentrant sur Mercosur, l’accord qui lie l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay8. Ces expériences parallèles ont fait l’objet de discussions autour d’une même table, à Belo Horizonte, au Brésil, en mai 1997. À l’invitation de la centrale syndicale des travailleurs brésiliens9, les 98 Canadiens se sont joints à leurs homologues brésiliens, centraméricains, chiliens, mexicains et étasuniens, tandis que les ministres du Commerce de leurs pays respectifs se réunissaient à proximité pour parler de l’élargissement de l’ALENA en un Accord de libre-échange des Amériques. Les OSC appelaient à une autre sorte d’accord hémisphérique (voir l’encadré 1). Elles ont élaboré des plans pour former une Alliance hémisphérique sociale afin de défendre leur vision différente de celle des gouvernements, et elles ont demandé qu’un groupe plus nombreux et plus représentatif se réunisse parallèlement au Sommet des chefs d’État de l’hémisphère, qui devait avoir lieu en avril 1998. Dans la quête d’une nouvelle alliance, les organisations sociales canadiennes ont appliqué leur expérience déjà étoffée à la nouvelle génération d’accords sur le commerce et l’investissement. Au Sommet populaire des Amériques, qui s’est tenu à Santiago en avril 1998, plus de 60 Canadiens ont participé aux ateliers et aux séances plénières aux côtés de plus d’un millier de représentants d’organisations autochtones, féminines ou encore écologistes ainsi que d’organisations de défense des droits de la personne et d’organisations syndicales venus d’autres pays des Amériques. Le Sommet populaire était un défi au projet officiel de ZLEA que retardait déjà le refus du Congrès américain de laisser le président Clinton utiliser la procédure de négociation accélérée, refus résultant lui-même des pressions exercées par les syndicats et les groupes de protection de l’environnement. Le gouvernement canadien devait assurer aux OSC que le public participerait à ce volet des négociations et serait consulté à son sujet. Le ministre du Commerce international, Sergio Marchi, a parlé d’un comité extraordinaire qui serait mis sur pied précisément pour répondre aux préoccupations du public, mais dans leurs critiques, certains, dont le secrétaire-trésorier du Congrès du travail du Canada, Dick Martin, ont laissé entendre que ce comité ne serait « rien de plus qu’une case postale à qui l’on adresserait des opinions divergentes » et que le « processus ne serait pas véritablement ouvert et consultatif » pour l’ensemble de l’accord10. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Le Canada accueillera également l’Assemblée générale de l’Organisation des États américains, en l’an 2000, et le prochain sommet hémisphérique, qui devrait avoir lieu en 2002. Cependant, si certaines ONG canadiennes spécialisées dans le développement, comme Inter Pares ou, parfois, OXFAM-Canada et le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI), ont abordé les questions qui ressortent des débats sur le commerce, beaucoup ne l’ont pas fait. On ne sait pas non plus dans quelle mesure, maintenant que l’ALE et l’ALENA sont en place, les partis et les électeurs sont prêts à appuyer une autre solution. La bataille de l’AMI : Évaluation d’entreprise, réponse démocratique Cette nouvelle génération de traités ne concerne pas seulement le commerce, tant s’en faut. Les accords visant à faciliter l’expansion du commerce des services, les dispositions qui protègent la propriété intellectuelle et les conditions qui renforcent les droits des investisseurs face aux décisions de gouvernements démocratiques englobent des activités fort diverses. Une nouvelle phase dans l’organisation s’est dessinée en réponse à une tentative aussi audacieuse de mondialisation des protections dont bénéficient les investisseurs que CHAPITRE HUIT 2. Plans de développement national : Préserver le pouvoir des différents pays de fixer des normes élevées pour que le travail soit considéré, que les collectivités soient saines et que l’environnement soit propre à l’intérieur de leurs frontières. 3. Promouvoir la durabilité : Attention portée à la qualité du développement. La durabilité et le bien-être de la population devraient primer sur les bénéfices à court terme. 4. Réduire les inégalités : Des politiques économiques nationales et mondiales conçues de manière à redistribuer le revenu. Des fonds de compensation pour les pays en développement et les zones marginalisées. Source Alliance for Responsible Trade (États-Unis); Common Frontiers (Canada); Red Chile por una Iniciativa de los Pueblos (Chili); Red Mexicana de Accíon Frente al Libre Comercio (Mexique); Réseau québécois sur l’intégration continentale (Québec); Alternatives for the Americas: Building a People’s Hemispheric Agreement (Ottawa, CCPA,1998). celle négociée à l’origine dans le chapitre de l’ALENA consacré à l’investissement. Il s’agissait du projet d’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), négocié par l’intermédiaire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Au printemps 1998, des groupes de défense, au Canada et dans le monde entier, ont annoncé l’ajournement de l’accord aux réunions de l’OCDE, à Paris. À l’automne, cette dernière n’a pu, de nouveau, rallier tous les intervenants, et la France a quitté la table des négociations, d’où l’improbabilité dorénavant d’autres progrès par le truchement de l’OCDE. Citant la victoire précédente du traité sur les mines terrestres (dont il est question au chapitre 6), les commentateurs ont salué un autre point marqué par les groupes de défense sur Internet et par la « société civile »11. Les partisans de l’AMI n’ont pas tardé à souligner que le projet n’était pas mort ni L A S O C I É T É C I V I L E C A N A D I E N N E D E VA N T L A « C O N S T I T U T I O N É C O N O M I Q U E M O N D I A L E » 99 R D A C Principes de base 1. Promouvoir la démocratie et la participation : Plus grande démocratisation du processus décisionnel relatif au commerce et à l’investissement. De nouveaux instruments permettant au public, et au citoyen, de réaffirmer sa souveraineté et son contrôle sur les sociétés internationales. Ratification et élargissement des accords fondamentaux de l’ONU et de l’OIT sur l’environnement, le travail et les droits de la personne. N Social and Economic Alternatives Forum, Santiago du Chili, avril 1998 — Notre proposition repose sur une logique économique différent : le commerce et l’investissement ne devraient pas être des fins en soi mais les instruments permettant d’arriver à un développement juste et durable. É 1 AUTRES SOLUTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES E Du petit noyau dur de groupes qui travaillaient en collaboration avec Common Frontiers et le Réseau québécois est née une vaste alliance hémisphérique qui soumet aux négociateurs un ensemble détaillé et intéressant de solutions différentes. Cette alliance survient à un moment on ne peut plus opportun puisque les préoccupations hémisphériques semblent devenir prioritaires dans la politique étrangère et commerciale du Canada. Les OSC canadiennes auront amplement l’occasion de participer aux nombreuses assemblées commerciales et internationales prévues au cours des toutes prochaines années dans la région, d’autant que le Canada est le premier pays à présider les négociations de la ZLEA et qu’il accueillera plusieurs réunions de haut niveau. même, vraisemblablement, en dormance12. Les négociations continuent à l’OMC, comme les Français l’ont suggéré. Il se peut qu’une autre solution soit négociée dans le cadre d’un chapitre sur l’investissement de la Zone de libre-échange des Amériques toute naissante13. Il est certain que les gouvernements, dont celui du Canada, tiennent à la conclusion d’un accord de type AMI 14. Qu’est-ce que l’AMI et pourquoi a-t-il provoqué la formation d’une coalition d’opposition canadienne et internationale complexe ? L’AMI, dont l’instigatrice est l’OCDE, a commencé à prendre forme en 1993 avec un ensemble de règles exécutoires devant régir les relations entre les gouvernements et les investisseurs étrangers. Après la négociation de l’accord entre les 29 pays membres de l’OCDE — soit les plus riches du monde — , le Canada et les États-Unis ont décidé d’en faire le point principal à l’ordre du jour de l’OMC, ce qui n’est pas sans conséquences pour les 127 États membres. Le projet d’AMI a fait réagir des défenseurs du développement tels que Martin Khor du Third World Network, qui est basé en Malaisie. Soulignant les conséquences d’un tel accord, il a fait remarquer qu’il « décuplerait la liberté de mouvement et de transaction des investisseurs étrangers et de leurs investissements, tout en restreignant gravement les droits et les pouvoirs des États qui réglementent l’entrée, l’établissement et les opérations des entreprises étrangères et de leurs investissements sur leur territoire15 ». Au Canada, ceux à qui était déjà familière la menace que représentait l’approche de l’ALENA par rapport aux investissements ont répondu à Khor et à d’autres détracteurs en organisant des rencontres à Montréal et à Ottawa, en 1996, et en adhérant à une campagne du Conseil des Canadiens, au début de 1997. Ce dernier remettait en question les négociations, toujours secrètes. Lorsqu’une copie du projet de traité lui est tombé entre les mains, la bataille a pris d’autres proportions, et une coalition officielle est née en décembre 1997. Des organisations syndicales et environnementales ont bientôt été rejointes par des organisations culturelles et professionnelles 100 très diverses. Des séminaires universitaires, des réunions communautaires, des avis dans les journaux ainsi que des campagnes de lettres, d’appels téléphoniques et de pétitions ont été organisées tandis que le mouvement populaire prenait son essor en réponse aux efforts du Conseil des Canadiens et d’autres. Fortes de l’expérience de l’ALENA, les coalitions ont suivi les négociations de près, en tenant des réunions parallèles aux négociations « officielles » qui se déroulaient à Paris. Puis, le Conseil des Canadiens a innové en demandant l’avis juridique d’un avocat renommé, spécialiste du commerce, sur la validité des « réserves » émises par le Canada au sujet du traité. Des représentations ont été faites auprès des gouvernements provinciaux et des municipalités, et trois provinces au moins ont pris du recul par rapport à l’accord. Des critiques du projet de traité secteur par secteur ont été publiées16. Très rapidement, un réseau international ayant des ramifications dans 70 pays au moins s’est constitué avec des organisations civiles aussi diverses que Urban Ecology Australia, le Hungarian Traffic Club et Women in Europe for a Common Future. L’annonce d’un retard, puis d’un arrêt des négociations de l’AMI a tenu en partie au malaise que le projet de traité avait provoqué du côté des gouvernements, mais c’était également le résultat de cette alliance civique internationale. Entre autres choses, l’alliance a forcé à mener les négociations au grand jour, en a exposé les conséquences en détail, et a fondé sa contestation sur les principes démocratiques et les droits de la personne. La bataille de l’AMI se poursuit sous d’autres formes aujourd’hui. En juillet 1998, les Canadiens se sont rappelés qu’ils vivent déjà avec certaines des principales conséquences de l’AMI (qui existent présentement dans l’ALENA) lorsque s’est réglé un procès de 13 millions de dollars intenté contre le gouvernement fédéral par une entreprise basée aux États-Unis (voir l’encadré 2). Entre-temps, les organisations de la société civile canadienne ont tenu des audiences dans tout le pays, et de nombreux porteparole ont témoigné en détail devant le RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 La députée française Catherine Lalumière a exhorté le gouvernement français à prendre bien note du phénomène d’opposition à l’AMI, dont elle a souligné les nouvelles caractéristiques : cette opposition « semble simultanée dans plusieurs pays, a-t-elle expliqué, et elle dépasse les préoccupations purement sectorielles ou techniques [...] la résonance du discours hostile à l’AMI témoigne de préoccupations bien plus vastes et plus fondamentales ». L’opposition « met les intérêts de nouveaux acteurs en jeu », en allant au-delà des intérêts syndicaux et économiques traditionnels pour inclure les réseaux environnementaux et non gouvernementaux18. Enfin, comme l’a fait remarquer le ministre du Commerce international du Canada, Sergio Marchi, « on conteste la façon dont les négociations se déroulent autant que leur issue. Plus ou moins légitimement, le secret qui les entourait et les motivations profondes des participants sont mis en question19. » Catherine Lalumière est catégorique quant à la signification de ces événements : « L’AMI marque donc une étape dans les négociations économiques internationales. Pour la première fois, on voit apparaître clairement une “société civile mondiale” […] Cette évolution est sans nul doute irréversible20. » UN SYSTÈME COÛTEUX Le commerce de l’argent — et d’autres instruments financiers — a pris une expansion phénoménale (voir la figure 1). Si l’on y CHAPITRE HUIT 2 POURQUOI LES CANADIENS S’INQUIÈTENT : Le règlement a fait comprendre toute l’importance de la disposition de l’ALENA relative à l’investissement. Une entreprise a obtenu le droit de vendre un produit chimique (dont les incidences sur la santé et l’environnement inquiétaient le Parlement canadien) grâce à un processus secret qui définit l’« expropriation » comme une catégorie d’action très large et en vertu duquel le droit canadien a été limité par les intérêts d’une société privée américaine. « La brise qui souffle sur l’Amérique du Nord tournera à l’ouragan en passant sur l’Europe », commentait The Guardian à propos de la signification de l’accord. L’ALENA « confère aux sociétés canadiennes, américaines et mexicaines un pouvoir surprenant et neuf sur les autorités élues1 ». R D A C N Tandis que les Canadiens profitaient du soleil estival, en juillet 1998, le gouvernement fédéral annonçait un règlement à l’amiable avec la société américaine Ethyl Corporation. Cette dernière avait accusé les autorités canadiennes de l’avoir « expropriée » et d’avoir porté atteinte à sa « réputation » lorsque le parlement avait interdit la vente d’un additif pour l’essence appelé MMT. La société a obtenu le droit de reprendre la vente du MMT, a reçu 13 millions de dollars de dommagesintérêts, et a obligé le gouvernement à déclarer publiquement que « le MMT ne présente aucun risque pour la santé ». É L’ E X P É R I E N C E D U M M T E Comité législatif extraordinaire sur l’AMI formé par l’Assemblée de la ColombieBritannique à l’automne 199817. Comme il est manifeste qu’il faut réglementer l’investissement, le Conseil des Canadiens et la coalition internationale étudient d’autres solutions que l’AMI, et la tâche n’est guère aisée. Il se peut qu’un consensus se dessine actuellement au sein du réseau international quant à la nécessité d’une réglementation internationale, mais d’autres rejettent tout simplement en bloc l’AMI et la négociation d’un traité international. Le sens de l’organisation de la société civile est clairement évalué dans un rapport spécial demandé par le gouvernement français avant qu’il ne décide de se retirer des négociations de l’AMI. Les détracteurs du projet d’AMI ont cité l’affaire du MMT, aussi nommée l’affaire Ethyl, comme exemple de ce qui allait se passer à l’avenir. Renvoi 1 George Monbiot, « Running on MMT », The Guardian, 13 août 1998. MMT, ou tricarbonyl de manganèse méthylcyclopentadiényl, est un additif pour carburant destiné à réduire le cliquetis du moteur. D’après certains scientifiques, l’additif est une neurotoxine dangereuse : le manganèse pénètre dans l’organisme par les poumons et provoque des lésions nerveuses qui peuvent entraîner des psychoses, des pertes de mémoire, voire la mort. ajoute la révolution des communications et de la technologie, nous voyons de suite les conséquences de la spéculation, des récessions économiques et de la dépréciation des monnaies. La crise du peso mexicain, en 1994-1995, la crise asiatique qui perdure aujourd’hui, et l’effondrement brésilien et russe sont maintenant considérés par certains experts comme le prix périodique, logique et inévitable d’un système commercial qui prend une expansion démesurée et qui est de moins en moins réglementé21. Il est difficile de saisir l’incidence de l’expansion dans une large mesure non réglementée des échanges électroniques — cyberargent — et les crises qu’elle a provoquées (voir l’encadré 3). Le Fonds monétaire international (FMI) estime que le système mondial a connu 11 crises importantes depuis 1973. Des millions de personnes au Mexique et dans différentes régions L A S O C I É T É C I V I L E C A N A D I E N N E D E VA N T L A « C O N S T I T U T I O N É C O N O M I Q U E M O N D I A L E » « […] le pendule économique s’est transformé en boulet de démolition […] qui fait tomber économie après économie ». Le milliardaire George Soros, à la Chambre des représentants des États-Unis, septembre 1998. 101 d’Asie approuveraient probablement la critique mordante du milliardaire américain George Soros à l’encontre des marchés financiers. Le Premier ministre Chrétien a lui-même formulé, à l’occasion, des remarques négatives à propos des « cambistes de 28 ans en bretelles rouges » et de ce qu’ils peuvent faire aux économies nationales. Comme le F I G U R E 1 Résumé de l’activité mondiale sur les marchés des changes (volume total des transactions quotidiennes en milliards de dollars US) 1 600 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0 1989 1992 1995 1998 Op. à terme sec et trocs devises Op. comptant C A P I TA U X F É B R I L E S « L’économie financière a pris des proportions quasi incompréhensibles. Chaque jour, il s’échange près de 1,3 billion de dollars US en devises sur les marchés mondiaux. L’immense majorité de ces opérations sont spéculatives. Lorsque le célèbre économiste britannique John Maynard Keynes a lancé pour la première fois une mise en garde contre le danger des finances qui domineraient l’économie réelle, le volume des échanges financiers équivalait à peu près au double du commerce des marchandises. Aujourd’hui, le volume des opérations financières est 72 fois supérieur à celui du commerce des marchandises. E N C A D R É 3 Source : Banque des règlements internationaux, Communiqué, Central Bank Survey of Foreign Exchange and Derivatives Market Activity in April 1998, Preliminary Global Data Les opérations de change représentent seulement 25 p. 100 environ de l’économie spéculative. Si l’on met ensemble les marchés des devises, des actions, des obligations et des contrats à terme de marchandises, les opérations quotidiennes se chiffrent à quelque 4 billions de dollars US. La Banque des règlements internationaux estime à 13 billions de dollars US la masse des « capitaux fébriles » qui peuvent circuler d’un bout à l’autre de la planète instantanément grâce aux réseaux de télécommunications. Source John Dillon et ECEJ, Turning the Tide: Confronting the Money Traders, Ottawa, CCPA, 1997. 102 soulignait le International Herald Tribune dernièrement, le marché spéculatif peut étouffer des facteurs « réels », comme la productivité et la gestion économique : Les faits ne font évidemment pas le poids face à l’hystérie du marché. Les vues instantanées de négociateurs surpayés et sous-informés sur les marchés financiers peuvent créer des flux de fonds qui dépassent de loin ceux que mobilisent à court terme les forces du commerce et de la concurrence. [...] Ces jours derniers, des milliards de dollars ont quitté l’Asie à cause de peurs qui s’auto-alimentent et qui sont fondées sur l’ignorance des faits et sur le manque de responsabilisation22. Les organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres OSC canadiennes, ainsi que des institutions de recherche, sont de plus en plus inquiètes non seulement devant les résultats catastrophiques de ces crises, mais aussi au sujet de leurs causes. Des coalitions comme l’Initiative d’Halifax23 accordent une plus grande priorité à la réforme et au retour à la réglementation du système financier mondial, ce qui commence par l’allégement de la dette des pays le plus gravement touchés. Le Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public (SNEGSP) a organisé une campagne pancanadienne. Sa brochure intitulée Paper Tigers porte en particulier sur ceux qui spéculent sur les monnaies et conteste la rhétorique apaisante des ministres des Finances et des banquiers qui affirment que les facteurs économiques fondamentaux sont bien en place24. John Dillon et la Coalition œcuménique pour la justice économique ont exposé le problème dans Turning the Tide: Confronting the Money Traders, au moment même où la crise asiatique devenait évidente25. Ils y demandent, entre autres, un retour à la réglementation des capitaux de financement et une série de mesures correctives comprenant la création de nouvelles organisations financières internationales, l’allégement de la dette, le contrôle des mouvements de capitaux, et la renégociation des traités relatifs au commerce et à l’investissement. La principale initiative issue de ces propositions, que l’Initiative d’Halifax et John Dillon ont présentée au ministre des Finances Paul Martin en juillet 1998, est une version RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Changer les termes de l’échange Les organisations de la société civile canadienne et leurs homologues et partenaires étrangers ne se sont pas contentés de protester. Comme on peut le lire dans le Rapport canadien sur le développement 199826 et dans un nombre croissant de documents, il y a eu pléthore de tentatives pragmatiques en vue de changer les termes de l’échange. En voici quelques-unes. Tandis que les organisations syndicales et leurs alliés cherchent à obtenir un accord mondial qui mette en application des normes de travail essentielles, des défenseurs des droits des travailleurs contestent les conditions de travail dans les usines, les mines, les industries artisanales et les champs. Par exemple : • Les syndicats, les gouvernements et les organisations de défense des droits de la personne s’attaquent sérieusement aux conditions d’emploi des enfants et ils élaborent des stratégies pour obtenir leur émancipation. • Des campagnes comme « Non aux ateliers de misère ! » ont été lancées par des coalitions communautaires et par le Congrès du travail du Canada pour élargir le respect des droits des travailleurs et informer les consommateurs. CHAPITRE HUIT 4 R D A C Dans un premier temps, les OSC canadiennes se sont réjouies de l’idée de la taxe Tobin parce qu’elle pouvait servir à financer les besoins humains fondamentaux dans le monde. Au Sommet mondial de Copenhague sur le développement social, les militants des ONG et les spécialistes de la pauvreté au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont parlé de lutte parallèle contre la spéculation et la pauvreté. D’après les estimations prudentes du PNUD, « les recettes mondiales d’une taxe Tobin de 0,05 p. 100 en 1995 seraient deux à trois fois plus élevées que ce qui serait nécessaire pour éliminer les pires formes de pauvreté dans le monde1 ». Les ONG canadiennes présentes au Sommet ont travaillé en collaboration avec des homologues australiens et européens pour populariser l’idée et convaincre les Nations Unies d’entreprendre une étude de haut niveau quant à sa faisabilité. Les représentants du gouvernement canadien étaient beaucoup moins enthousiastes, et le représentant du Conseil canadien des chefs d’entreprises a fait tout son possible pour contrer les pressions exercées par les militants des ONG. É ET LA SOCIÉTÉ CIVILE N La recherche entreprise par diverses organisations non gouvernementales, universitaires, médiatiques et multilatérales est vaste, et la justification d’une réglementation accrue et d’un resserrement de l’obligation de rendre compte semble claire, mais les forces organisées pour parvenir à un tel changement paraissent disparates et limitées. Malgré les pressions exercées sur le ministère et le ministre des Finances, l’orientation politique globale du gouvernement canadien — et de bien d’autres — tend vers la mise en place d’un marché déréglementé. TOBIN, LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL E de la taxe sur les opérations de change proposée par le prix Nobel d’économie James Tobin (voir l’encadré 4). Renvoi 1 Alex C, Michalos, Good Taxes: The Case for Taxing Foreign Currency Exchange and Other Financial Transactions, Toronto et Oxford, Science for Peace, 1997, p. 26; voir également Factsheet: The Tobin Tax, disponible auprès de l’Initiative d’Halifax. • Les Canadiens ont beaucoup contribué à l’élaboration et à l’évaluation de codes de conduite des entreprises, par l’intermédiaire du Groupe de travail sur les Églises et la responsabilité des entreprises, et des travaux du Centre international des droits de la personne et du développement démocratique, entre autres. • Les groupes environnementalistes et les syndicats canadiens travaillent en association avec des homologues du Chili et d’ailleurs pour améliorer la santé et la sécurité au travail ainsi que les normes environnementales. • Les syndicalistes canadiens travaillent en collaboration avec des syndicats du Mexique, du Chili, du Brésil et de bien d’autres pays afin de hausser la barre dans les conventions collectives conclues avec des sociétés multinationales et de contester des pratiques injustes et anti-syndicales fondées sur des accords existants — y compris l’accord parallèle à l’ALENA sur la main-d’œuvre. Ils participent également à l’éducation du public et à des campagnes de pression27. L A S O C I É T É C I V I L E C A N A D I E N N E D E VA N T L A « C O N S T I T U T I O N É C O N O M I Q U E M O N D I A L E » « […] la mobilité du capital et des employeurs aggrave les risques auxquels sont exposés les groupes immobiles et fait qu’il est plus difficile de trouver les ressources publiques nécessaires pour financer des régimes d’assurance sociale […] Il faudrait sans doute envisager d’imposer les facteurs volants à l’échelle mondiale et de partager les recettes entre les pays. » Dani Rodrik, professeur à l’Université Harvard, Has Globalization Gone Too Far?, Washington, Institute for International Economics, 1997, p. 73. 103 « Non content de créer un casino sans risque pour les spéculateurs imprudents, le FMI cherche maintenant à leur offrir plus de salles de jeu. » Kevin Watkins, OXFAM UK, « Poverty strikes when cyclops is sovereign », The Guardian, 13 juillet 1998. Entre-temps, plusieurs expériences ont eu lieu dans le commerce alternatif lui-même. Grâce aux efforts de la Max Havelaar Initiative, basée aux Pays-Bas, et à l’initiative britannique baptisée Café Direct, le café produit naturellement et par des coopératives de groupes partenaires en Amérique, notamment, a gagné une part de marché et un espace dans les supermarchés européens. La campagne pour le café menée actuellement par un certain nombre d’ONG canadiennes vise à mieux faire comprendre aux consommateurs canadiens la dynamique du commerce des produits de base et à élargir le marché du café vendu selon des pratiques commerciales loyales. Bridgehead est sans doute l’expérience canadienne de commerce alternatif la plus connue. Comme beaucoup de ses homologues qui travaillent dans le commerce de l’artisanat, du textile et des aliments vendus selon des pratiques équitables, Bridgehead fait face à des problèmes de fluctuations monétaires et de concurrence, mais aussi au défi posé par la gestion de la croissance et la complexité grandissante de l’entreprise. Comme beaucoup d’initiatives commerciales, Bridgehead est pauvre en investissements et riche en dettes, ce qui montre l’importance de prêteurs à sensibilité sociale, mais aussi le rôle clé que doit jouer le capital-risque, difficile à obtenir, pour qu’une entreprise animée d’une conscience sociale puisse réussir28. Les initiatives de commerce loyal et de commerce alternatif sont des modèles concrets dans le Nord, et elles ont créé des emplois, notamment dans les coopératives de femmes dans le Sud. Cependant, peu parmi elles ont pris une ampleur suffisante pour avoir une incidence notable sur le développement. Leur modeste succès paraît bien symbolique au regard des centaines de millions de dollars de transactions réalisés par une société privée qui affirme partager bon nombre des objectifs de commerce loyal des négociants alternatifs non gouvernementaux. The Body Shop, qui importe des produits de pays du Sud, s’efforce de définir et d’appliquer des normes commerciales éthiques afin de se concilier le soutien des consommateurs comme des négociants alternatifs. Sa puissance commerciale lui permet d’imposer à ses fournisseurs ses conditions sociales et environnementales, 104 tout en leur garantissant des recettes commerciales nécessaires pour apporter des améliorations. Comme le dit un de ses fournisseurs, « avant, les organisations de commerce alternatif (OCA) ne faisaient pas si grand cas du contrôle de la qualité, mais The Body Shop est très exigeant sur ce plan. Cela nous aide, non seulement nous-mêmes et The Body Shop, mais aussi les OCA29. » Une lutte inégale Cette organisation fructueuse de mouvements de protestation et ces autres solutions à la politique et aux pratiques commerciales témoignent-elles de l’existence d’une société civile mondiale ? Les défis posés par les accords sur le commerce et l’investissement ont-ils amené les OSC à se recentrer sur l’action sociale et sur la réforme institutionnelle ? Cette idée fait sans doute sourciller la plupart des membres du personnel des OSC, qui retournent aux problèmes de bouclage des budgets ou de conciliation des besoins des partenaires, des souhaits des employés et des exigences des bailleurs de fonds publics et privés. Il est beaucoup plus probable que nous en sommes aux premiers stades d’un nouveau développement, alimenté en partie par une nouvelle technologie de l’information et dont le sens et l’importance politique ne sont pas encore évidents. Dans ce mouvement naissant, quelques organisations de la société civile canadienne font œuvre de pionniers et de chefs de file. Ce leadership ne signifie pas que les OSC ont nécessairement gagné les diverses guerres qu’elles mènent. Beaucoup, en fait, ont l’impression d’être constamment sur la défensive face au pouvoir des entreprises et de ses promoteurs gouvernementaux. Les organisations canadiennes se sont trouvées projetées à la tête du mouvement en partie parce qu’elles ont été les premières à faire face à quelques-uns des problèmes clés. Ainsi, l’ALE a été un signe avant-coureur de ce qui allait se passer ensuite. Cependant, leur réaction était aussi profondément ancrée dans la fierté d’un mode de vie canadien que ces nouveaux traités menaçaient. Qu’est-ce que ce mouvement naissant a accompli ? Le travail effectué au cours des RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 15 dernières années a permis d’élaborer un ensemble ciblé de tactiques et de stratégies pour contrer les positions officielles présentées dans le processus des accords commerciaux : contestation du processus de négociation; lobbying mutuellement renforcé; formation de coalitions; et analyse critique plus approfondie. Les éléments canadiens de ce mouvement de coalition mondial en sont à la fin d’une première étape d’internationalisation. Le multilatéralisme populaire ne s’est pas pleinement développé et il n’a pas pris un poids suffisant pour contrebalancer le pouvoir des sociétés multinationales ou des institutions financières multilatérales, mais il a beaucoup évolué en 15 ans. Ces nouvelles alliances internationales ont vu : • mûrir des liens Nord-Sud et mondiaux reposant sur une convergence politique plutôt que sur une dépendance financière; • se développer, notamment dans les organisations syndicales, une solidarité entre le Nord et de Sud sur les questions touchant aux contrats et aux grèves, ainsi que des liens en matière d’information; • s’organiser des campagnes s’appuyant sur Internet; • se nouer une collaboration pour briser le secret des institutions puissantes et des processus de négociation, et pour partager l’information; • foisonner des idées dans les campagnes, la recherche et les analyses. Parallèlement, nombre de coalitions nationales et d’alliances internationales ont à relever de sérieux défis, étant donné, notamment, les moyens, les compétences et l’expérience de leurs adversaires. Le financement fait presque toujours défaut et peu d’organisations ont une sécurité pécuniaire suffisante pour élaborer et appliquer des stratégies à long terme. L’autonomie peut également être menacée par une dépendance à l’égard d’un secteur, souvent le mouvement syndical. En outre, vu le rôle clé que jouent les États-Unis et les sociétés américaines dans les processus commerciaux, il est nécessaire de mettre au point une stratégie pour influer sur ces derniers. La structure et les intérêts des médias posent également des problèmes. Enfin, ces coalitions et ces alliances devront s’engager dans une action CHAPITRE HUIT politique, donc partisane, à l’échelle nationale et internationale, si elles veulent concrétiser leurs visions. Pour cela, il faudra modifier leur culture et devenir plus professionnelles, ce qui peut sembler en contradiction avec les origines bénévoles de certaines expériences commerciales. Fondamentalement, les combats menés par les organisations de la société civile canadienne et leurs alliés pour la réforme du commerce et de l’investissement, pour l’allégement de la dette et pour la révision des ajustements structurels ont révélé la nécessité profonde d’un mouvement mondial pour un bon gouvernement démocratisé, responsable et plus cohérent. L’économie mondiale doit servir le développement et le bien-être du genre humain ainsi que l’environnement. L’économiste politique Susan Strange fait remarquer que l’on a accueilli avec trop d’euphorie la fin de la guerre froide, le déclin des dictatures militaires et la disparition des régimes unipartites : « Le résultat net de la diffusion ascendante et latérale de l’autorité [...] est un déficit démocratique30. » Les organisations de la société civile avancent à tâtons vers de nouvelles définitions de la souveraineté afin de combler ce déficit. Des Nations Unies réorganisées et renouvelées pourraient-elles incarner une nouvelle souveraineté mondiale démocratique ? En 1995, la Commission de gouvernance globale a proposé la création d’un conseil de sécurité économique qui serait chargé de gérer l’interdépendance économique mondiale dans le respect de droits de la personne et de responsabilités universellement reconnus. Elle proposait également que soit créée une assemblée de la société civile qui conseillerait et renforcerait l’Assemblée générale dans ses débats et dans les mesures qu’elle prend. D’autres ont suggéré d’élire une assemblée parlementaire de l’ONU afin de « renforcer la responsabilité collective des États membres et des véritables décideurs et gouvernants31 ». Des propositions détaillées visant à une application plus juste et plus équitable des droits des travailleurs du monde entier ont été élaborées, tout comme d’autres solutions pour obliger les investisseurs et les sociétés à respecter les droits de la personne et à L A S O C I É T É C I V I L E C A N A D I E N N E D E VA N T L A « C O N S T I T U T I O N É C O N O M I Q U E M O N D I A L E » « Aucune des autorités non étatiques à qui le pouvoir a été dévolu n’est gouvernée démocratiquement. » Susan Strange, The Retreat of the State: The diffusion of power in the world economy, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 197. 105 faire preuve de responsabilité démocratique, l’objectif étant de lutter contre la corruption et la spéculation dans les finances mondiales et d’en limiter les effets. 6 Harry Browne, For Richer, For Poorer: Shaping US-Mexican Integration, Albuquerque et Londres, Resource Center Press/Latin America Bureau, 1994. Évidemment, l’espoir est permis. La perspective des forums de la société civile mondiale qui se tiendront en 1999 en Corée et au Canada et d’un forum de la société civile du millénaire, qui aura lieu aux Nations Unies en l’an 2000, donne aux intervenants de la société civile l’occasion de renouveler leur vision, de rafraîchir leurs stratégies politiques, et incite les gouvernements et le public à exhorter les acteurs économiques à agir pour le bien-être de l’humanité et le bien commun. 7 Chaque partenaire de l’organisation mettait l’accent sur quelque chose de différent. Tandis que les alliés américains réussissaient souvent à s’informer sur les propositions des négociations courantes et sur les stratégies des représentants des États-Unis pour le commerce extérieur, la coalition mexicaine progressait dans l’élaboration d’autres solutions en analysant ce qu’elle qualifiait de « programme social ». Les groupes canadiens anglophones insistaient pour que l’on prête attention aux répercussions sur les ressources naturelles, aux aspects généraux des dispositions relatives à la propriété intellectuelle et aux services de même qu’aux incidences du « traitement national ». Les groupes québécois, quant à eux, se dissociaient du rejet en bloc, courant au Canada anglais, et soulignaient l’importance de réviser les propositions. RENVOIS 9 Common Frontiers, Building a Hemispheric Social Alliance to Confront Free Trade, Toronto, Common Frontiers, 1997. 1 Voir Ted Paterson, « Exporter les valeurs du Canada : Encourager l’activité du secteur privé dans le Sud », dans Michelle Hibler, Rowena Beamish et Anne Chevalier (dir.), Rapport canadien sur le développement 1998 : Les sociétés canadiennes et la responsabilité sociale, Ottawa, L’Institut Nord-Sud, 1998, p. 131-147. 2 « Milk Controversy Spills Into Canada », dans Rachel’s Environment and Health Weekly, version électronique no 621, Annapolis, Environmental Research Foundation, 22 octobre 1998. 3 Linda McQuaig, The Cult of Impotence, Toronto, Viking, 1998, p. 26; voir également Paul Hirst et Grahame Thompson, Globalization in Question: The International Economy and The Possibilities of Governance, Cambridge, Polity Press, 1996, et Dani Rodrik, Has Globalization Gone Too Far?, Washington, Institute for International Economics, 1997. Rodrik conclut : « La mondialisation […] s’inscrit dans une tendance plus générale que nous pouvons qualifier de marketisation. Des gouvernements qui régressent, la déréglementation et le recul des obligations sociales sont les équivalents intérieurs de l’entrelacement des économies nationales », p. 85. 4 Common Frontiers, qui relie entre eux des groupes syndicaux, environnementalistes et de défense du développement, est un groupe de travail à long terme appuyé par un personnel peu nombreux et basé à Toronto. Le Réseau canadien d’action (RCA) a d’abord été constitué, en 1987, sous le nom de Réseau pro-Canada (RPC) par des groupes opposés à l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Une centaine de représentants de 32 organisations nationales se sont réunis lors du « Maple Leaf Summit », en avril 1987, afin de se communiquer leurs préoccupations par rapport à l’entente commerciale. Parmi les principaux groupes, on comptait le Congrès du travail du Canada, le Comité canadien d’action sur le statut de la femme, le Syndicat national des cultivateurs, et GATT-Fly (devenu la Coalition œcuménique pour la justice économique). Le RPC a organisé une journée nationale d’action (le 12 juin 1987) et s’est engagé dans les campagnes pré-électorale et électorale de 1988. Après l’élection, la Coalition a élargi son programme pour faire campagne contre la taxe sur les produits et services, puis contre les priorités « collectives » de Brian Mulroney. Le groupe, rebaptisé RCA, s’est démobilisé progressivement en 1998. Voir Peter Bleyer, « Coalitions of Social Movements as Agencies for Social Change: The Action Canada Network », dans William K. Carroll, Organizing Dissent: Contemporary Social Movements in Theory and Practice, Toronto, Garamond, 1992. 106 5 Alberto Arroyo et Mario B. Monroy, Red Mexicana de Acción Frente al Libre Comercio: 5 años de lucha (1991-1996). Mexico, RMALC, 1996. 8 Caderno Sobre o Mercosul para Formadores da Rede Nacional de Formacao da CUT, Ilha de Santa Catarina, CUT-Brasil, novembre 1997. 10 Heather Scofield, « Activists say Mexico blocking groups’ participation in trade talks », The Globe and Mail, 7 novembre 1998, p. B4. 11 Entrevue avec Brant Thompson, membre du personnel du Conseil des Canadiens, 19 août 998. 12 Bill Blaikie, « L’Accord multilatéral sur l’investissement », dans Hansard révisé, no 99, Ottawa, Chambre des communes, 5 mai 1998; OCDE, Déclaration ministérielle sur l’Accord multilatéral sur l’investissement, Communiqué final, Paris, 28 avril 1998; et Madeleine Drohan, « MAI talks shunted as trade ministers assess options », The Globe and Mail, 29 avril 1998. 13 Mark Vallianatos, « Update on MAI Negotiations, October 27, 1998 », Washington, Friends of the Earth, 1998. 14 Joyce Nelson, « The Art of the Deal », dans Canadian Forum, avril 1998; voir aussi Tony Clarke et Maude Barlow, MAI: The Multilateral Agreement on Investment and the Threat to Canadian Sovereignty, Toronto, Stoddard, 1997, p. 26. 15 Martin Khor, « The MAI and Developing Countries », dans Andrew Jackson et Matthew Sanger (dir.), Dismantling Democracy: The Multilateral Agreement on Investment (MAI) and its Impact, Ottawa et Toronto, CCPA/Lorimer, 1998, p. 275. 16 Voir An Environmental Primer on the Multilateral Agreement on Investment, Vancouver, West Coast Environmental Law Association, 1998; voir aussi Jackson et Sanger, op. cit. 17 Voir « Report: The Multilateral Agreement on Investment: The Transcripts of Proceedings », dans Debates of the Legislative Asssembly [of British Columbia] (Hansard); diffusé dans www.legis.gov.bc.ca/cmt (accès avril 1999). 18 Catherine Lalumière, députée européenne; Jean-Pierre Landau, inspecteur général des Finances; et Emmanuel Glimet, rapporteur et conseiller référendaire à la Cour des Comptes, Rapport sur l’Accord multilatéral sur l’investissement : Rapport intérimaire, septembre 1998; voir www.finances.gouv.fr/pole_ecofin/international/ ami0998/ami0998.htm (accès en avril 1999). 19 Cité dans Lalumière et coll., op. cit. 20 Lalumière et coll., ibid. 21 Carlos Marichal, « The Rapid Rise of the Neobanqueros », dans NACLA, Report on the Americas XXX:6, New York, NACLA, mai-juin 1997. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 22 Philip Bowring, « Currency scare stories feed hysteria », repris du International Herald Tribune, dans The Globe and Mail, 18 août 1998, p. B2. 23 L’Initiative d’Halifax est une coalition de groupes œuvrant dans les domaines de l’environnement, du développement et de la justice sociale ainsi que de groupes confessionnels, tous s’intéressant aux politiques et aux pratiques des institutions financières internationales. Son comité de coordination comprend le Conseil canadien pour la coopération internationale, le Centre international de solidarité ouvrière, Survie culturelle (Canada), la Coalition inter-églises sur l’Afrique, Résultats Canada et OXFAM-Canada. 24 Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public, Paper Tigers: Currency Speculators: When their roar turns to whimper we all pay, Nepean, SNEGSP, février 1998. 25 John Dillon et ECEJ, Turning the Tide: Confronting the Money Traders, Ottawa, CCPA, 1997. 26 Michelle Hibler, Rowena Beamish et Anne Chevalier (dir.), Rapport canadien sur le développement 1998 : Les sociétés canadiennes et la responsabilité sociale, Ottawa, L’Institut Nord-Sud, 1998. 27 The Report of the Canada-Mexico Bilateral Workshop, October, 1998, Toronto, Common Frontiers, 1999. 28 Entrevue avec Tracy Clarke, directrice générale de Bridgehead, octobre 1998. 29 The Body Shop International, The Road Ahead: A Summary of The Body Shop Values Report, 1997, Littlehampton, The Body Shop, 1998, p. 15. 30 Susan Strange, The Retreat of the State: The diffusion of power in the world economy, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 197-199. 31 Commission de gouvernance globale, Notre voisinage global : Le rapport de la Commission de gouvernance globale, Oxford, Oxford University Press, 1995, chapitre 7; et Erskine Childers avec Brian Urquhart, Renewing the United Nations System, Uppsala, Dag Hammarskjold Foundation, 1994, p. 212-213. CHAPITRE HUIT L A S O C I É T É C I V I L E C A N A D I E N N E D E VA N T L A « C O N S T I T U T I O N É C O N O M I Q U E M O N D I A L E » 107 L’ART DE CHANGER LES CHOSES A l i s o n Va n R o oy Alison à la Van Rooy l’Institut société est chercheure Nord-Sud civile. et principale spécialiste de C N E H A U P I T R E F L’ART DE CHANGER LES CHOSES L es Canadiens qui cherchent dans le monde connaissent à créer des changements souvent des succès; mais le processus peut être lent, difficile, inégal et parsemés de revers. Oeuvrant au sein de groupements sans but lucratif dont les mandats, les idéologies et les convictions politiques varient, ils utilisent toute une panoplie de tactiques dans leur poursuite d’un monde Les organisations qui cherchent à changer le monde ont souvent elles-mêmes besoin de changer. Du fait de leur mission, les OSC portent une lourde responsabilité morale et s’exposent donc à une étroite surveillance de leur éthique. meilleur. Quoique tous ne voient pas ce meilleur monde de la même façon et ne s’entendent pas non plus sur les moyens de l’atteindre, ils partagent en général le même ensemble fondamental de principes — et aussi un bon nombre des mêmes dilemmes, obstacles et frustrations. Les bailleurs de fonds du gouvernement, les fondations, les médias — et les organisations de la société civile elles-mêmes — s’interrogent souvent sur l’efficacité des OSC quand il s’agit de promouvoir la justice sociale à domicile et à l’étranger 1. Mais l’efficacité n’est pas une quantité absolue : elle dépend beaucoup de l’opportunité de l’action, de la stratégie utilisée et des obstacles à surmonter. • L’opportunité. Que tentent de faire les OSC — surtout celles qui œuvrent au profit de gens d’autres pays ? Visent-elles le bon objectif ? l’objectif fondamental ? • La stratégie. Les OSC utilisent-elles les meilleures tactiques dont elles disposent pour réaliser leur objectif ? Gardent-elles toujours un œil sur l’arène sociale et 110 politique qui bouge constamment ? Est-ce qu’elles rencontrent les bonnes personnes, se font les bons amis, tiennent les bonnes réunions et mènent les bonnes recherches susceptibles de conduire à des changements significatifs ? • Les défis. Avec la tournure qu’a prise le monde d’aujourd’hui et les organisations influentes qui existent, les OSC peuventelles vraiment espérer provoquer des changements ? Quelle est la nature des structures gouvernementales, sociétales, commerciales et autres, dans lesquelles les gens s’organisent ? Quels sont les facteurs qui gênent leur travail ? Ceux qui leur sont propices ? Ce sont les questions fondamentales qu’on devrait poser à nos OSC et aux autres qui œuvrent pour le changement mondial. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 L’opportunité : une action pour quoi et pour qui ? La stratégie : quoi faire et de quelle manière ? Pour avoir une action opportune, les OSC doivent viser le bon objectif, pour la bonne raison. Comment les OSC canadiennes peuvent-elles savoir ce que devrait être leur objectif ? Étant donné l’ampleur des aspirations politiques, culturelles et sociales qui existent au Canada, et à plus forte raison ailleurs, peut-on même savoir la bonne chose à faire ? La décision sur la façon dont les OSC devraient aborder leurs objectifs n’est pas seulement pragmatique : la méthode employée influe aussi sur leur image publique et politique, et sur leur capacité de continuer à mobiliser les fonds et le soutien public nécessaires, et donc déterminer en définitive leur succès. Diverses stratégies ont été utilisées pour provoquer un changement mondial, entre autres : développer la confiance, fixer l’ordre du jour et arrêter des tactiques pour étirer l’arène politique. Nos organisations qui se joignent à des actions mondiales sur tout un ensemble de fronts — développement, environnement, problématique hommes-femmes, droits de la personne, conflits, commerce et sécurité alimentaire, entre autres — doivent toujours se demander pour quoi, pour qui et avec qui elles travaillent. Qui a proposé de s’attaquer au problème ? À quel point sont-elles réceptives aux priorités des organisations partenaires ? Sont-elles des « partenaires » au vrai sens du terme ? La bataille est-elle aussi la leur ? L’importance du partenariat est l’un des arguments clés avancés dans ce RCD. De toute évidence, les partenariats ne doivent pas s’arrêter à un apport d’argent et à une direction que des gens du Nord imposent à des gens du Sud. Le discours égalitaire du partenariat ne devrait pas dissimuler des rapports de force inégaux. DÉVELOPPER LA CONFIANCE Ces dernières années, une importante stratégie des OSC a consisté à renforcer la foi du public — et du gouvernement — dans l’éthique de leur activité. La Table ronde du secteur bénévole, par exemple, a étudié les options pour assurer une « autoréglementation » dans le monde de la charité et du bénévolat au Canada. Sa proposition couvre les aspects éthiques du travail opérationnel, de la mise en œuvre des programmes, de la mobilisation des fonds, du rôle des bénévoles, de la bonne administration interne et d’autres questions fondamentales. Pour bien des organisations, comme les membres de la Table ronde, l’orientation vers une plus grande responsabilité fait partie de leur stratégie de survie : Les partenariats ne créent pas seulement des liens entre Nord et Sud : ils rassemblent également ces Canadiens et leurs homologues nationaux autour d’une cause commune. Par exemple, des travailleurs influencés par le changement des règles commerciales se sont joints à des Mexicains, des Américains et d’autres pour attaquer les constitutions économiques mondiales; des femmes autochtones ont soulevé le dossier des droits de la personne du Canada aux Nations Unies; et des Canadiens vivant dans la pauvreté ont adhéré à des conseils de la politique alimentaire afin de militer pour leur droit à la sécurité alimentaire. Ces exemples montrent à quel point les OSC du Canada ont accru leur compréhension du développement humain équitable et durable — et celle de leurs concitoyens. Ils représentent de remarquables succès. CHAPITRE NEUF L’A R T D E C H A N G E R L E S C H O S E S Tandis que les fonds du gouvernement diminuent, on voit aussi se manifester, chez les responsables élus, un certain manque de confiance dans la légitimité des organisations du secteur qui comptent soit sur les fonds publics, soit sur le financement soutenu par le statut d’organisme de bienfaisance et le traitement fiscal préférentiel qui l’accompagne. Dans la mesure où les gens verront augmenter les demandes de fonds privés émanant des organismes qui perdent le financement public, on peut escompter plus qu’une lassitude de donner; une attention plus étroite est quasi inévitable, au moment précis où les organisations ont moins de moyens pour répondre aux besoins. [...] Si on suppose un accroissement de la méfiance et du scepticisme, il semble probable que les organismes sollicitant l’argent public ou privé devront être capables ou seront obligés d’accepter une certaine combinaison de rendement, d’autofinancement et de responsabilité publique. Pour être efficace, le respect de ces pratiques devra être évalué et assuré2. 111 1 É R D A C N E F I X E R L’ O R D R E D U J O U R P E T I T G U I D E P O U R L E T R AVA I L D E D É F E N S E ET DE PROMOTION Analysez le problème • Sélectionnez la question générale à aborder et identifiez un problème précis à résoudre. • Décomposez le problème en éléments maniables et déterminez comment chacun est influencé (ou pourrait l’être) par les programmes et les politiques officielles. Définissez la proposition • Préparez une ou plusieurs propositions de politique pour aborder des aspects précis du problème. • Veillez à ce que la proposition soit claire, précise, mesurable, réalisable et motivante. Analysez l’espace décisionnel • Identifiez celui ou celle qui prendra la décision que vous cherchez à influencer. (Cette personne devient « la cible » de la campagne de défense et de promotion). • Déterminez clairement comment cette décision va se prendre. Établissez une carte du pouvoir • Dessinez une « carte du pouvoir » en plaçant votre cible au centre et en indiquant tous les acteurs qui l’influencent; tracez des flèches allant des acteurs à la cible. N’oubliez pas d’inclure la presse, les organismes internationaux, les églises, etc. • Classez la cible et les différents acteurs parmi les alliés, les opposants ou les indécis. Les acteurs pour lesquels on ne dispose pas d’information devraient être rangés parmi les indécis, et mis en évidence. • Classez par priorité alliés, opposants et indécis d’après l’influence qu’ils exercent sur la cible. Les cinq à dix plus importants alliés et acteurs indécis fonderont le plan des visites à effectuer, qui sera élaboré dans la partie des activités. Analysez vos capacités institutionnelles • Identifiez l’organisation ou la coalition qui coordonnera la stratégie de défense et de promotion. • Analysez les points forts et les faiblesses de ce groupe. • Débattez collectivement les solutions qui pourraient remédier aux faiblesses découvertes. • Sélectionnez deux ou trois activités pour renforcer les capacités du groupe à mener le travail de défense et de promotion, et incluez-les dans le plan d’activité. Arrêtez une stratégie pour influencer la cible et les acteurs indécis • Analysez la cible. Débattez collectivement ses motivations et ses intérêts généraux; ses motivations et ses intérêts en rapport avec la proposition; et les arguments qu’elle pourrait avancer. • Définissez les arguments et les stratégies qui pourraient aider à persuader la cible des mérites de la proposition. • Passez en revue les points centraux de la stratégie : La campagne sera-t-elle publique ou privée? Aura-t-elle lieu à la base ou à un haut niveau ? Combien de temps demandera son exécution? • Si la campagne vise à influencer l’opinion publique, définissez une stratégie médiatique et de sensibilisation. Planifiez et exécutez les activités • Planifiez toutes les activités qui s’imposent pour affiner et améliorer le plan de défense et de promotion et pour réaliser les stratégies arrêtées. Définissez, pour chaque activité, les personnes responsables, les délais, et les ressources humaines et matérielles nécessaires. Faites le point et une évaluation • Arrêtez-vous périodiquement pour faire le point sur le succès ou l’échec des initiatives et sur l’ensemble de la campagne. Source Central American Advocacy Training Project du Washington Office on Latin America, résumé, dans CIVICUS World, bulletin de mai-juin 1998, p. 14. 112 Malgré leur nécessité, ces pas dans la voie de la responsabilité — envers bailleurs de fonds, membres et partenaires — ne suffisent pas. Que peuvent faire les organisations après s’être assurées des racines à domicile et des liens avec d’autres OSC, et avoir misé sur leur crédibilité ? L’étape suivante consiste souvent à tâcher de modifier l’ordre du jour même du changement. La bataille est en grande partie gagnée une fois que le problème est bien cerné et mis carrément entre les mains des politiques. La tâche est, naturellement, facilitée quand il existe un large consensus sur la nature du problème et sa solution. Dans le cas du traité d’interdiction des mines terrestres, qui a pris effet le 1er mars 1999, la situation indiquait une entente généralisée sur les deux points. Comme l’a dit notre ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy : La campagne internationale visant l’interdiction des mines antipersonnel a peut-être été, jusqu’ici, le meilleur exemple de cette nouvelle diplomatie. Pourquoi ? Parce qu’elle a démontré l’étendue du pouvoir dont pouvait disposer une coalition d’un type inédit. Des gouvernements de même opinion et la société civile ont formé un partenariat d’égaux, réunis autour d’un ensemble de principes de base communs. En employant à bon escient les techniques de communication de pointe, nous avons mobilisé l’opinion publique partout dans le monde pour l’interdiction complète des mines antipersonnel. Cet appui a permis de forcer la main à de nombreux gouvernements qui hésitaient à souscrire au principe d’interdiction. Il en a résulté une convention qui a été développée avec une rapidité sans précédent et avec le succès que l’on connaît3. Arriver à mettre des problèmes sur la table est bien moins certain quand ce sont les fondements mêmes du système qu’on remet en question. Pour les organismes qui cherchent à réaménager l’ordre du jour politique, le défi est nettement plus intimidant. L’A R R Ê T D E S TA C T I Q U E S É t i re r l ’ a r è n e p o l i t i q u e Changer les choses devient plus difficile après l’arrêt de politiques et la mise en place de programmes, de traités et de règlements. C’est à ce stade que des OSC doivent déployer une remarquable série de tactiques RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 À une extrémité, les tactiques pour étirer l’arène politique comprennent les initiatives très visibles comme les manifestations, les actions médiatiques, les bulletins d’évaluation et autres tactiques embarrassantes. À l’autre extrémité, on trouve une série de stratégies pour œuvrer de l’intérieur, comme l’adhésion à des comités mixtes, les déjeuners en tête-à-tête et la commande de documents de réflexion, qui peuvent propulser le débat sur des voies plus classiques. Étant donné leur expertise et leur démarche raisonnée, les gens œuvrant de l’intérieur vont peut-être, de leur côté, hausser le niveau de confiance des fonctionnaires ou des dirigeants et accroître les probabilités du changement. Sans nécessairement causer des changements4, ces efforts les rendent certainement plus probables (voir l’encadré 1). Le maillage de réseaux internationaux Les organisations de l’intérieur et de l’extérieur adhèrent de plus en plus à des réseaux internationaux, comme la campagne internationale contre la commercialisation CHAPITRE NEUF 2 C I V I C U S , L’A L L I A N C E M O N D I A L E Source CIVICUS, voir www.civicus.org. des succédanés du lait maternel, la campagne en faveur d’une Cour criminelle internationale, le réseau Social Watch et l’alliance mondiale CIVICUS (voir l’encadré 2). Ce genre de travail en réseau impose de nouveaux fardeaux aux OSC, notamment les frais de déplacement, le besoin de s’éduquer sur les nouveaux instruments et dossiers (comme accords et traités) et le temps investi dans coordination et suivi. En dépit de ces difficultés, les coalitions internationales continuent de se multiplier. L’une des raisons, c’est qu’il y a peu de problèmes « de développement » que le Canada ne partage pas : quand des catastrophes naturelles ou humanitaires se produisent, le Canada intervient comme donateur d’aide ou comme responsable du maintien de la paix; quand des crises monétaires éclatent, son commerce chancelle; quand le Canada applique chez lui les règles de l’ajustement structurel, ses propres dépenses sociales diminuent; quand les règles commerciales soustraient le commerce à la souveraineté, notre industrie culturelle est touchée; et quand il se commet des génocides, toute l’humanité est perdante. Aujourd’hui, le développement n’est plus le problème d’autres gens : c’est le nôtre. Les coalitions bâties sur des plateformes internationales sont aussi un moyen de promouvoir des politiques à domicile. Des tribunaux des droits de l’homme des Nations Unies se sont prononcés sur le Canada comme sur le Myanmar; le mouvement de protestation contre l’Accord multilatéral sur L’A R T D E C H A N G E R L E S C H O S E S 113 R D A C N Le réseau CIVICUS, qui n’existe que depuis cinq ans, constitue une expérience inédite dans le maillage de réseaux internationaux. Comme alliance permanente d’ONG, d’autres OSC, de fondations, d’organismes donateurs, d’entreprises et de particuliers, il a organisé des rencontres internationales sur des dossiers et des enjeux mondiaux qui touchent la société civile, mis sur pied des bases de données, favorisé des travaux de recherche et publié les résultats. Le réseau CIVICUS, qui compte des représentants de quelque 80 pays, cherche à renforcer la visibilité et la compréhension de la société civile; à instaurer un cadre plus encourageant de lois, de politiques et de règlements; et à promouvoir des mécanismes de ressources permanents, autonomes et créatifs. É P O U R L A PA R T I C I PAT I O N D E S C I T O Y E N S E pour étirer l’arène politique et rouvrir le débat. Les groupes qui cherchent à étirer l’arène politique utilisent des tactiques retentissantes — souvent embarrassantes et parfois « irresponsables » — afin de provoquer un changement social. Un bon nombre de leurs exploits — comme l’enchaînement de militants à des arbres centenaires, les grèves de la faim ou encore les manifestations assises — sont sévèrement critiqués par certaines OSC qui empruntent les voies internes. Toutefois, ils sont sans doute beaucoup plus efficaces que les militants eux-mêmes le croient. Par exemple, l’interdiction des mines antipersonnel, la restriction des importations de produits fabriqués par des enfants et l’attention spéciale prêtée aux femmes en tant qu’agentes de développement, étaient toutes considérées comme inatteignables jusqu’à une date assez récente. Aujourd’hui, elles sont devenues réalité. Les groupes qui étirent l’arène politique peuvent mettre des questions à l’ordre du jour en protestant bruyamment et permettre à leurs collègues plus « raisonnables » d’être présents à la table des discussions. l‘investissement (AMI) s’est déclenché pour protéger les libertés nationales contre l’influence internationale des grandes sociétés; et la proposition des 20/20 du Sommet mondial pour le développement social visait à accroître les dépenses nationales consacrées aux besoins humains essentiels5. Il s’agit, dans tous les cas, de politiques nationales poursuivies sur d’autres scènes. E m p r u n t e r l a vo i e i n t e r n e Les OSC canadiennes qui travaillent sur la scène internationale se heurtent à de grosses difficultés, entre autres, une faible volonté politique, des fonds réduits, un cadre réglementaire souvent désuet ou inadapté, une opinion publique superficielle et un secteur privé indifférent. international6. Ce modèle de Rio, comme on l’a appelé, a fixé la norme pour les réunions ultérieurement organisées autour de la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing et du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague, en 1995. Dans le cas du Sommet Planète Terre, l’action de l’intérieur a donné de remarquables résultats — sans créer de cooptation — pour les militants du Canada. Une autre tactique, pour causer des changements, est la participation à des groupes de travail d’institutions gouvernementales et internationales, et (plus rarement) à des conseils d’administration de grandes sociétés. La collaboration en tant que membres de groupes de travail ou de consultation est un phénomène grandissant qui occupe une place importante dans la stratégie de gens œuvrant de l’intérieur. Certaines organisations craignent cependant que ces efforts ne comportent un danger de cooptation, que le trop grand rapprochement — en raison de la dépendance financière ou encore de la souscription aux ordres du jour du gouvernement ou de la grande entreprise — ne menace le processus de changement. L’ a c t i o n p u re e t s i m p l e Mais les stratégies consistant à œuvrer de l’intérieur peuvent se révéler efficaces. L’expérience du Canada durant la préparation de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) de 1992 en est une illustration. Par une combinaison inhabituelle de choix politique et de coïncidence bureaucratique, une somme d’un million de dollars est devenue disponible pour permettre à des organisations canadiennes au service du développement et de l’environnement de se joindre aux préparatifs de ce qu’on allait appeler le Sommet Planète Terre. Cet argent n’était accessible qu’aux membres du Comité de participation du Canada à la CNUED (CPCC) dirigé par des ONG. La fonction de canalisation du Comité a signifié que les ONG ont dû collaborer, souvent pour la première fois. Elle a aussi signifié la présence d’un groupe organisé d’experts d’ONG, que les fonctionnaires ont pu rencontrer et consulter. Une enquête auprès de 119 ONG de développement (voir la figure 1) le montre : quoiqu’elles fassent presque toutes mention de l’éducation en matière de développement, moins de 20 p. 100 citent explicitement le travail politique ou de promotion dans leurs activités; 68 p. 100 financent des projets à l’étranger; 57 p. 100 font de la formation; 26 p. 100 favorisent les échanges; 20 p. 100 Enfin et surtout, les stratégies que les Canadiens utilisent afin de créer des changements comprennent les tâches qu’ils mènent tout à fait en dehors de l’arène politique. Nos ONG internationales consacrent le principal de leur argent et de leur énergie à des projets bien concrets, très loin des salles de réunion d’Ottawa : le soutien en matière de soins de santé que la Fondation Aga Khan Canada apporte au Pakistan, l’action humanitaire que mène CARE Canada au Rwanda et le travail que fait l’Association du barreau canadien pour former des avocats en Hongrie, sont tous d’importants exemples de changements réalisés sur le terrain. F I G U R E 1 LES ACTIVITÉS DES ONG CANADIENNES Pourcentage de 119 organisations, par type d’activité Recherche 7 Parrainage 11 Travail politique/ de promotion 18 Personnel 19 Matériel 20 Échanges 26 Formation Durant les deux années de préparation de la CNUED, des relations de confiance se sont établies, des débats se sont réglés; et dans bien des cas, la voix de la communauté des ONG du Canada allait constituer le droit 114 57 Financement 68 Éducation en développement 76 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Source : Qui fait quoi en développement international, Ottawa, CCCI, 1995. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 gouvernement — un travail de partenaires unis par le souci d’améliorer la qualité de la vie des Canadiens en protégeant les gens les plus faibles, les plus pauvres et les plus vulnérables de la société. [...] Plus souvent qu’autrement, ce sont les organismes de bienfaisance, les organisations sans but lucratif et les personnes bénévoles — non le gouvernement — qui ont la charge directe de s’occuper des gens dans le besoin et de les protéger. Mais pour une raison inconnue, on est porté à sous-estimer une bonne part de ce travail capital ou à le considérer comme normal. Nous ne devons jamais perdre de vue qu’il ne s’effectue pas tout seul7. envoient des produits ou du matériel outremer; et 19 p. 100 envoient du personnel. Même s’il est beaucoup question de l’importance du travail politique et de promotion, la vérité c’est que la majorité des OSC internationalistes consacrent le principal de leur temps et de leur argent à des projets réalisés à l’étranger. Les défis : lutter contre quoi et contre qui ? Un aspect clé de l’efficacité des OSC réside dans leur capacité à relever les défis. Dans le cas de la CNUED, par exemple, elles ont buté sur des obstacles internes et externes tangibles, respectivement : des conflits dans le CPCC au sujet de l’affectation des fonds et, par la suite, un manque de volonté politique de financer concrètement les engagements de l’Action 21 qui ont résulté du Sommet Planète Terre. Pour certains, l’expérience du CPCC (et les autres conférences subséquentes) ont été finalement des échecs. L’Action 21 a peut-être abondé en déclarations d’OSC, mais sept ans après, l’argent n’est toujours pas déposé sur la table. Le succès n’est pas une quantité absolue : il doit se mesurer d’après les obstacles à surmonter. Quand les enjeux sont élevés et les défis énormes, les petits succès peuvent constituer de grandes victoires. Les OSC canadiennes qui travaillent sur la scène internationale se heurtent à de grosses difficultés, entre autres, une faible volonté politique, des fonds réduits, un cadre réglementaire souvent désuet ou inadapté, une opinion publique superficielle et un secteur privé indifférent. LA VOLONTÉ POLITIQUE Jusqu’où va la volonté politique d’appuyer les organisations bénévoles du Canada dans leur activité ? D’un côté, les gouvernements dégraissés ne demandent pas mieux, semblet-il, d’abandonner des responsabilités et de les confier à un secteur bénévole déjà surchargé. Ce transfert s’effectue, en partie, parce que les gouvernements ont surestimé le rôle et la capacité de la société civile. Comme l’a récemment déclaré Paul Martin, le ministre des Finances canadien : Le secteur bénévole ou « tertiaire » fait vraiment partie intégrante du filet de sécurité sociale du Canada. Ce rôle représente un partenariat avec le CHAPITRE NEUF Mais, à côté des louanges, on voit souvent s’exprimer autant de méfiance au sujet du travail des OSC, surtout quand elles abordent des questions de politique en plus « de s’occuper des gens dans le besoin et de les protéger ». La Table ronde du secteur bénévole, par exemple, a écrit : Toutefois, en raison de l’augmentation très forte du nombre des organisations bénévoles et de leur voix plus haute, certains politiciens croient que celles-ci se placent en concurrentes et estiment qu’elles doivent se faire entendre davantage. Au lieu d’être le reflet d’une saine démocratie, cette activité a pour effet de mettre en question la crédibilité des organisations bénévoles. Elles ont été taxées de « groupes d’intérêts spéciaux » et on a cherché à restreindre leurs activités. Ironiquement, cela s’est produit au même moment où les gouvernements ont besoin d’un secteur bénévole encore plus fort8. La Table ronde a tenté de répondre de façon directe aux préoccupations exprimées sur l’éthique et la responsabilité des OSC. S’il y a la volonté politique de se décharger de services publics sur le bénévole, il doit y avoir la volonté simultanée d’assurer un financement et d’engager des débats plus démocratiques sur les politiques. L E S S T R AT É G I E S E T L E S DÉCISIONS DE FINANCEMENT La volonté politique est le moteur de maints autres facteurs qui influent sur les moyens d’action des OSC, tout particulièrement le soutien financier. Les réductions dans le financement fédéral et provincial ont eu d’importantes répercussions sur la nature et l’envergure des activités des OSC et, en fait, sur l’existence même de certaines organisations. L’A R T D E C H A N G E R L E S C H O S E S 115 Mais il faut en même temps que les OSC reconsidèrent leurs modes et leurs sources de financement. Pour certaines organisations, une solution controversée a été la création d’une aile à but lucratif qui les aide à financer leur activité centrale. C’est la formule qu’a choisie, par exemple, l’Organisation canadienne pour l’éducation au service du développement qui, il y a dix ans, a mis sur pied un programme lucratif appelé CODE Inc. Robert Dyck, le PDG de CODE Inc., explique : des OSC qui se sont vraiment engagées à mener un travail civique, de bienfaisance ou autre sans but lucratif. Au Canada, ces formalités sont aisées comparativement, par exemple, au Japon, à la Malaisie, à Cuba ou à la Slovaquie. La réalité pour les œuvres de charité du Canada aujourd’hui, c’est d’arriver à survivre; organisations non gouvernementales et œuvres de charité doivent se réinventer pour combler les besoins et les possibilités du contexte canadien d’aujourd’hui, sous peine de sombrer. Le contexte se caractérise par une épidémie de coupes dans le financement que le gouvernement met à la disposition des ONG qui ont une activité internationale et des programmes sociaux que gèrent les œuvres de charité au Canada. Il est également saturé de programmes de mobilisation de fonds agressifs, de plus en plus subtils — qui visent tous les mêmes pulsions philanthropiques et budgets financiers limités des Canadiens. Les possibilités, dans ce contexte de rivalité et de frugalité, résident dans l’actuelle popularité du secteur privé (l’entreprise est une chose merveilleuse, de nos jours) et dans la tendance continue des gouvernements à sous-traiter la mise en œuvre de leurs programmes 9. En l’absence d’autres sources de financement, beaucoup d’organisations suspendues aux cordons de la bourse du gouvernement ont tout simplement disparu. L E C A D R E R É G L E M E N TA I R E La façon dont les organisations sont réglementées et taxées influe elle aussi sur leur capacité à créer des changements. Si le cadre réglementaire est simple, par exemple, il peut encourager la mise sur pied d’organisations et leur constitution en société. L’activité des OSC s’en trouve alors facilitée : elles peuvent ouvrir des comptes en banque, recevoir un financement officiel et rechercher des partenaires. La constitution en société met également les membres individuels à l’abri d’actions en justice, tout en protégeant les droits de l’organisation. Elle peut aussi aider à protéger les citoyens contre la fraude ou les abus et elle sauvegarde la réputation 116 Les difficultés se sont situées au prochain palier de réglementation. Pour pouvoir bénéficier d’allégements fiscaux, beaucoup d’OSC sont enregistrées comme organismes de bienfaisance auprès de Revenu Canada. Juridiquement parlant, les organismes de bienfaisance sont simplement des entités constituées en société qui ne distribuent pas de bénéfices à des actionnaires et dont l’objet exclusif et les activités satisfont à un jugement de 1891 (fondé sur une décision du droit coutumier britannique de 1601) qui définit la charité comme : 1) le soulagement de la pauvreté; 2) l’avancement de l’éducation; 3) l’avancement de la religion; et 4) certaines « autres fins profitant à la collectivité »10. L’admissibilité d’une organisation au statut d’organisme de bienfaisance est une décision qui relève d’une petite division de Revenu Canada. La décision, et l’imprécision de la loi, sont parfois attaquées devant les tribunaux. Comme l’a déploré un juge : Il est quelque peu étrange que la Loi [de l’impôt sur le revenu] n’offre pas de définition utile d’« organisme de bienfaisance » et de « bienfaisance », de sorte que les tribunaux sont, par nécessité, obligés de se rabattre sur un recoin obscur et pas toujours entièrement cohérent de la loi d’Angleterre. D’après le nombre de fois que ce tribunal a été appelé, au cours des dernières années, à appliquer cette loi ancienne aux circonstances de la vie à l’aube du troisième millénaire, on m’excusera peut-être de penser que c’est un domaine où une intervention législative novatrice ne serait pas irrecevable11. Ce genre de créativité législative aiderait à combler un réel besoin. Le statut d’organisme de charité est important : il confère des avantages fiscaux à l’organisation et à ses donateurs (qui peuvent déduire les dons de l’impôt sur le revenu) et facilite ainsi les collectes de fonds de l’organisme de bienfaisance. Il communique également un sentiment de légitimité à l’organisation. Ce sont des atouts précieux. RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 En échange, les organismes de bienfaisance acceptent de se conformer aux règles qui régissent la façon de dépenser cet argent exempté d’impôt. Pour les œuvres de charité internationalistes, les règles les plus importantes gouvernent les dépenses effectuées à l’étranger et celles consacrées au travail de défense et de promotion. Par exemple, les organismes de bienfaisance du Canada ne peuvent pas « donner » de l’argent à des organisations étrangères; ils peuvent seulement engager leurs homologues du Sud comme agents dans la poursuite des objectifs de charité canadiens. Cette stipulation, qui entend légitimement veiller à ce que les œuvres de charité assument la responsabilité de l’utilisation de leurs fonds, entre cependant en conflit avec les idéaux du partenariat, notamment : qui décide quels fonds vont à quel objectif 12. Qui plus est, le statut d’organisme de bienfaisance restreint l’activité « politique » des OSC. Une organisation dont le premier dessein est d’obtenir des changements dans la loi ou la politique, ou encore de convaincre le public d’adopter un certain point de vue, n’est pas admissible à l’enregistrement comme organisme de charité13. Si un organisme de bienfaisance qui existe déjà modifie son mandat et fait de l’action politique sa principale activité, il s’expose à la révocation de son statut14. Cependant, les organisations peuvent consacrer jusqu’à 10 p. 100 de leurs recettes à une action de défense et de promotion et conserver leur statut d’organismes de bienfaisance. Mais déterminer ce qui constitue un travail de défense et de promotion plutôt que d’éducation publique, et la part qu’il représente dans les activités de l’OSC, est devenu un peu une devinette. Comment les organisations peuvent-elles s’assurer que leur activité de défense et de promotion ne leur enlève pas la qualité d’œuvre de charité ? Quels mécanismes garantiront que les organismes de bienfaisance peuvent participer au débat public sur les dossiers dont ils sont bien informés, de façon à ce que leurs opinions viennent contrebalancer celles de l’entreprise ou les intérêts de grandes sociétés ? Dans quelle mesure devrait-on permettre aux organismes de bienfaisance d’essayer de faire modifier une loi ou de la préserver15 ? En ayant à évoluer dans des conditions réglementaires aussi troubles, les OSC se CHAPITRE NEUF heurtent à un obstacle évident dans la poursuite de leur travail pour le changement mondial. Le domaine réglementaire ne souffrirait certes pas d’un apport de créativité. L’ O P I N I O N P U B L I Q U E : SUPERFICIELLE MAIS TRÈS LARGE Un autre facteur favorise — et parfois handicape — le travail des OSC : la force de l’opinion publique, son effet sur la plus large volonté politique et son expression à travers le bénévolat et les dons. Si on peut se fier aux dons que les Canadiens font aux divers organismes de charité, dont ceux qui travaillent sur la scène internationale, l’opinion publique appuie solidement les OSC aujourd’hui (voir la section « Les organisations de la société civile et leur financement au Canada »). Malgré la baisse qu’a enregistrée le financement fédéral accordé aux ONG de développement, une partie a été comblée par l’augmentation des dons des particuliers, principalement destinés aux grosses ONG. Cette augmentation correspond à un maintien du soutien public pour l’aide internationale en général. D’après une enquête effectuée en octobre 1998, environ 75 p. 100 des Canadiens étaient partisans de l’aide publique au développement (APD)16, un chiffre qui est resté plus ou moins constant durant le plus clair de l’histoire de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)17. Mais ces chiffres élevés ne disent pas toute la vérité. Ian Smillie — un observateur de longue date du secteur de l’aide — a en effet déclaré, au sujet du soutien public existant au Canada, qu’il avait « un kilomètre de largeur, mais un centimètre d’épaisseur »18, ce qui donnait une certaine précarité à l’appui dont jouissait le travail de l’ACDI et des ONG. Écrivant pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à propos des résultats de sondages de l’ACDI, Smillie a fait observer que : D’après une enquête effectuée en octobre 1998, environ 75 p. 100 des Canadiens étaient partisans de l’aide publique au développement (APD), un chiffre qui est resté plus ou moins constant durant le plus clair de l’histoire de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). • Interrogés sur le soutien qu’ils jugeaient le plus important de la part du Canada, après 1991 un plus grand nombre de Canadiens faisaient passer l’assistance en cas d’urgence avant l’aide au développement à long terme. • La majorité des Canadiens étaient neutres dans leurs opinions sur l’aide. Ils ne pensaient pas souvent à l’APD, n’avaient L’A R T D E C H A N G E R L E S C H O S E S 117 pas l’impression qu’elle avait un effet sur eux et ne se voyaient pas comme partie intégrante de la communauté mondiale. Chez les neutres, 40 p. 100 tendaient à être pour l’aide et 20 p. 100, contre19. d’organisations ont entrepris une autocensure de peur qu’une activité de défense et de promotion n’effraie les donateurs traditionnels, qui veulent que chaque dollar des dons de charité serve à soulager la pauvreté sur le terrain22. Dans ce RCD, nous mettons l’accent sur les ONG qui ont opté pour une voie politique internationaliste, mais elles constituent une minorité. Qui plus est, la proportion des Canadiens qui croient que le Canada consacre trop d’argent à l’APD semble augmenter et une majorité considèrent que les exigences d’une bonne situation financière à domicile justifient des réductions de l’aide dépensée à l’étranger20. 3 Bien qu’on puisse contester les résultats des sondages21, la superficialité du soutien a déclenché des sonnettes d’alarme au sein de l’ACDI, inquiète que son auditoire national préfère déjà les actions d’urgence hautement visibles aux efforts de développement à plus long terme, et chez les OSC elles-mêmes, qui partagent le même auditoire. Il en est résulté une remarquable timidité chez beaucoup d’OSC internationales. Craignant qu’un travail politique ou encore une activité sur le terrain peu « télégénique » ne cause un tarissement du soutien public, elles se sont bornées à des projets « moins risqués », comme en témoigne la figure 1. À dire vrai, l’autocensure est peut-être une plus grande entrave au travail de défense et de promotion que les règles de Revenu Canada. Selon John Foster, ancien directeur général d’OXFAM-Canada, un certain nombre L E P R O J E T S U R L E S PA R T E N A R I AT S S O C I A U X E N C A D R É D E L’ I N S T I T U T C A L E D O N Le Caledon Institute of Social Policy, organisme privé sans but lucratif, a entamé récemment un projet pour étudier sous tous leurs aspects le concept et la pratique des partenariats sociaux. Ses grands objectifs sont les suivants : acquérir une compréhension conceptuelle et pratique des partenariats entre entreprises et organisations sans but lucratif de tout le Canada; partager ce savoir avec un vaste auditoire; inciter d’autres organisations à creuser la question, à en discuter et à faire des expériences de partenariats sociaux. L’Institut Caledon a produit une vidéo en anglais qui présente des initiatives novatrices dans ce genre de collaboration, dont le travail que la Fondation des femmes canadiennes a entrepris avec la compagnie The Body Shop International dans le cadre d’une campagne contre la violence; le programme de bénévolat des employés de Chevron Canada Resources; et l’activité que la Community Opportunities Development Association a menée avec des projets de développement économique locaux. Source L’Institut Caledon. Pour en savoir plus, voir « Social Partnership Projects » à www.caledoninst.org (accès en avril 1999). 118 Pour combattre la superficialité du soutien public, il est manifestement nécessaire d’organiser des efforts soutenus afin d’accroître la compréhension et le soutien de l’APD. Le manque de compréhension du public pourrait se révéler des plus préjudiciables pour les OSC qui tentent de créer des changements. L’A P P U I D U S E C T E U R P R I V É Le secteur privé peut être un allié dans les efforts pour créer des changements. Les expériences prudentes que les OSC ont tentées dans le domaine des commandites et des partenariats avec des entreprises ont donné certains succès à domicile (voir l’encadré 3). Les OSC qui font un travail international ont noué moins de relations de ce genre, mais sont également disposées à explorer les possibilités. Comme l’a dit Betty Plewes, la présidente-directrice générale du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) : « Je reconnais que, dans le passé, certaines ONG ont eu tendance à négliger ou minimiser le rôle du marché; nous avons dû, nous aussi, tirer la leçon des échecs dont nous avons été témoins. Mais le déséquilibre actuel devrait nous inciter à examiner les rôles respectifs de chaque secteur, leur part relative dans le régime de l’aide et les possibilités d’une plus grande collaboration intersectorielle »23. Toutefois, ces possibilités de collaboration n’ont pas encore généré un soutien appréciable de la part du secteur privé (voir l’encadré 3). Les dons que les sociétés canadiennes font au secteur bénévole sont faibles : tandis qu’aux États-Unis les entreprises allouent 1,2 p. 100 de leurs profits au secteur bénévole24, au Canada le secteur privé lui consacre bien en deçà de 1 p. 100, soit moins de 2 p. 100 de toutes les recettes du secteur de la charité25. Cependant, on fait actuellement des efforts pour améliorer ce bilan. Ainsi la campagne RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 Toutefois, le principal de ces fonds sert à appuyer l’éducation et les services sociaux au Canada, plutôt que des programmes internationaux28. Les dons destinés à l’activité internationale sont le plus souvent de l’argent que des sociétés canadiennes allouent à des organisations communautaires du pays où elles mènent des activités, plutôt qu’à des OSC du Canada qui travaillent à l’étranger29. L’encadré 4 illustre les inégalités des dons internationaux. C’est à peu près la même histoire avec l’appui accordé par les fondations privées. Les fondations canadiennes apportent un soutien modeste au travail mené à l’étranger. Par exemple, les 21 fondations de notre échantillon qui financent une activité internationale (voir page 132) n’ont déboursé que 99 000 $ pour des causes internationales en 1996; ce montant représentait juste 3,3 p. 100 de tous leurs dons — ou moins de 1 p. 100 de toutes les recettes de CARE. Comme le signale le Centre canadien pour la philanthropie, la plupart des fondations se concentrent sur l’aide sociale, l’éducation et les soins de santé au Canada; près de la moitié ont des revenus inférieurs à 50 000 $ et 80 p. 100 de tous leurs dons consistent en sommes de 5 000 $ et moins30. CHAPITRE NEUF 4 D É P E N S E S D E C E R TA I N E S C O M PA G N I E S C A N A D I E N N E S À L’ É T R A N G E R Source Conference Board du Canada, Taking Action on International Contributions, Ottawa, 1998, p. 5. À l’heure actuelle, les « partenariats sociaux » en développement international avec le monde des entreprises et celui des fondations constituent une source d’appui possible, mais qui n’est pas encore réalité. L E S C A PA C I T É S O R G A N I S AT I O N N E L L E S Dernier point, mais non des moindres : les organisations qui cherchent à changer le monde ont souvent elles-mêmes besoin de changer. Du fait de leur mission, les OSC portent une lourde responsabilité morale et s’exposent donc à une étroite surveillance de leur éthique. Toutes ne résistent pas aussi bien à l’examen. Par exemple, dans une étude comparative sur les relations entre les ONG et le secteur privé, l’International NGO Training and Research Centre (établi au Royaume-Uni) a constaté un changement spectaculaire dans la nature et la forme de certaines ONG de développement. D’après lui, ces changements estompent les lignes qui séparent l’arène de la société civile (avec sa charge d’éthique) et le monde de la grande entreprise (censé en manquer) : L’A R T D E C H A N G E R L E S C H O S E S Même le langage utilisé pour décrire les ONG est en train de changer, et les frontières et les identités sont manifestement en train de se modifier. Nous voyons des ONG sans base de valeurs et, en revanche, des entreprises commerciales avec de 119 D A C N • La Credit Union Central of Saskatchewan a dépensé 83 250 $, montant qui représentait une augmentation au cours des dix dernières années. • La Great West Life a déboursé cette année-là une subvention internationale inhabituelle de 5 000 $; en temps normal, tous ses concours financiers vont à des organisations nationales. • Pfizer Canada a considérablement accru le montant de ses dépenses au cours des dix dernières années, qui a atteint 3,7 millions de dollars en dons de produits pharmaceutiques en 1997. • Le Groupe financier de la Banque Royale a augmenté ses décaissements canadiens destinés à des causes internationales, qui sont passés de 2 000 $ en 1987 à 30 631 $ en 1997-1998; ses établissements d’outremer ont éclipsé ce montant en apportant 475 000 $ supplémentaires. • La Banque Toronto-Dominion a déboursé 10 000 $, un apport inhabituel; en temps normal, la TD fait le principal de ses concours financiers au Canada. R É (Totaux de 1997-1998) E Imagine (dirigée par le Centre canadien pour la philanthropie) compte-t-elle aujourd’hui 450 compagnies participantes, qui ont toutes promis de consacrer 1 p. 100 de leurs bénéfices nets au travail de bienfaisance. En 1995, la dernière année pour laquelle on dispose de chiffres complets, les sociétés qui participaient à Imagine ont donné 234 millions de dollars (une moyenne de 1,37 p. 100 de leur revenu net) aux organisations de bienfaisance et sans but lucratif; ce chiffre représentait à peu près 40 p. 100 de toutes les contributions d’entreprises cette année-là26. Bien qu’il soit difficile d’évaluer l’effet de la campagne, la preuve indirecte est frappante : dans les années 1980, les sociétés canadiennes déclaraient donner 0,65 p. 100 de leurs bénéfices avant impôt aux organisations du secteur bénévole. Dans les années qui ont suivi le lancement (en 1988) de la campagne Imagine, la proportion est passée à 0,97 p. 100, représentant une augmentation de près d’un milliard de dollars pour le secteur de la charité27. solides valeurs éthiques; certaines organisations sans but lucratif vont à l’encontre de l’esprit de bénévolat traditionnel; des sociétés commerciales d’experts-conseils rivalisent avec des ONG bien établies pour gérer des programmes dans des domaines autrefois considérés comme « le terrain des ONG », et des ONG ont entrepris de créer des ailes commerciales d’expertise-conseil31. La triste vérité, c’est qu’en dépit de leur large sympathie pour « le développement », les Canadiens sont peu au courant de la gravité des difficultés que doivent surmonter les gens de nombreuses régions du Sud. De toute évidence, les OSC ne peuvent pas se contenter de réclamer la supériorité morale du simple fait de leur appartenance à « la société civile »; ce statut ne leur permet pas d’éviter tout examen de leurs valeurs, de leurs comportements et de leurs effets. En réalité, comme le montre la Table ronde du secteur bénévole, l’appartenance à la société civile impose des normes encore plus élevées. Un v é r i t a b l e p a r t e n a r i a t Pour se diriger vers un monde plus juste : quelques idées Le Rapport canadien sur le développement 1999 fait une chronique des remarquables succès remportés par des Canadiens, en dépit des obstacles significatifs qui existent à domicile et des défis fondamentaux que les OSC lancent parfois à l’ordre mondial. Les histoires, toutefois, ne véhiculent pas le message simpliste de la vertu civile forcée d’agir face à l’état turgide du secteur public ou aux intentions suspectes de la grande entreprise. Au contraire, elles indiquent clairement des faiblesses chez les OSC et au dehors, des conflits même entre OSC visant les mêmes objectifs, et des climats de méfiance et d’ambiguïté dans les cercles canadiens et internationaux. Mais ces problèmes ne justifient pas de balayer de la main le travail des OSC; ils mettent simplement au défi de faire encore mieux tous ceux qui travaillent au changement mondial. Dans ces conditions, que doit-on faire pour que les OSC poussent encore plus loin leur action en direction d’un monde plus juste ? POUR LES OSC QUI FONT UN T R AVA I L I N T E R N AT I O N A L Un e re s p o n s a b i l i t é a p p l i q u é e Les efforts entrepris sur des codes de conduite (le code d’adhésion du CCCI, les directives pour la collecte des fonds que l’on doit au Centre canadien pour la philanthropie32 et le travail accompli par la Table ronde 120 du secteur bénévole) ont une importance primordiale pour l’avenir des OSC au Canada. Ils constituent une réponse directe aux gens qui les taxent de « groupes d’intérêts spéciaux » et accusent nos organisations bénévoles de ne pas toujours rendre de larges comptes aux auditoires à domicile ou aux collectivités de l’étranger. En appliquant visiblement les normes de responsabilité que beaucoup utilisent déjà, les OSC peuvent déterminer la façon dont elles sont perçues à la fois par les communautés où elles travaillent et par le gouvernement et le public au Canada, et consolider ce faisant leur légitimité. La bonne volonté ne suffit pas pour changer le monde : les OSC doivent être vues comme travaillant avec les gens dont elles entendent changer l’existence. Les OSC doivent, en particulier, prendre très au sérieux les exigences d’un « partenariat » avec d’autres organisations33. Malgré l’explosion qui s’est produite dans la rhétorique du partenariat34, les changements qu’il suppose dans la conduite des OSC vont bien plus loin que l’adoption d’un nouveau vocabulaire. Qui va décider des choses à faire, quels vont être les bénéficiaires, et dans quelles conditions ? Les questions ne se posent pas uniquement sous l’angle des organisations du Sud, mais également — comme le montre amplement le présent RCD — des organisations nationales de même opinion. Comme les réclamations d’un vrai partenariat se compliquent avec les règles de la bienfaisance au Canada, avec le déséquilibre des pouvoirs et des ressources entre organisations, avec les différences de capacités, avec les modes de comportement quasi coloniaux, avec les querelles « territoriales », et avec la nature de plus en plus commune de certains problèmes internationaux (spécialement dans le cas du commerce et de la dette), elles ne sont pas faciles à satisfaire. Un e p l u s h a u t e c o m p é t e n c e Pour beaucoup d’OSC qui se sont créées à cause de leur motivation éthique et non de leur compétence organisationnelle, la réalisation de changements dans le monde implique également l’introduction de changements dans les organisations elles-mêmes. Après tout, la responsabilité signifie aussi qu’on est capable de faire le RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 travail promis. Elle nécessite un accroissement des compétences dans tout le secteur bénévole : faire montre de professionnalisme dans la production des solutions et l’exécution de la programmation; acquérir un savoirfaire crédible en rapport avec les pays et les problèmes; exploiter de nouvelles sources de fonds; s’engager dans des relations significatives avec le gouvernement et le secteur privé; et évaluer le travail accompli pour apprendre et mieux faire. Devant un milieu de financement ambivalent et un soutien public superficiel, bien des OSC internationalistes préféreront peut-être occulter les difficultés, rester discrètes ou faire cavalier seul, au lieu de passer à travers les obstacles. Même si on peut la comprendre, cette politique de l’autruche pose un sérieux obstacle au changement mondial. POUR LES ORGANISMES DES GOUVERNEMENTS FÉDÉRAL ET PROVINCIAUX Un e p l u s l a rg e é d u c a t i o n Le soutien du public pour que le Canada continue de s’intéresser au reste du monde, et à plus forte raison qu’il aide aux efforts de développement, est une condition clé pour accroître et améliorer le travail au service de la justice sociale. La triste vérité, c’est qu’en dépit de leur large sympathie pour « le développement », les Canadiens sont peu au courant de la gravité des difficultés que doivent surmonter les gens de nombreuses régions du Sud. Et quoique les compressions financières aient « éviscéré » l’activité des ONG se chargeant de l’éducation en matière de développement, le rétablissement du financement n’est pas la réponse. Un programme d’éducation en matière de développement géré par l’ACDI ne constitue pas non plus la solution absolue, en partie à cause du fait que les Canadiens considèrent d’autres agents et les médias — dans l’ordre : télévision, églises, ONG, revues, journaux — comme plus crédibles35. Un moyen clé d’intensifier l’éducation sur le monde (dont le programme d’aide canadien ne couvre qu’une partie), consiste à incorporer des études mondiales dans les programmes des écoles primaires et secondaires des provinces. L’enseignement nécessaire pour faire des Canadiens les agents du changement social exigera un engagement plus important, plus fondamental et bien plus intense de la part de nos provinces. CHAPITRE NEUF Un e r é g l e m e n t a t i o n é c l a i r é e Les règles qui régissent le statut d’organisme de bienfaisance ont besoin d’être révisées d’une façon créative. Des règlements s’imposent pour qu’OSC et organismes publics aient des comptes à rendre, mais le système n’a pas évolué en même temps que les définitions du bien public et du partenariat, et que le rayon d’action international de beaucoup de nos organisations36. La réforme de la loi incombe comme il se doit au Parlement, où les débats et les décisions finales peuvent renforcer l’aptitude des OSC à générer des changements ici et ailleurs. D’autres réformes réglementaires pourraient aisément se faire à l’intérieur de la fonction publique actuelle : l’enregistrement et la surveillance des organismes de bienfaisance, par exemple, relèvent d’une petite division de Revenu Canada; et une commission du secteur bénévole, du type recommandé par le Groupe d’experts sur la saine gestion et la transparence dans le secteur bénévole, pourrait utilement compléter et actualiser les concours du gouvernement au travail des OSC. La révision des rôles Le défi le plus important pour nos gouvernements est aussi le plus difficile. Il règne, chez nos institutions gouvernementales et politiques, une ambiguïté paralysante au sujet du rôle du secteur public (notamment dans l’offre des services sociaux nationaux) et du rôle relatif des organisations de la société civile. Les OSC s’attirent une foule d’éloges, mais en même temps, on les soupçonne, on se décharge sur elles de services et on réduit leur financement. Les organisations ont réagi en offrant d’assurer des services à tarif réduit et en se justifiant avec indignation. Il faut renégocier ces rôles et dissiper l’ambiguïté. Des efforts actuellement menés donnent certains espoirs. Le Bureau du Conseil privé, par exemple, a aidé le Groupe de travail (intersectoriel) sur le secteur bénévole à engager un dialogue plus significatif avec des OSC de tout le pays; la Table ronde (non gouvernementale) du secteur bénévole vient de publier son rapport sur l’avenir du secteur; et la tenue de consultations gouvernementales — malgré ses imperfections — continue37. En fait, certaines des consultations les plus suivies et réussies se sont déroulées L’A R T D E C H A N G E R L E S C H O S E S 121 entre l’ACDI et les ONG canadiennes au service du développement. Ces trente ans d’histoire — conflits et tout le reste — ont produit d’importants enseignements pour les autres OSC et organismes du gouvernement qui souhaitent une relation plus significative38. L e r é exa m e n d e s c h o i x de financement La justification pour couper les fonds à des OSC clés est devenue bien mince, surtout maintenant que la balance du budget fédéral penche du côté des excédents. À la révision des rôles gouvernementaux, il faut rattacher l’idée que les Canadiens organisés en groupes pour promouvoir l’intérêt public peuvent légitimement prétendre à leurs deniers fiscaux quand ils poursuivent des causes dans l’intérêt public, à domicile ou sur la scène internationale. La réforme réglementaire aidera à déterminer ce qu’est « l’intérêt public », mais cette clarification devrait être accueillie avec un regain d’enthousiasme pour les OSC et pour le soutien de leurs efforts. Et tandis que les OSC devraient pratiquer une retenue éclairée et une planification attentive pour éviter la domination d’un quelconque bailleur de fonds, les explications du gouvernement attestant que les OSC dépendent trop du financement public ne devraient pas servir d’excuse pour édulcorer l’engagement officiel envers le militantisme civique. Comme nation, nous devons montrer que notre appui pour consolider la société civile dans d’autres pays, par le truchement d’une foule d’engagement internationaux, s’accompagne d’un soutien équivalent à domicile. P O U R L E S F O N D AT I O N S E T L E SECTEUR DES GRANDES SOCIÉTÉS Un e n g a g e m e n t s i g n if i c a t if Quelques efforts notables sont faits au Canada pour coupler des organisations bénévoles et des entreprises privées aux fins de toute une gamme d’activités39. Quoique les OSC et les grandes sociétés ne soient pas toujours motivées par les mêmes facteurs, des relations bien négociées entre les deux peuvent faire mieux que libérer un financement dont on a grand besoin pour les efforts bénévoles. Les coentreprises rehaussent la visibilité du travail pour la justice sociale, relient plus étroitement l’économie financière à l’économie morale, 122 et créent des normes d’éthique et de compromis dans la société tout entière. Un e s p r i t i n t e r n a t i o n a l i s t e Il est également important que nos compagnies, de plus en plus actives outre-mer dans des industries très visibles comme l’exploitation minière, démontrent leurs engagements civiques internationaux40. L’arrêt et le respect de normes élevées dans le domaine des droits des travailleurs, de la protection de l’environnement, de la participation communautaire et de l’investissement éthique des bénéfices, ont une profonde importance pour assurer la justice sociale. Les sociétés canadiennes, si elles sont encouragées par les lois appropriées, peuvent créer des précédents à l’étranger et devenir des chefs de file à domicile en favorisant l’application de normes d’éthique cohérentes. Nos fondations — dont beaucoup doivent leurs fonds de dotation au succès de la grande entreprise — doivent examiner de plus près leur faible présence internationale. Les Canadiens, remarquablement actifs dans des organisations non gouvernementales et intergouvernementales de la scène mondiale, brillent en revanche par leur absence en tant qu’organisations philanthropiques. La communauté de nos grandes sociétés examine de plus près son rôle dans le monde, et les fondations canadiennes doivent faire de même. Pour la philanthropie organisée, ce doit être son prochain défi. POUR LES CANADIENS INDIVIDUELS Les Canadiens individuels ont également un rôle à jouer dans la création du changement mondial. Ce que font les gens à titre individuel est important : les groupes auxquels ils adhèrent, les manifestations qu’ils organisent, les lettres qu’ils écrivent, l’argent qu’ils donnent (directement et par le truchement de la fiscalité et les opinions qu’ils professent. Il est important que les gens voyagent ailleurs dans le monde, qu’ils lisent à son sujet, et qu’ils fassent les liens entre leurs vies et celles des autres citoyens de la terre. L’autoéducation et l’automotivation sont des conditions préalables pour la création d’un plus vaste changement. Sans la participation individuelle, la société civile devient une arène déserte. Cette participation s’appuie sur un réel précédent culturel : la moitié de tous les Canadiens RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 appartiennent déjà à des organisations de la société civile d’un type ou l’autre. Le défi consiste à étendre cette participation des collectivités locales à la communauté mondiale. RENVOIS 1 Pour un échantillon de cette littérature, voir Alan Fowler, Striking a Balance: A Guide to Enhancing the Effectiveness of Non-Governmental Organizations in International Development, Londres, Earthscan, 1997; Roger C. Riddell et coll., Searching for Impact and Method: NGO Evaluation Synthesis Study, rapport rédigé pour le groupe d’experts en évaluation du CAD (OCDE), Helsinki, ministère de la Coopération pour le développement international, 1997; David Hulme et Michael Edwards (dir.), Beyond the Magic Bullet: NGO Performance and Accountability in the Post-Cold War World, West Hartford, CT, : Kumarian Press, 1996; et Louisa Gosling avec Mike Edwards, Toolkits: A Practical Guide to Assessment, Monitoring, Review and Evaluation, Londres, Save the Children, 1996. 2 Havi Echenberg, « Self-Regulation of the Voluntary Sector: A Preliminary Literature Review », exposé rédigé pour la Table ronde du secteur bénévole, 14 mai 1996; voir www.web.net/vsr-trsb/publications/echen.html (accès en avril 1999). 3 Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Notes pour une allocution de l’honorable Lloyd Axworthy, ministre des Affaires étrangères, à Vienne plus cinq Forum international des ONG sur les droits humains, Ottawa, 23 juin 1998, no 98/47. 4 Pour un examen de l’efficacité des campagnes lancées par les ONG, voir Jennifer Chapman et Thomas Fisher, Effective NGO Campaigning, sommaire et rapport technique complet, Londres, New Economics Foundation, 1999. 5 La proposition des 20/20 demande que les gouvernements nationaux et les donateurs étrangers consacrent, respectivement, 20 p. 100 des dépenses publiques et 20 p. 100 de l’aide au développement aux secteurs prioritaires des services sociaux essentiels : approvisionnement en eau bon marché et assainissement, éducation élémentaire et nutrition. Pour des précisions, voir 20/20 is a springboard de Social Watch à www.socwatch.org.uy/2020.htm (accès en avril 1999). 6 Pour un compte rendu plus détaillé, voir Alison Van Rooy, « The Frontiers of Influence: NGO Lobbying at the 1974 World Food Conference, the 1992 Earth Summit and Beyond », dans World Development, vol. 25, no 1, janvier 1997. 7 L’honorable Paul Martin, « New Ways for a New Century : The Voluntary Sector and the Government », dans Association, vol. 16, no 1, Société canadienne des directeurs d’association, décembre 1998-janvier 1999, p. 10 et 11. 8 La table ronde sur la transparence et la saine gestion dans le secteur bénévole, Consolider nos acquis : pour une meilleure gestion et transparence au sein du secteur bénévole au Canada, rapport final, février 1999, p. 7; voir www.pagvs.com (accès en avril 1999). 9 Robert Dyck, cité dans Martin Garber-Conrad et Robert Dyck, « Charity-Run Business Ventures: Are They Worth the Time, Energy, and Risks Involved? », dans Centre canadien pour la philanthropie, Front & Centre, septembre 1998, p. 14. 10 Un pourvoi que la Vancouver Society of Immigrant and Visible Minority Women a porté devant la Cour suprême du Canada pour contester la définition de « la charité » a été tranché en février 1999. Tout en rejetant l’appel, la cour a quand même élargi la définition de l’éducation et déclaré que le Parlement devait intervenir pour modifier le concept de charité par le truchement de la loi. La province de l’Ontario a aussi abordé la question et publié ses idées de réforme; voir www.attorneygeneral.jus.gov.on.ca/reports.htm (accès en avril 1999). CHAPITRE NEUF 11 Le Juge James K. Hugessen, dans le jugement rendu à la majorité par la Cour d’appel fédérale dans l’affaire Vancouver Regional FreeNet Association c. le ministre du Revenu national, 16 juillet 1996; cité dans Frances K. Boyle, Rapport au complet — Les « activités de bienfaisance » selon la Loi de l’impôt sur le revenu du Canada : Définition, processus et problèmes, Ottawa, Table ronde du secteur bénévole, janvier 1997; voir www.web.net/vsr-trsb/publications/rpprtcomplet (accès en avril 1999). 12 Arthur Drache, « Donating to Foreign Charities », dans Canadian Not-For-Profit News, mars 1994, p. 18 et 19. 13 Canada, Revenu Canada Impôt, « L’enregistrement de votre organisme de bienfaisance aux fins de l’impôt sur le revenu », formule T4063(F), p. 8. 14 Jusqu’en 1987, les restrictions officielles mises à l’activité politique des œuvres de charité ont été assez strictes. Si elles pouvaient rédiger des mémoires ou faire des démarches auprès de ministres, techniquement « elles n’avaient le droit d’entreprendre réellement aucune action pour défendre leurs objectifs (comme organiser une campagne de lettres ou recommander des changements législatifs). Quelques-unes y ont vu la différence entre simplement chercher à influencer et être réellement efficace ». Tim Brodhead et Brent Herbert-Copley avec la collaboration de Anne-Marie Lambert, Ponts de l’espoir ? Les organismes bénévoles canadiens et le tiers-monde, L’Institut Nord-Sud, 1988, p. 55. Après une tempête de protestations et devant la multiplication des organismes de charité qui avaient manifestement un élément politique, le gouvernement a modifié la loi pour autoriser la plus grande affectation de ressources à l’activité politique. Dans une circulaire d’information de 1987, Revenu Canada a expliqué que l’activité politique devait rester accessoire (c’est-à-dire représenter moins de 10 p. 100 des dépenses), mais elle pouvait dorénavant comporter des efforts pour influencer et mobiliser l’opinion afin d’amener les responsables à adopter une certaine ligne de conduite, dont l’envoi de lettres, l’organisation de manifestations et la distribution de publications (Revenu Canada Impôt, « Organismes de charité enregistrés — Activités politiques accessoires », circulaire d’information 87-1, 25 février 1987). Pour essayer de donner plus de flexibilité aux règles concernant l’activité politique, Revenu Canada fait circuler un nouveau document de travail sur les réformes possibles. 15 Boyle, Les « activités de bienfaisance » selon la Loi de l’impôt sur le revenu. 16 ACDI, Direction générale des communications, « Canadians and Development Assistance: Environics Poll Results, October 1998, and Trend Analysis », ronéotypé, inédit, Ottawa, 1998. 17 Une étude de 1974 a révélé que 88 p. 100 des répondants étaient partisans de l’APD; une enquête de 1980 a indiqué que 65 p. 100 étaient pour; et une de 1990 que, selon 71 p. 100, le Canada ne dépensait pas assez ou le montant convenable pour l’aide à l’étranger. Voir Rakid Buckridian, « Canadian Attitudes to International Development: A Pilot Study in the National Capital Region », thèse de maîtrise, Université Carleton, 1974; ACDI, Rapport sur les attitudes de Canadiens face à l’aide étrangère, novembre 1980; et ACDI, Rapport sur les attitudes de la population canadienne à l’égard de l’aide au développement international, Ottawa, 1990. 18 Ian Smillie, communication personnelle, janvier 1999. 19 Ian Smillie, « Canada », dans Ian Smillie et Henny Helmich (dir.) en collaboration avec Tony German et Judith Randel, L’opinion publique et la coopération au développement, Paris, Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe et Centre de développement de l’OCDE, 1998. 20 ACDI, Canadians and Development Assistance, Angus Reid Poll Results and Trends Analysis, août 1997. 21 Ibid., p. 56. 22 John Foster, communication personnelle, janvier 1999. L’A R T D E C H A N G E R L E S C H O S E S 123 23 Lettre adressée à l’honorable Pierre Pettigrew, ministre de la Coopération internationale et ministre responsable de la Francophonie, par Betty Plewes, présidente-directrice générale du CCCI, le 28 août 1996. 40 Michelle Hibler, Rowena Beamish et Anne Chevalier (dir.), Rapport canadien sur le développement 1998 : Les sociétés canadiennes et la responsabilité sociale, Ottawa, L’Institut Nord-Sud, 1998. 24 « Setting Standards for Corporate Giving » dans New Directions, vol. 3, no 1, 1998, bulletin de la campagne Imagine; voir www.ccp.ca/imagine (accès en avril 1999). 25 Kathleen Freimond, « Partners in philanthropy », dans Business in Vancouver, 20 janvier 1998; voir www.biv.com/s430.html (accès en avril 1999). 26 « Imagine makes a difference »; voir www.ccp.ca/imagine/about/differ.html (accès en avril 1999). 27 « Imagine’s new program: It’s about more than just charity », supplément publié dans le Globe and Mail, 6 novembre 1998; voir aussi www.ccp.ca/imagine/awards/g&m98-7.html (accès en avril 1999). 28 Michael H. Hall et Laura G. MacPherson, « What Types of Charities are Getting Corporate Donations? », dans Research Bulletin, Centre canadien pour la philanthropie, vol. 3, no 4, automne 1996; voir www.ccp.ca/information/research/rb62.htm (accès en avril 1999). 29 Conference Board du Canada, Taking Action on International Contributions, Ottawa, 1998, p. 2. Beaucoup de sociétés canalisent aussi des concours financiers par l’entremise des fondations d’entreprise qui, en tant qu’organismes de bienfaisance, ne sont pas autorisées à effectuer des dons à l’extérieur du Canada. 30 Centre canadien pour la philanthropie, « Foundations: A Potential Source of Funding for Charities? », dans Research Bulletin, vol. 2, no 4, octobre 1995; voir www.ccp.ca/information/research/rb37.htm (accès en avril 1999). 31 INTRAC, extrait du Millennium Paper dans « NGOs and Companies : Principles and Profits », dans OnTrac, no 10, août 1998, p. 2. 32 Code d’éthique relatif à la levée de fonds et à la responsabilité financière du Centre canadien pour la philanthropie; voir www.ccp.ca/information/documents/cp127.htm (accès en avril 1999). 33 Le CCCI a publié une critique significative que des ONG du Sud faisaient de leurs homologues du Nord. Voir CCCI, Conversations with Southern Partners: The Search for Meaningful Partnerships, Ottawa, 1996 à www.web.net/~ccicsos/policy/doc124.htm (accès en avril 1999). 34 Lynne Hately et Kamal Malhotra, Between Rhetoric and Reality: Essays on Partnership in Development, Ottawa, L’Institut Nord-Sud, 1997. 35 ACDI, Rapport sur les attitudes de la population canadienne à l’égard de l’aide au développement international, 1991, Ottawa. 36 Voir les recommandations du Groupe d’experts sur la saine gestion et la transparence dans le secteur bénévole, op. cit. 37 Voir Frances Abele, Katherine Graham, Alex Ker, Antonia Maioni et Susan Phillips, Parler avec les Canadiens : l’engagement des citoyens et l’union sociale, Ottawa, Conseil canadien de développement social, 1998. 38 Voir, par exemple, David R. Morrison, Aid and Ebb Tide: A History of CIDA and Canadian Development Assistance, Waterloo, Wilfrid Laurier University Press, 1998; et ACDI, La politique de l’ACDI en matière de consultation des intervenants canadiens (société civile), Hull, 1993 à www.acdi-cida.gc.ca/cidapo-f.htm (accès en avril 1999). 39 Outre les efforts mentionnés ailleurs dans le présent Rapport canadien sur le développement, voir « Intérêts communs : Rechercher les occasions de collaboration entre les ONG et le secteur privé », Compte rendu du Colloque, mai 1996 à www.web.net/ccic-ccci (accès en mars 1999). 124 RAPPORT CANADIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 1999 LES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LEUR FINANCEMENT AU CANADA Compilation de Judy Meltzer avec Alison Van Rooy R A P P O R T C A N A D I E N S U R L E D É V E L O P P E M E N T 1 9 9 9 LES OSC ET LEUR FINANCEMENT Un échantillon des organisations de la société civile (OSC) canadiennes Le tableau A décrit certaines des organisations dont il est question tout au long des neuf chapitres du Rapport canadien sur le développement 1999. Sans être une liste exhaustive des OSC au service du développement international, ni un échantillon statistiquement aléatoire, le tableau n’en constitue pas moins un important exemple de l’activité canadienne en la matière. Bon nombre des questions soulevées au fil des chapitres sont transformées en données dans les tableaux et les graphiques qu’on trouve ci-après : D’où viennent les fonds ? Où les gens travaillent-ils ? Dans quels coins du monde ? Sur quels genres de causes ? Complété par les données qu’a recueillies le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI)1, le tableau donne un aperçu très intéressant du vaste univers des OSC canadiennes. L E S C O N S I D É R AT I O N S P O L I T I Q U E S D U S I È G E S O C I A L Il est peu surprenant que l’immense majorité des groupes mentionnés dans cet ouvrage aient leur siège à Ottawa. Les ONG canadiennes — et un bon nombre des autres organismes également au service du développement — s’associent de très près à tout ce que fait le Canada en tant que gouvernement. Une bonne part de leur financement vient du gouvernement, beaucoup agissent comme groupes de pression dans de plus larges dossiers de la politique étrangère, si bien que les deux parties bénéficient de cette relation privilégiée. Toutefois, cette concentration géographique crée aussi des problèmes. Seules deux des 46 organisations du tableau A ne se situent pas dans le « triangle d’or » Ottawa-Montréal-Toronto, reflet sans doute exagéré mais exact de la répartition des adresses au pays. Cette concentration a suscité à bon droit des plaintes alléguant que l’Est du Canada n’écoute pas les débats sur le développement qui se déroulent dans l’Ouest, le Nord ou les Maritimes. Autre constatation importante qui saute aux yeux : les organisations francophones et anglophones participent trop rarement à leurs travaux et à leurs rencontres mutuelles. On reconnaît le problème cependant : le prix que décerne annuellement le CCCI pour récompenser l’innovation en matière de développement cherche des exemples de succès dans tout le pays; cette année, le CCCI a remis un prix à l’organisation Co-Development Canada de la Colombie-Britannique pour la formation syndicale qu’elle a dispensée en Amérique latine et au Comité de solidarité tiers-monde de Trois-Rivières pour son travail d’éducation publique au Québec. L’ACDI fait aussi un effort semblable à l’occasion de l’assemblée annuelle qui regroupe les OSC canadiennes qu’elle finance. L’étendue et les différences linguistiques qui caractérisent le pays rendent ces efforts coûteux, mais ils sont importants pour faire connaître et partager les réussites du Canada — l’un des défis mis en évidence au chapitre 2. 126 L E S S O U R C E S D E F I NA N C E M E N T E T D E R E C E T T E S D’où vient l’argent servant à financer les activités ? Au Canada, le financement que les ONG mobilisent elles-mêmes représente maintenant le double de celui qu’elles obtiennent du gouvernement (voir l’historique présenté au graphique 1 du chapitre 2). Quand on ajoute les subventions que le gouvernement verse aux ONG et autres OSC au financement qu’elles recueillent de leur côté, le total dépasse alors 450 millions de dollars US, soit au bas mot 21,7 p. 100 de toute l’aide canadienne au développement (après addition de l’aide publique au développement et des dons du secteur bénévole; voir le graphique A). Ce chiffre, à lui seul, rehausse l’importance de nos OSC dans l’effort global du Canada, et classe leur activité parmi les plus importantes de toute la communauté du Comité d’aide au développement. G R A P H I Q U E A L’argent transitant par les ONG (millions $ US) Luxembourg Irelande Canada États-Unis Suisse Pays-Bas Nouvelle-Zélande Royaume-Uni Allemagne Espagne Autriche Australie Suède Belgique Norvège Japon Italie Danemark Portugal France Finlande Subventions gouvernementales aux ONG Dons privés aux ONG Part des ONG (en %) dans le total de l’APD plus dons des particuliers 12 0 153 ~ 56 300 3 65 ~ ~ 3 4 109 2 2 236 34 9 2 22 0 16 68 302 2 509 182 353 16 382 1 044 122 47 76 22 60 80 232 31 36 -1 ~ 0 28,6 27,5 21,7 21,1 19,7 18,1 13,8 12,5 12,1 8,9 8,3 6,7 6,5 6,4 5,9 4,8 2,7 2,5 0,5 0,3 0,0 ~ Données non disponibles. Source : OCDE, Comité d’aide au développement, Rapport annuel 1998, tableau 13, p. A21 et A22. Cependant, les sommes que recueillent et dépensent les diverses OSC varient considérablement. Pour l’échantillon représentatif utilisé dans cet ouvrage, le total des recettes de la dernière année connue se situe entre 114 millions de dollars (chez Vision Mondiale Canada, la plus grosse ONG du pays) et 65 000 $ (chez Common Frontiers). Dans l’enquête du CCCI comme dans notre échantillon, le gros des recettes combinées de toutes les organisations se concentre surtout chez le petit nombre dont les revenus dépassent 25 millions. Dans notre enquête, les recettes combinées de 16 organisations s’élevaient à environ 345 millions de dollars en 1997-1998 (ou 80 p. 100 du total de notre échantillon) et deux ONG seulement en absorbaient la moitié : Vision Mondiale Canada et le CUSO. Ce montant équivaut approximativement à 1 p. 100 seulement du financement de tout le secteur bénévole au Canada — un chiffre qui n’a rien de très impressionnant (voir l’encadré 4 au chapitre 1). Les sources de financement varient également. Dans notre échantillon, les subventions du gouvernement constituaient jusqu’à 90 p. 100 du revenu (Voluntary Service Overseas) ou ne représentaient presque rien (Société canadienne pour nourrir les enfants). Dans les cas où nous disposions de données, nous avons constaté qu’en moyenne environ 46 p. 100 des fonds provenaient du gouvernement, moins de 1 p. 100 de fondations et 34 p. 100 de dons de particuliers; 5 p. 100 consistaient en recettes gagnées et 11 p. 100 émanaient d’autres sources. Les entreprises privées n’avaient versé aucune contribution. Tant l’enquête du CCCI que notre étude révèlent que pour les OSC (les plus petites en particulier), l’État constitue toujours la principale source de revenu, et ce en dépit de la réduction des subventions publiques. Il faut souligner toutefois que cette dépendance est plus faible qu’elle ne l’a été depuis longtemps. Selon les données du CCCI, la dépendance des OSC à l’égard des deniers de l’État est à son plus bas degré depuis les années 1970. Qui plus est, dans les deux études, les OSC les plus importantes étaient en général moins tributaires du financement public. Sur les 46 organisations sondées, celles dont le chiffre d’affaires dépassait 10 millions de dollars ne recevaient en moyenne que 29 p. 100 de leurs recettes du gouvernement et chez les grandes organisations religieuses (dont Vision Mondiale, l’Église unie du Canada et le Comité central mennonite), pas plus de 8 p. 100 venaient du gouvernement. Les autres sources de revenu étaient constituées des subventions des fondations canadiennes, des dons de particuliers, des recettes gagnées, des cotisations des membres ainsi que des fonds versés par les entreprises privées, les banques multilatérales de développement et les gouvernements étrangers. Les fondations canadiennes constituaient la source de revenu la moins importante de notre échantillon : seules deux organisations — la Fondation internationale pour l’essor rural et le Comité du service unitaire du Canada — devaient plus d’un pour cent de leurs recettes à des fondations. Les dons de particuliers toutefois représentaient une part appréciable des recettes des OSC; ainsi, 52 p. 100 des recettes totales du CUSO (environ 25,2 millions de dollars) venaient de dons de particuliers. Aucun de nos répondants n’avait consigné de dons du secteur privé, mais il se pourrait que ces montants se trouvent sous d’autres rubriques. Notre enquête confirme certaines des tendances dégagées au fil des ans par le CCCI en ce qui a trait au financement. L’étude du CCCI a montré que, sur trois ans, les recettes globales des petites organisations (dont le revenu est inférieur à 2 millions de dollars) ont diminué de 25 p. 100; cette baisse radicale est attribuable à la réduction de 54 p. 100 du financement public entre 1993-1994 et 1996-1997. En revanche, les organisations dont les recettes totales s’élèvent à plus de 25 millions de dollars ont vu leur revenu global augmenter de 15 p. 100, principalement en raison de l’accroissement des contributions d’organismes multilatéraux à l’extérieur du Canada2. D’après les données que le CCCI a recueillies auprès de 50 de ses membres, leurs recettes globales ont augmenté d’environ 4 p. 100 entre 1993-1994 et 1996-1997; toutefois, le financement reçu de l’ACDI a baissé de 12 p. 100, tandis que le revenu provenant de dons de particuliers a crû de 6 p. 1003. La vue d’ensemble témoigne d’une augmentation graduelle du financement; elle masque cependant des chutes importantes dans le financement du gouvernement (réductions qui ont poussé bien des petites OSC à travailler à contrat sous peine de disparaître), mais que sont venus contrebalancer en partie les dons accrus des particuliers aux grandes ONG. LE PERSONNEL La situation financière se reflète, en partie, dans la composition du personnel des OSC et dans le concours de bénévoles. Selon notre échantillon, moins de la moitié des organisations ont plus de 20 employés à plein temps au Canada, et 14 p. 100 seulement comptent plus de 100 salariés à plein temps. Chez les OSC qui ont une activité internationale, la moitié employait également du personnel à plein temps à l’étranger. L’action de ces effectifs est étayée par le travail des bénévoles. La moitié des organisations que nous avons interrogées comptaient des travailleurs bénévoles. Chez celles qui œuvraient à l’étranger, le tiers y avaient des aides bénévoles, dont des coopérants. V E N T I L AT I O N G É O G R A P H I Q U E E T S E C T O R I E L L E Les OSC canadiennes ont investi le plus gros de leurs efforts dans les parties les plus démunies du monde. Nos données, quoique fragmentaires, brossent un tableau familier : 29 p. 100 en Afrique, 26 p. 100 en Amérique latine et dans les Caraïbes, 17 p. 100 en Asie, 18 p. 100 au Canada et 7 p. 100 ailleurs. Quand on omet la concentration au Canada — étant donné l’accent mis dans ces pages sur le rôle que jouent les OSC sur la scène canadienne, comme championnes des politiques — cette ventilation correspond grosso modo aux propres priorités de l’ACDI. En 1996-1997, l’ACDI a consacré 37 p. 100 de ses dépenses à l’Afrique et au Moyen-Orient (outre, en Afrique, 90 p. 100 aux pays subsahariens), 33 p. 100 aux Amériques, 23 p. 100 à l’Asie et 8 p. 100 au Canada4. LES OSC ET LEUR FINANCEMENT 127 U N É C H A N T I L L O N D E S O R G A N I S AT I O N S D E L A S O C I É T É C I V I L E C A N A D I E N N E S Organisation Nombre de bénévoles Nombre de membres À l’étranger Nombre d’employés Canada Année de fondation Canada Siège social À l’étranger TA B L E AU A 1 Amnistie internationale, section canadienne * Vanier 1973 26 2 Association canadienne des banques alimentaires * Toronto 1987 3 3 Association canadienne du droit de l’environnement* Toronto 1970 4 4 CARE du Canada1 Ottawa 1977 53.8 48 20 5 Centre canadien d’étude et de coopération internationale (CECI)2 Montréal 1958 55 47 125 6 Centre international MATCH Ottawa 1975 9 7 Coalition œcuménique pour la justice économique (ECEJ)* Toronto 1973 4 8 Comité canadien d’action sur le statut de la femme (CCASF) Toronto 1973 4 30 9 Comité central mennonite (CCM)3 Winnipeg 1920 113 117 10 Comité coordonnateur canadien pour la consolidation de la paix (CCCCP)4 Ottawa 1994 1 11 Comité du service unitaire du Canada (CSUC)5 Ottawa 1945 18 12 Common Frontiers6 Toronto 1988 1 13 Congrès du travail du Canada (CTC) Ottawa 1956 10 14 Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) Ottawa 1968 23 15 Conseil de la politique alimentaire de Toronto Toronto 1990 3 16 Conseil des Canadiens * Ottawa 1985 12 17 Conseil national des femmes du Canada * Ottawa 1893 1 18 CUSO Ottawa 1961 58 53 19 Église unie du Canada Toronto 1925 176 24 20 Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC) Ottawa 1939 60 21 Fondation Aga Khan Canada Ottawa 1980 20 22 Fondation internationale pour l’essor rural9 Winnipeg 1986 3 23 Fonds chrétien de l’enfance (FCE)7 Scarborough 1960 60 24 Fonds de justice sociale des travailleurs canadiens de l’automobile North York 1991 3 25 Greenpeace Canada * Toronto 1971 50 26 Groupe de recherche d’intérêt public de l’Ontario (GRIPO)* Toronto 1976 18 27 Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF) Ottawa 1976 4 25 28 Institut canadien pour la résolution des conflits (ICRC) Ottawa 1988 4 45 29 L’Institut Nord-Sud Ottawa 1976 20 6 30 Inter Pares Ottawa 1975 12 31 Mothers are Women (MAW) Ottawa 1984 32 Organisation canadienne pour l’éducation au service du développement (OCED) Ottawa 1959 33 Organisation nationale anti-pauvreté (ONAP) Ottawa 1971 6 34 OXFAM-Canada Ottawa 1966 35 OXFAM-Québec8 Montréal 1973 36 Partners in Rural Development Ottawa 1961 13 8 37 Plan de parrainage du Canada Toronto 1937 50 4 390 38 Réseau canadien d’action * Ottawa 1987 39 Réseau canadien de l’environnement (RCE)* Ottawa 1977 9 >200 2 000 40 Réseau mondial pour la sécurité alimentaire (Association canadienne pour les Nations Unies)* Ottawa 1946 10 200 12 000 41 Réseau national d’action éducation femmes (RNAEF) * Ottawa 1983 42 Société canadienne pour nourrir les enfants Toronto 1985 15 43 Syndicat national des employées et employés généraux et du secteur public (SNEGSP)* Nepean 1976 14 44 Vision Mondiale Canada (VMC)10 Mississauga 1950 279 45 Voluntary Service Overseas Canada Ottawa 1992 9 60 000 5 129 179 700 357 54 >30 1 >100 20 90 000 100 194 >100 620 300 000 120 700 16 10 375 000 55 000 700 25 35 16 90 15 200 41 9 600 33 27 650 50 16 2 200 350 139 7 50 308 970 26 35 140 300 000 110 46 YWCA Toronto 1870 21 REMARQUE : Les données présentées au tableau A proviennent d’enquêtes que l’INS a menées par téléphone et par courrier électronique auprès des organisations dont il est largement question dans les pages du rapport. Quand l’information n’était pas disponible, nous avons écarté l’organisation de la liste. Les astérisques indiquent que les données sont tirées du Répertoire des associations du Canada 1998-1999,Toronto, IHS/Micromedia, 1998. 1 CARE : L’organisation obtient 51 p. 100 de ses recettes de sources internationales (multilatérales et autres); 18 p. 100, de contributions en nature; et moins d’un pour cent provient de sources diverses et de revenus en intérêts. 2 CECI : Le Centre doit 23 p. 100 de ses recettes à des institutions de l’ONU et à des banques multilatérales de développement, 13,5 p. 100 à d’autres organismes de développement, et 11 p. 100 aux services professionnels gratuits de bénévoles canadiens à l’étranger (N.B. : ajouter la valeur du bénévolat n’est pas pratique courante chez les ONG). 3 CCM : Les ressources matérielles données composent 21,4 p. 100 des recettes, et les subventions 3,2 p. 100. Plus de 35 p. 100 du budget se dépensent au Canada et aux États-Unis. 4 CCCCP : Comme réseau canadien, le Comité dépense son budget au Canada, mais ses membres sont engagés dans des activités à l’étranger. 5 CSUC : 0,5 p. 100 des recettes proviennent de Solidarité Canada Sahel. 128 Autre Canada Europe (dont Moyen-Orient) Amérique latine et Caraïbes Afrique Asie Autre Répartition régionale (% du budget) Droits de la personne Consolidation de la paix Problématique hommes-femmes Environnement Sécurité alimentaire Commerce et autres formes d’échanges Autre Grandes causes Gagnées Dons de particuliers et de membres Entreprises Fondation Source des recettes (%) Gouvernement Montant ($ CAN) Année Recettes annuelles • 100 100 1997/98 73 130 192 24 1997/98 39 162 000 50 1997/98 780 000 30 1996/97 36 843 504 5 <1 6 70,0 2,5 • 47,5 • • • • e 12 62 18 8 0 • • • • b 12,5 34,5 48 0 5 100 1998/99 1995 130 000 80 4 649 859 66 1997/98 65 000 1997/98 2 578 972 1997/98 70 44,4 26 • 24,6 • • • • 20 5 84,4 • • 100 f 21 18,8 11,4 13,6 • 21 7,5 99 0,5 10,3 4,9 100 ,05 j • 210 000 100 35,2 10 • • • • • • • • • 90 c 100 100 100 100 1997/98 25 187 000 47 52 1997/98 45 000 000 10 90 1994 20 952 700 60 40 1996/97 440 000 65 1994/95 38 021 453 8,5 >30 61,0 1994/95 1 371 000 30,6 60 9,4 1997/98 311 600 82 1997 2 224 362 91 1994/95 3 133 308 39,2 60,8 75 22 12 1,0 • • • <1 • • • • d • 22,0 i • • 28 23 38 11 30 30 30 10 15 8 15 2 60 a 100 8 5,7 1997/98 531 000 40 60 1996/97 10 743 203 41 44 1995 16 370 483 60 1997/98 4 323 620 1994/95 10 3,3 73 25 >85 • • 2 100 • • 13,0 • • • • • • • • 100 • • 2 5,8 10 • • 100 • g • h 100 60,5 27 35 43 12,5 34,2 1 1,0 f 18 0 • • 100 • 100 • 1994/95 16 100 100 1997/98 113 966 000 1997/98 1 750 000 5 95 8,5 69,2 4 5,0 100 100 90 10 22,5 • • • • • • • • k 16,9 42,2 16,6 2,2 1 6 Common Frontiers : Même si 90 p. 100 du budget se dépensent au Canada, toute l’activité est axée sur « le commerce dans les Amériques ». 7 FCE : 61 p. 100 des recettes proviennent d’autres sources. 8 OXFAM-Québec : Les dons des particuliers constituent 5,8 p. 100 des recettes et des sources internationales, 34,2 p. 100. 9 RAFI : 8 p. 100 des recettes proviennent d’institutions de l’ONU et d’organismes multilatéraux, et 14 p. 100 du Centre de recherches pour le développement international (CRDI); 60 p. 100 du budget sont dépensés à l’échelle internationale. 10 VMC : Les 279 membres du personnel comprennent 95 employés à temps partiel. Parmi les 26 employés à l’étranger, il y a 12 stagiaires. GRANDS DOSSIERS : a Soutien aux syndicats b Développement économique et social, communications pour le développement, aide humanitaire c Réforme de l’APD d Survie culturelle e Secours d’urgence; expansion de la petite entreprise f Développement communautaire g Pauvreté h Droits démocratiques et sécurité de la santé i Biodiversité agricole, biotechnologie, savoir indigène j Renforcement des capacités k Secours, nutrition, développement-transformation, expansion de la microentreprise. LES OSC ET LEUR FINANCEMENT 129 Au sein des régions les plus pauvres, les OSC canadiennes se concentrent en outre sur des aspects précis de la pauvreté. De tous les fonds que l’ACDI a alloués aux ONG en 1996-1997, 34 p. 100 ont été affectés à des projets axés sur les besoins humains essentiels5 — un contraste marqué avec le bilan de 19 p. 100 affiché par l’ACDI (quand on exclut l’aide alimentaire d’urgence et l’assistance humanitaire)6. Nous avons aussi demandé aux organisations de notre échantillon de préciser les causes pour lesquelles elles travaillaient. Bien qu’il s’agisse d’une information particulièrement difficile à analyser (étant donné la variété des catégories et les chevauchements), nous avons quand même pu dégager des tendances intéressantes. Ainsi, nous avons constaté que 34 p. 100 des OSC qui nous ont fourni ces renseignements avaient plus de trois centres d’intérêt. De ce nombre, 88 p. 100 ont dit s’intéresser à la problématique hommesfemmes; 25 p. 100 au commerce et aux autres formes d’échanges; et 63 p. 100 ont fait mention d’une ou plusieurs causes parmi la sécurité alimentaire, les dossiers écologiques, la consolidation de la paix et les droits de la personne. La multiplicité des tâches ainsi que l’importance accordée à la problématique hommes-femmes et au commerce viennent étayer l’argument avancé dans le présent rapport : les Canadiens font bien plus qu’administrer des projets de développement traditionnels. Un profil du soutien canadien À côté du portrait statistique des OSC au Canada, on peut tracer un profil du soutien que leur apportent les autres Canadiens. Cela fait des décennies que les Canadiens appuient les projets de développement international, à titre privé ou par l’entremise de sociétés, de fondations et d’organismes gouvernementaux. Toutefois, les tableaux illustrent la modicité de ce soutien international face aux activités menées au pays par les OSC et l’importance de la contribution des particuliers par comparaison à celle des entreprises et des organismes publics. Quoique les chiffres en la matière soient épars et souvent contradictoires, le message est limpide : si les bailleurs de fonds tiennent souvent le discours du développement, ils ne le mettent pas tous en pratique. L E S D O N S D E PA R T I C U L I E R S Les statistiques du tableau B sur le concours financier que les particuliers apportent à tous les organismes de charité — œuvrant au Canada comme à l’étranger — signalent un net accroissement de la générosité. D’après les données récemment publiées par Revenu Canada7, les Canadiens ont accru leurs apports de fonds de 27 p. 100 (en dollars de 1996) de 1986 à 1996. La plus large part revient aux lieux du culte : un Canadien sur trois a fait des dons de charité à des organisations religieuses, qui absorbaient 51 p. 100 de la valeur de tous les dons (voir le graphique B). Qui plus est, la majorité des Canadiens donnent. En 1997, 21 millions de Canadiens environ (représentant 88 p. 100 de la population des 15 ans et plus) ont effectué des dons à des organisations de charité et sans but lucratif. Certes, les donateurs à revenu supérieur font généralement de plus grands dons en valeur, mais les donateurs 130 moins riches donnent régulièrement une plus large part de leur revenu. Tant par son ampleur que par sa profondeur, le soutien canadien pour les œuvres bénévoles et de charité est imposant. Lorsqu’on ventile les chiffres pour se concentrer sur les groupes internationaux (définis dans l’enquête la plus récente comme les « organismes qui favorisent la bonne entente entre les gens de nationalités et de cultures diverses, fournissent des secours d’urgence et travaillent au développement et au mieux-être à l’étranger »8), on constate la même générosité. Les Canadiens qui font des dons aux organisations internationales donnent en moyenne la somme de 90 $, et ils sont environ 1,5 million à donner9. C’est, toutefois, un constat en miniature. En 1997, les dons de charité effectués aux organisations œuvrant à l’étranger représentaient environ 3 p. 100 du total des dons, soit quelque 133,2 millions de dollars. L E S S U B V E N T I O N S D E S F O N D AT I O N S Les fondations canadiennes fournissent aussi une part modeste du financement destiné aux œuvres de charité. Le tableau C dresse la liste des 21 principales fondations du Canada qui subventionnaient toutes sortes de causes internationales (une délimitation utile, car peu d’autres donnaient des montants importants)10. Ces 21 fondations avaient donné plus de 60 millions de dollars en 1995, mais seulement 3,3 p. 100 de ce montant (ou 2 millions) étaient allés aux causes internationales — contre 1 p. 100 en 1988. Cependant, sur les 21 principales fondations qui avaient financé des causes internationales en 1988, les deux tiers avaient réduit de beaucoup leurs dons à ce secteur en 1995. TA B L E AU B Dons des particuliers aux OSC Dons de charité des particuliers, 1984 à 1996 Année Nombre de donateurs Donateurs en % des déclarants fiscaux Total des dons Don moyen (000 $) ($) 1984 3 984 548 25,7 1 826 887 458 1985 4 357 811 27,5 1 995 877 458 1986 4 671 150 28,2 2 172 085 465 1987 4 972 490 29,1 2 441 493 491 1988 4 989 380 28,4 2 639 382 529 1989 5 253 250 29,0 2 884 034 549 1990 5 538 220 29,5 3 068 174 554 1991 5 598 340 29,4 3 191 054 570 1992 5 596 760 28,8 3 285 298 587 1993 5 512 260 27,8 3 367 991 611 1994 5 397 680 26,8 3 378 948 626 1995 5 416 010 27,3 3 520 407 650 1996a 5 471 940 26,8 4 036 727 738 Remarque : Tous les chiffres sont en dollars courants. Les sommes indiquées pour le total des dons sont une conversion des montants en dollars de 1984.a Données provenant de Revenu Canada, 1996; tableau provisoire 5, non publié. Source : Centre canadien pour la philanthropie, Research Bulletin, vol. 4, no 1 (hiver 1997). GRAPHIQUE B Ventilation des dons par type d’organismes 51 40 30 20 17 11 Religion Santé Services sociaux 6 Philanthropie et bénévolat 4 Éducation et recherche 2 3 Action internationale 2 Culture et arts 0 3 Environnement 10 Autre Répartition du total des dons (%) 50 des 3,3 p. 100 que leur affectaient les fondations de notre échantillon (ou 1 p. 100 de toutes les fondations, selon les estimations), les programmes internationaux absorbaient 11,5 p. 100 de tout le soutien financier accordé en 1994 par les fondations américaines, qui avait lui-même doublé depuis les années 1980. Entre 1990 et 1994, les subventions internationales des fondations américaines avaient augmenté de 18 p. 100 en valeur réelle, leur croissance correspondant aux taux de croissance généraux de tout le financement (pas comme au Canada !). En 1996, les subventions des fondations américaines atteignaient un total de l’ordre de 13,8 milliards de dollars US, et on a prédit 15,5 milliards pour 1997 (ou une augmentation de 12 p. 100). Type d’organismes Source : Statistique Canada et autres, Canadiens dévoués, Canadiens engagés: points saillants de l’Enquête nationale de 1997 sur le don, le bénévolat et la participation, tableau 1.3, p. 19, Ottawa, 1998. La Fondation de charité Three Guineas et la Fondation McLean ont été les seules à accroître leurs subventions internationales11. En 1995, la Fondation Wild Rose (financée par le gouvernement) avait donné le plus gros montant à des organisations canadiennes qui œuvraient à l’étranger, le total de ses subventions dépassant alors le million de dollars. Les causes internationales qui inspirent les fondations sont très variées, incluant la sécurité alimentaire, les droits de la personne, divers aspects du développement humain et social, le commerce, la prévention des conflits, la santé, l’éducation et les secours d’urgence (voir le graphique C). À noter qu’aucune des 21 principales fondations du Canada n’avait subventionné, en 1995, des organisations travaillant à l’étranger sur des dossiers écologiques12. Parmi les subventions internationales versées en 1995, la majorité étaient allées à des organisations qui travaillaient sur divers aspects (non précisés) du développement humain et social — telles que Vision Mondiale Canada et CARE Canada — où il n’existait aucune décomposition thématique des activités. Le deuxième plus gros montant avait financé des organisations qui œuvraient expressément dans le secteur international de la santé, tandis que le troisième était axé sur l’éducation. Environ la moitié de ces fondations avaient accordé la totalité de leurs subventions internationales à une seule organisation ou une seule cause, 19 p. 100 à deux organisations ou deux causes, et 29 p. 100 à diverses organisations et causes du développement international. L E F I N A N C E M E N T P U B L I C E T PA R A P U B L I C Chez les ministères du gouvernement et les organismes parapublics de notre échantillon — qui se montrent de grands bailleurs de fonds pour les organisations étudiées dans les pages de ce rapport — seuls l’ACDI, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, le Centre international des droits de la personne et du développement démocratique (CIDPDD) et le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) subventionnaient des ONG canadiennes qui avaient une activité internationale; les autres consacraient leur argent à des Canadiens qui œuvraient au pays. En 1997-1998, le montant global alloué par ces organismes à toutes les OSC avait chuté de plus de 20 à 50 p. 100 par rapport à dix années plus tôt (voir le tableau D). Chez les organismes interrogés, Condition féminine Canada subventionnait le plus grand nombre d’organisations canadiennes : 345 en 1997-1998, mais au lieu de 702 dix ans auparavant; et la baisse de moitié du nombre s’est accompagnée d’une chute dans le financement, qui est tombé de plus de 16,4 à 8,2 millions de dollars. On retrouve à peu près la même situation chez les autres organismes consultés. Les trois quarts avaient réduit le financement qu’ils accordaient à des organisations canadiennes entre 1987-1988 et 1997-1998. GRAPHIQUE C Dons des fondations par cause Sécurité alimentaire 2 % Droits de la personne 5 % Prévention des conflits 11 % Développement humain 37 % Éducation 22 % Santé 23 % Les fondations canadiennes qui accordent un financement international sont plutôt rares par rapport aux américaines13. Au lieu LES OSC ET LEUR FINANCEMENT 131 S O U T I E N D E S F O N D A T I O N S P O U R L E T R AVA I L I N T E R N A T I O N A L D E S O S C 1995 1988 Domaines d’action 37,4 3 Fondation de charité Three Guineas 77 000 104 300 73,8 4 Fondation Fleming 67 000 435 600 15,4 6 346 62 000 69 000 89,9 60 000 1 069 700 5,6 12 692 172 612 55 000 877 580 6,3 55 000 2 215 000 2,5 9 Fondation de charité The Body Shop 55 000 363 992 15,1 10 La Fondation Marcelle et Jean Coutu 50 000 2 030 424 2,5 11 Fondation W.M. Young 50 000 77 900 64,2 12 La Fondation Morrison 32 000 241 000 13,3 49 055 14,3 22 1,3 3 28,4 8 45 814 793 21,2 8 27 8 27 84 36 40 10 60 100 60 40 100 38 30 000 3 066 000 1,0 30 000 3 194 790 0,9 3 634 876 15 Fondation J.A. Bombardier 25 000 1 263 255 2,0 680 039 152 305 2 222 391 62 6,9 100 100 100 16 Fondation Felsen 25 000 537 000 4,7 17 Fondation Sifton Inc. 25 000 535 752 4,7 18 Fondation Panicaro 20 000 41 280 48,4 19 Fondation Vancouver 20 000 25 336 828 0,1 253 842 19 646 948 1,3 100 20 La Fondation de la famille J.W. McConnell 20 000 10 966 010 0,2 31 730 34 144 610 0,1 100 21 La Fondation de la famille Nickle 17 500 540 000 3,2 803 716 1 972 342 60 361 993 100 706 666 100 100 58 629 527 67 257 072 Source : Centre canadien pour la philanthropie, The Canadian Directory to Foundations and Grants (9e et 12e éditions), Toronto, 1987 et 1996. 42 Autre Prévention des conflits 10 78 32,8 1 174 409 13 La Fondation Molson 132 4,3 33 100 997 832 14 Fondation canadienne Donner Total : Environnement Droits de la personne Sécurité alimentaire 12,9 238 085 5 La Fondation Donkervliet 8 Fondation Eaton Subventions internationales en % des subventions totales 67,3 6 Fondation McLean 7 Fondation de charité G.C. Metcalf 2 Secours humanitaires 310 300 52 Éducation 116,000 2 Fondation Edward Assh 2 143 652 Santé 15,3 Commerce 7 086 282 Subventions à des organisations can. qui œuvrent sur la scène internationale ($ CAN de 1995) Subventions internationales en % des subventions totales 1 080 842 Développement humain 1 Fondation Wild Rose Subventions totales ($ CAN) Subventions à des organisations can. qui œuvrent sur la scène internationale ($ CAN) 21 principales fondations can. donnant à des organisations can. qui œuvrent sur la scène internationale (% des subventions internationales de 1995) Subventions totales ($ CAN 1995) TA B L E AU C TA B L E AU D SOUTIEN DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL AUX OSC DU CANADA Principales sources de subventions Nombre des OSC canadiennes financées Volume du financement (10 années plus tôt) en $ CAN de 1997 Variation en % Total Pour le travail international (10 années plus tôt) Pour le travail au Canada Total Pour le travail international Pour le travail au Canada Total Pour le travail international Pour le travail au Canada Année (année la plus récente) Nombre des OSC financées Nombre (année la plus récente) Année Volume du financement Agence canadienne de développement international1 Direction générale du partenariat 1997/98 Directions générales bilatérales : Amériques 1997/98 Asie 1997/98 Afrique 1997/98 Fonds de consolidation de la paix 1997/98 228 228 Total ACDI 118 200 000 118 200 000 1987/88 369 22 427 127 1987/88 43 526 896 1987/88 31 709 073 1987/88 18 16 25 193 113 226 193 113 226 (38,8) 15 210 705 21 506 889 39 927 910 15 210 705 21 506 889 39 927 910 47,4 102,4 (20,6) 19 28 40 19 28 40 22 427 127 43 526 896 31 709 073 6 6 1 420 000 1 420 000 321 321 217 283 096 217 283 096 428 250 000 250 000 S.O. S.O.a 129 385 115 129 385 115 ~ 28 24 344 158 24 344 158 ~ 8 1 000 000 1 000 000 1988/89 14 2 284 583 2 284 583 (56,2) 345 8 415 000 8 415 000 1987/88 702 16 413 964 16 413 964 (48,7) 7 127 000 201 976 201 976 (37,1) 51 347 950 4 765 574 (13,6) 269 758 730 269 758 730 (19,5) Affaires étrangères et Commerce international2 Centre canadien pour le développement de la politique étrangère 1996/97 4 4 Patrimoine canadien 3 1997/98 Environnement Canada4 1997/98 Industrie Canada 5 1998/99 Condition féminine Canada 6 1997/98 345 CIDPDD7 1997/98 7 CRDI 8 1997/98 20 31 3 771 374 127 000 1992/93 9 4 119 324 1987/88 11 Remarque : a S.O. Les ministères fédéraux ne font habituellement aucune distinction entre les ONG et les OSC. Les subventions et les contributions versées aux universités et aux particuliers n’entrent dans aucun des totaux; seules les subventions aux ONG sont comptées. Les données qui concernent les Directions générales bilatérales et le Fonds de consolidation de la paix sont tirées de la Mémoire centrale de l’ACDI; celles pour la Direction générale du partenariat sont fournies directement par la DG. Dans le cas de cette dernière, le nombre des ONG indique le nombre des projets où elles sont les principales exécutantes; le volume du financement comprend tous les décaissements pour l’ensemble du projet. Seules les ONG sont incluses. 2 MAECI, Centre canadien pour le développement de la politique étrangère, Rapport annuel 1996-1997; financement des ONG par le Fonds pour la société civile, excluant les subventions aux universités ou aux particuliers. 3 Patrimoine canadien : Chiffres tirés de Patrimoine canadien, Rapport sur le rendement pour la période se terminant le 31 mars 1998, plus précisément du tableau 9B sur les subventions et les contributions aux organisations sans but lucratif indiquées. 4 Environnement Canada : Les statistiques proviennent de Politiques et Communications, Budget des dépenses 1997-1998, Partie III, et représentent les dépenses prévues à même le budget du ministère. 5 Le ministère de l’Industrie a fourni tous les chiffres de cette ligne. 6 Condition féminine Canada : Les données proviennent du relevé des subventions et contributions du Programme de promotion de la femme. 7 Centre international des droits de la personne et du développement démocratique (CIDPDD) : Les données les plus anciennes qui soient disponibles datent de 1992-1993. 8 Centre de recherches pour le développement international (CRDI) : Les totaux proviennent des subventions aux partenariats du Canada versées en 1997-1998 et des projets CRDI-ONG menés en 1987-1988 et 1997-1998. Certains chiffres comprennent des contributions à des ONG canadiennes travaillant en partenariat avec des ONG internationales. 1 LES OSC ET LEUR FINANCEMENT 133 Pour les organisations qui œuvraient à l’étranger, l’ACDI fournissait de loin la plus grande part des ressources (tant par le nombre que par le montant des subventions), principalement par l’entremise de sa Direction générale du partenariat (DGP). En 1997-1998, la DGP et les directions générales bilatérales de l’ACDI ont subventionné quelque 321 ONG canadiennes, qui ont reçu plus de 217 millions de dollars en tout (quand on compte le Fonds de consolidation de la paix [FCP]). Dix années plus tôt, le total était de 270 millions (sans le FCP, qui n’existait pas encore). Ces chiffres représentent un fléchissement d’environ 20 p. 100 dans le financement. LE CONCOURS FINANCIER DES SOCIÉTÉS Avec la diminution des subventions publiques, se tourner vers le secteur des sociétés a offert de l’espoir à certaines OSC. Car, dans l’ensemble, la philanthropie grandit chez la grosse entreprise; le Conference Board du Canada a signalé qu’en 1996, la moyenne des apports financiers avait augmenté de près de 20 p. 100 par rapport à l’année précédente14. Toutefois, cette croissance se fait à partir d’un niveau peu élevé. D’après le Centre canadien pour la philanthropie, les entreprises canadiennes entrent pour moins de 9 p. 100 dans les recettes des organisations bénévoles et de charité qui œuvrent au Canada et, à plus forte raison, de celles qui travaillent sur la scène internationale15. Qui plus est, leur concours financier ne représente qu’une part microscopique de leurs bénéfices : si les 438 participantes de la campagne Imagine (destinée à encourager la philanthropie chez les sociétés) ont apporté un financement d’environ 234 millions de dollars à l’ensemble des OSC, il équivalait en moyenne à 1,37 p. 100 seulement de leur profit net. La moyenne est sans doute bien moindre chez les non-participantes d’Imagine. La quête des données sur le financement international est encore plus compliquée. Selon une enquête réalisée par le Conference Board en 1998, les financements apportés aux organisations qui font un travail international sont souvent des sommes que les bureaux internationaux de grandes sociétés versent à des entreprises, des œuvres de charité et des ONG locales, de sorte que les chiffres sont difficiles à trouver16. Aux États-Unis, une moyenne (croissante) de 14 p. 100 de tous les financements sert à des dons internationaux; au Canada, il n’y a pas moyen de le savoir à l’heure actuelle. En outre, il n’y a pas grande corrélation, semble-t-il, entre le volume des dons internationaux et celui des profits réalisés à l’étranger17. De toute évidence, la majorité des sociétés canadiennes concentrent le gros de leurs financements communautaires sur des groupes qui œuvrent au Canada et dans les collectivités où elles ont leurs activités; et leur argent revient principalement aux plus grandes organisations. La moitié de tous les fonds donnés par les sociétés va aux œuvres bénévoles et de charité les plus importantes dont les recettes dépassent 1,5 million de dollars par an; 15 p. 100 seulement des dons parviennent aux organisations ayant un revenu de moins de 500 000 $ (qui forment les deux tiers des œuvres bénévoles et de charité)18. 134 RENVOIS 1 Brian Tomlinson, Canadian International Cooperation NGOs : Trends in the 1990s, ronéotypé, Ottawa, Conseil canadien pour la coopération internationale, 1998. 2 Ibid., p. 3 et 9. 3 D’après l’enquête du CCCI, 52 p. 100 des fonds provenaient de sources privées en 1996-1997. Cet écart par rapport à notre échantillon — qui indique 15 p. 100 — tient peut-être en partie à une définition différente des « sources de financement privées ». Dans le financement « privé », le CCCI inclut le concours des particuliers, des fondations et des sociétés. 4 D’après Tomlinson, op. cit., tableau 1, p. 4. 5 Ibid., p. 8. 6 ACDI, Ventilation des dépenses de l’ACDI au titre de l’APD — Rapport sur le codage par volet prioritaire de 1996-1997, Ottawa, ACDI, 17 octobre 1997. Pour une discussion de la façon dont l’ACDI aborde le financement des besoins humains essentiels, voir Alison Van Rooy, Une promesse partielle ? Le soutien canadien au développement social dans le Sud, Ottawa, L’Institut Nord-Sud, 1995. 7 Revenu Canada, Statistiques sur l’impôt des particuliers, tableau de base 5, 1986 et 1996 (articles 46 et 51, respectivement). 8 Statistique Canada et autres, Canadiens dévoués, Canadiens engagés : points saillants de l’Enquête nationale de 1997 sur le don, le bénévolat et la participation, Ottawa, 1998, p. 54. 9 Soulignons que les organisations internationales et les dépenses internationales ne se consacrent pas toutes au développement ou aux pays du Sud. Il n’y a pas moyen de décomposer ces montants dans les statistiques existantes. 10 Centre canadien pour la philanthropie, The Canadian Directory to Foundations and Grants, 12e édition, Toronto, 1996-1997. 11 Mais d’autres fondations qui n’ont pas donné en 1995 ont pu l’avoir fait en 1988. 12 D’après The Canadian Directory to Foundations and Grants de 1996-1997, liste des « subventions » et des « intérêts » de chaque fondation répertoriée et de chacune des 21 fondations de notre échantillon. 13 Les données sur les fondations aux États-Unis reposent sur une enquête que le US Foundation Center a menée sur quelque 39 000 fondations accordant des subventions (fdn.center.org/trends/hightlight.html). Dans cette enquête, l’octroi de subventions internationales comprend à la fois l’argent donné aux États-Unis pour des activités internationales et celui donné ailleurs dans le monde. Fait intéressant à noter, les organisations canadiennes ont reçu 11,3 millions de dollars US de fondations américaines en 1994, contre 8,7 millions en 1984. 14 J. Rostami, « Investissements communautaires des entreprises au Canada 1997 », résultats d’une enquête, 26e édition, Ottawa, Conference Board du Canada, 1997, p. 1. 15 M. Hall et L. MacPherson, « What Types of Charities are getting Corporate Donations », Research Bulletin, vol. 3, no 4, Toronto, Centre canadien pour la philanthropie, automne 1996. 16 Toutefois, d’après l’enquête sur les investissements communautaires des entreprises réalisée en 1997 par le Centre canadien des relations entre l’entreprise et la collectivité, on voit de plus en plus s’améliorer les mécanismes pour suivre l’évolution de la participation communautaire; Centre canadien des relations entre l’entreprise et la collectivité, Taking Action on International Contributions, 1998 Survey, Ottawa, Conference Board du Canada, 1998. 17 Ibid. (d’après l’enquête de 1997 sur les tendances dans les entreprises américaines). 18 Hall et MacPherson, op. cit. ANNEXE STATISTIQUE Kerry Max avec Ken Horricks Les données que renferme cette annexe statistique du Rapport canadien sur le développement 1999 ont été assemblées et analysées par une équipe de chercheurs et de collaborateurs de l’Institut Nord-Sud, sous la direction du chercheur Kerry Max. TABLE DES MATIÈRES TABLEAU 1 LE CANADA ET LES AUTRES ÉCONOMIES À HAUT NIVEAU DE DÉVÉLOPPEMENT HUMAIN : CERTAINS INDICATEURS 138 TABLEAU 2 LES PAYS EN DÉVÉLOPPEMENT : CERTAINS INDICATEURS 140 TABLEAU 3 L‘AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT DU CANADA : DONNÉES DE BASE (1996-1997) 144 TABLEAU 4 L‘APD BILATÉRALE DU CANADA PAR FILIÈRE ET PAR PAYS (1996-1997) 148 TABLEAU 5 L‘APD MULTILATÉRALE DU CANADA PAR INSTTUTION ET PAR PAYS (1996-1997) 152 TABLEAU 6 LA BALANCE COMMERCIALE DU CANADA AVEC LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT (1997) 156 TABLEAU 7 LE COMMERCE CANADIEN : PRINCIPALES EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS AVEC LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT (1997) 160 TABLEAU 8 LES RELATIONS FINANCIÈRES DU CANADA AVEC LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT (1997) 164 TABLEAU 9 LES MOUVEMENTS DES GENS 168 TABLEAU 10 LES LIENS HUMAINS ENTRE LE CANADA ET LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT 172 TABLEAU 11 INDICES DES LIENS ENTRE LE CANADA ET LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT 176 NOTES TECHNIQUES 180 T A B L E A U 1 L E C A N A D A E T L E S AU T R E S É C O N O M I E S À H AU T N I V E AU D E D É V E L O P P E M E N T H U M A I N : C E R TA I N S I N D I C AT E U R S APD en pourcentage du PNB des membres du Comité d’aide au développement (1997) Danemark 0,86 Pays-Bas 0,81 Suède 0,76 Luxembourg 0,50 France 0,45 Finlande 0,33 Suisse 0,32 Irlande 0,31 Belgique 0,31 Canada 0,31 Australie 0,28 Allemagne 0,28 Royaume-Uni 0,26 Autriche 0,26 Portugal 0,25 Nouvelle-Zélande 0,25 Espagne 0,23 Japon Italie États-Unis 0,0 Le Canada semble avoir amélioré son classement par rapport à d’autres pays donateurs, mais les chiffres officiels du Comité d’aide au développement (CAD) présentés aux colonnes 4 à 7 sont trompeurs pour deux raisons. D’abord, le Canada a inclus par inadvertance une remise de dettes de 164 millions de dollars, accordée à la Pologne, dans son rapport de 1997 au CAD (l’assistance à la Pologne et aux autres économies en transition ne compte pas comme APD). Ensuite, les chiffres de 1997 reflètent une reconstitution de ressources de l’Association internationale de développement (AID) de la Banque mondiale et pour 1996 et pour 1997. Quand on corrige les reconstitutions de l’AID en fonction de l’année civile et qu’on utilise les montants révisés de l’APD canadienne déclarée au CAD, les données exactes deviennent : 1996 — APD de 1 954 $ US et rapport APD/PNB de 0,35 p. 100; 1997 — APD de 1 843 $ US et rapport APD/PNB de 0,31 p. 100. 0,97 Norvège 0,22 0,11 0,08 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 Le tableau 1 aide à situer nos relations avec le monde en développement en comparant le Canada aux autres pays à haut niveau de développement humain, c’est-à-dire qui avaient un indicateur du développement humain (IDH) égal ou supérieur à 0,890 en 1995. L’IDH, mis au point par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), mesure les niveaux de développement nationaux d’après un ensemble d’indicateurs comprenant la santé, l’éducation et le revenu. L’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH) ajuste l’IDH en fonction des barrières sexistes auxquelles se heurtent les femmes dans le monde. Comme l’indiquent les colonnes 1 et 2, le Canada a conservé sa première place au classement mondial avec un IDH de 0,960 et un ISDH de 0,940 (sur un maximum théorique de 1,000). On trouvait ensuite la France, la Norvège, les États-Unis et la Finlande, parmi les cinq pays affichant les plus hauts niveaux de développement humain. Cependant, les ISDH de tous les pays atteignaient en moyenne 0,034 de moins que les IDH, signe qu’il continuait d’exister des disparités entre sexes (voir au tableau 2 l’analyse des ISDH des pays en développement). Au classement d’après l’ISDH, la France et les ÉtatsUnis cèdent leur place à la Suède et à l’Islande, où moins de barrières sexistes se traduisent par des niveaux de vie relatifs plus élevés pour les femmes. L’Irlande et la Corée du Sud affichent les plus grandes différences entre IDH et ISDH. Atteignant 19 290 $ US, le PNB du Canada pour 1997 par habitant (colonne 3) nous classait 19e et nous situait sous la moyenne des pays à haut niveau de développement humain (23 527 $ US). Mais le PNB par habitant ne tient pas compte du coût de la vie, et le Canada se classe à un haut niveau par le pouvoir d’achat. Les colonnes 4 à 10 font ressortir les grands traits de chaque programme d’aide national. La colonne 4 révèle le maintien d’une tendance à la baisse : l’aide publique au développement (APD) a diminué de 7 p. 100 en tombant à 47,6 milliards de dollars US. Les plus grands pays donateurs (Japon, France, États-Unis et Allemagne) entraient pour plus de la moitié dans le total de l’aide, mais leurs décaissements combinés de 27,8 milliards de dollars US en 1997 avaient baissé de 26 p. 100 par rapport à 1996. La Scandinavie et les Pays-Bas demeurent, en valeur relative, les plus généreux des donateurs (malgré la baisse de leurs propres rapports APD/PNB en 1997). Les moins 138 généreux ont été, une fois de plus, le Japon, l’Italie et les États-Unis (donnant le pourcentage scandaleux de 0,08 p. 100 de leur PNB). Selon ces données, notre contribution en 1997 diminuait de 5,8 p. 100 en valeur réelle (la baisse réelle de 1996, après ajustement, atteignait 7,4 p. 100). L’Allemagne, les États-Unis et l’Italie étaient les seuls pays à avoir réduit plus fortement leurs décaissements. Qui plus est, ces ajustements reléguaient le Canada au 13e rang, derrière l’Irlande et la Belgique. Malgré un nouveau fléchissement de notre rapport APD/PNB, qui chutait à son plus faible niveau depuis la fin des années 1960, on prévoit une nouvelle baisse en 1998. Les colonnes 8 à 10 présentent d’autres données qui concernent la qualité du programme d’aide de chaque donateur. En règle générale, une plus large part d’aide multilatérale accroît l’efficacité des dépenses consacrées au développement, car elle n’impose pas d’achats nationaux (comme l’aide liée). En 1996, le Canada a acheminé le quart de son aide par les filières multilatérales. Ce chiffre s’accroît légèrement quand on intègre la reconstitution de l’AID de 1996. Comme l’année précédente, la majorité des pays de l’Union européenne (UE) affichent des parts multilatérales plus élevées, même si leurs contributions transitaient souvent par les programmes d’aide de l’UE, déliés en partie seulement. À l’autre extrémité, nous avons le Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la France qui acheminent les plus larges parts de leur aide par l’entremise des filières bilatérales. La colonne 9 montre que la plupart des pays — Canada compris — fournissent surtout leur aide sous forme de dons plutôt que de prêts à conditions libérales. Seuls le Japon, l’Espagne, l’Allemagne, la France, le Danemark et l’Autriche fournissaient une aide où la proportion des dons était inférieure à 95 p. 100. La part de l’aide qui atteint les pays les plus démunis est une autre statistique qui indique si le programme est axé sur la lutte contre la pauvreté. Le Canada se classe juste au milieu des donateurs du CAD, même si la part de son aide qui va aux pays à faible revenu (69,7 p. 100) continue à dépasser la moyenne de l’OCDE pour 19951996. En raison des réductions continues du budget de l’APD, la concentration de l’aide canadienne chez les pays les plus démunis s’est intensifiée. Toutefois, il importe de souligner qu’aucune donnée ne permet de déterminer le pourcentage de l’aide canadienne qui répond réellement aux priorités des gens les plus pauvres dans ces pays. En dehors de l’aide, nos liens économiques avec les pays en développement sont faibles, en partie à cause du rôle prépondérant que jouent les États-Unis à titre de principal partenaire commercial du Canada. Comme le montrent les colonnes 11 et 12, le Canada ne dirigeait que 7,4 p. 100 de ses exportations vers des pays en développement — soit une légère baisse depuis 1995 et la part la plus basse de toutes les La colonne 14 indique les dettes que, d’après les estimations d’Eurodad, les pays en développement devaient en 1995 aux gouvernements des pays industrialisés et à leurs institutions (comme les banques d’import-export ou les banques bilatétales de développement). Avec 10,4 milliards de créances publiques, le Canada se classait sixième parmi les pays créanciers. économies à haut niveau de développement humain. En outre, parmi les pays ayant la plus faible part des importations venant de pays en développement, le Canada occupait la sixième place. La baisse relative de notre commerce avec le monde en développement s’est reflétée dans la chute de nos apports financiers, illustrée par la colonne 13. Les apports nets à long terme de fonds privés aux pays en développement comprennent les investissements directs, les investissements de portefeuille et les transferts privés par l’intermédiaire des ONG1. Avec des apports nets de fonds privés qui atteignaient 1,9 milliard de dollars US, le Canada se classait neuvième parmi les pays à haut niveau de développement humain et se situait bien au-dessous de tous les membres du G-7 sauf l’Italie. 1 Les chiffres concernant les apports nets à long terme de fonds privés aux pays en développement indiqués dans ce tableau proviennent de l’OCDE et sont nettement inférieurs à ceux que la Banque mondiale a récemment publiés pour les flux financiers. Les différences tiennent en partie aux indicateurs et aux sources utilisées, mais elles reflètent aussi les énormes écarts statistiques qui existent chez les institutions internationales au sujet de l’ampleur de ces courants financiers. Tableau Excel TA B L E AU 1 LE CANADA ET LES AUTRES ÉCONOMIES À HAUT NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN Part aide multilatérale en % de l’APD nette 1997 1997 1996 1 2 3 4 5 6 7 8 13 12 15 s.o. s.o. 11 7 s.o. s.o. 1 18 21 8 6 s.o. 10 s.o. s.o. 20 19 5 2 17 3 16 14 s.o. 4 9 40,3 19,8 26,0 s.o. s.o. 42,1 24,5 s.o. ~ 40,3 29,1 26,2 47,5 22,8 ~ 36,3 ~ s.o. 66,4 13,1 31,7 28,0 16,4 29,9 28,0 40,0 s.o. 30,2 29,6 29,5 Allemagne Australie Autriche Bahamas Barbade Belgiqueb Canada Chypre Corée du Sud Danemark Espagne États-Unis Finlande France Grèce Irlande Islande Israël Italie Japon Luxembourgb Norvège Nouvelle-Zélande Pays-Bas Portugal Royaume-Uni Singapour Suède Suisse 0,888 0,918 0,891 0,876 0,889 0,893 0,940 0,847 0,826 0,917 0,877 0,927 0,929 0,925 0,876 0,859 0,932 0,873 0,868 0,902 0,836 0,935 0,920 0,905 0,852 0,907 0,848 0,932 0,887 0,925 0,932 0,933 0,893 0,909 0,933 0,960 0,913 0,894 0,928 0,935 0,943 0,942 0,946 0,924 0,930 0,942 0,913 0,922 0,940 0,900 0,943 0,939 0,941 0,892 0,932 0,896 0,936 0,930 28 260 20 540 27 980 11 830 6 590 26 420 19 290 14 930 10 550 32 500 14 510 28 740 24 080 26 050 12 010 18 280 27 580 15 810 20 120 37 850 45 330 36 090 16 480 25 820 10 450 20 710 32 940 26 220 44 320 5 913 1 076 531 0 0 764 2 146 0 ~ 1 635 1 227 6 168 379 6 348 ~ 187 ~ 0 1 231 9 358 87 1 306 145 2 946 251 3 371 0 1 672 839 -10,9 3,6 8,4 s.o. s.o. -4,8 20,8 s.o. ~ 3,3 10,9 -35,5 3,7 -3,8 ~ 8,9 ~ s.o. -45,2 9,6 19,6 5,9 22,1 2,7 27,3 -2,2 s.o. -5,9 -4,2 0,28 0,28 0,26 s.o. s.o. 0,31 0,36 s.o. ~ 0,97 0,23 0,08 0,33 0,45 ~ 0,31 ~ s.o. 0,11 0,22 0,50 0,86 0,25 0,81 0,25 0,26 s.o. 0,76 0,32 Moyenne ou Total 0,892 0,926 23 527 47 580 -7,1 0,22 Encours dette bilatérale officielle des pays en développement (millions $ US) Classement APD/PNB parmi pays du CAD 1997/1996 Apports nets de fonds privés (long terme) aux pays en développement (millions $ US) Rapport APD/PNB 1997 Part des importations totales des pays en développement Variation en % par rapport année d’avant (val. réelle) 1997 Part des exportations totales aux pays en développement Total APD nette (millions $ US) 1995 1996 1996 1996 1995a 10 11 12 13 14 77,7 100,0 94,3 s.o. s.o. 95,6 100,0 s.o. ~ 94,1 70,5 99,2 97,3 84,1 ~ 100,0 ~ s.o. 98,2 34,1 100,0 99,1 100,0 100,0 100,0 96,4 s.o. 100,0 100,0 73,5 44,5 58,2 s.o. s.o. 68,0 69,7 s.o. ~ 77,9 49,3 45,1 78,4 55,7 ~ 83,6 ~ s.o. 70,1 60,3 67,1 74,2 42,3 68,7 93,3 77,0 s.o. 72,6 74,8 25,6 51,4 25,5 19,1 35,8 14,5 7,4 61,0 50,9 17,9 20,3 43,5 29,2 21,2 34,6 11,6 8,9 23,7 28,8 52,8 ~ 8,4 35,6 13,5 10,4 22,3 57,0 20,5 23,5 25,1 30,6 15,7 25,5 15,8 12,9 13,8 21,3 31,4 15,3 21,7 45,8 19,9 20,0 20,9 16,0 11,7 11,3 25,8 53,8 ~ 13,7 20,9 22,2 16,0 20,3 47,4 15,0 10,1 76,7 62,3 29,0c Part de l’APD nette aux pays à faible revenu PNB par hab. ($ US) 1995 Part don de l’APD totale PNUD Indicateur du développement humain Pays PNUD Indicateur sexospécifique du développement Certains indicateurs des relations avec les pays en développement 1996 1995-1996 9 12 336 49 137 ~ 1 251 938 6 953 ~ ~ ~ ~ 4 528 3 319 1 859 10 368 ~ ~ ~ ~ 188 1 594 2 865 8 108 42 848 37 597 472 783 11 115 39 566 ~ ~ 125 ~ ~ ~ ~ ~ 289 13 439 27 469 123 975 ~ ~ 294 959 9 ~ 5 858 6 824 593 518 18 196 8 337 ~ ~ -17 2 591 395 2 808 29,5c 130 360 318 127 Notes : a Données estimatives. b Appelé(e) Belgique-Luxembourg dans Direction of Trade Statistics Yearbook. c Les parts totales dans les importations et les exportations des pays en développement sont celles de tous les pays industrialisés (voir les Notes techniques). Sources : OCDE, Comité d’aide au développement (CAD), Communiqué de presse, juin 1998; CAD, Rapport annuel 1997; Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1998; PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1998; FMI, Direction of Trade Statistics Yearbook 1997; Eurodad, World Credit Tables 1996. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 139 T A B L E A U 2 L E S PAY S E N D É V E L O P P E M E N T : C E R TA I N S I N D I C AT E U R S du Sud-Est, il faut traiter avec circonspection les données de la colonne 4. Même si un bon nombre des économies les plus dynamiques se trouvent en Afrique et dans les Amériques, plutôt que sur le continent asiatique, il est probable que les statistiques de 1997-1998 révèlent un ralentissement spectaculaire de la croissance dans le monde en développement. Graphique 2.1 Indicateurs clés du développement, 1996 160,0 155 140,0 120,0 100,0 97,7 80,0 82 68,3 60.0 40,0 85,2 45,6 41 33,0 20,0 37,7 0 Pays les moins développés Taux d’alphabétisation des adultes Autres pays à faible revenu Reste des pays en développement Mortalité des moins de 5 ans Dette extérieure/PNB Ce tableau situe les relations du Canada avec le monde en développement en offrant un instantané statistique des pays en développement eux-mêmes. On y trouve les données de base sur le PNB par habitant, le taux de croissance économique, le PIB total, la population, le taux d’alphabétisation des adultes et le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Comme au tableau 1, les deux premières colonnes donnent deux versions de l’indicateur du développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) : l’IDH (indicateur du développement humain) et l’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH). Là aussi, comme au tableau 1, l’ISDH de chaque pays en 1995 se révèle plus faible que l’IDH, signe qu’il existe dans tous les pays du monde des préjugés qui favorisent les hommes. Contrairement à l’année précédente, où l’Asie affichait les plus grandes disparités entre femmes et hommes, les différences les plus importantes se trouvent maintenant dans les Amériques, encore que les femmes des Amériques « s’en tirent mieux » (en valeur absolue) que celles des autres continents. Oman affiche le plus grand écart entre sexes et le Viet Nam, le plus petit de tous les pays, développés ou en développement. Comme on le voit à la colonne 3, les PNB par habitant de 1997 vont de 90 $ US au Mozambique (10 $ de plus qu’en 1995) à 22 110 $ US au Koweït, un pays pétrolier. Les Amériques enregistrent le plus haut revenu régional par habitant (3 813 $ US) et précèdent l’Europe de l’Est (2 459 $ US), l’Asie (848 $ US) et l’Afrique (653 $ US). Mais ces totaux régionaux masquent de profonds écarts. Le PNB par habitant était de 217 $ US pour l’ensemble des pays les moins développés (PLMD). Les autres pays à faible revenu [soit les pays moins développés (PMD)] avaient un PNB moyen par habitant de 660 $ US, tandis que celui du reste des pays en développement atteignait 2 969 $ US. Ces chiffres contrastent fortement avec le PNB moyen par habitant de 23 527 $ US qu’affichaient les pays ayant un IDH élevé. Pris isolément, les taux de croissance annuels moyens qu’indique la colonne 4 pour les PNB par habitant semblent très prometteurs. L’Afrique enregistre un taux de croissance de 1,9 p. 100 par an, les Amériques de 2,9 p. 100 et l’Asie de 4,4 p. 100. La moyenne atteignait 2,4 p. 100 chez les PLMD, tandis que les autres pays à faible revenu faisaient encore mieux avec 4,8 p. 100. En fait, les pays à faible revenu ont généralement battu leurs homologues plus riches du monde en développement. Toutefois, étant donné la crise qui règne en Asie 140 Les colonnes 7 et 8 indiquent les taux d’alphabétisation des adultes et les taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Le taux d’alphabétisation de l’Asie est passé de 64,8 à 69,2 p. 100 en 1995, alors que ceux de l’Afrique, des Amériques et de l’Europe de l’Est demeuraient stables ou fléchissaient légèrement. Le bilan est plus prometteur dans le cas de la mortalité infantile, car le nombre des décès chez les enfants de moins de cinq ans a diminué, depuis 1995, de 20 p. 100 en Afrique, de 11 p. 100 dans les Amériques, de 9 p. 100 en Asie et de 12 p. 100 en Europe de l’Est. Malgré cela, la moyenne des décès par millier de naissances chez les PLMD — 155, contre 6 chez les pays avec un IDH élevé — montre que bien trop d’enfants continuent à mourir. Les colonnes 9 à 11 donnent une idée de la dette extérieure des pays en développement et de leur dépendance à l’égard de l’aide extérieure. La moyenne des rapports dette/PNB de l’Afrique est passée de 81 p. 100 en 1995 à 106 p. 100 en 1996 et demeurait deux fois et demie plus élevée que celle des Amériques, atteignant 41 p. 100. Pour l’ensemble des PLMD, le rapport dette/PNB frisait 100 p. 100, un niveau manifestement insoutenable. Les PLMD dépensent plus pour le service de leurs dettes (deux à trois fois plus, dans certains cas) qu’ils ne le font pour l’éducation. La dépendance à l’égard de l’aide extérieure, qu’illustre le rapport aide/PNB à la colonne 10, peut empêcher les gouvernements de se concentrer sur les grandes priorités nationales et de fixer les objectifs nationaux en matière de développement. L’Afrique et les Amériques ont vu toutes deux diminuer le degré de leur dépendance à l’égard de l’aide entre 1995 et 1996. Néanmoins, l’Afrique restait de loin la région du monde la plus dépendante de l’aide : en 1996, l’APD constituait 8,5 p. 100 de son PNB, contre 1,4 p. 100 dans le cas des Amériques et 0,9 p. 100 dans celui de l’Asie. La moyenne des rapports aide/PNB des PLMD — 10,4 p. 100 — était le décuple de celle des pays à revenu moyen. Même si les rapports dette/PNB et aide/PNB se révélaient bien inférieurs en Asie et dans les Amériques, certains pays restaient aux prises avec un endettement excessif et une forte dépendance à l’égard de l’aide. Dans les Amériques, le Guyana, le Honduras, le Chili, l’Équateur et la Jamaïque dépensaient tous plus de deux fois plus pour le service de la dette que pour l’éducation, et les Philippines faisaient de même en Asie. De tels fardeaux de dettes amenuisent aussi les options quand les pays se trouvent devant des choix écologiques délicats. C’est ce qu’on voit à la colonne 12, mesurant le CO2 (gaz carbonique) émis par habitant en 1995. Quoique le Canada ait signé le protocole de Kyoto de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, on ne s’est pas encore entendu sur un mécanisme pour amener les pays en développement à des activités durables qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Collectivement, les pays à haut niveau de développement humain rejettent plus de cinq fois plus de CO2 par habitant que les pays en développement et presque cent fois plus que les PLMD. Bien que les émissions aient augmenté dans le monde entier, c’est aux pays à haut niveau de développement humain qu’il continue d’incomber de réduire leurs propres rejets et de faciliter l’engagement durable des pays en développement dans la voie d’une croissance économique qui crée moins d’émissions de gaz carbonique. Tableau Excel 129 45 7 2 4 2 1 9 Émissions CO2 par habitant (tonnes métriques) 1995 -0,5 -0,1 12,1 2,3 5,7 4,0 1,1 5,3 19,9 -2,9 -2,2 -0,1 4,2 ~ 3,0 ~ 2,0 3,8 2,2 0,5 4,6 5,0 101,4 -0,1 2,9 ~ ~ 1,6 0,5 3,5 -4,4 4,2 3,2 5,7 1,3 0,1 1,2 2,3 3,4 -2,0 -5,1 1,6 0,6 7,6 ~ 4,2 -0,2 4,4 4,2 2,1 9,7 5,3 0 1,9 Service de la dette assuré en % des dépenses éducation 1994-1995 3 400 1 490 340 380 3 260 240 180 650 1 090 400 660 110 690 ~ 1 180 210 110 4 230 350 370 570 240 1 050 330 670 ~ ~ 250 220 260 1 250 3 800 450 90 2 220 200 260 320 320 210 270 550 6 880 200 ~ 280 1 440 210 240 330 2 090 380 750 653 Aide/PNB 1996 (%) 0,717 0,746 0,344 0,378 0,678 0,219 0,241 0,481 0,591 0,411 0,519 0,383 0,368 0,324 0,612 0,275 0,252 0,568 0,291 0,473 0,277 0,295 0,465 0,463 0,469 ~ 0,806 0,348 0,334 0,236 0,557 0,833 0,361 0,281 0,644 0,207 0,391 0,340 0,347 ~ 0,563 0,342 0,845 0,185 ~ 0,343 0,597 0,358 0,318 0,380 0,744 0,378 0,507 0,422 Dette ext./PNB 1996 (%) 0,680 0,627 0,331 0,364 0,657 0,205 0,230 0,455 0,565 0,402 0,503 0,376 0,340 ~ 0,555 0,269 0,241 0,551 0,277 0,466 0,258 0,284 0,446 0,459 0,457 ~ 0,664 0,345 0,325 0,229 0,511 0,753 0,346 0,264 0,620 0,196 0,375 0,331 0,340 ~ ~ 0,326 ~ 0,165 ~ 0,318 0,573 0,354 0,301 0,358 0,670 0,372 0,497 0,397 Taux mortalité – de 5 ans 1996 (p. 1 000 nés vivants) 4 Taux alphabétisation des adultes 1995 (%) 3 Population 1998 (millions) 2 PIB 1997 (millions $ US) 1 PNB/hab Croissance moyenne par an (1996 et 1997) (%) PNB par habitant 1997 ($ US) AFRIQUE Afrique du Sud Algérie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert Comores Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa (Zaïre) Côte d’Ivoire Djibouti Égypte Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie Zimbabwe Total Afrique PNUD Indicateur du développement humain 1995 Pays L E S PAY S E N D É V E L O P P E M E N T : C E R TA I N S I N D I C AT E U R S PNUD Indicateur sexospécifique du développement 1995 TA B L E AU 2 5 6 7 8 9 10 11 12 44,3 30,2 12,0 5,9 1,6 11,4 6,6 14,3 0,4 0,6 2,8 49,2 14,6 0,5 65,7 3,5 62,1 1,2 1,2 18,9 7,7 1,1 0,4 29,0 2,2 2,7 6,0 16,3 10,4 11,8 28,0 1,2 2,5 18,7 1,7 10,1 121,8 21,3 3,5 6,5 0,1 9,0 0,1 4,6 10,7 28,5 0,9 32,2 6,9 4,4 9,5 8,7 11,9 777,3 81,8 61,6 42,0 37,0 69,8 19,2 35,3 63,4 71,6 57,3 74,9 77,3 40,1 46,2 51,4 25,0 35,5 63,2 38,6 64,5 35,9 54,9 78,5 78,1 71,3 ~ 76,2 45,8 56,4 31,0 43,7 82,9 37,7 40,1 76,0 13,6 57,1 61,8 60,0 ~ 75,0 33,1 88,0 31,4 ~ 46,1 76,7 67,8 48,1 51,7 66,7 78,2 85,1 54,2 66 39 292 140 50 158 176 102 73 122 207 108 150 157 78 120 177 145 107 110 210 223 173 90 139 235 61 164 217 220 74 23 183 214 77 320 191 141 164 170 80 127 19 284 211 116 97 144 149 125 35 202 73 140 19,1 76,7 307,1 73,5 12,9 51,2 100,4 112,8 37,4 89,6 279,0 212,0 201,3 ~ 46,3 6,1 169,4 87,4 ~ 100,0 85,6 352,3 116,0 76,9 53,0 ~ ~ 104,7 107,2 116,3 61,1 42,9 227,6 378,6 ~ 79,5 100,9 60,5 89,4 78,5 636,6 72,9 28,8 126,6 ~ ~ 21,2 129,7 88,0 105,4 53,6 215,9 69,3 105,5 0,3 0,7 15,8 13,5 1,7 16,5 18,1 4,9 28,7 17,4 22,9 2,8 9,9 ~ 3,3 ~ 14,3 2,6 ~ 10,5 7,8 67,5 12,8 6,8 8,7 ~ ~ 9,1 23,2 19,4 1,8 0,5 26,4 59,8 5,7 13,2 0,6 11,3 16,1 51,2 114,7 11,6 3,7 21,2 ~ ~ 2,9 15,6 26,9 12,0 0,7 18,6 5,2 8,5 094 997 396 137 936 441 137 115 425 230 2 298 6 904 10 251 485 75 482 ~ 6 330 5 435 ~ 6 762 3 998 265 285 9 899 950 ~ ~ 3 552 2 424 2 532 33 258 4 151 1 068 1 944 3 453 1 858 36 540 6 555 954 1 771 ~ 4 542 515 940 ~ ~ 1 042 6 707 1 603 1 279 19 069 4 051 8 512 480 573 33,8 ~ ~ 82,1 21,2 58,2 114,5 ~ ~ ~ 180,6 ~ ~ ~ 73,1 ~ 61,2 ~ 135,7 ~ ~ ~ 77,2 141,3 54,5 ~ ~ ~ 150,1 162,8 205,6 133,7 226,4 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 155,0 ~ ~ ~ ~ 23,8 ~ 70,5 41,5 128,1 4 587,8 121,7 92,0 A N N E X E S TAT I S T I Q U E 6,90 3,02 0,38 0,11 1,45 0,08 0,03 0,29 ~ ~ 0,45 0,04 0,71 ~ 1,40 ~ 0,06 3,03 0,18 0,21 0,14 0,20 0,31 0,23 ~ 0,12 6,59 0,07 0,07 0,04 1,05 1,29 1,25 0,05 ~ 0,11 0,74 0,05 0,07 0,08 ~ 0,34 0 0,10 0 0,12 0,49 0,08 0,01 0,17 1,61 0,28 0,82 0,96 ➤ 141 7 380 8 570 2 740 950 4 720 5 020 2 280 2 640 ~ 3 120 1 810 1 590 3 000 1 500 800 330 700 1 560 3 680 410 3 080 2 010 2 460 1 670 6 160 2 500 3 620 1 240 4 230 6 020 3 450 3 813 1,0 4,7 -1,0 ~ 1,1 6,1 ~ 0,7 ~ ~ 0,9 2,3 2,9 0,9 3,8 -0,8 4,5 1,0 6,2 10,4 2,6 11,6 -0,1 9,8 6,1 4,3 2,7 4,3 5,5 2,8 5,3 2,9 ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde Indonésie Iran Iraq Jordanie Kazakhstan Kirghizistan Koweït Laos Liban ~ 0,589 0,670 0,617 0,746 0,342 0,330 0,415 0,641 ~ 0,749 0,718 0,626 0,424 0,651 0,643 0,443 0,647 0,685 0,627 0,773 0,451 0,707 ~ 0,778 0,674 0,623 0,872 0,371 0,347 0,422 0,650 ~ 0,766 0,855 0,633 0,451 0,679 0,758 0,538 0,729 0,695 0,633 0,848 0,465 0,796 ~ 6 790 530 510 7 820 270 400 300 860 ~ 10 550 17 360 840 390 1 110 1 780 ~ 1 570 1 340 440 22 110 400 3 350 ~ ~ 5,4 2,6 ~ 3,7 2,8 ~ 7,8 ~ 3,8 ~ ~ 3,2 2,8 1,2 ~ 1,5 2,2 4,0 ~ 3,8 ~ Émissions CO2 par habitant (tonnes métriques) 1995 0,895 0,888 0,807 0,593 0,809 0,893 0,850 0,889 0,729 0,879 0,604 0,767 0,851 0,615 0,670 0,340 0,573 0,735 0,855 0,547 0,868 0,707 0,729 0,720 0,854 0,845 0,839 0,796 0,880 0,885 0,860 0,800 Service de la dette assuré en % des dépenses éducation 1994-1995 ~ 0,777 0,689 0,557 0,751 0,783 0,810 0,818 0,705 ~ 0,583 0,667 ~ 0,549 0,630 0,335 0,544 0,724 0,774 0,526 0,804 0,651 0,664 0,662 ~ ~ ~ 0,735 0,823 0,841 0,790 0,734 Aide/PNB 1996 (%) Antigua-et-Barbuda Argentine Belize Bolivie Brésil Chili Colombie Costa Rica Cuba Dominique El Salvador Équateur Grenade Guatemala Guyana Haïti Honduras Jamaïque Mexique Nicaragua Panama Paraguay Pérou République Dominicaine Saint-Kitts-et-Nevis Saint-Vincent-et-Grenadines Sainte-Lucie Suriname Trinité-et-Tobago Uruguay Venezuela Total Amériques Dette ext./PNB 1996 (%) 4 Taux mortalité – de 5 ans 1996 (p. 1 000 nés vivants) 3 Taux alphabétisation adultes 1995 (%) PNB/hab Croissance moyenne par an (1996 et 1997) (%) 2 Population 1998 (millions) PNB par habitant 1997 ($ US) 1 Pays PIB 1997 (millions $ US) PNUD Indicateur du développement humain 1995 PNUD Indicateur sexospécifique du développement 1995 Tableau 2 (suite) 5 6 7 8 9 10 11 12 ~ 322 730 640 8 108 786 466 74 292 85 202 9 350 ~ ~ 10 416 18 887 295 17 784 717 2 360 4 490 4 051 334 766 1 971 8 244 10 180 62 431 14 936 247 ~ 598 ~ 5 894 18 180 67 316 1 870 551 0,1 36,1 0,2 8,0 165,2 14,8 37,7 3,7 11,1 0,1 6,1 12,2 0,1 11,6 0,9 7,5 6,1 2,5 95,8 4,5 2,8 5,2 24,8 8,2 0 0,1 0,1 0,4 1,3 3,2 23,2 493,7 95,0 96,2 70,0 83,1 83,3 95,2 91,3 94,8 95,7 94,0 71,5 90,1 98,0 65,0 98,1 45,0 72,7 85,0 89,6 65,7 90,8 92,1 88,7 82,1 90,0 82,0 82,0 93,0 97,9 97,3 91,1 86,4 22 25 44 102 52 13 31 15 10 20 40 40 31 56 83 134 35 11 32 57 20 34 58 56 38 23 22 31 17 22 28 42 ~ 32,3 47,0 80,9 24,5 37,9 35,3 38,4 ~ 50,2 27,9 82,1 42,0 24,3 246,0 34,4 111,2 94,3 48,9 354,6 86,6 22,4 49,1 33,8 25,0 80,4 25,6 ~ 44,9 32,8 53,7 41,1 2,5 0,1 3,0 13,3 0,1 0,3 0,3 -0,1 ~ 19,4 3,1 1,5 3,7 1,4 21,7 14,4 9,2 1,4 0,1 57,1 1,1 1,0 0,7 0,8 3,0 10,0 7,0 17,9 0,3 0,3 0,1 1,4 ~ 77,5 107,9 97,0 ~ 276,2 159,2 161,2 ~ ~ 136,7 249,0 ~ 141,0 496,0 ~ 358,9 208,6 185,8 ~ 95,5 111,8 57,2 184,3 ~ ~ ~ ~ ~ 176,2 125,4 97,2 ~ 3,58 1,80 1,32 1,51 2,98 1,79 1,43 2,62 ~ 0,86 1,86 ~ 0,62 1,09 0,08 0,63 3,56 3,73 0,60 2,49 0,73 1,24 1,43 ~ ~ ~ 4,87 13,24 1,66 7,76 2,44 ~ 125 266 1 401 4 399 ~ 32 838 321 3 095 825 020 ~ ~ 45 147 3 028 359 812 214 593 ~ ~ 7 927 21 039 1 754 ~ 1 753 14 962 23,4 20,2 3,6 7,7 0,6 124,0 1,9 10,8 1 255,1 ~ 23,2 2,4 5,4 975,8 206,5 73,1 21,8 6,0 16,9 4,5 1,8 5,4 3,2 ~ 63,0 98,8 96,3 85,2 38,1 42,2 65,0 81,5 ~ 95,0 79,2 99,0 52,0 83,8 69,0 58,0 86,6 99,0 97,0 78,6 56,6 92,4 257 30 30 44 22 112 127 170 47 ~ 30 18 29 111 71 37 122 25 45 50 14 128 40 ~ ~ 34,1 12,1 ~ 50,5 32,1 67,7 16,0 ~ ~ ~ 30,3 25,6 59,7 14,9 ~ 114,3 13,9 ~ ~ 121,9 30,1 ~ 0 18,2 3,0 ~ 3,9 23,0 14,5 0,3 ~ ~ 0 7,1 0,6 0,5 0,1 ~ 7,2 0,6 13,9 0 18,2 1,8 ~ ~ ~ 9,0 ~ 120,0 ~ ~ 95,5 ~ ~ ~ 9,2 118,1 ~ ~ ~ 150,5 27,2 57,4 ~ 61,4 97,0 0,05 12,58 1,00 5,52 ~ 0,17 0,12 0,05 2,54 ~ 11,07 29,02 1,43 0,93 1,43 3,61 4,54 2,23 13,14 1,21 ~ 0,06 4,18 AMÉRIQUES ➤ 142 PIB 1997 (millions $ US) Population 1998 (millions) Taux alphabétisation adultes 1995 (%) Taux mortalité – de 5 ans 1996 (p. 1 000 nés vivants) Dette ext./PNB 1996 (%) Aide/PNB 1996 (%) Service de la dette assuré en % des dépenses éducation 1994-1995 Émissions CO2 par habitant (tonnes métriques) 1995 8 9 10 11 12 2 3 Malaisie Maldives Mongolie Myanmar Népal Oman Ouzbékistan Pakistan Papouasie-Nouvelle-Guinée Philippines Qatar Sri Lanka Syrie Tadjikistan Thaïlande Turkménistan Turquie Viet Nam Yémen Océanie Total Asie 0,785 0,668 0,658 0,478 0,327 0,580 0,653 0,399 0,494 0,661 0,714 0,700 0,638 0,571 0,812 0,652 0,753 0,559 0,336 ~ 0,550 0,834 0,683 0,669 0,481 0,351 0,771 0,659 0,453 0,507 0,677 0,840 0,716 0,749 0,575 0,838 0,660 0,782 0,560 0,356 0,658 0,574 4 680 1 150 390 ~ 210 4 950 1 010 490 940 1 220 11 570 800 1 150 330 2 800 630 3 130 320 270 1 748 848 5,2 3,3 ~ ~ 0 ~ 0,3 0 -15,9 3,6 ~ 5,8 -0,6 0,7 -1,3 ~ 6,4 ~ ~ -0,3 4,4 97 523 306 862 ~ 4 899 13 438 23 857 64 360 5 165 83 125 ~ 15 128 17 115 1 990 157 263 4 399 181 464 24 893 5 442 3 065 2 366 649 EUROPE DE L’EST Albanie Bélarus Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Ex-Yougoslavie Fédération de Russie Hongrie Lettonie Lituanie Macédoine Moldavie Pologne République Slovaque République Tchèque Roumanie Slovénie Ukraine Total Europe de l’Est 0,644 0,771 ~ 0,782 0,741 0,747 ~ 0,757 0,834 0,697 0,738 0,728 0,605 0,834 0,861 0,864 0,751 0,867 0,660 0,723 0,656 0,783 ~ 0,789 0,759 0,758 ~ 0,769 0,857 0,704 0,750 0,749 0,610 0,851 0,875 0,884 0,767 0,887 0,665 0,735 750 2 150 ~ 1 140 4 610 3 330 ~ 2 740 4 430 2 430 2 230 1 090 540 3 590 3 700 5 200 1 420 9 680 1 040 2 459 ~ 11,5 ~ -6,1 ~ 7,7 ~ ~ 4,3 ~ 2,9 ~ ~ 6,7 5,9 0,8 -6,3 ~ -2,3 0,8 Total Pays en développement dont : 0,557 0,584 1 219 PLMD Autres pays à faible revenu Reste des pays en développement 0,309 0,539 0,700 0,325 0,559 0,749 Total Pays à haut niveau de développement humain 0,892 0,926 Pays PNB/hab Croissance moyenne par an (1996 et 1997) (%) PNB par habitant 1997 ($ US) 7 PNUD Indicateur du développement humain 1995 6 PNUD Indicateur sexospécifique du développement 1995 5 1 ASIE (suite) 4 21,5 0,2 2,6 47,6 23,2 2,5 24,1 147,8 4,6 72,2 0,5 18,5 15,3 6,2 59,6 4,3 63,8 77,9 16,9 1,9 3 404,1 83,5 93,2 82,9 83,1 27,5 59,0 99,0 37,8 72,2 94,6 79,4 90,2 70,8 99,0 93,8 98,0 82,3 93,7 38,0 72,8 69,2 13 76 71 150 116 18 60 136 112 38 21 19 34 76 38 78 47 44 105 33 75 42,1 58,8 55,0 ~ 53,4 ~ 9,7 46,3 49,3 47,3 ~ 58,3 130,5 34,8 50,3 19,0 43,4 114,7 120,2 25,3 29,6 -0,5 11,5 21,3 ~ 8,9 ~ 0,4 1,4 8,0 1,0 0 3,6 1,4 5,6 0,5 0,5 0,1 4,0 4,9 5,3 0,9 140,6 ~ 88,4 ~ 71,5 100,3 11,1 ~ 194,6 318,3 ~ 104,8 ~ 0 124,3 ~ 196,5 ~ 20,6 ~ 89,3 4,97 ~ 3,22 0,15 0,07 4,56 4,10 0,58 0,54 0,85 ~ 0,32 3,00 0,61 2,94 6,56 2,60 0,41 0,85 0,59 1,92 2 276 22 462 ~ 9 484 19 081 4 617 ~ 440 562 44 845 5 024 9 265 2 061 1 803 135 659 19 565 54 890 35 204 17 905 44 007 868 710 3,4 10,3 4,0 8,4 4,5 1,4 10,4 147,2 9,9 2,4 3,7 2,2 4,5 38,7 5,4 10,2 22,6 1,9 51,2 342,4 85,0 97,9 ~ 98,0 98,0 99,0 ~ 99,0 99,0 99,0 99,0 94,0 98,9 99,0 99,0 99,0 98,0 96,0 98,0 94,4 40 18 17 19 11 16 22 25 12 20 18 30 32 14 11 7 25 6 24 22 28,4 4,8 ~ 107,8 24,3 9,3 ~ 28,9 62,1 9,4 16,7 82,8 47,0 30,5 40,7 37,1 23,6 21,5 21,5 29,1 8,1 0,4 ~ 1,9 0,7 1,4 ~ 0 0,4 1,6 1,2 5,3 2,1 0,6 0,7 0,2 0,6 0,4 0,9 0,5 8,7 4,9 ~ ~ ~ 2,1 ~ 18,0 237,0 4,1 2,8 8,9 14,7 ~ ~ 30,2 30,0 29,2 ~ 18,2 0,54 5,74 0,46 6,76 3,79 11,40 3,17 12,35 5,63 3,81 3,99 ~ 2,43 8,74 7,10 10,96 5,36 6,10 8,56 9,21 3,6 5 586 483 5 017,5 70,3 79 42,5 2,1 41,9 2,32 217 660 2 969 2,4 4,8 1,8 129 237 1 650 169 3 807 077 629,1 2 946,4 1 442,0 45,6 68,3 85,2 155 82 41 97,7 33,0 37,7 10,4 0,9 1,0 107,8 84,8 77,5 0,13 1,61 4,72 23 527 2,1 22 154 073 890 372,0 98,6 6 s.o. 0 s.o. 12,45 Note : Les pays en italiques gras ne sont pas admissibles à l’APD (voir les Notes techniques). Sources : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1998 et Global Development Finance 1998; PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 1998; Institut mondial pour les ressources, World Resources 1996-1997; OCDE, Répartition géographique des ressources financières allouées aux pays bénéficiaires de l’aide, 1992-1996; Instituto del Tercer Mundo, The World 1995/1996. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 143 T A B L E A U 3 L’A I D E P U B L I Q U E AU D É V E L O P P E M E N T D U C A NA DA : D O N N É E S D E BA S E ( 1 9 9 6 - 1 9 9 7 ) Au cours de 1996-1997 (la dernière année pour laquelle on dispose de données), l’aide publique au développement (APD) du Canada a atteint 2,68 milliards de dollars, représentant une baisse marginale par rapport à l’année précédente et 14 p. 100 de moins qu’en 1994-1995. En proportion du produit national brut (PNB), notre aide est tombée de 0,42 % en 1994-1995 à 0,34 % en 1996-1997, son plus bas niveau depuis 19701. Sur les 2,68 milliards de dollars, 32 p. 100 (ou 863 millions) ont été acheminés par les filières multilatérales (les institutions financières internationales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les banques régionales de développement, et le réseau des Nations Unies). Les autres 68 p. 100 ont été fournis bilatéralement (de pays à pays) par des organismes du gouvernement et des organisations non gouvernementales et privées du Canada. Le Canada a l’un des programmes d’aide les plus dispersés de tous les pays donateurs. En 1996-1997, les trois principaux bénéficiaires de notre APD ont été l’Égypte (161 millions de dollars), le Bangladesh (111 millions) et la Chine (96 millions). Ces trois pays constituent — avec le Viet Nam, la Côte d’Ivoire, l’Inde, Haïti, le Ghana, le Rwanda et le Pakistan (tous des PLMD [pays les moins développés] ou des pays à faible revenu, à part la Côte d’Ivoire) — les dix principaux bénéficiaires de l’aide canadienne. Collectivement, ils absorbent 38 p. 100 de cette aide, dont le degré de concentration chez les dix premiers bénéficiaires a diminué de 5 p. 100 par rapport à 1995-1996. Le Canada maintient une aide bilatérale dans 100 pays différents et possède d’importants programmes bilatéraux (dépassant 10 millions de dollars) dans 29 d’entre eux. Par contraste, les pays de la Scandinavie concentrent leur assistance bilatérale dans un nombre limité de pays. La Norvège, par exemple, accorde son aide à 12 pays seulement. Bien qu’elle se répartisse entre de nombreux pays, notre APD est surtout concentrée en Afrique, le continent le plus pauvre. La moitié des 50 premiers bénéficiaires de notre aide se trouvaient en Afrique, 15 en Asie, neuf dans les Amériques, et un (l’ex-Yougoslavie) en Europe de l’Est. Dans le total de l’aide bilatérale accordée par le Canada, l’Afrique et les Amériques ont vu leurs parts respectives passer à 50 et 18 p. 100 depuis 1995-1996, tandis que la part des décaissements de l’Asie tombait à 30 p. 100. L’Europe de l’Est est restée à 2 p. 100. Il s’est produit un large éventail de changements, entre 1995-1996 et 1996-1997, dans l’aide bilatérale versée aux différents pays en développement. Ceux-ci sont allés d’une baisse de 100 p. 100, dans le cas de l’Iraq, à des hausses de plus de 1 000 p. 100 en Corée du Nord, au Tadjikistan, au Congo-Brazzaville et en Tunisie. Chez les plus gros bénéficiaires, l’Égypte, Haïti et le Rwanda ont enregistré des augmentations importantes dans leurs programmes d’aide, tandis que la Chine, le Ghana et le Bangladesh assistaient à des réductions. Globalement, les PLMD se sont vu accorder 28 p. 100 de notre aide bilatérale, et les autres PMD 32 p. 100. La colonne 4 montre où le Canada se classe parmi les donateurs bilatéraux et donne une idée de l’influence qu’il peut exercer en mettant l’aide au service du changement. En 1996, il a fait partie des cinq plus gros donateurs dans 26 des 129 pays en développement qui étaient admissibles à l’APD : 11 en Afrique, 11 dans les Amériques, trois en Asie, et un en Europe de l’Est. Le Canada était un donateur extrêmement important dans les Caraïbes (sans être le principal pour aucun des pays) et en Europe de l’Est (où il constituait le deuxième donateur en importance pour l’ex-Yougoslavie). En Afrique, il était le deuxième donateur au Gabon et le troisième au Cameroun. Parmi les plus gros donateurs, le Canada se classe neuvième pour l’ensemble des PLMD, mais le sixième pour les autres PMD. 144 Répartition de l’aide bilatérale par secteur, 1996-1997 Développement des ressources humaines 31 % Transports et communications 7 % Industrie 7 % Énergie et extraction 8 % Agriculture 10 % Santé et population 16 % Soutien économique et financier 21 % La valeur imputée des contributions que le Canada apporte par l’entremise des institutions multilatérales dépasse dans bien des cas son aide bilatérale. Elle constitue parfois notre seul apport, comme aux Comores, en Arabie Saoudite et en Iraq. Dans l’ensemble, les institutions multilatérales allouent une plus grande proportion des fonds aux pays les plus démunis que ne le fait le Canada dans le cadre de son programme bilatéral. Les pays les moins développés reçoivent 40 p. 100 des décaissements multilatéraux alloués (au lieu de 28 p. 100 seulement de nos apports bilatéraux) et les autres PMD, 30 p. 100. La répartition sectorielle de l’aide bilatérale canadienne est restée stable depuis 1995-1996. Dans le total de 1,2 milliard de dollars affecté en 1996-1997, 31 p. 100 sont allés au développement des ressources humaines (comme l’éducation et le soutien aux institutions) et 16 p. 100 aux projets sanitaires et démographiques (santé, nutrition, population, établissement humain, infrastructure d’approvisionnement en eau et d’assainissement). Les affectations au soutien économique et financier, dont les recettes tirées des ventes d’aide alimentaire, sont tombées à 21 p. 100. Elles ont été en partie remplacées par de légères augmentations dans les affectations à l’agriculture (10 p. 100, le secteur comprenant pêches et forêts), aux transports et communications (7 p. 100) et à l’industrie (7 p. 100). Dans le secteur énergétique et minier, les projets d’énergie ont absorbé la majeure partie de l’augmentation des fonds alloués, qui ont représenté 8 p. 100 de toutes les affectations sectorielles. 1 Ce chiffre diffère du rapport APD/PNB cité pour le Canada au tableau 1, parce qu’il correspond à l’année financière 1996-1997. Le chiffre du tableau 1 correspond, lui, à l’année civile 1997. Tableau Excel Bilatérale 14,52 2,63 3,69 8,60 1,16 10,16 1,76 16,78 0,36 0 11,29 3,72 22,84 0,15 155,71 2,37 8,61 5,45 0,50 25,78 14,41 0,36 0,19 7,66 0,55 2,08 0 0,98 12,43 15,23 9,21 0,66 1,66 13,19 0,74 4,90 1,88 4,63 0,53 31,31 0,19 23,73 0,56 4,08 0,20 1,79 0,88 11,74 0,57 0,99 3,87 11,26 11,10 61,91 551,55 2 3,28 0,01 5,40 1,00 15,18 16,60 2,12 20,58 0,39 0,63 0,72 26,91 13,78 0,11 8,56 s.o. 25,82 5,02 1,67 30,02 5,51 1,08 0,42 36,90 5,44 0,18 0 4,72 8,07 28,35 9,09 0,46 0,60 9,18 0,15 28,69 1,09 4,17 0,46 8,13 0 34,73 0,22 1,92 1,15 19,51 3,96 54,56 2,01 6,99 6,73 19,78 14,10 60,99 557,14 16,0 74,6 -3,7 24,0 -22,7 -4,8 -1,8 -2,0 -0,8 -100,0 31,7 -18,0 5,2 3,2 33,7 s.o. -10,4 0,8 -11,4 -1,5 10,1 -10,4 -7,6 -14,5 -20,5 27,7 ~ -14,5 4,4 -6,0 0,1 3,7 10,7 3,7 17,3 -16,2 5,6 1,1 1,4 14,4 ~ -3,7 9,8 7,8 -16,0 -21,2 -14,0 -14,2 -11,8 -17,8 -5,4 -5,5 -2,4 0,1 -0,1 Rang du Canada parmi donateurs bilatéraux du CAD dans pays bénéficiaire (1996) Variation en % par an 1987-1997 3 4 10 6 16 7 13 8 6 3 14 ~ 5 10 4 5 5 9 9 2 8 8 5 12 6 10 13 8 ~ 10 8 5 6 6 6 14 18 10 10 15 8 5 8 5 6 12 13 9 6 12 8 12 5 11 10 s.o. 9 Total aide canadienne (toutes sources) 1996-1997 AFRIQUE Afrique du Sud Algerie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert Comores Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa (Zaïre) Côte d’Ivoire Djibouti Égypte Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie Zimbabwe Afrique régionale Total Afriquea 1 Total multilatérale (tous organismes) 1996-1997 Pays Total bilatérale (toutes sources) 1986-1987 Total bilatérale (toutes sources) 1996-1997 (en millions de dollars canadiens) 5 6 0,39 0,42 6,75 6,73 1,32 6,60 3,71 4,66 0,90 1,10 3,74 1,50 33,79 0,95 5,31 0,63 19,15 0,58 1,53 18,18 3,42 2,38 0,30 20,60 1,77 0,28 0 6,87 10,70 11,65 1,26 0,85 7,51 14,32 0,65 5,23 5,21 19,88 2,06 11,78 0,66 14,77 1,09 9,95 2,07 1,58 0,44 17,11 11,05 3,48 0,72 8,76 1,57 7,31 325,22 14,91 3,05 10,44 15,33 2,48 16,76 5,47 21,44 1,26 1,10 15,03 5,22 56,63 1,10 161,02 3,00 27,76 6,03 2,03 43,96 17,83 2,74 0,49 28,26 2,32 2,36 0 7,85 23,13 26,88 10,47 1,51 9,17 27,51 1,39 10,13 7,09 24,51 2,59 43,09 0,85 38,50 1,65 14,03 2,27 3,37 1,32 28,85 11,62 4,47 4,59 20,02 12,67 69,22 876,77 Rang du pays bénéficiaire dans total aide Canada (multilatérale incl.) (50 premiers) 1996-1997 TA B L E A U 3 L’A I D E P U B L I Q U E A U D É V E L O P P E M E N T D U C A N A D A : D O N N É E S D E B A S E (1996-1997) 7 35 48 32 30 24 34 5 1 17 8 27 16 23 19 47 18 49 22 9 11 36 15 44 25 40 ➤ A N N E X E S TAT I S T I Q U E 145 Tableau 3 (suite) AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda Argentine Belize Bolivie Brésil Chili Colombie Costa Rica Cuba Dominique El Salvador Équateur Grenade Guatemala Guyana Haïti Honduras Jamaïque Mexique Nicaragua Panama Paraguay Pérou République Dominicaine Saint-Kitts-et-Nevis Saint-Vincent-et-Grenadines Sainte-Lucie Suriname Trinité-et-Tobago Uruguay Venezuela Caraïbes régionales Amérique latine régionale Autres Amériques Total Amériques ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde Indonésie Iran Iraq Jordanie Kazakhstan Kirghizistan Koweït Laos Total aide canadienne (toutes sources) 1996-1997 3 4 5 6 0 1,91 0,24 10,35 6,18 2,29 4,69 2,37 5,66 1,28 9,21 4,39 0,02 5,74 8,18 42,27 6,39 5,03 3,82 6,32 1,31 0,44 23,06 0,42 0 0 0,63 0,17 0,51 2,33 1,43 16,00 16,93 11,24 200,81 0,77 3,66 7,98 11,07 7,07 6,71 13,34 15,36 0,19 2,69 9,23 2,81 5,85 3,11 4,18 17,47 4,94 31,53 4,77 8,51 1,53 0,30 30,46 3,14 0,97 6,61 3,09 0,08 0,09 0,62 0,17 ~ ~ ~ 208,30 -100,0 -6,3 -29,6 -0,7 -1,3 -10,2 -9,9 -17,0 40,4 -7,2 0 4,6 -43,3 6,3 6,9 9,2 2,6 -16,8 -2,2 -2,9 -1,5 3,9 -2,7 -18,2 -100,0 -100,0 -14,7 7,8 18,9 14,2 23,7 ~ ~ ~ -0,4 2 8 3 11 10 12 9 7 6 4 7 12 6 8 4 3 7 4 7 10 5 9 6 13 ~ ~ 3 5 4 7 5 s.o. s.o. ~ 8 0,87 5,31 0,41 23,22 6,80 0,41 5,19 0,93 0,25 1,02 2,17 4,09 0,44 2,37 7,92 9,75 7,22 0,88 0,67 5,56 2,07 1,06 8,68 2,16 0,15 0,30 0,23 0,03 0,29 0,66 0,36 0,08 0,62 3,24 105,41 0,87 7,22 0,65 33,57 12,98 2,70 9,88 3,30 5,91 2,30 11,38 8,48 0,46 8,11 16,10 52,02 13,61 5,91 4,49 11,88 3,38 1,50 31,74 2,58 0,15 0,30 0,86 0,20 0,80 2,99 1,79 16,08 17,55 14,48 306,22 4,35 0 0,35 0,13 0 67,94 0,58 4,56 52,69 10,7 1,21 0 0,08 15,97 25,16 0,05 0 4,89 1,80 0,39 0 1,21 ~ ~ s.o. s.o. ~ 128,27 0,69 ~ 36,35 0,41 0,20 ~ s.o. 71,02 46,44 ~ ~ 1,10 s.o. s.o. ~ ~ ~ 0 s.o. s.o. ~ -6,2 -1,7 ~ 3,8 38,6 19,7 ~ s.o. -13,9 -5,9 ~ ~ 16,1 s.o. s.o. ~ ~ 6 ~ ~ ~ ~ 7 9 11 5 12 9 ~ ~ 7 7 ~ 11 8 6 ~ ~ 12 15,14 0,83 11,72 1,44 0 42,66 0,38 7,34 43,07 7,08 0,01 0 16,77 35,30 1,46 0,79 0,64 3,29 0,24 6,48 0 5,69 19,49 0,83 12,07 1,57 0 110,60 0,96 11,90 95,76 17,78 1,22 0 16,85 51,27 26,62 0,84 0,64 8,18 2,04 6,87 0 6,90 Rang du pays bénéficiaire dans total aide Canada (multilatérale incl.) (50 premiers) 1996-1997 Total multilatérale (toutes institutions) 1996-1997 2 Rang du Canada parmi donateurs bilatéraux du CAD dans pays bénéficiaire (1996) 1 Variation en % par an 1987-1997 Pays Total bilatérale (toutes sources) 1986-1987 Total bilatérale (toutes sources) 1996-1997 Bilatérale 7 12 39 50 45 31 6 38 43 13 26 44 2 42 3 28 29 7 20 ➤ 146 4 5 6 Liban Malaisie Maldives Mongolie Myanmar (Birmanie) Népal Oman Ouzbékistan Pakistan Papouasie-Nouvelle-Guinée Philippines Qatar Sri Lanka Syrie Tadjikistan Thaïlande Turkménistan Turquie Viet Nam Yémen Océanie Asie régionale Autres Asie Total Asie 3,45 5,05 0,15 0,05 0,12 10,13 0 0,17 13,15 0,03 23,83 0 5,84 0,13 0,76 14,50 0,10 4,87 17,68 0,77 4,15 22,19 8,11 327,29 3,39 5,08 0,14 ~ 1,66 12,00 ~ s.o. 57,61 3,15 16,65 ~ 32,93 1,06 s.o. 31,69 s.o. -2,21 0 0,65 6,23 13,09 ~ 467,60 0,2 -0,1 0,7 ~ -23,1 -1,7 ~ s.o. -13,7 -37,2 3,7 0 -15,9 -18,9 s.o. -7,5 s.o. ~ ~ 1,7 -4,0 5,4 ~ -3,5 6 5 7 16 10 10 ~ ~ 7 10 7 ~ 8 10 ~ 6 ~ 4 11 10 9 s.o. ~ 6 2,04 0,79 0,27 2,22 0,88 3,79 0 0,23 25,90 0,51 2,03 0 5,15 1,34 1,20 0,61 0,08 0,42 40,60 8,88 3,91 5,88 1,15 308,21 5,49 5,84 0,42 2,27 1,00 13,92 0 0,40 39,05 0,54 25,86 0 10,99 1,47 1,96 15,11 0,18 5,29 58,28 9,65 8,06 28,07 9,26 635,50 EUROPE DE L’EST Albanie Bélarus (Biélorussie) Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Ex-Yougoslavie Fédération de Russie Hongrie Lettonie Lituanie Macédoine (RFY) Moldavie Pologne République Slovaque République Tchèque Roumanie Slovénie Ukraine Autres Europe Total Europe de l’Est 0,71 0,14 0 0,05 ~ 1,78 20,81 25,03 2,70 1,34 3,98 ~ 0,02 178,28 1,23 2,09 2,86 ~ 18,03 -0,03 21,49 ~ s.o. ~ s.o. ~ s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0 0 ~ s.o. ~ s.o. ~ s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. ~ ~ ~ s.o. ~ s.o. ~ s.o. 2 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. ~ 10 1,33 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 10,06 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0,54 11,93 2,04 0,14 ~ 0,05 ~ 1,78 30,87 25,03 2,70 1,34 3,98 ~ 0,02 178,28 1,23 2,09 2,86 ~ 18,03 0,51 33,42 Total Pays non spécifiés Non ventilable par pays 1 101,14 270,73 441,77 1 233,04 161,92 133,91 -1,1 5,3 12,7 750,77 112,01 0 1 851,91 382,74 441,77 Total Pays en développement dont : PLMD Autres pays à faible revenu Reste des pays en développement 1 813,64 1 528,87 1,7 862,78 2 676,42 310,58 354,27 436,32 473,86 352,65 406,53 -4,1 0 0,7 302,37 224,25 224,15 612,95 578,52 660,44 9 6 7 Rang du pays bénéficiaire dans total aide Canada (multilatérale incl.) (50 premiers) 1996-1997 3 Total aide canadienne (toutes sources) 1996-1997 2 Total multilatérale (toutes institutions) 1996-1997 1 Rang du Canada parmi donateurs bilatéraux du CAD dans pays bénéficiaire (1996) Variation en % par an 1987-1997 Pays Total bilatérale (toutes sources) 1986-1987 ASIE (suite) Total bilatérale (toutes sources) 1996-1997 Bilatérale 7 37 10 21 46 33 4 14 Notes : Les pays en italiques gras n’entrent pas dans les totaux de l’aide canadienne (voir les Notes techniques). a Les chiffres ayant été arrondis, le total des colonnes peut ne pas correspondre au total des lignes. Sources : ACDI, Rapport statistique sur l’APD 1996-1997 et Rapport annuel 1986-1987; OCDE, Répartition géographique des ressources financières allouées aux pays bénéficiaires de l’aide, 1992-1996. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 147 TA B L E AU 4 L’A P D B I L AT É R A L E D U C A N A D A PA R F I L I È R E E T PA R PAY S ( 1 9 9 6 - 1 9 9 7 ) Parce qu’elle constitue notre apport le plus direct, l’aide bilatérale (ou de pays à pays) peut devenir un puissant instrument pour appuyer et influencer les pays en développement. Le Canada entretient des relations d’aide bilatérale avec plus de 100 pays, mais il concentre près de la moitié de son assistance sur 17 d’entre eux. En 1996-1997, 26 p. 100 de notre aide de gouvernement à gouvernement (sans les allégements de dettes officielles) se sont répartis entre le Bangladesh (67,4 millions de dollars), la Chine (43,2 millions), Haïti (33 millions), le Ghana (24,9 millions) et le Sénégal (21,2 millions). Les cinq plus gros bénéficiaires qui venaient ensuite (les Philippines, le Pérou, l’Indonésie, l’Égypte et le Cameroun) se sont partagé 13 p. 100 de cette aide inter-gouvernements, soit 95,9 millions de dollars. Parmi les dix pays, deux (le Bangladesh et Haïti) sont des PLMD et quatre (la Chine, l’Égypte, le Ghana et l’Indonésie), des PMD. Au total, sur les 120 pays du tableau 4 qui étaient admissibles à l’aide publique au développement, les 48 PLMD (dont quatre de l’Océanie) ont reçu 28 p.100 de l’aide-pays canadienne et 15 autres PMD, 34 p. 100. Les 38 p. 100 qui restaient sont allés à des pays à revenu moyen. Même si la concentration de notre aide sur les pays les plus démunis a augmenté à mesure que son budget diminuait, le Canada continue à largement étaler ses dépenses d’aide bilatérale par rapport aux autres pays donateurs de taille moyenne. En 1996-1997, ses programmes d’aide bilatérale ne dépassaient 20 millions de dollars que dans sept pays en développement, contre 19 au début de la décennie. Les avantages à long terme de l’aide alimentaire continuent à susciter un énorme débat. Se composant principalement de blé et de lait en poudre, l’aide alimentaire décaissée par les filières bilatérales et par le Programme alimentaire mondial (PAM — voir le tableau 5) a chuté de 4 p. 100 entre 1995-1996 et 1996-1997. Globalement, l’aide alimentaire continue à représenter près de 10 p. 100 de notre programme d’aide en perte de vitesse. L’aide alimentaire bilatérale du Canada a diminué de 37 p. 100 en tout. Dans celle qu’il a allouée en 1996-1997, 79 p. 100 sont allés à des PLMD et d’autres pays à faible revenu. Hélas, la diminution de l’aide alimentaire n’est pas allée de pair avec une baisse des besoins en aide humanitaire internationale (AHI). Le budget de l’AHI à l’ACDI a grimpé d’un tiers depuis la dernière année, passant à 78,6 millions de dollars. La principale cause a été l’assistance à l’ex-Yougoslavie, qui a plus que doublé en sautant de 12,5 à 29,2 millions de dollars. De son côté, le Rwanda a absorbé le quart de l’AHI, tandis que l’Afghanistan, l’Angola, le Congo-Kinshasa (ex-Zaïre), le Cambodge et le Libéria ont également constitué d’importants bénéficiaires. Les allégements de dettes ont augmenté de 80 p. 100 entre 1995-1996 et 1996-1997 : le Canada a annulé 164 millions de dollars de dettes, équivalant à 9 p. 100 du budget de son aide bilatérale. L’Égypte, la Côte d’Ivoire, le Congo-Brazzaville et Haïti se sont partagé la quasitotalité de ce montant, l’Égypte en absorbant 80 p. 100 (131,7 millions de dollars) à elle seule. Même si les PLMD doivent toujours plus de 275 millions de dollars au gouvernement canadien (tableau 8), ce groupe de revenus ne s’est vu accorder des allégements de dettes que de 5,6 millions. La Direction générale du partenariat à l’ACDI a fourni approximativement 15 p. 100 de l’aide bilatérale du Canada, un pourcentage légèrement moindre qu’en 1995-1996. Elle achemine près de 80 p. 100 de cette aide par l’entremise du secteur sans but lucratif, le reste transitant par le secteur privé par l’intermédiaire de la Direction de la coopération industrielle (DCI) de l’ACDI. Le secteur sans but lucratif comprend les institutions non gouvernementales ou ING (les collèges, 148 Répartition de l’aide bilatérale par filière, 1996-1997 Assistance humanitaire internationale 4 % CRDI 5 % Aide alimentaire bilatérale 5 % Autre 7 % Frais d’administration 9 % Aide de gouvernement à gouvernement 37 % Coûts des réfugiés au Canada 9 % Allégement de dettes bilatérales officielles 9 % Direction générale du partenariat 15 % les universités et les centres de recherche tels que l’Institut Nord-Sud) et les organisations non gouvernementales ou ONG (comme OXFAMCanada, CARE Canada et les organismes de développement des églises canadiennes). La majeure partie de l’aide aux ONG sert au financement de programmes (c’est-à-dire une série de projets visant un objectif général, qui peut englober de nombreux pays) plutôt que de projets isolés, de sorte qu’on peut rarement l’attribuer à un pays particulier. D’après une enquête que le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI) a menée en 1998 auprès de ses ONG membres, il est probable que dans l’aide fournie par la Direction générale du partenariat, 37 p. 100 vont à l’Afrique, 32,5 p. 100 aux Amériques et 23 p. 100 à l’Asie, tandis que 7,5 p. 100 restent au Canada. Sur les 57,5 millions de dollars que la DCI de l’ACDI a dirigés vers le secteur privé, les PLMD ont reçu moins de 10 p. 100 et les autres PMD, 42 p. 100. Il faut souligner que beaucoup d’organismes sans but lucratif et de firmes du secteur privé jouent d’importants rôles d’exécutants dans les programmes de l’ACDI menés à l’extérieur de la Direction générale du partenariat, et reçoivent souvent plus de fonds d’aide par la filière inter-gouvernements. Enfin, en 1996-1997, il s’est dépensé 442 millions de dollars qu’on ne peut ventiler par pays bénéficiaire. Au terme d’un changement controversé introduit en 1993, le Canada compte aujourd’hui dans son APD les coûts du réétablissement des réfugiés et du financement des étudiants qui viennent du monde en développement. Neuf p. 100 de l’aide bilatérale ont été dépensés au Canada pour financer le réétablissement des réfugiés arrivés de pays en développement, tandis que 3,6 p. 100 ont été consacrés aux frais directs et indirects pour aider les étudiants de pays en développement au Canada. Tableau Excel AFRIQUE Afrique du Sud Algérie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert Comores Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa (Zaïre) Côte d’Ivoire Djibouti Égypte Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie Zimbabwe Afrique régionale Total Afriquea 10,42 2,57 0,27 7,99 1,10 9,31 0,50 16,20 0,33 0 11,29 0,65 21,90 0,15 151,23 2,19 7,77 5,37 0,36 24,86 13,83 0,36 0,14 5,12 0,18 0 0 0,91 11,63 14,56 7,83 0,17 1,66 12,84 0,53 4,89 1,32 2,31 0,53 11,49 0,19 21,46 0,56 3,60 0,19 0,29 0,87 10,49 0,50 0,56 3,30 11,14 9,89 56,38 484,18 23 26 11 20 6 1 5 14 18 13 16 19 7 22 21 24 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 0 3,02 0 0 0,01 0,01 0 0 0,04 0 0 0 0 2,35 3,44 0 0 0 5,05 0 1,95 0 0 0 0 0 0 0 3,27 0 0,10 0 0 0 0 0 0 0,09 7,25 30,58 0 0 0 0,03 0 0 0 0 0 0 11,15 0 15,49 0 131,73 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,28 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 158,68 0,08 0 0 0,09 0 0,18 0 0,07 0 0 0 0 0 0 0,02 0,08 0,04 0 0,05 0,51 0,24 0 0 0,43 0 0 0 0 0,08 0 0,36 0,10 0 0,11 0,08 0,01 0,24 0,03 0 0 0 0,06 0 0,23 0 0 0 0,09 0,01 0 0,07 0 0,11 0,08 3,45 0,15 0 0,07 0 0 0,07 0 0,31 0 0 0 0,12 0,04 0 0,06 0 0,03 0 0,09 0,10 0,01 0 0 0,25 0,34 0 0 0,05 0,11 0 0,01 0 0 0 0 0 0,01 0,31 0 0 0 0,37 0 0 0 0 0 0,03 0 0 0 0,07 0,02 0,95 3,57 1,03 0,05 0,10 0,14 0,02 0,12 0 0,19 0,04 0 0 0 0,24 0 3,69 0,03 0,61 0,07 0 0,16 0,24 0 0,05 0,45 0 0 0 0,01 0,47 0,02 0,79 0,39 0 0,02 0 0 0,03 0,16 0 0,11 0 1,13 0 0 0 0,19 0 0,34 0,06 0,21 0,40 0,03 0,15 0,63 12,37 8 0,75 0 3,16 0 0 0,05 1,25 0 0 0 0 2,95 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2,08 0 0 0 0,50 0 0 0 0 0,13 0 0 1,22 0 19,40 0 0 0 0,25 0 1,32 0 0,18 0 0 0 0 0 0 33,24 9 2,08 0 0,08 0,38 0,04 0,43 0 0 0 0 0 0 0,66 0 0,71 0,06 0,16 0 0 0,15 0,09 0 0 1,34 0,03 0 0 0,01 0,15 0,15 0,23 0 0 0,22 0 0 0,26 0,60 0 0,15 0 0,70 0 0 0,01 0 0,01 0,61 0 0,18 0,10 0,01 0,92 3,62 14,14 Total 7 Centre internat. des droits de la personne et du développement démocratique (CIDPDD) 6 Centre de recherches pour le développement international (CRDI) 5 Assistance humanitaire internationale (AHI) 4 Direction de la coopération industrielle (DCI) 3 Organisations non gouvernementales (ONG) Coopération institutionnelle (CISD) 2 Allégement de la dette bilatérale officielle 1 Aide alimentaire bilatérale Pays Direction générale du partenariat Rang du pays bénéficiaire (30 premiers) (en millions de dollars canadiens) Aide de gouvernement à gouvernement (aide alimentaire bilatérale incl.) TA B L E A U 4 L’A I D E P U B L I Q U E A U D É V E L O P P E M E N T B I L AT É R A L E D U C A N A D A PA R F I L I È R E E T PA R PAY S ( 1 9 9 6 - 1 9 9 7 ) 10 11 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,02 0 0 0 0 0 0 0 0,08 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,02 0 0 0,16 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,04 0 0 0 0,24 0,56 14,52 2,63 3,69 8,60 1,16 10,16 1,76 16,78 0,36 0 11,29 3,72 22,84 0,15 155,71 2,37 8,61 5,45 0,50 25,78 14,41 0,36 0,19 7,66 0,55 2,08 0 0,98 12,43 15,23 9,21 0,66 1,66 13,19 0,74 4,90 1,88 4,63 0,53 31,31 0,19 23,73 0,56 4,08 0,20 1,79 0,88 11,74 0,57 0,99 3,87 11,26 11,10 61,91 551,55 ➤ A N N E X E S TAT I S T I Q U E 149 ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde Indonésie Iran Iraq Jordanie Kazakhstan Kirghizistan Koweït Laos Liban 150 0,50 0 0,34 0,13 0 67,37 0,58 1,38 43,20 9,66 1,21 0 0,08 8,23 19,51 0 0 3,95 1,80 0,39 0 0,27 2,09 29 4 9 2 3 25 30 10 6 Centre de recherches pour le développement international (CRDI) Organisations non gouvernementales (ONG) 5 7 8 9 10 11 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,03 0 0 0,07 0 1,91 0,24 10,35 6,18 2,29 4,69 2,37 5,66 1,28 9,21 4,39 0,02 5,74 8,18 42,27 6,39 5,03 3,82 6,32 1,31 0,44 23,06 0,42 Assistance humanitaire internationale (AHI) Coopération institutionnelle (CISD) 4 Direction de la coopération industrielle (DCI) Allégement de la dette bilatérale officielle Rang du pays bénéficiaire (30 premiers) 27 3 Total 0 0,24 0,20 9,29 2,21 (0,08) 3,02 0,98 3,57 1,28 8,37 2,89 0 4,19 7,62 38,55 5,25 4,19 0,44 5,32 0,42 0,25 20,01 (0,05) 0 0 0,38 0,15 0,25 0,38 0,25 14,86 14,43 9,74 158,60 2 Centre internat. des droits de la personne et du développement démocratique (CIDPDD) AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda Argentine Belize Bolivie Brésil Chili Colombie Costa Rica Cuba Dominique El Salvador Équateur Grenade Guatemala Guyana Haïti Honduras Jamaïque Mexique Nicaragua Panama Paraguay Pérou République Dominicaine Saint-Kitts-et-Nevis Saint-Vincent-et-Grenadines Sainte-Lucie Suriname Trinité-et-Tobago Uruguay Venezuela Caraïbes régionales Amérique latine régionale Autres Amériques Total Amériques 1 Direction générale du partenariat Aide alimentaire bilatérale Pays Aide de gouvernement à gouvernement (aide alimentaire bilatérale incl.) Tableau 4 (suite) 0 0 0 0 0,63 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5,90 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 6,53 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,09 5,56 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5,65 0 0,21 0,04 0 1,45 0,56 0,01 0,37 0,41 0 0,18 0,22 0 0 0,17 0,52 0,26 0,28 0,57 0,23 0 0 0,24 0 0 0 0,24 0 0,17 0,07 0,07 0,23 0,18 0 6,68 0 0 0 0,28 0,49 0,05 0,06 0,01 0,19 0 0,02 0,19 0,02 0,25 0,06 1,49 0,09 0,25 0,02 0,26 0,06 0 0,01 0,13 0 0 0 0 0 0 0 0,65 0,12 0 4,70 0 1,04 0 0,52 0,81 1,20 1,09 0,47 1,35 0 0,59 0,73 0 0,81 0,09 0,88 0,68 0,11 2,34 0,27 0,83 0 0,48 0,05 0 0 0 0,02 0,08 0,60 1,03 0,24 0,65 0 16,96 0 0 0 0 0 0 0 0,06 0,07 0 0 0 0 0 0,06 0,75 0 0 0 0 0 0 0,55 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,50 0,90 2,89 0 0,42 0 0,26 1,23 0,55 0,50 0,48 0,08 0 0,04 0,36 0 0,42 0,18 0 0,11 0,19 0,41 0,25 0 0,20 1,67 0,29 0 0 0 0 0 1,28 0,08 0,04 1,05 0,51 10,60 0,08 0 0 0,03 0 0 0 0,10 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,02 0,08 0,41 0 0 0 0 0 20,03 0 0 0 0 0 0 6,50 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,01 0 0 0,09 0 0,05 1,46 0 0 0 0 0,17 0,25 0 0 0,19 0 0 0 0 0,23 0 0 0 0 0 0,05 0 0,04 0,01 0,13 0 0 0 1,71 0 0 0 0 0 0 0 0,10 0,01 0 0 0 0 0 0,28 0 0 7,11 0,04 0 0 0 4,31 4,54 0 0 0,59 0 0 0 0,19 0,27 3,85 0 0 0 0 0 0 2,15 0,15 0 0 0 0 0 0,30 0,05 0 0 0 0 0 0,25 0,77 0 0 0 0 0 0,16 0 0,95 0,76 0,87 0 0 0 1,53 0,55 0 0 0,16 0 0 0 0,39 0,08 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,01 0,01 0 0 0 0 0 0 0 0 0,63 0,17 0,51 2,33 1,43 16,02 16,95 11,23 200,84 4,35 0 0,35 0,13 0 67,94 0,58 4,56 52,69 10,70 1,21 0 0,08 15,97 25,16 0,05 0 4,89 1,80 0,39 0 1,21 3,45 ➤ 15 12 7 0 0 0 0 2 0 0 0,01 0 0 0 2,96 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 31,5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,08 0 0 0 0,06 0 0 0,05 0 0,07 0 0,25 0 0 0,08 0 0 0,87 0,04 0,11 0,39 0 4,45 0 0 0 0 0,49 0 0 0,04 0 0,15 0 0 0 0 0 0 0 0,15 0 0,02 0,01 0 2,91 1,75 0,09 0 0 0,49 0 0 1,09 0,03 1,32 0 0,51 0 0 0,74 0 0,62 1,15 0,20 0,03 0 0 25,35 Centre de recherches pour le développement international (CRDI) 6 9 10 11 0 0 0,05 0 0 0 0 0 0 0,15 0 1,30 0 0 0,08 0 0 0 0 0 0 1,45 10,55 0,03 0 0 0 0,36 0 0 0,19 0 1,43 0 0,29 0,13 0 0,33 0 0,12 0,60 0,18 0 0,42 0,04 9,57 0 0 0 0,12 0 0 0 0,05 0 0 0 0 0 0 0,12 0 0 0 0 0 0,11 0 0,42 5,05 0,15 0,05 0,12 10,13 0 0,17 13,15 0,03 23,83 0 5,84 0,13 0,76 14,50 0,10 4,87 17,68 0,77 4,15 22,19 8,11 327,29 Assistance humanitaire internationale (AHI) 5 Direction de la coopération industrielle (DCI) Rang du pays bénéficiaire (30 premiers) 8 4 Total 0,20 0,14 0 0,05 ~ 1,78 (8,67) 24,65 2,70 1,34 3,98 ~ 0,02 177,28 1,23 2,09 2,86 ~ 17,82 (0,03) (8,50) 17 3 Centre internat. des droits de la personne et du développement démocratique (CIDPDD) EUROPE DE L’EST Albanie Bélarus (Biélorussie) Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Ex-Yougoslavie Fédération de Russie Hongrie Lettonie Lituanie Macédoine (RFY) Moldavie Pologne République Slovaque République Tchèque Roumanie Slovénie Ukraine Autres Europe Total Europe de l’Est 28 Organisations non gouvernementales (ONG) 3,19 0,06 0 0 8,74 0 0,17 11,74 0 20,71 0 3,48 0 0,76 13,15 0,10 4,13 14,91 0,36 4,01 21,25 6,62 274,07 Coopération institutionnelle (CISD) Malaisie Maldives Mongolie Myanmar (Birmanie) Népal Oman Ouzbékistan Pakistan Papouasie-Nouvelle-Guinée Philippines Qatar Sri Lanka Syrie Tadjikistan Thaïlande Turkménistan Turquie Viet Nam Yémen Océanie Asie régionale Autres Asie Total Asie 2 Allégement de la dette bilatérale officielle 1 Aide alimentaire bilatérale Pays Aide de gouvernement à gouvernement (aide alimentaire bilatérale incl.) ASIE (suite) Direction générale du partenariat 8 0 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0 0 0 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 170,63 s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0 0 0,01 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 0,32 0,03 s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. 0,01 ~ s.o. 0 0,33 0 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0 0 0 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0 0 0,50 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 29,17 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ 0,22 0 29,67 0 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0 0 0 s.o. ~ s.o. ~ s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. ~ s.o. 0 0 0,71 0,14 ~ 0,05 ~ 1,78 20,81 25,03 2,70 1,34 3,98 ~ 0,02 178,28 1,23 2,09 2,86 ~ 18,03 (0,03) 21,49 16,13 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 71,18 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 119,63 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 2,79 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 2,24 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 52,85 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 3,11 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 270,73 163,71 8,61 65,00 154,52 49,95 441,79 Pays non spécifiés Coûts des réfugiés au Canada Bourses d’études Coûts reliés aux étudiants étrangers Frais d’administration Autres (voir les Notes techniques) Total non ventilable par pays 18,92 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. Total Pays en développement dont : PLMD Autres pays à faible revenu Reste des pays en développement 927,27 84,74 164,33 86,09 130,81 57,47 78,59 87,16 4,50 1 813,69 254,73 312,44 341,21 47,12 7,11 14,38 5,59 131,82 26,92 2,11 5,02 7,78 3,49 2,76 4,93 5,13 24,23 25,32 39,36 1,81 35,18 5,40 7,84 21,07 0,42 0,17 0,80 310,58 354,27 436,35 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. Notes : Les pays en italiques gras n’entrent pas dans les totaux de l’aide canadienne (voir les Notes techniques). a Les chiffres ayant été arrondis, le total des colonnes peut ne pas correspondre au total des lignes. Source : ACDI, Rapport statistique sur l’APD de 1996-1997. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 151 TA B L E AU 5 L’A P D M U LT I L AT É R A L E D U C A N A D A PA R I N S T I T U T I O N E T PA R PAY S ( 1 9 9 6 - 1 9 9 7 ) Répartition de l’APD multilatérale du Canada par institution, 1996-1997 Banque mondiale 25 % IFI non spécifiées 3 % PNUD 5 % Autres multilatérales 7 % Autres ONU 10 % BRD 10 % FMI 21 % PAM 19 % Avec les contributions qu’il apporte aux institutions multilatérales, le Canada appuie des initiatives de développement qui viennent compléter les propres projets de l’ACDI et contribuer à l’affrontement international des problèmes trop vastes, ou trop politisés, pour être attaqués par un seul donateur. L’aide multilatérale peut s’avérer, en outre, plus efficace que l’assistance bilatérale. Car, en dehors de nos apports au Programme alimentaire mondial (PAM1), notre aide multilatérale est complètement déliée, et les règles de l’appel d’offres international permettent généralement l’achat de produits et de services meilleur marché ou mieux adaptés. En concourant au financement des institutions multilatérales, le Canada a également la possibilité d’entretenir un dialogue sur les questions de développement avec les pays où il n’a pas un programme d’aide bilatérale en cours et d’exercer de l’influence sur les institutions multilatérales elles-mêmes. Comme grand donateur multilatéral, notre pays siège aux conseils d’administration et de direction de ces institutions, et il a son mot à dire dans l’orientation générale des politiques et l’affectation spéciale des fonds. Grâce à quoi, même dans le cas des pays où notre aide est éclipsée par celles d’autres donateurs, l’influence diplomatique du Canada peut parfois servir de contrepoids. Ces divers avantages expliquent peut-être pourquoi l’aide multilatérale du Canada a diminué moins rapidement (de 975 millions de dollars en 1994-1995 à 863 millions en 1996-1997, soit une baisse dépassant juste 11 p. 100) que son assistance bilatérale durant la même période, qui a baissé de 14,5 p. 100. Le tableau 5 impute nos apports multilatéraux de 1996-1997 aux pays individuels, en ventilant la part du Canada d’après le profil global des dépenses de chaque institution multilatérale. Ainsi, sachant que la Banque mondiale a fourni 1 p. 100 de ses ressources « concessionnelles » à Haïti, on a réparti de même notre financement apporté à la Banque en 1996-1997. En 1996-1997, plus de 55 p. 100 de nos décaissements multilatéraux (une part légèrement moindre que l’année précédente) sont allés aux institutions financières internationales (IFI) : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et les banques régionales de développement (BRD), celles de l’Afrique, de l’Asie, des Amériques, et des Caraïbes. Nos apports à la Banque mondiale et au FMI, décaissés par le ministère des Finances plutôt que l’ACDI, sont restés les première et deuxième plus grandes filières de notre assistance multilatérale. Toutefois, dans le cas de la Banque mondiale, la contribution du Canada a chutée de plus de 20 p. 100 par rapport à l’année 1995-1996, une baisse qui a plus tenu au calendrier convenu pour les reconstitutions qu’à une décision politique de réduire notre appui. 152 Dans le total des décaissements des IFI, les pays les moins développés (PLMD) se sont vu allouer 38 p. 100 des fonds destinés à des pays précis, tandis que les autres PMD en obtenaient 37 p. 100. Ces affectations représentent une plus grande concentration sur les pays pauvres (mais pas nécessairement sur leurs pauvres) que l’aide bilatérale allouée par le Canada. L’exacte répartition variait selon les institutions. Les BRD avaient une aide nettement plus concentrée sur les pays pauvres, car elles dirigeaient 56 p. 100 du financement destiné à des pays précis vers les PLMD — tandis que le FMI accordait 34 p. 100 de ses prêts à faible taux d’intérêt aux PLMD et 39 p. 100 aux pays à revenu moyen. Le Fonds monétaire est devenu, grâce à sa facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR), une grande source de prêts au développement peu coûteux. En 1996-1997, le Canada a légèrement accru sa contribution à la FASR, qui a atteint presque 21 p. 100 de tous ses décaissements multilatéraux. Quant aux BRD, qui restent une source importante d’initiatives de développement et de décaissements d’aide centrés sur la région, elles ont reçu un supplément de 48 millions de dollars en 1996-1997, à la suite des nouvelles reconstitutions négociées avec le Canada. Mais le montant représente toujours 20 millions de moins que les engagements canadiens de 1994-1995. Notre appui aux institutions de l’ONU s’est légèrement accru en 19961997, passant de 29 à 34 p. 100 de nos décaissements multilatéraux accordés à des pays précis. Cette augmentation était surtout due à une aide alimentaire de 165 millions de dollars, mise en œuvre dans le cadre du PAM et représentant à elle seule 19 p. 100 de tous les décaissements multilatéraux du Canada. Tant le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) que les institutions spécialisées de l’ONU [dont l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT)] ont subi une légère baisse du financement canadien, recevant au total 57 millions de dollars. D’une manière générale, les pays les moins développés s’en sont mieux tirés avec les institutions des Nations Unies qu’avec les IFI, puisqu’ils ont reçu 44 p. 100 de toute l’aide de l’ONU destinée à des pays précis. Là aussi, les affectations ont varié selon les institutions. Le PNUD, par exemple, n’a alloué que 29 p. 100 de son aide aux PLMD, alors que près de 60 p. 100 allaient aux pays à revenu moyen. Par contraste, le PAM a dirigé 55 p. 100 de son assistance destinée à des pays précis vers les PLMD — et surtout les pays les plus démunis, comme le Bangladesh et le Rwanda, qui sont les moins en mesure d’affronter par eux-mêmes les crises d’origine naturelle ou humaine. Alors que les autres filières multilatérales avaient largement échappé aux compressions en 1995-1996, les institutions du Commonwealth et de la Francophonie ont vu brusquement chuter (de 33 p. 100) le financement qui leur était alloué en 1996-1997, ce malgré l’importante plate-forme qu’elles offrent pour hausser le prestige du Canada parmi leurs membres du monde en développement. Peut-être parce qu’ils y ont une plus grande représentation, les PLMD se voyaient accorder par ces institutions 46 p. 100 de leur aide destinée à des pays précis. 1 Le principal de l’aide que le Canada fournit au PAM revêt la forme de produits alimentaires canadiens et est donc directement lié à un approvisionnement canadien. Tableau Excel TA B L E A U 5 L’A I D E P U B L I Q U E A U D É V E L O P P E M E N T M U LT I L AT É R A L E D U C A N A D A PA R I N S T I T U T I O N E T PA R PAY S ( 1 9 9 6 - 1 9 9 7 ) AFRIQUE Afrique du Sud Algérie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert Comores Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa (Zaïre) Côte d’Ivoire Djibouti Égypte Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie Zimbabwe Afrique régionale Total Afrique 3 0 0 1,32 6,30 0,22 4,58 1,66 2,93 0,65 0,22 3,55 0,01 33,07 0,67 3,78 0 13,80 0 1,08 16,90 2,18 1,92 0,16 14,78 1,08 0 0 6,18 9,76 9,38 0,38 0 5,59 12,85 0,15 3,64 3,59 17,53 0,79 2,10 0,55 10,59 0,03 5,52 0,40 0 0 14,70 8,20 2,44 0 7,24 0,41 0,66 233,54 0 0 1,30 1,38 0 1,73 0,58 2,90 0,26 0,22 0,06 0 8,05 0,04 2,81 0 4,85 0 0,35 8,35 1,60 0,48 0,04 5,34 0,41 0 0 2,66 4,85 2,88 0 0 1,23 7,57 0 1,15 3,09 4,24 0,78 1,45 0,28 3,76 0 1,21 0 0 0 4,61 2,34 1,93 0 6,21 0,41 0 91,40 0 0 0 3,41 0 1,65 0 0 0 0 3,49 0 23,90 0 0 0 3,68 0 0 6,88 0 0,53 0 6,24 0 0 0 3,41 3,84 5,19 0 0 3,59 3,17 0 2,44 0 10,92 0 0 0 5,98 0 2,56 0 0 0 6,46 4,14 0 0 0 0 0 101,48 Banques régionales de développement Total institutions de l’ONU PAM PNUD UNICEF 4 5 6 7 8 0 0 0,02 1,51 0,22 1,20 1,08 0,03 0,39 0 0 0,01 1,12 0,63 0,97 0 5,27 0 0,73 1,67 0,58 0,91 0,12 3,20 0,67 0 0 0,11 1,07 1,31 0,38 0 0,77 2,11 0,15 0,05 0,50 2,37 0,01 0,65 0,27 0,85 0,03 1,75 0,40 0 0 3,63 1,72 0,51 0 1,03 0 0,66 40,66 0,39 0,40 4,65 0,38 0,19 0,56 1,66 0,28 0,09 0,18 0,11 1,09 0,36 0,10 1,39 0,63 5,05 0,10 0,24 0,77 0,68 0,21 0,12 5,28 0,24 0,25 0 0,58 0,74 0,85 0,55 0,07 1,70 1,28 0,40 0,59 1,33 1,49 0,35 8,98 0,09 1,69 0,03 3,90 1,60 1,28 0,10 1,38 1,73 0,40 0,30 0,63 0,56 3,34 61,34 0 0 2,93 0 0 0 0,07 0 0 0 0 0,47 0 0 0 0 3 0 0 0,30 0 0 0 4,52 0 0 0 0 0 0 0 0 1,36 0 0 0 0 0 0 6,46 0 0,80 0 3,44 1 0 0 0 1,40 0 0 0 0 0 25,75 0,10 0,02 0,14 0,20 0,11 0,24 0,14 0,03 0,03 0,05 0,01 0,28 0,03 0,04 0,37 0,26 1,16 0,03 0,09 0,14 0,10 0,09 0,04 0,05 0,11 0,10 0 0,23 0,34 0,42 0,11 0,02 0,15 0,57 0,05 0,16 0,74 0,56 0,10 0,67 0,05 0,10 0,01 0,23 0,29 0,23 0,03 0,30 0,17 0,16 0,04 0,19 0,13 0,85 10,86 0,05 0,02 0,33 0,05 0,02 0,10 0,15 0,04 0,02 0,01 0,02 0,21 0,05 0,02 0,11 0,18 0,38 0,02 0,03 0,14 0,07 0,04 0,02 0,14 0,03 0,10 0 0,10 0,16 0,12 0,05 0,01 0,06 0,30 0,08 0,10 0,30 0,27 0,03 0,47 0,02 0,11 0 0,07 0,29 0,60 0,02 0,23 0,07 0,03 0,02 0,18 0,13 0,02 6,19 9 10 0,24 0,36 1,25 0,13 0,06 0,22 1,30 0,21 0,04 0,12 0,08 0,13 0,28 0,04 0,91 0,19 0,51 0,05 0,12 0,19 0,51 0,08 0,06 0,57 0,10 0,05 0 0,25 0,24 0,31 0,39 0,04 0,13 0,41 0,27 0,33 0,29 0,66 0,22 1,38 0,02 0,68 0,02 0,16 0,02 0,45 0,05 0,85 0,09 0,21 0,24 0,26 0,30 2,47 18,54 0 0,02 0,77 0,04 0,90 1,46 0,39 1,45 0,17 0,70 0,07 0,40 0,35 0,17 0,13 0 0,30 0,48 0,23 0,49 0,57 0,26 0,02 0,52 0,45 0,02 0 0,09 0,19 1,42 0,33 0,77 0,22 0,19 0,10 1,01 0,30 0,87 0,92 0,69 0,02 2,49 1,03 0,54 0,06 0,30 0,35 1,03 1,12 0,64 0,41 0,89 0,60 3,31 30,25 Total 2 Autres filières multilatérales FMI (FASR) 1 DONT... DONT... Autres institutions de l’ONU Banque mondiale Pays Total institutions financières internationales (estimative en millions de dollars canadiens) 11 0,39 0,42 6,74 6,72 1,31 6,60 3,71 4,66 0,91 1,10 3,73 1,50 33,78 0,94 5,30 0,63 19,15 0,58 1,55 18,18 3,43 2,39 0,30 20,60 1,77 0,27 0 6,87 10,69 11,65 1,26 0,84 7,51 14,32 0,65 5,24 5,22 19,89 2,06 11,77 0,66 14,77 1,09 9,96 2,06 1,58 0,45 17,11 11,05 3,48 0,71 8,76 1,57 7,31 325,19 ➤ A N N E X E S TAT I S T I Q U E 153 Total institutions financières internationales Banque mondiale FMI (FASR) Banques régionales de développement Total institutions de l’ONU 1 2 3 4 5 AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda Argentine Belize Bolivie Brésil Chili Colombie Costa Rica Cuba Dominique El Salvador Équateur Grenade Guatemala Guyana Haïti Honduras Jamaïque Mexique Nicaragua Panama Paraguay Pérou République Dominicaine Saint-Kitts-et-Nevis Saint-Vincent-et-Grenadines Sainte-Lucie Suriname Trinité-et-Tobago Uruguay Venezuela Caraïbes régionales Amérique latine régionale Autres Amériques Total Amériques 0 0,67 0 13,78 1,25 0,05 0,31 0,06 0 0 0,81 0,73 0 0,50 6,31 7,02 4,63 0,03 0,08 3,58 0,05 0,60 0,18 0,73 0 0 0,02 0,02 0,05 0,03 0,05 0 0,46 0 42,00 0 0 0 3,42 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,56 2,27 1,77 0 0 2,36 0 0 0 0 0 0 0,02 0 0 0 0 0 0 0 10,40 0 0 0 8,45 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4,50 3,81 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 16,76 0 0,67 0 1,91 1,25 0,05 0,31 0,06 0 0 0,81 0,73 0 0,50 1,25 0,94 2,86 0,03 0,08 1,22 0,05 0,60 0,18 0,73 0 0 0 0,02 0,05 0,03 0,05 0 0,46 0 14,84 0,53 4,59 0,08 9,39 5,45 0,34 4,87 0,79 0,24 0,01 1,33 3,34 0 1,82 0,55 2,09 2,54 0,11 0,54 1,89 2,01 0,46 8,37 1,40 0 0,01 0,01 0,01 0,03 0,60 0,28 0,08 0,17 1,38 55,31 ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde Indonésie Iran Iraq Jordanie Kazakhstan 0 0 11,47 1,23 0 11,42 0,06 1,76 27,78 0 0 0 16,54 31,05 0,22 0 0 0 0,04 0 0 2,99 1,23 0 9,56 0,04 1,56 27,78 0 0 0 2,62 31,05 0 0 0 0 0 0 0 8,48 0 0 0 0 0 0 0 0 0 13,92 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1,86 0,02 0,20 0 0 0 0 0 0 0,22 0 0 0 0,04 14,93 0,81 0,25 0,21 0 31,11 0,27 5,57 15,02 7,07 0,28 0 0,22 3,23 1,12 0,79 0,65 3,24 0,19 154 UNICEF Autres filières multilatérales Total Autres institutions de l’ONU DONT... PNUD Pays DONT... PAM Tableau 5 (suite) 6 7 8 9 10 11 0 0 0 8,29 0 0 2,74 0,44 0 0 0,60 2,43 0 1,18 0,45 1,03 1,86 0 0 1,06 0,69 0 5,57 1,12 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 27,46 0 4,24 0,03 0,48 3,62 0,23 1,86 0,08 0,04 0 0,53 0,54 0 0,36 0,06 0,59 0,36 0,03 0,10 0,44 1,28 0,37 2,37 0,17 0 0,01 0 0 0 0,52 0,18 0 0,09 0,40 18,98 0 0,05 0,02 0,21 0,46 0,02 0,11 0,02 0,06 0 0,07 0,10 0 0,06 0,02 0,19 0,05 0,03 0,10 0,07 0,02 0,02 0,17 0,02 0 0 0 0 0 0,01 0,04 0,03 0,03 0,02 2,00 0,53 0,30 0,03 0,41 1,37 0,09 0,16 0,25 0,14 0,01 0,13 0,27 0 0,22 0,02 0,28 0,27 0,05 0,34 0,32 0,02 0,07 0,26 0,09 0 0 0,01 0,01 0,03 0,07 0,06 0,05 0,05 0,96 6,87 0,34 0,04 0,33 0,06 0,11 0,02 0,02 0,09 0 1,01 0,02 0,02 0,43 0,04 1,05 0,63 0,04 0,73 0,06 0,09 0,02 0 0,13 0,02 0,14 0,29 0,20 0 0,21 0,02 0,02 0 0 1,87 8,05 0,87 5,30 0,41 23,23 6,81 0,41 5,20 0,94 0,24 1,02 2,16 4,09 0,43 2,36 7,91 9,74 7,21 0,87 0,68 5,56 2,08 1,06 8,68 2,15 0,14 0,30 0,23 0,03 0,29 0,65 0,35 0,08 0,63 3,25 105,36 12,97 0 0 0 0 29,15 0 3,77 13,27 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,58 0,14 0,01 0,03 0 0,32 0,15 1,10 0,84 1,38 0,14 0 0,03 0,65 0,36 0,07 0,02 0,07 0,03 0,19 0 0,04 0,06 0 0,51 0,04 0,18 0,38 0,06 0,07 0 0,04 1,31 0,29 0,02 0,34 0,03 0,04 1,19 0,67 0,20 0,12 0 1,13 0,08 0,52 0,53 5,63 0,07 0 0,15 1,27 0,47 0,70 0,29 3,14 0,12 0,22 0,02 0 0 0 0,13 0,04 0 0,26 0 0,02 0 0 1,01 0,13 0 0 0,04 0 15,15 0,83 11,72 1,44 0 42,66 0,37 7,33 43,06 7,07 0,30 0 16,76 35,29 1,47 0,79 0,65 3,28 0,23 ➤ Kirghizistan Koweït Laos Liban Malaisie Maldives Mongolie Myanmar (Birmanie) Népal Oman Ouzbékistan Pakistan Papouasie-Nouvelle-Guinée Philippines Qatar Sri Lanka Syrie Tadjikistan Thaïlande Turkménistan Turquie Viet Nam Yémen Océanie Asie régionale Autres Asie Total Asie EUROPE DE L’EST Albanie Bélarus (Biélorussie) Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Ex-Yougoslavie Fédération de Russie Hongrie Lettonie Lituanie Macédoine (RFY) Moldavie Pologne République Slovaque République Tchèque Roumanie Slovénie Ukraine Autres Europe Total Europe de l’Est Pays non spécifiés Total Pays en développement Total institutions financières internationales Banque mondiale FMI (FASR) Banques régionales de développement Total institutions de l’ONU 1 2 3 4 5 8 9 Total 7 Autres filières multilatérales UNICEF 6 Autres institutions de l’ONU PNUD DONT... PAM ASIE (suite) Pays DONT... 10 11 6,30 0 4,04 0 0 0,13 1,98 0 2,56 0 0 11,99 0,04 0,81 0 4,49 0 1,04 0 0 0 36,95 3,27 0,25 0 0 175,42 2,10 0 2,03 0 0 0,09 0,37 0 2,12 0 0 9,59 0 0,50 0 3,57 0 1,04 0 0 0 6,47 3,27 0,17 0 0 108,15 4,04 0 1,48 0 0 0 1,40 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 30,30 0 0 0 0 59,62 0,16 0 0,53 0 0 0,04 0,21 0 0,44 0 0 2,40 0,04 0,31 0 0,92 0 0 0 0 0 0,18 0 0,08 0 0 7,65 0,17 0 1,58 2,02 0,17 0,07 0,23 0,82 1,10 0 0,22 13,78 0,25 1,12 0 0,44 1,32 0,17 0,51 0,08 0,37 3,52 5,46 0,34 2,88 1,92 123,50 0 0 1,00 0 0 0 0 0 0 0 0 12,64 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2,43 4,62 0 0 0 79,85 0,07 0 0,34 0,19 0,11 0,02 0,10 0,17 0,25 0 0,09 0,22 0 0,18 0 0,16 0,07 0,07 0,15 0,03 0,10 0,35 0,21 0,11 0 1,40 10,31 0,03 0 0,08 0,05 0,02 0,01 0,03 0,17 0,18 0 0,07 0,21 0 0,16 0 0,09 0,02 0,06 0,06 0,03 0,06 0,25 0,08 0,04 0 0,04 5,34 0,07 0 0,16 1,78 0,04 0,04 0,10 0,48 0,67 0 0,06 0,71 0 0,78 0 0,19 1,23 0,04 0,30 0,02 0,21 0,49 0,55 0,19 2,88 0,48 27,75 0 0 0,06 0,02 0,61 0,07 0 0,06 0,13 0 0 0,13 0,22 0,11 0 0,21 0,02 0 0,11 0 0,04 0,14 0,15 3,31 1,94 0 9,20 6,47 0 5,68 2,04 0,78 0,27 2,21 0,88 3,79 0 0,22 25,90 0,51 2,04 0 5,14 1,34 1,21 0,62 0,08 0,41 40,61 8,88 3,90 4,82 1,92 308,12 1,10 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 5,28 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 6,38 1,10 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 5,28 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 6,38 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 0 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 0,22 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 4,77 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,13 5,12 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 0 0,06 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,20 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 0,26 0,04 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,43 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 0,47 0,12 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 4,14 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,13 4,39 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,4 0,40 1,32 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 10,05 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,53 11,90 20,43 0,02 477,77 216,35 (0,04) 177,82 20,44 48,72 31,80 2,69 0,11 14,12 12,65 112,01 83,60 293,99 164,86 43,10 14,11 71,67 60,55 862,58 dont : PLMD 173,23 77,74 60,28 35,21 107,23 72,67 11,84 6,53 16,19 21,85 302,33 Autres pays à faible revenu 167,50 104,19 47,92 15,39 51,59 36,53 4,94 3,55 6,57 5,10 224,23 Reste des pays en développement 116,61 34,40 69,66 12,55 86,45 23,86 23,63 3,92 34,79 20,95 224,01 Note : Les pays en italiques gras n’entrent pas dans les totaux de l’aide canadienne (voir les Notes techniques). Source : ACDI, Rapport statistique sur l’APD de 1996-1997. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 155 T A B L E A U 6 L A B A L A N C E C O M M E R C I A L E D U C A N A D A AV E C L E S P A Y S E N DÉVELOPPEMENT (1997) L’ensemble de notre commerce (d’exportation et d’importation) avec le monde en développement se trouve fortement concentré : quatre pays seulement — la Chine, le Mexique, le Brésil et la Malaisie — en absorbent près de la moitié (49,5 p. 100). Comme on peut le voir au graphique 6.1, le Canada fait son plus gros commerce avec les pays en développement d’Asie, mais la région des Amériques vient juste après. Par groupe de revenus, presque le tiers de notre commerce avec le monde en développement s’effectue avec les pays les moins développés et ceux à faible revenu, tandis que les pays à revenu moyen ou plus élevé entrent pour 68 p. 100 dans les échanges. Graphique 6.1 Commerce du Canada avec les pays en développement par région, 1997 Relativement parlant, les pays les plus durement touchés par notre structure tarifaire (c’est-à-dire, dont les exportations au Canada devaient acquitter un tarif douanier moyen qui dépassait 10 p. 100) étaient : le Koweït (21 p. 100), le Botswana (20,6 p. 100) et le Lesotho (20 p. 100); 14 autres pays en développement se heurtent à des tarifs moyens allant de 10 à 20 p. 100. En moyenne, c’est l’Asie qui paie le tarif douanier le plus élevé — 5,6 p. 100 — contre 0,76 p. 100 pour l’Afrique. Mais il faut rappeler que les importations américaines paient en moyenne un tarif de 0,2 p. 100 seulement. 25 000 (en millions $ CAN) 20 000 15 000 10 000 5 000 0 Afrique Exportations Amérique latine Importations Asie En valeur absolue, ce sont les importations d’Asie qui génèrent le plus de recettes pour le Canada : 742 millions de dollars. Viennent ensuite les Amériques (161 millions), l’Europe de l’Est (45 millions) et l’Afrique (16 millions). La Chine, le Mexique, l’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande, le Brésil, la Malaisie, les Philippines, le Pakistan et le Bangladesh sont nos dix principales sources de recettes douanières. Les recettes que huit de ces pays produisaient pour le Canada dépassaient l’aide qu’ils en recevaient. Dans le cas de l’Afrique, en 1997 l’Afrique du Sud a généré 5,8 millions de dollars de recettes douanières avec ses produits (équivalant à 39 p. 100 de l’aide canadienne), l’Égypte 2,7 millions (2 p. 100) et l’île Maurice 2,6 millions (171 p. 100). Europe de l’Est On avance souvent que les exportations vers les pays plus pauvres dépendent de l’assistance bilatérale, dont une bonne partie est liée. Le graphique 6.2 montre qu’en 1997, l’aide bilatérale du Canada a équivalu (environ) au tiers de ses exportations dans le cas de l’Europe de l’Est et au cinquième dans le cas de l’Afrique. Le rapport était, par contre, insignifiant pour l’Asie et les Amériques. Toutefois, dans le cas des pays les moins développés et des autres pays à faible revenu, il semble exister une bien plus forte corrélation entre l’aide bilatérale et les exportations. Commerce total Graphique 6.2 Exportations et aide bilatérale du Canada, 1997 Le déficit que le Canada accuse dans son commerce des produits avec les pays en développement — il atteint aujourd’hui 13 milliards de dollars — est presque 35 fois plus élevé qu’il y a une dizaine d’années. Mais il est peut-être contrebalancé par un excédent dans le commerce des services et le surplus dans nos échanges de produits avec les ÉtatsUnis (45,7 milliards de dollars en 1997). Les recettes tirées des tarifs ou droits de douane recouvrés sur nos importations des pays en développement se sont chiffrées à près d’un milliard de dollars en 1997, contre 0,8 milliard en 1996 et 1,1 milliard en 1995; il est encore trop tôt pour détecter une baisse des tarifs douaniers par suite du Cycle de négociations de l’Uruguay. Ces recettes douanières équivalent au bas mot à 36 p. 100 de l’aide canadienne aux pays en développement. 156 7 000 6 000 (en millions $ CAN) La montée de notre déficit avec les pays en développement traduit le fait que nos exportations ont à peine doublé depuis 1987, pendant que nos importations faisaient plus que quadrupler. La situation a été exacerbée, en 1997, par la crise financière qui a éclaté en Asie de l’Est. Car, de 1996 à 1997, nos importations provenant des pays en développement d’Asie ont augmenté de 27 p. 100 alors que nos exportations fléchissaient légèrement. Résultat, notre déficit commercial avec la région a doublé pour atteindre presque 7 milliards de dollars. Il n’existe un déficit d’une taille comparable que dans le cas des Amériques (6,6 milliards). Notre pays connaît un petit déficit de 138 millions de dollars avec l’Afrique et un déficit sensiblement plus élevé avec l’Europe de l’Est (0,4 milliards). La Chine a affiché la plus grosse croissance absolue dans nos importations de 1997 et, comme les exportations canadiennes ont chuté, notre déficit commercial avec elle est passé à plus de 4 milliards de dollars. 8 000 5 000 4 000 3 000 2 000 1 000 0 Afrique Amérique latine Exportations Asie Europe de l’Est Aide bilatérale PLMD Tableau Excel Balance commerciale 1997 Total exportations 1987 Total importations 1987 Balance commerciale 1987 Variation en % par an Exportations 1987-1997 Variation en % par an Importations 1987-1997 Total recettes douanières recouvrées 1997 Taux tarifaire moyen (%) 1997 T A B L E A U 6 L A B A L A N C E C O M M E R C I A L E D U C A N A D A AV E C L E S P A Y S E N DÉVELOPPEMENT (1997) 3 4 5 6 7 8 9 10 (143 900) 113 170 155 389 (42 219) 12,0 12,3 5 778,20 1,17 (27 696) 200 653 22 124 178 529 11,3 39,3 2,49 0 11 197 4 772 121 836 (117 064) 9,0 -51,9 0 0 6 11 298 3 309 1 3 308 13,1 19,6 0,11 1,74 34 712 1 591 33 121 ~ ~ ~ ~ ~ 327,55 20,58 1 400 19 1 381 ~ ~ ~ ~ ~ 1,16 6,08 38 119 (81) ~ ~ ~ ~ ~ 0,01 0,01 3 490 7 622 (4 132) 15 752 1 173 14 579 20,6 106,84 1,40 Total exportations 1997 Total importations 1997 (en milliers de dollars canadiens) 1 2 Afrique du Sud 350 557 494 457 Algérie 582 949 610 645 Angola 11 277 80 Bénin 11 304 Botswana Pays AFRIQUE Burkina Faso Burundi Cameroun (14,0) Cap-Vert 709 62 647 ~ ~ ~ ~ ~ 1,37 2,18 Comores 82 37 45 ~ ~ ~ ~ ~ 0,01 0,03 Congo-Brazzaville 3 381 7 725 (4 344) ~ ~ ~ ~ ~ 0,44 0,01 Congo-Kinshasa (Zaïre) 7 640 10 227 (2 587) 17 206 30 646 (13 440) (7,8) -10,4 2,82 0,03 Côte d’Ivoire 7 425 61 766 (54 341) 11 192 13 226 (2 034) (4,0) 16,7 59,45 0,10 Djibouti 729 6 723 ~ ~ ~ ~ ~ 0,05 0,76 173 761 29 038 144 723 83 529 34 018 49 511 7,6 -1,6 2 728,35 9,39 Érythrée 0 0 0 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,03 0,03 Éthiopie 5 483 7 397 (1 914) 34 593 1 876 32 717 (16,8) 14,7 0,56 0,01 Gabon 9 428 106 9 322 1 378 5 757 (4 379) 21,2 215 138 77 570 113 Ghana 52 109 12 672 39 437 25 506 6 264 Guinée 7 563 25 995 (18 432) 3 410 19 453 307 176 131 ~ ~ 35 94 (59) ~ ~ 22 142 19 019 3 123 9 361 12 637 150 7 921 (7 771) ~ ~ Égypte Gambie Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone -32,9 1,65 1,55 (9,3) 2,0 3,76 2,71 19 242 7,4 7,3 19,33 0,15 (16 043) 8,3 2,9 2,65 0,01 ~ ~ ~ 0 0 ~ ~ ~ 0,01 0,01 9,0 4,2 165,04 0,87 ~ ~ 1 587,50 20,04 6,42 457 (3 276) ~ 1 634 35 1 599 3 958 1 822 2 136 (8,5) -32,6 2,30 196 713 1 196 712 28 781 22 727 6 054 21,2 -63,3 0 ~ 660 5 758 (5 098) 3 689 111 3 578 (15,8) 48,4 103,59 1,80 3 749 1 007 2 742 8,9 11,3 52,43 1,78 ~ ~ ~ ~ ~ 33,89 0,25 203 608 29 429 174 179 (1,0) 8,4 1 051,96 1,60 992 27 612 (26 620) 18,8 -5,7 2 583,81 16,91 8 795 2 943 5 852 11 154 13 720 (2 566) 184 714 65 730 5 568 15 287 118 984 (9 719) 609 111 498 1 672 0 1 672 (9,6) s.o. 5,76 5,19 22 224 1 166 21 058 18 386 1 520 16 866 1,9 -2,6 5,24 0,45 (15 992) s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 3,94 0,02 ~ ~ ~ ~ ~ 51,38 0,61 0,01 590 16 582 8 768 8 402 71 923 520 570 (448 647) 22 435 251 504 (229 069) 12,4 7,5 29,93 8 781 10 254 (1 473) 809 1 967 (1 158) 26,9 18,0 2,88 0,03 261 217 44 ~ ~ ~ ~ 0,13 0,06 4 738 227 4 511 ~ ~ ~ ~ ~ 0 0 53 42 11 ~ ~ ~ ~ ~ 0,36 0,86 18 049 3 558 14 491 12 805 156 12 649 3,5 36,7 18,83 0,53 368 1 601 (1 233) ~ ~ ~ ~ ~ 3,40 0,21 2 001 9 799 (7 798) 318 10 186 20,2 -0,4 109,83 1,12 366 ~ (9 868) Somalie 1 124 83 1 041 825 0 825 3,1 s.o. 0,04 0,05 Soudan 15 638 76 15 562 11 749 1 480 10 269 2,9 -25,7 0,95 1,25 1,02 Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie 78 5 360 (5 282) ~ ~ ~ 13 945 2 905 11 040 25 426 2 254 23 172 274 62 212 ~ ~ ~ ~ ~ 54,44 2,6 47,03 1,62 ~ ~ 0,68 1,08 (5,8) 5 805 54 619 (48 814) 763 14 076 (13 313) 22,5 14,5 0,04 0 66 730 9 172 57 558 75 368 2 312 73 056 (1,2) 14,8 408,69 4,46 18 854 (11,0) 106,4 0,28 0 (4 888) 4,0 2,5 596,72 3,39 5 901 32 261 (26 360) 18 877 23 Zimbabwe Autres Afrique 12 972 17 579 (4 607) 8 792 13 680 s.o. s.o. s.o. ~ ~ ~ s.o. s.o. s.o. Total Afrique 1 956 956 2 095 038 (138 082) 967 403 806 379 161 024 7,3 10,0 15 957,89 A N N E X E S TAT I S T I Q U E s.o. 0,76 ➤ 157 Total importations 1997 Balance commerciale 1997 Total exportations 1987 Total importations 1987 Balance commerciale 1987 Variation en % par an Exportations 1987-1997 Variation en % par an Importations 1987-1997 Total recettes douanières recouvrées 1997 Taux tarifaire moyen (%) 1997 Pays Total exportations 1997 Tableau 6 (suite) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda Argentine Belize Bolivie Brésil 8 649 1 261 7 388 ~ ~ 339 179 231 466 107 713 96 588 111 550 9 451 12 750 6 070 5 849 755 15 590 1 457 720 1 312 496 (3 299) (14 835) 145 224 ~ ~ ~ 23,96 13,4 7,6 4 888,45 2,11 221 4,5 8,1 47,19 0,37 830 (14 962) 1,90 4 487 3 657 (16,3) 15,6 75,97 0,49 636 825 850 542 (213 717) 8,6 4,4 34 835,24 2,65 Chili 366 736 324 869 41 867 98 596 153 300 (54 704) 14,0 7,8 2 540,18 0,78 Colombie 380 733 296 779 83 954 224 330 132 997 91 333 5,4 8,4 5 784,97 1,92 63 778 184 863 (121 085) 30 700 63 223 (32 523) 7,6 11,3 5 120,93 2,77 319 058 353 113 (34 055) 272 892 51 567 221 325 1,6 21,2 1 305,24 0,37 5,80 Costa Rica Cuba Dominique 1 560 1 406 ~ ~ ~ ~ 81,61 El Salvador 17 793 43 569 (25 776) 15 611 43 151 (27 540) 1,3 0,1 3 120,13 7,09 Équateur 84 646 140 822 (56 176) 41 345 95 697 (54 352) 7,4 3,9 1 476,15 1,05 0,08 Grenade Guatemala Guyana 154 1 949 ~ 3 062 1 113 ~ ~ ~ ~ 0,88 67 779 132 937 (65 158) 20 182 33 008 (12 826) ~ 12,9 14,9 2 563,20 1,93 9 028 203 381 (194 353) 5 162 33 777 (28 615) 5,7 19,7 2 503,28 1,23 Haïti 24 958 4 246 20 712 25 386 8 664 16 722 (0,2) -6,9 556,94 13,08 Honduras 15 716 54 055 (38 339) 14 043 16 945 (2 902) 1,1 12,3 4 872,82 9,00 Jamaïque 80 804 257 598 (176 794) 94 780 113 774 (18 994) (1,6) 8,5 4 635,04 1,80 1 163 740 6 970 008 (5 806 268) 521 980 1 169 566 (647 586) 8,3 19,5 72 745,73 1,04 Nicaragua 10 564 9 816 9 820 28 661 (18 841) 0,7 -10,2 794,02 8,09 Panama 37 036 45 613 34 366 30 749 3 617 0,8 4,0 196,61 0,43 Mexique Paraguay Pérou République Dominicaine 748 (8 577) 10 143 3 286 6 857 4 008 808 3 200 9,7 15,1 23,80 0,72 257 294 134 389 122 905 120 523 75 210 45 313 7,9 6,0 2 051,67 1,53 6,36 76 066 109 888 (33 822) 55 399 29 489 25 910 3,2 14,1 6 985,19 Saint-Kitts-et-Nevis 1 772 4 434 (2 662) ~ ~ ~ ~ ~ 130,98 2,95 Saint-Vincent-et-Grenadines 3 379 139 3 240 ~ ~ ~ ~ ~ 2,47 1,77 Sainte-Lucie 7 502 1 293 6 209 ~ ~ ~ ~ 48,89 3,78 Suriname 5 482 25 168 (19 686) 1 004 3 551 (2 547) 18,5 21,6 42,76 0,17 Trinité-et-Tobago 78 191 26 364 51 827 70 505 36 875 33 630 1,0 -3,3 579,28 2,20 Uruguay 17 945 66 156 (48 211) 25 935 130 198 (104 263) (3,6) -6,5 765,64 1,16 Venezuela Total Amériques ~ 452 956 969 846 (516 890) 336 684 551 238 (214 554) 3,0 5,8 1 988,82 0,21 5 373 475 11 938 714 (6 565 239) 2 767 221 3 774 046 (1 006 825) 6,9 12,2 160 788,05 1,34 (117) 1,42 ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan 366 817 (451) 44 161 23,6 17,6 11,58 478 106 647 695 (169 589) 267 862 175 134 92 728 6,0 14,0 ~ ~ 2 364 79 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 9,85 9,02 2 285 1 714 167 1 547 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 2,58 1,54 Bahreïn 10 616 2 391 8 225 11 439 1 649 9 790 (0,7) 3,8 365,65 15,29 Bangladesh 91 609 120 125 (28 516) 124 365 23 024 101 341 (3,0) 18,0 19 318,88 16,08 0 57 (57) ~ ~ ~ ~ ~ 8,86 15,31 1 891 4 180 (2 289) ~ ~ ~ ~ ~ 809,77 19,37 2 169 409 6 299 424 (4 130 015) 1 432 079 770 901 661 178 4,2 23,4 427 393,47 6,77 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 4 252 137 4 115 7 063 1 621 5 442 (4,9) -21,9 ~ ~ 214 311 13 822 200 489 22 292 48 698 (26 406) 25,4 -11,8 1 135,82 8,20 Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde 18 538 442 450 805 740 306 18 096 (289 501) s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 7,36 1,61 270 999 170 867 100 132 5,2 15,8 58 786,34 7,94 Indonésie 769 203 808 658 (39 455) 305 079 168 010 137 069 9,7 17,0 57 662,02 7,13 Iran 624 320 505 928 118 392 168 093 110 304 57 789 14,0 16,5 566,89 0,11 (131 315) 119 636 80 801 38 835 (36,9) 5,1 1,74 0 5 713 587 5 126 6,9 4,2 81,05 9,07 Iraq 1 192 132 507 11 181 885 Kazakhstan 6 549 7 312 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 266,24 3,64 Kirghizistan 11 269 110 11 159 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 21,08 19,06 Koweït 48 710 1 970 46 740 20 133 564 19 569 9,2 13,3 414,72 20,98 257 7 895 (7 638) 87 30 57 11,4 74,6 342,89 Jordanie Laos 158 10 296 (763) 4,34 ➤ Liban Total importations 1997 Balance commerciale 1997 Total exportations 1987 Total importations 1987 Balance commerciale 1987 Variation en % par an Exportations 1987-1997 Variation en % par an Importations 1987-1997 Total recettes douanières recouvrées 1997 Taux tarifaire moyen (%) 1997 Pays Total exportations 1997 ASIE (suite) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 57 289 5 667 Malaisie 667 443 1 985 419 Maldives 8 247 197 8 050 Mongolie ~ ~ ~ ~ ~ ~ Myanmar (Birmanie) 0 0 0 1 074 717 357 Népal 4 679 5 423 Oman 19 766 842 8 468 12 069 107 428 205 024 23 307 1 749 398 565 723 414 (324 849) Qatar 15 238 37 839 (22 601) 3 616 290 Sri Lanka 39 629 82 999 (43 370) 30 579 34 260 Syrie 22 841 1 375 21 466 8 875 439 59 690 (631) s.o. s.o. 444 177 1 170 834 (726 657) 194 929 200 776 Ouzbékistan Pakistan Papouasie-Nouvelle-Guinée Philippines Tadjikistan Thaïlande Turkménistan Turquie Viet Nam 51 622 (1 317 976) (744) 10 139 1 570 118 387 187 277 ~ ~ 8 569 18,9 13,7 239,54 (68 890) 18,9 26,6 32 609,51 1,64 ~ ~ 39,02 19,80 ~ 3 744 846 4 050 49 617 (3 601) s.o. s.o. s.o. (97 596) 82 055 61 554 20 501 21 558 2 424 11 650 (9 226) 122 095 107 146 14 949 18 924 ~ (100,0) 4,22 ~ ~ ~ -100,0 ~ ~ 13,31 2 898 2,3 20,4 723,72 (45 567) 17,2 -33,5 ~ ~ s.o. s.o. 0,78 0,01 2,7 12,8 26 567,05 12,96 25,4 -17,3 ~ ~ 12,6 21,0 28 253,91 3,90 3 326 15,5 62,8 105,96 0,28 (3 681) 2,6 9,3 10 540,44 12,71 8 436 9,9 12,1 167,33 12,16 s.o. s.o. s.o. 0 0 8,6 19,3 45 903,09 3,92 (5 847) 241 7 234 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 0,26 3,59 294 563 194 288 100 275 266 074 78 321 187 753 1,0 9,5 12 115,69 6,23 11,62 50 115 148 645 (98 530) 2 337 7 709 (5 372) 35,9 34,4 17 292,81 Yémen 9 668 28 924 (19 256) 8 525 1 659 6 866 1,3 33,1 0,10 0 Océanie 10 209 3 443 6 766 ~ ~ ~ ~ ~ 103,61 3,05 7 098 594 13 903 755 3 613 787 2 296 182 1 317 605 7,0 19,7 741 869,58 5,59 Total Asie (6 805 161) EUROPE DE L’EST Albanie 1 146 177 Bélarus (Biélorussie) 1 098 1 248 Bosnie-Herzégovine 969 540 11 529 7,8 32,0 0 0 (150) s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 71,92 5,76 755 266 8 790 77 916 Croatie 14 220 10 025 4 195 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 852,06 8,49 Estonie 6 379 9 089 (2 710) s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 254,32 2,80 16 516 70 713 0,4 -17,7 ~ ~ ~ ~ ~ ~ 14 412,57 2,20 Bulgarie Ex-Yougoslavie 489 (69 126) s.o. s.o. 9 606 26 146 s.o. ~ ~ 23,3 3 564,39 4,57 17 104 10 127 625 695 (290 405) Hongrie 87 772 74 646 13 126 16 226 47 366 18,4 4,7 3 394,42 4,55 Lettonie 9 924 2 181 7 743 s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 55,60 2,55 Lituanie 5 009 22 090 (17 081) s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 333,54 1,51 Macédoine (RFY) 1 403 4 579 (3 176) s.o. s.o. s.o. s.o. s.o. 780,45 17,04 ~ (31 140) ~ ~ s.o. s.o. 135 381 145 514 (10 133) 12 455 68 648 République Slovaque 34 973 55 134 (20 161) s.o. s.o. République Tchèque 66 450 109 752 (43 302) ~ ~ Roumanie 64 228 68 255 (4 027) 53 678 57 046 Slovénie 28 593 41 774 (13 181) s.o. s.o. s.o. Ukraine 21 974 26 912 (4 938) s.o. s.o. s.o. 840 489 1 285 380 (444 891) 135 167 253 390 29 222 887 (13 953 373) 7 483 578 7 129 997 Moldavie Pologne Total Europe de l’Est Total Pays en développement 15 269 514 ~ (54 197) s.o. (13,1) 335 290 Fédération de Russie 6 977 s.o. 35 752 s.o. s.o. s.o. 250,41 7,76 26,9 7,8 5 788,50 3,97 s.o. s.o. s.o. 2 937,39 5,33 ~ ~ ~ 3 760,90 3,43 1,8 1,8 5 560,99 8,16 s.o. s.o. 1 559,00 3,73 s.o. s.o. 1 460,97 5,43 (118 223) 20,1 17,6 45 037,41 3,45 353 581 7,4 15,1 963 652,93 3,36 (56 193) (3 368) dont : PLMD Autres pays à faible revenu Reste des pays en développement 345 893 371 855 (25 962) 317 306 243 472 73 834 0,9 4,3 24 259,75 6,52 3 954 863 9 151 876 (5 197 013) 2 301 776 1 610 787 690 989 5,6 19,0 609 951,59 6,66 10 968 758 19 699 156 (8 730 398) 4 864 496 5 275 738 (411 242) 8,5 14,1 329 441,59 1,72 29 856 617 (7 634 257) 4,5 7,0 1 756 555,01 2,96 79 252 000 12 504 404 9,6 8,8 394 000,00 0,21 7 372 464 121 462 342 116 238 614 5 223 728 8,7 8,9 3 114 207,94 1,15 Total Autres pays (sauf États-Unis) 34 508 603 58 852 766 (24 344 163) 22 222 360 États-Unis 229 091 000 183 421 000 Total Monde 278 869 117 271 496 653 45 670 000 91 756 404 Note : Les pays en italiques gras ne sont pas admissibles à l’APD (voir les Notes techniques). Sources : Statistique Canada; ministère canadien des Finances; Gouvernement du Canada, Comptes publics du Canada 1996-1997. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 159 T A B L E A U 7 L E C O M M E R C E C A N A D I E N : P R I N C I PA L E S E X P O R TAT I O N S E T I M P O R TAT I O N S AV E C L E S PAY S E N D É V E L O P P E M E N T ( 1 9 9 7 ) Ce tableau énumère les trois produits qui ont constitué, en 1997, les principales exportations et importations du Canada avec chaque pays en développement. Nous indiquons également la valeur du matériel militaire que le Canada exporte directement dans le monde en développement ainsi que la principale composition de ces exportations. Les vêtements usagés demeurent une exportation majeure du Canada en Afrique; en fait, huit de nos dix principaux marchés pour les vêtements usagés se trouvent sur ce continent (Angola, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Ghana, Kenya, Malawi, Tanzanie et Ouganda). En 1997, les vêtements usagés constituaient la première exportation canadienne dans 11 pays d’Afrique et la deuxième ou la troisième dans huit autres (au lieu de sept et 12, respectivement, en 1996). Parallèlement, sept pays d’Afrique produisaient des vêtements neufs pour le marché canadien (au lieu de huit en 1996). Ces pays sont le Botswana, l’Égypte, le Lesotho, Madagascar, la Mauritanie, l’île Maurice et le Swaziland. Les vêtements usagés ne constituaient une importante exportation canadienne que pour deux autres pays, d’Asie — l’Afghanistan et le Tadjikistan. En revanche, l’Asie demeure pour nous une source majeure de vêtements : 19 de ses pays font des ventes importantes au Canada. La proportion est la même qu’en 1995, quand on a entrepris de démanteler l’Arrangement multifibres (AMF), comme convenu dans le Cycle de négociations de l’Uruguay de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT)1. Par contraste, les vêtements ne sont une de nos importations clés qu’avec cinq pays des Amériques et cinq pays d’Europe de l’Est. Notre commerce avec les États-Unis se compose en grande partie d’articles manufacturés et, aujourd’hui, les produits de base forment moins de 30 p. 100 de toutes nos exportations2. Néanmoins, en 1997, des produits de base continuaient à dominer nos exportations dans cinq pays d’Afrique, 15 pays des Amériques, sept pays d’Asie, et un pays d’Europe de l’Est. Ils comprenaient à la fois des produits alimentaires tels que blé, lentilles, lait en poudre, huile de soja et poisson, et des matières premières industrielles telles que houille, pâte de bois, cuivre et aluminium. Des produits primaires demeurent les trois principaux produits que nous fournissent 11 pays d’Afrique, 19 pays des Amériques, un pays d’Asie, et un pays d’Europe de l’Est. Fait intéressant à noter, beaucoup de pays comptent au moins un produit manufacturé parmi leurs exportations; il peut s’agir aussi bien d’un article électronique de haute technicité (comme des circuits numériques) que d’un produit textile plus traditionnel ou de chaussures. On peut voir au tableau 7.1 que les produits primaires conservent une place dominante dans nos échanges de produits avec l’Amérique du Sud. Cette situation laisse entrevoir d’importantes différences entre les négociations actuelles sur l’Accord de libre-échange des Amériques (ALEA) et celles de l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis qui soulevèrent bien des questions concernant les échanges intrasectoriels. Malgré cela, les données présentées ici montrent que le commerce du Canada avec les pays en développement comprend un éventail croissant de produits. À souligner en particulier, parmi les produits que nous importons : des circuits numériques et des récepteurs radio du Cap-Vert; des sacs de golf et des sacs à outils du Libéria; des ceintures de sécurité du Mozambique; des pièces d’ordinateurs des Seychelles; des lunettes de la Tunisie; des meubles en métal du Suriname; des livres imprimés du Kirghizistan; et des ordinateurs des Maldives. Parmi les grandes exportations du Canada, on trouve : des herbicides au Viet Nam; des incubateurs avicoles au Myanmar; des aliments pour animaux en Iraq; des bateaux à moteur au Koweït; des corsets au Costa Rica; 160 Tableau 7.1 Principales exportations et importations du Canada avec l‘Amérique du Sud, 1997 Exportations 000 $ CAN Papier journal Méteil/blé Pièces de téléphones Chlorure de potassium Blé dur Houille Matériel de transmission Produits du pétrole Avions Soufre Toutes les autres 1 Exportations totales Importations 000 $ CAN 444,3 430,2 183,3 170,3 121,4 112,7 102,6 93,8 89,5 73,0 583,1 Pétrole brut Café torréfié Or Produits du pétrole Bananes Acier semi-ouvré Autoradios Jus d’orange congelé Raisin Chaussures de cuir Toutes les autres 757,3 236,8 206,2 150,7 127,3 101,9 87,6 77,9 74,8 73,7 1 829,1 3 404,2 Importations totales 3 723,3 Source : www.strategis.ic.gc.ca des appareils de culture physique au Burundi; des vitamines au Lesotho; et du jus d’orange en Namibie. Bien que le volume des ventes de matériel militaire aux pays en développement ait diminué de 41 p. 100 en 1997, nos exportations de matériel militaire à l’extérieur des États-Unis vont surtout dans les pays en développement. Le recul des exportations est en grande partie attribuable à une diminution de 113 millions de dollars dans les ventes à l’Arabie Saoudite, l’Asie ayant enregistré dans l’ensemble une baisse de 54 p. 100. Par ailleurs, les ventes à l’Afrique et aux Amériques ont augmenté, de 60 et de 149 p. 100 respectivement. Les achats de matériel militaire canadien par les PLMD totalisent 34 millions de dollars, soit l’équivalant de 87 p. 100 de l’aide humanitaire bilatérale accordée par le Canada aux PLMD. Les ventes à l’Arabie Saoudite, au Botswana, à la Thaïlande, à la Turquie et au Venezuela représentent 92 p. 100 de toutes les exportations de matériel militaire canadien dans les pays en développement. 1 Il est encore trop tôt pour discerner des changements à ce niveau d’agrégation. Toutefois, les informations provenant du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI) montrent que l’arrêt de tout contingentement des chemises à col sur mesure, en juillet 1997, s’est soldé par une augmentation des importations venant de la Chine et un accroissement de sa part du marché canadien. Ce changement semble indiquer que l’arrêt de tous les contingentements en 2005 entraîneront une redistribution majeure chez les fournisseurs, car les pays moins compétitifs perdront des ventes sur le marché canadien et sur ceux des autres pays développés. Source : www.strategis.ic.gc.ca/cgi-bin/tdst-bin/wow/wow.code 2 MAECI, CanadExport, « Insert », vol. 16, no 16 (5 octobre 1998), p. 3. T A B L E A U 7 L E C O M M E R C E C A N A D I E N : P R I N C I PA L E S E X P O R TAT I O N S E T I M P O R TAT I O N S AV E C L E S PAY S E N D É V E L O P P E M E N T ( 1 9 9 7 ) Trois principales exportations du Canada, 1997 Pays Trois principales importations au Canada, 1997 Total export. militaires 1997 ($ CAN) 1 2 3 1 2 3 Afrique du Sud avions blé soufre platine cendres et résidus métalliques oranges Algérie blé dur méteil lait en poudre pétrole brut prod. du pétrole dates 0 Angola vêtements usagés émetteurs amiante pièces d’avions engrenages et coussinets nickel-cadmium 0 Bénin émetteurs répondeurs tél. vêtements usagés animaux vivants médicaments simili-bijoux Botswana avions pièces d’avions simulateurs de vol chemises hommes vêt. de nuit femmes pantalons femmes Princ. export. militaires du Canada AFRIQUE 525 580 dispositifs couple-câble lance-roquettes et munitions 0 34 221 636 avions Burkina Faso matériel minier pièces de perceuses matrices bougies statuettes articles électriques 0 Burundi appar. culture physique machines hydrauliques ~ café thé café torréfié 0 Cameroun tracteurs pièces électroniques fer prod. du pétrole coussinets café 0 Cap-Vert machines électriques sculptures originales meubles en métal circuits numériques récepteurs radio sellerie 0 Comores vêtements usagés ~ ~ huiles essentielles circuits int. monolithes clous de girofle 0 Congo-Brazzaville vêtements usagés fer laminé tracteurs cobalt rendus cadmium 0 Congo-Kinshasa (Zaïre) vêtements usagés export. faible valeur matériel construction cobalt diamants industriels vin 0 Côte d’Ivoire prod. du papier matériel d’impression machines et appareils graines de cacao huile/beurre de cacao prod. du pétrole 0 Djibouti export. faible valeur lentilles vêtements usagés jouets import. faible valeur silencieux d’auto Égypte papier journal houille grasse prod. du papier acier et fer brut tee-shirts tapis Érythrée ~ ~ ~ ~ ~ ~ 0 Éthiopie blé et méteil huiles de canola, colza et moutarde turbopropulseurs café graines oléag. et fruits app.-photo et projecteurs 0 Gabon tracteurs structures fer et acier pneus prod. du papier fil isolé kaolin 0 Gambie s.o.vires et bateaux de pêche verre sauces et condiments citrons pièces matér. optique véhic. à moteur 0 Ghana blé et méteil vêtements usagés fil et câble aluminium prod. du pétrole minerais métaux préc. minerais aluminium 0 Guinée matér. éducatifs/religieux amiante maïs minerais aluminium caoutchouc naturel café 0 Guinée-Bissau imprimés matériel minier matér. éducatifs/religieux café articles de divertissement ~ 0 Guinée Équatoriale ~ ~ ~ pâte de cacao thon import. faible valeur 0 Kenya blé vêtements usagés zinc café thé tissus Lesotho médicaments alcaloïdes vitamines pantalons hom./garç. pantalons fem./fill. chemisiers et blouses fem./fill. 0 Libéria vêtements usagés huiles de canola, colza et moutarde blé sacs de golf/à outils pièces de monnaie pièces d’ordinateurs 0 Libye blé dur lait autre blé gaz naturel prod. du pétrole export. faible valeur 0 Madagascar vêtements usagés vaccins humains fer et acier gousses de vanille sous-vêt. fem./fill. crevettes 0 Malawi vêtements usagés imprimés ordinateurs thé tabac noix 0 0 1 240 276 pièces d’avions 87 224 pièces d’avions Mali pièces de téléphones matériel transmission matériel minier/de forage coton gants caoutchouc circuits numériques Maroc soufre blé beurre agrumes spath fluor olives 0 Maurice hélicoptères lentilles téléphones chemisiers et blouses fem./fill. chemises hom./garç. pantalons fem./fill. 0 Mauritanie blé véhic. à moteur pneus (neufs) huile d’olive soutiens-gorge clous et épingles 0 Mozambique vêtements usagés blé médicaments noix de cajou jus de pommes ceintures sécurité 0 Namibie jus d’orange structures fer et acier export. faible valeur uranium poisson pièces turboréacteurs 0 Niger instr. d’analyse chimique bois d’œuvre matériel minier uranium prod. du pétrole tours à acier 0 Nigéria blé pièces de téléphones prod. du pétrole pétrole brut prod. du pétrole fèves de cacao 0 Ouganda vêtements usagés médicaments soufre café polymères acryliques gousses de vanille 0 République Centrafricaine farine de blé matér. éducatifs/religieux ~ café bois d’œuvre composés hétérocycliques 0 Rwanda haricots rouges vêtements usagés canola, colza ou graines de moutarde thé semiconduct. photosensibles, cellules photovoltaïques pièces d’ordinateurs 0 427 305 pièces de simulateur São Tomé et Principe outils de forage mobilier bureau appareils personnels pièces de wagons bijoux export. faible valeur 0 Sénégal locomotives prod. du papier pièces d’avions dépolisseuses sable et vapeur mémoires d’ordinateur pièces d’ordinateurs 0 Seychelles gélatine matériel agricole pellicules, feuilles, etc. de polyéthylène pièces d’avions pièces d’ordinateurs cannelle 0 Sierra Leone matériel transmission lentilles haricots rouges mach. à forger/emboutissage café pièces d’ordinateurs 0 Somalie matériel transmission autre matér. électrique mobilier bureau fournitures salle de bains café trains électriques 0 Soudan blé ordinateurs matériel minier mach. de travaux publics graines de sésame bandes magnétiques 0 Swaziland articles fer et acier médicaments vêtements usagés herbicides machines à couler tee-shirts 0 Tanzanie vêtements usagés blé tabac thé tabac café Tchad matér. éducatifs/religieux vêtements usagés ~ ordinateurs matér. traitement numérique ordinateurs portables 0 Togo blé pièces de wagons vêtements usagés phosphates de calcium fèves de cacao produits végétaux 0 5 962 armes à feu, munitions Tunisie soufre blé orge prod. du pétrole verres optiques dates Zambie vêtements usagés matér. terrassement matér. minier/de forage cuivre cobalt circuits numériques Zimbabwe matér. terrassement matér. minier/de forage réservoirs et citernes tabac cuivre cément granite Total Afrique 1 265 pièces de véhicule 930 armes à feu 319 700 avions 36 829 878 ➤ A N N E X E S TAT I S T I Q U E 161 Tableau 7 (suite) Trois principales exportations du Canada, 1997 1 2 3 Trois principales importations au Canada, 1997 1 2 3 Total export. Princ. export. militaires 1997 militaires ($ CAN) du Canada AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda ~ export. faible valeur bâtiments préfab. pièces turboréacteurs cuirs vache et cheval pièces d’avions Argentine papier journal pièces de téléphones avions cuirs vache et cheval jus de raisin arachides Belize conducteurs électriques poteaux de bois et de clôture fil et câble aluminium sucre de canne noix du Brésil homards Bolivie appareils transmission blé et méteil pièces de téléphones minerai argent étain noix du Brésil Brésil papier journal chlorure de potassium blé et méteil café radios jus d’orange Chili blé et méteil houille grasse blé dur raisin farine de poisson minerai cuivre Colombie blé et méteil cuivre raffiné pour fil papier journal café bananes fleurs Costa Rica papier journal chlorure de potassium corsets, soutiens, bretelles bananes café ananas 0 Cuba pois abats soufre oxyde de nickel sucre de canne brut crevettes 0 Dominique ~ transactions faible valeur bois d‘œuvre articles table et cuisine circuits int. monolithes vêtements 0 El Salvador blé et méteil prod. du papier malt café sous-vêt. femmes condensateurs 0 Équateur blé et méteil papier journal prod. du papier bananes crevettes fleurs 0 Grenade articles faible valeur viande et abats pièces de téléphones muscade fèves de cacao macis 0 Guatemala blé et méteil papier journal chlorure de potassium café sucre de canne brut graines de sésame 0 Guyana nitrate d’ammonium sulphate d’ammonium export. faible valeur or aluminium rhum et tafia Haïti équip. athlétique haricots rouges export. faible valeur tee-shirts déchets de cuivre ficelle d’engerbage 0 Honduras papier journal chlorure de potassium papier cannelure mi-chimique café bananes tee-shirts 0 Jamaïque export. faible valeur poisson salé papier journal oxydes aluminium rhum et tafia liqueurs et cordiaux Mexique semences de colza blé pièces véh. à moteur véh. à moteur fils d’allumage télés couleur 0 54 966 armes à feu et pièces 0 0 3 620 968 munitions, pièces d’avions et d’hélico. 406 866 instrument de bord, système anti-incendie 0 250 armes à feu 0 343 512 armures Nicaragua papier journal pellicules, feuilles, etc. polyéthylène chargeuses frontales café pantalons hom./garç. pantalons fem./fill. Panama malt lentilles papier journal or bananes café 0 Paraguay mach. à mouler par injection cigarettes niveleuses circuits int. hybrides circuits numériques cuir 10 138 armures Pérou blé (dont blé dur) pièces de téléphones papier journal café plomb farine de poisson non comestible 72 900 armures 6 000 plaquettes de circuit République Dominicaine papier journal harengs fumés poisson salé or argent café Saint-Kitts-et-Nevis poisson salé matér. traitement thermique pièces matériel audiovisuel interrupteurs composés hétérocycliques animaux vivants 0 0 Saint-Vincent-et-Grenadines export. faible valeur tonneaux, et futailles en bois papier cannelure mi-chimique poisson homards fruits et noix 0 Sainte-Lucie spiritueux lait export. faible valeur articles étain tenues fem./fill. prod. du papier 0 Suriname or viande de bœuf export. faible valeur or poisson meubles en métal 0 Trinité-et-Tobago papier journal export. faible valeur pommes de terre fer et acier prod. du pétrole boissons gazeuses 0 Uruguay papier journal papier fin pièces de téléphones viande de bœuf cuir agrumes 0 Venezuela blé papier journal blé dur pétrole brut prod. du pétrole produits fer et acier Total Amériques 4 689 144 pièces d’avions, armures 9 204 744 ASIE Afghanistan amandes vêtements usagés plaques, rubans, pellicules adhésifs raisin pistaches noix de cajou Arabie Saoudite orge tanks et véh. blindés bois d’œuvre pétrole brut éthers acycliques prod. du pétrole 0 Arménie matériel de constr. mach. de boulangerie ascenseurs et escaliers roulants noix et graines pantalons hom./garç. sous-vêt. hom./garç. Azerbaïdjan art. éducatifs/religieux structures fer et acier vaccins humains caviar ferrochrome articles carbone et graphite Bahreïn pâte de bois véh. à moteur articles carbone et graphite pantalons fem./fill. crevettes chemisiers et blouses fem./fill. 82 474 645 VBL et pièces, matériel radio 0 0 1 755 Bangladesh blé et méteil graines de moutarde pois vestes et anoraks hom./garç. crevettes chemises hom./garç. Bhoutan ~ ~ ~ vêt. de nuit fem./fill. pâte de bois pièces de pompes Cambodge export. faible valeur vêtements usagés véh. à moteur vestes et anoraks hom./garç. crevettes vestes et anoraks fem./fill. Chine blé et méteil chlorure de potassium pâte de bois jouets sacs de golf/à outils chaussures sport Corée du Nord pâte de bois plomb pièces de téléphones vêt. de ski lampes électriques matériel informatique 0 Émirats Arabes Unis avions blé véh. à moteur acier inoxydable bijoux ordinateurs portables 401 268 Géorgie alcool éthylique médicaments télécop./télés/émetteurs radio rendus trioxyde de chrome pièces d’instr. optiques Inde papier journal blé machines et appareils tee-shirts chemises hom./garç. vêt. de nuit fem./fill. Indonésie blé pâte de bois glycol d’éthylène caoutchouc naturel matér. d’enreg. vidéo chaussures sport Iran blé orge hottes aspirantes pétrole brut tapis de crin et de laine s.o.phtylamine Iraq médicaments haricots rouges aliments p. animaux pétrole brut café tapis Jordanie papier aliments p. bébés médicaments circuits numériques pièces d’avions chandails et blousons d’entraînement Kazakhstan pièces de téléphones structures fer et acier matér. minier/de forage produits fer et acier ferrochrome minerais chrome et concentrés 0 Kirghizistan matériel minier matériel de constr. pièces de véh. à moteur vêt. de nuit fem./fill. livres imprimés hydromètres, hygromètres, psychomètres 0 Koweït véh. à moteur bateaux à moteur pièces de véh. à moteur vestes fem./fill. pardessus fem./fill. vestes hom./garç. Laos camions routiers vaccins humains mach. et appar. électriques prod. du pétrole chemises hom./garç. café Liban aluminium blé export. faible valeur noix et graines huile d’olive déchets de cuivre Malaisie wagons électriques chlorure de potassium matér. signalisation et sécurité ferroviaire circuits int. numériques autres circuits int. mémoires d’ordinateur Maldives matér. religieux/éducatifs pièces d’avions matériel transmission vestes hom./garç. thon ordinateurs pièces de radar 616 pièces de sonar 0 0 3 935 pièces de radar casques et armures 0 0 190 840 pièces d’avions 0 0 129 478 64 860 munitions matériel d’essai 0 0 2 890 081 pièces d’hélico. et électroniques 0 ➤ 162 ASIE (suite) Trois principales exportations du Canada, 1997 Trois principales importations au Canada, 1997 Total export. Princ. export. militaires 1997 militaires ($ CAN) du Canada 1 2 3 1 2 3 Mongolie ~ ~ ~ ~ ~ ~ Myanmar (Birmanie) matér. éducatifs/religieux pompes d’éjection incubateurs à poussins crevettes vêtements tee-shirts 0 Népal papier fin timbres, chèques, billets de banque neufs pièces d’avions chemises hom./garç. tapis chandails et blousons d’entraînement 0 Oman blé pompes d’éjection engrenages et convertisseurs de couple pantalons fem./fill. chemises hom./garç. pantalons hom./garç. Ouzbékistan répondeurs tél. pièces de téléphones textiles uranium enregistrements antiquités Pakistan blé houille export. faible valeur chemises hom./garç. coton filé synthétiques 0 100 pièces d’avion 0 369 696 Papouasie-Nouvelle-Guinée avions robinets, valves, etc. camions routiers café caoutchouc naturel circuits int. numériques Philippines blé cuivre zinc circuits int. circuits int. numériques mémoires d’ordinateur Qatar appar. traitement thermique véh. à moteur pièces de moteurs prod. du pétrole urée chemises hom./garç. 0 Sri Lanka blé imprimés amiante vestes hom./garç. chaussures sacs de golf/à outils 0 Syrie tubes et tuyaux en fer tissus aluminium tee-shirts olives chaussures 0 Tadjikistan vêtements usagés vaccins humains ~ aluminium export. faible valeur ~ 0 Thaïlande amiante pâte de bois téléc./télés/émetteurs radio crevettes matér. informatique thon et autres poissons 14 680 084 Turkménistan prod. du papier matér. minier/de forage matér. arpentage minier pièces de véh. à moteur bijoux antiquités Turquie houille grasse tabac blé fer et acier tissus de laine peignée tuiles Viet Nam chlorure de potassium filasse artificielle herbicides café chaussures chaussures sport Yémen prod. du papier imprimés matér. minier/de forage pétrole brut prod. du pétrole café réparat. syst. de défense de navire 0 368 144 agents de propulsion, armes à feu hélico. et pièces, pièces d’avion 0 6 814 848 491 154 systèmes de navig., pièces d’avion casques & armures 0 Total Asie 108 881 504 EUROPE DE L’EST Albanie tissus matér. éducatifs/religieux machines et appareils chemisiers et blouses fem./fill. chaussures rendus 0 Bélarus (Biélorussie) machines et appareils parfums tissus à mailles toiles vestons et blazers hom./garç. fibres synthétiques 0 Bosnie-Herzégovine articles sanitaires structures fer et acier blé parfums hormones corticosurrénales chaussures 0 Bulgarie zinc matériel médical tissus minerais cuivre et concentrés cuivre non raffiné et anodes de cuivre déchets de cuivre 0 Croatie blé export. faible valeur bitume mobilier en bois chaussures bougies 0 Estonie porc structures fer et acier beurre crevettes instr. ophtalmiques pianos à queue 0 Ex-Yougoslavie médicaments composés hétérocycliques châssis et moteurs produits fer et acier anoraks fem./fill. framboises, mûres Fédération de Russie porc pièces de téléphones tissus morue uranium naturel produits fer et acier Hongrie pièces d’ordinateurs convertisseurs statiques électriques porc mémoires d’ordinateur pièces mach. agricoles pièces lampes électriques 0 1 249 pièces d’armes à feu Lettonie pièces de téléphones structures fer et acier imprimés crevettes contre-plaqué poisson en boîte 0 Lituanie médicaments contre-plaqué et placage matér. de menuiserie prod. du pétrole crevettes poisson 0 Macédoine (RFY) tissus porc éthylène chaussures meubles de chambre en bois chandails et blousons d’entraînement 0 Moldavie toiles alcool éthylique prod. du pétrole fer et acier jus de pomme vestes et blazers fem./fill. Pologne mach. de filtration et purification articles plastique blé dur pièces turboréacteurs et hélices urée République Slovaque mach. et appar. électriques turbines à gaz appareils réfrigération produits fer et acier tours à métal meubles de chambre en bois 3 098 pièces d’armes à feu République Tchèque aliments p. animaux export. faible valeur tissus aléseuses tracteurs condensateurs Roumanie houille matériel transmission tissus minerais cuivre et concentrés bottes roulements à billes Slovénie export. faible valeur turbopropulseurs spiritueux porc composés hétérocycliques skis Ukraine structures fer et acier tissus mach. agricoles ferro-silico-manganèse produits fer et acier pièces de wagons Total Europe de l’Est Total Pays en développement laiton 0 990 armes à feu 62 541 munitions, armes à feu 884 armes à feu 104 245 pièces masques à gaz, armes à feu 0 173 007 155 089 133 dont : PLMD Autres pays à faible revenu 34 229 144 2 703 075 Reste des pays en développement 118 156 914 Total Autres pays (sauf États-Unis) 149 178 658 Total Monde (sauf États-Unis) 304 267 791 Note : Les pays en italiques gras ne sont pas admissibles à l’APD (voir les Notes techniques); les articles en brun constituaient 75 % ou plus du commerce bilatéral total avec le Canada. Sources : Statistique Canada, Division du commerce international; ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Direction générale des contrôles à l’exportation et à l’importation. S TAT I S T I C A L A N N E X 163 T A B L E A U 8 L E S R E L A T I O N S F I N A N C I È R E S D U C A N A D A AV E C L E S P A Y S E N DÉVELOPPEMENT (1997) Ce tableau offre un aperçu des relations financières du Canada avec les pays en développement. Il faut utiliser les données avec circonspection : les organismes déclarants ne fournissent souvent aucun chiffre pour les pays individuels et les renseignements publiés visent souvent des périodes différentes, empêchant l’imputation des chiffres qui manquent. En 1997, le total des créances que nos organismes publics et nos banques commerciales détenaient avec des organisations et des particuliers des pays en développement s’est élevé à 48,3 milliards de dollars, d’après les estimations; cela représentait une augmentation de près de 5 milliards de dollars par rapport à 1996. Les banques du Canada avaient accordé plus des deux tiers de leurs prêts à des pays en développement des Amériques, et le reste était le plus souvent allé à des pays d’Asie. Le Mexique, le Brésil et l’Argentine entrent pour un tiers dans ces prêts bancaires au monde en développement, mais des organisations et des particuliers en Chine, en Thaïlande, à Trinité-et-Tobago, au Chili et en Indonésie doivent également des montants importants. Les chiffres dont on dispose pour les prêts des banques commerciales datent de septembre/octobre 1997 — autrement dit, le début de la crise en Asie. Nos banques n’avaient alors qu’un engagement limité dans les pays qui passaient pour des débiteurs « problématiques ». La Banque de Nouvelle-Écosse avait en fait réduit ses provisions pour pertes sur prêts liées aux risques-pays de 500 millions de dollars (près de la moitié) par rapport à l’année précédente. Toutefois, comme on le voit à la colonne 9, les banques du Canada possédaient un encours de prêts qui dépassait 3 milliards de dollars avec la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie quand la crise a éclaté en Asie, de sorte que les provisions pour les risques-pays ont peut-être augmenté depuis. En 1997, le gouvernement du Canada avait un encours de prêts d’environ 20 milliards de dollars avec le monde en développement, légèrement supérieur à celui de l’année antérieure. Neuf p. 100 (1,7 milliard) étaient dus directement au gouvernement fédéral, consistant principalement en prêts de l’ACDI; mais l’Agence n’accorde plus de prêts, et le montant dû diminue avec le remboursement ou la remise des dettes. Durant l’exercice se terminant le 31 mars 1998, remboursements et remises de dettes ont réduit de plus de 77 millions de dollars le principal et les intérêts dus à l’ACDI. Quatre pays d’Asie (l’Inde, le Pakistan, l’Indonésie et le Sri Lanka) doivent plus de 80 p. 100 du reste de la dette. Le plus gros des créances officielles du Canada était détenu par deux sociétés de la Couronne : la Société pour l’expansion des exportations (SEE) et la Commission canadienne du blé (CCB). En 1997, la SEE avait un encours de prêts d’environ 7,3 milliards de dollars avec les pays en développement, qui représentait approximativement 37 p. 100 de toutes les créances officielles du Canada. Près de 70 p. 100 de tous ces prêts appartiennent au Compte de la Société; il s’agit de prêts accordés à des conditions strictement commerciales, et qui évitent ainsi un surengagement dans un seul pays ou une seule industrie1. L’encours des prêts du Compte de la Société accordés aux pays en développement a diminué de 1,2 milliard de dollars (19 p. 100) en 1997. Le reste des prêts de la SEE sont des prêts que le gouvernement fédéral autorise par le truchement du « Compte du Canada ». Les prêts du Compte du Canada peuvent avoir un caractère concessionnel ou pas. Au cours de 1996-1997, la valeur des prêts non concessionnels a légèrement diminué, tandis que celle des concessionnels a augmenté par suite d’importants décaissements à la Chine et à la Turquie. La Commission canadienne du blé avait une créance de 6,4 milliards de dollars avec 13 pays en développement, qui représentait une légère baisse par rapport à 1996-1997. Comme environ 70 p. 100 de ces prêts 164 Dette officielle par institution — Total 1997 : 19,6 milliards $ (estimatif) ACDI 9 % (1 695,61 $) Inconnus 22 % (4 274,48 $) SEE 37 % (7 293,74 $) CCB 32 % (6 365,53 $) sont à rembourser en dollars américains, la CCB réalisera un gain appréciable avec la récente dévalorisation du dollar canadien. Quoique la CCB ne publie pas de chiffres par pays, il est fort probable que la Russie, l’Algérie et le Brésil doivent le plus gros de ces prêts non remboursés. La colonne 11 donne une idée approximative des investissements directs du Canada à l’étranger (IDCE) réalisés dans des pays en développement — et comprenant les investissements dans des biens matériels, la propriété d’entreprises constituées en sociétés dans les pays d’accueil, mais pas les avoirs financiers comme les obligations et les actions minoritaires détenues dans des sociétés2. En 1997, les IDCE effectués dans les pays de la liste se sont chiffrés, selon les estimations, à 18,4 milliards de dollars (un accroissement de 15 p. 100 depuis 1996); et les deux tiers se situaient dans des pays des Amériques (le Chili, le Brésil et l’Argentine, en particulier). Fait intéressant à noter : les IDCE réalisés au Mexique — notre autre partenaire de l’ALENA — ont diminué de 14 p. 100 en 1997, tombant à 1 090 millions de dollars. L’Asie, et spécialement l’Indonésie, absorbent la majeure partie des autres IDCE effectués dans le monde en développement. Les investissements directs que le Canada réalise dans les pays en développement restent modestes par rapport à ceux qu’il fait dans les autres pays industrialisés. Il vaut la peine de souligner que les IDCE réalisés aux Bermudes et dans divers pays ou dépendances des Caraïbes qui sont exclus de notre liste des pays en développement (Barbade, Bahamas, îles Caïmans, Antilles néerlandaises, îles Vierges britanniques) frisaient 20 milliards de dollars, selon les estimations. Autrement dit, ils dépassaient tous les IDCE effectués dans les pays en développement de la liste. Nos investissements directs à la Barbade, chiffrés à 10,74 milliards de dollars, représentent à eux seuls plus du double des IDCE réalisés dans la totalité des pays en développement d’Asie et d’Afrique ! La majorité de ces investissements s’effectuent dans l’industrie des services financiers et se situent dans les pays offrant des avantages fiscaux. La colonne 12 renseigne sur les investissements directs étrangers au Canada (IDEC) réalisés par des sociétés des pays en développement. Le total est minuscule, dépassant juste 1 milliard de dollars. Le Brésil et le Mexique sont les seuls pays à avoir effectué des investissements directs de plus de 200 millions de dollars au Canada. Là aussi, les IDEC réalisés par le Mexique, notre autre partenaire de l’ALENA, ont en fait baissé en 1997. 1 Cette assertion est peut-être vraie. La SEE fait un profit sur ses prêts, mais elle ne donne pas assez d’informations pour qu’on puisse déterminer si elle interfinance des pays ou des industries. 2 Il existe encore moins d’informations sur les investissements de portefeuille du Canada en actions et obligations de pays en développement. Les investissements de portefeuille du Canada dans les pays ne faisant pas partie de l’OCDE — dont certains ne se classent pas parmi les pays en développement — atteignaient près de 11 milliards de dollars, et avaient donc augmenté de 345 p. 100 depuis 1990. Tableau Excel T A B L E A U 8 L E S R E L A T I O N S F I N A N C I È R E S D U C A N A D A AV E C L E S P A Y S E N DÉVELOPPEMENT (1997) (en millions de dollars canadiens) Total créances dette canadienne (estim.) Masse des IDE du Canada Masse des IDE au Canada Total créances banques canadiennes 31 mars 97 31 mars 98 31 oct. 97 31 oct. 97 30 sept. 97 1997 1997 1997 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 0 22,58 0 0 0 0 0 11,30 0 0 0,80 0 0 0 2,76 0 0 20,33 0 0 0 0 0 11,98 0 0 0 0 0 0 134,17 0 0 0 0 0 0 0 0 6,21 0 0 0 0 0 9,10 0 0 0 0 0 0 0 0 219,23 0 12,02 0 0 0 0 0 20,57 0 0 3,20 0 0 0 18,17 0 0 12,55 0 0 0 0 0 10,24 0 0 0 24,80 0 0 142,12 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 37,87 0 0 0 8,17 0 0 289,71 ~ 448,00 ~ ~ ~ ~ ~ 386,00 ~ ~ 53,00 ~ 262,00 ~ ~ ~ ~ > zéro ~ ~ ~ ~ ~ > zéro ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 1 149,00 0 > zéro 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 > zéro 0 > zéro 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 > zéro 0 0 > zéro 234,90 743,60 4,60 0,90 0 0 0 412,90 0 0 55,53 36,80 259,40 0 317,10 0 0,50 100,60 0 8,87 0 0 0 91,90 0 4,30 0 33,80 0 0 319,00 0 0 0 0 0 0 0 0 6,40 0 9,80 0 0 0 13,10 0 67,00 0 0 101,20 84,80 0 0 2 907,00 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 0 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 23 23 512 773 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 3 599 172 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 14 576 762 0 49,52 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 44,96 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 14,69 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 89,68 0 0 0 198,85 Banque Royale Total dette officielle au 31 déc. 97 31 juill. 97 Banque de NouvelleÉcosse Société pour l’exp. des exportations Compte du Canada Section 23 Concessionnelle 31 mars 97 1 Commission canadienne du blé Société pour l’exp. des exportations Compte du Canada Section 23 Non concessionnelle AFRIQUE Afrique du Sud Algérie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert Comores Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa (Zaïre) Côte d’Ivoire Djibouti Égypte Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie Zimbabwe Afrique – non spécifiés Total Afrique TOTAL DES IDE DETTE PRIVÉE OU COMMERCIALE 31 mars 97 Gouvernement du Canada (ACDI) Pays Société pour l’exp. des exportations Compte de la Société DETTE PUBLIQUE OU OFFICIELLE Engagement brut (PVD désignés seul.) 277 29 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 386 692 A N N E X E S TAT I S T I Q U E 42 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 42 ➤ 165 0 12,96 0 0 0 0,70 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 10,13 20,34 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 44,13 ~ ~ ~ ~ 486,00 ~ ~ > zéro ~ ~ ~ ~ ~ > zéro > zéro ~ > zéro ~ 609,00 ~ > zéro ~ 633,00 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 372,00 ~ ~ ~ 2 100,00 0 0 0 0 > zéro 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 > zéro 0 > zéro 0 0 0 0 > zéro 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 > zéro 58,70 483,40 0 0 773,10 244,25 396,30 19,36 73,60 0 0a 39,40 0 21,70 2,70 2,40 29,14a 65,90 615,20 0a 2,70 0,00 651,70 2,90 0 0 0 0 27,20 0 423,93 0 0 0 3 933,58a 0 0 0 0 0 0 0 0 91,25 0 0 0 0 0 0 0 0 0 10,89 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 592,29 0 0 0 0 70,26 44,54 0 0 0 0 0 0 0 0 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 1 155,00 ~ ~ ~ ~ ~ 560,00 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 > zéro > zéro 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,90 0 0 2 129,10 0 0 9,50 0 838,40 827,00 441,20 621,70 24,70 29,65 70,80 14,20 0 0,08 ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde Indonésie Iran Iraq Jordanie Kazakhstan Kirghizistan Koweït Laos Liban 0 0 0 0 0 0 0 0 ~ 0 0 0 0 547,65 227,39 0 0 0 0 0 0 0 0 166 31 mars 98 31 oct. 97 31 oct. 97 30 sept. 97 1997 1997 1997 6 7 8 9 10 11 12 ~ 1 196 ~ ~ 1 279 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 1 216 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 2 181 5 872 ~ 230 ~ ~ 542 ~ ~ ~ ~ ~ ~ > zéro ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ > zéro ~ > zéro > zéro ~ ~ ~ ~ ~ ~ 279 42 198 ~ 1 291 ~ 2 195 ~ ~ 2 992 1 154 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 4 362 ~ ~ ~ 221 ~ ~ ~ ~ ~ 1 281 ~ 776 ~ ~ 6 707 19 688 ~ 2 678 ~ ~ 3 765 1 398 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 4 977 ~ ~ ~ 873 ~ ~ ~ ~ ~ 1 308 ~ 1 200 ~ ~ ~ 23 622 ~ 1 469 ~ 32 3 137 3 518 384 ~ 103 ~ ~ 70 ~ ~ ~ ~ ~ 513 1 090 ~ 139 ~ 264 136 ~ ~ ~ ~ ~ ~ 429 ~ ~ 1 165 12 449 ~ ~ ~ ~ 289 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 223 ~ 94 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 606 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 114 ~ ~ ~ ~ ~ ~ 1 470 ~ ~ ~ ~ 994 1 275 ~ ~ ~ ~ ~ 36 ~ ~ ~ 114 ~ ~ ~ ~ ~ ~ 3 599 ~ ~ ~ ~ 1 832 ~ ~ ~ ~ ~ ~ 50 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 377 ~ ~ ~ ~ 125 1 467 ~ ~ ~ 311 ~ ~ ~ ~ Banque Royale Total dette officielle au Masse des IDE au Canada 0 125,93 0 0 9,12 0 0 0 32,52 0 0 5,59 0 0 0 0 0 7,79 4,78 0 0 0 1,04 0 0 0 0 0 0 0 25,12 0 0 0 211,89 0 0,38 0 1,06 6,69 2,35 15,46 18,17 9,55 0 0a 7,55 0 2,99 0 0 0a ~ 0,06 0a 0 0,40 0,07 7,68 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 72,41 a Masse des IDE du Canada 5 Total créances dette canadienne (estim.) 4 31 déc. 97 31 juill. 97 Total créances banques canadiennes Société pour l’exp. des exportations Compte du Canada Section 23 Concessionnelle 3 Commission canadienne du blé Société pour l’exp. des exportations Compte du Canada Section 23 Non concessionnelle 31 mars 97 2 Gouvernement du Canada (ACDI) 31 mars 97 1 AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda Argentine Belize Bolivie Brésil Chili Colombie Costa Rica Cuba Dominique El Salvador Équateur Grenade Guatemala Guyana Haïti Honduras Jamaïque Mexique Nicaragua Panama Paraguay Pérou République Dominicaine Saint-Kitts-et-Nevis Saint-Vincent-et-Grenadines Sainte-Lucie Suriname Trinité-et-Tobago Uruguay Venezuela Antilles – non spécifiés Amérique latine – non spécifiés Amériques – non spécifiés Total Amériques TOTAL DES IDE DETTE PRIVÉE OU COMMERCIALE 31 mars 97 Pays Société pour l’exp. des exportations Compte de la Société DETTE PUBLIQUE OU OFFICIELLE Banque de NouvelleÉcosse Tableau 8 (suite) Engagement brut (PVD désignés seul.) ~ 58 ~ ~ ~ ~ ~ ~ 79 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ➤ TOTAL DES IDE Total créances dette canadienne (estim.) Masse des IDE du Canada Masse des IDE au Canada 31 mars 98 31 oct. 97 31 oct. 97 30 sept. 97 1997 1997 1997 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Malaisie 6,12 Maldives 0 Mongolie 0 Myanmar 8,31 Népal 0 Oman 0 Ouzbékistan 0 Pakistan 463,56 Papouasie-Nouvelle-Guinée 0 Philippines 2,96 Qatar 0 Sri Lanka 131,75 Syrie 0 Tadjikistan 0 Thaïlande 27,92 Turkménistan 0 Turquie 8,69 Viet Nam 0 Yémen 0 Océanie 0 Asie de l‘Est et le Pacifique 0 Moyen-Orient et Afrique du Nord – non spécifiés 0 Total Asie 1 424,35 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 10,04 0 0 0 0 0 0 28,40 0 150,65 0 0 0 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ > zéro ~ ~ ~ 0 0 0 0 0 0 0 > zéro 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 5,50 12,50 0 8,30 0 0 0 611,00 0 147,30 3,00 127,40 0 0 293,20 0 380,00 2,70 0 0 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 817 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 661 ~ ~ ~ ~ 1 282 ~ ~ ~ ~ ~ 823 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 808 ~ ~ ~ ~ 1 575 ~ ~ ~ ~ ~ 128 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 448 ~ ~ ~ ~ 271 ~ ~ ~ ~ ~ 121 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 0 0 ~ 0 0 4 974 ~ 125 1 386 ~ ~ 0 102,14 0 896,18 ~ 1 715,00 0 > zéro 0 6 598,13 ~ 4 974 ~ ~ 953 7 727 ~ 14 325 ~ 4 513 ~ 258 EUROPE DE L’EST Albanie Bélarus Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Ex-Yougoslavie Fédération de Russie Hongrie Lettonie Lituanie Macédoine Moldavie Pologne République Slovaque République Tchèque Roumanie Slovénie Ukraine Europe – non spécifiés Europe de l’Est et Asie centrale – non spécifiés Total Europe de l’Est 0 0 0 0 0 0 0 92,27 0 0 2,66 0 0 0 0 0 310,75 0 0,71 0 0 0 406,39 0 0 0 0 ~ 0 ~ 0 ~ > zéro 0 0 0 ~ 0 > zéro 0 0 0 ~ 0 0 0 0 > zéro 0 0 0 35,40 61,50 3,50 0 2 224,10 4,60 4,00 2,50 0 0 3 458,30 12,30 5,25 360,10 19,10 0 0 0 0 6 190,65 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ > zéro ~ ~ ~ ~ ~ 41 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 95 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 2 319 ~ ~ ~ ~ ~ 3 492 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 653 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 45 ~ ~ ~ 0 43,07 0 0 0 0 0 0 0 0 43,07 ~ ~ ~ > zéro ~ ~ ~ 117,00 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 117,00 ~ 41 457 586 ~ 6 777 ~ 698 ~ 0 939,65 1 273,09 5 081,00 6 365,53 6 365,53 19 629,36 10 846 1 355 28 693 48 322 18 422 134 1 040 15,31 105,99 818,35 70,84 745,54 456,71 0 > zéro > zéro > zéro > zéro > zéro > 276,30 > 4 985,31 > 8 177,10 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ > 276,30 > zéro ~ > 4 985,31 > 1 969 ~ > 8 177,10 > 12 614 > zéro > 79 > 827 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Pays en développement – non spécifiés Total Pays en développement 1 695,61 dont : PLMD 8,31 Autres pays à faible revenu 1 415,31 Reste des pays en développement 271,99 0 0 0 0 0 0 0 Banque Royale Total dette officielle au 31 déc. 97 31 juill. 97 Banque de NouvelleÉcosse 31 mars 97 2 Commission canadienne du blé Société pour l’exp. des exportations Compte du Canada Section 23 Concessionnelle 31 mars 97 1 Pays Gouvernement du Canada (ACDI) Société pour l’exp. des exportations Compte du Canada Section 23 Non concessionnelle Total créances banques canadiennes DETTE PRIVÉE OU COMMERCIALE 31 mars 97 ASIE (suite) Société pour l’exp. des exportations Compte de la Société DETTE PUBLIQUE OU OFFICIELLE Engagement brut (PVD désignés seul.) ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ Notes : Les pays en italiques gras ne sont pas admissibles à l’APD (voir les Notes techniques). a On a rajusté les totaux pour tenir compte des dettes converties au Salvador, au Honduras et au Nicaragua. Le Costa Rica et la Colombie ont aussi eu des créances de l’ACDI converties (voir les Notes techniques). Sources : Gouvernement du Canada, Comptes publics du Canada 1996-1997; Société pour l’expansion des exportations, Commission canadienne du blé, Banque Royale et Banque de Nouvelle-Écosse, Rapports annuels 1997; Statistique Canada, Division de la balance des paiements; ministère canadien des Finances, Division des finances et de l’analyse économique internationales; ACDI, Direction générale des politiques. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 167 TA B L E AU 9 LES MOUVEMENTS DE GENS Pour niveler les fluctuations importantes qui se produisent d’une année à l’autre, le tableau 9 utilise les moyennes de 1995 à 1997, les trois dernières années pour lesquelles il existe des statistiques sur l’immigration au Canada. Au cours de cette période, un peu plus des deux tiers des immigrants sont arrivés de pays en développement — une augmentation par rapport aux 60 p. 100 (environ) de 1987, mais une proportion qui demeure très inférieure à la part des pays en développement dans le total de la population mondiale (85 p. 100). Le total de l’immigration a crû d’environ 3,5 p. 100 par an durant la dernière décennie, mais celle venant du monde en développement a augmenté à un taux annuel presque trois fois plus élevé que celui des pays développés : 4,7 p. 100 contre 1,6 p. 100. Les immigrants d’Asie et d’Europe de l’Est ont produit le principal de cette croissance, tandis que l’immigration en provenance des Amériques (tant les États-Unis que les pays en développement) a fléchi. Comme le montre le tableau 9.1, l’Asie est de loin la plus grande source d’immigrants parmi les régions — avec 42 p. 100 — mais ce chiffre reste bien inférieur à sa proportion de la population du monde (58 p. 100). Avec 8,5 p. 100, l’immigration des Amériques équivaut grosso modo à leur part de la population mondiale, tandis que l’Afrique se trouve sous-représentée, et que l’Europe de l’Est fournit une part relativement élevée de toute l’immigration. Tableau 9.1 L’immigration au Canada par région % de l’immigration Région Afrique 6,8 Amériques 8,5 Asie 42,0 Europe de l’Est 10,2 % de la population du monde 13,2 8,4 57,6 5,8 L’immigration provenant de la région des Balkans déchirée par la guerre a affiché une croissance particulièrement rapide, tout comme celle du Moyen-Orient, facilitée par des parents qui se trouvaient déjà au Canada. En revanche, on a vu chuter, au cours de la dernière décennie, l’immigration à partir de l’Indochine, de l’Amérique centrale et de l’Afrique australe — toutes des régions qui ont connu des bouleversements politiques dans la seconde moitié des années 1980. Les trois pays qui ont produit le plus d’immigrants ont été l’Inde (18 997), la Chine (16 422) et les Philippines (12 958); le Pakistan, le Sri Lanka, l’Iran, la Bosnie-Herzégovine, la Roumanie, la Jamaïque, et l’Arabie Saoudite ont constitué le reste des dix principaux pays d’origine. L’Égypte se révèle la plus grande source d’immigration parmi les pays d’Afrique, tandis que les Caraïbes, et en particulier le Guyana, produisent le plus d’immigrants par rapport à leurs populations. Il existe quatre grandes catégories d’immigrants. Ce sont, par ordre d’importance : les parents (réunifiés ou parrainés par un parent déjà au Canada), les indépendants, les réfugiés et les gens d’affaires. Les parents ont composé 45 p. 100 de tous les immigrants arrivés de pays en développement entre 1995 et 1997; la majeure partie venait de l’Inde, des Philippines et de la Chine. Les indépendants ont formé 32 p. 100 de tous les nouveaux immigrants du monde en développement, les principaux pays d’origine étant la Chine et les Philippines (dont les immigrants arrivent souvent comme employés de maison). Plus de 96 p. 100 des réfugiés admis au Canada viennent de pays en développement. La majorité arrivent de la Bosnie-Herzégovine, du Sri Lanka, de la Chine, de l’Iran, de l’Afghanistan, de l’Inde et de la Somalie. Près de la moitié des réfugiés venaient de l’Asie et le quart, de l’Europe de l’Est. Les réfugiés d’Afrique ne composaient que 14 p. 100 du total, bien que ce continent héberge peut-être le tiers des réfugiés du monde. Les entrepreneurs et les investisseurs admis comme « gens d’affaires » formaient 9 p. 100 de tous les immigrants, mais le quart seulement venaient de pays en développement. Les principaux pays d’origine des immigrants de cette catégorie dans le monde en développement étaient la Chine, l’Inde, l’Iran et le Pakistan, mais un nombre important de gens d’affaires arrivait également du MoyenOrient (Koweït, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Jordanie) et de l’Égypte. Globalement, et chez les pays en développement, femmes et hommes sont représentés de façon égale dans les chiffres de l’immigration. Mais la répartition n’est pas aussi équilibrée à l’intérieur des catégories d’immigration. Dans les immigrants du monde en développement, les femmes formaient 57 p. 100 des parents, 45 p. 100 des réfugiés et 48 p. 100 des gens d’affaires et des indépendants. La représentation assez équilibrée des sexes dans la catégorie des gens d’affaires peut indiquer que la majorité des entrepreneurs ou des investisseurs immigrant ont des familles. Chez les indépendants, les femmes composent la moitié de l’immigration à cause du grand nombre d’entre elles qui viennent comme employées de maison. La part de l’immigration des pays en développement appartenant à la Francophonie a chuté de près de la moitié au cours des dix dernières années — tombant à 6,4 p. 100 du total du monde en développement — surtout à cause du nombre bien plus faible des immigrants de l’Indochine, qui se remet aujourd’hui des conflits politiques de la fin des années 1980. Graphique 9.1 L’immigration par région, 1987 et 1995-1997 100 000 90 000 Gens d’affaires 4 % Réfugiés 19 % Nombre d’immigrants 80 000 L’immigration des pays en développement par catégorie, 1995 à 1997 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 20 000 Indépendants 32 % 10 000 0 Parents 45 % Afrique Amériques 1987 168 Asie Europe de l’Est 1995-1997 Tout le reste Tableau Excel TA B L E AU 9 L E S M O U V E M E N T S D E G E N S : L ’ I M M I G R A T I O N A U C A N A D A D E G E N S D E S PAY S E N D É V E L O P P E M E N T Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Total immigration 1987 Variation en % par an 1987 à 1995-1997 PA R C AT É G O R I E D ’ I M M I G R A N T S E T PA R S E X E (moyenne des trois dernières années connues, 1995 à 1997) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 RÉFUGIÉS PARENTS Pays AFRIQUE Afrique du Sud Algérie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert Comores Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa (Zaïre) Côte d’Ivoire Djibouti Égypte Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie Zimbabwe Total Afrique 2 279 77 1 6 4 3 5 23 0 2 4 57 32 14 281 17 158 5 3 422 11 0 1 150 1 6 19 4 3 12 197 30 2 0 1 3 103 12 2 6 0 25 5 10 109 16 1 69 3 9 39 23 11 278 336 119 1 4 4 4 7 16 1 0 2 63 28 19 369 35 301 4 8 514 13 1 0 187 1 2 28 6 3 9 244 46 1 1 1 0 94 15 2 8 0 14 5 16 148 38 2 87 3 7 50 21 11 2 902 615 196 2 10 8 7 12 39 2 2 6 120 60 33 650 53 459 9 11 936 24 1 1 337 2 8 47 10 6 21 442 76 3 1 2 3 198 27 4 14 0 39 10 26 257 53 3 156 6 16 89 45 22 5 180 3 295 16 1 2 3 120 16 0 1 4 261 16 11 101 3 198 1 2 118 13 1 0 73 1 31 25 0 1 5 6 0 4 1 0 1 94 11 1 64 1 8 4 12 451 308 2 4 11 20 10 7 3 2 345 3 163 6 0 1 1 118 9 0 0 1 215 9 11 87 4 180 1 1 81 5 0 0 67 1 15 3 0 1 2 8 0 3 1 0 0 62 9 1 72 0 6 2 8 458 171 3 5 2 9 8 8 2 1 823 6 458 22 2 3 4 239 25 0 2 5 476 26 22 188 8 377 1 2 199 18 1 0 140 2 47 28 0 1 7 14 0 7 2 0 1 156 20 1 135 1 15 6 20 909 480 5 9 12 29 19 15 6 4 169 TOTAL IMMIGRATION MOYENNE INDÉPENDANTS GENS D’AFFAIRES 55 8 0 0 0 0 0 2 0 0 0 3 6 0 109 0 0 0 1 1 0 0 0 8 0 2 5 0 0 0 33 2 0 0 1 2 8 0 1 1 0 5 0 1 0 5 0 11 0 0 3 4 1 278 53 9 0 0 0 0 0 2 0 0 0 1 6 0 98 0 1 0 1 1 0 0 0 11 0 1 6 1 0 0 34 2 0 0 1 0 8 0 1 1 0 5 0 1 1 3 0 9 0 0 2 3 2 264 108 16 0 0 0 0 0 3 0 0 0 4 11 0 207 0 1 0 2 3 0 0 0 19 0 2 11 2 0 0 67 4 0 0 1 2 17 0 2 1 0 10 0 2 1 8 0 20 0 0 5 6 3 542 551 394 1 4 17 1 2 28 2 1 1 17 27 1 808 1 23 3 5 76 5 0 0 56 2 3 68 7 5 5 243 25 2 1 3 4 96 4 1 4 0 21 2 7 15 31 1 25 1 5 91 34 12 2 740 506 323 0 2 15 1 2 19 2 1 1 12 18 0 535 0 19 2 2 62 3 0 0 61 1 0 51 9 3 3 188 21 0 0 2 3 69 3 0 5 0 13 2 7 10 22 1 28 0 4 45 36 9 2 122 1 057 717 1 5 32 2 5 47 4 2 2 29 45 1 1 343 1 42 5 7 138 7 0 0 117 3 3 119 16 7 8 431 47 2 1 4 7 165 8 2 9 0 34 4 14 25 53 3 54 1 9 135 71 21 4 862 887 774 18 11 24 7 128 68 2 4 9 338 81 25 1 299 21 379 9 11 617 29 1 1 287 4 42 117 12 8 23 479 58 8 2 4 10 302 27 6 74 1 59 11 30 575 360 4 110 15 34 143 69 27 7 642 898 1 786 613 1 387 7 25 6 17 20 43 6 13 128 256 47 115 3 5 1 5 4 13 291 629 61 142 31 56 1 089 2 388 40 61 500 880 7 16 11 22 658 1 275 20 50 1 2 0 1 327 613 4 8 19 60 88 205 17 28 6 15 14 37 474 954 69 127 4 11 2 4 4 8 3 13 234 535 28 55 3 9 86 160 0 1 38 97 9 20 31 61 617 1 192 234 594 6 11 129 239 5 20 20 54 105 248 68 137 24 52 7 111 14 753 1 837 122 67 8 11 24 35 33 4 1 4 113 57 5 1 084 s.o. 1 013 11 23 942 11 1 0 774 5 12 81 52 19 10 513 521 4 32 14 5 251 124 2 74 0 31 19 61 198 106 7 469 5 29 85 58 83 9 050 -0,28 27,52 -9,39 8,04 14,69 -5,95 22,00 13,26 2,92 17,46 12,22 18,74 9,58 27,33 8,22 s.o. -1,40 3,60 -0,44 3,07 16,27 8,84 s.o. -2,30 4,37 17,53 9,71 -5,89 -2,56 13,98 6,40 -13,16 10,98 -19,48 -5,84 10,31 7,87 -7,86 16,23 8,02 s.o. 12,12 0,51 0 19,67 18,81 4,30 -6,53 14,68 6,35 11,30 8,98 -4,63 5,01 ➤ A N N E X E S TAT I S T I Q U E 169 Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Total immigration 1987 Variat. en % par an 1987 à 1995-1997 Tableau 9 (suite) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 RÉFUGIÉS PARENTS Pays TOTAL IMMIGRATION MOYENNE INDÉPENDANTS GENS D’AFFAIRES AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda 11 Argentine 72 Belize 11 Bolivie 15 Brésil 88 Chili 66 Colombie 65 Costa Rica 34 Cuba 111 Dominique 24 El Salvador 146 Équateur 113 Grenade 117 Guatemala 95 Guyana 1 098 Haïti 674 Honduras 52 Jamaïque 1 350 Mexique 276 Nicaragua 40 Panama 15 Paraguay 10 Pérou 133 République Dominicaine 123 Saint-Kitts-et-Nevis 8 Saint-Vincent-et-Grenadines 72 Sainte-Lucie 29 Suriname 14 Trinité-et-Tobago 803 Uruguay 27 Venezuela 80 Total Amériques 5 770 14 25 94 166 14 25 19 33 149 238 104 170 121 187 47 81 182 292 24 48 216 362 143 256 136 252 126 220 1 372 2 470 780 1 453 79 131 1 437 2 787 408 685 55 95 25 40 13 23 187 320 139 262 4 12 100 171 39 68 19 33 884 1 687 28 55 136 216 7 093 12 864 0 35 2 11 3 28 21 8 113 0 138 22 2 197 11 144 52 1 35 41 12 4 168 4 0 0 0 3 6 23 73 1 156 0 30 1 12 5 31 22 8 80 0 131 27 3 177 13 160 43 3 36 49 6 3 173 4 0 3 0 3 8 18 76 1 126 0 65 3 22 7 59 43 16 193 0 269 49 4 374 24 304 96 4 71 90 18 7 341 9 0 4 1 6 14 41 148 2 282 0 50 1 0 31 1 11 0 0 0 1 2 0 0 2 0 1 3 34 0 1 11 6 0 1 0 0 3 16 1 13 191 0 52 1 0 29 1 13 0 0 0 1 1 0 0 5 0 2 3 32 0 1 14 4 0 1 0 0 2 17 1 15 194 0 102 2 0 61 2 24 1 0 0 1 4 0 0 7 0 4 6 66 0 2 24 10 0 2 0 0 5 33 3 28 385 3 85 2 3 153 23 92 11 10 5 22 14 27 16 40 30 12 131 221 20 7 1 42 6 2 17 10 4 214 24 85 1 333 2 79 2 3 129 21 86 14 8 11 19 13 73 12 90 45 14 265 187 20 8 1 52 7 3 50 22 6 226 25 81 1 573 5 164 4 6 283 45 178 25 18 16 41 27 100 29 130 76 25 395 408 39 15 2 94 12 5 67 32 10 440 50 166 2 906 14 242 16 28 276 118 190 54 233 30 307 151 146 308 1 151 848 117 1 485 566 101 34 25 350 133 11 89 39 23 1 039 76 251 8 450 16 29 254 496 18 34 33 62 313 588 157 276 242 431 69 122 270 503 35 65 366 674 185 336 211 357 315 623 1 479 2 630 985 1 833 139 256 1 708 3 193 663 1 230 124 225 41 75 31 56 416 766 150 283 8 19 153 242 61 100 30 53 1 135 2 174 73 149 307 558 9 987 18 437 ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde Indonésie Iran Iraq Jordanie Kazakhstan Kirghizistan Koweït Laos Liban 125 205 189 421 20 30 5 7 40 80 521 956 0 0 146 206 4 007 6 470 3 7 0 1 250 535 9 15 7 515 14 050 56 89 752 1 295 173 276 196 340 14 20 4 5 72 147 23 29 593 904 834 55 10 9 1 453 1 6 1 065 1 0 17 10 578 1 947 890 49 54 1 84 3 161 730 21 13 9 1 290 1 9 809 1 0 11 8 346 1 702 436 45 60 1 50 2 113 1 564 76 23 18 2 744 2 15 1 874 2 0 29 18 924 2 1 649 1 326 95 114 3 134 5 274 0 199 2 0 11 13 0 0 336 0 0 165 0 126 36 321 40 124 1 0 258 0 45 1 161 1 0 10 11 0 0 343 0 0 155 0 122 37 309 36 99 3 0 218 0 36 1 360 3 1 21 23 0 0 679 1 1 320 0 248 74 630 76 223 4 0 476 0 81 30 1 115 16 5 148 379 0 2 3 827 1 0 730 11 2 265 13 1 120 82 268 64 6 361 1 246 25 917 11 3 133 274 0 2 3 572 1 0 632 9 1 490 13 946 70 203 65 6 321 1 145 55 2 032 27 8 281 653 0 4 7 399 2 1 1 362 20 3 755 26 2 066 152 470 128 12 682 1 391 944 1 602 38 16 200 1 280 1 68 7 691 7 2 1 198 27 9 504 83 2 930 1 116 585 125 9 778 10 763 880 1 288 45 17 183 1 096 1 158 8 731 5 1 1 048 26 9 473 108 2 710 715 543 142 12 662 25 886 170 80 232 10 2 40 435 0 60 2 463 4 1 286 6 6 535 33 543 104 144 6 1 74 6 310 1 824 2 889 83 33 383 2 375 2 225 16 422 11 3 2 246 53 18 977 191 5 641 1 831 1 129 267 20 1 440 35 1 649 65 567 22 158 266 1 419 371 177 141 85 3 546 354 295 1 082 5 986 2 070 140 5 309 825 1 093 29 113 858 447 38 221 91 61 1 707 272 274 28 082 -7,65 -1,33 4,45 -8,98 8,26 -15,11 1,52 -3,63 13,56 -2,70 -15,30 -0,53 1,93 -5,37 -7,89 -1,21 6,22 -4,96 4,07 -14,62 9,97 -6,72 -1,13 -4,48 -6,70 0,91 0,95 -1,40 2,45 -5,86 7,37 -4,12 998 466 s.o. s.o. 41 468 0 607 608 s.o. 1 552 s.o. 598 218 101 299 198 s.o. s.o. 423 457 401 6,22 20,02 s.o. s.o. 25,04 17,64 s.o. -17,84 20,20 s.o. 10,31 15,07 s.o. 7,05 -1,33 6,17 19,87 19,01 s.o. s.o. 13,03 -22,66 -6,98 ➤ 1 2 9 3 3 Hommes 7 8 9 10 11 12 13 11 0 0 34 1 1 10 288 1 11 3 1 842 42 0 19 0 36 54 11 5 6 030 20 0 0 99 3 3 18 712 1 22 6 4 158 95 1 64 0 112 111 26 11 14 355 6 0 0 2 2 6 0 303 2 41 16 5 45 0 5 0 24 0 7 7 2 148 7 0 0 1 3 4 0 262 1 40 12 4 40 0 4 0 24 1 6 7 1 959 8 11 64 70 78 9 242 197 74 14 15 40 18 551 22 19 342 4 228 2 008 17 20 88 94 125 18 355 329 114 22 31 56 28 1 761 55 62 530 9 379 4 091 17 4 2 484 77 338 26 339 164 6 17 2 4 85 17 2 4 146 10 91 3 831 15 3 2 381 74 322 26 263 166 6 13 4 4 89 12 2 2 92 9 115 3 597 32 7 4 865 150 660 51 603 330 12 30 6 8 174 28 4 6 237 19 206 7 428 0 1 0 4 1 1 7 32 6 2 2 1 3 4 2 2 8 1 18 94 0 2 0 4 2 1 6 28 5 1 3 0 4 4 2 2 9 2 14 89 28 667 38 046 66 713 15 657 12 576 28 233 2 711 2 506 2 114 2 773 14 42 1 0 0 1 3 8 4 43 10 94 0 15 565 2 396 3 4 81 1 866 28 108 9 160 84 216 0 2 9 18 0 2 47 110 1 12 14 16 14 9 4 107 15 814 1 2 0 7 3 3 13 60 11 3 6 1 6 8 4 3 16 3 32 183 44 93 25 194 51 26 455 897 69 65 19 14 27 209 45 29 1 382 7 750 4 401 Total Pays en développement dont : PLMD Autres pays à faible revenu Reste des pays en développement Total Autres pays (sauf États-Unis) États-Unis 4 887 3 094 2 551 5 645 63 52 115 755 13 971 18 821 32 792 4 935 3 746 8 681 937 897 1 834 9 793 12 583 16 452 29 034 7 628 6 279 13 907 1 711 1 557 12 241 1 243 13 972 26 213 1 888 3 131 508 32 503 38 1 011 70 7 649 123 Total Monde 42 151 53 906 96 057 16 197 13 117 29 314 5 217 24 289 42 84 141 0 0 1 1 2 1 6 14 91 35 78 58 84 178 143 14 29 26 1 459 3 855 4 352 4 8 10 3 591 5 457 5 659 88 196 154 136 296 3 211 154 370 413 1 3 3 36 54 100 1 4 2 78 188 349 13 25 892 12 28 50 10 18 267 14 602 30 416 44 898 41 79 24 176 51 26 388 819 64 59 21 12 28 172 74 45 1 292 5 696 4 071 Variat. en % par an 1987 à 1995-1997 25 31 152 164 203 27 597 526 188 36 47 96 46 2 312 77 81 872 13 607 6 099 6 9 0 0 65 2 2 8 424 0 11 3 2 316 53 1 45 0 77 56 15 6 8 325 Total immigration 1987 EUROPE DE L’EST Albanie Bélarus (Biélorussie) Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Ex-Yougoslavie Fédération de Russie Hongrie Lettonie Lituanie Macédoine (RFY) Moldavie Pologne République Slovaque République Tchèque Roumanie Slovénie Ukraine Total Europe de l’Est 151 235 0 0 1 1 17 33 12 23 39 79 8 11 1 280 2 509 4 7 3 657 7 398 25 52 1 503 2 233 170 269 1 1 89 121 0 0 193 331 1 778 2 601 21 33 298 544 23 960 42 571 Total Malaisie 83 Maldives 0 Mongolie 0 Myanmar (Birmanie) 16 Népal 11 Oman 40 Ouzbékistan 3 Pakistan 1 229 Papouasie-Nouvelle-Guinée 4 Philippines 3 740 Qatar 27 Sri Lanka 730 Syrie 99 Tadjikistan 0 Thaïlande 33 Turkménistan 0 Turquie 139 Viet Nam 824 Yémen 12 Océanie 246 Total Asie 18 610 Total 5 Femmes Femmes 4 Hommes Hommes 3 Total Total 2 Femmes Femmes 1 Hommes Hommes Pays Total Asie (suite) 14 15 16 17 212 352 0 1 2 3 58 149 50 108 127 270 33 58 3 289 7 641 10 20 7 299 12 958 128 282 3 485 6 696 406 819 2 5 148 248 2 4 330 679 1 845 2 737 51 101 320 587 46 551 91 448 711 0 1 29 8 14 s.o. 980 15 7 292 41 4 211 688 s.o. 118 s.o. 387 5 706 4 527 45 168 -6,78 s.o. 11,61 17,76 29,73 34,44 s.o. 22,80 2,75 5,92 21,25 4,75 1,75 s.o. 7,72 s.o. 5,79 -7,08 38,11 1,09 7,31 73 143 5 104 213 s.o. 2 493 5 065 1 347 692 83 500 969 2 71 132 s.o. 1 012 2 056 1 055 1 341 2 631 234 188 343 714 94 192 s.o. 60 98 1 72 131 s.o. 148 282 s.o. 1 949 2 730 6 997 133 204 s.o. 111 164 11 1 922 3 800 1 544 25 47 s.o. 1 204 2 291 s.o. 11 848 22 182 10 647 39,81 s.o. 134,67 23,62 85,57 s.o. 6,90 27,38 -7,06 s.o. 58,22 s.o. s.o. -8,98 s.o. 31,02 9,42 s.o. s.o. 7,62 TOTAL IMMIGRATION MOYENNE INDÉPENDANTS GENS D’AFFAIRES Femmes RÉFUGIÉS PARENTS 85 69 172 109 49 2 572 371 345 102 468 52 62 843 1 043 1 716 1 290 133 155 123 98 40 39 26 59 55 133 381 781 119 70 74 53 2 674 1 878 12 22 1 445 1 087 8 472 10 334 22 368 46 657 71 324 75 496 146 821 92 947 4,68 5 979 12 004 8 749 3,21 7 544 17 337 29 637 31 007 60 644 33 674 6,06 3 268 13 741 14 222 27 963 35 662 38 510 74 172 50 524 3,91 7 473 110 15 122 11 734 233 980 11 244 22 977 32 131 922 1 902 2 379 52 420 7 997 2,22 -3,96 10 483 10 089 20 572 37 003 34 534 71 536 105 834 111 645 217 479 153 364 3,55 602 1 357 6 025 33 191 2 958 65 321 5 337 Note : Les pays en italiques gras ne sont pas admissibles à l’APD (voir les Notes techniques). Source : Canada, ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 171 TA B L E AU 1 0 LES LIENS HUMAINS ENTRE LE CANADA ET LE MONDE EN DÉVELOPPEMENT L’aide, le commerce et l’investissement constituent, certes, d’importants volets de nos relations internationales, mais nos liens avec les pays en développement vont bien plus loin. Pour le Canadien moyen, ces liens se manifestent plus concrètement par les gens qui viennent étudier, travailler ou faire du tourisme au Canada, et par les voyages que peuvent faire les Canadiens dans le monde en développement. Le tableau 10 donne certains indicateurs de ces liens. En 1997, il y avait plus de 90 500 Canadiens immatriculés auprès de nos missions diplomatiques comme des ressortissants travaillant ou habitant dans les pays en développement — c’était une augmentation de 18,5 p. 100 par rapport aux chiffres comparables de 19961. La majorité travaillent pour des sociétés privées ou des organismes d’aide et craignent pour leur sécurité à cause d’une guerre (comme au Cambodge), de troubles politiques (à Haïti), de systèmes juridiques draconiens (en Arabie Saoudite) ou de catastrophes naturelles (dans la région des Caraïbes, sujette aux ouragans). Plus de 5 100 Canadiens se trouvaient immatriculés en Afrique du Sud et en Chine, et plus de 4 000 l’étaient au Liban, en Arabie Saoudite et à Haïti. Les Canadiens ont aussi effectué, en 1997, près de 2,5 millions de voyages dans des pays en développement; ce total représentait 4.3 p. 100 de tous leurs voyages à l’étranger, et une augmentation de 13 p. 100 par rapport à 1996. Le Mexique (667 300), Cuba (201 200), la République Dominicaine (149 900), la Jamaïque (73 300) et SainteLucie (60 700) étaient des destinations particulièrement populaires, surtout parce qu’ils attirent les amateurs de vacances au soleil. De nombreux Canadiens ont également visité la Chine (77 500), l’Inde (51 800) et la Thaïlande (51 700) en Asie, et le Maroc (32 700), l’Afrique du Sud (31 900) et la Tunisie (24 400) en Afrique. De son côté, le Canada a accueilli 5 p. 100 de plus de visiteurs venant de pays en développement — 782 090 en 1997 contre 745 098 en 1996 — bien que ce total demeure inférieur au chiffre comparable de 1995. Un grand nombre de nos visiteurs du monde en développement arrivaient du Mexique, de la Chine, du Brésil et de l’Inde, qui ont généré ensemble 39 p. 100 du total. Néanmoins, dans la plupart des cas, les Canadiens sont plus souvent les visiteurs du pays en développement que les hôtes de ses gens. Plus de 46 p. 100 de tous les étudiants étrangers qui fréquentent nos collèges et nos universités sont originaires de pays en développement. Les plus nombreux viennent de la Chine (1 835 ou 12,5 p. 100 du total), de la Malaisie (1 114), de l’Inde (771), de l’Iran (717), du Maroc (646) et du Mexique (471). Le total des étudiants venant de pays en développement (14 720) représente une augmentation de 1,5 p. 100 par rapport à 1996 — une hausse modeste, mais réjouissante après la baisse de 13 p. 100 de 1996 qu’on a imputée à la majoration des frais de scolarité des étudiants étrangers. Environ 26 p. 100 de ces étudiants du monde en développement étaient originaires de pays appartenant à la Francophonie — un chiffre qui correspondait en gros à la proportion des francophones au Canada. Comme les dernières années, un pourcentage élevé du total (35 p. 100) s’est composé d’étudiants africains, à 70 p. 100 masculins. Globalement, le tiers seulement des étudiants étrangers venant de pays en développement sont des femmes; les Caraïbes du Commonwealth constituent la seule région où ce profond déséquilibre entre sexes se trouve inversé. 172 Graphique 10.1 Étudiants étrangers par sexe et par région d’origine, 1997 5 000 4 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 Afrique Caraïbes du Commonwealth Hommes Autres Amériques Asie Europe de l’Est Femmes Le Canada possède 69 ambassades ou hauts-commissariats dans les 146 pays ou groupes de pays de la liste. Nous avons en outre des consulats ou des bureaux dans 24 de ces pays. Au total, 804 diplomates canadiens sont en affectation dans le monde en développement, ce qui fait une moyenne de 11,6 Canadiens par mission, sans compter le personnel recruté sur place. Notre plus grosse mission du monde en développement se trouve en Chine, où elle emploie 85 Canadiens. Parmi les pays en développement, 113 possèdent des ambassades au Canada et 18 autres sont représentés par un consulat ou un bureau. La Chine a le plus grand nombre de diplomates (114), mais de grosses missions sont également maintenues par le Mexique (49), la Russie (45), la Pologne (34), l’Inde (27), la Thaïlande (25), l’Indonésie (24) et le Brésil (23). 1 Les Canadiens ne sont pas obligés de s’immatriculer auprès de leurs missions quand ils résident à l’étranger. Ces chiffres sont donc probablement très en deçà de la réalité. Tableau Excel 31 900 700 400 1 600 1 100 1 600 ~ 1 700 1 400 ~ ~ 600 1 600 200 20 200 ~ 600 500 ~ 200 2 100 ~ 200 6 300 300 ~ 800 ~ 1 100 2 600 32 700 300 ~ 500 1 000 500 1 800 1 800 ~ ~ ~ 2 800 300 ~ ~ 1 000 ~ 2 700 ~ 900 24 400 1 000 5 000 1 000 155 400 23 187 1 388 160 270 246 282 69 546 29 7 209 383 1 077 88 5 582 ~ 655 524 49 907 467 15 12 2 903 50 64 2 007 230 162 397 6 393 1 108 51 115 198 68 1 462 589 10 186 0 914 52 52 86 132 51 928 50 169 3 164 413 1 365 22 59 543 5 6 7 8 61 85 8 68 36 51 36 163 0 9 27 129 241 4 93 0 29 125 133 139 81 0 0 150 8 7 219 25 19 73 472 91 16 4 1 34 102 21 16 14 1 164 4 11 43 14 4 82 43 50 332 21 40 ~ 3 599 65 23 2 26 8 36 12 95 0 4 11 47 90 2 31 0 12 67 31 49 34 0 0 94 5 0 21 19 12 29 174 52 8 1 2 20 47 19 8 16 0 99 5 4 30 7 5 44 6 14 97 5 38 ~ 1 526 126 108 10 94 44 87 48 258 0 13 38 176 331 6 124 0 41 192 164 188 115 0 0 244 13 7 240 44 31 102 646 143 24 5 3 54 149 40 24 30 1 263 9 15 73 21 9 126 49 64 429 26 78 ~ 5 125 • • Bureau Côte d’Ivoire Bureau • Kenya • Sénégal Tanzanie Gabon • • Éthiopie • Bureau • • Sénégal • • Sénégal Gabon • Bureau Ghana Tunisie Bureau Bureau • • Bureau Bureau • Afrique du Sud Bureau • Bureau Cameroun Bureau Gabon • Tanzanie Ghana Kenya Éthiopie Afrique du Sud • Cameroun Bureau • • • 16 11 0 0 0 1 0 6 0 0 0 3 12 0 18 0 6 2 0 13 3 0 0 21 0 0 0 0 0 2 8 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 8 0 0 0 0 0 6 0 0 8 3 13 20, plus 12 bureaux 162 Nombre d’employés diplomatiques au Canada (déc. 1997) 4 ÉTUDIANTS ÉTRANGERS INSCRITS DE (1996-1997) Ambassade ou HautCommissariat du pays au Canada (déc. 1997) Nombre d’employés diplomatiques dans le pays (déc. 1997) 5 153 513 149 120 229 319 89 438 6 5 26 318 848 14 919 80 381 310 51 365 588 4 11 1 734 77 5 492 83 452 255 983 81 10 251 43 158 1 188 448 33 169 7 376 19 11 19 185 89 1 107 49 48 485 352 678 s.o. 20 823 Ambassade ou HautCommissariat du Canada dans le pays (déc. 1997) 3 Total 2 Femmes Visiteurs au Canada de (1997) 1 Hommes AFRIQUE Afrique du Sud Algérie Angola Bénin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap-Vert Comores Congo-Brazzaville Congo-Kinshasa (Zaïre) Côte d’Ivoire Djibouti Égypte Érythrée Éthiopie Gabon Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Kenya Lesotho Libéria Libye Madagascar Malawi Mali Maroc Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigéria Ouganda République Centrafricaine Rwanda São Tomé et Principe Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie Zambie Zimbabwe Autres Afrique Total Afrique Visiteurs canadiens à (1997) Pays LES LIENS HUMAINS ENTRE LE CANADA ET LE MONDE EN DÉVELOPPEMENT Canadiens immatriculés à l’étranger (avril 1998) TA B L E AU 1 0 9 10 • • Consulat • • Consulat Consulat • Consulat 17 10 5 9 2 7 2 5 2 Consulat • • • • • • • • • • • • • • Consulat • • • • • • • • • Bureau • • • • Bureau • Bureau • 3 7 14 1 20 3 3 6 4 10 9 3 1 8 4 7 1 9 6 7 15 2 4 1 5 5 ~ 6 3 3 2 9 3 2 Bureau • • • • • • • 2 5 4 2 13 13 3 7 40, plus 10 bureaux A N N E X E S TAT I S T I Q U E 294 ➤ 173 174 5 6 7 8 Barbados • Bureau Bureau • • • • • Barbados • • Barbados • • • Bureau • • Bureau • Bureau • Bureau Barbados Barbados Barbados Bureau • • • 0 14 0 0 18 12 14 8 12 0 1 2 0 9 5 12 1 15 27 1 2 0 13 0 0 0 0 0 13 2 11 Bureaua • • • • • • • • •a • • Bureaua • • Bureau • • • • • Bureau • Bureau •a •a •a • • • • 18, plus 7 bureaux 192 23, plus 5 bureaux 299 • Russie Turquie Arabie Saoudite • Inde • • 15 0 0 0 9 0 1 85 0 0 3 0 47 16 10 0 11 2 0 4 0 6 10 • • • • • 15 6 1 3 7 • 114 • • • • • Bureau • • 3 5 27 24 15 3 6 10 • Bureau • • 6 6 6 15 112 2 445 838 1 766 2 586 1 451 1 250 704 118 72 372 545 110 1 200 437 4 009 377 716 3 571 239 449 3 1 167 310 105 97 129 20 3 275 480 1 225 0 30 178 400 500 000 000 200 400 700 200 200 600 700 600 000 500 000 400 100 300 300 000 300 500 700 900 300 900 700 0 24 600 2 500 81 700 33 000 1 677 200 1 208 25 048 421 853 62 281 9 176 11 503 6 343 3 074 906 1 589 2 373 1 657 1 976 4 472 5 166 866 18 841 103 155 525 1 350 1 044 4 119 2 578 504 1 562 1 539 162 16 080 2 339 10 750 305 303 765 17 42 4 6 192 50 56 13 32 10 2 10 5 4 20 69 7 40 266 4 6 5 35 10 5 5 21 0 91 9 60 19 1 115 16 44 6 1 158 31 70 7 15 16 1 6 7 2 11 50 6 53 205 7 4 6 16 4 8 7 31 1 129 6 82 10 1 016 33 86 10 7 350 81 126 20 47 26 3 16 12 6 31 119 13 93 471 11 10 11 51 14 13 12 52 1 220 15 142 29 2 131 2 4 934 12 16 244 370 9 367 5 138 2 347 7 2 603 24 1 652 1 630 186 51 784 44 77 1 969 82 4 114 892 ~ 7 400 700 500 400 3 400 ~ 500 77 500 ~ ~ 13 500 ~ 51 800 22 100 1 600 1 000 13 700 1 000 1 600 1 300 600 4 500 43 200 426 11 514 131 61 817 1 395 19 310 80 098 ~ 70 5 103 83 60 961 15 956 5 931 198 1 729 428 132 2 972 96 4 107 28 586 2 311 1 0 20 69 11 7 1 193 2 53 7 0 578 225 596 13 66 4 0 65 1 96 634 3 41 1 0 13 27 3 4 642 3 40 1 1 193 114 121 3 22 1 1 22 1 34 480 5 352 2 0 33 96 14 11 1 835 5 93 8 1 771 339 717 16 88 5 1 87 2 130 1 114 • Turquie • • • Jordanie • • Kazakhstan • Thaïlande • • Ambassade ou HautCommissariat du pays au Canada (déc. 1997) 4 Nombre d’employés diplomatiques au Canada (déc. 1997) Nombre d’employés diplomatiques dans le pays (déc. 1997) 33 16 13 7 24 22 18 36 201 26 2 3 37 13 9 23 9 73 677 7 25 6 14 149 16 6 60 Femmes 3 ÉTUDIANTS ÉTRANGERS INSCRITS DE (1996-1997) Hommes 2 Ambassade ou HautCommissariat du Canada dans le pays (déc. 1997) ASIE Afghanistan Arabie Saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Cisjordanie et Gaza Corée du Nord Émirats Arabes Unis Géorgie Inde Indonésie Iran Iraq Jordanie Kazakhstan Kirghizistan Koweït Laos Liban Malaisie 1 Total AMÉRIQUES Antigua-et-Barbuda Argentine Belize Bolivie Brésil Chili Colombie Costa Rica Cuba Dominique El Salvador Équateur Grenade Guatemala Guyana Haïti Honduras Jamaïque Mexique Nicaragua Panama Paraguay Pérou République Dominicaine Saint-Kitts-et-Nevis Saint-Vincent-et-Grenadines Sainte-Lucie Suriname Trinité-et-Tobago Uruguay Venezuela Autres Amériques Total Amériques Visiteurs au Canada de (1997) Pays Visiteurs canadiens à (1997) Canadiens immatriculés à l’étranger (avril 1998) Tableau 10 (suite) 9 10 3 15 6 6 23 18 11 7 16 8 8 3 10 8 8 8 13 49 7 6 2 16 2 5 14 8 19 ➤ Maldives Mongolie Myanmar (Birmanie) Népal Oman Ouzbékistan Pakistan Papouasie-Nouvelle-Guinée Philippines Qatar Sri Lanka Syrie Tadjikistan Thaïlande Turkménistan Turquie Viet Nam Yémen Océanie Autres Asie Total Asie EUROPE DE L’EST Albanie Bélarus (Biélorussie) Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Ex-Yougoslavie Fédération de Russie Hongrie Lettonie Lituanie Macédoine (RFY) Moldavie Pologne République Slovaque République Tchèque Roumanie Slovénie Ukraine Total Europe de l’Est Total Pays en développement dont : PLMD Autres pays à faible revenu Reste des pays en développement Total Autres pays (sauf États-Unis) États-Unis Total Monde 3 4 7 8 Nombre d’employés diplomatiques au Canada (déc. 1997) 6 Ambassade ou HautCommissariat du pays au Canada (déc. 1997) 5 Nombre d’employés diplomatiques dans le pays (déc. 1997) Ambassade ou HautCommissariat du Canada dans le pays (déc. 1997) Hommes Visiteurs au Canada de (1997) Visiteurs canadiens à (1997) 2 Total 1 Femmes Pays Canadiens immatriculés à l’étranger (avril 1998) ASIE (suite) ÉTUDIANTS ÉTRANGERS INSCRITS DE (1996-1997) 9 10 38 14 12 115 132 11 1 212 154 2 445 456 311 904 14 812 0 732 397 238 105 0 35 656 2 100 500 700 6 600 1 000 100 6 200 2 100 40 600 600 3 400 3 500 ~ 51 700 ~ 35 800 12 900 ~ 12 000 s.o. 426 100 46 187 280 386 668 77 20 552 506 38 280 973 2 210 1 181 28 20 205 11 5 206 1 922 252 2 145 4 316 242 0 0 4 40 8 1 165 3 49 5 85 15 1 61 0 62 61 6 7 ~ 4 527 0 0 1 11 0 0 38 2 51 1 54 3 5 104 0 40 43 1 3 ~ 2 128 0 0 5 51 8 1 203 5 100 6 139 18 6 165 0 102 104 7 10 ~ 6 655 Sri Lanka Bureau Thaïlande Inde Arabie Saoudite Bureau • Australie • Koweït • • Kazakhstan • Turquie • • Arabie Saoudite Australie et Nouvelle-Zélande 0 0 0 1 0 0 22 0 27 0 8 18 0 17 0 12 8 0 0 20, plus 2 bureaux 26 ~ 109 23 346 102 393 462 456 113 229 89 5 414 30 420 481 29 212 3 939 500 1 700 ~ 2 700 8 200 9 100 4 600 26 500 32 300 6 300 2 800 ~ ~ 24 200 15 400 35 800 7 500 6 900 10 400 194 900 175 907 ~ 1 165 3 196 1 275 6 509 15 995 13 600 935 1 055 ~ 81 22 375 4 029 15 693 5 897 3 837 5 816 102 540 4 3 2 25 6 5 30 119 40 1 3 0 0 93 6 36 59 4 33 469 2 0 4 26 7 4 28 84 22 2 6 0 3 50 2 17 52 8 23 340 6 3 6 51 13 9 58 203 62 3 9 0 3 143 8 53 111 12 56 809 90 596 2 453 600 782 090 9 710 5 010 14 720 11 430 16 291 71 500 232 500 17 005 199 809 1 302 2 863 565 1 372 1 867 4 235 177 256 62 875 2 149 600 565 276 5 545 3 073 8 618 733 28 732 916 6 403 700 50 942 000 4 586 247 40 490 000 7 147 1 503 6 815 1 498 13 962 3 001 24 1 455 175 26 1 371 88 57 345 700 45 076 247 18 360 13 323 31 683 94 1 434 140 1 625 120 244 • • Bureau • • • • • • • • 4 4 4 2 1 9 2 18 1 7 4 • • • • • 25 2 15 7 7 332 31, plus 3 bureaux 388 Hongrie Moscow • Roumanie • • • • • • Bureau Yougoslavie Roumanie • Bureau • • Bureau • 11, plus 3 bureaux 0 0 1 0 2 0 19 41 8 2 0 0 0 15 1 8 10 0 11 118 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 19 2 3 1 5 ~ 5 7 45 12 3 6 ~ 2 34 12 13 16 4 15 185 69, plus 24 bureaux 804 113, plus 18 bureaux 1 166 Notes : Les pays en italiques gras ne sont pas admissibles à l’APD (voir les Notes techniques). a Antigua-et-Barbuda, Dominique, Grenade, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis et Saint-Vincent-et-Grenadines sont représentés par les bureaux canadiens de l’Organisation des États des Caraïbes orientales. Sources : Statistique Canada, ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration; ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 175 TA B L E AU 1 1 I N D I C E S D E S L I E N S E N T R E L E C A N A D A E T L E S PAY S E N D É V E L O P P E M E N T S’inspirant des tableaux qui précèdent, les deux indices globaux qu’on présente ici font ressortir nos liens politiques, économiques et humains avec les pays en développement. Les colonnes 1 à 4 cotent l’importance de chaque pays en développement pour le Canada, et les colonnes 5 à 8 notre importance pour chaque pays en développement1. Les chiffres des colonnes 4 et 8 sont un composite de trois sousindices distincts — l’immigration, le commerce et l’aide — qui forment chacun un tiers de l’indice global des liens. Ces sous-indices représentent nos relations humaines, économiques et politiques. La formulation de chaque indice global diffère, selon qu’il mesure l’importance du pays en développement pour le Canada ou bien l’inverse (voir les « Notes techniques », p. 180). L’importance des pays en développement pour le Canada Durant la période 1995 à 1997, l’Inde, la Chine, les Philippines et le Pakistan ont fourni 38 p. 100 de tous nos immigrants du monde en développement et ont constitué, ce faisant, les quatre pays les plus importants pour le Canada sur le plan des « gens », quand on mesure l’immigration de chaque pays en proportion de toute l’immigration au Canada. En 1997, la Chine et le Mexique étaient nos deux plus importants partenaires commerciaux du monde en développement, comme l’indique la colonne 2, qui mesure notre commerce d’importation et d’exportation avec chaque pays en proportion de tous nos échanges commerciaux avec le monde en développement. Quand on ajoute le Brésil et la Malaisie, les quatre pays génèrent la moitié de tout notre commerce avec le monde en développement; à eux seuls, la Chine et le Mexique génèrent plus d’échanges commerciaux que les 130 derniers pays de la liste. La Chine garde aussi sa prédominance à l’indice de l’aide où, comme on le voit à la colonne 3 mesurant la part d’aide bilatérale de chaque pays en 1996-1997, elle et l’Égypte, le Bangladesh et Haïti se révèlent les plus gros bénéficiaires de l’APD bilatérale canadienne. Comme l’an dernier, l’indice composite de la colonne 4 montre que la Chine, le Mexique, l’Inde, les Philippines et l’Égypte étaient les pays en développement les plus « importants » pour le Canada. La Chine — qui arrive en tête de liste — affiche un score presque deux fois plus élevé que celui du Mexique, venant au deuxième rang, et dix fois plus élevé que celui du Viet Nam (qui se classe 20e). Un seul des pays les moins développés (PLMD) — le Bangladesh — figure sur la liste, et au 10e rang seulement. Parmi les neuf autres pays, quatre (la Chine, l’Inde, l’Égypte et le Pakistan) sont des pays à faible revenu ou moins développés (PMD). Continent par continent, les pays possédant les plus grosses populations et/ou économies, c’est-à-dire Chine et Inde, Mexique et Brésil, Égypte et Afrique du Sud — viennent en tête de liste. Les dix pays en développement les plus importants pour le Canada sont, par continent : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Asie Afrique Amériques Chine Inde Philippines Pakistan Malaisie Iran Bangladesh Sri Lanka Indonésie Thaïlande Égypte Afrique du Sud Algérie Ghana Rwanda Nigéria Maroc Côte d’Ivoire Sénégal Éthiopie Mexique Brésil Venezuela Haïti Jamaïque Guyana Pérou Cuba Colombie Chili Huit des dix plus importants pays de l’Asie faisaient déjà partie de la liste l’an dernier. La majorité continuent à appartenir au Sud-Est asiatique, un se situe au Moyen-Orient et quatre font partie du souscontinent indien. Pour tous ces pays sauf le Bangladesh (deuxième 176 plus gros bénéficiaire de notre aide), le commerce et l’immigration constituent les plus grands liens avec le Canada. Chez les cinq PMD, les liens d’immigration sont les plus forts dans le cas de l’Inde, du Pakistan et du Sri Lanka, alors que les liens de commerce dominent en Chine et en Indonésie. Le commerce constitue également le lien prédominant pour pays à revenu moyen, la Malaisie et la Thaïlande. Comme en Asie, huit des dix pays les plus importants de l’Afrique figuraient déjà sur la liste de l’an dernier. Ici encore, les pays plus riches de l’Afrique du Nord (Égypte, Algérie et Maroc), plus la République d’Afrique du Sud, continuent à dominer surtout par leurs liens de commerce. Les pays de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique de l’Est et de la Corne ont principalement des liens d’aide ou d’immigration avec le Canada. L’immigration est le facteur clé dans le cas du Rwanda, tandis que l’Éthiopie, l’Égypte (qui reçoit le plus gros montant d’aide du Canada) et le Ghana bénéficient d’aides importantes. L’aide explique aussi la présence sur la liste de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, et le commerce celle du dernier pays à faible revenu — le Nigéria. Dans les Amériques, quoique certains classements relatifs aient pu changer, ce sont les mêmes dix principaux pays qui composent les listes de cette année et de l’an dernier. Le commerce explique le classement des trois premiers et des trois derniers de la liste. Le Guyana et la Jamaïque doivent surtout leur présence aux puissants liens d’immigration, tandis que l’aide représente le lien le plus fort au Pérou. L’immigration et l’aide contribuent ensemble au classement d’Haïti. L’Amérique centrale est à nouveau absente de la liste. L’importance du Canada pour les pays en développement Le second indice global illustre l’importance qu’a le Canada pour le pays en développement. Le classement fait ressortir nos puissantes relations avec les Amériques — et spécialement les Caraïbes, dont on trouve six pays parmi les dix premiers de la liste2. Chez les quatre autres, un appartient à l’Amérique centrale, un à l’Amérique du Sud et deux à l’Afrique. Dans les dix premiers pays de la liste, Haïti est le seul PLMD, le Guyana et l’Égypte les seuls PMD. Même si le commerce joue un rôle important dans les cas du Belize et du Guyana (d’après la colonne 6, le commerce combiné avec le Canada est évalué à 22 p. 100 du PIB guyanais), la colonne 7 révèle que notre aide bilatérale, en proportion de toute l’assistance reçue des donateurs bilatéraux et multilatéraux, est l’influence dominante dans sept des dix premiers pays de la liste. L’immigration, mesurée à la colonne 5, a une très grande importance pour les petits États insulaires de la Grenade et de Trinité-et-Tobago. Comme ce sous-indice calcule l’émigration totale en pourcentage de la population totale, les pays très peuplés qui ont une plus forte émigration à destination du Canada (tels que la Chine et l’Inde) se classent plus bas. Par continent, le Canada joue des rôles plus puissants (par comparaison à ses relations avec les autres) dans les dix pays suivants : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Asie Afrique Amériques Bangladesh Philippines Maldives Chine Liban Turquie Indonésie Thaïlande Afghanistan Égypte Cameroun Ghana Togo Guinée Afrique du Sud Mali Rwanda Bénin Guyana Jamaïque Costa Rica Haïti Pérou Grenade Trinité-et-Tobago Belize Sainte-Lucie Inde Seychelles Venezuela Six des dix pays de l’Asie faisaient déjà partie de la liste l’an dernier, et le Canada joue un rôle particulièrement puissant au Bangladesh, aux Philippines, en Chine, en Indonésie, en Thaïlande et en Inde. À l’exception des Maldives, où le commerce était le facteur le plus important, l’aide explique la position de tous les autres pays asiatiques sur cette liste. Le rôle dominant de l’aide explique également le classement de neuf des dix pays d’Afrique. Il n’y a qu’au Togo que le commerce se révèle plus important. Du côté des Amériques, l’aide est le facteur clé dans sept des dix pays — alors que le commerce domine au Guyana et au Belize, et que l’immigration joue le rôle principal à la Grenade. Bien que trois PLMD ou PMD seulement figurent parmi les dix premiers au classement général, dans les listes par continent, six pays de l’Asie, sept de l’Afrique et deux des Amériques sont des PLMD ou des PMD. 1 Bien entendu, ces indices ne couvrent pas (et ne prétendent pas non plus le faire) tout l’éventail des liens, souvent fort subtils et complexes, qui unissent les pays au Canada et vice-versa. On doit les utiliser avec circonspection, sans accorder trop de poids au rang particulier d’un pays. 2 Les chiffres de l’ACDI ne décomposent pas, par pays, les grands programmes d’aide sous-régionaux qu’elle mène dans les Caraïbes. Les cotes que les micro-États des Caraïbes orientales (Grenade, Saint-Vincent-et-Grenadines, Sainte-Lucie, Dominique, Antigua et Barbuda et St-Kitts-et-Nevis) obtiennent à l’indice de l’aide sont bien inférieures au véritable total. Si on disposait de la ventilation par pays, les États des Caraïbes domineraient davantage dans la liste des dix premiers pays. Tableau Excel TA B L E AU 1 1 I N D I C E S D E S L I E N S E N T R E L E C A N A D A E T L E S PAY S E N D É V E L O P P E M E N T 4 11,185 0,838 12,925 8,826 1,626 0,401 5,205 0,240 3,842 1,618 4,561 0,130 0,169 1,968 1,216 0,945 0,380 1,249 3,450 1,864 2,175 1,792 0,521 1,400 0,868 0,343 0,294 0,188 0,109 0,463 0,365 1,480 0,338 0,650 1,247 0,097 1,243 1,123 0,066 0,425 19,034 18,281 2,677 2,522 0,456 6,226 0,702 5,963 2,540 0,476 0,276 3,546 3,630 2,530 1,899 2,683 3,198 0,066 0,002 0,447 0,761 0,477 0,880 0,061 0,146 1,511 1,523 1,554 0,011 1,099 1,332 0,235 1,283 0,563 0,300 0,156 0,003 0,141 0,049 0,451 2,905 0,211 0,881 1,314 8,585 0,341 0,725 0,278 0,003 3,746 0,322 1,387 0,799 0,000 0,801 0,145 0,079 2,331 0,000 0,975 0,277 0,451 1,271 1,147 1,421 0,312 0,259 0,126 1,726 0,269 0,104 0,028 0,105 0,508 0,000 1,259 0,240 0,190 1,308 0,316 11,040 6,442 5,494 4,220 3,555 2,322 2,210 2,160 2,128 1,946 1,719 1,688 1,533 1,499 1,305 1,257 1,219 1,215 1,151 1,095 1,071 0,907 0,891 0,869 0,812 0,722 0,692 0,623 0,615 0,610 0,600 0,581 0,575 0,573 0,516 0,504 0,495 0,485 0,474 0,397 Pays 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Guyana Jamaïque Costa Ricaa Haïti Égypte Pérou Grenade Trinité-et-Tobago Belize Cameroun Ghana Sainte-Lucie Togo Guinée Venezuela Afrique du Sud Mali Bangladesh Rwanda Bénin Seychelles Sénégal Maurice Philippines Mexique Gabon Zimbabwe Uruguay Dominique Côte d’Ivoire Honduras Cuba Algérie Mozambique Maldives Érythrée Saint-Kitts-et-Nevis Zambie Chine Liban Indice composite des liens (33/33/33) 3 Indice aide 2 Indice commerce 1 IMPORTANCE DU CANADA POUR LE PAYS EN DÉVELOPPEMENT Indice immigration Indice composite des liens (33/33/33) Chine Mexique Inde Philippines Égypte Brésil Pakistan Malaisie Iran Bangladesh Sri Lanka Indonésie Thaïlande Arabie Saoudite Afrique du Sud Algérie Venezuela Haïti Bosnie-Herzégovine Viet Nam Jamaïque Guyana Pérou Ex-Yougoslavie Ghana Cuba Colombie Chili Rwanda Turquie Nigéria Trinité-et-Tobago Argentine Maroc Iraq Côte d’Ivoire Afghanistan Liban Sénégal Guatemala Indice aide 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Indice commerce Pays Indice immigration IMPORTANCE DU PAYS EN DÉVELOPPEMENT POUR LE CANADA 5 6 7 8 3,073 1,257 0,034 0,243 0,036 0,031 3,880 1,682 0,148 0,008 0,068 0,709 0,012 0,006 0,024 0,040 0,003 0,019 0,025 0,003 0,274 0,011 0,110 0,180 0,013 0,013 0,004 0,046 0,743 0,010 0,042 0,045 0,046 0,000 0,004 0,017 0,463 0,016 0,013 0,516 21,723 6,127 1,950 0,908 0,197 0,460 1,039 1,301 2,544 0,089 0,703 1,079 3,465 0,616 1,550 0,480 0,720 0,473 0,206 0,388 0,280 0,349 0,368 0,990 1,782 0,129 0,263 0,339 ~ 0,495 1,140 ~ 1,903 0,882 2,021 ~ 1,841 0,691 0,753 0,309 3,338 6,177 7,480 6,503 5,154 4,563 0,000 1,775 1,657 4,113 3,213 2,067 0,301 3,080 2,036 3,046 2,832 2,989 3,025 2,836 2,632 2,752 2,551 1,857 1,211 2,846 2,512 2,330 1,865 2,088 1,225 2,360 0,388 1,452 0,307 2,290 0,000 1,547 1,467 1,369 9,377 4,520 3,154 2,551 1,796 1,685 1,640 1,586 1,450 1,403 1,328 1,285 1,259 1,234 1,203 1,189 1,185 1,160 1,085 1,075 1,062 1,037 1,010 1,009 1,002 0,996 0,926 0,905 0,869 0,864 0,802 0,802 0,779 0,778 0,777 0,769 0,768 0,751 0,744 0,731 ➤ A N N E X E S TAT I S T I Q U E 177 Tableau 11 (suite) 4 0,138 0,029 0,027 0,025 0,507 0,093 0,056 0,075 0,038 0,003 0,086 0,053 0,559 0,026 0,069 0,054 0,157 0,040 0,031 0,025 0,023 0,037 0,418 0,054 0,000 0,442 0,003 0,171 0,046 0,035 0,025 0,189 0,014 0,043 0,021 0,039 0,031 0,186 0,027 0,029 0,000 0,009 0,026 0,046 0,136 0,087 0,158 0,082 0,008 0,000 0,047 0,004 0,003 0,020 0,007 0,069 0,508 0,475 0,270 0,925 0,242 0,422 0,840 0,795 0,647 0,011 0,621 0,727 0,131 0,685 0,612 0,000 0,352 0,205 0,229 0,623 0,559 0,571 0,023 0,007 0,590 0,000 0,560 0,213 0,348 0,099 0,474 0,128 0,251 0,255 0,301 0,270 0,099 0,072 0,225 0,000 0,097 0,001 0,203 0,000 0,055 0,042 0,000 0,064 0,000 0,131 0,036 0,115 0,039 0,035 0,071 0,009 0,459 0,599 0,769 0,078 0,229 0,418 0,025 0,034 0,163 0,812 0,093 0,002 0,083 0,010 0,035 0,660 0,174 0,429 0,400 0,009 0,074 0,042 0,193 0,558 0,008 0,139 0,009 0,169 0,153 0,405 0,012 0,101 0,153 0,037 0,011 0,009 0,182 0,051 0,042 0,261 0,174 0,243 0,017 0,184 0,037 0,069 0,032 0,030 0,165 0,042 0,087 0,041 0,097 0,068 0,044 0,036 0,368 0,368 0,355 0,343 0,326 0,311 0,307 0,301 0,283 0,275 0,267 0,261 0,258 0,241 0,239 0,238 0,228 0,225 0,220 0,219 0,218 0,216 0,211 0,206 0,199 0,194 0,191 0,184 0,182 0,180 0,170 0,140 0,140 0,112 0,111 0,106 0,104 0,103 0,098 0,097 0,091 0,085 0,082 0,077 0,076 0,066 0,063 0,058 0,058 0,057 0,057 0,053 0,046 0,041 0,040 0,038 Pays 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 Turquie Saint-Vincent-et-Grenadines Nicaragua Burundi Indonésie Tunisie Thaïlande Guatemala Congo-Kinshasa (Zaïre) Malawi Congo-Brazzaville Colombie El Salvador Nigéria Éthiopie Afghanistan Inde Sri Lanka Burkina Faso Niger Swaziland Bolivie Viet Nam Équateur Pakistan Népal Jordanie Chili Soudan Maroc Panama Bosnie-Herzégovine Malaisie Kenya République Dominicaine Tanzanie Sierra Leone Kazakhstan Brésil Botswana Lesotho Océanie Bhoutan Arabie Saoudite Gambie Libéria Bahreïn Yémen Laos Cambodge Cisjordanie et Gaza Namibie Argentine Mauritanie Angola Kirghizistan Indice composite des liens (33/33/33) 3 Indice aide 2 Indice commerce 1 IMPORTANCE DU CANADA POUR LE PAYS EN DÉVELOPPEMENT Indice immigration Indice composite des liens (33/33/33) El Salvador Éthiopie Jordanie Cameroun Équateur Kenya Mali Guinée Tanzanie Somalie Zambie Mozambique Costa Ricaa Malawi Zimbabwe Croatie Honduras Congo-Kinshasa (Zaïre) Océanie Congo-Brazzaville Népal Bolivie République Dominicaine Syrie Cisjordanie et Gaza Libye Burkina Faso Tunisie Nicaragua Soudan Bénin Uruguay Cambodge Ouganda Gabon Niger Kazakhstan Panama Sierra Leone Bahreïn Burundi Grenade Angola Oman Togo Yémen Slovénie Botswana Saint-Vincent-et-Grenadines Érythrée Maurice Libéria Albanie Sainte-Lucie Dominique Suriname Indice aide 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 Indice commerce Pays Indice immigration IMPORTANCE DU PAYS EN DÉVELOPPEMENT POUR LE CANADA 5 6 7 8 0,011 2,180 0,050 0,039 0,001 0,026 0,004 0,054 0,013 0,001 0,004 0,011 0,111 0,004 0,014 0,078 0,019 0,363 0,001 0,001 0,011 0,008 0,035 0,028 0,052 0,005 0,190 0,019 0,021 0,034 0,027 1,268 0,016 0,021 0,034 0,007 0,013 0,016 0,004 0,028 0,004 0,309 0,001 0,143 0,018 0,022 0,680 0,006 0,007 0,021 ~ 0,005 0,014 0,005 0,002 0,005 0,198 ~ 0,758 0,010 0,539 0,292 0,753 0,828 0,190 0,355 0,354 0,583 0,432 1,189 0,149 ~ 0,243 0,595 0,043 0,678 0,383 0,148 0,586 0,876 0,356 0,151 0,112 0,683 ~ 0,552 0,735 ~ 1,995 0,305 0,913 0,184 0,921 0,048 0,258 0,539 0,623 0,327 0,013 0,659 ~ ~ ~ 0,520 0,341 0,144 ~ 0,365 0,130 0,049 0,113 0,476 1,978 0,000 1,352 2,111 1,607 1,820 1,287 1,157 1,792 1,597 1,582 1,316 1,356 0,678 1,625 1,708 1,518 0,809 1,722 1,082 1,311 1,471 0,982 0,690 1,106 1,345 1,187 0,737 1,389 0,768 0,559 0,000 -0,749 0,924 0,284 1,029 0,255 0,969 0,759 0,371 0,280 0,191 0,801 ~ 0,779 0,726 0,000 0,154 0,295 0,464 0,620 0,212 0,397 0,475 0,404 0,000 0,729 0,727 0,720 0,720 0,716 0,712 0,681 0,679 0,665 0,651 0,647 0,637 0,633 0,624 0,596 0,595 0,593 0,589 0,588 0,587 0,569 0,542 0,534 0,531 0,505 0,500 0,496 0,480 0,470 0,451 0,440 0,423 0,421 0,417 0,410 0,407 0,396 0,344 0,340 0,313 0,302 0,276 0,272 0,267 0,266 0,249 0,227 0,227 0,214 0,210 0,207 0,194 0,180 0,176 0,173 0,160 ➤ 178 4 0,024 0,101 0,089 0,008 0,040 0,038 0,019 0,023 0,005 0,036 0,057 0,002 0,013 0,007 0,014 0,005 0,014 0,038 0,003 0,013 0,015 0,020 0,006 0,023 0,001 0,001 0,013 0,004 0,002 0,001 0,001 0,003 0,002 0,003 0,145 0,471 0,112 0,090 0,234 0,981 0,131 0,067 0,192 1,859 0,192 2,588 1,792 0,139 1,560 1,530 0,018 0,000 0,013 0,002 0,046 0,030 0,014 0,050 0,039 0,043 0,005 0,010 0,056 0,012 0,026 0,018 0,004 0,002 0,002 0,001 0,001 0,022 0,001 0,004 0,000 0,019 0,014 0,002 0,001 0,000 0,000 0,001 0,000 0,000 0,005 0,195 0,396 0,035 0,365 0,114 0,027 0,061 0,000 0,631 0,119 0,298 2,160 0,203 0,110 0,513 0,067 0,007 0,000 0,092 0,009 0,024 0,054 0,013 0,041 0,004 0,019 0,067 0,002 0,049 0,022 0,030 0,031 0,008 0,042 0,031 0,028 0,000 0,029 0,007 0,032 0,008 0,000 0,020 0,020 0,010 0,010 0,006 0,003 0,000 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 0,036 0,036 0,034 0,034 0,032 0,031 0,029 0,029 0,028 0,028 0,027 0,026 0,024 0,023 0,020 0,018 0,016 0,016 0,016 0,015 0,014 0,014 0,012 0,011 0,011 0,009 0,009 0,008 0,008 0,004 0,004 0,003 0,002 0,001 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ Pays 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 Cap-Vert Iraq Géorgie Ouganda Antigua-et-Barbuda São Tomé et Principe Djibouti Paraguay République Centrafricaine Papouasie-Nouvelle-Guinée Myanmar Guinée-Bissau Guinée Équatoriale Somalie Madagascar Slovénie Croatie Suriname Macédoine Corée du Nord Oman Tchad Ex-Yougoslavie Syrie Arménie Albanie Iran Ouzbékistan Comores Azerbaïdjan Libye Tadjikistan Turkménistan Mongolie Bélarus Bulgarie République Tchèque Estonie Hongrie Koweït Lettonie Lituanie Moldavie Pologne Qatar Roumanie Fédération de Russie République Slovaque Ukraine Émirats Arabes Unis Indice composite des liens (33/33/33) 3 Indice aide 2 Indice commerce 1 IMPORTANCE DU CANADA POUR LE PAYS EN DÉVELOPPEMENT Indice immigration Indice composite des liens (33/33/33) Laos Myanmar Macédoine Mauritanie Ouzbékistan Paraguay Madagascar Belize Namibie Géorgie Arménie Corée du Nord Papouasie-Nouvelle-Guinée Swaziland Kirghizistan Lesotho Seychelles Djibouti Tadjikistan Tchad Gambie Antigua-et-Barbuda République Centrafricaine Azerbaïdjan Bhoutan Maldives Saint-Kitts-et-Nevis Cap-Vert Guinée-Bissau Guinée Équatoriale São Tomé et Principe Turkménistan Mongolie Comores Bélarus Bulgarie République Tchèque Estonie Hongrie Koweït Lettonie Lituanie Moldavie Pologne Qatar Roumanie Fédération de Russie République Slovaque Ukraine Émirats Arabes Unis Indice aide 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 Indice commerce Pays Indice immigration IMPORTANCE DU PAYS EN DÉVELOPPEMENT POUR LE CANADA 5 6 7 8 0,013 0,084 0,010 0,003 0,438 0,008 0,113 0,011 0,003 0,004 0,003 0,002 0,002 0,112 0,002 0,024 0,216 0,120 0,059 0,000 0,108 0,003 0,197 0,053 0,023 0,041 0,077 0,002 0,008 0,004 0,034 0,001 0,001 0,001 0,021 0,083 0,016 0,092 0,035 0,796 0,078 0,027 0,063 0,071 0,589 0,168 0,018 0,038 0,045 0,954 0,133 ~ 0,460 0,213 ~ ~ 0,111 0,097 0,037 0,356 ~ 0,134 0,033 ~ 0,133 0,288 0,093 ~ 0,213 ~ 0,112 0,015 ~ 0,104 0,128 0,043 ~ 0,063 0,038 0,031 ~ 0,028 0,004 0,000 0,008 0,671 0,235 0,246 0,266 ~ 0,177 0,215 0,000 0,152 ~ 0,276 0,160 0,338 0,081 0,371 0,333 0,387 0,000 0,251 0,000 0,426 0,205 0,309 0,360 0,000 0,356 0,222 0,322 0,220 0,192 0,000 0,000 0,180 0,000 0,234 0,000 0,197 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ 0,159 0,157 0,156 0,155 0,146 0,144 0,143 0,139 0,133 0,120 0,120 0,119 0,119 0,110 0,109 0,104 0,103 0,100 0,091 0,078 0,073 0,072 0,066 0,052 0,050 0,028 0,026 0,022 0,015 0,012 0,011 0,009 0,002 0,000 ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ Notes : Les pays en italiques gras n’entrent pas dans les totaux de l’aide canadienne (voir les Notes techniques). a Dans la colonne 7, on a utilisé les totaux d’aide de 1995 pour le Costa Rica. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 179 NOTES TECHNIQUES O B S E R VAT I O N S G É N É R A L E S Presque toutes les données des tableaux sont tirées ou extrapolées d’informations largement accessibles publiées par le gouvernement du Canada, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Banque mondiale et les institutions des Nations Unies. L’Institut Nord-Sud sélectionne les données de cette annexe surtout pour l’intérêt qu’elles présentent sur le plan du développement. Mais leur disponibilité, et leur mise à jour annuelle, constituent également des facteurs importants. Le rapport de cette année contient quelques nouveaux jeux de données, comme l’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH) au tableau 1 et les totaux par groupe de revenus aux tableaux 2 à 10. Nous espérons fournir des statistiques élargies, et encore plus complètes, dans les futures éditions du Rapport canadien sur le développement. La sélection des pays en développement Dans les tableaux 2 à 10, on trouve une liste commune de pays en développement. Nous avons classé les pays comme « en développement » si leur indicateur du développement humain (IDH), calculé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), était inférieur à 0,890 en 1995 (la dernière année connue). Afin de permettre des comparaisons avec les précédents Rapports canadiens sur le développement, nous avons gardé dans le RCD de cette année deux pays dont les IDH dépassent 0,890 : Antigua-et-Barbuda et le Chili. La valeur limite que nous avons fixée pour l’IDH est nécessairement arbitraire, mais notre souci est d’avoir une liste qui englobe largement les pays communément associés au monde en développement. Nous avons jugé préférable d’utiliser l’IDH, plutôt qu’un indicateur de développement qui se fonde uniquement sur le revenu par habitant — et aurait exclu plusieurs pays pétroliers du monde en développement. Notre liste contient aussi 16 pays qui ne sont pas admissibles à l’aide publique au développement (APD) suivant les critères du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Le traitement de ces pays est expliqué ci-dessous. Aucun des pays de la liste n’est une dépendance ou une colonie. On trouvera toutefois dans les tableaux trois entités indiquées en italiques — la Cisjordanie et Gaza, l’ex-Yougoslavie et l’Océanie — qui ne sont pas à proprement parler des « pays indépendants ». Au moment de la rédaction du RCD, la Cisjordanie et Gaza n’avaient pas encore obtenu un statut indépendant sous la conduite de l’Autorité palestinienne. Ensuite, même si des pays qui faisaient partie de la Yougoslavie (comme la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine et la Slovénie) sont maintenant traités séparément, les sources de données continuent souvent à les amalgamer sous la rubrique de l’ex-Yougoslavie. Enfin, l’Océanie comprend huit microÉtats insulaires du Pacifique dont la population atteint 1,9 million. Ce sont les Fidji, Kiribati, Nauru, les Salomon, les Tonga, Tuvalu, Vanuatu et Samoa. La crise asiatique Les statistiques que renferme ce rapport visent souvent des périodes qui ont précédé la crise financière en Asie, dont les effets se font toujours sentir au moment de la rédaction du RCD. C’est pourquoi l’incidence ou les retombées de la crise ne se reflètent pas dans le rapport de cette année. Étant donné les répercussions plus que probables de la crise asiatique sur l’aide, le commerce, les courants financiers et les mouvements de gens, il faudra se montrer prudent dans les extrapolations qu’on fait pour le présent avec les statistiques du RCD de cette année. 180 Les pays non admissibles à l’APD En 1996-1997, 16 pays de la catégorie « en développement » n’étaient pas admissibles à l’aide publique au développement. Ce sont les Émirats Arabes Unis, le Koweït, le Qatar, le Bélarus, la Bulgarie, l’Estonie, la Fédération de Russie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, la Pologne, la République Slovaque, la République Tchèque, la Roumanie et l’Ukraine. Même si ces pays peuvent recevoir une « aide officielle » du Canada et d’autres donateurs, cette assistance n’entre pas dans les calculs de l’APD. Les statistiques de ces nations sont exclues des totaux régionaux, mondiaux et par groupe de revenus, indiqués aux tableaux 3, 4 et 5. Les années visées En général, les données présentées sont celles de la dernière année civile pour laquelle il existe une information complète — normalement 1997. Toutefois, les chiffres qu’on cite pour l’APD dans les tableaux 3, 4 et 5 concernent l’année financière 1996-1997 (du 1er avril 1996 au 31 mars 1997). Dans les autres cas où les données ne visent pas l’année civile 1997, nous indiquons la date pertinente. Symboles utilisés s.o. = sans objet ~ = non disponible 0 = zéro Sauf indications contraires, les montants sont en dollars canadiens. Les totaux par groupe de revenus Nous avons ajouté cette année, à la fin des tableaux 2 à 10, les soustotaux des pays en développement groupés par revenu. Les groupements correspondent à la classification par niveau de revenus établie par l’ONU, et aux listes publiées dans le Rapport mondial sur le développement humain du PNUD et dans le « Rapport statistique sur l’aide publique au développement » de l’ACDI pour l’année financière 1996-1997. La liste des pays les moins développés (PLMD) et celle des autres pays à faible revenu (initialement appelés pays moins développés ou PMD) figurent ci-dessous. Le reste des pays en développement désigne tous les autres pays — sauf aux tableaux 3, 4 et 5, où les 16 pays non admissibles à l’APD sont exclus des totaux. Les PLMD : Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cap-Vert, Comores, Congo-Kinshasa (Zaïre), Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Équatoriale, Haïti, Kiribati, Laos, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Maldives, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République Centrafricaine, Rwanda, îles Salomon, São Tomé et Principe, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tchad, Tanzanie, Togo, Tuvalu, Vanuatu, Zambie et Yémen. Les autres pays à faible revenu : Chine, Égypte, Ghana, Guyana, Honduras, Inde, Indonésie, Kenya, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Sri Lanka, Tadjikistan, Viet Nam et Zimbabwe. À noter que les totaux par groupe de revenus peuvent différer des totaux pour l’ensemble des pays en développement, parce qu’ils reposent uniquement sur l’information-pays, tandis que les totaux généraux du monde en développement comprennent également des affectations régionales qu’on ne peut attribuer à des pays précis. NOTES TECHNIQUES O B S E R VAT I O N S G É N É R A L E S TA B L E AU 1 Le Canada et les autres économies à haut niveau de développement humain : certains indicateurs Les pays énumérés dans ce tableau avaient en 1995 un IDH égal ou supérieur à 0,890. L’IDH et l’ISDH proviennent du Rapport mondial sur le développement humain 1998 du PNUD. Les PNB par habitant sont tirés du Rapport sur le développement dans le monde 1998 de la Banque mondiale. Les données qui concernent l’aide à l’étranger et les apports nets de fonds privés viennent de Coopération pour le développement, Examen 1997 du CAD. Les chiffres sur les parts d’exportations et d’importations des pays en développement sont extraits du Direction of Trade Statistics Yearbook 1997 du FMI; on a déterminé approximativement les totaux avec le chiffre indiqué pour tous les pays industrialisés. Et l’information sur l’encours de la dette bilatérale officielle vient des calculs d’Eurodad pour l’année 1996. allouées aux pays bénéficiaires de l’aide 1992-1996 de l’OCDE. Le poste « Autres » à la fin du tableau 4 comprend les coûts reliés aux intérêts, les coûts et services des autres ministères et organismes du gouvernement, l’appui au développement des gouvernements provinciaux et le programme d’information sur le développement de l’ACDI. Enfin, les parts imputées de l’aide multilatérale canadienne par institution et par pays ont été calculées d’après le supplément d’information que l’ACDI a fournie à l’Institut Nord-Sud. Ces chiffres ne sont qu’une estimation des fonds canadiens affectés aux divers pays par les institutions multilatérales. Ils sous-estiment le volume d’aide multilatérale qui va aux pays en développement relativement petits. À noter qu’à part l’Albanie et l’ex-Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine et Slovanie), les pays de l’Europe de l’Est ne sont pas admissibles à l’APD : on les classe comme des « pays en transition » plutôt qu’en développement. TA B L E AU 2 TA B L E AU 6 Les pays en développement : certains indicateurs Les chiffres concernant l’ISDH, l’IDH, l’alphabétisation des adultes et la mortalité des moins de cinq ans sortent du Rapport mondial sur le développement humain 1998 du PNUD. Les statistiques sur le PNB par habitant, son taux de croissance par an et le PIB total sont tirées ou extrapolées du Rapport sur le développement dans le monde 1998 de la Banque mondiale. Le RDM a également fourni les rapports APD/PNB, sauf dans le cas de l’Océanie, dont les chiffres sont les valeurs de 1995 citées par le Rapport mondial sur le développement humain 1998 du PNUD. Les données sur la population proviennent de World Resources 1998-99 de l’Institut mondial pour les ressources et ont été complétées, le cas échéant, par celles de la publication The World 1995/96 de l’Instituto del Terco Mundo. Le rapport dette extérieure/PNB est tiré de Global Development Finance 1998 (publié par la Banque mondiale). L’Institut Nord-Sud (INS) a extrapolé le service de la dette en pourcentage des dépenses d’éducation de l’information contenue dans les tableaux de Global Development Finance 1998 et dans World Resources 1998-99. Les émissions de CO2 par habitant pour l’année 1995 proviennent également de World Resources 1998-99. La balance commerciale du Canada avec les pays en développement (1997) TA B L E AU 3 L’aide publique au développement du Canada : données de base (1996-1997) TA B L E AU 4 L’aide publique au développement bilatérale du Canada par filière et par pays (1996-1997) TA B L E AU 5 L’aide publique au développement multilatérale du Canada par institution et par pays (1996-1997) Les données de base sur l’APD du Canada qui figurent aux tableaux 3, 4 et 5 sont tirées ou extrapolées du Rapport statistique sur l’aide publique au développement pour l’année financière 1996-1997, publié par le Centre d’information sur le développement international de l’ACDI. La majorité des informations données dans ces trois tableaux proviennent du « Tableau M — Décaissements totaux par pays ». Pour la conformité avec les totaux de l’ACDI, les montants d’aide alloués à des pays en développement qui ne correspondent pas aux critères de l’INS (la Corée du Sud et les Bahamas, par exemple) sont inclus dans les postes Afrique, Caraïbes, Amérique latine et Asie régionale(s) et les postes Autres Amériques, Asie et Europe. L’information sur le rang du Canada parmi les donateurs bilatéraux des pays bénéficiaires est extrapolée de Répartition géographique des ressources financières TA B L E AU 7 Le commerce canadien : principales exportations et importations avec les pays en développement (1997) Les données sur les exportations et les importations proviennent des Catalogues #65-002 et #65-003 de Statistique Canada pour les années 1997 et 1987. Le ministère des Finances a fourni l’information concernant les recettes douanières recouvrées sur les importations en provenance des pays en développement, tandis que Revenu Canada a donné les estimations brutes des chiffres comparables aux États-Unis. L’Institut Nord-Sud a calculé le taux tarifaire moyen en divisant le total des recettes douanières recouvrées par le total des importations de chaque pays, et en exprimant le résultat en pourcentage. On a puisé le total mondial des recettes douanières dans les Comptes publics du Canada 1996-1997, établis par le Receveur général du Canada. Pour l’information sur les trois principales exportations et importations, on a consulté la base Strategis : Données sur le commerce en ligne d’Industrie Canada. Les noms des catégories sont parfois simplifiés pour les besoins de la présentation. Les données sur les exportations de matériel militaire viennent directement du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et de son Rapport annuel 1997, Exportation de marchandises militaires du Canada. TA B L E AU 8 Les relations financières du Canada avec les pays en développement (1997) Les données sur les encours de la dette envers le gouvernement du Canada et de la dette dans le « Compte du Canada » de la Société pour l’expansion des exportations (SEE) sont directement tirées de Comptes publics du Canada 1996-1997, volume 1, chapitre 9, « Prêts, placements et avances ». Les données sur le « Compte de la Société » de la SEE sont extrapolées de son Rapport annuel 1997. Celles sur l’encours de la dette des pays en développement envers la Commission canadienne du blé sont extrapolées de son Rapport annuel 1997. L’information sur les encours des dettes envers la Banque Royale du Canada et la Banque de Nouvelle-Écosse est extraite de leurs rapports annuels et vise les seules créances souveraines avec « les pays moins développés désignés ». Il s’agit des pays où le Surintendant des institutions financières du Canada a indiqué que le plein remboursement des dettes souveraines est en danger. A N N E X E S TAT I S T I Q U E 181 NOTES TECHNIQUES O B S E R VAT I O N S G É N É R A L E S Enfin, les chiffres concernant les investissements directs du Canada à l’étranger (IDCE) qui sont réalisés dans les pays en développement, et les investissements directs étrangers au Canada (IDEC) que réalisent les pays en développement ont été fournis par la Division de la balance des paiements de Statistique Canada. TA B L E AU 9 Les mouvements de gens TA B L E AU 1 0 Les liens humains entre le Canada et le monde en développement L’information sur l’immigration au Canada de gens des pays en développement, par catégorie d’immigrants et par sexe, a été donnée par le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration. Pour les besoins de la présentation, l’Institut Nord-Sud a simplifié les catégories d’immigrants, ramenées à quatre. La catégorie Réfugiés inclut à la fois les réfugiés qui relèvent de la Convention, la « catégorie désignée » et les « personnes à charge CR8 »; la catégorie Gens d’affaires englobe la catégorie des investisseurs et celle des entrepreneurs; et la catégorie Indépendants recouvre toutes les autres, y compris celles des aides résidants, des travailleurs indépendants et des retraités. De façon à niveler les fluctuations annuelles, nous avons calculé les niveaux d’immigration moyens des trois dernières années connues : 1995 à 1997. C’est Statistique Canada qui a fourni les renseignements sur les visites de gens du Canada dans les pays en développement, celles de gens des pays en développement au Canada et les inscriptions d’étudiants étrangers au Canada. Les statistiques sur les Canadiens immatriculés à l’étranger viennent du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, tout comme l’information sur la représentation diplomatique au Canada et à l’étranger. TA B L E AU 1 1 Les indices des liens entre le Canada et les pays en développement Nous avons conçu deux indices composites pour refléter les nombreux liens, complexes, qui existent entre le Canada et les pays en développement. Le premier de ces indices composites sert à mesurer l’« importance » du pays en développement pour le Canada et le second, l’« importance » du Canada pour le pays en développement. Les pays sont ensuite classés d’après chaque indice. Les deux composites représentent la moyenne simple de trois sous-indices (le premier pour l’immigration, le deuxième pour le commerce et le troisième pour l’aide) que le tableau indique également dans le cas de chaque pays en développement. Les trois sous-indices du premier composite se calculent comme suit : • Le sous-indice de l’immigration est l’immigration du pays au Canada en pourcentage de toute l’immigration du monde en développement au Canada de 1995 à 1997. • Le sous-indice du commerce désigne les échanges commerciaux du pays avec le Canada en pourcentage de tous les échanges commerciaux du monde en développement avec le Canada en 1997. • Le sous-indice de l’aide est l’aide bilatérale du Canada au pays en pourcentage de toute l’aide bilatérale du Canada au monde en développement durant l’année financière 1997. Tous les calculs sont effectués à partir des données des tableaux 1 à 10. 182 Les trois sous-indices du deuxième composite se calculent comme suit : • Le sous-indice de l’immigration est l’immigration annuelle moyenne du pays au Canada, de 1995 à 1997, en pourcentage de la population totale du pays en 1998. Le dénominateur idéal pour ce sous-indice serait le total de l’émigration du pays, mais cette information n’est pas aisément accessible. Vu la faiblesse du chiffre obtenu — et pour que le sous-indice de l’immigration influe sur le classement à l’indice composite — nous avons multiplié chaque sous-indice de l’immigration par 10. • Le sous-indice du commerce est la part des échanges commerciaux du pays avec le Canada dans le PIB du pays. • Le sous-indice de l’aide est la part de l’aide bilatérale reçue du Canada dans le total de l’aide reçue par le pays en 1996. Les données pour ce sous-indice sont tirées de la publication de l’OCDE intitulée Répartition géographique des ressources financières allouées aux pays bénéficiaires de l’aide 1992-1996. Cette année, pour faciliter la lecture et l’utilisation des données, nous avons multiplié tous les indices par 100 (y compris le deuxième sous-indice de l’immigration, déjà amplifié). Contrairement à l’année dernière, le tableau 11 classe tous les pays admissibles à l’APD, même quand les jeux de données pour les deux grands indices ne sont pas complets. Quand on ne disposait pas de chiffres pour l’immigration, le commerce dans le PIB ou l’aide, nous l’avons indiqué à l’aide du symbole ~. Les 16 pays non admissibles à l’APD ont été écartés des calculs et relégués au bas de la liste avec la mention « s.o. ». LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CHANGEMENT MONDIAL Le Rapport canadien sur le développement 1999 examine les façons dont la société canadienne soutient l’expression collective de la justice sociale, économique, politique et environnementale, tant ici qu’à l’étranger. Les chapitres abordent les mesures prises par les organisations de la société civile canadiennes (OSC) dans les secteurs du développement international, du militantisme écologique, de la lutte contre la faim, des droits de l’Homme, de la prévention des conflits, de l’égalité des sexes, et du commerce. Pris ensemble, les neuf chapitres de ce rapport font le bilan d’un secteur de la société dynamique et engagé, dont les efforts ont été couronnés de succès. Des annexes statistiques examinent le financement des OSC canadiennes et analysent les multiples relations du Canada avec les pays du Sud. L’Institut Nord-Sud 55 rue Murray, bureau 200 Ottawa, Canada K1N 5M3 Tél. : (613) 241-3535 Courriel : [email protected] Site Web : www.nsi-ins.ca ISBN 1-896770-28-2 Imprimé au Canada