Hackathon du Reporting RSE #2 30/09/2016

Hackathon du Reporting RSE #2
30/09/2016
Le présent document présente les échanges qui ont eu lieu le vendredi 30
septembre 2016 lors de la deuxième édition du Hackathon du Reporting RSE organisé
par le cabinet de conseil Utopies dans le but de co-créer des solutions innovantes
pour répondre aux challenges auxquels sont confrontés les Directeurs et Responsables
RSE pour améliorer leur reporting RSE.
Jocelyne Ozdoba, Manager du pôle Stratégie et Reporting, et Thomas Busuttil,
Co-dirigeant d’Utopies ont ouvert cette matinée en faisant état des grandes tendances
du reporting :
o L’investissement reste l’un des moteurs du reporting RSE
o Les entreprises affichent leurs réponses aux grands défis
sociétaux
o Le numérique transforme l’usage et la portée du reporting
o Un nouveau langage commun se créé autour du reporting
intégré
o Le reporting accompagne la définition de stratégies business et
RSE
Les experts suivants ont accepté d’intervenir tout au long de la matinée, en tant que
praticiens et « utilisateurs » de rapports RSE, sur les tendances et challenges du reporting
RSE :
o Marie-Bénédicte Beaudoin, responsable du développement chez
Oekom Research AG
o Aurélie Cambier-Ratte, senior analyst chez MSCI ESG Research
o Thierry Touchais, directeur de la Fondation Good Planet
o Juliette Gaussem, manager Entreprises et Parties Prenantes au GRI
1.
TENDANCES
Jocelyne Ozdoba
Constat #1 : L’investissement reste l’un des principaux moteurs du
reporting RSE :
Au niveau mondial, 21 trillions de dollars sont
aujourd’hui gérés en prenant en compte les informations extrafinancières1. Cela va donc bien au-delà de l’ISR qui est lui-même en hausse. En France,
le marché de l’ISR a connu une croissance de 29% sur l’année 2015.2 Bloomberg a
intégré par défaut dans son terminal les flux d’information ESG, et le classement
RobecoSAM depuis septembre 2016. La World Federation of Exchange3, qui représente
1
Global Sustainable Investment Review 2015 2
Les chiffres 2015 de l’Investissement Responsable en France, Novethic 3
Représente 64 places de marché et 44000 émetteurs 1 64 places de marché notamment dans les pays émergents, recommande à ses membres
d’exiger des émetteurs de publier une trentaine d’indicateurs extra-financier.
Juliette Gaussem
La GRI travaille avec Bloomberg. Ces données extra-financières ont
vocation à devenir aussi précises quantitativement que les données
financières afin que l’on assiste à un véritable mouvement dans la RSE.
Jocelyne Ozdoba
Constat #2 : Le reporting reflète la manière dont l’entreprise répond
aux défis sociétaux. En effet, les engagements des Etats, que ce soit sur le Climat
ou les Objectifs du Développement de l’ONU pour la période 2015-2030 (ODD ou
SDG en anglais), ne peuvent être tenus si les entreprises ne suivent pas le mouvement et
cela passe par le reporting RSE. En France, l’article 173 de la loi relative à la
transition énergétique pour la croissance verte demande notamment aux
entreprises de présenter dans leur rapport RSE les conséquences sur le
changement climatique de leur activité mais aussi de l’offre de produits
et services. Les ODD ont une approche très différente de celle des objectifs du
millénaire car cette fois-ci les entreprises sont vues comme de réels partenaires dans
l’atteinte des objectifs, avec deux approches : celle d’éliminer les impacts négatifs, mais
aussi celle de saisir les opportunités de marché via des innovations de produits, services
et de modèles économiques. Le « SDG compass » encourage les entreprises à rendre
leurs engagements en terme d’ODD publics dans le cadre de leur communication RSE,
sur une base d’indicateurs en cours de validation.
Marie-Bénédicte Beaudoin
Il est important de reporter sur les ODD car ils sont pris en compte dans
les grilles d’analyse des investisseurs dans leurs modes de sélection des valeurs.
Oekom a publié son classement 2016 sous l’angle de la contribution des entreprises
aux ODD.
Aurélie Cambier-Ratte
C’est d’autant mieux quand les données sont quantitatives, car cela permet
d’être au plus proche de la réalité.
Thierry Touchais
Tous les ODD ne sont pas tous quantifiables financièrement pour
les entreprises. Ils sont pris en compte au niveau de l’Etat pour les appliquer aux
différents ministères avec un rôle variable pour le secteur privé. La dernière session
de l’ONU a ouvert avec un film sur les ODD « No One Left Behind », ce qui
montre l’importance de ce sujet pour la communauté internationale.
Aurélie Cambier-Ratte
Les investisseurs cherchent à produire un impact positif sur la société. Exemple du
MSCI qui demande quel pourcentage de revenu les entreprises génèrent
pour résoudre 11 des ODD.
2 Jocelyne Ozdoba
Constat #3 : Le numérique bouleverse l’usage et la portée du
reporting. Le reporting RSE est confronté à un problème du bruit en raison de la
quantité de données et d’informations disponibles (une personne mettrait 7 mois entiers
pour lire 800 rapports RSE). L’enjeu et le challenge aujourd’hui est dans l’usage à
grande échelle de ces données RSE qui augmentent à rythme exponentiel. Des
plateformes d’intérêt général (WikiRate) ou à but commercial (ERevalue) se positionnent
désormais comme agrégateur de données tant quantitatives que qualitatives, en
exploitant les technologies du big data, de l’analyse prédictive… Ce phénomène va
tirer vers le haut la qualité du reporting de part des possibilités de
benchmarking intelligent, complet et précis sur un large périmètre d’entreprises.
Juliette Gaussem
La GRI encourage l’usage du Format XPRL pour les données extra-financières,
ce format est déjà utilisé par un million d’entreprises pour les données financières.
Marie-Benedicte Beaudoin
L’accès et la lisibilité d’informations sont très importants pour les agences
de notations et investisseurs.
Aurélie Cambier-Ratte
Il est parfois difficile d’identifier les enjeux qui intéressent réellement
les parties prenantes des entreprises. D’autant que chaque public veut quelque
chose de différent : par exemples les enjeux les plus matériels du point de vue des
analystes ne sont pas forcément les mêmes que du point de vue des entreprises.
Juliette Gaussem
Le reporting va sous doute devenir plus digital, interactif, en temps réel.
Jocelyne Ozdoba
Constat #4 : un nouveau langage commun se crée autour du
reporting. Les premières expériences du reporting intégré montrent qu’un « langage
commun » est en train de se constituer entre les DAF, les Risques, les Opérations, les
DRH, … autour de la valeur créée par l'entreprise. Chacun dans l’entreprise
devient « multi-lingue ». Cela peut passer par un nombre limité d’indicateurs
intégrés comme les 4 indicateurs de performance globale de SAP (growth, profitability,
customer loyalty, and employee engagement) ou par l’élaboration de liens de causalité
entre le financier et l’extra-financer (ex. toujours SAP, lien entre l’index de bien-être des
collaborateurs et le chiffre d’affaires). Mais au-delà de la quantification, l’intérêt est
dans le process et le story telling permettant la compréhension par tous,
y-compris par les membres des comités de direction, de la nature des
risques et de la création de valeur pour au final prendre des décisions mieux
informées. Cela va bien au-delà d’un exercice de communication juxtaposant les
données financières et extra-financières.
Marie-Benedicte Beaudoin
Le reporting intégré est très intéressant car il permet de toucher des
publics qui ne sont pas sensibilisés à l’origine. Mais il ne faut pas s’y
3 limiter car il y a un risque de paupérisation si l’information est trop
concentrée. Dans l’analyse extra-financière, il y a beaucoup de qualitatif, on ne peut
pas tout chiffrer. Il y a un risque que les entreprises s’en contentent et passent à la trappe
le reporting RSE qui a sa valeur et ses publics.
Juliette Gaussem
Il ne peut pas y avoir de reporting intégré sans rapport RSE. Le
reporting intégré vise la cible très particulière des apporteurs de capitaux. Les 15
entreprises leaders dans ce domaine ont aussi des rapports RSE ou des rapports qui se
concentrent sur le changement climatique par exemple. Il y a peu de rapports
intégrés car cela sous-entend que la RSE est traitée au plus haut niveau
et est complètement intégrée (« integrated thinking »), ce qui est encore rarement le cas.
Thomas Busuttil
Constat #5: Le reporting accompagne la définition de stratégies
« Business et RSE ». Selon notre retour d’expérience, voici quelques leviers
permettant d’activer dans le cadre de la conception des rapports RSE les liens entre
business et RSE :
o Dans l’exercice de la matérialité, il s’agit de faire un réel focus sur
les produits et services (exemple de la confidentialité des données
personnelles). Cela permet de mettre en lumière certains enjeux
« business » confirmés par des résonnances presse et les
attentes des parties prenantes.
o De plus en plus, un lien est fait entre le pilier Social et la
transformation RH (dans un contexte de transformation digitale). Il faut
montrer en quoi enjeux RSE sont stratégiques pour l’entreprise.
o Utopies a identifié 4 types d’innovation dans les modèles
économiques (fonctionnel, collaboratif, inclusif et circulaire) qui
donnent une grille d’analyse de la trajectoire d’innovation positive de
l’entreprise à expliciter dans les rapports (Exemple d’ICADE qui ne vendra
plus des mètres carrés mais du bien-être au travail, c’est à dire de la
fonctionnalité). Des introductions à chaque partie du rapport RSE
montrent en quoi la RSE répond aux enjeux business.
o Analyse d’emprunte socio-économique de l’entreprise avec
Local Footprint. (Exemple : chez ACCOR, Utopies a démontré que leur
premier contributeur n’est pas le collaborateur mais les fournisseurs, ce qui
était un élément intéressant dans la structuration du rapport RSE).
o La quantification du risque lié à la non prise en compte d’un enjeu est
une donnée de plus en plus importante sur le reporting (Exemple de Suez qui
a chiffré avec le Direction financière la non prise en compte d’un enjeu
comme le carbone).
Marie-Bénédicte Beaudoin
Il est important pour les analystes de communiquer sur les risques de
l’entreprise car cela démontre le niveau de maturité, une « pleine
conscience » des risques et crédibilise le contenu. Il faut être transparent sur
les enjeux sur lesquels vous n’êtes pas les meilleurs en indiquant les ambitions, les
timelines pour vous améliorer.
4 Aurélie Cambier-Ratte
MSCI apprécie quand l’entreprise communique sur ses risques émergents,
ceux qui vont exister potentiellement un jour et avoir en amont déjà un plan
d’action.
2.
CHOIX DES CHALLENGES
Parmi les challenges initiaux et ceux proposés en séance, les participants ont sélectionné
par vote les 3 challenges suivants pour cette deuxième édition du Hackathon :
1. Comment adapter son reporting à un public de plus en plus
diversifié et exigeant ? Avec plusieurs questions liées : Comment rendre
cohérent les différents formats et supports de reporting ? Comment être en
capacité de donner les informations au bon moment aux bonnes personnes de
manière concise sans avoir 25 rapports ?
2. Comment passer d’un reporting de moyens à un reporting de
performance globale et de résultats ? Avec une réflexion sur le conflit
potentiel entre la norme et l’innovation.
3. Comment faire du reporting RSE un outil de pilotage de la
transformation de mon entreprise ? Ce sujet rassemble une majorité de
participants. Au-delà du processus de collecte, la discussion porte sur le rôle du
reporting RSE comme levier de changement de culture en interne.
3.
RESTITUTION DES CHALLENGES
CHALLENGE N°1 : Comment adapter son reporting à un
public de plus en plus diversifié et exigeant ?
IDEE : Indicateurs : base commune adaptable à base de données en open
source customisable
Compétences
Centralisation
des exigences
Ressources
Humaines
Partenaires Ressources
Outils
financières
GRI
Base de données
en open source
5 du plus large
au plus
particulier
à ODD
à GRI
à Réf
sectoriels
à …
Parties
prenantes
Langage commun
Table de
concordance
automatique
Temps
Interface qui
permet la
customisation de
l’indicateur
Vs. Analyse
matérialité
IDÉE : Structure récurrente, déclinée par les parties prenantes
Compétences
Sommaire par les
parties prenantes
Ressources Partenaires
Humaines
GRI
Parties
prenantes
Ressources
financières
Outils
Plateforme
web structurée
avec entrées
par partie
prenante /
thématique
Structure
LT/template
unique
Approche pieuvre
Diversité des
supports
web/print /
version tablette
Temps
CHALLENGE N°3 : Comment passer d’un reporting de
moyens à un reporting de performance globale et de résultats
?
IDEE : Pilotage via des KPI au plus près d’où se fait la performance
(granularité)
Compétences
Sensibilisation
aux enjeux DD
et culture RSE
à Donner du
Ressources
Humaines
Avoir des
référents
clairement
Partenaires
Assurer
l’intégration
des feedbacks
des
Ressources
financières
Coûts de
formation, des
Outils
Proposer des
supports de
communication
6 sens à
l’information
qui doit être
remontée
identifiés
(gestionnaire
de site, ambassadeurs...)
Droit de sortie
des
informations
(cf.
confidentialité)
Dédier du
temps de
formation et
de
sensibilisation
contributeurs
pour vérifier la
faisabilité de
la collecte
supports
d’information
internes et
externes
Intégrer dans
les fiches de
poste/objectifs
des
contributeurs
Temps
IDÉE : Co-construire et innover des KPI de performance globale et avec
les équipes opérationnelles/supports, la direction générale
Compétences
Ressources
Humaines
Sensibilisation/
culture à la RSE
Temps
Partenaires
Co-construire les
indicateurs avec les
différents services
(cf. CFO, R&D,
Marketing, etc) qui
interfacent les
différentes
typologies de
parties prenantes
Ressources
financières
Outils
Avoir une
stratégie au
niveau COMEX
avec des lignes
d’investissement
dédiées
IDÉE : Impliquer les PP pour définir les indicateurs et faire progresser la
performance globale collectivement
Compétence
s
Avoir des
personnes
formées à la
Ressource
s
Humaines
Partenaires
Développement de
contrat
d’engagement/de
Ressources
financières
Avoir une
stratégie au
niveau
Outils
Hotline
pour
sites/sujets
critiques
7 concertation/m
édiation
Identifier
un/des
référents
Temps
performance pour
responsabiliser les PP
Organisation de
concertation locale
pour définir ensemble
les indicateurs puis les
communiquer =
transparence
COMEX avec
des lignes
d’investisseme
nt dédiées
Etre proactif pour
« aller vers les PP »
plutôt que d’assurer
une transparence
« statique »
CHALLENGE N°5 : Comment faire du reporting RSE un outil
de pilotage de la transformation de mon entreprise ?
IDÉE : SENS (KPI, utilité du produit, développer sens de l’offre,
collaborateur doit expliquer activité
Compétences
Ressources
Humaines
Partenaires
Développer des
nouveaux
Outil de
mindsets plus
communication
transversaux
interne
Partenaires qui
challengent la
stratégie de
manière
constructive et
s’impliquent
avec des
propositions,
des solutions et
en faisant un
suivi
Accord tacite
de la direction
Formation
Ambassadeur
Temps
Changer le
rythme du
reporting
Parties
prenantes
prospectivistes
Ressources
financières
Besoin d’un
budget dédié
par la
direction
Outils
Analyse de
matérialité
Réunir les pp
internes pour
définir une
stratégie de
communication
Avoir des
référents,
ambassadeurs
en interne
Développer
quelques KPI à
suivre en
continu
8 annuel pour le
rendre continu
Baromètre
Revoir
Vision/Mission
Communication
ascendante et
descendante
en continu
IDÉE: COLLABORATIF (implication dans le rapport, implique les pp
internes, KPI qui intéressent les collaborateurs, faire redescendre le
reporting)
Compétences
Ressources
Humaines
Nouveaux
profils Chiefs of Faire
Happiness
redescendre
aux
Être multi-lingue collaborateurs
pour que
qui doivent
l’individu
ensuite faire
puisse relier la remonter leurs
RSE à son
contributions
activité
Temps
Partenaires
Parler de la
RSE avec les
partenaires
sociaux (CE,
dialogue
social)
Ressources
financières
Se connecter à
d’autres
budgets,
comme la
communication
financière par
exemple
Financer le
projet avec
économies
réalisées
Outils
Ouverture sur les
outils de dialogue
aux parties
prenantes
Outils digitaux
pour permettre un
dialogue
(plateforme,
contenu à
partager)
Réseau social
interne sur le
sujet
Développer un
langage pour
adapter la RSE
au langage des
métiers
Passeport RSE
(quantifier des
messages par
cibles)
Primes RSE en
fonction de KPI
clés
9 IDÉE : STRATEGIE/INNOVATION : innovation dans les discours, mise en
perspective des enjeux globaux, rapport tourné vers l’avenir,
structuration du rapport par rapport à la stratégie d’entreprise,
identification des enjeux majeurs
Compétences
Ressources
Humaines
Formation de
marketing
responsable en
lien avec les pp
pour évoluer
vers la
fonctionnalité
Exposer la DG à
des idées
/personnes
différentes pour
déclencher une
étincelle qui
invite à réfléchir
autrement
Enquête interne
sur les pratiques
personnelles
Terrain de la
fonctionnalité
Temps
Partenaires Ressources
financières
Parties
prenantes
pour
l’ouverture
Budgets à
greffer sur
d’autres
événements
Mesure de
l’innovation
en chiffre
d’affaires
Outils
Avoir un comité
transverse qui
sorte de la RSE
(en lien avec
l’innovation et
le
développement)
Financer le
projet avec
les
économies
réalisées
Créer des
moments dans
l’année où les
sujets peuvent
émerger
directement des
collaborateurs
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