Lettre 79-80 (hiver 2011-printemps 2012)
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Lettre 79-80 (hiver 2011-printemps 2012)
La lettre de frase l’A association française pour la recherche sur l’Asie du Sud-Est N° 79-80 – Hiver 2011- Printemps 2012 L'Asie du Sud-Est en images Sommaire Editorial EntrEtiEn Francis Richard ....................................................................................... 3 DossiEr : L'AsiE Du suD-Est En imAgEs Les rencontres de l’Afrase le 21 octobre 2011 ..................... 7 L’Asie du Sud-Est dans les collections audiovisuelles de l’Ina ...................................................................... 10 L’Asie du Sud-Est dans les fonds audiovisuels de l’ECPAD ............................................................................................. 15 « L’image filmique est un trésor de mémoire » .................. 17 L’Indochine à l’écran ......................................................................... 21 Une étude de cas : Norodom Sihanouk, roi du Cambodge, Un parcours politique en images .................... 23 ActuALités Eko Nugroho et l’art contemporain en Indonésie ............. 27 Retour de terrain Ethnographie à Bu Sra, commune bunong en sur les hautes terres du Cambodge ................ 29 Regard de chercheur Trinh Van Thao ..................................... 32 In Memoriam, Georges Condominas (1921-2011)........... 33 Ag 2011 ....................................................................................................35 Annonces ................................................................................................37 Publications...........................................................................................38 revues ......................................................................................................46 thèses .......................................................................................................52 Euroseas 2013 .....................................................................................54 Bureau de l’Afrase Claire Trân Thi Liên, présidente.................................. [email protected] Jérôme Samuel, vice-président ........................ [email protected] Pascal Bourdeaux, secrétaire.................... [email protected] Elsa Clavé-Celik, trésorière .............................. [email protected] RédaCTioN : Pascal Bourdeaux, Christine Cabasset, Nicolas Césard, Caroline Herbelin, Vatthana Pholsena, Céline Pierdet, Catherine Scornet, Paul Sorentino, Deth Thach, Isabelle Tracol-Huynh Site web : [email protected] et [email protected] Facebook : [email protected] Publications : [email protected] Revues : [email protected] et [email protected] Thèses : [email protected] Maquette : Bruno Barbagallo Photo de couverture : Captures d’écran extraites du documentaire de Serge Viallet, 1978 : les images retrouvées des Khmers rouges, Mystères d’archives, Arte Editions-Ina, 2009 Les laboratoires et institutions suivantes soutiennent la Lettre de l’Afrase • Institut d’Asie orientale (IAO), Lyon • Institut de recherche sur l’Asie du Sud Est contemporaine (Irasec), Bangkok Votre institution ou laboratoire peut également aider la Lettre de l’Afrase en souscrivant un abonnement de soutien (100 euros par an). 2 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 Comme nous vous l’annoncions dans notre courrier de décembre, la Lettre de l’Afrase revient ce printemps sous la forme d’un numéro double. En effet, la Lettre d’hiver a été reportée, le bureau étant accaparé cet hiver par l’organisation de manifestations et la rénovation du site web. Les deux « Rencontres de l’Afrase » organisées cet hiver ont rassemblé un public nombreux. L’une en partenariat avec l’Ina en octobre sur « L'Asie du Sud-Est en images», l’autre en partenariat avec le Musée d’Art Moderne de Paris et SAM Art Projects sur « Eko Nugruho et l’art contemporain en Indonésie » en janvier. En revanche, nous avons du renoncer à la rencontre « Leçons indonésiennes pour un printemps arabe ? Islam politique et transition démocratique » en partenariat avec le Ceri et l’Issmm prévue pour ce printemps, faute de financement pour la venue des chercheurs indonésiens. Le prochain rendez-vous important de l’année 2013 sera le 7eme congrès de l’Euroseas à Lisbonne: vous avez jusque fin mai pour faire vos propositions de panel! Voici donc la nouvelle Lettre désormais publiée sous format électronique. Discuté depuis plusieurs années, le passage à la lettre électronique a finalement été décidé au regard des finances. Les économies réalisées sur la publication et l’envoi de la lettre permettent de payer un professionnel pour la mise en page de la Lettre, qui a bénéficié ces dernières années du travail précieux et bénévole d’Agnès de Féo. A ceux qui ne l’ont pas encore fait, merci d’envoyer vos coordonnées (nom, prénom, courriel, adresse, profession et institution) à [email protected] afin d’actualiser notre mailing list. Ce double numéro s’ouvre avec l’interview de Francis Richard conservateur général de la Bulac qui vient d’ouvrir ses portes cet hiver. La lettre propose un dossier consacré à « L'Asie du Sud-Est en images» basé en grande partie sur les interventions de la rencontre organisée avec l’Ina. Il ne prétend pas faire le tour de la question mais entend présenter certains fonds audiovisuels et quelques exemples d’utilisation de ces fonds encore largement méconnus. Marie Lesourd revient sur la rencontre avec l’artiste indonésien Eko Nugroho au MAM de Paris. Le sociologue Trinh Van Thao nous offre son regard de chercheur. Richard Pottier évoque la personnalité de Georges Condominas. Tandis que Catherine Scheer revient pour nous sur son terrain à Bu Sra, sur les hautesterres du Cambodge. Vous retrouvez enfin les traditionnelles et précieuses rubriques de recensions des Publications, Revues et Thèses sur toute l’année écoulée. Enfin, avec cette lettre de printemps, vient également l’annonce de notre rendez-vous annuel. Notre assemblée générale se tiendra dans les salons de la Maison de l’Asie, le 15 juin à partir de 18h. Moment important pour la vie de notre association car il est avant tout une occasion d’échanges et de convivialité pour nos membres et futurs membres. Il s’agira néanmoins de tirer la sonnette d’alarme concernant les adhésions. Nous avons besoin de vos contributions pour continuer ce travail de liaison: le renouvellement de votre adhésion, la mobilisation de vos réseaux afin d’obtenir un abonnement de soutien auprès de vos institutions et votre bonne volonté à faire connaître l’Afrase et susciter de nouvelles adhésions, d’autant qu’il existe désormais des modalités de paiement simplifié avec Paypal. Sans votre contribution minimum, l’Afrase ne pourra continuer, quelque soit l’investissement maximal des membres du bureau. L’avenir de l’Afrase est entre vos mains. Entretien Entretien avec Francis Richard, conservateur général et directeur scientifique de Bulac La Bulac vous ouvre ses portes! © S. Stankovic-Bulac A l’occasion de la récente ouverture de la Bibliothèque universitaire des Langues et civilisations, l’Afrase est allée à la rencontre de son conservateur général et directeur scientifique, Francis richard. A grands traits, il nous présente l’histoire de la Bulac, ses spécificités et ses fonds exceptionnels. Pour se faire une idée de l’ampleur de la tâche accomplie, le lecteur peut se reporter à une précédente Lettre (n°74, été 2009, pp. 8-10) qui évoquait le chantier de cette bibliothèque alors en cours. Pourriez-vous nous en faire une brève présentation de la Bulac ? La Bulac vient en effet d'ouvrir à la mi-décembre 2011, quelques semaines après l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco), dans un nouveau bâtiment construit au n°65 de la rue des Grands-Moulins, à proximité de la Bibliothèque nationale de France et de l’Université Paris Diderot- - Paris 7. Le bâtiment abrite sous un même toit deux entités administrativement distinctes, la Bibliothèque universitaire des Langues et civilisations, qui a le statut de Groupement d'Intérêt Public (GIP) et l'Inalco. La Bulac occupe cinq étages d'une des ailes du bâtiment, trois étages de salles de lecture et deux étages inférieurs de magasins. Pour créer une telle structure, le temps de la concertation a peut-être été aussi long que celui de la concrétisation ? La Bulac a été créée à la suite du rapport présenté en 2001 par Maurice Garden à la demande du ministre de l'enseignement supérieur. Sa création découle d’un double constat : celui de l'extrême dispersion des bibliothèques orientalistes en France et celui de leur fragilité. Cette situation était le résultat des échecs successifs des diverses tentatives de regroupement des enseignements des Langues orientales et des collections de la bibliothèque qui en dépendaient et qui, faute de place, se trouvaient dissociées depuis les années 1970. Il y avait par ailleurs une véritable attente de la part des enseignants et des chercheurs rattachés aux équipes étudiant spécifiquement les aires concernées. Suite au rapport Garden, un GIP a donc été créé. C’est Marie-Lise Tsagouria qui a été chargée de la conduite du projet de bibliothèque. Dès sa conception, il a été décidé que cet établissement bénéficierait des nouvelles technologies, d'un catalogue informatisé coopératif multilingue et multi-écriture, bref qu'il fournirait aux lecteurs, étudiants et chercheurs, un maximum de services innovants. Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 3 Entretien Survol des collections sur l’Asie du Sud-Est De faible importance et récent (1974), le fonds laotien de la Biulo comporte une centaine de titres en langue originale pour 780 environ en langues occidentales. Le fonds cambodgien de la Biulo compte 338 titres en langue khmère et 2 072 en langues occidentales. Il concerne avant tout la linguistique et l’histoire. Le fonds khmer de la Bulac s’est enrichi dans différentes disciplines, grâce au dépôt par l’Efeo de 400 volumes de monographies récentes pour la plupart. Certains sont fort rares car ils ne sont pas conservés ailleurs. C’est aussi le cas de la collection de périodiques constitué au Cambodge par l’équipe d’Olivier de Bernon depuis 1990 (et complété par le don Michael Vickery pour la période 1979-1990). La Bulac détient ainsi, du fait de l’histoire récente du pays, une collection unique au monde, qui constitue un corpus dans lequel les chercheurs pourront puiser pendant longtemps. Avec 80 titres en tagalog et 2 650 en langues occidentales, le fonds philippin de la Biulo a répondu à la création en 1965 d’un enseignement de pilipino à l’Inalco. Le fonds océanien est constitué à la Biulo de 270 titres en langues originales contre 3 100 en langues occidentales et de deux titres de périodiques, la chaire concernant ces langues n’ayant été créée qu’en 1977. Enseigné depuis 1869, le vietnamien est servi à la Biulo par un fonds de 6 000 titres en langue originale, 2 000 en langues orientales et 45 titres de périodiques. Le fonds comporte un certain nombre de documents anciens, notamment en vietnamien, en caractères chinois (nôm) ou des pièces liées aux débuts de l’influence française. Le fonds comporte 40% d’ouvrages de littérature, 20% de linguistique et 30% d’histoire et de géographie. Il est complémentaire des fonds d’autres établissements parisiens (BnF et LCAO de Paris 7)et Paris Diderot a déposé quelques collections vietnamiennes à la Bulac. Le fonds birman de la Biulo est estimé à 1 961 titres en birman et 518 en langues occidentales. Il est d’une grande qualité puisqu’il compte des manuscrits et de nombreuses éditions rares ou anciennes. Il est essentiellement constitué de textes littéraires. Le fonds thaï de la Biulo contient 5 812 titres en thaï (siamois) et 777 en langues occidentales ; 13 titres de périodiques, dont 8 vivants. Le thaï est enseigné depuis 1876, le fonds a surtout un intérêt pour la littérature, l’histoire, la religion et compte quelques ouvrages en linguistique. Pourriez-vous préciser les diverses composantes formant ce Groupe d’Intérêt Public ? Le GIP est constitué de plusieurs partenaires, l'Inalco, l'EPHE, l'EHESS, l'Efeo, les Universités de Paris 1, 3, IV et Paris 7. Le CNRS y est associé par convention. Le noyau des collections de la Bulac est, bien évidemment, constitué des collections venant de la Bibliothèque de l’école des langues orientales. De 1978 à 2009, celleci a été connue sous le nom de Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales (Biulo) et rattachée administrativement à l’université Paris 3 avant son intégration 4 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 Edouard Dulaurier (1807-1881) qui enseigna le malais à l’école jusqu’en 1861 a laissé un certain nombre de manuscrits copiés de sa main qui témoignent de son travail de pionnier et a réuni des documents susceptibles d’identifier et de décrire les langues indonésiennes. Les documents conservés, dont le fonds ancien (publication des Indes néerlandaises, Batavia, etc.), sont cotés de différentes manières selon les langues (malais, malaisien, langues d’Indonésie). Au total, les collections comptent 2 400 titres en langues locales, 1 600 en langues occidentales, 5 titres de périodiques vivants (et une vingtaine d’autres ayant cessé de paraître). La littérature représente plus du tiers de ce fonds. Les collections du laboratoire Archipel (environ 12 000 ouvrages en malais et en indonésien) n’ont pas été intégrées à la Bulac, du fait de la politique de l’EHESS. En prévoyant de les déménager sur le campus Condorcet, sans en préciser les futures conditions d'accès, cette politique a pour conséquence de placer ce fond à bonne distance de 90% des usagers potentiels. Une collection de monographies, déposées par l’Efeo et concernant l’Indonésie et l’Asie du SudEst est venue rejoindre la Bulac et compléter un fonds encore relativement réduit. dans la Bulac. Elle est la doyenne et la plus importante des bibliothèques rejoignant la Bulac. Son histoire se confond avec celle de l’enseignement des langues orientales et avec le développement de l’École des langues orientales. Tout au long de l'élaboration du projet, lequel doit s'achever dans quelques années par la construction d'une "Maison de la Recherche » à proximité de la Bulac, le périmètre en a un peu varié, notamment du fait de l'émergence du projet de Campus Condorcet Paris-Aubervilliers. Cependant, la construction de la Bulac s'est achevée en 2011; et à l'automne 2011, l'ensemble des transferts de collections vers les © Maisonneuve-Bulac Entrée de la Bulac. salles et les magasins de la rue des Moulins était achevé. Au total, c’est un million et demi de volumes qui ont été réunis dont 200 000 sont placés en libre accès. Quelles autres institutions gravitent autour du GIP ? Pour collaborer avec des bibliothèques non membres du GIP, la Bulac a signé, dès avant son ouverture au public, des conventions de coopération et de partage documentaire avec plusieurs établissements de la région parisienne. C'est le cas avec la BnF, le Collège de France, l'INHA (Institut national d’histoire de l’art), la BDIC (bibliothèque de documentation internationale contemporaine à Nanterre) et la bibliothèque de l'Ima (Institut du monde arabe). D'autres conventions sont à l'étude. Par exemple, nous n'avons pas encore de convention avec le Musée du quai Branly, mais nous envisageons une collaboration étroite avec le Musée national des arts asiatiques Guimet. Le but est de mener une politique documentaire cohérente au service des lecteurs. Le projet intègre-t-il une dimension internationale ? Dès l'origine, la Bulac s'est dotée d'un conseil scientifique où étaient présents des chercheurs et bibliothécaires étrangers. Leur expérience nous a été utile et nous avons pu nouer des liens étroits avec nos collègues allemands, hollandais ou britanniques notamment qui ont suivi de très près l'avancement du projet. Nous avons aussi formé des consortiums avec les grandes bibliothèques anglaises pour souscrire des abonnements électroniques à des bouquets japonais et chinois. Ce type de coopération a été initié par la Bulac. Nous avons l’ambition de développer cette ouverture à l’international qui est vitale pour nous. Vous venez d’évoquer les services fournis aux chercheurs… La Bulac est ouverte à la fois aux étudiants de l'Inalco qui bénéficient d’un accès réservé à l’étage "niveau étude" ainsi qu’à la mezzanine avec ses vastes espaces de travail et, plus largement, à tout les publics, universitaires ou non, qui peuvent y trouver manuels de langue et ouvrages de référence. C'est aussi une bibliothèque destinée aux chercheurs pour qui a été conçue une salle "rez-de-jardin" où les places peuvent être réservées et où l’on Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 5 Entretien Dossier trouve une "réserve" pour les manuscrits et les ouvrages anciens et précieux. Une des principales innovations est la présence de 27 carrels et de 20 salles de groupes réservables à l'intention des chercheurs. Ces services entreront bientôt en service, ainsi que la "bibliothèque de nuit", autrement dit quelques salles qui sont réservables 24h sur 24. Ceci étant dit, il n'y a pas de séparation entre ces différents espaces de manière à rendre à tout lecteur la bibliothèque la plus accueillante possible. A propos des lecteurs, les pré-inscriptions peuvent être réalisées en ligne, le retrait de la carte se faisant sur place. L'inscription est ouverte à tous à partir de 18 ans. Certains lecteurs (étudiants et chercheurs membres du GIP) ont droit au prêt (ouvrages postérieurs à 1960) et aux réservations d'espaces et carrels (chercheurs et doctorants). La salle d'étude est ouverte de 10h à 22h, celle de recherche ferme à 20h ; quant à la salle de réserve, elle ouvre de 14 à 19 heures. Tous ces services fonctionnent du lundi au samedi. Les ouvrages conservés en magasins doivent être commandés via les postes informatiques et sont disponibles après 45 minutes. Ils peuvent être également préparés et conservés pour le lendemain. Chaque lecteur dispose d'un « compte lecteur » pour faire des réservations, suggestions d’achat, commentaires, etc. Un service de numérisation à la demande est proposé à nos lecteurs proches ou lointains. Notre catalogue multilingue et multiécriture est l'objet de tous nos soins. Un vaste chantier de rétro-conversion de plus d'un million de fiches sur papier a été mené depuis la création du GIP et il s'achèvera lorsque les dernières fiches arabes, chinoises ou japonaises seront saisies. Le catalogue peut être consulté à distance et les livres commandés à l'avance. L’offre de services à distance fait partie de nos objectifs prioritaires. Quelle offre existe-t-il pour ceux qui se tournent plus précisément vers les études sud-est asiatiques ? Les lecteurs, étudiants et chercheurs qui se consacrent à l'Asie du Sud-Est ont accès à un fonds composé des riches collections en provenance de la Biulo de la rue de Lille et du fonds qui se trouvait à l’Université Paris-Dauphine. S'y ajoutent les dépôts faits à la Bulac par l'Efeo. La bibliothèque de l’équipe de recherche "Archipel" (EHESS-CNRS) n'a pas rejoint la Bulac, mais elle est présente sur notre catalogue. L'Asie du Sud-Est forme le sec6 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 teur "42" dans notre libre-accès, avec : - une offre d'ouvrages récents regroupés d’abord par aire régionale (généralité), puis par pays (selon le code ISO des pays). Subdivisée selon une classification Dewey adaptée à nos besoins, cette offre a comme points forts la linguistique et les sciences sociales. - au niveau "études", on trouve, pour l’essentiel, des manuels de langue, des dictionnaires et des ouvrages généraux, le plus souvent en langue anglaise et française. - au niveau "recherche", l’offre est plus importante et représente plusieurs milliers de volumes dont 60% au moins en langues originales. - la Bulac est également abonnée à une cinquantaine de titres de périodiques vivants sur dont les numéros des 10 dernières années sont en accès libre. Ce libre-accès est remis à jour et complété régulièrement. Les autres collections sont conservées en magasins. Pourriez-vous nous dire enfin quelques mots sur les fonds patrimoniaux sud-est asiatiques de la Bulac? On y trouve peu de documents photographiques, mais il existe un fonds cartographique concernant le Vietnam et l'Asie du Sud-Est. La collection de manuscrits de la Biulo, avec plus de 4000 manuscrits, surtout en caractères arabes n’est pas encore visible totalement sur le catalogue de la Bulac. Elle le sera dans le catalogue collectif des bibliothèques françaises « Calames ». Notre fonds patrimonial est riche de plusieurs ensembles de volumes en pali, en sanskrit, en cham, en cambodgien, en birman et dans diverses langues indochinoises. On y trouve également d’autres fonds en langues vernaculaires ainsi que des fonds d’archives et des recueils de correspondances. Ces documents sont accessibles dans la salle "Réserve", de même que les imprimés occidentaux antérieurs à 1850 et les ouvrages édités en Asie avant 1920 qui, de fait, sont devenus très rares. Dans les collections venant d’autres bibliothèques, celle de l’Efeo notamment, on trouve aussi des documents, des manuscrits ou des imprimés ayant une valeur patrimoniale. Tout en conservant leur identité propre, ils rejoindront pour certains la Réserve de la Bulac. Propos recueillis par Pascal Bourdeaux Dossier L'Asie du Sud-Est en images Cameraman khmer rouge filmant un défilé à Phnom Penh Une seconde « Rencontre de l’afrase » s’est tenue le 21 octobre 2011 sur le thème « L'asie du Sud-Est en images - Sources audiovisuelles et leurs usages à des fins de recherche ». Le dossier qui suit, reprend en grande partie les contributions présentées lors de cette conférence. L’afrase a voulu se pencher sur des sources encore peu exploitées par les chercheurs travaillant sur l’asie du Sud-Est : les matériaux audiovisuels. Parallèlement à la presse écrite, les média audiovisuels n’ont cessé de se développer depuis près de 70 ans. En occident, ils ont contribué à la diffusion de la connaissance du monde, et de l’asie du Sud-Est en particulier, à un public toujours plus large. En asie du Sud-Est, ces nouveaux médias se sont également largement développés. dans un monde où le pouvoir de l’image est croissant, le chercheur ne peut ignorer ces sources et doit s’interroger sur la vision que nous nous faisons des autres, et de celle que les autres entendent donner d’eux-mêmes. après un rapide compte rendu de cette conférence, un aperçu de la richesse des leurs fonds audiovisuels sur l’asie du Sud-Est, ainsi que certains éléments de méthodologie pour le traitement de ces données, est exposé par les représentants des deux institutions de conservation et de production de sons et images que sont l’ina (anne Pavis) et l’ECPad (Marina Berthier). Pour la présentation des fonds du Centre Bophana à Phnom Penh, nous vous renvoyons à l’interview de Rithy Panh, parue dans un numéro précédent consacré aux « Ressources documentaires en asie du SudEst » (N° 74 – Eté 2009). (1) Le dossier propose ensuite quelques exemples de travaux de recherche réalisés à partir de ces fonds audiovisuels. Tout d’abord, ceux de professionnels de l’image comme Serge Viallet, réalisateur de la série Mystère d’archives, ou de delphine Robic-diaz, maître de conférences en études cinématographiques. Est ensuite évoqué le travail expérimental réalisé pour l’occasion par deux historiens, alain Forest et Claire Trân Thi Liên, découvrant les fonds de l’ina sur le Cambodge contemporain. Ce dossier n’est qu’un début de réflexion sur l’usage de ces sources, et surtout sur la méthodologie pour les appréhender. (1) Voir également l’article sur le fonds du centre audiovisuel de Timor-Leste présenté dans ce même numéro par le journaliste Max Stahl. Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 7 © Serge Viallet - Mystère d'archives - Arte/ Ina Dossier coordonné par Claire Trân Thi Liên Dossier Les rencontres de l’Afrase le 21 octobre 2011 L'Asie du Sud-Est en images Les documents audiovisuels sont le fruit du regard particulier de journalistes, souvent marqués par l’actualité et l’urgence, et ne disposant pas toujours de ce fait du recul nécessaire qu’ont les chercheurs pour appréhender une réalité complexe. ces archives audiovisuelles sont cependant autant des traces des sociétés que nous étudions que des traces de la perception que nos sociétés se sont fait et se font encore de cet Extrême orient qu’elles ont dans le passé colonisées. mieux, ces images et sons du passé peuvent dire beaucoup plus que ce que ceux qui les ont réalisés entendaient dire sur le moment, comme le démontre serge Viallet dans ses documentaires, mystères d’Archives. L’objectif de cette conférence était de faire découvrir aux membres de l’Afrase la richesse de ces fonds, de présenter quelques exemples de traitement et d’analyse de ceux-ci et, au final, de susciter de nouvelles recherches et réflexions. © Trân Thi Liên La conférence qui s’est tenue dans les locaux de l’Ina - Patay, salle Cognacq-Jay dans le 13e à Paris, a réuni sur la journée près de soixante-dix personnes, et ce, malgré le froid glacial et le temps mis pour réchauffer la salle. Elle est le résultat d’une collaboration étroite entre l’Afrase et l’Ina qui s’est étalée sur presqu’un an. Quatre personnes de l’Ina ont contribué tout particulièrement au succès de cette conférence. Anne Pavis, responsable documentaire et Denis Maréchal, chargé de mission pour la diffusion scientifique, se sont montrés très ouverts et enthousiastes pour ce projet de conférence, et ont participé activement à sa conception et à son organisation. Côté technique, Véronique Bacqua et Jean-Michel Briard ont assuré la régie pendant toute la journée. Ce dernier a également rendu possible le montage d’un document audiovisuel sur le prince Sihanouk, spécialement réalisé pour la conférence. La conférence a bénéficié du précieux sou8 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 tien financier du laboratoire Sedet de l’Université Paris Diderot et du Case (EHESS/CNRS). La rencontre a commencé en début de matinée par une introduction de la présidente de l’Afrase, Claire Trân Thi Liên et de JeanMichel Rodes, directeur délégué à la direction des collections de l’Ina. La matinée a été consacrée à la présentation des fonds audio-visuels sur l’Asie du Sud-Est : historique des institutions, description des fonds, des méthodologies, des lois régissant l’utilisation de ces fonds. Chaque intervention était suivie d’une discussion avec le public. Marina Berthier, documentaliste du Fonds Indochine a commencé par présenter les fonds de l’ECPAD (Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense). C’est ensuite Denis Maréchal, chargé de mission pour la diffusion scientifique qui a présenté les missions de l’Ina tout en insistant sur la volonté de l’Ina de développer les collaborations avec les chercheurs. Anne Pavis, responsable documentaire, en charge de la communication des fonds et de l'accueil du public, a décrit de manière générale les fonds de l’Ina, les instruments à la disposition des chercheurs pour traiter ces fonds, et fait un tour d’horizon des fonds de l’Ina sur l’Asie du SudEst. Enfin, James Burnet, membre de l'Aadac (Association d'aide au développement de l'audiovisuel au Cambodge) a présenté les fonds d’’un centre de ressources audiovisuelles important en Asie du Sud-Est, Bophana. Créé en 2006 à Phnom Penh grâce à la personnalité du réalisateur Rithy Panh et la collaboration de l’Ina, ce centre a permis de sauvegarder le patrimoine audiovisuel en péril du Cambodge. Centre de conservation, Bophana est également devenu un centre de création, soutenant la production audiovisuelle locale. Après une © Trân Thi Liên matinée consacrée à la présentation des fonds, l’Afrase a offert aux participants un copieux buffet indonésien grâce à l'association Solidarité Indonésie. Cette pause déjeuner a été un moment très convivial où intervenants, membres de l’Afrase et public plus large ont pu échanger de manière plus informelle. L’après-midi a été consacrée à des études de cas. La première étude de cas « Norodom Sihanouk, roi du Cambodge : un parcours politique en images » a été réalisée spécialement à l’occasion de la conférence par deux historiens de la péninsule indochinoises Claire Trân Thi Liên, Maître de conférences, et Alain Forest, Professeur (Université Paris Diderot). Ce dernier, spécialiste du Cambodge, a commenté les images d’un montage réalisé par sa collègue à partir des archives de l’Ina en insistant sur la nécessité d’une connaissance approfondie de l’histoire du Cambodge pour interpréter les images, les événements et les propos rapportés par les journalistes français, et souligner l’absence d’images et de propos sur des faits majeurs. La deuxième étude de cas a été présentée par Delphine Robic-Diaz, Maître de conférence en études cinématographiques à l’Université Paul Valéry – Montpellier III. Spécialiste du cinéma colonial et post-colonial français ainsi que du cinéma de guerre, cette dernière a présenté le processus de construction du mythe contemporain de l’Indochine à partir du film Indochine de Régis Warnier. Après une pause café, la conférence s’est poursuivie par l’intervention du réalisateur Serge Viallet et de son collaborateur Pierre Catalan. Après une longue introduction sur sa pratique des archives filmiques depuis une vingtaine d’années, il a présenté sa méthodologie de travail pour la réalisation de ses documentaires Mystères d'archives, coproduits par Arte France et Ina. Une discussion très riche avec le public a suivi chacune des projections de deux documentaires « 1978 : les images retrouvées des Khmers rouges » et « 1975. La chute de Saigon », d’une durée de 26 minutes chacun. La conférence s’est terminée à 18 h passés et a été clôturée par la présidente de l’Afrase et par Denis Maréchal. Tous deux ont remercié les intervenants et souhaité que cette rencontre contribue à ce que des chercheurs et étudiants travaillant sur l’Asie du Sud-Est s’intéressent aux fonds audiovisuels présentés dans la matinée. Ils ont également évoqué l’intérêt pour l’Afrase d’organiser dans les années à venir, et en partenariat avec l’Ina, une conférence scientifique rassemblant des chercheurs de différentes disciplines travaillant sur les sources audiovisuelles touchant à l’Asie du Sud-Est. CTTL Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 9 Dossier L’Asie du Sud-Est dans les collections audiovisuelles de l’Ina Les fonds de l’institut national de l'audiovisuel (ina) regroupent la mémoire sonore et visuelle de plus de 70 ans de notre histoire. Avec cinq millions d’heures de radio et de télévision, les fonds d’archives de l’ina sont uniques au monde par leur volume, par leur amplitude historique, la diversité des thèmes qui y sont abordés et par leur mode de collecte. comment fonctionne l’ina et quelles sources peuvent y trouver les chercheurs travaillant sur l’Asie du sud-Est? Les missions de l’ina : collecter, conserver, diffuser L’Ina, créé en 1974, est un établissement public chargé de conserver le patrimoine de toutes les productions radiophoniques et télévisuelles françaises, de les exploiter et diffuser. L’Ina gère deux types de fonds : au titre de l’archivage professionnel, les chaînes publiques hertziennes de radio et de télévision depuis 1945 et au titre du Dépôt légal de la radio et de la télévision françaises, les programmes des diffuseurs nationaux hertziens de radio et de télévision depuis 1995 et des chaînes du câble et du satellite depuis 2002. L’Ina a également pour mission de sauvegarder et numériser le patrimoine audiovisuel français. En 1999, un plan de sauvegarde et de numérisation a été lancé, faisant de l’Ina la première banque d'archives numérisées en Europe. D’ici 2015, l’ensemble des fonds sera traité. La France sera alors le seul pays au monde à avoir sauvé sa mémoire audiovisuelle. L’autre mission essentielle est de diffuser ce patrimoine audiovisuel. Chercheurs, enseignants et étudiants ont accès aux fonds d’archives au centre de consultation de l’Ina THEQUE, installé en bibliothèque de recherche au rez-de-jardin de la BnF(1). Plus largement, ce centre accueille sur accréditation, toute personne justifiant d’un projet de recherche professionnel, personnel ou lié à ses études. En région, l’Ina est présent à Lille, Lyon, Marseille, Toulouse, Rennes et Strasbourg. L’Ina propose à ses différents publics (grand public, scolaires, étudiants, professionnels) des accès adaptés et thématisés à ses fonds (fresques hypermédias, 300 corpus thématiques, VOD) et organise des colloques et des rencontres (Les lundis de l'Ina). En outre, l’Ina mène une politique active d’édition avec la publication d’ouvrages sur les médias et leurs enjeux et de revues comme Les Médias en acte (actes des col10 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 loques organisés par l’Ina). L’Ina offre également des publications, classiques ou électroniques, dont l’objectif est de poursuivre la réflexion sur le secteur de la communication et de devenir un espace d’accueil de toutes les formes d’activités intellectuelles et de transmission des savoirs (les e-dossiers de l’audiovisuel, Médias recherche, Comprendre les médias). Par ailleurs, dans le cadre de sa mission de promotion de la recherche scientifique à partir de ses fonds, l'Ina a créé les Prix de l'Ina THEQUE. Chaque année, le prix d'encouragement distingue un mémoire produit dans le cadre d’un master; et le prix de la recherche récompense un travail de recherche niveau doctorat ou la recherche d'un chercheur confirmé ou d'un collectif. L’Ina a ouvert en 2004 un site pour les professionnels inamediapro.com, devenant la première banque professionnelle d’archives audiovisuelles numérisées et accessibles en ligne (plus de 800.000 heures d’archives) dans le monde. Enfin, l’Ina a ouvert l’accès de ses fonds au grand public par le biais de son site internet ina.fr (sélection de 32.000 h de programmes). Le site contribue à l’éducation à l’image en proposant des outils éducatifs audiovisuels en ligne (comme Jalons pour l'histoire du temps présent, offre pédagogique permettant de retracer en images et en sons près d'un siècle d'histoire contemporaine). L’Ina participe à un grand nombre d’événements culturels, expositions, rétrospectives. Les fonds de l’ina L’Ina gère et met en consultation trois fonds principaux. Le premier est celui des archives de la radio télévision publique (70 ans de radio et 60 ans de télévision) pour lesquelles l’Ina détient les droits d’exploitation. Les documents les plus anciens datent de 1933 pour la radio, 1947 pour la télévision. Ces fonds comportent également des archives de presse filmées de 1940 à 1969. Le deuxième fonds est celui du Dépôt légal de la radio télévision française (chaînes publiques et privées depuis 1995), soit un total de 100 chaînes de télévision et 20 chaînes de radio. Le troisième est celui des documents écrits (grilles de programmes, dossiers de presse, documents diffuseurs). Il faut également compter un fonds de 15000 ouvrages consacrés aux médias, de pério- diques, de rapports, mémoires et thèses rédigés à partir des sources de la radio et de la télévision. (2) A ces trois fonds principaux, il faut ajouter les fonds privés. Ainsi, le prince Norodom Sihanouk a-t-il donné la totalité de ses fonds audiovisuels à la France, et donc à l’Ina. Les fonds les plus intéressants pour les historiens se trouvent côté archives avec un fonds important de presse filmée. Le fonds des Actualités françaises conservé à l’Ina rassemble les reportages d’actualité projetés chaque semaine dans les salles de cinéma avant la diffusion des films et couvre la période 1940-1969 avec plus de 45000 documents. Ce fonds est divisé en quatre ensembles chronologiques : Les Actualités Mondiales (1940-1942), France Actualités (1942-1944), France Libre Actualités (1944), Les Actualités françaises (1945-1969). Aux images effectivement diffusées, il faut ajouter des images de rush, ainsi que certains documents censurés, qui n’ont jamais été diffusés. Dans ces actualités audiovisuelles et sonores, le fonds le plus riche sur l’Asie du Sud-Est concerne les pays de l’ancienne Indochine française, mais l’on trouve également un certain nombre de documents filmés provenant d’autres pays. (principalement des Etats-Unis, de l’URSS, du Royaume Uni, du Japon…). Par ailleurs, les fonds télévisés archives et Dépôt légal sont est également très riches : journaux télévisés, magazines d'information, reportages diffusés par la Radio Télévision Française (RTF), l'ORTF, puis les chaînes de télévision traitent largement de l’ensemble de la région Asie du Sud-Est, le plus souvent en fonction d’événements majeurs (événements politiques conflits, guerres civiles, catastrophes naturelles) mais aussi sur des thématiques sociales, culturelles et religieuses ou de documentaire de découverte d’un pays, de régions, de villes. Aussi, les autres disciplines des sciences humaines et sociales comme l’ethnologie/anthropologie, la sociologie, la géographie ou la science politique peuvent y trouver des sources intéressantes. outils et méthodes de travail A l’Ina-THEQUE, des Stations de Lecture Audiovisuelle (SLAV) sont mises à la disposition des usagers, sous conditions de réservation préalable. Des outils spécialisés permettant la recherche, l'écoute, le visionnage, la constitution de corpus, l'annotation de programmes, et l'analyse des documents audiovisuels, leur sont proposés. Une équipe de documentalistes et de techniciens les initient à l'utilisation de ces outils de recherche lors de leurs premières visites, et par la suite reste à tout moment disponible pour les aider. Il faut dire que l’apprentissage de ces outils demande un peu de temps. Avant même de venir consulter les fonds à l’Ina THEQUE, il est possible d’en avoir une première idée en allant sur son catalogue internet. Les bases de données en ligne proposent en réalité une description simplifiée des programmes, avec un accès aux notices documentaires des programmes de radio et de télévision collectés par l'Ina depuis 1995 dans le cadre du Dépôt légal. Mais l’accès à l’intégralité de la base de données ainsi que le visionnage ou l'écoute ne sont possibles qu’au centre de consultation à l’Ina THEQUE ou dans une des 6 délégations régionales de l'Ina. C’est l'application Hyperbase qui donne accès aux bases aux données documentaires de l'Ina recensant l'ensemble des fonds disponibles. Cet outil permet des recherches multicritères (grâce notamment à un thésaurus), le tri de ces recherches, l'impression et l'exportation de ces données documentaires ainsi que des historiques de recherche. LIEnS UtILES •Informations pratiques : http://www.ina-sup.com/informations-pratiques/site-de-paris-0 •Consultation en région : http://www.ina-sup.com/informations-pratiques/consultation-en-region •Site institutionnel de l’Ina : www.institut-national-audiovisuel.fr •Site grand public de l’Ina : www.ina.fr •Site de l’Ina tHEQUE : http://inatheque.ina.fr •Recherche sur les fonds du dépôt légal de la radio télévision française depuis 1995 : http://www.ina-sup.com/collections/catalogue-des-fonds-audiovisuels/ •Guides des sources thématiques : http://www.ina-sup.com/collections/les-sources-thematiques-0 •Outil médiascope : http://inatheque.ina.fr/mediaScope/index.htm •Actualité des colloques : http://www.ina-sup.com/ressources/colloques-et-manifestations •Publications de l’Ina : http://www.ina-sup.com/ressources/publications •Les prix de l’Inathèque : http://www.ina-sup.com/recherche/les-prix-de-linatheque •Site Ina pro : http://www.inamediapro.com Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 11 Dossier sons. MediaScope est utilisé pour l'écoute, le visionnage, la segmentation et l'annotation des programmes. La capture d'imagettes peut être exportée vers une clef USB. répartition par pays pour le fonds AsE répartition des occurrences par années et pays (1953-2010) Ces données apparaissent sous forme de listes de documents classées par date ou par titres et par fiches détaillées pour chaque document. À la consultation suivante, l’usager peut reprendre ses historiques de recherche et combiner une étape de l’historique avec une nouvelle. L’usager peut exporter les résultats de ses recherches sur un CD-R et est autorisé à imprimer 20 pages par journée de consultation. A partir des bases de données documentaires de l'Ina, le chercheur peut constituer grâce à l’outil MediaCorpus, un corpus et créer ainsi sa base de données personnelle, qu’il conserve en permanence dans un dossier auquel il accède à l’aide d’un mot de passe. Il peut garder ainsi à l’Ina THEQUE, la mémoire de tout son travail : le processus de recherches, les descripteurs personnels créés en fonction de son sujet de recherche, les fiches par document détaillées et annotées par lui-même. Mediacorpus permet aussi de réaliser de manière quasi instantanée des statistiques avec leur représentation sous forme de graphes. Enfin l’outil MediaScope permet l’analyse des images et les 12 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 L’asie du Sud Est dans les fonds de l’ina : éléments méthodologiques Les bases de données du Dépôt légal identifient donc l’intégralité des programmes diffusés sous forme d’un catalogage, complété par une description documentaire pour chaque document. La recherche se fait par la combinaison de descripteurs. L’interrogation peut porter sur le titre, des dates, des auteurs ou des personnalités présentes au générique ou dans le document lui-même, les chaînes où le document a été diffusé, les genres télévisuels ou radiophoniques. Elle se fait également grâce à des champs textuels descriptifs créés et alimentés par l’Ina et les producteurs des émissions. Elle peut combiner plusieurs de ces critères par addition ou exclusion. Selon la méthodologie choisie, il est possible de travailler sur de grands nombres de documents avec des descripteurs très large ou au contraire travailler sur un nombre plus restreint de documents en croisant des descripteurs très précis et exclusifs. Prenons l’exemple d’un sujet « Les femmes en Asie du Sud-Est ». Il s’agira d’abord d’évaluer de manière très large les fonds sur l’Asie du Sud-Est. On choisira dans le thesaurus des descripteurs géographiques que l’on reliera par le terme « OU » afin de produire une liste exhaustive : au descripteur régional « Asie du Sud-Est » seront joints les descripteurs des pays de la région. (3) Ainsi, pour ce qui de l’espace géographique Asie du Sud Est et des pays qui le composent, on compte 20586 occurrences, sachant qu’un document peut être mentionné plusieurs fois si celui-ci parle de plusieurs pays à la fois. De manière simple, il est possible de réaliser des graphiques représentant le nombre d’occurrences dans le temps, par pays ou les deux à la fois. Ainsi, les pays les plus représentés sont le Vietnam, suivi du Cambodge, à quasi égalité avec l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande. En utilisant le descripteur genre, on constate que le genre dominant traitant de l’Asie du Sud-Est est celui des journaux télévisés qui représentent plus des 2/3 des documents. Les pics d’occurrence selon les pays correspondent bien évidemment à l’actualité : par exemple, l’actualité des guerres au Vietnam, Laos, Cambodge dans les années 60-70, la chute du régime du général Marcos aux Philippines dans les années 1985-86 ou le tsunami en Indonésie et dans la région en 2004- 2005… Dans un deuxième temps, on travaillera sur les descripteurs spécifiques au thème des femmes en Asie du Sud-Est. En croisant les descripteurs de l’aire géographique précédemment définie, et la thématique des femmes, on obtient 143 occurrences. Mais pour une étude plus fine, il importe d’enrichir le descripteur simple « femme » en établissant un champ sémantique autour de la femme. D’abord en repérant les termes utilisés en descripteurs à l’Ina : femme, condition féminine, mère, droits de la femme, maternité, fillette, jeune fille. Ensuite en y ajoutant d’autres descripteurs qui nous semblent pertinents pour l’Asie du Sud-Est comme des descripteurs de professions (paysannes, ouvrières, travailleuses, religieuses, soldats, femmes politiques), d’âges (fille, jeune fille, mère, grand-mère), d’états de la condition féminine (maternité, femme enceinte, femme au foyer, féminisme, prostitution) ou de noms de personnalités (Aung San Su Ki, Imelda Marcos, Corazon Aquino). En affinant les descripteurs, on obtient alors 1134 occurrences. Une représentation graphique permet de mettre en évidence la part de la thématique femmes sur l’ensemble des documents traitant de l’Asie du Sud-Est et la répartition des thématiques sur le corpus femmes en Asie du Sud Est. C’est après ce premier travail d’approche et de sélection des fonds, que tout le travail de visionnage et d’analyse des documents audio-visuels commence véritablement… Une chose est sûre : les fonds audiovisuels de l’Ina sur l’Asie du Sud-Est sont aussi riches qu’encore peu explorés. Et les cher- cheurs/ses de toutes les disciplines de sciences humaines et sociales y trouveront de nouvelles sources et de nouveaux champs de recherche. Anne Pavis et Claire Trân Thi Liên (1) L’accès à l’Ina est gratuit mais les usagers doivent acheter une carte de lecteur Bnf donnant accès à toute la bibliothèque (2) L’Ina THEQUE a édité des brochures thématiques pour aider les usagers dans leurs recherches comme les brochures Anthropologie et ethnologie, Histoire, Politique (3) On peut affiner la recherche en mentionnant les variations d’appelations dans le temps. Ainsi par exemple pour le Vietnam, il faudra ajouter les termes Indochine, Viet Nam, Vietnam République, Vietnam République Démocratique, Vietnam République socialiste. Part de la thématique femmes sur les documents Asie du sud-Est répartition des thématiques sur les femmes en Asie du sud-Est Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 13 Dossier Dossier Asie du sud-Est : Parcours à travers les fonds de l’ina - tableau réalisé par Anne Pavis 14 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 L’Asie du Sud-Est dans les fonds audiovisuels de l’ECPAD © ECPAD Agence d’images et centre d’archives audiovisuelles de la Défense, l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (EcPAD) conserve et met à disposition des fonds d’archives audiovisuelles relatifs à l’Asie du sud-Este, offrant des perspectives de recherche pour cinéastes, étudiants et chercheurs. Le fonds indochine Dès le retour du Corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient en Indochine en 1945, des cameramen militaires du Service cinématographique des armées (SCA sont dépêchés sur le territoire indochinois pour couvrir les opérations militaires. Cette production, qui couvre l’intégralité de la guerre d’Indochine (1945-1955), a pour but d’informer la métropole, d’alimenter les firmes d’actualités (telles que Pathé, Gaumont, Eclair) et de maintenir le moral des troupes stationnées en Indochine. Ce corpus cinématographique conservé à l’ECPAD dans le fonds Indochine compte environ 700 titres de films, soit 63h de programmes (43h de rushes, 8h de films produits par le SCA, 12h de films autres) et représente une source majeure d’archives audiovisuelles sur la guerre d’Indochine. Il est constitué de magazines d’actualité, de documentaires, de « rushes » (éléments bruts non montés), de films d’instruction produits par l’armée pendant la guerre. Il comporte également des documentaires produits plus récemment sur la guerre d’Indochine. Les magazines d’actualité permettent d’analyser l’évolution du discours militaire de l’époque. Les films produits dans les premières années de la guerre mettent en avant l’action bienfaitrice et civilisatrice de la France, afin de justifier le retour des Français sur le sol indochinois. Avec l’internationalisation du conflit et le début de grandes batailles dès 1951, la production cinématographique évolue : c’est le combat contre l’expansion du communisme et pour la liberté du peuple vietnamien qui prime. Sur le plan formel, les images évoluent aussi, avec l’émergence de reporters de guerre tels que Georges Kowal ou Pierre Schoendoerffer qui subliment l’action des soldats. Les « rushes » représentent près de 80% du fonds et constituent un matériau de recherche précieux, puisqu’il s’agit de l’intégralité de ce qui a été filmé par les opérateurs en Indochine. Ceci ouvre des perspectives de recherche intéressantes, car il est alors possible de comparer et d’analyser ce que l’armée a décidé de montrer ou non d’un événement en parallèle avec les films et magazines d’actualité. Sur le plan thématique, ces films rendent compte des aspects militaires (opérations, batailles, activités protocolaires et officielles, vie quotidienne des troupes), mais aussi des aspects culturels, traditionnels, géographiques, ethnographiques, et économiques des territoires de l’Annam, de la Cochinchine, du Tonkin, du Cambodge et du Laos. En effet, des documentaires de grande qualité comme la série Regards sur l’Indochine proposent des sujets sur les traditions cambodgiennes (la danse, le site d’Angkor), l’exploitation salinière en Annam, la fête du Têt à Saïgon ou encore les us et coutumes du peuple Méo. Autre source précieuse conservée à l’ECPAD : une dizaine de films de propagande vietnamiens datant de la guerre ou rétrospectifs qui offrent des images en contrepoint. Ces films plus ou moins aboutis rendent hommage au courage et à l’abnégation du peuple vietnamien dans sa lutte pour l’indépendance. Ils montrent des images des dirigeants de l’Armée populaire du Vietnam, de la chute de Diên Biên Phu et de la reddition des soldats français (reconstitution), ou encore, de la vie quotidienne de prisonniers français dans les camps Viêt-minh. Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 15 Dossier Dossier Référence : FA 20 Enfin, des films de sources diverses (séries 14-18, FT) comportent de très belles séquences sur la vie coloniale des années 1920 et 1930. Les sujets abordés sont variés : la vie quotidienne, la médecine coloniale (les Instituts Pasteur), l’exploitation minière, ou encore les aspects géographiques et architecturaux. Outre la cession d’archives à des professionnels et des particuliers, l’ECPAD met ses documents à disposition des chercheurs et des enseignants dans le cadre d’actions pédagogiques et scientifiques. Une convention avec l’établissement peut être établie et faciliter l’accès et l’utilisation des documents par les enseignants, les étudiants et les chercheurs. © ECPAD ACtIVItéS PéDAGOGIQUES Et SCIEntIFIQUES COMMEnt COnSULtER : RESSOURCES En LIGnE : Le site internet de l’ECPAD HYPERLINK "http://www.ecpad.fr" www.ecpad.fr offre une multiplicité de ressources parmi lesquelles une sélection de photographies et de vidéos classées par fonds historiques, un espace culturel et pédagogique, des dossiers thématiques rédigés mensuellement par les documentalistes, l’actualité de l’établissement et une boutique proposant les productions livres et DVD de l’ECPAD. © ECPAD Tous ces documents sont librement accessibles sur poste informatique à la médiathèque de l’ECPAD ouverte au public du lundi au mercredi de 9h à 17h, le mercredi de 9h à 21h, le vendredi de 9h à 16h. Accès : ECPAD – 2 à 8 route du Fort – 94205 Ivry-sur-Seine (Ligne 7, M° Ivrysur-Seine) captures d’écran de documents de l’EcPAD Les fonds privés Depuis 1999, l’ECPAD a mis en place une politique de collecte et d’acquisition de fonds privés qui lui permet de compléter ses collections. Ces films amateurs (FA) entrés par voie extraordinaire dans les fonds de l’ECPAD représentent une source précieuse puisqu’ils apportent une vision inédite et un regard moins institutionnel que la production officielle des services cinématographiques de l’armée. L’ECPAD dispose ainsi de 15 films amateurs relatifs à l’Indochine. Tournés principalement pendant la guerre d’Indochine par des militaires cinéastes amateurs dans des formats substandards (8 mm, 9,5 mm, 16 mm, super 8), ces films s’intéressent aux événements militaires mais laissent aussi transparaître une certaine fascination pour l’exotisme de la vie locale. Le film Visages du Tonkin (FA 20 – don du colonel Lesourd) propose une ballade en couleurs dans le Hanoï de 1953, s’arrêtant sur les aspects religieux avec un enterrement traditionnel chinois et rendant compte des activités foisonnantes de la rue et des petits métiers. Certains de ces films ont été doublés du commentaire de l’auteur a posteriori. Marina Berthier Documentaliste Fonds Indochine à l’ECPAD 16 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 «J’en suis convaincu… L’image filmique est un trésor de mémoire » Après des études de cinéma à l'Ecole nationale Louis Lumière, serge Viallet a réalisé de nombreux courts-métrages de fiction, des films documentaires et des reportages (1). il est le réalisateur d’une série coproduite par Arte et l’ina, "mystères d'archives" qui a obtenu le Prix FocAL 2009 « meilleur usage des archives » (Londres) et le Prix FiAt 2009 « meilleur usage des archives » (Beijing). cette série de films de 26 minutes a pour but de redécouvrir des images connues ou inédites d’événements historiques. il nous raconte ici « ses débuts » avec les archives filmées et décrit la méthodologie qu’il a développée avec l’expérience. Démonstration à partir des images de deux de ses films 1978 : les images retrouvées des Khmers rouges et 1975. La chute de saigon. Comment je suis tombé dans la marmite des archives filmiques Je suis tombé dans la potion « archives filmiques » avec un bonheur énorme il y a un peu plus de 20 ans dans des circonstances que je voudrais vous exposer. Le sujet était l’histoire de la construction, en 1942-43, du pont de la rivière Kwai et de la ligne de chemin de fer allant de la Thaïlande à la Birmanie (soit 400 km de chantier) par 300 000 personnes quasi esclaves employées par les Japonais et dont 100 à 120 000 sont morts sur le chantier. Ce film que j’ai réalisé avec l’aide de Pierre Catalan il y a un peu plus de vingt ans, m’a amené à rechercher des archives filmiques tournées pendant la construction de cette ligne de chemin de fer. J’ai retrouvé 2 mn 52 d’images en Australie dans un news japonais. J’avais appris qu’un cameraman japonais de Nippon news avait filmé le chantier de construction pendant près de 40 heures. Malheureusement selon lui, tout avait été perdu parce qu’entreposé dans des laboratoires de Tokyo détruits lors du grand bombardement de mars 1945. Comment ai-je retrouvé en Australie ces 2mn 52 d’images tournées tout près du Pont de rivière Kwai ? Quand il tournait, il envoyait ses images au Japon où elles servaient à faire des news de propagande, diffusées dans les pays d’occupation dont la Malaisie. A la fin de la guerre, les forces australiennes libérant la Malaisie, ont retrouvé des bobines dans les salles de cinéma, bobines qui ont été ramenées en Australie. J’ai pu rapporter deux ans plus tard à ce cameraman déjà âgé, ces images enregistrées sur une cassette VHS, que j’ai déposée sur un coussin rouge. Il a commencé alors à me les éclairer, à me les faire comprendre. Enfin, ces images devenaient intéressantes, visibles. Par la suite, tout comme beaucoup de réalisateurs de documentaires, j’ai utilisé les images d’archives dans nombre de mes films en tant qu’illustration. Mais au fur et à mesure que j’utilisais ces images à l’intérieur de films, en illustration de propos tenus par des témoins sur tel ou tel événement, j’ai pris conscience que ces images, si on les regardait de plus près, pouvait être sources d’information. Ainsi, les bobines d’actualité tournées par les journalistes ou les armées américaines, commençaient toujours par un petit carton indiquant la date, le lieu du tournage, les noms des opérateurs et/ou du corps d’armée... Lorsque nous avons fait un film sur l’après bombe atomique à Nagasaki, j’ai rencontré des témoins américains qui m’avaient dit à quel point ils étaient prêts à en découdre quand ils ont débarqué à Nagasaki. Curieusement, les images que j’avais visionnées ne racontaient pas du tout cela; elles racontaient l’inverse. J’ai donc pris conscience de l’intérêt des archives filmiques comme source d’information, à condition de les regarder avec attention et d’être capable de les lire, de les comprendre. Comment fonctionne « Mystères d’Archives » Il a résulté de cette expérience, cette collection Mystère d’archives que je réalise avec Pierre Catalan depuis près de 5 ans à l’Ina. L’idée est la suivante: il s’agit de revisiter notre mémoire filmique, celle qui a construit la perception de certains événements, celle qui a forgé notre compréhension, notre vision du monde : les actualités qui passaient dans les salles, puis Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 17 Dossier Dossier à la télévision, et maintenant celles que nous retrouvons même sur les téléphones portables. Ainsi, depuis plus de 110 ans, des hommes et des femmes courent le monde et nous rapportent des images qui participent à fabriquer notre vision du monde.Ces images méritent d’être interrogées calmement, paisiblement. Elles demandent que l’on quitte le spectacle et, au lieu de les regarder à 24/25 images par seconde, de les regarder à d’autres vitesses, x fois en se focalisant sur les détails. Et peu à peu, on s’aperçoit que ces images fourmillent d’informations très utiles pour l’historien. Parce que le cameraman qui filme l’événement ne sait pas ce qu’il se passe. Avec 50 ou 60 ans de recul, on s’aperçoit que l’arrière plan, les personnalités qui entourent la personne au centre du document filmé sont autrement plus importants pour telle ou telle raison. 1978 : les images retrouvées des Khmers rouges C’est à l’occasion d’une conférence sur la mémoire du temps des Khmers rouges à l’Ina, que j’ai appris que l’Ina détenait un fond de près de 40 heures d’images tournées par les Khmers rouges et ce, grâce au formidable Rithy Panh. Je me suis dit qu’il serait bien de consacrer un épisode de notre collection à ce sujet. J’ai donc demandé à Rithy s’il était possible de rencontrer à Paris des personnes qui avaient vécu les événements au Cambodge afin qu’ils m’aident à comprendre ces images. Sa réaction a été forte, brutale, nette …. et formidable. Rithy Panh m’a dit : « Pas question ici. Tu viens à Phnom Penh au centre Bophana. » Ces 40 heures sont également archivées et accessibles au public dans ce lieu formidable qu’est le centre Bophana, géré magnifiquement par Rithy Panh (2). Ensemble, nous avons fait une sélection de manière un peu arbitraire, intuitive de 4 heures sur ces 40 heures et j’ai demandé à rencontrer d’anciens responsables, combattants, cameramen khmers rouges, et bien sûr aussi des victimes du régime qui avaient travaillé sur des chantiers de terrassement, d’irrigation… Au total, Rithy m’a fait rencontrer, au centre Bophana, 11 personnes qui m’ont permis de lire ces images tournées entre 1975 et fin 1978. Et là, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire auquel nous ne nous attendions pas. Alors que nous étions presque infirmes, aveugles en regardant ces images, celles-ci sont peu à peu devenues lisibles, visibles, à force de les regarder avec les 18 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 témoins x fois, à des vitesses autres que celle de défilement normal de 24/25 images seconde. Par exemple, il m’avait semblé voir des fils électriques sur certaines images d’un très grand chantier où des dizaines de milliers de personnes travaillaient à déplacer de la terre. A l’image, ils étaient peu visibles, « dévorés par le ciel ». L’un des témoins a confirmé qu’il s’agissait bien de fil électrique. Pourquoi des fils électriques sur ce chantier? « Parce que nous travaillions de nuit. L’électricité permettait aussi de faire passer des enregistrements sonores : il y avait des hauts parleurs… » Ces fils électriques étaient donc des preuves tangibles du travail de nuit et de la propagande constante à laquelle étaient soumis les travailleurs sur ces chantiers. Autre exemple bouleversant, touchant. Nous tentions de dater ces archives avec l’aide d’un certain nombre de spécialistes internationaux. A un moment donné, on voyait dans le film les pieds des ouvriers : certains étaient pieds nus, d’autres en tongs, d’autres avaient des sandales en caoutchouc. J’ai demandé aux témoins s’ils pensaient que ces images avaient été tournées en 1977-78. Quelqu’un m’a dit : « Non, c’est impossible ! Parce qu’au bout d’un an de chantier, on ne pouvait plus marcher avec des tongs. Les tongs étaient trop usées. » Nous en avons déduit que ce film avait probablement été tourné dans les premières années du régime. Enfin, grâce à d’anciens responsables, nous avons pu reconnaître certains dignitaires du régime et ainsi mettre des noms sur des visages alors que peut être quelques années plus tard, plus personne n’aurait su les reconnaître. Bref, l’image d’archives filmiques peut de- venir un trésor d’informations. Surtout quand la mémoire s’est tellement effacée, comme au Cambodge entre 1975 et 1979. Notre travail est une démarche, une quête et il reste forcément des imprécisions. Cette quête a un sens, puisqu’au centre Bophana, la démarche a été reprise en allant plus loin dans l’interrogation de la mémoire, en y associant les témoins qui sont encore en mesure de la comprendre, pour la documenter le plus précisément possible. Même si beaucoup de secrets, de mystères persisteront… En observant ce matériau de 40 heures, nous pouvons aisément prouver par la connaissance des outils (les pellicules, les caméras) que tout ce qui était tourné en petit format (16 mm) était tourné par des opérateurs cambodgiens, avec du matériel le plus souvent cambodgien, et développé en noir et blanc à Phnom Penh. En revanche, tout ce qui était couleur, 35 mm ne pouvait pas être traité dans le pays mais à l’extérieur, à l’évidence en Chine. La meilleure preuve étant que dans certaines bobines, on voit des prises de vue en couleur réalisées en Chine. Ces bobines sont revenues et ont été montrées au Cambodge, comme le montre les images de ce très jeune garçon qui apprend à charger un projecteur avec une pellicule 35 mm. Certains de ces films ont également été projetés à l’extérieur, en France notamment. Comme cette projection incroyable en 1978 à la Mutualité d’un film de propagande khmère rouge en couleur 35 mm! 1975. La chute de Saigon Le second film a pour sujet les derniers jours de Saigon, avant sa chute en 1975. Il est principalement basé sur du matériau filmique tourné par les équipes françaises, ainsi que sur des images venant des archives de Hanoi. Nous avons fait appel à deux témoins pour scruter ces images. D’une part, l’un des monteurs des reportages de Jean Pierre Moscardo qui passaient sur TF1, et le journaliste Christian Hoche blessé pendant ces quelques jours, tandis que son collègue photographe Michel Laurent mourra et sera le dernier journaliste mort de la guerre du Vietnam. Une des images les plus connues de la chute de Saigon, est celle des hélicoptères venant du centre de Saigon se posant sur les porte-avions américains et que les Américains repoussent à la mer. La plupart des journalistes présentaient ces images comme celles d’Américains n’hésitant pas à jeter à la mer leurs propres hélicoptères, valant des centaines de milliers de dollars… Or, en regardant ces images de près, on constate qu’il ne s’agit pas d’hélicoptères américains, mais tous d’hélicoptères sud vietnamiens que certains officiers ont utilisés pour fuir. Comme il s’agissait de vieux hélicoptères en mauvais état, les Américains ont préféré s’en débarrasser pour laisser la place pour atterrir à d’autres hélicoptères. Ainsi, l’interprétation de ces images changeait complètement. Autre exemple. L’image présentée d’un char à canon entrant par les grilles du palais présidentiel. En fait ces images tournées par des journalistes français et anglosaxons n’ont pas été tournées le 29 avril 1975, mais seulement le lendemain. En effet, les jours qui ont précédé l’entrée de troupes nord vietnamiennes à Saigon, la plupart des journalistes étaient terrés dans l’hôtel Continental. Le 29 avril les seules images tournées l’ont été dans les alentours de l’hôtel : la plupart des journalistes ont filmé les mêmes images d’un petit groupe de partisans Viêt Công passant dans la rue de l’hôtel, sur un char arborant le drapeau du Viêt Công. Pendant ce temps et à quelques pas de là, les troupes nord vietnamiennes prenaient possession du palais présidentiel forçant la porte du palais fermée, sans aucune caméra pour les filmer. Les images occidentales de l’entrée de chars à canon nord vietnamiens portes ouvertes, ont en réalité été tournées le lendemain, le 30 avril lors de la capitulation de l’armée de la République du Viet Nam par le général Dương Văn Minh. A ce moment là avec l’autorisation des autorités communistes, les journalistes occidentaux ont été largement invités à filmer (3). Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 19 Dossier Dossier de Saigon avec des caméras 16 mm, ils les portent sur l’épaule droite. Comme le viseur impose de viser avec l’œil droit, le champ de vision est essentiellement tourné de la droite vers la gauche. Et donc le cameraman filme plutôt ce qui se passe sur sa gauche. Il faudra donc s’intéresser à ce qui se passe dans l’autre espace à droite qui n’apparait pas à l’image, et trouver d’autres images. J’en suis convaincu, en regardant attentivement image par image, en grossissant certains plans, l’image filmique est un trésor de mémoire dont nos sociétés font et vont de plus en plus faire usage. Il est grand temps de donner de l’importance à l’image filmique en tant que telle, et plus de se contenter de traiter l’image comme une illustration. Elles ont une valeur autrement plus importante. Il faut prendre en compte cette mémoire accumulée depuis plus de 110 ans qui a joué un rôle crucial dans notre perception des événements et regarder les images filmées d’une autre façon. Serge Viallet, Réalisateur Merci à Serge Viallet pour son autorisation à publier des captures d’écran de ses deux documentaires. Transcription et synthèse CTTL Quelle méthode pour lire les images ? Notre méthode de lecture est avant tout le fruit de l’expérience. Le premier point est de se détacher de l’émotion par rapport à une image. En fait, nous brisons les montages, nous les remettons en question, nous déconstruisons. Ensuite, nous explorons, nous regardons ces images à une autre vitesse. Ce n’est plus un spectacle devant lequel nous nous émouvons, mais des images que nous pouvons enfin regarder tranquillement. 24 à 25 images par seconde, cela fait beaucoup d’images à regarder. Et c’est là que cela devient palpitant et intéressant. Enfin, nous faisons appel à des historiens et à des témoins qui inscrivent ces images dans leur contexte, nous permettent de les comprendre. Mais la pratique des caméras est un élément essentiel de notre méthode de lecture des images. En effet, nous connaissons avec quels instruments ces archives ont été filmées et quelles sont les limites de ces instruments. Une connaissance élémentaire du matériel qui a permis de tourner ces images est indispensable pour les historiens qui travaillent sur les archives filmées. Sinon, on ne comprend pas. Quand on sait que le film est tourné avec des petites cameras Eyemo (4), on sait aussi qu’on ne trouvera pas de longs plans parce qu’avec les ressorts, on ne peut tourner que 5 à 6 secondes d’affilée. Autre exemple, quand les opérateurs filment la chute 20 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 1) Son film sur le sac de Nankin (2006) a reçu en 2008 le History & Biography Documentary Golden Award du Festival TV de Shanghai. 2) Serge Viallet et Rithy Panh ont reçu le prix du meilleur projet de préservation pour ce documentaire, lors de la conférence mondiale de la FIAT (Fédération internationale des archives de télévision) à Turin en septembre 2011. 3) En effet, les chars à canon qui apparaissent sur les images des journalistes occidentaux ne pouvaient forcer les portes du palais. Le journaliste indien Nayan Chanda (auteur du livre Brother Enemy: The War After The War), qui se trouvait alors dans les bureaux de Reuter en face du palais présidentiel, a lui assisté à la fenêtre, à l’entrée des troupes nord vietnamiennes le 29 avril. Selon lui, ces dernières ont forcé la porte du palais fermée grâce à un véhicule blindé bélier. Le journaliste aurait alors fait 5 ou 6 photos de l’événement par la fenêtre … 4) Caméra à ressorts, utilisée pendant la deuxième guerre mondiale. Serge Viallet, Mystères d’archives, Arte éditions-INA, 2 DVD, 300 min, 2009 En vente sur ARTE Boutique ou sur le site www.ina.fr L’Indochine à l’écran Depuis 1945, une cinquantaine de films de fiction post-coloniaux français ont abordé l’indochine coloniale et/ou la guerre d’indochine au cinéma. ce corpus compte quelques grands succès largement connus et reconnus (La 317e section de Pierre choendoerffer (1), ou indochine de régis Wargnier (2), mais également un certain nombre de films dans lesquels le traitement du sujet reste bien plus accessoire (Ascenseur pour l’échafaud de Louis malle ou Les tontons flingueurs de georges Lautner par exemple). FILMOGRAPHIE InDICAtIVE : - Le Rendez-vous des quais, Paul Carpita (1955) - Ascenseur pour l’échafaud, Louis Malle (1957) - Patrouille de choc, Claude Bernard-Aubert (1957) - Mort en fraude, Marcel Camus (1957) - La 317e Section, Pierre Schoendoerffer (1965) - Le Facteur s’en va-t-en guerre, Claude Bernard-Aubert (1966) - Le Boucher, Claude Chabrol (1969) - La Horse, Pierre Granier-Deferre (1970) - Le Juge et l’assassin, Bertrand tavernier (1976) - Charlie Bravo, Claude Bernard-Aubert (1980) - Poussière d’empire, Lâm Lê (1982) - Indochine, Régis Wargnier (1992) - L’Amant, Jean-Jacques Annaud (1992) - Diên Biên Phu, Pierre Schoendoerffer (1992) - Deux Frères, Jean-Jacques Annaud (2003) - Là-Haut, Pierre Schoendoerffer (2004) - Un Barrage contre le Pacifique, Rithy Panh (2009) La construction du mythe contemporain de l’Indochine par l’imaginaire filmique post-colonial français repose sur un corpus de films de fiction se décomposant schématiquement de la manière suivante : - Les fictions françaises sur l’Indochine coloniale (L’Amant de Jean-Jacques Annaud en 1992 par exemple) - Les fictions françaises sur l’imaginaire colonial indochinois (comme Le Juge et l’assassin de Bertrand Tavernier en 1976) - Les fictions françaises sur la guerre d’Indochine (dont le premier opus est Patrouille de choc de Claude Bernard-Aubert en 1957) - Les fictions françaises sur l’imaginaire de la guerre d’Indochine (notamment La Horse de Pierre GranierDefferre en 1970). Cette dernière catégorie est de loin la plus nombreuse (avec une trentaine d’occurrences) car elle regroupe l’ensemble des allusions au sujet, aussi ténues et sibyllines puissent-elles être, puisque ce sera justement leur caractère anecdotique, superficielle voire caricatural qui se révèlera la plus exacte représentation de la place accordée à l’Indochine dans la mémoire collective depuis plus d’un demi-siècle. On note en particulier la constance parmi ces films de la représentation de l’ancien combattant d’Indochine comme un indésirable social et parfois même un criminel en puissance (le tueur en série du Boucher de Claude Chabrol en 1969 en est une illustration). Les fictions françaises sur la guerre d’Indochine sont sans doute les titres les plus connus. On dénombre à ce jour 7 films de guerre français portant sur la guerre d’Indochine, dont 5 sont l’œuvre de cinéastes anciens combattants ayant servi en Indochine dans le Service Cinématographique des Armées (Patrouille de choc en 1957, Le Facteur s’en va-t-en guerre en 1966 et Charlie Bravo en 1980 sont signés Claude Bernard-Aubert ; quant à Pierre Schoendoerffer, nous ne retenons dans ce classement que La 317e Section en 1965 et Diên Biên Phu en 1992, les autres titres de ce réalisateur n’étant pas consacrés exclusivement à la guerre d’Indochine et trouvent alors plutôt leur place dans la rubrique précédente puisqu’ils évoquent les souvenirs de guerre de personnages rendus à la vie civile). Les fictions françaises sur l’imaginaire colonial indochinois sont les moins nombreuses. Il s’agit de fictions dressant le portrait (toujours torturé) d’anciens colons français rentrés en Métropole et portant en eux un malaise qui pourrait s’apparenter au mal jaune décrit par Lartéguy, à cette différence près que s’ajoute à la nostalgie, une cruauté qui confine au sadisme (le Procureur de Villedieu dans Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 21 Dossier Dossier Le Juge et l’assassin de Bertrand Tavernier en est le parfait exemple). Enfin, les fictions françaises sur l’Indochine coloniale ont constitué un épiphénomène propre à 1992, année de sortie des remarqués Indochine de Régis Wargnier ainsi que L’Amant de Jean-Jacques Annaud. Cette résurrection de l’Indochine coloniale à l’écran a engendré deux séquelles dans les années 2000 : Deux frères (2003) du même Jean-Jacques Annaud dont l’idée avait germé dans l’esprit du réalisateur à l’occasion du tournage de l’adaptation de Duras et Un barrage contre le Pacifique (2009) du cinéaste cambodgien Rithy Panh. D’un point de vue socio-historique, les films de fiction peuvent se révéler des sources de connaissance non négligeables. Leur accueil en salle renseigne forcément sur l’intérêt potentiel porté au sujet et les éventuelles libertés prises avec l’Histoire démontrent l’état d’une conscience collective des événements. On peut également corréler précision du propos et accueil en salle, voire l’inverse, certains sujets ayant d’autant plus de succès qu’ils prendront leurs distances avec la stricte réalité factuelle. C’est indéniablement le cas de l’Indochine à l’écran puisque les plus grands succès publics (en nombre de spectateurs en salle) sont les films qui reposent sur une vision romantique et fantasmée de la période coloniale (Indochine et L’Amant) ou bien les films que le public n’associent pas au thème de l’Indochine car son traitement est des plus furtifs (la scène du vitriol dans Les Tontons flingueurs par exemple repose sur les souvenirs d’anciens combattants d’Indochine des personnages principaux, mais cet aspect échappe au spectateur qui ne serait pas déjà sensibilisé au sujet et qui n’entend ni ne retient la mention de « Bien Hoa »). L’ana- lyse des représentations consiste dès lors à distinguer dans l’ensemble du traitement (qu’il s’agisse de la mise en récit, des choix des cadrages, des sons, du montage, des orientations du jeu de l’acteur, de l’impact de la censure pouvant occasionner des remaniements artificiels du propos originel, etc.), des influences, des permanences et des évolutions afin de dresser le panorama synchronique et diachronique de l’état de la mémoire collective et de l’emprise de l’imaginaire projetés sur l’écran. En ce qui concerne l’Indochine, depuis 1945, le constat est simple : constamment reflué aux marges de la production française (une cinquantaine de films en incluant toutes les allusions furtives, quand la guerre d’Algérie compte à elle seule, depuis 1960, une cinquantaine de films de guerre qui lui sont pleinement consacrés) et marginalisé au sein des fictions (par la focalisation autour de personnages secondaires et malsains), le sujet de l’Indochine s’est peu à peu « déréalisé », laissant la part belle aux récits légendaires mettant en scène des archétypes qu’il s’agisse des héros de Pierre Schoendoerffer ou de la Princesse rouge de Régis Wargnier. Delphine Robic-Diaz Maître de conférences, Université Paul Valéry-Montpellier 3 Delphine Robic-Diaz est Maître de conférences en Études cinématographiques. Elle est l’auteur de La Guerre d’Indochine dans le cinéma français (1945-2010). Image(s) d’un trou de mémoire (à paraître en 2012 aux éditions des Indes savantes). (1) Prix du scénario à Cannes en 1965. (2) Oscar du meilleur film étranger en 1992 L’avenir de la Lettre de l’Afrase est entre les mains de chacun d’entre nous, dans la mesure où les cotisations individuelles comptent pour plus de 90% des recettes de notre association. Si vous souhaitez recevoir la lettre par courriel sous format Pdf, merci de le mentionner et d’inscrire lisiblement l’adresse à laquelle vous souhaitez la recevoir. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Pour adhérer à l’Afrase et recevoir La Lettre de l’Afrase, remplissez le formulaire ci-dessous et envoyez-le avec votre chèque, à l’adresse suivante : Afrase, c/o EFEO - 22, avenue du Président Wilson - 75016 Paris Nom, Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fonction : Étudiant Enseignant Chercheur Autre (précisez) Institution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal ,Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pays .................................................................................................... Courriel ................................................................................................ Cotisation Afrase Simple (35 €) Étudiant (18 €) Étranger (45 €) Soutien (100 €) 22 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 Les rencontres de l’Afrase le 21 octobre 2011 Un parcours politique en images Les sources audiovisuelles de l’ina apportent-elles quelque chose de plus que les sources écrites à la connaissance de l’histoire contemporaine de l’Asie du sud-Est ? A partir d’un corpus d’archives de l’ina, nous avons cherché à décrire en images le parcours politique du roi norodom sihanouk entre 1945 et 1970. retour sur un travail exploratoire de deux historiens spécialisés sur la péninsule indochinoise. ces archives filmées contribuent-elles à éclairer l’histoire du personnage et du pays ou ne sont-elles que le reflet du regard français sur son ancienne colonie ? captures d’écran du documentaire ina (voyage du général de gaulle au cambodge en 1966) L’idée de la conférence est venue du constat de méconnaissance de la part des chercheurs travaillant sur l’Asie du Sud-Est des sources audiovisuelles pourtant très riches. L’idée d’une étude de cas spécialement menée à l’occasion de la conférence s’est alors dessinée. L’objectif était de décrire le processus de recherches d’une part, et de confronter les images au récit et à l’analyse historique d’autre part. Le choix du sujet a fait l’objet d’une discussion avec nos partenaires de l’Ina, et notamment avec Denis Maréchal, chargé de mission pour la diffusion scientifique à l’Ina et docteur en histoire des médias. Il s’agissait de trouver un sujet facilement abordable dans un exposé d’une demi-heure : la thématique biographique sur une personnalité politique dont on pourrait suivre le parcours avant, pendant et après l’indépendance s’est très vite imposée. Il fallait trouver une personnalité dont le corpus de sources n’était ni trop limité ni trop important. Une étude de cas sur l’itinéraire politique de Norodom Sihanouk a finalement été retenue, face à des personnalités comme le révolutionnaire vietnamien Ho Chi Minh pour lequel la masse des images était très importante, ou celle de Soekarno pour lequel les sources étaient beaucoup troplimitées. Le sujet choisi, l’angle d’approche restait à définir : il s’agissait de réaliser le travail de recherche et de visionnage des archives de l’Ina avec l’aide d’Anne Pavis, responsable documentaire, de faire un choix d’extraits d’une durée d’une quinzaine de minutes, puis de réaliser avec Jean-Michel Briard, un montage d’images qui seraient diffusées et commentées lors de la conférence. L’idée était de décrire le processus de choix des images, commenter ces dernières en les resituant dans leur contexte historique, et réfléchir sur l’intérêt (ou pas) de ces images pour l’écriture de l’histoire contemporaine du Cambodge et pour la connaissance historique du personnage. Une problématique générale sous-tendait la méthodologie et l’objectif de ce projet : que disent ces images, filmées pour la plupart par des journalistes français, de l’histoire du Cambodge ? Ces images ne parlent-elles pas plutôt des visions de la France à l’égard de son protectorat devenu indépendant ? Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 23 Dossier Chercher, visionner, classer Une première phase du travail a consisté en la recherche dans les inventaires des ordinateurs de l’Ina. Il nous a fallu un certain temps pour maîtriser les outils techniques, de la simple consultation des inventaires, à la procédure de demande des images, de leur visionnage à leur analyse notamment à l’aide d’outils statistiques, et enfin de la sélection à l’exportation des données audiovisuelles retenues. En effet, le travail de recherche exige une initiation progressive aux instruments de classement et de recherche créés par l’Ina : d’une part, Hyperbase, qui constitue à la fois l’inventaire et la méthode pour sélectionner les archives par des mots clés bien choisis et des fiches détaillées correspondant à chacun des documents. D’autre part Mediacorpus qui permet de constituer des corpus personnels propres au sujet, avec la création de mots clés qui permettent de classer, analyser et commenter ces archives au fur et à mesure de leur sélection, par des thématiques définies par nous-mêmes. Une fois initiés aux secrets d’hyperbase et de médiacorpus, grâce à l’aide précieuse des documentalistes de l’Ina et à une pratique régulière de ces outils, nous avons pu partir à la découverte de ces fonds d’archives avec nos propres critères de recherche. Par la magie de l’ordinateur, une liste de documents est apparue quasi-instantanément, tout comme la fiche très détaillée qui accompagne chacun des documents. L’accès pratiquement immédiat, à l’écran (1), sans intermédiaire, à une masse d’archives filmées procure au chercheur un sentiment de grande autonomie et de liberté. Quel contraste avec le long processus de demande de consultation des archives écrites ! Dans la première phase de consultation des inventaires, l’utilisation combinée des deux mots-clés Sihanouk et Cambodge ont donné comme résultat 366 documents pour les archives avant 1994, 39 documents pour le dépôt légal après 24 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 1994, 105 documents pour les autres fonds sonores. Enfin, une référence aux fonds privés du roi Sihanouk confiés à l’Efeo et actuellement conservés aux Archives nationales de France faisait état d’un million de documents. Dans le seul fonds des Archives filmées avant 1994, nous avons choisi de nous limiter à la période bornée du 25/01/1946, date du premier document disponible, au 12/03/1970, date du coup d’Etat contre le prince Sihanouk par le général Lon Nol. Pour cette période, 64 documents étaient référencés, tirés pour la plupart des Actualités filmées, des JT et d’émissions spéciales (7 jours du monde, 5 colonnes à la une, Panorama, Objectifs). Une analyse plus détaillée des fiches a montré que la majorité des documents concernant Sihanouk étaient très courts (1 à 3 mn), qu’une vingtaine faisait entre 5 et 10 minutes, et que seuls cinq documents atteignaient les 15 mn. Le visionnage de ces 64 documents, ainsi que la sélection des extraits, a nécessité un temps non négligeable. La sélection des images a été en soit un travail difficile : quelles étaient les images les plus significatives à retenir pour un montage de 15 minutes ? En définitive, nous en avons retenu le double ! Chronologie politique cambodgienne/perception française Une fois l’ensemble des documents visionnés et annotés, nous avons pu distinguer quatre grandes périodes. La période de 1945 à 1954 présente l’image d’un roi sous protectorat. Dans des images sans son et d’une durée très brève, deux visions dominent. Celle d’un jeune prince toujours encadré par des responsables militaires français. En réalité, il s’agit davantage de documents sur les représentants français au Cambodge. Ainsi, dans un document relatant la visite de l’amiral d’Argenlieu en 1946, 6 secondes sur 60 sont dédiées à Sihanouk auquel l’amiral rend visite. L’autre vision dominante est celle présentant l’image folklorique et statique d’un roi, incarnant la tradition et portant habits traditionnels et accessoires royaux. C’est le cas lors des cérémonies traditionnelles de la fête des eaux ou de la remise d’un éléphant sacré au Cambodge, ou lors de l’anniversaire de la victoire le 8 mai 1946 où le jeune prince Sihanouk apparait dans l’ombre du président du conseil à Paris. La période 1954 à 1960 est caractérisée par des images toujours sans son, commentées par le journaliste, et d’un format très court. Sihanouk apparaît désormais seul, représentant du Cambodge indépendant, s’affirmant sur la scène internationale. A travers les images de cette période, apparaît bien la volonté du chef d’Etat khmère d’incarner une voix autonome et une voie neutraliste entre les deux blocs, que ce soit à la conférence de Bandoeng et à l’admission du Cambodge à l’Onu en 1955, lors de sa visite officielle à Moscou en 1956, lors de la visite de Chou En lai au Cambodge la même année, ou encore lors de la conférence de Belgrade en 1961. Mais le registre de ces images reste celui des images diplomatiques protocolaires. Les extraits allant de 1961 à 1965 marquent une rupture dans l’image que renvoie le monarque khmer. Les extraits se font plus longs et surtout Sihanouk s’exprime à travers une série d’entretiens. En réalité, la plupart des ceux-ci sont intégrés dans des reportages traitant de la guerre du Vietnam, dans lesquels Sihanouk évoque la position difficile de son pays, sans cesse menacé par une extension de la guerre. Ces images illustrent bien la période difficile où le représentant du Cambodge se trouve toujours plus pris en étau dans la guerre du Vietnam. En 1961, évoquant la conférence de Genève pour la neutralisation du Laos, il se propose comme médiateur. En 1962, il se plaint de l’extension de la guerre et de ses conséquences dramatiques pour le Cambodge. En 1963, il explique son revirement de politique à l’égard de l’aide américaine au profit de celle du bloc communiste, tout en déplorant la faiblesse de l’aide française. Mais ce sont les rencontres de Sihanouk et de Gaulle, en France en 1964 et au Cambodge en 1966, qui produisent le plus d’images. Il est vrai que c’est la personnalité de de Gaulle qui suscite ce flot d’images et c’est bien le rôle retrouvé de la France qui est mis en valeur. A la vue de ces images, on réalise alors qu’il a fallu plus de 10 ans pour qu’ait lieu la visite d’un chef d’Etat français au Cambodge, et pour que les relations francocambodgiennes soient ainsi réactivées. Ces images témoignent également du rééquilibrage de la diplomatie de Sihanouk, après une phase très tournée vers le bloc socialiste. Une dernière période qui s’étend de 1965 à 1970 témoigne de l’extension inexorable de la guerre du Vietnam au Cambodge. Les interviews de Sihanouk se succèdent et témoignent de son impuissance à préserver la neutralité du Cambodge, forcé de s’entendre avec le Viêt Công au Sud Vietnam (« le seul interlocuteur valable, c’est le FNL » déclaret-il). Mais celui-ci empiète toujours plus sur le territoire du pays, entraînant le Cambodge dans l’escalade de la guerre. La période se clôt par les images des JT de Sihanouk en visite en France, et commentant pratiquement en direct son renversement à Phnom Penh par son général pro-américain, Lon Nol. Au total, des images qui nous transmettent une certaine vision du Cambodge, vue à travers le prisme des journalistes français. Mais des images animées arrivées jusqu’à nous qui disent quelque chose du passé et de l’histoire du Cambodge. A condition de la connaître. Seul moyen pour décrypter ces images. Claire Trân Thi Liên Maître de conférences, Université Paris Diderot (1) Certains documents demandent un petit délai de téléchargement, tandis que les plus récents, faisant partie du dépôt légal d’après 1994, sont remis sous format CD dans un délai de 15 mn. statistiques des occurrences sihanouk dans le fond de l’ina (1946-2005) Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 25 Dossier Regard d’un historien du Cambodge sur les images d’actualités © Ina il faut être historien pour comprendre les images. Les images peuvent accompagner un exposé d’historien, mais en elles-mêmes, elles ne nous apprennent pas grand-chose sur l’histoire du cambodge. interview de norodom sihanouk à "7 jours dans le monde", le 22/11/63 Les images filmées disponibles pour la période qui nous intéressent ici (1945-1970) apparaissent très décevantes pour l’historien. A cette époque, les images télévisées sur le Cambodge sont encore très rares. Outre les archives, la presse de l’époque et la photographie restent les archives principales. En fait, il faut être historien pour comprendre les images. Les images peuvent accompagner un exposé d’historien, mais en elles-mêmes, elles ne nous apprennent pas grand-chose sur l’histoire du Cambodge. Signalons qu’à cette époque, il n’y avait pas une très grande variété de sources. Il n’y avait que l’unique chaîne de l’ORTF qui, avec ses journalistes attitrés, couvrait le conflit dans la région. Ainsi, François Chalais, journaliste et grand admirateur de Sihanouk, répète-t-il toujours les mêmes commentaires. Il faudrait comparer cette période avec l’après-1970 et l’arrivée d’autres chaînes. L’image du Cambodge véhiculée à travers les archives de l’Ina est assez linéaire tout au long de la période 1945-70. Sur quelques images d’actualité, domine un discours où l’emphase occidentale prévaut, qui ne correspond pas du tout à la réalité. Il s’agit ici essentiellement 26 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 du langage du reporter français qui porte un regarde spécifique sur l’Orient. Ici, l’image du royaume khmer est celle d’un royaume des mille et une nuits, un royaume de rêve aux mille et une magnificences. Un royaume avec à sa tête un « prince rose ». Un prince qui joue au football et qui est proche de son peuple. Le prince Sihanouk apparait comme le grand ordonnateur de cet enchantement autour de sa personne et autour de son pays qu’il fait flamboyer. Certes, l’on évoque tout de même que le pays reste pauvre, mais les gens y sont heureux. Les Actualités françaises voient le Cambodge au prisme de son histoire coloniale. Elles insistent sur des événements qu’elles jugent importants comme la visite de de Gaulle à Phnom Penh. Mais elles ignorent toute une série d’événements importants de la vie politique intérieure cambodgienne. En réalité, les informations restent très lacunaires sur la situation du pays, rendant extrêmement difficile pour les Français regardant ces images de comprendre ce qui se passait réellement au Cambodge. L’information ne traite pas de la situation difficile à laquelle est confronté le pays, pas plus que de la politique de répression de Sihanouk à l’égard de son opposition intérieure, mais elle se concentre sur la personnalité de Sihanouk en reprenant sans cesse le mythe du prince charmant. Ainsi, les images d’un prince sportif et aimé de son peuple et d’enfants jouant dans l’eau, pauvres mais souriants et heureux prédominent. Aussi, je dirais qu’il faut d’abord et avant tout connaître les événements et l’histoire du Cambodge dans les détails pour pouvoir lire les archives, les resituer dans leur contexte et signaler les manques, les non-dits, et les silences de ces images. Ne voir l’histoire du Cambodge de ces années-là que par ce prisme filmé serait même dangereux. Les images ne prouvent pas grand-chose. Il faut complètement les décrypter pour comprendre la situation d’avant 1970. Mais ces remarques ne s’appliquent-elles pas aussi à la vision de la société française à la même période à travers la télévision française ? Alain Forest Professeur, Université Paris Diderot Vie de l’Afrase Eko Nugroho et l’art contemporain en Indonésie © MAM Paris A l’occasion de l’exposition «témoin Hybride» consacrée à l’artiste indonésien Eko nugroho au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, une « rencontre de l’Afrase » a été organisée le 19 janvier dernier, en partenariat avec le musée et sam Art Projects, sur le thème : « Eko nugroho et l’art contemporain en indonésie ». rencontre avec l’artiste et des spécialistes passionnés d’Art. La salle réalisée par Eko nugroho spécialement pour le musée Première exposition d’un artiste indonésien dans un musée national français L’exposition « Témoin hybride » au Musée d’Art Moderne (MAM) de la ville de Paris (13 janvier-10 juin 2012) constitue le troisième temps de création de l’artiste Eko Nugroho en France. En 2009, sélectionné par le commissaire d’exposition Hou Hanru, il participe à la Biennale de Lyon « The spectacle of the everyday ». En parallèle d’une fresque monumentale sur les murs de La Sucrière, il s’investit pleinement dans le projet « L’arc-en-ciel sous la terre » de la metteure en scène Claire Truche : ses marionnettes inspirées de la tradition javanaise et porteuses de thématiques contemporaines universelles – sur les questions d’identité et de compréhension de l’Autre – initient un projet avec des jeunes danseurs de hip hop de Vaulx-enVelin. Deux ans plus tard, Eko rejoint Paris ; son œuvre, qui oscille entre mural et broderies, artisanat et graffiti, atteint le sixième étage de l’Espace Culturel Louis Vuitton sur le boulevard des Champs-Elysées. Cette ascension groupée (avec dix autres artistes indonésiens originaires eux aussi pour la plupart de la ville de Yogyakarta) marque le début d’une longue expérience en France, grâce au commissaire d’exposition Hervé Mikaeloff qui le recommande pour une résidence soutenue par le SAM Art Projects. Ce programme d’une durée de cinq mois, qui s’achève par une exposition au MAM, la première exposition solo d’un artiste indonésien dans un musée national français, n’empêche pas Eko de sortir de son impensable de parler d’art contemporain sans souligner l’importance des traditions et des arts classiques en Indonésie. Aussi, comme l’explique l’artiste et critique Asmudjo Jono Irianto, il existe depuis les années 1990 une nouvelle façon pour les artistes de découvrir leurs traditions, non pas « Là où nous attendions de l’exotisme, nous sommes confrontés à notre propre pluri-identité. Ce qui meut Eko, c’est non pas la dynamique moderniste ou postmoderniste de l’art contemporain, mais la nécessité de créer un lien enchanté dans un monde fragmenté ». Sébastien Gokalp, commissaire de l’exposition « Témoin hybride » (1) magnifique studio de la Villa Raffet pour participer à d’autres projets, notamment le Mur de la rue Oberkampf. Une introduction à l’art contemporain indonésien… Il n’est pas chose aisée d’organiser une discussion publique au MAM autour d’Eko Nugroho sur le vaste thème de l’art contemporain indonésien. On ne peut parler d’art contemporain sans évoquer le rôle incontournable des collectionneurs d’art en Indonésie, a fortiori depuis le milieu des années 1990. Il serait aussi tant pour renforcer une identité nationale, que pour réadapter/ré-adopter leurs traditions, afin de se présenter sur la scène internationale en tant qu’artistes indonésiens porteurs d’une identité nationale. (2) Dans ce contexte, la table ronde, organisée peu après l’ouverture de l’exposition, a permis à un large public de découvrir un artiste et d’avoir une mise en contexte de l’art contemporain en Indonésie, encore peu connu en France. Après une introduction par le directeur du MAM, Fabrice Hergott, le commissaire de l’exposi- Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 27 Vie de l’Afrase tion Sébastien Gokalp, la fondatrice de SAM Art Projects Sandra Mulliez et la présidente de l’Afrase, Claire Trân, trois intervenants se sont succédés. Hélène Njoto, auteure d’une étude sur le marché de l’art indonésien pour la revue Archipel a d’abord exposé une chronologie des mouvements artistiques et du marché de l’art indonésiens en démontrant la spécificité de ce marché et de ses acteurs parmi les plus dynamiques d’Asie du Sud-Est. Marc Bollansee, écrivain et collectionneur passionné d’art asiatique (3) a commenté une riche sélection d’œuvres d’artistes contemporains prometteurs, et d’autres déjà bien établis, soulignant à chaque fois le processus créatif de l’artiste et la signification de l’œuvre achevée. Marc Bollansee et Hélène Njoto ont suivi de près le développement des pratiques artistiques contemporaines en Indonésie et surtout à Yogyakarta. Ils ont ainsi pu inscrire l’œuvre d’Eko Nugroho dans une histoire de l’art contemporain en Indonésie et dans le marché international de l’art contemporain. Eko Nugroho lui-même, a évoqué sa démarche d’artiste et présenté les œuvres réalisées spécialement pour cette exposition. S’en est suivie une riche discussion entre intervenants et public, animée par Sébastien Gokalp. Eko Nugroho artiste … et entrepreneur social Eko Nugroho, né en 1977, est ainsi autant inspiré des spectacles de marionnettes traditionnelles, qu’il voit depuis enfant à Yogyakarta, que de la culture pop, urbaine et occidentale qui inonde le pays depuis 1998. Cet état d’esprit correspond aussi à Java et à Yogyakarta dont les influences extérieures, qu’elles soient religieuses, sociales, culturelles ou commerciales, se retrouvent dans un incroyable mélange et esprit unique d’adaptation. Eko Nugroho est également, au milieu de ce concert d’influences, un entrepreneur social. Généreux et ouvert, empreint de la culture locale du gotong royong (l’entraide mutuelle), il est constamment à la recherche de stratégies de développement socio-économique, non seulement pour lui-même mais surtout pour les plus jeunes artistes qu’il Eko nugroho en plein travail côtoie. À ses côtés, ce sont près de trente personnes qui travaillent tant sur le plan administratif (en 2012, il est encore difficile d’être un artiste international lorsque l’on est issu d’un pays émergent) que créatif (avec un atelier de broderie qui travaille sur la création de certaines œuvres ; ou encore Fight for Rice, un magasin/lieu alternatif de rencontres artistiques et musicales). Des projets comme ceux du SAM/MAM invitent à découvrir de formes d’art contemporain encore peu présentées en France et en Europe, mais également d’initiatives en termes de fonctionnement local, de créativité et de partage de compétences. Initiatives venues d’ailleurs d’autant plus essentielles dans un contexte de crise, de recherche de nouvelles formes de liens et de dynamiques socio-culturelles. Marie Le Sourd (4) 1) Catalogue de l’exposition « Témoin Hybride, Eko Nugroho », publié par Sam Arts Projects, 2012, p. 19. 2) « OUTLET, Yogyakarta within the contemporary Art Scene », publié par la Cemeti Art Foundation, 2001 (maintenant Indonesia Visual Art Archives). 3) Il est l’auteur de livres sur l’art contemporain asiatique parmi lesquels « Indonesian Contemporary Art Now » en 2006 (SNP Singapore, 2006). (4) À l’initiative du projet, Marie Le Sourd a conçu et facilité cette manifestation. Elle a travaillé sept ans à la Fondation Europe-Asie à Singapour avant de diriger le Centre Culturel Français de Yogyakarta de 2006 à 2011. Elle est maintenant responsable du réseau de mobilité pour artistes et professionnels de la culture on the move : http://on-the-move.org. QUELQUES LIEnS Sur l’exposition : - http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/eko-nugroho - http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/eko-nugroho - http://www.samartprojects.org/" http://www.samartprojects.org Sur d’autres projets d’Eko nugroho en France : - http://universes-in-universe.org/eng/bien/biennale_de_lyon/2009 - http://www.dailymotion.com/video/xnk7wj_eko-nugroho-peint-le-mur-n-112-janvier-2012_creation" -Sur l’art contemporain en Asie du Sud-est et en Indonésie : - www.ivaa-online.org - http://www.universes-in-universe.org - http://www.search-art.asia/Index.html 28 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 Retour de terrain Les Bunong protestants de Bu Sra, commune pluri-religieuse des hautes terres du Cambodge Début 2009, en première année de thèse d'anthropologie, je suis partie pour un an de recherches de terrain chez les Bunong, une « minorité ethnique autochtone » du cambodge (1), qui habite dans la province de mondolkiri, près de la frontière vietnamienne. J’y suis retournée pour deux plus courts séjours en 2010 et en 2012. Que signifie pour un Bunong d´être protestant est une des questions qui a orienté ma recherche. Dans quelle mesure l´adhésion à un courant évangélique prônant l’ouverture à une vie nouvelle (born again), est-elle synonyme d´une volonté dadopter des modes de vie perçus également comme nouveaux ? L´observation participante étant l´outil de base de l´enquête anthropologique, j´ai choisi d´ancrer la majeure partie de mes recherches dans la commune de Bu Sra (2), pour suivre le quotidien des villageois protestants. Ceux-ci y cohabitent avec des Bunong -catholiques et animistes- ainsi qu'avec une minorité croissante de Khmers bouddhistes. Il s´agit d'une des deux localités qui compte le plus d'habitants chrétiens, présence qui se matérialise par trois églises protestantes et une catholique. C’est aussi un endroit fortement investi par des projets de développement mis en œuvre par une panoplie d'ONG (3) et marqué par l'arrivée récente de deux plantations de caoutchouc (4). Un paysage religieux marqué par les guerres : déplacements de population et essor des églises chrétiennes Dans leurs récits de conversion, la plupart des chrétiens bunong remontent à leur fuite versdes camps de relocalisation au Vietnam au début des années 1970, lors des bombardements américains intensifs sur la région stratégique des Hauts-plateaux annamitiques. Ce fut dans ces camps que la première génération de Bunong du Cambodge est entrée en contact avec les religions chrétiennes, surtout protestante mais également catholique. Leur forte présence actuelle à Bu Sra et à Dak Dam remonte à 1986, suite à la politique de réinstallation des habitants bunong rapatriés du Vietnam mais aussi ceux revenant des camps de travail forcé khmers rouges par le gouvernement de la République populaire du Kampuchéa (1979-1989). Les chrétiens autochtones n'ont pas attendu l'arrivée, fin des années 1990, de missionnaires étrangers pour construire les premières églises et diffuser la « bonne nouvelle » autour d'eux. Bu Sra, une « arène du développement » (5) De nombreuses ONG (tels Caritas, Health Unlimited, ICC, New Humanity, Oxfam, Adhoc ou encore ICSO) mettent en œuvre des projets de développe- ment dans la commune de Bu Sra, dans les domaines de la santé, de l'éducation, du développement rural, de la défense des droits de l'homme et des peuples autochtones. A côté des organisations pour la plupart non-confessionnelles figurent deux ONG protestantes (6), les Compassion and Mercy Associates (Cama) (7) et I´International Cooperation Cambodia (ICC) (8). Je m´étais intéressée en master, aux façons dont ces acteurs à l´intersection entre le « développement » et la « religion », présentaient leur travail, visant à instaurer parmi les habitants des hautes terres, un bien-être corporel et spirituel. Ces deux organisations attribuent au christianisme un effet stimulant qui libérerait les Bunong opprimés par leurs croyances « arriérées » en de « mauvais esprits », pour en faire des individus responsables et engagés au service de leur communauté. Leur exégèse du message chrétien prenne des formes différentes allant du plus fondamentaliste au plus libéral. Ainsi, la Cama s'occupe de l'encadrement des églises, par la formation biblique des responsables locaux, ceux-ci diffusant ensuite les enseignements dans leur groupe. Des interdictions strictes et des règles de vie calquées sur le modèle occidental sont imposées dans le but de structurer la vie de la « paroisse » protestante. L'organisation propose aussi des cours d'alphabétisation en khmer, langue nationale, employant un matériel didactique largement constitué d’extraits bibliques. En outre, la missionnaire étrangère responsable de la Cama ayant une formation d’infirmière, propose des cours d'éducation sanitaire. De son côté, l’ICC met en œuvre un projet d'alphabétisation en langue maternelle sans message religieux, s'adressant à tous les Bunong, indépendamment de leur appartenance religieuse. Il s’accompagne d’une tentative d’intégration des Bunong dans la sphère de l’économie de marché, censée être régulée par les « valeurs chrétiennes » de partage et d’humilité, et propager au sein des communautés un fonctionnement « démocratique » idéal. L'organisation insiste sur l'importance d'un développement respectueux de la culture « traHiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 29 © Catherine Scheer Retour de terrain un cours sur l hygiène chez la volontaire de WWF ditionnelle » bunong, en rédigeant par exemple des livres à partir de contes et de légendes traditionnels. Ces deux ONG chrétiennes ont donc des visions divergentes de la « mission », l’une s’investissant prioritairement dans l’évangélisation, l’autre privilégiant les actions de développement. Mais en pratique, les activités de ces organisations se rejoignent souvent à travers les mêmes acteurs bunong protestants qui, du reste, sont très investis dans les projets d'ONG non confessionnelles. La question est de savoir ce que signifie pour ces acteurs bunong protestants le terme de développement, et de quelle façon ils le lient à leur identité chrétienne. Je me limiterai ici a présenter quelques pistes de réflexion qui ont découlé de ma place sur le terrain, position qui, loin d’être neutre, constitue une source d’informations en soi. Être identifié et s'identifier en relation aux missionnaires du développement Dans ma prise de contact avec les responsables des deux organisations protestantes, mon identité d'étudiante en anthropologie s'est avérée délicate. Ainsi, lors d'une des premières rencontres, la 30 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 missionnaire américaine de Cama m'a demandé si j’étais chrétienne. Je lui ai répondu que bien que mes parents soient catholiques, je me considérais comme agnostique. Elle s’est alors lancée dans un long discours sur l’importance de retrouver le droit chemin avant l'instant de la mort, plus proche que l'on ne pense. Cette question est revenue de façon systématique lors de rencontres avec d'autres missionnaires étrangers de cette même obédience, l'un considérant que les anthropologues étaient en général hostiles à la religion chrétienne. Alors que ces questions me mettaient mal à l’aise, j'en suis venue à me dire qu'elles contribuaient probablement à ce que ces missionnaires continuent de discuter avec moi. Les discussions avec un ancien responsable d'ICC, lui aussi d'origine américaine, s’avérèrent d’une autre nature. Il m'a demandé ce que je pensais de divers articles traitant de l'évangélisation des habitants des hautes terres et a évoqué des détails de tel rituel bunong. Ayant acquis des connaissances ethnographiques au fil du temps passé à Mondolkiri, il estimait important de comprendre les valeurs et les interdits bunong afin de ne pas enfreindre Quelques apports du terrain Ces terrains m’ont permis, à partir des récits de vie, de récolter de nouveaux éléments sur l'histoire récente des habitants de cette région et de comprendre que l'identité chrétienne des premiers Bunong de Bu Sra était doublée d'une expérience commune des années de guerre. Celle-ci les distingue de leurs voisins restés sous contrôle khmers rouges, qui après une assez longue période de prohibition, sont pour la plupart revenus à leurs pratiques rituelles. De plus, il s’est avéré que beaucoup des nouveaux convertis entretiennent des liens de parenté étroits avec les chrétiens de la première génération revenus du Vietnam. Pour de nombreux Bunong protestants, l'entrée dans une nouvelle vie avec Jésus est largement synonyme d'une adhésion à des façons de faire identifiées comme étant d'origine occidentale, aujourd'hui diffusées par des ONG dont certaines mènent une action croisée de développement et d'évangélisation. Ces modes de vie nouveaux ne sont cependant pas toujours évidents à concilier avec l'appel à la sauvegarde de la culture "autochtone" qui gagne en force dans le discours des ONG défendant les droits des minorités autochtones face aux spoliations de leurs terres et dans les projets d'une organisation protestante comme l’ICC. Il ne revient pas à l'anthropologue de juger l'effet destructeur d'activités missionnaires ou l'authenticité de revendications d'une "culture traditionnelle" exprimées par des autochtones s’appuyant sur un vocabulaire ONGiste afin de défendre leurs droits à la terre. En revanche, il lui revient de décrire comment les Bunong protestants et activistes discutent et expriment leur identité sous l’influence de cette variété de messages. Catherine Scheer Doctorante en anthropologie sous la direction d’Yves Goudineau [email protected] © Catherine Scheer les règles de leur société. Ces discussions m'ont fait prendre conscience qu'il existe aussi bien un imaginaire sur les anthropologues chez les missionnaires qu’en sens inverse. Elles m'ont aussi aidé à mieux comprendre la vision que ceux-ci avaient de leur mission. Par ailleurs, mes relations avec les protestants bunong m’ont permis de réfléchir sur la vision qu’ils pouvaient avoir des occidentaux. Lorsque j'ai assisté pour la première fois à une leçon d'enseignement biblique, les participants bunong m'ont spontanément appelée "neak krou", terme khmer signifiant « enseignante », et qu’ils emploient entre autre pour parler des missionnaires. J'ai essayé alors d'expliquer, avec l'aide du traducteur bunong qui m'a assistée dans mes recherches et dans l'apprentissage de la langue, que je n'étais pas chrétienne moi-même, et j'ai insisté sur le fait que je venais non pas pour instruire mais pour apprendre. Il a néanmoins fallu du temps avant qu’ils ne m'appellent plus que par mon nom et m'exposent plus volontiers leurs visions du christianisme. L église protestante du village 7 (1) L'ensemble de ces minorités constituerait environ 2 % de la population nationale, selon le Recensement National 2008, ce qui est une très faible proportion comparée à d autres pays sud-est asiatiques (2) Bu Sra se compose de sept villages alignés le long d’une route, entre 400 et 800 habitants chacun. Selon le Recensement National 2008, la commune de Bu Sra aurait 3515 habitants Bunong auxquels il faut ajouter 228 Khmers. (3) Le Cambodge est un des pays où l’aide internationale a le plus investi. Sabine Trannin parle d’« un des plus grands raz-de-marée humanitaires jamais connu ». Trannin, Sabine: Les ONG occidentales au Cambodge. La réalité derrière le mythe (Paris, l’Harmattan, 2005), p.13. (4) Socfin/KCD, joint-venture khméro-luxembourgeoise, et DAKRUCO, entreprise vietnamienne. (5) Expression forgée par Jean-Pierre Olivier de Sardan : Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du changement social (Paris, Karthala, 1995), p.174. (6) En 2003, sur 130 ONG étrangères, près de la moitié étaient classées d’obédience religieuse, en très grande partie protestante. (7) Cama est liée à l’organisation missionnaire Christian and Missionary Alliance (C&MA) qui a introduit le protestantisme au Cambodge au début du vingtième siècle. (8) Cette ONG locale représente plusieurs organisations, toutes confessionnelles. A côté d´organisations missionnaires scandinaves, on peut citer le Summer Institute of Linguistics/Wycliffe Bible Translators. (9) Terme générique khmer pour parler des Français et des Occidentaux de façon générale. Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 31 Regard de Chercheur Amiens, parvis de la tolérance... © Trinh Van Thao par Trinh Van Thao, sociologue (IrAsia - Institut de recherches Asiatiques) Prise à Amiens quelques temps après la guerre du Viet Nam, cette photo porte en elle un fort sens symbolique. Sur les marches de la Cathédrale d'Amiens, deux silhouettes vietnamiennes, le poète Cu Huy Can, alors ministre de la Culture de la République Socialiste du Vietnam et l'intellectuel Cao Huy Thuan, professeur de Droit à l'université de Picardie, promettent et annoncent un déclic dans l'âme vietnamienne, une sorte de pardon après ces terribles années de braises. Avant la guerre, Cu Huy Can et son ami Xuan Dieu représentèrent pour les jeunes collégiens vietnamiens "les deux poètes ivres d'alcool", nos Rimbaud et Verlaine à nous. Tandis que Cao Huy Thuan s'est illustré durant la révolte des étudiants de Hué contre le 32 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 régime de Ngô Dinh Diem avant de prendre le chemin de l'exil (le mien). Je me rappelle ce jour, un dimanche ensoleillé avec la lumière douce et si particulière de la région du Nord. Devant le parvis, des bouquinistes du dimanche exposaient de vieux livres. J'ai demandé au poète ce qu'il souhaitait recevoir de moi pour marquer cette rencontre. Il me montra une Bible reliée de cuir qu'il commençait à feuilletter avec un plaisir évident. Je pensais tout à coup à ses vieux poèmes pleins de résonances chrétiennes de l'avant-guerre. Pour moi, c'était un bon signe. Peut-être la paix des coeurs et la tolérance entre les hommes sont enfin là, cette insoutenable légèreté des êtres ! In memoriam GEORGES CONDOMINAS (1921-2011) © Pierre Chappat sur le terrain... « Je ne suis rien d’autre qu’un ethnographe » (1). Ainsi s’exprimait Condo, comme il aimait qu’on l’appelât, avec la modestie et l’assurance de ceux qui n’ont plus rien à prouver. Cette assurance, il la tirait de la constatation que les grands ethnographes sont infiniment plus rares que les bons théoriciens. Ce n’est pas qu’il tenait pour vain tout effort de théorisation. Bien au contraire, « il ne peut y avoir de progrès », reconnaissaitil, «sans dialectique serrée entre acquisition des données et recherches théoriques »(2). Du reste, comme on le sait, il consacra toute la seconde moitié de sa carrière à l’approfondissement d’un concept d’espace social qui, bien qu’il y soit encore informulé, oriente déjà sa réflexion dans Nous avons mangé la forêt, tant il s’y montre conscient que les Mnong Gar de Sar Luk sont « des hommes du vingtième siècle absorbés par un système économique qui couvre la planète » (3). Si, malgré tout, Condo persista toute sa vie à donner la priorité à l’ethnographie, c’est pour des raisons qui sont à la fois d’ordre éthique et d’ordre scientifique. D’une part, estimait-il, l’urgence était d’apporter un témoignage sur « une forme de vie collective donnée par un groupe humain original » (4), et le devoir des ethnologues était de se faire les interprètes de groupes ethniques « bientôt condamnés » (5) et victimes de ce qu’il fut le premier à appeler un ethnocide. D’autre part, insistait-il, si la théorie est respectable, encore faut-il qu’elle prenne « appui sur des données réelles » (6), de sorte que « l’épreuve du terrain », qui est « le grand moment de notre vie professionnelle », et « qui fait de chacun de nous un véritable ethnologue » (7), restera toujours au point de départ de toute entreprise ethnologique. C’est donc par conviction que Condo fut d’abord (sans l’être exclusivement) un ethnographe, mais s’il n’avait été qu’un ethnographe parmi les autres, cet hommage n’aurait pas lieu d’être. Ce qui explique sa notoriété, en France comme à l’étranger (faut-il rappeler qu’il y a sept traductions de Nous avons mangé la forêt ?), c’est que, dans l’histoire de l’ethnologie française, il fut d’emblée reconnu comme le plus grand de tous les ethnographes. Il n’est pas sûr, toutefois, qu’à l’époque où parut Nous avons mangé la forêt, les lecteurs eurent pleinement conscience de ce qui faisait de ce texte un chef-d’œuvre. On mit souvent en avant les qualités littéraires de l’auteur (que LéviStrauss qualifia de « Proust de l’ethnologie »), ou un plaisir de la lecture qu’on attribuait à la dimension narrative de l’ouvrage. Tout cela est vrai, mais deux générations plus tard, il devient évident que le génie véritable de Condo tient au caractère novateur pour l’époque des méthodes de travail qu’il sut mettre en œuvre sur le terrain. En bref, je dirais volontiers que Condo a réalisé l’idéal ethnographique qu’avait en tête M. Mauss (idéal d’autant plus ambitieux que, justement, celui-ci ne s’aventura jamais sur aucun terrain !). Ce qu’en effet, tout au long de sa carrière, Condo s’est attaché à décrire, ce sont des faits sociaux totaux, et, dans l’esprit de Mauss, l’approche en termes Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 33 In memoriam de fait social total n’est rien d’autre que « l’étude du concret, qui est du complet » (8). L’important, concluait Mauss, c’est donc d’ « observer ce qui est donné. Or le donné, c’est Rome, c’est Athènes, c’est le Français moyen, c’est le Mélanésien de telle ou telle île, et non pas la prière ou le droit en soi ». C’est précisément ce que nous montre Condo dans Nous avons mangé la forêt. Comme il l’écrit lui-même, « au lieu de bâtir le patron d’une institution (…) à partir de plusieurs exemples », il tente de « restituer ces mêmes institutions in vivo » (9) En d’autres termes, il nous montre la réalité sociale mnong gar telle qu’elle a été vécue en un lieu donné, à une époque donnée, par des hommes et des femmes qui avaient un nom et une histoire personnelle, la nécessité d’une telle contextualisation des données se déduisant non seulement de l’historicité et de la variabilité des faits culturels, mais aussi de l’inévitable écart entre les pratiques et les normes. Dans Nous avons mangé la forêt, Condo nous décrit aussi des hommes et des femmes dont l’ethnologue ne pouvait deviner les motivations et comprendre les interrelations qu’à travers une analyse de ses propres motivations et des relations qu’il avait lui-même nouées avec eux. D’où la nécessité de prendre en compte la dimension réflexive de l’enquête ethnographique, dont, sans en déga- ger explicitement le concept, Condo fut sans aucun doute l’un des premiers à saisir toute l’importance. Aujourd’hui, nous avons tellement intériorisé l’enseignement de Condo que nous avons tendance à oublier tout ce que nous lui devons. L’équité exige que cette injustice soit réparée. Condo ne fut pas seulement un ethnologue engagé et un spécialiste de l’Asie du Sud-Est. Il fut aussi, et surtout, un précurseur dont les méthodes de travail sur le terrain restent un modèle pour tout ethnologue, quelle que soit l’aire culturelle dans laquelle il s’est spécialisé. Richard Pottier Professeur émérite Université Paris Descartes 1) L'espace social à propos de l'Asie du Sud-Est, 1980 : 121, Paris, Flammarion 2) Op.cit. : 99 3) Nous avons mangé la forêt de la Pierre Gôo, 1957 : 11, Paris, Le Mercure de France 4) L'espace social à propos de l'Asie du Sud-Est, 1980 : 100, Paris, Flammarion 5) Ibid. 6) Op. cit. : 98 7) Ibid. 8) Mauss, M., Essai sur le don, 1980 : 276, Paris, PUF 9) L'espace social à propos de l'Asie du Sud-Est, 1980 : 100, Paris, Flammarion Le but de cette réunion à la Maison de l’Asie a été de remettre à Claire, ainsi qu’aux enfants, aux petits-enfants et arrières petits-enfants de Condo un recueil de témoignages dont les auteurs sont les parents, les amis, les collègues, les disciples et parfois les élèves des élèves de Condo. Avant de passer à la remise du livre Le fils des quatre vents-Georges Condominas, il a été procédé à la lecture des contributions très courtes, mais extrêmement émouvantes et traduites en vietnamien ainsi qu’en français, des villageois Mnong Gar de Sar Luk. Le choix d’un Français pour lire le texte vietnamien, et d’une personne qui est française et née en France, mais dont les parents sont originaires de Tunisie, pour lire le texte français, est en accord avec les valeurs que défendait Condo, qui comme chacun le sait, valorisait par-dessus tout le métissage culturel (ce que, d’ailleurs, il avait encore publiquement rappelé à Broca le © Richard Pottier Quelques mots sur la réunion d’hommage du 15 octobre 2011 jour se son dernier anniversaire). Après la lecture, toute l’assistance s’est réunie autour d’un buffet pour partager les cochons laqués offerts à Condo au nom de madame H’Srang et des autres amis Mnong Gar de Sar Luk et boire un verre de champagne en l’honneur du maître disparu. La réunion a eu lieu dans une ambiance amicale et chaleureuse. 34 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 Vie de l’Afrase Compte rendu moral et financier 2010-11 L’assemblée générale de l’afrase s’est tenue à la Maison de l’asie le 9 juin 2011. Constat En dépit de l’arrivée de nouveaux adhérents, les recettes ne suivent pas, et les finances de l’association restent un problème chronique qui rend difficile la poursuite de la publication de la lettre papier, ainsi que le financement d’un/e représentant/e de l’Afrase aux réunions régulières de l’Euroseas. Un certain nombre de membres ne pensent pas à renouveler leur adhésion, en dépit des relances. Or, le budget de l’association repose essentiellement sur les cotisations de ses membres. Quelque soit l’investissement bénévole du bureau, sans la contribution annuelle de chacun, l’association ne pourra perdurer. A chacun de faire connaître l’Afrase auprès de ses collègues français et francophones, de la bibliothèque de son université et de ses étudiants, ainsi qu’auprès de son laboratoire pour un financement de soutien. Ces difficultés n’ont pourtant pas empêché le bureau de s’investir dans les deux priorités qu’il s’était données: l’ouverture des activités de l’association à un public plus large et la recherche systématique de financements extérieurs pour l’organisation conjointe d’événements. La lettre de l’afrase parait deux fois par an. Ces deux années passées, la mise en page de la lettre s’est nettement améliorée grâce au professionalisme d’Agnès de Feo. Cette dernière souhaitant se retirer du bureau pour se consacrer à ses recherches, le bureau la remercie pour sa contribution active à la publication de la Lettre. Jugeant important de préserver la qualité de la mise en page, le bureau décide dès la prochaine lettre de passer au format électronique. La moitié des économies faites sur l’impression et l’envoi postal de la Lettre permettra le financement de la mise en page par un professionnel. Il est demandé à chaque membre d’envoyer leurs coordonnées afin de la recevoir. « Les rencontres de l’afrase » organisées en collaboration avec des partenaires se poursuivent. Le projet de conférence en province à Lyon en partenariat avec l’IAO sur le thème des villes en Asie du Sud Est a été abandonné du fait du départ de Guy Faure, et de l’impossibilité pour la nouvelle direction d’assurer le financement de cette rencontre, à cause d’une baisse de leur budget. En revanche, une journée sur les « Fonds audiovisuels et connaissance de l’Asie du Sud-Est» en partenariat avec l’Ina est en cours de préparation et aura lieu le 21 octobre 2011 à l’Ina. L’idée d’une rencontre autour du thème : « Leçons indonésiennes pour un printemps arabe ? Islam politique et transition démocratique »a été lancée. Il s’agirait d’inviter des spécialistes indonésiens en France, et de les faire discuter avec des spécialistes français de l’Indonésie, du monde arabe et turc. Le Ceri serait d’accord pour accueillir la table ronde. Des négociations sont en cours avec l’ambassade pour le financement de la venue des chercheurs indonésiens. Le site de l’afrase et le compte facebook ouvert cette année sont présentés par les deux webmasters, Annabel Vallard et Nicolas Césard. (voir l’encadré actualisé) Les activités de l’Euroseas sont évoquées par la représentante de l’Afrase aux réunions de l’Euroseas, Anne Guillou. Après avoir fait état de l’annulation de l’université d’été anoncée pour l’été 2011 à Procida (Italie) faute de financement, elle évoque l’organisation du 7e congrès de l’Euroseas qui se tiendra en juillet 2013 à Lisbonne. Après le vote du rapport moral et financier, l’élection des représentants de l’Afrase à l’Euroseas (Anne Guillou et Nicolas Césard), et celui du nouveau bureau avec 3 départs (Agnès de Feo, Laurence Husson, Hélène Feillard) et 4 entrées (Caroline Herbelin, Isabelle Tracol-Huynh, Joseph Thach et Paul Sorentino), l’AG se conclut par un buffet apéritif convivial. Claire Trân Thi Liên (Présidente) Les membres et futurs membres de l’Afrase sont cordialement invités à l’Assemblée Générale de l’association qui se tiendra LE VEnDREDI 15 jUIn à partir de 18h à la Maison de l’Asie, 22, rue du Président-Wilson, Paris 16ème L’AG sera suivie d’un apéritif convivial. Nous vous y attendons nombreux Vie Dossier de l’Afrase Rapport financier 7 juin 2010 - 7 juin 2011 état des finances au 7 juin 2011. Lors de la précédente AG, en juin 2010, l’association était créditrice de 2 059,34 euros. Elle enregistre aujourd’hui un crédit de 2 048,56 euros. Au cours de l’exercice, qui s’étend sur 12 mois, nous avons enregistré : En recette : 2 274,90 euros (1 568 euros sur l’exercice précédent) + 706,9 euros En dépense : 2 285,68 euros (2753,25 euros sur l’exercice précédent) – 467,57 euros Entrées Nos entrées viennent exclusivement des cotisations. Elles sont en légères augmentation grâce aux cotisations institutionnelles, en particulier des universités américains et australiennes (ANU, Berkeley…) qui ont cette année réglé plusieurs années d’abonnement d’une traite. Sur 152 membres, seuls 49 se sont acquittés de leurs cotisations contre 54 en 2009-2010 et 90 en 2008-2009. Sorties Comme chaque année, les principales dépenses concernent l’édition et l’envoi de la Lettre. Il y en a eu deux cette année, celle d’hiver 2010 (77) et de printemps 2011 (78). Seule l’impression de la première Lettre (77) entre dans l’exercice, avec les frais d’envois des deux parutions. L’impression de la Lettre nous revient désormais à un peu plus de 400 euros, contre 500 l’année précédente. La baisse du coût est due à un changement de format, ce qui a aussi eu une in- fluence, tout à fait bienvenue sur le prix des envois. Ces derniers ont été presque réduits de moitié sur la dernière Lettre. Nous sommes donc passés d’une dépense d’environ 400 euros pour le numéro 77 à 225 euros pour le numéro 78. Le second poste est celui de l’aG, et seule celle de l’an passé (juin 2010) entre dans l’exercice actuel. Pour ce poste les dépenses sont également en baisse un 513,29 euros contre 800 euros les années précédentes. Le troisième poste est celui des missions. Cette année, une mission a été effectuée par les représentants de la France à une réunion du bureau de l’Euroseas en février. Pour ce poste les dépenses sont d’environ 420 euros. La mission précédente qui avait eu lieu pendant l’Euroseas de Göteborg avait été prise en charge par le Case, ce qui a grandement allégé les dépenses de l’association qui aurait sinon dû s’acquitter de deux missions cette année. Comme l’an passé le quatrième et dernier poste, celui de l’hébergement du site internet, n’enregistre pas de dépense puisque l’Odris, qui soutient l’action de l’Afrase, s’occupe de l’hébergement à titre gracieux. Bilan Les dépenses sont à la baisse, et ce depuis au moins deux ans. Malgré cela nos finances sont en chute libre. Nous avons enregistré un léger mieux au niveau des cotisations, avec 706 euros de plus que l’année précédente. Ce léger mieux est cependant à relativiser puisque les recettes de l’exercice 2009-2010 avaient enregistré une chute de 50% comparé à 2008-2009. Elsa Clavé-Célik (Trésorière) Le site internet de l’Afrase fait à nouveau peau neuve ! La rénovation du site internet de l’Afrase réalisée en 2006, avec les outils de l’époque (gestion sur site propre avec le logiciel Dreamweaver), commençait à dater. Afin de dynamiser le partage des informations, de permettre au plus grand nombre de participer à sa mise à jour et d’anticiper la publication numérique de la Lettre de l’Afrase, nous avons lancé au cours de l’année 2011 sa refonte technique et sa migration vers une nouvelle plateforme plus collaborative (Wordpress) avec l’aide d’un webdesigner, N. Vollerin, qui participe à l’aventure du web afrasien depuis plusieurs années. Désormais, la gestion du site se fait à distance et toute personne préalablement inscrite peut participer à son alimenta- tion sans aucun logiciel particulier (à l’exception du navigateur web) après une sensibilisation minime à l’architecture de la plateforme. La vie du site ne repose ainsi plus seulement sur N. Césard et A. Vallard, ses deux webmasters depuis sa première refonte en 2006, mais sur l’ensemble des membres du bureau et des adhérents de notre association. Dans cette nouvelle mouture, nous avons procédé à peu de changement dans l’architecture générale du site : vous retrouverez toutes les informations sur l’Afrase et l’actualité de la recherche sur l’Asie du Sud-Est dans la rubrique « Guide » (enseignements/séminaires, thèses, liens vers d’autres sites internet) ainsi que les 36 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 anciennes lettres à télécharger (avec un temps de latence). Evolutive, cette architecture devrait à terme accueillir la publication numérique de la Lettre de l’Afrase téléchargeable sous format PDF par les adhérents. Pour que vive le site internet de l’Afrase, investissez-vous et pensez, soit à contribuer à la mise en ligne de l’actualité culturelle et/ou de la recherche (en nous contactant préalablement), soit à nous signaler directement vos publications, séminaires, colloques, soutenance de thèse/HDR, offres de bourse, etc. Par ailleurs, vous pouvez nous rejoindre sur Facebook! nicolas Césard et Annabel Vallard Annonces 22 E COLLOqUE InTERnATIOnAL AnnUEL DE LA SOUTHEAST ASIAn LInGUISTICS SOCIETY AGAY, FRAnCE 30 mai-2 juin 2012 La Société de Linguistique d’Asie du Sud-Est – SEALS – a pour vocation de permettre aux chercheurs travaillant dans la discipline de partager les résultats de leurs recherches et leurs conceptions de la linguistique. Cela couvre divers domaines tels que : famille de langues (austro-asiatique, austronésienne, hmong-mien, tai-kadai ou tibéto-birmane…), sociolinguistique, syntaxe, sémantique, phonétique, phonologie, morphologie etc… Chaque année la SEALS organise un colloque international, alternativement dans un pays asiatique et un pays non-asiatique. En 2012, la 22e édition du colloque SEALS est organisée à Agay (83-France) par le SeDyL avec le soutien actif de : Inalco, Lacito, Case, INSHS, IRD, Irsea, Maison Asie Pacifique, Université de Provence, Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. ORGAnISAtIOn : Joseph thach (Inalco, SeDyl) / Alice Vittrant (Université de Provence, Lacito) http://sealsXXII.vjf.cnrs.fr E-mail : [email protected] CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LES ETUDES CHAMS nEW RESEARCH In HISTORICAL CAMPĀ STUDIES 18 ET 19 JUIN 2012 A l’école française d'Extrême-Orient, 22, avenue du Président Wilson 75116 Paris Le Centre Nalanda-Sriwijaya de l’Iseas (Institute of Southeast Asian Studies), Singapour et l’École française d'Extrême-Orient, Paris, organisent une conférence internationale qui entend présenter les plus récentes recherches sur les Chams et sur le Champa dans le domaine de l’histoire, de la religion, de l’architecture, de l’épigraphie et de la linguistique. COMIté SCIEntIFIQUE: Arlo Griffiths, Andrew Hardy, Pierre-Yves Manguin, tansen Sen, Geoff Wade PROGRAMME DE LA COnFéREnCE : http://nsc.iseas.edu.sg/documents/conferences/champa_studies_programme_30_04_2012.pdf Publications Asie du Sud-Est John gunther Dean, Au coeur de la guerre froide, le combat d'un ambassadeur américain pour la paix, collection Histoire Essentielle, Ed. François-Xavier de guibert, 2011, 255 p. Connu pour avoir fermé les portes de l'ambassade des Etats-Unis à Phnom Penh et replié le drapeau étoilé cinq jours avant l'arrivée des Khmers rouges, l'ambassadeur John Dean incarne une forme de courage physique et intellectuel injustement négligé dans l'histoire des nations et des relations internationales. De la guerre du Vietnam à celle d'Afghanistan, du Laos à l'Inde en passant par le Liban et la Thaïlande, John Dean s'est souvent exposé personnellement vis-à-vis des autorités qu'il représentait, sans hésiter à contester leur position ni à bousculer certains lobbies auxquels celles-ci pouvaient être liées... Franc-tireur mais rassembleur, dissident mais loyal, séduit par le message universaliste des Etats-Unis mais soucieux des particularismes nationaux, il ne pouvait qu'irriter les radicaux de tout bord. Il relate, avec beaucoup d'honnêteté, une expérience dont la valeur ne réside pas seulement dans les compléments qu'elle est susceptible d'apporter aux historiens de métier et que ceux-ci peuvent croiser avec d'autres sources. De la confiance qu'il manifeste dans les vertus d'une diplomatie de combat, alimentée par des visites de terrain, des échanges inlassables avec tous et d'un apprentissage continu des cultures étrangères et des coutumes locales, on pourra tenter de dégager les grandes lignes d'une méthode de négociation. Qu'un ancien diplomate puisse interpeller la mauvaise conscience des Etats-Unis dans un ouvrage dont la version originale a été officiellement soutenue par le département d'Etat, voilà qui rassurera tous ceux qui doutent encore de la capacité de cette grande démocratie à regarder en face ses propres erreurs. Jérémy Jammes, Benoît de tréglodé (sous la direction de), L’Asie du sud-Est-2012, collection Documents, irasec, Les indes savantes, 2012. Chaque année l'Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine (Irasec), basé à Bangkok, analyse les principaux événements politiques, économiques, sociaux, environnementaux ou religieux survenus dans l'ensemble du sous-continent asiatique. Établissant une rétrospective des principaux événements de l'année 2011, ce livre aide à mieux comprendre les grands enjeux de l'année 2012 dans une région de près de 600 millions d'habitants qui, plus que jamais, joue un rôle d'interface entre les grands pôles asiatiques. Grâce au travail de terrain tout au long de l'année d'une vingtaine de chercheurs et d'experts européens et asiatiques, Asie du Sud-Est 2012 offre un décryptage d'une actualité asiatique complexe, dense et dynamique. Avec les contributions de :Pascal Bourdeaux, Christine Cabasset-Semedo,Jean-Raphaël Chaponnière, Pierre-Arnaud Chouvy, Ar- 38 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 naud Dubus, Renaud Egreteau, Sébastien Fath, Nathalie Fau, Laurent Gédéon, François Guillemot, Jacques Ivanoff, Jérémy Jammes, Solomon Kane, Rémy Madinier, Grégory Mikaelian, Charles M. Paret, Vatthana Pholsena, Martin Rathie, Abel Tournier, Benoît de Tréglodé, Marie-Sybille de Vienne, et JeanPaul Willaime. Cet ouvrage a été réalisé avec le soutien de l'Agence française de développement. Birmanie guy Lubeigt, nay Pyi taw. une résidence royale pour l’armée birmane, Paris-Bangkok, Les indes savantes-irasec, 2011, 185 pages. En 2005, la junte birmane a entamé la construction de Nay Pyi Taw, sa nouvelle capitale. Pourquoi les militaires birmans ont-ils choisi une zone désertique et à l’écologie fragile pour cette délocalisation ? Quel est le message international qu’entend faire partager l’armée en édifiant une nouvelle « cité royale » ? Quels sont les soubassements géopolitique, stratégique, religieux, administratif et économique d’une telle entreprise ? Guy Lubeigt s’attache à décrire les lieux et leurs enjeux, levant le voile sur le mystère qui entoure la nouvelle capitale de l’Union et ses retombées sur un peuple, quasiment muselé depuis bientôt cinquante ans. Son ouvrage met en évidence les raisons de tout ordre qui ont poussé les dirigeants birmans à délocaliser leur pouvoir dans cette zone à la croisée des voies de circulation et d’échanges millénaires entre la Chine et les pays du Sud-Est asiatique. Cambodge David chandler, une histoire du cambodge, collection Le temps colonial, Les indes savantes, 2011, 242 p. Ce sont deux mille ans d’histoire khmère qui sont ici abordés. Cet ouvrage comble un vide dans l’historiographie de l’Asie du Sud-Est, car aucune histoire du Cambodge digne de ce nom n’avait été publiée depuis 1914. Les recherches archéologiques et les nouveaux documents disponibles nécessitaient cette synthèse dans le cadre d’une histoire générale destinée à un public de non-spécialistes et d’étudiants. Plusieurs thèmes sont explorés dans cet ouvrage. Par exemple, les répercussions sur la vie sociale et politique cambodgienne de la localisation même du pays, entre Thaïlande et Vietnam ; la relation qu’entretiennent les Cambodgiens avec leur passé ; la permanence de terminologies liées au clientélisme et aux structures hiérarchiques dans la pensée, la vie politique et les relations sociales cambodgiennes. Les dommages causés par les bombardements américains en 1973 et le reniement de l’histoire par les Khmers rouges communistes ont durablement affecté la mémoire et le comportement des gens. Le Cambodge du XXIe siècle est un pays marqué par les cicatrices d’un passé récent, mais qui s’identifie étroitement aux périodes plus anciennes de son histoire. Il est le seul au monde à arborer fièrement sur son drapeau un monument en ruine... La relation des Cambodgiens à leur passé ancien est importante pour comprendre les événements récents. La traduction en français de cet ouvrage majeur était donc une nécessité. nadine Dalsheimer-Van Der tol, Le corps des dieux, contribution à l'étude de la formation de l'art khmer, L’Harmattan, 2011, 252 p. Cet ouvrage est une importante contribution à l'étude de la formation de l'art khmer. Il présente une méthode d'analyse des statues du Cambodge ancien appliquée à un large éventail d'œuvres, en particulier aux sculptures des Dépôts de la Conservation d'Angkor. Ce regard neuf permet de mieux comprendre cette si riche période de la formation de l'art khmer tout en précisant plus nettement les affinités plastiques négligées jusqu'alors avec les œuvres de pays voisins. salomon Kane (sous la direction de), Dictionnaire des Khmers rouges, collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes-irasec, 2011, 544 p. Entre 1975 et 1979, au Cambodge, périssent près de deux millions de personnes, soit un quart de la population, victimes directes et indirectes des autorités du Kampuchea démocratique, plus connu sous le nom de régime des Khmers rouges. L’histoire du mouvement ne s’arrête pas en 1979 : après la chute du régime, la communauté internationale persiste pendant plus de dix ans à le reconnaître comme seule autorité légitime du Cambodge, et les derniers Khmers rouges ne déposent les armes qu’en 1998, année de la mort de Pol Pot. Ce n’est qu’aujourd’hui, plus de trente ans après les faits, que la communauté internationale juge certains responsables. Ce dictionnaire, avec près de 700 entrées et une abondante iconographie, offre les clefs nécessaires au décryptage objectif de cette page noire de l’histoire de l’Humanité. Solomon Kane procède ici à une véritable anatomie du totalitarisme khmer rouge. Ce travail, dans une version révisée, actualisée et plus richement documentée, dissèque les rouages du mouvement, élucide le parcours des protagonistes, cartographie un territoire soumis à la terreur et met au jour les ressorts et les séquelles de cette aventure funeste. saveros Pou, nouvelles inscriptions du cambodge, collection introuvables, L’Harmattan, 2011, 176 p. Née en 1929 à Phnom Penh, capitale cambodgienne, l'auteur a une formation d'historienne, d'indianiste et de linguiste. Elle a enseigné le khmer moderne, puis le vieux khmer et le khmer moyen. Elle a à son actif plus de 150 publications qui s'appuient sur une longue expérience d'enseignement de la lecture de textes khmers. Indonésie Yetty Aritonang, Parlons batak, L’Harmattan, 2012, 162 p. Les Bataks constituent une ethnie de plus de 6 millions de personnes au nord de l'île indonésienne de Sumatra. Parmi les six groupes de Bataks, qui descendent tous du même ancêtre, les plus nombreux sont les Bataks Toba. Ils sont près de 2 millions. Leur alphabet, appelé surat batak, se distingue de l'indonésien et trouve son origine dans l'écriture brahmi de l'Inde antique, issue des écritures pallava et kawi. Voici une approche de cette ethnie, sa langue, son écriture, ses traditions, et sa place dans le monde moderne. rémy madinier, L’indonésie, entre démocratie musulmane et islam radical. Histoire du parti masjumi (1945-1960), collection terres et gens d’islam, Khartala, 2011, 468 p. Premier pays musulman du monde, l'Indonésie donna naissance, dans la décennie ayant suivi son indépendance, à l'une des tentatives les plus abouties pour concilier principes islamiques et démocratie. Fondé en 1945 autour du projet d'un Etat islamique, interdit en 1960 pour avoir défendu la démocratie indonésienne face à la dérive autoritaire du président Soekarno, le parti Masjumi incarna les hésitations d'un Islam indonésien tiraillé entre démocratie musulmane et Islam intégral. Ses dirigeants se firent les farouches défenseurs d'une vision universelle des droits de l'homme et les apôtres d'une Indonésie multiconfessionnelle. Les mêmes pourtant devinrent, à partir de la fin des années 1960, les promoteurs d'un mouvement de radicalisation qui, aujourd'hui encore, menace le fragile équilibre religieux de l'Archipel. Aux marges d'un paradigme arabo-musulman qui occulte trop souvent la diversité de l'Islam, l'histoire méconnue de ce qui fut sans doute le plus grand parti musulman du monde est porteuse d'enseignements majeurs relatifs à l'alchimie complexe et fragile du lien entre la religion musulmane et la démocratie. Jérôme samuel, saraswati Wardhany, manuel d'indonésien Volume 1 - L’indonésie au quotidien. méthode de langue (livre cD), L’Asiathèque, 2012. Avec environ 200 millions de locuteurs, l’indonésien, langue officielle de la République d’Indonésie, constitue de très loin la plus parlée des langues austronésiennes. Le présent ouvrage est d’abord consacré à l’apprentissage de l’indonésien standard, celui de la presse, de l’administration, de l’enseignement et des relations professionnelles. Cependant une place significative est accordée à l’indonésien familier, celui de l’oral et des relations informelles. Le Manuel vise à l’acquisition des principales compétences de communication nécessaires au quotidien, pour toute personne (étudiant, expatrié) amenée à séjourner en contexte indonésien. Il comporte 24 leçons et 5 unités « Révisions et bilan » qui rythment et mesurent la pro- Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 39 Publications gression. Chaque leçon comprend: un dialogue; une liste de vocabulaire; un cours de grammaire; une importante série d’exercices; du matériel écrit, iconographique (plus de 150 illustrations en couleur), ou audio. Des compléments culturels viennent enrichir une leçon sur trois environ. Une bibliographie et un lexique indonésien-français figurent en fin de volume. Un CD mp3 accompagne l’ouvrage. sindhunata, La quête de semar, conte philosophique javanais, version bilingue. traduction de l'indonésien et présentation nathalie Belin ridwan. Avant-propos michel cazenave, collection du Banian, Paris, 2011. C’est, au travers de la quête du personnage du théâtre d’ombres javanais, Semar, la quête de soi, de son être profond, et celle aussi de l’authenticité, de la pureté et de l’humilité dans une société en proie au mal-être et aux affres de l’argent, du sexe et du pouvoir. Ce conte philosophique plonge d’abord le lecteur dans le monde mythologique du Mahâbhârata, épopée sanskrite à la base du théâtre javanais, pour ensuite évoluer vers la réalité de la société indonésienne moderne, victime d’une urbanisation sauvage, puis replonger dans la mystique ancrée dans tout spectacle de wayang kulit. L’auteur nous entraîne ainsi dans un cercle étourdissant qui nous fascine et nous interpelle. Il s’agit de la première traduction française d’un ouvrage de Sindhunata. Pak Priyana Winduwinata, intrigues de jungle et lois de basse-cour au royaume des animaux de Java, titre original Dongèng sato-kéwan. contes satiriques javanais, version bilingue. traduction du javanais et présentation marcel Bonneff, 1ère et 4e de couverture, dessins par Willem pour Pasar malam/collection du Banian, Association Pasar malam, Paris, février, 2012. Ces cinq contes animaliers, qui font penser entre autres à Orwell (Animal Farm), sont un exemple rare de satire, à l'époque où la République d'Indonésie se met en place sous la houlette de Sukarno (1945-1967). Et ils sont d'autant plus insolites qu'ils ont été écrits en langue javanaise et non en indonésien, la langue nationale. Les divers épisodes évoquent avec verve certains des écueils de la construction nationale et des travers sociaux eux aussi universels : les faux-semblants de la démocratie et les turpitudes de dirigeants sans scrupules, l'hypocrisie religieuse, la domination des mâles (celle des coqs sur les poules !), l'impossible consensus dans la quête d'une identité culturelle commune. Si le ton se veut toujours ironique et léger, la morale, elle, ne manquera pas d'apparaître quelque peu désabusée. Laos richard Pottier, Anthropologie du mythe 2. Ancêtres et fondateurs de dynastie dans la mythologie lao, collection Anthropologie, Editions Kimé, Paris, 2012, 215p. 40 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 La bouddhisation des récits lao qui portent sur l’origine de la riziculture, ou qui racontent la fondation des dynasties, s’accompagne simultanément de l’introduction d’une dimension éthique, qui est absente dans les versions non bouddhisées, et du rôle accru qui s’y trouve accordé aux ancêtres ethniques. Ceux-ci ont pour fonction d’introduire les hommes dans l’ordre symbolique à travers un sacrifice qui fait de ces derniers leurs débiteurs, et qui les fait eux-mêmes accéder au statut de modèles identificatoires. L'éthique représentant pour le bouddhisme l'un des moyens principaux de la réalisation du salut, il n'y a rien d'étonnant à ce que l'adoption de la religion de l'Eveillé ait entraîné une moralisation des récits dont les ancêtres des Lao étaient porteurs lorsqu'ils ont quitté la Chine. Toutefois, le bouddhisme (venu de l'Inde) et le culte des ancêtres (commun à tous les peuples de l'Asie orientale) constituent deux institutions religieuses absolument distinctes, de sorte que la place éminente attribuée aux ancêtres dans les récits (comme aussi bien dans les rituels) ne va pas de soi. Florence strigler, L’alimentation des Laotiens. cuisine, recettes et traditions au Laos et en France, collection Hommes et sociétés, Khartala, 2011, 360 p. L’alimentation est une porte d’entrée qui se situe dans le concret des aliments et des techniques culinaires, mais qui s’ouvre aussi sur un monde de symboles, de croyances, de conceptions de la vie. Elle entretient des liens étroits avec la médecine, la religion, les grandes étapes de la vie et de la mort. Acte banal et quotidien, il n’en est pas moins d’une grande complexité. Ses modalités obéissent à des déterminismes multiples, aussi bien d’ordre biologique que d’ordres culturel, économique, technique, etc. Une approche multifactorielle est donc indispensable si l’on veut comprendre comment se construit l’identité alimentaire. Des jeux complexes d’influences entrent en ligne de compte : effets historiques, générationnels, géographiques, migratoires et sociétaux. Jusqu’à une période récente, la cuisine lao a traversé les siècles relativement inchangée. L’intégration progressive du Laos dans les échanges internationaux est en train de bouleverser les modes d’approvisionnement alimentaire des familles. Les villes et les villages situés près des axes routiers (ce qui est le cas de la plupart des villages lao) entrent de plain-pied dans une société de consommation, avec des conséquences notables en termes de mode de vie et de santé. En France, la diaspora lao s’attache à conserver « la tradition », et l’alimentation en est l’un des supports privilégiés. Parmi les croyances et les pratiques alimentaires traditionnelles, certaines persistent alors que d’autres sont rapidement abandonnées et que d’autres encore se modifient. Les enfants nés en France ont des besoins et des désirs qui induisent de nouvelles habitudes alimentaires au sein des familles, sans occulter cependant des marqueurs identitaires forts. Singapour Eric guerassimoff, Emigration et éducation. Les écoles chinoises à singapour, collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes, 2011, 316 p. Partout où les Chinois ont émigré en grand nombre, ils ont fondé des écoles pour instruire leurs enfants. À Singapour, la présence d’écoles chinoises est attestée dans les années qui suivent l’installation des Anglais. Ces écoles s’organisent librement. Elles gèrent leurs ressources financières, fixent les programmes, recrutent les enseignants. Mais en 1920, le gouvernement colonial anglais met fin à plus d’un siècle d’autonomie. L’immatriculation obligatoire des écoles et des enseignants participe d’un ensemble de mesures renforçant le contrôle politique et idéologique des Anglais sur la population chinoise, dont la loyauté est convoitée depuis la Chine par Sun Yat-Sen et le Komintern. Le développement des établissements scolaires fondés par les Chinois répond à des besoins spécifiques, notamment liés au processus migratoire, à la formation de sociétés d’immigrants, à des stratégies individuelles et collectives. La singularité de l’histoire des immigrés chinois durant la période coloniale est ici mise en rapport avec l’intérêt pour l’éducation manifesté par les Chinois. Cet ouvrage ne se présente donc pas comme une étude des écoles chinoises considérées seulement comme établissements d’enseignement. Il s’agit surtout de cerner la place de ces établissements au sein de la colonie chinoise de Singapour pendant le premier siècle de son existence. Thaïlande stéphane Dovert, Jacques ivanoff (sous la direction de), thaïlande contemporaine, collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes, 2011, 672 p. La Thaïlande est en pleine effervescence, mais son avenir incertain. La crise politique et le blocage des institutions durant l’opposition des Chemises jaunes et des Chemises rouges ont montré les limites du développement social et économique tant vanté : le « modèle thaïlandais ». Celui-ci a-t-il d’ailleurs jamais existé ? Comment la Thaïlande doit-elle aujourd’hui se moderniser ? Au-delà d’une certaine façon d’être Thaïlandais, le vrai visage du pays commence à apparaître. En analysant les fondamentaux historiques et économiques du pays mais aussi en observant son système éducatif et ses forces culturelles latentes, Thaïlande contemporaine offre un regard critique, moderne et original pour comprendre ce qui fait de la Thaïlande un pays unique et contrasté.Cette monographie nationale réunit 21 auteurs qui abordent sans tabous la structuration d’une idéologie nationale, permettant une réévaluation de la question complexe de l’identité thaïlandaise en prise avec la mondialisation. Jean-michel Krivine (sous la direction de), carnets de missions dans les maquis thaïlandais (1978), collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes, 2011, 130 p. En 1978, le Dr Jean-Michel Krivine se rend secrètement dans un maquis communiste de Thaïlande, pour une mission à la fois humanitaire (aide médicale) et politique (selon ses convictions trotskistes). L’insurrection communiste qui touche la Thaïlande dans les années 1970 est moins bien connue que d’autres. Très rares sont les Occidentaux qui l’ont approchée, particulièrement dans les maquis maoïstes. Cette « mission » du Dr Krivine présente donc un intérêt certain, car c’est un témoignage rare : elle donne des indications sur les forces et les faiblesses d’un mouvement communiste d’abord classiquement développé dans les centres urbains, qui, dans les années soixante-dix, se « maoïse » et entend alors toucher les campagnes. Pierre Rousset a écrit une introduction retraçant l’histoire du Parti communiste thaïlandais, et le contexte politique et historique des années qui encadrent le voyage du Dr Krivine. Viêt Nam Hiên Do Benoit, Le Viêt nam, Paris, Le cavalier bleu, coll. idées reçues, 2011, 128 p. "Au Viêt Nam, le Nord n’a rien à voir avec le Sud" ; "Le Viêt Nam est communiste" ; "La société vietnamienne est rurale et arriérée" ; "Le Viêt Nam vit un miracle économique" ; "Le Viêt Nam est un pays francophone" ; "Le Viêt Nam est un paradis touristique"... Issues de la tradition ou de l’air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L’auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l’on sait ou croit savoir. Pierre Bézard, L’or, le fer et le droit. indochine-Vietnam1940-2009, collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes, 2011, 382 p. L’auteur a commencé sa vie au Vietnam, où il est né, et a vécu notamment avec sa famille les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, le joug japonais et les bombardements alliés, les heures parfois tragiques du retour des Français en Indochine, l’engrenage qui conduisit inexorablement à la guerre entre Français et Viet Minh. Magistrat, Pierre Bezard aura l’occasion de revenir souvent au Vietnam, comme conseiller du gouvernement vietnamien pour la mise sur pied d’un Droit vietnamien adapté aux changements en cours pendant la période d’ouverture du pays, ou Doi Moi. À ce titre il sera l’un des fondateurs de la Maison du droit, à Hanoi, lien durable et outil de travail efficace entre la France et le Vietnam. Ses souvenirs sont prolongés par une étude historique importante de la période qu’il a vécue au Vietnam, depuis le début de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au déclenchement de la guerre en 1946. Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 41 Publications Pierre Brocheux, Histoire du Vietnam contemporain, la nation résiliente, Fayard, 2011, 294 p. L’histoire contemporaine du Vietnam est dominée par l’occupation du pays par les Français, par trente années de guerre et par la résilience d’un État national séculaire. Grâce à sa connaissance des sources vietnamiennes, américaines et françaises, Pierre Brocheux propose un récit original - en même temps que l’analyse - de la gestation douloureuse d’un Vietnam moderne. Il souligne combien le moment colonial, pour avoir été un intermède court à vue historique, a transformé la société et la culture nationales. Pour autant, le Vietnam n’est nullement « sorti d’Asie pour entrer dans l’Occident » : qu’il s’agisse de religion, de mode de vie et de pensée, de vision de l’avenir, le Vietnam contemporain offre le spectacle étonnant de sédimentations nettement repérables depuis le lointain héritage Viêt jusqu’à l’apport chinois ou américain. Cette synthèse pionnière permet de comprendre la place particulière du Vietnam dans l’ExtrêmeOrient d’aujourd’hui comme dans la mémoire française. Yvonne capdeville et Dominique Levesque, La Faculté des sciences d'orsay et le Vietnam. De la solidarité militante à la coopération universitaire (1967 – 2010), L'Harmattan, 2011, 296 p. La guerre américaine au Vietnam et le bombardement de la République Démocratique du Vietnam suscitent à partir de 1965 une opposition mondiale. En France, des scientifiques à travers le Collectif Intersyndical Universitaire Vietnam - Laos - Cambodge, créé en 1965, apportent soutien politique et scientifique à leurs collègues du Vietnam. Le récit de cet engagement est illustré par les activités militantes et la coopération depuis plus de quarante ans des scientifiques de la Faculté des Sciences d'Orsay. Bùi Huy trang, Vietnamese we, người Việt nam chúng tôi, nous autres vietnamiens, Zixbook Publishing, 2011, musique de niels Lan Doky, Préface de Lady Borton, Postface de Jean-claude guillebaud Comment brosser le portrait des 90 millions d’habitants d’un fascinant pays que caractérisent une diversité culturelle de 54 ethnies et un passé historique de 4.000 ans ? Comment capter l’esprit même d’une nation sans s’empêtrer dans les clichés de son empreinte culturelle multiforme? De plus, les problèmes politiques, religieux et sociaux qu’amplifient l’ignorance, l’étroitesse d’esprit et l’intolérance, compliquent toujours le traitement d’un sujet aussi ambitieux que controversé. Bùi Huy Trang présente une vision humaniste et subjective du peuple vietnamien. Sensible et empathique, son regard se décline d’abord en 50 photographies noir & blanc et 50 photographies couleur. Toutes ces images proviennent essentiellement de cinq reportages effectués au Leica M dans tout le Vietnam entre 1997 et 2010. Sous forme réelle, virtuelle ou 42 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 mentale, elles fusionnent ensuite dans le DVD avec la musique envoûtante du compositeur et pianiste de jazz Niels Lan Doky, ainsi qu’avec la lecture amateur à voix haute en anglais, français et vietnamien par l’auteur, de deux de ses poèmes en prose qui accompagnent toutes ces photographies empreintes de vie et de justesse. claude collin, De la résistance à la guerre d’indochine, collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes, 2011, 216 p. Ils ont participé à la Résistance où ils ont eu une conduite héroïque. Dans l’enthousiasme de la Libération, certains se sont engagés pour la durée de la guerre qui se poursuivait en Extrême-Orient contre le Japon. D’autres ont même intégré l’armée de métier. Dans la lutte clandestine, ils avaient rêvé de reconstruire une France fraternelle et généreuse. Ils découvrent en Indochine un système colonial injuste et oppressif où l’indigène n’est pas considéré comme un être humain à part entière. Ils se sont battus pour libérer leur territoire de l’occupation étrangère et ils se retrouvent face à des combattants qui luttent pour leur indépendance nationale. Ils étaient du côté des victimes, de ceux qui avaient été pourchassés, arrêtés, torturés, déportés, fusillés. Ils sont dans une armée qui utilise parfois les mêmes méthodes que ceux qu’ils combattaient quelques mois ou quelques années auparavant. Si leurs constats sont souvent très proches, leurs réactions vont être différentes. Certains vont démissionner, d’autres essayer de « remplir leur mission au moindre mal ». Certains, fort peu, feront le saut et passeront au Viêt-minh… Agnès courbet, Les larmes de thi, collection graveurs de mémoire, L’Harmattan, 2012, 144 p. 1901. Etienne Courbet quitte sa FranceComté natale pour partir en Indochine rejoindre les Forces Françaises de l'Armée Coloniale. Il va s'éprendre de ce pays lointain et connaître là-bas un amour unique avec une toute jeune Annamite: Thï Thiêt, qui lui donnera trois enfants. Mais leur existence va basculer dans la tragédie... claude gendre, La franc-maçonnerie, mère du colonialisme. Le cas du Vietnam, L’Harmattan, 2011, 166 p. Comment la franc-maçonnerie a-t-elle, en Indochine, réagi au phénomène colonial ? Comment l'a-t-elle même parfois suscité ? Puis, une fois abordé le comment, l'auteur interroge également : pourquoi cette franc-maçonnerie, qui a associé son nom à bien des causes d'émancipation politique, humaine et intellectuelle, a-t-elle continûment lié son sort à un système, le colonialisme, dont le fondement même était l'inégalité ? sylvie Quintilla, Les bambous du tonkin, L’Harmattan, 2012, 292 p. Le destin de Châ, une belle Indochinoise, bascule le jour où elle apprend que sa famille l'a promise à un inconnu, au lieu de Mî, sa soeur. C'est au pied de son arbre fétiche qu'elle se réfugie, désespérée. Commence alors, en pleine guerre d'Indochine, l'inoubliable récit de de Mî et de Châ, deux jeunes filles attachantes, qui vont nous transporter dans leur vie de femme... Kim Loan Vu-Hill, coolies into rebels. impact of World War i on French indochina, Les indes savantes, Paris, 2011, 192 p. This is a study of the experiences of Vietnamese soldiers and workers who rallied behind the French flag during World War I and of the impact of the war on the French colonial enterprise in Indochina. In telling their stories, the author wants to present a balanced view of the relationship between the French and the Vietnamese subjects of this study. Without World War I, the path to revolution and to national independence would have taken a different direction. During the war tens of thousands of Vietnamese joined millions of French people, members of other colonies in the French Empire, and the soldiers of the Allied Forces in a “sacred union” against the Germans. Their experiences in Europe, however, changed their lives and their attitudes toward France and its people, altered the course of the colonial enterprise, and gave rise to a new Vietnamese social class in France and in Indochina, which ultimately challenged French authority and brought changes to the established order in Indochina. christopher goscha, Vietnam. un état né de la guerre 19451954, Paris, Armand colin, 2011, 557 p. Presque soixante ans après la chute de la garnison française à Dien Bien Phu, nous connaissons encore mal l’autre côté combattant. Le « phénomène Viet Minh » est toujours expliqué soit comme la manifestation d’un patriotisme vietnamien « éternel » soit comme l’incarnation du « totalitarisme » communiste. Se basant sur des sources vietnamiennes inédites, l’auteur rompt avec ces interprétations pour analyser la manière dont les nationalistes vietnamiens conduits par le Parti communiste forgèrent un véritable État dans la perspective de mener l’effort de guerre, de préserver son assise territoriale et de projeter dans l’avenir la souveraineté nationale. L’auteur remet également en cause le mythe d’une simple « guerre de guérilla » asymétrique opposant le colonisé au colonisateur. Grâce à l’assistance sinosoviétique, les communistes vietnamiens entamèrent une conversion vers une forme moderne de guerre conventionnelle et à cet effet, mirent sur pied une armée professionnelle. Pour réussir cette transition, le Parti accentua sa mainmise sur l’État, la société et l’armée. Il instaura simultanément une révolution sociale radicale, non seulement pour mobiliser toujours plus de forces mais aussi pour remodeler l’État et la société selon le moule communiste. L’his- toire du Vietnam contemporain ne se réduit pas à « la » guerre, mais assurément elle fut sa matrice. En somme, l’État vietnamien a fait la guerre autant que la guerre a fait l’État. François guillemot, Dai Viêt, indépendance et révolution au Viêt-nam, collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes, Paris, 2012, 744 p. En étudiant l’évolution du Parti National du Grand Viêt-Nam (Đại Việt Quốc Dân Đảng) au sein du mouvement nationaliste vietnamien, ce livre permet de poser un regard neuf sur le processus de la révolution nationale et de la lutte pour l’indépendance dans le ViêtNam de la première moitié du XXe siècle. Par le biais d’événements méconnus, d’acteurs négligés par l’historiographie d’État, le rôle politique, la logique et la dynamique du mouvement Đại Việt sont restitués dans le contexte de la période 1945-1954 (guerre néo-coloniale, lutte contre le communisme et front chaud de la guerre froide). Concurrent du Việt Minh pendant la période révolutionnaire, le Đại Việt manqua sa révolution et fut l’une des cibles principales de la répression organisée par le Việt Minh de Hồ Chí Minh contre l’opposition nationaliste révolutionnaire en 1946. De son exil en Chine, il parvint à se reconstituer pour porter l’Empereur Bảo Đại à la tête d’un État national en 1949. Cependant, sa conquête du pouvoir pour asseoir une « solution Đại Việt » contre une « solution Bảo Đại », jugée pro-française, fut brisée à la fois par le Chef de l’État vietnamien, par les autorités françaises et par le terrorisme communiste. À travers l’histoire de ce mouvement, la logique de la guerre civile dans laquelle se débattit le Viêt-Nam pendant plus de trente ans apparaît plus clairement. Cette contribution majeure à l’histoire du nationalisme vietnamien au XXe siècle offre ainsi une nouvelle grille de lecture de la fameuse « Révolution d’août » de 1945 et du conflit franco-vietnamien. chu thi Huyên Linh, Jean-claude renoux, Le roi et la poule. contes occidentaux adaptés au Vietnam, L’Harmattan, 2011, 84 p. Les hommes du voisinage se réunirent et décidèrent, en hommage à ce roi qui s'était battu pour eux, de lui donner une poule rouge. Chaque jour, la poule pondait un oeuf, et le roi mangeait l'oeuf. Peut-être est-ce l'oeuf de la poule rouge, peut-être est-ce l'air du pays : le roi guérit ! Il se prit d'une grande amitié pour cette poule rouge dont les oeufs, disaitil, lui avaient sauvé la vie... Pierre Journoud, de gaulle et le Vietnam (1945-1969). La réconciliation, tallandier, Paris, 2011, 542 p. À travers les deux conflits qui se sont succédé dans la péninsule indochinoise de 1945 à 1975, la guerre française puis américaine, Pierre Journoud entreprend de pourfendre quelques idées reçues. Non, les États-Unis n’ont pas tout fait pour évincer les Français d’Indochine après 1954. Non, le Général n’était pas un antiaméricaniste primaire et ne s’est pas contenté de condamner verbalement l’engagement militaire des États-Unis, Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 43 Publications comme dans son discours de Phnom Penh le 1er septembre 1966. Sa diplomatie publique et secrète ; l’action discrète de certains Français en faveur de la paix sont quelques-unes des révélations de ce livre novateur. Et c’est par le prisme du dialogue entre Français et Américains, acteurs majeurs et omniprésents, que l’auteur donne à comprendre les relations franco-vietnamiennes, du malentendu initial à la réconciliation. Fruit d’un important travail de recherche, cet essai propose une réflexion originale sur le processus de " décolonisation mentale " du général de Gaulle, et au-delà, sur l’ensemble de sa politique extérieure. Pierre Journoud, cécile menétrey monchau (dir), Vietnam 1968-1976 : La sortie de guerre/Exiting a War, Enjeux internationaux. Vol. 1, Editions Peter Lang, Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am main, new York, oxford, Wien, 2011. 376 p., 1 DVD. Avec ses quelque trois millions de morts civils et militaires, et ses innombrables destructions matérielles, la guerre dite du Vietnam reste à ce jour une des plus grandes tragédies humaines depuis 1945. Une réflexion sur les conditions politiques, diplomatiques et militaires dans lesquelles s'est effectuée la sortie de la guerre, entre 1968, année de l'ouverture des négociations américano-vietnamiennes à Paris, et 1976, date de la réunification administrative du Vietnam, semble d'autant plus opportune que grandit actuellement l'inquiétude sur les perspectives de l'après-guerre en Afghanistan. Inspirés d'un colloque international réuni à Paris, en 2008, les textes rassemblés ici par Pierre Journoud et Cécile Menétrey-Monchau abordent cette étape de la sortie de guerre principalement sous l'angle diplomatique, mais débordant largement le spectre diplomatique traditionnel. Quelques-uns des meilleurs spécialistes croisent ici leur analyse de cette phase finale de la guerre, revenant sur les négociations qui ont mis fin à la dimension américanovietnamienne du conflit, avec l'Accord de Paris du 27 janvier 1973, avant que les armes ne tranchent l'autre guerre, celle entre Vietnamiens, le 30 avril 1975. Ce livre est accompagné d'un DVD avec des témoignages inédits sur les coulisses des négociations de Paris qui ont mis fin à la guerre du Vietnam (1968-1973). Le Huu Khoa, Anthropologie du Vietnam. L’espace réflexif de l’homme, tome 3, collection Etudes sur l’Asie, Les indes savantes, Paris, 2011. Dans ce tome III, l’anthropologie littéraire sera le nœud des rendez-vous où se croisent l’histoire, la philosophie, la sociologie. Au carrefour de ces disciplines, les œuvres littéraires participent activement à la construction d’une (possible) pensée vietnamienne. Il s’agit ici de constituer des possibilités d’analyse sur les conceptions considérées comme constantes, des voies d’interprétations sur les visions vécues comme distinctives, pour qu’enfin l’obscur s’éclaircisse, en montrant la place de la pensée vietnamienne dans ses œuvres littéraires. Le Vietnam est un pays jugé souvent sans philosophie, d’où la difficulté de cette entreprise de chercher puis de laisser apparaître les arguments des grands auteurs vietnamiens, contextualisés dans la réalité historique du Vietnam, sans oublier de s’approcher progressivement des conditions du dialogue entre les auteurs et le peuple : la culture et le destin de ce pays. L’au- 44 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 teur reconnaît qu’à force d’avoir lu leurs œuvres, il lui est apparu que certains auteurs se singularisaient. Ce ne sont pourtant pas les seuls qu’il admire, mais un réseau de correspondance se tisse dans son esprit, et il en vient à rechercher ce que ces auteurs peuvent avoir en commun : il estime que leurs œuvres peuvent ouvrir des perspectives qui se croisent et se recroisent, et dont les thèses anticipent les questionnements anthropologiques, malgré leurs écarts d’histoire et de contexte. La présentation de ces auteurs et de leurs œuvres littéraires se fixe bien sûr sur l’unité de la culture vietnamienne, mais cette foisci considérée comme un lieu de rencontre d’œuvres d’époques différentes et cependant convergentes grâces aux éclairages ou aux efforts méthodologiques. Ce tout en espérant que la racine du jugement esthétique de la connaissance de l’esprit ne dissocie pas des principes anthropologiques de l’homme. nguyen tan Hung, Le Viêt nam du XViie siècle, un tableau socioculturel, collection Le temps colonial, Les indes savantes, 2011, 250 p. Au XVIIe siècle, le Père Alexandre de Rhodes est un des premiers missionnaires catholiques à résider au Viêt Nam : en Cochinchine, puis au Tonkin, et de nouveau en Cochinchine. L’obstacle de la langue est important pour les missionnaires. Aussi, expulsé de la Cochinchine en 1645, le Père Alexandre de Rhodes revint en Europe en 1649, et publia de nombreux livres relatant son séjour en Asie. Parmi ces ouvrages, le Dictionarium Annamiticum, Lusitanum, et Latinum (trilingue vietnamien, portugais et latin), en 1651. Le premier bénéfice indiscutable pour les Viêtnamiens, d’une portée incommensurable, et qui perdure aujourd’hui et certainement pour longtemps encore, est la transcription de leur langue en écriture latine. Mais le Dictionarium est aussi un témoignage remarquable du Viêt Nam du XVIIe siècle : les explications parfois minutieuses d’Alexandre de Rhodes, fin observateur immergé dans la vie du pays, nous montrent le Viêt Nam autrement que vu par des historiens officiels des bureaux des annales des cours vietnamiennes qui depuis des siècles, ne faisaient que rapporter des événements se rattachant aux affaires des souverains et de leurs serviteurs. Le Dictionarium nous permet au contraire d’entendre les Viêtnamiens de l’époque, directement avec des mots et des expressions de leur propre langue. D’où ce tableau socioculturel remarquable de la société vietnamienne du XVIIe dressé par l’auteur. John Prados, La guerre du Viêt nam, traduit de l’américain par J.-F. Hel guedj, Librairie académique Perrin, 2011, 833 p. De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la chute de Saigon en 1975, John Prados livre le seul récit complet et la première analyse globale de la guerre du Viêt Nam. S'appuyant sur des documents récemment déclassifiés et un large éventail de sources vietnamiennes et internationales, l'auteur peint une fresque magistrale où idéologies et armées s'entrechoquent. Il explique comment et pourquoi les différentes présidences américaines, de Truman à Nixon, en passant par Kennedy et Johnson, ont à la fois mal interprété les réalités nord-vietnamiennes, mal compris leurs alliés sud-vietnamiens, méprisé le mouvement antiguerre et négligé l'impact croissant des médias sur l'opinion. Engagés dans un conflit qu'ils ne pouvaient gagner, les républicains comme les démocrates n'ont pas su puis pu sortir du scénario tragique dans lequel sombrait l'Amérique. Tour à tour récit enlevé, essai novateur et témoignage personnel émouvant, cette oeuvre monumentale dresse le bilan définitif d'une guerre novatrice qui bouleversa les Etats-Unis et modifia l'équilibre planétaire. tran Quoc Hung (photographe), Jean maïs, nguyen Huy Lai, Phan Ke Binh (auteurs), Etre Vietnamien, Paris, Les Editions de La Frémillerie, 232 p. Comme la plupart des ouvrages sur le Viêt-Nam, ce livre est une invitation au voyage. Cependant « Être vietnamien » annonce une couleur particulière. Nous ne risquons pas d y trouver des images de tourisme. Trân Quôc Hùng Français d’adoption passionné de photographie, et de vie, tente de retrouver, après un nombre incalculable d’années d absence, des images de son pays natal qu’il croyait définitivement perdues. La première fois, Hùng ne prenait que des photos de paysages. Puis, très progressivement, il allait vers les visages, et lors de sa dernière visite, été 2011, il a su capturer définitivement la respiration saïgonnaise. Des mots vont se rajouter aux photographies, non pour les commenter mais pour apporter leurs propres images. Jean Maïs, Nguyen Huy Lai, Phan Kê Bính : le texte du premier de ces auteurs donne son titre, bref et incisif, au présent ouvrage. L’« être vietnamien » se perçoit à certaines permanences mentales, à quelques postures et rigidités partagées, particulièrement identifiables au moment des fêtes populaires (les Têt). Les trois textes fourmillent de redites, de citations communes, partagent des références. Leur réunion pourtant, loin de toute redondance, avec sa palette de variations sur un thème unique, vise à plonger le lecteur dans une compréhension participative de la culture vietnamienne, d’une âme en action. Au-delà du témoignage et de l’enquête, de l’érudition même, l’écriture de chaque auteur laisse entendre une musique sensible, personnelle, et familière « à tous ceux qui ont vécu un certain temps auprès des Vietnamiens ». Benoît de tréglodé, Heroes and revolution in Vietnam, translated by claire Duiker, national university of singapore Press (nus Press)/ irasec, 2012, 244 p. On the eve of the war against the South Vietnamese regime in 1964, the communist party strove to carve out a new productivist and political elite from the towns and villages of the country. According to a categorization of patriotic exemplarity devised by Ho Chi Minh, "avant-garde workers," "exemplary soldiers" and "new heroes" would fill the ranks of a "new model society," one in which political virtue would serve as the principle to mobilize the masses. This study presents and analyzes the process by which "new heroes" were invented. It first develops a picture of what constituted heroes in Vietnamese tradition and history, and then shows how the new model, effectively a Sino-Soviet import, was imposed, only to be slowly distorted by its own cultural rationale and by specific objectives. Far from being a transitory phenomenon, this model has contributed for more than half a century to the reconstruction of the national imagination and the development of a new collective, patriotic and communist memory in Vietnam. Xuân Xuân, ouvrage collectif, Le fils des quatre vents, georges condominas, L’Harmattan, 2011, 264 p. "Le fils des quatre vents", ainsi se qualifiait lui-même Georges Condominas. Maître de tous les ethnologues de l'Asie du Sud-Est, il a produit un des chefs-d'oeuvre de l'ethnographie française : Nous avons mangé la forêt (1957). Homme de savoir et de sagesse, il reçoit l'hommage d'un collectif de ses amis et fidèles de par le monde. Les dernières publications en ligne de l’irasec – http://www.irasec.com occasional Paper (oP) - Arnaud Dubus, Sor Rattanamanee Polkla, Policies of the Thai State towards the Malay Muslim South, OP n°16, Carnets de l’Irasec, 2011. - Louis Desaine, The Politics of Silence, Myanmar NGOs’ Ethnic, Religious and Political Agenda, OP n°17, Carnets de l’Irasec, 2011. - François-Xavier Bonnet, Mindanao. Separatism, Autonomy and vendetta, OP n°18, Carnets de l’Irasec, 2011. - Christophe Vigne, Mobiliser les Vietnamiens de l’étranger Enjeux, strategies et effets d’un nationalisme transnational, OP n°19, Carnet de l’Irasec, 2012 - Occasional Paper Observatory Series (OPO) - Winston Set Aung, Informal Trade and Underground Economy in Myanmar. Costs and Benefits., OPO 04, Carnets de l’Irasec, 2011. - Odile Minor, L’Asie du Sud-Est, un foyer pandémique ?, OPO 05, Carnets de l’Irasec, 2011. - Les Notes de l’Irasec - Syafiq Hasyim, The Council of Indonesian Ulama and Political Freedom, Les Notes de l’Irasec n°12, 2011. autres Asies Trimestriel d'investigation et de grand reportage, premier numéro sorti l’été 2011. Enquête, raconte et explique l'Asie, toute l'Asie, sans préjugés ni auto-censure : enquêtes, récits, perspectives. L'Asie en profondeur, dans sa pluralité: de Rangoon à Djakarta, de Tokyo à Delhi et Hanoi en passant par Kaboul, Islamabad, Pékin, Séoul, Bangkok, Phnom Penh et Séoul. Asies a été créé et est réalisé par une équipe de journalistes, écrivains, photographes et dessinateurs, asiatiques et européens. Au sommaire du numéro quatre d’Asies, actuellement en kiosques : l’enjeu mondial des terres rares produites par la Chine ; au Japon, les robots franchissent les murs des laboratoires de recherche pour entrer dans les hôpitaux, les maisons de retraite et les écoles ; le serial killer français Charles Sobhraj dans la prison de Katmandou, le site archéologique d’Angkor loin des images de cartes postales ; et bien d’autres sujets au Tibet, au Bangladesh, en Thaïlande ou en Corée du Nord. http://www.webasies.com [email protected] Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 45 Revues Archipel N°81, 2011 • Michel Picard, “Le christianisme à Bali : visées missionnaires, objections orientalistes et appropriation balinaise” • Rémy Madinier, “Les ursulines à Java : un siècle d’éducation catholique (1856-1956)” • Étienne Naveau, “Le dialogue islamochrétien selon Bambang Noorsena (Fondateur de l’Institut de Recherches sur le Christianisme Syriaque)” • Arlo Griffiths, “Inscriptions of Sumatra: Further data on the epigraphy of the Musi and Batang Hari Rivers Basins” • Oman Fathurahman, “Ith f al-dhak by Ibr h m al-K r n : A Commentary of Wahdat al-Wuj d for J w Audiences” • François Raillon, “Indonésie 2010 : les infortunes de la vertu” N°82, 2011 • Marie-Sybille de Vienne, “The Chinese in Brunei: From Ceramics to Oil Rent” • Yerry Wirawan, “Pers Tionghoa Makassar Sebelum Perang Dunia Kedua” • Elizabeth Chandra, “Fantasizing Chinese/Indonesian Hero: Njoo Cheong Seng and the Gagaklodra Series” • Daniel Perret, “Graha Maria Annai Velangkanni : une église d’inspiration indienne à Medan, Sumatra Nord Communautés d’Asie du sud en Insulinde” • Sanjay Subrahmanyam,” What the Tamils Said: A Letter from the Kelings of Melaka (1527)” • Daniel Perret, “From Slave to King: The Role of South Asians in Maritime Southeast Asia (from the late 13th to the late 17th century)” Arts of Asia, vol. 42 n°1, 2012. N° spécial sur la Malaisie • Raimy Che-Ross, “Malay Sliverware” • Annabel Teh Gallop, “The Art of the Malay Qur’an” • Lucien de Guise, “A World Between the Trade Winds” • Heidi Munan, “Hornbill Wood Carvings” • Lucien de Guise, “Ikat the Moribund Dyer’s Art of Peninsular Malaysia” • Fong Peng Khuan, “Malay Brassware” • Fangfang Xu, “Xu Beihong: Pioneer of Modern Chinese Painting” • Paul Bromber, “A Brief Guide To the Bangkok Antiques Market” • John Cunnington, “China and The Bordeaux Wine Trade” • Masako Watanabe, “Storytelling in Japanese Art at the Metropolitan Museum of Art” ASEAN Economic Bulletin Vol. 28, n° 1, avril 2011 • Khorshed Chowdhury, Girijasankar Mallik, “Pairwise Output Convergence in Selected Countries of East Asia and the Pacific: An Application of Stochastic Unit Root Test” • Lee Yoong Hon, Cheah Eng Tuck, Koay Lin Yu, “Efficiency in the Malaysian Banking Industry” • Hasan A. Faruq, Peter J. Telaroli, “Factors Affecting Manufacturing and Agricultural Productivity Trends among Asian Countries” • Edo Andriesse, “Introducing the Regional Varieties of Asian Capitalism Approach to Lao PDR” • Wade Donald Pfau, Giang Thanh Long, “Groups Excluded from ‘Representative’ Household Surveys: An Analysis Based on Remittances Sent and Received in Vietnam” • Thanh Nga Nguyen, “Foreign Direct Investment in Real Estate Projects and Macroeconomic Instability” Vol. 28, n° 2, août 2011 • Jayant Menon, Aekapol Chongvilaivan, “Southeast Asia Beyond the Global Financial Crisis: Managing Capital Flows” • Prema-chandra Athukorala, Swarnim Wagl, “Foreign Direct Investment in Southeast Asia: Is Malaysia Falling Behind?” • Hal Hill, Jayant Menon, “Reducing Vulnerability in Transition Economies: Crises and Adjustment in Cambodia” • Molly Lesher, Michael G. Plummer, “Back to Basics: Post-crisis Macroeconomic Rebalancing in ASEAN” • Polpat Kotrajaras, Bangorn Tubtimtong, Paitoon Wiboonchutikula, “Does FDI Enhance Economic Growth?: New Evidence from East Asia” • Thiam Hee Ng, “Is Capital being Pushed or Pulled into Southeast Asia?” • Sabyasachi Mitra, Roselle Dime, Anthony Baluga, “Foreign Investor Participation in Emerging East Asian Local Currency Bond Markets” 46 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 • Tony Cavoli, Ron McIver, John Nowland, “Cross-listings and Financial Integration in Asia” Aséanie, n° 17, juin 2011 • Armand Desbat, “Pour une révision de la chronologie des grès khmers” • Eileen Lustig, “Using Inscription Data to Investigate Power in Angkor’s Empire” • Olivier Évrard, Chanthaphilith Chiemsisouraj, “Les ruines, Les ‘sauvages’ et la princesse. Patrimoine et oralité à Viang Phu Kha, Laos” • Chris Eade, “Vatt Samrong Ek: the Inscription, the Buddha Pedestal, and the Numbers” • Amandine Lepoutre, “L’organisation foncière d’une province vietnamienne nouvellement annexée. Le cas de l’ancien État cam du P ura ga au XVIIIe siècle” Asian Affairs, vol. 42, n° 2, 2011 • Michael Burton, “The Malayan Emergency: A Subaltern’s View” • Paul Cheeseright, “Involvement Without Engagement: The British Advisory Mission in South Vietnam” Asian Anthropology, vol. 10, 2011 • Harald Beyer Broch, “Comments on the World in Which They Live: A Narrative-Theory Approach to Meaning-Making Among Young Girls on Timpaus Island, Indonesia “ • Carlos P. Tatel Jr., “Non-Western Peoples as Filipinos: Mediating Notions of ‘Otherness’ in Photographs from the National Geographic Magazine in the Early 20th Century” • Zhou Lei & Duong Bich Hanh, “Sex Work in the Sino-Vietnamese Borderlands” Arts Asiatiques 66, 2011. N° spécial : “l’Imagerie en Asie orientale” • Philippe Papin, “La diversité de l’imagerie vietnamienne et les figures de la vie ordinaire” • Olivier Tessier, “Du geste au dessin la vie à Hà-N i au début du XXe siècle saisie par Henri Oger” • Nora Annesley Taylor, “De la parodie à la propagande. La résistance anticoloniale vue par les graphistes vietnamiens à partir des années 1950” Le Banian (publication de l’Association franco-indonésienne Pasar Malam) N° 11, juin 2011 : “Indonésie : pionniers des temps modernes. Les explorateurs de leur époque... ” • Étienne Naveau , “Encore une fois Kartini. Kartini ... sekali lagi” • Apsanti Djokosujatno, “Le Monde des hommes fait une lectrice comblée” • Odile Loiret, “La vie n’est pas une foire nocturne. Une lecture de Pramoedya au présent” • Robert Aarsse, “Tan Malaka 18941949. Un Révolutionnaire indonésien, ou un Indonésien révolutionnaire” • Gita Loka Murti, “Cut Nyak Dhien : icône de la combattante musulmane du XIXe siècle à Aceh” • Chrisvivany Lasut, “Maria Maramis, pionnière de la cause des femmes indonésiennes” N°12 : “110e anniversaire de la naissance de Soekarno, premier président de l’Indonésie. De Sabang à Merauke ! ” • Sita Satoeti Phulpin, “Qui est Bung Karno ?” • Dominique Maison, “Entre ombre et lumière : une courte biographie de Soekarno” • Étienne Naveau, “Soekarno pluriel” • Dwi Noverini Djenar, “Soekarno sur Soekarno” • Kunang Helmi, “Ma première coupe de cheveux à Yogyakarta” • Enrico Soekarno, “Encres” • Stéphane Dovert, “Soekarno et l’Indonésie : un ‘grand homme’ pour un ‘grand empire’ ?” • Anda Djoehana Wiradikarta, “Soekarno et Aceh” • John Roosa, “Le dernier combat de Soekarno” • Bakri Arbie, “La politique énergétique du président Soekarno” • Arnaud Leroux, “Un héritage de béton et d’asphalte” • Ana Larderet, “L’indonésien, langue exotique ?” Bijdragen tot de Taal-, Land- en Volkenkunde, vol. 167, n°4, 2011 • Henk Schulte Nordholt, “Indonesia in the 1950s: Nation, modernity, and the post-colonial state” • Marieke Bloembergen, Martijn Eickhoff, “Conserving the past, mobilizing the Indonesian future: Archaeological sites, regime change and heritage politics in Indonesia in the 1950s” • Freek Colombijn, “Public housing in post-colonial Indonesia: The revolution of rising expectations” • Adrian Vickers, “Bali rebuilds its tourist industry” • Michel Picard, “Balinese religion in search of recognition: From Agama Hindu Bali to Agama Hindu (19451965)” Contemporary Southeast Asia Vol. 33, n°1, avril 2011 • Sam Bateman, “Solving the ‘Wicked Problems’ of Maritime Security: Are Regional Forums up to the Task?” • Christopher M. Dent, Peter Richter, “Sub-Regional Cooperation and Developmental Regionalism: The Case of BIMP-EAGA” • Benjamin K. Sovacool, L.C. Bulan, “Meeting Targets, Missing People: The Energy Security Implications of the Sarawak Corridor of Renewable Energy” • Jorgen Roland, “Southeast Asian Regionalism and Global Governance: ‘Multilateral Utility’ or ‘Hedging Utility’?” • Edwin Van De Haar, “Philippine Trade Policy and the Japan-Philippines Economic Partnership Agreement (JPEPA)” Vol. 33, n° 2, août 2011 • Evan A. Laksmana, “Indonesia’s Rising Regional and Global Profile: Does Size Really Matter?” • John F. Bradford, “The Maritime Strategy of the United States: Implications for Indo-Pacific Sea Lanes” • Charmaine G. Misalucha, “Southeast Asia-US Relations: Hegemony or Hierarchy?” • Danny Marks, “Climate Change and Thailand: Impact and Response” Vol. 33, n° 3, décembre 2011 • Alice D. Ba, “Staking Claims and Making Waves in the South China Sea: How Troubled Are the Waters?” • Taylor Fravel, “China’s Strategy in the South China Sea” • Lyle Goldstein, “Chinese Naval Strategy in the South China Sea: An Abundance of Noise and Smoke, but Little Fire” • Carlyle A. Thayer, “The Tyranny of Geography: Vietnamese Strategies to Constrain China in the South China Sea” • Brantly Womack, “The Spratlys: From Dangerous Ground to Apple of Discord” Critical Asian Studies Vol. 44, n° 1, mars 2012 • Susan Leong, “Sacred Cows and Crashing Boars: Ethno-religious Minorities and the Politics of Online Representation in Malaysia” • Keith Barney, “Land, Livelihoods, and Remittances: A Political Ecology of Youth Out-migration across the Lao-Thai Mekong Border” • Mary Beth Mills, “Thai Mobilities and Cultural Citizenship” • Tubtim Tubtim, “Migration to the Countryside: Class Encounters in Periurban Chiang Mai, Thailand” • Rebecca Elmhirst, “Displacement, Resettlement, and Multi-local Livelihoods: Positioning Migrant Legitimacy in Lampung, Indonesia” Vol. 43, n°4, décembre 2011 • Philip F. Kelly, “Migration, Agrarian Transition, and Rural Change in Southeast Asia: Introduction” • Derek Hall, “Where the Streets Are Paved with Prawns: Crop Booms and Migration in Southeast Asia” • Sai S.W. Latt, “More than Culture, Gender, and Class: Erasing Shan Labor in the ‘Success’ of Thailand’s Royal Development Project” • Jonathan Rigg et Albert Salamanca, “Connecting Lives, Living, and Location: Mobility and Spatial Signatures in Northeast Thailand, 1982–2009” • Adam Lukasiewicz, “Migration and Gender Identity in the Rural Philippines: Households with Farming Wives and Migrant Husbands” • Hew Cheng Sim, “Coping with Change: Rural Transformation and Women in Contemporary Sarawak, Malaysia” Hmong Studies Journal, vol. 12, 2011 • Aline Lo, “Writing Citizenship: Flexible Forms of Belonging in Kao Kalia Yang’s The Late Homecomer” • Nengher N. Vang, “Political Transmigrants: Rethinking Hmong Political Activism in America” • Soua Xiong & Song E. Lee, “Hmong Students in Higher Education and Academic Support Programs” • Yang Sao Xiong & Nao Xiong “The Prevalence of English Monolingualism and Its Association with Generational Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 47 Revues Status among Hmong Americans, 2005-2009” • Zha Blong Xiong & Ju-Ping Huang, “Predicting Hmong Male and Female Youth’s Delinquent Behavior: An Exploratory Study • Jacques Lemoine, “Commentary: The (H)mong Shamans’ Power of Healing: Sharing the Esoteric Knowledge of a Great Mong Shaman” Hukay, Journal for archeological research of Asia and the Pacific, vol. 16, 2011 • Leee M. Neri, “A Report on the Archaeological Survey Along the Coastal Area of Misamis Oriental, Philippines” • Katherine K. Esteves, “Spacing Archaeological Sites: An Application of the Geographical Information System to Philippine Archaeology” • Jack G. L. Medrana, “Incorporating a Tourism Agenda in Public Archaeology Work” Indonesia, n°92, octobre 2011 • Akiko Sugiyama, “Remembering and Forgetting Indonesia’s Madiun Affair: Personal Narratives, Political Transitions, and Historiography, 1948–2008” • Tessel Pollmann, “Either One is a Fascist or One is Not”: The Indies’ National–Socialist Movement, The Imperial Dream, and Mussert’s Colonial Milch Cow” • Ann Kumar, “ “The Single Most Astonishing Fact of Human Geography”: Indonesia’s Far West Colony” • Timothy P. Barnard, “Protecting the Dragon: Dutch Attempts at Limiting Access to Komodo Lizards in the 1920s and 1930s” • Tsai Yen-ling, “Spaces of Exclusion, Walls of Intimacy: Rethinking “Chinese Exclusivity” in Indonesia” • Elizabeth Chandra, “Women and Modernity: Reading the Femme Fatale in Early Twentieth-Century Indies Novels” • David Jenkins, “In Memoriam: Jamie Mackie (1924–2011)” • Christina Sunardi, Review essay of Women, the Recited Qur’an, and Islamic Music in Indonesia Indonesia and the Malay World, volume 40, n°116, 2012 • Mohamed Nawab Mohamed Osman, “The Religio-political Activisme of Ulama in Singapore” • Roy Ellen & D. Kyle Latinis, “Ceramic Sago Ovens and the History of Regional Trading Pattern in Eastern Indonesia and the Papuan Coast” • Jae Bong Park, “Managing Socio-economic Crisis in Indonesia. The role of interfaith civic organisations in Yogyakarta during the 1998 economic crisis • Mohd. Zariat Abdul Rani, “Islam, Romance and Popular Taste in Indonesia. A textual analysis of Ayat ayat cinta by Habiburrahman ElShirazy and Syahadat cinta by Taufiqurrahman Al-Azizy” • Sivachandralingam Sundara Raja, “The London Dawn Raid and its Effect on Malaysian Plantation Workers • Nurdin AR, “The Manuscript Collection of the Aceh Museum” Journal of Asian and African Studies, vol. 46, n°4, août 2011 • Robert Dayley, “Thailand’s Agrarian Myth and Its Proponents” • Rene V Langran, “Decentralization, Democratization, and Health: The Philippine Experiment” • ARM Imtiyaz & MCM Iqbal, “The Displaced Northern Muslims of Sri Lanka: Special Problems and the Future” The Journal of Asian Studies, vol. 70, n°4, 2011 • Geoffrey Robinson, “East Timor Ten Years On: Legacies of Violence” • Yoko Hayami, “Pagodas and Prophets: Contesting Sacred Space and Power among Buddhist Karen in Karen State” Journal of Burma Studies Volume 15.1, 2011. N° spécial en mémoire de F. K. Lehman • Juliane Schober, “Where to Begin? A Brief Intellectual Biography of F.K. Lehman (F. K. L. U Chit Hlaing)” • Ann Maxwell Hill, “No Country for Middlemen: Three Sketches of Conflict on the Xiao Liangshan Frontier” • Penny Van Esterik, “Geneaologies of Nurture: Of Pots and Professors Juliane Schober, The Legacy of F. K. Lehman (F.K. L. U Chit Hlaing) for the Study of Religion and the Secular in Burma” • Guillaume Rozenberg, “The Saint Who Did Not Want to Die: The Multiple Deaths of an Immortal 48 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 Burmese Holy Man” • John Hillman, “Capitalism and the Development of Tin Industry in Burma” Volume 15.2, 2011 • Jacques Leider, “Kingship by Merit and Cosmic Investiture: An Investigation into King Alaungmintaya’s Self-Representation” • Alexey Kirichenko, “The Making of the Culprit: Atula Hsayadaw Shin Yasa and the Politics of Monastic Reform in Eighteenth-Century Burma” • Aurore Candier, “Conjuncture and Reform in the Late Konbaung Period: How Prophecies, Omens and Rumors Motivated Political Action During the Years 1866-1869” • Alicia Turner, “Narratives of Nation, Questions of Community: Examining Burmese Sources Without the Lens of Nation” • Patrick McCormick, “The Position of the Rajavasa Katha in Mon HistoryTelling” • Alexandra Green, “From Gold Leaf to Buddhist Hagiographies: Contact with Regions to the East Seen in Late Burmese Murals” Journal of Social Issues in Southeast Asia, vol. 26, n° 1, avril 2011 • Damres Uker, “Rebecca Fanany, The Traditional Decision-making Process of Berkaul in Tanjung Emas, West Sumatra: Its Nature and Significance” • Philippe M.F. Peycam, “Sketching an Institutional History of Academic Knowledge Production in Cambodia (1863–2009) — Part 2” • Mark Woodward, “Only Now Can We Speak: Remembering Politicide in Yogyakarta” • Katia Balassiano, “Civic Space Production and Local Government Capacity: Lessons from Muang Klang, Thailand” • Jeffrey Dale Hobbs, “Piengpen Na Pattalung, Robert C. Chandler, Advertising Phuket’s Nightlife on the Internet: A Case Study of Double Binds and Hegemonic Masculinity in Sex Tourism” • Kazuo Fukuura, “A Ritual Community: The Religious Practices of Spirit Mediums Who Worship the Spirit of the Chiang Mai City Pillar” • Long S. Le, “‘Colonial’ and ‘Postcolonial’ Views of Vietnam’s Prehistory” Journal of Southeast Asian Studies Vol. 42, n°3, octobre 2011 • Patrick Meehan, “Drugs, insurgency and state-building in Burma: Why the drugs trade is central to Burma’s changing political order” • Asuka Mizuno, “Identifying the ‘agriculturists’ in the Burma Delta in the colonial period: A new perspective on agriculturists based on a village tract’s registers of holdings from the 1890s to the 1920s” • Henk Schulte Nordholt, “Modernity and cultural citizenship in the Netherlands Indies: An illustrated hypothesis” • R.E. Elson and Chiara Formichi, “Why did Kartosuwiryo start shooting? An account of Dutch–Republican–Islamic forces interaction in West Java, 1945–49” • Andrew Johnson, “Re-centreing the city: Spirits, local wisdom, and urban design at the Three Kings Monument of Chiang Mai” Vol. 43, n°1, 2012 • Federico Ferrara, “The legend of King Prajadhipok: Tall tales and stubborn facts on the seventh reign in Siam” • Michelle Tan, “Passing over in silences: Ideology, ideals and ideas in Thai translation” • Tomomi Ito,” Questions of ordination legitimacy for newly ordained Therav da bhikkhun in Thailand” • John C. Schafer, “The curious memoirs of the Vietnamese composer Ph m Duy” • Patrick McAllister, “Connecting places, constructing T t: Home, city and the making of the lunar New Year in urban Vietnam” • Gerard Sasges, “State, enterprise and the alcohol monopoly in colonial Vietnam” • Nicolas Weber, “The destruction and assimilation of Camp (1832–35) as seen from Cam sources” Journal of the Malaysian Branch of the Royal Asiatic Society Vol 84, part 1, n°300, juin 2010 • Abdullah Rahman Tang, “Sultan Abu Bakar’s Foreign Guests and Travels Abroad, 1860s–1895: Fact and Fiction in Early Malay Historical Accounts • W. G. Miller, “English Country Traders and Their Relations with Malay Rulers in the Late Eighteenth Century” • P. J. Rivers, “Whither Berhala?: The Search for an Idol” Vol. 84 part 2, n°301, décembre 2011 • Abu Talib Ahmad, “The Tun Abdul Razak Memorial and the Promotion of a National Memory in Malaysia” • Mohamad Rashidi Pakri, “An Imperial or a Personal Legacy? The Rivalry of W.E. Maxwell and F.A. Swettenham in British Malaya” • Nathan Porath, “The Hikayat Patani: The Kingdom of Patani in the Malay and Thai Political World” • Holger Warnk, “From Romanticism to Colonial Pragmatics: Malay Language and Literature Studies in Germany 1800-1945” • Mark Emmanuel, “The Malaysia Cup: Soccer and the National Imagining in Singapore, 1965-1996” Journal of Vietnamese Studies Vol. 6, n° 1, hiver 2011 • Frédéric Roustan, “From Oriental Studies to South Pacific Studies: The Multiple Origins of Vietnamese Studies in Japan, 1881–1951” • Janet Hoskins, “Diaspora as Religious Doctrine: An ‘Apostle of Vietnamese Nationalism’ Comes to California” • Michael J. Montesano, “War Comes to Long An, the Classic We Hardly Know?” Vol 6 n°2, été 2011. N° spécial : “Hidden Histories and Submerged Stories from northwest Vietnam” • Erik Harms, “The Critical Difference: Making Peripheral Vision Central in Vietnamese Studies” • Bradley C. Davis, “Black Flag Rumors and the Black River Basin: Powerbrokers and the State in the Tonkin-China Borderlands” • Philippe Le Failler, “The èo Family of Lai Châu: Traditional Power and Unconventional Practices” • Christian C. Lentz, “Making the Northwest Vietnamese” • Nga Dao, “Damming Rivers in Vietnam: A Lesson Learned in the Tây B c Region” Vol 6, n°3, automne 2011 • Francis Nyan, “Half-Brothers: The Frères des Écoles Chrétiennes in Vietnam,1900–1945” • Geoffrey C. Stewart, “Hearts, Minds and Công Dân V : The Special Commissariat for Civic Action and Nation-Building in Ngô ình Di m’s Vietnam,1955–1957” • Kosal Path, “Hà N i’s Responses toBeijing’s Renewed Enthusiasm to Aid North Vietnam,1970–1972” Vol 7, N°1, hiver 2012. N° spécial: “Commodified Women’s Bodies In Vietnam And Beyond” • Isabelle Tracol-Huynh, “The Shadow Theater of Prostitution in French Colonial Tonkin: Faceless Prostitutes under the Colonial Gaze” • Frédéric Roustan, “Mousmés and French Colonial Culture: Making Japanese Women’s Bodies Available in Indochina” • Caroline Grillot, “Between Bitterness and Sweetness, When Bodies Say it All: Chinese Perspectives on Vietnamese Women in a Border Space” • Nicolas Lainez, “Commodified Sexuality and Mother-Daughter Power Dynamics in the Mekong Delta” Moussons. Recherches en science humaines sur l’Asie du Sud-Est/Social Science Research on Southeast Asia N° 17, 2011. N° thématique : “Les frontières mouvantes de Birmanie” • Maxime Boutry, “Les frontières ‘mouvantes’ de Birmanie The ‘moving’ frontiers of Burma” • Jacques Ivanoff, “Des périphéries ‘utiles’” • François Robinne, “Paysages de l’hybridité en Birmanie” • Ma Jianxiong, “Shaping of the Yunnan-Burma frontier by secret societies since the end of the 17th century” • Alexander Horstmann, “Sacred networks and struggles among the Karen Baptists across the Thailand-Burma border” • Maxime Boutry, “Les frontiers de Leach au prisme des migrations birmanes ou penser la société en movement” • Su Lin Lewis, “Print culture and the new maritime frontier in Rangoon and Penang” • Noriyuki Osada, “An embryonic border: racial discourses and compulsory vaccination for Indian immigrants at ports in colonial Burma, 1870-1937” Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 49 Revues N°16. N° thématique : “Recherche en sciences humaines sur l’Asie du Sud-Est” • Trinh Van Thao, “In memoriam Charles Fourniau” • Alice Vittrant, “Aire linguistique Asie du Sud-Est continentale : le birman en fait-il partie ? ” • Robert H. Barnes, “Raja Servus of Larantuka, Flores, Eastern Indonesia” • Ramses Amer, “French policies towards the Chinese in Vietnam : A study of migration and colonial responses” • Aurore Candier, “Convergences conceptuelles en Birmanie : la transition du XIXe siècle” • Cristophe Munier-Gaillard, “Édifier, surprendre et faire rire : la société bouddhique birmane dans les sermons visuels de la Chindwin” • Shuichi Nagata, “Comam or sexual prohibition among the Kensiw of Kedah, Malaysia” • Cheera Thongkrajai, “Kathoey, un genre multiple : processus d’adaptation et de négociation identitaire des transsexuels MTF de Thaïlande” The Pacific Review Vol. 24, n°2, mai 2011 • Jae Jeok Park, “The US-led alliances in the Asia-Pacific: hedge against potential threats or an undesirable multilateral security order?” • Alex Bellamy, Catherine Drummond, “The responsibility to protect in Southeast Asia: between non-interference and sovereignty as responsibility” • Kikue Hamayotsu, “Beyond faith and identity: mobilizing Islamic youth in a democratic Indonesia” • Felix Heiduk, “From guardians to democrats? Attempts to explain change and continuity in the civil-military relations of post-authoritarian Indonesia, Thailand and the Philippines” Vol 24, n°5, décembre 2011 • Juanita Elias, “The gender politics of economic competitiveness in Malaysia’s transition to a knowledge economy” • Morgan Brigg, “Old cultures and new possibilities: Marege’-Makassar diplomacy in Southeast Asia” • Henry Wai-chung Yeung, “From national development to economic diplomacy? Governing Singapore’s sovereign wealth funds” Vol 25, n°1, mars 2012: • Keokam Kraisoraphong, “Thailand and the Responsibility to Protect” • Herman Kraft, “RtoP by increments: the AICHR and localizing the Responsibility to Protect in Southeast Asia” • Lina Alexandra, “Indonesia and the Responsibility to Protect” • David Capie, “The Responsibility to Protect Norm in Southeast Asia: Framing, Resistance and the Localization Myth” • Mely Caballero-Anthony, “The Responsibility to Protect in Southeast Asia: opening up spaces for advancing human security” • Rizal Sukma, “The ASEAN political and security community (APSC): opportunities and constraints for the R2P in Southeast Asia” Péninsule N° 61, 2011 : “Royaumes, sociétés, villes : de l’écriture des sources à la fabrique de l’histoire” • M. Antelme, “Quelques nouvelles pistes de recherche sur l’étymologie du nom Tchen-La. En hommage à Jacques Népote” • L. Mogenet, “‘Ponthiamas’ : Eden tropical et utopie libérale dans le Cambodge du XVIIIe siècle : présentation de textes oubliés” • J. Smith, “L’union de Myanmar racontée aux enfants : étude thématique du discours sur la Nation à travers les manuels scolaires” • G. Mikaelian, “Adhémard Leclère (1853-1917). Une foi républicaine au coeur du pays Khmer” • G. Candar, “J.N. Ducange, La correspondance entre Adhémard Leclère et Georg von Vollmar (1882-1909)” • M.M. Torchet, “Les mémoires d’Outre Mer d’Adhémard Leclère (1886-1910) : un aperçu relatif à la ville de Phnom Penh” • J. Blot, “Politique de lutte contre la pauvreté ou nettoyage urbain ? Les opérations de relogement dans la périphérie Phnom-Penhoise” N°62, 2011 : “Parenté, alliance, filiation” • Jacques Nepote, “Liens de parenté et contrastes des rôles sexuels au Cambodge, une approche à partir des ambiguïtés de la situation du Gendre” 50 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 • Steven Prigent, “Un fœtus humain pour amulette, la règle de filiation khmère à l’aune d’une rumeur cambodgienne” • Marie-Sybille de Vienne, “Hasan di Tiro (Aceh), de la légitimité lignagère à la guerre révolutionnaire, esquisse de parcours biographique” • Jacques Nepote, “L’enfant au Cambodge, les trois étapes de l’aliénation des enfants cambodgiens” • Marie Aberdam, “Les réfugiés khmers et hmongs dans la littérature de jeunesse française des années quatre-vingt à quatre-vingt-dix” • Nguyên Xuân Hien & Nguyên Mông Hung, “ La chique de bétel et le mariage traditionnel au Vietnam - un regard historique (note documentaire)” South East Asia Research Vol. 19, n° 2, juin 2011 • Jonathan Corpus Ong, “Jason Cabañes, Engaged, but not immersed: tracking the mediated public connection of Filipino elite migrants in London” • Claudia Liebelt, “On global happenings in the name of Jesus, rubbing shoulders with ‘VIPs’ and domestic work in the ‘Holy Land’: Notes on celebrity and blessing in the Filipino diaspora” • Mirca Madianou “Daniel Miller, Crafting love: letters and cassette tapes in transnational Filipino family communication” • Olivia Swift, “Seafaring citizenship: what being Filipino means at sea and what seafaring means for the Philippines” • Analyn Salvador-Amores, “Batok (traditional tattoos) in diaspora: the reinvention of a globally mediated Kalinga identity” • Liezel C. Longboan, “E-gorots: exploring indigenous identity in translocal spaces” Vol. 19, n°3, septembre 2011 • Victor T. King, “Michael J.G. Parnwell, World Heritage Sites and domestic tourism in Thailand Social change and management implications” • Samchaiy Sresunt, “The myth of poverty in Thai society: the archaeology of meaning” • James Mitchell, “Red and yellow songs: a historical analysis of the use of music by the United Front for Democracy against Dictatorship (UDD) and the People’s Alliance for Democracy (PAD) in Thailand” • Tharaphi Than, “Understanding prostitutes and prostitution in democratic Burma, 1942-62 State jewels or victims of modernity?” • Claudio O. Delang, “Matthew Toro, Hydropower-induced displacement and resettlement in the Lao PDR” • Shintaro Hamanaka, “Quality of the trade statistics of the Lao PDR incompatibility with international standards and inaccuracies due to smuggling” Vol. 19, n°4, décembre 2011. N° spécial : “Revisiting and Reconstructing the Nghê Tinh Soviets, 1930-2011” • Sophie Quinn-Judge, “Ideological influences on the Revolutionary High Tide: the Comintern, class war and peasants” • Bruce M. Lockhart, “The Nghê T nh movement in Communist Party historiography” • Jason Gibbs, “‘Together We Go Red Soldiers’: the revolution’s first song” • Pham Hông Tung, “Different perspectives on the mobilization of the masses in the revolutionary high tide of 1930-31” • David Del Testa, “Vietnamese railway workers during the revolutionary high tide” Vol 20, n°1, mars 2012 • Gerard Sasges, Scott Cheshier, Competing legacies: rupture and continuity in Vietnamese political economy • Dwi Noverini Djenar, Almost unbridled: Indonesian youth language and its critics • Cleonicki Saroca, FilipinoAustralian intimacies online: love, romance and ‘naughty emoticons’ • Samson Lim, Detective fiction, the police and secrecy in early twentieth century Siam • Tiffany Tsao, The evolution of Javamen and revolutionaries A fresh look at Pramoedya Ananta Toer’s Buru Quartet Vol. 12, n°5, 2011. N° spécial : “Research with Children in AsiaPacific Societies” • Roxana Waterson & Deepak Kumar Behera, “Introduction: Extending Ethnographic Research with Children in the Asia-Pacific Region” • Rachel Webster, “The Street Belongs to Us! — The Autonomous Worlds of Street Children in the Suburb of Colaba, Mumbai, India” • Karen Malone, “My Island Home: Theorising Childhood in the Cook Islands” ARTICLES ISOLÉS Vol. 13, n°1, 2012. N° spécial : “Growing up in Indonesia: Experience and Diversity in Youth Transitions” • Patricia Spyer & Ben White, “Growing up in Indonesia: Experience and Diversity in Youth Transitions” • Suzanne Naafs & Ben White, “Intermediate Generations: Reflections on Indonesian Youth Studies” • Atsushi Sano, “Agency and Resilience in the Sex Trade: Adolescent Girls in Rural Indramayu” • Basri Amin, “Youth, Ojeg and Urban Space in Ternate” • Suzanne Naafs, “Navigating School to Work Transitions in an Indonesian Industrial Town: Young Women in Cilegon” • Wenty Marina Minza, “Young Migrants and Education-to-Work Transitions in Pontianak, West Kalimantan” • Maria Platt, “‘It’s Already Gone Too Far’: Women and the Transition into Marriage in Lombok, Indonesia” The Asia Pacific Journal of Anthropology, vol. 12, n°3, 2011 Irving Chan Johnson, “Strange Buddhas and the King of the Monks: Locating History and Community in a Muslim State” Sojourn, volume 26, n°2, octobre 2011 • Oliver Trappe, “Memory, Tourism, and Development: Changing Sociocultural Configurations and Upland-Lowland Relations in Houaphan Province, Lao PDR” • Patrice Ladwig, “The Genesis and Demarcation of the Religious Field: Monasteries, State Schools, and the Secular Sphere in Lao Buddhism (1893-1975)” • Guido Sprenger, “Differentiated Origins: Trajectories of Transcultural Knowledge in Laos and Beyond” • Andrea Schopohl, “Processes of Social Differentiation and (Re)Integration in Northern Laos” • Boike Rehbein, “Differentiation of Sociocultures, Classification, and the Good Life in Laos” • Patricia Sloane-White, “Working in the Islamic Economy: Sharia-ization and the Malaysian Workplace” Annales de géographie, n°681, sept.-oct 2011 Céline Pierdet, 2011, “Les investisseurs privés et la recomposition du rapport centre-périphérie à Phnom Penh (Cambodge) depuis les années 1990” L’Histoire, n°371, décembre 2011: Rémy Madinier, “Kartini, la mère de l’Indonésie” Ann Stoler, “La colonisation de l’intime” Journal Asiatique, vol. 299, n° 1, 2011 Michel Antelme, “Quelques considérations sur deux mesures de capacité en vieux khmer et leurs possibles équivalents en khmer moderne. Les cas de tlon, Thllon, Thlvan ou Tanlonn (etc.) et dnal” Journal of Asian Pacific Communication, vol. 22, n° 1, 2012 Adcharawan Buripakdi, “The marginalized positions of Thai professional writers on the global hegemony of English” Modern Asian Studies, vol. 46, n°1, 2012 Michitake Aso, “Profits or People? Rubber plantations and everyday technology in rural Indochina” New Left Review, n°73, jan/feb 2012 Pierre Brocheux, “Reflections on Vietnam” Revue Diasporas, n°14, janvier 2010 Emmanuelle Peyvel et Christophe Vigne, “Entre tourisme et construction nationale : l’exemple des Vietnamiens de l’étranger” Revue d’Histoire des Sciences Humaines, n°24, 2011 Pascal Bourdeaux, “L’École Pratique des Hautes Études, les sciences religieuses et le Vietnam. À la croisée des situations coloniale et postcoloniales” [email protected] [email protected] Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 51 Thèses Dernières soutenances Thèses Nous vous rappelons que les inventaires des sujets de thèse déposés et des thèses soutenues relatives à l’Asie du Sud-Est sont téléchargeables sur le site internet de l’AFRASE (www.afrase.org / rubrique «thèses»). Ces inventaires ont été réalisés par Guillaume Rozenberg pour la période 1990/2000 et sont annuellement mis à jour par Annabel Vallard depuis. Si vous constatez que des sujets ou des thèses soutenues n’y figurent pas, n’hésitez pas à contacter cette dernière ([email protected]). Aliénor ANISENSEL, Le sens d’une tradition élitiste dans le Viêt-Nam contemporain : pratiques, apprentissages et esthétiques du chant Ca trù, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, thèse de doctorat d’ethnomusicologie, dir. Gilles Tarabout, soutenue le 5 janvier 2012 ([email protected]) La thèse porte sur la tradition poético-musicale du Ca trù pratiquée au Viêt-Nam par une centaine de musiciens spécialistes. L’enjeu est de décrire et interpréter cette tradition par le biais de ses pratiques (Ière partie), de ses apprentissages (IIème partie) et de ses esthétiques (IIIème partie) afin de comprendre le sens de son élitisme, d’origine lettrée, dans le Viêt-Nam contemporain gouverné depuis 1954 par le Parti Communiste. L’étude s’élabore à partir de deux hypothèses. La première est que l’observation des pratiques sociales du Ca trù offre une porte d’entrée pour comprendre la signification élitiste de cette tradition. La deuxième est que si le Ca trù est aujourd’hui encore porteur d’un capital symbolique élitiste, c’est que son élitisme doit imprégner la matière poético-musicale même et qu’il doit pouvoir être analysé au cœur des processus de transmission et de performance musicales. Les réflexions de la thèse s’appuient principalement sur une enquête de terrain de dix-sept mois, menée entre 2003 et 2008 dans trois clubs de Ca trù : le club de Ca trù du village de Lô Khê, non loin de Hanoï, qui se réunit lors des cérémonies votives célébrées dans les lieux de culte aux divinités tutélaires et patrons de métier en faveur des villageois et plus particulièrement des notables ; un réseau hanoïen de clubs de Ca trù qui ont dû se positionner par rapport à la politique étatique de patrimonialisation visant, depuis 2005, à façonner une culture de prestige du Ca trù ; enfin, le club de Ca trù de Ho Chi Minh ville, où le revivalisme du Ca trù donne lieu à des controverses entre factions de l’élite cultivée originaire du Nord. L’analyse des données de l’enquête aboutit à trois résultats principaux : 1) L’élitisme social caractéristique de la pratique du Ca trù s’est adapté en partie à la nouvelle société née de la Révolution d’Août 1945. 2) L’élitisme du Ca trù se situe non seulement dans la pratique mais aussi dans la matière poético-musicale même considérée comme la mise en œuvre d’une connaissance à la fois linguistique (celle du sino-vietnamien), formelle (celle de la forme poétique et d’une grammaire musicale élaborée) et expressive (celle de techniques d’ornementation et de variation sophistiquées). 3) Enfin, l’élitisme du Ca trù peut s’analyser au cœur de la per52 Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 formance, dans un cadre à la fois identitaire, expressif et critique (selon la « bonne écoute » incarnée par le joueur de tambour lettré qui crée une distanciation intellectualisée avec l’émotion au travers d’un « commentaire » du poème chanté). Adèle ESPOSITO, Siem Reap – Invention et fabrication d’un lieu de tourisme aux portes d’Angkor, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville, thèse de doctorat d’architecture, dir. C. Goldblum et P. Clément, soutenue le 9 décembre 2011 ([email protected]) Les façons de concevoir et fabriquer la ville de Siem Reap, située aux portes du site d’Angkor classé au patrimoine mondial (1992), induites ou suscitées par le tourisme, sont l’objet de la recherche. La thèse interroge le rapport conflictuel entre planification et fabrication urbaine : si les plans de la coopération internationale produisent un domaine d’action ainsi qu’un cadre conceptuel à travers lequel le territoire est appréhendé, d’autres logiques et procédures détournent le cadre réglementaire. Dans les discours programmatiques et normatifs élaborés à partir de notions d’origine occidentale, maintenant diffusées à l’échelle internationale, ainsi que dans l’organisation institutionnelle, nous recherchons les failles qui mènent les plans à l’échec. Sans nier les effets de tabula rasa, nous argumentons l’entrée en jeu de différentes formes d’héritage dans les aménagements de l’espace : les représentations des lieux, produites à partir du XIXe siècle, qui influencent les projets d’hôtels et équipements ; les formes et les pratiques mobilisées par les habitants, dont la négociation avec des modèles exogènes aboutit à des compositions originales. Hedwige MULTZER O’NAGHTEN, Les fondations de Jayavarman VII : l’aménagement d’un territoire et son interprétation historique et religieuse, Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (ED 268, Langage et langues : description, théorisation, transmission), thèse de doctorat d’histoire, dir. Michel Jacq-Hergoualc’h, soutenue le 7 décembre 2011 ([email protected]). Depuis plus d’un siècle, le règne de Jayavarman VII ne cesse de fasciner les chercheurs par son indéniable originalité. Premier roi ouvertement bouddhiste, sa puissance politique et militaire s’accompagne aussi d’une profonde mutation des idées et d’une créativité artistique bouillonnante qui confère une dimension hors du commun à son époque. Au rythme des découvertes qui s’accumulent et constituent un matériau archéologique d’une ampleur inégalée, les publications se multiplient, mais elles demeurent souvent spéculatives, échafaudées sur des hypothèses d’écoles qui, faute d’être contestées, se transforment en dogmes, adoptés et répétés au fil du temps, pour finalement donner l’impression inexacte que ce règne est parfaitement connu. C’est ce constat qui nous a amené à aborder l’étude du règne de Jayavarman VII sous des approches différentes, à partir d’une analyse de son historiographie axée sur une exégèse critique des publications. Cette thèse se fonde sur l’étude des matériaux archéologiques, attribués, en quantités considérables, au règne de Jayavarman VII, et appréhendés comme les éléments d’un système relevant d’un même déterminisme, celui de l’organisation de l’espace par l’autorité royale. Cette approche permet de mettre en lumière les principes directeurs de l’aménagement du territoire qui reflètent des impératifs dictés par la gestion administrative et sociale d’un pays, mais peuvent également satisfaire à d’autres exigences telles que le respect d’un modèle cosmico-religieux, les orientations personnelles du souverain ou encore le facteur économique. Derrière le souverain khmer et bouddhiste, Jayavarman VII, deus ex machinade son royaume, instigateur et catalyseur de toute politique, c’est le bouddhisme qui se révèle être le véritable inspirateur de ses actes, permettant de mieux comprendre certains des aspects atypiques de son règne, qu’il s’agisse de l’exercice du pouvoir ou de la composition architecturale des grands monuments. Amélie ROBERT, Dynamiques paysagères et guerre dans la province de Thua Thiên Huê (Vietnam central), 1954-2007. Entre défoliation, déforestation et reconquêtes végétales, Université de Paris IV - Sorbonne (UMR 8185 Espaces, Nature et Culture), thèse de doctorat en géographie, dir. Jean-Paul Amat, soutenue le 3 décembre 2011 ([email protected]) La guerre du Viêt Nam mit la forêt au cœur des enjeux militaires. Nées des controverses sur les conséquences environnementales des épandages d’herbicides, des hypothèses ont émergé sur les impacts de cette pratique : différentiels selon les unités paysagères, aggravés par les perturbations anthropiques antérieures et postérieures à la guerre. Relevant de la biogéographie, l’analyse géohistorique confronte des sources souvent divergentes et privilégie les princeps pour reconstituer, à des dates clés, les paysages d’une province au cœur du conflit. L’état actuel de partition en trois unités – plaine, collines et montagnes – révèle le lien entre perturbation et accessibilité. Circa 1954, les pratiques précoloniales et coloniales avaient déjà perturbé les écosystèmes, de manière croissante des montagnes vers la plaine. Les impacts d’une guerre dirigée contre le milieu furent directs et indirects. Après-guerre, ils furent aggravés par les pratiques civiles, qui bloquèrent la reconquête spontanée et provoquèrent déboisements et déforestations ; la pression s’accrut dans les collines et les montagnes, plus affectées par la guerre. Depuis circa 1990, les décisions politiques ont placé officiellement la forêt entre protection et développement mais elles se heurtent aux nécessités du développement économique. La reconquête, dirigée, accélérée par la plantation d’espèces à croissance rapide, est engagée dans des sylvosystèmes perturbés et épargnés par la guerre. Aujourd’hui, dans les trois unités paysagères, les zones défoliées ne sont pas identifiables : cicatrisation, poursuite du recul des forêts surtout ont fait leur œuvre. Restent visibles les géofaciès de cratères et les anciennes bases militaires américaines. La conjugaison des perturbations empêche l’identification du strict impact actuel de la guerre et relativise celui-ci ; plus affaiblis sont les sylvosystèmes de la plaine qui, moins touchés, subissent une forte pression séculaire. Danielle TAN, Du communisme au néolibéralisme : Le rôle des réseaux chinois dans la transformation de l’État au Laos, Institut de Sciences Politiques de Paris, thèse de doctorat en science politique, dir. F. Mengin, soutenue le 2 décembre 2011 ([email protected]). Alors que les analyses politiques sur le Laos sont rares, cette thèse apporte un éclairage sur la manière dont la globalisation néolibérale a transformé les pratiques et les modes d’exercice du pouvoir dans l’un des derniers régimes commu- nistes au monde. Bien que ce pays soit généralement considéré comme un « État faible » par excellence, l’argument principal de la thèse est de dépasser le discours récurrent le présentant comme une victime de la globalisation, de ses puissants voisins, et de la Chine en particulier. Pour défendre cette hypothèse, la recherche s’est concentrée sur le Nord-Laos qui cristallise l’ensemble des enjeux auxquels le pays doit faire face actuellement, depuis la construction du corridor nord-sud reliant Kunming à Bangkok en traversant les provinces septentrionales du Laos. Cette autoroute qui traverse des zones montagneuses, pauvres et multiethniques, est devenue une voie de pénétration privilégiée pour les compagnies et les migrants chinois, venus saisir les opportunités économiques qu’offre ce pays sous-peuplé et riche en ressources naturelles. À contre-courant de la rhétorique contemporaine sur la globalisation qui a décrété le retrait de l’État, l’analyse de la région-frontière du Nord-Laos illustre le redéploiement de l’État post-socialiste grâce à la réappropriation des techniques, savoirs et procédures de la rationalité néolibérale. Dans ce cadre, les réseaux transnationaux chinois jouent un rôle déterminant dans la production d’une « gouvernementalité néolibérale par les marges » qui permet à l’État central lao de réaffirmer son hégémonie sur la société. La thèse est en ligne : Volume I : http://dl.dropbox.com/u/14787881/Th%C3%A8se%20D anielle%20TAN_Vol%20I.pdf Volume II : http://dl.dropbox.com/u/14787881/Th%C3%A8se_Dan ielle%20TAN_Vol%20II.pdf Truong Hoang TRUONG, Etude sociologique des quartiers périphériques de Ho Chi Minh ville. Approche monographique de Ba Diem (Hoc Mon) et Vinh Loc A (Binh Chanh), Université de Provence (ED 355 Espaces, Cultures et Sociétés), thèse de doctorat de sociologie, dir. Trinh Van Thao, soutenue le 8 juillet 2010 ([email protected]). Il s’agit d’une étude sociologique du procès d’urbanisation d’une mégapole en Asie du Sud-Est à partir de sa périphérie. Les sites sélectionnés pour les besoins de comparaison sont la commune de Bà Diêm (district de Hóc Môn) et la commune de Vinh Lôc A (district de Bình Chánh). Et dans le même esprit, la période choisie entre 1997 et 2007 permet d’évaluer les changements intervenus entre ces deux repères. Au moyen d’un questionnaire portant sur trois cents foyers répartis à égalité entre les deux communes et des entretiens semi directifs, l’auteur tente de montrer les effets de l’urbanisation sur le mode de production et les conditions de vie d’une population de périurbains de Ho Chi Minh ville. A côté des points positifs apportés par l’urbanisme, on constate aussi de nouveaux problèmes auxquels s’est confrontée la population comme la reconversion professionnelle, le passage de condition paysanne au mode de production industriel et à la culture urbaine. Il en est de même en ce qui concerne le mode de vie, les relations de voisinage, la parenté et les nouvelles formes de sociabilité. A travers l’étude de terrain sur Bà Diêm et Vinh Lôc A, on espère dégager les principales caractéristiques de la ville et ses prolongements dans l’avenir. [email protected] Hiver 2011-printemps 2012 Lettre Afrase n° 79-80 53 7ème congrès de l’eUroseAs LISBoNNE, 2-5 JUILLET 2013 aPPEL à CoNSTiTUTioN dE PaNELS ET aPPEL à CoNTRiBUTioNS L’organisateur et l’hôte du prochain congrès de l’Euroseas sera l’institut Supérieur des Sciences Sociales et Politiques de l’Université Technique de Lisbonne (iSCSP/UTL). • CoNSTiTUTioNS dE PaNEL (CaLL FoR PaNELS) La date limite d’envoi des propositions de panels est repoussée au 31 mai 2012. Les soumissions doivent être adressées à : http://www.euroseas.org/platform/en/content/[email protected] [email protected] en utilisant le formulaire de demande disponible à l’URL : http://www.euroseas.org/platform/files/euroseas_panel_proposal_form_1.pdf Comme lors des précédents congrès, le Bureau de l’Euroseas et l’organisateur du congrès encouragent vivement les responsables de panels à inviter des collègues de différentes institutions afin de garantir la coopération internationale - véritable « marque de fabrique » de notre association. Les jeunes chercheurs sont encouragés à proposer des ateliers. Les soumissions se font exclusivement en anglais. Le comité de sélection, en coopération avec les coordinateurs de panels, s’efforcera d’assurer la pluridisciplinarité et la cohérence thématique des ateliers. Le Bureau de l’Euroseas se réunira à Porto du 22 au 24 juin 2012 et sélectionnera à cette occasion les ateliers. La liste des ateliers retenus sera rendue publique au plus tard le 31 juillet 2012. (CaLL FoR PaPERS) •LesCoNTRiBUTioNS coordinateurs de panels sont devront faire circuler leur propre appel à participation d’août à octobre 2012. Chaque panel doit accueillir entre 6 et 8 papiers. Les coordinateurs de panels devront adresser aux organisateurs du congrès la liste des participants à leur atelier et les résumés de leurs communications au plus tard le 15 décembre 2012. PoSSiBiLiTéS •LeaUTRES Bureau de l’Euroseas envisage d’offrir d’autres possibilités en dehors des ateliers formels, comme : 1. Mise à disposition de salles pour les réunions, les discussions ou les projections suivies de débats débats (“Speakers corner”) 2. Espace de présentation de posters 3. Enfin, la projection de films ou l’organisation de concert ou autres spectacles peuvent être envisagés si un nombre suffisant de participants se montrent intéressés. Les propositions doivent être adressées au Bureau de l’Euroseas avant le 31 juillet 2012. PoUR dE PLUS aMPLES iNFoRMaTioNS allez sur le site de l’Euroseas : http://www.euroseas.org/platform/en/content/7th-euroseas-conference-call-for-panels ou écrivez à http://www.euroseas.org/platform/en/content/[email protected] [email protected]