Trois nuits avec Madox

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Le deuxième tilleul à gauche Document pédagogique
Trois nuits avec Madox de Matéï Visniec Présentée par La Trâlée et Premier Acte Au bar L’Autre Zone Du 29 septembre au 10 octobre 2015* * Représentation en après-­‐midi seulement le 10 octobre Du 29 septembre au 10 octobre – Pub L’Autre Zone La Trâlée, Premier Acte 1/
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Pourquoi monter Visniec? Une folie collective qui grandit, une folie créée par les mensonges des protagonistes. Un délire dicté par la volonté de paraître plus vivant qu’on ne l’est, et de trouver l’armure pour faire face aux autres qui nous donnera l’impression d’exister. Un cercle vicieux qui entraîne les personnages à perdre leurs repères et à inventer l’impossible, le surnaturel. Les textes de Matéï Visniec sont ludiques, drôles, irrévérencieux, mais tragiques aussi. Ils témoignent d’humains en déroute, laissés sans repère, sans sens. Les textes Trois nuits avec Madox et Le deuxième tilleul à gauche mettent en scène des êtres qui cherchent un sens à leur vie comme bon nombre de textes nous venant du mouvement de l’absurde. Ils portent une vision exagérée de notre société, mais projettent quand même à travers cette loupe grossissante le reflet de notre réalité. Par ces deux œuvres théâtrales, l'auteur souhaite se moquer des travers que nous recréons tous, à notre façon, pour embellir notre existence. Un texte d'une grande humanité, rappelant l'univers beckettien et montrant l'homme dans toute la beauté de sa vacuité et de son désir de plaire. Au centre de ce diptyque de Visniec, on aborde des thèmes chers au mouvement de l’absurde : l’isolement, l’incommunicabilité entre les êtres, la recherche de sens dans l’illogisme et la tentative de réduction des êtres à des archétypes. Trois nuits avec Madox en résumé Un bar en bordure de mer. Le tenancier, Bruno, reçoit la visite de Grubi, le gardien du phare. Les deux hommes discutent de la pluie et du mauvais temps, puis en viennent à parler de l'étranger qui réside à la pension de Bruno, Du 29 septembre au 10 octobre – Pub L’Autre Zone La Trâlée, Premier Acte 2/
6 ----------------- Trois nuits avec Madox ---------------- juste au-­‐dessus du bar. Grubi raconte la nuit qu'il a passé dans son phare à jouer aux dés avec l'homme. Mais voici que Bruno soutient lui aussi avoir passé la nuit à jouer aux dards avec le même individu. Se joignent à eux Clara la prostituée, César le chauffeur de taxi et Njiami le balayeur de rue, tous jurant avoir passé les trois dernières nuits avec le même homme. Plus l'enquête avance, plus les témoignages semblent concorder. Devant l'incompréhension de la situation, la colère monte. L'heure de la vengeance sonne. Ne reculant devant rien, ils décident de prendre les armes et d'affronter l'étranger. Ce qu'ils découvriront dépassera tout ce qu'ils auraient pu imaginer. Qui est Madox? Grand absent de la pièce, Madox est le personnage qui anime tous les autres, mais qu’on ne voit jamais. Il incarne pour chacun des cinq personnages qui traînent au bar de Bruno des désirs et des rêves différents. Pour Bruno, il est tout d’abord son client, la preuve que son commerce vit toujours sous le signe de la prospérité et que sa rigueur au travail n’est pas vaine. Pour Grubi, le gardien de phare isolé, il est la présence réconfortante, le compagnon des longues nuits de veille. Pour César, le jeune chauffeur de taxi, il est le joyeux luron, le gaillard, le partenaire de fête qu’il attendait. Pour Clara, la fille de mauvaise réputation, il est le prince charmant qui lui redonne sa dignité et lui permettra enfin de quitter son indigence. Finalement, pour Njiami, l’immigrant, Madox est le nouvel étranger, le dernier arrivé, celui qui lui donne l’impression d’être plus intégré. Au final, Madox est pour tout un chacun ce qui les rend plus intéressants aux yeux des autres, plus forts, mais aussi par le fait même celui qui révèle leurs vulnérabilités. Le deuxième tilleul à gauche La présentationde Trois nuits avec Madox est précédée d’une courte pièce d’environ 15 minutes opposant deux femmes et deux hommes qui s’observent à distance. Une des femmes démontre à son amie, dans une chorégraphie d’une grande précision, le pouvoir qu’elle possède sur un homme qui passe devant sa fenêtre à la même heure, tous les jours, et ce, depuis dix ans. S’ensuit la réponse des hommes, étrangement forgée sur le même discours. Le communiste de Ceauşescu Vişniec naît en Roumanie communiste en 1956. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les tanks soviétiques y ont imposé l’annexion de son pays à l’U.R.S.S. En 1965, avec l’arrivée au pouvoir de Nicolae Ceauşescu, le régime deviendra de plus en plus autoritaire. Le nouveau chef imposera, pendant son règne, une dimension nationaliste au communiste en Roumanie en dictant un culte de la personnalité et en Du 29 septembre au 10 octobre – Pub L’Autre Zone La Trâlée, Premier Acte 3/
6 Matéï Visniec ----------------- Trois nuits avec Madox ---------------- opérant, auprès des artistes et des intellectuels, une censure sans merci. Il se fait appeler par le peuple le Conducător, le génie des Carpates ou le Danube de la pensée. Lorsque Herta Müller, romancière roumaine récompensée du prix Nobel, évoque le climat social qui régnait lors des années Ceauşescu, elle conclut que sous les régimes totalitaires, les êtres humains Matéï Visniecatmosphère deviennent des îles, que la méfiance générale brise tout le tissu social. C’est dans cette que Vişniec se lance dans l’écriture poétique en 1972. Il se mettra à l’écriture dramatique dès 1977. Il fait partie de ce qu’on appelle en Roumanie la « génération 80 », un groupe d’auteurs qui propose une résistance à l’obscurantisme par l’écriture. Ces auteurs ont développé le mouvement du textualisme qui annonce un nouveau pacte avec le réel. Contrairement au réalisme socialiste imposé par le parti, la « génération 80 » combat l’oppression par la prolifération des libertés textuelles et des possibilités de l’imagination, des valeurs qui sont très proches du mouvement de l’absurde. D’ailleurs, Ionesco, un des auteurs emblématiques du théâtre de l’absurde est un Roumain dont les textes seront bannis pendant les années communistes. Même si les textes de Vişniec circulent en Roumanie, il est interdit de les jouer. En 1987, il devient auteur banni et demande l’exil politique à la France, soit deux ans avant la chute du régime et l’exécution de son chef et de son épouse. Depuis le démantèlement de l’U.R.S.S., il est l’auteur roumain le plus joué de par le monde. Scénographie : In situ, steampunk et film noir L’idée de monter des œuvres théâtrales dans un lieu autre que les salles de théâtre prend tranquillement sa place à Québec. Cette volonté d’aller vers les spectateurs, plutôt que d’attendre qu’ils viennent au théâtre, est un des meilleurs moyens pour renouveler le public. En montant ce texte de Visniec dans un bar, nous souhaitons participer à ce mouvement du milieu théâtral vers la collectivité. Après avoir pressenti plusieurs bars de Québec, nous sommes tombés sur cette perle qui se cachait dans le quartier Limoilou. L’Autre Zone nous a non seulement manifesté un intérêt sincère mais nous a également ouvert ses portes et accueilli d’une façon extraordinaire. Le lieu répondait en tout point aux besoins du texte. Il ne s’agissait donc plus d’adapter le lieu à nos attentes, mais plutôt de l’utiliser pour faire respirer en lui-­‐même le texte, et le magnifier. Notre première série de représentations en 2014 nous a confirmé la pertinence de ce projet. Lors que nous avons répété dans le lieu les mois précédents, les employés du bar étaient intrigués de voir le résultat de ce qui se tramait au deuxième étage. Une fois les représentations commencées, leur enthousiasme a été si grand qu’ils conseillaient à toute la clientèle habituelle du bar de monter nous voir. Le texte venait de prendre tout son sens devant ce public intimement lié au sujet. Le fait d’intégrer un nouveau milieu de façon organique sans jamais le dénaturer, mais plutôt en se servant entièrement de son espace, nous associe à un courant théâtral appelé «théâtre de l’environnement», développé, en particulier, par Peter Brook. L’esthétique que nous avons choisi de développer dans le décor s’inspire du mouvement steampunk. Ce mouvement déploie ses couleurs par la mise en valeur de la machinerie de l’époque industrielle fin XIXe siècle. Le nom vient de ces fameuses machines à vapeur développées lors de cette révolution qui a émergé Du 29 septembre au 10 octobre – Pub L’Autre Zone La Trâlée, Premier Acte 4/
6 ----------------- Trois nuits avec Madox ---------------- au cours de la Belle Époque ou encore de l’époque victorienne. Dans le décor, on retrouve son influence dans la présence de tuyaux, d’engrenages, d’horloges, de chaînes métalliques et de différentes grosseurs de cadres de bois. Les costumes, eux, sont travaillés dans des couleurs neutres rappelant des photos sépia du début du siècle. Le beige, le noir, le brun, le blanc cassé sont donc privilégiés. Beaucoup d’accessoires comme des chapeaux, des fume-­‐cigarettes, des bretelles et des valises viennent accentuer ce style. Ces êtres en décalage les uns avec les autres, qui se côtoient par la force des choses, qui se toisent et enquêtent, nous ont également inspiré l’ambiance des films noirs des années 1940. L’esthétique du steampunk nous permettait de recouper cet univers autant avec certains accessoires qu'avecles costumes ou la palette de couleurs du travail scénographique. De plus, pour accentuer cette référence, nous avons fait appel à un travail d’ombres et de contrastes avec la lumière et à une trame sonore aux accents inquiétants, imaginée par notre concepteur sonore Alexandre Martel. Trois nuits avec Madox Théâtrographie de Matéï Visniec § Du pain plein les poches, Éditions du Pli Urgent, 1984, trad. Virgil Tanase § Le dernier Godot, Cosmogone, 1996, trad. Gabrielle Ionesco § Petits boulots pour vieux clowns, Crater, 1995, trad. Claire Jeq § Les partitions frauduleuses, Crater, 1995 § Trois nuits avec Madox, Lansman, 1995, aide de la fondation Beaumarchais § Les chevaux à la fenêtre, Crater, 1996 § Le théâtre décomposé ou L’homme poubelle, L’Harmattan, 1996, Prix 1993 du « Théâtre Vivant » de RFI § L'Histoire des ours pandas racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort, Du 29 septembre au 10 octobre – Pub L’Autre Zone La Trâlée, Premier Acte 5/
6 ----------------- Trois nuits avec Madox ----------------Cosmogone, 1996 §
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Comment pourrais-­‐je être un oiseau ?, Crater, 1997 Paparazzi ou L a chronique d’un lever de soleil avorté, Actes Sud – Papiers, 1997 La femme comme champ de bataille, Actes Sud – Papiers, 1997 Lettres aux arbres et aux nuages, Actes Sud – Papiers, 1997 Mais qu'est-­‐ce qu'on fait du violoncelle ?, Crater, 1999 L’histoire du communisme racontée aux malades mentaux, Lansman, 2000 Le roi, le rat et le fou du roi, Lansman, 2002 Attention aux vieilles dames rongées par la solitude, Lansman, 2004 L'araignée dans la plaie suivi du Deuxième tilleul à gauche, Actes Sud – Papiers, 2004 in Du pain plein les poches et autres pièces courtes Mais, maman, ils nous racontent au deuxième acte ce qui s'est passé au premier, l'Espace d'un instant, 2004 Richard III n'aura pas lieu, Lansman, 2005 La femme cible et ses dix amants, Lansman, 2005 La machine Tchekhov, Lansman, 2005 Le spectateur condamné à mort, l'Espace d'un instant, 2006 Le mot progrès dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux, Lansman, 2007 Les détours Cioran ou Mansarde à Paris avec vue sur la mort, Lansman, 2008 Enquête sur la disparition d'un nain de jardin, Lansman, 2004, avec le soutien du Théâtre de la Digue à Toulouse La vieille dame qui fabrique 37 cocktails molotov par jour, Éditions Écritures Théâtrales Grand Sud-­‐
Ouest, 2009. (Mis en scène par Laetitia Mazzoleni pour la Cie On est pas là pour se faire engueuler) De la sensation d'élasticité lorsqu'on marche sur des cadavres, Lansman, 2010 Lettres d’amour à une princesse chinoise et autres pièces courtes, Actes Sud, 2012 Du 29 septembre au 10 octobre – Pub L’Autre Zone La Trâlée, Premier Acte 6/
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