LE COUPLE MIXTE A TRAVERS LA LITTÉRATURE AFRICAINE D

Transcription

LE COUPLE MIXTE A TRAVERS LA LITTÉRATURE AFRICAINE D
Université de Khartoum
Faculté des Lettres
Département de Français
LE COUPLE MIXTE A TRAVERS LA
LITTÉRATURE AFRICAINE
D'EXPRESSION FRANÇAISE
L'ÉCHEC ET LA RÉUSSITE
Mémoire Présenté en vue de l'Obtention de la maîtrise en
Littérature africaine d'expression française
Présenté par:
Wissal Mohammed Elsayed Ibrahim
Sous la direction de:
Dr. Viviane Amina YAGI
Khartoum, Janvier 2004
‫ﺑﺴﻢ اﷲ اﻟﺮﺣﻤﻦ اﻟﺮﺣﻴﻢ‬
‫اﻟﺨـﻼﺻـﺔ‬
‫ﻴﻌﺘﺒﺭ ﻤﻭﻀﻭﻉ ﺍﻟﺯﻭﺍﺝ ﺒﻴﻥ ﺠﻨﺴﻴﺎﺕ ﻭﻋﺭﻗﻴﺎﺕ ﻤﺘﺒﺎﻴﻨﺔ ﻤﺤﻜﹰﺎ ﺭﺌﻴـﺴﻴﹰﺎ ﻻﺨﺘﺒـﺎﺭ‬
‫ﺇﻤﻜﺎﻨﻴﺔ ﺍﻟﺘﻔﺎﻋل ﻭﺍﻟﺘﻨﺎﻏﻡ ﺒﻴﻥ ﺍﻟﺜﻘﺎﻓﺎﺕ ﺍﻟﻤﺘﻌﺩﺩﺓ ﻭﺍﻟﻨﻅﺭﺓ ﺇﻟﻴﻪ ﻤﻥ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺠﺎﻨﺏ ﺘﺜﺭﻱ ﻤـﺎﺩﺓ‬
‫ﺍﻟﺒﺤﺙ ﻟﻠﻤﻬﺘﻤﻴﻥ ﺒﻬﺫﺍ ﺍﻟﻤﻭﻀﻭﻉ ﻭﺫﻟﻙ ﻟﺘﻌﺩﺩ ﺃﻭﺠﻪ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﺤﻀﺎﺭﺍﺕ ﻭﺍﺨﺘﻼﻑ ﻤﺘﻐﻴﺭﺍﺘﻬﺎ‪.‬‬
‫ﻭﺍﻷﺩﺏ ﺒﺎﻋﺘﺒﺎﺭﻩ ﺍﺒﻨﹰﺎ ﻟﺒﻴﺌﺘﺔ ﺃﻓﺎﺩ ﻜﺜﻴﺭﹰﺍ ﻓﻲ ﺘﻔﺴﻴﺭ ﺍﻟﻅﻭﺍﻫﺭ ﺍﻟﻤﺘﻌﻠﻘﺔ ﺒﺎﻟﺯﻭﺍﺝ ﺒـﻴﻥ‬
‫ﺍﻟﺠﻨﺴﻴﺎﺕ ﺍﻟﻤﺨﺘﻠﻔﺔ ﻭﺍﺴﺘﻔﺎﺩ ﺒﺎﻟﻤﻘﺎﺒل ﻤﻥ ﻤﺎﺩﺓ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﻤﻭﻀﻭﻉ ﻭﺍﻟﺘـﻲ ﻻ ﺘـﺯﺍل ﻤـﺼﺩﺭﹰﺍ‬
‫ﻤﺘﺠﺩﺩﹰﺍ ﻹﻟﻬﺎﻡ ﺍﻟﻜﺘﺎﺏ‪.‬‬
‫ﻴﺘﻨﺎﻭل ﺍﻟﺒﺤﺙ ﺒﺎﻟﻌﺭﺽ ﻭﺍﻟﺘﺤﻠﻴل ﻅﺎﻫﺭﺓ "ﺯﻭﺍﺝ ﺍﻷﺠﺎﻨﺏ" ﻓـﻲ ﺍﻷﺩﺏ ﺍﻹﻓﺭﻴﻘـﻲ‬
‫ﺍﻟﻨﺎﻁﻕ ﺒﺎﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻔﺭﻨﺴﻴﺔ ﻤﻥ ﺨﻼل ﺃﺭﺒﻊ ﺭﻭﺍﻴﺎﺕ ﺘﻤﺜل ﺍﺜﻨﺘﻴﻥ ﻤﻨﻬﺎ ﺍﻟﻔـﺸل ﻭﻫـﻲ ﺭﻭﺍﻴـﺔ‬
‫ﺍﻟﻜﺎﺘﺒﺔ ﺍﻟﺴﻨﻐﺎﻟﻴﺔ ﻤﺭﻴﺎﻤـﺎ ﺒـﺎ ‪" Mariama Bâ‬ﺍﻷﻨـﺸﻭﺩﺓ ﺍﻷﺭﺠﻭﺍﻨﻴـﺔ‬
‫‪un chant‬‬
‫‪ "écarlate‬ﻭﺭﻭﺍﻴﺔ ﺍﻟﻜﺎﺘﺏ ﺍﻟﻔﺭﻨﺴﻲ ﺃﻟﺒﺭ ﻤﻴﻤﻲ "‪" "Albert Memmi‬ﻫﺎﺠﺭ ‪."Agar‬‬
‫ﺒﻴﻨﻤﺎ ﻤﺜل ﺍﻟﻨﺠﺎﺡ ﺭﻭﺍﻴﺔ ﺍﻟﻜﺎﺘﺏ ﺍﻟﺴﻨﻐﺎﻟﻲ ﺴﻤﺒﻥ ﻋﺜﻤﺎﻥ ‪Sembéne Ousmane‬‬
‫"ﻭﻁﻨﻲ ﻭﻴﺎ ﺸﻌﺒﻲ ﺍﻟﺠﻤﻴل ‪ "ô pays mon beau peuple‬ﻭﺭﻭﺍﻴﺔ ﺍﻟﻜﺎﺘـﺏ ﺍﻟﺠﺯﺍﺌـﺭﻱ‬
‫"ﻤﻭﻟﻭﺩ ﻓﺭﻋﻭﻥ ‪" "Mouloud Feraoun‬ﺍﻷﺭﺽ ﻭﺍﻟﺩﻡ ‪."la terre et le sang‬‬
‫ﺘﻨﻘل ﺍﻟﻌﺭﺽ ﺒﻴﻥ ﻤﺠﺘﻤﻌﺎﺕ ﻤﺨﺘﻠﻔﺔ ﻓﺎﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﺍﻹﻓﺭﻴﻘﻲ ﺫﻭ ﺍﻟﻤـﻭﺭﻭﺙ ﺍﻟﺜﻘـﺎﻓﻲ‬
‫ﺍﻟﻤﺘﻤﺎﺴﻙ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﺭﻏﻡ ﻤﻥ ﺍﻨﻔﺘﺎﺤﻪ ﻴﺘﻤﻴﺯ ﺒﺎﻨﺘﻤﺎﺀ ﺃﺒﻨﺎﺀﻩ ﺇﻟﻴﻪ ﺒﺼﻭﺭﺓ ﻗﺩ ﺘﻌﻭﻕ ﺘﻘﺒل ﺍﻟﻭﺍﻓﺩ‪.‬‬
‫ﺃﻤﺎ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﺍﻟﻴﻬﻭﺩﻱ ﻓﻬﻭ ﺫﻭ ﺒﻨﺎﺀ ﻨﻔﺴﻲ ﻤﺼﻤﺕ ﻴﺨﺸﻲ ﻜل ﻤﺎ ﻫﻭ ﺠﺩﻴﺩ ﻭﻏﻴﺭ ﻤﺄﻟﻭﻑ‪.‬‬
‫ﻭﻤﻤﺎ ﺨﻠﺼﻨﺎ ﺇﻟﻴﻪ ﻴﻤﻜﻥ ﺍﻟﻘﻭل ﺒﺎﻥ ﺍﻟﻌﺎﻤل ﺍﻟﺭﺌﻴﺴﻲ ﻓﻲ ﺘﺤﺩﻴﺩ ﻤﺴﺎﺭ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﻨﻭﻉ ﻤﻥ‬
‫ﺍﻟﻌﻼﻗﺎﺕ ﻭﺍﻟﻭﺼﻭل ﺒﻬﺎ ﺇﻟﻲ ﻏﺎﻴﺎﺘﻬﺎ ﻤﺘﻌﻠـﻕ ﻓـﻲ ﻤﻌﻅـﻡ ﺍﻷﺤﻴـﺎﻥ ﺒﺎﻟﻨـﺴﻴﺞ ﺍﻟﺜﻘـﺎﻓﻲ‬
‫ﻭﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻲ ﻭﺍﻟﺫﻱ ﺘﺨﺘﻠﻑ ﺩﺭﺠﺔ ﺘﻘﺒﻠﻪ ﻟﻠﻭﺍﻓﺩ‪ .‬ﻭﻴﻤﻜﻨﻨﺎ ﻜﺫﻟﻙ ﺍﻟﻘﻭل ﺒﺈﻤﻜﺎﻨﻴﺔ ﻨﺠﺎﺡ ﻫـﺫﻩ‬
‫ﺍﻟﺭﺍﺒﻁﺔ ﻜﻔﺎﺘﺤﺔ ﻟﻠﺘﻤﺎﺯﺝ ﺒﻴﻥ ﺍﻟﺜﻘﺎﻓﺎﺕ ﻭﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻌﺎﺕ ﺍﻟﻤﺨﺘﻠﻔﺔ ﺇﺫﺍ ﺘﻡ ﺍﻟﺘﻌﺎﻤل ﻤﻊ ﺍﻟﻁـﺭﻑ‬
‫ﺍﻷﻭل ﻜﻜﻴﺎﻥ ﻤﺨﺘﻠﻑ ﺫﻭ ﺇﺭﺙ ﺜﻘﺎﻓﻲ ﻭﺩﻴﻨﻲ ﻭﺤﻀﺎﺭﻱ ﻤﻜﻤل ﻭﻤﺘﻤﻡ ﻟﻠﻁﺭﻑ ﺍﻟﺜﺎﻨﻲ‪ .‬ﺃﻤـﺎ‬
‫ﺍﻟﺘﻌﺼﺏ ﻟﻠﺫﺍﺕ ﻭﺍﻟﻨﻅﺭﺓ ﺍﻟﺩﻭﻨﻴﺔ ﻟﺜﻘﺎﻓﺔ ﺍﻟﻐﻴﺭ ﻓﻼ ﻴﻤﻜﻥ ﺇﻻ ﺃﻥ ﺘﻜﻭﻥ ﺫﺍﺕ ﺁﺜـﺎﺭ ﺸـﺩﻴﺩﺓ‬
‫ﺍﻟﺴﻠﺒﻴﺔ ﻋﻠﻰ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﻨﻭﺍﺓ ﻭﺒﺎﻟﺘﺎﻟﻲ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ‪.‬‬
‫‪I‬‬
Dédicace
• A mes parents Mohammed et Fayza.
• A mes frères et Sœurs.
• A mes chers professeurs.
• A mes amis
Je dédie cette recherche
II
Remerciements
Je remercie vivement Dr. Madame Amina Viviane Yagi
la directrice de ce travail pour la qualité de patience et l'esprit
de coopération qu'elle a éprouvée en dirigeant ce travail, et
pour la mise en disposition de sa bibliothèque personnelle à
mon service et au service de tout étudiant et chercheur.
Qu'elle veuille trouver ici l'expression de mes
remerciements les plus distingués.
Je remercie beaucoup Monsieur Patrick THIRIOUX
l'attaché linguistique et le directeur de l'An tenne universitaire
de C.C.F. d'avoir corrigé le mémoire.
Je tiens à remercier également Mademoiselle Nadra Al
Fadil pour son aide efficace, aussi que tous ceux qui m'ont
aidée à accomplir ce travail.
III
Introduction
Le mariage mixte est un thème qui a enrichi la littérature de
toutes les langues depuis l’aube de l'art de l’écriture. Ce thème est
riche parce qu’il s’inspire des différences entre les civilisations et les
cultures des peuple.
Ces différences créent la tolérance de l'autre ou le conflit qui
marque les relations inter - culturelles la plupart de temps.
* Relations inter – culturelles, Risquez l’ouverture ou le (plus)
de la coopération ??
Les relations interculturelles, y compris le mariage mixte, ne
peuvent pas reculer dans un temps qui accélère la rencontre des
cultures et des civilisations parce qu’aujourd’hui plus que jamais les
moyens de communication, favorisés par le développement des
sciences technologiques nous mettent en contact avec tous les coins
du monde même les plus reculés et le phénomène d’acculturation
devient une réalité présente avec laquelle tout le monde doit
s’adapter. Alors, c’est une rencontre inévitable. (je suis homme et
rien d’humain ne m’est étranger) disait déjà Térence dans l’antiquité.
(1)
« Ô hommes ! nous vous avons crées d’un mâl et d’une
femelle et nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que
vous vous entre – connaissiez. Le plus noble d’entre vous auprès de
Dieu est le plus pieux. Dieu est certes omniscient et Grand –
Connaisseur. »
1
- Le Saint Coran, les appartements – v. 13.
2
Si tu diffère de moi, est ce que tu m’enrichis ?
D’un côté, la différence, c’est, sans doute, une richesse qu’on
doit conserver pour ne pas perdre le goût de la diversité qui donne
harmonieusement des couleurs différentes au monde. D'un autre
côté l’inter – culturalité doit reconnaître à chaque groupe social, son
identité unique et spécifique en même temps que d’avoir le droit de
se laisser féconder par d’autres cultures.
Le mariage mixte l’échec ou la réussite ??
En essayant d’attirer l’attention sur les facteurs qui causent
l’échec ou la réussite, on met l’accent sur les point forts et les points
faibles dans une union inter – culturelle:A) A travers la littérature africaine d’expression française :
- « Un chant écarlate » de Mariama Bâ > (cas d’échec).
- « Ô pays mon beau peuple» de Sembène Ousmane (cas de
réussite).
B) A travers la littérature maghrébine de langue française :
- "Agar" d’Albert Memmi "cas d’échec"
- "La terre et le sang" de Mouloud Féraoun "cas de réussite".
* Organisation du travail :
Dans le premier chapitre nous commençons par une définition
de la littérature maghrébine suivi d’un aperçu historique, puis nous
parlons précisément de la littérature Algérienne et Tunisienne en
parlant des auteurs des deux romans, Mouloud Feraoun et Albert
Memmi.
3
Nous parlons également de la littérature africaine d’expression
française surtout la littérature sénégalaise, en donnant comme
modèle d’écrivain nos deux auteurs Mariama Bâ et Sembène
Ousmane.
Le deuxième chapitre présente un résumé et un commentaire
pour les deux romans africains qui abordent le sujet du mariage
mixte en passant par les facteurs qui causent l’échec dans « Un chant
écarlate » et la grande réussite dans. « Ô pays mon beau peuple ».
Quant au troisième chapitre, il parle du mariage mixte dans la
littérature maghrébine à travers deux romans, algérien (la terre et la
Sang) de Mouloud Feraoun, et tunisien (Agar) d’Albert Memmi,
avec une analyse de deux expériences.
Le quatrième chapitre est consacré à la synthèse qui essaye de
donner une réponse à la question pourquoi l’échec, ou pourquoi la
réussite ??
Nous espérons que ce modeste effort sera utile pour les
étudiants et les chercheurs sur le sujet.
4
CHAPITRE I
LITTERATURE AFRICAINE
D'EXPRESSION FRANÇAISE,
ET
QUELQUES AUTEURS
5
1- 1 Littérature Maghrébine
1-1-1 Définition:
Le mot arabe Maghreb désigne l’Occident, puis en particulier
l’Afrique du nord.
Par littérature maghrébine, nous entendons celle provenant de
la Tunisie, de l’Algérie, du Maroc et dont les auteurs sont issus des
sociétés arabo-berbères, juives ou européennes.
1-1-2 Aperçu Historique:
La littérature maghrébine proprement dite est née après la
deuxième guerre mondiale. Avant, la littérature dite maghrébine était
en réalité celle des français installés en Afrique du nord qui y étaient
nés ou qui y avaient séjourné quelque temps.
Les premiers écrivains implantés en Afrique du nord ont fait
de leurs œuvres volontairement ou involontairement des documents
tendant à exalter les valeurs et les mérites de la colonisation.
L’Afrique chez les écrivains des premières générations était un
objet de défense du colonialisme qui se transformait dans un objet de
recherche chez les successeurs pour mieux comprendre l’autre.
Après la deuxième guerre mondiale, on voit apparaître des
écrivains dont les œuvres étaient en fait une description des milieux
européens en Algérie, populaires ou petits bourgeois.
6
Après la guerre d’Algérie, Certains écrivains ont changé de
rôle pour se méfier de la colonisation comme Jules Roy et Jean
Pélagri.(1)
Quant à la littérature maghrébine, elle a commencé à voir le
jour aux environs de 1945. A partir de cette date, elle est liée aux
mouvements nationalistes. Les écrivains maghrébins dénoncent
l’injustice, la discrimination et l’intolérance.
1
- DEJEUX, Jean, littérature maghrébine de langue française,
7
1-2 La littérature Algérienne
1-2-1: La Naissance:
La naissance de cette littérature maghrébine a suscité des
réactions très vives d’un côté à l’autre.
Les Français eux-mêmes pour la plupart se demandent que
pouvait-il sortir du milieu indigène ? ces gens-là n’étaient pas
capables de penser. D’autres, sont plus optimistes, ils peuvent
remarquer une assimilation et une contribution vive dans le
développement de la langue française.
Quant aux maghrébins, ils se divisent en deux groupes : le
premier croit que cette littérature produite par des gens qui sont
habitués à se voir inférieurs par rapport au colonisateur, ne peut être
que de second rang. L’autre groupe pense que ces écrivains de
littérature maghrébine ne pouvaient pas servir le mouvement
national parce qu’ils se servent de la langue du colonisateur, ou
parce qu’ils ont obtenu des prix étrangers, ou pour le fait que leurs
œuvres sont appréciées en France, alors, ils sont rejetés par les
nationalistes.
1-2-2 Pourquoi la littérature maghrébine se distingue-t-elle de
celle des Français qui sont nés en Algérie ?
Parce que l’Algérie représente surtout une terre de sensation
nouvelle, de conquête chez les écrivains touristes qui sont venus y
chercher l’aventure, alors, elle reste comme le notait Pierre Martino
"Littérature exotique, faite de clichés sur le désert, les colons, les
8
spahis ou les caïds, littérature de carte postale. Malgré cependant,
ici et là des pages terribles quand on les relit aujourd’hui, ou
certaines descriptions qui ne manquent ni de finesse ni de
l’observation."1
Mouloud Feraoun est un des écrivains bien connus parmis les
écrivains algériens de langue française, il était aussi un des écrivain
qui ont connu l'intégration de près, il a été assassiné avant
d'accomplir sa mission d'écrivain engagé.
1
- MARTINO, Pierre, cité par DEJEUX J., Littérature maghrébine de langue française. P.14.
9
1-3 Mouloud Feraoun
1-3-1 Indications biobibliographiques :
Mouloud Feraoun est l’un des plus connus parmi les écrivains
maghrébins de langue française.
Né le 8 mars 1913 à Tizi-Hibel, près de Tagmount Azouz en
Grande Kabylie. Mouloud Feraoun était fils de paysans, son vrai
nom de famille est Aït Chaâbane. Son père travaille à Gafsa, Bône,
Constantine et part en France à Lens en 1910 où il était mineur. Il
fait une vingtaine de voyages, le dernier en 1927-1928, où il meurt
dans un accident. Cet homme courageux avait fait à pied le trajet de
Tizi-Hibel à Tunis.
Dans son premier roman ‘Le fils du pauvre’, Mouloud Feraoun
a raconté une grande partie de son enfance. A sept ans, il entra à
l’école de Taourirt-Moussa à deux kilomètres de Tizi-Hibel. Grâce à
une bourse d’enseignement, Mouloud peut étudier au Collège de
Tizi-Ouzou, il était pensionnaire de la mission Rolland dans la même
ville. Puis, il entra à l’école normale de Bousaréa "Alger" où il
collabora à une modeste revue ‘Le profane’ dont le directeur est
Emmanuel Roblès.
En 1945, Mouloud Feraoun a été nommé instituteur d’abord
dans son village natal puis à Taourirt-Moussa en 1946. Il devient
ensuite, en 1952, directeur du cours complémentaire de Fort-national
"Larbaa-Nath-Iraten" avant de prendre la direction de l’école au
Clos-Salembien à Alger.
10
Il entra en 1960 dans le service des centres sociaux fondés en
1955 par Germaine Tillion, dans l’objectif d’éduquer les citoyens
algériens des milieux défavorisés.
Mouloud Feraoun a été lâchement assassiné avec deux
algériens et trois français lors d’une réunion à laquelle devait
participer le Commissaire Général à la jeunesse et aux sports. Son
assassinat a attiré l’attention publique davantage sur son œuvre et sa
personnalité, surtout son premier roman ‘le fils du pauvre’ qui était
sans doute l’ouvrage le plus lu du courant littéraire nord-africain. Il
demeura comme un témoignage de valeur dans la société algérienne,
il a été mis au programme d’enseignement du français.
Le seul crime de Mouloud Feraoun, le romancier assassiné
était de
"*"
‘vouloir l’homme libre, fier de décliner son vrai nom,
heureux d’avoir sa patrie et confiant dans un avenir où le fils du
pauvre quel qu’il soit peut avoir sa chance d’accomplir une grande
destinée.’ Feraoun était marié à sa cousine ‘Dehbia’ et il avait 7
enfants.
1-3-2 L’œuvre de Feraoun :
Trois romans :
‘Le fils du pauvre’
Commencé en avril 1939 pendant les vacances de Pâques, il
parait en 1950 aux Cahiers de Nouveau Humanisme, et a été réédité
en 1954 aux éditions de Seuil.
*
Le Monde 17 mars 1962.
11
‘La terre et le sang’,
Parait au Seuil en 1953 et obtient le prix populiste, alors que le
fils du pauvre obtient le grand prix littéraire de la ville d’Alger en
décembre 1950.
‘les chemins qui montent’
Troisième roman, parait aussi au Seuil en 1968.
Un roman inachevé ‘l’Anniversaire’ 1961.
Deux traductions des poèmes de Si Mohand, paraissent aux éditions
de minuit en 1960.
Son journal, il avait commencé à écrire son journal qui est publié
après sa mort au Seuil en 1962.
Les mêmes éditeurs ont fait paraître ‘des lettres à ses amis’ en 1969.
Des articles sur des sujets, des contes et légendes dans diverses
revues "Algérie" "Soleil".
1-3-3 La thématique de Mouloud Feraoun :
S’attache à trois grands centres principaux d’intérêt :
La terre natale, la condition humaine en grande-Kabylie, les
travailleurs algériens en France.
12
1-4 Littérature Tunisienne
La situation de la littérature tunisienne d’expression française
est tout à fait différente de celle de l’Algérie et du Maroc. La
prospérité de la littérature de langue arabe avant et après
l’indépendance l’a rendue marginale pour longtemps. Pendant ce
temps-là, le recours à la langue française pour un écrivain tunisien
pouvait être considéré comme une prise de distance à l’égard de ses
compatriotes. Alors, c’est la raison pour laquelle Albert Memmi était
le seul tunisien à s’exprimer en français tandis que l’Algérie et le
Maroc connaissaient, au contraire, une richesse de littérature de
langue française.
D’autre part, en 1956, le gouvernement a introduit une
nouvelle scolarisation ‘le bilinguisme’, dès l’école primaire. Ce qui a
aidé les écrivains francophones à disposer d’un public nouveau dans
quelques années, donc, à partir de la fin des années soixante une
nouvelle génération a déjà commencé.
La poésie, semble le genre le moins pratiqué, le genre qui y est
peu présenté et reste en marge des combats politiques, mais depuis
1966 et surtout depuis 1972 de nouvelles voix se font entendre, une
solidarité militante s’est créé chez les poètes à l’égard des peuples
victimes de l’injustice, de l’oppression comme le peuple Haïtien, et
ils évoquent des sujets comme la tragédie de Hiroshima.
Albert Memmi est resté pour longtemps le premier écrivain
tunisien à écrire des romans tunisiens d’expression française. Depuis
13
1970, d’autres écrivains ont été influencé par des modèles français
ou anglo-saxons.
La littérature tunisienne d’expression française reste fidèle aux
valeurs du pays dont elle est issue, en même temps qu’elle garde
l’équilibre entre la tradition et l’ouverture d’esprit pour réaliser un
dialogue entre l’Orient et l’Occident.
14
1-5 Albert Memmi
1-5-1 Indications biobibliographiques :
Albert Memmi est né le 15 décembre 1920 à Tunis dans la
communauté juive. Sa langue maternelle est l’arabe. Il a fréquenté
l’école rabbinique puis l’alliance israélite. Il a
fait ses études
secondaires au lycée Carnot à Tunis où il adhère au mouvement des
jeunesses juives. Il a poursuivi ses études de philosophie à
l’Université d’Alger. Bientôt, Memmi a fait l’expérience des camps
de travail forcés en Tunisie durant la deuxième Guerre Mondiale en
1943. Puis, il part pour la France où il passe son agrégation de
philosophie à la Sorbonne. Après son mariage avec une française, il
est rentré à Tunis où il a commencé à enseigner. On lui a confié la
direction d’un centre de psychologie de l’enfant.
Memmi, a dirigé, bientôt, la page littéraire de l’hebdomadaire
tunisien "l’Action". En 1956 après l’accession de la Tunisie à
l’indépendance. Albert Memmi a dû quitter le pays après avoir eu
des difficultés d’adaptation à la présence d’un nationalisme tunisien
qui méprise ceux qui écrivent pour faire plaisir au colonisateur,
c’est-à-dire les écrivains tunisiens de langue française qui était mal
vus à cette époque-là.
Memmi repart en France pour s’installer à Paris où il était
professeur de sociologie à l’Université Nanterre-Paris X.
L’écrivain a également enseigné dans différents instituts
pendant qu’il était attaché de recherche au Centre National de la
Recherche Scientifique "CNRS". Il a enseigné la psychiatrie sociale
15
à l’école pratique des hautes études de la Sorbonne. Il a représenté
son pays dans les congrès nationaux. Il a obtenu le prix Carthage, le
prix Fénéon "Paris" et le prix Simba "Rome". Il était aussi viceprésident du "Pen Club" 1973-1979, et vice-président de la
Fédération Internationale des écrivains Francophones "1984".
1-5-2 L’Œuvre de Memmi :
La question de l’identité perdue est un thème central dans les
œuvres de Memmi, l’écrivain déchiré entre sa double personnalité
comme arabe tunisien et juif, donc non musulman dans une société
arabe musulmane. Memmi lui-même l’avoue en disant :
‘Voici un écrivain français de Tunisie qui n’est ni français, ni
tunisien. C’est à peine s’il est juif puisque dans un sens il ne voulait
pas l’être.’(1)
Memmi, donc, ne peut pas être séparé de cette réalité. Alors,
ses œuvres, sa réflexion ne peuvent qu’approuver et traduire ses
émotions guidées par ses croyances.
L’aliénation culturelle et sociale représente un thème très
important chez Memmi parce qu’il soufre des deux types
d’aliénation, culturelle, en tant qu’écrivain nord-africain "colonisé"
qui témoigne de la période coloniale et qui adopte la langue et les
pensées du colonisateur. De l’autre côté, l’aliénation sociale, en tant
que fils d’un pauvre bourrelier qui habite le ghetto de Tunis.
Le déchirement de l’auteur se présente d’une façon claire dans
‘La Statue de Sel’.
1
- MEMMII, Albert cité par AWAD, Mayada, p.22.
16
Memmi lui-même mentionne :
‘Naturellement, je crois que l’œuvre d’un écrivain est plus
sincère que lui-même, sans compter que d’une certaine manière, la
mienne étant presque entièrement un bilan de tel aspect de ma vie.
Je pense que presque tout s’y trouve déjà.’(1)
L’objectif de Memmi est de créer une conscience moderne
chez les juifs tunisiens, en évoquant leurs problèmes, leurs espoirs
en discutant leur état actuel.
1-5-3 Quelques œuvres littéraires de Memmi:
"La statue de sel"
Publié en 1953. C'est le premier roman de l'écrivain, le thème
principal c'est la connaissance de soi – même.
"Agar"
Le deuxième roman de Memmi publié en 1955. c'est un roman
qui aborde les difficultés dans un mariage mixte.
"Le scorpion"
Publié en 1969, le thème principal c'est l'autodestruction le
scorpion symbolise le juif.
1
- YETIV, op.cit., P. 151.
17
1-6 La littérature africaine
1-6-1 Aperçu historique :
La naissance d’une littérature :
La littérature africaine de langue française est née au début du
XXe siècle, à la faveur d’une série de phénomènes qui témoignent du
regain d’intérêt de l’occident pour le monde noir, comme la
découverte de l’art nègre par les peintres, le triomphe du rythme
afro-américain "le jazz" en Europe, les témoignages de plusieurs
ethnologues européens comme Maurice de la Fosse, Léo Frobénius,
etc. sur les modes de vie des peuples africains.
Les écrivains peuvent bientôt relier ce regain avec la
publication de la première Anthologie nègre en 1920 par Blaise
Gendrars.
La ‘littérature nègre’ en langue européenne, exprime la vision
du monde des peuples noirs, alors les écrivains noirs doivent
s’exprimer en se mettant à parler de leurs vies, des événements, de
leurs aspirations, pour colorer ce tableau de couleur unie ‘le mode
occidental’ et donner un goût tout à fait diffèrent.
Mais cette prise de conscience ne s’est pas faite en un jour, les
écrivains noirs qui ont commencé à écrire autour des années 20
s’inscrivent dans une tradition d’affirmation et de réhabilitation des
civilisations africaines qui remontent au XIXe siècle.
C’est d’abord l’Amérique Noire qui déclare à la face du
monde la dignité des civilisations noires. William Dubois écrit en
1890 ‘Je suis nègre et je me glorifie de ce nom. Je suis fier du sang
18
noir qui coule dans mes veines.’ (1) Et avec d'autres écrivains comme
Sterling Brown, Claude Mac Kay, etc. créent en 1918 le mouvement
littéraire appelé "Negro-Renaissance" face à leurs compatriotes
tentés par ‘l’assimilation’, ils parlent de la personnalité noire à
préserver à tout prix.
Après les Etats-Unis, la réflexion sur le fondement des
civilisations noires se poursuit en France entre 1925-1935. On
rencontre à Paris quelques représentants des mouvements culturels
nègres qui sont venus principalement des Antilles et de l’Afrique, et
à ce Paris promue capitale littéraire du monde, largement ouverte
aux influences culturelles, vous pouvez rencontrer toute sorte de
personne notamment des noirs. Ces noirs que l’on rencontre dans ce
Paris de l’entre deux guerres ne se contentent plus de formuler des
théories abstraites. Ils sont directement impliqués en tant que
parlementaires, journalistes, syndicalistes, étudiants, etc. dans le
combat pour l’émancipation de la race noire, et la lutte contre
l’assimilation culturelle. Pour faire connaître leurs idées et défendre
leurs intérêts, ils créent des associations comme "Comité de Défense
de la Race Nègre", "Union des Travailleurs Nègres", "Ligue de
Défense de la Race nègre". Ces associations ont des publications
spécifiques :
Le Continent (1924), "La Voix des Nègres" (1928), "La Race
Nègre" (1927), "La Dépêche africain"e (1928), "Le Cri des Nègres"
(1931). (2)
1
2
- YAGI Viviane, op. cit. Cours de maîtrise, Khartoum, 1999.
- YAGI Viviane, op. cit. Cours de maîtrise, Khartoum, 1999.
19
Toutes ces publications ont comme objectif la préservation des
civilisations africaines et de discuter des obstacles qui jouent contre
ces mouvements.
A
partir
de
1930,
un
tournant
important
apparaît
avec l’apparition des périodiques dont le but est d’élaborer une
vision de l’art et de la littérature nègre.
La Revue du Monde, un de ces périodiques, contient une page
littéraire qu’on peut considérer comme une continuité ou une
prolongation de la tâche de la page littéraire du journal (La dépêche
africaine), car elle s’est utilisée à étudier les faits des civilisations qui
peuvent donner constance à leur ‘littérature nègre’. Ces écrivains
proclament leur refus des modèles littéraires traditionnels et ils
proclament sans réserve leur adoption de différentes méthodes comme
le surréalisme et le psychanalyse. De ces méthodes, ils visent au
changement total qui leur permet de retenir leur identité et leur
héritage. Ils pensent que l’écrivain "libéré de son aliénation" peut créer
des œuvres authentiques exprimant ‘l’amour africain de la vie, la joie
africaine de l’amour, le rêve africain de l'amour "Etienne Léro".
Senghor, vient après pour proposer un cadre nouveau à la
création et à l’action valable pour le monde noir en général :
‘l’Harmonisme nègre, celui-ci doit avoir l’homme noir comme but,
la raison occidentale, et l’âme nègre comme instruments de
recherche’. (1) Tel sont les éléments constitutifs de la négritude. Le
mouvement littéraire qui a dominé la vie culturelle africaine jusqu’à
nos jours.
1
- YAGI Viviane, op. cit. Cours de maîtrise, Khartoum, 1999.
20
1-7 La Littérature Sénégalaise
la littérature sengalaise d'expression française avec son bon
nombre d'écrivains, y compris Senghor, reste la plus connue et
remarquée en Afrique noire, et en France.
1-7-1 Aperçu Historique :
Pointe avancée de la côte occidentale du Continent africain, le
Sénégal s’était constitué en différents royaumes et empires. La
colonisation française qui s’est imposée à partir de 1885 a unifié le
pays en faisant de Saint-Louis puis de Dakar la Capitale régionale.
Le Sénégal a ensuite retrouvé son indépendance en 1960.
La pratique d’une littérature sénégalaise de langue française
remonte en fait au XIXe siècle, avec la publication des textes
documentaires de deux métis, Léopold Panet qui donne "A la revue
coloniale" en novembre 1985, et l’abbé David Boilat auteur d’une
véritable somme sur le Sénégal de son temps "Esquisses
sénégalaises" en 1853.
C’est après la première guerre mondiale qu’on voit apparaître
les premières œuvres romanesques "Les trois volontés de Malic
1920" de l’instituteur Amadou Mapaté Diagne, puis "Force Bonté
1926" de Bakry Diallo.
1-7-2 La génération de la négritude :
Dans les années trente, les étudiants africains envoyés pour
poursuivre leurs études en France y rencontrent leurs collègues
venus d’autres colonies françaises particulièrement les Antillais
21
"comme Aimé Césaire", ces étudiants ont élaboré la notion de
"Négritude". Senghor et Alioune Diop sont parmi les principaux
propagateurs. Le but essentiel de ce mouvement c’était la
reconnaissance et l’exaltation des mœurs et valeurs africaines. Alors,
Senghor rassemble ses premiers recueils Chants d’ombre "1945",
Hostie noires "1948" et publie sa magistrale Anthologie de la
nouvelle poésie nègre et malgache de langue française "1948".
David Diop donne en 1956 les poèmes très militants de Coups de
Pilon.
1-7-3 Le tournant de l’indépendance :
La création de Nouvelles Editions Africaines en 1973, permet
une certaine diversification. On voit apparaître des premières
tentatives autobiographiques comme Matraqué par le destin ou la
vie d’un talibé "1973" d’Amar Samb.
1-7-4 La nouvelle littérature sénégalaise :
Les années soixante-dix et quatre-vingt témoignent la
naissance d’une nouvelle génération dont les écrivains font la satire
de la société issue de l’indépendance, des régimes africains instables
et corrompus, de la classe dominante vénale.
Sembène Ousmane continue par le roman et au cinéma sa
critique "Xala 1973", "Le dernier de l’empire 1981". "Une aube si
fragile 1978" d’Ibrahima Signaté ou "Les sanglots de l’espoir 1987"
d’Hamidou Dia, sont des romans qui peignent l’homme africain jeté
dans une modernité qui ne le satisfait pas pleinement.
22
Ibrahima Salle "Les routiers des chimères 1982", et Papa
Pathé Diop "La Poubelle 1984" s’intéressent à la société sénégalaise
d’après les indépendances, les héros de ces romans sont souvent des
êtres jeunes fascinés par la révolution, attirés par le mirage de la
ville, succombant aux pièges de la drogue ou de la prostitution.
Des grands écrivains comme Sembène Ousmane, Mbaye Gana
Kébé ou Sada Weïnd, peignent la misère urbaine : exode rural,
chômage, famine, tandis que les classes riches font étalage de leur
luxe.
La littérature sénégalaise moderne montre une vraie vitalité
qui affirme une claire volonté d’instaurer de nouveaux rapports à
l’écriture.
1-7-5 L’écriture féminine :
Un trait remarquable de la littérature sénégalaise est le rôle
important qu’occupe les femmes écrivains à partir des années
soixante-dix et l’immense succès du roman de Mariama Bâ "Une si
longue lettre 1979" qui a été traduit en une douzaine de langues.
Aminata Sow Fall a publié notamment "Le revenant 1976",
"La grève des battus 1979", "L’appel des arènes 1982", "L’Ex-père
de la nation 1987", "Le Jujubier du Patriarche 1993".
Une longue série des écrivains a participé avec efficacité au
mouvement littéraire sénégalais et leurs œuvres ont connu de grand
succès, non seulement au Sénégal mais dans tout le monde
francophone.
23
1-8 Sembène Ousmane
1-8-1 Indications biobibliographiques:
Né en 1923, en Casamance. Sembène Ousmane fait à l’âge de
huit ans l’apprentissage dur du métier de pêcheur pour lequel il
montre peu de goût. A l’âge de 13 ans, Sembène Ousmane est
renvoyé de l’école pour avoir frappé son maître.
Il exercera alors divers métiers manuels et sera enrôlé en 1942
dans l’armée française. En 1947, il prend part à la grève des
cheminots à Dakar. Cela inspirera son premier roman ‘Les bouts de
bois de Dieu’ qui rappelle la ‘condition humaine’ de Malraux qui
paraîtra en 1960.
En 1948, Sembène Ousmane s’installe en France et adhère au
parti communiste.
En 1956, parution de son ‘Docker Noir’, tiré de son expérience
personnelle puisqu’il travaille au port de Marseille.
Un an plus tard, ‘O pays, mon beau peuple’ où il racontre
l’histoire d’un sénégalais qui finit par être assassiné pour avoir crée
un noyau économique indépendant.
Bientôt, Sembène Ousmane voyage beaucoup tout en Europe
que dans les pays de l’Est.
Depuis 1963, il mène une carrière cinématographique "Borom
Sarret" un film qui lui vaut un prix à Tours. C’est l’histoire d’un
charretier Dakarois. Il est aussi l’écrivain et le metteur en scène de
Blanche-Genèse "Niaye au Cinéma", "Voltaïque" qui est devenu
après un film "La noire de" qui raconte les aventures d’une bonne
24
sénégalaise emmenée en France par ses patrons, le mandant ou les
tribulations d’un chômeur. Il a également tourné "Xala" et "Ceddo".
Sembène Ousmane écrit enfin en 1963 "l’harmattan", un
roman politique et "le dernier de l’Empire" "1981".
1-8-2 Son œuvre :
L'œuvre de Sembene Ousmane se compose de plusieurs romans et
trios recueils:
-
Le docker noir "1956".
-
O pays, mon beau peuple "1957".
-
Les bouts de bois de Dieu "1960".
-
Voltaïque "1962".
-
L’Harmattan "1964".
-
Xala "1973".
-
Le dernier de l’Empire "1981".
-
Niiwam suivi de Taaw "1983".
-
Gualware "1997"
1-8-3 Les films :
Parmis ces romans il y en a plusieurs qui ont été adaptés à l'écran
comme:
-
Borom Sarret "1965" – 18 minutes.
-
La noire de 1968 – 70 minutes.
-
Emitaï "1972" – 95 min.
-
Xala "1976" – 120 min.
-
Ceddo – 135 min.
-
Le Mandat
25
1-9 Mariama Bâ
1-9-1 La Vie:
Une écrivain sénégalaise qui est née au Sénégal en 1929,
orpheline de mère elle a été élevée par ses grand- parents dans un
milieu musulman. Sa vie était alors influencée par les croyances
islamiques et les coutumes traditionnelles. Grâce à son père qui était
le premier ministre de la santé sénégalaise et grâce à la vision juste
qu’il avait eu, Mariama a été a l’école malgré l’opposition de ses
grand-parents traditionalistes.
Dans une interview faite par Alioune Fourré Dia et publié
dans "Amina" en novembre 1973 Mariama dit que, dans son milieu
familial, elle aurait du grandir sans connaître l’école, mais avec
l’éducation traditionnelle qui comprend l’initiation à des rites"*" "je
devais savoir faire la cuisine la vaisselle ,piler le mil, transformer la
farine en couscous ,je devais savoir laver le linge ,repasser les
grands-boubous et chuter le moment venu avec ou sans mon
consentement dans une autre famille chez un mari".
Elle a fait les classes primaires à l’école Berth Maubert, après
le certificat d’études primaires élémentaires, elle a fait une classe
préparatoire pour les grands examens. Le choix n’était pas large, les
bonnes-élèves étaient orientées vers le concours de l’école normale
des jeunes filles de Rufisque ,les élèves les plus âgées allaient à
l’école des sage-femmes les autres apprenaient la dactylographie
*
Amina, Novembre, 1973.
26
pour être secrétaires. Pour une formation accélérée Mariama n’a pas
choisi d’aller à l’école normale elle avait à l’époque 14 ans c’est la
directrice de l’école qui vient la retirer du groupe de secrétariat en
lui disant "tout le monde mais pas toi tu es intelligente et tu as des
dons même si tu ne veux pas y aller, tu va préparer le concours
d’entrée à l’école normale des filles de Rufisque pour le renom de
notre école".
Mariama a reçu son diplôme d’institutrice avec les notes les
plus hautes en 1947,elle était l’épouse du député Obèye Diop, elle
était mère de neuf enfants mais elle était divorcée. Elle a enseigné
pendant douze ans puis, pour des raison de santé, elle a demandé son
affectation à l’inspection régionale de l’enseignement du Sénégal.
Mariama était membre dans un bon nombre d’association
féminine comme " amicale Germaine le Goff"qui est l’amicale de
toute les normaliennes qui ont reçu leur formation de Mme le Goff la
directrice de l’école normale de Rufisque qui était une femme de tête
ainsi qu’une femme de cœur : c’est de son cœur qu’est née ce lien
qui la relie à ses étudiantes. Cette amicale avait demandé aux
autorités sénégalaises de prénommer l’école normale des jeunes
filles"Germaine Le Goff "et elle avait obtenu satisfaction. Mariama
était aussi membre de sorboniste International "club de Dakar
membre également du "Cercle féminin" qui est une association de
solidarité.
En 1980 elle a obtenu le prix "Nomma" avec son premier
roman .Elle est morte l’année suivante peu avant la parution de son
second ouvrage.
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1-9-2 L’œuvre de Bâ:
L’œuvre de la romancière sénégalaise, morte avant d’accomplir
sa mission d’écrivain de capacité intellectuelle très élevée, se
compose de deux romans « Une si longue lettre », publié en1980
traduit en douze langues, lauréat de prix Nomma à Franc-fort en
novembre1980.
« Le chant écarlate » publié en 1981 et dont l’auteur est
décédée le 17 août 1981 sur son lit d’hôpital. Mariama a précipité la
parution de l’ouvrage qu’elle voulait voir et toucher avant de mourir.
1-9-2-1 Une si longue lettre :
Dans "Une si longue lettre", on découvre que l’œuvre contient
des idées politiques provenant de ses idées ,ses expériences
personnelles qui se rattachent surtout aux idées du féminisme.
Ce livre raconte la vie de deux amies : celle qui écrit la
lettre ;c’est Ramatoulaye ;celle à qui on écrit c’est Aissatou. A
travers leur deux vies dont l’écrivain raconte l’histoire, c’est la
sensibilité de deux femmes qui se dessine , c’est à la fois et surtout la
peinture de la société sénégalaise et cela débouche aussi sur la
jeunesse actuelle, les problème des mères éducatrices. Les femmes
âgées sont représentées également dans le roman, leurs caractères,
leurs mentalités etc.
28
CHAPITRE II
LE MARIAGE MIXTE DANS
"AGAR"
ET
"LA TERRE ET LE SANG"
L'ÉCHEC ET LA REUSSITE
29
2-1 Agar
C'est un roman qui signifie l'échec d'un couple mixte dans la
littérature maghrébine d'expression française.
Agar C'est le nom de la servante égyptienne de Sara femme
d'Abraham qui a donné un enfant qu'on appelle en arabe (Ismaïl).
Agar et son enfant sont chassés dans le désert.
Agar peut symboliser Marie dans le roman parce que les deux
femmes sont rejetées avec leurs enfants hors la communauté juive.
Ismail est considéré comme le père des arabes alors qu'il a des
origines juives : cela peut mentionner le déchirement de Memmi
entre sa double personnalité comme arabe Tunisien et juif non
musulman.
2-1-1 Résumé de l’histoire:
Agar est l’œuvre de Mémmi qui a été la moins bien comprise
parmi les siens. Cela, semble être, à cause de cette sculpture fine des
conditions qui ont condamné cet amour jeune à mort, même avant
qu’il soit né, à cause de cette description d’une nature humaine
complexe ainsi que cette fin tragique qui n’est pas loin de ce qui
arrive en réalité.
Le narrateur de cette histoire c’est le héros lui-même. On voit
tous les personnages à travers lui, même Marie, sa femme, c’est à
travers son regard qu’on juge ses réactions, ses émotions.
Agar, c’est l’histoire d’un jeune médecin juif tunisien et d'une
jeune étudiante catholique française qui se sont mariés à Paris et
30
s’installent à Tunis dans la commaunuté juive. Le couple a été
chaleureusement reçu au sein de la grande famille.
A la suite de l’installation au domicile paternel, le jeune
médecin a trouvé, à peine, un travail modeste. Ce qui a délimité ses
aspirations dès le début. Son père, le vieil artisan, l’attendait pour
déposer ses responsabilités, il avait peur que son fils rentre en France
mais l’affirmation de son fils l’a rassuré, et satisfait il dit à son
fils « Maintenant, je peux mourir, la famille ne risque rien ».(1)
Le fils médecin était la fierté de toute sa famille. Le respect et
l’orgueil de ses parents donne à notre héros un naïf plaisir.
Le couple continue avec une vision obscure au début, après
que Marie a pu distinguer ses sentiments, c’est le refus, le mal à
aimer, à s’adapter avec tout ce qu’elle est.
La vie qu’elle avait connu à Paris est si différente de cette à
Tunis, il n’y a pas cet engagement et cet attachement à la famille.
Tout d’abord, Marie a refusé d’assister aux cérémonies
religieuses qu’elle appelle (barbarie). De ce point-là, Marie continue
à déclarer son refus.
Devant cet état, le médecin s’occupe à trouver une nouvelle
installation loin de tout ça. Ils ont choisi de bâtir une maison dans la
banlieue, une grande maison où Marie s’occupait des détails à tel
point qu’elle étonnait même les ingénieurs.
La famille s’éloignait du couple, il n’y a que les visites rares,
mal supportées, de la mère qui insiste pour exercer une certaine
autorité dans la maison de son fils.
1
- MEMMI, Albert, Agar, p.53.
31
Après une attente assez longue, Marie devient enceinte, et
malgré l’importance de la famille sur la question d’avoir un petitfils, Marie a interdit à son mari d’annoncer sa grossesse.
A la suite de l’accouchement, une question importante s’est
présentée, la circoncision de l’enfant. La loi de la communauté juive
exige que l’enfant soit circoncis. Si non, il n’aura pas le droit
d’hériter de son père. De plus le mariage ne sera pas reconnu si on
ne l’a pas religieusement célébré. Les rabbins ont complètement
refusé cette étrangère dans leur communauté.
Une nouvelle recherche d’identité commence, non seulement
pour notre héros, mais aussi pour sa famille. Cette recherche était en
vain, même le grand rabbin n’a pu reconnaître ce mariage. La colère
de Marie se transforme en mépris pour tout ce qui est juif, à tout ce
qui l’entoure.
Pour des raisons médicales et après la consultation du pédiatre,
la circoncision d’Emmanuel devient une nécissité.
Peu après, Marie se trouve enceinte pour la deuxième fois. Elle
propose à son mari l’avortement, suite à un moment d’hésitation à se
débarasser de son bébé, il accepte de s’en débarasser à la fin.
La colère, l’horreur et le refus augmentent à l’intérieur de
Marie. Un jour, désésperée et résultat de beaucoup de souffrance,
Marie choisit de finir le drame et mettre une fin à sa vie conjugale
sans la moindre opposition du côté du mari.
32
2-1-2 Un héros juif:
Un jeune étudiant qui est allé seul dans un pays étranger pour
obtenir le titre de docteur en médecine de la faculté de Paris.
Dans cette grande ville, il a rencontré beaucoup de difficultés,
de logement, de nourriture insuffisante et de dépaysement. Il avait
envie de regagner sa ville natale.
En hiver, mal vêtu, mal chauffé, il a attrapé une mauvaise
grippe. Il a téléphoné à des camarades. A la fin de l’après-midi, deux
étudiants viennent lui rendre visite accompagné par une jeune fille.
Le lendemain, cette jeune fille, chargée de provision et d’un petit
réchaud, frappait à sa porte. Elle lui a préparé un bouillon, refait son
lit et a mis de l’ordre dans la pièce.
Marie Müller est une française de l’Est, qui étudiait la chimie
et était logée à la Cité universitaire. Grâce à son amitié d’abord et à
son amour après, qui a réduit le temps et qui a facilité la vie, notre
héros a pu terminer ses études avec succès. Il lui devient impossible
d’imaginer sa vie sans elle.
En revenant chez lui, marié avec Marie, avec tout l’amour du
pays, notre héros a voulu se débarasser de sa vie double, a voulu
fondre la personnalité, le passé de Marie dans les siens, dans son
milieu, sa famille le plus vite possible pour qu’elle devienne à la fois
l’amour et la patrimoine.
Il a poussé Marie à non seulement accepter, mais à aimer sa
famille, sa ville et sa vie. Il a précipité ses pas en regardant avec
étonnement ses réactions, exagérées, comme il le dit, envers les
comportements et les réalités des choses. Il observe impuissant son
refus puis sa haîne pour cette communauté.
33
Comme remède à cette haîne montante, son mari accepte de se retirer en
banlieue malgré son travail qui nécessite son existence dans la Capitale parce
qu’il est médecin débutant dans cette carrière.
Cet isolement choisi, a influencé négativement leur vie. Lui, il supporte
mal la solitude, sans famille ni amis. Elle, elle n’a pas pris sa chance pour
s’adapter, s’intégrer, alors, la famille de son mari s’est fait une idée négative sur
elle.
Aux moments les plus difficiles de leur vie, au moment du rejet, de
l’éloignement, d’être chassé hors de la communauté, le jeune médecin ne s’est
pas acharné à sauver son mariage.
Honteux, il réfléchit à la circoncision d’Emmanuel, parce qu’après, cela
va éloigner son fils de lui. Inconscieusement, il pense à deux univers différents
avant même qu’il se sépare de sa femme.
Pour des raisons médicales, il faut circoncire Emmanuel. Un ombre de
soulagement, même de joie a survolé l’âme du père qui choisit toujours les
solutions les moins pénibles. Cela indique une sorte d’égoïsme et une lassitude
de volonté de sa part, ce qui a efficacement contribué à cette fin tragique.
Le héros de l’histoire, qui est le narrateur, attire l’attention du lecteur
pendant toute l’histoire sur le mécontentement de Marie sans se rendre compte
que beaucoup de détails peuvent échapper à cet angle critique et à cette
réflexion étonnée à l’egard des réactions de Marie. On peut bien comprendre
cela comme manque de compréhension et comme un point négatif dans une
vie conjugale.
D’un autre côté, les comportements des membres de la famille,
de la communauté, dégoûtent même le jeune médecin de temps en
temps.
34
A Noël, Marie a demandé à son mari de fêter Noël. La réponse
immédiate était le refus absolu. Le mari a peur que Marie impose ses
rites à l’avenir. Il se demande pourquoi au moment où elle déclare
son horreur des rites juifs ; elle lui demande d’accepter les siens ? Il
n’a pas pris cette chance de tolérance qui pouvait à mon avis aider à
arranger la situation à ce moment-là !
Ce manque de tolérance de tous les côtés était derrière l’échec
de cette famille.
2-1-3 Une héroïne française:
Marie Müller est une jeune fille française, de l’Alsace à l’Est
de la France, qui étudiait la chimie.
Elle est très rapidement devenue l’amie de notre héros, après
avoir aidé à sa guérison pendant sa maladie aux premiers jours de
son séjour en France.
"La précision de son regard bleu-gris, les cheveux blonds
taillés courts sur une nuque dégagée, le corps mince non
complètement éclos, lui donnait un air décidé, heureusement adouci
par la timidité du geste et l’harmonie du visage"1.
Marie a bien pris soin de son ami pendant cette durée-là. Outre la
justesse des sentiments et des idées, elle lui fait découvrir des qualités
ménagères, un goût de responsabilité qu’il n’avait guère connu chez lui.
Grâce à elle, il est soulagé du souci d’organiser sa vie à Paris.
Au retour à Tunis, Marie est entrée dans un système familial
qu’elle n’avait jamais expérimenté. Un système qui lui prend
1
- MEMMI, Albert. Op. cit., page 35.
35
complètement le mari. Il ne lui parle presque jamais en présence des
autres qui parlent souvent en patois, alors elle se sentait dépaysée
avec un sentiment de refus montant en elle.
Marie est habituée à une vie propre et bien aisée, mais à leur
arrivée, elle s’est heurtée à la réalité du milieu de son mari. A Paris,
elle a connu son mari, un étudiant comme les autres, il n’était pas
différent et elle l’a tellement aimé. Ils passaient presque tout le
temps ensemble.
A Tunis, son âme est remplie par ce sentiment d’horreur de
tout ce qui l’entoure, les gens, la ville, des odeurs de jasmin, de
l’huile de cuisine, des fenêtres mal fermées, de la cuillère de
confiture qui circulait de bouche en bouche des baisers qui sentaient
la sueur dont elle avait mal à cacher son dégoût, une série
d’événements, de réactions, de comportements qui engendrent
progressivement la haîne.
Un jour, après la soirée de Pascale, Marie a éclaté, elle s’est
mise à pleurer, elle avoue à son mari qu’elle ne peut plus supporter
ces réunions familiales, ces cérémonies religieuses, qu’elle n’a pas
quitté les préjugés et les superstitions de chez elle pour tomber dans
cette barbarie !
De toutes ses forces, Marie essaye de sortir de cet
environnement étoufant. Elle choisit d’aller vers la banlieue.
C’est
un
sentiment
imexpliquable,
injustifié,
qui
l’a
accompagné tout le temps, surtout pendant cette affaire de
circoncision de son fils Emmanuel. Cette affaire a rendu pire la
situation dans la petite famille parce qu’ils doivent faire face à un
36
rejet déclaré si le mariage n’est pas célébré religieusement et si le
bébé n’était pas circoncis.
De peur de perdre sa famille, les réactions de Marie n’étaient
pas équilibrées, exagérées quelquefois. Au moment où elle refuse
tout rite juif, elle en attend exercer ses rites à elle, les rites
catholiques.
Ces conduites maladroites et injustifiées la plupart du temps,
ont fermé la porte devant l’espoir de pouvoir trouver une manière
d’échange, de communication entre les deux côtés si différents, si
loin l’un de l’autre.
37
2-1-4 Développement du sujet de l’incompréhension de Marie et
la lâcheté de son mari:
Le couple a eu du mal à s’adapter. Ce qui était prévisible dès
qu’ils ont décidé de rentrer à Tunis. Du fait du changement
d’atmosphère et du mode de vie, tout ce malentendu et cette mauvaise
compréhension entre Marie et son mari, Marie et sa belle famille, Marie
et la société juive n’était pas étonnant ; surtout avec cette famile qui
s’implique dans toute affaire concernant son fils ou sa famille.
L’incompréhension de Marie a joué un rôle très important dans
ce drame. Elle ne s’est pas donnée la chance de contempler, de
comprendre la société de son mari qu’elle doit accepter pour pouvoir
vivre avec lui. Son mari est le fils qu'attendait le père pour déposer
ses responsabilités de ses vieilles épaules, car dans une société
orientale on ne vit pas pour soi-même, et le médecin en se retirant en
banlieue et quittant ses parents se sent coupable parce qu’il a trahi la
confiance de son père. Marie aurait dû mettre en considération ce
point-là.
D’un autre côté, la lâcheté du mari qui ne fait pas le moindre
effort
pour
protéger
sa
famille
contre
cette
communauté
arrière/fermée, lui, le médecin, bien éduqué et qui fait partie des
intellectuels, lui, qui a eu la chance de sortir hors de cette
communauté, ce qui lui permet de distinguer ses avantages et ses
inconvénients, cette lâcheté accentue l'incompréhension.
Le pire c’est qu’il se trouve impuissant devant le refus de cette
communauté pour sa famille, ce à quoi qu’il devrait s’attendre, en
tant que juif, dès qu’il avait décidé de rentrer à Tunis. Il devrait
38
savoir et estimer la difficulté de faire accepter sa femme pour qu’elle
soit en alerte et pour qu’eux, tous les deux, se préparent. Il devrait
bien maîtriser les codes de sa société au lieu de s’étonner devant les
règles comme un étranger qui le découvre pour la première fois.
Sa réaction n’était pas étrange parce qu’à Paris, aux moments
difficiles de maladie et de dépaysement, il avait une forte envie de
rentrer chez lui, ce qu’il aurait probablement fait sans l’appui fort de
Marie. Maintenant, au sein de la famille, il ne réfléchit pas à son
dépaysement, à sa faiblesse, à l’exception du moment difficile de
l’accouchement de Marie à la clinique. Il réfléchit pour le moment à
l’avenir où Marie n’existe pas, où la famille est séparée, il pense à son
fils non circoncis qui sera loin de lui, de ses racines juives et en même
temps qu’il sera proche de sa mère, de ses origines européennes.
Notre héros est un égoïste pour regarder l’avenir de l’ensemble
familial à travers ses yeux, ses intérêts, bien qu’il soit lâche d’avoir
peur d’une réalité qui n’est pas encore présente et qu’elle ne soit,
peut-être, que dans sa tête.
Cette position négative que le mari a prise n’a laissé aucun
choix à Marie. Elle a poussé l'existence familial vers la marge.
Cette inadaptation qui a entraîné le facteur de séparation
présente, pouvait être évitée avec un peu de tolérance de l’autre et
très peu d’insistance.
On ne peut pas ignorer le facteur psychologique du couple qui
dessine les grands traits dans leur lien. Marie avec son bon caractère,
qui ne manque pas de volonté et un courage suffisant pour la pousser
à quitter son pays et à venir avec celui qu’elle aime dans une société
39
qu’elle ignore complétement, se trouve à la fin désespérée, vis-à-vis
de la lâcheté de son mari qui entrave sa volonté de continuation.
La deuxième grossesse pourrait être prise comme élément
d’union, une invitation à continuer et une bonne chance pour
renforcer la famille et revivre la résistance et la lutte contre des
règles et des jugements injustes. Mais malheureusement, c’est
l’événement qui a mis fin à la vie d’un couple.
40
2-2 La Terre et le Sang
La terre et le Sang est notre deuxième roman qui représente la
réussite du mariage mixte dans la littérature maghrébine d'expression
française.
2-2-1 Résumé de l'histoire:
Cette histoire a été réellement vécue dans un village kabyle
assez laid. C'est une histoire dont les personnages n'ont rien
d'exceptionnel.
A Ighil-Nezman, débarquait une parisienne française au milieu
de l'étonnement de tout le monde. C'est Amer le fils unique de la
vieille Kamouma qui l'a emmenée, Amer qui a quitté son pays,
comme beaucoup de ses camarades pour dix ans. Il est allé très jeune
en France pour trouver de meilleurs chances pour gagner la vie.
En France, Amer séjournait à Paris pour très peu de temps puis
il est allé dans les mines du nord. Là-bas, il y avait toute une colonie
d'Ighil-Nezman. Il y avait les anciens qui accueillaient les nouveaux
arrivants dans une communauté kabyle. Là-bas, dans ce petit village
de mineurs, une dizaine qu'Amer connaissait presque tous, mangeant
ensemble, travaillant au même endroit et partageant tout.
Le personnage principal de la bande était Rabah ou
Hamouche. C'est lui qui organise cette petite société. Rabah n'était
que le cousin germain de Kamouma le fils de son oncle paternel.
Rabah a dopté Amer comme neveu, il est devenu son protecteur et
Amer a accepté sans hésitation l'adoption de son oncle qu'il n'a
jamais connu avant.
41
Les mineurs qui viennent d'Ighil-Nezman logeaint chez André
un polonais dont la femme tenait un café dans la salle de rez de
chaussé. Mme Yvone, sa femme, est une forte blonde au rire sonore.
Les gens d'Ighil-Nezman chuchottaient, que c'était l'amie de Rabah
qui la connaissait même avant André. Certains prétendent que la
petite Marie était la fille de Rabah.
Amer se rappelle la journée où il travaillait avec André dans
une fosse, ils étaient au bout d'une galerie. Le reste de l'équipe était
au fond. Amer envoyait aux camarades à l'autre bout de la galerie
des wagonnets lourdement chargés de matériaux, en retour, l'équipe
renvoyait un chargement de charbon.
La marche des wagonnets était réglée par une sonnerie d'appel
ainsi que les arrêts aux moments de repos.
Amer se rappelle cette mauvaise journée. André s'était allongé,
Amer rêvait de Kamauma et Kaci et le pays. Pendant ce temps là,
André lui a dit qu'il a entendu la sonnerie du départ. Amer lui a dit
qu'il n'a rien entendu mais malgré cela il a envoyé le wagonnet. Ils
écoutaient en vain le signal de retour. André est allé voir ce qu'il y
avait, il est rentré pour annoncer un accident, il a vait tué Rabah, il
dormait sur les rails comme d'habitude. C'était André qui a trompé
Amer, mais c'était Amer qui a manœuvré le wagonnet, c'est lui qui a
tué son oncle. André accepte de prendre la responsabilité au cas où
Amer témoigne qu'il a entendu la sonnerie, si non, André n'a touché
à rien.
En réalité, André savait que son adversaire dormait sur les
rails, il voulait se venger, c'était la jalousie.
42
La guerre a éclaté et tout les gens d'Ighil-Nezman sont partis et
s'étaient enfuis. Amer a été capturé avec quelques jeunes
compatriotes et expédié en Allemagne comme prisonnier de guerre.
Cinq ans ont passé avant la venue de la paix et le retour à Paris.
Chez Mme Garet, une hôtelière qui connaissait Mme Yvonne,
Amer a pris des nouvelles de Marie sa cousine, la fille de Rabah.
Le retour d'Amer avec sa femme Marie a surprit tout le monde,
surtout son oncle Slimane le frère de Rabah.
Slimane et sa femme Chabha n'avaient pas d'enfants. Cette
histoire de vengeance n'occupait guère Amer parce que l'affaire était
vieille.
Marie et Chabha sont devenues amies très rapidement. Chabha
est une jeune femme de l'âge d'Amer, une aînée pour Marie mais ne
le paraissait guère.
La relation de Chabha et Amer fait des progrès jour après jour
et avec le temps ça devient une passion et un amour irrésistible.
Ima Smina la mère de Chabha est l'amie intime de Ima
Kamouma, les deux femmes aiment bien Chabha, elles veulent
qu'elle aie un enfant, un héritier, même si le père n'est pas Slimane.
Marie est devenue enceinte et cela garantie qu'Amer peut avoir
des enfants, alors les vieilles ont organisé une rencontre entre Amer
et Chabha en l'absence de Slimane son mari, et de ce jour là, une
histoire d'amour a déjà commencé.
Hoceine et sa femme Hemama, l'adversaire de Chabha, ont
découvert cette histoire qui se déroule dans l'obscurité. Ce couple
n'aime pas beaucoup Amer et Hemama est très jalouse de Chabha
43
avec qui elle se compare et se constate plus belle. Hoceine et
Hemama ont scandalisé Amer et Chabha.
Slimane avait des doutes et des soupçons jusqu'au jour où il a
vu et entendu ce qui s’est passé, il est devenu fou de jalousie et de
douleur, il a réfléchit à tout même à tirer sur Amer mais il a changé
d'avis aux derniers moments.
Un jour, un accident est arrivé à la mine. A la suite d'une
explosion, on a trouvé Amer écrasé par une grosse pierre, après un
instant, il est mort.
Ce qui s'est passé, c'est que Slimane était à l'entrée du champ
où se trouve la mine et voyait Amer en se rapprochant de la carrière,
il a empêché Lamara le chargé d'alarme de crier (attention à la
mine). Après l'explosion, Slimane a dit qu'il a entendu un appel et
s'est dépêché vers la carrière. Un autre accident s'est produit pendant
ce temps là, une pierre est tombée sur la tête de Slimane qui, peu
après, est mort lui aussi.
Ima Kamouma s'affolait de douleur et Marie était sa seule
consolation parce que l'enfant venant est une continuation pour la vie
d'Amer.
44
2-2-2 Amer ou Kaci, Un héros kabyle:
Un gamin de quatorze ans, Amer est parti en France avec des
camarades de son village, il a quitté ses vieux parents à IghilNezman pour aller chercher de meilleurs chance de travail.
Là-bas, il a complétement oublié Kamouma et Kaci. Pendant
son absence, Kaci est mort et c'est un cousin qui l'avait enterré.
En France, Amer a été accueilli par des anciens arrivants
d'Ighil-Nezman, c'était le système, les anciens accueillent les
nouveaux et ceux-ci, à leur tour, accueillent d'autres. C'était une
dette qu'on paye.
Au début de son arrivée, Amer faisait le ménage et la cuisine
pour les autres jusqu'au jour où on lui a trouvé du travail à la mine.
André le mari de la patronne du café s'intéressait visiblement à
Amer parce qu'il voyait que le jeune homme essaye de l'imiter, lui,
non son rival Rabah, ce qui a bien satisfait son orgueil d'homme
mais ne l'empêche pas de profiter de sa naïveté et de son
enthousiasme.
Amer était, longuement, touché par l'accident de la mine qui a
causé la mort de son oncle Rabah qui s'était occupé de lui et l'avait
adopté dès son arrivée en France. C'est pourquoi il a ce sentiment de
loyauté vers Marie, sa cousine et la fille de sa victime et c'est
pourquoi il l'a cherchée à la suite de son arrivée d'Allemagne après
la paix.
Amer a connu l'expérience de la prison quand il a été pris avec
quelques jeunes compatriotes et expédié en Allemagne comme
prisonniers de guerre, il a connu plusieurs camps, le travail forcé et
45
les coups. Amer a passé cinq ans dans un pays maudit, une plaine
glacée et brumeuse mais enfin il en est revenu.
Pendant cette durée de prison / d'exil, il n'avait pas d'amis, personne qui
aie de la pitié pour lui, pas même un geste ou un regard qui lui montre un peu
de bienveillance.
La libération est venue, Amer était content d'avoir survécu et de
retourner à Paris. Bientôt, chez Madame Garet l'hôtelière, il a eu des nouvelles
de Marie, la seule qu'il voulait rencontrer, la seule qui lui rappelle la période
qu'il avait passée dans le nord.
Après avoir trouvé Marie, Amer s'est marié avec elle. Bientôt, le
couple décide de partir à Ighil-Nezman.
Ighil-Nezman est un assemblage des maisons et c'est à peine qu'on
remarque l'intervention de l'homme maçon dans ces maisons. Tout le village
a reçu Amer et sa femme avec beaucoup d'étonnement, c'est la première fois
qu'une blanche débarque pour habiter au sein du village avec eux.
Le couple s'est bien installé et Amer commence à fréquenter le
"djema", il remarque bien l'importance qu'on lui donne quand il parle, il
comprend qu'on le respecte mais au même temps qu'on le surveille pour
mesurer sa richesse.
Amer commence à se faire des amis, mais il se trouve très
proche de Chabha la femme de son oncle Slimane. Chabha a vingt
huit ans, elle est de l'âge d'Amer, elle est encore belle et pleine de
vie, elle paraît beaucoup plus jeune qu'elle est. Chabha est tombée
amoureuse d'Amer la première, elle lui passait des messages discrets
irrésistibles. A son tour, Amer sent des sentiments qui sont devenus
avec le temps des sentiments profonds.
46
Chabha a tout essayé pour lui faire sentir son amour et la
réaction est venue précipitée par l'aide des deux vieilles Smina et
Kamouma, les mères des jeunes amoureux.
Amer qui n'a pas longuement résisté, malgré la beauté de
Marie, garde une relation normale avec elle même après le scandale,
il reste indifférent la plupart de temps.
L'auteur n'a pas mis l'accent sur la réaction d'Amer pendant le
scandale, mais sur la réaction de la société et de Chabha qui
représente l'âme féminine kabyle.
Le personnage d'Amer est absorbé par la description de la
société et l'étude de l'environnement et de l'atmosphère qui entoure
le roman, ce qui rend le personnage un peu ambigu.
2-2-3 Marie, une héroïne qui se kabylise:
Marie est une jeune fille dont les conditions étaient difficiles, à
la fin de la guerre, elle se trouve seule à Paris : son ami l'a quittée et
son bébé est mort à la naissance.
Amer est venu avec ses sentiments et son amour pour la
sauver. Il a réussi à lui donner une vie acceptable. Il l'a ramenée chez
lui pour qu'elle reste à ses côtés comme une femme kabyle, ce qui
représente une déclaration d'amour éternel.
On peut imaginer l'embarras de Marie à Ighil-Nezman, elle,
qui est venue de Paris pour vivre au milieu si on peut dire primitif.
Si Marie peut s'entendre avec les hommes, elle n'a rien à avoir
avec les femmes, mais quand même, elle a tout de suite compris qu'il
ne faut pas se singulariser et qu'elle doit vivre comme les femmes
d'Ighil-Nezman, alors elle les recevait, les écoutait, les classifait et se
47
faisait une opinion sur chacune parmi celles qu'elle avait connues.
Marie remarque la façon dont elles discutaient avec elle; elles étaient
polies et savaient rendre services.
Marie est une fille pauvre, sans orgueil, elle n'avait aucune
prévention contre ces gens qu'elle ne connaissait pas et chez qui elle
était venue chercher la tranquillité, il lui fallu s'aranger avec
Kamouma et toutes ces voisines qui venaient la voir. Quelques
femmes par malice lui faisaient répeter de "gros mots" devant Amer
et sa mère, ce sont des mots comme "je suis noire comme la Suie, je
suis sotte comme une ânesse", lorsque Amer lui en demandait la
traduction, il constatait que Marie est belle comme la lune,
intelligente comme une déesse, elle faisait du progrès en langue de
son mari et n'a pas tardé à savoir répondre.
Ce sont ces femmes qui lui ont appris à tenir son ménage à la
kabyle, préparer le couscous, balayer la cour sans soulever trop de
poussière, manier le moulin à bras. Marie a remarqué que sous des
apparances négligées, toutes ces femmes étaient d'une proprété
méticuleuse.
C'est ainsi que la vie de Marie se passait en Kabylie, elle était
une petite reine. Amer s'occupait de tout au-dehors, elle n'avait
aucun souci. Pourquoi ne pas supporter l'existence comme ses
voisines et elle est la première femme dans le village ? Pourquoi et
elle voyait Amer parmis les notables.
Tout le monde constate avec plaisir, surtout Amer, que Marie
se calmait et se kabylisait.
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Vient le scandale qui a secoué la société ighil-nezmanienne,
Marie a pleuré abondamment malgré elle mais en éprouvant un
grand plaisir à laisser couler ses larmes. Elle se sentait légère.
Ce qui lui cause le mal c'est d'abord le sentiment de sa solitude
et de son exil qui l'a fait s'apitoyer sur elle-même, puis la trahison de
son amie et de son mari, elle qui est sans défense, sans amis dans
une société qui lui apparaît soudainement hostile.
Malgré tout, Marie éprouve une certaine sympathie pour
Chabha sa rivale. C'est un sentiment qu'elle ne trouve aucune
difficulté à éprouver, un sentiment dont l'origine est son âme simple
et sans orgueil.
Amer et Chabha étaient, dans la bouche des gens pour certain
temps, après, tout s'est arrangé le plus simplement du monde.
Marie a pu dépasser l'événement et la tempête s'est terminée.
Mais le destin lui prépare un autre coup, en lui enlevant son mari
Amer, la préparant à la responsabilité d'un enfant dans un pays
éloigné d'où elle est née.
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CHAPITRE III
LE MARIAGE MIXTE DANS "UN
CHANT ECARLATE" ET "Ô PAYS
MON BEAU PEUPLE"
L'ECHEC ET LA REUSSITE
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3-1 Un Chant Ecarlate
3-1-1 Résumé de l'histoire:
Au sein de du quartier de l’usine Niari-Talli naît le petit
Ousmane Guèye, son père Djbril Guèye, ancien combattant est un
invalide de guerre et sa mère Yaye Khady est une femme au foyer.
Toute la famille avec d’autres frères et sœurs habite là dans une
société bien cohérente où règne l’esprit de l’unité et de la
coopération idéale, ce qui a sculpté à l’intérieur de Ousame Djbril
Guèye des souvenirs inoubliables et une loyauté incomparable à
l’égard de cette société. Simple et modeste. Cette modestie apparaît
clairement dès qu’on lit la première page du roman.
Ousmane, fils aîné de ses parents, est un étudiant très brillant
et laborieux. Il donne la main, en même temps, à sa mère en faisant
quelques travaux domestiques en l’absence de son père retenu à la
mosquée par les prières chantées à l’aube, car le père Djbril
n’apprécie guerre le rôle de son fils à côté de Yaye Khady la mère.
Mais chaque année, Ousmane porte à ses parents de très bonnes
notes, fruit d’un effort inlassable servi par une intelligence
exceptionnelle. De plus, Ousmane, porte, généreusement, l’aide à ses
camarades, surtout à la charmante (Ouleymatou).
(Quand leurs regards se croisaient, Ousmane éprouvait une
grande joie. Son cœur battait plus vite, sa respiration s’accélerait
avec empressement, il l’aidait à résoudre un problème ou à appliquer
une règle grammaticale. Parfois, dans ces entrevues, leurs doigts se
frôlaient, mais vite, trop vite, Ouleymatou retirait sa main, sa bouche
se durcissait en une moue de réprobation).
51
Ousmane n’arrivait pas à comprendre cette attitude, mais
Ousseynou le frère d’Ouleymatou, finit par lui avouer ‘Ma sœur
Ouleymatou ne veut pas d’un garçon qui balaye, porte des seaux
d’eau et sent le poisson sec.’
Ces paroles ont blessé Ousmane dont les yeux se sont emplis
des larmes de l’adolescence.
Ousmane a remarqué qu’Ouleymatou préfère jouer avec Sayedou
au moment des jeux, alors, devrait-il pleurer parce qu’une "petite fille"
choisit de ne pas le revoir et lui préfère le "dernier de la classe".
Ousmane, très digne, pris la décision de se méfier des filles en
même temps qu’il reste gentil avec elles, il ne dévisageait pas ses
interlocutrices, attentionné quelquefois mais jamais intéressé.
Pendant des années, Ousmane savait se protéger contre chaque
tentative de capture de la part des filles, il a su s’échapper à chaque
piège tendu, des ombres de méfiance obscurcissaient son ciel.
Mais une soudaine clarté a illuminé ce ciel, l’amitié d’une
nouvelle élève blanche (Mireille de la vallée), fille d’un diplomate
des services de la primature. Le même intérêt pour la philosophie, et
l’esprit critique les réunissent.
Mireille, la descendante d’une famille noble, avec son
éducation prestigieuse accompagnée par une intelligence et une
beauté incomparable, chevelure dorée et soyeuse, une peau laiteuse,
avec ses yeux bleus et les cils frémissants, elle sourit à Ousmane et
le regardait.
Il lui suffisait de suspendre sa respiration, de fermer les yeux
pour ressentir le contact ouaté de la main douce mollement
52
abandonnée dans la sienne, la voix aux intonations charmeuses,
caressait son oreille et le berçait. Que Ouleymatou était futile
comparée à sa compagne de classe si intelligente !
L’amour et l’amitié ont noué leur nœud entre Ousmane et Mireille,
toutes les occasions joignaient leurs doigts, les heures courraient quand
ils se retrouvaient et les moments de séparation étaient si cruels.
Le temps passe et un jour Mireille a tout donné à Ousmane.
Ousmane l’amoureux a une fois donné sa photo à Mireille, à
son tour Mireille se balade avec la photo chez elle à la résidence
diplomatique, mais le malheur frappe le couple. Son père monsieur
de la Vallée a trouvé la photo, il s’est tourmenté et il a décidé de
renvoyer Mireille en France.
Patiemment, Mireille a attendu son amour après avoir terminé
ses études universitaires de philosophie, ainsi que Ousmane qui, en
ce temps-là, s’occupait de sa famille et l’amélioration de leur
situation financière. Quand même les deux amoureux échangeaient
des lettres d’amour et d’affection.
Un beau jour, monsieur de la Vallée et Madame, Djbril Guèye
et Yaye Khady, ont reçu deux lettres de leurs enfants qui annoncent
le mariage de Mireille et d’Ousmane.
Les deux mariés ont connu une sorte de bonheur, fruit des
années de patience, un bonheur inoubliable.
Mireille est arrivée au Sénégal chez la famille Guèye. Elle,
fille de famille bourgeoise avec son éducation élevée, a rencontré
beaucoup de difficultés à s’adapter avec le mode de vie de sa bellefamille, mais grâce à son travail au ministère de l’éducation
53
sénégalaise, elle a eu droit à un appartement et également grâce aux
économies qu’elle avait faites en France, elle a pu meubler
luxueusement son appartement.
Ousmane change complètement de vie, et peu près ils ont un
enfant.
Comme le destin fait les choses, Ouleymatou divorce de son
mari et rencontre Ousmane, elle voit un autre Ousmane, riche, beau,
avec une bonne situation dans la société, alors elle décide dès qu’elle
l’a revu d’être sa femme, et très facilement, soutenue par Yaye
Khady, elle a pu réaliser son rêve.
Mireille, isolée dans son monde, est la dernière à savoir la
nouvelle par son amie Soukeynatou, la sœur de Ousmane.
Mireille, qui a tout sacrifié, qui a tout brûlé derrière elle a
décidé de faire face à la trahison de son amoureux.
Entre doutes et certitudes, Mireille a vécu les moments les plus
difficiles dans sa vie, elle n’a rien pu faire d’autre que de devenir
folle et de tuer son petit, puis de donner au traître des coups de
couteau.
Le drame se termine par la vue de Mireille qui rentre en
France, l’esprit perdu, et Ousmane sur un lit d’hôpital.
54
3-1-2 Analyse des personnages:
3-1-2-1 Ousmane Guèye :
Ousmane le gamin s’est heurté, tout au début de sa vie
sentimentale d’adolescent, à la méchanceté et la dureté d’une jeune
fille qui est plus mûre que lui (Ouleymatou Ngom). Par ses
moqueries, elle a poussé Ousmane à fermer des portes devant les
filles jusqu’au jour où il a rencontré Mireille de la Vallée qui est tout
à fait différente des filles qu’il a déjà rencontrées et connues.
Mireille possédait la beauté, l’intelligence et la douceur.
Ousmane a bien aimé ses qualités et c’était un pari pour lui, alors il a
tout fait pour l’avoir, soutenu par une insistance unique ce qui
apparaît de façon claire dans le changement qu’il a fait concernant la
situation financière de sa famille.
Après avoir terminé ses études universitaires, il a pu avoir un
logement O.H.L.M. (Office de l’Habitation à Loyer Modéré), et
assurer une certaine aisance pour la famille, sa deuxième étape
c’était Mireille, son vrai amour.
Ousmane, très rattaché à sa famille, surtout à sa mère et à son pays, finit
par croire que Mireille est une égoïste, pourquoi? Parce qu’elle le veut sans
famille ni amis. Cette idée est nourrie par le comportement de Mireille qui
supporte mal les amis d’Ousmane chez elle, et n’accepte guère l’intervention et
l’existence de Yaya Khady, sa belle-mère, dans ses affaires qui sont les affaires
de ‘Ousmane’, fils aîné et chouchou de sa mère.
Au milieu de cette situation gênante, apparaît Ouleymatou,
l’amour de l’adolescence, avec sa beauté et sa foie de retenir
Ousmane.
55
Ousmane a trouvé en elle l'idée de la solution qui satisfait
Yaye Khady en même temps que sa dignité blessée. A l’intérieur de
lui, le roman ne reflète pas de conflit. Ouleymatou ne trouve aucune
difficulté à le reprendre. Ousmane est soumis très rapidement aux
contraintes familiales.
Ousmane Guèye a espéré vivre deux réalités différentes, la
belle Mireille dans son foyer confortable, propre et bien géré à la
bourgeoise et Ouleymatou qui figure sa réalité comme africain,
maître chez lui.
3-1-2-2 Mireille de la Vallée :
Fille unique de la famille de la Vallée. Soigneusement, élevée
au sein de ses parents diplomates avec certaines manières de façon
qu’elle occupe une place importante dans la haute classe en France.
A cause de son amour pour Ousmane, Mireille a refusé de se marier
avec Pierre, ce bel homme à l’œil bleu, l’héritier d’un complexe
industriel important et qui a fait de brillantes études d’ingénieur. Elle
a préféré tout quitter et tout brûler par une lettre renvoyée à ses
parents annonçant son mariage avec ce nègre là à chemise rouge.
Au Sénégal, Mireille, au début, a tout essayé pour s’adapter à
la société et rendre contents ses beaux-parents, mais Yaye Khady a
frustré chaque tentative de sa part, et Mireille n’a pas pu renoncer
aux principes qu’elle avait adoptés pendant sa vie, surtout l’intimité
de la vie conjugale. De sa part, Ousmane a mal jugé ses
comportements en les considérant comme une sorte d’égoïsme. Il lui
repproche sa propreté et la traduit comme moyen de le contrôler.
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En fin, Mireille a reçu la foudre. Ousmane, le nègre traître
s’est marié et attend un deuxième enfant.
Dans le même immeuble qu’Ousmane et Mireille, habitait un
couple européen, Geneviève et Guillaume. Geneviève est une
rondelette, brune, petite descendue de la province. Son mari
Guillaume apprécie bien la finesse et la manière séduisante de
Mireille et se demande ‘Ce nègre, peut-il apprécier ce qu’elle est, ce
qu’elle apporte ? Cette chevelure, ces yeux, ces manières princières?
Il n’imagine pas cette belle fleur de chez eux entre les mains de ce
rustre !’
Quant à son père Monsieur de la Vallée, le jour où il a trouvé
la photo de Ousmane avec sa fille, il lui a demandé :
‘Tu connais ‘ça’ ?’
Mireille s’en souvient, Ousmane n’est vraiment que ‘ça’.
3-1-2-3 Yaye Khady :
Mère traditionnelle, elle a voulu exercer son rôle comme bellemère traditionnelle qui mérite le respect et le confort de sa bellefille. Elle a également voulu avoir un statut social considérable car
elle a réussi l’éducation de son petit ‘Oussu’ et elle attend de goûter
au fruit, une femme ‘toubab’ ne fera pas de travaux domestiques à sa
place, en plus elle va garder le fils à ses côtés et se méfier de sa
famille. Alors, Yaye Khady luttera contre cette ‘diablesse’.
En fait, Yaye Khady jusqu’aux derniers moments à l’aéroport
de Dakar esperait de voir une femme banale, mais elle a reçu le
choc, cette toubab est belle comme une ‘djinn’.
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Cette mère possessive a poussé aveuglement et sévèrement son
fils vers la marge.
3-1-2-4 Ouleymatou Ngom :
Elle a regretté son refus d’Ousmane le garçonnet qui est
devenu homme, beau comme une statue et riche.
Malgré son intelligence modeste et limitée, Ouleymatou a
trouvé le bon moyen de séduire Ousmane. Armée de sa beauté, elle a
exercé une sorte de séduction irrésistible sur lui. Elle lui présente ce
qu’elle lui a refusé hier ; son amour, son respect et Oussu n’a que de
prendre ce qu’on lui présente.
D’un autre côté, Ouleymatou a eu la sympathie de Yaye
Khady, à la place de la mère fatiguée. Ouleymatou a pris en charge
quelques travaux quotidiens.
Ouleymatou, fille africaine dans une société sénégalaise
musulmane, ne voit pas de mal dans la polygamie, parce que c’est un
milieu où on prend aisément quatre femmes. Mais ce qu’on lui
reproche, c’est le manque de scrupule qui peut l’empêcher d’avoir
un bébé avant le mariage d’après la religion musulmane.
3-1-2-5 Djbril Guèye :
Père, musulman, croyant, essaye d’approuver que son fils dont
il est fier n’est pas influencé par sa femme ‘toubab’, il incite son fils
à inviter sa femme, déjà musulmane, à faire les prières.
Ce père n’a rien refusé à Yaye Khady, malgré son ouverture,
lui qui a eu la chance de travailler avec les "toubab" et d’aller en
France, ce qui fait un élément de respect dans sa société. Djbril
58
Guèye était très pacifique, il se taisait à l’égard des tentatives de
Yaye Khady car il était faible devant elle.
59
3-2 Ô Pays Mon Beau Peuple
Un roman qui représente la réussite de couple mixte dans la
littérature africaine d'expression française.
3-2-1 Résumé:
Omar Faye, fils de Moussa et de Rokhaya Faye, est fils unique
de sa mère. Elle l’a eu après des années de souffrance, ses enfants
meurent à la naissance, son mari a d’autres femmes et d’autres
enfants. Après être allée chez les charlatans, il n’y a qu’Omar qui lui
est resté. Elle l’a beaucoup chéri, et au moment où il devait aller
faire la guerre en Europe, elle est devenue folle de douleur.
En revenant chez lui après huit ans d’absence, après avoir
parcouru l’Afrique du nord et la France, quatre ans après la victoire,
Omar a emmené sa femme toubab "Isabelle". En gagnant le domicile
paternel, les réactions varient de l’un à l’autre. Son père le
musulman croyant n’apprécie pas bien l’idée que son fils qui
d’ailleurs ne fait pas les prières, se marie avec une chrétienne, ce qui
rend la situation encore pire. La mère Rokhaya ne fait pas d’effort
pour cacher son refus pour ce mariage, car elle a déjà choisi la future
mariée de son fils, mais Omar, sans la moindre hésitation, a annulé
l’engagement de sa mère avec sa future belle-famille à son retour.
A la suite d’une discussion avec le père Moussa concernant
son mariage avec Isabelle, Oumar décide d’avoir une maison. Il est
allé camper avec sa femme sous les palmiers où il va construire sa
nouvelle maison. Trois mois plus tard, la maison est prête, résultat
60
d’un travail inlassable et dur. Le village n’a comme sujet que la
maison d’Oumar Faye.
Dans la société paradoxale sénégalaise, où se rencontre
beaucoup de races et cultures, la race blanche domine la vie
commerciale et économique, alors, Oumar, le révolté, va rencontrer
de nombreux problèmes en protestant et en refusant l’oppression
qu’exercent les blancs sur son peuple.
Poussé par cet esprit de liberté et d’indépendance, Oumar, fils
de l’homme des eaux décide de changer les métiers des ancêtres
pour devenir un homme de terre.
En mettant sa décision à exécution, il est allé pendant trois
jours dans un village voisin pour chercher des rizières.
Pendant ce temps-là, Isabelle sa femme était victime d’une
tentative d’agression : deux blancs dont Oumar a provoqué l’hostilité
ont essayé de la violer, mais très courageusement, elle a pu s’en sortir.
Les champs du riz deviennent une réalité. Ousmane a recruté
beaucoup de gens surtout les femmes. Il les traite comme mères et
sœurs à lui, de façon qu’il est devenu célèbre et aimé par tout le
monde.
Le rêve d’Oumar se réalise et le temps de la moisson arrive.
Les commerçants blancs se réunissent pour voir ce qu’ils vont faire
contre cet adversaire riche et puissant. Il figure pour eux un danger
présent. Oumar a donné gratuitement la semence aux cultivateurs à
condition qu’ils vendent à lui seul la récolte de l’année suivante.
Après avoir eu leur confiance, ils ont tous accepté. Cela ne suffit pas
au désir ambitieux d’Oumar, il est allé plus loin, à la recherche du
61
bien de son peuple. Avec le père Gomis, le boutiquier, il propose un
projet de partenariat de la capitale, pour améliorer la qualité du
travail dans les fermes, il pense à une ferme-modèle avec une
technologie moderne.
Enceinte de son enfant, Isabelle a soutenu son mari de son
mieux, mais, un jour, dans la nuit, le couple a entendu ce qui leur
paraît être un gémissement de blessé puis des cris. Faye est sorti
aider celui qui criait, mais dans l’obscurité de la nuit, il a reçu des
coups mortels de tous les côtés.
Le tam-tam résonnait, Oumar est mort, il a été assassiné, sa
maison était la destination de la foule incrédule, une manifestation
silencieuse se dirige vers la Palmeraie, des gens à pied, et d’autres en
bateau.
Tous ceux qui l’ont aimé et connu, l’ont accompagné aux
tombes : musulmans, chrétiens, fétichistes et athées. Après
l’enterrement, ils se sont tous retrouvés chez Oumar.
Le père Gomis est sorti remercier les gens et déclarer
qu’Isabelle Faye va continuer ce qu’Oumar a déjà commencé. Elle
va coopérer avec le père Gomis pour l’intérêt de ce beau peuple que
son mari a longuement adoré.
62
3-2-2 Deux héros africains:
Ousmane Guèye et Oumar Faye:
Les deux héros africains sont élevés dans la société sénégalaise
musulmane, de mère et père penchant et veillant sur leur éducation,
aimés et adorés par leurs mères, entourés par les voisins, les amis et
les proches, dans une société à la fois cohérente et différente.
Le Sénégal le pays paradoxal, est un carrefour de commerce et
de culture, qui rassemble différentes races ; ce qui n’empêche pas
l’enracinement des mœurs africaines et n’entrave pas la solidarité
qui marque les sociétés africaines.
Ousmane attaché à ses parents, refuse d’accepter la bourse
qu’on lui a offerte à la fin de ses études secondaires pour les
continuer en France, en préférant rester à côté de son père l’invalide
de guerre qui commence à vieillir, poussé par l’éducation religieuse
qu’il a reçue et une sorte de sensibilité très remarquable. Cette
sensibilité a incité Ousmane à prendre distance à l’égard des filles,
surtout celles qui ressemblent de loin ou de près à Ouleymatou. Il
cherchait quelque chose de différent, ce qu’il a trouvé chez Mireille
de la Vallée. Mais son rattachement à sa société, à son
environnement a beaucoup influencé ses pensées. A l’intérieur de
lui-même, il se sent dépaysé, arraché de son milieu africain. Ce
sentiment se nourrissait de la tendance à l’individualité que Mireille
a éprouvée, ce qui a affaibli la résistance d’Ousmane face à
Ouleymatou qui n’a trouvé aucune difficulté à le retenir, soutenu par
Yaye Khady devant qui Ousmane se trouve faible et impuissant.
63
Oumar Faye, fils unique de sa mère, est allé, comme nombre
de ses camarades, faire la guerre en Europe à l’âge de dix-sept ans. Il
est rentré après une absence de huit ans et après avoir parcouru
l’Afrique du Nord et la France. Blessé deux fois, il a été décoré de la
médaille militaire et de la croix de la guerre, puis il a été démobilisé
à Lille. Oumar quitte Lille pour travailler à Paris chez (Citroën), où
il a suivi des cours de mécanique. Il passait tous ses congés à
l’étranger, il a visité l’Autriche et l’Allemagne.
Oumar connaît Isabelle chez des amis. Ensuite, un an après
son mariage, il a gagné son pays natal, accompagné pas son amour
pour la terre, et sa volonté de changement.
Faye s’attaque courageusement au domaine de l’agriculture
sans aucune expérience précédente, ce qui étonne même ses parents.
Devant les yeux de tout le monde, son projet connaît un succès
incomparable. Ses affaires vont à grands pas vers le but qui est le
bénéfice de son pays, de son beau peuple.
La mère Rokhaya, au contraire de Yaye Khady, n’a aucune
autorité sur son fils indépendant, malgré l’excès d’amour qu’elle lui
porte. Cette indépendance, et cette ouverture d’esprit ont orienté les
pas d’Oumar à l’extérieur de lui-même, pour réfléchir aux autres.
Par ses yeux, qui apprécient tout signe de beauté autour de lui, il voit
également le malheur des autres.
Homme d’action, Oumar se met en mouvement pour agiter le
silence, pour réveiller la somnolence de son pays. Il vivait pour tout
le monde bien qu’il soit devenu un symbole de résistance et de
bienveillance.
64
3-2-3 Deux héroïnes blanches:
Isabelle Faye et Mireille Guèye:
Mireille de la Vallée la Crème de la bourgeoisie française,
issue d’une culture où les hommes et les femmes sont égaux dans
tous les sens, elle répond aux besoins d’Ousmane, méprisé de la part
d’Ouleymatou qui représente la fille sénégalaise, pour son travail à
côté de sa mère. Elle ‘Mireille’ lui présente un autre angle de vue
plus intelligent et profond, des occupations loin de ce qu’il a
expérimenté chez les filles de chez-lui.
Mireille a reçu son éducation dans une atmosphère douce et
calme, ce qui justifie son caractère romanesque et sa fragilité.
Dans sa propre maison, elle a voulu adopter le même mode de vie
qu’elle a connu chez ses parents, un mode d’individualité et d’intimité,
ce qui marque les sociétés européennes surtout les bourgeoises.
Mireille n’a pas essayé de s’intégrer dans son milieu, dans sa
nouvelle société, de même, elle n’a pas accepté les représentants de
cette société, Yaye Khady et les amis d’Ousmane, chez elle.
Cette attitude a contribué efficacement à l’échec de son
mariage. Au contraire d’Isabelle Faye, qui a très rapidement adopté
les amis d’Oumar comme des amis très chers à elle. Egalement, elle
a fait beaucoup de progrès en ‘Diola’, le dialecte de son mari et de sa
belle-famille.
Isabelle est venue d’une famille sans foi, elle a été élevée dans
une ambiance de liberté, alors, elle n’a pas rencontré beaucoup de
refus en épousant Oumar, seulement les signes de racisme
65
qu’éprouvait sa mère au moment où elle a rencontré son futur beaufils.
Si on regarde bien, on trouve que le racisme est des deux côtés
parce que la discrimination ce n’est pas seulement à cause de la
couleur de peau, mais aussi à cause de l’ignorance et
l’incompréhension de l’autre, car mère Rokhaya, de son côté, ne
voulait pas de femme ‘toubab’ comme brue.
Isabelle a le même courage, la même indépendance que son
mari. Au moment où les deux adversaires blancs de son mari ont
essayé de la violer, elle a pu s’en sortir sans avoir demandé l’aide,
armée du fusil de son mari, elle a tiré sur la voiture des agresseurs.
Occupée par ses propres affaires, Isabelle a laissé à son mari le
temps de travailler sans se plaindre. Elle s’est mise derrière lui, le
soutenant et l'encourageant de son mieux, malgré les moments de
faiblesse qu’elle témoigne de temps en temps.
Isabelle et Mireille ont connu le racisme de près. Les deux femmes ont été
reprochées pour le fait qu’elles se marient avec des noirs. Isabelle par la
communauté blanche casamancienne et Mireille par ses parents, surtout son père
dont elle garde les mots qu’il a dits au moment où il voit la photo d’Ousmane :
‘Tu connais ça ?’
Quant à Isabelle, grâce à son éducation indépendante de tout
engagement et de toute contrainte sociale et grâce à la personnalité forte de son
mari, l’avis des autres n’a aucun effet sur elle. Elle a réussi à sauver son
mariage, non seulement cela, mais elle est devenue un symbole de résistance et
de continuation pour les efforts de son mari dont elle garde l’enfant. Elle est
devenue le seul espoir pour la mère Rokhaya qui l’a, bientôt, beaucoup aimée.
66
CHAPITRE IV
SYNTHESE
LE MARIAGE MIXTE A TRAVERS
QUATRE ROMANS DE LA
LITTERATURE AFRICAINE
D'EXPRESSION FRANÇAISE
4-1 Agar et Un chant écarlate
Facteurs d’échec
4-1-1 Le rôle du héros :
4-1-1-1 Ousmane Guèye et le médecin juif :
Le personnage d’un héros par excellence fait l’histoire d’échec
ou de réussite puisqu’il est le côté du couple à qui on confie la
plupart du temps le choix de la mariée et la prise de décision.
Le héros d’Agar est un juif élevé dans une société fermée qui
n’accepte personne hors de la Communauté, une société où les
contraintes familiales sont très fortes.
De son côté, notre héros a répondu très rapidement et sans
résistance à la pression qu’exerce la société juive connue pour son
intégration et son racisme. Il n’a pas pu protéger sa femme contre ce
rejet et même pas contre ce sentiment de refus qui s’augmente à
l’intérieur d’elle en se contentant de la regarder haïssant tout autour
d’elle, c’est seulement aux moments difficiles de l’accouchement
qu’il a eu la capacité de montrer un peu de sympathie parce qu’elle
était faible, seule et sans défense, mais l’émotion qu’il avait eue n’a
pas duré longtemps.
Dès le début, ce héros réfléchissait à la séparation. Il pense que
son fils non circoncis va se sentir attiré vers la moitié européenne.
Ce père a peur que son fils n’aie aucun lien qui l’attire vers lui dans
l’avenir en oubliant son rôle comme père penchant sur l’éducation
de son fils et cela montre l’image qu’il a dans sa tête sur l’avenir de
sa famille.
67
Ce couple mixte n’a pas profité dans cette histoire, des
moments rares de conciliation et de retenue d’équilibre pendant la
deuxième fois que Marie tombe enceinte, ils étaient tous deux
désespérés pour choisir l’avortement comme dernière solution.
La lâcheté du héros était la cause principale de l’échec de cette
histoire d’amour, la même faiblesse et lâcheté qui a poussé le même
héros à quitter Paris aux moments de peur et de dépaysement. C’était
Marie qui l’a soutenu et s’est mise derièrre lui. La même Marie qu’il
a trahi au sein de sa famille et dans son pays.
Quant à Ousmane Guèye, on pourrait dire que sa faiblesse
devant Yaye Khady la mère était derrière l’échec de son mariage.
Ousmane est rapidement soumis à la volonté de Yaye Khadye qui
veut avoir une bru traditionnelle, une bru qui l’aide aux travaux
domestiques ; à laver, repasser, faire le linge et le ménage, etc.
Ousmane en même temps a voulu vivre dans son milieu
comme un africain, maître chez lui avec une femme africaine qui
plaît à sa maman et répond au désir caché au fond de lui.
4-1-1-2 Mireille de la Vallée et Marie :
Malgré l’existence des enfants, les deux héros, celui d’Agar et
celui d’Un chant écarlate, n’ont pas réussi à sauver leurs mariages,
mais à vrai dire, la responsabilité est partagée avec les héroïnes qui
n’ont pas bien mesuré ce qui les attendait dans le pays du mari et il
leur aurait fallu l’ouverture d’esprit de ne pas prévoir une vie
semblable à celle qu’elles ont quitté en Europe.
Marie et Mireille Guèye attendent une vie moderne, propre et
très privée où leurs maris seront complétement à elles. Puisque ce
68
n’est pas le cas, elles commencent à se plaindre, à tout haïr, surtout
dans le cas de Marie qui déteste la vie autour d’elle l’odeur de
jasmin, celle de l’huile de cuisine, les cérémonies, les cuillères de
confiture qui circulent de bouche en bouche, les fenêtres largement
ouvertes.
Mireille à son tour commence à avoir du mal à supporter les
amis de son mari, leur façon de parler, de rire. Elle supporte mal le
désordre chez elle dont elle veut faire un modèle de sa maison en
France.
Marie et Mireille ont du mal à s’adapter avec la vie de leurs
belles familles et leurs maris, elles se trouvent étonnées par la
différence entre ce qu’elles avaient imaginé et la réalité qu’elles ont
vécue.
Au temps où Marie la parisienne déteste chaque rite juif, aussi
que la vie sale de cette communauté, elle attend, sans justification,
de son mari de célébrer des occasions catholiques pendant Noël.
Mireille de la Vallée voulait enfermer Ousmane dans un cadre
bourgeois, faire un symbole de sa vie chez son père, mener une vie
très privée où il n’y a pas cet engagement vers la famille et les amis.
Nos deux heroïnes ont du mal à comprendre comment on vit
collectivement dans une société africaine, comment l’on vit pour les
siens et que la vie privée dans le sens européen n’existe presque pas,
elles cherchent un homme, un partenaire libre de contraintes, elles se
méfient de cette longue vie que leurs maris ont vécu, de leur
éducation et du lien profond qui les attire vers leurs familles et leur
passé.
69
Marie est un bon exemple. Elle avait tort en éloignant son mari
de sa famille pour aller vivre à la campagne parce qu’elle ne
supporte pas la ville qu’elle trouve sale malgré le fait que son mari
soit un médecin débutant qu’ il aura besoin d’être en ville pour le
bien de son métier.
4-1-2 Le rôle de la société
Dans les deux histoires qui ont connu l’échec, on voit
nettement le rôle des sociétés, théâtre des scènes, des histoires.
L’une se déroule dans une société africaine et l’autre dans une
société juive.
Ces deux sociétés sont des sociétés traditionnelles où règnent
les mœurs et les coutumes des ancêtres, surtout la société juive qui
garde des rites très rigides et intégristes, elle n’accepte aucun
étranger et s’oppose à la modernité qui pour elle représente le danger
et menace son existence. Alors, dans cette atmosphère, le
développement d’une relation d’amour avec une étrangère devient
très difficile, à cause de l’autorité qu’exerce cette communauté sur
ses enfants.
Quant à la société africaine, elle crée une relation quelquefois
discrète mais très forte avec ses enfants parce qu’elle s’enracine dans
la construction des sentiments et même dans les souvenirs qu’on
garde dans la tête pour toujours.
La société africaine est une société chaleureuse et tolérante
mais aussi une société d’une solidarité unique.
70
L’effet de cette communauté sur Ousmane Guèye apparaît
clairement surtout après son mariage avec Mireille, il se trouve
impuisant à l’égard de sa mère qui veut Ouleymatou la femme au
cœur dur qui décide d’épouser Ousmane le notable après avoir
refusé Ousmane le gamin et lui a préféré le dernier de la classe. Sans
l’appui de la société, Ouleymatou n’aurait aucun effet sur Ousmane
Guèye l’africain qui adore son peuple et sa maman.
On peut dire que tous deux, le juif et l’africain, sont repris par
leur société.
4-1-2-1 Le couple et la société juive
Malgré que le couple a célébré son mariage en France, la
Communauté juive ne reconnait aucun mariage hors du cadre
religieux juif.
Alors, l’opposition vient d’abord des rabbins qui éprouvent
une sorte bizarre d’intégration et de durté envers Marie qui se trouve
impuissante devant la fermeture d’une société. Pour eux, elle est
avant tout l’étrangère.
Un autre côté du problème, c’est que si l’enfant juif n’est pas
circoncis, il n’aura pas le droit d’hériter de son père et il sera
également privé de faire partie de la communauté.
Ce peuple a peur de tout ce qui est différent et moderne. La
torture et la souffrance qu’il avait connues pendant les différents
régimes et courants politiques révolutionnaires dans le monde entier,
lui a appris d’être prudent devant les nouveautés.
La complicité accumulée à travers les siècles, résultat
d’oppression et de frustration que ce peuple avait connu, nourrit et
71
justifie aujourd’hui cette peur et cette intégration qu’exerce les juifs
envers d’autres races.
Il devient très difficile de vivre au sein d’un peuple qui
applique chaque jour des habitudes qu’on peut tout simplement
décrire par "bizarres".
Il devient également très difficile, non seulement à Marie, mais
même aux juifs qui ont reçu une éducation non juive quelconque, de
s’adapter à ce mode de vie.
Résultat naturel et bien attendu ce que le couple et surtout Marie a
rencontré car c’est une société qui a perdu toute confiance dans les
autres.
4-1-2-2 Mireille / Ousmane et la société sénégalaise:
La société africaine est une société ancienne avec des rites et
des mœurs très enracinés dans le passé, des mœurs bien conservées,
bien appliquées et bien transmises aux générations présentes.
Les relations familiales dans cette société sont très fortes de
façon à entraver chaque tentative de séparation ou d’indépendance,
les rites africains encadrent tous les aspects de la vie quotidienne.
C’est pourquoi Yaye Khady ne voulait pas sortir de la règle
qu’elle regarde s’appliquer tous les jours avec les mamans des
enfants, elle veut déposer la responsabilité de ses épaules, et elle n’a
que Ousmane son fils unique pour réaliser ce souhait qu’elle
considère comme un droit, Ousmane c’est son unique fils qu’elle a
eu à la fin d’une série de souffrance.
72
Ce qu’on peut généralement dire, c’est que malgré l’accueil et
la tolérance qu’elle éprouve envers les nouveaux arrivants, la société
africaine avec ses coutumes, influence négativement l’existence de
ces derniers par la difficulté d’accès et d’initiation au mode de vie
qu’on ne peut pas décrire par international.
Bref, nos deux héros ; l’africain Ousmane et le médecin juif,
sont repris par leurs sociétés ; ce qui renforce l’influence et soutient
l’effet de la société sur tous les deux, c’est le manque de
l’expérience de vivre dans une autre société, exprimenter un autre
monde différent de comportement, de pensée et de patrimoine.
73
4-2 Ô pays ! Mon beau peuple et La terre et le sang
Facteurs de Réussite
4-2-1 Oumar Faye et Amer :
Oumar Faye et Amer ont la qualité d’avoir un personnage
assez fort dans le cas d’Amer et très fort chez Oumar. Tous les deux
ont été beaucoup chéri par leur maman du fait qu’ils étaient des fils
uniques.
Nos deux héros ont quitté très jeunes leurs pays pour aller
vivre en France. Pendant des années, ils ont expérimenté la guerre.
Oumar est parti à l’âge de dix-sept ans pour faire la guerre pendant
la deuxième guerre mondiale. Il a été décoré d’une médaille militaire
et de la croix de guerre. Amar était prisonnier de guerre pendant cinq
ans en Allemagne. Tous les deux ont pu s’intégrer dans la société
contrairement à Ousmane qui a refusé la bourse qu’on lui a offerte
pour aller étudier en France et au médecin juif qui était prêt à quitter
Paris au premier signe de dépaysement qu’il a ressenti. Ces
expériences, celle d’Oumar et d’Amer, sans doute ont beaucoup aidé
à sauver et à continuer leur mariage et bien sûr à bien comprendre
l’autre aux mements difficiles parce qu’avec une volonté libre, un
personnage indépendant, on peut avoir une vue plus claire et plus
large, on ne se laisse pas influencer ni par la société ni par la famille.
Un autre sens de liberté, la liberté financière, Oumar a travaillé
chez Citroën, il a suivi des cours de mécanique, en revenant chez lui,
il a assuré une certaine aisance pour sa famille, en construisant une
74
jolie maison indépendante qui est devenue sujet de tout le monde au
village. Plus tard, Oumar est devenu un adversaire notable pour les
hommes d’affaires blancs.
Amer aussi est devenu dans peu de temps un notable de son
village, il se réjouit d’une stabilité, ce qui donne à lui et à Oumar une
sorte de confiance et de liberté de décision.
4-2-2 Marie et Isabelle Faye :
Les deux héroïnes ont réussi à continuer leur vie conjugale
dans un pays étranger au sein d’une société tout à fait différente.
Isabelle Faye est venue d’une famille sans foi. Elle n’a pas
rencontré d’opposition en épousant Oumar en peu de temps, elle a eu
la confiance de la mère Rokhaya, elle à également essayé de son
mieux de s’intégrer dans la société sénégalaise en apprenant le
dialecte local et, en prenant les amis de Oumar comme des amis à
elle, elle s’est faite beaucoup d’amis.
Isabelle a pu créer un monde indépendant où elle ne s’ennuie
pas en laissant à Oumar le temps de s’occuper de ses propres affaires
mais au même temps en participant efficacement à la prospérité de
leurs affaires.
En ce qui concerne Marie la femme d’Amer dans La terre et le
sang, son caractère n’est pas assez clair dans l’histoire et les grands
traits de son personnage ne sont pas définis de façon à nous
permettre de bien juger ses réactions mais l’important c’est qu’elle
aime Amer et lui fait beaucoup de confiance. Marie était prête à tout
supporter car elle a tout brûlé derrière elle.
75
Isabelle et Marie partagent la réussite du mariage et en plus
elles sont devenues l’espoir de deux mères Kamouma et Rokhaya à
la suite de la mort de leurs fils uniques par les enfants qu’elles
portent en elles.
76
77
Conclusion
La mixité désigne chez la majorité des gens la perte d’identité.
Elle représente pour eux un menace d’existence alors, par
conséquence, il leur devient difficile d’admettre facilement la mixité
d’un couple.
D’autre côté, le partenaire accueilli dans sa nouvelle famille, à
qui on demande de s’intégrer dans la société, rencontre de grandes
difficultés sur ce point là.
Quelles sont les différences qui rendent difficile l’intégration du
couple dans la société :
A travers les quatre romans qu'on a étudiés, on peut résumer
ces différences en trois grands catégories.
* Différences de milieu socio – culturel :
Cette catégorie comprend tous les aspect de la vie quotidienne
y compris la conception de la famille et le rôle de l’homme, de la
femme, dans la famille dans les deux sociétés mixtes.
* Différences de langue :
La langue, comme moyen de communication, joue un rôle très
important parce que c’est le support du dialogue.
* Différences de religion :
L’intégration et la différence de croyance représentent une
cause importante dans les conflits. Jusqu'à nos jours, cette
intégration des préjugés qu'on a sur les autres influence
négativement notre co-habitation.
78
Le couple mixte, vivre positivement les différences :
L’identité collective d’un groupe social ce n’est que l’histoire
de son influence, de son changement d’appartenance et de son
passage de frontière par rapport à d’autres identités et cultures à
travers le temps. Cette identité n’arrête jamais de bouger, de se
transformer puisque l’être humain continue à évoluer et à changer
d’attitude.
Dans la vie du couple mixte, cette définition d’identité aide,
sans doute, les deux partenaires à agir l’un envers l’autre dans un
esprit de tolérance. Puisque dans chaque culture, il y a absolument
des points positifs. Mais l’important c’est d’avoir la capacité de
capturer ces points et les transformer dans des points forts dans leur
vie conjugale.
Marie Hélène, la femme d’un couple mixte franco-africain
dit(1) « on prend forcément beaucoup de recul par rapport à sa propre
culture, quand on vit au quotidien avec quelqu'un qui a une culture
différente. Je pense que dans chaque culture, on pioche des choses
positives. Dans la culture française j’apprécie l’organisation de la
société par exemple, la gestion du temps nous semble un peu
douteuse en Afrique mais trop rigide en France. J'aime la pensée
africaine riche en image et l’art de la parole, on aime aussi la place
de la fête en Afrique et je trouve que la culture française n’est pas
assez souriante ».
1 - Coopération développement , No 153, 2˚Semestre 2001.
79
La réussite absolue est-ce possible ?
Même dans un couple de la même identité, la réussite reste
une conception ambiguë et vague parce que la signification du mot
(réussite) varie, d’une famille à l’autre et d’un couple à l’autre.
Chaque individu donne un sens différent pour le succès, mais
l’important reste toujours le jugement que donne cet individu à son
expérience.
Dr. Amina Yagi, une femme de couple mixte soudanofrançais, a connu une réussite incomparable dans sa vie de couple,
par le témoignage de tout le monde. Dans un entretien fait par
Monsieur Fadlallah KANAN le 24 mars 2003, Madame Yagi résume
son expérience par(1) « nous n’avons jamais eu entre nous la moindre
mésentente ».
Finalement, il n’y a pas de recette à donner aux couples mixtes
pour réussir leur union mieux que d’être conscients de leur
distinctivité. Ils ne sont pas de couples normaux malgré la réalité que
tous les couples sont mixtes ; chaque individu, d’une manière ou
d’une autre, est différent de l’autre. Il faut s’accepter et se
comprendre.
1- Kanan, Fadlallah, mémoire de maîtrise , Khartoum, 2003.
80
Bibliographie
* Ouvrages :
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1995.
9. GUENEAU, Raymond, Histoire de la littérature, NRF, Dijon,
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10. KANAN, Fadlalah, Les conflits des civilisations dans le
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française, mémoire de maîtrise, Omdurman, 2003.
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techniques modernes d’analyse littéraire, Nathan, Paris, 1992.
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19. YAGI, Viviane, Cours de maîtrise, Khartoum, 1999.
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maghrébine d’expression française de 1952 à 1956, CIEF,
Canada.
21. ZAROUG, Hanadi, la polygamie a travers deux romans
africains, "Une si longue lettre de Mariama Bâ et "Xala" de
Sembéne Ousmane, mémoire de B. A honours, Khartoum,
1994.
82
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22- Coopération et développement, n˚153, 2˚ trimestre
2001, les couples mixtes une union inter – culturelle P.8.
23- Notre librairie, revue des Ecrivains de langue française,
numéro 82, Janvier – Mars 1986.
24- Notre librairie, dix ans de littérature 1980 – 1990,
Maghreb – Afrique noire, n˚103, Octobre – Décembre
1990.
25- Notre librairie, la nouvelle, Afrique noire, Maghreb
Caraïbes, Océan Indien, n˚111, Octobre – Décembre
1992.
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27- BÂ, Mariama, "Une Si longue lettre", le serpent à plumes,
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29- MEMMI, Albert, "la statue de sel", Gallimard, Paris, 1955.
30- FERAOUN, Mouloud, "la terre et le sang", éditions du
Seuil, 1962.
31- SEMBENE, Ousmane, "Ô pays, mon beau peuple", Presses
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32- SEMBENE, Ousmane, "Xala", Présence Africaine, 1973.
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45. Forum Famili: couple mixte (Education):
forums.famili.fr/education/couple_mixte.htm
46. Les enfants d'un couple mixte:
sos-net.eu.org/etrangers/enfant.htm
47. col.fr/ forums - couple mixte : jusqu'ou on aller par amour …
www.col.fr/forum/topic.asp?TOPIC_ID=4998&whichpage=1
48. L'activé "défense" du Judo-Jujitsu s'exprime en competition …
jiujitsu.online.fr/fichiers/coupejj.PDF.
49. Musow.com
www.musow.com/temoins/couple-mixte3.html
50. Le Site des couples mixtes dont l'un des partenaires est musulman
www.cpl-mixte.net
51. portrait couple mixte
www.esj-lille.fr/atelier/magan2/teo/explorer/cohabit_couple.html.
52. Les enfants d'un couple mixte
sos-net.eu.org/etrangers/enfant.html
53. Baptěme des enfants dans un couple mixte
www.protestant .ch/ENPG/TableRonde.nsf/0/2c433e9d7f55d0bbc1256d
58004fdc2d?OpenDocument.
54. FemiForum – Secrets de Femme – Documentaire adoption et couple …
www.femiforum.com/modules.php?name=News&file=article&sid=50
55. djembé
couple.mixte.free.fr/djembe/djembe.htm.
56. Cheela – La réponse à vos questions de judaïsme
www.cheela.org/read.php?categ=32
87
57. Présidence de République – Recherche
www.elysee.frrech/voir.php?&C5=&THEME=+COUPLE+MIXTE
58. Seminare: outils de recherche sur la famille
www.ined.frrencontres/seminaires/famille/060600.htm
59. Forum Maroc
www.routard.com/comm_forum_liste_messages/forum/37/debut/714.htm
60. Altérités
www.alterites.com/find/php?keyword==%22couple%20mixte%22
61. Groupe Monsassier France – Actualites
www.group.monassier.com/actualites/presse4.html
88
Table des matières
Sujet
Page
Résumé en Arabe…………………………………………………………………..
Dédicace……………………………………………………………………………..
Remerciement………………………………………………………………………
Introduction …………………………………………………………………………
Chapitre I: Littérature Africaine D'expression française et quelques
auteurs……………………………………………................................
1-1 Littérature Maghrébine………………………………………………..
1-2 Littérature Algérienne………………………………………………….
1-3 Mouloud Feraoun………………………………………………….......
1-4 Littérature Tunisienne…………………………………………………
1-5 Albert Memmi…………………………………………………….....….
1-6 La littérature africaine……………………………………………….….
1-7 La littérature sénégalaise ……………………………………..………
1-8 Sembene Ousmane …………………………………….………………
1-9 Mariama Bâ……………………………………………………………..
Chapitre II: Le Mariage mixte dans "Agar" et "la terre et le sang"
l'échec et la réussite…………………………………….………….
2-1 Agar ……………………………………………………………….........
2-1-1 Résumé de l'histoire……………………………………………..
2-1-2 Analyse………………………………………….……………….
2-2 La terre et le sang……………………………………………..…………
2-2-1 Résumé ……………………………………………….…………..
2-2-2Analyse…………………………………………………………….
I
II
III
1
5
6
8
10
13
15
18
21
24
26
29
30
30
35
41
41
45
Chapitre III: le mariage mixte dans "un chant écarlate" et
"Ô pays mon beau peuple" l'échec et la réussite…………. …..
3-1 Un chant écarlate……………………………………………………
3-1-1 Résumé……………………………………………………….
3-1-2 Analyse ……………………………………………………....
3-2 Ô pays mon beau peuple …………………………………………..
3-2-1 Résume ……………………………………………………....
3-2-2 Analyse ……………………………………………………....
50
51
51
55
59
59
62
Chapitre IV: Synthèse
la mariage mixte A travers quatre romans de la
littérature Africaine d’expression française…………………
4-1 Agar et un chant écarlate facteurs d’échec………………………….
4-2 Ô Pays mon beau peuple et la terre et la sang, facteurs de réussite.
Conclusion…………………………………………………………………….
Bibliographie………………………………………………………………….
Sitographie…………………………………………………………………….
Table des matières ……………………………………………………………
66
67
74
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84
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89
90