LE COUPLE MIXTE A TRAVERS LA LITTÉRATURE AFRICAINE D
Transcription
LE COUPLE MIXTE A TRAVERS LA LITTÉRATURE AFRICAINE D
Université de Khartoum Faculté des Lettres Département de Français LE COUPLE MIXTE A TRAVERS LA LITTÉRATURE AFRICAINE D'EXPRESSION FRANÇAISE L'ÉCHEC ET LA RÉUSSITE Mémoire Présenté en vue de l'Obtention de la maîtrise en Littérature africaine d'expression française Présenté par: Wissal Mohammed Elsayed Ibrahim Sous la direction de: Dr. Viviane Amina YAGI Khartoum, Janvier 2004 ﺑﺴﻢ اﷲ اﻟﺮﺣﻤﻦ اﻟﺮﺣﻴﻢ اﻟﺨـﻼﺻـﺔ ﻴﻌﺘﺒﺭ ﻤﻭﻀﻭﻉ ﺍﻟﺯﻭﺍﺝ ﺒﻴﻥ ﺠﻨﺴﻴﺎﺕ ﻭﻋﺭﻗﻴﺎﺕ ﻤﺘﺒﺎﻴﻨﺔ ﻤﺤﻜﹰﺎ ﺭﺌﻴـﺴﻴﹰﺎ ﻻﺨﺘﺒـﺎﺭ ﺇﻤﻜﺎﻨﻴﺔ ﺍﻟﺘﻔﺎﻋل ﻭﺍﻟﺘﻨﺎﻏﻡ ﺒﻴﻥ ﺍﻟﺜﻘﺎﻓﺎﺕ ﺍﻟﻤﺘﻌﺩﺩﺓ ﻭﺍﻟﻨﻅﺭﺓ ﺇﻟﻴﻪ ﻤﻥ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺠﺎﻨﺏ ﺘﺜﺭﻱ ﻤـﺎﺩﺓ ﺍﻟﺒﺤﺙ ﻟﻠﻤﻬﺘﻤﻴﻥ ﺒﻬﺫﺍ ﺍﻟﻤﻭﻀﻭﻉ ﻭﺫﻟﻙ ﻟﺘﻌﺩﺩ ﺃﻭﺠﻪ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﺤﻀﺎﺭﺍﺕ ﻭﺍﺨﺘﻼﻑ ﻤﺘﻐﻴﺭﺍﺘﻬﺎ. ﻭﺍﻷﺩﺏ ﺒﺎﻋﺘﺒﺎﺭﻩ ﺍﺒﻨﹰﺎ ﻟﺒﻴﺌﺘﺔ ﺃﻓﺎﺩ ﻜﺜﻴﺭﹰﺍ ﻓﻲ ﺘﻔﺴﻴﺭ ﺍﻟﻅﻭﺍﻫﺭ ﺍﻟﻤﺘﻌﻠﻘﺔ ﺒﺎﻟﺯﻭﺍﺝ ﺒـﻴﻥ ﺍﻟﺠﻨﺴﻴﺎﺕ ﺍﻟﻤﺨﺘﻠﻔﺔ ﻭﺍﺴﺘﻔﺎﺩ ﺒﺎﻟﻤﻘﺎﺒل ﻤﻥ ﻤﺎﺩﺓ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﻤﻭﻀﻭﻉ ﻭﺍﻟﺘـﻲ ﻻ ﺘـﺯﺍل ﻤـﺼﺩﺭﹰﺍ ﻤﺘﺠﺩﺩﹰﺍ ﻹﻟﻬﺎﻡ ﺍﻟﻜﺘﺎﺏ. ﻴﺘﻨﺎﻭل ﺍﻟﺒﺤﺙ ﺒﺎﻟﻌﺭﺽ ﻭﺍﻟﺘﺤﻠﻴل ﻅﺎﻫﺭﺓ "ﺯﻭﺍﺝ ﺍﻷﺠﺎﻨﺏ" ﻓـﻲ ﺍﻷﺩﺏ ﺍﻹﻓﺭﻴﻘـﻲ ﺍﻟﻨﺎﻁﻕ ﺒﺎﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻔﺭﻨﺴﻴﺔ ﻤﻥ ﺨﻼل ﺃﺭﺒﻊ ﺭﻭﺍﻴﺎﺕ ﺘﻤﺜل ﺍﺜﻨﺘﻴﻥ ﻤﻨﻬﺎ ﺍﻟﻔـﺸل ﻭﻫـﻲ ﺭﻭﺍﻴـﺔ ﺍﻟﻜﺎﺘﺒﺔ ﺍﻟﺴﻨﻐﺎﻟﻴﺔ ﻤﺭﻴﺎﻤـﺎ ﺒـﺎ " Mariama Bâﺍﻷﻨـﺸﻭﺩﺓ ﺍﻷﺭﺠﻭﺍﻨﻴـﺔ un chant "écarlateﻭﺭﻭﺍﻴﺔ ﺍﻟﻜﺎﺘﺏ ﺍﻟﻔﺭﻨﺴﻲ ﺃﻟﺒﺭ ﻤﻴﻤﻲ "" "Albert Memmiﻫﺎﺠﺭ ."Agar ﺒﻴﻨﻤﺎ ﻤﺜل ﺍﻟﻨﺠﺎﺡ ﺭﻭﺍﻴﺔ ﺍﻟﻜﺎﺘﺏ ﺍﻟﺴﻨﻐﺎﻟﻲ ﺴﻤﺒﻥ ﻋﺜﻤﺎﻥ Sembéne Ousmane "ﻭﻁﻨﻲ ﻭﻴﺎ ﺸﻌﺒﻲ ﺍﻟﺠﻤﻴل "ô pays mon beau peupleﻭﺭﻭﺍﻴﺔ ﺍﻟﻜﺎﺘـﺏ ﺍﻟﺠﺯﺍﺌـﺭﻱ "ﻤﻭﻟﻭﺩ ﻓﺭﻋﻭﻥ " "Mouloud Feraounﺍﻷﺭﺽ ﻭﺍﻟﺩﻡ ."la terre et le sang ﺘﻨﻘل ﺍﻟﻌﺭﺽ ﺒﻴﻥ ﻤﺠﺘﻤﻌﺎﺕ ﻤﺨﺘﻠﻔﺔ ﻓﺎﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﺍﻹﻓﺭﻴﻘﻲ ﺫﻭ ﺍﻟﻤـﻭﺭﻭﺙ ﺍﻟﺜﻘـﺎﻓﻲ ﺍﻟﻤﺘﻤﺎﺴﻙ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﺭﻏﻡ ﻤﻥ ﺍﻨﻔﺘﺎﺤﻪ ﻴﺘﻤﻴﺯ ﺒﺎﻨﺘﻤﺎﺀ ﺃﺒﻨﺎﺀﻩ ﺇﻟﻴﻪ ﺒﺼﻭﺭﺓ ﻗﺩ ﺘﻌﻭﻕ ﺘﻘﺒل ﺍﻟﻭﺍﻓﺩ. ﺃﻤﺎ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﺍﻟﻴﻬﻭﺩﻱ ﻓﻬﻭ ﺫﻭ ﺒﻨﺎﺀ ﻨﻔﺴﻲ ﻤﺼﻤﺕ ﻴﺨﺸﻲ ﻜل ﻤﺎ ﻫﻭ ﺠﺩﻴﺩ ﻭﻏﻴﺭ ﻤﺄﻟﻭﻑ. ﻭﻤﻤﺎ ﺨﻠﺼﻨﺎ ﺇﻟﻴﻪ ﻴﻤﻜﻥ ﺍﻟﻘﻭل ﺒﺎﻥ ﺍﻟﻌﺎﻤل ﺍﻟﺭﺌﻴﺴﻲ ﻓﻲ ﺘﺤﺩﻴﺩ ﻤﺴﺎﺭ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﻨﻭﻉ ﻤﻥ ﺍﻟﻌﻼﻗﺎﺕ ﻭﺍﻟﻭﺼﻭل ﺒﻬﺎ ﺇﻟﻲ ﻏﺎﻴﺎﺘﻬﺎ ﻤﺘﻌﻠـﻕ ﻓـﻲ ﻤﻌﻅـﻡ ﺍﻷﺤﻴـﺎﻥ ﺒﺎﻟﻨـﺴﻴﺞ ﺍﻟﺜﻘـﺎﻓﻲ ﻭﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻲ ﻭﺍﻟﺫﻱ ﺘﺨﺘﻠﻑ ﺩﺭﺠﺔ ﺘﻘﺒﻠﻪ ﻟﻠﻭﺍﻓﺩ .ﻭﻴﻤﻜﻨﻨﺎ ﻜﺫﻟﻙ ﺍﻟﻘﻭل ﺒﺈﻤﻜﺎﻨﻴﺔ ﻨﺠﺎﺡ ﻫـﺫﻩ ﺍﻟﺭﺍﺒﻁﺔ ﻜﻔﺎﺘﺤﺔ ﻟﻠﺘﻤﺎﺯﺝ ﺒﻴﻥ ﺍﻟﺜﻘﺎﻓﺎﺕ ﻭﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻌﺎﺕ ﺍﻟﻤﺨﺘﻠﻔﺔ ﺇﺫﺍ ﺘﻡ ﺍﻟﺘﻌﺎﻤل ﻤﻊ ﺍﻟﻁـﺭﻑ ﺍﻷﻭل ﻜﻜﻴﺎﻥ ﻤﺨﺘﻠﻑ ﺫﻭ ﺇﺭﺙ ﺜﻘﺎﻓﻲ ﻭﺩﻴﻨﻲ ﻭﺤﻀﺎﺭﻱ ﻤﻜﻤل ﻭﻤﺘﻤﻡ ﻟﻠﻁﺭﻑ ﺍﻟﺜﺎﻨﻲ .ﺃﻤـﺎ ﺍﻟﺘﻌﺼﺏ ﻟﻠﺫﺍﺕ ﻭﺍﻟﻨﻅﺭﺓ ﺍﻟﺩﻭﻨﻴﺔ ﻟﺜﻘﺎﻓﺔ ﺍﻟﻐﻴﺭ ﻓﻼ ﻴﻤﻜﻥ ﺇﻻ ﺃﻥ ﺘﻜﻭﻥ ﺫﺍﺕ ﺁﺜـﺎﺭ ﺸـﺩﻴﺩﺓ ﺍﻟﺴﻠﺒﻴﺔ ﻋﻠﻰ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﻨﻭﺍﺓ ﻭﺒﺎﻟﺘﺎﻟﻲ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ. I Dédicace • A mes parents Mohammed et Fayza. • A mes frères et Sœurs. • A mes chers professeurs. • A mes amis Je dédie cette recherche II Remerciements Je remercie vivement Dr. Madame Amina Viviane Yagi la directrice de ce travail pour la qualité de patience et l'esprit de coopération qu'elle a éprouvée en dirigeant ce travail, et pour la mise en disposition de sa bibliothèque personnelle à mon service et au service de tout étudiant et chercheur. Qu'elle veuille trouver ici l'expression de mes remerciements les plus distingués. Je remercie beaucoup Monsieur Patrick THIRIOUX l'attaché linguistique et le directeur de l'An tenne universitaire de C.C.F. d'avoir corrigé le mémoire. Je tiens à remercier également Mademoiselle Nadra Al Fadil pour son aide efficace, aussi que tous ceux qui m'ont aidée à accomplir ce travail. III Introduction Le mariage mixte est un thème qui a enrichi la littérature de toutes les langues depuis l’aube de l'art de l’écriture. Ce thème est riche parce qu’il s’inspire des différences entre les civilisations et les cultures des peuple. Ces différences créent la tolérance de l'autre ou le conflit qui marque les relations inter - culturelles la plupart de temps. * Relations inter – culturelles, Risquez l’ouverture ou le (plus) de la coopération ?? Les relations interculturelles, y compris le mariage mixte, ne peuvent pas reculer dans un temps qui accélère la rencontre des cultures et des civilisations parce qu’aujourd’hui plus que jamais les moyens de communication, favorisés par le développement des sciences technologiques nous mettent en contact avec tous les coins du monde même les plus reculés et le phénomène d’acculturation devient une réalité présente avec laquelle tout le monde doit s’adapter. Alors, c’est une rencontre inévitable. (je suis homme et rien d’humain ne m’est étranger) disait déjà Térence dans l’antiquité. (1) « Ô hommes ! nous vous avons crées d’un mâl et d’une femelle et nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous vous entre – connaissiez. Le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est le plus pieux. Dieu est certes omniscient et Grand – Connaisseur. » 1 - Le Saint Coran, les appartements – v. 13. 2 Si tu diffère de moi, est ce que tu m’enrichis ? D’un côté, la différence, c’est, sans doute, une richesse qu’on doit conserver pour ne pas perdre le goût de la diversité qui donne harmonieusement des couleurs différentes au monde. D'un autre côté l’inter – culturalité doit reconnaître à chaque groupe social, son identité unique et spécifique en même temps que d’avoir le droit de se laisser féconder par d’autres cultures. Le mariage mixte l’échec ou la réussite ?? En essayant d’attirer l’attention sur les facteurs qui causent l’échec ou la réussite, on met l’accent sur les point forts et les points faibles dans une union inter – culturelle:A) A travers la littérature africaine d’expression française : - « Un chant écarlate » de Mariama Bâ > (cas d’échec). - « Ô pays mon beau peuple» de Sembène Ousmane (cas de réussite). B) A travers la littérature maghrébine de langue française : - "Agar" d’Albert Memmi "cas d’échec" - "La terre et le sang" de Mouloud Féraoun "cas de réussite". * Organisation du travail : Dans le premier chapitre nous commençons par une définition de la littérature maghrébine suivi d’un aperçu historique, puis nous parlons précisément de la littérature Algérienne et Tunisienne en parlant des auteurs des deux romans, Mouloud Feraoun et Albert Memmi. 3 Nous parlons également de la littérature africaine d’expression française surtout la littérature sénégalaise, en donnant comme modèle d’écrivain nos deux auteurs Mariama Bâ et Sembène Ousmane. Le deuxième chapitre présente un résumé et un commentaire pour les deux romans africains qui abordent le sujet du mariage mixte en passant par les facteurs qui causent l’échec dans « Un chant écarlate » et la grande réussite dans. « Ô pays mon beau peuple ». Quant au troisième chapitre, il parle du mariage mixte dans la littérature maghrébine à travers deux romans, algérien (la terre et la Sang) de Mouloud Feraoun, et tunisien (Agar) d’Albert Memmi, avec une analyse de deux expériences. Le quatrième chapitre est consacré à la synthèse qui essaye de donner une réponse à la question pourquoi l’échec, ou pourquoi la réussite ?? Nous espérons que ce modeste effort sera utile pour les étudiants et les chercheurs sur le sujet. 4 CHAPITRE I LITTERATURE AFRICAINE D'EXPRESSION FRANÇAISE, ET QUELQUES AUTEURS 5 1- 1 Littérature Maghrébine 1-1-1 Définition: Le mot arabe Maghreb désigne l’Occident, puis en particulier l’Afrique du nord. Par littérature maghrébine, nous entendons celle provenant de la Tunisie, de l’Algérie, du Maroc et dont les auteurs sont issus des sociétés arabo-berbères, juives ou européennes. 1-1-2 Aperçu Historique: La littérature maghrébine proprement dite est née après la deuxième guerre mondiale. Avant, la littérature dite maghrébine était en réalité celle des français installés en Afrique du nord qui y étaient nés ou qui y avaient séjourné quelque temps. Les premiers écrivains implantés en Afrique du nord ont fait de leurs œuvres volontairement ou involontairement des documents tendant à exalter les valeurs et les mérites de la colonisation. L’Afrique chez les écrivains des premières générations était un objet de défense du colonialisme qui se transformait dans un objet de recherche chez les successeurs pour mieux comprendre l’autre. Après la deuxième guerre mondiale, on voit apparaître des écrivains dont les œuvres étaient en fait une description des milieux européens en Algérie, populaires ou petits bourgeois. 6 Après la guerre d’Algérie, Certains écrivains ont changé de rôle pour se méfier de la colonisation comme Jules Roy et Jean Pélagri.(1) Quant à la littérature maghrébine, elle a commencé à voir le jour aux environs de 1945. A partir de cette date, elle est liée aux mouvements nationalistes. Les écrivains maghrébins dénoncent l’injustice, la discrimination et l’intolérance. 1 - DEJEUX, Jean, littérature maghrébine de langue française, 7 1-2 La littérature Algérienne 1-2-1: La Naissance: La naissance de cette littérature maghrébine a suscité des réactions très vives d’un côté à l’autre. Les Français eux-mêmes pour la plupart se demandent que pouvait-il sortir du milieu indigène ? ces gens-là n’étaient pas capables de penser. D’autres, sont plus optimistes, ils peuvent remarquer une assimilation et une contribution vive dans le développement de la langue française. Quant aux maghrébins, ils se divisent en deux groupes : le premier croit que cette littérature produite par des gens qui sont habitués à se voir inférieurs par rapport au colonisateur, ne peut être que de second rang. L’autre groupe pense que ces écrivains de littérature maghrébine ne pouvaient pas servir le mouvement national parce qu’ils se servent de la langue du colonisateur, ou parce qu’ils ont obtenu des prix étrangers, ou pour le fait que leurs œuvres sont appréciées en France, alors, ils sont rejetés par les nationalistes. 1-2-2 Pourquoi la littérature maghrébine se distingue-t-elle de celle des Français qui sont nés en Algérie ? Parce que l’Algérie représente surtout une terre de sensation nouvelle, de conquête chez les écrivains touristes qui sont venus y chercher l’aventure, alors, elle reste comme le notait Pierre Martino "Littérature exotique, faite de clichés sur le désert, les colons, les 8 spahis ou les caïds, littérature de carte postale. Malgré cependant, ici et là des pages terribles quand on les relit aujourd’hui, ou certaines descriptions qui ne manquent ni de finesse ni de l’observation."1 Mouloud Feraoun est un des écrivains bien connus parmis les écrivains algériens de langue française, il était aussi un des écrivain qui ont connu l'intégration de près, il a été assassiné avant d'accomplir sa mission d'écrivain engagé. 1 - MARTINO, Pierre, cité par DEJEUX J., Littérature maghrébine de langue française. P.14. 9 1-3 Mouloud Feraoun 1-3-1 Indications biobibliographiques : Mouloud Feraoun est l’un des plus connus parmi les écrivains maghrébins de langue française. Né le 8 mars 1913 à Tizi-Hibel, près de Tagmount Azouz en Grande Kabylie. Mouloud Feraoun était fils de paysans, son vrai nom de famille est Aït Chaâbane. Son père travaille à Gafsa, Bône, Constantine et part en France à Lens en 1910 où il était mineur. Il fait une vingtaine de voyages, le dernier en 1927-1928, où il meurt dans un accident. Cet homme courageux avait fait à pied le trajet de Tizi-Hibel à Tunis. Dans son premier roman ‘Le fils du pauvre’, Mouloud Feraoun a raconté une grande partie de son enfance. A sept ans, il entra à l’école de Taourirt-Moussa à deux kilomètres de Tizi-Hibel. Grâce à une bourse d’enseignement, Mouloud peut étudier au Collège de Tizi-Ouzou, il était pensionnaire de la mission Rolland dans la même ville. Puis, il entra à l’école normale de Bousaréa "Alger" où il collabora à une modeste revue ‘Le profane’ dont le directeur est Emmanuel Roblès. En 1945, Mouloud Feraoun a été nommé instituteur d’abord dans son village natal puis à Taourirt-Moussa en 1946. Il devient ensuite, en 1952, directeur du cours complémentaire de Fort-national "Larbaa-Nath-Iraten" avant de prendre la direction de l’école au Clos-Salembien à Alger. 10 Il entra en 1960 dans le service des centres sociaux fondés en 1955 par Germaine Tillion, dans l’objectif d’éduquer les citoyens algériens des milieux défavorisés. Mouloud Feraoun a été lâchement assassiné avec deux algériens et trois français lors d’une réunion à laquelle devait participer le Commissaire Général à la jeunesse et aux sports. Son assassinat a attiré l’attention publique davantage sur son œuvre et sa personnalité, surtout son premier roman ‘le fils du pauvre’ qui était sans doute l’ouvrage le plus lu du courant littéraire nord-africain. Il demeura comme un témoignage de valeur dans la société algérienne, il a été mis au programme d’enseignement du français. Le seul crime de Mouloud Feraoun, le romancier assassiné était de "*" ‘vouloir l’homme libre, fier de décliner son vrai nom, heureux d’avoir sa patrie et confiant dans un avenir où le fils du pauvre quel qu’il soit peut avoir sa chance d’accomplir une grande destinée.’ Feraoun était marié à sa cousine ‘Dehbia’ et il avait 7 enfants. 1-3-2 L’œuvre de Feraoun : Trois romans : ‘Le fils du pauvre’ Commencé en avril 1939 pendant les vacances de Pâques, il parait en 1950 aux Cahiers de Nouveau Humanisme, et a été réédité en 1954 aux éditions de Seuil. * Le Monde 17 mars 1962. 11 ‘La terre et le sang’, Parait au Seuil en 1953 et obtient le prix populiste, alors que le fils du pauvre obtient le grand prix littéraire de la ville d’Alger en décembre 1950. ‘les chemins qui montent’ Troisième roman, parait aussi au Seuil en 1968. Un roman inachevé ‘l’Anniversaire’ 1961. Deux traductions des poèmes de Si Mohand, paraissent aux éditions de minuit en 1960. Son journal, il avait commencé à écrire son journal qui est publié après sa mort au Seuil en 1962. Les mêmes éditeurs ont fait paraître ‘des lettres à ses amis’ en 1969. Des articles sur des sujets, des contes et légendes dans diverses revues "Algérie" "Soleil". 1-3-3 La thématique de Mouloud Feraoun : S’attache à trois grands centres principaux d’intérêt : La terre natale, la condition humaine en grande-Kabylie, les travailleurs algériens en France. 12 1-4 Littérature Tunisienne La situation de la littérature tunisienne d’expression française est tout à fait différente de celle de l’Algérie et du Maroc. La prospérité de la littérature de langue arabe avant et après l’indépendance l’a rendue marginale pour longtemps. Pendant ce temps-là, le recours à la langue française pour un écrivain tunisien pouvait être considéré comme une prise de distance à l’égard de ses compatriotes. Alors, c’est la raison pour laquelle Albert Memmi était le seul tunisien à s’exprimer en français tandis que l’Algérie et le Maroc connaissaient, au contraire, une richesse de littérature de langue française. D’autre part, en 1956, le gouvernement a introduit une nouvelle scolarisation ‘le bilinguisme’, dès l’école primaire. Ce qui a aidé les écrivains francophones à disposer d’un public nouveau dans quelques années, donc, à partir de la fin des années soixante une nouvelle génération a déjà commencé. La poésie, semble le genre le moins pratiqué, le genre qui y est peu présenté et reste en marge des combats politiques, mais depuis 1966 et surtout depuis 1972 de nouvelles voix se font entendre, une solidarité militante s’est créé chez les poètes à l’égard des peuples victimes de l’injustice, de l’oppression comme le peuple Haïtien, et ils évoquent des sujets comme la tragédie de Hiroshima. Albert Memmi est resté pour longtemps le premier écrivain tunisien à écrire des romans tunisiens d’expression française. Depuis 13 1970, d’autres écrivains ont été influencé par des modèles français ou anglo-saxons. La littérature tunisienne d’expression française reste fidèle aux valeurs du pays dont elle est issue, en même temps qu’elle garde l’équilibre entre la tradition et l’ouverture d’esprit pour réaliser un dialogue entre l’Orient et l’Occident. 14 1-5 Albert Memmi 1-5-1 Indications biobibliographiques : Albert Memmi est né le 15 décembre 1920 à Tunis dans la communauté juive. Sa langue maternelle est l’arabe. Il a fréquenté l’école rabbinique puis l’alliance israélite. Il a fait ses études secondaires au lycée Carnot à Tunis où il adhère au mouvement des jeunesses juives. Il a poursuivi ses études de philosophie à l’Université d’Alger. Bientôt, Memmi a fait l’expérience des camps de travail forcés en Tunisie durant la deuxième Guerre Mondiale en 1943. Puis, il part pour la France où il passe son agrégation de philosophie à la Sorbonne. Après son mariage avec une française, il est rentré à Tunis où il a commencé à enseigner. On lui a confié la direction d’un centre de psychologie de l’enfant. Memmi, a dirigé, bientôt, la page littéraire de l’hebdomadaire tunisien "l’Action". En 1956 après l’accession de la Tunisie à l’indépendance. Albert Memmi a dû quitter le pays après avoir eu des difficultés d’adaptation à la présence d’un nationalisme tunisien qui méprise ceux qui écrivent pour faire plaisir au colonisateur, c’est-à-dire les écrivains tunisiens de langue française qui était mal vus à cette époque-là. Memmi repart en France pour s’installer à Paris où il était professeur de sociologie à l’Université Nanterre-Paris X. L’écrivain a également enseigné dans différents instituts pendant qu’il était attaché de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique "CNRS". Il a enseigné la psychiatrie sociale 15 à l’école pratique des hautes études de la Sorbonne. Il a représenté son pays dans les congrès nationaux. Il a obtenu le prix Carthage, le prix Fénéon "Paris" et le prix Simba "Rome". Il était aussi viceprésident du "Pen Club" 1973-1979, et vice-président de la Fédération Internationale des écrivains Francophones "1984". 1-5-2 L’Œuvre de Memmi : La question de l’identité perdue est un thème central dans les œuvres de Memmi, l’écrivain déchiré entre sa double personnalité comme arabe tunisien et juif, donc non musulman dans une société arabe musulmane. Memmi lui-même l’avoue en disant : ‘Voici un écrivain français de Tunisie qui n’est ni français, ni tunisien. C’est à peine s’il est juif puisque dans un sens il ne voulait pas l’être.’(1) Memmi, donc, ne peut pas être séparé de cette réalité. Alors, ses œuvres, sa réflexion ne peuvent qu’approuver et traduire ses émotions guidées par ses croyances. L’aliénation culturelle et sociale représente un thème très important chez Memmi parce qu’il soufre des deux types d’aliénation, culturelle, en tant qu’écrivain nord-africain "colonisé" qui témoigne de la période coloniale et qui adopte la langue et les pensées du colonisateur. De l’autre côté, l’aliénation sociale, en tant que fils d’un pauvre bourrelier qui habite le ghetto de Tunis. Le déchirement de l’auteur se présente d’une façon claire dans ‘La Statue de Sel’. 1 - MEMMII, Albert cité par AWAD, Mayada, p.22. 16 Memmi lui-même mentionne : ‘Naturellement, je crois que l’œuvre d’un écrivain est plus sincère que lui-même, sans compter que d’une certaine manière, la mienne étant presque entièrement un bilan de tel aspect de ma vie. Je pense que presque tout s’y trouve déjà.’(1) L’objectif de Memmi est de créer une conscience moderne chez les juifs tunisiens, en évoquant leurs problèmes, leurs espoirs en discutant leur état actuel. 1-5-3 Quelques œuvres littéraires de Memmi: "La statue de sel" Publié en 1953. C'est le premier roman de l'écrivain, le thème principal c'est la connaissance de soi – même. "Agar" Le deuxième roman de Memmi publié en 1955. c'est un roman qui aborde les difficultés dans un mariage mixte. "Le scorpion" Publié en 1969, le thème principal c'est l'autodestruction le scorpion symbolise le juif. 1 - YETIV, op.cit., P. 151. 17 1-6 La littérature africaine 1-6-1 Aperçu historique : La naissance d’une littérature : La littérature africaine de langue française est née au début du XXe siècle, à la faveur d’une série de phénomènes qui témoignent du regain d’intérêt de l’occident pour le monde noir, comme la découverte de l’art nègre par les peintres, le triomphe du rythme afro-américain "le jazz" en Europe, les témoignages de plusieurs ethnologues européens comme Maurice de la Fosse, Léo Frobénius, etc. sur les modes de vie des peuples africains. Les écrivains peuvent bientôt relier ce regain avec la publication de la première Anthologie nègre en 1920 par Blaise Gendrars. La ‘littérature nègre’ en langue européenne, exprime la vision du monde des peuples noirs, alors les écrivains noirs doivent s’exprimer en se mettant à parler de leurs vies, des événements, de leurs aspirations, pour colorer ce tableau de couleur unie ‘le mode occidental’ et donner un goût tout à fait diffèrent. Mais cette prise de conscience ne s’est pas faite en un jour, les écrivains noirs qui ont commencé à écrire autour des années 20 s’inscrivent dans une tradition d’affirmation et de réhabilitation des civilisations africaines qui remontent au XIXe siècle. C’est d’abord l’Amérique Noire qui déclare à la face du monde la dignité des civilisations noires. William Dubois écrit en 1890 ‘Je suis nègre et je me glorifie de ce nom. Je suis fier du sang 18 noir qui coule dans mes veines.’ (1) Et avec d'autres écrivains comme Sterling Brown, Claude Mac Kay, etc. créent en 1918 le mouvement littéraire appelé "Negro-Renaissance" face à leurs compatriotes tentés par ‘l’assimilation’, ils parlent de la personnalité noire à préserver à tout prix. Après les Etats-Unis, la réflexion sur le fondement des civilisations noires se poursuit en France entre 1925-1935. On rencontre à Paris quelques représentants des mouvements culturels nègres qui sont venus principalement des Antilles et de l’Afrique, et à ce Paris promue capitale littéraire du monde, largement ouverte aux influences culturelles, vous pouvez rencontrer toute sorte de personne notamment des noirs. Ces noirs que l’on rencontre dans ce Paris de l’entre deux guerres ne se contentent plus de formuler des théories abstraites. Ils sont directement impliqués en tant que parlementaires, journalistes, syndicalistes, étudiants, etc. dans le combat pour l’émancipation de la race noire, et la lutte contre l’assimilation culturelle. Pour faire connaître leurs idées et défendre leurs intérêts, ils créent des associations comme "Comité de Défense de la Race Nègre", "Union des Travailleurs Nègres", "Ligue de Défense de la Race nègre". Ces associations ont des publications spécifiques : Le Continent (1924), "La Voix des Nègres" (1928), "La Race Nègre" (1927), "La Dépêche africain"e (1928), "Le Cri des Nègres" (1931). (2) 1 2 - YAGI Viviane, op. cit. Cours de maîtrise, Khartoum, 1999. - YAGI Viviane, op. cit. Cours de maîtrise, Khartoum, 1999. 19 Toutes ces publications ont comme objectif la préservation des civilisations africaines et de discuter des obstacles qui jouent contre ces mouvements. A partir de 1930, un tournant important apparaît avec l’apparition des périodiques dont le but est d’élaborer une vision de l’art et de la littérature nègre. La Revue du Monde, un de ces périodiques, contient une page littéraire qu’on peut considérer comme une continuité ou une prolongation de la tâche de la page littéraire du journal (La dépêche africaine), car elle s’est utilisée à étudier les faits des civilisations qui peuvent donner constance à leur ‘littérature nègre’. Ces écrivains proclament leur refus des modèles littéraires traditionnels et ils proclament sans réserve leur adoption de différentes méthodes comme le surréalisme et le psychanalyse. De ces méthodes, ils visent au changement total qui leur permet de retenir leur identité et leur héritage. Ils pensent que l’écrivain "libéré de son aliénation" peut créer des œuvres authentiques exprimant ‘l’amour africain de la vie, la joie africaine de l’amour, le rêve africain de l'amour "Etienne Léro". Senghor, vient après pour proposer un cadre nouveau à la création et à l’action valable pour le monde noir en général : ‘l’Harmonisme nègre, celui-ci doit avoir l’homme noir comme but, la raison occidentale, et l’âme nègre comme instruments de recherche’. (1) Tel sont les éléments constitutifs de la négritude. Le mouvement littéraire qui a dominé la vie culturelle africaine jusqu’à nos jours. 1 - YAGI Viviane, op. cit. Cours de maîtrise, Khartoum, 1999. 20 1-7 La Littérature Sénégalaise la littérature sengalaise d'expression française avec son bon nombre d'écrivains, y compris Senghor, reste la plus connue et remarquée en Afrique noire, et en France. 1-7-1 Aperçu Historique : Pointe avancée de la côte occidentale du Continent africain, le Sénégal s’était constitué en différents royaumes et empires. La colonisation française qui s’est imposée à partir de 1885 a unifié le pays en faisant de Saint-Louis puis de Dakar la Capitale régionale. Le Sénégal a ensuite retrouvé son indépendance en 1960. La pratique d’une littérature sénégalaise de langue française remonte en fait au XIXe siècle, avec la publication des textes documentaires de deux métis, Léopold Panet qui donne "A la revue coloniale" en novembre 1985, et l’abbé David Boilat auteur d’une véritable somme sur le Sénégal de son temps "Esquisses sénégalaises" en 1853. C’est après la première guerre mondiale qu’on voit apparaître les premières œuvres romanesques "Les trois volontés de Malic 1920" de l’instituteur Amadou Mapaté Diagne, puis "Force Bonté 1926" de Bakry Diallo. 1-7-2 La génération de la négritude : Dans les années trente, les étudiants africains envoyés pour poursuivre leurs études en France y rencontrent leurs collègues venus d’autres colonies françaises particulièrement les Antillais 21 "comme Aimé Césaire", ces étudiants ont élaboré la notion de "Négritude". Senghor et Alioune Diop sont parmi les principaux propagateurs. Le but essentiel de ce mouvement c’était la reconnaissance et l’exaltation des mœurs et valeurs africaines. Alors, Senghor rassemble ses premiers recueils Chants d’ombre "1945", Hostie noires "1948" et publie sa magistrale Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française "1948". David Diop donne en 1956 les poèmes très militants de Coups de Pilon. 1-7-3 Le tournant de l’indépendance : La création de Nouvelles Editions Africaines en 1973, permet une certaine diversification. On voit apparaître des premières tentatives autobiographiques comme Matraqué par le destin ou la vie d’un talibé "1973" d’Amar Samb. 1-7-4 La nouvelle littérature sénégalaise : Les années soixante-dix et quatre-vingt témoignent la naissance d’une nouvelle génération dont les écrivains font la satire de la société issue de l’indépendance, des régimes africains instables et corrompus, de la classe dominante vénale. Sembène Ousmane continue par le roman et au cinéma sa critique "Xala 1973", "Le dernier de l’empire 1981". "Une aube si fragile 1978" d’Ibrahima Signaté ou "Les sanglots de l’espoir 1987" d’Hamidou Dia, sont des romans qui peignent l’homme africain jeté dans une modernité qui ne le satisfait pas pleinement. 22 Ibrahima Salle "Les routiers des chimères 1982", et Papa Pathé Diop "La Poubelle 1984" s’intéressent à la société sénégalaise d’après les indépendances, les héros de ces romans sont souvent des êtres jeunes fascinés par la révolution, attirés par le mirage de la ville, succombant aux pièges de la drogue ou de la prostitution. Des grands écrivains comme Sembène Ousmane, Mbaye Gana Kébé ou Sada Weïnd, peignent la misère urbaine : exode rural, chômage, famine, tandis que les classes riches font étalage de leur luxe. La littérature sénégalaise moderne montre une vraie vitalité qui affirme une claire volonté d’instaurer de nouveaux rapports à l’écriture. 1-7-5 L’écriture féminine : Un trait remarquable de la littérature sénégalaise est le rôle important qu’occupe les femmes écrivains à partir des années soixante-dix et l’immense succès du roman de Mariama Bâ "Une si longue lettre 1979" qui a été traduit en une douzaine de langues. Aminata Sow Fall a publié notamment "Le revenant 1976", "La grève des battus 1979", "L’appel des arènes 1982", "L’Ex-père de la nation 1987", "Le Jujubier du Patriarche 1993". Une longue série des écrivains a participé avec efficacité au mouvement littéraire sénégalais et leurs œuvres ont connu de grand succès, non seulement au Sénégal mais dans tout le monde francophone. 23 1-8 Sembène Ousmane 1-8-1 Indications biobibliographiques: Né en 1923, en Casamance. Sembène Ousmane fait à l’âge de huit ans l’apprentissage dur du métier de pêcheur pour lequel il montre peu de goût. A l’âge de 13 ans, Sembène Ousmane est renvoyé de l’école pour avoir frappé son maître. Il exercera alors divers métiers manuels et sera enrôlé en 1942 dans l’armée française. En 1947, il prend part à la grève des cheminots à Dakar. Cela inspirera son premier roman ‘Les bouts de bois de Dieu’ qui rappelle la ‘condition humaine’ de Malraux qui paraîtra en 1960. En 1948, Sembène Ousmane s’installe en France et adhère au parti communiste. En 1956, parution de son ‘Docker Noir’, tiré de son expérience personnelle puisqu’il travaille au port de Marseille. Un an plus tard, ‘O pays, mon beau peuple’ où il racontre l’histoire d’un sénégalais qui finit par être assassiné pour avoir crée un noyau économique indépendant. Bientôt, Sembène Ousmane voyage beaucoup tout en Europe que dans les pays de l’Est. Depuis 1963, il mène une carrière cinématographique "Borom Sarret" un film qui lui vaut un prix à Tours. C’est l’histoire d’un charretier Dakarois. Il est aussi l’écrivain et le metteur en scène de Blanche-Genèse "Niaye au Cinéma", "Voltaïque" qui est devenu après un film "La noire de" qui raconte les aventures d’une bonne 24 sénégalaise emmenée en France par ses patrons, le mandant ou les tribulations d’un chômeur. Il a également tourné "Xala" et "Ceddo". Sembène Ousmane écrit enfin en 1963 "l’harmattan", un roman politique et "le dernier de l’Empire" "1981". 1-8-2 Son œuvre : L'œuvre de Sembene Ousmane se compose de plusieurs romans et trios recueils: - Le docker noir "1956". - O pays, mon beau peuple "1957". - Les bouts de bois de Dieu "1960". - Voltaïque "1962". - L’Harmattan "1964". - Xala "1973". - Le dernier de l’Empire "1981". - Niiwam suivi de Taaw "1983". - Gualware "1997" 1-8-3 Les films : Parmis ces romans il y en a plusieurs qui ont été adaptés à l'écran comme: - Borom Sarret "1965" – 18 minutes. - La noire de 1968 – 70 minutes. - Emitaï "1972" – 95 min. - Xala "1976" – 120 min. - Ceddo – 135 min. - Le Mandat 25 1-9 Mariama Bâ 1-9-1 La Vie: Une écrivain sénégalaise qui est née au Sénégal en 1929, orpheline de mère elle a été élevée par ses grand- parents dans un milieu musulman. Sa vie était alors influencée par les croyances islamiques et les coutumes traditionnelles. Grâce à son père qui était le premier ministre de la santé sénégalaise et grâce à la vision juste qu’il avait eu, Mariama a été a l’école malgré l’opposition de ses grand-parents traditionalistes. Dans une interview faite par Alioune Fourré Dia et publié dans "Amina" en novembre 1973 Mariama dit que, dans son milieu familial, elle aurait du grandir sans connaître l’école, mais avec l’éducation traditionnelle qui comprend l’initiation à des rites"*" "je devais savoir faire la cuisine la vaisselle ,piler le mil, transformer la farine en couscous ,je devais savoir laver le linge ,repasser les grands-boubous et chuter le moment venu avec ou sans mon consentement dans une autre famille chez un mari". Elle a fait les classes primaires à l’école Berth Maubert, après le certificat d’études primaires élémentaires, elle a fait une classe préparatoire pour les grands examens. Le choix n’était pas large, les bonnes-élèves étaient orientées vers le concours de l’école normale des jeunes filles de Rufisque ,les élèves les plus âgées allaient à l’école des sage-femmes les autres apprenaient la dactylographie * Amina, Novembre, 1973. 26 pour être secrétaires. Pour une formation accélérée Mariama n’a pas choisi d’aller à l’école normale elle avait à l’époque 14 ans c’est la directrice de l’école qui vient la retirer du groupe de secrétariat en lui disant "tout le monde mais pas toi tu es intelligente et tu as des dons même si tu ne veux pas y aller, tu va préparer le concours d’entrée à l’école normale des filles de Rufisque pour le renom de notre école". Mariama a reçu son diplôme d’institutrice avec les notes les plus hautes en 1947,elle était l’épouse du député Obèye Diop, elle était mère de neuf enfants mais elle était divorcée. Elle a enseigné pendant douze ans puis, pour des raison de santé, elle a demandé son affectation à l’inspection régionale de l’enseignement du Sénégal. Mariama était membre dans un bon nombre d’association féminine comme " amicale Germaine le Goff"qui est l’amicale de toute les normaliennes qui ont reçu leur formation de Mme le Goff la directrice de l’école normale de Rufisque qui était une femme de tête ainsi qu’une femme de cœur : c’est de son cœur qu’est née ce lien qui la relie à ses étudiantes. Cette amicale avait demandé aux autorités sénégalaises de prénommer l’école normale des jeunes filles"Germaine Le Goff "et elle avait obtenu satisfaction. Mariama était aussi membre de sorboniste International "club de Dakar membre également du "Cercle féminin" qui est une association de solidarité. En 1980 elle a obtenu le prix "Nomma" avec son premier roman .Elle est morte l’année suivante peu avant la parution de son second ouvrage. 27 1-9-2 L’œuvre de Bâ: L’œuvre de la romancière sénégalaise, morte avant d’accomplir sa mission d’écrivain de capacité intellectuelle très élevée, se compose de deux romans « Une si longue lettre », publié en1980 traduit en douze langues, lauréat de prix Nomma à Franc-fort en novembre1980. « Le chant écarlate » publié en 1981 et dont l’auteur est décédée le 17 août 1981 sur son lit d’hôpital. Mariama a précipité la parution de l’ouvrage qu’elle voulait voir et toucher avant de mourir. 1-9-2-1 Une si longue lettre : Dans "Une si longue lettre", on découvre que l’œuvre contient des idées politiques provenant de ses idées ,ses expériences personnelles qui se rattachent surtout aux idées du féminisme. Ce livre raconte la vie de deux amies : celle qui écrit la lettre ;c’est Ramatoulaye ;celle à qui on écrit c’est Aissatou. A travers leur deux vies dont l’écrivain raconte l’histoire, c’est la sensibilité de deux femmes qui se dessine , c’est à la fois et surtout la peinture de la société sénégalaise et cela débouche aussi sur la jeunesse actuelle, les problème des mères éducatrices. Les femmes âgées sont représentées également dans le roman, leurs caractères, leurs mentalités etc. 28 CHAPITRE II LE MARIAGE MIXTE DANS "AGAR" ET "LA TERRE ET LE SANG" L'ÉCHEC ET LA REUSSITE 29 2-1 Agar C'est un roman qui signifie l'échec d'un couple mixte dans la littérature maghrébine d'expression française. Agar C'est le nom de la servante égyptienne de Sara femme d'Abraham qui a donné un enfant qu'on appelle en arabe (Ismaïl). Agar et son enfant sont chassés dans le désert. Agar peut symboliser Marie dans le roman parce que les deux femmes sont rejetées avec leurs enfants hors la communauté juive. Ismail est considéré comme le père des arabes alors qu'il a des origines juives : cela peut mentionner le déchirement de Memmi entre sa double personnalité comme arabe Tunisien et juif non musulman. 2-1-1 Résumé de l’histoire: Agar est l’œuvre de Mémmi qui a été la moins bien comprise parmi les siens. Cela, semble être, à cause de cette sculpture fine des conditions qui ont condamné cet amour jeune à mort, même avant qu’il soit né, à cause de cette description d’une nature humaine complexe ainsi que cette fin tragique qui n’est pas loin de ce qui arrive en réalité. Le narrateur de cette histoire c’est le héros lui-même. On voit tous les personnages à travers lui, même Marie, sa femme, c’est à travers son regard qu’on juge ses réactions, ses émotions. Agar, c’est l’histoire d’un jeune médecin juif tunisien et d'une jeune étudiante catholique française qui se sont mariés à Paris et 30 s’installent à Tunis dans la commaunuté juive. Le couple a été chaleureusement reçu au sein de la grande famille. A la suite de l’installation au domicile paternel, le jeune médecin a trouvé, à peine, un travail modeste. Ce qui a délimité ses aspirations dès le début. Son père, le vieil artisan, l’attendait pour déposer ses responsabilités, il avait peur que son fils rentre en France mais l’affirmation de son fils l’a rassuré, et satisfait il dit à son fils « Maintenant, je peux mourir, la famille ne risque rien ».(1) Le fils médecin était la fierté de toute sa famille. Le respect et l’orgueil de ses parents donne à notre héros un naïf plaisir. Le couple continue avec une vision obscure au début, après que Marie a pu distinguer ses sentiments, c’est le refus, le mal à aimer, à s’adapter avec tout ce qu’elle est. La vie qu’elle avait connu à Paris est si différente de cette à Tunis, il n’y a pas cet engagement et cet attachement à la famille. Tout d’abord, Marie a refusé d’assister aux cérémonies religieuses qu’elle appelle (barbarie). De ce point-là, Marie continue à déclarer son refus. Devant cet état, le médecin s’occupe à trouver une nouvelle installation loin de tout ça. Ils ont choisi de bâtir une maison dans la banlieue, une grande maison où Marie s’occupait des détails à tel point qu’elle étonnait même les ingénieurs. La famille s’éloignait du couple, il n’y a que les visites rares, mal supportées, de la mère qui insiste pour exercer une certaine autorité dans la maison de son fils. 1 - MEMMI, Albert, Agar, p.53. 31 Après une attente assez longue, Marie devient enceinte, et malgré l’importance de la famille sur la question d’avoir un petitfils, Marie a interdit à son mari d’annoncer sa grossesse. A la suite de l’accouchement, une question importante s’est présentée, la circoncision de l’enfant. La loi de la communauté juive exige que l’enfant soit circoncis. Si non, il n’aura pas le droit d’hériter de son père. De plus le mariage ne sera pas reconnu si on ne l’a pas religieusement célébré. Les rabbins ont complètement refusé cette étrangère dans leur communauté. Une nouvelle recherche d’identité commence, non seulement pour notre héros, mais aussi pour sa famille. Cette recherche était en vain, même le grand rabbin n’a pu reconnaître ce mariage. La colère de Marie se transforme en mépris pour tout ce qui est juif, à tout ce qui l’entoure. Pour des raisons médicales et après la consultation du pédiatre, la circoncision d’Emmanuel devient une nécissité. Peu après, Marie se trouve enceinte pour la deuxième fois. Elle propose à son mari l’avortement, suite à un moment d’hésitation à se débarasser de son bébé, il accepte de s’en débarasser à la fin. La colère, l’horreur et le refus augmentent à l’intérieur de Marie. Un jour, désésperée et résultat de beaucoup de souffrance, Marie choisit de finir le drame et mettre une fin à sa vie conjugale sans la moindre opposition du côté du mari. 32 2-1-2 Un héros juif: Un jeune étudiant qui est allé seul dans un pays étranger pour obtenir le titre de docteur en médecine de la faculté de Paris. Dans cette grande ville, il a rencontré beaucoup de difficultés, de logement, de nourriture insuffisante et de dépaysement. Il avait envie de regagner sa ville natale. En hiver, mal vêtu, mal chauffé, il a attrapé une mauvaise grippe. Il a téléphoné à des camarades. A la fin de l’après-midi, deux étudiants viennent lui rendre visite accompagné par une jeune fille. Le lendemain, cette jeune fille, chargée de provision et d’un petit réchaud, frappait à sa porte. Elle lui a préparé un bouillon, refait son lit et a mis de l’ordre dans la pièce. Marie Müller est une française de l’Est, qui étudiait la chimie et était logée à la Cité universitaire. Grâce à son amitié d’abord et à son amour après, qui a réduit le temps et qui a facilité la vie, notre héros a pu terminer ses études avec succès. Il lui devient impossible d’imaginer sa vie sans elle. En revenant chez lui, marié avec Marie, avec tout l’amour du pays, notre héros a voulu se débarasser de sa vie double, a voulu fondre la personnalité, le passé de Marie dans les siens, dans son milieu, sa famille le plus vite possible pour qu’elle devienne à la fois l’amour et la patrimoine. Il a poussé Marie à non seulement accepter, mais à aimer sa famille, sa ville et sa vie. Il a précipité ses pas en regardant avec étonnement ses réactions, exagérées, comme il le dit, envers les comportements et les réalités des choses. Il observe impuissant son refus puis sa haîne pour cette communauté. 33 Comme remède à cette haîne montante, son mari accepte de se retirer en banlieue malgré son travail qui nécessite son existence dans la Capitale parce qu’il est médecin débutant dans cette carrière. Cet isolement choisi, a influencé négativement leur vie. Lui, il supporte mal la solitude, sans famille ni amis. Elle, elle n’a pas pris sa chance pour s’adapter, s’intégrer, alors, la famille de son mari s’est fait une idée négative sur elle. Aux moments les plus difficiles de leur vie, au moment du rejet, de l’éloignement, d’être chassé hors de la communauté, le jeune médecin ne s’est pas acharné à sauver son mariage. Honteux, il réfléchit à la circoncision d’Emmanuel, parce qu’après, cela va éloigner son fils de lui. Inconscieusement, il pense à deux univers différents avant même qu’il se sépare de sa femme. Pour des raisons médicales, il faut circoncire Emmanuel. Un ombre de soulagement, même de joie a survolé l’âme du père qui choisit toujours les solutions les moins pénibles. Cela indique une sorte d’égoïsme et une lassitude de volonté de sa part, ce qui a efficacement contribué à cette fin tragique. Le héros de l’histoire, qui est le narrateur, attire l’attention du lecteur pendant toute l’histoire sur le mécontentement de Marie sans se rendre compte que beaucoup de détails peuvent échapper à cet angle critique et à cette réflexion étonnée à l’egard des réactions de Marie. On peut bien comprendre cela comme manque de compréhension et comme un point négatif dans une vie conjugale. D’un autre côté, les comportements des membres de la famille, de la communauté, dégoûtent même le jeune médecin de temps en temps. 34 A Noël, Marie a demandé à son mari de fêter Noël. La réponse immédiate était le refus absolu. Le mari a peur que Marie impose ses rites à l’avenir. Il se demande pourquoi au moment où elle déclare son horreur des rites juifs ; elle lui demande d’accepter les siens ? Il n’a pas pris cette chance de tolérance qui pouvait à mon avis aider à arranger la situation à ce moment-là ! Ce manque de tolérance de tous les côtés était derrière l’échec de cette famille. 2-1-3 Une héroïne française: Marie Müller est une jeune fille française, de l’Alsace à l’Est de la France, qui étudiait la chimie. Elle est très rapidement devenue l’amie de notre héros, après avoir aidé à sa guérison pendant sa maladie aux premiers jours de son séjour en France. "La précision de son regard bleu-gris, les cheveux blonds taillés courts sur une nuque dégagée, le corps mince non complètement éclos, lui donnait un air décidé, heureusement adouci par la timidité du geste et l’harmonie du visage"1. Marie a bien pris soin de son ami pendant cette durée-là. Outre la justesse des sentiments et des idées, elle lui fait découvrir des qualités ménagères, un goût de responsabilité qu’il n’avait guère connu chez lui. Grâce à elle, il est soulagé du souci d’organiser sa vie à Paris. Au retour à Tunis, Marie est entrée dans un système familial qu’elle n’avait jamais expérimenté. Un système qui lui prend 1 - MEMMI, Albert. Op. cit., page 35. 35 complètement le mari. Il ne lui parle presque jamais en présence des autres qui parlent souvent en patois, alors elle se sentait dépaysée avec un sentiment de refus montant en elle. Marie est habituée à une vie propre et bien aisée, mais à leur arrivée, elle s’est heurtée à la réalité du milieu de son mari. A Paris, elle a connu son mari, un étudiant comme les autres, il n’était pas différent et elle l’a tellement aimé. Ils passaient presque tout le temps ensemble. A Tunis, son âme est remplie par ce sentiment d’horreur de tout ce qui l’entoure, les gens, la ville, des odeurs de jasmin, de l’huile de cuisine, des fenêtres mal fermées, de la cuillère de confiture qui circulait de bouche en bouche des baisers qui sentaient la sueur dont elle avait mal à cacher son dégoût, une série d’événements, de réactions, de comportements qui engendrent progressivement la haîne. Un jour, après la soirée de Pascale, Marie a éclaté, elle s’est mise à pleurer, elle avoue à son mari qu’elle ne peut plus supporter ces réunions familiales, ces cérémonies religieuses, qu’elle n’a pas quitté les préjugés et les superstitions de chez elle pour tomber dans cette barbarie ! De toutes ses forces, Marie essaye de sortir de cet environnement étoufant. Elle choisit d’aller vers la banlieue. C’est un sentiment imexpliquable, injustifié, qui l’a accompagné tout le temps, surtout pendant cette affaire de circoncision de son fils Emmanuel. Cette affaire a rendu pire la situation dans la petite famille parce qu’ils doivent faire face à un 36 rejet déclaré si le mariage n’est pas célébré religieusement et si le bébé n’était pas circoncis. De peur de perdre sa famille, les réactions de Marie n’étaient pas équilibrées, exagérées quelquefois. Au moment où elle refuse tout rite juif, elle en attend exercer ses rites à elle, les rites catholiques. Ces conduites maladroites et injustifiées la plupart du temps, ont fermé la porte devant l’espoir de pouvoir trouver une manière d’échange, de communication entre les deux côtés si différents, si loin l’un de l’autre. 37 2-1-4 Développement du sujet de l’incompréhension de Marie et la lâcheté de son mari: Le couple a eu du mal à s’adapter. Ce qui était prévisible dès qu’ils ont décidé de rentrer à Tunis. Du fait du changement d’atmosphère et du mode de vie, tout ce malentendu et cette mauvaise compréhension entre Marie et son mari, Marie et sa belle famille, Marie et la société juive n’était pas étonnant ; surtout avec cette famile qui s’implique dans toute affaire concernant son fils ou sa famille. L’incompréhension de Marie a joué un rôle très important dans ce drame. Elle ne s’est pas donnée la chance de contempler, de comprendre la société de son mari qu’elle doit accepter pour pouvoir vivre avec lui. Son mari est le fils qu'attendait le père pour déposer ses responsabilités de ses vieilles épaules, car dans une société orientale on ne vit pas pour soi-même, et le médecin en se retirant en banlieue et quittant ses parents se sent coupable parce qu’il a trahi la confiance de son père. Marie aurait dû mettre en considération ce point-là. D’un autre côté, la lâcheté du mari qui ne fait pas le moindre effort pour protéger sa famille contre cette communauté arrière/fermée, lui, le médecin, bien éduqué et qui fait partie des intellectuels, lui, qui a eu la chance de sortir hors de cette communauté, ce qui lui permet de distinguer ses avantages et ses inconvénients, cette lâcheté accentue l'incompréhension. Le pire c’est qu’il se trouve impuissant devant le refus de cette communauté pour sa famille, ce à quoi qu’il devrait s’attendre, en tant que juif, dès qu’il avait décidé de rentrer à Tunis. Il devrait 38 savoir et estimer la difficulté de faire accepter sa femme pour qu’elle soit en alerte et pour qu’eux, tous les deux, se préparent. Il devrait bien maîtriser les codes de sa société au lieu de s’étonner devant les règles comme un étranger qui le découvre pour la première fois. Sa réaction n’était pas étrange parce qu’à Paris, aux moments difficiles de maladie et de dépaysement, il avait une forte envie de rentrer chez lui, ce qu’il aurait probablement fait sans l’appui fort de Marie. Maintenant, au sein de la famille, il ne réfléchit pas à son dépaysement, à sa faiblesse, à l’exception du moment difficile de l’accouchement de Marie à la clinique. Il réfléchit pour le moment à l’avenir où Marie n’existe pas, où la famille est séparée, il pense à son fils non circoncis qui sera loin de lui, de ses racines juives et en même temps qu’il sera proche de sa mère, de ses origines européennes. Notre héros est un égoïste pour regarder l’avenir de l’ensemble familial à travers ses yeux, ses intérêts, bien qu’il soit lâche d’avoir peur d’une réalité qui n’est pas encore présente et qu’elle ne soit, peut-être, que dans sa tête. Cette position négative que le mari a prise n’a laissé aucun choix à Marie. Elle a poussé l'existence familial vers la marge. Cette inadaptation qui a entraîné le facteur de séparation présente, pouvait être évitée avec un peu de tolérance de l’autre et très peu d’insistance. On ne peut pas ignorer le facteur psychologique du couple qui dessine les grands traits dans leur lien. Marie avec son bon caractère, qui ne manque pas de volonté et un courage suffisant pour la pousser à quitter son pays et à venir avec celui qu’elle aime dans une société 39 qu’elle ignore complétement, se trouve à la fin désespérée, vis-à-vis de la lâcheté de son mari qui entrave sa volonté de continuation. La deuxième grossesse pourrait être prise comme élément d’union, une invitation à continuer et une bonne chance pour renforcer la famille et revivre la résistance et la lutte contre des règles et des jugements injustes. Mais malheureusement, c’est l’événement qui a mis fin à la vie d’un couple. 40 2-2 La Terre et le Sang La terre et le Sang est notre deuxième roman qui représente la réussite du mariage mixte dans la littérature maghrébine d'expression française. 2-2-1 Résumé de l'histoire: Cette histoire a été réellement vécue dans un village kabyle assez laid. C'est une histoire dont les personnages n'ont rien d'exceptionnel. A Ighil-Nezman, débarquait une parisienne française au milieu de l'étonnement de tout le monde. C'est Amer le fils unique de la vieille Kamouma qui l'a emmenée, Amer qui a quitté son pays, comme beaucoup de ses camarades pour dix ans. Il est allé très jeune en France pour trouver de meilleurs chances pour gagner la vie. En France, Amer séjournait à Paris pour très peu de temps puis il est allé dans les mines du nord. Là-bas, il y avait toute une colonie d'Ighil-Nezman. Il y avait les anciens qui accueillaient les nouveaux arrivants dans une communauté kabyle. Là-bas, dans ce petit village de mineurs, une dizaine qu'Amer connaissait presque tous, mangeant ensemble, travaillant au même endroit et partageant tout. Le personnage principal de la bande était Rabah ou Hamouche. C'est lui qui organise cette petite société. Rabah n'était que le cousin germain de Kamouma le fils de son oncle paternel. Rabah a dopté Amer comme neveu, il est devenu son protecteur et Amer a accepté sans hésitation l'adoption de son oncle qu'il n'a jamais connu avant. 41 Les mineurs qui viennent d'Ighil-Nezman logeaint chez André un polonais dont la femme tenait un café dans la salle de rez de chaussé. Mme Yvone, sa femme, est une forte blonde au rire sonore. Les gens d'Ighil-Nezman chuchottaient, que c'était l'amie de Rabah qui la connaissait même avant André. Certains prétendent que la petite Marie était la fille de Rabah. Amer se rappelle la journée où il travaillait avec André dans une fosse, ils étaient au bout d'une galerie. Le reste de l'équipe était au fond. Amer envoyait aux camarades à l'autre bout de la galerie des wagonnets lourdement chargés de matériaux, en retour, l'équipe renvoyait un chargement de charbon. La marche des wagonnets était réglée par une sonnerie d'appel ainsi que les arrêts aux moments de repos. Amer se rappelle cette mauvaise journée. André s'était allongé, Amer rêvait de Kamauma et Kaci et le pays. Pendant ce temps là, André lui a dit qu'il a entendu la sonnerie du départ. Amer lui a dit qu'il n'a rien entendu mais malgré cela il a envoyé le wagonnet. Ils écoutaient en vain le signal de retour. André est allé voir ce qu'il y avait, il est rentré pour annoncer un accident, il a vait tué Rabah, il dormait sur les rails comme d'habitude. C'était André qui a trompé Amer, mais c'était Amer qui a manœuvré le wagonnet, c'est lui qui a tué son oncle. André accepte de prendre la responsabilité au cas où Amer témoigne qu'il a entendu la sonnerie, si non, André n'a touché à rien. En réalité, André savait que son adversaire dormait sur les rails, il voulait se venger, c'était la jalousie. 42 La guerre a éclaté et tout les gens d'Ighil-Nezman sont partis et s'étaient enfuis. Amer a été capturé avec quelques jeunes compatriotes et expédié en Allemagne comme prisonnier de guerre. Cinq ans ont passé avant la venue de la paix et le retour à Paris. Chez Mme Garet, une hôtelière qui connaissait Mme Yvonne, Amer a pris des nouvelles de Marie sa cousine, la fille de Rabah. Le retour d'Amer avec sa femme Marie a surprit tout le monde, surtout son oncle Slimane le frère de Rabah. Slimane et sa femme Chabha n'avaient pas d'enfants. Cette histoire de vengeance n'occupait guère Amer parce que l'affaire était vieille. Marie et Chabha sont devenues amies très rapidement. Chabha est une jeune femme de l'âge d'Amer, une aînée pour Marie mais ne le paraissait guère. La relation de Chabha et Amer fait des progrès jour après jour et avec le temps ça devient une passion et un amour irrésistible. Ima Smina la mère de Chabha est l'amie intime de Ima Kamouma, les deux femmes aiment bien Chabha, elles veulent qu'elle aie un enfant, un héritier, même si le père n'est pas Slimane. Marie est devenue enceinte et cela garantie qu'Amer peut avoir des enfants, alors les vieilles ont organisé une rencontre entre Amer et Chabha en l'absence de Slimane son mari, et de ce jour là, une histoire d'amour a déjà commencé. Hoceine et sa femme Hemama, l'adversaire de Chabha, ont découvert cette histoire qui se déroule dans l'obscurité. Ce couple n'aime pas beaucoup Amer et Hemama est très jalouse de Chabha 43 avec qui elle se compare et se constate plus belle. Hoceine et Hemama ont scandalisé Amer et Chabha. Slimane avait des doutes et des soupçons jusqu'au jour où il a vu et entendu ce qui s’est passé, il est devenu fou de jalousie et de douleur, il a réfléchit à tout même à tirer sur Amer mais il a changé d'avis aux derniers moments. Un jour, un accident est arrivé à la mine. A la suite d'une explosion, on a trouvé Amer écrasé par une grosse pierre, après un instant, il est mort. Ce qui s'est passé, c'est que Slimane était à l'entrée du champ où se trouve la mine et voyait Amer en se rapprochant de la carrière, il a empêché Lamara le chargé d'alarme de crier (attention à la mine). Après l'explosion, Slimane a dit qu'il a entendu un appel et s'est dépêché vers la carrière. Un autre accident s'est produit pendant ce temps là, une pierre est tombée sur la tête de Slimane qui, peu après, est mort lui aussi. Ima Kamouma s'affolait de douleur et Marie était sa seule consolation parce que l'enfant venant est une continuation pour la vie d'Amer. 44 2-2-2 Amer ou Kaci, Un héros kabyle: Un gamin de quatorze ans, Amer est parti en France avec des camarades de son village, il a quitté ses vieux parents à IghilNezman pour aller chercher de meilleurs chance de travail. Là-bas, il a complétement oublié Kamouma et Kaci. Pendant son absence, Kaci est mort et c'est un cousin qui l'avait enterré. En France, Amer a été accueilli par des anciens arrivants d'Ighil-Nezman, c'était le système, les anciens accueillent les nouveaux et ceux-ci, à leur tour, accueillent d'autres. C'était une dette qu'on paye. Au début de son arrivée, Amer faisait le ménage et la cuisine pour les autres jusqu'au jour où on lui a trouvé du travail à la mine. André le mari de la patronne du café s'intéressait visiblement à Amer parce qu'il voyait que le jeune homme essaye de l'imiter, lui, non son rival Rabah, ce qui a bien satisfait son orgueil d'homme mais ne l'empêche pas de profiter de sa naïveté et de son enthousiasme. Amer était, longuement, touché par l'accident de la mine qui a causé la mort de son oncle Rabah qui s'était occupé de lui et l'avait adopté dès son arrivée en France. C'est pourquoi il a ce sentiment de loyauté vers Marie, sa cousine et la fille de sa victime et c'est pourquoi il l'a cherchée à la suite de son arrivée d'Allemagne après la paix. Amer a connu l'expérience de la prison quand il a été pris avec quelques jeunes compatriotes et expédié en Allemagne comme prisonniers de guerre, il a connu plusieurs camps, le travail forcé et 45 les coups. Amer a passé cinq ans dans un pays maudit, une plaine glacée et brumeuse mais enfin il en est revenu. Pendant cette durée de prison / d'exil, il n'avait pas d'amis, personne qui aie de la pitié pour lui, pas même un geste ou un regard qui lui montre un peu de bienveillance. La libération est venue, Amer était content d'avoir survécu et de retourner à Paris. Bientôt, chez Madame Garet l'hôtelière, il a eu des nouvelles de Marie, la seule qu'il voulait rencontrer, la seule qui lui rappelle la période qu'il avait passée dans le nord. Après avoir trouvé Marie, Amer s'est marié avec elle. Bientôt, le couple décide de partir à Ighil-Nezman. Ighil-Nezman est un assemblage des maisons et c'est à peine qu'on remarque l'intervention de l'homme maçon dans ces maisons. Tout le village a reçu Amer et sa femme avec beaucoup d'étonnement, c'est la première fois qu'une blanche débarque pour habiter au sein du village avec eux. Le couple s'est bien installé et Amer commence à fréquenter le "djema", il remarque bien l'importance qu'on lui donne quand il parle, il comprend qu'on le respecte mais au même temps qu'on le surveille pour mesurer sa richesse. Amer commence à se faire des amis, mais il se trouve très proche de Chabha la femme de son oncle Slimane. Chabha a vingt huit ans, elle est de l'âge d'Amer, elle est encore belle et pleine de vie, elle paraît beaucoup plus jeune qu'elle est. Chabha est tombée amoureuse d'Amer la première, elle lui passait des messages discrets irrésistibles. A son tour, Amer sent des sentiments qui sont devenus avec le temps des sentiments profonds. 46 Chabha a tout essayé pour lui faire sentir son amour et la réaction est venue précipitée par l'aide des deux vieilles Smina et Kamouma, les mères des jeunes amoureux. Amer qui n'a pas longuement résisté, malgré la beauté de Marie, garde une relation normale avec elle même après le scandale, il reste indifférent la plupart de temps. L'auteur n'a pas mis l'accent sur la réaction d'Amer pendant le scandale, mais sur la réaction de la société et de Chabha qui représente l'âme féminine kabyle. Le personnage d'Amer est absorbé par la description de la société et l'étude de l'environnement et de l'atmosphère qui entoure le roman, ce qui rend le personnage un peu ambigu. 2-2-3 Marie, une héroïne qui se kabylise: Marie est une jeune fille dont les conditions étaient difficiles, à la fin de la guerre, elle se trouve seule à Paris : son ami l'a quittée et son bébé est mort à la naissance. Amer est venu avec ses sentiments et son amour pour la sauver. Il a réussi à lui donner une vie acceptable. Il l'a ramenée chez lui pour qu'elle reste à ses côtés comme une femme kabyle, ce qui représente une déclaration d'amour éternel. On peut imaginer l'embarras de Marie à Ighil-Nezman, elle, qui est venue de Paris pour vivre au milieu si on peut dire primitif. Si Marie peut s'entendre avec les hommes, elle n'a rien à avoir avec les femmes, mais quand même, elle a tout de suite compris qu'il ne faut pas se singulariser et qu'elle doit vivre comme les femmes d'Ighil-Nezman, alors elle les recevait, les écoutait, les classifait et se 47 faisait une opinion sur chacune parmi celles qu'elle avait connues. Marie remarque la façon dont elles discutaient avec elle; elles étaient polies et savaient rendre services. Marie est une fille pauvre, sans orgueil, elle n'avait aucune prévention contre ces gens qu'elle ne connaissait pas et chez qui elle était venue chercher la tranquillité, il lui fallu s'aranger avec Kamouma et toutes ces voisines qui venaient la voir. Quelques femmes par malice lui faisaient répeter de "gros mots" devant Amer et sa mère, ce sont des mots comme "je suis noire comme la Suie, je suis sotte comme une ânesse", lorsque Amer lui en demandait la traduction, il constatait que Marie est belle comme la lune, intelligente comme une déesse, elle faisait du progrès en langue de son mari et n'a pas tardé à savoir répondre. Ce sont ces femmes qui lui ont appris à tenir son ménage à la kabyle, préparer le couscous, balayer la cour sans soulever trop de poussière, manier le moulin à bras. Marie a remarqué que sous des apparances négligées, toutes ces femmes étaient d'une proprété méticuleuse. C'est ainsi que la vie de Marie se passait en Kabylie, elle était une petite reine. Amer s'occupait de tout au-dehors, elle n'avait aucun souci. Pourquoi ne pas supporter l'existence comme ses voisines et elle est la première femme dans le village ? Pourquoi et elle voyait Amer parmis les notables. Tout le monde constate avec plaisir, surtout Amer, que Marie se calmait et se kabylisait. 48 Vient le scandale qui a secoué la société ighil-nezmanienne, Marie a pleuré abondamment malgré elle mais en éprouvant un grand plaisir à laisser couler ses larmes. Elle se sentait légère. Ce qui lui cause le mal c'est d'abord le sentiment de sa solitude et de son exil qui l'a fait s'apitoyer sur elle-même, puis la trahison de son amie et de son mari, elle qui est sans défense, sans amis dans une société qui lui apparaît soudainement hostile. Malgré tout, Marie éprouve une certaine sympathie pour Chabha sa rivale. C'est un sentiment qu'elle ne trouve aucune difficulté à éprouver, un sentiment dont l'origine est son âme simple et sans orgueil. Amer et Chabha étaient, dans la bouche des gens pour certain temps, après, tout s'est arrangé le plus simplement du monde. Marie a pu dépasser l'événement et la tempête s'est terminée. Mais le destin lui prépare un autre coup, en lui enlevant son mari Amer, la préparant à la responsabilité d'un enfant dans un pays éloigné d'où elle est née. 49 CHAPITRE III LE MARIAGE MIXTE DANS "UN CHANT ECARLATE" ET "Ô PAYS MON BEAU PEUPLE" L'ECHEC ET LA REUSSITE 50 3-1 Un Chant Ecarlate 3-1-1 Résumé de l'histoire: Au sein de du quartier de l’usine Niari-Talli naît le petit Ousmane Guèye, son père Djbril Guèye, ancien combattant est un invalide de guerre et sa mère Yaye Khady est une femme au foyer. Toute la famille avec d’autres frères et sœurs habite là dans une société bien cohérente où règne l’esprit de l’unité et de la coopération idéale, ce qui a sculpté à l’intérieur de Ousame Djbril Guèye des souvenirs inoubliables et une loyauté incomparable à l’égard de cette société. Simple et modeste. Cette modestie apparaît clairement dès qu’on lit la première page du roman. Ousmane, fils aîné de ses parents, est un étudiant très brillant et laborieux. Il donne la main, en même temps, à sa mère en faisant quelques travaux domestiques en l’absence de son père retenu à la mosquée par les prières chantées à l’aube, car le père Djbril n’apprécie guerre le rôle de son fils à côté de Yaye Khady la mère. Mais chaque année, Ousmane porte à ses parents de très bonnes notes, fruit d’un effort inlassable servi par une intelligence exceptionnelle. De plus, Ousmane, porte, généreusement, l’aide à ses camarades, surtout à la charmante (Ouleymatou). (Quand leurs regards se croisaient, Ousmane éprouvait une grande joie. Son cœur battait plus vite, sa respiration s’accélerait avec empressement, il l’aidait à résoudre un problème ou à appliquer une règle grammaticale. Parfois, dans ces entrevues, leurs doigts se frôlaient, mais vite, trop vite, Ouleymatou retirait sa main, sa bouche se durcissait en une moue de réprobation). 51 Ousmane n’arrivait pas à comprendre cette attitude, mais Ousseynou le frère d’Ouleymatou, finit par lui avouer ‘Ma sœur Ouleymatou ne veut pas d’un garçon qui balaye, porte des seaux d’eau et sent le poisson sec.’ Ces paroles ont blessé Ousmane dont les yeux se sont emplis des larmes de l’adolescence. Ousmane a remarqué qu’Ouleymatou préfère jouer avec Sayedou au moment des jeux, alors, devrait-il pleurer parce qu’une "petite fille" choisit de ne pas le revoir et lui préfère le "dernier de la classe". Ousmane, très digne, pris la décision de se méfier des filles en même temps qu’il reste gentil avec elles, il ne dévisageait pas ses interlocutrices, attentionné quelquefois mais jamais intéressé. Pendant des années, Ousmane savait se protéger contre chaque tentative de capture de la part des filles, il a su s’échapper à chaque piège tendu, des ombres de méfiance obscurcissaient son ciel. Mais une soudaine clarté a illuminé ce ciel, l’amitié d’une nouvelle élève blanche (Mireille de la vallée), fille d’un diplomate des services de la primature. Le même intérêt pour la philosophie, et l’esprit critique les réunissent. Mireille, la descendante d’une famille noble, avec son éducation prestigieuse accompagnée par une intelligence et une beauté incomparable, chevelure dorée et soyeuse, une peau laiteuse, avec ses yeux bleus et les cils frémissants, elle sourit à Ousmane et le regardait. Il lui suffisait de suspendre sa respiration, de fermer les yeux pour ressentir le contact ouaté de la main douce mollement 52 abandonnée dans la sienne, la voix aux intonations charmeuses, caressait son oreille et le berçait. Que Ouleymatou était futile comparée à sa compagne de classe si intelligente ! L’amour et l’amitié ont noué leur nœud entre Ousmane et Mireille, toutes les occasions joignaient leurs doigts, les heures courraient quand ils se retrouvaient et les moments de séparation étaient si cruels. Le temps passe et un jour Mireille a tout donné à Ousmane. Ousmane l’amoureux a une fois donné sa photo à Mireille, à son tour Mireille se balade avec la photo chez elle à la résidence diplomatique, mais le malheur frappe le couple. Son père monsieur de la Vallée a trouvé la photo, il s’est tourmenté et il a décidé de renvoyer Mireille en France. Patiemment, Mireille a attendu son amour après avoir terminé ses études universitaires de philosophie, ainsi que Ousmane qui, en ce temps-là, s’occupait de sa famille et l’amélioration de leur situation financière. Quand même les deux amoureux échangeaient des lettres d’amour et d’affection. Un beau jour, monsieur de la Vallée et Madame, Djbril Guèye et Yaye Khady, ont reçu deux lettres de leurs enfants qui annoncent le mariage de Mireille et d’Ousmane. Les deux mariés ont connu une sorte de bonheur, fruit des années de patience, un bonheur inoubliable. Mireille est arrivée au Sénégal chez la famille Guèye. Elle, fille de famille bourgeoise avec son éducation élevée, a rencontré beaucoup de difficultés à s’adapter avec le mode de vie de sa bellefamille, mais grâce à son travail au ministère de l’éducation 53 sénégalaise, elle a eu droit à un appartement et également grâce aux économies qu’elle avait faites en France, elle a pu meubler luxueusement son appartement. Ousmane change complètement de vie, et peu près ils ont un enfant. Comme le destin fait les choses, Ouleymatou divorce de son mari et rencontre Ousmane, elle voit un autre Ousmane, riche, beau, avec une bonne situation dans la société, alors elle décide dès qu’elle l’a revu d’être sa femme, et très facilement, soutenue par Yaye Khady, elle a pu réaliser son rêve. Mireille, isolée dans son monde, est la dernière à savoir la nouvelle par son amie Soukeynatou, la sœur de Ousmane. Mireille, qui a tout sacrifié, qui a tout brûlé derrière elle a décidé de faire face à la trahison de son amoureux. Entre doutes et certitudes, Mireille a vécu les moments les plus difficiles dans sa vie, elle n’a rien pu faire d’autre que de devenir folle et de tuer son petit, puis de donner au traître des coups de couteau. Le drame se termine par la vue de Mireille qui rentre en France, l’esprit perdu, et Ousmane sur un lit d’hôpital. 54 3-1-2 Analyse des personnages: 3-1-2-1 Ousmane Guèye : Ousmane le gamin s’est heurté, tout au début de sa vie sentimentale d’adolescent, à la méchanceté et la dureté d’une jeune fille qui est plus mûre que lui (Ouleymatou Ngom). Par ses moqueries, elle a poussé Ousmane à fermer des portes devant les filles jusqu’au jour où il a rencontré Mireille de la Vallée qui est tout à fait différente des filles qu’il a déjà rencontrées et connues. Mireille possédait la beauté, l’intelligence et la douceur. Ousmane a bien aimé ses qualités et c’était un pari pour lui, alors il a tout fait pour l’avoir, soutenu par une insistance unique ce qui apparaît de façon claire dans le changement qu’il a fait concernant la situation financière de sa famille. Après avoir terminé ses études universitaires, il a pu avoir un logement O.H.L.M. (Office de l’Habitation à Loyer Modéré), et assurer une certaine aisance pour la famille, sa deuxième étape c’était Mireille, son vrai amour. Ousmane, très rattaché à sa famille, surtout à sa mère et à son pays, finit par croire que Mireille est une égoïste, pourquoi? Parce qu’elle le veut sans famille ni amis. Cette idée est nourrie par le comportement de Mireille qui supporte mal les amis d’Ousmane chez elle, et n’accepte guère l’intervention et l’existence de Yaya Khady, sa belle-mère, dans ses affaires qui sont les affaires de ‘Ousmane’, fils aîné et chouchou de sa mère. Au milieu de cette situation gênante, apparaît Ouleymatou, l’amour de l’adolescence, avec sa beauté et sa foie de retenir Ousmane. 55 Ousmane a trouvé en elle l'idée de la solution qui satisfait Yaye Khady en même temps que sa dignité blessée. A l’intérieur de lui, le roman ne reflète pas de conflit. Ouleymatou ne trouve aucune difficulté à le reprendre. Ousmane est soumis très rapidement aux contraintes familiales. Ousmane Guèye a espéré vivre deux réalités différentes, la belle Mireille dans son foyer confortable, propre et bien géré à la bourgeoise et Ouleymatou qui figure sa réalité comme africain, maître chez lui. 3-1-2-2 Mireille de la Vallée : Fille unique de la famille de la Vallée. Soigneusement, élevée au sein de ses parents diplomates avec certaines manières de façon qu’elle occupe une place importante dans la haute classe en France. A cause de son amour pour Ousmane, Mireille a refusé de se marier avec Pierre, ce bel homme à l’œil bleu, l’héritier d’un complexe industriel important et qui a fait de brillantes études d’ingénieur. Elle a préféré tout quitter et tout brûler par une lettre renvoyée à ses parents annonçant son mariage avec ce nègre là à chemise rouge. Au Sénégal, Mireille, au début, a tout essayé pour s’adapter à la société et rendre contents ses beaux-parents, mais Yaye Khady a frustré chaque tentative de sa part, et Mireille n’a pas pu renoncer aux principes qu’elle avait adoptés pendant sa vie, surtout l’intimité de la vie conjugale. De sa part, Ousmane a mal jugé ses comportements en les considérant comme une sorte d’égoïsme. Il lui repproche sa propreté et la traduit comme moyen de le contrôler. 56 En fin, Mireille a reçu la foudre. Ousmane, le nègre traître s’est marié et attend un deuxième enfant. Dans le même immeuble qu’Ousmane et Mireille, habitait un couple européen, Geneviève et Guillaume. Geneviève est une rondelette, brune, petite descendue de la province. Son mari Guillaume apprécie bien la finesse et la manière séduisante de Mireille et se demande ‘Ce nègre, peut-il apprécier ce qu’elle est, ce qu’elle apporte ? Cette chevelure, ces yeux, ces manières princières? Il n’imagine pas cette belle fleur de chez eux entre les mains de ce rustre !’ Quant à son père Monsieur de la Vallée, le jour où il a trouvé la photo de Ousmane avec sa fille, il lui a demandé : ‘Tu connais ‘ça’ ?’ Mireille s’en souvient, Ousmane n’est vraiment que ‘ça’. 3-1-2-3 Yaye Khady : Mère traditionnelle, elle a voulu exercer son rôle comme bellemère traditionnelle qui mérite le respect et le confort de sa bellefille. Elle a également voulu avoir un statut social considérable car elle a réussi l’éducation de son petit ‘Oussu’ et elle attend de goûter au fruit, une femme ‘toubab’ ne fera pas de travaux domestiques à sa place, en plus elle va garder le fils à ses côtés et se méfier de sa famille. Alors, Yaye Khady luttera contre cette ‘diablesse’. En fait, Yaye Khady jusqu’aux derniers moments à l’aéroport de Dakar esperait de voir une femme banale, mais elle a reçu le choc, cette toubab est belle comme une ‘djinn’. 57 Cette mère possessive a poussé aveuglement et sévèrement son fils vers la marge. 3-1-2-4 Ouleymatou Ngom : Elle a regretté son refus d’Ousmane le garçonnet qui est devenu homme, beau comme une statue et riche. Malgré son intelligence modeste et limitée, Ouleymatou a trouvé le bon moyen de séduire Ousmane. Armée de sa beauté, elle a exercé une sorte de séduction irrésistible sur lui. Elle lui présente ce qu’elle lui a refusé hier ; son amour, son respect et Oussu n’a que de prendre ce qu’on lui présente. D’un autre côté, Ouleymatou a eu la sympathie de Yaye Khady, à la place de la mère fatiguée. Ouleymatou a pris en charge quelques travaux quotidiens. Ouleymatou, fille africaine dans une société sénégalaise musulmane, ne voit pas de mal dans la polygamie, parce que c’est un milieu où on prend aisément quatre femmes. Mais ce qu’on lui reproche, c’est le manque de scrupule qui peut l’empêcher d’avoir un bébé avant le mariage d’après la religion musulmane. 3-1-2-5 Djbril Guèye : Père, musulman, croyant, essaye d’approuver que son fils dont il est fier n’est pas influencé par sa femme ‘toubab’, il incite son fils à inviter sa femme, déjà musulmane, à faire les prières. Ce père n’a rien refusé à Yaye Khady, malgré son ouverture, lui qui a eu la chance de travailler avec les "toubab" et d’aller en France, ce qui fait un élément de respect dans sa société. Djbril 58 Guèye était très pacifique, il se taisait à l’égard des tentatives de Yaye Khady car il était faible devant elle. 59 3-2 Ô Pays Mon Beau Peuple Un roman qui représente la réussite de couple mixte dans la littérature africaine d'expression française. 3-2-1 Résumé: Omar Faye, fils de Moussa et de Rokhaya Faye, est fils unique de sa mère. Elle l’a eu après des années de souffrance, ses enfants meurent à la naissance, son mari a d’autres femmes et d’autres enfants. Après être allée chez les charlatans, il n’y a qu’Omar qui lui est resté. Elle l’a beaucoup chéri, et au moment où il devait aller faire la guerre en Europe, elle est devenue folle de douleur. En revenant chez lui après huit ans d’absence, après avoir parcouru l’Afrique du nord et la France, quatre ans après la victoire, Omar a emmené sa femme toubab "Isabelle". En gagnant le domicile paternel, les réactions varient de l’un à l’autre. Son père le musulman croyant n’apprécie pas bien l’idée que son fils qui d’ailleurs ne fait pas les prières, se marie avec une chrétienne, ce qui rend la situation encore pire. La mère Rokhaya ne fait pas d’effort pour cacher son refus pour ce mariage, car elle a déjà choisi la future mariée de son fils, mais Omar, sans la moindre hésitation, a annulé l’engagement de sa mère avec sa future belle-famille à son retour. A la suite d’une discussion avec le père Moussa concernant son mariage avec Isabelle, Oumar décide d’avoir une maison. Il est allé camper avec sa femme sous les palmiers où il va construire sa nouvelle maison. Trois mois plus tard, la maison est prête, résultat 60 d’un travail inlassable et dur. Le village n’a comme sujet que la maison d’Oumar Faye. Dans la société paradoxale sénégalaise, où se rencontre beaucoup de races et cultures, la race blanche domine la vie commerciale et économique, alors, Oumar, le révolté, va rencontrer de nombreux problèmes en protestant et en refusant l’oppression qu’exercent les blancs sur son peuple. Poussé par cet esprit de liberté et d’indépendance, Oumar, fils de l’homme des eaux décide de changer les métiers des ancêtres pour devenir un homme de terre. En mettant sa décision à exécution, il est allé pendant trois jours dans un village voisin pour chercher des rizières. Pendant ce temps-là, Isabelle sa femme était victime d’une tentative d’agression : deux blancs dont Oumar a provoqué l’hostilité ont essayé de la violer, mais très courageusement, elle a pu s’en sortir. Les champs du riz deviennent une réalité. Ousmane a recruté beaucoup de gens surtout les femmes. Il les traite comme mères et sœurs à lui, de façon qu’il est devenu célèbre et aimé par tout le monde. Le rêve d’Oumar se réalise et le temps de la moisson arrive. Les commerçants blancs se réunissent pour voir ce qu’ils vont faire contre cet adversaire riche et puissant. Il figure pour eux un danger présent. Oumar a donné gratuitement la semence aux cultivateurs à condition qu’ils vendent à lui seul la récolte de l’année suivante. Après avoir eu leur confiance, ils ont tous accepté. Cela ne suffit pas au désir ambitieux d’Oumar, il est allé plus loin, à la recherche du 61 bien de son peuple. Avec le père Gomis, le boutiquier, il propose un projet de partenariat de la capitale, pour améliorer la qualité du travail dans les fermes, il pense à une ferme-modèle avec une technologie moderne. Enceinte de son enfant, Isabelle a soutenu son mari de son mieux, mais, un jour, dans la nuit, le couple a entendu ce qui leur paraît être un gémissement de blessé puis des cris. Faye est sorti aider celui qui criait, mais dans l’obscurité de la nuit, il a reçu des coups mortels de tous les côtés. Le tam-tam résonnait, Oumar est mort, il a été assassiné, sa maison était la destination de la foule incrédule, une manifestation silencieuse se dirige vers la Palmeraie, des gens à pied, et d’autres en bateau. Tous ceux qui l’ont aimé et connu, l’ont accompagné aux tombes : musulmans, chrétiens, fétichistes et athées. Après l’enterrement, ils se sont tous retrouvés chez Oumar. Le père Gomis est sorti remercier les gens et déclarer qu’Isabelle Faye va continuer ce qu’Oumar a déjà commencé. Elle va coopérer avec le père Gomis pour l’intérêt de ce beau peuple que son mari a longuement adoré. 62 3-2-2 Deux héros africains: Ousmane Guèye et Oumar Faye: Les deux héros africains sont élevés dans la société sénégalaise musulmane, de mère et père penchant et veillant sur leur éducation, aimés et adorés par leurs mères, entourés par les voisins, les amis et les proches, dans une société à la fois cohérente et différente. Le Sénégal le pays paradoxal, est un carrefour de commerce et de culture, qui rassemble différentes races ; ce qui n’empêche pas l’enracinement des mœurs africaines et n’entrave pas la solidarité qui marque les sociétés africaines. Ousmane attaché à ses parents, refuse d’accepter la bourse qu’on lui a offerte à la fin de ses études secondaires pour les continuer en France, en préférant rester à côté de son père l’invalide de guerre qui commence à vieillir, poussé par l’éducation religieuse qu’il a reçue et une sorte de sensibilité très remarquable. Cette sensibilité a incité Ousmane à prendre distance à l’égard des filles, surtout celles qui ressemblent de loin ou de près à Ouleymatou. Il cherchait quelque chose de différent, ce qu’il a trouvé chez Mireille de la Vallée. Mais son rattachement à sa société, à son environnement a beaucoup influencé ses pensées. A l’intérieur de lui-même, il se sent dépaysé, arraché de son milieu africain. Ce sentiment se nourrissait de la tendance à l’individualité que Mireille a éprouvée, ce qui a affaibli la résistance d’Ousmane face à Ouleymatou qui n’a trouvé aucune difficulté à le retenir, soutenu par Yaye Khady devant qui Ousmane se trouve faible et impuissant. 63 Oumar Faye, fils unique de sa mère, est allé, comme nombre de ses camarades, faire la guerre en Europe à l’âge de dix-sept ans. Il est rentré après une absence de huit ans et après avoir parcouru l’Afrique du Nord et la France. Blessé deux fois, il a été décoré de la médaille militaire et de la croix de la guerre, puis il a été démobilisé à Lille. Oumar quitte Lille pour travailler à Paris chez (Citroën), où il a suivi des cours de mécanique. Il passait tous ses congés à l’étranger, il a visité l’Autriche et l’Allemagne. Oumar connaît Isabelle chez des amis. Ensuite, un an après son mariage, il a gagné son pays natal, accompagné pas son amour pour la terre, et sa volonté de changement. Faye s’attaque courageusement au domaine de l’agriculture sans aucune expérience précédente, ce qui étonne même ses parents. Devant les yeux de tout le monde, son projet connaît un succès incomparable. Ses affaires vont à grands pas vers le but qui est le bénéfice de son pays, de son beau peuple. La mère Rokhaya, au contraire de Yaye Khady, n’a aucune autorité sur son fils indépendant, malgré l’excès d’amour qu’elle lui porte. Cette indépendance, et cette ouverture d’esprit ont orienté les pas d’Oumar à l’extérieur de lui-même, pour réfléchir aux autres. Par ses yeux, qui apprécient tout signe de beauté autour de lui, il voit également le malheur des autres. Homme d’action, Oumar se met en mouvement pour agiter le silence, pour réveiller la somnolence de son pays. Il vivait pour tout le monde bien qu’il soit devenu un symbole de résistance et de bienveillance. 64 3-2-3 Deux héroïnes blanches: Isabelle Faye et Mireille Guèye: Mireille de la Vallée la Crème de la bourgeoisie française, issue d’une culture où les hommes et les femmes sont égaux dans tous les sens, elle répond aux besoins d’Ousmane, méprisé de la part d’Ouleymatou qui représente la fille sénégalaise, pour son travail à côté de sa mère. Elle ‘Mireille’ lui présente un autre angle de vue plus intelligent et profond, des occupations loin de ce qu’il a expérimenté chez les filles de chez-lui. Mireille a reçu son éducation dans une atmosphère douce et calme, ce qui justifie son caractère romanesque et sa fragilité. Dans sa propre maison, elle a voulu adopter le même mode de vie qu’elle a connu chez ses parents, un mode d’individualité et d’intimité, ce qui marque les sociétés européennes surtout les bourgeoises. Mireille n’a pas essayé de s’intégrer dans son milieu, dans sa nouvelle société, de même, elle n’a pas accepté les représentants de cette société, Yaye Khady et les amis d’Ousmane, chez elle. Cette attitude a contribué efficacement à l’échec de son mariage. Au contraire d’Isabelle Faye, qui a très rapidement adopté les amis d’Oumar comme des amis très chers à elle. Egalement, elle a fait beaucoup de progrès en ‘Diola’, le dialecte de son mari et de sa belle-famille. Isabelle est venue d’une famille sans foi, elle a été élevée dans une ambiance de liberté, alors, elle n’a pas rencontré beaucoup de refus en épousant Oumar, seulement les signes de racisme 65 qu’éprouvait sa mère au moment où elle a rencontré son futur beaufils. Si on regarde bien, on trouve que le racisme est des deux côtés parce que la discrimination ce n’est pas seulement à cause de la couleur de peau, mais aussi à cause de l’ignorance et l’incompréhension de l’autre, car mère Rokhaya, de son côté, ne voulait pas de femme ‘toubab’ comme brue. Isabelle a le même courage, la même indépendance que son mari. Au moment où les deux adversaires blancs de son mari ont essayé de la violer, elle a pu s’en sortir sans avoir demandé l’aide, armée du fusil de son mari, elle a tiré sur la voiture des agresseurs. Occupée par ses propres affaires, Isabelle a laissé à son mari le temps de travailler sans se plaindre. Elle s’est mise derrière lui, le soutenant et l'encourageant de son mieux, malgré les moments de faiblesse qu’elle témoigne de temps en temps. Isabelle et Mireille ont connu le racisme de près. Les deux femmes ont été reprochées pour le fait qu’elles se marient avec des noirs. Isabelle par la communauté blanche casamancienne et Mireille par ses parents, surtout son père dont elle garde les mots qu’il a dits au moment où il voit la photo d’Ousmane : ‘Tu connais ça ?’ Quant à Isabelle, grâce à son éducation indépendante de tout engagement et de toute contrainte sociale et grâce à la personnalité forte de son mari, l’avis des autres n’a aucun effet sur elle. Elle a réussi à sauver son mariage, non seulement cela, mais elle est devenue un symbole de résistance et de continuation pour les efforts de son mari dont elle garde l’enfant. Elle est devenue le seul espoir pour la mère Rokhaya qui l’a, bientôt, beaucoup aimée. 66 CHAPITRE IV SYNTHESE LE MARIAGE MIXTE A TRAVERS QUATRE ROMANS DE LA LITTERATURE AFRICAINE D'EXPRESSION FRANÇAISE 4-1 Agar et Un chant écarlate Facteurs d’échec 4-1-1 Le rôle du héros : 4-1-1-1 Ousmane Guèye et le médecin juif : Le personnage d’un héros par excellence fait l’histoire d’échec ou de réussite puisqu’il est le côté du couple à qui on confie la plupart du temps le choix de la mariée et la prise de décision. Le héros d’Agar est un juif élevé dans une société fermée qui n’accepte personne hors de la Communauté, une société où les contraintes familiales sont très fortes. De son côté, notre héros a répondu très rapidement et sans résistance à la pression qu’exerce la société juive connue pour son intégration et son racisme. Il n’a pas pu protéger sa femme contre ce rejet et même pas contre ce sentiment de refus qui s’augmente à l’intérieur d’elle en se contentant de la regarder haïssant tout autour d’elle, c’est seulement aux moments difficiles de l’accouchement qu’il a eu la capacité de montrer un peu de sympathie parce qu’elle était faible, seule et sans défense, mais l’émotion qu’il avait eue n’a pas duré longtemps. Dès le début, ce héros réfléchissait à la séparation. Il pense que son fils non circoncis va se sentir attiré vers la moitié européenne. Ce père a peur que son fils n’aie aucun lien qui l’attire vers lui dans l’avenir en oubliant son rôle comme père penchant sur l’éducation de son fils et cela montre l’image qu’il a dans sa tête sur l’avenir de sa famille. 67 Ce couple mixte n’a pas profité dans cette histoire, des moments rares de conciliation et de retenue d’équilibre pendant la deuxième fois que Marie tombe enceinte, ils étaient tous deux désespérés pour choisir l’avortement comme dernière solution. La lâcheté du héros était la cause principale de l’échec de cette histoire d’amour, la même faiblesse et lâcheté qui a poussé le même héros à quitter Paris aux moments de peur et de dépaysement. C’était Marie qui l’a soutenu et s’est mise derièrre lui. La même Marie qu’il a trahi au sein de sa famille et dans son pays. Quant à Ousmane Guèye, on pourrait dire que sa faiblesse devant Yaye Khady la mère était derrière l’échec de son mariage. Ousmane est rapidement soumis à la volonté de Yaye Khadye qui veut avoir une bru traditionnelle, une bru qui l’aide aux travaux domestiques ; à laver, repasser, faire le linge et le ménage, etc. Ousmane en même temps a voulu vivre dans son milieu comme un africain, maître chez lui avec une femme africaine qui plaît à sa maman et répond au désir caché au fond de lui. 4-1-1-2 Mireille de la Vallée et Marie : Malgré l’existence des enfants, les deux héros, celui d’Agar et celui d’Un chant écarlate, n’ont pas réussi à sauver leurs mariages, mais à vrai dire, la responsabilité est partagée avec les héroïnes qui n’ont pas bien mesuré ce qui les attendait dans le pays du mari et il leur aurait fallu l’ouverture d’esprit de ne pas prévoir une vie semblable à celle qu’elles ont quitté en Europe. Marie et Mireille Guèye attendent une vie moderne, propre et très privée où leurs maris seront complétement à elles. Puisque ce 68 n’est pas le cas, elles commencent à se plaindre, à tout haïr, surtout dans le cas de Marie qui déteste la vie autour d’elle l’odeur de jasmin, celle de l’huile de cuisine, les cérémonies, les cuillères de confiture qui circulent de bouche en bouche, les fenêtres largement ouvertes. Mireille à son tour commence à avoir du mal à supporter les amis de son mari, leur façon de parler, de rire. Elle supporte mal le désordre chez elle dont elle veut faire un modèle de sa maison en France. Marie et Mireille ont du mal à s’adapter avec la vie de leurs belles familles et leurs maris, elles se trouvent étonnées par la différence entre ce qu’elles avaient imaginé et la réalité qu’elles ont vécue. Au temps où Marie la parisienne déteste chaque rite juif, aussi que la vie sale de cette communauté, elle attend, sans justification, de son mari de célébrer des occasions catholiques pendant Noël. Mireille de la Vallée voulait enfermer Ousmane dans un cadre bourgeois, faire un symbole de sa vie chez son père, mener une vie très privée où il n’y a pas cet engagement vers la famille et les amis. Nos deux heroïnes ont du mal à comprendre comment on vit collectivement dans une société africaine, comment l’on vit pour les siens et que la vie privée dans le sens européen n’existe presque pas, elles cherchent un homme, un partenaire libre de contraintes, elles se méfient de cette longue vie que leurs maris ont vécu, de leur éducation et du lien profond qui les attire vers leurs familles et leur passé. 69 Marie est un bon exemple. Elle avait tort en éloignant son mari de sa famille pour aller vivre à la campagne parce qu’elle ne supporte pas la ville qu’elle trouve sale malgré le fait que son mari soit un médecin débutant qu’ il aura besoin d’être en ville pour le bien de son métier. 4-1-2 Le rôle de la société Dans les deux histoires qui ont connu l’échec, on voit nettement le rôle des sociétés, théâtre des scènes, des histoires. L’une se déroule dans une société africaine et l’autre dans une société juive. Ces deux sociétés sont des sociétés traditionnelles où règnent les mœurs et les coutumes des ancêtres, surtout la société juive qui garde des rites très rigides et intégristes, elle n’accepte aucun étranger et s’oppose à la modernité qui pour elle représente le danger et menace son existence. Alors, dans cette atmosphère, le développement d’une relation d’amour avec une étrangère devient très difficile, à cause de l’autorité qu’exerce cette communauté sur ses enfants. Quant à la société africaine, elle crée une relation quelquefois discrète mais très forte avec ses enfants parce qu’elle s’enracine dans la construction des sentiments et même dans les souvenirs qu’on garde dans la tête pour toujours. La société africaine est une société chaleureuse et tolérante mais aussi une société d’une solidarité unique. 70 L’effet de cette communauté sur Ousmane Guèye apparaît clairement surtout après son mariage avec Mireille, il se trouve impuisant à l’égard de sa mère qui veut Ouleymatou la femme au cœur dur qui décide d’épouser Ousmane le notable après avoir refusé Ousmane le gamin et lui a préféré le dernier de la classe. Sans l’appui de la société, Ouleymatou n’aurait aucun effet sur Ousmane Guèye l’africain qui adore son peuple et sa maman. On peut dire que tous deux, le juif et l’africain, sont repris par leur société. 4-1-2-1 Le couple et la société juive Malgré que le couple a célébré son mariage en France, la Communauté juive ne reconnait aucun mariage hors du cadre religieux juif. Alors, l’opposition vient d’abord des rabbins qui éprouvent une sorte bizarre d’intégration et de durté envers Marie qui se trouve impuissante devant la fermeture d’une société. Pour eux, elle est avant tout l’étrangère. Un autre côté du problème, c’est que si l’enfant juif n’est pas circoncis, il n’aura pas le droit d’hériter de son père et il sera également privé de faire partie de la communauté. Ce peuple a peur de tout ce qui est différent et moderne. La torture et la souffrance qu’il avait connues pendant les différents régimes et courants politiques révolutionnaires dans le monde entier, lui a appris d’être prudent devant les nouveautés. La complicité accumulée à travers les siècles, résultat d’oppression et de frustration que ce peuple avait connu, nourrit et 71 justifie aujourd’hui cette peur et cette intégration qu’exerce les juifs envers d’autres races. Il devient très difficile de vivre au sein d’un peuple qui applique chaque jour des habitudes qu’on peut tout simplement décrire par "bizarres". Il devient également très difficile, non seulement à Marie, mais même aux juifs qui ont reçu une éducation non juive quelconque, de s’adapter à ce mode de vie. Résultat naturel et bien attendu ce que le couple et surtout Marie a rencontré car c’est une société qui a perdu toute confiance dans les autres. 4-1-2-2 Mireille / Ousmane et la société sénégalaise: La société africaine est une société ancienne avec des rites et des mœurs très enracinés dans le passé, des mœurs bien conservées, bien appliquées et bien transmises aux générations présentes. Les relations familiales dans cette société sont très fortes de façon à entraver chaque tentative de séparation ou d’indépendance, les rites africains encadrent tous les aspects de la vie quotidienne. C’est pourquoi Yaye Khady ne voulait pas sortir de la règle qu’elle regarde s’appliquer tous les jours avec les mamans des enfants, elle veut déposer la responsabilité de ses épaules, et elle n’a que Ousmane son fils unique pour réaliser ce souhait qu’elle considère comme un droit, Ousmane c’est son unique fils qu’elle a eu à la fin d’une série de souffrance. 72 Ce qu’on peut généralement dire, c’est que malgré l’accueil et la tolérance qu’elle éprouve envers les nouveaux arrivants, la société africaine avec ses coutumes, influence négativement l’existence de ces derniers par la difficulté d’accès et d’initiation au mode de vie qu’on ne peut pas décrire par international. Bref, nos deux héros ; l’africain Ousmane et le médecin juif, sont repris par leurs sociétés ; ce qui renforce l’influence et soutient l’effet de la société sur tous les deux, c’est le manque de l’expérience de vivre dans une autre société, exprimenter un autre monde différent de comportement, de pensée et de patrimoine. 73 4-2 Ô pays ! Mon beau peuple et La terre et le sang Facteurs de Réussite 4-2-1 Oumar Faye et Amer : Oumar Faye et Amer ont la qualité d’avoir un personnage assez fort dans le cas d’Amer et très fort chez Oumar. Tous les deux ont été beaucoup chéri par leur maman du fait qu’ils étaient des fils uniques. Nos deux héros ont quitté très jeunes leurs pays pour aller vivre en France. Pendant des années, ils ont expérimenté la guerre. Oumar est parti à l’âge de dix-sept ans pour faire la guerre pendant la deuxième guerre mondiale. Il a été décoré d’une médaille militaire et de la croix de guerre. Amar était prisonnier de guerre pendant cinq ans en Allemagne. Tous les deux ont pu s’intégrer dans la société contrairement à Ousmane qui a refusé la bourse qu’on lui a offerte pour aller étudier en France et au médecin juif qui était prêt à quitter Paris au premier signe de dépaysement qu’il a ressenti. Ces expériences, celle d’Oumar et d’Amer, sans doute ont beaucoup aidé à sauver et à continuer leur mariage et bien sûr à bien comprendre l’autre aux mements difficiles parce qu’avec une volonté libre, un personnage indépendant, on peut avoir une vue plus claire et plus large, on ne se laisse pas influencer ni par la société ni par la famille. Un autre sens de liberté, la liberté financière, Oumar a travaillé chez Citroën, il a suivi des cours de mécanique, en revenant chez lui, il a assuré une certaine aisance pour sa famille, en construisant une 74 jolie maison indépendante qui est devenue sujet de tout le monde au village. Plus tard, Oumar est devenu un adversaire notable pour les hommes d’affaires blancs. Amer aussi est devenu dans peu de temps un notable de son village, il se réjouit d’une stabilité, ce qui donne à lui et à Oumar une sorte de confiance et de liberté de décision. 4-2-2 Marie et Isabelle Faye : Les deux héroïnes ont réussi à continuer leur vie conjugale dans un pays étranger au sein d’une société tout à fait différente. Isabelle Faye est venue d’une famille sans foi. Elle n’a pas rencontré d’opposition en épousant Oumar en peu de temps, elle a eu la confiance de la mère Rokhaya, elle à également essayé de son mieux de s’intégrer dans la société sénégalaise en apprenant le dialecte local et, en prenant les amis de Oumar comme des amis à elle, elle s’est faite beaucoup d’amis. Isabelle a pu créer un monde indépendant où elle ne s’ennuie pas en laissant à Oumar le temps de s’occuper de ses propres affaires mais au même temps en participant efficacement à la prospérité de leurs affaires. En ce qui concerne Marie la femme d’Amer dans La terre et le sang, son caractère n’est pas assez clair dans l’histoire et les grands traits de son personnage ne sont pas définis de façon à nous permettre de bien juger ses réactions mais l’important c’est qu’elle aime Amer et lui fait beaucoup de confiance. Marie était prête à tout supporter car elle a tout brûlé derrière elle. 75 Isabelle et Marie partagent la réussite du mariage et en plus elles sont devenues l’espoir de deux mères Kamouma et Rokhaya à la suite de la mort de leurs fils uniques par les enfants qu’elles portent en elles. 76 77 Conclusion La mixité désigne chez la majorité des gens la perte d’identité. Elle représente pour eux un menace d’existence alors, par conséquence, il leur devient difficile d’admettre facilement la mixité d’un couple. D’autre côté, le partenaire accueilli dans sa nouvelle famille, à qui on demande de s’intégrer dans la société, rencontre de grandes difficultés sur ce point là. Quelles sont les différences qui rendent difficile l’intégration du couple dans la société : A travers les quatre romans qu'on a étudiés, on peut résumer ces différences en trois grands catégories. * Différences de milieu socio – culturel : Cette catégorie comprend tous les aspect de la vie quotidienne y compris la conception de la famille et le rôle de l’homme, de la femme, dans la famille dans les deux sociétés mixtes. * Différences de langue : La langue, comme moyen de communication, joue un rôle très important parce que c’est le support du dialogue. * Différences de religion : L’intégration et la différence de croyance représentent une cause importante dans les conflits. Jusqu'à nos jours, cette intégration des préjugés qu'on a sur les autres influence négativement notre co-habitation. 78 Le couple mixte, vivre positivement les différences : L’identité collective d’un groupe social ce n’est que l’histoire de son influence, de son changement d’appartenance et de son passage de frontière par rapport à d’autres identités et cultures à travers le temps. Cette identité n’arrête jamais de bouger, de se transformer puisque l’être humain continue à évoluer et à changer d’attitude. Dans la vie du couple mixte, cette définition d’identité aide, sans doute, les deux partenaires à agir l’un envers l’autre dans un esprit de tolérance. Puisque dans chaque culture, il y a absolument des points positifs. Mais l’important c’est d’avoir la capacité de capturer ces points et les transformer dans des points forts dans leur vie conjugale. Marie Hélène, la femme d’un couple mixte franco-africain dit(1) « on prend forcément beaucoup de recul par rapport à sa propre culture, quand on vit au quotidien avec quelqu'un qui a une culture différente. Je pense que dans chaque culture, on pioche des choses positives. Dans la culture française j’apprécie l’organisation de la société par exemple, la gestion du temps nous semble un peu douteuse en Afrique mais trop rigide en France. J'aime la pensée africaine riche en image et l’art de la parole, on aime aussi la place de la fête en Afrique et je trouve que la culture française n’est pas assez souriante ». 1 - Coopération développement , No 153, 2˚Semestre 2001. 79 La réussite absolue est-ce possible ? Même dans un couple de la même identité, la réussite reste une conception ambiguë et vague parce que la signification du mot (réussite) varie, d’une famille à l’autre et d’un couple à l’autre. Chaque individu donne un sens différent pour le succès, mais l’important reste toujours le jugement que donne cet individu à son expérience. Dr. Amina Yagi, une femme de couple mixte soudanofrançais, a connu une réussite incomparable dans sa vie de couple, par le témoignage de tout le monde. Dans un entretien fait par Monsieur Fadlallah KANAN le 24 mars 2003, Madame Yagi résume son expérience par(1) « nous n’avons jamais eu entre nous la moindre mésentente ». Finalement, il n’y a pas de recette à donner aux couples mixtes pour réussir leur union mieux que d’être conscients de leur distinctivité. Ils ne sont pas de couples normaux malgré la réalité que tous les couples sont mixtes ; chaque individu, d’une manière ou d’une autre, est différent de l’autre. Il faut s’accepter et se comprendre. 1- Kanan, Fadlallah, mémoire de maîtrise , Khartoum, 2003. 80 Bibliographie * Ouvrages : 1. ABDALLA, Nadra, l’image de la femme a travers ˝ l’Enfant de sable ˝ de Tahar Ben JELLOUN, Khartoum, 2001. 2. AWAD, Mayada Le thème d’aliénation dans la statue de sel, d’Albert MEMMI, mémoire de maîtrise, Khartoum, 1998. 3. BEAUD. Michel, L’art de la thèse, Paris, 1991. 4. BONN, Charles, GARNIER, Xavier, LE CARNE, Jacques, littérature Francophone, le roman, Hatier, AUPIEF, Paris, 1997. 5. CHEVRIER, Jacques, Anthologie africaine : Poésie, Hatier, collection monde noir poche, Paris, 1988. 6. CORNEVIN, Robert, L’Afrique noire de 1919 à nos jours, presses universitaires de France, 1973. 7. DEJEUX, Jean, littérature maghrébine de langue française, Naaman, Canada, 1973. 8. Dissertations littéraires générales, BEAUDIEU, Yves, DEJEUX, Jacques, LE ROY, Christian et al, Nathan, Paris, 1995. 9. GUENEAU, Raymond, Histoire de la littérature, NRF, Dijon, 1986. 10. KANAN, Fadlalah, Les conflits des civilisations dans le mariage mixte á travers la littérature africaine d’expression française, mémoire de maîtrise, Omdurman, 2003. 81 11. Le Saint Coran, Al Hujurãt, verset 13. 12. Littérature Francophone depuis 1945, JOUBERT, Jean-Louis, LE CARNE, Laurent, TABONE, Eliane et al, Bordas, Paris 1986. 13. Littérature Francophone du monde arabe (anthologie), dir. par JOUBERT, Jean Louis, Nathan, Paris, 1994. 14. MEMMI, Albert, Anthologie du roman maghrébin de langue française, Nathan, Paris, 1987. 15. NOIRAY, Jacques, Littérature Francophone de Maghreb, BELIN, Paris, 1996. 16. OLIVER, Claude, Le Maghreb aujourd’hui, Hachette, Paris, 1975. 17. VAETTE, Bernard, le roman initiation aux méthodes et aux techniques modernes d’analyse littéraire, Nathan, Paris, 1992. 18. YAGI, Viviane, Aspects de la littérature de l’Afrique de L'Quest, Khartoum, 2000. 19. YAGI, Viviane, Cours de maîtrise, Khartoum, 1999. 20. YETIV, Issac, Le thème de l'aliénation dans la littérature maghrébine d’expression française de 1952 à 1956, CIEF, Canada. 21. ZAROUG, Hanadi, la polygamie a travers deux romans africains, "Une si longue lettre de Mariama Bâ et "Xala" de Sembéne Ousmane, mémoire de B. A honours, Khartoum, 1994. 82 * Revues : 22- Coopération et développement, n˚153, 2˚ trimestre 2001, les couples mixtes une union inter – culturelle P.8. 23- Notre librairie, revue des Ecrivains de langue française, numéro 82, Janvier – Mars 1986. 24- Notre librairie, dix ans de littérature 1980 – 1990, Maghreb – Afrique noire, n˚103, Octobre – Décembre 1990. 25- Notre librairie, la nouvelle, Afrique noire, Maghreb Caraïbes, Océan Indien, n˚111, Octobre – Décembre 1992. * Romans : 26- BÂ, Mariama, "Un chant écarlate", Nouvelles Editions africaines, Dakar, 1981. 27- BÂ, Mariama, "Une Si longue lettre", le serpent à plumes, Paris, 2001. 28- MEMMI, Albert, "Agar", Gallimard Folio, Paris, 1984. 29- MEMMI, Albert, "la statue de sel", Gallimard, Paris, 1955. 30- FERAOUN, Mouloud, "la terre et le sang", éditions du Seuil, 1962. 31- SEMBENE, Ousmane, "Ô pays, mon beau peuple", Presses Pocket, France, 1957. 32- SEMBENE, Ousmane, "Xala", Présence Africaine, 1973. 83 84 Sitographie Albert Memmi: 1. www.limag.refer.org/volumes/memmi.htm. 2. www.harissa.com/D_Arts/albertmemmi.htm. 3. www.ccic-cerisy.asso.fr/memmiTM91.html. 4. mapage.noos.fr/frich/memmi.html. 5. sir.univ-lyon2.fr/limg/Textes/ 6. www.lelibraire.com/din/tit.php?Id=9422 7. fnac.calindex.com/auteur-albert-memmi-3962.html 8. www.pitt.edu/~hallen/La%20bassine.doc 9. www.lire-en-fete.culture.fr/lire2002/fiche_ec.php3?Id=539. 10. www.vanleer.org.il/hebrew/7publications/other6.htm. Mauloud Feraoun : 11. www.initiales.org/chap004/rubr001/doss05.html. 12. www.alsapresse.com/jdj/02.03/19/dossier. 13. www.phy.hw.ac.uk/~phyho/Perso/hennicv2.html. 14. panormitis.free.fr/lirlombr.htm 15.www-bu.univparis8.fr/AIE/AIE_4/Interface/resdisciplines/Litt_francophone2.php Mariama Ba: 16. www.arts.uwa.du.au/AFLIT/BaMariama.htm. 17. 207.96.11.140/Senegal/Mariamab/accieuil.html. 18. www.amazon.fr/exec/obidos/search-handle-url/index=books-fr&fieldauthor=B%E2%20Mariama. 19. www.arobase./v2-n2/voler.html 20. www.insenegal.org/Ba.html 21. www.worldlinks.org.sn/site/7unielage.htm 85 22. www.lagalerne/fr/decawrir/aweur/1303. 23.www.lelibraire.com/din.but.Php?Id=4539. 24. www.sctboces.org/homework/secure/attachement/18030415k15.ppt 25. www.limage.com 26. www.limage.refer.org/textes.manurf/ImIf/htm 27. www.lapresse.tn/archives/archives087203/culture/paradoxale.htm Sembene Ousmane: 28. www.rfi.fr/fichiers/MFI/CultureSociete/1110.asp 29. www.humanite.presse.fr/journal/1998-01-14/1998-01-14-345815 30. www.amazon.fr/exec/obidos/search-handle-url/index=books-fr&fieldauthor=Ousmane,%20Sembene 31. www.litencyc.com/php/sworks.php?aut=Semb%E8ne% 2C+Ousmane+ &golist=true 32. www.chapitre.com/livres-neufs/Se/Sembene-Ousmane/SembeneOusmane.html Littérature maghrébine: 33. ecrits-vains.com/points_de_vue/hafsa02.htm. 34. www.limag.refer.org/Textes/Manuref/lmlf.htm 35. www.fabula.org/actualites/articles6786.php 36. fr.allafrica.com/stories/200312081051.html 37. www.univ-nkc.mr/FLSH/llf/ 38. clicnetswarthmore.edu/soufflés/introduction.html 39. www.lapresse.tn/archives/ archives081203/culture/paradoxale.html 40. www.weblettres.net/spip/article.php3?id_article=35 41. sir.univ-lyon2.fr/limag/Texts/lti27/Bennair.htm 42.www.idlivre.com/TheNews.cfm ?Ref=991 86 Littérature Africaine : 43. www.bobodioulasso.net/auteurs/senegal.htm 44. www.xtec.es/eoiesplugues/frances.htm Couple Mixte : 45. Forum Famili: couple mixte (Education): forums.famili.fr/education/couple_mixte.htm 46. Les enfants d'un couple mixte: sos-net.eu.org/etrangers/enfant.htm 47. col.fr/ forums - couple mixte : jusqu'ou on aller par amour … www.col.fr/forum/topic.asp?TOPIC_ID=4998&whichpage=1 48. L'activé "défense" du Judo-Jujitsu s'exprime en competition … jiujitsu.online.fr/fichiers/coupejj.PDF. 49. Musow.com www.musow.com/temoins/couple-mixte3.html 50. Le Site des couples mixtes dont l'un des partenaires est musulman www.cpl-mixte.net 51. portrait couple mixte www.esj-lille.fr/atelier/magan2/teo/explorer/cohabit_couple.html. 52. Les enfants d'un couple mixte sos-net.eu.org/etrangers/enfant.html 53. Baptěme des enfants dans un couple mixte www.protestant .ch/ENPG/TableRonde.nsf/0/2c433e9d7f55d0bbc1256d 58004fdc2d?OpenDocument. 54. FemiForum – Secrets de Femme – Documentaire adoption et couple … www.femiforum.com/modules.php?name=News&file=article&sid=50 55. djembé couple.mixte.free.fr/djembe/djembe.htm. 56. Cheela – La réponse à vos questions de judaïsme www.cheela.org/read.php?categ=32 87 57. Présidence de République – Recherche www.elysee.frrech/voir.php?&C5=&THEME=+COUPLE+MIXTE 58. Seminare: outils de recherche sur la famille www.ined.frrencontres/seminaires/famille/060600.htm 59. Forum Maroc www.routard.com/comm_forum_liste_messages/forum/37/debut/714.htm 60. Altérités www.alterites.com/find/php?keyword==%22couple%20mixte%22 61. Groupe Monsassier France – Actualites www.group.monassier.com/actualites/presse4.html 88 Table des matières Sujet Page Résumé en Arabe………………………………………………………………….. Dédicace…………………………………………………………………………….. Remerciement……………………………………………………………………… Introduction ………………………………………………………………………… Chapitre I: Littérature Africaine D'expression française et quelques auteurs……………………………………………................................ 1-1 Littérature Maghrébine……………………………………………….. 1-2 Littérature Algérienne…………………………………………………. 1-3 Mouloud Feraoun…………………………………………………....... 1-4 Littérature Tunisienne………………………………………………… 1-5 Albert Memmi…………………………………………………….....…. 1-6 La littérature africaine……………………………………………….…. 1-7 La littérature sénégalaise ……………………………………..……… 1-8 Sembene Ousmane …………………………………….……………… 1-9 Mariama Bâ…………………………………………………………….. Chapitre II: Le Mariage mixte dans "Agar" et "la terre et le sang" l'échec et la réussite…………………………………….…………. 2-1 Agar ………………………………………………………………......... 2-1-1 Résumé de l'histoire…………………………………………….. 2-1-2 Analyse………………………………………….………………. 2-2 La terre et le sang……………………………………………..………… 2-2-1 Résumé ……………………………………………….………….. 2-2-2Analyse……………………………………………………………. I II III 1 5 6 8 10 13 15 18 21 24 26 29 30 30 35 41 41 45 Chapitre III: le mariage mixte dans "un chant écarlate" et "Ô pays mon beau peuple" l'échec et la réussite…………. ….. 3-1 Un chant écarlate…………………………………………………… 3-1-1 Résumé………………………………………………………. 3-1-2 Analyse …………………………………………………….... 3-2 Ô pays mon beau peuple ………………………………………….. 3-2-1 Résume …………………………………………………….... 3-2-2 Analyse …………………………………………………….... 50 51 51 55 59 59 62 Chapitre IV: Synthèse la mariage mixte A travers quatre romans de la littérature Africaine d’expression française………………… 4-1 Agar et un chant écarlate facteurs d’échec…………………………. 4-2 Ô Pays mon beau peuple et la terre et la sang, facteurs de réussite. Conclusion……………………………………………………………………. Bibliographie…………………………………………………………………. Sitographie……………………………………………………………………. Table des matières …………………………………………………………… 66 67 74 77 81 84 89 89 90