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sécularisation, pluriculturalité et mission ad
gentes). Les célébrations liturgiques ont été
recueillies et joyeuses, et les témoignages
de missionnaires en première ligne ont été
très appréciés. Les participants, environ
3000, ne venaient pas seulement
d’Amérique. La préparation avait été longue et difficile, la participation fut intense
et sérieuse, et des engagements furent pris
pour aujourd’hui et pour demain.
Les conférences des religieux(ses)
d’Algérie et Tunisie, animées par le désir
de faire connaître la mission de l’Eglise
dans les pays d’Afrique du Nord, où la religion musulmane est majoritaire, avaient
pensé qu’il serait bon d’envoyer une repréS.Montserrat Simón au centre, premier rang
sentation au Congrès. Le Père Ricardo
Jimenez, SJ, en Algérie depuis l’année 2000, et S. Montserrat Simon (en Afrique du Nord depuis 1986, 26
ans au Maroc et 2 en Algérie, Libye, Tunisie) furent chargés de représenter cette mission, pratiquement
inconnue sur le continent latino-américain.
Tous les jours, à 17h après les Forums, chaque délégation allait dans les paroisses des quartiers de Maracaibo
pour célébrer l’Eucharistie. Nous n’avions pas de groupe et nous nous sentions orphelins, mais peu à peu
nous avons été accueillis très fraternellement par d’autres délégations. Ce fut une très belle expérience.
De bonne heure le vendredi 29, eut lieu l’un des moments les plus émouvants du Congrès : la prière guidée
par les élèves de l’Unité Educative Archidiocésaine Bilingue Prêtre Enrique Avila de la Sierrita, de la municipalité de Mara. Ce ne fut pas un événement culturel ou folklorique mais un temps de prière, la prière inculturée d’un peuple qui veut ainsi témoigner publiquement de sa foi en « nünain maleiwa », Dieu père et mère.
Nous avions ensuite 20 minutes pour présenter notre mission. Je devais commencer. « Après 12 ans au Japon
et 26 ans au Maroc, je suis arrivée en octobre 2011 dans la province d’Algérie, Libye, Tunisie, pays d’Afrique
du Nord dans lesquels l’Islam domine. Lorsque l’on me demande pourquoi je vis là-bas, je réponds simplement : parce que je crois que nous avons besoin les uns des autres. Parce que nous sommes tous frères, égaux
devant Dieu et tous appelés à une vie en plénitude. Dans un monde où les musulmans sont souvent considérés comme une bande de terroristes, nous essayons de dire que cela n’est pas l’Islam mais une déformation,
que tous les musulmans ne sont pas des terroristes mais des frères qui cherchent sincèrement Dieu. Au milieu
d’eux, le Seigneur nous demande d’être des instruments de paix, respectueux et courtois, et de construire des
ponts, comme St François d’Assise nous l’a enseigné. Transmettre l’Evangile par la vie plus que par les paroles. Il existe un langage que tout être humain peut comprendre, c’est le langage de l’amour. L’Evangile ne
nous appartient pas, nous ne pouvons garder seulement pour nous, égoïstement, le trésor que nous avons reçu
gratuitement ».
Le second témoignage fut celui du Père Ricardo Jimenez qui travaille en Algérie depuis 13 ans. Jésuite mexicain, il gère là-bas plusieurs bibliothèques pour plus de quatre mille étudiants universitaires, tous musulmans
et qui constituent sa « paroisse ». L’auditoire l’a écouté attentivement lorsqu’il a déclaré : « En Afrique du
Nord, plus qu’un déplacement géographique nous devons faire un déplacement intérieur. Pour le missionnaire, le mouvement le plus important et le plus difficile est le mouvement intérieur ». Il a souligné aussi l’importance de la formation pour la mission : apprendre les langues, connaître la culture. « Il faut étudier beaucoup », a-t-il conclu. « En Algérie, je peux vivre pleinement mon sacerdoce au milieu des musulmans. Ma
paroisse est immense, j’ai beaucoup de jeunes avec qui je peux partager, à travers la vie, les valeurs de
l’Evangile, et contribuer à construire un monde meilleur ».
Après nos témoignages, plusieurs chaînes de TV et de radios catholiques se sont intéressées à notre mission.
Nous avons essayé de semer… le reste est l’œuvre du Seigneur qui travaille pendant que nous dormons.
Parmi quelques points importants du message final :
Le disciple missionnaire : il nous est proposé de rendre grâce et d’exprimer le meilleur des événements de
notre vie, la rencontre avec Jésus qui a fait de nous des missionnaires en renouvelant l’engagement pris et la
joie de le faire connaître.
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Au cours de l’Eucharistie de clôture, sur la grande esplanade de N.D. del Roario de Chikinkira, patronne de
Maracaibo, dix personnes, prêtres, religieuses et laïcs, ont été envoyées à la mission « Ad Gentes », en Afrique
et dans différents pays d’Amérique Latine.
Je suis profondément reconnaissante d’avoir vécu cette expérience.
Montserrat Simon, fmm
Burgos, Espagne - Avec celui qui tombe
Nous avons déjà partagé avec vous ce que nous vivons avec les
habitants de Burgos.
Dans notre doyenné, l’Eglise est très vivante et désire mettre
l’Evangile en pratique. Nous avons une bonne équipe de prêtres,
avec une moyenne d’âge pas trop élevée.
Depuis plus d’un an, sous le thème « AVEC CELUI QUI
TOMBE », nous célébrons les « mercredis solidaires », une initiative née en l’année 2000 dans le but de vivre l’engagement chrétien avec les plus pauvres. Après avoir réfléchi sur cet engagement
avec les paroissiens, nous avons décidé de partager un jour de
notre salaire avec différentes associations ayant des objectifs
divers comme : Caritas, les émigrés, les femmes en situation d’exclusion, les drogués, les personnes âgées, les chômeurs…
Depuis un an nous allons dans la rue pour manifester que la foi authentique doit nous engager. Nous avons voulu rendre visible le fait que le
Christ « s’offre sous les apparences du pain et se cache dans les
souffrances du pauvre. C’est le même Jésus ».
Le premier mercredi nous nous retrouvons au parc Antonio Machado,
pour rendre compte de la recette de l’année passée et de la façon dont
elle a été distribuée. Cette année nous avons décidé d’aider la banque
alimentaire de la Croix Rouge. Nous avons lu le passage du grain de
moutarde et écouté des témoignages de chrétiens pour illustrer la manière de vivre sa foi. En même temps nous déposons des produits alimentaires de façon à faire une montagne de
paquets et à montrer que les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Le deuxième mercredi, au niveau de la paroisse nous discutons pour savoir comment répondre à l’invitation
de Jésus, personnellement et ensemble. Nous mettons ces engagements en commun pendant la célébration
eucharistique.
Le troisième mercredi, comme d’habitude nous célébrons l’Eucharistie avec le geste de la collecte. Au
moment de la quête chacun offre sa journée de salaire. A la fin de la messe nous sortons dans la rue en ouvrant
des parapluies, même s’il ne pleut pas. Une pancarte nous précède avec le thème de ces journées de solidarité : « AVEC CELUI QUI TOMBE ». En arrivant au parc Antonio Machado nous lisons le manifeste qui commence par ces paroles : « Avec celui qui tombe… les chrétiens se mouillent ». Nous fermons alors nos parapluies et nous écoutons des paroles qui nous encouragent à continuer à aider nos frères et sœurs qui souffrent.
La communauté de Pancorbo
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Russie
Nos 20 ans en Russie!
Un anniversaire qui nous étonne! Le temps s’est enfui avec une telle discrétion, la mission jour après jour a
su si bien catalyser nos forces vives et mobiliser nos pensées, que nous nous sommes réveillées un beau matin
stupéfaites et incrédules: 20 années de notre vie s’étaient “consumées” en Russie! 20 années si vite envolées!...
C’est le 17 août 1993 que trois FMM, venues d’univers culturellement et “ecclésialement” très différents
(Syrie, Pologne, France) relevaient le défi de construire une fraternité dans la ville de Pierre, et foulaient pour la première fois la terre du pays des tsars
pour se lancer dans l’aventure d’une fondation. Il s’agissait en fait d’une re-fondation, car des FMM
avaient déjà foulé le sol de cette même ville de SaintPétersbourg
qui portait alors
le
nom
de
Petrogradquelque 86 ans
plus tôt, en
1907!
Survint
la
Révolution
russe, l’installation du régime
soviétique, et ce
fut la dispersion
des
sœurs
(expulsions,
camps,…),
la
dernière FMM
ayant quitté l’URSS en 1937…
Est-il nécessaire d’évoquer l’émotion de nos premiers pas en ces lieux, nous qui étions envoyées y
écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Institut!...
Les souvenirs se bousculent, lorsque nous évoquons
le temps de notre arrivée, en ces années d’immédiate
après-perestroika… Il y aurait des livres à écrire pour
en conter les moments forts, les anecdotes, les situations tour à tour cocasses et inquiétantes, les fou-rires
et les larmes…Par-dessus tout, se dessinent des visages… Le visage de ceux qui ont été à nos côtés dans
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les premiers temps pour nous instruire, nous accompagner, nous conseiller, nous réconforter… nos
anges-gardiens des premières heures! Quelle joie ce
fut pour nous de les retrouver tous ou presque, fidèles, au “rendez-vous de nos 20 ans”, à la célébration
d’action de grâce en l’église qui nous a accueillies,
sous le patronage de Notre-Dame de
Lourdes!...Parmi ces anges-gardiens, un visage manquait cependant,
- comment ne
pas évoquer le
Père Hartmut,
notre « père de
Russie »?-, mais
nous
croyons
qu’il était lui
aussi de la fête
du haut du ciel…
Si la première
année nous a très
fort marquées,
celles qui suivirent furent également très riches,
avec l’arrivée
progressive des sœurs, et la fondation de la communauté de Novgorod, puis de celle de Kolpino… Et les
années ont passé...
En Russie comme ailleurs, le poids des jours avec ses
multiples soucis, - auxquels s’ajoute la difficulté du
climat, influence incontestablement l’humeur des
habitants. (Ce mot- humeur- est un mot-clef pour entrer dans la compréhension de la mentalité russe).
Mais, à cela, les Russes ont trouvé un remède: la
fête ! Tout, en Russie, est prétexte à faire la fête, et
l’occasion la plus fréquente est fournie par les anni-
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versaires en tous genres. Quand ceux-ci se terminent
par un zéro ou par un cinq, on appelle cela un jubilé,
qui est une super-fête!
20 ans de refondation en Russie, c’est donc un jubilé!... que nous décidons de fêter ce 19 octobre 2013,
veille de l’anniversaire de la béatification de notre
Mère Fondatrice et veille du Dimanche des
Missions. Parmi nous se trouve S .Gosia, notre provinciale, venue à Saint-Pétersbourg vivre avec nous
ce moment fort.
D’abord dans la liturgie : nous célébrons nos vingt
années de présence sur cette terre de « sainte
Russie », terre reçue comme un don de Dieu, une
grâce et un honneur, que nous vivons en retour
comme une exigence de service. La célébration
eucharistique, présidée par le nonce apostolique de
Renouvellement des voeux
Moscou, est, au dire de nombreux participants, simple, belle, et priante. Nous entrons en procession
avec la quinzaine de prêtres présents, portant chacune une petite bougie, symbole de notre vie offerte à
Dieu et au peuple russe, bougies que nous rallumons
après l’homélie, au moment du renouvellement de
nos vœux. Puis S. Anna Z., notre jeune religieuse
russe, fait la lecture, en alternance avec une laïque, de
la prière d’intercession qu’elle a composée.
Au moment de l’offertoire, la largeur de la nef centrale permettant comme une petite “chorégraphie”,
cinq sœurs portent 5 grandes bougies de la couleur
de chaque continent: verte pour l’Afrique, jaune pour
l’Asie, bleue pour l’Océanie, rouge pour les
Amériques, et blanche pour l’Europe, formant un cercle ouvert sur l’avant, au centre duquel se tient S.
Gosia, portant un bouquet de fleurs. Suivent S.
Thérèse et S. Françoise, - deux des trois fondatrices
encore présentes - portant le pain du labeur et le vin
de la fête. Nous nous avançons lentement vers l’autel
sur un fond de musique d’orgue. Chaque bougie a
trouvé sa place devant l’autel, dans une composition
florale superbe.
L’Eucharistie se déroule dans un climat extrêmement
recueilli, bien que l’église soit comble. Avant la bénédiction finale, un petit discours préparé par S. Gosia
et traduit en russe, rappelle le sens de cette fête.
A la fin de la célébration, sans que nous l’ayons
prévu, tandis que nous sommes encore près de l’autel, les gens se mettent spontanément en file pour
venir nous embrasser, nous remercier, nous offrir des
fleurs… Cela rappelle la cérémonie des vœux perpétuels, mais c’est encore plus émouvant…
Tous sont invités à descendre dans la grande salle
paroissiale pour regarder un petit film sur les FMM
en Russie réalisé par Micha, paroissien qui, tout
jeune homme 20 ans plus tôt, fréquentait assidûment
notre communauté rue Metallistov!
La 3ème partie de la fête, le buffet chaud, est
particulièrement apprécié, la température ayant
chuté brusquement...La neige se met à tomber
–la première neige!- juste pendant la fête ! Le
plat principal, le “plov”, plat russe traditionnel
composé de riz avec épices et de petits morceaux de viande, est le cadeau d’un ami libanais
de S. Thérèse et de la communauté. D'un énorme gâteau (de plus de 10 kilos !) sur lequel est
inscrit en lettres capitales (cyrilliques) : “20 ans
des FMM en Russie”, il ne restera à la fin de la
fête que 4 petits morceaux!
La fête se termine, nous nous disons au-revoir
et rentrons, emplies d’une joie plus grande que
toutes les fatigues...Tous ces visages et ces sourires dansent devant nos yeux... Avec le temps, les
ombres de la vie s’estompent, et ce sont toutes ces
innombrables petites lumières, signes de la tendresse
de Dieu, que nous voulons garder comme un bien très
précieux, sachant bien qu’elles sont le gage d’une
lumière plus grande encore, “la lumière du Jour qui
ne connaît pas de déclin…”
Un peu “abasourdies de bonheur”, nous réalisons
une fois encore avec grande force et clarté que tout
est don de Dieu...
« Que te rendre pour tes biens, Dieu qui m’a fait
grâce, j’offrirai devant ta Face l’œuvre de tes
mains ! » chantons-nous dans un cantique inspiré du
psaume 115... A la louange de Sa gloire!
Françoise Roussel, fmm
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Pologne
Mission pour le monde dans une petite ville
« Allez dans le monde entier et portez l’Evangile à toute la création » (Marc, 16,15).
Au début de l’année 2011, j’ai été envoyée dans la communauté du pré-noviciat à Lublin, Pologne. Un hiver
très froid ! Il n’a pas été facile pour moi de survivre, d’autant plus que je viens d’une région tropicale du
Vietnam. Pour compliquer mon adaptation culturelle, je parlais très peu le polonais. La messe quotidienne
par -15° me donnait le mal du pays, car j’avais l’habitude d’un climat très chaud entre 30° et 40°. Je me
demandais : "Comment puis-je être efficace ou au moins survivre dans une telle situation ?"
diant venait régulièrement. Chaque
dimanche je priais très fort pour eux.
Quelquefois comme Abraham, je disais à Jésus : « S’il y a peu de participants je ne reviendrai plus ». Il m’écoutait, et ce jour-là il y avait beaucoup de monde ! Quand je priais
moins, il y avait moins de monde !
Aussi j’ai beaucoup prié et peu à peu
le groupe a grandi.
Soeur Cecilia Tran avec le groupe
Mes espérances ont été comblées lorsque j’ai appris
que dans cette petite ville il y avait le dimanche une
messe en anglais. J’y suis allée avec empressement.
La première fois il y avait deux étudiants et un prêtre. Le prêtre a fait toutes les lectures. Après la messe,
il est allé à la sacristie et les étudiants sont tout de
suite repartis chez eux. J’ai été très déçue de ce
manque d’interaction et j’ai décidé de ne pas revenir.
Pendant mon adoration, j’ai repensé à tout cela et j’ai
senti que Dieu m’appelait à cette mission. Je lui ai dit
‘oui’. J’ai tout de suite commencé à travers des petites choses, par exemple en prenant contact avec les
étudiants et en les persuadant que l’Eglise était leur
famille. J’ai utilisé mon MP3 pour nous aider à chanter (parce que je ne suis pas une bonne chanteuse) si
bien que l’on m’appelait la Sœur MP3 ! Ensuite je
leur ai demandé leurs adresses e-mail pour pouvoir
les contacter. Mais il n’est pas facile de dire ‘oui’ tout
le temps parce qu’en dépit de mes efforts, un seul étu12
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Dieu nous a comblés de ses bénédictions. Lors de sa première visite à
notre communauté, notre provinciale,
S. Malgorzata Ksiazek, est venue à la
messe avec moi. Elle a vu le groupe
sympathique des jeunes et a dit : « La
moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux. » (Lc 10,2a). Elle a demandé à S. Kamila
Monik de nous aider en jouant de la guitare. Petit à
petit nous avons organisé des activités après la messe.
Le résultat a été que beaucoup de jeunes attendaient
avec impatience la messe du dimanche. Ils coopéraient de plus en plus. Beaucoup étaient volontaires
pour faire les lectures, pour chanter et choisir les
chants pour la messe, préparer la prière pour
l’Adoration et le Chemin de Croix. Ils échangeaient
aussi leurs richesses culturelles et invitaient leurs
amis à venir chez eux. Maintenant ce travail n'est
plus seulement ma mission mais la mission, des étudiants. C’est une bonne façon de travailler ensemble.
Avec la grâce de Dieu, après des débuts modestes
nous avons rassemblé beaucoup de monde. Chaque
dimanche environ 30 ou 40 jeunes viennent à l’église. Ils sont de différents pays du monde, et même les
protestants participent à la messe. Dans cette petite
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communauté, nous nous sentons en famille. Quand je
leur ai demandé de suggérer un nom pour notre communauté ils ont choisi : Beaucoup de nations, une
seule famille. C’est beau, n’est-ce pas !
S. Kamila a quitté Lublin pour préparer ses vœux perpétuels. Je pars aussi à la fin du mois d’août dans une
autre communauté. J’espère que ce groupe grandira
encore. Je remercie de tout cœur S. Malgorzata
Ksiazek de son intérêt pour cette mission, et pour
avoir permis à S. Maria de continuer.
A travers ce groupe, je peux discerner l’espérance
que l’Eglise peut mettre dans la jeunesse et j’ai
découvert combien Dieu est merveilleux. Il m’a
envoyé dans un pays catholique pour rejoindre une
mission pour le monde entier, à partir de rien.
Je ne peux dire que du bien de nos rencontres. Je les
attendais vraiment pendant toute la semaine. Le groupe est devenu de plus en plus nombreux. Il m’a beaucoup aidé affectivement car je me suis fait là des
amis. Peut-être allons-nous organiser un pèlerinage
au printemps.
Ricsi, Hongrie
Vous et l’église, vous me manquez beaucoup. Il est
bon d’être chez soi, mais la messe du dimanche ici
n’est pas la même qu’en Pologne.
Toju, USA
Le baptême de Jack
Cecilia Tran Nu Tuyet Tram, fmm
Voici un partage des participants à la messe en
anglais.
La messe en anglais à l’église de l’Immaculée
Conception de la Vierge Marie à Lublin est une initiative spécifique pour permettre l’accueil et la rencontre d’étudiants étrangers. En 2007, le défunt
Archevêque Mgr Jozef Zycinski a senti le besoin de
la célébration, le dimanche, d’une messe en anglais
pour les étudiants étrangers. Mais beaucoup d’étudiants n’ont pas été informés de l’existence de cette
messe, qui a plusieurs fois été annulée. Au printemps
de 2010, un étudiant de la Faculté de Médecine de
Lublin a fait connaître cette possibilité en ville et
dans les résidences d’étudiants. Une poignée de fidèles a commencé à y assister, accueillie par les Pères
Slawomir Nowosad, Szymon Czuwara et Pawel
Jedrzejewski. L’assistance a augmenté au printemps
2011 quand les Sœurs Franciscaines Missionnaires
de Marie ont commencé à participer. Le MP3 de S.
Cecilia Tran Nu Tuyet nous a permis d’avoir de la
musique, et S. Kamila Monik a offert de jouer de la
guitare. Le nombre de participants a augmenté.
Même des habitants de Lublin ont commencé à venir
avec les étudiants. La messe était suivie d’une rencontre au presbytère autour d’une tasse de café, de
thé, et des petits gâteaux. Certaines activités ont été
mises en place comme l’adoration, les partages d’évangile, les discussions autour des fêtes, en plus des
échanges culturels et de la préparation des événements à venir. La messe en anglais compte maintenant une quarantaine de participants. Ce qui semblait
être un début hésitant est devenu une réalité pleine de
promesses. La plupart des étudiants sont appelés à
repartir mais j’espère sincèrement que tous pourront
transmettre avec une foi renforcée et inébranlable, là
où ils seront, la foi catholique qu’ils ont reçue.
Je m’appelle Jack et j’ai été baptisé à Lublin, en
Pologne, en septembre 2013. Je suis à Taïwan maintenant. Jésus me donne la paix du cœur. Hier soir
lorsque je suis arrivé chez moi, mes parents m’ont
annoncé qu’un membre de ma famille était décédé.
C’est l’oncle de mon père, il avait 85 ans, et mon père
voulait que j’aille le voir le lendemain. Il m’a dit que
je devais m’agenouiller et m’incliner trois fois, jusqu’à terre, devant la photo de mon oncle. J’ai réfléchi
et comme j’avais vu le Pape Jean-Paul II se prosterner, j’ai pensé que c’était seulement devant Jésus que
l’on pouvait s’incliner jusqu’à terre. J’ai dit cela à
mon père mais il n’a pas voulu m’écouter. Quand je
suis arrivé près du défunt, j’ai demandé à un oncle si
je pouvais simplement m’incliner devant la photo,
car je suis chrétien. Cet oncle a été d’accord, mais
mon père s’est fâché et m’a ordonné de faire ce qu’il
m’avait dit. J’ai secoué la tête. J’ai peur de refuser
d’obéir à mon père, il a une grande autorité sur moi,
pour être honnête j’ai peur de lui. Mais aujourd’hui je
suis heureux. Je sais que Jésus est le seul Seigneur. Il
est plus grand que toute culture, tradition et peuple.
Dans l’avenir, je pense que nous aurons encore des
conflits mais je suis heureux car j’ai choisi ma route.
Que Dieu vous bénisse.
Jack, Taïwan
Ivy Bilones, USA
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Italie
Le juste ne sera pas oublié
L’invitation pour la journée du 10 décembre 2013 avait pour titre ‘Mémoire et Rencontre’. Cette initiative,
partie de la communauté de Florence, est allée dans plusieurs directions, jusqu’à arriver à Tel Aviv en novembre dernier. Faire mémoire de quoi ? Rencontre avec qui ? Il s’agissait de faire mémoire d’un accueil, de personnes, d’événements du passé qui continuent à colorer le présent. La rencontre s’est faite avec des personnes qui ont vécu ces événements, qui désirent en apprendre davantage, qui acceptent de parler de ce qu’elles
ont vécu et de porter témoignage.
L’événement en question est lié au soixante-dixième villes : à Gênes le Cardinal Boetto, à Turin le
anniversaire de l’accueil des Juifs en 1943, lorsque Cardinal Fossati, à Milan le Cardinal Schuster, à
Florence semblait être un lieu sûr, dans la tempête de Florence le Cardinal Dalla Costa, à Assise Mgr
la persécution et des arrestations opérées par les fa- Nicolini, et de leurs secrétaires, qui donnaient la liste
des couvents où l’on pouvait
scistes et les nazis, et qui s’est
se réfugier. Le couvent du
transformée en cauchemar. La
Carmine à Florence était
communauté, sous la direction
parmi ceux-ci.
de la supérieure, S. Ester
Busnelli (Mère Sandra), avait
La
communauté
des
ouvert les portes, dès le mois
Franciscaines Missionnaires
de septembre, aux femmes et
de Marie a préparé ces deraux enfants qui fuyaient les
niers mois cette rencontre avec
lieux où la persécution avait
la communauté juive de
déjà commencé. De cinquante
Florence qui a accueilli l’inià quatre-vingts personnes,
tiative «en ayant conscience
selon les témoignages. Il
qu’il est important de faire la
n’existe pas de liste exacte car
lumière sur le passé et d’offrir
il était trop dangereux d’écrire
en même temps un enseignedes noms. Dans la nuit du 26
ment aux nouvelles généraau 27 novembre le couvent est
tions », comme l’a dit elleenvahi par des SS allemands et
même la présidente de la comdes fascistes italiens, à la suite
munauté juive, Sara Cividalli.
de dénonciations. Après 3
Elle a ajouté que, pendant la
jours d’emprisonnement pénipréparation, les sœurs l’ont
ble dans une salle, 24 femmes
écoutée attentivement et lui
et enfants sont transportés en
ont demandé s’il y avait
camion à Vérone puis à
quelque chose qui lui ferait
Auschwitz. D’autres ont pu se
L'entrée de notre maison
plaisir, ou au contraire qu’elle
sauver grâce au courage des
‘Piazza del Carmine’, à Florence
n’appréciait pas, créant ainsi
sœurs et de l’une des réfugiées,
Léa Löwenvirth, jeune tchécoslovaque de 17 ans qui une atmosphère de véritable fraternité.
était interprète entre les Allemands et les réfugiés, et
s‘est fait passer pour une Hongroise, entraînant d’au- Deux jours avant est arrivée la grande invitée : Léa
tres femmes.
Reuveni, accompagnée de sa petite-fille. Léa venait
de Tel Aviv parce que la communauté juive, après
Pour en sauver le plus possible, le réseau d’infor- consultation de personnes qui la connaissaient à
mations était composé des évêques de différentes Florence, l’ont retenue comme le meilleur témoin. A
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