Seul le discours prononcé fait foi 125 ans de la dynastie
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Seul le discours prononcé fait foi 125 ans de la dynastie
Seul le discours prononcé fait foi 125 ans de la dynastie Luxembourg-Nassau Ses personnages à travers le temps M. Pierre Even Palais grand-ducal, 8 décembre 2016 Aujourd’hui se clôt l’année de commémoration des 125 ans de la dynastie Luxembourg-Nassau. En effet, c’était l'après-midi du 8 décembre 1890, une journée froide mais ensoleillée, que le Grand-Duc Adolphe, en compagnie de la Grande-Duchesse Adélaïde Marie et du Grand-Duc Héritier Guillaume, fit son entrée à Luxembourg comme nouveau chef d'Etat. Adolphe avait hérité du trône le 23 novembre, suite au décès du Roi Grand-Duc Guillaume III. Au quai de la gare à Wasserbillig et dans les environs, une foule inimaginable s'était rassemblée. La famille grand-ducale et sa suite furent chaleureusement accueillies. Un bouquet de fleurs fut remis à la Grande-Duchesse. En fait, à cause d'une panne, le curé avait dû recourir aux fleurs de l'autel de l'église. Lorsque, plus tard, on raconta cette anecdote à la Grande-Duchesse, une femme très intelligente et très cultivée, très douée pour la peinture, elle interpréta ce petit incident avec humour : le fait qu'on lui avait offert des fleurs bénites était un signe de bon augure. À l'arrivée du train en gare de Luxembourg, décorée somptueusement, une foule en liesse acclamait le couple grand-ducal. La gendarmerie, à cheval, avait du mal à contrôler l'euphorie de la population. Au Palais, on présenta le bureau de la Chambre des Députés, les membres du Conseil d'Etat ainsi que les membres du gouvernement à la famille grand-ducale. Ensuite, celle-ci gagna le balcon du 1 palais, où elle fut acclamée par des « Vive ! Vive ! » frénétiques. Soudain, la foule chanta le Feierwon, et lorsque le refrain Frot dir no alle Säiten hin, Mir wëlle bleiwe wat mir sinn! résonna finalement dans la variante Mir wëlle jo keng Preise sinn!, la Grande-Duchesse se tourna du côté du Ministre d'Etat Paul Eyschen, lui demandant si c'était bien là la fameuse chanson. Cette chanson résonna de façon particulière à ses oreilles, car naussauvienne, elle éprouvait une profonde antipathie contre les Prussiens. Elle agita son mouchoir en signe de remerciement, ce qui déclencha une euphorie débordante. Le lendemain, à la Chambre des Députés, Adolphe prêta serment. Le soir même, la Famille grand-ducale fit une promenade dans les rues de la ville et elle fut partout accueillie chaleureusement par la population... Pourquoi ces cris de joie, pourquoi cette familiarité, pourquoi la liesse de la population lors de l’avènement de ce nouveau monarque peu connu ? Quelques jours auparavant, le 23 novembre 1890, le Roi-Grand-Duc Guillaume III était décédé. Le parent masculin le plus proche du défunt, à savoir le Duc Adolphe de Nassau, avait hérité du trône luxembourgeois. Ce jour-là, on écrivit au Luxembourg: Hier beginnt für unser Land eine neue Periode, wir können jetzt sagen, dass unsere Unabhängigkeit, unsere Selbständigkeit vollständig ist. Zwar auch früher, als wir noch zu Holland gehörten, waren wir von diesem Land vollständig unabhängig, aber auch den letzten Schein von Abhängigkeit haben wir abgestreift, wir bilden nun ein freies Volk unter einem eigenen Fürsten, der nur uns, den Luxemburgern, gehört. Pourquoi cette passation de pouvoir, cette apparition d’une nouvelle dynastie nationale a-t-elle tellement touché les Luxembourgeois de l’époque ? Imaginez-vous, après des siècles et des siècles de souverains étrangers, de souverains d’autres pays, l’avènement d’un monarque, qui n’appartenait qu’aux Luxembourgeois et à personne d’autre ! Cela annonçait bien une nouvelle ère pour le pays, qui était, depuis 1839, très 2 fier de son indépendance. À partir de maintenant, c’était l’indépendance accomplie. Mais pourquoi cette confiance dans le Duc Adolphe de Nassau, dans un homme étranger qui avait 73 ans ? Il faut dire qu’en novembre 1890, le nouveau souverain n'était pas totalement inconnu au Luxembourg. C’était un monarque expérimenté. Adolphe avait régné pendant 27 ans, de 1839 à 1866, sur le Duché de Nassau et il avait déjà assuré la régence du Grand-Duché de Luxembourg pendant les graves maladies du Roi Grand-Duc en avril/mai 1889 et depuis début novembre 1890. Lors de sa première prestation de serment comme régent à la Chambre des Députés, le 11 avril 1889, il avait déclaré, en français : Dès aujourd'hui, je suis Luxembourgeois comme vous, Messieurs, Luxembourgeois de cœur et d'âme. Avec cette déclaration, Adolphe confirma le début d’une nouvelle ère pour le pays. Depuis des siècles, aucun régent du pays n’avait déclaré qu’il serait Luxembourgeois et qu’il ferait partie du peuple Luxembourgeois. C’est pourquoi les Luxembourgeois appréciaient vivement l'affabilité de leur nouveau régent dont l'énorme popularité ne se fit pas attendre. Mais qui était cet homme, quel était son caractère ? Depuis sa jeunesse, il avait toujours fait preuve d’un grand courage, même d’une hardiesse étonnante. La pratique régulière du cheval comme jeune homme et surtout pendant ses études à Vienne avait fait de lui un cavalier intrépide. Même ses lunettes, qu’il porta toute sa vie et qui sont toujours conservées dans les collections grand-ducales, ne le dissuadaient pas de monter à cheval au grand galop. Il préférait les chevauchées à travers champs, par monts et par vaux, dont il revenait souvent avec des blessures. D’ailleurs il avait toujours des pansements par mètres chez lui. Devenu Duc de Nassau, Adolphe, comme cavalier ou comme meneur d’attelages expérimenté, ne reculait jamais devant les risques, soit pour assister ses frères et sœurs en danger, soit pour sauver des flammes le sarcophage de sa 3 première épouse, la Grande-Duchesse Elisabeth de Russie. À un âge plus avancé, devenu Grand-Duc, Adolphe vendait immédiatement ses chevaux, dès qu’ils n’étaient plus capables de suivre la vitesse du chemin de fer au Luxembourg. Le Grand-Duc Adolphe aimait également d’autres disciplines sportives. À l’âge de 75 ans, dans les Alpes bavaroises, il pratiqua même le ski de fond alors que la Grande-Duchesse Adélaïde Marie, à l’âge de 69 ans, faisait du patin à glace. Avec son caractère jovial et sociable, que le poète luxembourgeois Michel Lentz exprimait comme reine Herzensgüte, Leutseligkeit und Biedersinn, Adolphe se présentait non seulement devant les députés et des hauts fonctionnaires, mais également devant les marchandes ou les ouvriers, qu’il trouvait en plein travail sur les chantiers. En se promenant à travers la ville surtout de bonne heure, ayant pour chacun un mot aimable, le nouveau Grand-Duc essaya même de parler quelques mots en Luxembourgeois. Il cherchait la proximité du peuple, et, comme ses concitoyens, il adorait le jeu de cartes. Il contribua au rayonnement de la ville en agrandissant le Palais avec ses propres deniers. Au cours de son règne marquant, la dynastie devint le garant et le symbole de l'autonomie, de l'indépendance et de la liberté du pays. Le Grand-Duc Adolphe, un vrai grand seigneur, acceptait pleinement son rôle, bien qu’il se plaignît parfois d’être seulement eine jederzeit zur Unterschrift bereite Maschine. Lors de la succession au trône de son fils Guillaume, des événements défavorables ne présageaient rien de bon. Dans un premier temps, l'arrivée du nouveau souverain à Luxembourg fut reportée, puis annulée à cause de sa maladie. Une embolie cérébrale causa des paralysies qui allaient s'aggraver avec le temps ‒ un martyre extrêmement douloureux commençait. Alors que son père Adolphe s’habillait en uniforme du Corps des Volontaires luxembourgeois, son fils Guillaume avait l’habitude de porter l’uniforme de général de division des hussards autrichiens, dont il était le commandant jusqu’en 1888. Il est bien 4 remarquable, qu’en décembre 1905, la seule photographie de lui comme GrandDuc, le montre en tenue de ville. Cela signifie, à mon avis, qu’il ne voulait être rien d’autre que le premier citoyen du pays. En effet, il avait des idées différentes de son père sur son avenir. En 1884, chez son oculiste le docteur Carl Theodor, Duc en Bavière, qui était marié avec la princesse Marie Josèphe de Bragance, Infante de Portugal, Guillaume fit la connaissance de la sœur cadette de l'Infante, la princesse Marie Anne. Ils se revirent plusieurs fois, approfondissant leur affection mutuelle. La même année, Guillaume demanda à son père la permission d'épouser la jeune femme catholique. Le Duc Adolphe, qui était un protestant convaincu, s'opposa pendant neuf ans à cette alliance, en préparant même des décrets garantissant la confession protestante de la future descendance. Mais Guillaume refusait de céder. Finalement, à l’instigation de son épouse, Adolphe conseilla à son fils de décider en son âme et conscience. Celui-ci fit le choix dicté par son cœur : en 1893 Guillaume se fiança avec la princesse Marie Anne. Les réactions au Luxembourg face à la perspective d’une future Grande-Duchesse catholique étaient positives. Avec leur décision secrète de faire baptiser tous leurs enfants, garçons et filles, au sein de l'Eglise catholique, Guillaume prit le risque de rompre avec ses parents protestants. Lors des baptêmes, Adolphe et Adelaïde Marie n’étaient ni invités ni présents. Un fait accompli. Mee duerno war den Grand-Duc Adolphe vu sengen Enkelkanner ganz begeeschtert. Malgré la maladie de Guillaume, le couple grand-ducal ne cessait de se préoccuper de l'avenir de la dynastie, en engageant par exemple l'enseignante Marie Knaff, qu'on appelait Joffer, comme première éducatrice luxembourgeoise à la Cour. Guillaume adopta un décret familial, ratifié par la Chambre, pour assurer la succession de sa fille Marie Adélaïde. Lors de son séjour, en été 1907, au château de Berg, qui à l'époque était encore peu spacieux et assez défraîchi, le 5 Grand-Duc prit la décision de le faire reconstruire. En 1908, une haute fonction à la Cour grand-ducale, celle de Commissaire, fut confiée à un Luxembourgeois, M. Jean-Pierre Flohr. À cette époque, l'état de santé de Guillaume se dégrada. Il nomma son épouse Marie Anne Lieutenant-représentant. Huit mois plus tard, la Chambre des Députés lui confia même la régence. C’était la première fois dans l’histoire du Luxembourg depuis Marie-Thérèse d’Autriche, qu’une femme prenait les rênes. La Grande-Duchesse Marie Anne, issue de la famille régnante du Portugal, accomplissait sa tâche avec beaucoup de discernement et de patience, malgré toute l’attention qu’elle continuait à accorder à son mari malade. La mort du Grand-Duc en 1912 marqua la fin d'un véritable calvaire. Leur fille aînée, Marie Adélaïde, devint Grande-Duchesse alors qu’elle était encore mineure. Elle est considérée comme la figure la plus tragique de la dynastie luxembourgeoise. Happée dans les rouages diplomatiques de la Première Guerre mondiale, avec comme conséquence la fin tragique de son règne, elle ne cesse d'intéresser journalistes, historiens et écrivains jusqu'à nos jours. Marie Adélaïde vécut, avec ses sœurs cadettes, une enfance isolée, comme le voulait l’époque. Cette vie dans une « cage dorée » exacerba la timidité naturelle des princesses, que ce soit Marie Adélaïde ou bien Charlotte. Toutes deux devaient faire un effort énorme pour prendre la parole. Lors des enseignements privés, Marie Adélaïde se passionnait pour les sciences naturelles. Mais elle n'a pas été suffisamment préparée à son futur rôle institutionnel suite à la maladie de son père. Sa mère l'associa très tôt aux soins dont fut l'objet le Grand-Duc régnant. Ces circonstances contribuèrent certainement au côté réservé de Marie Adélaïde, à son naturel sérieux et à sa piété. Un film a été tourné à sa sortie de la Chambre des Députés après sa prestation de serment, délivrée dans un français très pur. Il montre une jeune Grande-Duchesse d'une beauté peu commune et à l'allure svelte… 6 Mais très tôt, Marie Adélaïde fut impliquée dans les controverses politiques. Cela fit de la Cour la cible des passions politiques. Lorsque les troupes allemandes envahirent le Grand-Duché neutre en 1914, la Grande-Duchesse s'engagea en faveur de la création d'une Croix-Rouge luxembourgeoise et visita les nombreux hôpitaux militaires établis au Luxembourg. Elle en installa un au maréchalat de la Cour et s'investit corps et âme avec sa mère et ses sœurs dans les soins apportés aux soldats blessés français et allemands. L'empereur Guillaume II vint en visite à Luxembourg, fin août 1914. La jeune GrandeDuchesse ne pouvait pas facilement faire volte-face, à cause de ses liens familiaux avec Guillaume II. Elle le reçut avec réserve. Avec un tact peu commun, Marie Adélaïde réussit à convaincre l'empereur de commuer la peine de mort prononcée contre l'avocat luxembourgeois Marcel Noppeney en réclusion criminelle à perpétuité. La fin de la Première guerre mondiale ouvrit une période d’incertitudes et de soubresauts. Après la révolution de novembre 1918 en Allemagne, certains députés à la Chambre et des agitateurs en France et en Belgique se mobilisaient contre la Grande-Duchesse. Le 9 janvier, la Chambre fut le théâtre de tumultes violents. Une minorité proclama la République. Le lendemain, Marie Adélaïde signa l'acte d'abdication, en faveur de sa sœur, la Princesse Charlotte. Déstabilisée, Marie Adélaïde quitta le Luxembourg et, en Italie, rentra dans l’Ordre des Carmélites, puis dans la Congrégation des petites sœurs des pauvres, où elle se consacra corps et âme au soin des malades et des démunis. Ensuite, elle commença des études de médecine à Munich, qu’elle n’acheva jamais. Son destin malheureux comme Grande-Duchesse la fit tomber dans la maladie. Affaiblie par une fièvre chronique et par d'incessants maux d'estomac, elle décéda à l’âge de 29 ans seulement. Sa vie est restée un grand mystère. 7 L’abdication précoce de Marie Adélaïde et le changement de trône en janvier 1919 se déroula à un moment critique pour le pays, qui était vulnérable au sortir de la Première guerre mondiale. Pendant les années de guerre, Charlotte fut le témoin d'implacables querelles politiques et familiales, tout d'abord en rapport avec le règne de sa sœur ainée, mais également ‒ en 1915 ‒ dans le contexte de sa propre romance avec son cousin, le Prince Félix de Bourbon de Parme. C’était une véritable histoire d’amour. Dans son discours après le serment, Charlotte déclara : Je vivrai la vie de mon peuple dont je ne veux être séparée par aucune barrière. Je partagerai ses joies et ses souffrances... Cependant, le pays resta sur ses gardes. La Belgique se prononça en faveur d'une annexion du Grand-Duché. Le chef du gouvernement français, Georges Clemenceau, s'obstinait à vouloir abolir la dynastie Luxembourg-Nassau. Dans ce contexte politique toujours difficile, le résultat du référendum du 28 septembre 1919 parla un langage clair : presque 80% des Luxembourgeois se prononçaient en faveur du maintien de la dynastie avec Charlotte comme souveraine. En fait, la population soutenait la dynastie afin de sauvegarder l'indépendance nationale. Suite à cette légitimation par le peuple, la Grande-Duchesse Charlotte et le Prince Félix purent se marier. Les paroles du Wilhelmus de Nik Welter devinrent réalité : Zwê Kinnekskanner, de' trei sech le'f, ko'men ausenâner weit an de'f; […]; Haut dron s'a jongem Glëck Hand an Hand d'Hoffnonk vun dem Letzeburger Land. Bien que timide, Charlotte assuma sa lourde tâche avec courage. Elle réforma la Cour grand-ducale, congédia les dignitaires allemands, nomma le Luxembourgeois François de Colnet d’Huart Maréchal de la Cour et transféra la gestion de tous les biens de Biebrich à Luxembourg. Avec la naissance de ses six enfants, la pérennité de la dynastie était assurée. La situation politique se calma peu à peu. Le diplomate italien Daniele Varè écrivit en 1926 : Ce pays est placé sous le règne d'une Grande-Duchesse jeune, jolie et ravissante. Son devoir 8 déclencha en elle un tempérament doué pour le bonheur, serein, spontané, un charme incomparable et une gentillesse innée qui lui permettait de toujours trouver les mots justes. Au milieu des années trente, et surtout lors du centenaire de l'indépendance nationale, la population luxembourgeoise, très soucieuse, se tourna instinctivement vers la figure de la Grande-Duchesse. Aux premières heures du 10 mai 1940, l'Allemagne nazie occupant le Luxembourg neutre, à l’instigation du gouvernement, la Grande-Duchesse et sa famille franchirent la frontière à Rodange. Jusqu’à la fin, Charlotte eut beaucoup d'hésitations et voulut rester sur le territoire national. Peu après 7 heures, à 500 mètres de distance des Allemands, Charlotte et Félix eurent même l’intention, passant par Longwy, de rentrer à Esch. Mais une fois à Longwy, ils n’étaient plus maîtres de la situation. Avec l’avancée des troupes allemandes, un retour fut impossible. Lorsque, le 29 juillet, le Gauleiter Gustav Simon décréta l'administration civile allemande, la Grande-Duchesse envisagea l'éventualité de revenir au Luxembourg : Mon cœur disait oui, ma tête disait non. Elle décida avec son gouvernement de s'engager dans l'exil, aux côtés des Alliés, pour la liberté et l'indépendance du Luxembourg. Sur les ondes de la BBC, Charlotte, s'adressa régulièrement aux Luxembourgeois. Les allocutions, qui commençaient avec les mots Léif Lëtzebuerger, furent enregistrées sur magnétophone, soit aux Etats Unies, soit à Londres, et diffusées quelques jours après. Ces allocutions renforcèrent le courage des Luxembourgeois pour s'opposer à l’envahisseur nazi. En rencontrant plusieurs fois le président Roosevelt, celui-ci promit : Don't worry, my dear child, I'll take you home again ! Aussi les bonnes relations envers Churchill et De Gaulle à Londres ont-elles contribué beaucoup pour reconnaitre le gouvernement luxembourgeois en exil. Lorsque le Prince Jean, avec l’accord de sa mère, rejoignit les Irish Guards, le Prince Félix, ne fut pas tout à fait d’accord. En général, le Prince Félix, qui ne se mêlait jamais des 9 affaires de la politique du gouvernement en exil, avait des réticences d’exposer le Grand-Duc Héritier aux dangers de la guerre. Il avait un grand amour pour Lotti, comme Charlotte fut nommée en famille, et il était parfois agacé par les ministres Dupong et Bech, qui, dans son opinion, accaparaient trop la GrandeDuchesse, surtout pendant les temps de séparation de la famille entre le Canada et Londres. Mais le Prince Félix donna un appui essentiel à la Grande-Duchesse à des moments décisifs, non seulement au moment de quitter le pays, mais également lors du retour en 1945.En 1952, la Communauté européenne du charbon et de l'acier s'établit à Luxembourg, et depuis ses débuts la Dynastie a accompagné l’intégration européenne. À travers les contacts établis pendant la guerre grâce à son aura et à son prestige, Charlotte a su placer le Luxembourg « on the map ». Les nombreuses visites d'Etat de la Grande-Duchesse à l'étranger et les visites des chefs d'Etat au Luxembourg en témoignent. La famille grand-ducale s’agrandit. Charlotte, dite Amama comme grand-mère, avait un très grand sens de famille. Elle aimait la vie simple, comme son fils Jean, qui succéda en 1964 comme Grand-Duc. En 1981, Charlotte participa avec enthousiasme au mariage de son petit-fils, le Grand-Duc héritier Henri. Elle fut comblée par la naissance de son arrière-petit-fils, le Prince Guillaume. Charlotte, cette grande et distinguée dame, figure sans pareille dans l’histoire de notre pays. Charlotte restera inoubliable dans la mémoire des Luxembourgeois. Altesses Royales, Dir Dammen an Hären, Ech hu bis elo geschwat vun deene 4 éischten Herrscher vun eiser Dynastie. Mir hunn haut den Owend d’Eier an d’Freed, wann ech mech esou däerf ausdrécken, déi 3 Jéngste Repräsentanten vun der Dynastie Lëtzebuerg-Nassau bei äis ze hunn, de Grand-Duc Jean, de Grand-Duc Henri mat der Grande10 Duchesse Maria Teresa an den Ierfgroussherzog Guillaume mat der Ierfgroussherzogin Stéphanie. Et ass net einfach iwwert si , an hirer Präsenz ze schwätzen, an dat och well hir Parcourë bekannt sinn. Mir all wëssen ëm dem Grand-Duc Jean säin Engagement am Krich a säin Asatz ëm d’Fräiheet an duerno ëm d’Rekonstruktioun vum Land. Während séngem ganze Règne war d’Ënnerstëtzung vu senger Fra, der Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte vun eminenter Bedeitung, besonnesch och bei deenen onzählege Staatsvisiten, wou d‘Grande-Duchesse als Princesse de Belgique en zousätzleche Rayonnement ginn huet. De Grand-Duc Jean, weltwäit héich estiméiert an heiheem beléift ‐ als diskrete Staatschef ‐ groussen Naturfrënd ‐ begeeschterte Chef-Scout ‐ a laangjähregen Doyen vum IOC Land a Leit sinn dem Grand-Duc Jean dankbar. De Grand-Duc Henri huet vill vu sengem Papp geierwt a geléiert: ‐ déi héich Opfaassung vu sengen Aufgaben ‐ d’Léift zur Natur ‐ d‘Begeeschterung fir de Sport De Grand-Duc Henri huet awer och resolut nei Weeër beschratt virun allem duerch säi konsequenten Asatz fir eis Economie an d’Promotion vun eise Betrieber. Onzähleg Wirtschaftsmissiounen huet hie weltwäit ugeféiert an en huet ëmmer erëm dem ekologeschen Aspekt vun all Aktivitéit am Bléck, e Bléck, deen och vum Ierfgrousserzog Guillaume gedeelt gëtt. Dem Grand-Duc seng Manéier fir op d’Mënschen zouzegoen, hinnen nozelauschteren, d’Mënschen eescht ze huelen mat hire Problemer, daat sinn déi mënschlech Qualitéite vum Grand-Duc, déi d’Leit sou gäeren hunn an appréciéieren. 11 Altesses Royales, Dir Dammen an Hären, Mir liewen an enger Welt déi extrem séier dréint, déi komplex a komplizéiert ass, dacks och geféierlech, a wou de Fortschrëtt net ze bremsen ass. Op esou eng Welt stellt sech d’lëtzebuerger Land an, mee awer och eis Monarchie. Mir stelle fest dass de Grand-Duc an d’Grande-Duchesse Maria Teresa d’Zeeche vun der Zäit fréi erkannt hunn, ouni awer dem Zäitgeescht nozelafen. Am Respekt vun der Geschicht, der Traditioun an dem „fin fonds“ vun der monarchistescher Staatsform, moderniséieren an innovéieren si op eng douce mee iwwerzeegend Art a Weis. Der Grande-Duchesse Maria Teresa hire konsequenten Engagement fir d’Rechter vun de Kanner, fir eng Economie solidaire a fir d’Recht op Edukatioun vun de Fraen sinn nëmmen e puer Beispiller vum trait d’union tëschend Traditioun a Modernitéit. De Grand-Duc Henri an d’GrandeDuchesse Maria Teresa ginn eiser Monarchie e Gesiicht, mat dem Land a Leit frou sinn an mat deem se sech wuel spieren. Dir Dammen an Dir Hären, Wann een esou zréck kuckt op 6 Generatiounen vun eiser Dynastie, da muss een eent feststellen: Eis Monarchie ass wéi eng gutt Fläsch Wäin, si gëtt mam Alter ëmmer besser. Ad multos annos. Ech soen Iech Merci. 12