1782 SRDE Rapport final_VF
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Conseil régional de Guadeloupe Evaluation du Schéma Régional de Développement Economique (SRDE) Technopolis |ITD| en partenariat avec ECD Antilles Rapport final Le 4 juillet 2013 Evaluation du SRDE – Conseil régional de GuadeloupeConseil régional de Guadeloupe i Table des matières Introduction 1 1. Présentation du SRDE de Guadeloupe 3 2. Principales évolutions du contexte depuis l’adoption du SRDE 4 2.1 E comme entreprise 4 2.2 F comme formation 8 2.3 I comme innovation 11 2.4 D comme développement durable 13 2.5 AP comme agriculture et pêche 15 2.6 T comme tourisme 18 3. Une gouvernance et un suivi de la mise en œuvre perfectibles 21 3.1 La création d’un partenariat fort dès l’élaboration du SRDE 21 3.2 L’élargissement des partenariats et du conventionnement entre les acteurs 22 3.3 Un mécanisme de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation du SRDE bien défini, mais peu utilisé 24 3.4 La visibilité de l’action du Conseil régional en matière économique 25 4. Un bilan de la mise en œuvre globalement satisfaisant, mais les principaux enjeux identifiés en 2006 demeurent d’actualité 27 4.1 Succès, actions phares et difficultés rencontrées de l’axe Entreprise 27 4.2 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Formation 29 4.3 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Innovation 31 4.4 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Développement durable 33 4.5 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Agriculture et pêche 34 4.6 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Tourisme 5. Conclusions et recommandations 5.1 Du SRDE au SRDEII 37 41 41 5.2 Recommandations pour l’élaboration, le pilotage et le suivi d’un futur SRDEI 43 5.3 Recommandations pour la recomposition des outils d’intervention économique de la Région en cohérence avec les outils existants 44 5.4 Propositions pour des orientations à prendre en compte dans le cadre d’un futur SRDEI 48 ii Table des encadrés Encadré 1 Ambitions, domaines fondamentaux et axes d’actions du SRDE ............... 3 Encadré 2 Effets de la crise économique de 2008 et de la crise sociale de 2009 sur l’activité économique en Guadeloupe .............................................................................. 5 Encadré 3 Note de l’IEDOM « L'économie de la Guadeloupe en 2012 : une activité sans souffle » 6 Encadré 4 Axes et actions de la SRI Guadeloupe ................................................... 12 Encadré 5 Indicateurs de contexte sur l’agriculture, la sylviculture et la pêche ............15 Encadré 6 – Nombre de nuitées par mois (2008-2012) – en millier (décembre 2012)18 Encadré 7 – Evolution du nombre de croisiéristes (2007-2011)................................... 18 Encadré 8 Plan d’action SDAT 2009-2011 : 3 enjeux et 8 familles d’action .......... 19 Encadré 9 Conventionnements du Conseil régional avec les acteurs économiques..... 22 Encadré 10 Dispositions relatives au SRDEII dans le projet de loi de mobilisation des régions pour la croissance et l’emploi et de promotion de l’égalité des territoires (10 avril 2013) 41 Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe iii Introduction Le présent document est le rapport final de l’évaluation du Schéma Régional de Développement Economique de Guadeloupe que le Conseil Régional (Direction de la stratégie et des interventions économiques) a confiée au cabinet Technopolis |ITD|. Cette évaluation a pour principal objectif de dresser le bilan évaluatif de la mise en œuvre du SRDE, au regard avant tout de la pertinence (réponse aux enjeux identifiés, adaptation de la réponse au contexte d’aujourd’hui) et de l’effectivité de ses actions (les succès et les échecs du plan d’actions, les raisons de ses succès et de ses échecs, les difficultés de mise en œuvre) ; De manière plus opérationnelle, le CCTP de l’évaluation avait défini 6 objectifs : • Évaluer les impacts du SRDE Guadeloupe dans une perspective d’amélioration du rôle de la Région en tant que coordonnatrice de l’action économique ; • Dans la mesure du possible, rendre quantifiable la mise en œuvre de la stratégie de développement à l’aide de critères et indicateurs précis ; • Rendre compte de la déclinaison opérationnelle des actions visées dans chacun des axes stratégiques ; • Dresser l’état d’avancement des actions stratégiques identifiées dans le schéma régional de développement économique ; • Identifier les facteurs de succès ou d’échec tels que perçus par les acteurs impliqués dans la mise en œuvre du schéma régional de développement économique ; • Mesurer la prise en compte de la démarche de développement durable dans les actions à vocation économique menées par les différents opérateurs. Cette analyse repose sur une analyse documentaire, relative aux évolutions du contexte dans lequel le SRDE a été mis en œuvre et aux actions réalisées dans le cadre du SRDE. Elle repose également sur une vaste campagne d’entretiens qui a permis de rencontrer en Guadeloupe une cinquantaine d’acteurs et partenaires du SRDE (cf. liste des entretiens en Erreur ! Source du renvoi introuvable.) et la tenue de quatre ateliers de travail avec les services de la collectivité régionale. Il est important de souligner que faute de données de suivi disponibles, cette analyse repose essentiellement sur des éléments qualitatifs issus des entretiens. Il n’existe que très peu de rapports d’activités, bilans d’étapes ou tableaux de suivi des mesures ou des secteurs. Le document comporte ainsi : • Une mise en perspective du contexte dans lequel a été mis en œuvre le SRDE avec, pour chacun des six axes d’interventions, la présentation de quelques données-clés et la présentation des grands changements survenus depuis 2006 ; • Une analyse de la gouvernance du SRDE, de son élaboration, de son dispositif de mise en œuvre et de suivi et enfin, de sa visibilité ; • Un bilan des réalisations du SRDE, axe par axe. Nous avons pour cela établi un catalogue de suivi des 61 actions que nous avons renseignées, avant de compiler les éléments pour analyser les réalisations de chacun des axes. Nous présentons ainsi dans ce rapport le bilan global puis le détail des fiches. Certaines des actions ont été cofinancées par les Fonds européens. Dans la mesure du possible, nous avons recoupé les actions du SRDE avec les actions financés par les programmes opérationnels FEDER et FSE (cf. annexe A). Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 1 • Des recommandations pour un futur schéma régional de développement économique, innovation et international (tel prévu dans le cadre des débats parlementaires sur l’acte III de la décentralisation). Les annexes font l’objet d’un document séparé. 2 1. Présentation du SRDE de Guadeloupe La loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales ouvre la possibilité aux régions d’élaborer leur Schéma Régional de Développement Economique (SRDE). Celui-ci définit les orientations stratégiques de la région en matière économique dans l’optique suivante : • • • Promouvoir un développement équilibré de la région ; Développer l’attractivité du territoire ; Prévenir les risques d’atteinte à l’équilibre économique de tout ou partie de la région. Le Schéma guadeloupéen adopté en 2006 s’articule autour de six ambitions, six domaines fondamentaux, six axes d’action déclinés en 61 fiches-actions. Encadré 1 Ambitions, domaines fondamentaux et axes d’actions du SRDE Six ambitions : • Placer la femme et l’homme au centre de la démarche économique ; • Marquer l’action économique par un certain volontarisme ; • Le développement doit être durable et respectueux de l’environnement ; • La Guadeloupe doit s’ouvrir vers l’extérieur ; • Les actions engagées sur le plan économique doivent être mises en cohérence avec l’ensemble des politiques publiques locales ; • L’écoute et la participation sont les principes qui conduiront les actions. Des ambitions portées par la mise en synergie de six domaines fondamentaux : • Favoriser la compétitivité et assurer la pérennité des entreprises ; • Un soutien fort à l’emploi et à l’activité ; • Une orientation forte vers l’innovation ; • L’intégration de préoccupations liées à l’homme, à l’environnement et au territoire ; • La création de davantage de valeur ajoutée en particulier dans l’agriculture, la pêche et le tourisme ; • La création de nouvelles activités par la valorisation des opportunités d’exportation et de substitution aux importations. Six axes d’actions, déclinés en 61 fiches-actions : • Favoriser la compétitivité et assurer la pérennité des entreprises ; • Optimiser les dispositifs d’emploi et de formation comme outils de développement économique du territoire ; • Inscrire l’innovation comme pilier du développement d’activités nouvelles à forte valeur ajoutée ; • Renforcer la démarche de développement durable ; • Agriculture et pêche, vers davantage de valeur ajoutée grâce à un développement durable et harmonieux, entre tradition et modernité ; • Redynamiser le tourisme. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 3 2. Principales évolutions du contexte depuis l’adoption du SRDE Nous présentons ici les grandes évolutions du contexte dans lequel a été mis en œuvre le SRDE à compter de 2006, avec d’une part, l’évolution des tendances des secteurs sur la période et d’autre part, la réponse des acteurs publics et l’adoption de politiques ou stratégies d’accompagnement. 2.1 E comme entreprise 2.1.1 Données et tendances-clés du secteur sur la période de mise en œuvre du SRDE Le tissu des entreprises en Guadeloupe se caractérise entre autres par : • Un nombre important de petites entreprises : l’économie guadeloupéenne est d’abord une économie résidentielle, les entreprises locales sont tournées vers la satisfaction des besoins de la population. C’est une économie de consommation et non une économie d’offre. Le secteur industriel doit être renforcé notamment dans une optique de substitution aux importations. On compte beaucoup d’entreprises sans salarié et peu de PME d’importance. • Un fort dynamisme marqué par le nombre important de création d’entreprises (et la pérennité de ces entreprises) : ce constat est déjà souligné par le PO 2007-2013 qui indiquait que la Guadeloupe « démontre un dynamisme certain de l’activité qui se traduit notamment par un nombre élevé de créations d’entreprises (3 763 en 2000 contre 6 340 en 20111) ». La Guadeloupe l’un des départements français, qui proportionnellement à sa population, crée le plus grand nombre d’entreprises. Il s’agit pour une large proportion de création d’auto-emploi en raison de la situation du chômage dans l’ile. Dans le secteur industriel, le taux de pérennité à un an des entreprises est supérieur de 5 points à celui des entreprises métropolitaines (96,6% en Guadeloupe)2 ; pour l’ensemble des entreprises, le taux de survie des entreprises guadeloupéennes est comparable à celui de la France métropolitaine (66 %). Toutefois, il est inférieur à celui de la génération 2002 : le contexte économique dégradé de 2008- 2009 a pénalisé la pérennité des entreprises. Depuis l’adoption du SRDE en 2006, la conjoncture économique guadeloupéenne a fortement évolué : l’économie qui connaissait une certaine reprise en 2005-2006 a été très marquée par la crise de 2008 et 2009. Si les conséquences de ces crises sont encore fortes dans l’économie guadeloupéenne, 2010 et 2011 ont été des années de relance : l’année 2011 a été marquée par une nouvelle amélioration de l’environnement économique après le rattrapage amorcé en 2010, en dépit des incertitudes apparues dès l’été. L’indicateur du climat des affaires s’est stabilisé. En 2011, la consommation des ménages reste dynamique et tire de nouveau l’activité. Il est important de souligner ici les manifestations de la crise économique de 2008 et de la crise sociale de 2009, tant celles-ci sont encore prégnantes dans l’économie guadeloupéenne : les deux crises se sont conjuguées pour faire de l’année 2009 une année difficile et aggraver les difficultés de la Guadeloupe au plan 1 Source : Rapport annuel IEDOM 2011 2 Source : IEDOM, rapport 2011 4 économique et sur le marché du travail3. La crise de 2008-2009 en Guadeloupe s’est en effet traduit par un repli du PIB : à l’instar des autres régions françaises et européennes, en 2009, la Guadeloupe a connu une réduction de 4,8 %4 du produit intérieur brut (PIB), conséquence de l’arrêt des deux moteurs historiques de la croissance de l’Archipel depuis une dizaine d’années : l’investissement a chuté en 2009 de 12,2 % et la consommation des ménages s’est repliée de 2,3 %5. Le tableau ci-dessous positionne la Guadeloupe vis-à-vis des autres régions ultrapériphériques françaises au regard d’indicateurs macro-économique. Source : INSEE – sauf IDH (AFD) ; (1) BIT 2011 et recensement COM ; (h) hexagone. Encadré 2 Effets de la crise économique de 2008 et de la crise sociale de 2009 sur l’activité économique en Guadeloupe La situation économique résultant de la crise a contribué à l’adoption par les entreprises d’un comportement attentiste se traduisant par une forte croissance des dépôts à vue (+6,2 % par rapport à 2008) et la baisse de l’activité de crédit dans les établissements bancaires. Ainsi, l’encours des crédits d’investissement des entreprises a enregistré une baisse de 4,5 % en 2009. La conjoncture était donc peu favorable aux investissements, ce dont témoignent également la chute des importations de biens d’équipement (-14,7 %) et la très sévère contraction du marché des véhicules utilitaires (-26,7 %), les dépenses d’investissement des chefs d’entreprise se contenant aux seuls besoins de renouvellement. La vulnérabilité des entreprises s’est par ailleurs accrue au cours de ces deux dernières années : hausse de 42 % des radiations d’entreprises en 2008, licenciements économiques. Toutefois, la hausse des prix à la consommation s’est trouvée contenue par rapport à 2008 (+0,2% contre 2,2% en 2008). De plus, une baisse des prix s’est engagée après la résolution de la crise sociale de février 2009. Le cas du bâtiment et des travaux publics et des services sont des illustrations de ces grandes tendances6 : • Le BTP contribuait pour 8,7 % à la formation de la valeur ajoutée brute en 2008 et employait 10 % des salariés du département. Le secteur connaît depuis 2008 un ralentissement qui va en s’accentuant en 2009. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : les retards pris dans le démarrage de grands chantiers, tels que celui de la rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre, les incertitudes sur l’évolution de dispositifs de défiscalisation, le contexte social qui a paralysé l’économie et retardé de nombreux 3 Nous présentons ici les conséquences de cette crise sur les entreprises de façon générale et présenterons plus en détail ses conséquences sur le marché du travail, les secteurs de l’agriculture et du tourisme dans les focus dédiés aux autres axes du SRDE (cf. 2.2, 2.3, 2.5, 2.6). 4 « L’année économique et sociale 2009 en Guadeloupe : la Guadeloupe doublement frappée », Antiane Eco, INSEE Guadeloupe, juin 2010 5 Source Insee au 20 septembre 2010 6 Le tourisme et l’agriculture sont présentés dans les focus dédiés à ces axes du SRDE. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 5 projets dès le premier trimestre 2009, ainsi que la prudence affichée par la profession bancaire quant au financement de la promotion immobilière. • Le secteur des services marchands est l’un des plus dynamiques de l’économie guadeloupéenne, marque de la tertiarisation du tissu économique. En 2008, sa valeur ajoutée, en hausse de 2,2 % par rapport à 2007, représente plus d’un quart des richesses créées dans l’économie, contre un cinquième seulement quinze ans plus tôt. Cette évolution tient en premier lieu au dynamisme des services aux entreprises (hors postes et télécommunications) et des activités immobilières (respectivement 32 % et 39,9 % de la valeur ajoutée du secteur en 2008). En 2010, le retour de la croissance s’est caractérisée par une progression de 2,7 % du PIB en volume, grâce à la reprise de l’investissement (+7,7 %) et à la bonne tenue de la consommation des ménages (+1,6 %). Le PIB par habitant reste inférieur de 37 % à celui de la métropole, bien que cet écart se soit fortement réduit depuis le début des années 907. Les tendances depuis 2011 ne semblent cependant pas suffisante comme l’indique l’IEDOM dans une note intitulée « L'économie de la Guadeloupe en 2012 : une activité sans souffle ». Encadré 3 Note de l’IEDOM « L'économie de la Guadeloupe en 2012 : une activité sans souffle » « L'économie guadeloupéenne, toujours fragile et sans véritable souffle, n'a pu conforter en 2012 le rattrapage entrepris depuis la crise de 2009. La reprise, faute de s'affermir, reste trop modeste pour faire refluer le chômage, qui se maintient à un niveau élevé. Après un bon début d'année, le climat des affaires se replie dès le deuxième trimestre et l'activité s'infléchit dans la plupart des secteurs. La consommation des ménages, véritable moteur de la croissance, manque de fermeté : en dépit d'une inflation modérée, elle se tasse en fin d'année. Dans ce contexte, et faute de visibilité, les chefs d'entreprise restent majoritairement attentistes et l'investissement privé peine à redémarrer. Le bilan est contrasté dans l'agriculture et l'industrie, tandis que le commerce déplore une baisse de son courant d'affaires. La fin d'année est décevante dans le secteur du tourisme, en dépit du net redressement de la croisière. Autre secteur clé, le BTP vit toujours une sortie de crise difficile en dépit d'un léger mieux. Dans ce contexte, le financement de l'économie par le système bancaire reste favorablement orienté, à un rythme toutefois moins marqué et le risque de crédit s'inscrit en légère hausse. En revanche, la collecte des dépôts et de l'épargne montre un réel dynamisme. Les perspectives pour l'année 2013 sont contrastées, dans un contexte de stagnation attendue de la croissance française et de tensions persistantes dans la zone euro. Les signes d'un ralentissement de l'économie guadeloupéenne pourraient se prolonger, alors que la consommation des ménages, véritable moteur de la croissance, manque de fermeté. L'espoir passe par la consolidation rapide des secteurs clés que sont le tourisme et le BTP. Au-delà, les défis de la prise en charge du vieillissement de la population et de la dépendance, ou encore de l'amélioration des infrastructures publiques, pourraient permettre à la Guadeloupe de trouver des nouveaux moteurs d'une croissance durable ». Ces difficultés conjoncturelles qui plusieurs années après la crise sont encore prégnantes dans l’économie guadeloupéenne viennent s’ajouter aux différents handicaps structurels de l’économie de la Guadeloupe (et plus largement des DOM) qu’identifie le Diagnostic Stratégique Territorial 2014-2020 : 7 IEDOM, rapport annuel 2011 6 • Etroitesse du marché qui rend difficiles les économies d’échelle, éloignement des débouchés extérieurs (France et Europe quasi-exclusivement compte tenu du peu d’échanges intra-caraïbe) et des sources d’approvisionnement qui génèrent des coûts élevés en transport et nécessitent des capacités de stockage supplémentaires sans parler de tous les coûts d’approche (études de marché, marketing, publicité, etc.). • L’appareil productif local, s’il s’est développé, reste atomisé et composé de structures isolées (peu de structuration par branche ou filière). Cela impacte aussi les possibilités de progressions individuelles (en termes de mobilité, de carrières) dans les entreprises. • L’appareil productif ne permet pas de pourvoir des emplois à l’ensemble de la population. La majorité des entreprises de Guadeloupe sont de très petite taille, mono-établissement et mono-régionale. Si elles dépendent peu de sociétés ou de groupes implantés à l’extérieur, elles ne peuvent guère s’appuyer sur des structures extérieures pour accompagner leur développement. Par ailleurs, les entreprises sont sous-capitalisées en fonds propres et ont un accès au crédit plus difficile et plus cher (surcoûts bancaires et aux risques plus élevés). Le taux d’encadrement dans les entreprises est aussi inférieur à ce qu’on observe ailleurs. 2.1.2 Politiques et stratégies publiques d’accompagnement du secteur Le programme opérationnel 2007-2013 de Guadeloupe validé un an après l’adoption du SRDE prévoit également de renforcement du développement économique de la Région. Son axe 1 dédié au renforcement de la compétitivité de l’économie et doté d’un budget de 48,8M€ de fonds FEDER comporte les déclinaisons opérationnelles suivantes : • • • • • • Objectif 1.1 Soutenir les entreprises et améliorer leur compétitivité par le biais des aides directes Objectif 1.2 Accompagner et conforter le développement des entreprises par des mesures d’ingénierie financière adaptées − Aide au développement du capital-risque − Fonds de prêts à taux zéro − Fonds de garantie DOM Objectif 1.3 Promouvoir la destination Guadeloupe et valoriser un tourisme de qualité − Aides à l’hébergement touristique − Promotion, requalification des espaces touristiques et culturels Objectif 1.4 Développer la recherche et l’innovation Objectif 1.5 Favoriser l’accès aux TIC − Pour les maîtres d’ouvrage privés − Pour les maîtres d’ouvrage publics Objectif 1.6 Engager des actions collectives en faveur du développement des entreprises et de leur insertion régionale − Structures et infrastructures d’accueil des entreprises − Actions collectives pour la cohérence et la pérennité du développement économique Les aides directes du Conseil régional aux entreprises viennent compléter les aides européennes pour les projets inférieurs à 80 000 €. En octobre 2010, lors de l’évaluation à mi-parcours du CPER et des PO FEDER et FSE, le taux de programmation sur cet axe était de 54,6% (supérieur à la moyenne de programmation du PO). Autre élément d’importance en matière de renforcement du développement économique et conséquence directe de la crise de 2009, la LODEOM, Loi pour le Développement Économique de l’Outre-mer, promulguée le 27 mai 2009, issue Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 7 des réflexions et propositions formulées dans le cadre des États généraux de l'Outremer, vise une croissance endogène, reposant sur les atouts des régions ultramarines. Elle modifie les conditions des investissements industriels réalisés dans les entreprises d’Outre-mer. Dans l’immobilier, elle complète le dispositif Scellier de réduction d’impôt prévu pour les investissements locatifs, afin de l’adapter à l’Outre-mer et prévoit un nouveau dispositif pour le secteur social. Les investissements dans l’énergie photovoltaïque sont également concernés. Les objectifs de la LODEOM sont de : • • • • • promouvoir une nouvelle logique de développement, basée sur des dispositifs ciblés ; favoriser l’emploi et le pouvoir d’achat grâce à une croissance économique reposant sur les atouts des territoires ; augmenter la construction de logements sociaux ; mieux prendre en compte les besoins de continuité territoriale, via notamment la création d’un fonds de continuité territoriale (financement d’aides à la continuité territoriale et des aides destinées aux étudiants de l’enseignement supérieur et du second cycle de l’enseignement secondaire, déplacements liés à la formation professionnelle) ; favoriser le développement durable et l’autonomie énergétique des territoires. En vue de soutenir la compétitivité des régions d’Outre-mer, l’une des mesures phares de la LODEOM est la création de zones franches d’activités, afin de réduire le coût de production local des entreprises et de faciliter le développement endogène. Les zones franches ainsi créées permettent aux entreprises d’obtenir un abattement de 50 % (2008-2014) sur leurs bénéfices dans la limite de 150 000 €. La limite et le taux d’abattement sont relevés (80 %, 300 000 €) concernant : • • • • les entreprises situées dans les îles des Saintes, de Marie-Galante et de la Désirade (100 %) et certaines communes de la Guadeloupe ; les entreprises exerçant leur activité principale dans les secteurs suivants : R&D, TIC, tourisme (et activités de loisirs s’y rapportant), agro-nutrition, environnement, énergies renouvelables ; les entreprises ayant signé une convention avec un organisme public de recherche ou une université, portant sur un programme de recherche dans le cadre d’un projet de développement ; les entreprises bénéficiant du régime de transformation sous douane (perfectionnement actif). En complément de la LODEOM, parmi les 137 mesures adoptées dans le cadre du Comité interministériel de l'Outre-mer (CIOM) du 6 novembre 2009, figure également la mise en place du « Plan PME Outre-mer » mesure II.1 du CIOM, qui rassemble un ensemble de mesures nationales, adaptées dans les procédures aux spécificités de l’outre-mer, et des mesures spécifiques aux PME d’outre-mer. Le plan comporte trois volets : renforcement de la compétitivité et de l’innovation des TPE/PME, leur accès aux financements, soutien à l’export. 2.2 F comme formation Le développement des compétences des Guadeloupéens comme soutien au développement économique s’apprécie au travers de la situation de l’emploi et la formation qu’elle soit initiale, ou qu’elle soit en faveur des demandeurs d’emploi ou des salariés. 2.2.1 Données et tendances-clés du secteur sur la période de mise en œuvre du SRDE La lecture croisée de l’évaluation à mi-parcours du CPER et des PO FEDER/ FSE 2007-2013 de la Guadeloupe (2010) et le Diagnostic stratégique territorial 2014-2020 8 (2013) permet de mettre en évidence les difficultés structurelles de l’emploi et de la formation en Guadeloupe. Dans le contexte des crises de 2008 et de 2009, le marché du travail a connu une forte dégradation, accentuant les problématiques auxquelles est confrontée la région depuis une longue période : • Emploi et chômage8 − Le taux de chômage en Guadeloupe reste élevé : le taux de chômage s’élève à 22,6 % en 2011, chiffre en baisse par rapport à 2010 (24,2 %). Ce niveau est inférieur à la moyenne constatée au cours de la décennie (23,5 %) et au pic de 2006 (25 %). Le taux de chômage en Guadeloupe reste deux fois et demi supérieur à la moyenne métropolitaine (9,1 % en 2011). La Guadeloupe est la deuxième région française la plus touchée par ce phénomène, après la Réunion (29,5 %). Les femmes sont les premières touchées : six chômeurs sur dix sont des femmes et leur taux de chômage est sensiblement plus élevé (25,8 % contre 19,1 % pour les hommes). Les jeunes sont également plus fréquemment frappés : le taux de chômage des actifs de moins de 30 ans est de 43,9 % en 2011. Ils sont d’autant plus exposés quand ils ne sont pas titulaires d’un diplôme : 62,5 % des jeunes dans cette situation sont au chômage. Le taux de chômage est en effet étroitement lié au niveau de formation : seuls 9,9 % des titulaires d’un bac+2 sont sans emploi. Le chômage de longue durée, facteur d’exclusion, est très fréquent : la durée moyenne de chômage est évaluée à 50 mois en 2011 et 54 % des chômeurs en Guadeloupe sont dans cette situation depuis plus de trois ans. En conséquence, la proportion de chômeurs indemnisés dans l’ensemble des demandeurs d’emplois (40 %) est plus faible qu’en métropole (61 %). En parallèle, de nombreux actifs se trouvent aux frontières du chômage. C’est le cas des personnes en situation de temps partiel subi, c’est-à-dire travaillant à temps partiel mais désireuses de travailler à temps plein (68 % des personnes interrogées) : elles représentent 11 % des actifs occupés. − − − − − • Formation initiale. La détention d’un diplôme pour les jeunes constitue encore un atout sur le marché du travail : deux diplômés sur trois ont un emploi, contre seulement un non diplômé sur trois. Le système de formation initiale est relativement bien développé en Guadeloupe où les taux de scolarisation sont relativement proches de ceux de l’hexagone. L’évolution de l’appareil d’enseignement supérieur a néanmoins connu un développement notable où une place notable a été accordée aux formations de techniciens supérieurs (STS), principalement les classes de BTS − Même si le niveau moyen de formation progresse, on observe malgré tout un retard persistant par rapport à la métropole : o Une population diversement diplômée : la part des diplômés de l'enseignement supérieur, au sein de la population des 25-34 ans non inscrite en établissement scolaire, est de 27% (Métropole 42,3%)9. La part des non diplômés, au sein de la population des 20-24 ans non inscrite en établissement scolaire est de 30,6% (métropole 21,2%.Cette part concerne 35,4% d’hommes et 25,1% de femmes. o Des taux de sorties de jeunes sans qualification sont élevés 23,6% en Guadeloupe contre 13,7% dans l’Hexagone 8 Source : Rapport IEDOM Guadeloupe 2011 9 Ce chiffre toutefois n’inclut pas la part de jeunes qui poursuivent leurs études supérieures hors de la Guadeloupe Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 9 Des taux d’insertion dans l’emploi qui demeurent préoccupants traduisant la difficulté de faire le lien entre l’appareil de formation et les besoins des secteurs économiques L’apprentissage dont l’objectif est de faciliter l’insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail a connu une augmentation constante de ses effectifs mais demeure en dessous de 3% dans la population des 16-25 ans soit largement au-dessous de la moyenne nationale (5,1% en 2011) Des jeunes confrontés à des difficultés de lecture, à des difficultés scolaires : en 2010, les chiffres de la Journée Défense et Citoyenneté indiquent que 33% des jeunes de 16-17 ans sont en difficulté de lecture et que 19% sont en situation d’illettrisme. La proportion d’élèves en retard d’au moins un an en sixième est de 17%. En troisième, 24% des élèves ont un an de retard. o − − • Formation Professionnelle continue On observe les tendances suivantes au niveau de la structuration du secteur : − − Le secteur privé de la FPC se distingue tout d’abord par une forte atomicité de l’offre et d’une forte dépendance à la commande publique. Ce secteur a notamment souffert de la crise financière de 2008-2009 entrainant la disparition d’un bon nombre de petites structures. Les entreprises ont également eu tendance à ajourner les plans de formations de leurs salariés. Ces difficultés financières semblent avoir entrainé un phénomène de précarisation des formateurs (développement de l’auto-entreprenariat) Une volonté affichée du Conseil Régional sur le secteur public, composé des établissements dépendant de l’Education nationale (GRETA, etc.), des établissements des chambres consulaires et des établissements dépendant plus ou moins directement du Conseil Régional (CRFP). Cette volonté se traduit par la création en 2010 de l’Etablissement public de formation dont les missions vont de la mise en œuvre de la politique régionale d’apprentissage à la formation professionnelle des jeunes et des adultes à la recherche d’un emploi, la gestion de dispositifs d’hébergement, etc. 2.2.2 Politiques et stratégies publiques d’accompagnement du secteur En 2007, la région a adopté un Plan régional de développement de la formation professionnelle. Comme le rappelle le président de région dans son mot introductif, le PRDF s’inscrit dans la continuité du SRDE (et en amont de la révision du schéma régional d'aménagement et de développement du territoire). L’ambition du PRDF est « d’offrir aux guadeloupéens, la capacité pour chacun de se doter des compétences et qualifications nécessaires pour mener une vie professionnelle réussie et épanouie. Il revêt une dimension stratégique majeure. Il constitue le volet humain sur lequel les autres schémas viendront s'articuler ». Le PRDF s’articule autour de : • • 10 Cinq axes : − Elever le niveau des qualifications et encourager l'acquisition des compétences − Bâtir des dispositifs de formation au niveau des territoires − Professionnaliser l'accompagnement des publics tout au long de leur parcours de formation et d'insertion − Rendre l'outil de formation plus performant et innovant au service des individus et de l'économie régionale ; − Fédérer l'ensemble des partenaires et assurer la complémentarité des programmations et des financements. Trois piliers opérationnels : − La formation initiale, fondement du parcours d’insertion et de qualification − La formation professionnelle tout au long de la vie, vecteur de développement et de compétitivité − L’orientation tout au long de la vie, outil d’égalité et de cohésion Par ailleurs, le Conseil régional a exercé son pouvoir d'habilitation législative en matière de formation professionnelle. En vertu de l’article 73-3 de la Constitution, le Conseil régional a adopté deux délibérations le 27 mars 200910, demandant au Parlement la possibilité d’exercer le pouvoir d’habilitation législative afin d’édicter, en Guadeloupe, des règles permettant la création d'un établissement public régional à caractère administratif, chargé d'exercer les missions de service public de formation professionnelle qui lui seront déléguées par la Région. Ces demandes ont fait l'objet d’une habilitation législative dans le cadre de la loi n° 2009-594 du 27 mai 2009 pour le développement économique de l’Outre-mer (LODEOM). Le pouvoir normatif délégué au Conseil régional de la Guadeloupe devra être exercé dans un délai de deux ans. Durant cette période de deux ans (l’habilitation court jusqu’en mai 2011), le Conseil régional intervient dans le périmètre de l’habilitation par voie de délibérations, à la majorité absolue de ses membres, qui sont publiées au JORF. La Région a décidé de créer un EPA qui a vocation à intégrer le Centre régional de Formation Professionnelle mis en place pour se substituer à l’association AFPA de Guadeloupe, défaillante. 2.3 I comme innovation 2.3.1 Données et tendances-clés du secteur sur la période de mise en œuvre du SRDE Le diagnostic stratégique territorial 2014-2020 de la région Guadeloupe dresse en matière d’innovation le constat suivant : • • • La Guadeloupe abrite le plus important dispositif de recherche public de l’outre-mer français. Elle compte notamment une université, des organismes de recherche nationaux, et un centre hospitalier universitaire, dont les personnels atteignent 830 personnes (chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs, techniciens). Néanmoins, le système de recherche est éclaté entre une vingtaine de laboratoires, qui sauf exceptions (INRA, CIRAD), n’atteignent pas la masse critique. Le contexte naturel (région cyclonique, sismique, et volcanique), culturel et géographique du territoire offre un cadre favorable à la réalisation d’expérimentations à taille réelle. Cette opportunité se décline dans de nombreux domaines à enjeux tant au niveau local qu’au niveau européen : la gestion des risques, la maîtrise de la consommation d’énergie, la valorisation de la biodiversité, l’agriculture durable, la santé en milieu tropical, etc. Hormis le secteur primaire qui a commencé un travail de fond, et les actions d’un pôle de compétitivité récent (Synergîle), la faible structuration des filières, et le manque d’outils de diffusion et de transfert technologique (pas de centres de ressources ou de transfert technologiques, pas de technopôle) ne favorisent pas une dynamique de projets suffisante, alors que les entreprises sont en attente d’accompagnement. Par ailleurs, AntianEchos, publication économique et sociale des Antilles-Guyane, intitulait en décembre 2012 une note « l’innovation aux Antilles : Une entreprise sur deux innove malgré les handicaps ». Les constats suivants sont mis en avant : • 10 Entre 2008 et 2010, comme en France métropolitaine, la moitié des entreprises antillaises de 10 à 250 salariés ont innové (tout type d’innovation confondus) http://www.guadeloupe-energie.fr/wp-content/uploads/Demande-dhabilitation-enmati%C3%A8re-denvironnement-d%C3%A9nergie.pdf Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 11 • Les entreprises antillaises innovent davantage en organisation car le secteur d’activité et la taille de l’entreprise sont peu favorables à l’innovation technologique. • Au-delà des coûts, la faible propension à innover technologiquement s’explique en partie par le faible niveau des activités de Recherche et Développement (R&D) : en Martinique et en Guadeloupe, ce type d’emplois ne représente que 0,6 % de l’emploi total, soit quatre fois moins qu’en France métropolitaine. 2.3.2 Politiques et stratégies publiques d’accompagnement du secteur Le PO 2007-2013 dans son axe 1 dédié à la compétitivité et à l’attractivité prévoyait de soutenir l’innovation par l’objectif 1.4. « Développer la recherche et l’innovation », objectif doté d’une envelopper de 9,3M€ et dont le taux de programmation à mi-parcours était de 68% (un taux bien supérieur à la moyenne de programmation du PO)11. L’objectif 1.6.2 (soutien aux actions collectives) concourt également à l’innovation, ainsi que d’autres volets du PO FEDER pour les innovations non technologiques ou le FEADER pour les innovations dans le secteur agricole. En matière d’innovation, l’un des événements essentiels pour la Guadeloupe a été l’adoption en 2010 de la Stratégie régionale d’innovation (SRI). Si celle-ci est directement liée à la mise en œuvre du PO FEDER et fait suite à la demande de la Commission européenne d’élaborer un document stratégique visant à préciser la démarche régionale d’appui à l’innovation, la SRI s’inscrit également dans la continuité du SRDE qui vise à faire de la Guadeloupe « un pôle caribéen d’excellence et d’innovation ». Sur la base d’une analyse des forces et faiblesses de la Guadeloupe en matière d’innovation, la SRI identifie 5 enjeux pour relever le défi de l’innovation en Guadeloupe : • L’organisation et la structuration du réseau des acteurs de l’innovation pour mieux accompagner les entreprises (professionnalisation) ; • Le développement des compétences humaines pour l’innovation, afin de donner les moyens aux entreprises d’innover ; • L’accès à l’information et aux sources de connaissances pour les entreprises, celles notamment qui ont peu de moyens humains et financiers et ne sont pas connectées au monde de la recherche ; • Le développement des partenariats entre acteurs pour mutualiser les moyens et partager les connaissances : il s’agit de répondre au manque de structuration des secteurs économiques et de renforcer les collaborations entre entreprises et recherche ; • L’ouverture internationale dans une optique d’exportation de savoir-faire et des produits régionaux. Elle cible par ailleurs trois secteurs prioritaires – l’agro-transformation, le génie civil et le BTP et le tourisme – couvrant le champ de l’innovation technologique et non technologique. Encadré 4 Axes et actions de la SRI Guadeloupe 11 Source : Evaluation à mi-parcours du CPER et PO FEDER et FSE 2007-2013, octobre 2010 12 Axes Actions Axe 1 - Consolider, développer et partager une vision et une culture commune de l’innovation 1.1. Mettre en place un réseau d’appui à l’innovation 1.2. Développer des actions de communication, mettant notamment en valeur des success stories illustrant la valeur ajoutée des coopérations interentreprises et entreprises- recherche-formation 1.3. Amplifier et développer les formations à la gestion de projets innovants et à l’esprit d’entreprise 1.4. Faciliter l’accès à l’information stratégique des acteurs de l’innovation Axe 2 : Détecter, susciter et accompagner les projets innovants des entreprises 2.1. Organiser et professionnaliser le secteur privé du conseil 2.2. Favoriser les partenariats, fédérations ou regroupements d’entreprises 2.3. Mettre en place un ou plusieurs plateaux techniques 2.4. Optimiser le dispositif de financement des projets individuels d’innovation dans les entreprises 2.5. Mettre en place un dispositif d’appui à la création d’entreprises innovantes : pépinière et/ou incubateur 2.6. Faciliter l’accès des entreprises à des jeunes diplômés du supérieur 2.7. Préparer la mise en place d’un dispositif chéquier conseil innovation Axe 3 : Mieux orienter le dispositif d’enseignement supérieur et de recherche vers l’innovation 3.1. Mutualiser la valorisation entre l’Université et les organismes de recherche 3.2. Intégrer le réflexe « valorisation » parmi les jeunes chercheurs guadeloupéens 3.3. Soutenir les projets collaboratifs de R&D associant laboratoires et entreprises Axe 4 : Ouvrir à l’international le système régional d’innovation et renforcer l’attractivité 4.1. Mettre en place et développer un dispositif d’appui au montage de projets de R&D dans le cadre des programmes européens et bilatéraux 4.2. Systématiser les collaborations entreprises-recherche-formation dans les actions à l’international 4.3. Accroître l’attractivité scientifique et académique de la Guadeloupe 4.4. Inciter les entreprises innovantes (de tous secteurs) à aller à l’international 2.4 D comme développement durable 2.4.1 Données et tendances-clés du secteur sur la période de mise en œuvre du SRDE Le Diagnostic Stratégique Territorial 2014-2020 souligne, avant d’envisager les principaux enjeux relatifs au développement d’une économie décarbonée que la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, liées essentiellement à la consommation d’énergie fossile, constitue aujourd’hui une priorité d’action pour : • • • L’Europe qui fixe comme objectif à l’horizon 2050 de réduire de 80% les émissions de polluants liés à l’énergie par rapport à 1990 « tout en garantissant la sécurité de l'approvisionnement en énergie et la compétitivité». La France qui vise à diminuer nos émissions de CO2 par 4 d’ici à 2050 par rapport à 1990 (Grenelle environnement - facteur 4), La Région Guadeloupe qui vise une réduction de 40% des consommations énergétiques d’ici à 2030 (par rapport à 2006) Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 13 En Guadeloupe, la production d’électricité (47%) et le secteur des transports (35%) représentent à eux seuls 82% des émissions de gaz à effet de serre. De plus, la contribution d’un Guadeloupéen au réchauffement climatique ne cesse de croître, et a désormais rattrapé la contribution d’un français vivant dans l’hexagone (environ 7 tonnes de CO2 émises par habitant et par an). Des tendances positives sont à noter dans ce secteur, réalisés en partie grâce aux programmes européens et au CPER : • • La Guadeloupe diminue, pour la première fois, de 2% sa consommation annuelle d’électricité en 2011, les efforts demeurent insuffisants : les consommations d’énergie finale ont augmenté de 46 % entre 2000 et 2011 La Guadeloupe affiche maintenant 12% de production d’électricité à partir d’énergie renouvelable. 2.4.2 Politiques et stratégies publiques d’accompagnement du secteur Le programme opérationnel 2007-2013 prévoit dans son axe 2 de soutenir le développement durable (dans son acceptation « environnementale »). Les objectifs et les sous-objectifs de cet axe sont les suivants : • • • • Objectif 2.1 : Mise à niveau des infrastructures de gestion des déchets des ménages et des entreprises Objectif 2.2 : Mise à niveau des infrastructures d'alimentation en eau potable et traitement des eaux résiduaires − Assainissement − Eau potable Objectif 2.3 : Mise en œuvre du programme régional de maîtrise de l’énergie et de promotion des énergies renouvelables Objectif 2.4 : Mise en œuvre d'une gestion durable de la biodiversité des milieux naturels guadeloupéens A mi-parcours, le taux de programmation sur cet axe était de 51,3%, un taux inférieur à la moyenne du PO qui était à la même date de 53,2%. Par ailleurs, la région a adopté en juin 2008, le PRERURE (Plan énergétique régional pluriannuel de prospection et d’exploitation des énergies renouvelables (ENR) et d’utilisation rationnelle de l’énergie, qui fixe comme ambition pour 2020 un objectif d’utilisation de 45 % d’énergies en ENR. Le PRERURE repose sur trois orientations fondamentales : • • • le rééquilibrage du soutien financier de la région en faveur de la maîtrise de l’énergie (MDE), alors que jusqu’à présent les énergies renouvelables ont bénéficié de la grande majorité des aides régionales (photovoltaïque notamment) ; la combinaison des outils d’intervention en faveur de l’efficacité énergétique ; le renforcement des partenariats (Région – ADEME – EDF). Enfin, comme pour la formation professionnelle, le Conseil régional a exercé son pouvoir d'habilitation législative et a adopté une délibération demandant au Parlement la possibilité d’exercer le pouvoir d’habilitation législative afin de fixer des règles spécifiques à la Guadeloupe en matière de maîtrise de la demande en énergie, de développement des énergies renouvelables et de réglementation thermique pour la construction des bâtiments. Dans le cadre de l’habilitation « énergie », les divers objectifs du PRERURE sont donc potentiellement concernés, les dispositions pouvant porter par exemple sur : • • • 14 le développement des énergies renouvelables ; la maîtrise de l’énergie, qui pourra être abordée de façon sectorielle (résidentiel, tertiaire, transport, industrie, etc.), ou par la performance des systèmes et équipements ; un cas particulier étant celui de la réglementation thermique. En juin 2008, la Région a adopté en même temps que le PRERURE le schéma d’aménagement régional (SAR) qui a pour ambition de moderniser la Guadeloupe et de l’inscrire dans une perspective de compétitivité mondiale et dans l’espace Caraïbe. Il reprend l’ensemble du contenu politique et stratégique du Projet de la Région et précise ses orientations fondamentales à moyen terme en matière de développement durable, de mise en valeur du territoire et de protection de l’environnement. Le SAR donne une cohérence globale aux politiques publiques régionales, il prend en compte les programmes de l’État et harmonise ceux des collectivités publiques régionales. Sur la base de deux ambitions fortes (renforcer la cohésion sociale et placer l’économie de la Guadeloupe dans l’économie mondiale), le SAR se décline au travers de quatre priorités stratégiques : • • • • un aménagement raisonné du territoire ; un développement économique équilibré ; une société équitable qui réponde mieux aux attentes et besoins des Guadeloupéens ; une société raisonnable, qui veille à la protection globale de son environnement et à sa mise en valeur. 2.5 AP comme agriculture et pêche 2.5.1 Données et tendances-clés du secteur sur la période de mise en œuvre du SRDE12 Variation SAU sur 10 ans Nombre d’exploitations(2010) Variation du nombre d’exploitations sur 10 ans Superficie moyenne des exploitations (2010) -ha Variation de la superficie moyenne des exploitations sur 10 ans Nombre d’exploitations en agriculture biologique 13 Progression (nombre d’exploitations en AB) 2008-2009 14 (%) Superficie forestière (milliers d’ha) 16 Part de l'agriculture dans l'emploi salarié17 Part du secteur agricole dans la valeur ajoutée 18 Part du secteur agro-alimentaire dans la valeur ajoutée 19 France hors DOM SAU (2010) - ha Guadeloup e Encadré 5 Indicateurs de contexte sur l’agriculture, la sylviculture et la pêche 31 401 -25% 7 804 -35% 4,02 +16% 26 +23,8 64 1,80% 26 963 252 -3% 489 977 -26% 52,63 +32% 16 446 En augmentation 15 16 000 1,6% (2011) Fabr. denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac 1,8% (2011) 2,8 % (2010) Agriculture, sylviculture Agriculture et pêche et pêche 1,1 % (2010) 12 Sources : Evaluation à mi-parcours du CPER et des PO FEDER/FSE 2007-2013 et DST 2014-2020 13 Agence Bio, 2008-2009 14 ODEADOM, 2013 15 Agence Bio 16 Site Ministère de l’agriculture (2013) 17 Rapports annuels IEDOM, 2011 18 IEDOM 2011 et Insee, comptes nationaux - base 2005 19 IEDOM 2011 et Insee, comptes nationaux - base 2005 Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 15 Production totale de pêche (tonnes) (2011) Nombre de navires de pêche Nombre de personnes employées dans le secteur de la pêche 10 000 878 434 623 (2009) 4 675 1 677 20 000 En 2010, le secteur primaire représentait en Guadeloupe 1,1 % de la création de richesse de l’économie guadeloupéenne (2,8% pour l’agro-alimentaire) et 1,8 % du salariat guadeloupéen. Depuis 2008, la production agricole connaît une croissance atone, en raison particulièrement de la baisse de la production sucrière (-12 % par rapport à 2007). La récolte 2009 a été perturbée par le mouvement social, mais également par les fortes pluies qui ont rendu difficiles les chantiers de récolte. Les exportations agro-alimentaires ont ainsi baissé de 14 %, entraînées par la chute des exportations de canne. Toutefois, les deux dernières années ont connu deux évolutions positives : • • La progression de la production de banane et du volume exporté (+34 % par rapport à 2008) La structuration de la filière fruits et légumes en interprofession (Iguaflhor, créée en mai 2009). Sur le long terme, le secteur primaire est en baisse. Ce chiffre est en recul de près de deux points depuis le début des années 1990 en raison du poids croissant des activités tertiaires La population agricole totale s’élève à 24 150 personnes en 2010, soit une diminution globale de 32 % depuis 2000. En Guadeloupe, le nombre d'exploitations est de 7 852 en 2010 ; il était de 12 099 en 2000. Cette diminution s'accompagne d'une progression de la SAU moyenne par exploitation de 3,5 à 4,1 ha entre 2000 et 2010. L’agriculture mobilise moins de 2% des effectifs salariés en Guadeloupe. Les productions locales de fruits et légumes hors banane couvrent 65% des besoins en 2010. Des importations de l'hexagone en particulier, mais aussi de l’environnement caraïbe (Costa Rica, Dominique) ou d’Amérique couvrent des besoins en produits locaux mais également en produits non cultivés localement. En matière de produits animaux, le taux de couverture (viande congelée incluse) est de 44% pour la viande porcine, 34 % pour la viande bovine, 13% pour la viande d’ovin et de caprin, 8% pour la viande de volaille et 73% pour l'œuf. En 2009, la couverture en viande fraîche est de 93%, 72%, 100% pour les filières porcine, bovine et caprine. Le constat fait par le Diagnostic Stratégique Territorial 2014-2020 sur la thématique de la pêche présente les principaux enjeux du secteur au cours des dernières années : • • • 16 La pêche professionnelle en Guadeloupe totalise 878 navires et emploie 1677 marins pêcheurs dans l’ensemble de l’archipel. Cette pêche est exclusivement artisanale, elle ne compte aucun navire de plus de 12 m et s’appuie sur 95 % d’unités non pontées (« saintoises »). Cette pêche artisanale demeure largement dépendante des ressources côtières, principalement récifales (405 navires opérant strictement sur les secteurs côtiers et 335 ayant une activité mixte côte et large). La présence et l’accessibilité des ressources de grands pélagiques du large offre un potentiel de développement de la pêche aux Antilles. Une partie de la flotte artisanale exploite ces ressources grâce à des pêches sélectives, autour des DCP ancrés, ce qui autorise le redéploiement de l’effort de pêche depuis la zone côtière, fortement exploitée, vers la ressource du large. Ce redéploiement indispensable pour la durabilité de l’activité est contrarié par des mesures inadaptées de la PCP et du FEP (arrêt des aides à la construction neuve, interdiction du financement public des DCP…) Les volumes annuels débarqués par la seule pêche professionnelle sont estimés 3 800 tonnes, pour une valeur de 31 millions d’euros. • • • • • A cette activité professionnelle il convient d’ajouter une importante pêche informelle ou de plaisance, qui bien que clandestine, constitue des apports économiques et sociaux vitaux pour le territoire. La production totale est estimée à 10 000 T/an pour une valeur d’environ 80 millions d’euros. L’intégralité de la production guadeloupéenne est écoulée, en frais, sur le marché local, par des circuits de proximité (70 % de vente directe). L’aval de la filière (mareyage) commence à se structurer, mais la valeur ajoutée à la production brute demeure faible. Cette production ne suffit toutefois pas à satisfaire la forte demande des consommateurs de Guadeloupe (16 000 T/an consommées). Les coûts de production sont élevés en Guadeloupe, en raison de l’éloignement et de l’insularité (et « double insularité » pour les dépendances), générant des marchés réduits et captifs (gazole et essence à 1.07 €/l au 10 avril 2012). La production locale est donc très exposée à la concurrence des produits à bas coût mondialisés ou en provenance des pays ACP voisins. Cette activité de pêche est sous dépendance stricte de la qualité des milieux d’où sont extraites les ressources halieutiques. L’état de santé des milieux littoraux et des récifs coralliens se dégrade inexorablement, en raison des pollutions par les pesticides et les produits phytosanitaires (notamment la chlordécone),ainsi que des pressions anthropiques croissantes et non maîtrisées. 2.5.2 Politiques et stratégies publiques d’accompagnement du secteur Les fonds européens de la période 2007-2013 soutiennent le secteur de l’agriculture et de la pêche en Guadeloupe au travers de deux outils dédiés : • Le Programme de Développement rural de Guadeloupe (PDRG), financé dans le cadre du FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural), doté en Guadeloupe de 138M€. Le PDRG prend en compte les caractéristiques d’une économie basée sur l’agriculture et le tourisme mais aussi l’importance du secteur public : éducation-santé, action sociale, sans oublier le problème des terres sous contraintes, la dimension archipélagique et environnementale de la région. Par conséquent, le programme de développement rural s’inscrit intégralement dans le cadre des orientations politiques de la Région Guadeloupe en faveur du développement économique, à savoir : − − − − − − Favoriser la compétitivité et assurer la pérennité des entreprises, Optimiser les dispositifs d’emploi et de formation, Inscrire l’innovation comme pilier de développement d’activités à forte valeur ajouté, Renforcer la démarche de développement durable, Développer durablement et harmonieusement l’agriculture et la pêche en mêlant tradition et modernité, Redynamiser le tourisme. L’axe 1 et 2 portant sur « l’amélioration de la compétitivité des secteurs agricoles et forestiers », et sur « l’amélioration de l’environnement et de l’espace rural » sont pilotés par les services de la Direction de l’Agriculture de l’Alimentation et de la Foret. La région Guadeloupe, est autorité de gestion déléguée de l’axe 3 relatif à « l’amélioration de la qualité de vie en milieu rural et la diversification de l’économie rurale ». L’axe 4, cogéré par la DAAF et la région Guadeloupe, s’appuie sur la mise en place du « LEADER » (liaison entre actions de développement de l’économie rurale), une nouvelle approche de l’intervention publique permettant aux acteurs locaux (publics, privés, associations, élus…) d’avoir l’opportunité Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 17 d’élaborer collectivement une stratégie pour leur territoire et la possibilité de la mettre en œuvre en gérant eux-mêmes la subvention européenne. • − − − − Le FEP (Fonds européen pour la pêche), doté de 5,4M€ pour des interventions sur : l'adaptation de la capacité de la flotte aux possibilités de la pêche pour remédier à la surexploitation des ressources, la modernisation de la flotte et l'amélioration de la compétitivité, le maintien et le développement intégral des zones côtières extrêmement dépendantes économiquement de la pêche, le développement de l'aquaculture (transformation et commercialisation) Par ailleurs, le SAR (Schéma d’aménagement régional, voir supra) adopté en 2008, principal outil de la planification territoriale régionale, affiche la volonté de maintenir le niveau des surfaces agricoles et de maîtriser les activités littorales (volet SMVM).. 2.6 T comme tourisme 2.6.1 Données et tendances-clés du secteur sur la période de mise en œuvre du SRDE La crise économique mondiale et les perturbations sociales de février 2009 (en pleine saison touristique) ont donné un sérieux coup de frein à l’activité touristique, alors même qu’après la crise du début des années 2000 s’amorçait une reprise depuis fin 2006 et début 2007. Quelques chiffres traduisent ce constat : -16 % du nombre de touristes en provenance de la Métropole, diminution des séjours en hôtels (-30 % de clients), chute du taux d’occupation (- 8 points) en 2009. 2010 a été une année de transition pour le tourisme guadeloupéen : sans revenir aux niveaux constatés en 2008, l’année 2010 a été une année de redémarrage dans certains secteurs d’activité touristique. Le nombre de passagers à Pôle Caraïbe augmente de 6 % par rapport à 2009. Dans l’hôtellerie, la fréquentation s’améliore par rapport à 2009 : 17 % de clients supplémentaires, 12 % de nuitées en plus et un taux d’occupation des chambres en progression de 4,5 points. Le tourisme de croisière a progressé de manière continue depuis 2007. Encadré 6 – Nombre de nuitées par mois (2008-2012) – en millier (décembre 2012) Encadré 7 – Evolution du nombre de croisiéristes (2007-2011) Source : rapport IEDOM 2011 (édition 2012) Le tourisme reste un moteur de croissance important pour l’économie et agit comme facteur du développement de nombreux autres secteurs : agriculture, pêche, artisanat et d’autres activités de production de biens et de services. En 2005, la contribution du secteur touristique au PIB régional était estimée à 5%. Le tourisme est ainsi l’une des rares activités exportatrices de la Guadeloupe puisqu’elle représente une part importante des recettes d’exportations (60 % en 2008). Leur prise en compte fait quasiment doubler le taux d’exportation (2,9 % à 6 % en 2008). En 2009, 5 000 18 entreprises ont une activité liée au tourisme. Quatre entreprises sur dix sont des restaurants et cafés, une sur quatre exercent son activité dans le transport. Dans une note de juillet 2011 sur le tourisme en Guadeloupe20, l’INSEE dresse un état des lieux du tourisme actuellement, de ses forces et de ses faiblesses. Nous en reprenons ici les principaux éléments : • Le lien reste très fort avec la France métropolitaine : en 2009, les résidents de France métropolitaine représentent 95 % des touristes de séjour. • De nouveaux modes d’hébergement tendent à se développer : la part de la clientèle hôtelière est en baisse et représente 34 % des touristes et seulement 21 % des nuitées. A l’inverse, la clientèle en gîte et location progresse (31 %) tout comme celle des touristes « affinitaires », en séjour dans la famille ou chez des amis (33 %). Ces deux derniers modes d’hébergement, qui se caractérisent par des durées de séjour plus élevées, notamment l’hébergement en famille (18 jours en moyenne), totalisent 72 % des nuitées. • L’emploi salarié dans le secteur du tourisme est une constante du marché du travail : en 2007, en Guadeloupe, l’emploi salarié lié au tourisme est estimé à 5,4 % de l’effectif salarié total (contre 4,9 % pour la Martinique), dont un tiers dans l’hébergement (la restauration étant le deuxième) 2.6.2 Politiques et stratégies publiques d’accompagnement du secteur Le SRDE a initié en 2006 une nouvelle politique touristique de la Guadeloupe, qui s’est déclinée plus précisément par la suite dans le cadre du SDAT, Schéma de développement et d’aménagement touristique, adopté en septembre 2009. Celui-ci définit 7 territoires géo-touristiques ayant chacun une identité touristique territoriale spécifique, qu’il convient de développer tout en gardant la cohérence globale de l’archipel. Pour ces territoires, le SDAT entend notamment : • • • Favoriser la diversification de l’offre et la montée en gamme ; Développer les infrastructures de nautisme (accueil des croisiéristes haut de gamme, grande plaisance ou plaisance) et renforcer le positionnement sur le nautisme ; Valoriser les sites naturels et encourager l’adoption de démarches environnementales dans les projets touristiques. Encadré 8 Plan d’action SDAT 2009-2011 : 3 enjeux et 8 familles d’action Enjeux Familles d’action Structurer le territoire Dynamiser le modèle de gouvernance Renouveler les modalités d’accompagnement des acteurs Confier de nouvelles missions au CTIG Restaurer la confiance et l’image de la Guadeloupe Mettre en œuvre un tourisme responsable et durable Communiquer auprès des prescripteurs et des investisseurs Savoir gérer les crises L’enjeu économique L’enjeu environnemental L’enjeu social et identitaire 20 Note INSEE juillet 2011 : Le tourisme : la Guadeloupe et le tourisme : un sentiment d’inachevé http://www.insee.fr/fr/insee_regions/guadeloupe/themes/etudes_detaillees/diag971/diag971_08.pdf Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 19 Il apparaît ainsi que le contexte, qu’il soit économique, institutionnel, stratégique, dans lequel a été mis en œuvre de SRDE en Guadeloupe de 2006 à nos jours a fortement changé. Ces différents éléments sont pris en compte dans la réponse aux grandes questions clés de l’évaluation du SRDE, et notamment pour les questions relatives d’une part à la pertinence de la stratégie choisie et des axes du SRDE et d’autre part pour les questions relatives à l’effectivité des actions du SRDE, aux leviers mobilisés et aux freins rencontrés. 20 3. Une gouvernance et un suivi de la mise en œuvre perfectibles Le SRDE avait prévu des modalités de gouvernance, de mise en œuvre et de suivi très précises et qui devaient permettre à la collectivité régionale de réellement « piloter » le développement économique, d’une part en ayant une vue précise des actions mises en œuvre et d’autre part, en animant des sessions régulières entre les partenaires pour envisager le chemin parcouru et les objectifs à atteindre. Ce dispositif n’a cependant fonctionné que peu de temps : si les actions réalisées au cours des deux premières années du programme ont fait l’objet d’un suivi, ce dernier s’est effiloché avec le temps et n’a pas été homogène pour tous les thèmes traités par le SRDE. Par ailleurs, en raison de la crise et des événements sociaux de nouvelles priorités se sont faits jour. 3.1 La création d’un partenariat fort dès l’élaboration du SRDE L’élaboration de ce Schéma a été l’occasion pour la région de mobiliser largement l’ensemble des acteurs économiques, politiques et sociaux dans le respect des principes de la démocratie de proximité. Pour ce faire, la région a organisé une concertation la plus large possible en permettant au plus grand nombre de participer aux travaux d’élaboration du SRDE au sein des instances suivantes : • La conférence régionale des acteurs de la vie économique et sociale : cette instance de concertation élargie s’est réunie aux moments clés de l’élaboration du SRDE (lancement et clôture) pour être informée des grandes avancées des travaux mais aussi pour permettre aux principales instances représentatives de la vie économique et sociale de la Guadeloupe d’exprimer leurs priorités et leurs préoccupations. Elle a rassemblé la Collectivité régionale, l’Etat, le Département, les communes et communautés de communes, l’association des maires, les chambres consulaires, le Conseil Economique et Social Régional (CESR), le Conseil de la Culture, de l’Education et de l’Environnement (CCEE), l’INSEE, l’IEDOM, l’Agence française de développement, l’APRIGA, l’Université des Antilles et de la Guyane, les organismes professionnels patronaux et syndicaux représentatifs, les organismes financiers bancaires ou non bancaires • Le comité de pilotage : cette instance d’animation et de concertation s’est réunie tous les 2 mois. Le comité a examiné les travaux intermédiaires produits et validé les grandes orientations. Il était composé de la région, du département, de l’Etat, des chambres consulaires, de l’association des maires, du CESR, du CCEE, de l’APRIGA, de l’INSEE, l’IEDOM, de l’AFD et de l’UAG. • • Les groupes de travail transversaux o Développement durable, o Economie de la connaissance, recherche et innovation, o Emploi et formation, o Impact des aides et moyens financiers à mettre en œuvre, o Ouverture internationale. Les groupes de travail thématiques o Agriculture, agroalimentaire et pêche, o Tourisme et services associés, o Commerce et artisanat, o BTP et industrie. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 21 Au total plus de 100 institutions et organisations socio-professionnelles ont participé à la démarche d’élaboration du SRDE, ce qui a représenté plus d’une soixantaine de réunions de travail. Parmi les interlocuteurs que nous avons rencontrés, certains ont participé à l’élaboration du SRDE (groupes de travail thématiques notamment) et ont grandement apprécié la démarche collaborative qui avait été mise en place. Cette dynamique participative a d’ailleurs eu des effets de long terme et nombre de nos interlocuteurs soulignent la qualité des échanges et de la collaboration avec les différents services de la Région. 3.2 L’élargissement des partenariats et du conventionnement entre les acteurs Le SRDE a permis d’élargir le principe du conventionnement avec les acteurs économiques du territoire. Des conventions ont été signées avec la Chambre régionale des Métiers (CRM), l’ADIE (micro-crédit), l’ARACT, l’AFD, Initiative Guadeloupe. Encadré 9 Conventionnements du Conseil régional avec les acteurs économiques Conventionnement ARACT Caractéristique et contenu de la convention Convention annuelle Disponibilité du rapport d’activités Non 100 k€ en 2012 Sur la base d’un programme d’actions annuelles : Initiative Guadeloupe • Mieux comprendre les réalités du travail en Guadeloupe pour mieux les transformer • Prendre en compte populations au travail • Renforcer l’approche collective du travail • Renforcer les stratégies partenariales les différentes Convention annuelle Oui (2011) 100 k€ en 2012 Subvention au fonctionnement général de la structure Initiative Guadeloupe Chambre régionale des Métiers Convention annuelle Oui (2011) 600 k€ en 2011 ; 650 k€ en 2012 Sur la base d’un programme d’actions annuelles : • L’accompagnement des professionnels par des actions d’accueil, d’information et d’orientation • La mise en place de démarches qualité et de mesures de développement durable • La participation d’artisans manifestations promotionnelles • L’organisation professionnelles • L’appui à la structuration organisations professionnelles de à des manifestations des En 2012, à ce programme de travail annuel traditionnel, ont été ajoutés : • 22 Un dispositif en faveur des artisans taxi en vue de la mise au norme des véhicules • ADIE La participation du CR à la prise en charge de 50% des commissions de garantie due par les entreprises dans le cadre du dispositif de garantie de la SIAGI Convention annuelle Subvention au fonctionnement de la structure Oui (rapport générique de l’ADIE Guadeloupe) Convention annuelle Non 25 k€ en 2011, 45 k€ en 2012 AFD 480 k€ en 2012 Abondement du Fonds DOM de garantie Guadeloupe Expansion Convention annuelle Non 1641 k€ en 2011 en fonctionnement et 22 k€ en investissement Subvention de fonctionnement essentiellement sur la base d’un programme d’actions Comité régional des Pêches • L’accueil des opérateurs économiques et des porteurs de projet • La pré-instruction des dossiers d’aides aux entreprises régionales (ARDA) et européennes (les aides directes aux entreprises – objectif 1.1. - ; les aides à l’hébergement touristique – objectif 3 - ; les aides à l’accès aux TIC pour les maîtres d’ouvrage privés – objectif 5) • La gestion du dispositif VARE (volontaires à l’Assistance Technique régionale mis en place dans le cadre de l’assistance technique des fonds structurels) • La gestion de la plateforme de commerce électronique • L’accompagnement des opérateurs publics et privés • La recherche d’opportunités de développement à l’export et la recherche d’investisseurs extérieurs Convention non communiquée Cependant, ce conventionnement connaît encore des limites : • Il n’existe aucun conventionnement avec la CCI des Iles de Guadeloupe par exemple, qui constitue pourtant un acteur majeur du développement des PME/TPE régionales. Le soutien accordé par le Conseil régional aux actions de la CCI est défini au coup par coup, sans stratégie d’ensemble formalisée, et sans vision à moyen-long terme, inscrite dans un cadre pluriannuel. De la même façon, il aurait pu être imaginé une convention avec l’AFD pour venir en appui du financement des entreprises, hors Fonds DOM (PME/TPE) et des projets innovants des entreprises ; avec l’Université. • Les conventions existantes sont le plus souvent annuelles et n’offrent donc pas des perspectives de soutien durables aux partenaires du Conseil régional à leurs Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 23 actions (exception de la Chambre des Métiers ou Centre régional des Pêches). Outre de ne pas d’offrir de perspectives pluriannuelles, cette procédure est peu efficience du point de vue de la gestion administrative, dans la mesure où elle nécessite chaque année une nouvelle procédure de conventionnement. • Le suivi détaillé de ces conventions pourrait être amélioré, les bilans des conventions portent sur des éléments quantitatifs de réalisations, sans donner une visibilité sur la pertinence et les effets des actions soutenues sur les bénéficiaires finaux. 3.3 Un mécanisme de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation du SRDE bien défini, mais peu utilisé Le SRDE prévoyait un dispositif complet de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation. Au titre de la mise en œuvre, il était notamment prévu la création de deux instances : • • Une instance opérationnelle : « l’équipe projet, dont les responsabilités seront maintenues et réorientées de la préparation à la mise en œuvre, car ses acquis et son expérience seront précieuses pour assurer une mise en œuvre efficace et portée par tous les services » ; Une instance participative, le comité de suivi, qui « prendra la relève du comité de pilotage, ce qui permettra d’associer à la mise en œuvre ceux qui ont participé à la démarche de construction du projet ». Pour le suivi du SRDE, étaient également prévus : • • • • Un tableau de suivi mis au point par les services de la région, « synthétisant, priorisant, classant par enjeux, acteurs et bénéficiaires, etc. » ; Une réunion d’information annuelle en conférence régionale des acteurs de la vie économique et sociale ; Une organisation et des procédures spécifiques au sein de chaque service de la région pour constater la mise en œuvre des mesures relevant de son domaine de spécialité, ainsi qu’un rapport annuel sur l’effectivité de l’application du SRDE, classé par fiche action ; La mise en place d’une plateforme collaborative qui permettait à chaque référent du SRDE (au sein du Conseil Régional et parmi les partenaires de saisir le cadre réglementaire des actions, les actions prévues, les réalisations, les résultats). Enfin, pour l’évaluation du SRDE, il avait été prévu : • Une évaluation en continu, basée sur la collecte d’information au plus proche du terrain et réalisée par les services opérateurs et les organisateurs ; • Une évaluation à mi-parcours après trois ans de mise en œuvre du SRDE ; • Une évaluation finale pour « constater le chemin parcouru tant sur le plan technique (mise en œuvre des mesures définies à l’origine), que sur le plan institutionnel (acquisition au sein des services et des partenaires du «réflexe régional»), que sur le plan méthodologique (acquisition des techniques et méthodes, définition des outils et des procédures permettant la conduite de projets et définitions de mesures économiques en situation complexe). L‘évaluation finale doit permettre de définir, par le biais d’une évaluation rétrospective, ce qui est envisagé pour l’avenir : évaluation prospective pour un SRDE N°2 » L’ensemble de ces dispositions sur les outils de pilotage, de suivi et d’évaluation du SRDE n’a pas été suivi. Plusieurs raisons viennent expliquer ces défaillances, qui se sont traduites entre autres par un comité de suivi qui ne s’est pas tenu depuis 2009 : 24 • Déclin progressif de la dynamique et difficultés à mobiliser les partenaires sur la durée. La très forte mobilisation lors de l’élaboration ne s’est pas maintenue ; • Suppression en 2011 du poste de chargé de mission en charge du suivi de la mise en place du SRDE au sein de la DSI ; • Utilisation des outils : la plateforme collaborative qui avait été créée a peu été utilisée par les services de la collectivité régionale et les chefs de file ; • Désignation des chefs de file : la désignation de chefs de file pour chaque thématique ou chaque action entre le Conseil régional et ses partenaires a été inégale : elle n’a pas toujours été clairement définie opérationnellement et a sans doute conduit à un manque d’appropriation du document par les acteurs ; • Une certaine confusion entre le rôle de financeur et le rôle de chef de file amenant certains des partenaires à considérer que le SRDE leur donnait une responsabilité de financeur (ce qui n’est pas le cas de tous les partenaires) ; • Changements d’interlocuteurs au sein des instances partenaires avec parfois un faible transfert dans les organismes ; • Absence de définitions d’indicateurs de résultat dans le cadre du SRDE, et une mesure de la performance liée à la capacité de mandater. Il en résulte aujourd’hui un manque de vision claire des réalisations du SRDE et une réelle difficulté pour les services et les partenaires de la région à rendre compte de la mise en œuvre du SRDE et de ses résultats. Il est donc difficile après presque 7 années de mise en œuvre de retracer avec précisions quelles sont les actions réalisées qui se sont inscrites clairement dans le SRDE ? Quelles sont celles qui restent à réaliser ? Quels sont les réalisations chiffrées et les résultats de ces actions ? Quels ont été les financements du Conseil régional et les cofinancements mobilisés pour ces actions ? Un meilleur suivi de la mise en œuvre du SRDE aurait pourtant pu souligner la dimension « feuille de route du développement économique de Guadeloupe » du SRDE. Ceci est d’autant plus dommage que dans l’ensemble, les actions du SRDE ont été réalisées, et que le bilan apparaît globalement positif. 3.4 La visibilité de l’action du Conseil régional en matière économique 3.4.1 Visibilité interne du SRDE Le SRDE a joué un rôle essentiel dans l’animation d’une réflexion collective : son élaboration a été un processus mobilisateur au sein des services du Conseil régional, associant l’ensemble des directeurs et des directeurs de l’administration régionale. Il a constitué un vecteur de mobilisation des équipes de la région permettant une réflexion stratégique des services de la région. Il a également permis dans sa conception d’instaurer une coopération interservices, décloisonnant l’action publique. De plus, le SRDE a servi de document de référence lors de l’adoption d’un certain nombre de stratégies régionales (et notamment du PO FEDER) et de cadre stratégique pour un certain nombre d’initiatives (assises du sport, de l’agriculture, de l’innovation, etc.) qui se sont traduites en stratégies sectorielles (SDAT, PRERURE, SRI, etc.). Le SRDE a ainsi été le point de départ fixant les grandes orientations des différentes stratégies sectorielles. Dans le domaine de l’aide aux entreprises, du tourisme ou des TIC, l’adoption et les débuts de la mise en œuvre du SRDE se sont juxtaposés avec la mise en œuvre de la subvention globale au Conseil régional dans le cadre du PO FEDER, mobilisant ainsi entièrement les services sur la période 2007-2008 pour Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 25 assurer le démarrage du programme. Par la suite, chaque direction a eu en charge de décliner dans leur domaine les actions du SRDE et les orientations du SAR, à travers des documents stratégiques sectoriels (SRI, PRERURE, SDAT, etc.) sans pour autant que les services se réfèrent au SRDE dans la mise en œuvre. Dans la pratique, les services se sont donc appuyés sur les PO FEDER, FSE, FEADER et les stratégies sectorielles, et non plus le SRDE qui avait joué son rôle d’impulsion. Il en résulte ainsi une certaine perte de mémoire du SRDE, ce qu’ont reflété les entretiens réalisés, et la tentative de réalisation d’un tableau de bord de suivi des actions du SRDE, contenue dans le présent rapport. De plus, faute d’animation et de pilotage du SRDE interne au Conseil régional, le lien entre SRDE et stratégies sectorielles n’a pas été maintenu, il aurait pourtant pu mettre en évidence les réalisations du SRDE, via en partie les réalisations des stratégies sectorielles. Par ailleurs, la transversalité et le décloisonnement interservices au sein de la collectivité adoptés lors de l’élaboration du SRDE, a été difficile à maintenir par la suite, faute de pilotage du SRDE. 3.4.2 Visibilité externe du SRDE L’adoption du SRDE et sa mise en œuvre avec l’ensemble des partenaires économiques de la région a sans aucun doute contribué à conférer encore davantage de légitimité aux interventions économiques de la région. Son adoption a également renforcé le rôle de pivot de la région comme animateur du développement économique régional, en donnant un cadre visible sur les orientations de la région, en donnant également un cadre partenarial définissant des actions partagées entre les différents acteurs du développement économique. Il a enfin donné de la visibilité aux entreprises sur les orientations de la région en matière de développement économique. Cependant le SRDE est étroitement lié, pour sa mise en œuvre, aux cofinancements du PO FEDER, et souvent les acteurs interrogés peuvent entretenir une confusion entre le cadre stratégique que constituent le SRDE, et le cadre de financement que constitue le PO FEDER. La légitimité que s’est construite le Conseil régional en matière économique vient autant, sinon encore davantage, de son rôle de gestionnaire du FEDER pour ce qui est du soutien aux entreprises. Par ailleurs, le SRDE est aujourd’hui un document qui embrasse largement l’ensemble des domaines potentiels d’intervention, sans nécessairement que des priorités s’en dégagent, nuisant à sa lisibilité vis-à-vis des opérateurs économiques, mais également vis-à-vis des services de la région. Il y a lieu peut être aujourd’hui, après 7 années de mise en œuvre, de mieux recentrer les actions du Conseil régional et de redéfinir ses formes d’intervention : 26 • Priorisation plus grande des interventions sur un nombre plus limité d’actions conférant davantage de lisibilité au document (une soixantaine d’actions actuellement) ; • Affichage de domaines d’activités stratégiques ou secteurs d’avenir qui positionnent la Guadeloupe dans son environnement régional et qui répondent à des enjeux socio-économiques et environnementaux du territoire ; • Subvention ou instruments financiers ; • Organisation du réseau des acteurs du développement économique ; • Gouvernance et pilotage maintenu dans le temps adossé à des instruments de suivi et d’évaluation, et sur des partenariats durables avec les acteurs mais conditionnés à des obligations de reporting sur la mise en œuvre. 4. Un bilan de la mise en œuvre globalement satisfaisant, mais les principaux enjeux identifiés en 2006 demeurent d’actualité Nous présentons ici un bilan global du SRDE par axe. Pour chaque axe du SRDE sont décrits : le niveau d’effectivité des actions prévues, les actions phares mise en œuvre ainsi que les éventuelles difficultés rencontrées. Pour une analyse détaillée par axe des actions, nous renvoyons à l’Erreur ! Source du renvoi introuvable. du présent document. Le bilan global de l’analyse fait apparaître (i) un bon niveau d’effectivité de la mise en œuvre des actions inscrites dans le SRDE ; (ii) la pertinence des actions conduites, qui pour la plupart demeurent d’actualité. La crise a rendu notamment pour une partie importante des actions encore davantage prégnants les problématiques et défis identifiés en 2006. 4.1 Succès, actions phares et difficultés rencontrées de l’axe Entreprise La mise en œuvre de l’axe E du SRDE est marquée par un bon niveau d’effectivité globale. De nombreuses actions ont été conduites sur les différentes problématiques mises en avant par le SRDE, pour partie mises en œuvre directement par le Conseil régional, pour partie par ses partenaires : intermédiaires financiers ou structures de développement économique. Des actions phares marquantes sont à souligner : elles montrent tant la pertinence de la stratégie retenue dans le cadre du SRDE que certaines de ses limites : • La création de Guadeloupe Expansion et son regroupement avec d’autres structures d’accompagnement des entreprises au sein de la Maison régionale des entreprises à Jarry. Cette initiative a marqué la volonté de créer une véritable plateforme des structures d’accompagnement des entreprises (Guadeloupe Expansion, SAGIPAR, Initiative Guadeloupe, ADIE, FinanCités, Synergîle) en vue de favoriser les échanges, mutualiser les moyens et les expertises et encourager les cofinancements. Le regroupement de ces structures donne ainsi accès sur un même lieu aux porteurs de projet à la gamme quasi-complète des aides, conseils et financements pour tous les stades de la vie de l’entreprise (création, développement, reprise/transmission) et sur différents types de besoins (fonds propres et quasi fonds propres, accès bancaire, formalisation de l’activité, etc.). Elle a donné sans doute davantage de visibilité à chacune de ces structures prises séparément et offert une plus grande lisibilité sur les acteurs et les dispositifs d’accompagnement pour les entreprises cibles. Cependant, selon l’ensemble des acteurs rencontrés, les synergies créées ne sont pas à la hauteur des attentes. Faute d’un chef de file clairement désigné ou volontaire pour assurer une réelle coordination entre les structures, il semble que ces dernières restent encore trop cloisonnées. • Le continuum crée par les dispositifs ARDA/ARICE/FEDER est également très pertinent pour les entreprises guadeloupéennes : ces différentes aides se répartissent par seuil en fonction du montant sollicité par les entreprises. • La création du Fonds d’Investissement Régional de Guadeloupe (FIRG), doté de 3,5 M€ (sur un montant prévu de 10M€ pour la période 2007- Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 27 2013) avec la participation du FEDER constitue une réponse adaptée à la problématique de fonds propre des PME régionales. En complément du soutien octroyé à FinanCités, l’ADIE, Initiative Guadeloupe, Guadeloupe Active et au Fonds DOM (AFD), l’intervention du Conseil régional est venue consolider l’offre de financement existante en Guadeloupe. Toutefois, depuis 2007, seulement 6 PME régionales ont fait l’objet d’un soutien du FIRG, via la SAGIPAR, pour des projets souvent relativement importants (600 à 1000 k€). Au-delà du nombre faible de dossier, l’effectivité du dispositif interroge la pertinence du ciblage du dispositif qui s’adresse en priorité aux besoins de financement les plus importants, au détriment de dossiers plus petits. • La création du CODIE (Comité pour l'Organisation et le Développement à l'International des Entreprises) a animé une réflexion et une concertation en matière de soutien à l’exportation des entreprises. Il s’agit d’une avancée importante permettant de mettre les principaux acteurs autour de la table. Cependant, le dispositif connait aujourd’hui quelques limites. D’une part, la création de cette instance ne s’est pas traduite par la formalisation en tant que telle de stratégies sectorielles d’exportation des entreprises (PRODEIS). Des avancées concrètes ont eu lieu dans les champs de compétences identifiés par le SRDE où on a pu observer une structuration croissante de ces filières depuis 2006 (énergies renouvelables avant tout, mais également dans une moindre mesure agro-transformation) sans pour autant que le processus n’aboutisse à la formalisation de plans d’actions sectoriels. Or, le développement de filières d’activités à forte valeur ajoutée, objectif poursuivi par le SRDE, impose une réflexion dès l’amont sur les potentiels à l’export et les conditions à mettre en place pour accompagner les entreprises dans ces démarches. D’autre part, la réflexion sur le potentiel à l’export des entreprises guadeloupéennes est encore trop souvent limitée à la zone régionale (petite caraïbe insulaire), sans nécessairement prendre en compte le grand export sur l’ensemble de la bande intertropicale. Le CODIE devrait aujourd’hui évoluer en Convention régionale export, et l’enjeu porte aujourd’hui sur la structuration de la chaîne de l’accompagnement à l’export. • La création du pôle de compétitivité Synergîle constitue une avancée importante pour la structuration des filières d’avenir en Guadeloupe. A l’initiative de la collectivité régionale, cette démarche de création d’un pôle de compétitivité a été lancée dès 2005 et une déclaration d’intention signée avec les partenaires du projet (entreprises, organismes de recherche, centres de formation, institutionnels, syndicats professionnels) et le ministre d’Etat, ministre de l’intérieur en mars 2006. Par décision du 5 juillet 2007, le CIADT a reconnu Synergîle. Le pôle a été labellisé en octobre 2007 dans le cadre d’un partenariat avec le pôle de compétitivité Capénergies. Celui-ci, basé en région Provence Alpes Côte d’Azur, fédère également la Principauté de Monaco, la Corse et la Réunion. Synergîle regroupe aujourd’hui une soixantaine d’adhérents, basés principalement en Guadeloupe. Les thèmes d’intervention de Synergîle sont les énergies renouvelables et les matériaux, que le pôle entend aborder du point de vue particulier des territoires tropicaux insulaires soumis à des risques de toutes natures. Il constitue en effet le premier exemple d’établissement de relations structurées entre le monde de la recherche et de l’entreprise en Guadeloupe, sur un secteur économique particulièrement porteur. Il offre de plus un 28 exemple de démarches pertinentes à mettre en place dans les autres secteurs d’activités, en particulier dans le domaine de l’agro-transformation. Celui-ci gagnerait toutefois à être rendu davantage visible maintenant que les premiers projets collaboratifs émergent. Des difficultés importantes persistent sur cet axe Entreprise du SRDE : • Quoique développée, l’offre d’accès au financement des entreprises guadeloupéennes reste encore problématique. Si les outils sont là, certains demeurent encore peu utilisés (fonds d’investissement), ou pas suffisamment visibles (la gamme des produits OSEO distribués par l’AFD, hors Fonds DOM21). Par ailleurs, l’offre de financement disponible n’est pas suffisamment coordonnée entre les différents opérateurs et intermédiaires financiers, une plateforme des acteurs du financement (regroupant notamment CR, AFD, nouvelle BPI, SAGIPAR, Guadeloupe Active, Initiative Guadeloupe, ADIE, Guadeloupe Entreprendre) serait sans doute utile pour renforcer cette visibilité et assurer un meilleur continuum de l’offre de financement accessible aux entreprises à leur différent stade de vie. En matière d’amorçage des entreprises innovantes, il n’y a pas encore de dispositif de financement adapté (de type fonds d’amorçage). • Malgré les actions menées en matière d’accompagnement des entreprises, ces dernières sont encore en demande et les dispositifs d’accompagnement des porteurs de projets demanderaient à être davantage étoffés. • Il n’y a eu à ce jour que peu d’actions réalisées en faveur de la reprise et transmission d’entreprise (à l’exception d’une étude réalisée par Guadeloupe Expansion sur ce thème) dans le cadre de la mise en œuvre du SRDE, alors même que la démographie guadeloupéenne suit aujourd’hui la tendance métropolitaine (transition démographique en passe d’être réalisée). • Le SRDE, comme le PO FEDER d’ailleurs, rencontre des difficultés significatives pour trouver des porteurs de projets sur les actions collectives. Il est difficile d’engager les entreprises dans des actions collectives et de les faire coopérer entre elles, autrement que sur la participation à des foires et salons ou sur des études très ponctuelles. L’objectif 1.6.2 du PO FEDER est insuffisamment exploité pour faire émerger des projets innovants d’entreprises via des actions collectives sectorielles. La difficulté étant d’identifier des porteurs de projet (tête de réseau) permettant d’animer et mettre en œuvre les actions collectives. Au-delà des actions collectives, la structuration des secteurs d’activité économique traditionnels (agriculture) ou émergents (numérique, services à la personne, etc.) demeure encore un enjeu majeur. 4.2 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Formation L’axe F connait une mise en œuvre contrastée relevant à la fois d’une déclinaison volontaire par la Région et d’opportunités dans le cadre du contrat d’objectif et de moyen 2006 (COM) signé entre la Région et l’Etat. Quelques constats de départ peuvent être dressés : • La démarche d’évaluation a été l’occasion de découvrir ou redécouvrir par les acteurs les fiches actions élaborées sur cet axe. Les différents acteurs rencontrés se sont très peu référés à ce schéma pour la mise en œuvre de leurs actions qui 21 Ce dernier est largement utilisé par les entreprises guadeloupéennes. Son effet de levier ne fait toutefois pas l’unanimité parmi les interlocuteurs rencontrés. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 29 après analyse sont en cohérence avec les fiches actions du SRDE et peuvent s’inscrire comme des éléments de réalisation. • Le constat du déficit de communication est unanimement partagé par les partenaires. S’il est vrai que certains acteurs ont activement participé à l’élaboration des fiches actions, aucune démarche de communication n’a été entreprise par la suite pour communiquer et conduire leur mise en œuvre. • L’évolution du contexte économique et social renforce la pertinence des fiches actions du schéma sur cet axe. De l’avis des acteurs interrogés, celles-ci demeurent d’actualité et répondent à des besoins identifiés. Une réappropriation s’avère nécessaire avec comme préalable l’identification des pilotes et les horizons de réalisation. Néanmoins, les prochaines évolutions du contexte (acte III de la décentralisation, évolution statutaire, etc.) devront être prises en compte dans le partage des responsabilités de la mise en œuvre d’un éventuel futur SRDE. La volonté de la collectivité de se doter d’outils structurants afin de développer la formation des guadeloupéens s’est clairement affirmée au cours des années de mise en œuvre du SRDE. Ils contribuent directement en effet à la réalisation de la stratégie régionale sur l’axe F, qu’il s’agisse de : • l’école de la 2ème Chance, créée en 2006 pour traiter la problématique des jeunes sorties sans qualification du système scolaire ; • le CRFP, créée en 2008 en remplacement de l’AFPA liquidé, dont les missions ont été définies selon l’un des objectifs principaux fixé par le Programme régional de formation : « élever le niveau des qualifications et des compétences » notamment des salariés et demandeurs d’emploi ; • la PEDAG, créée en 2009, chargée de promouvoir et de développer l’alternance tant quantitativement que qualitativement en se positionnant dans une relation privilégiée avec les entreprises ; • L’E.P.A Guadeloupe Formation, nouvelle structure relevant du droit privé, créée par délibération du 26 février 2010 qui disposera de moyens juridiques adaptés pour gérer l’orientation des jeunes et des adultes à la recherche d’un emploi et dont les missions sont multiples : • o organiser et gérer le réseau des centres et points d’information et de conseils sur la VAE en contribuant à assurer l’assistance aux candidats à la VAE ; o organiser des actions répondant aux besoins de formation en élaborant une offre de formations certifiante ; o gérer ses centres de formations et ses dispositifs d’hébergement ; o mener des activités de recherche, d’étude, d’évaluation, de prospective, d’ingénierie et de formation des formateurs au bénéfice de tous les opérateurs de la formation professionnelle. L’URMA, dont la création récente vient compléter un dispositif qui offre à la Guadeloupe au niveau caribéen un avantage distinctif dans la formation des artisans. Parallèlement à cela, l’effort de la Région Guadeloupe s’est porté sur les équipements structurants lorsqu’on considère son investissement dans la « cité de la connaissance », où l’on retrouve, l’URMA, l’école de la 2ème Chance, le Campus Sanitaire et Social, et très prochainement le pôle régional des arts du spectacle. Reste à s’assurer de la cohérence les ressources humaines et financières avec l’ensemble de ces éléments. En revanche, la période de mise en œuvre du SRDE n’a pas vu la réalisation d’exercice de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC et GPECT), alors 30 même que c’est un objectif du CRPDF. Elle bute sur l’absence de structuration des activités en branche professionnelle, les acteurs n’étant pas organisés en branche il est plus difficile de faire de la gestion prévisionnelle. Certes quelques observatoires existent pour faire de la prospective (par exemple celui du BTP), mais ces initiatives sont limitées. En conclusion, les actions inscrites dans le SRDE conservent toute leur pertinence, certaines ont connu des réalisations exemplaires. Les faire connaitre plus tôt grâce à une démarche planifiée de communication et de pilotage aurait permis d’en faire légitimement l’affichage dans le cadre SRDE. Le CPRDF (2013) donne aujourd’hui les moyens de réaliser les actions inscrites dans le SRDE. 4.3 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Innovation L’innovation a constitué une relative nouveauté en 2006/2007 lors de l’adoption du SRDE. Auparavant, l’accent était mis avant tout sur le soutien à la recherche. L’inscription de l’innovation comme axe du SRDE a été un signal important donné par le nouvel exécutif régional aux acteurs de la recherche, de la formation et aux entreprises. La période correspondant à la mise en œuvre du SRDE a également correspondu à une réorientation de l’action du FEDER en faveur de l’innovation, initiée par la Commission dès 2007, dans la continuité de la stratégie de Lisbonne (2000) et du conseil européen de Göteborg (2001). Le SRDE et le PO se sont donc rejoints pour accompagner l’innovation sur le territoire et créer les bases d’un système régional d’innovation. Dans ce contexte particulièrement porteur, les actions inscrites au SRDE affichent un niveau de réalisation et d’effectivité positif, au regard du chemin parcouru depuis 2006 et de la relative nouveauté du sujet. Parmi les actions phares de la période, nous pouvons retenir les suivantes : • L’accompagnement à la structuration d’une offre de recherche, qui est un enjeu clés de visibilité des compétences scientifiques du territoire (premier potentiel de recherche ultra-marin), et d’une offre mieux adaptée aux besoins du territoire. • Le développement d’initiatives visant à favoriser une offre de formation supérieure plus en adéquation avec les besoins des entreprises est également un élément notable, qui conditionne aussi les processus d’innovation dans les entreprises (pas ou peu d’innovation sans main d’œuvre qualifiée) : mise en place de l’Ecole d’ingénieur au sein de l’UAG (rentrée 2012-2013), création de la fondation UAG-GBH22, mise en place de la plateforme PARI (mise en relation des entreprises avec les étudiants de l’université pour la recherche de stages), etc. • L’élaboration d’une stratégie régionale d’innovation, non inscrite en tant que telle dans le SRDE, mais qui prolonge les réflexions entamées au cours de l’élaboration du SRDE ; • La création du cluster/pôle de compétitivité adossé, Synergîle. Il est le premier exemple réussi de rapprochement structuré entre monde de la recherche, de la formation et des entreprises du territoire. Il a contribué à fédérer des entreprises qui sont concurrentes, mais ont un intérêt à développer ensemble des projets innovants. 22 Université Antilles-Guyane/Groupe Bernard Hayot Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 31 Avec quatre à six projets collaboratifs de recherche et développement par an23, les résultats sont certes modestes, mais sans doute à la hauteur de la nouveauté du dispositif et de la taille du territoire. Le pôle a créé une réelle dynamique, permis d’attirer des projets innovants sur le territoire (projet Milener ou de SWAC) et des entreprises intéressées par le territoire pour expérimenter ou développer de nouvelles solutions (Akuo Energy par exemple). Cette dynamique s’est par ailleurs appuyée sur une réelle cohérence de l’action régionale qui est intervenue de manière complémentaire sur le volet règlementaire (habilitation législative). • La mise en place d’une cellule technique de concertation régionale plus efficace au plan opérationnel via la réunion conjointe CR-DRRTDIECCTE sur les demandes de financement des projets innovants relevant des objectifs 1.4 et 1.6.2. C’est une avancée importante permis par les travaux de la SRI, résultant en un décloisonnement des acteurs et de leurs interventions. A ce réseau des financeurs, s’ajoute, selon les thématiques, le cluster Synergîle, Guadeloupe Expansion, l’ADEME et la DRAAF. Cependant, l’ensemble des partenaires potentiels n’est pas encore associé à cette gouvernance opérationnelle de l’innovation : les consulaires et l’AFD en sont absents notamment. Par ailleurs, au vu des profils des participants, l’approche de l’innovation qui y est développée, est sans doute encore trop orientée sur l’innovation technologique, et moins sur l’innovation organisationnelle, marketing, sociale, etc. (alors même que le potentiel d’innovation des entreprises guadeloupéennes est plutôt dans ce domaine – cf. note Insee précitée). Les différents actions soutenues par le Conseil régional ont au final construit la légitimité de son intervention dans le domaine, et l’ont installé comme interlocuteur crédible auprès des grands organismes de recherche et de l’université sur le territoire. Il reste cependant des marges de progrès encore importantes, sur des actions prévues par le SRDE, ou inscrites en filigrane dans le SRDE et réaffirmées dans la Stratégie régionale d’innovation : • La mise en place d’un véritable réseau régional des acteurs de l’innovation avec une tête de réseau en charge de l’animation. Il est inscrit dans la SRI, mais n’a pas encore vu opérationnellement le jour. Le processus de recrutement de la tête de réseau est toutefois entamé. Dans le prolongement de cette tête de réseau, il y a aussi à travailler sur une appropriation par les élus des orientations de la SRI et de la future Stratégie de Spécialisation Intelligente (S3), qui est une conditionnalité ex ante de la programmation FEDER, et destinée à mieux concentrer l’intervention des fonds FEDER sur des domaines d’activités différentiant. • La création de structures de transferts des connaissances et de soutien à l’innovation dans les entreprises, de type plateformes technologiques et/ou technopoles. Ces actions, inscrites dans le SRDE, réaffirmées dans la SRI, n’ont pas encore vu le jour opérationnellement en 2013. Toutefois, l’étude de faisabilité d’une Technopole de Guadeloupe a été réalisée (décembre 2012) et le projet devrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2013. Une autre étude doit voir le jour pour examiner la faisabilité et dimensionner une halle technologique dans le secteur de l’agro-transformation (appel d’offres en 23 Trois projets collaboratifs par an financés dans le cadre de l’Appel à projets annuel et quatre à six au total labellisés par Synergîle et financés. 32 cours). De son côté, l’Université, si elle a mis en place une série d’actions autour du lien formation / entreprises (cf. supra), n’a pas encore défini de véritable stratégie de valorisation de ses activités de recherche au profit des entreprises locales. • Le financement de l’amorçage des projets d’innovation (technologique ou non) reste problématique, en l’absence par exemple d’outils simples comme il en existe en Métropole (Prestation Technologique Réseau des Réseaux de Diffusion Technologique), en l’absence d’ingénieur d’OSEO Innovation sur le territoire (représenté toutefois par l’AFD), et d’un fonds dédié à l’amorçage de projets innovants (les fonds de capital investissement gérés par la SAGIPAR ciblent les entreprises établies sur des projets présentant un risque peu élevé). • La structuration de secteurs d’activité autour de la problématique « innovation », en dehors de Synergile dans le domaine des ENR et des matériaux, et permettant de faire l’interface entre la recherche, la formation et les entreprises reste à faire (par exemple dans le numérique, dans l’agroalimentaire). 4.4 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Développement durable En matière de soutien à l’environnement, la mise en œuvre du SRDE s’est inscrite dans un contexte plus que favorable avec une prise de conscience importante des enjeux environnementaux marquée par les Grenelles I et II de l’environnement (2007 et 2009) et le Grenelle de la Mer (2009). La mise en œuvre de l’axe D s’est accompagnée de la réalisation des actions phares suivantes : • Le soutien aux chantiers d’insertion s’est inscrit pleinement dans les orientations du SRDE en matière d’environnement, qui au-delà de la protection de l’environnement stricto sensu, ambitionnait de « faire » de l’environnement au service du développement économique du territoire. Avec l’appui du FSE, les chantiers d’insertion répondent à trois enjeux complémentaires : protection de l’environnement naturel et bâti (embellissement, rénovation), développement par l’insertion des publics en difficulté, et attractivité de sites touristiques. • De nombreuses actions ont été conduites en faveur de la sensibilisation de la population et des entreprises à la problématique de la maîtrise de l’énergie. Le PRERURE, dans le domaine de l’efficacité énergétique, a soutenu de très nombreuses opérations en direction des milieux économiques et de la population. Sur ce point, les orientations du SRDE, déclinées ensuite dans le PRERURE, ont sans doute contribué à la prise de conscience de l’acuité de ces problématiques pour le territoire, notamment parmi les élus régionaux. Cependant, il reste que les marges de progrès restent importantes pour traduire dans le concret ces actions de sensibilisation. • Paradoxalement, alors que la politique de l’énergie est relativement absente du SRDE, l’action du Conseil régional en la matière a constitué de réelles avancées sur la période. Le Conseil régional a exercé la possibilité d’habilitation législative dans le domaine énergétique, et a adopté pour cela une règlementation thermique adaptée aux spécificités du territoire, qui sera dans les prochaines années un vecteur important des modifications des comportements des consommateurs et des professionnels de la construction. Le soutien au cluster Synergîle a réussi à créer une dynamique d’innovation, les nombreux projets qui émergent sur le territoire en font un futur territoire d’excellence énergétique, avec un réel potentiel d’export pour les entreprises régionales (dans le domaine de la géothermie, de la gestion des réseaux intelligents d’électricité). Cependant, sur la même période, la mise en œuvre des orientations du SRDE sur des enjeux importants reste encore en chantier : Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 33 • La mobilité urbaine durable reste un point noir du développement durable en Guadeloupe (aucun projet guadeloupéen dans le cadre des appels à projets nationaux sur les TCSP par exemple) même si des projets nouveaux devraient marquer une avancée significative dans le domaine. On citera notamment le projet de transport en commun en site propre (TCSP) de Cap Excellence. • La gestion des déchets : s’il y a une structuration de filières de traitement de déchets industriels sur quelques produits, le grand projet d’infrastructure de plateforme multi-filière n’a pas encore vu le jour. Par ailleurs, en termes de gestion des déchets domestiques, la population guadeloupéenne n’a pas encore pris toute la mesure des enjeux (6 à 7 kg de déchets sont recyclés par personne et par an en Guadeloupe, contre 45 kg en métropole) • Le potentiel sur les énergies renouvelables en termes de développement d’une filière économique s’il est réel nécessite encore des actions soutenues pour faire émerger des projets de démonstration innovants sur le territoire, et s’inscrire dans une démarche d’export. • L’intégration des pratiques environnementales dans les entreprises, malgré les efforts accomplis, demeure encore inaboutie. La règlementation environnementale, les pratiques environnementales sont encore vécues comme une contrainte et une charge, et non comme un vecteur de développement par les entreprises. La dimension des secteurs du sport et la culture sont également prises en compte dans le SRDE : si ces secteurs offrent des perspectives riches pour la Guadeloupe en termes d’attractivité du territoire et d’image notamment, les emplois de ce secteur sont en règle générale précaires et peu qualifies. Le développement et la professionnalisation des acteurs du secteur demandent à être confortés. 4.5 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Agriculture et pêche Pour les interlocuteurs interrogés, le SRDE est perçu comme un élément impalpable sur lequel ils manquent de visibilité. Qualifié de « flou », le Schéma peine à être considéré comme la feuille de route politique de la Région dans le domaine de l’agriculture et de la pêche. Il faut dire que dans le secteur agricole, la multiplicité des programmes qui coexistent (FEADER, PRDA, LEADER, etc.) concourt à ce manque de visibilité du SRDE. L’autre raison principale tient également, du point de vue des personnes interrogées, au manque d’animation et de communication suite à son lancement en 2007. Toutefois, de l’avis général, les orientations ont bien été identifiées dans le cadre du schéma et l’ensemble des programmes précités s’est bien appuyé implicitement sur les priorités du SRDE comme élément structurant des axes de financement prioritaires. Les interventions du Conseil régional en faveur de l’agriculture sont nombreuses et se structurent autour de trois objectifs clés, dont les enjeux demeurent encore d’actualité aujourd’hui : • Le maintien des filières traditionnellement fortes que sont la banane et la canne. Il s’agit de conforter ces deux filières : accompagnement à l’investissement via le FEADER notamment, recherche et transfert de nouvelles variété (antiparasitaire par exemple), diversification des filières (fruit, jus, farine…) ; • La diversification de la production agricole locale pour répondre à la demande locale (autosuffisance alimentaire) et permettre de trouver des substitutions au déclin progressif de la canne et de la banane ; • L’accompagnement des agricultures à mieux produire et à adapter sa production à la demande locale : qualité, régularité de l’approvisionnement, distribution, commercialisation de proximité. Ce dernier enjeu étant transversal à l’ensemble de la production agricole. 34 Ces objectifs se déclinent au travers d’aides spécifiques, financées sur fonds propres et déclinées ci-après : • Action collective et de promotion des produits : financement des foires et expositions ; financement des organismes du secteur agricole ; mesure spécifique de soutien à la Chambre d’Agriculture ; prime Régionale à l’Agriculture ; • Aides à la gestion des exploitations ; • Aide à l'exploitation (soutien au développement des cultures sous serre en hydroponie) ; • Irrigation ; • Filières traditionnelles et diversification (soutien à l’organisation et au développement des filières). La Région intervient seule sur son budget propre notamment via l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs de plus de 40 ans. L’aide soutient la reconversion de personne dans le domaine agricole. La région intervient aussi en cofinancement des mesures du FEADER (par exemple pour l’installation des jeunes agriculteurs de moins de 40 ans) dans le cadre du Programme de Développement Rural de la Guadeloupe (PDRG) 2007-2013 dont le coût total s’élève à 36 M€ (dont 6 M€ du Conseil régional). Les différentes interventions sont complémentaires de celles du FEADER. Ainsi, le Conseil régional propose-t-il une aide à l’installation des jeunes agriculteurs de plus de 40 ans, tandis que le FEADER limite son intervention à l’installation des moins de 40 ans, via la mesure 122 à l’aide d’un prêt à taux bonifié (comme dans l’ensemble des régions françaises). Par ailleurs, hors FEADER, le Conseil régional intervient sur des publics qui n’ont pas nécessairement la capacité d’accéder au FEADER, sur des sujets non pris en compte par le FEADER, ou intervient en avance de subvention FEADER. Le principal succès identifié sur l’axe AP du SRDE reste sans conteste l’accompagnement des acteurs publics (Etat, Europe et collectivités locales) à la structuration des filières agricoles en interprofessions thématiques. Outre le LPG (Les Producteurs de Guadeloupe – filière banane) qui préexistait avant la validation du SRDE, les filières viandes, canne et maraîchage ont vu respectivement la création des interprofessions IGUAVIE, IGUACANNE et IGUAFLHOR. Toutefois, toutes ne fonctionnent pas de manière efficace pour organiser l’interprofession et la filière. Un effort considérable a aussi été mené sur la formation des exploitants agricoles au travers du co-financement des actions par le FEADER, la Région et le VIVEA (Fonds pour la Formation des Entrepreneurs du vivant). Par exemple, la formation à la comptabilité des exploitants agricoles financée par le Conseil Général pour leur permettre de répondre aux exigences administratives communautaires de tenue des comptes. D’autres actions peuvent être citées qui participent à la mise en œuvre des objectifs du SRDE : • Actions de communication et de sensibilisation sur les filières agricoles24 et d’amélioration des connaissances sur les filières (observatoires économiques et social par filière thématiques : viande, canne, maraîchage et diversification) ; 24 Journées agricoles proposées par l’ASP, la SAFER (Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural) ; la participation annuelle au salon de l'agriculture ; la communication sur la filière viande par l’IGUAVIE (Semaine viande locale dans le GMS ; Semaine des bouchers autour des fêtes de Noël, etc.) ; la mise en place de nombreux marchés itinérants (Ex : Gosier, Petit-Bourg, Moule, Sainte-Anne). Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 35 • Une politique de sauvegarde du foncier agricole par le Conseil Général qui évite de vendre son foncier agricole et qui le loue au travers de baux présentant des clauses environnementales strictes ; • La réalisation d’un état des lieux relatif à la contamination des sols et rivières polluées à la chlordécone par les services de l’Etat. Pour faire face à cette problématique, la Région a mis en place un plan « banane durable ». De plus, les acteurs locaux notamment la Chambre d’Agriculture, se sont appropriés l’objectif de diminution de 50% d’apports en intrants, à l'horizon 2018, sous l'impulsion de la politique nationale du "programme éco-phyto" ; • La politique d’édification des grands barrages par les collectivités majeures : le Conseil général contribue sur le FEDER à la construction du barrage de Dumanoir (20 millions d'euros). La Région va réaliser le barrage de MOREAU qui permettra d’irriguer les villes de la Grand-Terre ; • Le soutien à l’émergence de nombreux projets d’unités artisanales et semi-artisanales accompagnées par la Région et le FEADER (unité de fabrication/production de cuir, jambon à partir de porc local, tisanes à partir de plantes endogènes, biscuits et bonbons traditionnels, épices surgelées, produits de la mer transformés, produits pharmaceutiques à partir de plantes endogènes, l’unité de traitement de déchets d’équarrissage). Il reste que les freins identifiés restent encore nombreux et n’ont pas encore tous été levés au cours de la période actuelle du SRDE : • Le foncier reste cher et rare malgré les efforts réalisés. La volonté politique liée à la mise en place des ZAP ne fait pas encore l’unanimité et la pression foncière liée à la réalisation des logements sociaux, malgré une bonne réserve foncière des bailleurs, entraîne la diminution progressive de la SAU. • La structuration des filières agricoles n’est pas achevée. En matière d’élevage, la mise en place d’IGUAVIE est effective et fonctionne aux dires des acteurs ; alors qu’IGUAFLORE peine encore à fonctionner correctement. Or la structuration dans les filières est souvent un élément qui conditionne la capacité des acteurs à lever des fonds du FEADER ou du programme de compensation des handicaps POSEI. • L’absence de label fédérateur de la filière agricole à l’instar de celui développé par les MPI (Moyennes et Petites Entreprises) : production locale. • La multiplicité des actions de communication par des acteurs divers sans stratégie de communication globale à l’échelle de la filière. De plus, l’impact de ces actions multiples, notamment la participation récurrente au Salon national de l’Agriculture n’est pas mesuré en termes d’indicateurs économiques (augmentation des commandes et donc du CA ; impact sur l’emploi ; etc.). • Le fond de garantie (FOGAP) mis en place par l’Etat ne répond pas à la principale problématique des agriculteurs à savoir le préfinancement des agriculteurs pour leurs projets validés car ils font face à un besoin chronique en fond de roulement notamment dans le cas des subventions européennes. Par ailleurs, quelques domaines ont été relativement peu explorés dans le cadre du SRDE, il n’avait pas la même acuité à l’époque de son élaboration : l’agroforesterie et la sylviculture, la question de la gestion de la biodiversité, le lien entre l’agriculture et la production d’énergie (biomasse), ou encore la connexion entre l’agriculture-agrotransformation et l’activité touristique. Dans le domaine de la pêche, la logique d’intervention du Conseil régional est relativement similaire à celle adoptée dans le domaine agricole, avec une ligne de partage vis-à-vis du FEP 2007-2013. Cependant, les montants du FEP sont nettement inférieurs à ceux du FEADER. Hors FEP, le Conseil régional intervient via trois délibérations-cadre relatives aux dispositifs régionaux d’ une aides à la modernisation de la 36 flotte, à la transformation- commercialisation des produits de la pêche et au développement de l’aquaculture marine. Les projets d’aquaculture sont soutenus dans le cadre du plan régional aquacole 2007-2013, feuille de route validée en 2008. Dans le cadre du SRDE ont notamment été accompagnés la mise en place de dispositif de concentration de poissons, la modernisation des infrastructures et équipements de pêche. De son côté le Conseil général a validé en 2012 le Schéma des Ports. Cependant, les enjeux dans le domaine de la pêche identifiés dans le cadre du SRDE demeurent d’actualité encore aujourd’hui : • La professionnalisation et la structuration du secteur. La filière pêche a beaucoup de mal à se structurer du fait des nombreux conflits qui minent les relations entre les acteurs (en 2013, liquidation entérinée de la COMAPEGA, principale coopérative de marins-pêcheurs). L’organisation reste donc à ses balbutiements Il y a un besoin d’organiser l’interprofession, notamment pour organiser les circuits de distribution et de commercialisation, mais pas seulement, par exemple pour accompagner les entreprises, former les jeunes pêcheurs, développer de nouveaux savoir-faire. Le manque de structuration et de professionnalisation (une pêche essentiellement artisanale) empêche aujourd’hui les acteurs d’accéder au FEP, et dans le futur à un éventuel POSEI pêche (en cours de discussion). • La lutte contre la pêche clandestine qui fait entrer des produits concurrents aux produits locaux et légaux • L’attractivité de la profession vis-à-vis des jeunes générations. La profession est toujours vieillissante. Le cadre européen qui ne permet pas de soutenir la construction de nouvelles flottes (alors que la zone n’est pas en situation de surpêche comme le reste de l’Europe continentale) ne favorise pas le renouvellement des générations • La mise à disposition d’équipements portuaires et d’offres de services à la profession (par exemple la distribution d’essence et le petit équipement suite à la disparition de la coopérative qui en assurait le service) • La diversification du secteur, via notamment le développement de l’aquaculture (un seul aquaculteur à Pointe Noire aujourd’hui) Si le bilan de la mise en œuvre du SRDE peut apparaître comme mitigé (particulièrement dans le domaine de la pêche) - la plupart des enjeux identifiés en 2006, issus des assises de la ruralité, repris par la suite demeurent encore d’actualité aujourd’hui – c’est aussi parce qu’il s’agit de problématiques lourdes, de fonds qui réclament du temps (par exemple la question foncière, le développement de recherches) et des investissements importants (par exemple les aménagements portuaires). 4.6 Succès, actions-phares et difficultés rencontrées de l’axe Tourisme Le diagnostic du tourisme réalisé à l’occasion des travaux du SRDE en 2006 soulignait à cette époque différentes problématiques : une offre d’hébergement vieillissante ; une image du tourisme dévalorisée, notamment en matière d’accueil et de services ; un positionnement marketing imprécis. Les actions arrêtées dans le cadre du SRDE, puis déclinées ensuite dans le SDAT, ont entendu répondre à ces défis. Les actions mises en œuvre dans le cadre du SRDE sont pour partie mises en œuvre directement par le Conseil régional ou indirectement via le CTIG, et pour partie opérées par des partenaires tels que la DIECCTE. On note que les acteurs interrogés se réfèrent exclusivement au schéma de développement et d'aménagement touristique (SDAT) comme cadre d’orientations stratégiques en matière de tourisme. Le SRDE a servi de fondement aux réflexions menées dans le cadre de l’élaboration du SDAT en 2009 ainsi que pour la définition d’une feuille de route sur le tourisme. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 37 La Région est reconnue comme pilote du plan d’actions sur le tourisme. La collaboration entre le Conseil régional et ses partenaires fonctionne plutôt bien et se caractérise par une bonne articulation des missions de chacun. Depuis le lancement des « RDV du Tourisme » en novembre 2012 le Conseil régional et ses partenaires ont l’occasion de se rencontrer plus souvent en collectif. Ces rendez-vous permettent en effet aux professionnels du Tourisme de se rencontrer tous les deux mois sur une thématique particulière. Au travers des entretiens réalisés nous avons pu identifier un certain nombre d’actions phares marquantes qui montrent la pertinence des ambitions et des axes recommandées par le SRDE. Ces différentes actions ont permis d’accompagner la reprise du secteur touristique entamée à partir de 2010, même si le niveau de 2008 n’a pas encore été entièrement retrouvé (cf. supra). Parmi les actions phares réalisées on peut noter : • La structuration et la montée en gamme de l’offre en hébergements touristiques. L’action a permis des investissements structurants en matière d’équipements, de rénovation et de création d’hébergements touristiques (Créole Beach, Toubana, Club Med, Pierre et Vacances, etc.). Le parc hôtelier guadeloupéen qui avait été durement touché par la crise économique et les grèves de 2009 a pu monter en gamme, et globalement mieux résister aux effets de la crise. Par ailleurs le nombre important de gites nouvellement crées permet de compenser le nombre de structures d’hébergement qui ont dû fermer durant la période de crise du secteur (2009-2010). • L’accueil des croisiéristes a progressé. La Guadeloupe a connu un fort développement de l’activité de croisière entre 2005 et 2007 (+25% en 2007) pour se stabiliser ensuite sur la période 2008-2010 (36 000 croisiéristes environ par an). L’aménagement d’infrastructures dédiées à l’arrivée des bateaux sur le port de Pointe à Pitre et la mise en relation des commerçants et artisans locaux avec les croisiéristes ont permis d’accroitre les capacités d’accueil des croisiéristes et de tirer profit de leur passage en Guadeloupe. • Pour ce qui est des transports, l’aide au cabotage a permis de partiellement compenser les surcoûts de transport de marchandises et de personnes vers les îles de l’archipel qui peuvent ainsi mieux tirer profit du tourisme. La Région a également soutenue l’aménagement des terminaux, la mise en place d’une billetterie nominative, et l’organisation d’horaires de transport réguliers. • En matière de politique communale on peut souligner la signature de conventions d’objectifs de développement touristique prioritaires avec 7 territoires : ces conventions permettent d’encourager les communes à s’engager dans le développement touristique de leur territoire, de prioriser les projets touristiques, de structurer l’accueil et l’information, et finalement d’apporter du conseil et de l’expertise aux acteurs des territoires pour la définition de leurs projets touristiques. Le Conseil régional cofinance les projets et programmes d’activités touristiques définis dans le cadre de ces conventions. • L’adaptation de l’ingénierie financière des projets a permis de rendre les aides publiques plus accessibles aux petits porteurs de projets, ceci est particulièrement vrai pour les projets de gîtes qui se sont multipliés ces dernières années (et fortement soutenus dans le cadre du PO FEDER). Si la plupart des objectifs sont atteints, certaines actions ont rencontré des freins ou ont besoin d’être renouvelées pour aller plus loin. Parmi les actions ayant rencontré des difficultés on peut citer : • 38 L’accompagnement de l’évolution des qualifications des personnels : en dehors des formations aux labels de qualité principalement destinées aux structures d’hébergement peu d’actions structurantes ont été mise en œuvre sur le plan de la formation professionnelle continue destinée au secteur du tourisme. • L’échec de la desserte de Roissy un an après son ouverture démontre que malgré un très fort investissement du Conseil régional sur cet objectif sa maitrise sur des logiques privées reste limitée. • L’offre touristique n’est pas encore suffisamment commercialisée via Internet. Le CTIG travaille actuellement à la mise en place d’un outil de web marketing valorisant l’ensemble de l’offre d’activités et d’hébergement touristique de l’archipel avec une possibilité de paiement en ligne. • La situation de l’hôtellerie guadeloupéenne reste en situation de grande fragilité économique et financière (voir le rapport de l’Inspection générale des Finances, « Médiation de l’hôtellerie en Guadeloupe et en Martinique », Ministère de l’Economie et Ministère du Budget, 2011). Par ailleurs, il est à noter que le nautisme et le développement d’un tourisme durable (tourisme vert) n’ont pas été « fléchés » dans le SRDE en 2006, alors même qu’ils constituent aujourd’hui une orientation importante du SDAT élaboré en 2009. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 39 40 5. Conclusions et recommandations 5.1 Du SRDE au SRDEII L'article 1er de la loi du 13 août 2004 modifié par l'article 130 de la loi de finances rectificative pour 2005 prévoyait qu'à titre expérimental et pour une durée de cinq ans, l'Etat pouvait confier à la région le soin d'élaborer un schéma régional de développement économique (SRDE) pour la période 2005-2010. Son adoption entraînait, pour la région, la faculté d'attribuer, par délégation de l'Etat, et dans les conditions prévues par une convention, tout ou partie des aides que celui-ci mettait en œuvre au profit des entreprises et qui font l'objet d'une gestion déconcentrée. La loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales a ainsi reconnu aux Régions un rôle de coordinateur de l’action économique. Les SRDE étant parvenu à leurs termes en 2010 et 2011, certaines régions comme Rhône-Alpes et l’Ile-de-France ont adopté par la suite des SRDEI, Stratégie Régionale de Développement Economique et d’Innovation. Aujourd’hui, dans le cadre des travaux sur l’acte III de la décentralisation, il est question de l’adoption de SRDEII. Le cadre réglementaire de leur adoption est encore incertain : il est ébauché par le projet de loi de mobilisation des régions pour la croissance et l’emploi et de promotion de l’égalité des territoires, présenté le 10 avril 2013 au Conseil des ministres. Encadré 10 Dispositions relatives au SRDEII dans le projet de loi de mobilisation des régions pour la croissance et l’emploi et de promotion de l’égalité des territoires (10 avril 2013) « La région coordonne sur son territoire les actions de développement économique des collectivités territoriales et de leurs groupements sous réserve des missions incombant à l’Etat. Dans l’année qui suit le renouvellement général des conseils régionaux, le conseil régional adopte le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation, après concertation avec le représentant de l’Etat dans la région, les collectivités territoriales, les métropoles, ainsi que les organismes consulaires. Ce schéma définit les orientations stratégiques en matière d’aide aux entreprises et de soutien à l’internationalisation et à l’innovation des entreprises. Il fixe les conditions d’exercice des compétences régionales. Il prévoit les cas de délégation de ces compétences à d’autres collectivités. Il prend en compte la stratégie arrêtée sur leur territoire par les métropoles. Cette stratégie est communiquée à la région au plus tard trois mois avant la date limite d’adoption du schéma régional. Les actes des autres collectivités territoriales et groupements doivent être compatibles avec le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation ». Dans la perspective d’un futur SRDEII, nous présentons quelques recommandations et propositions à caractère global qui portent sur trois niveaux : • L’élaboration, le pilotage et le suivi d’un futur SRDEII ; • La recomposition des outils d’intervention économique de la région ; • Les orientations d’un futur SRDEII, telles qu’elles se dégagent de nos discussions avec nos interlocuteurs sans préjuger évidemment de l’ajout d’autres orientations. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 41 42 5.2 Recommandations pour l’élaboration, le pilotage et le suivi d’un futur SRDEI A la lumière des expériences conduites dans le cadre de l’actuel SRDE, un certain nombre d’enseignement doit être tiré. Ils structurent la logique des propositions que nous faisons, et qui devraient guider l’élaboration, le pilotage et le suivi de la mise en œuvre d’un futur SRDEI. Ces propositions sont les suivantes. • Adopter une démarche partenariale d’élaboration du SRDEI comme en 2006 pour remobiliser les services de la région autour d’un projet et associer les partenaires extérieurs. Cela peut passer par l’organisation d’une vaste conférence des acteurs de la vie économique, organe de concertation élargi du SRDE (avec une composition relativement large) et une approche par groupes de travail qui permet d’appréhender les thématiques dans le détail. Ces groupes de travail peuvent être sectoriel (tourisme, agriculture) ou transversaux (ouverture à l’international, développement durable, etc.) • Afficher une priorisation des enjeux de développement et mieux mettre en exergue les filières d’avenir de la région autour desquelles pourront se décliner un certain nombre d’actions. Cette démarche pourra se faire notamment (mais pas seulement) en liaison avec la stratégie de spécialisation intelligente, conditionnalité ex ante de la future programmation FEDER. Il nous semble important de donner une plus forte visibilité aux acteurs du développement économique des filières sur lesquelles le partenariat régional mise pour le développement du territoire. Cela peut se traduire par un document moins dense orienté sur quelques objectifs stratégiques, et un nombre limité d’actions prioritaires permettant d’accompagner le changement souhaité. Dans ce cadre-là, la problématique du développement durable devrait figurer au rang de priorité transversale, et non plus faire l’objet d’un axe dédié. • Déterminer clairement pour chaque action un chef de file désigné parmi les acteurs du développement économique local, et assigner des indicateurs de réalisation et de résultat (en indiquant des valeurs de départ et des valeurs cibles). Cela doit se traduire concrètement par la mise en place ex ante d’un tableau de bord de suivi des réalisations et résultats des actions inscrites au SRDEI. • Mettre en place et assurer la pérennité des instances de pilotage du SRDEI à la fois en interne et en externe à la région. Cela signifie constituer un comité de pilotage stratégique du SRDEI assurant la participation des différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre ; un comité technique opérationnel composé des directeurs de service du Conseil régional ; et d’un demi-poste de chargé de mission en charge du suivi/évaluation en continu du SRDEI et du secrétariat des instances de pilotage. • Assurer une articulation étroite programmation européenne. entre le futur SRDEI et la En effet, à la différence du précédent, le nouveau SRDEI sera adopté postérieurement aux programmes européens (FEDER, FSE, FEADER, FEAMP). L’enjeu est donc réellement important d’assurer cette cohérence entre ces différents documents. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 43 5.3 Recommandations pour la recomposition des outils d’intervention économique de la Région en cohérence avec les outils existants Il nous semble que l’élaboration du futur SRDEII impose une réflexion plus globale sur les modes d’intervention de la Région en faveur du développement économique. Le contexte de rétrécissement des marges financières de la collectivité régionale, qui iront de pair avec celles de l’Etat ; le contexte de crise économique qui fragilise encore davantage la situation financière des entreprises imposent des modes d’intervention plus efficaces et plus efficients en faveur du soutien aux entreprises et qui s’appuient sur une logique de complémentarité et de subsidiarité entre les différents acteurs du développement économique sur le territoire. Cela nécessite selon nous une réflexion approfondie tant sur le mode de financement des entreprises pour être en capacité de mobiliser les financements nécessaires au développement des entreprises (au triple point de vue de la compétitivité, de l’innovation, et de l’accompagnement à l’international), que sur les outils et modalités d’intervention de la Région pour impulser l’animation économique du territoire. L’enjeu est de positionner la collectivité régionale comme stratège de la politique économique régionale (définir la stratégie avec ses partenaires, l’impulser, la suivre, et en évaluer les résultats), plutôt que directement comme opérateur de sa mise en œuvre. Notre réflexion recouvre cinq propositions : • Systématiser la signature de conventions d’objectifs avec les acteurs du développement économique et acteurs de l’accompagnement d’entreprises qui intègrent clairement dans les textes la responsabilité de la mise en œuvre et de l’animation des actions du SRDEI, avec en contrepartie des financements octroyés la définition d’indicateurs de réalisation et de résultats. Il serait souhaitable d’envisager avec quelque unes de ces structures (chambres consulaires notamment) la signature de convention d’objectifs pluriannuelles (assorties de conventions annuelles d’application pour mobiliser les crédits de la région sur une base annuelle). Il pourrait être également envisager dans le cadre de ces conventions de tester des délégations de crédits pour de petits montants de subvention, avant d’en décider, sur la base d’une évaluation, une extension à des montants plus élevés. • Mieux positionner Guadeloupe Expansion dans l’écosystème des acteurs du développement économique sur deux axes majeurs de la SRDEII : économie et internationalisation Nous l’avons noté précédemment la création de Guadeloupe Expansion et son regroupement avec d’autres structures d’accompagnement des entreprises au sein de la Maison Régionale des Entreprises a marqué la volonté de créer une véritable plateforme unifiée dans une logique de guichet unique multi-entrée, constituant ainsi un point de repère pour les entreprises. Toutefois, si le regroupement a bien eu lieu, il n’a pas produit les synergies à hauteur des attentes, faute d’une réelle animation des structures hébergées et d’un animateur clairement désigné pour cela. A l’occasion du nouvel SRDEII, il y aurait sans doute lieu de revoir la convention d’objectif avec Guadeloupe Expansion pour lui conférer un rôle d’animateur sur deux axes clés du SRDEII : l’économie et l’internationalisation, en particulier sur des fonctions clés telles que : 44 - L’animation de la structuration de filières ; - L’accompagnement collectif des entreprises, par exemple sur l’international, le lancement d’appels à projets (exemple de l’AAP sur l’agro-transformation) et la capitalisation sur les projets retenus de démarches collectives d’entreprises ; - L’animation de pépinières d’entreprises ; • - L’ingénierie de projets sur des projets structurants ; - Le marketing du territoire (attractivité) ; - La veille marché sur les filières stratégiques de la région. Confirmer la mise en place d’un véritable réseau régional des acteurs de l’innovation animé par une tête de réseau en charge de l’animation des interventions en faveur de l’innovation, et particulièrement de la future Stratégie de Spécialisation Intelligente en cours d’élaboration. A l’inverse de toutes les régions métropolitaines depuis les années 2000 et même depuis 1990 pour quelques régions, la Guadeloupe n’a pas bénéficié de la préexistence des réseaux de diffusion technologiques (RDT) ni des outils qu’ils ont progressivement mis en place au service des PME et TPE : - les plateformes collaboratives de travail : - les modèles de visites d’entreprise / les grilles d’analyse communes ; - la « Prestation Technologique Réseau » ou « Prestation Innovation Réseau » ; - un guide « explicité » des compétences scientifiques et technologiques ; - un annuaire qualifié de l’offre privée de conseil ; - une formation des membres permettant une professionnalisation progressive ; - les plateaux techniques ; - les échanges de bonnes pratiques ; - etc. Cela est problématique du point de vue des entreprises car elles ne peuvent pas être systématiquement aiguillées vers les connaissances, les expertises, les acteurs de l’accompagnement pertinents. Cela est également un frein à l’identification précise et régulièrement actualisée des besoins des PME (besoins en formation, besoins en ressources humaines, besoins technologiques, besoins en management, organisations et marketing de l’innovation…). Cette proposition vise à atteindre quatre objectifs principaux : - renforcer la détection de projets innovants dans les entreprises - créer un réseau des acteurs publics capable de fournir un service d’appui et d’accompagnement des entreprises efficace sur la base d’une vision et d’une approche commune de l’innovation ; - démystifier la notion d’innovation dans les entreprises ; - développer les compétences pour la conduite de projets innovants (technologique et non technologique). Au vue de la croissance des financements dédiés à l’innovation dans le cadre de la programmation FEDER à venir, il y a lieu pour cela d’envisager une montée en puissance de l’ingénierie de projets au sein de la collectivité sur le sujet. • Amplifier l’usage d’instruments d’ingénierie financière pour soutenir le développement des entreprises régionales. Le développement des PME/TPE renvoient à la problématique de leurs moyens financiers. Si les PME/TPE guadeloupéennes peinent à atteindre la taille critique, à investir, à se projeter sur d’autres marchés ou à faire évoluer leur modèle économique, c’est aussi faute de fonds propres suffisants, et de trésorerie Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 45 déficiente. L’acuité de cette problématique est encore plus forte en Guadeloupe que dans l’hexagone. Si la Région a déjà mis en place un certain nombre d’outils dédiés au financement, il convient de l’amplifier et d’envisager la reconfiguration des outils existants : qu’il s’agisse dans le domaine de l’innovation du financement de l’amorçage des projets innovants, qu’il s’agisse dans le domaine agricole ou de l’artisanat de la mobilisation de fonds de garantie (SIAGI par exemple), qu’il s’agisse compléter les fonds de garanties court terme d’OSEO dans le cadre de la BPI, ou qu’il s’agisse de revoir la gouvernance et la stratégie d’investissement du FIRG. • Mettre en place une plateforme de financement des entreprises régionales Il existe un très grand nombre de dispositifs favorisant l’accès aux financements des PME : il s’agit aussi bien de subventions, de financements indirects via la fiscalité que d’ingénierie financière ; les dispositifs d’aide sont très orientés vers le soutien à de l’investissement, plutôt que vers le soutien à l’exploitation des entreprises ; les mécanismes de soutien aux fonds propres et quasi fonds propres ciblent surtout des entreprises en développement, déjà bien structurées, en phase de croissance, avec de très bons scoring. Le principal problème du financement des entreprises ultra-marines est moins un problème d’offre de financement que (i) de capacité à diffuser les aides aux bons publics, sur la base d’une communication adaptée auprès des relais en place (agences régionales de développement économique, consulaires, organismes socio-professionnels, ordre des experts comptables, etc.) ; (ii) d’insertion pérenne des opérateurs dans le réseau des structures d’accompagnement des entreprises pour assurer la diffusion des aides et leur prescription ; (iii) de compétences en gestion d’entreprise de la part des entrepreneurs eux-mêmes. Il y a un réel enjeu à renforcer le réseau régional des acteurs de l’accès aux financements en Guadeloupe, afin de s’assurer que les besoins continuent d’être couverts de manière rationnelle et pertinente (assurer un continuum de la chaîne de financement des entreprises) et de veiller à une circulation régulière et de qualité de l’information auprès des structures d’accompagnement des entreprises, et des entreprises en bout de chaîne. Cela suppose de travailler sur la notion de « réseau unique d’information » ou de « plateforme d’ingénierie financière » et y impliquer les services de la Région, de l’Etat et les opérateurs financiers et agences (AFD/BPI, SAGIPAR, ADIE, Guadeloupe Active, Guadeloupe Expansion…) afin de a. Donner une visibilité plus forte aux possibilités de financement existantes en direction des entreprises ; b. Informer/former les opérateurs de l’accompagnement d’entreprises de/sur l’offre de financement disponible (y compris à destination d’organismes tels que les socio-professionnels, les experts comptables ou les consultants) ; c. 46 Coordonner sur des dossiers précis, et de manière plus systématique, l’intervention des différents financeurs aux différents stades de vie des projets candidats. Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 47 5.4 Propositions pour des orientations à prendre en compte dans le cadre d’un futur SRDEI Les orientations que nous présentons ci-après ont vocation à nourrir la réflexion sur le contenu d’un futur SRDEII. Elles ne sont pas exclusives. Elles sont en effet le fruit de nos échanges avec les différents interlocuteurs rencontrés, et n’ont pas à ce titre vocation à l’exhaustivité. Elles indiquent des thématiques, des actions qui sont considérées comme particulièrement importantes par nos interlocuteurs et qui devraient être à un titre ou à un autre intégrées aux travaux d’élaboration de la SRDEII. Nous les présentons par axe actuel du SRDE. Entreprises • • 48 Soutenir la structuration des filières économiques en lien avec les stratégies de spécialisation intelligente, et encourager les démarches de clusters et de mutualisation o Pas uniquement sur l’innovation : transport, stockage, gestion, formation, analyse des marchés, marketing, communication, négociations commerciales, commercialisation o Dans le domaine de l’innovation, initier des démarches similaires à Synergîle, par exemple dans le champ de l’agrotransformation Positionner la Guadeloupe en tant que pôle de co-développement et de rayonnement en Caraïbe par un accompagnement adapté à l’international o Soutien systématique à la recherche de nouveaux marchés (étude) et accompagnement à l’export via le réseau des Ambassadeurs régionaux (coaching, BtoB…) o Développer ou renforcer la mise en place d’une promotion des produits locaux, notamment au travers de systèmes d’identification et de certification de qualité et d’origine des produits o Construire la chaîne de l’accompagnement à l’international des entreprises o Agir sur les infrastructures (extension du Port) • Développer les formations initiales et continues en gestion, management d’entreprise et de projet innovants ; et l’accès à l’expertise pour les entreprises (par exemple via un fonds d’appui au conseil pour les entreprises) • Mettre en place une plateforme régionale de financement (cf. supra) Formation Innovation • Atteindre l’objectif de 3 742 jeunes inscrits en alternance que s’est fixée la Région en matière d’apprentissage pour 2015 dans le cadre de « l’accord cadre d’objectifs et de moyens sur l’apprentissage 2011-2015 » implique : o La création d’un guichet d’assistance pour la gestion des contrats d’alternance compte tenu de la faiblesse de la fonction de la ressource humaine dans les petites entreprises. Celle-ci permettra à ces dernières de pouvoir avoir recours à ce mode de recrutement. En effet, parmi les freins évoqués par les entreprises sur le développement de l’apprentissage, il est mentionné les démarches trop compliquées qui méritent d’être simplifiées. L’établissement public pourrait en être chargé. o Sortir la dimension d’insertion à la charge de la PEDAG qui représente 50% du temps de la plateforme ou bien lui donner les ressources nécessaires pour développer un module d’immersion (dans le cadre d’une expérimentation pour rendre les jeunes insérables (savoir être, engagement sur le métier, motivation et retravailler sur le profil, etc.) • Améliorer la qualité de l’offre de formation proposée par les centres de formation via des outils d’évaluation appropriés o Mettre au point des protocoles d’évaluation des programmes de formation financés par la région (par exemple réalisation systématique d’études de trajectoire par le biais de l’OREF) o Utilisation des TIC pour l’évaluation (interface de traitement des données, saisie en ligne des données par les centres de formation, etc.) • Favoriser la mise en place et/ou la consolidation des structures d’interface et de transfert de connaissances (plateaux techniques, centres de transfert, pôles de compétences) • Optimiser l’adéquation des outils de formation existants sur le territoire avec le dispositif de recherche et les besoins en innovation. Cela implique notamment d’accompagner/soutenir l’Université dans son ouverture vers les entreprises, tant sur l’aspect formation/entreprise que sur l’aspect recherche/entreprise. • Détecter, soutenir et accompagner les projets partenariaux et collaboratifs d’innovation • Renforcer ou optimiser les capacités d’expertise techniques, méthodologiques ou d’ingénierie de projet pour l’accompagnement individuel des projets innovants d’entreprise • Faciliter le financement de la phase d’amorçage des projets innovants (études, prototypages, lancement) (fonction de maturation et d’incubation, accès à du conseil privé, financement de l’investissement, etc.) • Encourager le développement d’un réseau régional d’innovation impliquant CR, DRRT, DIRECCTE, DAAF, Consulaires, AFD… Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 49 Développement durable • • Agriculture, pêche, transformation Optimiser la gestion des déchets o Développement de la coopération inter îles pour des filières de collecte/traitement/recyclage dotées d’une masse critique suffisante o Réhabilitation de la décharge de La Gabarre et des décharges communales o Finalisation de la mise en place des installations de transfert o Elaboration d’un plan de gestion des déchets du bâtiment et des travaux publics o Rééquilibrage des infrastructures sur l’ensemble du territoire (y compris les îles) Faire de l’énergie un levier de développement économique, pas seulement un élément de réponse à la question de l’autonomie/dépendance énergétique o ENR en tant que filière économique, mais également source de diversification pour l’agriculture/agro-transformation (canne énergie) ; et en capacité d’exporter du savoir-faire dans la zone Caraïbe et audelà (en lien avec les actions à l’export) o Promouvoir l’efficacité énergétique dans les bâtiments comme outils de structuration et de croissance du secteur de la construction et de valorisation des savoir faires locaux (programme de réhabilitation du patrimoine régional, logement social, etc.) Dans le domaine de l’agriculture et agro-alimentaire • Adopter des actions en faveur de la gestion de la biodiversité et du développement d’une agriculture raisonnée et limitant les intrants, qui permette de favoriser également les circuits courts (générant davantage de revenus pour les exploitants). • Développer la valorisation de la production agricole à des fins de production d’énergie et le couplage agriculture/énergie • Poursuivre les efforts de structuration de la filière agricole-agro-transformation autour des interprofessions • Accompagner l’installation des jeunes agriculteurs notamment pour l’accès au foncier agricole. Dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture • Structurer la filière en interprofession pour permettre aux acteurs d’accéder aux futurs fonds européens. Cela passe notamment • Meilleure connaissance et gestion raisonnée de la ressource. Cela implique la promotion d’une pêche durable et raisonnée, le soutien au développement de la multi activité, une bonne gestion des espaces maritimes, l’acquisition de données en matière d’évaluation de la ressource halieutique (statistique) • Poursuivre l’effort d’investissement sur les équipements structurants, en particulier pour sécuriser l’approvisionnement des 3 unités de transformation des produits de la mer De manière transversale • 50 Développer les liens entre les acteurs du tourisme et les acteurs de l’agriculture et de la pêche. Le lien agri/pêche-tourisme est un avantage comparatif de l’offre touristique guadeloupéenne : en termes de marketing (gastronomie), en termes de débouchés pour les produits agricoles et de la pêche (bruts et transformés), en termes de développement de nouvelles activités touristiques et/ou de reconversion des exploitants (le pesca-tourisme par exemple) Tourisme • • Accompagner la montée en compétences des acteurs touristiques, par le développement de formations appropriées mais aussi le développement des compétences en management des organisations touristiques o En amont, cela implique d’améliorer le dialogue social dans le secteur o Puis de faire travailler les professionnels du secteur en branche pour mettre en place des exercices de type GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et compétences) o Et de construire des partenariats avec Agefos, Opcalia, etc. pour mettre en place des plans de formation o Sachant que les besoins des entreprises d’hébergement touristiques différentes, entre les petites structures qui ont besoin de personnels polyvalent, et les grandes structures hôtelières qui ont besoin de spécialistes métiers. Inscrire plus nettement l’offre de tourisme guadeloupéenne dans une démarche de développement durable o la dimension environnementale du tourisme peut contribuer à améliorer l’image de la destination et son attractivité « le tourisme durable » étant de plus en plus en vogue auprès des clientèles cibles de la Guadeloupe (label environnement, diversification de l’offre de sites touristiques « naturels », tourisme patrimonial et historique, etc.) • Diversifier l’activité et l’offre de croisière sur d’autres sites que le Port Autonome (Marie Galante, Deshaies, etc.) • Faire davantage le lien entre production agricole/agro-transformation et tourisme (cf. supra) • Poursuivre et développer le travail de promotion de la destination Guadeloupe sur Internet o commercialisation de l’offre touristique via Internet (réservations et paiements en ligne) o concrétisation de la plateforme de web marketing offrant un panorama de l’offre d’hébergement et d’activités touristiques guadeloupéennes (travail en cours du CTIG) o utilisation des réseaux sociaux (Tripadvisor, Facebook, etc.) comme outil de marketing et de visibilité positive de la destination Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 51 52 Evaluation du SRDE – Conseil régional de Guadeloupe 53