Pelouses acidiphiles
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Pelouses acidiphiles
Pelouses acidiphiles Nardetea strictae Nardetea strictae Photo : F. Hendoux Description de la classe Flore caractéristique Pelouses maigres et rases développées sur des sols acides et pauvres en nutriments. Les substrats sont souvent des sables et des argiles riches en silex. Ces communautés végétales sont maintenues par un pâturage extensif et, en contexte forestier, par l’entretien des layons ou le broutage de la faune sauvage. La faible trophie des substrats favorise les espèces frugales. Un grand nombre d’entre elles développe des rosettes ou de petites touffes de feuilles afin d’occuper l’espace avec un faible investissement de biomasse. Espèces de petite taille typiques de ces pelouses qui apparaissent souvent en mosaïque avec les végétations de lande : Nardus stricta, Danthonia decumbens, Potentilla erecta, Carex pilulifera, Luzula campestris, Festuca filiformis. Certaines sont d’intérêt patrimonial et protégées dans le Nord-Pas de Calais : Nardus stricta, Danthonia decumbens. 380 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 3 1 4 5 2 1 Nardus stricta, 2 Danthonia decumbens, 3 Potentilla erecta, 4 Carex pilulifera, 5 Pedicularis sylvatica. Distribution géographique et statut régional Classe à répartition eurosibérienne, essentiellement atlantique à subatlantique, avec une extension en domaine ouestméditerranéen. Dans certaines régions (Massif central), ces végétations peuvent couvrir des surfaces très importantes sous l’effet du pâturage et poser des problèmes de qualité du fourrage. Sa répartition altitudinale s’étend de l’étage planitiaire à l’étage montagnard, essentiellement en domaine atlantique à subatlantique. En montagne, au-dessus de la limite de la forêt, les Nardetea strictae sont remplacés par les Caricetea curvulae. Dans le Nord-Pas de Calais, la classe est peu représentée faute de substrats favorables. Peu de territoires phytogéographiques régionaux sont totalement dénués de substrats acides, mais ils sont généralement très localisés et les pelouses acidiphiles y sont rarement bien exprimées. Par le passé, elles étaient mieux représentées, en particulier dans les anciens prés communaux. Mais la majorité d’entre eux se sont embroussaillés ou ont été transformés en golf ou en zone pavillonnaire. Analyse synsystématique Nardetea strictae Rivas Goday in Rivas Goday & Rivas-Martínez 1963 Nardetalia strictae Oberdorfer ex Preising 1949 Galio saxatilis - Festucion filiformis de Foucault 1994 Galio saxatilis - Festucetum tenuifoliae Rasch ex Stieperaere 1969 Violion caninae Schwickerath 1944 Galio saxatilis - Festucetum rubrae Oberdorfer 1957 Orchido morionis - Saxifragetum granulatae (Allorge & Gaume 1931) de Foucault 1989 Pelouse acidicline mésotrophile à Orchis morio, Saxifraga granulata, Luzula campestris. Les espèces prairiales sont fréquentes et abondantes (Achillea millefolium, Dactylis glomerata, Leucanthemum vulgare, Bellis perennis, etc.) Végétation décrite de Normandie, potentielle dans la région au regard de sa composition floristique, bien qu’elle n’y ait jamais été mentionnée. Polygalo vulgaris - Caricetum caryophylleae Misset 2002 Carici arenariae - Festucion filiformis de Foucault 1994 ‘Carici trinervis - Nardetum strictae’ de Foucault et al. 1978 Carici arenariae - Luzuletum campestris de Foucault ex de Foucault 2008 Groupement à Jasione montana et Carex arenaria Duhamel in Blondel et al. 2009 nom. ined. Pelouse psammophile acidiphile oligotrophile de sables dunaires fixés datant du Flandrien, caractérisée par Carex arenaria, Jasione montana, Festuca filiformis, Corynephorus canescens, etc. Les espèces prairiales en sont presque totalement absentes, excepté Anthoxanthum odoratum et Agrostis tenuis dans certaines variations. Statut syntaxinomique et affinités avec une partie du Carici arenariae – Luzuletum campestris à préciser Nardo strictae - Juncion squarrosi (Oberdorfer 1957) Passarge 1964 Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae Misset 2002 Nardo strictae - Caricetum binervis Braun-Blanq. & Tüxen 1952 G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 381 Nardetea strictae En France, le Prodrome des végétations de France (BARDAT et al., 2004) ne retient qu’un seul ordre : les Nardetalia strictae. Dans le Nord-Pas de Calais, 4 alliances sont exprimées : le Nardo strictae - Juncion squarrosi rassemble les associations hygro clinesà mésohygrophiles, le Carici arenariae - Festucion filiformis correspond aux communautés psammophiles dérivant de pelouses arrièredunaires, le Galio saxatilis - Festucion filiformis regroupe les associations hyperacidiphiles tandis que les associations du Violion caninae sont acidiclines. Pelouse à Gaillet des rochers et Fétuque capillaire Galio saxatilis - Festucetum tenuifoliae Rasch ex Stieperaere 1969 Festuca filiformis (=F. tenuifolia ; Fétuque capillaire), Galium saxatile (Gaillet des rochers), Polygala serpyllifolia (Polygala à feuilles de serpolet), Carex pilulifera (Laîche à pilules), Calluna vulgaris (Callune commune) .1 CORINE biotopes35 30* UE62 Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Anthoxanthum odoratum 30*-8 Cahiers d'habitats 62 (Flouve odorante), Luzula campestris (Luzule champêtre), Danthonia decumbens subsp. decumbens (Danthonie décombante), Hypochaeris radicata (Porcelle enracinée (s.l.)), Hieracium umbellatum (Épervière en ombelle), Erica cinerea (Bruyère cendrée), Molinia caerulea subsp. caerulea (Molinie bleue), Aira praecox (Aïra précoce), Teucrium scorodonia (Germandrée scorodoine), Hypnum cupressiforme (Hypne cyprès), Pleurozium schreberi (Hypne de Shreber) Physionomie Photo : F. Hendoux Nardetea strictae Pelouse vivace plus ou moins rase dominée par des espèces graminoïdes cespiteuses ou stolonifères (Festuca filiformis, Agrostis capillaris, Danthonia decumbens, Luzula campestris, etc.), avec quelques petites ouvertures colonisées par des annuelles comme l’Aïra précoce (Aira praecox), parfois ponctuée de chaméphytes [Bruyère cendrée (Erica cinerea), Callune commune (Calluna vulgaris)]. Il est possible d’observer parfois un faciès de nardaie [Nard raide (Nardus stricta)] sur des sols plus frais. Pelouse bistratifiée à strate supérieure phanérogamique la plus recouvrante dominant une strate muscinale plus ou moins développée. Pelouse assez dense (recouvrement de 70 à 90 %), de 20 à 30 cm de haut. Floraison surtout post-vernale, demeurant assez discrète (Galium saxatile, Polygala serpyllifolia, etc.) en l’absence des Ericacées. Souvent en mosaïque avec la lande à Callune commune et Bruyère cendrée dans la région, d’extension parfois linéaire à ponctuelle (layons au sein des fourrés à Ajonc d’Europe notamment). 382 Développement optimal : été G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Répartition géographique et distribution régionale Pelouse essentiellement nord-atlantique, mais présente aussi dans le Morvan. Connue régionalement du plateau d’Helfaut (62) [collines de Flandre intérieure] sous sa forme optimale avec ses deux variations mais présente ponctuellement et de manière relictuelle dans le Montreuillois, le Bas-Boulonnais, la Fagne et la plaine de la Scarpe et de l’Escaut. A rechercher/confirmer dans le Pévèle et le Haut-Artois. Dynamique et végétations de contact Végétation intermédiaire relevant de plusieurs séries dynamiques acidiphiles (Ilici aquifolii - Fagetum sylvaticae vers l’Ouest, Vaccinio myrtilli - Fagetum sylvaticae dans le domaine subatlantique et vers le sud-est de la région). Évolution spontanée vers l’ourlet acidicline à Germandrée scorodoine et Millepertuis élégant (Hyperico pulchri - Melampyretum pratensis), voire vers d’autres ourlets oligotrophiles des Melampyro pratensis - Holcetea mollis ou directement vers la lande à Callune commune et Bruyère cendrée (Calluno vulgaris - Ericetum cinereae) ou des landes plus continentales (Danthonio decumbentis - Callunetum vulgaris, etc.). Par dynamique régressive, le décapage du sol peut faire apparaître des tonsures à annuelles acidiphiles du Thero-Airion. Végétation en complexe avec les différents stades dynamiques qui lui sont associés selon le contexte climatique (ourlets, landes, fourrés : Hyperico pulchri - Melampyretum pratensis, Calluno vulgaris - Ericetum cinereae, Ulici europaei - Franguletum alni et boulaie de recolonisation de l’Ilici aquifolii - Quercenion roboris par exemple en climat nord-atlantique) et pouvant être en contact topographique inférieur avec des végétations du système hygrophile acidiphile, en particulier des prairies oligomésotrophiles du Juncion acutiflori, des landes du groupement à Calluna vulgaris et Erica tetralix et des forêts sur sols hydromorphes du Molinio caeruleae - Quercetum roboris. Variations Valeur patrimoniale et intérêt écologique Habitat d’intérêt patrimonial majeur en Nord-Pas de Calais, où il est en très forte régression. Habitat potentiel de plusieurs taxons d’intérêt patrimonial : Nard raide (Nardus stricta), Danthonie décombante (Danthonia decumbens), Polygala à feuilles de serpolet (Polygala serpyllifolia). Pelouse psammophile par ailleurs d’intérêt communautaire prioritaire. Gestion Gestion conservatoire active visant à bloquer la dynamique arbustive et à maintenir une mosaïque pelouses / landes sur les surfaces potentielles en restaurant un pâturage extensif ovin ou mixte ovin / caprin adapté aux enjeux patrimoniaux des sites. Une fauche exportatrice est également possible. Pelouse à restaurer à partir de landes à Ajonc et ronces ou Bourdaine (cf. fiche "Débroussaillage"). Éviter toute augmentation trophique du substrat qui ferait dériver la pelouse pâturée vers une végétation prairiale relevant du Luzulo campestris - Cynosuretum cristati : proscrire tout amendement des espaces concernés, aménager des zones tampon en périphérie (haies, bandes enherbées) en cas de contact avec une zone agricole de cultures intensives (cf. fiche "Plantation de ligneux forestiers"). Références Nardetea strictae Plateaux sableux et buttes relictuelles du Tertiaire coiffées de formations résiduelles à silex, en complexe avec des landes et boisements acidiphiles (pelouses occupant les layons forestiers). Sols oligotrophes acides, souvent sablonneux. Sols secs (affleurements de sables et grès d’Ostricourt du Landénien inférieur) à frais (sables argileux des formations résiduelles à silex). Souvent en situation semi-ombragée, mais supportant bien l’ensoleillement prolongé. Rôle déterminant de l’homme dans le maintien de cette pelouse par la fauche exportatrice ou un pâturage très extensif adapté, l’action des lapins, aujourd’hui trop peu nombreux, n’étant plus suffisante ; maintien naturel possible grâce au broutage par la grande faune sauvage (notamment les chevreuils). STIEPERAERE, 1969 DUHAMEL, 1996 SEYTRE et al., 1998 (1) CHOISNET et al., 1999 BELLENFANT et al., 2001 CATTEAU & DUHAMEL, 2005 BOULLET et al., 2005 Description d’origine définissant une sous-association mésohygrophile à Molinie bleue (molinietosum caeruleae) et une sous-association mésophile typique. G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 383 Pelouse à Gaillet des rochers et Fétuque rouge Galio saxatilis - Festucetum rubrae Oberdorfer 1957 Galium saxatile (Gaillet des rochers), Festuca rubra (Fétuque rouge (s.l.)), Thymus pulegioides (Thym faux-pouliot), Campanula rotundifolia (Campanule à feuilles rondes (s.l.)), Genista tinctoria (Genêt des teinturiers) Potentilla erecta (Potentille tormentille), Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Nardus stricta (Nard raide), Luzula multiflora (Luzule multiflore (s.l.)), Danthonia decumbens subsp. decumbens (Danthonie décombante), Hieracium pilosella (Épervière piloselle), Viola canina subsp. canina (Violette des chiens), Polygala vulgaris (Polygala commun (s.l.)), Deschampsia flexuosa (Canche flexueuse), Veronica officinalis (Véronique officinale) Physionomie Nardetea strictae Pelouse associant des hémicryptophytes graminoïdes (Festuca rubra, Agrostis capillaris, Luzula multiflora, etc.), des chaméphytes herbacés (Veronica officinalis, Thymus pulegioides, Genista tinctoria) et d’autres hémicryptophytes. Végétation souvent dominée par les Poacées, Festuca rubra .1 CORINE biotopes35 30* UE62 30*-8 Cahiers d'habitats 62 et Agrostis capillaris en particulier, assez pauvre en espèces (10-15 espèces par relevé). Pas de stratification nette. Végétation rase (10-20 cm), souvent dense. En été, les floraisons des dicotylédones agrémentent de couleurs variées le tapis vert plutôt monotone des graminées : Galium saxatile, Polygala serpyllifolia, Campanula rotundifolia, Potentilla erecta, etc. Végétation ponctuelle ou occupant de petites surfaces. Photo : R. François Développement optimal : été 384 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Répartition géographique et distribution régionale Parties peu exploitées des prairies, layons dans les landes et les forêts. Sols oligotrophes peu acides. Substrats non engorgés voire assez secs. En situation assez ensoleillée. Végétation tributaire de l’exploitation traditionnelle des herbages, sans intrants, ou d’un entretien ou broutage naturel régulier mais léger des layons. Végétation décrite d’Allemagne, reconnue en Belgique, dans le Morvan, le Limousin et le Nord-Pas de Calais. Distribution manifestement nord-atlantique à subatlantique. Dans le Nord-Pas de Calais, répartition mal connue suite à certaines confusions entre cette association et d’autres associations du Violion caninae, notamment le Polygalo vulgaris - Caricetum caryophylleae. Elle est présente dans l’Ardenne (de FOUCAULT, 2000) et les collines de Flandre intérieure, et potentielle dans la Fagne et le Montreuillois. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Dynamique et végétations de contact Végétation de grand intérêt patrimonial, gravement menacée de disparition à l’échelle régionale. Végétation oligotrophile tributaire d’une gestion sans intrants. Pelouse par ailleurs d’intérêt communautaire prioritaire. Gestion Entretenir la pelouse par une fauche exportatrice (cf. fiche) annuelle ou bisannuelle si nécessire. Restaurer des pelouses par débroussaillage de fourrés (cf. fiche "Débroussaillage"). Éviter toute augmentation trophique du substrat qui ferait dériver la pelouse pâturée ou broutée vers une végétation prairiale du Polygalo vulgaris - Cynosurenion cristati : proscrire tout amendement, aménager une zone tampon (haie ou bande enherbée) en périphérie en cas de contact avec une zone agricole de cultures intensives (cf. fiche "Plantation de ligneux forestiers»). Références OBERDORFER, 1957 DUHAMEL, 1996 de FOUCAULT, 2000 Nardetea strictae Végétation correspondant à un stade intermédiaire dans la dynamique des végétations méso-acidiphiles à acidiclines nord-atlantiques à subatlantiques (séries de l’Oxalido acetosellae - Fagetum sylvaticae et du Lonicero periclymeni - Fagetum sylvaticae), pouvant être assez permanente dans le cadre d’une gestion agropastorale traditionnelle. En cas d’abandon de l’entretien, la végétation s’ourlifiera et évoluera en ourlet du Conopodio majoris - Teucrion scorodoniae ou du Melampyrion pratensis, puis en fourré du Lonicero periclymeni - Salicetum capreae avant de retourner à l’état forestier. Elle pourrait également être en lien dynamique avec une lande du Genistion intctorio-germanicae. En système agropastoral, la pelouse est très menacée par "l’amélioration" des pâtures qui amène les exploitants à utiliser des engrais et des produits phytosanitaires. La pelouse se dégrade alors en prairie du Polygalo vulgaris - Cynosurenion cristati. En système forestier, un gyrobroyage associé à un mauvais ensoleillement et à des perturbations répétées peut provoquer les mêmes effets. Les contacts observés les plus fréquents sont avec les ourlets et le fourré mentionnés précédemment mais aussi avec la variation mésotrophile de la lande du Calluno vulgaris - Ericetum cinereae, avec les fourrés de recolonisation à ajoncs d’Europe (Groupement à Ulex europaeus et Rubus sp.) et avec de jeunes boisements à bouleaux et Chêne pédonculé relevant de diverses séries dynamiques. Variations Pas de variations connues dans la région. G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 385 Pelouse à Polygala commun et Laîche printanière Polygalo vulgaris - Caricetum caryophylleae Misset 2002 Polygala vulgaris (Polygala commun (s.l.)), Carex caryophyllea (Laîche printanière), Ranunculus bulbosus (Renoncule bulbeuse), Briza media (Brize intermédiaire) Danthonia decumbens subsp. decumbens (Danthonie décombante), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Luzula campestris (Luzule champêtre), Festuca rubra subsp. rubra (Fétuque rouge), Lotus corniculatus subsp. corniculatus (Lotier corniculé), Leontodon hispidus subsp. hispidus (Liondent hispide), Plantago lanceolata (Plantain lancéolé), Hypochaeris radicata (Porcelle enracinée (s.l.)), Achillea millefolium (Achillée millefeuille), Leucanthemum vulgare (Leucanthème commune (s.l.)) Physionomie 30* UE62 30*-8 Cahiers d'habitats 62 pelouse. Celles-ci lui confèrent un aspect particulièrement esthétique au printemps et en été. Végétation relativement rase, d’une hauteur moyenne de 10 à 15 cm, assez riche et diversifiée avec un nombre moyen de 24 espèces qui recouvrent près de 95 % de la surface du sol. Pelouse plus ou moins pionnière à extension spatiale. Photo : F. Hendoux Nardetea strictae Pelouse rase, plutôt fermée, marquée par la dominance des espèces vivaces hémicryptophytiques. Végétation d’une seule strate bien définie, mais qui est parfois surmontée par les inflorescences de plusieurs espèces telles que la Saxifrage granulée (Saxifraga granulata), la Succise des prés (Succisa pratensis) et quelques orchidées qui colorent la .1 CORINE biotopes35 Développement optimal : printemps 386 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Répartition géographique et distribution régionale L’aire générale de cette association reste à préciser, mais elle paraît être davantage subatlantique. Elle est connue de l’Argonne où elle a été décrite. Dans le Nord Pas-de-Calais, elle a été observée dans le bois du Féru à Choques et sur le plateau d’Helfaut (collines de Flandre intérieure), ainsi que dans la Fagne. Association à rechercher sur des substrats oligo-mésotrophes modérément acides, notamment dans l’Ardenne. Zones agricoles non amendées, généralement exploitées en pâturage extensif. Sols limono-sableux, légèrement acides, pauvres en nutriments. Sur pente inférieure ou égale à 15 %. Sols généralement bien drainés, parfois sur des substrats argileux et des pentes plus faibles. En situations bien ensoleillées. Pelouse secondaire conditionnée par un pâturage très extensif sans intrants, très sensible à l’eutrophisation. Dynamique et végétations de contact Végétation pionnière à intermédiaire, principalement observée au sein de vastes prairies sous-pâturées ou plus rarement au sein de prairies fauchées non amendées. Pelouse en lien dynamique avec des landes, dont les espèces ligneuses (Calluna vulgaris, Cytisus scoparius) tendent à s’installer en cas d’abandon des actions biotiques. Elle s’inscrit dans la série dynamique de forêts acidiclines du Carpinion betuli. Une exploitation plus intense de ces milieux fait dériver la pelouse vers une prairie plus eutrophile du Cynosurion cristati marquée par l’installation d’espèces prairiales plus exigeantes qui élimineront les plantes oligotrophiles les plus sensibles. Dans un premier temps, évolution progressive vers une prairie mésotrophile acidicline du Luzulo campestris - Cynosuretum cristati sur les sols les plus pauvres en bases. Selon l’auteur, cette association est en contact avec la pelouse hygrophile du Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae, appartenant à des systèmes mésophiles à hygrophiles. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Végétation d’intérêt communautaire à étudier mais qui semble rarissime dans la région en raison de ses exigences édaphiques. Elle est menacée à la fois par le surpâturage, l’eutrophisation et la colonisation des ligneux. Son cortège floristique, riche en espèces, peut être composé de diverses plantes d’intérêt patrimonial dont plusieurs protégées dans le Nord - Pas de Calais (Genista anglica, Saxifraga granulata, Orchis morio, Carex caryophyllea, Viola canina, Polygala serpyllifolia…). Gestion Maintenir ou restaurer une exploitation extensive par pâturage ou fauche exportatrice (cf. fiche) dans les systèmes qui semblent favorables à l’expression de ces pelouses oligotrophiles. Proscrire tout amendement pouvant augmenter la trophie du sol. Dans certains cas, des décapages superficiels de prairies plus évoluées et ourlifiées pourraient permettre l’extension voire la régénération de ces pelouses rases, parfois après débroussaillage (cf. fiche), notamment des ajoncs. Variations Références de FOUCAULT & DUHAMEL, 1988 MISSET, 2002 BLONDEL et al., 2005 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Nardetea strictae MISSET (2002) distingue deux sous-associations : - sous-association typicum, sur sol mieux drainé ayant une certaine richesse en bases, ce qui permet la présence de quelques espèces des pelouses calcicoles des Festuco valesiacae - Brometea erecti, - sous-association succisetosum pratensis plus hygrophile, sur pente plus faible et substrat plus argileux, marquée physionomiquement par la présence de la Succise des prés (Succisa pratensis). 387 Pelouse à Laîche trinervée et Nard raide Carici trinervis - Nardetum strictae de Foucault et al. 1978 Nardus stricta (Nard raide), Carex trinervis (Laîche trinervée), Danthonia decumbens (Danthonie décombante), Festuca filiformis (Fétuque capillaire), Potentilla erecta (Potentille tormentille) Luzula campestris (Luzule champêtre), Luzula multiflora (Luzule multiflore (s.l.)), Holcus lanatus (Houlque laineuse), Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Juncus acutiflorus (Jonc à fleurs aiguës), Pseudoscleropodium purum (Hypne pure), Genista anglica (Genêt d’Angleterre) .11 CORINE biotopes35 30* UE62 30*-9 Cahiers d'habitats62 Écologie Physionomie Pelouse dominée par les espèces graminéennes, et notamment par les touffes de Nardus stricta et Danthonia decumbens qui lui donnent un aspect en brosse caractéristique. La Laîche trinervée et les autres espèces apparaissent çà et là entre les touffes. Végétation très faiblement stratifiée : une strate supérieure ouverte, formée par les chaumes des graminées et les tiges de joncs et une strate inférieure fermée. Strate muscinale très discrète. Richesse spécifique assez importante (15 à 25 espèces par relevé) mais Nardus stricta domine largement. Végétation peu élevée, fermée (le recouvrement est toujours maximal). Végétation très ponctuelle ou développée en linéaire, le long de vallons inondables. Développement optimal : Nardetea strictae début d’été 388 Vieux systèmes dunaires décalcifiés du Boulonnais. Sables littoraux acides et humides, temporairement inondables en période hivernale (résurgence de nappes perchées). Climat littoral de type nord-atlantique. Pelouse à optimum héliophile. Végétation manifestement liée à l’exploitation extensive ancestrale des prés communaux. Dynamique et végétations de contact Végétation à caractère pionnier stabilisée par le pâturage, occupant certaines situations topographiques particulières (hauts de versants et mi-pente des nombreux vallons qui entaillent les dunes plaquées sur l’ancienne falaise du Jurassique et permettent l’écoulement des eaux de ruissellement et des résurgences des différentes nappes superficielles perchées). Cette association peut dériver de la lande dunaire (Carici trinervis - Callunetum vulgaris) par dégradation due au piétinement. Elle semble également avoir gagné du terrain sur le Festuco tenuifoliae - Galietum maritimi suite à l’acidification progressive des sables. Les fourrés d’Ulex europaeus sont susceptibles d’envahir cette pelouse en l’absence de gestion pastorale. Une pression de pâturage trop importante et/ou une inadaptation du cheptel sont très préjudiciables à la flore de cette association qui perd alors une grande partie de son originalité suite à l’augmentation du niveau trophique et du piétinement. Végétation en mosaïque ou en contact inférieur avec la lande dunaire du Carici trinervis - Callunetum vulgaris et en contact topographique supérieur avec les prairies hygrophiles du Juncion acutiflori qui colonisent les bas de versants et fonds de vallon. G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Gestion Variations Aucune variation n’a été décrite. Répartition géographique et distribution régionale Ce type de pelouse maigre est manifestement endémique du littoral boulonnais. Il ne semble plus connu aujourd’hui que du pré communal d’Ambleteuse (où il a d’ailleurs notablement régressé ces dernières années) alors qu’il a existé dans les dunes d’Écault, où il a été détruit, au contact des prairies de la Warenne et du golf de Wimereux où il semble avoir disparu (non revu en 2008 dans le cadre de la modernisation des ZNIEFF) et dans le pré communal d’Audresselles où il serait à rechercher. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Protéger les sites hébergeant encore cette association par une maîtrise foncière et une gestion vraiment adaptée. Restaurer les secteurs dégradés par un débroussaillage des ligneux (cf. fiche) et/ou une fauche exportatrice (cf. fiche) en hiver et en début d’été, pendant un an ou deux, pour amaigrir les sols et régénérer des végétations rases de pelouses et de bas-marais (cas du communal d’Ambleteuse en particulier). Étudier les possibilités de restauration dans les stations dont la végétation aurait disparu suite à l’embroussaillement. Conserver cette végétation par un pâturage extensif adapté en termes de pression de pâturage, avec un suivi fin de son évolution spatio-temporelle pour réagir à toute évolution négative du milieu par des mesures complémentaires de gestion. Favoriser l’extension optimale de cette végétation en contrôlant de manière permanente le niveau trophique des sols et l’état d’embroussaillement des espaces potentiels pour l’expression de ce type de communauté végétale, rarissime au niveau européen et uniquement connue du Pas-de-Calais à ce jour. Références de FOUCAULT, et al. 1978 GEHU, 1991 DUHAMEL & HENDOUX, 1992 Nardetea strictae Végétation d’intérêt patrimonial exceptionnel, considérée comme endémique du Pas-de-Calais et correspondant à un habitat prioritaire de la directive “Habitats-Faune-Flore”, gravement menacée d’extinction dans son aire de répartition, particulièrement restreinte sur le plan géographique. De plus, elle caractérise parfaitement les systèmes dunaires décalcifiés nord-atlantiques et participe à leur originalité écologique et paysagère. G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 389 Pelouse à Laîche des sables et Luzule champêtre Carici arenariae - Luzuletum campestris de Foucault ex de Foucault 2008 Luzula campestris (Luzule champêtre), Festuca rubra (Fétuque rouge (s.l.)), Ranunculus bulbosus (Renoncule bulbeuse), Carex arenaria (Laîche des sables) Achillea millefolium (Achillée millefeuille), Cerastium fontanum subsp. vulgare (Céraiste commun), Plantago lanceolata (Plantain lancéolé), Holcus lanatus (Houlque laineuse), Poa pratensis subsp. pratensis (Pâturin des prés), Rumex acetosella (Patience petiteoseille (s.l.)), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Senecio jacobaea (Séneçon jacobée), Hypochaeris radicata (Porcelle enracinée (s.l.)) Physionomie 30* UE62 30*-9 Cahiers d'habitats 62 par relevé) et de composition floristique équilibrée. Strate bryolichénique pouvant être assez diversifiée. Dans les phases pionnières, quelques annuelles s’insinuent dans les espaces libres. Végétation assez dense, bien qu’elle soit rase. Optimum printanier, mais les floraisons sont assez discrètes. Végétation occupant de petites surfaces. Photo : L. Seytre Nardetea strictae Pelouse riche en monocotylédones (Festuca rubra, F. filiformis, Anthoxanthum odoratum, Carex arenaria, Luzula campestris) qui dominent et structurent la végétation et en dicotylédones à floraisons discrètes (Rumex acetosella). Les espèces prairiales peuvent être assez abondantes. Végétation assez diversifiée, riche en espèces (15-25 espèces .15 CORINE biotopes35 Développement optimal : printemps 390 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Variations Dynamique et végétations de contact Végétation des systèmes dunaires décalcifiés, en principe transitoire mais en réalité assez stable en raison de l’entretien par pâturage séculaire ou broutage fréquent des layons de dunes internes plus boisées L’abandon de l’entretien pourrait faire évoluer à terme ces pelouses en Fourré à Ajonc d’Europe et ronces (Groupement à Ulex europaeus et Rubus sp.) ou en fourré mixte à Ajonc d’Europe et Cytise à balais (Ulici europaei - Cytisetum scoparii). Cette association peut apparaître suite au lessivage des sables et à une légère augmentation trophique (pâturage plus fréquent de certaines zones, dépressions plus mésophiles, etc.) qui rend le biotope impropre au maintien de la Pelouse oligotrophile xérophile à Fétuque capillaire et Gaillet jaune (Festuco filiformis - Galietum maritimi). Une eutrophisation du substrat par usage d’engrais (sur la parcelle même ou à proximité) ou gyrobroyage sans exportation provoque l’évolution des communautés végétales en communautés prairiales du Luzulo campestris - Cynosuretum cristati. Dans les dunes pâturées, végétation en contact avec les fourrés et la pelouse cités précédemment, avec la Lande à Callune commune et Laîche trinervée (Carici trinervis - Callunetum vulgaris) et avec une pelouse oligotrophile acidiphile xérophile qui reste à décrire (Groupement à Jasione montana et Carex arenaria). Dans les dunes internes décalcifiées en partie boisées, les contacts sont différents : prairies dunaires primaires du Centaureo jaceae - Arrhenatherenion elatioris, ourlets dunaires acidiphiles ou acidiclines des Melampyro pratensis - Holcetalia mollis ou du Galio littoralis - Geranion sanguinei, forêts dunaires mésophiles du Carpinion betuli, etc. Répartition géographique et distribution régionale Végétation décrite du littoral du Boulonnais et identifiée dans les massifs décalcifiés : communal d’Ambleteuse, pré Marly, massif d’Ecault, prairies de la Warenne à Wimereux. Elle a également été notée ponctuellement sur le littoral picard (dunes du Marquenterre, dunes entre Berck et Merlimont, etc.). Valeur patrimoniale et intérêt écologique Végétation présumée à aire restreinte,, très rare dans le NordPas de Calais mais assez stable dans ses stations. Pelouse psammophile acidiphile d’intérêt communautaire. Gestion Entretenir la pelouse par une fauche exportatrice (cf. fiche) annuelle ou bisannuelle ou par pâturage extensif. Restaurer des pelouses par débroussaillage de fourrés (cf. fiche "Débroussaillage"). Éviter toute augmentation trophique du substrat qui ferait dériver cette pelouse mésotrophile pâturée vers une végétation prairiale moins originale du Polygalo vulgaris - Cynosurenion cristati : proscrire tout amendement ; en cas de contact avec une zone agricole de cultures intensives, aménager une zone tampon en périphérie (haie ou bande boisée) (cf. fiche ‘’Plantation de ligneux forestiers’’). Références GEHU & FRANCK, 1982 de FOUCAULT, 1986 (2) CATTEAU et al., 2002 de FOUCAULT, 2008 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 391 Nardetea strictae Massifs dunaires décalcifiés et pâturés extensivement. Substrats sableux pauvres en matières organiques, mésotrophes, assez acides et décalcifiés. Humidité édaphique variable, sols souvent assez secs mais certaines communautés supportent des engorgements temporaires. Végétation tributaire d’un entretien de la végétation par pâturage extensif ou fauche exportatrice. GEHU & FRANCK (1982) distinguent deux variations dans les relevés que DE FOUCAULT a ultérieurement rattachés à cette association : - la première, différenciée par des espèces pionnières (Koeleria albescens, Teesdalia nudicaulis, etc.) pourrait être liée aux phases pionnières ou rajeunies par une perturbation ; - la seconde, différenciée par des espèces prairiales (Holcus lanatus, Cerastium fontanum subsp. vulgare, Plantago lanceolata, etc.) sans doute stabilisée par le pâturage. En ce qui nous concerne, la première variation évoquée serait plus proche de la véritable pelouse évoquée précédemment sous le nom de Groupement à Jasione montana et Carex arenaria et constituerait un syntaxon à part entière. A cet égard, cette ‘’pelouse’’ mésotrophile enrichie en prairiales mériterait d’être réétudiée à l’échelle des dunes du nord de la France où elle est présente çà et là, dans les dunes les plus internes plus ou moins décalcifiées. Pelouse hygrophile à Polygala commun et Laîche bleuâtre Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae Misset 2002 Carex panicea (Laîche bleuâtre), Pedicularis sylvatica (Pédiculaire des forêts), Molinia caerulea subsp. caerulea (Molinie bleue), Carex flacca (Laîche glauque), Polygala vulgaris (Polygala commun (s.l.)) Danthonia decumbens (Danthonie décombante), Potentilla erecta (Potentille tormentille), Festuca rubra subsp. commutata (Fétuque variable), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Luzula campestris (Luzule champêtre), Succisa pratensis (Succise des prés), Holcus lanatus (Houlque laineuse), Hypochaeris radicata (Porcelle enracinée), Dactylorhiza maculata (Dactylorhize tachée (s.l.)) Physionomie UENI Cahiers d'habitatsNI les très nombreux hémicryptophytes, on notera la présence d’un contingent de chaméphytes (Calluna vulgaris, Polygala sp., Genista anglica). Végétation riche et diversifiée (25 à 35 espèces par relevé), monostrate. Tapis herbacé généralement très dense (90-100%) mais ras (5-20 cm). Floraisons en général peu spectaculaires bien qu’assez diverses (Succisa pratensis, Potentilla erecta, Pedicularis sylvatica). Photo : T. Prey Nardetea strictae Pelouse dominée par des Poacées et des Cypéracées et combinant trois groupes sociologiques : bas-marais (Carex panicea, Dactylorhiza maculata, Molinia caerulea subsp. caerulea, etc.), pelouses vivaces acidiphiles (Polygala vulgaris, Pedicularis sylvatica, Carex pallescens, Luzula campestris, Danthonia decumbens, Festuca rubra subsp. commutata, etc.), pelouses vivaces basiphiles (Carex caryophyllea, Carex flacca, Briza media, Lotus corniculatus subsp. corniculatus, etc.). Parmi 37.32 CORINE biotopes cf. Développement optimal : début d’été 392 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie dans les collines de Flandre intérieure (Chocques). Les pelouses hygrophiles des plateaux siliceux d’Helfaut à Racquinghem et de Sorrus/St-Josse peuvent être aussi rapportées à cette association, même si leur diversité floristique n’est pas si élevée que dans les prairies de l’Argonne (surfaces souvent relictuelles). L’association a été découverte récemment dans l’Ardenne (Anor). Enfin, l’association devrait être recherchée dans la Fagne et dans certains systèmes forestiers acidiphiles (forêt de Raismes/St-Amand et Wallers, forêts de Desvres et d’Hardelot, etc.). Clairières, chemins, prairies pâturées non amendées. Sols argileux compacts, pauvres en bases et en matières nutritives, à teneur variable en matière organique. Substrats fortement engorgés l’hiver, mais asséchés en été (végétation mésohygrophile à hygrophile). Végétation d’optimum héliophile mais supportant un certain ombrage. Climat subatlantique à tendance médioeuropéenne et montagnarde selon la description originale de l’association. Peut-être des investigations chorologiques mettraient-elles en évidence un caractère plus atlantique, toujours avec une nuance submontagnarde. Syntaxon lié à une exploitation extensive de terrains naturellement pauvres (pâturage extensif, fauche avec exportation, clairières forestières, layons peu à moyennement fréquentés, etc.). Variations - sous-association typicum, riche en espèces des Festuco valesiacae - Brometea erecti, sur sols un peu moins engorgés s’asséchant d’avantage l’été ; - sous-association juncetosum conglomerati, pauvre en espèces des Festuco valesiacae - Brometea erecti, avec Genista anglica, Festuca filiformis, Juncus acutiflorus, Juncus conglomeratus, Carex pilulifera, Carex nigra, sur les sols les plus engorgés. C’est plutôt cette sous-association qui est présente dans la région. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Dynamique et végétations de contact Répartition géographique et distribution régionale Association décrite récemment, absolument inconnue en dehors de France où elle est signalée dans l’Argonne (Marne), la Haute-Saône et le Pas-de-Calais. Distribution probablement nord-atlantique à subatlantique. Dans le Nord-Pas de Calais, l’association a été signalée par l’auteur Cortège floristique riche en espèces d’intérêt patrimonial (Dactylorhiza maculata, Pedicularis sylvatica, Genista anglica, etc.). Végétation révélatrice de pratiques extensives traditionnelles, très sensible à l’intensification de l’exploitation agropastorale. Unité très caractéristique de substrats plus ou moins acides et peu drainants, sous climat à tendance générale subatlantique. Gestion Maintenir ou restaurer une exploitation extensive par pâturage ou fauche exportatrice (cf. fiche) dans les systèmes forestiers ou landicoles qui semblent favorables à l’expression de ces pelouses oligotrophiles. Dans certains cas, des décapages superficiels de prairies plus évoluées et ourlifiées pourraient permettre l’extension voire la régénération de ces pelouses rases relativement pionnières, parfois après débroussaillage (ajoncs notamment). Références de FOUCAULT & DUHAMEL, 1988 DUHAMEL, 1996 BLANCHARD & DUHAMEL, 1997 MISSET, 2002 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 393 Nardetea strictae Pelouse conditionnée par une exploitation extensive suite aux défrichements ou au rajeunissement de milieux évolués (landes, fourrés, etc.). Végétation en lien dynamique avec la lande à Erica tetralix (Groupement à Genista anglica et Erica tetralix). Toutes deux s’inscrivent dans la série dynamique de la Chênaie à Molinie bleue (Molinio caeruleae - Quercetum roboris). Une exploitation plus intense de ces milieux fait dériver la pelouse vers une prairie mésohygrophile eutrophile du Cynosurion cristati (peut-être le Junco acutiflori - Cynosuretum cristati). Selon l’auteur, cette association est en contact avec la pelouse mésoxérophile du Polygalo vulgaris - Caricetum caryophylleae et avec la prairie turficole du Junco conglomerati - Scorzoneretum humilis. Là où cette association semble s’exprimer, avec toutefois quelques différences floristiques et systémiques, notamment sur le plateau d’argiles à silex d’Helfaut à Racquinghem, les contacts sont un peu différents : pelouse mésoxérophile du Galio saxatilis - Festucion filiformis jusqu’alors rapportée au Galio saxatilis Festucetum tenuifoliae Rasch ex Stiperaere 1969, mais qui devrait être réétudiée dans le nord de la France et bas-marais du Junco acutiflori - Molinietum caeruleae dans les niveaux inférieurs. Ailleurs, cette pelouse hygrophile oligotrophile est le plus souvent fragmentaire. Pelouse à Nard raide et Laîche à deux nervures Nardo strictae - Caricetum binervis Braun-Blanquet & Tüxen 1952 Nardus stricta (Nard raide), Luzula multiflora subsp. congesta (Luzule ramassée), Carex binervis (Laîche à deux nervures), Succisa pratensis (Succise des prés) CORINE biotopes Pedicularis sylvatica (Pédiculaire des forêts), Galium saxatile (Gaillet des rochers), Danthonia decumbens subsp. decumbens (Danthonie décombante), Potentilla erecta (Potentille tormentille), Calluna vulgaris (Callune commune), Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante) cf. 37.32 l UEN Cahiers d'habitats NI Écologie Physionomie Pelouse d’hémicryptophytes hygrophiles (Nardus stricta, Luzula multiflora, Succisa pratensis, Potentilla erecta, etc.), dans laquelle les monocotylédones sont nettement majoritaires (Poacées, Cypéracées, Joncacées). Végétation de diversité floristique relativement élevée : 20 à 25 espèces par relevé avec un recouvrement assez équilibré entre les espèces. Végétation bistratifiée, avec une strate bryophytique pouvant être assez recouvrante mais peu diversifiée. Végétation rase et dense en période végétative mais de taille nettement plus élevée avec les inflorescences de Carex binervis et Succisa pratensis en particulier. Optimum phénologique estival mais les floraisons, en dehors de celles de Succisa pratensis, sont assez discrètes, d’autant plus que cette végétation peut être pâturée par le bétail. Végétation occupant de petites surfaces. Développement optimal : Nardetea strictae fin de printemps 394 Layons et clairières au sein de systèmes landicoles plus ou moins embroussaillés. Sols acides et pauvres en nutriments. Substrats engorgés à proximité de la surface pendant la période de végétation. Climat atlantique. Végétation entretenue par pâturage extensif ou, à défaut, par gyrobroyage des layons ou broutage par la faune sauvage. Dynamique et végétations de contact Végétation correspondant à un stade intermédiaire dans les systèmes landicoles mésohygrophiles relevant de la série du Molinio caeruleae - Quercetum roboris. Cette végétation résulte pour partie, dans le Nord –Pas de Calais, de la restauration de fourrés de l’Ulici europaei - Franguletum alni, suivie d’un pâturage extensif mixte bovin / équins (poneys Dartmoor) et de l’entretien de clairières et de layons non boisés par gyrobroyage puis par fauche exportatrice dans le cadre de la gestion conservatoire mise en place. G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Elle se maintient aujourd’hui au sein d’autres pelouses des Nardetea strictae (Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae, Galio saxatilis - Festucetum tenuifoliae, etc.), de landes (Groupement à Genista anglica et Erica tetralix ou Calluno vulgaris - Ericetum cinereae) ou au sein de fourrés (Ulici europaei - Franguletum alni). Elle est pérennisée par le pâturage extensif ou la fauche mais l’arrêt de ces mesures de gestion provoquerait probablement un retour progressif à la lande et au fourré. Au sein de la pelouse peuvent apparaître de petites tonsures occupées par la Végétation annuelle à Centenille naine et Radiole faux-lin (Centunculo minimi - Radioletum linoidis). Dans les ornières et les dépressions, on observera des végétations de niveau topographique inférieur (Carici oedocarpae - Agrostietum caninae, Junco acutiflori - Molinietum caeruleae). Les contacts effectifs ou potentiels sont très divers (toutes les communautés végétales citées précédemment en particulier), dans la mesure où presque toutes les végétations des systèmes landicoles hygrophiles à mésophiles sont présentes sur le site qui abrite les seuls individus connus de cette végétation. Répartition géographique et distribution régionale Syntaxon d’optimum atlantique, décrit d’Irlande, et mentionné sur une grande partie de cette façade atlantique (Espagne, Bretagne, Basse-Normandie, Flandre belge). Cette végétation a été reconnue sur le plateau d’Helfaut à Racquinghem, notamment au Bibrou (collines de Flandre intérieure) [à l’époque sous le nom de Groupement à Nardus stricta et Pedicularis sylvatica du Juncion squarrosi]. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Végétation d’intérêt patrimonial majeur, exceptionnelle et gravement menacée, inscrite dans la dynamique des landes mésohygrophiles. Habitat d’espèces de grand intérêt patrimonial régional : Nardus stricta, Carex binervis, Pedicularis sylvatica, Dactylorhiza maculata, etc. Gestion Si le pâturage extensif s’avère insuffisant pour freiner la dynamique de recolonisation par l’Ajonc d’Europe, entretenir la pelouse par une fauche exportatrice (cf. fiche) annuelle ou bisannuelle. Restaurer ou étendre les surfaces existantes de pelouses par débroussaillage de fourrés hygroclines à Bourdaine (cf. fiche "Débroussaillage"). Éviter absolument toute augmentation trophique du substrat qui ferait dériver cette pelouse hygrophile vers une végétation prairiale relevant probablement du Cardamino pratensis - Cynosurenion cristati: : aménager éventuellement une zone tampon (haie) en périphérie supérieure du site, au niveau du contact avec la zone agricole de prairies plus intensives (cf. fiche "Plantation de ligneux forestiers"). Références STIEPERAERE (1990) distingue deux sous-associations : - pedicularietosum sylvaticae, différencié par Pedicularis sylvatica, Succisa pratensis, Dactylorhiza maculata, sur les substrats les plus engorgés ; - inops (épithète utilisé pour désingé une sous-association typique différenciée négativement), sur substrats plus secs. L’existence de ces deux variations est probable ou du moins potentielle dans la région. BRAUN-BLANQUET & TÜXEN, 1952 STIEPERAERE, 1990 DUHAMEL, 1996 de FOUCAULT, à paraître Nardetea strictae Variations G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 395