Pelouses acidiphiles

Transcription

Pelouses acidiphiles
Pelouses acidiphiles
Nardetea strictae
Nardetea strictae
Photo : F. Hendoux
Description de la classe
Flore caractéristique
Pelouses maigres et rases développées sur des sols acides et
pauvres en nutriments. Les substrats sont souvent des sables
et des argiles riches en silex. Ces communautés végétales sont
maintenues par un pâturage extensif et, en contexte forestier,
par l’entretien des layons ou le broutage de la faune sauvage.
La faible trophie des substrats favorise les espèces frugales.
Un grand nombre d’entre elles développe des rosettes ou de
petites touffes de feuilles afin d’occuper l’espace avec un faible
investissement de biomasse.
Espèces de petite taille typiques de ces pelouses qui apparaissent
souvent en mosaïque avec les végétations de lande : Nardus
stricta, Danthonia decumbens, Potentilla erecta, Carex pilulifera,
Luzula campestris, Festuca filiformis. Certaines sont d’intérêt
patrimonial et protégées dans le Nord-Pas de Calais : Nardus
stricta, Danthonia decumbens.
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G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
3
1
4
5
2
1 Nardus stricta, 2 Danthonia decumbens, 3 Potentilla erecta, 4 Carex pilulifera, 5 Pedicularis sylvatica.
Distribution géographique
et statut régional
Classe à répartition eurosibérienne, essentiellement atlantique
à subatlantique, avec une extension en domaine ouestméditerranéen. Dans certaines régions (Massif central), ces
végétations peuvent couvrir des surfaces très importantes
sous l’effet du pâturage et poser des problèmes de qualité du
fourrage. Sa répartition altitudinale s’étend de l’étage planitiaire
à l’étage montagnard, essentiellement en domaine atlantique à
subatlantique. En montagne, au-dessus de la limite de la forêt,
les Nardetea strictae sont remplacés par les Caricetea curvulae.
Dans le Nord-Pas de Calais, la classe est peu représentée faute
de substrats favorables. Peu de territoires phytogéographiques
régionaux sont totalement dénués de substrats acides, mais ils
sont généralement très localisés et les pelouses acidiphiles y
sont rarement bien exprimées. Par le passé, elles étaient mieux
représentées, en particulier dans les anciens prés communaux.
Mais la majorité d’entre eux se sont embroussaillés ou ont été
transformés en golf ou en zone pavillonnaire.
Analyse synsystématique
Nardetea strictae Rivas Goday in Rivas Goday & Rivas-Martínez 1963
Nardetalia strictae Oberdorfer ex Preising 1949
Galio saxatilis - Festucion filiformis de Foucault 1994
Galio saxatilis - Festucetum tenuifoliae Rasch ex Stieperaere 1969
Violion caninae Schwickerath 1944
Galio saxatilis - Festucetum rubrae Oberdorfer 1957
Orchido morionis - Saxifragetum granulatae (Allorge & Gaume 1931) de Foucault 1989
Pelouse acidicline mésotrophile à Orchis morio, Saxifraga granulata, Luzula campestris. Les espèces prairiales
sont fréquentes et abondantes (Achillea millefolium, Dactylis glomerata, Leucanthemum vulgare, Bellis perennis,
etc.) Végétation décrite de Normandie, potentielle dans la région au regard de sa composition floristique, bien
qu’elle n’y ait jamais été mentionnée.
Polygalo vulgaris - Caricetum caryophylleae Misset 2002
Carici arenariae - Festucion filiformis de Foucault 1994
‘Carici trinervis - Nardetum strictae’ de Foucault et al. 1978
Carici arenariae - Luzuletum campestris de Foucault ex de Foucault 2008
Groupement à Jasione montana et Carex arenaria Duhamel in Blondel et al. 2009 nom. ined.
Pelouse psammophile acidiphile oligotrophile de sables dunaires fixés datant du Flandrien, caractérisée par
Carex arenaria, Jasione montana, Festuca filiformis, Corynephorus canescens, etc. Les espèces prairiales en
sont presque totalement absentes, excepté Anthoxanthum odoratum et Agrostis tenuis dans certaines variations.
Statut syntaxinomique et affinités avec une partie du Carici arenariae – Luzuletum campestris à préciser
Nardo strictae - Juncion squarrosi (Oberdorfer 1957) Passarge 1964
Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae Misset 2002
Nardo strictae - Caricetum binervis Braun-Blanq. & Tüxen 1952
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
381
Nardetea strictae
En France, le Prodrome des végétations de France (BARDAT et al., 2004) ne retient qu’un seul ordre : les Nardetalia strictae. Dans
le Nord-Pas de Calais, 4 alliances sont exprimées : le Nardo strictae - Juncion squarrosi rassemble les associations hygro clinesà
mésohygrophiles, le Carici arenariae - Festucion filiformis correspond aux communautés psammophiles dérivant de pelouses arrièredunaires, le Galio saxatilis - Festucion filiformis regroupe les associations hyperacidiphiles tandis que les associations du Violion
caninae sont acidiclines.
Pelouse à Gaillet des rochers et Fétuque capillaire
Galio saxatilis - Festucetum tenuifoliae
Rasch ex Stieperaere 1969
Festuca filiformis (=F. tenuifolia ; Fétuque capillaire),
Galium saxatile (Gaillet des rochers), Polygala serpyllifolia
(Polygala à feuilles de serpolet), Carex pilulifera
(Laîche à pilules), Calluna vulgaris (Callune commune)
.1
CORINE biotopes35
30*
UE62
Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Anthoxanthum odoratum
30*-8
Cahiers d'habitats 62
(Flouve odorante), Luzula campestris (Luzule champêtre),
Danthonia decumbens subsp. decumbens (Danthonie
décombante), Hypochaeris radicata (Porcelle enracinée (s.l.)),
Hieracium umbellatum (Épervière en ombelle), Erica cinerea
(Bruyère cendrée), Molinia caerulea subsp. caerulea (Molinie bleue), Aira praecox (Aïra précoce), Teucrium scorodonia
(Germandrée scorodoine), Hypnum cupressiforme (Hypne cyprès), Pleurozium schreberi (Hypne de Shreber)
Physionomie
Photo : F. Hendoux
Nardetea strictae
Pelouse vivace plus ou moins rase dominée par des
espèces graminoïdes cespiteuses ou stolonifères
(Festuca filiformis, Agrostis capillaris, Danthonia
decumbens, Luzula campestris, etc.), avec quelques
petites ouvertures colonisées par des annuelles comme
l’Aïra précoce (Aira praecox), parfois ponctuée de
chaméphytes [Bruyère cendrée (Erica cinerea), Callune
commune (Calluna vulgaris)]. Il est possible d’observer
parfois un faciès de nardaie [Nard raide (Nardus stricta)]
sur des sols plus frais.
Pelouse bistratifiée à strate supérieure phanérogamique
la plus recouvrante dominant une strate muscinale plus
ou moins développée.
Pelouse assez dense (recouvrement de 70 à 90 %), de
20 à 30 cm de haut.
Floraison surtout post-vernale, demeurant assez
discrète (Galium saxatile, Polygala serpyllifolia, etc.) en
l’absence des Ericacées.
Souvent en mosaïque avec la lande à Callune commune
et Bruyère cendrée dans la région, d’extension parfois
linéaire à ponctuelle (layons au sein des fourrés à Ajonc
d’Europe notamment).
382
Développement optimal : été
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
Pelouse essentiellement nord-atlantique, mais présente aussi
dans le Morvan.
Connue régionalement du plateau d’Helfaut (62) [collines de
Flandre intérieure] sous sa forme optimale avec ses deux variations mais présente ponctuellement et de manière relictuelle
dans le Montreuillois, le Bas-Boulonnais, la Fagne et la plaine
de la Scarpe et de l’Escaut.
A rechercher/confirmer dans le Pévèle et le Haut-Artois.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation intermédiaire relevant de plusieurs séries
dynamiques acidiphiles (Ilici aquifolii - Fagetum sylvaticae vers
l’Ouest, Vaccinio myrtilli - Fagetum sylvaticae dans le domaine
subatlantique et vers le sud-est de la région).
Évolution spontanée vers l’ourlet acidicline à Germandrée scorodoine et Millepertuis élégant (Hyperico pulchri - Melampyretum
pratensis), voire vers d’autres ourlets oligotrophiles des
Melampyro pratensis - Holcetea mollis ou directement vers
la lande à Callune commune et Bruyère cendrée (Calluno
vulgaris - Ericetum cinereae) ou des landes plus continentales
(Danthonio decumbentis - Callunetum vulgaris, etc.). Par
dynamique régressive, le décapage du sol peut faire apparaître
des tonsures à annuelles acidiphiles du Thero-Airion.
Végétation en complexe avec les différents stades dynamiques
qui lui sont associés selon le contexte climatique (ourlets, landes,
fourrés : Hyperico pulchri - Melampyretum pratensis, Calluno
vulgaris - Ericetum cinereae, Ulici europaei - Franguletum alni
et boulaie de recolonisation de l’Ilici aquifolii - Quercenion
roboris par exemple en climat nord-atlantique) et pouvant
être en contact topographique inférieur avec des végétations
du système hygrophile acidiphile, en particulier des prairies
oligomésotrophiles du Juncion acutiflori, des landes du groupement à Calluna vulgaris et Erica tetralix et des forêts sur sols
hydromorphes du Molinio caeruleae - Quercetum roboris.
Variations
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Habitat d’intérêt patrimonial majeur en Nord-Pas de Calais, où il
est en très forte régression.
Habitat potentiel de plusieurs taxons d’intérêt patrimonial :
Nard raide (Nardus stricta), Danthonie décombante (Danthonia
decumbens), Polygala à feuilles de serpolet (Polygala serpyllifolia).
Pelouse psammophile par ailleurs d’intérêt communautaire
prioritaire.
Gestion
Gestion conservatoire active visant à bloquer la dynamique
arbustive et à maintenir une mosaïque pelouses / landes sur les
surfaces potentielles en restaurant un pâturage extensif ovin ou
mixte ovin / caprin adapté aux enjeux patrimoniaux des sites.
Une fauche exportatrice est également possible.
Pelouse à restaurer à partir de landes à Ajonc et ronces ou
Bourdaine (cf. fiche "Débroussaillage").
Éviter toute augmentation trophique du substrat qui ferait
dériver la pelouse pâturée vers une végétation prairiale relevant
du Luzulo campestris - Cynosuretum cristati : proscrire tout
amendement des espaces concernés, aménager des zones
tampon en périphérie (haies, bandes enherbées) en cas de
contact avec une zone agricole de cultures intensives (cf. fiche
"Plantation de ligneux forestiers").
Références
Nardetea strictae
Plateaux sableux et buttes relictuelles du Tertiaire coiffées de
formations résiduelles à silex, en complexe avec des landes et
boisements acidiphiles (pelouses occupant les layons forestiers).
Sols oligotrophes acides, souvent sablonneux.
Sols secs (affleurements de sables et grès d’Ostricourt du
Landénien inférieur) à frais (sables argileux des formations
résiduelles à silex).
Souvent en situation semi-ombragée, mais supportant bien
l’ensoleillement prolongé.
Rôle déterminant de l’homme dans le maintien de cette pelouse
par la fauche exportatrice ou un pâturage très extensif adapté,
l’action des lapins, aujourd’hui trop peu nombreux, n’étant plus
suffisante ; maintien naturel possible grâce au broutage par la
grande faune sauvage (notamment les chevreuils).
STIEPERAERE, 1969
DUHAMEL, 1996
SEYTRE et al., 1998 (1)
CHOISNET et al., 1999
BELLENFANT et al., 2001
CATTEAU & DUHAMEL, 2005
BOULLET et al., 2005
Description d’origine définissant une sous-association
mésohygrophile à Molinie bleue (molinietosum caeruleae) et une sous-association mésophile typique.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
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Pelouse à Gaillet des rochers et Fétuque rouge
Galio saxatilis - Festucetum rubrae
Oberdorfer 1957
Galium saxatile (Gaillet des rochers), Festuca rubra
(Fétuque rouge (s.l.)), Thymus pulegioides (Thym
faux-pouliot), Campanula rotundifolia (Campanule à feuilles
rondes (s.l.)), Genista tinctoria (Genêt des teinturiers)
Potentilla erecta (Potentille tormentille), Agrostis capillaris
(Agrostide capillaire), Nardus stricta (Nard raide), Luzula multiflora
(Luzule multiflore (s.l.)), Danthonia decumbens subsp. decumbens
(Danthonie décombante), Hieracium pilosella (Épervière piloselle),
Viola canina subsp. canina (Violette des chiens), Polygala
vulgaris (Polygala commun (s.l.)), Deschampsia flexuosa (Canche
flexueuse), Veronica officinalis (Véronique officinale)
Physionomie
Nardetea strictae
Pelouse associant des hémicryptophytes graminoïdes
(Festuca rubra, Agrostis capillaris, Luzula multiflora, etc.),
des chaméphytes herbacés (Veronica officinalis, Thymus
pulegioides, Genista tinctoria) et d’autres hémicryptophytes.
Végétation souvent dominée par les Poacées, Festuca rubra
.1
CORINE biotopes35
30*
UE62
30*-8
Cahiers d'habitats 62
et Agrostis capillaris en particulier, assez pauvre en espèces
(10-15 espèces par relevé). Pas de stratification nette.
Végétation rase (10-20 cm), souvent dense.
En été, les floraisons des dicotylédones agrémentent de
couleurs variées le tapis vert plutôt monotone des graminées : Galium saxatile, Polygala serpyllifolia, Campanula
rotundifolia, Potentilla erecta, etc.
Végétation ponctuelle ou occupant de petites surfaces.
Photo : R. François
Développement
optimal : été
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G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
Parties peu exploitées des prairies, layons dans les landes et
les forêts.
Sols oligotrophes peu acides.
Substrats non engorgés voire assez secs.
En situation assez ensoleillée.
Végétation tributaire de l’exploitation traditionnelle des herbages, sans intrants, ou d’un entretien ou broutage naturel
régulier mais léger des layons.
Végétation décrite d’Allemagne, reconnue en Belgique, dans
le Morvan, le Limousin et le Nord-Pas de Calais. Distribution
manifestement nord-atlantique à subatlantique.
Dans le Nord-Pas de Calais, répartition mal connue suite
à certaines confusions entre cette association et d’autres
associations du Violion caninae, notamment le Polygalo vulgaris
- Caricetum caryophylleae. Elle est présente dans l’Ardenne
(de FOUCAULT, 2000) et les collines de Flandre intérieure, et
potentielle dans la Fagne et le Montreuillois.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Dynamique et végétations
de contact
Végétation de grand intérêt patrimonial, gravement menacée
de disparition à l’échelle régionale. Végétation oligotrophile
tributaire d’une gestion sans intrants.
Pelouse par ailleurs d’intérêt communautaire prioritaire.
Gestion
Entretenir la pelouse par une fauche exportatrice (cf. fiche)
annuelle ou bisannuelle si nécessire.
Restaurer des pelouses par débroussaillage de fourrés (cf. fiche
"Débroussaillage").
Éviter toute augmentation trophique du substrat qui ferait dériver
la pelouse pâturée ou broutée vers une végétation prairiale du
Polygalo vulgaris - Cynosurenion cristati : proscrire tout amendement, aménager une zone tampon (haie ou bande enherbée)
en périphérie en cas de contact avec une zone agricole de
cultures intensives (cf. fiche "Plantation de ligneux forestiers»).
Références
OBERDORFER, 1957
DUHAMEL, 1996
de FOUCAULT, 2000
Nardetea strictae
Végétation correspondant à un stade intermédiaire dans la
dynamique des végétations méso-acidiphiles à acidiclines
nord-atlantiques à subatlantiques (séries de l’Oxalido acetosellae - Fagetum sylvaticae et du Lonicero periclymeni - Fagetum
sylvaticae), pouvant être assez permanente dans le cadre d’une
gestion agropastorale traditionnelle.
En cas d’abandon de l’entretien, la végétation s’ourlifiera et
évoluera en ourlet du Conopodio majoris - Teucrion scorodoniae
ou du Melampyrion pratensis, puis en fourré du Lonicero periclymeni - Salicetum capreae avant de retourner à l’état forestier.
Elle pourrait également être en lien dynamique avec une lande
du Genistion intctorio-germanicae.
En système agropastoral, la pelouse est très menacée par
"l’amélioration" des pâtures qui amène les exploitants à utiliser
des engrais et des produits phytosanitaires. La pelouse se
dégrade alors en prairie du Polygalo vulgaris - Cynosurenion
cristati. En système forestier, un gyrobroyage associé à un
mauvais ensoleillement et à des perturbations répétées peut
provoquer les mêmes effets.
Les contacts observés les plus fréquents sont avec les ourlets
et le fourré mentionnés précédemment mais aussi avec la
variation mésotrophile de la lande du Calluno vulgaris - Ericetum
cinereae, avec les fourrés de recolonisation à ajoncs d’Europe
(Groupement à Ulex europaeus et Rubus sp.) et avec de jeunes
boisements à bouleaux et Chêne pédonculé relevant de diverses
séries dynamiques.
Variations
Pas de variations connues dans la région.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
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Pelouse à Polygala commun et Laîche printanière
Polygalo vulgaris - Caricetum caryophylleae
Misset 2002
Polygala vulgaris (Polygala commun (s.l.)), Carex caryophyllea
(Laîche printanière), Ranunculus bulbosus (Renoncule
bulbeuse), Briza media (Brize intermédiaire)
Danthonia decumbens subsp. decumbens (Danthonie décombante),
Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Luzula campestris
(Luzule champêtre), Festuca rubra subsp. rubra (Fétuque rouge),
Lotus corniculatus subsp. corniculatus (Lotier corniculé), Leontodon
hispidus subsp. hispidus (Liondent hispide), Plantago lanceolata
(Plantain lancéolé), Hypochaeris radicata (Porcelle enracinée (s.l.)),
Achillea millefolium (Achillée millefeuille), Leucanthemum vulgare
(Leucanthème commune (s.l.))
Physionomie
30*
UE62
30*-8
Cahiers d'habitats 62
pelouse. Celles-ci lui confèrent un aspect particulièrement
esthétique au printemps et en été.
Végétation relativement rase, d’une hauteur moyenne de 10
à 15 cm, assez riche et diversifiée avec un nombre moyen
de 24 espèces qui recouvrent près de 95 % de la surface
du sol.
Pelouse plus ou moins pionnière à extension spatiale.
Photo : F. Hendoux
Nardetea strictae
Pelouse rase, plutôt fermée, marquée par la dominance des
espèces vivaces hémicryptophytiques.
Végétation d’une seule strate bien définie, mais qui est parfois
surmontée par les inflorescences de plusieurs espèces telles
que la Saxifrage granulée (Saxifraga granulata), la Succise des
prés (Succisa pratensis) et quelques orchidées qui colorent la
.1
CORINE biotopes35
Développement optimal : printemps
386
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
L’aire générale de cette association reste à préciser, mais
elle paraît être davantage subatlantique. Elle est connue de
l’Argonne où elle a été décrite.
Dans le Nord Pas-de-Calais, elle a été observée dans le bois du
Féru à Choques et sur le plateau d’Helfaut (collines de Flandre
intérieure), ainsi que dans la Fagne. Association à rechercher
sur des substrats oligo-mésotrophes modérément acides,
notamment dans l’Ardenne.
Zones agricoles non amendées, généralement exploitées en
pâturage extensif.
Sols limono-sableux, légèrement acides, pauvres en nutriments.
Sur pente inférieure ou égale à 15 %.
Sols généralement bien drainés, parfois sur des substrats
argileux et des pentes plus faibles.
En situations bien ensoleillées.
Pelouse secondaire conditionnée par un pâturage très extensif
sans intrants, très sensible à l’eutrophisation.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation pionnière à intermédiaire, principalement observée
au sein de vastes prairies sous-pâturées ou plus rarement au
sein de prairies fauchées non amendées.
Pelouse en lien dynamique avec des landes, dont les espèces
ligneuses (Calluna vulgaris, Cytisus scoparius) tendent à s’installer en cas d’abandon des actions biotiques. Elle s’inscrit dans
la série dynamique de forêts acidiclines du Carpinion betuli.
Une exploitation plus intense de ces milieux fait dériver la
pelouse vers une prairie plus eutrophile du Cynosurion cristati
marquée par l’installation d’espèces prairiales plus exigeantes
qui élimineront les plantes oligotrophiles les plus sensibles.
Dans un premier temps, évolution progressive vers une prairie
mésotrophile acidicline du Luzulo campestris - Cynosuretum
cristati sur les sols les plus pauvres en bases.
Selon l’auteur, cette association est en contact avec la pelouse
hygrophile du Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae, appartenant à des systèmes mésophiles à hygrophiles.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétation d’intérêt communautaire à étudier mais qui semble
rarissime dans la région en raison de ses exigences édaphiques.
Elle est menacée à la fois par le surpâturage, l’eutrophisation et
la colonisation des ligneux.
Son cortège floristique, riche en espèces, peut être composé de
diverses plantes d’intérêt patrimonial dont plusieurs protégées
dans le Nord - Pas de Calais (Genista anglica, Saxifraga granulata, Orchis morio, Carex caryophyllea, Viola canina, Polygala
serpyllifolia…).
Gestion
Maintenir ou restaurer une exploitation extensive par pâturage
ou fauche exportatrice (cf. fiche) dans les systèmes qui semblent
favorables à l’expression de ces pelouses oligotrophiles.
Proscrire tout amendement pouvant augmenter la trophie du
sol.
Dans certains cas, des décapages superficiels de prairies plus
évoluées et ourlifiées pourraient permettre l’extension voire la
régénération de ces pelouses rases, parfois après débroussaillage (cf. fiche), notamment des ajoncs.
Variations
Références
de FOUCAULT & DUHAMEL, 1988
MISSET, 2002
BLONDEL et al., 2005
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Nardetea strictae
MISSET (2002) distingue deux sous-associations :
- sous-association typicum, sur sol mieux drainé ayant
une certaine richesse en bases, ce qui permet la
présence de quelques espèces des pelouses calcicoles des Festuco valesiacae - Brometea erecti,
- sous-association succisetosum pratensis plus hygrophile, sur pente plus faible et substrat plus argileux,
marquée physionomiquement par la présence de la
Succise des prés (Succisa pratensis).
387
Pelouse à Laîche trinervée et Nard raide
Carici trinervis - Nardetum strictae
de Foucault et al. 1978
Nardus stricta (Nard raide), Carex trinervis (Laîche
trinervée), Danthonia decumbens (Danthonie
décombante), Festuca filiformis (Fétuque capillaire),
Potentilla erecta (Potentille tormentille)
Luzula campestris (Luzule champêtre), Luzula multiflora
(Luzule multiflore (s.l.)), Holcus lanatus (Houlque
laineuse), Agrostis capillaris (Agrostide capillaire),
Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Juncus
acutiflorus (Jonc à fleurs aiguës), Pseudoscleropodium
purum (Hypne pure), Genista anglica (Genêt
d’Angleterre)
.11
CORINE biotopes35
30*
UE62
30*-9
Cahiers d'habitats62
Écologie
Physionomie
Pelouse dominée par les espèces graminéennes,
et notamment par les touffes de Nardus stricta et
Danthonia decumbens qui lui donnent un aspect
en brosse caractéristique. La Laîche trinervée et
les autres espèces apparaissent çà et là entre les
touffes.
Végétation très faiblement stratifiée : une strate
supérieure ouverte, formée par les chaumes des
graminées et les tiges de joncs et une strate
inférieure fermée. Strate muscinale très discrète.
Richesse spécifique assez importante (15 à 25
espèces par relevé) mais Nardus stricta domine
largement.
Végétation peu élevée, fermée (le recouvrement est
toujours maximal).
Végétation très ponctuelle ou développée en
linéaire, le long de vallons inondables.
Développement optimal :
Nardetea strictae
début d’été
388
Vieux systèmes dunaires décalcifiés du Boulonnais.
Sables littoraux acides et humides, temporairement inondables
en période hivernale (résurgence de nappes perchées).
Climat littoral de type nord-atlantique.
Pelouse à optimum héliophile.
Végétation manifestement liée à l’exploitation extensive ancestrale des prés communaux.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation à caractère pionnier stabilisée par le pâturage,
occupant certaines situations topographiques particulières (hauts
de versants et mi-pente des nombreux vallons qui entaillent les
dunes plaquées sur l’ancienne falaise du Jurassique et permettent
l’écoulement des eaux de ruissellement et des résurgences des
différentes nappes superficielles perchées).
Cette association peut dériver de la lande dunaire (Carici trinervis
- Callunetum vulgaris) par dégradation due au piétinement.
Elle semble également avoir gagné du terrain sur le Festuco
tenuifoliae - Galietum maritimi suite à l’acidification progressive
des sables. Les fourrés d’Ulex europaeus sont susceptibles
d’envahir cette pelouse en l’absence de gestion pastorale.
Une pression de pâturage trop importante et/ou une inadaptation
du cheptel sont très préjudiciables à la flore de cette association
qui perd alors une grande partie de son originalité suite à
l’augmentation du niveau trophique et du piétinement.
Végétation en mosaïque ou en contact inférieur avec la lande
dunaire du Carici trinervis - Callunetum vulgaris et en contact
topographique supérieur avec les prairies hygrophiles du Juncion
acutiflori qui colonisent les bas de versants et fonds de vallon.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Gestion
Variations
Aucune variation n’a été décrite.
Répartition géographique
et distribution régionale
Ce type de pelouse maigre est manifestement endémique du
littoral boulonnais. Il ne semble plus connu aujourd’hui que du
pré communal d’Ambleteuse (où il a d’ailleurs notablement
régressé ces dernières années) alors qu’il a existé dans les
dunes d’Écault, où il a été détruit, au contact des prairies de la
Warenne et du golf de Wimereux où il semble avoir disparu (non
revu en 2008 dans le cadre de la modernisation des ZNIEFF) et
dans le pré communal d’Audresselles où il serait à rechercher.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Protéger les sites hébergeant encore cette association par une
maîtrise foncière et une gestion vraiment adaptée.
Restaurer les secteurs dégradés par un débroussaillage des
ligneux (cf. fiche) et/ou une fauche exportatrice (cf. fiche) en
hiver et en début d’été, pendant un an ou deux, pour amaigrir
les sols et régénérer des végétations rases de pelouses et de
bas-marais (cas du communal d’Ambleteuse en particulier).
Étudier les possibilités de restauration dans les stations dont la
végétation aurait disparu suite à l’embroussaillement.
Conserver cette végétation par un pâturage extensif adapté
en termes de pression de pâturage, avec un suivi fin de son
évolution spatio-temporelle pour réagir à toute évolution négative
du milieu par des mesures complémentaires de gestion.
Favoriser l’extension optimale de cette végétation en contrôlant
de manière permanente le niveau trophique des sols et l’état
d’embroussaillement des espaces potentiels pour l’expression
de ce type de communauté végétale, rarissime au niveau
européen et uniquement connue du Pas-de-Calais à ce jour.
Références
de FOUCAULT, et al. 1978
GEHU, 1991
DUHAMEL & HENDOUX, 1992
Nardetea strictae
Végétation d’intérêt patrimonial exceptionnel, considérée
comme endémique du Pas-de-Calais et correspondant à
un habitat prioritaire de la directive “Habitats-Faune-Flore”,
gravement menacée d’extinction dans son aire de répartition,
particulièrement restreinte sur le plan géographique.
De plus, elle caractérise parfaitement les systèmes dunaires
décalcifiés nord-atlantiques et participe à leur originalité
écologique et paysagère.
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
389
Pelouse à Laîche des sables et Luzule champêtre
Carici arenariae - Luzuletum campestris
de Foucault ex de Foucault 2008
Luzula campestris (Luzule champêtre), Festuca rubra
(Fétuque rouge (s.l.)), Ranunculus bulbosus (Renoncule
bulbeuse), Carex arenaria (Laîche des sables)
Achillea millefolium (Achillée millefeuille), Cerastium fontanum
subsp. vulgare (Céraiste commun), Plantago lanceolata (Plantain
lancéolé), Holcus lanatus (Houlque laineuse), Poa pratensis subsp.
pratensis (Pâturin des prés), Rumex acetosella (Patience petiteoseille (s.l.)), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Senecio
jacobaea (Séneçon jacobée), Hypochaeris radicata (Porcelle
enracinée (s.l.))
Physionomie
30*
UE62
30*-9
Cahiers d'habitats 62
par relevé) et de composition floristique équilibrée. Strate
bryolichénique pouvant être assez diversifiée. Dans les
phases pionnières, quelques annuelles s’insinuent dans les
espaces libres.
Végétation assez dense, bien qu’elle soit rase.
Optimum printanier, mais les floraisons sont assez discrètes.
Végétation occupant de petites surfaces.
Photo : L. Seytre
Nardetea strictae
Pelouse riche en monocotylédones (Festuca rubra, F.
filiformis, Anthoxanthum odoratum, Carex arenaria, Luzula
campestris) qui dominent et structurent la végétation et en
dicotylédones à floraisons discrètes (Rumex acetosella).
Les espèces prairiales peuvent être assez abondantes.
Végétation assez diversifiée, riche en espèces (15-25 espèces
.15
CORINE biotopes35
Développement optimal : printemps
390
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Variations
Dynamique et végétations
de contact
Végétation des systèmes dunaires décalcifiés, en principe transitoire mais en réalité assez stable en raison de l’entretien par
pâturage séculaire ou broutage fréquent des layons de dunes
internes plus boisées
L’abandon de l’entretien pourrait faire évoluer à terme ces
pelouses en Fourré à Ajonc d’Europe et ronces (Groupement
à Ulex europaeus et Rubus sp.) ou en fourré mixte à Ajonc
d’Europe et Cytise à balais (Ulici europaei - Cytisetum scoparii).
Cette association peut apparaître suite au lessivage des sables
et à une légère augmentation trophique (pâturage plus fréquent
de certaines zones, dépressions plus mésophiles, etc.) qui rend
le biotope impropre au maintien de la Pelouse oligotrophile
xérophile à Fétuque capillaire et Gaillet jaune (Festuco filiformis
- Galietum maritimi).
Une eutrophisation du substrat par usage d’engrais (sur la
parcelle même ou à proximité) ou gyrobroyage sans exportation
provoque l’évolution des communautés végétales en communautés prairiales du Luzulo campestris - Cynosuretum cristati.
Dans les dunes pâturées, végétation en contact avec les fourrés
et la pelouse cités précédemment, avec la Lande à Callune
commune et Laîche trinervée (Carici trinervis - Callunetum
vulgaris) et avec une pelouse oligotrophile acidiphile xérophile
qui reste à décrire (Groupement à Jasione montana et Carex
arenaria). Dans les dunes internes décalcifiées en partie boisées, les contacts sont différents : prairies dunaires primaires du
Centaureo jaceae - Arrhenatherenion elatioris, ourlets dunaires
acidiphiles ou acidiclines des Melampyro pratensis - Holcetalia
mollis ou du Galio littoralis - Geranion sanguinei, forêts dunaires
mésophiles du Carpinion betuli, etc.
Répartition géographique
et distribution régionale
Végétation décrite du littoral du Boulonnais et identifiée dans les
massifs décalcifiés : communal d’Ambleteuse, pré Marly, massif
d’Ecault, prairies de la Warenne à Wimereux. Elle a également
été notée ponctuellement sur le littoral picard (dunes du Marquenterre, dunes entre Berck et Merlimont, etc.).
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétation présumée à aire restreinte,, très rare dans le NordPas de Calais mais assez stable dans ses stations.
Pelouse psammophile acidiphile d’intérêt communautaire.
Gestion
Entretenir la pelouse par une fauche exportatrice (cf. fiche)
annuelle ou bisannuelle ou par pâturage extensif.
Restaurer des pelouses par débroussaillage de fourrés (cf. fiche
"Débroussaillage").
Éviter toute augmentation trophique du substrat qui ferait dériver
cette pelouse mésotrophile pâturée vers une végétation prairiale
moins originale du Polygalo vulgaris - Cynosurenion cristati :
proscrire tout amendement ; en cas de contact avec une zone
agricole de cultures intensives, aménager une zone tampon
en périphérie (haie ou bande boisée) (cf. fiche ‘’Plantation de
ligneux forestiers’’).
Références
GEHU & FRANCK, 1982
de FOUCAULT, 1986 (2)
CATTEAU et al., 2002
de FOUCAULT, 2008
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
391
Nardetea strictae
Massifs dunaires décalcifiés et pâturés extensivement.
Substrats sableux pauvres en matières organiques, mésotrophes, assez acides et décalcifiés.
Humidité édaphique variable, sols souvent assez secs mais
certaines communautés supportent des engorgements temporaires.
Végétation tributaire d’un entretien de la végétation par pâturage
extensif ou fauche exportatrice.
GEHU & FRANCK (1982) distinguent deux variations dans
les relevés que DE FOUCAULT a ultérieurement rattachés
à cette association :
- la première, différenciée par des espèces pionnières
(Koeleria albescens, Teesdalia nudicaulis, etc.) pourrait
être liée aux phases pionnières ou rajeunies par une
perturbation ;
-
la seconde, différenciée par des espèces prairiales
(Holcus lanatus, Cerastium fontanum subsp. vulgare,
Plantago lanceolata, etc.) sans doute stabilisée par le
pâturage.
En ce qui nous concerne, la première variation évoquée
serait plus proche de la véritable pelouse évoquée
précédemment sous le nom de Groupement à Jasione
montana et Carex arenaria et constituerait un syntaxon
à part entière.
A cet égard, cette ‘’pelouse’’ mésotrophile enrichie en
prairiales mériterait d’être réétudiée à l’échelle des dunes
du nord de la France où elle est présente çà et là, dans les
dunes les plus internes plus ou moins décalcifiées.
Pelouse hygrophile à Polygala commun
et Laîche bleuâtre
Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae
Misset 2002
Carex panicea (Laîche bleuâtre), Pedicularis sylvatica
(Pédiculaire des forêts), Molinia caerulea subsp. caerulea
(Molinie bleue), Carex flacca (Laîche glauque), Polygala
vulgaris (Polygala commun (s.l.))
Danthonia decumbens (Danthonie décombante), Potentilla erecta
(Potentille tormentille), Festuca rubra subsp. commutata (Fétuque
variable), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Luzula
campestris (Luzule champêtre), Succisa pratensis (Succise des prés),
Holcus lanatus (Houlque laineuse), Hypochaeris radicata (Porcelle
enracinée), Dactylorhiza maculata (Dactylorhize tachée (s.l.))
Physionomie
UENI
Cahiers d'habitatsNI
les très nombreux hémicryptophytes, on notera la présence
d’un contingent de chaméphytes (Calluna vulgaris, Polygala
sp., Genista anglica).
Végétation riche et diversifiée (25 à 35 espèces par relevé),
monostrate.
Tapis herbacé généralement très dense (90-100%) mais ras
(5-20 cm).
Floraisons en général peu spectaculaires bien qu’assez
diverses (Succisa pratensis, Potentilla erecta, Pedicularis
sylvatica).
Photo : T. Prey
Nardetea strictae
Pelouse dominée par des Poacées et des Cypéracées et
combinant trois groupes sociologiques : bas-marais (Carex
panicea, Dactylorhiza maculata, Molinia caerulea subsp.
caerulea, etc.), pelouses vivaces acidiphiles (Polygala vulgaris,
Pedicularis sylvatica, Carex pallescens, Luzula campestris,
Danthonia decumbens, Festuca rubra subsp. commutata, etc.),
pelouses vivaces basiphiles (Carex caryophyllea, Carex flacca,
Briza media, Lotus corniculatus subsp. corniculatus, etc.). Parmi
37.32
CORINE biotopes cf.
Développement optimal : début d’été
392
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
dans les collines de Flandre intérieure (Chocques). Les pelouses
hygrophiles des plateaux siliceux d’Helfaut à Racquinghem et de
Sorrus/St-Josse peuvent être aussi rapportées à cette association,
même si leur diversité floristique n’est pas si élevée que dans les
prairies de l’Argonne (surfaces souvent relictuelles). L’association
a été découverte récemment dans l’Ardenne (Anor). Enfin,
l’association devrait être recherchée dans la Fagne et dans certains
systèmes forestiers acidiphiles (forêt de Raismes/St-Amand et
Wallers, forêts de Desvres et d’Hardelot, etc.).
Clairières, chemins, prairies pâturées non amendées.
Sols argileux compacts, pauvres en bases et en matières nutritives,
à teneur variable en matière organique.
Substrats fortement engorgés l’hiver, mais asséchés en été
(végétation mésohygrophile à hygrophile).
Végétation d’optimum héliophile mais supportant un certain
ombrage. Climat subatlantique à tendance médioeuropéenne
et montagnarde selon la description originale de l’association.
Peut-être des investigations chorologiques mettraient-elles en
évidence un caractère plus atlantique, toujours avec une nuance
submontagnarde.
Syntaxon lié à une exploitation extensive de terrains naturellement
pauvres (pâturage extensif, fauche avec exportation, clairières
forestières, layons peu à moyennement fréquentés, etc.).
Variations
- sous-association typicum, riche en espèces des
Festuco valesiacae - Brometea erecti, sur sols un peu
moins engorgés s’asséchant d’avantage l’été ;
- sous-association juncetosum conglomerati, pauvre en
espèces des Festuco valesiacae - Brometea erecti,
avec Genista anglica, Festuca filiformis, Juncus
acutiflorus, Juncus conglomeratus, Carex pilulifera,
Carex nigra, sur les sols les plus engorgés. C’est plutôt
cette sous-association qui est présente dans la région.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Dynamique et végétations
de contact
Répartition géographique
et distribution régionale
Association décrite récemment, absolument inconnue en dehors de
France où elle est signalée dans l’Argonne (Marne), la Haute-Saône
et le Pas-de-Calais. Distribution probablement nord-atlantique à
subatlantique.
Dans le Nord-Pas de Calais, l’association a été signalée par l’auteur
Cortège floristique riche en espèces d’intérêt patrimonial
(Dactylorhiza maculata, Pedicularis sylvatica, Genista anglica,
etc.).
Végétation révélatrice de pratiques extensives traditionnelles,
très sensible à l’intensification de l’exploitation agropastorale.
Unité très caractéristique de substrats plus ou moins acides et
peu drainants, sous climat à tendance générale subatlantique.
Gestion
Maintenir ou restaurer une exploitation extensive par pâturage
ou fauche exportatrice (cf. fiche) dans les systèmes forestiers
ou landicoles qui semblent favorables à l’expression de ces
pelouses oligotrophiles.
Dans certains cas, des décapages superficiels de prairies plus
évoluées et ourlifiées pourraient permettre l’extension voire la
régénération de ces pelouses rases relativement pionnières,
parfois après débroussaillage (ajoncs notamment).
Références
de FOUCAULT & DUHAMEL, 1988
DUHAMEL, 1996
BLANCHARD & DUHAMEL, 1997
MISSET, 2002
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
393
Nardetea strictae
Pelouse conditionnée par une exploitation extensive suite aux
défrichements ou au rajeunissement de milieux évolués (landes,
fourrés, etc.).
Végétation en lien dynamique avec la lande à Erica tetralix
(Groupement à Genista anglica et Erica tetralix). Toutes deux
s’inscrivent dans la série dynamique de la Chênaie à Molinie bleue
(Molinio caeruleae - Quercetum roboris).
Une exploitation plus intense de ces milieux fait dériver la pelouse
vers une prairie mésohygrophile eutrophile du Cynosurion cristati
(peut-être le Junco acutiflori - Cynosuretum cristati).
Selon l’auteur, cette association est en contact avec la pelouse
mésoxérophile du Polygalo vulgaris - Caricetum caryophylleae et
avec la prairie turficole du Junco conglomerati - Scorzoneretum
humilis. Là où cette association semble s’exprimer, avec toutefois
quelques différences floristiques et systémiques, notamment sur
le plateau d’argiles à silex d’Helfaut à Racquinghem, les contacts
sont un peu différents : pelouse mésoxérophile du Galio saxatilis
- Festucion filiformis jusqu’alors rapportée au Galio saxatilis Festucetum tenuifoliae Rasch ex Stiperaere 1969, mais qui devrait
être réétudiée dans le nord de la France et bas-marais du Junco
acutiflori - Molinietum caeruleae dans les niveaux inférieurs.
Ailleurs, cette pelouse hygrophile oligotrophile est le plus souvent
fragmentaire.
Pelouse à Nard raide et Laîche à deux nervures
Nardo strictae - Caricetum binervis
Braun-Blanquet & Tüxen 1952
Nardus stricta (Nard raide), Luzula multiflora subsp.
congesta (Luzule ramassée), Carex binervis (Laîche à deux
nervures), Succisa pratensis (Succise des prés)
CORINE biotopes
Pedicularis sylvatica (Pédiculaire des forêts), Galium saxatile
(Gaillet des rochers), Danthonia decumbens subsp. decumbens
(Danthonie décombante), Potentilla erecta (Potentille tormentille),
Calluna vulgaris (Callune commune), Agrostis capillaris (Agrostide
capillaire), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante)
cf. 37.32
l
UEN
Cahiers d'habitats NI
Écologie
Physionomie
Pelouse d’hémicryptophytes hygrophiles (Nardus
stricta, Luzula multiflora, Succisa pratensis,
Potentilla erecta, etc.), dans laquelle les monocotylédones sont nettement majoritaires (Poacées,
Cypéracées, Joncacées).
Végétation de diversité floristique relativement
élevée : 20 à 25 espèces par relevé avec un recouvrement assez équilibré entre les espèces.
Végétation bistratifiée, avec une strate bryophytique pouvant être assez recouvrante mais peu
diversifiée.
Végétation rase et dense en période végétative
mais de taille nettement plus élevée avec les inflorescences de Carex binervis et Succisa pratensis
en particulier.
Optimum phénologique estival mais les floraisons,
en dehors de celles de Succisa pratensis, sont
assez discrètes, d’autant plus que cette végétation
peut être pâturée par le bétail.
Végétation occupant de petites surfaces.
Développement optimal :
Nardetea strictae
fin de printemps
394
Layons et clairières au sein de systèmes landicoles plus ou
moins embroussaillés.
Sols acides et pauvres en nutriments.
Substrats engorgés à proximité de la surface pendant la période
de végétation.
Climat atlantique.
Végétation entretenue par pâturage extensif ou, à défaut, par
gyrobroyage des layons ou broutage par la faune sauvage.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation correspondant à un stade intermédiaire dans les
systèmes landicoles mésohygrophiles relevant de la série du
Molinio caeruleae - Quercetum roboris.
Cette végétation résulte pour partie, dans le Nord –Pas de Calais,
de la restauration de fourrés de l’Ulici europaei - Franguletum
alni, suivie d’un pâturage extensif mixte bovin / équins (poneys
Dartmoor) et de l’entretien de clairières et de layons non boisés
par gyrobroyage puis par fauche exportatrice dans le cadre de la
gestion conservatoire mise en place.
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Elle se maintient aujourd’hui au sein d’autres pelouses des Nardetea strictae (Polygalo vulgaris - Caricetum paniceae, Galio saxatilis
- Festucetum tenuifoliae, etc.), de landes (Groupement à Genista
anglica et Erica tetralix ou Calluno vulgaris - Ericetum cinereae)
ou au sein de fourrés (Ulici europaei - Franguletum alni). Elle est
pérennisée par le pâturage extensif ou la fauche mais l’arrêt de ces
mesures de gestion provoquerait probablement un retour progressif
à la lande et au fourré.
Au sein de la pelouse peuvent apparaître de petites tonsures
occupées par la Végétation annuelle à Centenille naine et Radiole
faux-lin (Centunculo minimi - Radioletum linoidis). Dans les ornières
et les dépressions, on observera des végétations de niveau topographique inférieur (Carici oedocarpae - Agrostietum caninae, Junco
acutiflori - Molinietum caeruleae).
Les contacts effectifs ou potentiels sont très divers (toutes les
communautés végétales citées précédemment en particulier),
dans la mesure où presque toutes les végétations des systèmes
landicoles hygrophiles à mésophiles sont présentes sur le site qui
abrite les seuls individus connus de cette végétation.
Répartition géographique
et distribution régionale
Syntaxon d’optimum atlantique, décrit d’Irlande, et mentionné
sur une grande partie de cette façade atlantique (Espagne,
Bretagne, Basse-Normandie, Flandre belge).
Cette végétation a été reconnue sur le plateau d’Helfaut à Racquinghem, notamment au Bibrou (collines de Flandre intérieure)
[à l’époque sous le nom de Groupement à Nardus stricta et
Pedicularis sylvatica du Juncion squarrosi].
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétation d’intérêt patrimonial majeur, exceptionnelle et
gravement menacée, inscrite dans la dynamique des landes
mésohygrophiles. Habitat d’espèces de grand intérêt patrimonial
régional : Nardus stricta, Carex binervis, Pedicularis sylvatica,
Dactylorhiza maculata, etc.
Gestion
Si le pâturage extensif s’avère insuffisant pour freiner la
dynamique de recolonisation par l’Ajonc d’Europe, entretenir
la pelouse par une fauche exportatrice (cf. fiche) annuelle ou
bisannuelle.
Restaurer ou étendre les surfaces existantes de pelouses par
débroussaillage de fourrés hygroclines à Bourdaine (cf. fiche
"Débroussaillage").
Éviter absolument toute augmentation trophique du substrat
qui ferait dériver cette pelouse hygrophile vers une végétation
prairiale relevant probablement du Cardamino pratensis - Cynosurenion cristati: : aménager éventuellement une zone tampon
(haie) en périphérie supérieure du site, au niveau du contact
avec la zone agricole de prairies plus intensives (cf. fiche "Plantation de ligneux forestiers").
Références
STIEPERAERE (1990) distingue deux sous-associations :
- pedicularietosum sylvaticae, différencié par Pedicularis sylvatica, Succisa pratensis, Dactylorhiza maculata,
sur les substrats les plus engorgés ;
- inops (épithète utilisé pour désingé une sous-association typique différenciée négativement), sur substrats
plus secs.
L’existence de ces deux variations est probable ou du
moins potentielle dans la région.
BRAUN-BLANQUET & TÜXEN, 1952
STIEPERAERE, 1990
DUHAMEL, 1996
de FOUCAULT, à paraître
Nardetea strictae
Variations
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
395