ALPTRANSIT Hommes, travail et formation au Tessin
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ALPTRANSIT Hommes, travail et formation au Tessin
Giacomo Viviani ALPTRANSIT Hommes, travail et formation au Tessin On a beaucoup parlé des transversales alpines (Nouvelle Transversale Ferroviaire Alpine – NTFA ou Alptransit), de leurs problèmes financiers et de leur tracé jusqu’aux scrutins positifs de septembre et de novembre 1998. Les retombées pour le canton du Tessin, en termes financiers et d’emploi pour les entreprises régionales, ont été examinées, au-delà d’une étude de l’Institut cantonal de recherches économiques (IRE), par des associations professionnelles telles que la Société suisse des entrepreneurs (SSIC) et les syndicats. L’aspect le plus difficile à anticiper concerne les hommes qui pourront être impliqués dans cette œuvre. Genèse d’un projet Une étude commandée par le Département de l’instruction et de la culture du canton du Tessin (DIC), terminée à fin 1995 et qui n’a pas eu un grand retentissement, a produit un cadre intéressant pour une réflexion politique sur le marché régional du travail et les rapports transfrontaliers liés à Alptransit. Au début de 1993, les responsables de l’organisation de la formation ECAP-SEI avaient présenté au directeur de la Division de la formation professionnelle du Tessin (DFP) l’idée d’étudier en temps utile des mesures cantonales de formation professionnelle dans la perspective d’Alptransit. La réaction immédiate et la disponibilité du directeur de la DFP et la participation d’autres institutions ont conduit en juin de la même année à la visite du tunnel sous la Manche à Calais; on a pu y prendre contact avec les responsables du dispositif de formation mis sur pied par les Français à l’occasion de la réalisation de cette œuvre cyclopéenne. Sur la base de ces choix et dans le cadre du dispositif de Mesures fédérales en faveur du perfectionnement professionnel (Weiterbildungsoffensiv – WBO), une étude a été conduite entre 1993 et 1995 pour déterminer les espaces de mise au point d’un dispo- Giacomo Viviani, DIC-DFP, coordinatore del gruppo operativo formazione professionale NTFA (traduzione MB-AV-JA). Adresse: SPAI, via alla Morettina 3, 6601 Locarno 1. sitif d’actions formatives en vue de la participation dans la mesure la plus vaste possible de ressources humaines du marché régional du Tessin et des régions frontalières aux travaux de la NTFA. Le rapport de cet étude est paru à fin novembre 1995. Le financement a été assuré par l’OFIAMT dans le cadre de la WBO et par le canton (DIC et DFP). Dans le groupe de travail qui a accompagné la recherche, le directeur de la DFP, le chef de l’Office cantonal du travail, un responsable de la CNA et les secrétaires de plusieurs commissions paritaires du bâtiment ont constamment coopéré. L’étude s’est déroulée sur trois axes principaux: • premier axe: étude et description des compétences probables exigées par les chantiers de la NTFA, dans leurs aspects qualitatifs et quantitatifs, sur la base d’une large enquête menée auprès des plus grands chantiers en cours en Suisse et dans les archives de chantiers récents; • deuxième axe: enquête sur le chômage régional; le canton a perdu entre 25 000 et 30 000 places de travail au cours des six dernières années, les chômeurs inscrits au chômage et les demandeurs d’emploi qui ne sont pas inscrits approchent les 15 000 unités, alors que les frontaliers ayant perdu leur emploi sont environ 10 000; par un processus de sélections et de focalisations successives, il a été possible de définir un potentiel de 1200 personnes pouvant être impliquées au terme de bilans et de formation dans les chantiers ou dans leurs dérivés; • troisième axe: description du système de formation existant sur le territoire tessinois. Résultats et propositions Les conclusions tirées de ces trois axes ont permis de préparer un cadre d’actions possibles d’orientation et de bilan professionnels et de formations réservées aux jeunes, aux adultes avec ou sans emploi, résidents ou provenant d’autres régions. Ces actions ont été inscrites dans le cadre de différentes décisions politico-administratives. En effet, les retombées positives ne seront pas automatiques et pour favoriser les objectifs soulignés dans les conclusions de la recherche et déposées au Conseil d’Etat (CE), il est recommandé, à chaque niveau politique et administratif, d’affiner les instruments d’encouragement des potentialités du marché régional du travail à l’aide des mesures suivantes: • soutiens extraordinaires pour la formation professionnelle de base et continue; • actions de promotion permettant de favoriser l’introduction de la maind’œuvre que ce marché exige et/ ou peut exiger dans le cadre du développement du dispositif de formation. Ces mesures doivent rester dans les limites imposées par les lois et les accords suisses et internationaux. 1 / 9 9 PANORAMA 27 Phase opérationnelle expérimentale Dans le but d’atteindre les objectifs visés, l’ex-Comité de coordination qui a assuré l’accompagnement de la recherche s’est constitué avec l’aval du CE en groupe de travail qui, à partir du printemps 1997, s’occupe des aspects généraux. Ce groupe a été élargi aux représentants de l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle (OCOSP), de l’Association des industriels tessinois (AITI), de la Chambre de commerce et de la Chambre du travail afin d’impliquer les secteurs professionnels, techniques et administratifs restés jusque-là en dehors de l’opération. Avec le groupe de travail coopère un team technico-opérationnel constitué par les représentants des institutions et des associations intéressées. Ce team a préparé un certain nombre d’expérimentations de formation à destination des chômeurs qui entrent dans le cadre des applications des mesures prévues par la Loi sur l’assurance chômage (LACI). Ces expérimentations ont été préparées avec l’aide des écoles professionnelles et des associations syndicales et patronales. Les deux groupes, chacun à son niveau de compétences, cherchent à répondre au choix stratégique du DIC-DFP, sur la base de la décision du CE, en ce qui concerne la formation au niveau régional dans la perspective d’Alptransit. Il s’agit en particulier de ne pas se laisser conditionner par les incertitudes de financement et de tracés, mais plutôt d’anticiper la mise en marche d’une dynamique stratégique, engagée à temps, car à défaut elle deviendrait difficile à rattraper. Le travail des deux groupes a été développé sur trois niveaux pour tenir compte des tâches assignées par le CE. A. Le projet et ses actions subséquentes, bien que résultant d’une initiative régionale, ne se limite pas géographiquement au canton, et au niveau opérationnel aux seules associations impliquées dans la phase initiale; il favorise les rencontres nécessaires et les contacts permettant la solution des problèmes politiques (y compris avec le reste de la Suisse et avec la Lombardie). 28 PANORAMA 1 / 9 9 B. Le développement des résultats dans un dispositif global de bilans et de formation professionnelle se traduit en un projet d’actions de formation et d’intégration aux chantiers de la NTFA et par la coordination en termes généraux du dispositif complet. C. L’expérimentation immédiate des actions pilotes de formation qui remplissent les buts évoqués au point B, dans leurs rapports avec la réalité de la formation au niveau régional et avec la nouvelle LACI, qui prévoit en partie le soutien de la formation en vue de la réintégration professionnelle. Les travaux des deux groupes ont commencé il y a deux ans et le bilan est positif: • sur le plan politique, les initiatives et le contact avec les représentants tessinois aux Chambres fédérales comme d’autres initiatives ont permis de fournir un cadre de référence pour les mesures nécessaires à l’implication du marché régional dans la réalisation d’Alptransit; • sur le plan opérationnel, le groupe des techniciens, en collaboration avec les écoles professionnelles et les associations, a développé dix projets expérimentaux de formation pour chômeurs, entre le début 1997 et l’été 1998. Ces projets ont donné la possibilité à 145 personnes d’obtenir les formations suivantes: polyvalent du bâtiment; animateur touristique et culturel; électricien de chantier; monteur d’installations de fluides; secrétaire-communicateur de chantier; électronique industrielle; électronique de contrôle; mécanicien de machines de chantier; opérateur sur machines-outils et programmeur CNC; machiniste de chantier. Les dix cours avaient les caractéristiques suivantes: • en moyenne, une durée de dix mois; • formation de 145 participants au total; • recours à une centaine de formateurs, à cinq écoles professionnelles cantonales et à deux écoles syndicales et patronales. Dans chaque cours, la formation a été organisée selon un modèle alternant des moments en salle de classe (culture technique et générale), des moments en laboratoire (simulation) et des moments de stage auprès d’entreprises (savoir-faire). Au terme du parcours, le taux moyen de placement des participants a atteint 72% pour les cours de polyvalent du bâtiment, de mécanicien de machines de chantier, d’opérateur et de programmeur CNC et de machiniste de chantier. Ce résultat a été obtenu en dépit du fait que les chantiers Alptransit n’étaient pas encore été ouverts. Les éléments les plus significatifs qu’on peut déduire de tout ce dispositif dans la perspective d’Alptransit sont au nombre de cinq: • le système de formation et les entreprises doivent se concerter et travailler dans une vision commune pour accroître l’efficacité des formations proposées en termes de compétences acquises et de placement; • une formation développée dans la perspective d’un placement et de grands chantiers renforce l’esprit de socialisation et la motivation des participants aux cours; • le projet et le développement des formations ont permis de «découvrir» des potentialités inconnues chez les formateurs et dans les instituts professionnels, tout en stimulant des retombées sur l’ensemble du secteur de la formation; • le canton doit faire rapidement un effort important dans la formation des formateurs d’adultes; • l’existence d’une collaboration entre départements, institutions, écoles, associations professionnelles et entreprises avec l’objectif commun de conjuguer la réalisation d’Alptransit aux réalités du Tessin, mais aussi au potentiel du marché régional du travail. Le rapport final a été rédigé à fin août 1998 et adressé au CE. En plus de l’évaluation du dispositif global, il présente des propositions pour une phase ultérieure. On peut déjà souligner l’effort du canton du Tessin en faveur de la formation, un effort qui n’a pas d’équivalent dans d’autres cantons et qui est de plus une démonstration du sérieux avec lequel on y aborde la réalisation de la traversée des Alpes. Dans une telle planification, il est nécessaire que tous les efforts accomplis s’unissent pour utiliser au mieux le volant de la formation professionnelle afin d’éviter qu’une œuvre de niveau européen ne laisse que des miettes pour une économie formation et placement, qui accompagne les chantiers; • le dispositif implique aussi une action concertée – de la formation de base au perfectionnement et à une nouvelle formation suite à une orientation professionnelle – afin d’assurer des perspectives d’occupation dans des professions non directement contiguës (poussée dans les secteurs industriel et tertiaire) ainsi qu’aux jeunes qui suivent actuellement leur première formation; perspectives des commandes d’Alptransit, de ses retombées ainsi que de l’après-chantier; • comme dernier point important, nécessité d’un effort politico-institutionnel pour orienter et encourager les adjudicataires à utiliser la maind’œuvre régionale (Tessin et zone frontalière). Le choix de conjuguer Alptransit, une œuvre de dimension et d’importance continentale, à l’avantage de notre marché du travail est cohérent avec l’objectif du Conseil d’Etat de traduire les intentions fédérales de traversée ferroviaire rapide des Alpes dans le «Projet Alptransit Tessin»: un choix moral, culturel, économique et environnemental de haute valeur pour que le canton ne soit pas victime d’une œuvre mal cuisinée et qui pourrait se révéler indigeste. ■ Zusammenfassung – siehe Seite 45 PANORAMA est La revue suisse destinée aux spécialistes de la formation et de l’orientation professionnelles et du marché du travail. Ses articles de haut niveau transmettent les informations et les connaissances les plus actuelles et font état des réflexions en cours dans les 3 domaines: formation professionnelle, orientation professionnelle et marché du travail. A la direction de PANORAMA siègent l’Association suisse pour l’orientation scolaire et professionnelle ASOSP et la Société suisse pour la recherche appliquée en matière de formation professionnelle SRFP, en collaboration avec les offices fédéraux OFFT et OFDE, section du marché du travail. Cette revue paraît 6 fois l’an à un tirage de 3000 exemplaires. Suite à la nouvelle organisation prévue pour début 1999, nous recherchons encore pour le domaine orientation professionnelle un/une: Rédacteur/-trice responsable (20%) ■ Comme expert reconnu par vos pairs, vous disposez d’un réseau de contacts important, avez accès à toutes les informations d’intérêt pour votre domaine, serez responsable des articles ressortant de votre domaine: cette mission vous offre indépendance et responsabilité. ■ Vous collectez et mettez en forme les articles de spécialistes de votre domaine, rédigez des articles, conseillez le rédacteur en chef: vous êtes co-responsable avec lui de la reconnaissance professionnelle de la revue. ■ Vos connaissances des autres régions linguistiques et de la langue allemande vous permettent de garantir le respect des spécificités nationales dans votre domaine. PANORAMA dévastée, mais qu’elle soit au contraire l’occasion d’exprimer une participation digne des meilleures forces que recèle le Tessin. Au terme du dispositif expérimental, les choix opérationnels sont les suivants: • nouvelle tâche confiée par le Conseil d’Etat au groupe qui a accompagné le dispositif expérimental; • jusqu’en été 1999, développement d’une phase transitoire de formation et de placement dans quelquesunes des voies déjà expérimentées, avec de bonnes possibilités de placement et de perfectionnement ultérieur du dispositif; • à partir de l’été 1999, démarrage d’une nouvelle phase intensive de ■ Grâce à votre expérience journalistique ou rédactionnelle, vous serez à même de collaborer de façon efficace et réussie avec vos collègues de rédaction et avec le coordinateur-rédacteur en chef. Pour la production elle-même, nous disposons d’un spécialiste. Veuillez nous adresser, dans les meilleurs délais, vos dossiers avec les documents usuels: Direction PANORAMA, c/o ASOSP-SVB, Zürichstr. 98, 8600 Dübendorf 1. 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